UNIVERSITE DE ROUEN
UFR DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE
LABORATOIRE L. E. D. R. A
MEMOIRE DE MAÎTRISE
Thème :
CRISE AGRICOLE DANS UNE VALLEE DE CASAMANCE : LE
BASSIN DE GOUDOMP (SENEGAL)
Présenté par : Sous la direction de
:
Insa MANGA Michel LESOURD
Professeur
Année Universitaire 2002- 2003
DEDICACES
A la mémoire de mon
père
Puisse son âme reposer en
paix.
A ma mère, inlassable
éducatrice,
Femme qui a consenti à bien des
sacrifices
Sans se plaindre et m'a donné sans
réserve tout ce qu'elle a.
SOMMAIRE
SIGLES ET ACRONYMES
Avant-propos Introduction générale
Problématique Méthodologie
PREMIÈRE PARTIE : COMPLEXITÉ DU
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP
Chapitre I : Une vallée riche en
potentialités agropédologiques
Chapitre II : Contraintes du climat et
problématique de la maîtrise de l'eau
Chapitre III : Environnement démographique,
sociologique et socioéconomique
DEUXIÈME PARTIE : MAÎTRISE DE L'EAU ET
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE : HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A
RÉSULTATS MITIGÉS
Chapitre I : La MAC : «un projet
d'assistance»
Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention
inachevée
Chapitre III : Les facteurs explicatifs des contre-
performances post- opération de développement
TROISIÈME PARTIE : CRISE, STRATÉGIES
PAYSANNES ET NOUVELLES ORIENTATIONS AGRICOLES
Chapitre I : Analyse du contexte de la crise
Chapitre II : Pour une nouvelle approche du
développement local
Conclusion Générale
BIBLIOGRAPHIE ANNEXES
Table des matières
SIGLES ET ACRONYMES
AJAC : Association des Jeunes Agriculteurs de la
Casamance
BRGM : Bureau de Recherche Géologique et
Minière
CAR : Centre d'Animation Rurale
CERP : Centre d'Expansion Rurale Polyvalent
CFA : Commission Financière
Africaine (monnaie des anciennes colonies françaises de
l'Afrique de l'ouest)
CIVGE : Conseil Inter Villageois de Gestion de
l'Eau
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal
CNCR : Conseil National de Concertation et de
Coopération des Ruraux
CRA : Centre de Recherche Agricole
CVGE : Conseil Villageois de Gestion de l'Eau
DAT : Direction de l'Aménagement du Territoire
DEH : Direction des Études Hydrologiques
DPS : Division de la Prévision et de la
Statistique
EDS : Enquêtes Démographie et
Santé
ENDA : Environnement et Développement au
Tiers- Monde
FADECBA : Fédération des
Associations de Développement Communautaire du
Balantacounda
GIE : Groupement d'Intérêt
Economique
IGN : Institut Géographique National
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
ISRA : Institut Sénégalais de
Recherche Agricole
MAC : Mission Agricole Chinoise
NPA : Nouvelle Politique Agricole
ONCAD : Office National de Coopération et
d'Assistance au Développement
ONG : Organisation Non Gouvernemental
ORSTOM : Office de Recherche Scientifique et
Technique d'Outre- Mer
PAS : Plan d'Ajustement Structurel
PASA : Plan d'Ajustement du Secteur Agricole
PIDAC : Programme Intégré de
Développement Agricole de la Casamance
PNAE : Plan National d'Action pour
l'Environnement PRIMOCA : Projet Rural Intégré
de la Moyenne Casamance PRS : Projet Rizicole Rural de
Sédhiou
PROGES : Projet de Gestion des Eaux du Sud
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SATEC : Société d'Aide Technique
et de Coopération
SOMIVAC : Société de Mise en
Valeur Agricole de la Casamance
SONACOS : Société Nationale de
Commercialisation des Oléagineux du Sénégal
UCAD : Université Cheikh Anta DIOP
UICN : Union Mondiale pour la Nature
USAID : Agence Américaine pour le
Développement International
AVANT - PROPOS
Depuis plusieurs décennies, de nombreuses
recherches ont mis en évidence la situation
socio-économique précaire du monde rural
sénégalais. La réduction de la pauvreté,
notamment en milieu rural par la relance du secteur agricole, est devenue
l'objectif prioritaire
de la politique de l'État.
L'une des manifestations majeures de la crise multiforme et
généralisée qui frappe actuellement le bassin de
Goudomp réside dans l'effondrement de son agriculture et,
subséquemment, son incapacité à s'auto suffire sur le plan
alimentaire. Or, au regard des enjeux actuellement en cause, notamment ceux
relatifs à la sécurité alimentaire et à la survie
économique de la région, il urge de revisiter
l'approche stratégique du type de développement mis en
oeuvre jusqu'à nos jours.
Dans cette perspective, l'agriculture, en l'état
actuel des structures et compte tenu des immenses potentialités
existantes, constitue assurément le secteur capable, s'il est
judicieusement valorisé, de tracter l'ensemble de
l'activité économique dans le cadre d'un développement
véritable, irréversible et équilibré du bassin.
Ce travail qui marque nos débuts dans la recherche est une
contribution à l'étude de
la géographie du développement. Il nous
paraît intéressant dans le contexte de la crise agricole
et dans le cadre de la recherche de solutions appropriées, de
formuler des problématiques et de proposer des stratégies pour
une meilleure mise en valeur des bas- fonds devenus aujourd'hui très
convoités par les paysans.
Notre objectif est de faire le point des informations
disponibles, détecter les mutations dans les domaines physiques,
humaines, sociologiques, culturales, technologiques..., mais surtout
d'apporter des éléments de réponse à quelques
questions clés que se posent aujourd'hui tant les pouvoirs publics
que les populations locales. Ce sont ces questions qui prendront la forme
d'hypothèses de travail qui ont guidé le choix de nos
informations et de nos enquêtes.
Ce présent mémoire est l'illustration de
l'intérêt particulier que nous portons à la question
du développement dans le monde rural en général et dans le
bassin de Goudomp
en particulier.
Cette étude ne s'est pas faite sans difficultés qui
s'expliquent notamment par la modicité des moyens mis à notre
disposition.
Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos
remerciements d'abord aux membres du jury qui nous font l'honneur de le juger.
Mention spéciale à M. LESOURD qui a
la lourde responsabilité d'encadrer ce mémoire et
qui en dépit de son emploi du temps chargé, l'a fait avec
conscience, rigueur et efficacité. Nous tenons à lui remercier
pour sa disponibilité permanente et ses critiques constructives si
nécessaires à la finalisation du
texte.
Nos remerciements iront ensuite a l'endroit de tous les
professeurs du département de Géographie de l'université
Cheikh Anta DIOP de Dakar qui ont initié et guidé nos premiers
pas dans la recherche ainsi qu'a tous les enseignants du
département de Géographie de l'Université de Rouen qui
ont assuré la continuité de leurs collègues de Dakar.
Que soient vivement remerciées toutes les personnes
qui nous ont aidés dans l'avancement du travail. Nous pensons
notamment a :
V M .Vaque NDIAYE, coordinateur de l'I.S.R.A
Djibélor
V M. Abdoulaye BADJI responsable du Centre de documentation
de l'I.S.R.A. Djibélor.
V M. Pierre TENDENG, ancien Directeur du PROGES
V M. Edouard SADIO, Directeur en retraite de l'école
Publique de Birkama et
Président du CIVGE
V M. MANSALY, Directeur de l'école publique de Goudomp
III.
V M. Augustin DIEME a L'IRD de Dakar
V M. Dominique BADIANE (Paix a son âme) et M. Djibril
DIEDHIOU a Goudomp.
