REPUBLIQUE DU BENIN
=-=-=-=-=-=
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
DE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
=-=-=-=-=-=
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
=-=-=-=-=-=
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
ET DE MAGISTRATURE (ENAM)
-=-=-=-=-=-
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION AU CYCLE II
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME
D'ADMINISTRATEUR EN GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
OPTION : Management
FILIERE : Gestion des
Ressources humaines
ANNEE ACADEMIQUE
2006-2007
POUR UNE RETRIBUTION, FACTEUR DE MOTIVATION
EXTRINSEQUE DES RESSOURCES HUMAINES DE LA CAISSE NATIONALE DE SECURITE
SOCIALE
Réalisé et soutenu
par :
Samuel Habib Adékulé SAGBOHAN
Sous la direction de :
Maître de stage
Directeur de Mémoire
Roger ABALLO
Dr Gérard AGBOTA
Chef Section Gestion Consultant en
Ressources Humaines
du Personnel et Formation Directeur du cabinet
GECA-PROSPECTIVE
Juillet 2007
IDENTIFICATION DU JURY
PRESIDENT: Willliam COMLAN
VICE-PRESIDENT : Gilles YEKPON
MEMBRE : Wassi LIAMIDI SALAKO
L'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans ce mémoire.
Ces opinions sont considérées comme
étant strictement personnelles à leur auteur.
DEDICACES
A mon père, ma mère, mes frères et ma
soeur,
A mes camarades de groupe de travail durant cette formation, Denise
OROU YOROU, Boni AKOBI et Ylliass LAWANI,
je dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Je présente mes sincères remerciements aux
personnes qui ont contribué à la réalisation de la
présente étude, en l'occurrence :
Monsieur Gérard AGBOTA, consultant en Ressources Humaines et
enseignant à l'E.N.A.M., qui, malgré ses multiples
sollicitations, a consacré son temps à la direction du
présent mémoire ;
Madame Léone VIGNON, directrice du cabinet RESHUFORM, et
enseignante à l'ENAM, pour ses remarques et contributions, qui ont
été essentielles dans la réalisation de ce travail ;
Monsieur René HOUESSOU, Directeur Général Adjoint
de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et enseignant
à l'ENAM, qui nous a facilité le déroulement du stage et
nos recherches à la CNSS ;
Monsieur Roger ABALLO, qui nous a aidé à recueillir les
informations permettant de mieux appréhender le système de
gestion des ressources humaines de la CNSS ;
Boni AKOBI, dont le soutien indispensable a contribué à
la réalisation de cette étude.
Christian ZOKPODO et Jean TABE qui n'ont pas hésité
à facilité cette étude
Tous mes camarades, qui ont participé à la
réalisation de ce mémoire
LISTE DES SIGLES
CA : Conseil d'Administration
CNSS : Caisse Nationale de
Sécurité Sociale
DAC : Direction Administrative et du
contentieux
DRH : Direction des Ressources
Humaines
GPEC : Gestion Prévisionnelle
des Emplois et des Compétences
GR : Gestion de la
Rémunération
GRH : Gestion des Ressources
Humaines
RH : Ressources Humaines
SAM : Service Administratif et du
Matériel
SAP : Système
d'Appréciation des Performances
SYNASS : Syndicat National de
Sécurité Sociale
SPS : Service Personnel et Solde
TBE. : Tableau de Bord de l'Etude
LISTE DES TABLEAUX
Page
Tableau n° 1 : Tableau de
répartition des primes de fonction attribuées à la
CNSS........13
Tableau n° 2 : Tableau de
détermination des problématiques possibles par le
regroupement des problèmes
par centres d'intérêt............................17
Tableau n° 3 : Tableau de
bord de l'étude « Pour une rétribution, facteur de
motivation
extrinsèque des Ressources
Humaines de la CNSS. »...........................25
Tableau n° 4 : Tableau de
synthèse de l'étude : « Pour une
rétribution, facteur de
motivation extrinsèque des
ressources humaines de la CNSS. »............60
LISTE DES GRAPHIQUES
Page
Graphique n° 1 :
Répartition des R.H. par catégorie
socio-professionnelle..................8
Graphique n° 2 : Pyramide
des âges de la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale.............9
Graphique n° 3 : Perception
de l'équité de la grille
salariale..................................33
Graphique n° 4 : Logique de
hiérarchisation du salaire de base................................34
Graphique n° 5 : Existence
de rémunération variable au
résultat..............................37
Graphique n° 6 : La
rémunération variable vous incite-t-elle à
améliorer vos résultats?..38
Graphique n° 7 : Causes de
l'inexistence de rémunération au
résultat.......................39
Graphique n° 8 : Etes-vous
favorable à l'institution de rémunération variable au
résultat ?................................................................................................41
RESUME
L'observation de la pratique de gestion des ressources humaines
à la CNSS, donne une image de la réalité des insuffisances
dans le domaine des ressources humaines.
L'incohérence de la gestion de la
rémunération représente un aspect de ces insuffisances qui
se déclinent en trois problèmes spécifiques à
savoir : une structure salariale inéquitable, une quasi-inexistence
et incohérence de la rémunération variable, puis un
contexte non propice à la gestion de la rémunération.
Ces insuffisances représentent des facteurs de risque
considérables pour la Caisse, car elles influent négativement sur
la motivation des employés, en raison de l'incohérence et de
l'inéquation dont elles sont porteuses. Or, la
rémunération contribue selon une étude à 70% de la
motivation qui à sont tour, est un facteur nécessaire de la
performance.
Pour la pérennité de l'organisation, il est
ainsi important de résoudre ces insuffisances, en se fixant des
objectifs relativement à chaque problème général et
spécifique. L'objectif général, proposer une gestion
méliorative de la rémunération, ne peut être atteint
que si les objectifs spécifiques suivants sont
réalisés:
§ envisager les solutions de réalisation d'une
structure salariale équitable ;
§ suggérer les moyens d'institution et de
cohérence de la rémunération variable ;
§ proposer le contexte managérial propice à
la gestion de la rémunération.
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses de
l'étude ont été élaborées afin de
réaliser une collecte de données aussi bien quantitatives
(enquête) que qualitatives (entretien). Les informations recueillies ont
permis de retenir le diagnostic de l'étude, qui confirme pour
l'essentiel, les hypothèses de l'étude tout en les
complétant.
La finalité de l'étude au vu des
éléments du diagnostic, est la proposition de solution notamment
l'analyse, la description et l'évaluation des emplois en vue de
l'établissement d'une structure salariale équitable.
L'instauration d'une rémunération variable axée sur la
stratégie de l'entreprise et sur les trois prémisses de la
théorie des attentes est tout aussi capitale. Il en est autant de
l'actualisation de l'organigramme de la structure pour un contexte plus
favorable à la gestion de la rémunération.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE PRELIMINAIRE : Adoption du cadre
théorique et méthodologique
inspiré de la problématique de l'étude
Section 1 : La
détermination de la problématique par l'état des lieux
Paragraphe 1 : La
situation à améliorer à la CNSS
Paragraphe 2 : La
problématique de l'étude et la vision globale de sa
résolution
Section 2 : De la
détermination des objectifs de l'étude à la
démarche méthodologique
Paragraphe 1 : La revue
de littérature relative aux éléments du tableau de bord de
l'étude (TBE)
Paragraphe 2 : La
méthodologie
CHAPITRE PREMIER : Diagnostic de la
problématique par l'analyse de la
pertinence
des hypothèses
Section 1 : Réalisation de
l'enquête et vérification de l'hypothèse spécifique
n° 1
Paragraphe 1 :
Réalisation de l'enquête
Paragraphe 2 : Les
causes réelles d'un salaire de base inéquitable
Section 2 : Diagnostic relatif
à la rémunération variable et au contexte de G.R.
Paragraphe 1 : Causes de
la quasi-inexistence et de l'incohérence de la
rémunération
variable
Paragraphe 2 : Le
contexte de gestion de la rémunération
CHAPITRE DEUXIEME : Vers une
rémunération contribuant à la motivation
extrinsèque des RH de la Caisse
Section 1 : Les préalables
à l'efficacité du système de
rémunération : les solutions au
problème n° 3
Paragraphe 1 :
L'élaboration de lignes directrices
Paragraphe 2 : La
communication et la structure du SPS
Section 2 : L'amélioration
de la rémunération fixe et variable
Paragraphe 1 : La
réalisation de la cohérence interne du salaire
Paragraphe 2 :
L'institution d'une rémunération variable servant la
motivation
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
Les méthodes de gestion mises en oeuvre par les
managers, ne constituent pas une fin en soi. Elles n'ont d'intérêt
que si elles créent la performance de l'organisation. La performance,
voilà bien une notion qui reste la raison d'être de l'entreprise.
Mais comment la réaliser ?
Si le capital inanimé (ressources financières et
matérielles) est indispensable, il ne peut suffire en présence de
ressources humaines non performantes. En effet, dans la mesure où les
entreprises disposent des mêmes ressources (capitaux, moyens de
production, moyens de mise sur le marché, etc.), la différence
entre le succès et l'échec se situe de plus en plus dans la
performance des employés grâce à la gestion des ressources
humaines (G.R.H.).
La performance des ressources humaines (R.H.) est donc
primordiale pour le succès de l'entreprise. Or, l'un des principes de
base du management, est que le rendement d'une personne est fonction de son
niveau de compétence et de sa motivation :
Performance = f (compétence ×
motivation).
Ainsi, l'entreprise qui dispose de ressources humaines
qualifiées, ne pourra en obtenir de meilleures prestations, si elle
n'arrive pas à les motiver. La motivation, un construit
hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes
et/ou externes, déclenchant la direction, l'intensité et la
persistance du comportement1(*), peut être réalisée de diverses
manières.
De nombreux chercheurs, ont en effet théorisé
leurs observations pour orienter les managers dans le domaine. L'une des
théories les plus sollicitées, reste celle de la justice et de
l'équité d'ADAMS. Elle s'appuie essentiellement sur la notion de
contribution/rétribution. Le comportement des personnes dépend de
la conclusion à laquelle elles ont abouti à l'issue de la
comparaison entre leur contribution au travail (performance, niveau de
formation, de compétence, ancienneté, efforts, etc.) et leur
rétribution (salaire, conditions de travail, statut, reconnaissance,
promotion, etc.), mais aussi de la comparaison de leur ratio contribution/
rétribution, avec celui des autres membres de l'organisation. Si
l'individu est insatisfait de sa situation, l'iniquité qu'il
perçoit créée une tension qu'il cherchera à
réduire en déclenchant son comportement. Le processus
motivationnel est ainsi enclenché.
La rétribution constitue ainsi un facteur de motivation
des RH. Il est alors important pour le gestionnaire, de se servir de ce pilier
pour influencer le comportement des salariés dans l'organisation. Mais,
la rétribution2(*)
comporte plusieurs facettes. Si elle fait penser généralement au
salaire qui représente la rémunération monétaire,
elle inclut aussi d'autres avantages. Il s'agit des reconnaissances
intrinsèques, intangibles ou psychologiques qui s'opposent aux
reconnaissances extrinsèques ou tangibles (salaire, primes et
allocations, rémunération variable, rémunération
indirecte). Tous ces éléments représentent la
rémunération totale3(*).
Malgré l'importance des reconnaissances
intrinsèques, une étude de E. LOCKE révèle que le
facteur rémunération monétaire contribue à 70%
à la motivation, alors que la fixation d'objectifs, la participation et
l'environnement du travail se partagent les 30 % restant. Il apparaît
ainsi que la rétribution monétaire même si elle n'est pas
suffisante, représente un levier fondamental pour réussir la
motivation des RH. Cette part de la motivation qui est influencée par
l'argent, est réalisée par des facteurs externes ou situationnels
qui se distinguent des facteurs internes ou dispositionnels. Elle
représente un aspect de la motivation extrinsèque4(*).
Or, à la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale (CNSS), l'état des lieux révèle des
incohérences relatives à la rémunération
monétaire. La grille des salaires de l'institution récompensant
le diplôme, et l'inexistence d'une rémunération variable
reconnaissant véritablement le mérite, constituent des menaces
pour l'entreprise. Ces éléments du salaire qui devraient servir
la motivation extrinsèque, la compromettent en raison de
l'iniquité dont ils sont porteurs. Comment peut-on
rémunérer dans la grille salariale, uniquement le
diplôme ? Comment peut-on attribuer des primes de manière
équitable, en fonction de la notation du personnel ? Ces
observations aboutissent à la réalité selon laquelle, la
rétribution monétaire, celle qui devrait contribuer à la
motivation extrinsèque des RH, ne favorise pas la performance des
salariés et ne sert pas les intérêts de la Caisse.
Il nous paraît important de déceler les causes de
ces incohérences, afin que la part extrinsèque de la motivation
ne constitue plus un facteur de risque pour la CNSS. Le sujet qui nous
permettra de mener cette réflexion est : « Pour
une rétribution, facteur de motivation extrinsèque des ressources
humaines de la CNSS ». Sa pertinence sociale est de servir
à la résolution d'un problème qui affecte la motivation
des RH de l'organisation.
La solution trouvée contribuera à
améliorer la motivation extrinsèque, pour une meilleure
performance des salariés et de l'organisation.
Pour y parvenir, la conduite de cette étude respectera
scrupuleusement les différentes étapes de la recherche
appliquée. Il est ainsi nécessaire de déterminer le cadre
théorique et méthodologique qui gouvernera la résolution
de la problématique, cette dernière n'étant rien d'autre
que le produit de l'état des lieux de base (chapitre
préliminaire). La méthodologie adoptée permettra
au regard du cadre théorique, de vérifier la pertinence des
hypothèses de l'étude, afin d'établir le diagnostic
(Chapitre premier). Enfin, des solutions seront entrevues,
pour éradiquer les causes réelles de la problématique,
mises en lumière par le diagnostic (Chapitre
deuxième).
CHAPITRE PRELIMINAIRE : ADOPTION DU CADRE THEORIQUE
ET METHODOLOGIQUE INSPIRE DE LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
L'état des lieux du système de gestion des
ressources humaines de la CNSS, permettra de retenir une problématique
parmi les différents centres d'intérêts
dégagés (Section 1). Le cadre théorique
(objectifs et hypothèses) de la problématique sera ensuite
établi, ainsi que la méthodologie nécessaire à la
vérification des hypothèses (Section 2).
Section 1 : La détermination de la
problématique par l'état
des lieux
La problématique retenue dont la vision globale de
résolution sera entrevue (paragraphe 2), est le produit
de l'état des lieux de base (paragraphe 1).
Paragraphe 1 : la situation à améliorer
à la C.N.S.S
Le mécanisme de fonctionnement de la Caisse à
travers ses ressources humaines (B), ne pourra être bien
appréhendé qu'après une meilleure connaissance de
l'organisation et des caractéristiques de son personnel
(A).
A) L'institution et l'état de ses ressources
humaines
La présentation de la C.N.S.S. (1),
précédera la description des ressources humaines qu'elle emploie
(2).
1) La nature et l'organisation de la
Caisse
Etablissement public jouissant de la personnalité
civile et de l'autonomie financière, la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale instituée par la loi n° 98-019 du 21
mars 2003 portant code de sécurité sociale en République
du Bénin (article 8 de ladite loi), existait depuis le 26 janvier 1956
sous la dénomination "Caisse de Compensation des Prestations
Familiales". Investie d'une mission de service public et placée sous la
tutelle du ministre chargé de la sécurité sociale, elle
gère le régime général de sécurité
sociale en République du Bénin.
Elle a donc pour finalité, de veiller à la
gestion de la protection que la société accorde à ses
membres, grâce à une série de mesures économiques
(les prestations), contre le dénuement dans lequel ils pourraient
être plongés par la réduction ou la diminution sensible de
leurs gains, à raison d'évènements heureux ou malheureux
comme la maternité, la naissance, l'accident de travail, la maladie
professionnelle, la vieillesse, l'invalidité et le
décès.
