1. LE TRIPTYQUE DES
RELATIONS CHINE AFRIQUE
L'étude de cette partie sera consacrée à
l'ensemble des pays africains, dans la mesure où la Chine a
élabore une stratégie africaine, donc globale et par grande
région, la politique chinoise en Afrique est ensuite
réadaptée en fonction des spécificités des pays
(cf. infra). Trois facteurs peuvent permettre de comprendre l'action
de la Chine en Afrique, d'une manière générale.
Naturellement, les préoccupations énergétiques et
commerciales semblent dominer. Mais au-delà, les protagonistes partagent
aussi des intérêts politiques mutuels. Pour le cas du
Sénégal, les relations commerciales et diplomatiques l'emportent.
1.1. L'ÉLARGISSEMENT
DU MARCHÉ CHINOIS EN AFRIQUE
Carte 3 : Présence chinoise en
Afrique
L'Afrique est perçue comme un nouvel horizon commercial
pour les entreprises chinoises. Si la part du commerce entre la Chine et les
pays d'Afrique sub-saharienne reste marginale, elle a néanmoins
progressé de manière sensible en moins d'une décennie. La
Chine voit dans l'Afrique un réservoir de matières
premières (comme le charbon provenant d'Afrique du Sud, ou les minerais
du Gabon) et un débouché pour son industrie
manufacturière. Là, comme dans le reste du monde, la Chine
élimine ses concurrents dans le secteur du textile et des biens
manufacturés. La Chine voit également dans l'Afrique un
marché lui permettant de tester ses produits industriels et de les
proposer à une clientèle moins exigeante. Le marché
africain de 900 millions de consommateurs potentiels est considérable.
Et comme en Europe ou aux Etats-Unis, la Chine peut s'appuyer sur des
communautés chinoises très présentes en Afrique
francophone et en Afrique orientale. Si au Maghreb, la population chinoise
reste insignifiante (à peine un millier de personnes au Maroc), elle est
sensiblement plus importante au Sénégal, au Kenya et en Tanzanie.
Même si les entreprises chinoises cristallisent le mécontentement,
accusées de fraudes douanières et de livrer une concurrence
déloyale à l'économie locale et informelle, les
gouvernements africains restent bienveillants, estimant que l'intrusion de la
Chine est un moyen de dynamiser la concurrence en permettant de contourner les
circuits commerciaux traditionnels.
Cependant, l'invasion du marché africain a
été préjudiciable pour beaucoup de pays. L'île
Maurice dont l'économie repose sur le textile en est un exemple. Elle a
perdu environ 10.000 emplois dans le secteur. En quelque mois, la Chine
populaire a dépassé ses quotas commerciaux signés avec ses
partenaires. La Chine veut combler la vétusté de ses
infrastructures : les ports, les routes, les chemins de fer etc. Pour ce
faire, l'empire du Milieu s'est lancé dans l'exploitation des
matières premières (pétrole, fer, bois, cuivre...)
à travers le monde.
Des analystes ont longtemps expliqué la flambée
du cours de l'or noir par la forte demande chinoise. Que ce soit en Europe ou
en Afrique, les produits chinois dont les prix défient toute concurrence
inondent les marchés au détriment des productions locales.
L'Organisation mondiale des migrations (OMM) évalue à cent
cinquante (150) millions le nombre de Chinois vivant à
l'étranger.
Selon le Fond monétaire international (FMI), la Chine
populaire dispose d'une réserve en devises estimées mille (1000)
milliards de dollars US. Les entreprises « China National
Offshore Oil Corporation » (CNOCC) et « China
Petroleum et Chemical Coorporation » (SINOPEC) injectent des
dizaines de milliards de dollars US dans l'exploration et l'exploitation de
l'or noir au Nigeria, en Angola, au Gabon, au Soudan etc.
En Côte d'Ivoire, au Mali, ou au Sénégal,
les entrepreneurs chinois disputent âprement aux traditionnels
Occidentaux les secteurs des travaux publics et bâtiment. « Sur
le plan extérieur, le commerce chinois est excédentaire avec
l'Union européenne et les Etats-Unis », révèle
l'OMC. En envahissant ses partenaires de ses produits, en provoquant la
délocalisation des usines, la Chine populaire trouble
sérieusement « le sommeil économique » de ses
partenaires au sein de l'Organisation mondiale du commerce (Gaye A.,
2006 ; Pinaud N., 2006).
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