V M. SEYDI Adjoint au Maire de Goudomp
V M. MANE Bacary, notable a Bacoundi
V M. AIDARA Chérif Daha, Doctorant a
l'Université de Rouen
Pour leur soutien moral permanent et pour leur esprit de
solidarité nous disons merci a :
M. BASSENE Antoine, M. BASSENE Arfang, Mlle BADJI Laure,
M. CAMARA Mamadou Lamine, M. CISSE Boubacar, Mlle Chantal SOBRINO TAFUNELL, M.
DIOP Mouhammadou El Amine, DIOP Moussa, M. GOMIS Michel, M. MANGA
Abdel Latif, M. MANGA Daouda, MANGA Christian Thierry, MBAYE Moussa, MBAYE
Ousmane, NDIAYE Mame Yacine, SADIO Yankhoba, M. SY Atoumane, M. TENDENG
Djitendeng et famille.
Nos pensées vont tout naturellement a nos frères
et soeurs dont le soutien dans tous les domaines durant ces longues
années ne saurait être évalué.
Enfin que tous ceux qui ont, de prés ou de loin,
contribué a la réalisation de ce
mémoire trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
Carte 1 : Localisation du bassin de
Goudomp en Casamance (Sénégal). Source :
MONTOROI, J. P. 1996
Carte 2 : Vue d'ensemble du bassin de
Goudomp. Source : MANGA I., 2003
INTRODUCTION GENERALE
La sécheresse persistante qui sévit depuis
1968 dans les pays du Sahel a eu pour conséquence outre le
déficit hydro pluviométrique et ses répercussions sur
l'agriculture et l'économie, la prise de conscience de la
nécessité de maîtriser et de gérer au mieux
les ressources en eaux existantes. Il en est résulté en
Casamance l'élaboration de multiples programmes de mise en valeur
agricole initiés par différents acteurs du
développement (USAID, PRIMOCA, SOMIVAC, PIDAC, DERBAC, ORSTOM, ISRA,
ENDA ...) avec des résultats plus ou moins mitigés.
La question de la maîtrise de l'eau reste de nos jours
pendante dans le bassin de Goudomp et les mesures prises par les
pouvoirs publics n'ont pas encore apporté des réponses aux
attentes de la population paysanne. C'est dans ce cadre que
s'inscrit ce
travail.
Le bassin de Goudomp, d'une superficie de 55 km2, se
situe a une cinquantaine de kilomètres a l'est de Ziguinchor sur la
rive gauche de fleuve Casamance dont il constitue
un sous bassin. Il s'étend entre 12° 27' et 12°
35' de latitude nord et entre 15°50' et 15° 55'
de longitude ouest. Il est essentiellement situé
dans l'arrondissement de Diattacounda, département administrative de
Sédhiou. (Carte 1)
Le bassin se présente en deux embranchements (le marigot
de Goudomp et celui
de Birkama) qui se rejoignent en aval dans une zone de
convergence renfermant en son sein un îlot de savane arborée
avant de se jeter dans le fleuve Casamance. A l'exutoire dans la partie
septentrionale du bassin, est aménagé un barrage anti-sel par le
PROGES a
la demande de la population locale. (Carte
2)
Il est peuplé d'une dizaine de villages a majorité
Balantes, Mandingues, Mandjaques
ou Mancagnes situés dans sa proximité. Ce
sont d'amont en aval : Bindaba 1, Bindaba 2, Akintou Mancagne I et II,
Diouniki, Bacoundi, Birkama et Goudomp. Il convient de noter que Goudomp et
Birkama détiennent la quasi-totalité des terres des bas- fonds
sous forme de tenure marquée par la prévalence du droit
coutumier sur celui relatif au Domaine National.
L'activité économique est essentiellement
polarisée par l'agriculture (riz, arachide, mil, fruits...) et la
pèche. Le contexte physique (climat et ressources disponibles) offre
des opportunités énormes. En effet, les bas- fonds de
Goudomp et de Birkama - avec des avantages liés a leur
situation topographique basse, la fertilité des sols, la
pluviométrie relativement importante et régulière, la
présence d'une vielle tradition rizicole au niveau des
populations- ont toujours été des zones naturellement favorables
a la riziculture.
A l'image du reste du pays, le bassin de Goudomp reste
caractérisé par un climat marqué par une alternance de
saisons sèche et humide, des températures élevées
et une chaleur persistante presque toute l'année. Le sol est
très sableux en profondeur et en surface, billonné sur la
plus grande surface du bassin. La végétation est
constituée de forêt
claire a la savane arborée.
Le bassin vit une double crise entretenue par des facteurs
aggravants: une crise de la production (déficit vivrier chronique,
allongement de la soudure) et une crise du modèle de
vie (lié aux comportements et a
l'interprétation des héritages socioculturels) Elles se
maintiennent et s'approfondissent davantage a cause de la pratique de
l'usure et de la déconnexion géographique ; l'enclavement
perturbe tous les systèmes de régulation de la crise et
participe a alourdir «l'impôt de l'éloignement» .
Toutes les denrées de grande consommation sont plus chères
dans la région. Les déplacements sont hypothétiques
a cause d'un système de transport globalement défectueux
(pistes, véhicules de transport, etc.)
PROBLEMATIQUE
Plusieurs raisons fondent notre choix pour le bassin de
Goudomp et pour le thème dont il est le support : Crise
agricole dans une vallée de la Casamance : le bassin de
Goudomp. Il s'agit d'une région en crise dont les
problèmes de développement sont nombreux. Les handicaps sont
de nature diverse : certains ont trait a l'écosystème ( climat
aléatoire, sols pauvres, apparition de sel en aval du bassin...)
tandis que d'autres sont directement socioéconomiques( poids
démographique, taille relative faible des exploitations,
faible niveau de vie de la population, manque de crédit,
système de production...)
La dégradation des conditions climatiques
observée a partir du début des années
1970 dans toute la zone soudano-sahélienne avec
une diminution de la pluviométrie, la faiblesse des crues des cours
d'eau et la forte remontée des biseaux salés a l'intérieur
des vallées a eu comme conséquence majeure la sursalure et
l'acidification des sols alluviaux. Les effets néfastes de cette
péjoration du climat sur les conditions de vie des populations, sur la
répartition des ressources en eau du milieu et globalement sur
l'économie locale, inquiètent les pouvoirs publics qui ont
entrepris des mesures visant a enrayer les processus
de dégradation et a favoriser l'intensification et la
sécurisation de la production agricole dans
les bas- fonds. En effet, zone de concentration des
écoulements de surface, les bas- fonds ont vite attiré
l'attention des acteurs de développement dans le cadre de leurs
recherches de solutions a la crise post- sécheresse du monde
rural. Il a été question d'orientations permettant une
bonne maîtrise et une gestion rationnelle des ressources
en eaux disponibles.
La valorisation des potentialités en eaux et en terres
de Goudomp était a l'ordre du jour dès 1968 et les
premières actions menées par la M.A.C (Mission Agricole Chinoise)
ont porté sur la riziculture inondée. L'objectif visé a
travers ce projet était l'augmentation de la productivité par la
maîtrise de l'eau (petite irrigation, aménagement de diguettes
anti-sel...) ; par l'introduction de nouvelles techniques culturales
(motoculture, culture attelée) et de variétés
améliorées. Mais l'espoir tant suscité par ce
projet n'a été que temporaire. Si
l'objectif de l'amélioration du rendement a
été atteint, il ne s'est pas inscrit dans la
continuité.
