II. HISTORIQUE DES RELATIONS ENTRE LE SÉNÉGAL ET
LA CHINE
Deux pays amis, depuis 1964, à l'aube de
l'indépendance, la Chine et le Sénégal ont toujours eu des
positions communes lors des grandes rencontres internationales et
conférences à travers le monde. C'est en décembre 1971 que
la Chine et le Sénégal nouèrent des relations
diplomatiques. Pendant les 25 années qui on suivi, les
échanges entre les deux pays étaient multiples et
fréquents. Au plan politique, les deux anciens chefs d'Etat
sénégalais, Léopold Sédar Senghor et Abdou
Diouf, visitèrent la Chine, tandis que de hauts dirigeants chinois
foulèrent le sol sénégalais. En matière
d'assistance économique, la Chine a fourni au
Sénégal quatre importants crédits sans
intérêt, destinés à la réalisation de
plusieurs projets de construction dont notamment le stade de
l'Amitié à Dakar, l'envoi d'une dizaine d'équipes
médicales, le barrage d'Affiniam en Casamance, la promotion de la
riziculture, l'installation de centres culturels etc. Tous les deux ans,
20 ans durant, sans interruption, des équipes d'au moins 17 personnes
qualifiées se relayaient dans la structure. Spécialisé
dans la médecine tropicale, « l'hôpital
Silence » faisait le bonheur des populations qui affluaient, outre du
Sénégal, de la Guinée-Bissau, de la Guinée Conakry,
de la Gambie, du Mali, de la Mauritanie et même du Gabon. C'est conscient
de la place et du rôle joués par la structure devenue très
petite pour recevoir tous ces malades, que la Chine populaire avait
ficelé un projet de construction d'un nouvel hôpital pour une
valeur de 1 milliard de FCFA. Un projet tombé à l'eau. Car, suite
à la décision des autorités sénégalaises
d'établir des relations diplomatiques avec la Chine Taiwan, la Chine
populaire a décidé de rompre avec le Sénégal.
Sur le terrain de la coopération mutuellement
avantageuse, deux entreprises publiques chinoises, en l'occurrence la
Compagnie de pêche Chine-Afrique et la Société des
travaux de construction du Henan, travaillaient aux côtés de
leurs partenaires sénégalais. Sur le plan culturel, les
échanges étaient légion : plus de 40 projets ont
été concrétisés dans les domaines aussi divers que
le sport, l'information, l'éducation, les études
littéraires et les arts. Des professeurs chinois enseignaient
à l'Université de Dakar et à celle de Thiès,
alors que des étudiants sénégalais, nantis de bourses
du gouvernement chinois, apprenaient en Chine des disciplines telles que
l'industrie textile, l'hydraulique, la météorologie, la
minéralogie et la médecine. En commerce, le
Sénégal exportait notamment du phosphate (30.000 t par an) vers
la Chine et en importait du thé, des textiles et des produits
d'industrie légère. Mais la balance commerciale
était largement favorable à la Chine qui exportait pour 21
millions de dollars vers le Sénégal et en importait pour
1,4 million de dollars seulement, en 1994, année où les
exportations de phosphates sénégalaises ont
cessé. En novembre 1995, soit un peu plus d'un mois avant leur
" divorce", les deux parties avaient même envisagé
d'accroître leurs échanges dans les secteurs public et
privé pour l'exploitation de ressources minières. Un projet
d'ouverture d'une ligne aérienne directe entre Beijing et Dakar
était également à l'étude, à
l'initiative des autorités sénégalaises.
Malgré la rupture de leurs relations diplomatiques en
1996, les contacts entre Beijing et Dakar allaient être plus ou
moins maintenus dans les dix années qui ont suivi et ce, dans
l'arène de la diplomatie comme au niveau des entreprises publiques
et privées. En témoigne l'obtention récente par une
société chinoise publique, de l'adjudication pour les
travaux de construction de routes et d'échangeurs dans la banlieue
de la capitale sénégalaise. On a constaté depuis ces
dernières années une présence massive de
commerçants chinois à Dakar avec leurs produits bon
marché, à la satisfaction de nombreux consommateurs et n'en
plaise à certains de la diaspora qui se plaignent de perdre ainsi
une partie de leurs débouchés sur place...
En réalité, dès son arrivée au
pouvoir en l'an 2000, le régime de l'alternance avait
déjà pensé mener des réflexions approfondies
et de poser des actes sûrs et prudents dans l'optique globale de
normaliser un jour les relations avec Pékin (Beijing).
Après l'événement du 25 octobre 2005, la Chine et le
Sénégal s'attendent aujourd'hui à une
"coopération multiforme et exemplaire".
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