Pour réaliser cette mission, l'institution est
administrée par un conseil d'administration (CA) de neuf membres,
composé en parts égales de représentants des travailleurs,
des employeurs et de l'Etat. Ce Conseil d'Administration a pour attribution,
l'élaboration et le contrôle de l'application de la politique
générale de la Caisse (article 10 du code). La
responsabilité de l'élaboration et du contrôle
d'application de la politique générale de l'institution est ainsi
explicitement établie par la loi.
En dessous du C.A., il y a une administration centrale et des
services extérieurs.
Cette administration centrale comporte cinq directions dont la
direction générale qui coordonne les activités de toutes
les structures de la Caisse et veille à l'exécution des
décisions du C.A. La direction technique quant à elle, a pour
rôle, la gestion des prestations, le traitement des réclamations y
afférentes et la prévention des risques professionnelles. Le
recouvrement des cotisations de sécurité sociale relève de
la direction du recouvrement. Pour la tenue de la comptabilité et les
opérations financières, c'est la direction financière et
comptable qui en est responsable. Enfin, il y a la Direction Administrative et
du Contentieux (DAC) qui a pour attribution, la gestion administrative et du
patrimoine de la caisse, la gestion des ressources humaines ainsi que celle du
contentieux. Elle est composée à juste titre du service
administratif et du matériel (S.A.M), du service personnel et solde
(S.P.S) et du service contentieux. Il semble opportun, d'avoir une perception
d'ensemble des ressources humaines que gère cette dernière.
2) Les ressources humaines de la
Caisse
Les caractéristiques des salariés de la Caisse
figurant sur le tableau synoptique du personnel, ne permettaient pas d'en avoir
une vue d'ensemble. Pour ce faire, nous avons réalisé une base de
données "Access" du personnel de l'institution. Les requêtes
formulées sur ce fichier, nous ont permis d'obtenir d'essentielles
informations.
Ainsi, la Caisse compte un effectif de 321 agents au 30/03/07
dont 180 au siège et 141 dans les agences régionales notamment 47
à Cotonou, 26 à Porto-novo, 11 à Lokossa, 21 à
Abomey, 21 à Parakou et enfin 15 à Natitingou.
L'observation de la répartition du personnel entre les
différentes catégories socio-professionnelles prévues par
la convention collective de l'institution en date du 10 septembre 1996, fait
apparaître les variations.
Ce graphique laisse apparaître un nombre
élevé de contrôleurs et de préposés. Les
administrateurs sont les moins nombreux. Mais la disparité hommes-femmes
est plus profonde. Seulement 29,60 % du personnel sont des femmes. La pyramide
des âges quant à elle est assez éloquente sur la
répartition par âge, selon le sexe.
Hommes Femmes
X : 1cm 10 personnes
Y :
1cm 5 ans
GRAPHIQUE N° 2 : PYRAMIDE DES AGES DE LA
CAISSE NATIONALE DE SECURITE SOCIALE
En effet, le graphique laisse apparaître un sommet
élargi aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La
population de la Caisse est ainsi vieillissante. Cette situation
révèle un problème futur de renouvellement de
génération, qui ne peut être éludé par la
relative proportion de jeunes travailleurs entre 25 et 34 ans.
Pour gérer ce capital humain, un service a
été institué sous la DAC, dont le fonctionnement
nécessite d'être apprécié.
B) La gestion des ressources humaines de la Caisse
Elle sera abordée sous deux angles, en l'occurrence, la
description critique des activités du service au regard de ses
attributions d'une part, et l'appréciation des attributions
dévolues au service eu égard aux principes de GRH, d'autre
part.
Le SPS est chargé du recrutement. Le manuel de
procédure comme la convention collective de la CNSS, décrivent
les différentes étapes qu'elle observe, depuis la
détermination des besoins en ressources humaines jusqu'à
l'intégration du nouvel entrant dans le poste. Il existe ainsi,
certes un cadre formalisé pour effectuer le recrutement.
Néanmoins, il n'existe pas de descriptions de poste sur lesquelles
puisse se fonder la procédure depuis l'analyse des besoins. Cette
procédure n'est d'ailleurs fondée sur aucune politique,
d'où les insuffisances notables que présente le
système de recrutement.
Le service est chargé par ailleurs du suivi de la
carrière des agents. Il prend à cet effet, les actes
d'engagement, de reclassement, d'avancement et de promotion. Il s'agit
là en réalité, d'un suivi administratif où l'aspect
managérial n'est pas pris en compte. Il n'existe en
réalité ni politique de promotion, ni plan de
carrière.
Par ailleurs, la gestion des effectifs est l'une des
attributions du service. Elle tient le tableau synoptique du personnel qui
renseigne sur les salariés de l'organisation. Néanmoins, le
recours unique au tableau synoptique se révèle laborieux, pour
obtenir des renseignements sur un ou plusieurs agents. Il faut alors consulter
tout le tableau pour obtenir les informations recherchées. Cette
situation alourdit l'administration du personnel qui pourrait être
soulagée par des applications informatiques comme le "Microsoft
Access" . Il en résulte une nécessité de
modernisation des outils de travail.
Le SPS a en outre pour attribution, la conception et le suivi
de la politique de formation professionnelle de tous les agents. Toutefois, il
est à remarquer que la politique élaborée n'en est pas
une, d'autant plus qu'elle ne traduit pas les axes stratégiques, les
orientations globales de la direction générale en matière
de formation. Elle distingue plutôt les types de formation. Il se
dégage ainsi une absence d'orientation en matière de
formation, résultant d'une absence de politique.
Il n'existe également pas de politique de
ressources humaines, qui devrait inspirer l'élaboration de la
politique de formation.
Il faut remarquer une inexistence de plan stratégique
pour l'ensemble de l'organisation. Il n'existe donc pas de boussole pouvant
orienter les prises de décision de la direction générale
de façon pertinente. Cette absence d'axe stratégique,
est directement à la base de l'inexistence de politique de
ressources humaines et de formation qui, en réalité,
découlent de la stratégie.
Dans la démarche de la formation professionnelle, le
S.P.S conçoit et élabore le plan de formation. Le plan de
formation doit être l'ensemble des actions de formation
décidées par la direction générale dans un cadre
budgétaire définit par elle. Pour l'élaborer, le S.P.S.
demande aux différentes directions et agences de lui faire parvenir
leurs besoins, puis procède à un arbitrage entre ces besoins.
L'approbation de la direction générale vient consacrer ou
modifier cette proposition. Il est important de relever que cette
démarche d'identification des besoins semble inappropriée.
En effet, pour déterminer des besoins en formation, il
faut interroger les résultats de l'appréciation du personnel qui
mettent en lumière, les points faibles de l'employé pouvant
être résorbés par des actions de formation. Il faut
également se référer à la démarche de
planification des ressources humaines, qui établit les écarts de
compétence entre les ressources humaines nécessaires et celles
qui seront disponibles. Ces écarts de compétence peuvent
constituer des besoins de formation, s'ils ne sont pas susceptibles
d'être résorbés par d'autres mesures. De plus, les
dysfonctionnements observés dans l'organisation peuvent être
à la source des besoins de formation. La démarche qui
consiste à collecter les besoins de formation au niveau de chaque
direction et agence, ne semble pas être une méthode rationnelle de
détermination des besoins en formation.
En ce qui concerne les formations diplômantes de longue
durée, elles ne sont pas décidées selon une
démarche scientifique, et les bénéficiaires ne sont pas
retenus sur une base objective. Il se pose dès lors, un
problème d'équité du système de formation
professionnelle.
Le S.P.S a entre autres attributions, le décompte des
salaires, et l'établissement des fiches de paye confié à
la Section Solde. Cette dernière calcule chaque mois les
salaires du personnel, selon les stipulations de la convention collective et la
grille des salaires qui y est établie. Seulement, il s'agit
là d'une activité purement administrative ne se
préoccupant pas de la gestion même de la
rémunération. Il faut tout de même retenir que la Section
Solde s'acquitte conséquemment des attributions qui lui sont
fixées. Toutefois, il semble que ces attributions ne permettent pas de
faire de la rémunération, une source de valeur ajoutée
pour l'organisation.
En effet, les attributions du service n'incluent pas son
appréciation sur l'efficacité de la gestion de la
rémunération. Elle se borne à calculer uniquement les
salaires et autres avantages, sur la base de la législation sociale. Or,
il ne devrait pas en être ainsi. Les frais de personnel
représentant plus de la moitié de la valeur ajoutée des
organisations, il est un impératif de gestion de veiller à la
maîtrise de cette masse salariale, et de s'assurer que cette allocation
de ressources correspond aux besoins des employés, à leur
satisfaction et à leur motivation.
Il importe ainsi d'apprécier la pertinence de la
structure salariale de la Caisse représentée par la grille de la
convention collective, à laquelle s'ajoute certaines primes. La
convention en ses articles 48 et suivants distingue trois (3) corps, comportant
différentes catégories. Primo, le corps des agents
d'exécution qui comporte sept (7) catégories. Secundo, celui des
agents de maîtrise, composé de trois (3) catégories, et
tertio celui des cadres, subdivisé en trois (3) catégories
également. Chacune de ces catégories comporte douze (12)
échelons, auxquels sont affectés des points, la valeur actuelle
d'un point étant de 160 FCFA. Mais, il faut remarquer que cette
classification, cette hiérarchie du salaire entre les différentes
catégories, ne se fonde en réalité que sur le
diplôme. Cette situation pose un problème fondamental. Un
salarié au diplôme plus élevé, exerce-t-il
nécessairement un emploi aux exigences et impacts supérieurs
à l'emploi du salarié possédant un diplôme moins
élevé ? La réponse est évidemment
négative, et consacre l'existence d'une structure salariale
inéquitable.
La rémunération à la CNSS ne se limite
pas uniquement à la grille salariale. La convention collective de
l'institution en ses articles 55 et suivants prévoit des accessoires de
salaire. Il en est ainsi de l'indemnité de logement qui correspond
à 25% du salaire de base, et est plafonnée pour chaque
catégorie socio-professionnelle. Il en est autant de l'indemnité
de résidence (10% du salaire de base), de transport puis de pharmacie
(20.000 F chacune). Toutes ces indemnités comme celle
dénommée "SBEE" (12% du salaire de base), sont collectives
à l'ensemble du personnel et ne sont indexées sur aucun
indicateur de performance.
Il faut ajouter, la prime d'assiduité qui est
attribuée trimestriellement et équivaut à 12,5% du salaire
brut. Elle est subordonnée à la présence du travailleur
à son poste, les absences ou retards entraînant sa
réduction ou suppression. Cependant, le contrôle des retards ne se
réalise pas rigoureusement tous les jours, et s'effectue par un membre
de la Section Gestion du Personnel et Formation, ce qui ne peut garantir
l'infaillibilité d'un système électronique de
contrôle de ponctualité.
Au-delà des indemnités et primes collectives, il
y a des avantages non prévus par la convention collective, mais qui sont
justifiés par l'article 61 fixant certains accessoires de salaire, qui
dispose in fine : « cette liste n'est pas
limitative ». Il s'agit en l'occurrence des primes de fonctions
répertoriées dans le tableau ci-dessous :
TABLEAU N° 1 : Tableau de
répartition des primes de fonction attribuées a la
CNSS
Fonction
Nature de
l'avantage
|
Chef Section
|
Chef Service
|
Chef d'Agence
|
Directeur
|
Primes de responsabilité
|
10.000F
|
20.000F
|
-
|
35.000F
|
Primes de sujétion
|
-
|
-
|
27.000F
|
-
|
Téléphone
|
-
|
-
|
10.000F
|
10.000F
|
Prime d'usure voiture
|
-
|
-
|
-
|
40.000F
|
Ces reconnaissances spécifiques à une frange de
travailleurs investis de responsabilité, ne sont également pas
indexées sur des indicateurs de performance. Le seul avantage
s'intéressant à la performance, est la gratification de fin
d'année accordée au personnel lorsque le bilan de l'exercice est
positif. Mais, cette récompense censée sanctionner le
mérite des travailleurs, est attribuée à tous, et varie
suivant la note obtenue. Il semble par cette dernière disposition que le
rendement soit pris en compte dans les récompenses. Il faut cependant
préciser que la note obtenue par le salarié, n'est pas le
résultat de l'appréciation du rendement, mais celui de sa
notation par ses supérieurs hiérarchiques. Cette notation est
essentiellement caractérisée par la subjectivité, et par
la difficulté de fonder la note sur une base objective. Dès lors,
attribuer des gratifications en fonction de la notation (dans un souci de
récompense du travailleur), ne sanctionne pas les performances du
salarié, en raison de la subjectivité de la démarche de
notation.
Il en découle une quasi-inexistence parmi les
accessoires du salaire, d'une rémunération variable fonction des
résultats. La seule récompense de cette nature qui est
collective, est attribuée en fonction de la notation. Il
s'observe alors une quasi-inexistence de la rémunération variable
et une incohérence des rares accessoires de ce type. D'autres
avantages sont accordés au personnel, notamment la prise en charge du
travailleur en activité ou non et de sa famille par la Caisse, en ce qui
concerne les frais médicaux (article 47 de la convention collective de
la CNSS).
En outre, l'inexistence d'un système
d'appréciation des performances (SAP) est un frein à la
promotion objective du personnel. La promotion dans la carrière se fait
sous deux angles. En premier lieu, l'avancement consistant dans le passage d'un
échelon inférieur à un échelon supérieur
dans la même catégorie, tous les deux ans, quelque soit le
rendement. En second lieu, la promotion stricto sensu, consistant dans le
passage d'un emploi ou catégorie inférieure à un emploi ou
catégorie supérieure. Elle est subordonnée à la
vacance de poste, à une formation professionnelle d'une durée de
neuf (9) mois au moins, autorisée par la CNSS, ou à la
réussite à un concours professionnel. La seule hypothèse
où la promotion vise à récompenser le mérite, est
celle au choix du directeur général, en fonction de
l'ancienneté et des notes du travailleur. Or, les notes ne permettent
pas de certifier la performance d'un agent, en raison de leur
subjectivité. Il se constate alors un système de
promotion qui ne se préoccupe pas des résultats du
travailleur.
L'autre insuffisance notoire qui se dégage de
l'observation de la gestion des ressources humaines de la Caisse, est
l'absence d'une démarche de planification des ressources
humaines. L'absence de vision prospective permettant des
décisions en temps utile, est un dysfonctionnement qui remonte jusqu'aux
attributions du service personnel et solde.
Au regard de toutes ces difficultés, une
réalité s'impose : l'environnement de la structure
chargée du personnel (SPS) ne semble pas propice à une gestion
performante des ressources humaines.
En effet, les attributions du SPS semblent limitatives par
rapport aux missions incombant de nos jours à la GRH. Elle ne devrait
par exemple, pas être cantonnée dans un rôle de
décompte des salaires, et voir ses attributions exclure la planification
des RH. Le service gérant 321 personnes semble également confiner
dans une Direction Administrative et du Contentieux, qui ne permet pas
d'exploiter tous les atouts de la GRH. Cette direction est également
dirigée par un ingénieur planificateur non
spécialisé dans le domaine RH. La seule spécialiste du
domaine, a démissionné pour exercer dans une institution
bancaire. Du coup, le service personnel est confié pour la plupart des
responsables (chef service et chef section), à des juristes de
formation. Le recrutement de spécialistes RH enclenché en 2006, a
été interrompu, dans un souci d'encourager les compétences
internes. Néanmoins, ces compétences n'ont pas été
pour autant orientées vers les R.H. par une formation dans le domaine.