Les multiples contre- performances constatées
après leur départ s'expliquent- elles par
l'inadéquation et /ou l'obsolescence technique des infrastructures
et équipements découlant des déficiences dans le
système de gestion des aménagements ? En d'autres termes,
la crise que traversent les paysans du bassin de Goudomp est- elle
liée a leur incapacité a gérer l'héritage de ce
projet?
En 1994, fut mise en oeuvre, sous la houlette des ONG et des
projets tels que le PIDAC et le PROGES, une politique d'aménagement
des bas-fonds rizicoles de Casamance axée notamment sur la
construction de petits ouvrages a coût relativement modique dont celui de
Goudomp. L'objectif est d'empêcher les intrusions des biseaux
salés et de permettre la récupération progressive des
terres. Cette politique a vu l'adhésion totale des villageois qui
participent physiquement et financièrement aux travaux.
En dépit de ces diverses interventions,
aujourd'hui ce bassin, aux potentialités économiques
considérables, a vu la quasi - totalité de ses activités
ralenties, voire arrêtées. Les moyens de tous ordres ont
été réduits, une partie des populations se trouve
déplacée,
les terres continuent a se saliniser et les villages,
jadis prospères, se paupérisent. Cette situation
inquiète plus d'un et suscite beaucoup d'interrogations : faut-
il persister sur la monoculture pluviale du riz alors qu'il y a des
possibilités de diversification en optant pour les cultures de contre-
saison ? Les contraintes physiques ou naturelles constituent- elles le seul
handicap au développement du bassin ? Les difficultés pour le
monde rural de supporter les variations climatiques ne
révèlent- elles pas la fragilité permanente du
système de production ? Pourquoi les hommes ne s'impliquent-
ils pas dans les cultures des bas- fonds ? Sous quelle forme
exploiter les terres récupérées : agriculture
familiale ou villageoise ? L'essor d'une agriculture familiale peut -
elle entraîner dans l'avenir la réalisation des ambitions
de l'autosuffisance alimentaire ? Ces questions n'ont rien
d'exceptionnelle, mais ici elles se posent toutes en même temps et avec
la même acuité. Le problème est donc posé de
savoir s'il est possible de proposer des alternatives aux pratiques
paysannes actuelles, tant en ce qui concerne le choix des
spéculations que les techniques agricoles et l'organisation sociale de
la production.
Par ailleurs, il sera d'une utilité
certaine de savoir comment les populations paysannes
réagissent face aux contraintes qui ont pour nom :
démographie galopante avec comme corollaire la pression sur les
terres ; faible niveau d'investissement, régime foncier qui ne prend
pas en compte la femme principale actrice dans le bas-fond.
La crise agricole dans le bassin de Goudomp est aussi une crise
agraire provoquée par l'insécurité. En effet, la
radicalisation de la crise casamançaise a causé un grand
nombre
de victimes civiles, d'importants mouvements des populations, le
départ précipité de projets
de développement, la chute brutale de la
production et de l'économie locale ainsi que la
désintégration du tissu social. Un phénomène
d'abandon de la terre par les paysans et de marginalisation des migrants
dans les gros bourgs a l'image de Goudomp en sont la
conséquence. Cette concentration des populations
déplacées dans des zones dites
sécurisées provoque le
déséquilibre du binôme population/ressources et
entraîne la détérioration rapide des structures
agraires par le morcellement des exploitations et la diminution du nombre
des unités viables.
Les pouvoirs publics et les collectivités locales ont
dès lors un défi majeur a relever
en ce qui concerne le développement du bassin de
Goudomp. L'accent doit être mis sur le volet «recherche» car
une stratégie d'intervention efficace implique
nécessairement une bonne analyse permettant de connaître les
populations, les ressources du terroir, les systèmes de
fonctionnement de la société et les contraintes
auxquelles elles sont confrontées.
C'est dans cette optique que s'inscrit notre
étude dont le modeste objectif est de dégager sur la
base de données physiques et sociologiques, les
problèmes de développement de ce bassin a travers une mise en
évidence des potentialités et contraintes
du milieu, un diagnostic du système de production et
des structures sociales et une analyse critique de l'action des
différents projets. La place des facteurs physiques ne sera pas
minimisée, mais on cherchera a voir comment ceux- ci se conjuguent avec
un ensemble de facteurs économiques et socioculturels pour
expliquer la fragilisation des systèmes de production ayant aboutit
a une crise généralisée dans le bassin. Une telle
étude, qui n'a pas encore de nos jours été faite,
nous permettra certainement de comprendre pourquoi le bassin de Goudomp,
avec toutes ses potentialités n'arrive pas a assurer la couverture de
ses besoins alimentaires. Notre problématique géographique
ne saurait avoir un sens si nous n'apportions de réponses claires
aux différentes interrogations et proposer une issue palliative. C'est
fort de cela que nous tenterons de présenter, ou mieux de recommander un
ensemble de stratégies qui permettront a l'avenir un
développement agricole «réaliste» du
bassin.
Ce présent mémoire se veut une contribution a
la prise de décision des acteurs du développement. Puisse t-
il permettre d'attirer l'attention des pouvoirs publics, les
collectivités locales, les acteurs privés et partenaires au
développement sur les enjeux de la mise en valeur des bas fonds du
bassin de Goudomp qui exigent des mesures spécifiques
eu égard au niveau de vie précaire de la
population et des souffrances qu'elles endurent. On peut souhaiter
également que cette étude de cas présente un
intérêt pour toute personne qui, dans le cadre de programmes
et de projets, s'interroge sur la façon d'associer les paysans,
les moyens de valoriser leurs expériences et de répondre a leurs
priorités dans les processus de planifications du
développement.
Ce mémoire est divisé en trois parties.
La première étudie la complexité du
développement agricole dans le bassin de Goudomp. Le premier chapitre
de cette partie décrit les potentialités
agropédologiques. A ce titre, il met l'accent sur les atouts du milieu
physique a travers une étude systématique du relief, des bas-
fonds et des disponibilités en eau du sous-sol. Le second
chapitre étudie le climat
comme contrainte et met en évidence le contexte
déficitaire actuel par l'analyse statistique
des données pluviométriques. Dans le
troisième chapitre, il est question d'environnement
démographique, sociologique et socioéconomique. Il
étudie la population (structure, dynamique et
caractéristiques socioéconomiques) dans un premier temps et
insiste sur l'explosion démographique et ses corollaires. Afin de
proposer des solutions adaptées aux problèmes de
développement de la zone, ce chapitre s'intéresse dans un second
temps a une analyse des systèmes de productions existants. Cette
étude aura précisément pour objectifs : d'identifier
les techniques culturales ainsi que les systèmes de cultures
mis en oeuvre dans la vallée ; de repérer et de
hiérarchiser leurs principaux goulets d'étranglements
et d'apprécier ainsi les marges de progrès les plus
accessibles ; de comprendre la logique
de fonctionnement du système tant du point de vue des
contraintes agronomiques que de la finalité socioéconomique.
La deuxième partie :«Maîtrise de l'eau
et développement agricole» est une analyse critique des
projets de développement agricole intervenus dans la vallée. Elle
oppose l'action des projets MAC et PROGES dans la conception des ouvrages, leur
gestion, les moyens et
les résultats obtenus et dresse un bilan global. Le
dernier chapitre de cette partie présente les raisons qui expliquent
l'échec dans le transfert des technologies.
