Jérémy Piotraut
M.Sc. en Entertainment & Media Management, Euromed
Marseille.
Thèse professionnelle
Les conséquences de la convergence sur les
médias traditionnels
Directeur de thèse : Lucien
Veran
Année 2006-2007
En plus d'être à l'origine de la convergence,
la révolution numérique a donné naissance à un
outil hybride, provenant à la fois de la téléphonie, de la
télévision, de la radio et de l'informatique : l'Internet.
Selon une étude de l'institut Jupiter Research, la
population d'internautes dans le monde devrait atteindre 1,5 milliard en 2011,
soit 36% de plus qu'en 2006 où le nombre d'internautes connectés
est estimé à 1,1 milliard.
Internet lui-même a su évoluer vers le Web 2.0
qui donne accès à des fonctionnalités beaucoup plus
larges. Cette évolution a d'abord été technique avant de
trouver une justification conceptuelle. Aujourd'hui la convergence et Internet
ont totalement bouleversé les systèmes de pensées
traditionnelles, et leur impact sur les stratégies des médias est
conséquent.
Avant toute chose, il est indispensable de définir le
concept de « convergence » qui sera le thème
principal de ce mémoire, et qui, de par ses multiples formes, est bien
souvent mal défini.
La convergence est le fruit de la technologie
numérique qui permet de stocker différents types de contenu
(audio, vidéo, texte) dans le même format et de le diffuser au
moyen de multiples technologies comme l'ordinateur, le mobile, la
télévision... Il existe ainsi trois grands types de
définition de la convergence : la convergence technologique, des
médias et du contenu.
La convergence technologique définit
l'évolution d'un ensemble de procédés, ayant initialement
des fonctionnalités distinctes, vers des technologies qui se
synchronisent. Ainsi, un seul produit présente les
fonctionnalités de tous les autres. Aujourd'hui, un outil comme le PDA
permet de cumuler toutes les technologies numériques (textes, musiques,
vidéos, Internet...), avec un stockage important et un prix
compétitif.
La convergence dans les médias
désigne l'élimination des barrières d'entrée, dans
les Technologies de I'information, les télécommunications, les
médias et l'électronique grand public, pour créer un large
secteur convergent.
Quant à la convergence du contenu, elle
concerne la présentation et l'utilisation du contenu, facilitées
par la grande souplesse que procure le numérique, pour diffuser les
mêmes contenus sur divers supports et de diverses manières. La
même information est ainsi déclinée sur plusieurs
médias.
La convergence technologique et la convergence du contenu
sont à l'origine des changements dans la production, le marketing des
produits, les services d'informations et de communications. Cette combinaison
forme une convergence économique qui a créé une autre
forme d'industrie des nouvelles techniques de l'information et de la
communication, associant les télécommunications, la
radiodiffusion, la technologie de l'information et l'électronique grand
public.
La convergence a donc une influence sur l'évolution
des médias traditionnels. Le sociologue Jean-Louis Missika, auteur de
La fin de la télévision, exprime les conséquences
de la convergence numérique, et affirme que « nous vivons
les dernières heures de la télévision
traditionnelle ». Le déterminisme de ces propos peut
être aujourd'hui analysé avec plus de recul, les médias et
notamment la télévision, ne sont pas
« morts » comme il le laissait entendre. Les
évolutions technologiques ont certes modifiées l'environnement du
secteur, mais les médias dits « traditionnels » se
sont adaptés à ces nouvelles tendances.
Aujourd'hui, avec la rapidité du déploiement
des nouvelles technologies, il n'est pas envisageable de dire avec
précision quelle sera la forme exacte des médias de demain.
Cependant, il est possible de cerner des signes avant-coureurs de ces
modifications de comportement et de consommation, du consommateur et des
médias, et de dégager des tendances.
La réflexion que nous allons poursuivre portera en
premier lieu sur l'influence de la convergence sur l'environnement des
médias, avant d'analyser quelles sont les conséquences du
numérique sur les médias traditionnels. Enfin, nous dresserons
les grands axes du média dit « moderne ».
PLAN
1. La convergence comme facteur
d'évolution de l'environnement
économique..........................................................................................................P.8
1.1 De nouveaux outils à la source d'une évolution
de la demande. ....................P.8
Un peu
d'histoire..........................................................................................P.8
L'évolution des médias et ses
conséquences sur la
société.......................................P.9
1.1.1 Un besoin de proximité du
consommateur................................................P.10
Rapprochement affectif entre la marque
média et le consommateur.............................P.10
Rapprochement géographique entre l'objet
du contenu média et le consommateur............P.11
La personnalisation du
contenu...............................................................................
P.12
1.1.2 Le média
« conversationnel »..............................................................
P.13
Un consommateur
actif..........................................................................................
P.13
Les outils d'intelligence
collective...........................................................................
P.14
Le modèle du « many to
many »..............................................................................
P.15
1.1.3 La fragmentation des
audiences.......................................................... P.16
L'effet de la longue Traîne ou The Big
Tail...............................................................
P.16
Société du
« zapping »...........................................................................................
P.17
Objectifs d'audience des Médias
traditionnels..............................................................
P.17
1.2 Les freins au développement des nouveaux
médias..................................... P.18
1.2.1 Les causes du ralentissement du
dispositif................................................P.18
L'éclatement de la bulle
Internet...............................................................................
P.18
Du Web 1.0 au Web
2.0.........................................................................................
P.19
L'expérience de l'industrie
musicale.........................................................................
P.20
1.2.2 Des règles juridiques mal
définies..........................................................
P.21
User Generated Content
(UGC)...............................................................................
P.21
Droits d'auteur et droits voisins dans la
société de
l'information..................................... P.22
Quel régime de responsabilité
appliquer pour les acteurs du Web
2.0 ?............................... P.22
L'affaire Joyeux Noël : Daily
Motion.........................................................................
P.23
1.3 Les possibilités
technologiques...............................................................
P.24
1.3.1 La convergence numérique
aujourd'hui.................................................. P.24
Le déploiement de la
télévision ADSL.................................
.................................... P.24
L'apparition de la radio
numérique..........................................................................
P.25
Le E-Paper, une technologie arrivée
à
maturité..........................................................
P.25
1.3.2 Et
demain ?......................................................................................................
P.26
Web
3.0.............................................................................................................
P.26
Le Web en
3D.....................................................................................................
P.27
Les marques
médias.............................................................................................
P.27
2. Conséquence de la convergence
numérique sur les médias traditionnels......
P.29
2.1 La déferlante des nouveaux
médias.......................................................... P.29
2.1.1 Les nouveaux médias comme réponse
adaptée aux besoins
du
consommateur......................................................................................
P.29
De nouveaux supports de consommation des
médias.............................................. P.30
Des thématiques
précises................................................................................
P.31
Des contenus non linéaires et de
proximité.............................................................
P.31
2.1.2 Le journalisme
citoyen..........................................................................
P.32
L'avènement du
phénomène.............................................................................
P.32
Les plateformes de journalisme
citoyens...............................................................
P.33
Le péril des journalistes
traditionnels....................................................................
P.34
2.1.3 Les limites des nouveaux
médias............................................................
P.35
Une question de
génération...............................................................................
P.35
Le modèle intrusif du Web
2.0.............................................................................P.35
Les nouveaux médias ne peuvent se suffire
à eux-mêmes...........................................
P.36
2.2 La stratégie des groupes
médias.................................................................
P.37
2.2.1 Les groupes medias traditionnels et leur
adaptation face au numérique........... P.37
Les résistances en
interne.................................................................................
P.37
La stratégie d'acquisition des
médias
traditionnels.................................................... P.38
La création de services
multimédias.....................................................................
P.39
2.2.2 L'avènement des nouveaux groupes
médias issus d'autres métiers de base.... P.39
La diversification des géants de
l'Internet et de la
téléphonie........................................ P.39
Google : une stratégie
d'intégration
totale...............................................................
P.40
AOL et l'utilisation de ses propres
ressources..........................................................
P.41
2.3 La réponse des médias
traditionnels.......................................................... P.42
2.3.1 Le virage des médias
traditionnels...........................................................
P.42
Les nouvelles technologies, une source
d'opportunité pour les médias traditionnels ? ........
P.42
Un virage numérique souvent mal
négocié par les médias en
France............................. P.43
2.3.2 Les problématiques à
résoudre...............................................................
P.44
L'éditorialisation et les aides au choix
du
téléspectateur.............................................
P.44
La chronologie des médias en voie de
disparition..................................................... P.45
La fragilité du cinéma face au
numérique...............................................................
P.46
3. Intégration de la
convergence : les médias modernes.........................
P.48
3.1 Les outils de la convergence
numérique.............................................. P.48
3.1.1 La télévision
interactive.................................................................
P.48
Quand la télévision fait
participer le
téléspectateur............................................
P.48
La vidéo à la demande
(VoD) ...................................................................
P.49
Le modèle de la Catch up
TV......................................................................
P.51
3.1.2 La présence en
ligne....................................................................
P.51
Le Web comme prolongement de la marque
média........................................... P.52
Une connaissance préétablie
du Web comme compétence indispensable.................. P.53
La presse magazine dans les kiosques
numériques.......................................... P.54
3.1.3 Vers la
mobilité............................................................................
P.54
L'usage du mobile
aujourd'hui....................................................................
P.55
La télévision mobile
personnelle (TMP)
......................................................... P.56
Des offres mobiles en constante
évolution......................................................
P.57
3.2 Stratégie des
annonceurs..................................................................
P.58
3.2.1 Les limites des médias de
masse..................................................... P.58
L'élitisme du marché
publicitaire
traditionnel.................................................... P.58
Vers le ras-le-bol des
consommateurs............................................................P.59
La baisse des recettes des régies
traditionnelles............................................... P.59
3.2.2 Internet, une valeur sûre dans le
Mix Média....................................... P.60
L'intégration d'Internet dans les
stratégies publicitaires.......................................
P.60
Une audience mesurée et des
coûts
diminués.................................................. P.61
3.2.3 Mobile
Marketing..........................................................................
P.62
Les nouvelles possibilités
technologiques et commerciales................................... P.62
Les nouvelles offres publicitaires pour
le mobile................................................ P.63
3.3 Développement du modèle
économique traditionnel................................ P.64
3.3.1 Vers la
gratuité..............................................................................
P.64
Une culture du
gratuit.................................................................................
P.64
Le gratuit
d'information...............................................................................
P.64
Les dérives de la
gratuité............................................................................
P.65
3.3.2 Business modèles à mettre
en place.................................................. P.65
Les modèles
associatifs...............................................................................
P.66
Les modèles
gratuits...................................................................................
P.66
Les nouveaux business
modèles....................................................................
P.67
CONCLUSION.......................................................................................
P.68
BIBLIOGRAPHIE......................................................................................
P.70
1. La convergence comme facteur d'évolution de
l'environnement économique
L'environnement économique du
secteur des médias évolue de manière spectaculaire depuis
ces dernières années. L'effet de la convergence exerce une
influence sur l'ensemble du secteur. Les répercussions sur les
médias traditionnels sont énormes.
Le média traditionnel et son mode de consommation
sont actuellement dans une phase de métamorphose, mais
déjà nous assistons à une intégration des
dernières technologies. Cependant, ces dernières évoluent
tellement vite qu'il est impossible aujourd'hui de déterminer avec
précision comment sera structuré le média du futur.
Les évolutions liées à la convergence
sont la source de changements sociaux, économiques, politiques,
légaux ou technologiques de l'environnement des médias. Plus
qu'une simple évolution technologique, la révolution
numérique a contribué aux bouleversements des conceptions du
marketing classique, un bouleversement démultiplié par des
modifications profondes dans le comportement du consommateur.
1.1 De nouveaux outils à la source d'une
évolution de la demande.
Un peu d'histoire
Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg né vers 1400
à
Mayence, en
Allemagne, est
considéré comme l'inventeur de l'imprimerie typographique en
Europe. Son invention va révolutionner les méthodes
traditionnelles de production des livres puis de la presse en
général.
En 1921, la
Station
Tour
Eiffel émet la
première
émission française de
radio.
Mise en place sous l'impulsion du
Général
Ferrié, elle dure une demi-heure avec, au programme, une
revue
de
presse,
un bulletin météo et un morceau de musique au violon.
En 1926, l'inventeur écossais John
Baird
présente devant la Royal Institution de
Londres
son invention qu'il nomme "téléviseur". Il présentera
à son assistance médusée sa
première
émission télévisée, montrant le visage de deux
ventriloques. En 1930,
Baird
commercialisera le premier récepteur grand public.
En 1989, Tim Berners-Lee propose au CERN le
développement d'un système d'échanges et partages
d'informations, basé, entre autres, sur le concept de hypertex. C'est
ainsi qu'entre 1989 et 1991 se cristallisent tous les concepts et outils qui
forment les fondements du Web, le mariage entre hypertexte et Internet: le
système d'adressage, le protocole (http), et le langage (HTML) ...
L'évolution des médias et ses
conséquences sur la société
Aujourd'hui, la présence des médias prend de
plus en plus de place dans notre vie. Depuis plus d'un siècle, la radio,
puis la télévision, puis Internet sont venus s'ajouter à
la presse écrite et structure notre mode de pensée. Son
évolution a toujours eu de fortes conséquences sur son public.
C'est ainsi que la plupart des grands phénomènes sociaux du
XXième siècle ont été
véhiculés, influencés voir créés par les
médias.
Avant la révolution industrielle, la plupart des
phénomènes sociaux se situaient à l'échelle locale.
La distance divisait les peuples et les cultures, générant un
folklore local constitué d'accents, de gastronomies ou de
spécialités propres à chaque zone géographique.
L'évolution des médias a permis ainsi de lier les personnes dans
le temps et dans l'espace, synchronisant la société. Un
réel nivellement de la culture locale, au profit d'une culture
nationale, voir internationale, s'est crée dans nos
sociétés modernes. L'explosion de mediums, tels que la presse, le
cinéma, la radio ou la télévision jusqu'au début du
XXIième siècle, continue dans ce
sens. L'élargissement des supports de diffusion, couplé à
la mondialisation de l'économie influence une population de plus en plus
exposée aux mêmes contenus à travers le monde,
principalement dans les pays développés.
La vocation première du média, qui fût
toujours d'exposer un contenu au plus grand monde, se modifie aujourd'hui.
Ainsi, à l'heure de la convergence et du développement de l'outil
Internet et du Web 2.0, un autre phénomène se crée, celui
de personnaliser le contenu à un public composé de niches.
1.1.1 Un besoin de proximité du consommateur
Par « proximité », nous
qualifions le phénomène qui traduit un rapprochement affectif
entre la marque et le consommateur, ainsi que le rapprochement
géographique entre l'objet d'un contenu média et son public.
Rapprochement affectif entre la marque
média et le consommateur
Professeur de marketing à l'ESCP-EAP et Euromed
Marseille, Bernard Cova explique que l'efficacité d'une entreprise tient
à sa capacité d'entretenir une relation privilégiée
avec son client : « offrir du lien, plus que du
bien ». Selon lui, le marketing est devenu aujourd'hui un
« Maketing 2.0 ». Il décrit le consommateur
moderne comme un expert, divisé en tribus post-modernes centrées
autour d'une activité, ou d'une marque. L'hypothèse de la
résurgence des tribus, l'amène à penser que le marketing
de masse n'aura plus d'impact et qu'il est voué, à terme,
à disparaître.