Il apparaît là, un contexte non propice à la G.R.H.
et nécessairement à la gestion de la rémunération,
une sous-fonction RH, qui n'est semble-t-il, pas perçue comme
une source de valeur ajoutée.
L'organisation dispose de deux syndicats dont le Syndicat
National de sécurité Sociale (SYNASS) est actuellement le plus
représentatif, et constitue l'interlocuteur entre la direction
générale et les salariés, sans oublier les
délégués du personnel.
Que retenir à l'issue de cette restitution des
mécanismes de fonctionnement de la situation à
améliorer ?
C) Synthèse de l'état des lieux de base
Le regroupement par centres d'intérêt des
problèmes (2) se réalisera après avoir
inventorié les forces puis les faiblesses de l'organisation
(1).
1) L'inventaire distinctif des forces et des faiblesses
Les observations seront classées en deux grands
groupes : celles qui constituent les forces d'une part, et les faiblesses
d'autre part.
Les atouts, forces et
opportunités
§ La responsabilité de l'élaboration et du
contrôle d'application de la politique générale de
l'institution, est établie par la loi.
§ L'existence d'un cadre formalisé pour effectuer
le recrutement.
§ L'existence d'un cadre formalisé de
rémunération dans la convention collective de la CNSS.
Ces points positifs, n'éludent cependant pas les
insuffisances observées dans la GRH
Les faiblesses et menaces
§ La population de la Caisse est vieillissante.
§ Le système de recrutement présente des
insuffisances notables.
§ L'inexistence d'une politique de promotion et de plan
de carrière.
§ La non indexation du système de promotion, au
mérite du travailleur.
§ L'absence d'orientation en matière de formation,
notamment de politique.
§ L'inexistence d'une politique de R.H.
§ La direction générale ne dispose pas
d'une boussole, d'un axe stratégique.
§ La détermination non pertinente des besoins en
formation.
§ Le système de formation professionnelle non
équitable.
§ La structure salariale de la Caisse est
inéquitable.
§ La quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable.
§ L'inexistence d'un système d'appréciation
des performances.
§ Le système de promotion ne s'intéresse
guère aux résultats du travailleur.
§ L'absence d'une démarche de planification des
R.H.
§ Un contexte non propice à la gestion de la
rémunération.
Les observations représentant des forces, sont des
éléments sur lesquels nous allons nous appuyer, pour proposer les
solutions de l'étude. Quant à celles qui représentent des
faiblesses ou menaces, elles seront regroupées par problématique,
dont l'un fera l'objet du présent mémoire.
2) Le regroupement des problèmes par centres
d'intérêt
TABLEAU N° 2 : Tableau de
détermination des problématiques possibles, par le regroupement
des problèmes par centres d'intérêt
Centres d'intérêt
|
Problèmes spécifiques
|
Problèmes généraux
|
Problématiques
|
La promotion des RH
|
§ Inexistence de politique de promotion et de plan de
carrière
§ Système de promotion ne s'intéressant pas
aux résultats du travailleur
§ Non indexation du système de promotion au
mérite du travailleur
§ Inexistence d'un système d'appréciation
des performances
|
Inadéquation de la promotion du personnel, aux
objectifs de la CNSS
|
Problématique de l'adéquation du système
de promotion aux objectifs de la CNSS
|
La gestion de la formation
|
§ Absence de politique de formation
§ Détermination non pertinente des besoins en
formation
§ Problème d'équité du
système de formation professionnelle
|
Système de formation professionnelle non performante
|
Problématique d'une gestion performante de la
formation
|
La gestion de la rémunération
|
§ Structure salariale inéquitable
§ Quasi-inexistence et incohérence de la
rémunération variable
§ Contexte non propice à la gestion de la
rémunération
|
Incohérence du système de
rémunération
|
Problématique d'une gestion méliorative de la
rémunération
|
La conformité des RH aux besoins
|
§ Une population vieillissante
§ Insuffisance du système de recrutement
§ Absence d'une démarche de planification des
RH
|
Inadéquation entre les besoins et les RH disponibles
|
Problématique d'une réalisation de la
conformité des RH aux besoins
|
Axes stratégiques de l'organisation
|
§ Inexistence d'une politique de RH
§ La direction générale ne dispose pas de
politique générale
|
Inexistence d'une ligne directrice des décisions des
acteurs de la CNSS
|
Problématique d'établissement d'axes
stratégiques de la GRH à la CNSS
|
Toutes ces problématiques, ne pourront judicieusement
faire l'objet de la présente étude. Une option s'avère
alors indispensable
Paragraphe 2 : La problématique de
l'étude et la vision globale de
sa
résolution
Dès l'option faite (A), elle sera
spécifiée (B) et sa vision globale de
résolution esquissée (C).
A) Le choix de la problématique
De l'observation des différentes problématiques
issues de l'état des lieux de base, il est évident que tous les
centres d'intérêt nécessitent une réflexion en vue
de leur résolution. La performance de la GRH de la Caisse en
dépend.
Cependant, nous ne pourrons les étudier toutes. Quel
choix opérer alors ? Il sera orienté par la formule
Performance = f (Compétence x Motivation).
Cette dernière postule que la motivation est essentielle dans la
performance des RH. Si la compétence est indispensable, elle ne peut
suffire à l'atteinte de la performance, la motivation y contribue. Cette
motivation est à la fois intrinsèque et extrinsèque. La
motivation extrinsèque qui est le fruit de facteurs externes ou
situationnels, se réalise par le jeu de reconnaissances notamment
extrinsèques ou tangibles dont la rémunération. A ce
propos, une étude de E. LOCKE révèle que 70% de la
motivation est fournie par la rémunération monétaire, 16%
par la fixation d'objectifs, 13% par l'environnement de travail et moins de 1%
par la participation (E. DUGBENOO. Greenhill, avril 2006). Si ces
données résultant d'études dans les pays
développés sont à relativiser quant à leur
réalité au Bénin, il reste que la
rémunération semble toujours constituer un facteur substantiel de
motivation. Il en est ainsi d'autant plus que le marché du travail
béninois se caractérise par un excédent accrû de
l'offre de travail, permettant aux employeurs de jouer à la baisse sur
la rémunération. S'intéresser à la gestion de la
rémunération dans ce contexte est nécessaire pour mieux
influencer la motivation. De toute façon, Il est capital pour
l'entreprise dont les frais de personnel représentent plus de la
moitié de la valeur ajoutée, de veiller à ce que cette
allocation de ressources ne provoque pas de la démotivation.
La problématique relative à cette
préoccupation est celle de l'incohérence du système de
rémunération, qui représente le problème
général. Ses problèmes spécifiques sont les
suivants :
§ Une structure salariale inéquitable
§ Une quasi-inexistence et une incohérence de la
rémunération variable
§ Un contexte non propice à la gestion de la
rémunération.
Le souci de contribuer à la résolution des
problèmes spécifiques et général liés
à cette problématique a orienté notre choix de
réfléchir sur le sujet : « Pour une
rétribution, facteur de motivation extrinsèque des R.H. de la
CNSS ». Cette problématique choisie, doit être
spécifiée avant qu'il ne soit procédé à son
étude
B) Appréciation de la pertinence de la
problématique
La motivation ne résulte certes, pas que de la
rémunération. D'autres facteurs y jouent un rôle
prépondérant. Toutefois, dans le contexte béninois, il est
évident que les avantages matériels ont un impact certain sur la
fidélité et la performance des RH.
Aucune étude n'a été
réalisée dans le domaine par la CNSS. Alors même que la
convention collective de l'organisation est en cours de révision, le
projet de dénonciation ne s'est point intéressé au
problème de la rémunération tel que formulé par la
problématique choisie. Il s'est contenté de proposer une
augmentation des salaires. Or, la gestion de la rémunération qui
représente un levier important de motivation est bien plus complexe que
de simples augmentations de salaire.
En effet, l'un de ses aspects essentiels est que l'employeur
communique convenablement sur le processus de gestion de la
rémunération de façon transparente. Un des
éléments les plus déterminants en cette matière est
la perception de justice qu'ont les salariés en raison de
l'équité du système.
Ce problème en relation avec l'équité,
mis en valeur dans la problématique choisie, mérite qu'on s'y
attarde.
Notre étude s'intéressera alors à la
résorption des problèmes ci-après :
§ Une structure salariale inéquitable
§ Une quasi-inexistence et une incohérence de la
rémunération variable
§ Un contexte non propice à la gestion de la
rémunération.
La résolution de tous ces problèmes
spécifiques semble indispensable pour remédier à
l'incohérence du système de rémunération. Une
vision globale est utile pour entrevoir la résolution de la
problématique spécifiée.
C) Aperçu général de résolution
de la problématique
Le problème général qui est celui de
l'incohérence du système de rémunération, met en
relief un problème d'équité, qui dans le domaine de la
rémunération relève de la perception du salarié. La
résolution de cette problématique se fondera dans ses grandes
lignes sur la théorie de la justice et de l'équité
d'ADAMS.
Quant au problème spécifique n° 1 sur la
structure salariale inéquitable, la théorie de
l'équité en ce qu'elle a trait à l'équité
interne, individuelle et collective, nous guidera. Elle permet d'instituer un
système de rémunération accepté par tous en raison
de son caractère juste. Toutefois, nous ne nous contenterons pas de
cette approche et ferons recours aux instruments de mesure de
l'inégalité salariale.
Par ailleurs, le problème spécifique n° 2
relatif à la quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable, sera abordé en tenant compte de
l'importance d'une part variable de rémunération susceptible
d'insuffler des réactions positives chez le salarié qui a
conscience qu'il peut perdre ou gagner selon le résultat
réalisé. Nous tiendrons compte également de la
nécessité d'indexer la rémunération variable sur le
rendement du salarié. Des instruments de mesure permettront
éventuellement d'apprécier l'impact de cette incohérence
ou inexistence de part variable, sur la motivation.
Enfin, la résolution du problème
spécifique n° 3 relatif au contexte non propice à la gestion
de la rémunération, sera orientée vers l'environnement
managérial qui devrait prévaloir dans des entreprises en phase
avec l'évolution des méthodes de gestion des hommes. Elle tiendra
particulièrement compte de la place qui doit être accordée
à la gestion de la rémunération qui dépend
également de l'importance taillée à la fonction RH.
Cette vision globale de résolution, guidera la
démarche méthodologique tout comme les objectifs de
l'étude.
Section 2 : De la détermination des
objectifs de l'étude à la
démarche méthodologique
La réalisation de la revue de littérature
relative aux problèmes du tableau de bord de l'étude
(paragraphe 1) précèdera la méthodologie
adoptée (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La revue de littérature relative
aux éléments du
tableau de bord de
l'étude (TBE)
La revue de littérature (B)
précisera l'état des connaissances antérieures sur la
problématique faisant l'objet du TBE (A).
A) Le tableau de bord de l'étude (TBE)
Il synthétise les objectifs relatifs à chaque
problème (1) et leurs causes supposées dont
découlent les hypothèses de recherche (2).
1) La fixation des objectifs
Elle concerne aussi bien le problème
général que ceux spécifiques.
§ Objectif général : proposer une
gestion méliorative de la rémunération
§ Objectifs spécifiques : ils sont propres
à chaque problème spécifique
N° 1 : envisager les solutions de réalisation
d'une structure salariale équitable
N° 2 : suggérer les moyens d'institution et
de cohérence de la rémunération variable
N° 3 : proposer le contexte managérial
propice à la gestion de la rémunération.
2) Les causes et hypothèses relatives aux
problèmes en résolution
Elles sont liées aux niveaux spécifiques et
général de l'analyse et sont formulées par rapport aux
problèmes général et spécifiques.
§ Causes et hypothèses du problème
spécifique n ° 1
Le constat d'une structure salariale inéquitable est
certainement lié à l'absence d'un processus d'évaluation
des emplois. En effet, la structure salariale de la CNSS est fonction du
diplôme sans tenir compte des exigences spécifiques à
chaque emploi. Mais une autre cause possible semble être l'inexistence
d'une politique de rémunération orientant l'attribution des
reconnaissances tangibles aux travailleurs.
De ces deux causes probables, l'inexistence du
processus d'évaluation des emplois semble plus
immédiatement liée au caractère inéquitable de la
structure salariale. Elle semble être la cause la plus plausible, car
l'évaluation des emplois est l'outil fondamental de réalisation
d'une structure salariale fondée sur les exigences relatives des
emplois.
L'hypothèse retenue pour le problème
spécifique n° 1 est alors la suivante : la
structure salariale inéquitable est due à
l'inexistence du processus d'évaluation des
emplois.
§ Cause et hypothèse relative au
problème spécifique n° 2
Si la rémunération variable est quasiment
inexistante, cela peut être dû à l'absence de la culture de
performance à la Caisse. En effet, la rémunération
variable est instituée pour sanctionner le mérite individuel ou
collectif. Son inexistence traduit probablement un
désintérêt pour la sanction positive ou négative des
résultats.
Par ailleurs, l'incohérence de la
rémunération variable semble résulter de l'inexistence
d'un système d'appréciation des performances. En effet, nous
l'avons expliqué, les primes accordées en cas de bilan positif,
sont attribuées à tout le personnel selon les points obtenus
grâce au système de notation (qui ne permet pas d'apprécier
le potentiel et les résultats sur une base objective).
Il faut cependant remarquer que si le système
d'appréciation des performances n'est pas implanté, c'est
certainement en raison d'une inexistence de la culture de performance. Ainsi,
la cause la plus plausible aussi bien de la quasi-inexistence que de
l'incohérence de la rémunération variable semble
être l'absence de culture de performance. Dès
lors, l'hypothèse n° 2 se présente comme suit :
« la quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable sont dues à l'absence de culture de
performance ».
§ Cause et hypothèse relative au
problème spécifique n° 3
Il s'agit d'identifier ici la cause probable du
caractère non propice du contexte à la gestion de la
rémunération (GR). Plusieurs causes peuvent être mises en
relief. Pour l'essentiel, elles sont communes aussi bien au contexte de la
gestion de la rémunération qu'à celui de la GRH en
général.
En premier lieu, il semble que les attributions du SPS la
confinent dans un rôle qui ne couvre pas entièrement le champ de
la discipline RH en l'occurrence tous les aspects de la
rémunération, nous l'avons expliqué dans l'état des
lieux.
En second lieu, les profils des titulaires des postes du SPS
ne semblent pas correspondre aux métiers des RH. Il n'y a en
réalité aucun spécialiste de la fonction parmi tous les
membres du service. Cette situation semble contribuer au contexte non favorable
à la gestion de la rémunération.
Cependant, si les attributions du service sont limitatives et
si les profils des titulaires des postes du SPS ne conviennent pas aux
compétences dans le domaine RH, c'est probablement parce que la
gestion de la rémunération comme la GRH, n'est pas perçue
comme une source de valeur ajoutée par les responsables de
l'organisation.
Cette dernière cause supposée étant la
cause probable des deux autres causes possibles précédentes, elle
semble la plus plausible. Il s'ensuit que l'hypothèse n° 3 se
présente comme il suit : « le contexte n'est
pas propice à la gestion de la rémunération car celle-ci
n'est pas perçue comme une source de valeur
ajoutée ».
De l'identification des objectifs et hypothèses de
recherche relatifs à chaque problème spécifique et
général, il résulte le tableau de bord de
l'étude.