La troisième partie :«Crise, stratégies
paysannes et perspectives» dresse la situation qui prévaut
actuellement dans le bassin. Le premier chapitre analyse le contexte actuel de
la crise dans le bassin. A ce propos, il souligne les manifestations lisibles
de la crise a savoir le recul des cultures traditionnelles, la
paupérisation des ménages et l'émergence d'un secteur
nouveau : l'arboriculture fruitière ; sans perdre de vue les causes ou
facteurs aggravants et
les stratégies paysannes mises en oeuvre pour faire
face aux mutations qu'entraîne la crise. Cette partie se termine
par un chapitre intitulé «Pour une nouvelle approche
du développement local». Ce chapitre tire les leçons
retenues de l'expérience des différentes tentatives de mise
en valeur. Il se fonde sur un ensemble de recommandations de stratégies
pour entrevoir a l'avenir un développement local durable. Il a pour
ambition non seulement
de concevoir des voies et moyens pouvant permettre aux
producteurs d'atteindre leurs objectifs économiques a savoir
l'autosuffisance alimentaire, la minimisation des risques, la maximisation
des revenus par unité de surface ou a l'heure de travail et la
rentabilisation du capital- argent investi, mais aussi de fournir a l'ensemble
des acteurs un canevas pour une mise en valeur optimale du bassin.
METHODOLOGIE
La méthodologie mis en oeuvre pour mener a bien cette
étude peut se résumer en deux points : la collecte des
données et leur traitement.
A. Collecte des données
Pour réaliser une étude judicieuse du
bassin et de ses bas fonds, le recueil d'un certain nombre de
données a été nécessaire. Cela nous a permis de
cerner les contours de notre espace d'étude, tout en dégageant la
structure des caractéristiques des milieux physique et humain.
Les deux principales techniques utilisées pour la
collecte de l'information ont été: la recherche documentaire
et le travail de terrain.
A1 Recherche documentaire
La documentation s'est déroulée tout au long de
l'étude a travers les différentes sources de documentation de
l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Bibliothèque du
Département de Géographie, BRGM, Bibliothèque
Centrale), de l'Université de Rouen (Bibliothèque de la
Faculté des Lettres et Sciences Humaines,
Bibliothèque Universitaire) et au niveau d'organismes
d'études et de recherche du Sénégal (IRD, UICN,
DPS, ISRA, IGN, DAT, DEH) Nous avons aussi visité les archives de
la défunte SOMIVAC, du PROGES et celles
de la SONACOS de Ziguinchor pour avoir les données
sur la production arachidière du
bassin.
Il s'agit d'une analyse globale de la zone a partir du
dépouillement de divers documents préexistants
réalisés par des étudiants ou chercheurs ou produits dans
le cadre
de l'exécution des projets SOMIVAC, MAC, PROGES
(rapports d'activités, études du milieu, documents
thématiques, rapports d'évaluation et de programmation) ou
dans le cadre du plan d'aménagement du territoire (cartes des sols,
recensement de la population...)
A2. Le travail de terrain
Il s'est déroulé dans l'ensemble du bassin et a
consisté en des visites et
observations, des
enquêtes et des entretiens
avec les personnes- ressources. Les objectif assignés
étaient entre autres de :
- déterminer les caractéristiques
socio-économiques et agro techniques du bassin ;
- sonder les progrès accomplis dans le domaine d'une
meilleure gestion de l'eau et de l'adoption de pratiques pour une agriculture
durable ;
- identifier les problèmes agricoles et de gestion des
eaux ;
- quantifier la population vivant dans le bassin ;
- cerner l'organisation sociale de la production ;
- identifier les systèmes de production ;
- établir les calendriers culturaux ;
- estimer les productions agricoles ;
- diagnostiquer et de hiérarchiser les principales
contraintes de production.
Les enquêtes ont eu pour base un échantillon de 150
ménages répartis dans les villages de
Goudomp (100) et Birkama (50) L'explication est simple.
D'abord, les autres villages du
bassin a l'exception de Bacoundi ont été, pour
des raisons de sécurité, désertés de leurs
populations qui se sont installées en majorité a Goudomp ou
Birkama. Ensuite, la commune
de Goudomp compte a elle seule plus des 2/3 de la population du
bassin.
Les difficultés d'ordre matériel et financier
ajoutées aux contraintes de temps, nous ont poussé a adopter le
sondage ponctuel a passage unique. Chaque ménage est
enquêté une seule fois. A ce propos, est
considéré comme ménage tout couple marié ou
adulte (marié ou célibataire) indépendant tant du point de
vue revenus que logement . Tout individu hébergé gratuitement
et/ ou assisté financièrement est en revanche
compté comme dépendant du ménage
d'accueil1.
La méthode d'échantillonnage probabiliste ou
aléatoire a l'avantage de donner a tous
les individus la même chance de faire partie de
l'échantillon. Aussi avons- nous opté pour cette technique
où le hasard va jouer dans la désignation des ménages a
enquêter.
Auprès des ménages enquêtés,
des informations relatives a la structure, la composition et le
revenu des ménages ; mais aussi aux exploitations ont
été recueillies. Ainsi, pour ce qui est de la population
présente sur l'exploitation, on distingua les personnes
a charge de la population active en précisant
notamment leur âge, leur sexe et leur qualification
professionnelle.
La question sur le foncier met l'accent sur le statut :
propriété, location ou emprunt. Quant a l'analyse fine du
système de production, on s'intéresse aux cultures
pratiquées, aux modes de labour et instruments arables, au rendement par
rizière et a la pratique de gestion des ressources naturelles. De ce
fait, on vérifia la logique socioéconomique et mis en
évidence les principales contraintes auxquelles sont confrontées
les paysans.
Dans l'ensemble, 97% des chefs de ménage sont des
hommes, mais on a rencontré des femmes (veuves ou divorcées)
qui ont ce statut. Les ménages sont de grande taille. Un
ménage compte en moyenne 8 a 9 personnes.
Les principales difficultés auxquelles nous nous sommes
confrontés sont diverses. Sur les questions relatives a la production
agricole ou au revenu mensuel, nombre d'enquêtés n'a
pu ou su apporter une réponse satisfaisante. Par
ailleurs, certains chefs de ménage craignaient que l'enquête
ne soit exploitée par le service des impôts. Aussi avons nous dans
plusieurs cas, fait usage de la ruse pour réussir a convaincre les plus
intransigeants.
La mise en valeur du terroir étant avant tout
l'affaire des paysans principaux bénéficiaires, nous avons
réalisé des enquêtes complémentaires
auprès de personnalités qui, du fait de leur âge ou
de leur position sociale ont pu voir évoluer les pratiques
paysannes. Cette enquête menée auprès des témoins
bien informés (notables des différents villages, vieux paysans,
vulgarisateurs agricoles, ex- employés de la MAC , maîtres
d'école, présidentes d'associations de femmes ...) se fit
sous forme d'entretiens très ouverts et
visaient a comprendre quelles ont été dans la
région les transformations récentes en ce qui
1 Définition de ménage par les
enquêtes EDS 1 et 2
concerne les cultures pratiquées (espèces et
variétés), les rotations de cultures, les techniques
employées ; mais aussi pour avoir leur idée sur la gestion des
rizières et recueillir leur point de vue dans la recherche de solutions
aux différentes contraintes.
Des visites, effectuées sur le
terrain nous ont permis d'observer le parcellaire, la morphologie des
champs et de mesurer les dimensions des rizières en vue d'une estimation
des rendements.
B. Le traitement des données
Il se résume au dépouillement des
résultats des enquêtes et entretiens, et leur traitement
informatique avec les logiciels WORD, EXCEL et ADOBE ILLUSTRATOR.