Cette tendance est le cheval de Troie des médias
modernes. En effet, le média moderne est composé d'outils
participatifs. Il prône le dialogue et la communication, plus que la
diffusion à sens unique et utilise toutes les ficelles technologiques
pour se rapprocher de son public. Avec le développement du Web 2.0, ces
dernières années ont vu l'apparition d'un consommateur
« expert » qui veut connaître et participer
activement aux marques médias qu'il consomme. Dans ce modèle, les
chaînes de télévision lancent des concepts
multimédia : émissions télés couplées
avec des magazines, des votes SMS et autres services interactifs...
Rapprochement géographique entre l'objet
du contenu média et le consommateur
Lors d'une table ronde en 2005 « Les
médias du futur, quel scénarii pour demain »,
Loïc Le Meur, figure de l'Internet en France et directeur
général pour l'Europe de
Six Apart déclarait:
« Les médias d'avenir seront des médias de
proximité. L'information locale y aura tout à fait sa place, et
elle sera disponible partout et au besoin. »
Malgré les différents rachats des groupes
locaux par les grandes sociétés, qui par soucis de coût ne
privilégient pas la diffusion d'informations locales, le consommateur
d'aujourd'hui est toujours attaché à l'information locale. Seule
France 3 bénéficie
d'une position unique dans l'espace télévisuel français,
étant la seule chaîne hertzienne à disposer de programmes
régionaux couvrant l'ensemble du territoire.
Le local ne s'incarne plus uniquement sur une
proximité géographique. Jean Marziou, directeur de la
rédaction de La République des Pyrénées et
L'Éclair Pyrénées site l'exemple suivant :
« Nous avons aussi dépêché un journaliste au
Japon, lors de la rencontre de Jean Lassale avec le patron de Toyal. Nous
voulions transmettre le message suivant : c'est pour vous que nous sommes
là-bas. On vous relate les infos avec des repères
partagés. C'est le renforcement du lien entre nos lecteurs que nous
visions dans cette opération. »
La convergence et les nouveaux moyens de diffusion
(satellite, câble, réseau hertzien...) laissent la place à
des chaîne locales qui ne trouvent pas encore aujourd'hui un
modèle économique viable, faute d'attirer de gros annonceurs. Le
Web est ainsi le support idéal, car avec la participation des
internautes et les faibles coûts liés au frais de mise en ligne,
ce nouveau média peut réellement répondre au besoin de
proximité exprimé par le consommateur.
La personnalisation du contenu.
Offrant une grande richesse en terme de choix et de modes
d'accès, les concepts de "Consumer Empowerment" (autonomisation
du consommateur) et de personnalisation du contenu, se développent d'une
manière fulgurante ces dernières années, afin de
répondre au consommateur qui exige de plus en plus de
réactivité et d'intelligence aux médias qu'ils consulte.
C'est principalement le cas pour le média Internet, qui inscrit une
grande part de son évolution dans la personnalisation du contenu. Par
exemple, grâce à de nouveaux moyens techniques tel que le DHTML ou
le HTML dynamique, le Web 2.0 propose des pages d'accueil personnalisables
avec Igoogle ou Netvibes qui permettent la modification de pages Web
sans rechargement de la page.
La croissance de la télévision se
développe elle aussi, dans le sens de l'individualisation du contenu.
Selon l'institut de consulting
IDATE Consulting & Research, la
télévision à la carte, avec le contrôle du direct,
l'enregistrement simplifié des programmes ou encore l'accès
à un guide électronique devrait compter 170 millions de foyers
connectés en Europe à l'horizon 2012. L'institut d'études
attend un emballement du marché grâce au développement de
nouveaux services comme la compatibilité haute définition, les
offres multi téléviseurs, la mise en oeuvre de fonctions de
recherches avancées ou encore la programmation des enregistrements via
Internet ou le téléphone mobile.
La plupart des experts penchent plutôt vers une
« recommandation du contenu » qui permet de
profiter de la force anonyme de la masse, afin de trouver de nouveaux contenus
de qualité, alors que la
« personnalisation » reste basée sur un
réseau déjà identifié au départ. Certains
sites basés sur cette technologie connaissent déjà des
succès importants :
-
Stumble Upon qui recommande
des sites Web selon les intérêts des internautes avec un
système de vote.
-
last.fm qui permet de découvrir
de la musique en écoutant les playlist des autres membres qui semblent
apprécier le même genre de musique.
- Netflix qui oriente le consommateur vers une
sélection de DVD à louer en fonction de son historique de
consommation.
1.1.2 Le média
« conversationnel »
Véritable phénomène de
société, grâce au développement des outils du Web
2.0, le média dit « conversationnel » ou
« participatif » a pris le pas sur les médias
traditionnels.
Nous sommes rentrés dans l'ère de la
conversation, le public veut activement participer et se sentir impliqué
dans un média. Et le succès de la campagne présidentielle
de Ségolène royal le prouve. Basée sur les
« débats participatifs », elle montre qu'il existe
un réel engouement pour l'échange et la participation de
chacun.
Un consommateur actif
Les travaux de Badot et Cova dans leur ouvrage
« Le marketing à l'épreuve du
postmoderne » en 1994, montrent que l'individu se
désintéresse désormais des choix collectifs et recherche
son épanouissement par lui même. Il remet en cause
l'autorité et les hiérarchies, tout en privilégiant la
coopération au détriment des rapports de force.
Ainsi, les consommateurs (lecteurs, auditeurs,
téléspectateurs) ne sont plus passifs, mais au contraire, de plus
en plus agissants. Le média moderne ne peut plus se contenter
d'informer, de décrypter ou de distraire, il doit également
provoquer l'échange, favoriser l'écoute, multiplier les points de
vue. Les premiers outils de cette nouvelle demande d'interactivité sont
les sites personnels ou communautaires, les appels à témoignages,
sondages en ligne, forums, etc...
A l'heure du Web 2.0, le paroxysme actuel de cette
information communautaire et interactive s'appelle le blog qui a l'avantage
d'offrir un véritable espace de discussion. Ces derniers deviennent des
médias à part entière qui donne aux individus les moyens
de s'exprimer sans connaissance technique particulière.
Les outils d'intelligence
collective
Internet se développe sur le principe de la
communauté et de la participation. Ces principes sont mis en place
grâce à différents outils :
n Les plates-formes sociales
Les plates-formes sociales monovalentes type
Youtube,
Daily motion ou
Polyvalentes comme
Myspace,
Hi5,
Facebook permettent à
toute personne de déposer, commenter et classer des informations de
toute nature (texte, podcast, vidéo...). Selon l'institut
d'études spécialisé dans le Web
HitWise,
la part de marché en terme de trafic des sites des networking social
Polyvalentes est en hausse de 11%. Fin 2006,
MySpace continue de dominer le
marché avec 80%, suivi par
FaceBook, plus connu aux Etats
Unis. Le reste se classe dans la `longue queue', puisque le troisième
dans le classement atteint tout juste 1%.
n Le Blog
Au début des années 2000, les blogs
étaient aux Etats-Unis un moyen sophistiqué d'échanger
des idées et des opinions parmi un public très intellectuel,
au sujet de thèmes précis. L'idée principale est de
permettre à tout un chacun de créer sur la toile un espace
personnel facilement administrable. L'avancée supplémentaire
tient au fait, que tout internaute peut librement commenter chaque
entrée du blog, ou « post ».
Entre décembre 2004 et décembre 2006, le
nombre de blogs dans le monde est passé de 5,4 à 63,1 millions
selon l'institut d'étude Technorati. La blogosphère a donc vu sa
taille multipliée par plus de 11 en 2 ans. En octobre 2007, ce sont
100.000 nouveaux blogs qui se crées par jour, et 55 % de blogs seraient
actifs, c'est-à-dire mis à jour à un rythme d'au moins une
fois tous les trois mois.
n Les Wikis
Logiciel à la fois système de composition de
pages Web, outil de travail collaboratif et espace de discussion. Il
s'exécute sur le serveur et permet aux utilisateurs de modifier le
contenu d'une page librement avec n'importe quel navigateur. Un Wiki
reconnaît les hyperliens et dispose d'une interface textuelle simple pour
créer de nouvelles pages, les liens se faisant à la volée.
Wiki vient de l'hawaïen wikiwiki, qui signifie
« vite »
n Le chat.
Le terme « chat » vient de discussion en
anglais. Il s'agit d'échanges le plus souvent synchrones, utilisant les
technologies de messagerie instantanée.
Le prototype du chat est le plus ancien et le plus
répandu, ICQ de l'anglais « I seek you » qui
signifie « je te cherche ». C'est un système de
base, par rapport à ceux que proposent les providers (
MSN,
Caramail...).
En mai 2007,
MSN restait le plus
fréquenté et comptait plus de 2,7 millions d'utilisateurs actifs
par mois en France. Au niveau mondial,
MSN revendique plus de 100 millions
d'utilisateurs selon Nielsen//Net Ratings.
n Le forum
Comme le chat, le forum est une conversation ayant un
début et une fin mais qui est administré par un
modérateur. On distingue généralement les forums publics
tel que
Usenet, accessibles depuis un
logiciel de messagerie, et les forums privés, accessibles à un
petit groupe de personnes sur un site spécifique, comme
Mayetic Village ou
Yahoo ! Groupe pour se
créer temporairement ou non un lieu d'échanges.
Le modèle du « many to
many »
Jeremy Chone dans son blog
jeremychone.net
propose en novembre 2OO6
une
vue simplifiée de l'évolution du Web entre sa version 0 et sa
version 2, il l'expose dans le graphique suivant :
.
A travers ce graphique, il constate que l'évolution
du Web se caractérise par une augmentation de la participation
générale des diffuseurs de contenu sur le Web, et d'un
émetteur qui est de plus en plus le consommateur. Cette évolution
a d'abord été technique avant de trouver une justification
conceptuelle.
Ainsi, on sort aujourd'hui d'une logique « one to
many » du Webmaster vers les lecteurs, considéré comme
beaucoup trop condescendante et donneuse de leçons, pour entrer dans
l'ère du « many to many ». Chaque internaute est
à la fois lecteur et rédacteur, et souhaite apporter son
expertise dans les domaines qui le passionnent.
1.1.3 La fragmentation des audiences
Les travaux de Badot et Cova décrivent
l'évolution de la manière de consommer de l'individu :
« Avec la fragmentation des comportements et la montée de
l'individu « multidimensionnel », la consommation du
consommateur Post Moderne se complexifie et se divise, devenant
immatérielle et instable ».
L'effet de la longue Traîne ou The Big
Tail
Le concept de la « Longue Traîne
» émane de Chris Anderson éditeur en chef de Wired
Magazine.
La théorie de la Longue Traîne implique que
notre culture et notre économie sont en train de s'éloigner d'une
focalisation sur le nombre restreint de « hits » (produits
et marchés courants) à la tête de la courbe de la demande,
vers un nombre important de niches qui se placent à la queue de la
courbe. Pendant que le coût de la fabrication et de la distribution
baisse, (particulièrement en ligne), il y a moins de besoin de produits
uniformes et généraux qui répondent à la demande
générale. Dans une ère sans contrainte de boutiques
physiques et autres impasses au niveau de la distribution, les produits qui
ciblent étroitement des biens et des services peuvent être aussi
ou plus attractifs que le courant principal. Certaines des plus grandes
réussites sur Internet ont ouvertement pris en compte la longue queue
dans leur modèle économique. On peut citer
eBay,
Yahoo!,
Google,
Amazon ect...
Société du
« zapping »
Le consommateur postmoderne est tenté de tout essayer
dans une consommation ludique et désordonnée, il s'oriente de
plus en plus vers une infidélité aux marques et des
instabilités de consommation. Daniel Mermet,
journaliste,
écrivain et
producteur de radio
français décrit
le zapping comme "une attitude qui déborde largement l'usage de la
télécommande pour changer de chaîne. Elle s'est
développée chez les consommateurs, qui sont moins attachés
aux types de produits, aux marques, aux enseignes de magasins ou même aux
types de distribution".
Selon Daniel Mermet, le zapping ne doit ainsi pas être
considéré comme un signe d'instabilité mais comme "une
manifestation de l'éclectisme croissant des individus qui veulent faire
des expériences, profiter des opportunités, « gérer
» leur vie"
Ainsi, le consommateur fait de plus en plus appel à
une consommation Cross Média en jonglant entre différents
supports qui lui sont proposés. Ceci est possible grâce aux effets
de la convergence des medias qui implique une utilisation des médias
plus mobile, individuelle et plus interactive, mais aussi de plus en plus
audiovisuelle.
Objectifs d'audience des Médias
traditionnels
Face à des effets de Zapping et de longue
traîne, il est de plus en plus difficile de fédérer pour
les grandes chaînes traditionnelles et de répondre aux objectifs
d'audience. Chaque chaîne dispose d'un temps limité de diffusion
de 24 heures maximum par jour, donc le coût d'opportunité de
chaque tranche horaire reste élevé. Les chaînes de
télévision traditionnelles choisissent donc le programme qui
rassemblera potentiellement le plus grand nombre de
téléspectateurs. Mais lorsque le nombre de chaînes
augmente, ainsi que leurs moyens de diffusion (chaînes
hertziennes, par satellite,
par câble, par ADSL,
TNT),
le choix de programmes augmente.
Ainsi, la tâche devient difficile pour les grandes
chaînes traditionnelles telles que TF1, France télévision
ou autres de fédérer, notamment chez les plus jeunes lorsque l'on
se base sur l'offre totale proposée aux foyers aujourd'hui.
L'avènement de la télévision ADSL, du câble ou du
satellite crée une fragmentation de l'audience et entraîne la
création de multitude de chaînes évènementielles,
thématiques ou locales.
Les chiffres le prouvent, selon Médiamétrie
MédiaCabSat et Médiamat de Septembre 2005 à
Février 2006, il existe une désertion manifeste de la
télévision des 15-24 ans abonnés à une offre
élargie : un taux moyen en baisse de 27,2% pour les thématiques,
de 10,3% sur les hertziennes.
Aussi, cette dégradation de l'audience des 15-24 ans
est aussi ressentie en radio, puisque même les musicales jeunes et
historiquement bien installées sur le marché (Europe 2, NRJ, Fun
Radio, Skyrock) ont perdu pas moins de 19,5% de leurs auditeurs sur les 2
dernières années selon Médiamétrie.
1.2 Les freins au déploiement des nouveaux
médias
La constitution du modèle actuel des médias a
suscité de multiples interrogations qui tendent cependant aujourd'hui
à s'éclaircir.
1.2.1 Les causes du ralentissement du dispositif de
déploiement
L'éclatement de la bulle
Internet
En 2000, la survalorisation des actifs représentait
une des raisons principales de l'éclatement de la bulle Internet.
Suite à l'introduction en Bourse de Netscape en 1995, la
spéculation sur le Web était tellement forte, que certaines
personnes et sociétés de capital-risque se sont
précipitées sur des actions sans aucune valeur.
Aujourd'hui, fort de l'expérience du passé,
les conséquences des années 2000 ont porté leurs fruits.
Les marchés se concentrent peu à peu, l'e-commerce a
considérablement évolué et les CA en témoignent,
les entrepreneurs sont devenus des "web-entrepreneurs" maîtrisant leur
sujet, les levées de fonds sont réfléchies et
étudiées.
Certes, les Business Model ne sont pas clairement
définis. Les contours du Web 2.0 restent encore assez flous et mouvants,
mais l'apprentissage du passé, la maturité des installations, la
connaissance des outils par le grand public et l'augmentation du marché
publicitaire on-line laisse présager de beaux jours à Internet,
et ce selon tous les plus grands spécialistes.
Du Web 1.0 au Web 2.0
Le Web.1.0 était un système où
l'internaute avait un rôle de consommateur : il observait le contenu
disponible en ligne et ne pouvait y contribuer qu'à l'aide de
connaissances ou de moyens spécifiques. Le Web 1.0 était alors
basé sur le même modèle que les médias traditionnels
avec un émetteur, seul créateur et rédacteur du
contenus.