TABLEAU N° 3 : TABLEAU DE BORD DE
L'ETUDE «POUR UNE RETRIBUTION FACTEUR DE MOTIVATION EXTRINSEQUE DES
RESSOURCES HUMAINES DE LA CNSS »
NIVEAUX D'ANALYSE
|
PROBLEMATIQUE
|
OBJECTIFS
|
CAUSES SUPPOSES
|
HYPOTHESES
|
Niveau Général
|
Problème
Général
Incohérence du système de
rémunération
|
Objectif Général
Proposer une gestion méliorative de la
rémunération
|
|
.
|
Niveaux Spécifiques
|
1
|
Problème spécifique n°
1
Une structure salariale inéquitable
|
Objectif spécifique n°
1
Envisager les solutions de réalisation d'une structure
salariale équitable
|
Cause supposée n° 1
Inexistence du processus d'évaluation des emplois
|
Hypothèse spécifique n°
1
La structure salariale inéquitable est due à
l'inexistence du processus d'évaluation des emplois
|
2
|
Problème spécifique n°2
Une quasi-inexistence et une incohérence de la
rémunération variable
|
Objectif spécifique n°
2
Suggérer les moyens d'institution et de
cohérence de la rémunération variable
|
Cause supposée n° 2
Absence de culture de performance
|
Hypothèse spécifique n°
2
La quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable sont dues à l'absence de culture de
performance
|
3
|
Problème spécifique n°
3
Un contexte non propice à la gestion de la
rémunération (GR)
|
Objectif spécifique n°
3
Proposer un contexte propice à la GR
|
Cause supposée n° 3
La GR n'est pas perçue comme une source de valeur
ajoutée
|
Hypothèse spécifique n°
3
Le contexte n'est pas propice à la GR car celle-ci
n'est pas perçue comme une source de valeur ajoutée
|
B) L'état des connaissances antérieures sur
la problématique choisie
Revoir la littérature permet de s'imprégner au
préalable des travaux antérieurs sur le domaine à
étudier, particulièrement sur les problèmes
identifiés.
Il ne s'agit pas d'exposer la littérature
antérieure sur la rémunération et la motivation, mais
plutôt de ressortir les réflexions précédentes sur
chacun des problèmes général et spécifiques
identifiés.
Toutefois, il faut remarquer que le problème
général n'est rien d'autre que la somme des problèmes
spécifiques. Ainsi, nous ne présenterons pas de revue de
littérature pour le problème général, mais
uniquement pour les problèmes spécifiques.
1) Les contributions antérieures sur le
problème de la structure Salariale
inéquitable
Il résulte de la vision globale de résolution de
la problématique que la théorie de la justice et de
l'équité est celle qui intéresse ce problème, dans
ses aspects relatifs à l'équité interne, individuelle
ainsi que celui du processus de gestion de la rémunération
(Sylvie St-Onge et Roland Thériault, 2è
édition, 2006 p. 17).
Selon cette théorie, l'individu tend à
évaluer ses contributions (input) en faveur de son organisation de
travail (ses performances, ses niveaux de formation, de compétence, son
ancienneté, ses efforts etc.). Il évalue les avantages (outcomes)
qu'il retire de son emploi (salaire, conditions de travail, statut,
reconnaissance, promotion, etc.). Il compare alors ces deux
éléments : Avantages retirés de l'emploi (Ap)/
Contributions en faveur de l'entreprise (Cp), et élabore un ratio
correspondant à cette comparaison. L'individu approfondit ce processus
de comparaison en évaluant le même ratio qu'il perçoit chez
d'autres personnes considérées comme référents.
Lorsque l'individu constate une égalité entre ces deux ratios, il
éprouve un sentiment d'équité. Il ressent de
l'insatisfaction s'il perçoit une différence entre ces deux
ratios (sous équité ou sur équité). L'individu
cherche dès lors à réduire ce déséquilibre
en accroissant sa contribution (en sur équité) ou en la
réduisant (sous équité) (Adams J. S.
1965, p. 422 - 436). Cette inégalité peut être interne
(comparaison avec des personnes à l'intérieur de l'organisation)
ou externe (comparaison avec des personnes à l'extérieur de
l'organisation).
Par ailleurs, à travers ce concept de justice
organisationnelle, il faut distinguer deux dimensions de
l'équité : la justice distributive (sentiment de justice
relatif à l'attribution des récompenses par l'organisation) et la
justice procédurale (sentiment de justice relatif au processus de prise
de décision d'attribution de récompenses). L'individu se sentira
équitablement ou injustement traité selon la place qui lui est
réservée dans le processus (Greenberg, 1987,
1990).
Pour réaliser l'équité interne,
l'analyse, la description et l'évaluation des emplois sont les
étapes à observer pour établir une structure salariale
fondée sur les exigences relatives des emplois (Sylvie St-Onge
et Roland Thériault, 2è éd., 2006, p. 17 -18).
De même l'équité du processus de gestion
de la rémunération consiste à réaliser une
perception équitable des décisions de gestion de la
rémunération notamment par la communication de l'information, la
participation et la consultation des employés sur les reconnaissances
tangibles (Rynes et al. 2002).
Qu'en est-il des travaux relatifs à la
rémunération variable ?
2) Les réflexions antérieures sur le
problème de la quasi-inexistence et de
l'incohérence de la rémunération
variable
Les salariés sont motivés à
améliorer leurs résultats lorsqu'ils ont l'impression que leurs
efforts ont un effet sur le rendement qui conditionne les récompenses
qu'ils obtiennent. Il s'agit là de la théorie des attentes
(Hector Vroom, 1964).
Cette rémunération variable est davantage
justifiée par la théorie de l'agence. Un mandant (principal)
établissant un contrat avec un mandataire (agent) pour agir en son nom
en échange d'une récompense, il apparaît une divergence
d'intérêt entre le mandant et le mandataire, ce qui pose le
problème du contrôle de ce dernier. Les régimes de
rémunération basés sur des mesures de performance
permettent de résoudre ce souci de contrôle. La
rémunération variable permet ainsi de décourager les
comportements opportunistes pouvant découler du contrat d'agence
(Fama et Jensen, 1983).
Le salaire au mérite permet de considérer le
rendement individuel des employés surtout les cadres, dans la
détermination de leurs augmentations de salaires (Sylvie St-Onge
et Roland Thériault, 2è éd., 2006, p. 419).
Cependant, opérer un choix judicieux en matière
de rémunération variable nécessite l'adéquate
définition des facteurs de succès de l'organisation (les
coûts, les services et la qualité) et le choix des indicateurs
susceptibles de mesurer la réalisation de ces facteurs de succès
afin d'y rattacher diverses formes de récompenses. Ces formes de
rémunération doivent servir à récompenser le
mérite du travailleur à travers ses résultats tout en se
cadrant sur les stratégies de l'organisation ((Sylvie St-Onge et
Roland Thériault, 2è éd., 2006, p. 487- 489).
3) Les travaux antérieurs sur le contexte de
la gestion de la rémunération
Il est important de souligner que ce contexte est avant tout
tributaire de celui de la GRH.
Les politiques, programmes et pratiques rattachés aux
ressources humaines ont un impact sur le rendement et le progrès d'une
organisation comme le révèle le modèle de l'escalier de Le
Louarn et Wils (Le Louarn et Wils, 2000, p.43).). L'ensemble
des politiques et pratiques de nature administrative, opérationnelle et
stratégique que comporte la GRH produisent des effets intentionnels ou
non : les résultats RH (satisfaction, motivation, engagement,
mobilisation, absentéisme, roulement etc.) qui à leur tour ont
des effets sur les résultats organisationnels. Ces derniers
conditionnent le succès et la pérennité de l'organisation
(Sylvie St-Onge et al. 2è édition, 2004, p.
670).
Il est important d'évaluer la contribution de la
mission, des orientations stratégiques et des valeurs de gestion de
l'organisation ainsi que la performance des pratiques de RH.
L'évaluation de la mission de la DRH, ses rôles et
activités sont également essentiels dans l'appréciation du
contexte de GRH (Sylvie St-Onge et al. 2è
édition, 2004, p. 671).
Paragraphe 2 : La méthodologie
Elle recouvre aussi bien l'approche théorique
(B) qu'empirique (A).
A) Approche empirique
Il s'agit de mettre en relief, les objectifs de la collecte de
données, l'échantillonnage, la spécification des
données qui inspirera le questionnaire ainsi que les techniques de
dépouillement et de présentation des résultats
d'enquête.
1) Les objectifs de la collecte
Les données à recueillir sont indispensables
pour vérifier les hypothèses formulées dans le tableau de
bord de l'étude. Ainsi, les enquêtes nous permettront
concrètement d'apprécier la pertinence des hypothèses
ci-après :
§ La structure salariale inéquitable est due
à l'inexistence du processus d'évaluation des emplois.
§ La quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable sont dues à l'absence de culture du
rendement
§ Le contexte n'est pas propice à la gestion de la
rémunération car elle n'est pas perçue comme une source de
valeur ajoutée
Quelle proportion d'acteurs de la CNSS faut-il
interroger ?
2) L'échantillonnage
Il semble important de questionner aussi bien les
salariés de la direction générale que ceux des agences
départementales. Toutefois, l'insuffisance de moyens matériels et
temporels nous ont conduit à consulter le personnel de la direction
générale notamment 1/3 des administrateurs (8), des inspecteurs
(13), des contrôleurs (32), des assistants (18), des
préposés (28) et des agents de service (7) soit au total 106
employés.
3) La conception des questionnaires par la
spécification des données à
mobiliser
Les informations à collecter lors de nos enquêtes
sont relatives à :
§ L'appréciation des travailleurs sur l'injustice
de la structure salariale et ses causes
§ L'opinion des salariés sur la pertinence de la
rémunération variable et sa nécessité pour la
motivation des RH
§ L'importance accordée à la gestion de la
rémunération, par la CNSS.
Pour y parvenir, le questionnaire a été
conçu par rapport aux problèmes spécifiques
identifiés au cours de l'étude. Certaines questions qui sont
fondamentales nous serviront à vérifier directement les
hypothèses. Il s'agit notamment de :
§ La grille salariale contenue dans la convention
collective de la CNSS vous paraît-elle juste, équitable ?
Oui
Non
§ Qu'est-ce qui vous semble être
rémunéré à travers la grille ?
Le diplôme Les
exigences spécifiques à chaque emploi
La combinaison du diplôme et les exigences des emplois
§ Existe-t-il dans votre rémunération, une
part variable c'est-à-dire une part qui augmente ou diminue selon vos
résultats ?
Oui Non
§ Dans le cas où il n'existe pas ou pratiquement
pas de rémunération variable, à quoi cela peut-il
être dû ?
A l'opposition des travailleurs la
direction n'a pas voulu l'instituer
A l'absence d'un système de mesure des résultats
Toutefois, ces questions fondamentales ne sont pas suffisantes
pour juger de la pertinence des hypothèses. D'autres questions, les
questions de recoupement sont contenues dans le questionnaire à
administrer. Seulement, ces questions n'épuisent pas les informations
nécessaires à la vérification des hypothèses, comme
celles relatives au contexte de la GRH. Il est par suite nécessaire de
réaliser un guide d'entretien destiné à recueillir des
éléments auprès des responsables de l'organisation.
4) Dépouillement et présentation des
données
Il s'agit d'un dépouillement manuel dont les
données quantitatives seront présentées au moyen du
tableur Excel. Il servira également à présenter les
données sous forme de tableau simple ou croisé dynamique. Ces
données seront restituées à travers des graphiques.
L'approche empirique ainsi esquissée, qu'en est-il de
celle théorique ?
B) Approche théorique
Les théories retenues dans la vision globale de
résolution de la problématique sont celles qui nous permettront
d'analyser les problèmes en résolution. Elles sont relatives aux
problèmes spécifiques de l'étude.
Par ailleurs, le seuil de décision à retenir
pour la vérification des hypothèses de recherche, sont les plus
faibles possible. Ainsi, la logique qui guidera le diagnostic de l'étude
est que toute velléité de cause qui se révèlera
être à l'origine du problème spécifique, sera
retenue. Il suffit qu'elle ait un pourcentage différent de 0%.
CHAPITRE PREMIER : DIAGNOSTIC DE LA PROBLEMATIQUE
PAR L'ANALYSE DE LA PERTINENCE DES HYPOTHESES
Réaliser le diagnostic de l'étude, implique
l'analyse des données recueillies à l'issue de l'enquête et
des entretiens.
Les résultats obtenus permettront de conclure au
bien-fondé ou non des hypothèses de l'étude. Ces
résultats seront alors présentés relativement à
chaque problème spécifique. Mais, il importe au préalable
de relever les insuffisances de ces données afin d'avoir une perception
juste de leur portée.
Ainsi, la vérification des
hypothèses spécifiques n° 1 et 2 (Section 2)
suivra le diagnostic du problème
spécifique n° 1 et les insuffisances des données
(Section 1).
Section 1 : Réalisation de l'enquête
et vérification de
l'hypothèse spécifique
n° 1
La détermination des causes réelles d'une grille
salariale inéquitable (paragraphe 2) sera
précédée des éléments relatifs à la
réalisation de l'enquête (paragraphe 1).
Paragraphe 1 : Réalisation de
l'enquête
Les limites des données recueillies
(B) sont induites par les conditions de réalisation de
l'enquête (A).
A) Conditions de réalisation et
difficultés de l'enquête
Les questionnaires ont été administrés
sur le lieu de travail des salariés. Certains prétextent de leur
occupation pour refuser de remplir le questionnaire ou se résignent
à le faire en raison de notre insistance. Ainsi, si certains agents y
ont trouvé une opportunité d'exprimer leur point de vue sur la
manière dont ils sont rémunérés, d'autres par
contre ont répondu négligemment au questionnaire.
Il faut remarquer que dans les catégories de
préposés, assistants et contrôleurs, beaucoup d'agents ont
manifesté de la réticence à fournir les informations
demandées, craignant de se faire étiqueter par les
autorités pour les réponses peu favorables à la structure,
qu'ils seraient amenés à donner. Ils croyaient que notre
étude n'était pas anonyme et était diligentée par
la direction générale. Ces situations ont nécessairement
affecté la portée de nos résultats
B) Limites des données
Il s'agit de la marge d'erreur liée à la
réticence, à la méfiance de certains salariés ainsi
qu'à la négligence avec laquelle certains travailleurs ont
répondu au questionnaire.
De plus, nous n'avons pu récupérer tous les
questionnaires distribués de telle sorte que l'échantillon
prédéterminé de 106 salariés n'a pu être
obtenu. 98 salariés ont pu être interrogés. Le
déficit d'enquêtés est observé au niveau des agents
de service (- 3), des contrôleurs (-2) et des préposés
(-3).
Ces limites n'affectent cependant pas l'intérêt
des résultats recueillis qui permettront de vérifier la
pertinence des hypothèses de départ, notamment celui du
problème n° 1.
Paragraphe 2 : les causes réelles
d'un salaire de base inéquitable
Pour 94, 90% des enquêtés, la grille des salaires
est inéquitable comme l'a constaté l'état des lieux du
système de gestion de la rémunération. Le graphique
ci-après en témoigne :
Les causes de cette perception des salariés seront
déterminées en appréciant la véracité de
l'hypothèse spécifique n° 1 (A). Mais, le
questionnaire et les entretiens semblent avoir révélé
d'autres causes (B).
A) L'absence du processus d'évaluation des
emplois
Cette cause supposée est-elle la véritable
raison du caractère inéquitable de la structure salariale de la
Caisse ?
Le questionnaire a révélé en son point
I-3 que la logique de détermination du salaire de base selon les
salariés, est essentiellement le diplôme comme le reflète
la figure suivante :
Il n'est certes pas obligatoire de demander le point de vue
des travailleurs pour connaître la logique ayant présidé
à la confection de la grille. Néanmoins, il est essentiel de
percevoir la compréhension qu'ont ces derniers de la hiérarchie
des rémunérations dans leur organisation.
Le salaire de base dépend du diplôme et la
progression dans la rémunération est fonction de
l'expérience. Cette réponse des salariés se conçoit
aisément car tous les deux ans ils bénéficient
d'avancement avec des incidences sur le salaire conformément à la
convention collective de la Caisse.