PREMIERE PARTIE : COMPLEXITE DU DEVELOPPEMENT
AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP
CHAPITRE I : UNE VALLÉE RICHE EN
POTENTIALITÉS AGROPÉDOLOGIQUES
Introduction
Le cadre physique de la région naturelle de Casamance
est de nos jours l'objet de plusieurs travaux de recherche de synthèses
réalisés par différents bureaux d'études et
universitaires. Les résultats de ces études dans les
domaines aussi variés que sont la Géologie et la
Géomorphologie, la végétation et les sols ont pour une
bonne part, contribué a une meilleure connaissance de cette
région a haute vocation agricole.
Avec des sols riches sur un relief a faible pente, de l'eau
disponible en surface et en profondeur (nappe phréatique), le bassin de
Goudomp offre toutes les opportunités pour un développement
agricole.
I- Un relief monotone simple à mettre en valeur
Le relief du bassin de Goudomp a l'instar du reste de la
Casamance se caractérise par sa monotonie. Il est formé par
des bas plateaux, des interfluves séparés par des plaines
alluviales. Il s'agit de terrains intermédiaires entre les plaines et
les zones a ondulation de terrain, assez imperméables avec des zones
perméables d'étendues notoires. Les pentes longitudinales et
transversales sont faibles dans l'ensemble du bassin, conséquence de la
monotonie du relief. Les pentes les plus fortes sont inférieures a 5%.
Les valeurs de la pente s'estompent au fur et a mesure que l'on va vers l'aval.
Cette faiblesse de la pente entraîne d'une part, un ralentissement de
la dynamique fluviale avec comme conséquence un alluvionnement au
sein du lit du marigot ; d'autre part, elle facilite la remontée des
biseaux
salés a l'intérieur des terres
rizicultivées.
Cette monotonie du relief facilite sa mise en culture
qui se fait avec un outillage rudimentaire. La faiblesse des pentes
amoindrit l'érosion par ruissellement et la perméabilité
des sols favorise l'infiltration qui alimente l'écoulement
souterrain.
II- De l'eau disponible mais sous- exploitée
Notre analyse sera orientée essentiellement sur
les bas-fonds (zones d'écoulement des eaux de surface) et sur les
ressources d'eau souterraine; les précipitations étant
étudiées dans le chapitre suivant.
II-1 Les bas- fonds : un espace humide
Les bas-fonds sont, selon RAUNET2, des fonds
plats ou concaves des vallons et axes déprimés ne
possédant pas de cours d'eau importants bien marqués,
submergés pendant une période de l'année par une nappe
d'eau qui s'écoule. Les sols sont d'origine colluviale.
Le bassin- versant a une surface variant entre 1 et 200
km2. Un bas-fond peut se découper
en trois parties : l'extrême amont ou tête de
bas-fond, le tronçon amont et le tronçon aval.
II- 1-1 Un écoulement de surface
maîtrisable
Le réseau hydrographique du bassin de Goudomp est
lâche et se réduit aux deux drains principaux (le marigot de
Goudomp et le marigot de Birkama) avec respectivement deux et
un affluents sans chevelu hydrographique. Mais il est
nettement enfoncé avec lits majeurs importants, découpé
par une multitude de diguettes de rizières et lits mineurs relativement
petits a peines creusés dans le lit majeur. C'est un réseau
radial formé d'un thalweg principal issu de la convergence dans son bief
aval de formateurs d'importance similaire, les points de confluence
étant reparties sur les deux rives. Avec la faiblesse de la pente, la
vitesse de l'eau dans le réseau et particulièrement dans les
cours principaux n'est pas suffisante pour entretenir un tracé net du
lit dont la forme se dégrade d'amont en aval pour aboutir a un
cheminement parfois difficile a identifier.
Le marigot de Goudomp reçoit sur sa gauche deux
affluents, celui de Birkama en reçoit un sur sa rive gauche qui
collectent les eaux de ruissellement de la partie haute du bassin. A quelques
mètres de l'exutoire, les deux marigots se joignent et forment un bras
unique qui se jette dans le fleuve Casamance.
Le régime des rivières suit celui des
précipitations. Elle correspond a une seule saison des pluies qui
survient durant l'été boréal.
L'écoulement, temporaire en amont et pérenne en
aval, se fait du sud vers le nord.
En effet, en amont de la vallée, au
début de la saison des pluies jusqu'en février, les
réserves fournissent encore un peu d'eau, mais ensuite elles
sont taries avec néanmoins des sous- écoulements dans les
alluvions ; en aval par contre la présence du barrage maintient
les eaux durant toute l'année. L'aménagement de la digue
freine (dans une
2 RAUNET, 1992 cité par BADJI, 1998
moindre mesure) la remontée de la langue
salée a l'intérieur des rizières et permet le
maintient de l'eau durant la saison sèche. Cette eau peut constituer un
atout potentiel pour une agriculture irriguée.
II-1-2 Les sols des bas- fonds : entre salinité
et aptitude à la riziculture
Les bas-fonds de Goudomp et de Birkama recèlent une
diversité de types de sol. D'après une étude de
Sénagrosol-consult réalisée dans le cadre du
PROGES, les bas- fonds de Goudomp et Birkama renferment neuf types de sols
répartis sur cinq unités paysagiques a savoir : le lit mineur
inondé, le lit majeur inondable, les terrasses inférieures a
tanne nu et tanne herbacé et le bas-fonds inondable (terrasse
inférieure)
II-1-2-1. Typologie, caractéristiques et
répartition
Les sols de tanne (sols peu
évolués d'apport alluvial organique potentiellement
sulfatés acides, sols hydro morphes minéraux argilo
limoneux a gley salé, sols sulfatés acides a horizon de
jarosite peu profond, sols sulfatés acides argileux a
horizon de jarosite moyennement profond) couvrent une superficie de 160 ha
et se caractérisent par une forte acidité et une salinité
en aval suite a l'effet de digue créé par la piste
latéritique qui traverse
les deux bas-fonds et joint Goudomp a Birkama. Leur texture
argileuse favorise un drainage pauvre a imparfait. Les sols de tannes sont
identifiés principalement en amont de cette piste latéritique.
Les sols potentiellement sulfatés
acides ou acidifiés, identifiables dans le
thalweg, représentent les terres inondables situées en
dessous du point altimétrique 1,2
IGN. Il est noté par ailleurs une très
faible profondeur de sol au fur et a mesure qu'on descend vers
l'embouchure.
Quant aux sols sulfatés acides
matures situés dans les positions les plus
élevées du
lit majeur ou en bordure de bas- fonds, ils constituent 126 ha
des terres ; ils ont une texture argileuse.
Dans les zones médiane et amont du lit majeur non
atteintes par la marée, il existe
les sols hydromorphes à pseudo- gley
d'une superficie de 28 ha. Ils sont de couleur sombre
avec des nuances de gris en profondeur, leur texture argileuse en surface
repose sur un horizon poreux a peu poreux favorisant une remontée de
nappe et une saturation quasi permanente des unités a gley. Cette
situation reste propice pour la double culture dans certains endroits tels
qu'en haute vallée. Ces sols sont néanmoins pauvres en
azote et matières organiques. L'acidité mesurée varie
entre 4 et 4,8.
Sur les terrasses moyennes a haute savane, peuvent
être identifiés les sols profonds sur
matériaux d'ensemble sableux à sablo-argileux
(sols hydromorphes
minéraux a pseudo-gley argileux-sableux
alluvio-colluvionnaire) avec un bon drainage
interne par endroit excessif a cause de la pente moyenne
jugée élevée (supérieure a 5%) Ce sont des sols
acides avec des teneurs en matières organiques et azotées
médiocres.