Avec le Web 2.0, on sort de la logique du Webmaster vers
les lecteurs, pour entrer dans l'ère du « many to many ».
Chaque internaute est invité à devenir contributeur puisqu'il
peut, sans connaissance technique ou moyen particulier, mettre lui-même
en ligne un contenu de toute nature et de toute origine.
Si une étape a été franchie, d'un point
de vue technique, un changement social a vu le jour. Ainsi, le Web 2.0 a
instauré une nouvelle manière de consommer.
L'expérience de l'industrie
musicale
L'industrie musicale représente l'un des secteurs le
plus touché par les effets de la convergence. En 2007, l'IPI (Institute
for Policy Innovation) publie des chiffres édifiants. Elle estime que le
coût annuel du piratage de musique enregistrée pour
l'économie américaine s'élève à 12,5
milliards de dollars (soit à peu près le poids de l'industrie du
disque américaine elle-même, lorsqu'elle était au meilleur
de sa forme). Il lui ferait perdre 71 060 emplois par an, dont 26 860 auraient
pu être créés dans l'industrie de la musique et 44 200 chez
les détaillants ainsi que dans d'autres secteurs plus ou moins
liés à cette branche. Cependant, aucune étude fiable ne
reflète les effets bénéfiques et la valeur ajoutée
dégagée par le téléchargement illégal.
Aujourd'hui, après avoir mis à mal et
décrié toute les technologies liées à Internet
(d'autant plus menaçantes qu'elles ne les contrôlaient pas)
les majors du disque se positionnent à grande vitesse sur le
marché porteur du téléchargement payant. A la suite du
succès fulgurant de l'iTunes Music Store d'Apple, le nombre de
plates-formes de téléchargement légales a quadruplé
avec un total de 230, dont 150 en Europe et une quinzaine en France, dont la
Fnac avec
fnacmusic.com, Virgin avec
Virginmega.fr,
MTV.fr,
Europe2.fr ou encore
MCM.net. Pour convertir les
pirates du net à la légalité, de grosses
campagnes de dissuasion ont été menées, notamment en 2004
avec une campagne d'affichage "Téléchargez-moi
légalement", regroupant 14 artistes dont Louis Chedid, Zazie,
Corneille ou Eddie Mitchell.
Cette longue mise en place tient au fait de la
frilosité des parties d'entrer sur un marché inconnu, non
structuré et du « tout gratuit ». Dans un
premier temps, l'inquiétude de l'industrie ne permettait pas de proposer
d'offres intéressantes sur les plates-formes légales, et ne
modifiaient pas les habitudes de consommation pirate qu'avaient pris le grand
public. Après un gros travail de communication, de discussion entre
producteurs et distributeurs, ainsi qu'une renégociation des contrats
avec les artistes incluant de nouvelles clauses relatives à la vente sur
Internet, l'industrie musicale propose aujourd'hui une offre beaucoup plus
adaptée aux besoins du consommateur. Le grand public est ainsi
sensibilisé aux offres en ligne. Poussés par les lois de la
concurrence, les acteurs de l'industrie musicale ont envahit le marché
avec des offres de plus en plus complètes et compétitives.
Aujourd'hui, la création de sites de
téléchargement gratuit de musiques légales comme le site
SpiralFrog aux Etats-Unis et au
Canada ou
Deezer dans l'hexagone bouscule les
habitudes d'écoute. Financés uniquement par la publicité,
les annonceurs et distributeurs se placent sur un marché qui vise des
audiences énormes pour se rentabiliser.
Précurseurs sur le Web, les industries musicales font
figures d'exemple à l'heure où les autres fournisseurs de contenu
proposent à leur tour des offres de plus en plus structurées.
1.2.2 Des règles juridiques mal définies
Les règles qui régissent la
responsabilité des acteurs du Net sont posées en France par la
loi n°2004-575 du 21 juin 2004, dite de la "Confiance dans
l'économie numérique", ou "LCEN". Elles
définissent trois catégories d'acteurs : les fournisseurs
d'accès à Internet, les hébergeurs, et ceux qui produisent
du contenu, regroupés sous le vocable d'éditeurs.
Cependant, avec l'apparition du Web 2.0, ces
catégories définies par la LCEN sont malmenées par la
jurisprudence. La question qui se pose et qui fait débat est : Quel
régime de responsabilité appliquer aux acteurs du Web ? Entre
les acteurs du Web 2.0 qui souhaitent se voir considérés comme de
simples hébergeurs (ce qui les place dans le régime de "non
responsabilité") et la volonté des fournisseurs de contenu de
placer ces derniers comme diffuseurs de contenu, il existe un réel flou.
Aujourd'hui, nous pouvons constater que le droit n'avance pas aussi vite que
les technologies existantes, et la multiplicité des procès en
cours le prouve.
User Generated Content (UGC)
Selon la définition de
Wikipedia,
« Le User generated content, en français : Contenu
généré par les utilisateurs se réfère
à un ensemble de contenu soit produit, soit directement influencé
par les utilisateurs finaux. Il est opposé au contenu traditionnel
produit, vendu ou diffusé par les entreprises médiatiques
traditionnelles. En vogue depuis l'année 2005 et le développement
du Web 2.0, ce mouvement reflète la démocratisation des moyens de
production audiovisuelle grâce aux nouvelles technologies. En
supplément des ces moyens, le contenu généré par
les utilisateurs utilise aussi souvent des
logiciels
libres ou
open source
et s'appuient sur de nouvelles licences de
droit
d'auteur très flexibles. »
L'UGC doit principalement faire face aux problèmes
des droits d'auteurs. En effet, si la plupart des contenus diffusés sur
des plateformes comme
Youtube ou
Dailymotion appartiennent
à des particuliers qui mettent librement en ligne leur contenu, la
frontière est bien souvent dépassée avec des marques qui
détiennent des copyrights.
Droits d'auteur et droits voisins dans la
société de l'information
Les débats font couler beaucoup d'encre concernant
la mise en place de lois face aux effets de la convergence et
précisément face à la piraterie.
La loi DADVSI «
Droit
d'Auteur et
Droits
Voisins dans la
Société
de l'Information » est une
loi française
adoptée par l'Assemblée nationale et le Sénat le 30 juin
2006. Elle prévoit des amendes pour toute personne éditant un
logiciel destiné à la mise à disposition du public non
autorisée d'oeuvres ou d'objets protégés. Cette loi
prévoit aussi jusqu'à 6 mois de prison et
30 000 euros d'amende pour toute personne diffusant ou
facilitant la diffusion d'un logiciel permettant de casser les
mesures
techniques de protection comme les Digital Rights Management (DRM) qui
selon ses défenseurs visent à empêcher les copies
pirates.
La loi entérine les débats sur la
licence globale qui
n'avait finalement pas été retenue en décembre 2005 et qui
permettait l'échange de contenus audiovisuels à travers Internet
en contrepartie d'une rétribution forfaitaire.
Quel régime de responsabilité
appliquer pour les acteurs du Web 2.0 ?
La question reste très sensible aujourd'hui. Toutes
les parties protègent chacune leurs intérêts propres et
aucune juridiction n'a encore tranchée.
La qualité d'éditeur est laborieusement
applicable sur les acteurs du Web 2.0. Ce dernier se voit, en effet,
attribué un certain nombre de droits patrimoniaux, soit directement par
l'auteur soit par un ayant droit de celui-ci, dans le but d'exploiter une
oeuvre et de la diffuser auprès du public. Ce mécanisme est
inexistant sur les plates formes du Web 2.0. Dans ce cadre, l'internaute
n'entend céder aucun droit au titulaire de la plate forme.
Par ailleurs, le véritable éditeur
acquière une exclusivité sur une oeuvre qu'il a choisie et qu'il
prend la responsabilité de diffuser. La plate forme Web ne pratique
aucun choix, elle se contente de mettre à disposition des services et
n'a aucune idée de la valeur du contenu diffusé, et engrange
mécaniquement des recettes sans qu'elle n'ait aucunement
participé à la promotion du contenu soi disant
édité.
L'affaire Joyeux Noël : Daily
Motion
Le nombre de procès engendrés par ces
mauvaises définitions des lois sont nombreux et complexes. Cependant,
l'affaire « Joyeux Noël » : Daily Motion
du 13 juillet 2007 rompt avec les jurisprudences antérieures. Le film
« Joyeux Noël » pouvait être
visionné en "streaming" de manière gratuite sur un espace
personnel hébergé par DailyMotion. De ce fait, le tribunal a
condamné DailyMotion à indemniser les ayants droit de ce film,
avec l'argumentation suivante :
- Dailymotion n'est pas un éditeur, car le
critère de la commercialisation d'espaces publicitaires n'est en rien
décisif pour attribuer cette qualification. Ainsi, DailyMotion est
simplement un hébergeur.
- Dailymotion ne pouvait pas ignorer le fait que ses services
seraient nécessairement utilisés par les internautes pour
diffuser du contenu protégé, ce que DailyMotion accorde
implicitement car le contenu protégé attire plus de trafic, et
amène donc plus de recettes publicitaires, qu'un contenu quelconque.
- En conséquence, DailyMotion ne rentre pas dans le cas
d'exonération de responsabilité prévue par la LCEN.
Dailymotion doit donc répondre de la faute consistant à ne pas
contrôler, à priori les contenus que les internautes rendent
disponibles sur son site grâce aux moyens qu'elle leur fournit.
Même si cette décision fut immédiatement
rejetée par l'accusé, le site de vidéo a activé la
solution de filtrage fournie par la société américaine
Audible Magic. Elle
permet de détecter les contenus protégés par le droit
d'auteur et d'empêcher leur mise en ligne sur la plate-forme, par le
biais d'un système d'empreintes numériques.
1.3 Les possibilités technologiques.
1.3.1 La convergence numérique aujourd'hui.
Le déploiement de la
télévision ADSL
Selon une étude de Médiametrie sur l'audience
des chaînes du Câble de Canalsat et de TPS du 1er janvier au 17
juin 2007, l'état du parc de télévision ADSL en France est
le suivant :
Le déploiement de la télévision ADSL
avance très vite. Selon cette même étude, le 31
décembre 2006, le nombre d'abonnements à Internet en haut
débit a atteint près de 12,7 millions, soit une croissance
annuelle de 34 %. Sur ce chiffre, l'ADSL pèse pour environ 12 millions
d'abonnements. Parmi ces 12,7 millions de foyers connectés, plus de 7
millions ont une Box ADSL, soit une croissance de 63 % en un an.
Face à l'arrivée de cette technologie,
l'assemblée nationale a voté le projet de loi de modernisation de
l'audiovisuel, avec une TNT pour tous en 2011 et une contribution des FAI au
financement de la création qui devront
reverser un pourcentage de
leurs revenus au Compte de soutien de l'industrie des programmes
audiovisuels
L'apparition de la radio
numérique
Le secteur de la radio est en pleine mutation.
L'arrivée de la radio par Internet et le podcasting amène
aujourd'hui les auditeurs à de nouveaux usages. Pour répondre
à cette demande d'usages nouveaux la radio numérique est
prévue en France fin 2008.
Alors que l'Angleterre et l'Allemagne sont
déjà passées à la radio numérique, en
France, quatre agglomérations sont couvertes pour test (Paris, Lyon,
Marseille et Toulouse) avant un déploiement national. La radio
numérique ne va pas substituer l'analogique, mais l'enrichir grâce
aux techniques de numérisation. Ainsi, le consommateur pourra toujours
continuer à recevoir l'AM et la FM tout en y ajoutant le
numérique, soit une opportunité pour les industriels d'une
création de récepteur captant les 2 ondes.
Les avantages de la radio numérique sont : Beaucoup
plus de stations, des fréquences uniques pour toute la France, une
meilleure qualité sonore, la possibilité de diffuser de la radio
à la demande ou de vendre directement de la musique.
Le ministre délégué à
l'Industrie, François Loos, a opté pour la norme T-DMB
(Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting ou Diffusion Multimédia
Numérique Terrestre) préférée à 6 autres
concurrents du fait que cette technologie nécessite l'installation de
peu d'antennes.
Le E-Paper, une technologie arrivée
à maturité
Le E-paper est un composant électronique d'affichage
qui fonctionne selon le principe de minuscules capsules contenant des
microparticules noires et blanches chargées électriquement. Sous
l'action de signaux électriques, ces particules noires ou blanches
migrent vers la surface et deviennent alors visibles. Ces usages peuvent
être divers : lecture de la presse, de magazines ou de livres,
affichage publicitaire, informations de signalisation, murs tapissés de
E-paper affichant des messages ou des graphismes, etc.
Aujourd'hui, le concept a atteint sa maturité
technologique. Ainsi, la première édition en
E-paper est commercialisée
par le journal
Les Echos. Elle permet aux
internautes de télécharger une version actualisée des
Echos « avec un confort de lecture équivalent à celui du
journal et une navigation similaire à Internet », affirme le
quotidien dans un communiqué.
En parallèle, il est aujourd'hui possible d'acheter
des livres en version électronique depuis des librairies e-paper, et de
les télécharger sur les lecteurs compatibles. De grands acteurs
aux Etats Unis comme Amazon et Google se préparent à lancer,
de
nouvelles offres dans le domaine du livre électronique.
Cependant, le consommateur reste très attaché
encore au support papier. Le déploiement du E-paper fera sans nul doute
face à un obstacle d'attachement comme se fut le cas pour le passage du
CD au MP3, mais en plus d'un obstacle de praticité plus difficilement
franchissable.
1.3.2 Et demain?
Web 3.0
Même si les frontières du Web 2.0 restent
encore assez floues aujourd'hui, et que ses possibilités ne sont pas
encore toutes exploitées, de nombreuses études établissent
dès à présent des scénarios plus ou moins
fondés sur le développement du Web 3.0. Ce Web 3.0 n'est pas une
réalité, mais des grands axes se dégagent aujourd'hui
notamment sur le Web sémantique.
Comme l'explique
Nova
Spivack de
Radar Networks :
«Nous allons d'un Web de documents connectés à un Web de
données connectées». Le Web sémantique ou
« organisé » est donc décrit comme un Web
intelligent qui exploitera au mieux, par déduction, la meilleure
réponse à un besoin particulier.
Google a déjà fait un pas dans cette
direction avec son moteur de recherche
Page Rank, qui interprète
les liens d'une page Web à une autre comme un vote. Aussi, de nombreux
projets sont lancés et devraient voir le jour prochainement. C'est le
cas de Lycos qui vient d'introduire
Lycos iQ, une solution qui associe un
système de questions/réponses à un outil de gestion des
favoris et à une communauté d'experts. Alors que des moteurs de
recherches développent des technologies basées sur l'intelligence
artificielle, il s'agit de
Accoona et
Boxxet.
Le Web en 3D
La société Française
Total Immersion
développe des logiciels et des systèmes de traitement temps
réel d'images vidéo et de synthèse. Leur solution permet
à des individus de manipuler des objets en 3D en temps réel, tout
en prenant en compte la réalité où ils sont censés
être projetés. Encore peu utilisé à des fins
commerciales, seuls des groupes internationaux comme Disney, CBS, General
Motors, BMW, Thomson, SGI Japan, Renault ou Peugeot ont déjà
expérimenté les solutions de simulation de Total Immersion.
La création récente du logiciel libre
uBrowser
1.0 représente une autre application du Web en
3D. Ce navigateur Web innove dans l'ergonomie
et le fonctionnement des contenus web. Il permet la conceptualisation des modes
de consultations en 3 dimensions. Conçu plus à titre
d'expérience que pour une exploitation commerciale, il montre les
nouvelles possibilités du Web.