Ayant perçu cette logique de fixation du salaire, les
employés concluent tout de même à son caractère
inéquitable. Cela signifie que le diplôme et l'expérience
ne sauraient permettre à eux seuls de réaliser une grille
salariale perçue comme juste. Ainsi, il apparaît que d'autres
éléments doivent être pris en compte pour
l'établissement d'une grille équitable. Or, seule la
hiérarchisation des salaires par la description et l'évaluation
des emplois permet d'intégrer tous les critères de pesée
de poste révélant les exigences respectives des emplois. Elle est
aujourd'hui reconnue universellement comme juste.
Si la prise en considération du diplôme et de
l'expérience n'est pas satisfaisante pour les salariés, il
s'avère que c'est en raison de la non intégration d'autres
facteurs que seules la description et l'évaluation des emplois
permettent de mesurer. Ainsi, l'hypothèse spécifique
n° 1 retenant l'absence du processus d'évaluation des emplois comme
cause du problème n° 1 est vérifiée. Toutefois, il ne
l'est que partiellement car d'autres causes sont apparues
à l'issue de nos recherches.
B) Une cause complémentaire :
l'inexistence de politique de rémunération
Pourquoi les décideurs de l'organisation ne sont-ils
pas parvenus à instituer une grille acceptée par l'essentiel des
employés, notamment par un processus d'évaluation des
emplois ? Certainement parce qu'ils n'ont pas une vision rationnellement
élaborée de la ligne directrice à suivre dans la gestion
de l'organisation.
A cet effet, nos entretiens ont révélé
l'absence de politique générale dans l'organisation. Cet
état de chose ne favorise pas une gestion performante des RH, car il
induit le défaut de politique RH qui implique une absence de politique
de rémunération. Or, c'est cette dernière qui permet de
concevoir un système de rémunération en adéquation
avec les stratégies de l'organisation et les besoins des
employés. S'il existait une politique de rémunération en
cohérence avec la stratégie de l'organisation, la pratique de
rémunération aurait intégré la
nécessité d'une évaluation des emplois dans la
réalisation de la grille salariale.
En effet, la motivation des salariés exige que chacun
soit payé selon ses efforts et non pas seulement selon son niveau
d'instruction. La recherche de cette motivation pour servir la stratégie
de l'entreprise conduirait au souci d'assurer la justice salariale par
l'évaluation des emplois.
Ainsi, l'absence de politique de
rémunération apparaît comme une cause
complémentaire à celle retenue dans
l'hypothèse n° 1.
Dès lors, le diagnostic du problème
spécifique n° 1 qui n'est rien d'autre que la combinaison
des causes réelles à la base du problème n° 1 se
présente comme il suit : « l'absence du processus
d'évaluation des emplois et de politique de rémunération
sont les causes d'une structure salariale inéquitable ».
Qu'en est-il des deux autres problèmes
spécifiques ?
Section 2 : Diagnostic relatif à la
rémunération variable et
au contexte de gestion de la
rémunération
Si les causes réelles de la quasi-inexistence et de
l'incohérence de la rémunération variable seront
perçues essentiellement grâce aux données collectées
(Paragraphe 1), celles relatives au contexte non propice de la
gestion de la rémunération seront révélées
par les informations issues des entretiens (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Causes de la quasi-inexistence et de
l'incohérence
de la rémunération
variable
La cause supposée retenue lors de la formulation des
hypothèses sera appréciée (A) avant
d'entrevoir les causes complémentaires (B).
A) L'absence de culture de
performance
L'interrogation des salariés sur l'existence ou non de
rémunération variable fonction des résultats, a
révélé une confusion à leur niveau comme en
témoigne le graphique ci-après :
Ainsi, si 84,70% des employés ont affirmé qu'il
n'existe pas de part réversible de salaire en fonction du
résultat, il n'en est pas de même pour les 15,30% autres. Or, la
rémunération variable existant à la CNSS est
essentiellement la prime d'assiduité qui récompense la
présence au poste et la ponctualité. A cela s'ajoute, la
gratification de fin d'année qui varie suivant la note attribuée
au travailleur par ses supérieurs hiérarchiques. Ainsi, la seule
part réversible apparemment fonction du résultat à la CNSS
est la gratification de fin d'année.
Si certains salariés ont estimé qu'il existait
une rémunération au résultat, c'est en premier lieu en
raison de la présence de la gratification dans les accessoires de
salaire. Ils conçoivent ainsi que le résultat peut être
apprécié au travers du système de notation. Cette
situation reflète une incompréhension à leur niveau quant
à la mesure du résultat et par conséquent de performance,
ce qui laisse percevoir une défaillance quant à la culture de
performance des acteurs de l'organisation.
En second lieu, d'autres agents justifient l'existence de
rémunération au résultat par la prime d'assiduité
qui ne récompense que la présence. La défaillance de la
connaissance de la notion de résultat est alors avérée
chez certains agents de l'entreprise. Mais qu'en est-il de l'impact de cette
part réversible du salaire sur le comportement des
travailleurs ?
La figure suivante le présente :
95,92% des salariés estiment que la part variable n'a
pas d'impact sur leur motivation au travail. Il faut remarquer que 84,70%
avaient déjà mentionné l'absence de toute part variable au
résultat. Même les 15,30% qui ont affirmé le contraire ont
pour la plupart précisé l'absence d'impacts de cette portion du
salaire sur leur comportement. Il apparaît ainsi que la
rémunération variable telle que pratiquée par la Caisse
n'a pas d'effets essentiels sur la motivation, ce qui renforce la
défaillance de la culture de performance dans l'organisation. Mais, il
faut s'interroger sur les raisons d'une telle situation.
88,78% de personnes estiment que l'absence d'une
rémunération variable fonction des résultats est due
à l'inaction de la direction de l'organisation dans ce domaine, alors
que 11,22% attribuent cette insuffisance à l'inexistence d'un
système d'appréciation des performances. Le graphique
ci-après l'exprime :
Ainsi, si la culture de performance fait défaut, c'est
aussi bien en raison de l'inaction de la direction que de l'absence d'un SAP.
L'inexistence d'une démarche d'appréciation des performances est
un facteur prépondérant de l'absence de culture de performance,
car les employés ne voient pas leurs résultats mesurés
pour être récompensé en fonction de ces derniers.
L'hypothèse spécifique n° 2 qui postule
que la quasi-inexistence et l'incohérence de
rémunération variable sont dues à l'absence de culture de
performance, ne fait plus de doute. Néanmoins, une autre
cause est apparue.
B) L'absence du SAP
Elle est nécessairement liée à la cause
précédente. Le graphique n° 7 retient déjà
l'absence du SAP comme l'une des raisons du problème n° 2. Cela est
évident, car le but d'une part réversible de la
rémunération indexée sur les résultats, est de
sanctionner les performances des acteurs de l'organisation.
Comme l'ont révélé nos entretiens, les
responsables estiment que le résultat est mesuré par la notation
annuelle du personnel. Or, il est aujourd'hui convenu qu'en GRH, la notation ne
peut certifier les performances de l'employé. Seul un système
transparent et objectif d'appréciation des performances permet de juger
du rendement du salarié.
Mais, à la préoccupation d'institution d'une
autre part variable en fonction de la notation, comme la gratification de fin
d'année, les responsables RH estiment que les affinités entre les
supérieurs hiérarchiques et leurs collaborateurs pourraient
compromettre sa transparence. Ils reconnaissent explicitement par là
qu'on ne saurait instituer une prime au résultat, en se fondant sur la
notation. Comme l'a déjà révélé le graphique
précédent, le défaut d'un système
d'appréciation des performances contribue à l'inexistence d'une
rémunération variable fonction du résultat.
Cela ne signifie cependant pas que l'institution du SAP entraînera
l'introduction de ce type de rémunération. Néanmoins, sa
mise en place est subordonnée au SAP dont l'absence favorise
l'incohérence de la gratification de fin d'année, seule part
variable annuelle qui dépende des résultats.
Dès lors, il apparaît que l'hypothèse
spécifique n° 1 est vérifiée car l'absence de culture
de performance s'est avérée être à la base du
problème de la quasi-inexistence et de l'incohérence de la
rémunération variable. Néanmoins, il ne l'est que
partiellement. Une seconde cause est apparue, l'absence du SAP qui est en
relation avec la première.
Le diagnostic du problème spécifique
n° 2 peut alors être formulé comme il suit :
« l'absence de culture de performance et du système
d'appréciation des performances sont les causes de la quasi-inexistence
et de l'incohérence de la rémunération
variable ».
Néanmoins la totalité des enquêtés
affirme être disposée à accepter une
rémunération au résultat comme le reflète le
graphique ci-joint :
Certains conditionnent légitimement cette acceptation
à une définition claire des modalités de mesure des
résultats. Cette faveur des travailleurs de la Caisse à la
rémunération au résultat est un atout essentiel qui sera
exploité lors de la proposition de solutions. Mais avant de parvenir
à cette étape, il faut au préalable déterminer les
causes réelles du problème spécifique n° 3.
Paragraphe 2 : Le contexte de gestion de la
rémunération
La pertinence de la cause supposée du problème
spécifique n° 3 sera analysée essentiellement grâce
aux informations recueillies par le guide d'entretien (A).
Ensuite, des causes ultérieures révélées par les
entretiens seront appréciées (B).
A) La non perception de la gestion de la
rémunération comme source de valeur
ajoutée
Nos entretiens avec les responsables du service personnel ont
révélé que la rémunération n'est pas
déterminée dans le but de se conformer aux objectifs de
l'entreprise. C'est la question 3 du guide d'entretien qui nous a permis de le
constater. D'ailleurs, ils ont souligné l'absence d'objectifs
d'entreprise pouvant guider les décisions dans toutes les sous-fonctions
RH. Or, si la rémunération était perçue comme un
outil important de motivation des employés qui puisse jouer sur leurs
performances, elle devrait être indexée sur la stratégie de
l'organisation.
Dans le même ordre d'idée, les entretiens nous
ont confirmé que les décisions en matière de
rémunération sont prises sans vision prospective, en l'absence de
politique de rémunération. Or, percevoir la
rémunération comme source de valeur ajoutée implique de
veiller à sa cohérence avec la politique de cette sous-fonction.
La politique de rémunération est en effet,
l'ensemble des lignes directrices qui vont orienter les choix de l'organisation
en matière salariale, susceptibles de réaliser la motivation des
travailleurs. Son absence entraîne inévitablement des
décisions hasardeuses qui ne servent pas la motivation. Cela se
perçoit aisément à la Caisse car 94,90% des
employés perçoivent la structure salariale comme
inéquitable et 95,92% estiment que la rémunération
variable n'a pas d'impact sur leur motivation au travail. Il s'agit là
d'un problème délicat que l'organisation doit s'évertuer
à résoudre nécessairement.
Par ailleurs, si la politique de rémunération
est inexistante, c'est en raison de l'absence de politique de ressources
humaines dont elle découle à l'instar de la politique des autres
sous-fonctions RH. La politique RH également ne pouvait être
réalisée en l'absence de politique d'entreprise et de
stratégie de l'organisation. Il s'agit visiblement d'une succession de
choix stratégiques préalables à toute décision
opérationnelle, qui fait défaut à la CNSS.
En outre, les réponses des employés qui ont
exprimé dans le questionnaire, leur incompréhension de la logique
qui sous-tend les différences de salaire entre les échelons et
catégories, révèlent un problème de communication
dans le domaine de la rémunération. Les responsables nous ont
d'ailleurs expliqué que la diffusion de l'information sur la
rémunération aux salariés est résolue par la
convention collective qui établit la grille salariale et prévoit
les différents accessoires. Or, certains travailleurs ont affirmé
ne pas comprendre le mécanisme d'évolution des points au niveau
de la grille, ce qui révèle une défaillance dans la
communication. De même, 84,70% des enquêtés affirment qu'il
n'y a pas de rémunération au résultat dans l'organisation,
en dépit de l'existence de la gratification de fin d'année qui
varie suivant la note obtenue par l'employé. Dans le même temps,
15,30% soutiennent le contraire. Cette contradiction témoigne d'une
défaillance dans la communication que doit animer l'organisation
vis-à-vis de ces derniers en matière de
rémunération. Il ne pouvait en être autrement en raison de
la complexité de la grille qui ne saurait être
appréhendée par une simple lecture de la convention collective.
Par conséquent, il ressort que la communication est
défaillante dans la gestion de la rémunération de
l'organisation. Si l'importance que revêt la rémunération
sur la motivation des employés était appréhendée
par les responsables de l'organisation, ils auraient veillé à une
meilleure compréhension du mécanisme salariale par les
travailleurs.
De nos analyses, il se dégage que la
rémunération n'est pas fixée en fonction des objectifs de
l'entreprise et ne découle d'aucune politique. De même, elle n'est
pas bien comprise par les employés en raison d'une insuffisance de
communication dans le domaine. Ces observations confirment
l'hypothèse de la non perception de la gestion de la
rémunération comme source de valeur ajoutée.
En effet, si l'intérêt de cette sous-fonction sur la motivation
était bien perçue par les responsables, la gestion de la
rémunération tiendrait compte de toutes ces variables pour
être performante. Dès lors, la cause du problème
spécifique n° 3 est vérifiée. Néanmoins, elle
est davantage confortée par d'autres causes.
B) Le SPS dans l'organigramme et le profil de ses acteurs
Les responsables des ressources humaines n'ont pas
trouvé d'inconvénient au positionnement du service dans
l'organigramme, même s'ils déplorent l'intégration du
service RH dans la même direction que le service du contentieux et le
service administratif et du matériel. Cette simple remarque de leur part
n'est pas dépourvue d'intérêt.
En effet, l'intitulé de la direction qui coiffe le
service : « Direction Administrative et du Contentieux »
mentionne les deux autres services à l'exclusion de celui des ressources
humaines. Cette analyse révèle certainement le peu
d'intérêt accordé à la gestion des ressources
humaines par l'organisation. Ainsi, le Directeur Administratif et du
Contentieux acculé par ses attributions relatives à la gestion
administrative, du matériel et des contentieux, n'a manifestement pas la
disponibilité pour veiller à une gestion performante des RH.
Cet état de chose explique le fait que le service ne
parvient pas à exercer convenablement toutes ces attributions.
Mais, il se pose des problèmes au niveau même des
attributions qui lui sont dévolues. Les responsables RH estiment en
effet qu'il ne leur est pas demandé d'élaborer de démarche
de GPEC par exemple ou qu'il ne leur revient pas de définir un
système de rémunération répondant aux
intérêts de l'organisation. Ils attribuent par contre ce dernier
rôle aux syndicats et aux dirigeants de l'organisation qui
négocient la convention collective. Dans ce contexte, la
défaillance des attributions du SPS est une évidence par rapport
aux missions modernes de la DRH. Or, ces attributions ont été
modifiées en 2005 déjà par la décision n°
016/05/CNSS/DG/DAC-SPS du 11 avril 2005 sans intégrer certaines
responsabilités essentielles de la DRH.
Indissociable de cette préoccupation, le profil des
titulaires des postes relatifs aux ressources humaines semble desservir le
contexte de gestion de la rémunération. Les entretiens
grâce aux questions 9 et 10 nous ont révélé que
l'avant-projet de plan de formation de l'année 2007 a proposé la
formation d'un employé du service, dans le domaine RH. Cela prouve que
les responsables du service perçoivent la nécessité de
disposer de compétences dans le domaine RH.
Toutes les incohérences relevées quant à
la gestion de la rémunération auraient certainement eu une
ampleur moindre s'il existait des compétences en matière de
ressources humaines.