II-1-2-2 Des sols aptes à la riziculture
malgré les contraintes de salinisation
A l'issue de cette étude menée par le
Sénagrosol- Consult la conclusion suivante fut tirée :
-76 ha soit 17,4% des terres constitués de tannes
nus ou engorgées ne sont pas cultivées. Les limitations
majeures concernent la forte acidité, la faible profondeur du sol, la
salinité qui n'affecte que les terres situées dans la partie
septentrionale du bassin en aval de
la piste latéritique Goudomp- Birkama. Après la
construction de la digue anti-sel en 1996, la récupération des
terres (encore timide) a permis une mise en valeur de quelques parcelles
a aptitude potentielle marginale.
-265 ha soit 60,6% des terres sont constituées
de tannes herbeuses et de sols a texture légère. Les
productions permises sont marginales. Les facteurs limitant sont entre
autres, la difficulté de drainage, la salinité et acidité
a faible profondeur, les risques d'érosion,
la pauvreté en matière organique. Ces terres
présentent une aptitude a la riziculture marginale a moyenne.
-96ha soit 23% des terres seulement sont
constituées de sols cultivables et a productivité moyenne a
bonne. Ces unités se rencontrent en amont des deux bras
(Goudomp et Birkama) Les principales contraintes sont les risques
d'inondation et la déficience en matière organique.
Il ressort en analysant de prés cette conclusion
que dans l'ensemble, la vallée de Goudomp présente des sols
aptes a la riziculture malgré les contraintes liées a la
salinité. Ces contraintes ont été en partie circonscrites
par l'aménagement de la digue. Par ailleurs
un apport en matières organiques et un drainage
régulier augmenteraient le potentiel agricole de cette zone.
II-2 Un sous-sol riche en ressources
hydriques
Les potentialités hydriques du sous-sol ont
été mis en évidence par quelques sondages
pétroliers et de nombreux forages et piézomètres
réalisés dans le bassin casamançais (dont ceux de Goudomp
et Birkama) lors des grandes campagnes d'étude des différents
projets initiés dans la région.
Les ressources en eau souterraine intéressent trois
systèmes aquifères correspondant aux principales formations
géologiques de la région: le Continental Terminal,
l'Oligo-Miocène
et le Maastrichtien.
a) L'aquifère superficiel du Continental
Terminal
Il est mis en évidence a travers les multiples
puits réalisés a Goudomp, Birkama et
Bacoundi. En effet, la nappe phréatique se trouve a
quelques décimètres du sol aux abords
des marigots et a une vingtaine de mètres de profondeur
sous les plateaux. Elle est captée dans toutes les localités
par des puits traditionnels et joue un rôle très
important dans l'hydraulique villageoise.
L'aquifère du Continental Terminal (C.T) est
constitué de sables fins jaunes a gris beige uniformes ou
argilo-sableux avec de fréquentes variations latérales et
verticales de faciès. Le caractère
hétérogène de ces formations détritiques du
Continental Terminal a été mis en exergue par des études
basées essentiellement sur l'observation des puits. A cause
de sa faible transmissivité et du rabattement possible
très limité du niveau de l'eau, la nappe contenue dans les
formations du «C.T » ne permet qu'une exploitation par puits et non
par forages a grand débit (KRUGER, 1980)
L'épaisseur de la nappe du « C.T », fonction
de son mode de dépôt est très variable dans le bassin
de Goudomp. Le niveau statique se trouvant vers plus de 10m sous
les plateaux et vers 0m au niveau des bas- fonds.
L'étude des variations piézométriques a
montré que la nappe d'eau superficielle suit
un cycle d'évolution saisonnière qui se traduit par
une remontée pendant la saison des pluies
et une baisse au cours de la saison sèche. La
hausse du niveau piézométrique est significative d'une
recharge pluviale : elle est rapide et substantielle sous les terrasses mais
devient différée et peu marquée sous les plateaux (MALOU,
1992)
b) La nappe de l'Oligo-
Miocène
Les études réalisées a travers le forage de
Birkama ont montré l'importance de cet aquifère dans le bassin de
Goudomp.
Les formations de cette nappe sont essentiellement
sableuses et sablo-argileuses. La géométrie de
l'aquifère, liée au mode de dépôt des sables et aux
accidents tectoniques, est irrégulière. La limite
inférieure des formations Oligo-Miocènes est
déterminée par le toit de l'Eocène. Cet aquifère se
présente sous la forme d'un ou de plusieurs niveaux superposés
de sables.
c) La nappe profonde du
Maastrichtien
Les formations du Maastrichtien sont constituées
de faciès détritique littoral. Il s'agit de sables de
granulométrie variable alternant avec des passages argileux. La
formation générale du toit de l'aquifère est
très simple (LEPRIOL, 1984) Sa limite supérieure est
déterminée par le mur des formations marneuses et calcaires du
Paléocène- Eocène moyen. Sous le niveau de la mer,
le toit descend par gradins successifs d'est en ouest. Son
épaisseur est variable.
Conclusion
L'environnement physique du bassin de Goudomp malgré de
lourdes contraintes naturelles, regorge d'énormes potentialités
agropédologiques. Les sols offrent un cadre adéquat pour une
mise en valeur. Les différents aquifères mis en place
par la géologie sont richement
dotés en ressources hydriques. Le potentiel en eau
douce, très important, se concentre pour l'essentiel dans le bas-fond
où le réseau hydrographique est relativement dense et
creusé. Les rivières sont sémi-pérennes car
suffisamment profondes pour drainer la nappe phréatique.
L'aménagement du barrage anti-sel qui a permis d'abroger plusieurs
contraintes physiques, laisse entrevoir une lueur d'espoir quant a une
mise en valeur moderne des terres pour les années a venir.
CHAPITRE II : CONTRAINTES DU CLIMAT ET PROBLEMATIQUE
DE LA MAITRISE DE L'EAU
Introduction
La connaissance des paramètres climatiques
principalement les précipitations est importante dans le cadre de notre
étude en raison de leurs influences sur le régime (pluvial) des
cours d'eau du bassin de Goudomp. En outre, les précipitations
constituent un des éléments les plus importants dont
dépendent la vie des paysans en général et l'agriculture
en particulier car de toutes les activités économiques,
l'agriculture est certainement celle qui expose le plus l'homme aux
aléas du climat.
La Casamance, englobant notre bassin d'étude,
présente un climat de type tropical sec avec alternance de saison
sèche et de saison pluvieuse. La saison des pluies (de mai a octobre)
est marquée par la prédominance de la mousson alors que
la saison sèche (de novembre a avril) est dominée par le
souffle des alizés (maritime, maritime continentalisé,
continental)
I. LES FACTEURS CLIMATIQUES
I.1. Le Cadre aérologique
La circulation générale de l'atmosphère
au-dessus du bassin de Goudomp dépend a la fois des Hautes Pressions
Tropicales et de l'Equateur Météorologique dont les
migrations saisonnières déterminent les caractéristiques
des flux d'air et des types de temps résultants.
En effet, l'évolution du temps est régie par la
circulation des masses d'air dans les basses et moyennes latitudes
communément appelée circulation tropicale ou intertropicale.
Cette circulation s'organise autour des centres d'action (cellules
anticycloniques des Açores, du Sahara et de
Sainte-Hélène)
En hiver boréal, l'Equateur
Météorologique, sous l'influence des anticyclones des
Açores et du Sahara migre vers le sud. La région subit alors
l'influence des deux circulations d'alizés aux caractères
différents : les alizés maritimes de directions nord a nord-
ouest issus
de l'anticyclone des Açores qui se confondent avec
l'alizé continental ou harmattan de
direction est dominante, issu de la cellule maghrébine.