Le marché mondial de la réalité
augmente sur le Web. Ainsi des mondes virtuels et en 3D proposés par
Habbo Hotel ou
Second Life proposent des
univers de plus en plus proches de la réalité.
A l'heure où la volonté d'Internet tente de
plus en plus de se rapprocher de la réalité, toutes ces
applications pourraient se développer.
Les marques médias
Afin de contrôler avec beaucoup plus d'autonomie leur
image, et fort de leur puissance financière, certaines marques
investissent directement dans la chaîne des média.
La création de
B-Live radio par
Bacardi, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis en mai 2006 est la première
marque de grande consommation à lancer un média de marque.
Disponible 24h sur 24h sur le Web et sur le portable en payant, la radio offre
l'écoute de concerts ou autres évènements musicaux
financés par Bacardi. Etant interdite de télévision,
Internet offre une chance pour le spiritueux de faire parler de sa marque sur
le Web.
De son côté, Procter & Gamble se
prépare à produire des mini séries, conçues pour
être diffusées en prime time sur les principaux réseaux
américains. Cette démarche permet de maîtriser sa
communication à la source. Selon le calcul de l'annonceur, un
épisode d'une série américaine coûte environ 4
millions de dollars. Sachant que les 30 secondes de publicité en prime
time, sur un network américain, coûtent environ 300000 dollars. Il
est donc avantageux de devenir directement producteurs de contenus et d'entrer
dans la conception de la chaîne de valeur média. Cette
démarche est pour l'instant unique.
2. Conséquence de la convergence sur les
Médias traditionnels
Le monde des médias se sera plus transformé
ces dix dernières années qu'il n'avait évolué sur
les trois décennies précédentes. Rares sont les secteurs
économiques, culturels ou sociaux qui ont autant changés en un
quart de siècle, avec un tel impact sur la vie quotidienne.
Face à l'avènement du Web 2.0, les
médias traditionnels ont connu de multiples remaniements et
difficultés d'adaptation. La maîtrise de ces nouvelles variables,
notamment face à la rapidité de développement, ainsi
qu'à l'incertitude à long terme de ces technologies reste
toujours aujourd'hui une source d'interrogation.
Le cas de la presse quotidienne demeure le plus
significatif. Déjà touchée par le déferlement des
gratuits et de la hausse du prix du papier, cette dernière est en plus
chamboulée par la révolution Internet. Ainsi, ces derniers sont
déstabilisés par les changements de mode de vie qui rogne sur le
temps de lecture papier ou par la répartition vers le Web des recettes
publicitaires.
2.1 La déferlante des nouveaux médias
Pierre Chapaz, fondateur de
Kelkoo fait partie de ces personnes
qui pensent que le phénomène 2.0 n'a pas fini de
s'intégrer dans les médias traditionnels. Impatient, il accuse la
lenteur de cette transition. Ses propos sont virulents :
« La télévision est typique du média 1.0. On
en a marre de ces médias où on ne peut pas donner son avis et
interagir avec le média, comme si les auditeurs n'avaient rien à
dire. »
2.1.1 Les nouveaux médias comme réponse
adaptée aux besoins du consommateur
La numérisation, la multiplicité des vecteurs
d'images, de textes et de sons, l'interactivité et le nomadisme se sont
développés, brisant la logique des médias traditionnels.
Une logique nouvelle a fait son apparition, celle portée par des
services en corrélation avec les nouveaux besoins du consommateur.
De nouveaux supports de consommation des
médias.
De nouveaux modes de consommation apparaissent avec le
développement de la convergence. En France, Internet devient de plus en
plus un support de consommation de contenus audio et vidéo. Selon
Médiamétrie, 11 millions d'internautes ont consulté des
vidéos en ligne en décembre 2006, soit une progression de 75 %
par rapport à décembre 2005. Aux Etats-Unis, 75% des 13-34 ans
regardent des vidéos sur leur PC, 13% sur leur iPod.
Le graphique suivant provient d'une étude
menée par l'institut d'études
E-Poll. Il présente la
répartition de la consommation de contenus vidéo :
Selon ce même sondage, le principal avantage du Web
reste la non ligne éditoriale. Le consommateur affectionne
particulièrement le fait de choisir son programme au moment où il
le souhaite.
Ainsi en 2007, les consommateurs de vidéos consomment
pour 13% des vidéos sur leur Ipod et 13% sur leur mobile. Ce
marché de la mobilité s'avère porteur. Les plus grands
spécialistes prévoient un développement de la consommation
de contenus sur les écrans portables et ce, partout dans le monde.
Des thématiques
précises
Alors que les médiums sonnent la
société d'hyper choix et d'hyper information, la vocation
originelle d'écran social du foyer s'essouffle de plus en plus. Le
nombre de téléviseurs par foyer en France est passé de
1,52 en 2004 à 1,82 en 2006 selon Médiamétrie. Alors qu'il
y a 20 ans n'existaient que 5 chaînes généralistes, le
paysage audiovisuel français s'est enrichi peu a peu avec des
chaînes thématiques de plus en plus
« segmentantes ».
En parallèle, le développement de
chaînes de télévision dites
« thématiques » a pour conséquence une
érosion progressive de l'audience globale des chaînes
« généralistes », au profit de chaînes
basées sur des thématiques précises tels que la jeunesse,
la musique, les jeux, la fiction/cinéma, les informations, le sport...
C'est la thématique sportive qui attire le plus de
téléspectateurs. La dernière étude
MédiaCabSat de l'institut Médiamétrie, conduite de janvier
à juin 2007 montre que le leader du classement des chaînes
thématiques demeure Eurosport, crédité de 1,8 % de
part d'audience, et ce malgré une baisse de 0,5 point sur un an. S'en
suivent les chaînes musicales, puis d'informations.
L'arrivée de la
TMP
courant 2008 et de multipostes via les offres triple play devrait
accélérer le phénomène.
Des contenus non linéaires et de
proximité
Afin de bien répondre à l'évolution de
la demande, comme nous l'avons analysé plus haut, des nouvelles marques
médias ont vu le jour sur le Web. Ces dernières mettent en avant
la participation citoyenne ainsi que la proximité géographique
avec le téléspectateur.
Le site
Citizenbay propose des
informations concernant sa propre ville, ainsi que des actualités sur
des événements locaux. Chaque jour, les contributions les plus
populaires sont rétribuées. Chaque membre devient à la
fois lecteur et journaliste local. La viabilité de ce modèle
économique n'a cependant pas encore été
éprouvée.
Avec la fragmentation de la demande, les journaux
d'informations traditionnels ont de plus en plus de mal à
fédérer autour d'une case horaire. Le journal de 13h ou 20h des
grandes chaînes traditionnelles perdent de l'audience au profit des
chaînes d'informations en continu comme LCI ou BFM, des chaînes
d'informations locales, des blogs ou journaux en ligne.
Pour s'adapter à ce nouvel enjeu, les chaînes
d'informations traditionnelles retransmettent leurs journaux
télévisés sur le Web et permettent aux spectateurs de voir
ces informations quotidiennes en différés et à la
demande.
2.1.2 Le journalisme citoyen
Selon le rapport We Media: How Audiences are Shaping the
Future of News and Information de Shayne Bowman et Chris Willis, le
journalisme citoyen peut être défini comme l'action de citoyens
« jouant un rôle actif dans les processus de
récupération, reportage, analyse et dissémination de
l'actualité et de l'information »,.
Le déclic apparut en 2004 en Asie du Sud Est lors du
Tsunami ou les images exclusives venaient d'autant plus des citoyens ayant
filmés le phénomène avec leur mobile, plutôt que des
grands médias traditionnels.
L'avènement du
phénomène
Avec la démocratisation du Web 2.0, la production et
la diffusion de l'information n'appartiennent plus à ceux qui
détiennent les moyens de télévision, de radio, ou un
journal. Comme l'explique très clairement le site
Agoravox dans sa charte :
tout citoyen est un "capteur d'information".
Autre que les possibilités technologiques, le
succès rencontré par les plateformes de journalisme citoyen
s'explique par des raisons sociologiques. En effet, le public témoigne
désormais d'une méfiance accrue vis à vis des
médias traditionnels. Ainsi, les gens veulent participer à
l'écriture de l'information plutôt que de la subir passivement.
Pour Shayne Bowman et Chris Willis, les raisons qui motivent
les internautes à participer sont les suivantes :
- acquérir un statut ou se forger une
réputation.
- développer des liens avec d'autres personnes ayant
des intérêts similaires.
- tenter de donner un sens ou de mieux comprendre un sujet.
- informer et être informé.
- divertir et être diverti.
- créer.
Les récentes Assises du Journalisme citoyen,
organisées en 2007 à Paris, avaient pour thème : "Les
rencontres du cinquième pouvoir". Cependant, le mouvement qui
considère le quatrième pouvoir comme la presse semble encore
prématurée. En effet, le phénomène décrie
comme le nouvel eldorado de la presse quotidienne n'est pas encore
rentré dans les normes de consommation courante. Selon une étude
Ipsos, réalisée en ligne auprès de 45.000 personnes, les
jeunes font en priorité confiance à la presse quotidienne pour se
forger une opinion sur un sujet de société ou d'actualité.
Ils la citent en tête (38%) devant la télévision (22%), la
radio (16%) et Internet (16% également), la presse magazine (8%). De
même, ils déclarent que la presse quotidienne rend compte
fidèlement de la réalité (45%) contre 18% à la
radio, 16% à la TV, 12% à Internet et 9% à la presse
magazine".
Les plateformes de journalisme
citoyens
Lancé en février 2000 en Corée du sud,
la plateforme
Oh My News !
est très vite devenu le premier média sur Internet national.
Alimenté par 50000 reporters, il enregistre une audience de plus d'un
million de visiteurs uniques par jour. Cet exemple a permis de créer
d'autres plateformes du même alibi. Ainsi, premier du genre en Europe,
Agoravox s'est lancé en
2005, le message principal est « un abandon des mass media au
profit de ce nouveau genre de médias citoyens, les médias des
masses ». Au bout de 2 ans, Agoravox enregistrait 1,2 millions
de visiteurs par jour.
De multiples plateformes de ce genre se développent
sur le Web. Après
Agoravox,
Citizenbay et
YouVox s'installent à leur
tour sur le créneau du média citoyen. Récemment, 3
anciens journalistes de Libération ont lancé
rue89.
Ce marché s'avère encore relativement neuf,
mais les différentes niches devraient rapidement se remplir. La
puissance et l'agilité marketing seront donc les maîtres mots de
ces nouveaux sites de services et de contenus.
Le péril des journalistes
traditionnels
Il existe aujourd'hui une véritable résistance
des journalistes traditionnels face à l'avènement des
médias dit « participatifs » ou citoyens. Le
métier de journaliste entre dans une crise structurelle qui tend
à redéfinir la fonction même de cette activité.
Dans son Blog
« Demain tous
journalistes ?», Benoît Raphaël décrit le
métier de journaliste du futur comme une compétence qui
« devra être capable de conduire les conversations,
d'animer les communautés réelles et virtuelles, mais aussi mettre
en scène et éditer les contenus
extérieurs. »
En perdant l'exclusivité de la diffusion et de
l'information, Benoît Raphaël explique dans un post nommé
« Les bases de données, nouveau métier du
journaliste » que le journaliste sera relayé comme
animateur, classant et s'assurant de la qualité les informations. C'est
le cas, du projet comme « Indy 911 », lancé par le
site d'infos locales
Indystar.com
qui répertorie des informations locales qu'on ne pourrait pas
traiter dans un journal qui sont couvertes par des journalistes
citoyens et classés par des journalistes.
Certains journalistes créent aujourd'hui directement
leurs propres blogs. Une
étude
menée par l'institut d'études Bivings Group aux Etats-Unis
révèle que le nombre de blogs créés par des
journalistes est en plein essor, et que ce phénomène s'explique
par le désir de célébrité du journaliste lambda.
Cependant, il est important de rétablir la
barrière et ne pas confondre « journaliste citoyen et
citoyen journaliste ». La qualité des informations
dégagées sur les plateformes de journaux citoyens ne peut pas se
comparer à celles des informations professionnelles.
2.1.3 Les limites des nouveaux médias.
En parallèle des succès du Web, certaines
initiatives prises par les nouveaux médias sont victimes de grosses
désillusions. C'est le cas du Podcast qui, annoncé pour remplacer
la radio et le CD, n'a jamais réellement trouvé un succès
commercial.
Une question de
génération
Si l'usage du Web se généralise chez les
jeunes : 80 % des 13-24 ans se connectent chaque mois sur Internet et plus de
la moitié en ont une utilisation quasi-quotidienne, il n'en est pas de
même pour les plus âgés. Ces derniers, encouragés par
leurs enfants et petits enfants continuent à fortement s'équiper
mais n'adoptent pas les mêmes habitudes que les plus jeunes, notamment
dans la consommation de médias.
Jean Paul Tréguer dans son livre « Les
seniors et Internet, histoire d'une passion » explique :
« Pour les seniors, le Web remplit un besoin existentiel de
ne pas se sentir distancé ou marginalisé par les nouvelles
technologies ». Leur consommation est surtout ciblée sur
le commerce en ligne, le E.tourisme ou les loisirs numériques.
Les plus de 50 ans restent bien souvent fidèles
à leur consommation de média traditionnels avec un usage
quotidien de la télévision et de la presse papier.
Le modèle intrusif du Web
2.0
Internet a toujours été
considéré comme un espace de liberté et de confiance, ou
les internautes étaient prêts à livrer des informations
personnelles. Il y a encore quelques années, le Web restait à
l'écart du système commercial, mais il est aujourd'hui
rattrapé par celui ci. Ainsi, la plupart des Business Models du Web 2.0
intègrent une rémunération par la publicité, bien
plus efficace que les médias traditionnels de par son système
interactif qui offre une meilleure connaissance du consommateur.
Il est prouvé que les marques du Web
possèdent une sympathie vis-à-vis du public, et les Google, Yahoo
jouissent d'une véritable confiance des utilisateurs.
Cependant, des voix s'élèvent pour
dénoncer l'exploitation commerciale à la fois du contenu produit
par les visiteurs, et par les atteintes à la vie privée que
constitue le ciblage publicitaire lié à la personnalisation.
Certains vont même jusqu'à parler d'
esclavage
2.0.
Il s'élève également les craintes des
consommateurs face à la naissance du stockage en ligne de ses
données, lorsqu'elles sont placées entre les mains du
système économique.
Les nouveaux médias ne peuvent se suffire
à eux-mêmes
La multiplicité des contenus diffusés sur le
Web expose l'internaute à des choix qu'il n'est pas aujourd'hui
préparé à faire. Au contraire, l'arrivée des
nouveaux médias ouvre des choix jusqu'alors limité par les
contraintes techniques et économiques. Des études prouvent que
cet hyper choix déroute, et l'orientation face à ce sur plein de
contenus parait difficile à gérer pour le consommateur.
Ainsi, en télévision, on constate que les
chaînes généralistes traditionnelles gardent les plus forts
taux d'audience, même chez les téléspectateurs qui
accèdent à une offre élargie et ce, malgré la
profusion des chaînes dites « thématiques » ou
« mini généralistes ».
De même, dans le monde de la radio : dans les
années 80, l'ouverture de la bande FM a provoqué l'apparition
d'une multitude de radios. Or, aucune station généraliste
préexistante à la libéralisation des ondes n'a disparu,
bien au contraire. Malgré l'avènement des radios musicales, les
traditionnelles tels que RTL, Europe 1, France Inter demeurent toujours, parmi
les plus écoutées de France. Les grands équilibres du
secteur radiophonique n'ont pas été bouleversés par
l'élargissement de l'offre.