Ainsi, la position du SPS dans l'organigramme, ses
attributions et le profil de ses acteurs, contribuent manifestement au contexte
non propice à la gestion de la rémunération
comme à la GRH en général. Ces causes
viennent confirmer la non perception de la gestion de la
rémunération comme source de valeur ajoutée qui est
reflétée par différentes raisons. Il s'agit de l'absence
de lien entre la rémunération et les objectifs de l'entreprise,
l'inexistence de politique RH, de politique de rémunération et de
communication dans cette sous-fonction RH.
Par conséquent, il en résulte le
diagnostic du problème spécifique n° 3 qui se
présente comme il suit : « le contexte est
défavorable à la G.R. en raison :
- de l'absence de relation entre les objectifs de
l'entreprise et la GR ;
- de l'absence de politique et de communication en
matière de rémunération ;
- du positionnement du SPS dans l'organigramme, de ses
attributions et du profil de ses acteurs ».
Les causes réelles de chacun des problèmes
spécifiques, déterminées, et le diagnostic de
l'étude établi, il convient d'envisager les moyens de
résoudre les insuffisances relevées. Pour ce faire, il s'agit de
chercher à "détruire" les causes déterminées. La
proposition d'approches de solutions adaptées au cas en présence
est alors la prochaine étape de notre réflexion.
CHAPITRE DEUXIEME : VERS UNE REMUNERATION
CONTRIBUANT A LA MOTIVATION EXTRINSEQUE DES RESSOURCES HUMAINES DE LA
CAISSE
Il ne s'agit pas de solutions péremptoires, mais de
propositions aux problèmes en présence. Les approches de
solutions sont motivées par le souci de supprimer les causes
réelles des problèmes, révélées par le
diagnostic de l'étude.
Pour le faire, il importe de régler les
préalables sans lesquels la rémunération fixe comme celle
variable ne pourra servir la motivation des salariés. Il s'agit en
réalité de trouver les solutions au problème relatif au
contexte de la gestion de la rémunération (Section
1). Ensuite, nous envisagerons les modalités de
résolution des problèmes spécifiques n° 1 et 2
(Section 2).
Section 1 : Les préalables à
l'efficacité du système de
rémunération : les solutions au problème n°
3
Avant d'entrevoir les modalités d'aménagement de
la grille salariale et de la rémunération variable, certains
fondamentaux qui intéressent les grandes orientations du management de
l'organisation (Paragraphe 1) puis la communication et la
structure du service personnel (Paragraphe 2) doivent
être revus.
Paragraphe 1 : L'élaboration de lignes
directrices
Elle nécessite deux étapes essentielles. En
premier lieu, la définition de la stratégie de l'organisation
(A) et en second lieu, l'élaboration de politiques
(B).
A) La définition de la stratégie
organisationnelle
Aucune organisation ne peut prospérer sans avoir une
idée claire des grands chantiers sur lesquels elle doit engager son
action. Cela implique la définition d'une stratégie
organisationnelle. Cet instrument est indispensable aux acteurs de la CNSS afin
qu'ils puissent mieux orienter les décisions dans les grandes fonctions
de l'organisation.
Définir une stratégie organisationnelle
nécessite trois étapes essentielles à l'issue desquelles
intervient la réalisation du cadre logique : l'analyse des
problèmes, l'analyse des objectifs et l'analyse des
stratégies.
Ainsi, il importe de réaliser à la CNSS,
l'analyse des problèmes par l'arbre à problèmes. Cette
étape vise à déceler les différents
problèmes qui affectent l'organisation. Ces problèmes peuvent
être relatifs à l'entreprise en général ou à
une fonction en particulier. L'identification des problèmes devrait se
faire en interrogeant les acteurs de l'organisation au sens large :
travailleurs, clients (employeurs, salariés, bénéficiaires
des prestations de sécurité sociale). Mais, cette
identification nécessite également le conseil d'un expert. La
confrontation entre les résultats de l'expertise et l'expression des
acteurs de la CNSS, donne une image de la réalité. Les
problèmes ainsi identifiés sont classés par niveau
hiérarchique dans un diagramme ou structure de fractionnement (arbre
à problèmes), car certains problèmes en engendrent
d'autres. Au sommet, nous avons le problème final, au niveau
intermédiaire, les problèmes à la source de ce
problème final. Au dernier niveau, les problèmes à la base
de chaque problème intermédiaire.
L'analyse des objectifs est l'étape suivante. Elle
consiste à transformer l'analyse des problèmes en situation
désirée. Les problèmes relevés à
l'étape précédente sont transformés en situations
positives atteintes à tous les niveaux hiérarchiques.
L'analyse des stratégies peut alors intervenir. Les
stratégies sont les derniers niveaux de chaque groupe de
problèmes.
Il faut préciser que le problème final se
décompose en plusieurs problèmes qui possèdent
également leurs causes. Les causes de chaque groupe de problème
constituent le dernier niveau. La réunion des causes se situant au bas
de la hiérarchie et relatives à un même problème
intermédiaire, représente une stratégie. Les
différentes stratégies relevées sont analysées afin
d'en apprécier la pertinence. Celles qui semblent irréalistes,
trop onéreuses ou inadéquates, sont écartées.
Seules les stratégies pertinentes sont retenues et font l'objet du cadre
logique.
Par cette démarche, la CNSS pourrait se doter d'une
stratégie correspondant aux problèmes de l'organisation. La
réalisation de cette stratégie est la première
démarche vers une performance de la rémunération à
l'instar de toutes les sous-fonctions RH et des autres fonctions de
l'entreprise.
Pour y parvenir, il est nécessaire de définir
les grands choix qui gouverneront les décisions en matière de
rémunération.
B) L'adoption de politiques
Les organisations performantes ont déjà
perçu la nécessité d'adopter une politique
générale connue de tout le personnel.
En effet, la stratégie n'a d'intérêt que
si elle oriente les décisions prises par le management de
l'organisation. Mais comment s'assurer que les décisions prises servent
la stratégie de l'entreprise ? Il faut alors élaborer des
balises qui vont gouverner la prise des décisions. Ces balises
représentent les différentes politiques qui permettront de
prendre des décisions conformes à la stratégie de
l'organisation, au prime abord la politique générale.
L'élaboration de cette dernière relève du CA aux termes de
l'article 10 du code de sécurité sociale.
L'adoption de la politique générale permettra
ensuite d'élaborer des politiques dans toutes les fonctions de
l'entreprise (marketing, production, commerciale) notamment dans la fonction
ressources humaines. La politique RH indiquera les lignes directrices qui
gouverneront les décisions à l'endroit du personnel dans
l'organisation.
Elle inspirera des politiques dans toutes les sous-fonctions
RH notamment la politique de rémunération. Cette dernière
à la CNSS sera les grands choix de l'entreprise en ce qui concerne les
modalités de la rémunération. Elle doit être
cohérente par rapport à la stratégie et la politique de
l'organisation. Selon que la stratégie nécessite des performances
individuelles ou non des employés, la politique de
rémunération sera orientée ou non vers une part variable
individuelle plutôt que d'équipe. L'organisation peut
également adopter une politique de rémunération consistant
à être à la remorque du marché, si elle opte pour
une stratégie de production au moindre coût. Ainsi, la politique
de rémunération doit être en cohérence avec la
politique des autres fonctions de l'entreprise, comme la fonction production.
L'élaboration de ces lignes directrices
(stratégie et politiques) représente un préalable
fondamental sans lequel toute gestion des ressources humaines notamment de la
rémunération serait lacunaire. Il en est autant de la
communication sur la rémunération et de la situation du SPS.
Paragraphe 2 : La communication et la structure du
SPS
Même si la rémunération était
déterminée en cohérence avec la stratégie de
l'entreprise, elle n'atteindrait pas ses objectifs si les salariés n'en
ont pas une compréhension claire. Ainsi, la communication dans le
domaine de la rémunération est capitale (B).
Mais, pour obtenir un système pertinent de rétribution, il
faudrait revoir les attributions et les profils au SPS (A).
A) L'actualisation des attributions du SPS et du profil de
ses acteurs
Nous l'avons expliqué précédemment, les
attributions conférées au SPS en matière de
rémunération, concernent essentiellement le décompte des
salaires. Il importe de revoir cette situation. Ainsi, la décision
portant organisation, fonctionnement et attributions de la CNSS doit être
modifiée pour conférer au SPS, la responsabilité de
proposer par exemple, des modalités de rémunération en
cohérence avec les stratégies et les politiques de
l'organisation.
Cette actualisation est indispensable pour que le service
prenne à coeur cette dimension stratégique de la GRH qui influe
nécessairement sur la motivation des RH.
Néanmoins, réformer les attributions n'est pas
suffisante pour une bonne gestion de la rémunération. Il faut
encore que l'organisation dispose du potentiel capable de concevoir un
système pertinent de rémunération.
A cet effet, le profil du personnel du SPS, qui n'est pas
spécialisé dans la fonction RH, mérite une attention
particulière. Il est nécessaire de donner à certains
d'entre eux, une formation dans les ressources humaines afin que le service
puisse gérer convenablement la rémunération comme toutes
les autres sous-fonctions de l'entreprise. Ce besoin de formation qui est
déjà relevé par le SPS dans l'expression des souhaits de
formation de l'année 2007, apportera un début de solution s'il
était retenu.
Il reste au-delà de ces préalables, une autre
insuffisance mise en exergue par le diagnostic. Il s'agit de la
communication.
B) La communication en matière de
rémunération
Sa nécessité est induite par l'objectif de la
rémunération qui est de rétribuer les salariés
selon leur apport à l'organisation afin d'orienter leur comportement par
la motivation. Il est alors indispensable que les salariés comprennent
la manière dont ils sont rémunérés. N'avons-nous
pas remarqué que certains employés estiment qu'il n'existait pas
de rémunération variable au résultat alors que d'autres
affirmaient le contraire ? Si la communication était faite sur le
système de la rémunération, cette contradiction
n'existerait pas. Les salariés auraient d'ailleurs compris que recevoir
une gratification en fonction de la note obtenue, vise une récompense du
mérite, même si ce dernier est mal mesuré.
Ainsi, il est essentiel d'expliquer aux travailleurs, les
composantes de leur rémunération de façon claire et
explicite. En premier lieu, la part fixe par la diffusion de la grille
salariale, en mettant en relief, la logique d'évolution des salaires
dans la grille non seulement entre les différents emplois, mais aussi
à l'intérieur d'un même emploi. En effet, certains
salariés de la CNSS ont souhaité comprendre le mécanisme
de progression du salaire de base à l'intérieur de leur
catégorie socio-professionnelle. En second lieu, la part variable en
montrant aux salariés son intérêt. Certains salariés
n'ont-ils pas estimé dans le questionnaire, l'impossibilité de
prévoir une part au résultat en arguant du caractère non
commercial de la Caisse ? Une sensibilisation quant à l'importance
de la rémunération au résultat sur la performance de
l'entreprise et des salariés est alors indispensable.
Malgré ces avantages, de nombreuses organisations
à l'instar de la CNSS communiquent peu d'informations sur les salaires.
Cette situation peut se comprendre car si les salaires ne sont pas
gérés de manière adéquate et équitable, leur
divulgation entraînerait une confusion et un sentiment d'iniquité
parmi les employés. C'est pourquoi, la Caisse doit améliorer son
système de rémunération afin de l'expliquer à
l'échelle de l'organisation, pour une meilleure motivation des RH.
Section 2 : L'amélioration de la
rémunération fixe et
variable
Après avoir déterminé la stratégie
organisationnelle, la rémunération peut être
aménagée dans le double dessein de servir cette stratégie
et la motivation des RH. Ces deux fins sont d'ailleurs interdépendantes.
La démarche à suivre pour réaliser la cohérence
interne de la grille salariale de la Caisse (paragraphe 1)
sera déclinée avant de s'appesantir sur les moyens d'instauration
d'une rémunération variable pertinente (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : La réalisation de la
cohérence interne du salaire
Cette cohérence joue un rôle essentiel dans la
motivation des RH par le sentiment de justice qu'il permet d'instaurer dans
l'organisation. Nous ne rappellerons plus à cet égard la
théorie de la justice et de l'équité d'ADAMS.
La cohérence interne ou équité interne
est obtenue nécessairement par l'évaluation des emplois
(B). Mais, comment évaluer des emplois s'ils ne sont
pas connus et décrits ? (A)
A) L'identification et la description des emplois
La description des emplois est une étape fondamentale
dans la réalisation d'une structure salariale cohérente. Mais,
comment décrire des emplois, s'ils ne sont pas connus ?
Ainsi, il faut un préalable : la CNSS doit
répertorier les différents emplois de l'organisation. On pourrait
croire que la distinction contenue dans la convention collective à
savoir, les agents de service, les préposés, les assistants, les
contrôleurs, les inspecteurs et enfin les administrateurs, correspond aux
emplois. Mais ce n'est pas le cas. L'emploi est un groupe de postes de travail
identiques quant à leurs tâches majeures et à leur
importance. A la CNSS par exemple, l'emploi de caissier peut comprendre
plusieurs postes. Il faut donc repérer et inventorier tous les emplois
de l'entreprise avant de procéder à leur description.
Mais dans le processus aboutissant à la description,
une autre étape est indispensable : l'analyse des emplois. Elle
correspond à la démarche systématique et formelle visant
à colliger des informations sur les caractéristiques des emplois
et les compétences que les titulaires doivent posséder pour
être en mesure d'assumer les responsabilités de ces emplois. Le
profil (ou les caractéristiques) de l'emploi consiste dans les
responsabilités, les devoirs, la nature des décisions prises par
les titulaires, les tâches et les activités des titulaires, etc.
Quant aux compétences (ou au profil des compétences) des
titulaires d'un emploi, il s'agit des aptitudes, des habiletés, des
connaissances et de l'expérience, etc., requises pour occuper un emploi.
En substance, les renseignements à recueillir portent
sur les aspects suivants : la raison d'être de l'emploi, les
responsabilités assumées et les activités
exécutées, les exigences pour occuper l'emploi.
L'analyse des emplois est indispensable à la CNSS, car
elle sert à l'évaluation et à la hiérarchisation
des emplois en fonction de la valeur relative de leurs exigences. En
effet,comment s'assurer de l'équité interne si l'on n'a pas
analysé au préalable le contenu de chacun des emplois et
établi des différences et des similarités entre eux ?
Les emplois sont plus susceptibles d'être décrits,
différenciés et évalués de manière juste
dans la mesure où l'on peut disposer d'informations précises
à leur sujet.
Il existe diverses méthodes pour analyser les emplois.
Mais, dans le cas d'espèce, la collecte d'informations par les
questionnaires d'analyse des emplois administrés auprès des
titulaires des emplois serait pertinente. Il faut y ajouter les informations
fournies par les supérieurs hiérarchiques des titulaires de ces
emplois. En effet, la taille de l'entreprise et son caractère public
amène à accorder une place importante aux salariés afin
que le processus d'analyse soit accepté. Il faut leur accorder cette
place d'autant plus que la CNSS est un milieu syndiqué. Mais en
présence des marges d'erreur possible, il est nécessaire de
confronter les renseignements fournis par les employés à ceux
fournis par les supérieurs hiérarchiques. L'approche
participative est cardinale, car le véritable critère de
réalisation de la cohérence interne de la structure salariale est
la perception de justice qu'en ont les employés. Nous ne le dirons
jamais assez, le processus de réalisation d'une structure salariale est
par essence subjectif. Il ne sera jamais objectif. Pour son acceptation par les
employés, le plus important reste la participation et la
compréhension de la démarche par ces derniers.
A l'issue de l'analyse, la description des emplois doit
être réalisée. Il s'agit d'un document qui permettra
à la Caisse de présenter les informations qu'a permis de colliger
l'analyse des emplois. La description d'emploi porte sur les emplois et non sur
chacun des postes. Ainsi, s'il y a sept postes pour l'emploi de caissier
à la CNSS, nous analyserons et décrirons un seul emploi :
celui de caissier.