L'alizé maritime y déverse
fraîcheur et humidité entraînant une baisse des
températures et une diminution du déficit hygrométrique ;
et dépose des brouillards et des rosées qui empêchent
parfois l'alizé continental de se faire sentir. Malgré son
humidité, ce flux (alizé maritime) est inapte a engendrer
des précipitations. L'harmattan, quant a lui se caractérise
par sa grande sécheresse et des amplitudes thermiques
très accusées. Il est accompagné de brumes
sèches.
En été boréal, le
réchauffement de l'hémisphère nord consécutif
au mouvement zénithal du soleil entraîne la mise en place
d'une dépression thermique très creusé au Sahara et
l'affaiblissement de l'anticyclone des Açores avec une position
septentrionale très marquée. Pendant ce temps
l'anticyclone de Sainte-Hélène dont la puissance
s'est beaucoup accrue du fait de la vigueur de l'hiver austral, opère
une migration vers le nord entraînant celle du Front Intertropical
(F.I.T).
La circulation aérienne s'inverse et prend une
orientation sud-ouest. Le bassin de
Goudomp est alors envahi par le «flux de mousson»
résultant de l'alizé issu de l'anticyclone
de Sainte-Hélène Son parcours maritime l'a
chargé d'un grand potentiel d'eau précipitable. Son influence se
fait sentir sur toute la zone de mai a octobre.
L'installation progressive de la mousson, son épaisseur
et ses perturbations dont le moteur est l'air polaire se
déplaçant sous forme de noyau anticyclonique mobile avec des
trajectoires variables, déterminent les types de précipitations.
L'arrivée du FIT dans la zone
se caractérise par l'apparition de cumulus qui
prennent de l'épaisseur et provoquent des orages isolés. Au
sud de ce front, des bandes de cumulonimbus de direction nord-sud se
déplacent d'est en ouest et sont a l'origine d'orages organisés
appelés lignes de grains dont
la formation et l'entretien sont liés aux noyaux
anticycloniques. Lorsque l'air de mousson est assez haut, on observe des
pluies régulières et moins intenses.
I.2. Les facteurs géographiques
Situé entre 12°27' et 12°35', le bassin de
Goudomp par sa position en latitude et sa relative proximité de
l'océan bénéficie d'un climat particulier de type
subguinéen qui reçoit de plein fouet en été, les
vents marins du sud-ouest (mousson) Cette position imprime a la zone une
légère atténuation des températures liée a
l'influence de l'alizé maritime continentalisé.
II. UNE PLUVIOMETRIE ALEATOIRE
Les données climatiques dont nous disposons, pour
notre analyse, ont été recueillies au niveau du service
de la Météorologie Nationale. A cet effet, trois
stations ont été répertoriées: il s'agit de la
station synoptique de Ziguinchor et les postes pluviométriques de
Sédhiou et de Goudomp. Les stations de Ziguinchor et de Sédhiou
ont été choisies du fait de leur proximité de la zone
d'étude et du fait de l'absence de données anciennes
pour la station de Goudomp.
II-1 Variabilité inter annuelle et contrainte de
salinisation
Les précipitations dans le bassin de Goudomp sont
principalement liées au flux de mousson (en hivernage) mais aussi les
incursions d'air polaire peuvent provoquer en saison sèche de faibles
averses (pluies de « heug »).
Pour analyser la variabilité des précipitations
annuelles, on a recours a des méthodes répandues telles que la
moyenne mobile pondérée, l'écart moyen relatif, le
coefficient de variation, l'indice de variation et la méthode des
quintiles.
La moyenne mobile pondérée permet de lisser la
courbe évolutive des précipitations annuelles. Elle traduit mieux
le comportement de la pluviométrie au niveau de la station sur
la période étudiée. Nous avons eu recours
dans le cadre de notre analyse a une moyenne glissante sur une période
de 3 ans.
La méthode des écarts moyens permet
d'évaluer les excédents ou les déficits d'une année
quelconque par rapport a la moyenne de la série. Sa formule est la
suivante :
E.M (%) = (Pi - Pm) x
100
Pm
E.M (%) = Ecart Moyen relatif en pourcentage
Pi = Pluie moyenne d'une année en mm
Pm= moyenne des pluies de la série en
mm
Le coefficient de variation (C.V) est un
paramètre de dispersion des précipitations. C'est le rapport
entre l'écart- type divisé par la moyenne. Elle donne la
dispersion des valeurs autour
de la moyenne. Quant a l'intervalle de variation (I
.V), c'est la différence entre la précipitation
maximale et la précipitation minimale annuelle de la
série.
Les quantités de pluies enregistrées
annuellement ces trois dernières décennies varient en
moyenne entre 1000 et 1200 mm. Les totaux annuels
pluviométriques connaissent une grande variabilité. Ceci est une
des caractéristiques des zones sahéliennes
où l'essentiel de la pluviométrie est
apportée par les lignes de grains dont la fréquence est
très variable d'une année a l'autre. Cette
variabilité inter annuelle est confirmée par l'intervalle de
variation (I .V = 908,1) et le coefficient de variation inter
annuel (C.V = 0,3)
Un regard jeté sur les cumuls annuels permet de constater
ce fait : durant les trois dernières décennies la station de
Sédhiou a enregistré son plus faible total annuel de pluie
en 1983 (711,3mm !) L'année la plus humide
(1999) avec 1619,4 mm présente un écart moyen de 55%
(excédent) L'hivernage a eu une durée normale (6 mois) et le
maximum est intervenu en août avec 705,5mm. Sur les trente
années d'observations quinze sont déficitaires soit 50%.
La tendance de la pluie moyenne matérialisée montre
:
- une période sèche de 1971 a 1973
- une période humide de 1974 a 1976
- une période sèche de 1977 a 1987
- une autre période humide de 1987 a 1989
- une autre période sèche de 1990 a 1992
- une période humide de 1993 a 1995
- une année sèche en 1996
- et enfin une période humide entre 1997 et 1999.
Une comparaison de cette normale (1970- 1999) d'avec
les années précédentes montre clairement la
tendance déficitaire de la pluviométrie. La moyenne
des précipitations moyennes annuelles est de 1446,1 mm entre
1950 et 1969 contre 1051,5 entre 1970 et
1999. Les années considérées comme
sèches dans la série de 1950 a 1969 ont des valeurs
de loin supérieures a la moyenne de la série de
1970 a 1999.
Il ressort de l'analyse de ces deux tableaux que les
valeurs des années moyennes et excédentaires ont fortement
baissé. La tendance générale est au déficit
pluviométrique.
Cette péjoration des conditions climatiques
observée dans le courant des années 70 a provoqué
deux types de changements sur l'évolution des sols. D'abord du
point de vue chimique, on observe une augmentation considérable de la
salinité des nappes et des sols. Cette hyper salinisation des sols
est lisible sur le terrain par l'apparition d'efflorescences salines.
Ensuite du point de vue minéralogique, on assiste a une formation
généralisée de gypse et a la présence dans certains
profils des tannes, des racines salicifères.
II-2. Variabilité inter mensuelle des
précipitations et fonctionnement hydrologique et
hydrogéologique des bas- fonds
La pluie débute a Goudomp au mois de mai (60% des
observations) et s'achève en octobre (70%) L'étendue de la saison
pluvieuse est en moyenne de six mois. Les pluies hors-saison sont faibles et
se regroupent autour des mois de janvier, février, mars et
décembre. Leur faiblesse se manifeste par des traces.