2.2 La stratégie des groupes médias.
Les groupes médias arrivent aujourd'hui à une
étape clé de leur développement. L'enjeu de la
numérisation entraîne l'apparition de nouveaux acteurs sur le
marché qui n'avaient pas comme métiers de base la
création de contenus, c'est le cas des
Yahoo,
Google,
AOL etc... En parallèle, les
groupes de médias traditionnels se doivent d'installer leurs marques sur
de nouveaux supports tel qu'Internet ou le mobile.
Le virage Internet est une étape obligatoire qui
permettra certes à de nouveaux acteurs d'émerger sur le
marché, mais qui provoquera aussi la disparition de certains.
Dans un environnement très concurrentiel, Il est donc
fondamental aujourd'hui d'être présent sur le Web. Ainsi, pour un
groupe comme Lagardère interactive, le numérique
représente 1% de son Chiffre d'Affaire avec des perspectives de 3,5% fin
2007 et de 10% en 2009. Dans cette partie, nous allons analyser comment les
grands groupes médias développent leurs stratégies en
interne face à l'arrivée de la variable Internet.
2.2.1 Les groupes médias traditionnels et leur
adaptation face au numérique
Les résistances en
interne
Les groupes de média traditionnels doivent faire face
à l'intégration ou à la restructuration de
compétences en interne, pour s'adapter à la variable du Web.
Cette nouvelle étape nécessite des refontes de services afin
d'être efficace sur plusieurs supports et de ne pas louper le virage du
numérique.
La difficulté de cette opération réside
dans le fait du fossé générationnel dans les entreprises.
Il existe donc une réelle « fracture
numérique » dans les différents services d'un
groupe média. Le challenge de ces groupes de médias traditionnels
réside à faire adhérer les rédactions dans un
projet de diffusion multi supports.
Comme le décrit Danielle Attias, consultante TIC
spécialisée dans les liens entre la presse traditionnelle et les
nouveaux médias pour le compte du cabinet d'études
télécoms
Greenwich
Consulting, « On demande aux journalistes d'écrire
pour différents supports, ce qui entraîne des tensions en interne
compte tenu de la réorganisation nécessaire des
structures. »
Mais les équipes rédactionnelles ne sont pas
les seules à devoir évoluer, les régies publicitaires
elles aussi, doivent s'adapter aux changements de la demande des annonceurs.
Les différents groupes doivent également trouver des solutions
adaptées à ces nouvelles variables, qui passe principalement par
la formation en interne.
La stratégie d'acquisitions des
médias traditionnels
Avec une cinquantaine de sites Internet dans la
sphère du groupe Lagardère, alors que le groupe détient
259 magazines dans le monde, l'implication Web reste encore inégale par
rapport aux magazines, mais tend doucement à s'équilibrer.
Julien Billot, directeur de Lagardère interactive a
conscience de l'enjeu de positionner ses différentes marques en ligne,
selon lui, « Le papier n'est qu'une expression de la marque, Internet
en est une autre ». Cependant, il a conscience qu'il n'est pas
possible de décliner simplement une marque forte sur le Web, mais il est
indispensable de posséder un savoir faire et une connaissance des
communautés ou de la réactivité propre au média en
ligne.
Ainsi, la plupart des grands médias adoptent une
stratégie offensive sur le Web, principalement par des acquisitions. Par
exemple, le rachat par Lagardère Active en août 2007 de 100% du
groupe
Nextedia, agence
spécialisée dans des services interactifs de marketing,
Lagardère est désireux d'accroître sa présence sur
Internet. Cela permet au groupe d'acquérir un savoir faire, afin de
revitaliser une de ses marques phares comme le magazine
ELLE, bousculé en France par des
acteurs comme
AuFéminin.com ou
iVillage aux Etats-Unis.
Alain Weil, président de
NextRadio TV va lui aussi dans
ce sens. Selon lui : « la stratégie des groupes
médias passent avant tout par des rachats d'entreprises du Web, afin
d'acquérir des compétences Web ». Ainsi, le groupe
NextRadio TV, qui procède à des rachats de groupes médias
traditionnels successifs, comme
RMC en 2001 ou
BFM en 2003, rachète le groupe
Tests en 2007, leader
français de l'information dédiée aux nouvelles
technologies fort de ses marques
01net et
01men. Cette acquisition, affirme le
président de NextRadio TV « permettrait de doubler de
taille et de dégager des synergies importantes » et a
permis la refonte du site Web de RMC qui devient aujourd'hui le premier site de
radio en France, avec 1 million de visiteurs uniques.
La création de services
multimédias
D'autres groupes intègrent des compétences
Web, par la création de nouveaux services en interne et des politiques
de recrutement de compétences Web.
Ainsi Libération vient de lancer
Libé Labo et s'est
doté d'un véritable studio permettant l'enregistrement de
programmes audiovisuels. Ces émissions ne sont pas destinées
à du flux, mais s'intègrent dans la "programmation" du journal en
ligne.
France-Info vient également de créer une
véritable rédaction multimédia dédiée
à la chaîne information du groupe
Radiofrance, permettant
d'écouter le direct, mais aussi tous éléments sonores
diffusés à l'antenne.
2.2.2 L'avènement des nouveaux groupes médias
issus d'autres métiers de base
Les groupes issus des nouveaux médias, tels
qu'Internet ou le mobile, adoptent aujourd'hui des stratégies agressives
d'intégration globale, afin de détenir toute la chaîne de
valeur d'un média, de sa création à sa diffusion. La
diversification de ces acteurs vient concurrencer frontalement les
médias traditionnels, car les frontières restent assez floues et
le marché est loin de se structurer aujourd'hui.
La diversification des géants de
l'Internet et de la téléphonie.
La diversification des géants de l'Internet et du
mobile s'explique par le fait que les frontières de leurs
activités initiales sont constamment repoussées. La convergence
des services entraîne une concurrence élargie entre les
acteurs.
Aujourd'hui, tout le monde devient concurrent de tout le
monde. Par exemple, le groupe Orange, dont le métier de base est la
téléphonie, s'est développé dans un premier temps
en tant que FAI. Fort de 7,5 millions d'abonnés et d'un portail qui
attire 15 millions de visiteurs uniques, l'entreprise procède
aujourd'hui à des rachats de maisons de production ou à la
création de sociétés de contenus. Dans cet élan,
Orange crée SPORT TV, une nouvelle chaîne diffusée sur
Internet, Télévision et Mobile, dans le but de détenir
toute la chaîne de valeur du média et de devenir un acteur global
et indépendant.
Il s'agit cependant d'une période transitoire, nous
restons aujourd'hui sur un marché non structuré, avec des
territoires relativement vierges, où les opportunités
s'avèrent nombreuses. La puissance et la finesse des stratégies
des grands acteurs déterminent les territoires de chacun.
Google : une stratégie
d'intégration totale.
« Organiser l'information mondiale et la rendre
universellement accessible et utile à tous », voici la mission
que s'est fixée la société
Google lors de sa
création en 1998. Le moteur de recherche a porté son chiffre
d'affaires de $100 millions à plus de $5 milliards, en croissance
organique quasi exclusivement. La montée en puissance de Google
s'explique par une stratégie très agressive, avec des ressources
financières énormes ainsi que l'élargissement de ses
activités.
Google attaque sur tous les fronts et les médias
traditionnels commencent à craindre le géant de l'Internet. C'est
le cas des médias vidéo qui se méfient du
développement de Google avec le lancement de services de VOD ou de
vidéo casting. Le trafic est de plus en plus généré
par Google et freine leur modèle économique basé sur la
publicité. Aussi, l'industrie littéraire a elle aussi brutalement
pris conscience de l'importance de contrôler la diffusion en ligne,
à la suite de la création de Google Book.
Comme pour la plupart des grands médias, le fondement
de l'activité de Google provient d'une relation de confiance forte avec
les consommateurs, confiance qui est alors « revendue » aux
annonceurs. Très discret sur sa stratégie, beaucoup de
spécialistes s'accordent à dire que le but de Google est de
devenir un média planétaire, offrant une gestion de campagnes de
publicités personnalisées, pilotées en temps réel
et multi canal.
Aujourd'hui, le moteur de recherche expérimente
même l'extension de son modèle publicitaire dans le monde off
line, en offrant aux annonceurs des avantages similaires à ceux qu'ils
peuvent trouver sur Internet.
AOL et l'utilisation de ses propres ressources.
Annoncée à la mi-janvier 2000 comme le plus
grand rapprochement économique de l'histoire, la fusion AOL-Time Warner
témoigne de l'émergence d'une complémentarité de la
nouvelle économie fondée sur les réseaux et des
médias traditionnels fondés sur les contenus. Ce rapprochement
entre le premier fournisseur mondial d'accès à l'Internet et le
géant des médias donne naissance à une nouvelle
entité, forte d'un chiffre d'affaires de plus de 35 milliards de
dollars. Ainsi, l'avantage concurrentiel du groupe lui a permis de surmonter la
crise liée aux effets de la convergence.
Depuis 2005, la filiale Internet de
Time Warner est en
pleine restructuration. Le groupe
AOL avait annoncé
son recentrage sur les contenus et services au détriment de la
fourniture d'accès, métier historique du groupe depuis sa
création. Ainsi, AOL utilise ses ressources et le savoir-faire de Time
Warner pour être maître de ses propres contenus.
A ses débuts, AOL développait des contenus
seulement pour ses abonnés. Avec l'augmentation des opportunités
liées à la convergence, le groupe décide en 2006 de
dissocier ses activités de fournisseur de contenus et de fournisseurs
d'accès Internet, en ouvrant ses contenus à d'autres diffuseurs.
Son défi aujourd'hui est de multiplier les circuits de distribution de
ses propres contenus sous forme de partenariats avec des opérateurs, ce
qui est déjà le cas avec Neuf ou Cegetel.
Aussi, le fournisseur d'accès AOL évolue vers
un portail de contenus et de services ce qui pourrait servir efficacement de
levier pour les magazines en ligne.
2.3 La réponse des médias
traditionnels
Pour un média, passer à l'ère
numérique revient à se poser deux questions :
- Qu'est-ce qui dans la production du média
traditionnel a de la valeur et apporte une plus- value aux yeux du public ?
La réponse s'articule autour de différentes
variables qui sont : la qualité de l'information et des programmes,
la réactivité et la profondeur de l'information ou la
capacité du média à faire participer son public.
- Comment le public souhaite-t-il pouvoir accéder
à ce contenu ?
Ces critères de diffusion sont en rapport avec la
diffusion du média. En fonction des cibles, les réponses sont
différentes, mais elles ont toutes en commun de permettre à un
individu d'accéder aux informations qui lui sont nécessaires au
moment, à l'endroit et par le moyen qu'il souhaite.
2.3.1 Le virage Internet des médias
traditionnels
Le numérique bouscule les règles du monde des
médias avec l'apparition de nouvelles opportunités et de nouveaux
acteurs sur le marché. Ainsi, les médias traditionnels doivent
adapter leurs stratégies, ce qui nécessite des prises de risques
et des paris sur l'avenir.
Les nouvelles technologies, une source
d'opportunité pour les médias traditionnels ?
Comme chaque évolution technologique, le
marché offre de multiples opportunités ainsi que des menaces pour
les acteurs déjà présents sur le marché.
Pour Arnaud Frérault, l'analyste média de CA
Cheuvreux "les groupes historiques sont relativement protégés
pour l'accès aux contenus, même par rapport aux cash flows
énormes des groupes de télécommunications". Ce
dernier cite notamment l'exemple de Deutsche Telekom, l'opérateur
allemand qui avait remporté les droits Internet de la ligue allemande de
football fin 2005, qui n'a réussi à séduire qu'un nombre
dérisoire d'abonnés à son offre ADSL, faute de
savoir-faire en la matière. Pour le moment, en France, Orange a
finalement pas décidé, en 2007, de ne pas venir concurrencer
Canal + sur le terrain du football, l'opérateur de
téléphonie n'est pour le moment pas prêt à investir
les 600 millions d'euros demandé par la LFP (Ligue Française de
Football) sur l'acquisition des droits TV de la ligue 1.
Pour la télévision, la plupart des
spécialistes s'accordent à dire que la VOD, ou Vidéo
à la Demande, ne tuera pas les chaînes traditionnelles mais, au
contraire, permettra d'en enrichir le contenu. La multiplication des
chaînes aura, certes, un impact sur la part d'audience d'une chaîne
comme TF1 ou France Télévisions mais ces dernières
jouissent d'une crédibilité, d'une fidélité et
surtout d'une puissance financière qui leur permet d'être toujours
leader sur le marché. Ainsi, il est fort probable que les grandes
marques de médias traditionnels vont défendre leur leadership en
misant sur la possession des droits pour les évènements et le
direct, qui sont les contenus qui peuvent réellement rassembler une
audience de masse.
En conséquence, en intégrant de manière
intelligente les nouvelles possibilités de la convergence dans leur
stratégie, les médias traditionnels pourront exploiter de
nouveaux débouchés.
Un virage numérique souvent mal
négocié par les médias en France
Cependant, confrontés à la migration de leur
audience et de leurs annonceurs vers Internet, la plupart des médias
traditionnels ont du mal à s'adapter au défi du numérique.
Alors qu'au Royaume-Uni, la BBC a annoncé en
septembre 2007 qu'elle s'apprêtait à supprimer 1 800 emplois afin
d'intégrer ses activités d'informations radio,
télévision, Internet pour s'adapter aux défis de
l'ère numérique, les médias français restent
souvent sur des positions statiques.
C'est le cas de la presse qui est le secteur le plus
touché. Les professionnels des grands groupes de presse ont conscience
des changements qui s'opèrent face à la convergence, cependant
leurs préoccupations sont multiples, faute de repères sur des
marchés ou les risques sont nombreux. Selon le rapport de Marc
Tessier La presse face au défi du numérique, les
interrogations des professionnels de la presse se basent sur les points
suivants :
- Au plan éditorial, le développement de la
culture de l'instantané, de l'échange libre d'opinions sans
réelles hiérarchies existantes ni références
préétablies et de l'accès gratuit aux informations, images
et oeuvres de l'esprit, alors que la presse s'est construite sur des tendances
opposées.
- Au plan commercial, les modes de distribution qui sont de
plus en plus élégants et efficaces sur le Web, alors qu'elles
font preuve de carences pour les médias traditionnels.
- Au plan financier, il existe une peur des nouveaux business
models basés sur la gratuité et à défaut
d'être soutenus par des actionnaires puissants, nombre d'entreprises de
presse n'auraient plus les moyens d'une ambition pourtant nécessaire.
En général, les médias ont rarement une
vision claire des enjeux liés au déploiement pluri médias,
ces inconnus nécessitent une prise de risque stratégique. Sous
forme d'investissements financiers, de réorganisations qui sont rarement
assumés par ces derniers. Ainsi, face aux grands mouvements
opérés par les entreprises issus du Web, les grands médias
attendent une maturation du marché, en espérant pour eux qu'il ne
soit pas trop tard.
2.3.2 Les problématiques à
résoudre
Certaines interrogations méritent d'être
soulevées car les enjeux du numérique transformeront probablement
le paysage du monde des médias.
L'éditorialisation et les aides au choix
du téléspectateur
Dans un marché TV en pleine recomposition, qui tend
vers une offre globale et exhaustive de contenus, l'accent est plus que jamais
mis sur l'éditorialisation et à la mise en place d'outils qui
permettent des aides au choix du téléspectateur. En effet,
à l'heure du développement des plates-formes telles que
Youtube,
DailyMotion, des offres de
VOD et des nombreuses chaînes proposées par les fournisseurs
d'accès, le spectateur a du mal à sélectionner ses
contenus.