La description est rédigée pour chaque emploi de
l'organisation. Il est convenable que l'analyste des emplois fasse
réviser ce document par les titulaires des emplois si ces derniers ont
participé au processus comme nous le proposons, afin de procéder
à des ajustements. Il peut ensuite soumettre les descriptions aux
supérieurs hiérarchiques, afin d'obtenir leur approbation. Il
s'agit ici d'obtenir l'adhésion aussi bien des travailleurs que de leurs
supérieurs hiérarchiques, avant l'approbation de la direction
générale.
Lorsqu'on dispose d'une description des emplois dans
l'organisation, on peut ensuite procéder à leur évaluation
en vue de l'établissement de la structure salariale.
B) L'évaluation des emplois et la confection d'une
grille salariale équitable
L'évaluation permet de hiérarchiser les emplois
d'une organisation selon la valeur relative de leurs exigences, afin d'accorder
aux employés des salaires proportionnels aux exigences de ces emplois.
L'évaluation des emplois permet de jauger la contribution relative des
emplois au succès de l'organisation en examinant la valeur ou
l'importance relative de leurs exigences, et non la contribution des titulaires
de ces emplois (qui fait plutôt l'objet de l'appréciation des
performances).
Compte tenu de la nature subjective de la démarche
d'analyse et d'évaluation des emplois, l'acceptation des
résultats repose sur la façon dont l'entreprise a
procédé pour les obtenir. Par conséquent, bien qu'il soit
important que la direction s'assure de verser des salaires équitables,
il est aussi important que les employés considèrent que leurs
salaires ont été déterminés équitablement.
Cette perception de l'équité est conditionnée
essentiellement par le processus de gestion de l'analyse et de
l'évaluation des emplois.
La CNSS pourrait mettre en place un comité
d'évaluation composé de la direction générale, d'un
cadre du service personnel, des représentants des titulaires des emplois
visés, qui connaissent bien l'emploi parce qu'ils l'exercent, et un
consultant externe. La CNSS étant un milieu syndiqué, il est
judicieux d'inclure le syndicat dans le comité.
Une fois le comité institué, l'évaluation
des emplois proprement dite peut être réalisée. Il existe
plusieurs méthodes d'évaluation des emplois. Mais nous opterons
pour celle qui est la plus appliquée : la méthode
d'évaluation Hay qui est un outil d'analyse réducteur de
subjectivité particulièrement efficace pour les postes
d'encadrement.
Elle consiste à élaborer une grille de
rémunération ou cadre de cohérence. Cette grille est
composée de critères ou facteurs pertinents représentant
les raisons pour lesquelles certains emplois sont plus exigeants que d'autres.
Ces facteurs peuvent correspondre à des intrants dans le travail (la
formation, l'expérience), aux exigences du travail (la prise de
décision, l'initiative, les efforts physiques ou mentaux), à des
extrants dans le travail (l'impact de l'emploi sur le résultat de
l'organisation), et à des conditions de travail (l'environnement de
travail, les risques). Ces facteurs doivent être déterminés
en fonction du contexte particulier de l'organisation.
Ensuite, il faut déterminer les niveaux de
présence par facteur ou par champ du cadre de cohérence. Par
exemple, le niveau le plus élevé pour le facteur formation peut
être un diplôme de doctorat alors que le niveau le plus faible
serait un diplôme d'études primaires, avec des niveaux
intermédiaires (Bac, Bac+2, Bac+3, Bac+5). Des points sont
attribués du niveau le plus élevé au niveau le moins
élevé. Le comité peut choisir de pondérer ou non
les différents facteurs ou critères d'évaluation en raison
de leur importance relative pour l'organisation. Mais il n'en est pas toujours
ainsi.
La grille ainsi confectionnée va servir à
évaluer ou valoriser les emplois. La qualité de cette
étape dépend intrinsèquement de la qualité de la
grille d'évaluation. Chaque emploi de l'organisation est valorisé
à tour de rôle. Pour ce faire, le comité
d'évaluation détermine pour chaque emploi le niveau de
présence à travers chacun des facteurs d'évaluation. Les
points correspondant au niveau de présence pour chaque facteur sont
additionnés. La somme totale obtenue représente le poids de
l'emploi. C'est ce qu'on appelle généralement la pesée des
postes. Cette valorisation des emplois ne peut être définitive et
doit être réactualisée en fonction des évolutions de
l'environnement de travail.
Le total des points obtenus par chaque emploi à l'issue
de l'évaluation permet de hiérarchiser les emplois selon les
scores obtenus et de regrouper dans une même classe, ceux dont la valeur
en points est similaire : c'est la classification des emplois. En effet,
une différence de 10 points ne veut pas dire qu'un emploi est
nécessairement plus exigeant qu'un autre. Cet exercice vise à
ordonner dans un souci de justice sociale, les différents emplois de
manière à rémunérer effectivement la qualité
de la contribution de chacun au rendement de l'organisation.
Mais l'évaluation des emplois, si elle permet de
hiérarchiser et de classer les emplois, ne suffit pas pour conclure
à l'existence de la grille salariale. Il faut encore des étapes
pour passer de la classification des emplois à la structure
salariale.
En effet, la détermination de la grille salariale
nécessite des informations sur le marché des salaires.
L'entreprise doit s'inspirer du taux auquel les autres organisations de son
secteur rémunèrent leurs salariés. Cette comparaison se
réalise par les enquêtes de rémunération encore
appelées mercuriale des salaires, qui ont pour but de réaliser
l'un des principes d'équité fondamentale en matière de
rémunération : l'équité externe. La CNSS
pourrait s'intéresser aux taux de rémunération
pratiqués dans les offices ou entreprises semi-publiques.
Ainsi, en tenant compte du marché du travail, mais
aussi de l'équilibre financier de l'organisation, les minima sont
définis par catégorie de même que la règle
arithmétique d'évolution de ces minima. Mais, ces minima ne
peuvent être en dessous des minimaux légaux. Dès lors, la
structure salariale peut être présentée.
Sur l'axe horizontal, on trouve les classes d'emplois, qui
correspondent à des groupes d'emploi dont les exigences sont
jugées similaires selon la méthode d'évaluation des
emplois et qu'on rémunère de la même façon (soit par
un taux de salaire unique ou par une échelle salariale).
Sur l'axe vertical, on trouve les échelles ou
fourchettes salariales qui décrivent la progression des salaires des
titulaires des emplois d'une même classe d'emplois. Toute échelle
salariale comporte un taux de salaire minimal offert au titulaire qui commence
à occuper un poste de cette classe d'emploi, et un taux de salaire
maximal qui correspond au salaire le plus élevé qui peut
être officiellement versé aux titulaires des emplois de la classe.
Cette variation de salaire à l'intérieur d'une même
échelle vise le respect d'un autre principe de gestion de la
rémunération : l'équité individuelle.
La réalisation d'une grille salariale respectant les
différents principes d'équité (équité
interne, équité individuelle, équité externe,
équité du processus de gestion de la rémunération),
est susceptible de créer chez le salarié une perception de
justice qui constitue une source de motivation. L'individu est conscient que le
salaire de base qui lui est versé correspond aux exigences de son emploi
et est équitable par rapport aux autres salariés de
l'organisation. Dans un pareil contexte, sa motivation au travail est
déclenchée comme le démontre la théorie de la
justice et de l'équité d'ADAMS. Il est important que les
responsables de la CNSS perçoivent la nécessité de
procéder à une telle démarche, pour optimiser l'impact de
l'allocation de ressources que constitue la rémunération pour la
performance de l'organisation. Mais, le salaire de base, s'il permet de faire
régner l'équité, source de la motivation, ne peut
atteindre ses effets en présence d'une rémunération
variable incohérente.
Paragraphe 2 : L'institution d'une
rémunération variable servant
la motivation des
RH
La motivation résulte d'une reconnaissance et d'une
valorisation équitable de la performance accomplie (PORTER et LAWLER,
1968). Les auteurs avaient déjà expliqué la
nécessité de récompenser les salariés en fonction
de leurs performances notamment de leurs résultats. La
rémunération variable est un outil essentiel de manifestation de
cette reconnaissance qui crée la motivation. Mais, comment
réussir à instituer cette part variable qui puisse orienter le
comportement des employés vers la réalisation des objectifs
organisationnels (A) ? La rémunération
variable instituée ne peut être efficace que sous certaines
conditions (B).
A) Le choix de la rémunération variable et
ses préalables
Les préalables relatifs à la définition
d'une stratégie organisationnelle, d'une politique RH et de
rémunération, à la mise en oeuvre d'une communication
interne sont déjà abordés. Mais, il y a une condition
primordiale sans laquelle la portion variable du salaire dépendant du
résultat, ne peut être instituée. Il s'agit du
système d'appréciation des performances (SAP).
L'appréciation des performances consiste à
porter un jugement sur le potentiel et les résultats d'un
salarié. Elle se fait généralement sur une
périodicité annuelle. Le SAP permet donc de déterminer le
potentiel de l'employé en décelant ses points forts et faibles.
Mais, cela n'est possible qu'en mesurant ses résultats et en
déterminant les causes de l'atteinte ou de la non atteinte des objectifs
à lui fixés. Cela signifie qu'il ne saurait y avoir
d'appréciation des performances sans fixation d'objectifs notamment au
début de l'année.
Il importe alors que la CNSS instaure ce système qui
constitue un intrant essentiel à d'autres sous-fonctions RH notamment la
formation, la gestion des carrières, la planification des RH et bien
évidemment la rémunération. Une fois le SAP
institué, la CNSS pourra entrevoir les modalités d'institution
d'une part variable au résultat dans la rémunération.
Mais, quel régime de rémunération variable
choisir ?
Il existe plusieurs types de régimes individuels et
collectifs de rémunération variable. La Caisse doit donc choisir
le type de régime qui répond le mieux à ses besoins et
à ceux de son personnel.
En effet, pour choisir un bon régime de
rémunération variable, il faut définir adéquatement
les facteurs de succès de l'organisation (comme les coûts, les
services et la qualité), choisir des indicateurs capables de mesurer la
réalisation de ces facteurs de succès et y rattacher diverses
formes de récompenses. Néanmoins, cela ne suffit pas. Il faut
aussi déterminer quel type de régime instituer : individuel
ou collectif ?
Il existe des critères qui permettent de décider
de l'adoption d'un régime individuel ou collectif de
rémunération variable. Par exemple un régime individuel
peut être institué s'il existe des mesures appropriées du
rendement individuel des titulaires des emplois. Par contre, si le rendement
individuel est difficile à mesurer parce que les résultats sont
le fruit des efforts collectifs, un régime collectif est
préférable. Il en est de même si les titulaires des emplois
ne sont pas autonomes, et la réalisation des résultats
dépend des relations entre les employés. Mais si ces derniers
sont autonomes et l'accomplissement de leurs activités est peu
dépendant des autres, le régime individuel peut être
institué.
Néanmoins, il serait hasardeux de prétendre
proposer un régime de rémunération variable pour la CNSS.
En effet, il y a un préalable fondamental qui fait défaut :
la définition d'une stratégie organisationnelle. C'est
grâce à ce dernier que nous pouvons déterminer les facteurs
de succès pour en déduire les indicateurs du rendement individuel
et de la performance organisationnelle à reconnaître. Proposer un
régime de rémunération variable en l'état actuel
à la CNSS ne répondrait à aucune logique rationnelle. Il
faut d'abord que l'organisation élabore sa stratégie. Quelles
peuvent être les conditions pour réaliser la motivation
extrinsèque des RH au moyen de la part variable ?
B) Les conditions de réussite de la
rémunération variable
Le but final de toute rémunération variable est
d'inciter les salariés à améliorer leur rendement au
travail. C'est pourquoi sa réussite doit s'appuyer essentiellement sur
les prémisses de la théorie des attentes.
Selon cette théorie, pour qu'une forme de
reconnaissance ait un effet sur la motivation au travail d'un employé,
il faut, entre autres, que celui-ci considère qu'il peut fournir le
rendement attendu, qu'il perçoive une relation entre son rendement et la
récompense et, enfin, que cette récompense soit importante pour
lui. La CNSS dans la démarche d'institution d'une telle part variable
devrait veiller au respect de ces trois prémisses de la théorie
des attentes. Il s'agit là d'une condition essentielle pour la
performance du salaire au résultat notamment de la gratification de fin
d'année actuellement pratiquée dans l'organisation.
L'efficacité du régime de
rémunération variable est aussi fonction de la qualité de
sa gestion. Les conditions de succès les plus souvent associées
aux régimes de rémunération variable sont la
qualité de l'information, de la formation et de la participation du
personnel. Cela implique la sensibilisation aux objectifs des régimes et
l'explication du mode de calcul des primes .
Telles sont les conditions essentielles que doit respecter la
rémunération variable à la CNSS pour être utile
à l'organisation. Il importe alors que la Caisse opère une
réforme de son accessoire de salaire au résultat notamment la
gratification de fin d'année. Pour ce faire, elle devrait définir
une stratégie organisationnelle avant de déterminer le
régime le plus apte à la servir.
CONCLUSION GENERALE
L'étude de la gestion de la rémunération
aux fins de réaliser la motivation extrinsèque des RH de la CNSS
se perçoit dans ses lignes essentielles au moyen du tableau
ci-après :
TABLEAU N° 4 : TABLEAU DE SYNTHESE
DE L'ETUDE : « Pour une rétribution, facteur de
motivation extrinsèque des ressources humaines de la
CNSS »
NIVEAUX D'ANALYSE
|
PROBLEMATIQUE
|
OBJECTIFS
|
CAUSES SUPPOSES
|
HYPOTHESES
|
DIAGNOSTICS
|
SOLUTIONS
|
Niveau Général
|
Problème
Général
Incohérence du système de
rémunération
|
Objectif Général
Proposer une gestion méliorative de la
rémunération
|
|
.
|
|
|
Niveaux Spécifiques
|
1
|
Problème spécifique n°
1
Une structure salariale inéquitable
|
Objectif spécifique n° 1
Envisager les solutions de réalisation d'une structure
salariale équitable
|
Cause supposée n° 1
Inexistence du processus d'évaluation des emplois
|
Hypothèse spécifique n°
1
La structure salariale inéquitable est due à
l'inexistence du processus d'évaluation des emplois
|
Diagnostic n° 1
L'absence du processus d'évaluation des emplois et de
politique de rémunération sont les causes d'une structure
salariale inéquitable
|
Solutions n° 1
- L'identification des emplois de la CNSS et leur description
après leur analyse
- L'évaluation des emplois
- La confection de la grille en fonction de la classification des
emplois, de l'équité externe et de l'équilibre financier
de la Caisse
|
2
|
Problème spécifique n°2
Une quasi-inexistence et une incohérence de la
rémunération variable
|
Objectif spécifique n° 2
Suggérer les moyens d'institution et de
cohérence de la rémunération variable
|
Cause supposée n° 2
Absence de culture de performance
|
Hypothèse spécifique n°
2
La quasi-inexistence et l'incohérence de la
rémunération variable sont dues à l'absence de culture de
performance
|
Diagnostic n° 2
l'absence de culture de performance et du système
d'appréciation des performances sont les causes de la quasi-inexistence
et de l'incohérence de la rémunération variable
|
Solutions n° 2
- Institution du SAP
- Identification des facteurs de réussite
organisationnelle
- Choix des indicateurs permettant de vérifier ces
facteurs et détermination de récompenses axées sur ces
indicateurs
- Choix entre part variable individuelle et collective
- Respect des trois prémisses de la théorie des
attentes
|
3
|
Problème spécifique n°
3
Un contexte non propice à la gestion de la
rémunération (GR)
|
Objectif spécifique n° 3
Proposer un contexte propice à la GR
|
Cause supposée n° 3
La GR n'est pas perçue comme une source de valeur
ajoutée
|
Hypothèse spécifique n°
3
Le contexte n'est pas propice à la GR car celle-ci
n'est pas perçue comme une source de valeur ajoutée
|
Diagnostic n° 3
le contexte est défavorable à la G.R. en raison
:
- de l'absence de relation entre les objectifs de l'entreprise
et la GR ;
- de l'absence de politique et de communication en
matière de rémunération ;
- du positionnement du SPS dans l'organigramme, de ses
attributions et du profil de ses acteurs
|
Solutions n° 3
- Elaboration de stratégie organisationnelle
- Elaboration de politique générale, de la
politique RH et de la politique de rémunération
- L'actualisation des attributions du SPS et du profil de ses
acteurs
- L'explication au salarié du système de
rémunération : la communication
|
La réussite de la motivation par la
rémunération, la motivation extrinsèque, est
subordonnée au sentiment de justice qu'instaure la politique comme la
pratique de rémunération. L'équité dans le domaine
de la rémunération est en effet une question de perception.