Face à cette nouvelle variable, l'hyperchoix rend
nécessaire l'accompagnement du spectateur. Ainsi, l'éditorial est
de retour, avec des offres adaptées à ces technologies, il s'agit
alors des EPG (Electronic Program Guide) et des IPG (Interactive Program
Guide).
Aux Etats-Unis, deux offres viennent d'être
crées dans ce sens en utilisant des plates-formes de Web 2.0. Il s'agit
de
couchville et
meevee qui permettent
de sélectionner, recommander et être averti de la diffusion de
programmes sur les chaînes des bouquets, satellite, câble ou IP. En
parallèle des tendances actuelles, ces offres ont mis en place des
communautés d'intérêts autour de programmes. En France, le
groupe Prisma Presse a racheté en février 2007, pour un montant
indéterminé, le site indépendant
Programme-tv.net, avec pour
but de le fusionner avec
teleloisirs.fr.
Reste à savoir comment les plates-formes de contenus
audiovisuels mettront en évidence et organiseront leurs programmes. Par
exemple, Youtube ou Dailymotion mettent déjà en valeur certains
de leurs contenus, des plates-formes de VOD mettent l'accent sur les films
où elles ont des intérêts. Cependant, tous ces outils
devront maximiser l'éditorialisation, à l'heure où les
contenus vidéo explosent sur le Web.
La chronologie des médias en voie de
disparition ?
Pour des programmes comme les séries ou les films
cinéma, la notion de chronologie des médias n'a plus de sens, de
même que les intervalles de diffusion entre les différents pays.
Une des raisons principales du téléchargement illégal sur
Internet vient du fait que les programmes sont disponibles en même temps
et partout, et qu'ils ne dépendent plus du choix d'un média qui
en détient les droits de diffusion.
Selon la plupart des diffuseurs, le problème doit
être réétudié en amont par les producteurs qui
doivent intégrer plus amplement la diffusion multilingue avant d'avoir
amorti le programme sur le territoire d'origine, même si cela demande un
financement et une prise de risque plus grands de la part du producteur et des
diffuseurs.
Le nouveau président de Disney, Bob Iger, a compris
qu'Internet mettait à mal la chronologie des médias et qu'il
valait mieux accompagner ce bouleversement et « être dans
le train », plutôt que de tenter de l'arrêter.
En parallèle, des diffuseurs innovent
déjà dans la diffusion des séries. Le 3 mars 2007, la
série policière britannique « Life on
mars » était lancée sur Yahoo. Les internautes
pouvaient découvrir en avant-première et gratuitement
le premier
épisode de la série. Quinze jours après, la
série faisait son apparition dans la grille des programmes de
13ème Rue,
chaîne française du groupe NBC Universal. La diffusion sur
Internet, avant celle sur le petit écran, avait donc pour but de faire
connaître la série en créant un buzz marketing. Comme
l'explique Pauline Dauvin, la directrice des programmes de l'antenne de
NBC Universal Networks France « Plus de 20 millions de
foyers sont reliés à Internet en France. Dans le monde,
4 millions de foyers sont capables de nous recevoir. Proposer en
amuse-bouche le premier épisode de « Life on mars» sur
Yahoo ! Nous permet de profiter de la force de frappe du portail et
d'accroître notre visibilité ».
La puissance de plates-formes de vidéo sur le Web est
donc une manière de faire connaître des programmes de
manière différente.
La fragilité du cinéma face au
numérique
Un autre média traditionnel se voit bousculé
par les effets de la convergence. En effet le cinéma est touché
de plein fouet par l'accroissement de la piraterie et l'insistance des nouveaux
médias à vouloir casser les règles de la chronologie des
médias. Citons deux exemples de transgression des règles
établies.
En 2005, le film «
Automne »,
premier film en français du réalisateur Ra'Up McGee,
réunissant Laurent Lucas, Irène Jacob et Jean-Claude Dreyfus, a
été diffusé, faute de distributeur en France sur la
plate-forme
Google Video. Son
réalisateur a opté pour la diffusion gratuite de son film, ce qui
a rencontré un vif succès avec plus de 450 000 connections en
moins de 5 mois. En attendant l'arrivée de la solution de paiement avec
Google Purchase, cet exemple unique montre qu'il existe des supports de
diffusion alternatifs.
Un autre exemple de dérangement dans les
chroniques : le film de Soderbergh
Bubble .
Sorti le 27 janvier 2005 aux Etats-Unis, en DVD, sur le câble, sur le Net
et en salles de façon simultanée, le film cherche à
créer l'évènement en bousculant le mode de distribution
traditionnelle. Pour la maison de production du film, « 2929
Entertainment », le but affiché est « de donner
au consommateur la possibilité de voir un film quand et comment il le
souhaite ».
Alors que The association Movie Pictures Association of
America (MPPA) n'arrête plus de jouer le gendarme face à la
piraterie de ses films et se cherche des solutions alternatives, ces deux
exemples prouvent qu'on peut jouer le jeu des technologies existantes.
Ces dernières années, l'industrie du
cinéma s'est donc efforcée de faire face aux effets de la
convergence en trouvant les moyens d'attirer le public dans ses salles. Au
Japon, une odeur de chocolat accompagnait la projection de Charlie et la
chocolaterie de Tim Burton dans certaines salles. Les
possibilités de la convergence vont permettre de créer
l'événement avec des sorties en simultané au niveau
mondial ou de mieux répondre à la demande avec l'adaptation de la
programmation en fonction du public. Au niveau de l'image, on parle de plus en
plus de cinéma 3D, notamment depuis Chicken Little
qui a été projeté dans certaines salles en trois
dimensions avec des lunettes adaptées.
L'enjeu du septième art est avant tout de
créer l'événement et de faire partager une
expérience collective afin de valoriser le cinéma en salles.
3.Intégration de la convergence : les
médias modernes
3.1 Les outils de la convergence numérique.
Face au défi du numérique, les médias
traditionnels possèdent aujourd'hui une panoplie d'outils
nécessaires à leurs survies.
3.1.1 La télévision interactive
La multiplication des technologies d'accès à
la télévision (satellite, câble, réseau
hertzien...), ainsi que la démocratisation des outils Internet induisent
une nouvelle façon de consommer la télévision. Le rapport
de Dataquest - Gartner Group 2000 décrit l'apparition de
« télénautes », spectateurs hybrides, entre
téléspectateurs et internautes. Le rapport montre que 2,1
millions de foyers américains utilisent leur ordinateur personnel pour
regarder la télévision, 27 millions jonglent d'un poste à
l'autre.
Quand la télévision fait participer
le téléspectateur
Les stratégies des chaînes de
télévision sont de plus en plus basées sur un
rapprochement entre le spectateur et ses programmes favoris. Les
possibilités sont multiples :
L'IPTV (Internet Protocol Television) propose des services
comme le guide des programmes, le contrôle du direct, la recherche par
mots clés au sein du guide des programmes et du catalogue VOD, ou
d'autres services « connectés » comme la
météo, le trafic, les jeux concours ou les votes interactifs.
Le domaine de l' IPTV reste encore à exploiter, mais
la valeur ajoutée de l'innovation n'est pas encore clairement
matérialisée pour le consommateur. En effet, le besoin de
consommation est existant mais il est plus difficile d'y répondre avec
la télécommande qu'avec un accès Internet et un PC.
Cependant tous les opérateurs explorent de nouvelles dimensions de
services connectés, où le consommateur valorisera naturellement
l'intérêt de son écran de télévision.
Selon cette étude menée par Ipsos en 2007, les
applications que l'ensemble des utilisateurs de TV Adsl privilégient
dans l'offre de l'opérateur Club Internet sont les
suivantes :
Même si le facteur le plus important est le
« zapping entre les chaînes », le consommateur
souhaite bénéficier d'un service global avec de multiples
fonctions. Il est satisfait de ces services et en attente d'autres innovations,
pour 86% des consommateurs sondés par Ipsos, l'IPTV est la
télévision de demain.
La vidéo à la demande
(VoD)
Le succès rapide de la VOD, ou vidéo à
la demande, révolutionne les modes de consommation de contenus
vidéo. Cette révolution signifie aussi que les grilles horaires
des médias traditionnels sont en contradiction avec le besoin de
souplesse et de personnalisation souhaité par les consommateurs de
média.
La VOD rentre lentement dans les usages de consommation des
utilisateurs du monde entier. Selon une étude réalisée par
le cabinet anglais Informa, le marché de la Vidéo à la
demande devrait générer à l'horizon 2011 des revenus
approchant les 11,4 milliards de dollars.
Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et les
différents acteurs du marché se placent sur le
marché de la VOD, cependant les chaînes traditionnelles sont
déjà concurrencées par d'autres acteurs du
marché.
§ Les grandes chaînes de
télévision
Filiales de distribution des éditeurs ou prestataires
de distribution, les grandes chaînes télévisuelles
développent leurs plates-formes de VOD. Elles possèdent
déjà une crédibilité grâce à leurs
statuts de chaînes hertziennes et enrichissent leurs offres de diffusion
classique de programmes avec la VOD. Ainsi, Canal Plus avec
canalplay, TF1 avec
TF1 Vision, Arte avec
artevod,
France Télévisions avec
francetvod ou M6 avec
m6video
proposent chacun des offres propres à leurs programmes.
§ Les fournisseurs d'accès
Internet
Après le développement de leurs accès
ADSL pour offrir toujours plus de débit à leurs abonnés,
le nouvel enjeu des FAI est la VOD. Chacun des acteurs se positionne
aujourd'hui avec une offre VOD. C'est le cas de France Telecom, Alice, Club
Internet, 9cegetel, Noos, TPS, AOL... Certains développent leurs
propres plates-formes, c'est le cas de Wanadoo, d'autres comme Free ont
développé une offre Canalplay sur Freebox TV qui connaît un
véritable succès.
§ Grande distribution et
spécialisés
Spécialisés dans la vente de produits
culturels, des acteurs tels que Virgin ou Fnac ont elles aussi
créées leurs plates-formes de téléchargement de
vidéos. Le portail Fnac
http://vod.fnac.com/ est
accessible depuis 2006, grâce à un partenariat entre la FNAC et
Glowria.
Lancé le 22 mars 2006, la plate-forme Virgin,
virginmega est la
première en France à proposer de la musique et de la vidéo
en ligne. Les services sont complets, l'internaute peut louer un film
stocké dans le disque dur ou acquérir définitivement un
film.
§ Les indépendants
En mars 2007,
Totalvod
arrive sur le marché en proposant un portail complet, grâce
à une coopération avec tous les grands acteurs de la VOD du
marché français. En même temps, une trentaine de
producteurs indépendants, ayant comme but de promouvoir le cinéma
indépendant, lancent le site
universcine.com, offrant
250 films à télécharger en VOD.
Grâce à de nombreux partenariats solides avec
les Majors et les autres éditeurs vidéo (Warner, 20th Century
Fox, France Télévisions Distribution, M6 Vidéo, etc.),
Glowria
offre le plus grand choix de titres du marché.
Le modèle de la Catch up
TV
La « Catch up TV », ou
télévision de rattrapage, est un service utilisant les
technologies de la VOD afin de repasser dans une très courte
période une émission ou l'épisode d'une série
diffusée antérieurement. Les plates-formes de Catch up Tv
proposent, pour la plupart, une diffusion en streaming ou en
téléchargement temporaire. La Catch up Tv est une alternative au
piratage des séries TV et vient chambouler la chronologie de diffusion
des saisons.
Toutes les chaînes traditionnelles proposent leurs
offres de Catch Tv, mais de différentes façons. Alors que Arte
propose la majorité de ses contenus de façon gratuite, la plupart
des autres chaînes proposent des offres payantes.
Il est de plus en plus profitable, pour les chaînes
traditionnelles, de proposer ce service, qui devient une véritable
source de profit. Ainsi, les négociations font rage entre diffuseurs et
producteurs. En mai 2007, la filiale VOD du groupe TF1 et Disney ABC
International Télévision, division de The Walt Disney Company,
ont étendu leur partenariat aux épisodes très en vogue et
facilement exploitables, tels que la saison 3 de la série Grey's Anatomy
, Lost (saison 3), Ugly Betty (saison 1), Ghost Whisperer (saison 2) et In
Justice (saison 1).
3.1.2 La présence en ligne.
Dans un contexte de rapprochement des moyens techniques de
communication, les marques media opèrent des rapprochements entre les
différents supports de diffusion, la présence en ligne
étant devenue une nécessité pour survivre.
L'heure est dorénavant au cross-over, afin de
permettre à une marque media de capter un auditorat, quel que soit le
moyen de réception, avec une information disponible partout et tout le
temps, dans le respect de la définition de l'acronyme ATAWAD : Any
Time, AnyWhere, Any Device.
Le Web comme prolongement de la marque
média
De plus en plus souvent, les marques médias se
déclinent sur le support Internet. Cette mise en ligne est
considérée comme une expression de la marque, conservant les
attributs de son support traditionnel. Ainsi, cette présence sur le Web
est un relais qui permet d'enrichir la marque initial par des avantages
de :
§
Complémentarité
Il s'agit d'ajouter des informations complémentaires
aux programmes, en amont ou en aval de la diffusion. Par exemple, les sites des
journaux gratuits tels que
20 minutes.fr ou
Métro.fr proposent plus de
détails que sur le papier et complètent l'information avec
d'autres formats tel que la vidéo ou l'audio.
§ Interactivité
La mise en place de Blogs dédiés permet
d'instaurer une interactivité entre le programme et le consommateur en
lui permettant de discuter sur différents sujets. Cette variable est
matérialisée par le journal Le Monde qui lance, en 2007,
LePost.fr qui permet de
réagir directement aux informations et de « vivre
l'info », pour reprendre leurs propres termes.
§ Instantanéité
Le média en ligne devient plus réactif en
fonction du fil de l'actualité. Ce principe est particulièrement
utilisé par les médias d'information qui donnent
l'opportunité aux internautes de suivre l'information en temps
réel, ce que le papier ou les grilles de programme ne permettent pas de
faire. Ainsi, une des forces du quotidien L'Equipe est de relater en
direct les différents événements sportifs sur son site
lequipe.fr.
§ Illustratif
Internet permet d'illustrer différemment les contenus
d'un média. C'est sur ce modèle que s'est enrichi le mensuel
Géo qui a inauguré le 12 octobre 2007 sur son site
Geo Web reportage
le principe du « Webreportage ». Le
« webreportage » est une nouvelle forme de grand reportage
vidéo spécialement créée pour
son site Internet. Lors de
la présentation de ce projet, Géo expliquait sa volonté
d'élargir sa marque existante et non pas de la diversifier.
Une connaissance préétablie du Web
comme compétence indispensable
La facilité de créer un site Web et de mettre
en ligne des contenus, aujourd'hui ne garantit pas le succès de sa
marque en ligne. Une connaissance de l'Internet est indispensable, afin de
rendre ses offres en ligne attractives.
En effet, il ne faut pas aujourd'hui se contenter de
décliner son média traditionnel sur le Web, car il est
indispensable d'amener une véritable complémentarité entre
ses différents supports. Dans cet esprit, Canal Plus lance son nouveau
site Web
Canalplus.fr qui ambitionne de
devenir un média de référence pour les moins de 30 ans. Le
site se décline selon 3 types de contenus gratuits :
- Une sélection de programmes phares de la
chaîne ;
- Des programmes exclusifs pour le Web ;
- Des programmes produits par les internautes.
L'objectif du site Web, en totale symbiose avec la
chaîne, est de doubler son audience en un an (1,6 million de visiteurs
uniques par mois, selon Nielsen NetRatings, actuellement) et d'accroître
le temps que les internautes consacrent au site.
D'autres exemples illustrent une bonne utilisation du Web pour
enrichir sa marque média initial.
En utilisant en autre concept, le journalisme citoyen, les
audiences hebdomadaires de l'entité BBC ont explosées. Avec 233
millions d'auditeurs, téléspectateurs et internautes dans le
monde, entre mars 2006 et mars 2007, la chaîne s'est lancée dans
la collecte d'informations en ligne. Ainsi, la chaîne anglaise
d'informations a ouvert un espace sur son site Web permettant aux visiteurs de
mettre en ligne vidéos, podcasts, photos concernant des sujets
d'actualité.
De la même façon, le site du magazine
Playboy
www.playboy.com confirme sa
suprématie sur le Web. Le site est N°1 mondial des sites de charme
sur Internet et il a su faire vivre et enrichir la marque Playboy avec tout une
palette d'outils très rentables : stripteases et chats avec les
playmates sur le Cyber Club (espace payant du site), e-commerce de produits
dérivés, etc.
La presse magazine dans les kiosques
numériques
La facilité de numérisation donne la
possibilité de faire le passage d'une présence en ligne vers la
mise à disposition de l'ensemble de ses contenus.
Aux Etats-Unis le phénomène des kiosques
numériques fait rage. Entre le 1er janvier et le
31 août 2006, 10,9 millions de magazines ont été
achetés au numéro ou par abonnement. Et 55 millions de
magazines numériques ont été vendus via le site de
référence
Zinio depuis 2002. En France, la
première offre a vue le jour avec
LeKiosque.fr.
L'offre des prestataires actuels varie selon trois grands
critères : la technologie exploitée, le déploiement de
l'offre auprès du public et l'investissement budgétaire
demandé aux éditeurs. C'est ce dernier critère qui
ralentit le processus, car les différents groupes de presse ne sont pas
encore prêts aujourd'hui à investir sur ce moyen de diffusion.
Ainsi, moins dépendante du rythme de
l'actualité et moins concurrencée par les sites d'information et
les blogs, la presse magazine a mieux résisté à la
concurrence d'Internet que les quotidiens et leur offre commence à peine
à se structurer.
3.1.3 Vers la mobilité
Si l'objectif du média est de toujours se rapprocher
du consommateur, le téléphone représente alors le support
idéal pour contrer le « nomadisme » du consommateur
de nos sociétés modernes.
Dans
Le Monde daté du 17 juin
2005, Guy Dutheil, spécialiste audiovisuel du quotidien,
n'hésitait pas à titrer : « Le
téléphone mobile, nouvel eldorado des télévisions
et des radios ». Même si le déploiement de la
technologie a été ralenti, les opportunités sont
énormes, et tous les spécialistes s'accordent à dire que
le mobile deviendra un acteur indispensable dans la consommation de
média.
L'usage du mobile aujourd'hui
Le téléphone mobile est un «objet
signature» auquel le consommateur s'attache affectivement et qui
reflète l'identité de son propriétaire. Il est
considéré comme un objet personnel et intime. Aujourd'hui, un
Français sur deux, parmi les 80% de la population qui ont un mobile,
l'utilise pour photographier et un sur quatre pour filmer.
L'usage principal du Web Mobile est plutôt le
prolongement de l'usage du Web PC, a contrario d'un usage indépendant.
Par exemple, le phénomène des réseaux sociaux se
décline de plus en plus sur le mobile :
MySpace attire 3,7 millions
d'internautes aux États-Unis et 440 000 utilisateurs mobiles anglais, de
son côté
Facebook attire 2
millions d'internautes aux États-Unis et 307 000 utilisateurs mobiles
anglais, tandis que
MSN reste préféré
en France, en Italie, en Allemagne et en Espagne, selon l'institut
d'étude sur le mobile
Mmetrics.
Selon une étude menée par XiTi, solution et
analyse d'audience sur Internet, dans une étude qui analyse les
spécificités de comportement entre les visites Internet
réalisées via un réseau de téléphonie mobile
et celles générées par d'autres types de connexions, voici
la répartition des visites par thème entre le 17 et le 23
septembre 2007 :
On peut constater que les utilisations sont basées sur
l'actualité, consommées de manière très furtive car
le consommateur passe 2 fois moins de temps par page vue que l'internaute
utilisant un PC ou une console de jeux vidéo.
En France, il existe toujours certains freins au
développement du Web mobile, principalement les temps de chargement de
sites, la navigation et l'ergonomie des sites.
La Télévision Mobile Personnelle
(TMP)
La Télévision Mobile Personnelle (TMP) a
été pour la première fois expérimentée en
France en 2005 avec deux expérimentations broadcast menées, d'un
côté par TPS/Bouygues Télécom/Orange, et de l'autre
par Canal+/SFR/Towercast. La France, qui avait pris de l'avance sur cette
technologie, est aujourd'hui en retard sur la Corée, le Japon, le
Royaume-Uni, l'Allemagne, ou encore l'Italie qui offrent déjà une
TV mobile "broadcast" à une partie de leurs concitoyens. Les raisons de
ce ralentissement sont les suivantes :
§ La structure du marché n'est pas
encore clairement définie
Le coût de l'infrastructure est élevé et
il faut donc définir son mode de financement, dont les solutions sont
multiples. Mais aujourd'hui en France, les groupes médias ou les
médias traditionnels ne trouvent pas d'accord quand à
l'acquisition de la licence broadcast ;
§ Les lieux d'usage nécessitent un
déploiement important
Les marchés plus matures nous montrent que la
consommation de la TMP se fait dans les transports et chez soi. Cela impose que
le réseau bénéficie d'une forte puissance ;
§ Le prix ne devra pas être très
élevé.
Les études prouvent que les usagers
déjà testés par la télévision sur mobile
sont globalement satisfaits de la qualité, mais qu'ils ne sont pas
prêts à payer très cher pour ce service. Il reste un
modèle économique à trouver afin de réduire au
maximum les coûts d'abonnement, et de déployer une offre
commerciale en corrélation avec les exigences financières du
consommateur ;
§ Les formats télévisuels
classiques ne sont pas adaptés au mobile
Les groupes média traditionnels et les nouveaux
entrants doivent concevoir et produire des contenus adaptés au mobile,
souvent des formats courts. Or de nouveaux coûts de production
apparaissent et doivent s'amortir sur une audience réelle.
Annoncée pour 2008, il est encore bien difficile
aujourd'hui de fixer une date précise de déploiement pour cette
technologie, et ceci même si le consommateur et les médias
traditionnels expriment leur impatience. Les freins sont nombreux, mais il y a
fort à parier que comme toute nouvelle technologie, le
déploiement s'accéléra du fait de la multitude d'acteurs
entrant en jeu sur ce marché.
Des offres mobiles en constante
évolution
Chacun des acteurs se place aujourd'hui pour proposer une
offre de contenus mobile de plus en plus évoluée. M6 avec M6
Mobile et aujourd'hui TF1 proposent déjà leurs contenus mobiles
via des opérateurs existants. Orange reste l'opérateur le plus
important depuis le lancement de la 3G en 2004. Sur l'année 2006, le
groupe affiche des résultats significatifs avec 51 millions de sessions
vidéo et télé en direct, grâce notamment à
l'organisation de chats et autres évènements.
Le marché évolue aussi au niveau des offres
sur les supports mobiles. Depuis le 25 juillet 2007, alors qu'on ne connaissait
que l'offre Triple Play, composée d'Internet, de
téléphonie et de télévision, l'opérateur
Neuf Telecom innove avec une offre Quatruple Play. Son
téléphone
mobile hybride baptisé Twin permet alors à ses abonnés
de téléphoner depuis un réseau traditionnel GSM mais
également depuis un réseau
wifi.
Dans un marché très concurrentiel, où l'innovation fait la
différence, les autres opérateurs se sont empressés de
réagir. Ainsi, France Telecom, via sa filiale Orange, n'a pas
tardé à proposer une offre semblable avec
son
téléphone nommé Unik.
Les mouvements sur le marché des offres mobiles sont
très loin d'être stabilisés et de laisser dégager
des tendances, les évolutions technologiques apparaissent sans cesse,
dues à une concurrence accrue.
3.2 Stratégie des annonceurs
3.2.1 Les limites des médias de masse
Si, dans les années 2000, il suffisait d'inventer un
bon produit et de prévoir un budget conséquent de
publicité pour avoir la quasi-certitude d'obtenir de la place dans les
linéaires, avec l'avènement du numérique, les
règles de la communication ont changé.
L'encombrement progressif du marché des médias
a alors déclenché une véritable surenchère
publicitaire pour permettre aux entreprises de sortir leur marque du lot. Ce
contexte a eu pour effet d'inverser les rapports entre consommateurs et
vendeurs.
l'élitisme du marché publicitaire
traditionnel.
Les annonceurs considèrent que la publicité
traditionnelle reposant sur les médias de masse, comme la
télévision ou encore la presse, est trop onéreuse.
Les médias de masse sont puissants et indispensables
pour les grandes marques de consommation, mais le prix imposé par les
régies ne permet qu'aux gros annonceurs d'y être présents.
Ainsi, sur le premier semestre 2007, seuls 789 annonceurs ont communiqué
en télévision sur 2 872 produits ou services avec un budget moyen
investi par marque de 981,6 K€, ce qui représente des budgets que
seulement quelques entreprises peuvent investir.
Par exemple, le groupe TF1, qui a investi 80 millions d'euros
pour obtenir la détention des droits exclusifs de retransmission du
rugby en 2007 et en 2011, a difficilement rentabilisé ses coûts
avec très peu d'annonceur. L'étude Yacast qui communique ces
chiffres précise que ces recettes proviennent seulement de 156
annonceurs qui, au total, ont diffusé 1 456 spots sur les écrans
de
TF1
et de sa filiale Eurosport. C'est Orange France qui a le plus investi avec 2,5
millions d'euros.
Peugeot
et Toyota suivent avec respectivement 1,9 million et 1,5 million d'euros.
Vers le ras-le-bol des
consommateurs
Un Japonais voit plus de 1 045 publicités par
semaine, un américain en voit 948, là où un
français n'en verra que 363. L'encombrement publicitaire est donc
extrême dans certains pays et les consommateurs manifestent un «
ras-le-bol » vis-à-vis des médias de masse.
La publicité actuelle est considérée
comme trop intrusive, et le spot en prime time, pendant une coupure
publicitaire, est de plus en plus mal perçu par le consommateur qui n'a
pas une grande liberté de comportement, contrairement à la presse
et à l'affichage.
Ainsi, les campagnes de grande envergure ont perdu de leur
efficacité car elles ne sont pas ciblées. En effet, ces campagnes
publicitaires, qui sont diffusées à travers les médias de
masse, touchent des cibles trop larges avec le même message, or tous les
produits ne sont pas universels, et ne s'adressent pas à toutes les
franges de la population. Bernard Kaminker, professeur de marketing à
l'ESSEC a ainsi déclaré : « Si vous ne comprenez pas un
message publicitaire, c'est qu'il ne vous était pas adressé
! ».
Il semble de toute évidence que les annonceurs
tendent aujourd'hui à utiliser d'autres canaux que ceux des
médias de masse. Selon l'étude Yacast, le bilan publicitaire
télévision du 1er semestre 2007 laisse apparaître le
phénomène suivant : parmi les annonceurs réduisant
leurs investissements, 8 sont dans le top 20 télévision. On
observe plus particulièrement les baisses de Lu France (-10,5%), Lever
Fabergé (-16,8%) ou encore Universal Music (-27,1%), ces derniers
utilisant d'autres médias pour communiquer.
La baisse des recettes des régies
traditionnelles
Aujourd'hui, les régies traditionnelles comme celles
de TF1 ou de Lagardère, qui sont très peu présentes sur le
média Internet, voient leurs revenus baisser.
Au deuxième trimestre 2007, les recettes
publicitaires de la chaîne TF1 ont diminué de 5% par rapport
à la même période de 2006, avec 467,7 millions d'euros,
alors qu'elles avaient progressé de 6,1% au premier trimestre
(atteignant 457 millions d'euros). Sur l'ensemble des six premiers mois de
2007, ces recettes n'ont donc progressé que de 0,2%, avec 924,7
millions, malgré l'arrivée de la grande distribution qui
représente 6% des budgets.
Le problème, c'est que les soucis structurels de la
chaîne face à l'évolution d'Internet et de l'IPTV n'ont pas
été traités correctement à la base. Aujourd'hui,
plus le titre baissera moins la chaîne aura d'argent pour investir dans
les nouveaux médias, et plus l'arrivée de nouveaux acteurs
viendront les concurrencer sur un marché ou ils étaient en
position dominante. Ainsi, ce qu'il aurait fallu faire il y a quelques
années va devenir de plus en plus difficile à accomplir
aujourd'hui.
Selon une étude du cabinet Mc Kinsey, les
régies traditionnelles de télévision voient leur pouvoir
de vente chuter, et ceci pour les raisons suivantes :
- 15% à cause de l'inflation des coûts de
transmission ;
- 23% à cause d'un changement de chaîne pendant
la pub ;
- 9% à cause d'un changement d'activité pendant
la pub ;
- 37% à cause de la saturation des messages
publicitaires.
3.2.2 Internet, une valeur sûre dans le Mix
Média
En passe de se transformer en véritable média
de masse, le Web s'impose petit à petit dans les budgets de
communication des annonceurs. Considéré par la plupart des
agences de communication comme un support complémentaire et alternatif,
il offre de nouvelles possibilités et améliore la couverture, la
pression et la rentabilité des campagnes.
L'intégration d'Internet dans les
stratégies publicitaires.
Les investissements publicitaires en ligne ont
progressé en France de 64,3% en 2005 alors que, hormis l'affichage, tous
les autres médias sont en baisse. Pour Frédéric Joseph,
président de l'IAB France : "L'intégration d'Internet
dans une stratégie média est quelque chose
d'irréversible".
Sur la totalité des annonceurs Internet en
France, les trois quarts sont plurimédia. Malgré les croissances
exceptionnelles de ces derniers mois, il faut cependant relativiser l'impact
général du Web dans les budgets. En effet, chez les annonceurs
déjà présents en ligne en 2004, la part moyenne du Web
dans les investissements n'est que de 9%. Très peu de grands annonceurs
consacrent une part plus importante de leurs dépenses sur le Web que
celles consacrées à la télévision qui reste le
support privilégié des grandes marques. En général,
leur but et celui des agences est d'optimiser leur mix média en y
intégrant l'Internet.
Le support Web est très peu utilisé par les
grands annonceurs comme seul support de communication, mais il est très
souvent couplé avec d'autres supports dans une stratégie mix
média.
« L'affaire Twingo » est
aujourd'hui un cas de référence grâce à
l'utilisation d'un mix média très efficace, avec une
qualité artistique provoquant un buzz énorme. Renault relaie son
plan de communication principalement sur le Web avec la mise en ligne d'une
mini série de fiction composée d'une
intrigue : « Qui a volé la Twingo de Laetitia
Casta ? ». Cette vidéo utilise les supports comme
Youtube, Daily Motion mais aussi un site dédié invitant
l'internaute à jouer. Même si une part du budget est aussi
consacré aux supports traditionnels, c'est le Web qui a
nécessité le plus d `énergie dans cette campagne,
preuve de l'importance de ce support de communication.
Une audience mesurée et des coûts
diminués
Grâce à de nouveaux outils, les campagnes en
ligne permettent de contrôler les coûts plus efficacement que sur
les médias traditionnels.