Le processus d'évaluation des emplois proposé
pour favoriser cette perception, est en lui-même subjectif. Pour cela, la
participation des salariés et la communication contribuant à
l'équité du processus de gestion de la rémunération
sont fondamentales.
Mais, d'autres méthodes sont aujourd'hui en vogue
notamment la rémunération par les compétences à
l'opposé de la rémunération en fonction des exigences des
emplois. Un tel choix n'est pas neutre en matière de GRH car il consiste
à payer une personne non pour ce qu'elle fait, mais plutôt pour ce
qu'elle est capable de faire. Cette nouvelle approche a son mérite, car
la complexité des situations de travail fait plus appel à la
compétence qu'aux exigences d'un emploi.
Par ailleurs, les avantages sociaux et complémentaires
qui jouent également un rôle essentiel sur la motivation
extrinsèque mériteraient d'être abordés afin
d'épuiser les préoccupations relatives à la
rémunération monétaire à la CNSS.
De toute façon, la problématique
étudiée n'est pas suffisante pour résoudre
définitivement les problèmes relatifs à la motivation
extrinsèque (la carrière, le cadre de vie, la formation etc.
étant des facteurs essentiels). Néanmoins, elle contribue
substantiellement à l'amélioration de la motivation du personnel
de la Caisse.
Pour les employés en effet, la
rémunération représente la principale source de revenu et
l'une des plus importantes rétributions retirées de leur
échange avec l'organisation. Même si comme le dit la Bible,
l'homme ne vit pas seulement de pain, les mortels que nous sommes savent bien
que le pain contribue beaucoup à la qualité de la vie ! Si
l'argent ne fait pas le bonheur, il permet d'être moins malheureux ou, du
moins, de mieux supporter le malheur en nous donnant la possibilité de
nous offrir des biens, des soins et des petits plaisirs. N'est-il pas vrai que
les sociétés et les personnes les plus riches ont une
espérance de vie supérieure ? En dehors du bien-être
économique, la rémunération détermine nos
attitudes. Pour s'en convaincre, il suffit de songer à l'importance que
prennent dans notre vie les sentiments de sécurité, d'autonomie,
de pouvoir, de prestige, de statut, de réalisation de soi.
Il est vrai que les gens ne travaillent pas seulement pour
gagner de l'argent, mais également pour donner un sens à leur
vie, se sentir plus compétents, relever des défis, avoir du
plaisir, être reconnus.
Mais, des études montrent que si les personnes sont
portées à déclarer qu'elles accordent moins d'importance
au salaire que les autres, elles tendent toutes à attribuer plus de
poids aux considérations salariales qu'à d'autres facteurs
lorsqu'elles doivent prendre des décisions relatives à l'emploi
(Rynes et al. 2002). Cette attitude relève peut-être d'un souci de
désirabilité sociale (culturellement ou socialement, il est mal
vu de dire que l'argent est une priorité).
Ainsi, la gestion de la rémunération
abordée à la CNSS si elle ne peut suffire à la motivation
des RH même extrinsèque, est essentielle. Il importe alors que
d'autres réflexions soient menées pour intégrer les autres
aspects de la motivation qui déborde le cadre de notre
problématique. La prise en compte des autres aspects de la motivation
est capitale comme le relève la théorie de Deci et Ryan :
les comportements qui reposent sur des mobiles ou buts externes (motivation
extrinsèque) risquent d'être délaissés, alors que
ceux qui se manifestent librement, par plaisir et qui amènent un
sentiment de compétence et d'autodétermination persistent dans le
temps. Les comportements reposant sur la rémunération
monétaire (mobiles externes) ne sont pas alors de ceux qui persistent
dans le temps. Les employés ont tôt fait de considérer la
rétribution comme un acquis et de s'en lasser. Alors, l'entreprise doit
s'intéresser à un autre type de rémunération :
la vie au travail, qui représente l'autre salaire.
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Université de Toulouse, Novembre, 25 p.
ROUSSEL, Patrice. (2000) : « La
Motivation au Travail - Concept et Théories. », Note
n° 326 du LIRHE. Université de Toulouse, Octobre, 20 p.
ST-ONGE, Sylvie. (1996): «La
Rémunération comme Levier de Gestion Stratégique: Revue de
la Documentation.» Cahier de recherche
n° 96-39, École des Hautes Études Commerciales
de Montréal, Septembre, 14 p.
IV- SITES WEB
http://www.univ-tlse1.fr/LIRHE/
http://www.worldatwork.org/waw/home/html/home.jsp
http://www.erudit.org/revue/ri/2001/v56/n1/000155ar.pdf
http://www.e-rh.org/
http://www.oecd.org/document/7/0,3343,fr_2649_34139_33689031_1111,00.html
http://drh.hautetfort.com
V- TEXTES JURIDIQUES
Loi n° 98-019 du 21 mars 2003 portant code de
sécurité sociale en République du Bénin
Convention Collective du 19 septembre 1996 applicable au personnel de
l'Office Béninois de Sécurité Sociale
ANNEXES
QUESTIONNAIRE (à l'endroit des employés
de la C.N.S.S.)
Dans le cadre de la réalisation de mon mémoire
de fin de cycle II de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature,
portant sur la gestion de la rémunération comme levier de la
motivation des ressources humaines de la CNSS, je vous prie d'accorder quelques
instants d'attention afin de me fournir les informations
ci-après :
I) Quelle est votre catégorie
socio-professionnelle ?
Préposé SSS
Assistant SSS
Contrôleur SSS
Inspecteur SSS
Administrateur SSS
II) La grille
salariale
1) La grille salariale contenue dans la convention collective
de la CNSS vous paraît-elle juste, équitable?
Oui
Non
2) Si non, quelles seraient à votre avis, les raisons
de cette inégalité
Le salaire de base est Le
salaire de base est
assez élevé
faible
Autres : .......................................................................................................................................................................................................................
3) Qu'est ce qui vous paraît être
rémunéré à travers la grille ?
Le diplôme
Les exigences spécifiques
à chaque emploi (autonomie, créativité etc.)
La combinaison diplôme et
exigences des emplois
Autres,Préciser :............................................................................................................................................................................................................................................................................
4) Pensez-vous que la grille salariale de la CNSS est
compétitive par rapport à celle des autres entreprises
béninoises en général ?
Oui
Non
Si oui,
pourquoi,.......................................................................................
............................................................................................................................................
............................................................................................................................................................................................................................
Si non,
pourquoi ?....................................................................................................................
.............................................................................................................................................
............................................................................................................................................................................................................................
5) La grille est meilleure par
La grille est conforme
rapport aux autres entreprises
à celle des autres entreprises
La grille est moins avantageuse
que celle des autres entreprises
III) La rémunération
variable
1) Existe-t-il dans votre rémunération, une part
variable c'est-à-dire une portion du salaire qui augmente ou diminue
selon vos résultats ?
Oui
Non
2) Si oui, quelles sont les rubriques de cette
rémunération variable ?
....................................................................................................................................................................................................................................
3) Cette rémunération variable vous
incite-t-elle à améliorer vos résultats ?
Oui
Non
4) Craignez-vous de voir votre rémunération
(part variable) diminuer en cas de baisse de vos résultats ?
Oui Non
5) Dans le cas où il n'existe pas ou pratiquement pas
de rémunération variable, à quoi cela peut-il être
due ?
A l'opposition des travailleurs La
direction Générale n'a pas
voulu l'instituer
A l'absence d'un système
de mesure des résultats
Autres :.......................................................................................................................................................................................................................................................................................
6) Seriez-vous favorable à l'institution d'une part
variable dans la rémunération qui dépende de votre
résultat ?
Oui
Non
Merci pour votre
collaboration !
GUIDE D'ENTRETIEN à l'endroit des responsables
de la CNSS (Chefs de Service, Chefs de Section)
1) Pourquoi n'existe-t-il pas une politique
générale guidant les actions de la CNSS, et dont
découleraient la politique de ressources humaines et ses
subdivisions ?
2) Pensez-vous que la grille salariale telle que
réalisée correspond à une entreprise moderne qui vise
à utiliser la rémunération comme un levier de
motivation ?
- l'équité interne vous paraît-elle
réalisée alors que la hiérarchie des salaires de la grille
correspond au niveau d'étude (diplôme) et non pas aux exigences
des emplois occupés ?
3) Vous semble-t-il opportun de revoir le système de
rémunération pour l'indexer aux objectifs de l'entreprise et
hiérarchiser les salaires selon les exigences respectives des
emplois ?
4) Etes-vous certains que les employés ont une
connaissance exacte des attributions de leurs postes ?
5) La fixation d'objectifs annuels dont la réalisation
est évaluée en fin d'année ne vous paraît-elle pas
indispensable ?
6) Pourquoi n'avez-vous pas institué un système
d'appréciation des performances qui permettrait de connaître le
potentiel et les résultats de chaque salarié de manière
objective, à l'opposé du système de notation qui semble
subjectif ?
7) Ne pensez-vous pas que la position du service chargé
de la GRH dans l'organigramme constitue un frein à une gestion optimale
des ressources humaines d'une entreprise de 320 salariés.
8) Les attributions du SPS ne vous semblent-elles pas
limitatives par rapport aux missions d'une GRH moderne ?
9) Le profil des agents du SPS ne vous semblent-ils pas
être un frein à l'accomplissement de sa mission ?
10) Ne vous semble-t-il pas que le SPS devrait faire l'objet
d'une attention particulière quant à la formation de certains
agents dans le domaine RH ?
TABLE DES MATIERES
DEDICACES..........................................................................................iii
REMERCIEMENTS.................................................................................iv
LISTE DES
SIGLES.................................................................................v
LISTE DES
TABLEAUX...........................................................................vi
LISTE DES
GRAPHIQUES......................................................................vii
RESUME.............................................................................................viii
SOMMAIRE..........................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE..................................................................1
CHAPITRE PRELIMINAIRE : Adoption du cadre
théorique et méthodologique
inspiré de la problématique de
l'étude..................5
Section 1 : La
détermination de la problématique par l'état des
lieux...........................6
Paragraphe 1 : La situation à
améliorer à la CNSS.......................................6
A) L'institution et l'état de ses ressources
humaines.....................................6
B) La gestion des ressources humaines de la
Caisse......................................9
C) Synthèse de l'état des lieux de
base....................................................15
Paragraphe 2 : La problématique de
l'étude et la vision globale de sa résolution...19
A) Le choix de la
problématique...........................................................19
B) Appréciation de la pertinence de la
problématique..................................20
C) Aperçu général de résolution
de la problématique...................................21
Section 2 : De la
détermination des objectifs de l'étude à la
démarche méthodologique...22
Paragraphe 1 : La revue de littérature
relative aux éléments du tableau de
bord de l'étude
(TBE).....................................................22
A) Le tableau de bord de
l'étude...........................................................22
B) L'état des connaissances antérieures sur la
problématique choisie................26
Paragraphe 2 : La
méthodologie............................................................28
A) Approche
empirique.....................................................................28
B) Approche
théorique......................................................................30
CHAPITRE PREMIER : Diagnostic de la
problématique par l'analyse de la
pertinence
des hypothèses.........................................31
Section 1 : Réalisation de
l'enquête et vérification de l'hypothèse spécifique
n° 1.........32
Paragraphe 1 : Réalisation de
l'enquête...................................................32
A) Conditions de réalisation et difficultés de
l'enquête.................................32
B) Limites des
données.....................................................................33
Paragraphe 2 : Les causes réelles d'un
salaire de base inéquitable....................33
A) L'absence du processus d'évaluation des
emplois...................................34
B) Une cause complémentaire : l'inexistence de
politique de rémunération.........35
Section 2 : Diagnostic relatif
à la rémunération variable et au contexte de
G.R.............36
Paragraphe 1 : Causes de la quasi-inexistence et
de l'incohérence de la
rémunération
variable......................................................36
A) L'absence de culture de
performance..................................................36
B) L'absence du
SAP........................................................................40
Paragraphe 2 : Le contexte de gestion de la
rémunération..............................42
A) La non perception de la gestion de la
rémunération comme source de valeur
ajoutée......................................................................................42
B) Le SPS dans l'organigramme et le profil de ses
acteurs............................43
CHAPITRE DEUXIEME : Vers une
rémunération contribuant à la motivation
extrinsèque des RH de la
Caisse..............................46
Section 1 : Les préalables
à l'efficacité du système de
rémunération : les solutions au
problème n°
3............................................................................47
Paragraphe 1 : L'élaboration de lignes
directrices.......................................47
A) La définition de la stratégie
organisationnelle.......................................47
B) L'adoption de
politiques.................................................................48
Paragraphe 2 : La communication et la structure
du SPS...............................49
A) L'actualisation des attributions du SPS, et du profil de
ses acteurs...............50
B) La communication en matière de
rémunération......................................50
Section 2 : L'amélioration
de la rémunération fixe et
variable.................................51
Paragraphe 1 : La réalisation de la
cohérence interne du salaire.......................51
A) L'identification et la description des
emplois........................................52
B) L'évaluation des emplois et la confection d'une
grille salariale équitable........53
Paragraphe 2 : L'institution d'une
rémunération variable servant la motivation....56
A) Le choix de la rémunération variable et ses
préalables..............................56
B) Les conditions de réussite de la
rémunération variable..............................58
CONCLUSION
GENERALE.....................................................................59
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................64
ANNEXES.............................................................................................xi
* 1 Des divergences persistent
dans la rédaction de la définition de la motivation, selon
Patrice ROUSSEL (2000). Pour ce dernier, la définition
la plus convaincante est celle de Vallerand et Thill (1993, p.18) que nous
avons adoptée
* 2 Les employés
reçoivent diverses rétributions (un salaire, des avantages
sociaux, des conditions de travail) pour les contributions qu'ils offrent
à leur employeur. Les rétributions retirées du travail
comportent un ensemble de reconnaissances (ou récompenses) tant
extrinsèques ou tangibles qu'intrinsèques ou intangibles
(Sylvie St-Onge et Roland Thériault, 2è
éd. 2006. p.5)
* 3 Aux fins de cette
étude, l'utilisation du terme rémunération uniquement,
désigne la rémunération monétaire. La
rétribution sera considérée comme un synonyme
* 4 Amabile
(1993) propose une définition complémentaire de la motivation, en
réponse aux apports de Deci et Ryan. « les
individus sont intrinsèquement motivés lorsqu'ils effectuent une
activité pour le plaisir, l'intérêt, la satisfaction de
curiosité, l'expression de soi ou le challenge personnel. Les individus
sont extrinsèquement motivés lorsqu'ils s'engagent dans une
activité pour satisfaire un objectif en dehors de l'activité
elle-même » - salaire, carrière, cadre de vie,...
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