Ainsi, le système
AdWords de Google ou de Yahoo,
avec son système
PPC
Overture, permet d'atteindre les internautes au moment où ils
effectuent une recherche sur un produit ou un service précis. Le site
Web de l'annonceur enregistre alors les visites de clients potentiels
ciblés avec une tarification au coût par clic (CPC), ce qui
signifie que l'annonceur paye uniquement lorsque les utilisateurs cliquent sur
son annonce.
Récemment, Google apporte encore des outils
supplémentaires permettant une meilleure connaissance de ces cibles avec
l'ajout sur l'interface Adwords de Google Analytics. Cet outil permet
d'optimiser encore mieux tous les ROI (Retour sur Investissement) en assurant
automatiquement le suivi des mots clés, la visualisation du cheminement
des visiteurs ou la comparaison des campagnes avec mots clés.
Internet se distingue donc des médias traditionnels,
grâce à des mesures d'audience qui permettent de séduire
les annonceurs et tous les acteurs de la publicité en ligne. Comme
l'explique Bruno Louy, directeur général adjoint de MPG Media
Contacts : « Etant donné que l'audience se fragmente
et que les coûts augmentent, ne pas utiliser Internet, c'est financer de
la déperdition. »
3.2.3 Mobile Marketing
L'essor actuel du marketing mobile et les nouvelles
évolutions techniques émergentes vont ouvrir de nouvelles
perspectives aux marques et aux annonceurs en France. Selon Philippe Le
Fessant, Directeur associé de Jap'Presse : « Les
années 2008-2010 vont être une phase de belle croissance
pour le marketing mobile en France. »
Les nouvelles possibilités technologiques
et commerciales.
Le déploiement massif de technologies mobiles
innovantes favorise un enrichissement des usages des consommateurs et offre aux
annonceurs de nouvelles pistes d'action marketing. Les innovations
technologiques sont de trois sortes : le haut débit, la
vidéo et la géolocalisation, qui pourront être
utilisés à des fins marketing.
Avec le haut débit sans fil, les
téléphones portables vont pouvoir supporter des contenus de plus
en plus importants. Cela va permettre l'échange de beaucoup plus
d'informations.
La géolocalisation va, elle aussi, se
développer dans les années à venir. Avec plus de 35 000
antennes relais en France, la géolocalisation va permettre de situer de
manière précise et rapide la localisation d'un client mobile.
Ainsi, une multitude d'offres et de promotions seront donc envisageables.
D'autres technologies, telle que la RFID (Radio Frequency
Identification), sont rentrées dans le champ des possibles aujourd'hui.
Il s'agit de transmission de données sans contact : l'application
de cette technologie pourra permettre de transformer son mobile en outil de
paiement sécurisé, en tickets restaurant mobiles, en coupons de
transport en commun...
Le mobile a aujourd'hui des jours radieux devant lui, avec
des possibilités, tant au niveau marketing que commercial, qui restent
aujourd'hui source d'opportunités.
Les nouvelles offres publicitaires pour le
mobile
Face au potentiel très important dans le domaine de
la publicité sur le mobile, les acteurs trouvent avec le mobile un
marché encore vierge. Par exemple, Google a lancé la version
mobile de Google Adwords en avril 2007 au Japon avant de lancer le service aux
États-Unis, en Angleterre et en Allemagne
Dans le même élan, les opérateurs
téléphoniques après s'être adaptés à
la diffusion de contenus pour mobile créent leurs propres régies
publicitaires mobile, afin de stabiliser leurs modèles
économiques qui se rémunèrent très peu sur
l'abonnement, mais plus sur le trafic généré par ces
services
Ainsi, SFR crée en juin 2007 la régie
marketing mobile, cette nouvelle activité offre aux marques une
visibilité directe auprès des clients SFR, via leur mobile. De
son côté, Bouygues Telecom profite des effets de synergies avec
la chaîne de télévision TF1 pour ouvrir sa régie sur
ses 650 sites i-mode et wap, l'intérêt étant de proposer
des campagnes multicanales, à la fois sur mobile et sur TF1.
Aujourd'hui, l'élément qui pourrait
accélérer le développement de la publicité sur
mobile serait les offres de navigation illimitée sur Internet mobile.
Comme c'est le cas au Japon où ce type d'offres a fait décoller
Internet mobile et ensuite la publicité.
3.3 Développement du modèle
économique traditionnel
3.3.1 Vers la gratuité
De plus en plus exigeant, le consommateur moderne
considère est de plus en plus critique sur les sommes qu'il
dépense dans sa consommation média.
Une culture du gratuit
Conçue comme un système d'échange
ouvert, où chacun met son savoir à la disposition de tous, la
culture du gratuit est enracinée dans la préhistoire d'Internet.
Ainsi, le développement du Web 2.0, avec la
diminution des coûts à l'entrée et grâce à la
démocratisation des outils de production ou de partage de contenus en
ligne, permet à des acteurs de différentes tailles de rentrer
facilement sur le marché.
Le consommateur a déjà l'habitude de consulter
des blogs d'informations, des vidéos sur Youtube ou Daily Motion, voire
à télécharger en Peer to Peer sans payer. Ce consommateur
expert est rentré dans un réel culte de la gratuité.
Le gratuit d'information
Le consommateur considère que l'information est un
droit acquis qui ne doit pas se monnayer.
Le modèle du tout gratuit s'est propagé
au-delà des frontières du « on-line ». A la
fin des années 2000, les groupes Kinnevik et Schibsted lancent avec
succès le concept de quotidiens gratuits d'information et exportent leur
modèle économique et éditorial dans le monde entier. Le
succès rencontré par ces journaux auprès d'un lectorat,
jeune et urbain pour la plupart, a contraint la presse traditionnelle à
réagir.
Aujourd'hui, les journaux gratuits, comme les pionniers sur
le marché français, Metro et 20 Minutes ou Matin plus
(créé par les groupes Le Monde et Bolloré pour rentrer
dans la presse gratuite) sont désormais en tête des meilleures
diffusions de la presse quotidienne française. Ces quotidiens gratuits
sont destinés au même public que celui d'Internet, où
dominent les jeunes urbains actifs, dont ils renforcent la conviction qu'il
n'est pas toujours indispensable de payer pour s'informer ou accéder
à la culture de masse.
Les gratuits d'information font ainsi apparaître la
notion de « infotainment », laissant une place importante
à la publicité qui est la source de leur business modèle.
La stratégie de ces groupes est donc d'augmenter petit à petit le
nombre d'annonceurs dans leurs journaux.
Les dérives de la
gratuité
L'internaute a ainsi intégré cette
révolution numérique qui interpelle tous les créateurs de
contenu. La MPAA (Motion Picture Association of America) affirme que 600 000
films sont téléchargés chaque jour sur Internet,soit un
manque à gagner de 3,5 milliards de dollars américains par
année à l'échelle mondiale. Entré dans une mode de
consommation courante, l'usage du Peer to Peer, selon une récente
enquête de Médiamétrie, montre que 85% des 11- 19 ans se
sont déjà connectés à Internet. Parmi ce public
déjà familiarisé avec le Web, 84% sont des internautes
réguliers et, parmi ces derniers, 37% ont
téléchargé de la musique et 29% de la vidéo.
Mais, comme nous l'avons vu plus haut, ses dérives sont
de plus en plus maîtrisés avec l'arrivée d'offres gratuites
financées par la publicité.
3.3.2 Business Modèles à mettre en place
Dans cette logique de gratuité, les modèles
sont en train d'évoluer petit à petit car ils ne maximisent pas
les sources de profits pour certains acteurs. Comme l'explique Alexis MONS dans
son article Web 2.0 :
maintenant
il va falloir gagner de l'argent, de nouveaux modèles sont en
train de se mettre en place.
Il n'existe pratiquement plus de média, mis à
part certains papiers traditionalistes, qui ont une image de marque
basée sur l'idée que leurs messages ne sont influencés par
personne. Un quotidien comme le Canard enchaîné, par
exemple, ne possède pas de site sur le Web, et pour cause,
« la ligne éditorial se refuse toute influence
économique ». Le Canard possède simplement le nom
de domaine
http://www.lecanardenchaine.fr/
mais « Le Canard ne vient pas barboter sur le
net ».
Les modèles associatifs.
Le Web permet de créer des structures basées
sur le modèle purement associatif, sans modèle économique
car non lucratif.
Par exemple, avec
Wikipedia, on quitte
la logique du secteur marchand. L'infrastructure ne rémunère pas
les contenus apportés par les contributeurs mais elle ne monétise
pas non plus la valeur ainsi produite, ni auprès d'annonceurs
publicitaires ni auprès des usagers/consultants.
Le logiciel libre et la communauté open source dont
le message est « d'avancer ensemble pour la
science » et qui sont basés sur des valeurs de partage,
de bénévolat et d'entraide font de même. Ce logiciel libre
s'applique ainsi aux logiciels dont la licence respecte des critères
précisément établis par l'Open Source Initiative,
c'est-à-dire la possibilité de libre redistribution,
d'accès au code source, et de travaux dérivés (source
Wikipedia).
La communauté a deux types d'acteurs : des
développeurs, volontaires et bénévoles, et des
utilisateurs. La production de valeur résulte d'une démarche
volontaire des développeurs, souvent sous-tendue par des valeurs
humanistes. Un dispositif juridique efficace nommé licence GNU, interdit
l'appropriation de la valeur produite par quiconque, situant résolument
le projet en dehors du secteur marchand.
Les modèles gratuits
Le Web 2.0 se développe ainsi sur des modèles
gratuits financés par la publicité. Le maître mot pour les
plates-formes médias du Web est d'attirer du trafic ce qui
détermine la valeur publicitaire de la marque média et de ses
encarts publicitaires sur son site.
La logique publicitaire, fondée sur la vente
d'espaces appuyés sur des indicateurs quantitatifs tels que pages vues
ou nombre d'utilisateurs référencés, permet à
beaucoup d'acteurs du Web de dégager des revenus. Dans cette logique de
la gratuité, de nombreux services couvrent la création de
communautés :
copainsd'avant
exploite la veine nostalgique, des opérateurs comme
Linkedin ou
Viaduc, le réseau
professionnel, ou d'autres celle de la simple mise en relation comme FaceBook,
Myspace, Hi5... Il existe même la communauté des stars et people
avec
Smallworld,
réservée à une couche privilégiée de la
population. Ces plates-formes atteignent des sommes exorbitantes, c'est le cas
de Facebook valorisé à 15 milliards par Microsoft, grâce
à sa puissance en terme de trafic corrélé à la
renommée de celui-ci.
Sur la notion de gratuité,
Google Base ou
Fremont, lancé par Microsoft,
permettent à tout un chacun de placer librement, et pour le moment
gratuitement, les contenus de son choix en ligne qu'ils soient de n'importe
quelle nature : annonces, textes, contenus numériques...
Les nouveaux business
modèles
Beaucoup de sites Web se basent sur de nouvelles approchent
marketing. C'est le cas du site
LeMonde.fr,qui possède une
offre gratuite de contenus, déclinés du support papier avec un
accès aux archives, réservé lui à des
abonnées payants.
Ce modèle est appeler le Freemium, il est de
plus en plus utilisé sur Internet. Freemium désigne un
modèle dans lequel le service de base est gratuit (free) et les
services avancés (premium) sont payants. Il est fort
prévisible que les acteurs de l'Internet évoluent en attirant
les consommateurs par des abonnement aux services premium. Il y
aurait donc une entrée de gamme financée par la publicité,
facilitant la transformation des curieux, puis des options payantes sur
abonnement.
Ce modèle économique est une approche
utilisée bien souvent par de grands acteurs du Web 2.0 tel que
LinkedIn/Viadeo, Flickr, Meetic/Match, SecondLife... Avec un ensemble de
services de base, le consommateur peut vivre une expérience
nécessaire pour se faire un avis.
La notion d'expérience est fondamentale dans ce
modèle. Essayer signifie pour le consommateur pouvoir prendre conscience
du service/produit. Cela signifie aussi pouvoir lui donner une valeur (valeur
perçue), mais une valeur due à l'expérience, et non pas
une évaluation influencée par la communication ou les avis
extérieurs. L'utilisateur peut ainsi se faire» un avis, et
les taux de conversion se réalisent en fonction de la valeur
donnée par le consommateur.
CONCLUSION:
Comme nous l'avons vu dans ce mémoire, les
possibilités offertes par les effets de la convergence sont multiples.
Les doutes sont nombreux pour les médias traditionnels dans un
environnement qui évolue très vite, où il n'est pas
possible aujourd'hui de décrire précisément de quoi sera
fait l'avenir, aussi bien au niveau technologique, commercial qu'au niveau
sociologique. Cependant, il est sûr que les médias modernes
évolueront sur des notions abstraites comme la multiplicité,
l'interactivité, la proximité...
Tous ces facteurs sont plus des opportunités que des
menaces pour les médias traditionnels. Ainsi, la seule solution pour ces
derniers est de s'adapter à ces nouvelles variables et de faire jouer
leurs puissances de marques et financières.
Face à de nouveaux entrants sur le marché des
médias, tels que les GYM (Google, Yahoo, Microsoft), les FAI ou le
secteur des télécoms, comme Orange ou SFR en France, qui
possèdent de solides compétences, des ressources
financières énormes et des stratégies agressives, les
médias traditionnels sont dans l'impossibilité de rester dans une
position statique. La fin de la diffusion hertzienne, l'apparition de la TNT,
le développement de la gratuité, la chute du modèle payant
sont des évolutions qui nécessitent des changements
stratégiques pour les médias traditionnels.
Il y aura donc encore de nombreux changements sur ce
marché, nous ne sommes pas encore sur un marché structuré
et le développement du numérique et de son intégration
dans les stratégies des grands groupes médias nous réserve
d'autres évolutions.
La migration des consommateurs et des annonceurs sur
Internet et le mobile changent la donne. Ainsi, les médias se doivent
d'intégrer ces nouveaux supports dans leur stratégie globale.
Si ce mémoire n'a donc pas la prétention
d'amener une solution précise sur les modèles à suivre
pour les médias traditionnels, il peut cependant permettre de
dégager des tendances et d'analyser les grands axes de
développement. Il n'aura pas non plus adopté une position
tranchée sur l'avenir du marché, mais il laisse la
possibilité à chacun des groupes médias d'appliquer ses
propres outils face aux effets de la convergence. La révolution du
numérique ne tuera pas les médias traditionnels, chaque acteur
devra s'adapter à un nouvel environnement dicté par les
évolutions technologiques.
Bibliographie
Livres:
The Long Tail: Why the Future of Business is Selling Less
of More de Chris Anderson
Traditional Media And The Internet de
Sylvia
M. Chan-Olmsted
Web 2.0 - Les internautes au pouvoir de par
Jean-François Gervais
Blogs :
Demain tous
journalistes ? Benoît Raphaël
...
blogs buzz & néomédias ...
Andrew Keen ON MEDIA,
CULTURE AND TECHNOLOGIE : The future with a twist
De
tout et de rien...
blog Media & Tech de
Didier DURAND
Presse
interactive
Télévision 2.0 et
vidéo numérique
Loic Le Meur
Blog
Mémoires et rapports :
Médias
traditionnels et acteurs du Web 2.0 : vers la cohabitation ou la convergence
des acteurs de l'information et du divertissement ?
Julien Cabani
2005-2006
Révolution
numérique et nouveaux comportements de consommation : implications sur
la politique produit.
Antoine LEVY
1999-2000
LA
PRESSE AU DEFI DU NUMERIQUE
Marc
TESSIER février 2007
Sites :