Le mois le plus pluvieux est août (55% des maxima
pluviométriques), cependant il peut se décaler au mois de
juillet (30%) ou septembre (15%) Ces trois mois concentrent a eux seuls
prés de 75% des précipitations enregistrées.
En effet, les coefficients pluviométriques durant les trente
années d'observations se répartissent comme suit : août
C.P = 28%, juillet C.P =23,3%, septembre
C.P = 22,3%.
Le coefficient pluviométrique (C.P)
permet de déterminer le mois le plus pluvieux. Il est obtenu en faisant
le rapport entre la moyenne de précipitations du mois divisée par
la moyenne des précipitations annuelles élevé en
pourcentage. Il donne ainsi la part du mois dans les précipitations
annuelles.
La variabilité inter mensuelle des précipitations
est aussi mesurée par l'intervalle de
variation (I.V) et confirmée par le
coefficient de variation (C.V)
Les mois pluvieux présente des I.V les plus
élevés (juillet : 239,2 ; août : 185,6 ; septembre :
189,3) Par conséquent la pluie est dispersée.
Cette dispersion est confirmée par les faibles coefficients de variation
(juillet= 0,3, août= 0,2, septembre= 0,3 ) Les mois non pluvieux ont des
C.V très élevés (février= 5,3)
L'analyse du mois pluvieux permet de savoir si, en fonction du
total pluviométrique reçu, on peut considérer le mois
comme étant pluvieux. Pour cela, on peut utiliser une
représentation graphique appelée profil ombrothermique
qui répond a la relation de BAGNOUL et
GAUSSEN :
P = 2 TM avec P :
Précipitations mensuelles enregistrées
TM : Température Moyenne
mensuelle
Un mois est considéré comme pluvieux lorsque la
valeur des précipitations enregistrée est supérieure au
double de la température moyenne. Dans notre bassin, la
véritable saison pluvieuse concerne les mois de juin a octobre soit une
durée de 5 mois.
L'hydrologie des bas-fonds de Goudomp et de Birkama
est étroitement liée aux précipitations qui constituent
le principal agent générateur de l'écoulement de surface.
Les volumes d'eau écoulés sont très importants car
dès le mois d'août il n'y a plus de pertes par infiltration pour
les averses qui tombent sur la zone inondée.
La remontée des nappes aquifères sur les versants
provoque leur affleurement dans
les bas-fonds. Durant la saison pluvieuse, les marigots drainent
les nappes et l'affleurement
de la nappe sur les ramifications des marigots. Les bas-fonds
alors d'une eau douce sur leur partie amont ; sur la partie aval,
apparaît une dépression piézométrique sous les
terrasses alluviales. Cette dépression piézométrique
favorise la circulation de la langue salée.
Durant la saison sèche, les nappes superficielles se
déchargent et leur niveau baisse car ne recevant pas les apports
provenant de l'infiltration des pluies. Cette diminution du niveau des
nappes est aussi le fait essentiel de l'évapotranspiration.
L'aquifère dans son ensemble comprend trois zones
de fluctuation selon les différentes formations qui la composent
:
· une zone de terrasse de profondeur comprise entre 0 et
10 m. Le niveau statique dans cette zone, passe par un niveau d'étiage
et un niveau de crue définissant ainsi deux phases de fonctionnement
de l'aquifère : une phase de recharge pendant la saison des
pluies et une phase de décharge durant la saison sèche ;
· une zone intermédiaire située entre 10
et 15 m de profondeur avec des battements piézométriques
avoisinant 2 a 15m. Ici l'onde de fluctuation reste marquée par
l'équilibre existant entre les phases de recharge et de
décharge durant l'année ;
· une zone de plateau où la nappe demeure
très profonde (+ 20m) avec des amplitudes de battements
saisonniers faibles. La stabilité de cette nappe est fonction
en grande partie a l'importance des précipitations. La péjoration
climatique depuis ces dernières décennies a eu des
conséquences sur le fonctionnement hydrologique et
hydrogéologique des bas-fonds. L'écoulement est devenu semi-
pérenne et s'étale sur plusieurs mois. L'abaissement des
nappes phréatiques consécutives a la sécheresse est
responsable d'une grande partie de l'acidification des terres des bas-fonds
(MALOU, 1992).
II-3 Analyse des précipitations
journalières
Les totaux mensuels et annuels des précipitations
cachent des disparités quant a la répartition des jours de
pluies. Pour l'analyse des précipitations journalières, on a eu
recours aux données de la station de Goudomp en dépit des
lacunes de plusieurs années qu'elle présente.
Dans l'ensemble le mois d'août concentre, le maximum
de jours pluvieux suivi du mois de septembre. La quantité de pluie
enregistrée journalièrement varie en moyenne entre
35 et 75 mm. Les années humides enregistrent le maximum de
nombre de jours de pluies.
II-4 Déficit pluviométrique et
problématique de l'eau
Comme nous l'avons démontré
précédemment, la tendance de la pluviométrie dans
notre bassin est depuis plusieurs années au déficit. Ceci
n'est pas sans conséquences sur la production rizicole dans les
bas-fonds. Les réserves naturelles en eau douce sont de moins
en moins importantes. Celle-ci ne provient que des
précipitations pendant une période qui s'est raccourcie
considérablement. En effet, le climat de Goudomp se caractérise
par deux faits majeurs :
- une distribution unimodale des précipitations qui
créé un seul cycle cultural dont dépendent a la fois
la sécurité alimentaire des paysans et leurs revenus annuels ;
- une variabilité inter annuelle et intra annuelle qui
expose constamment les cultures a des risques de sécheresse.
Or la riziculture nécessite une alimentation
régulière en eau douce. Le stockage des eaux pluviales par un
barrage et la gestion du niveau de l'eau sont devenus indispensables. Les sols
salins et acides, conséquence de la baisse de la pluviométrie,
constituent un autre obstacle majeur a surmonter. La salinité est
entretenue par les eaux marines ; la fonction anti-sel du barrage
n'empêchant cependant pas les intrusions via la nappe.
L'acidité présente dans ces sols génère dans
le milieu des éléments solubles toxiques pour les plantes.
La stérilisation de ces terres (en extrême aval du bassin) a
entraîné l'abandon de la
culture du riz en zone salée : 58% des causes d'abandon
des terres sont liées a la salinité.
Aujourd'hui, la problématique de la maîtrise
de l'eau demeure entière dans le bassin de Goudomp et invite a
une réflexion sérieuse quant aux stratégies a mettre en
place pour une augmentation de la productivité et un
épanouissement des conditions de vie des paysans.
Conclusion
Le fait majeur caractéristique du climat de Goudomp
est la distribution unimodale des précipitations et leur
variabilité interannuelle et intra-annuelle.
En dépit de la diminution des pluies consécutive
a la sécheresse des années 70, les volumes d'eau annuels
précipités demeurent suffisants pour remplir les petits
aménagements des bas-fonds durant l'hivernage. Donc, nous pouvons
affirmer que dans l'ensemble le climat reste favorable a la mise en
valeur agricole (culture sous pluie ou irriguée) bien que la
variabilité des précipitations annuelles et mensuelles
expose les cultures a des risques permanents de sécheresse.
CHAPITRE III : L'ENVIRONNEMENT DEMOGRAPHIQUE,
SOCIOLOGIQUE ET SOCIO- ECONOMIQUE
Introduction
Les données humaines disponibles ont été
recueillies d'une part a la D.P.S ( RGPH 1988 )
et d'autre part a la mairie de Goudomp disposant des
chiffres sur la population de l'ensemble des villages environnants
recensés lors d'une campagne de distribution de vivres
en 1999. Les autres informations (niveau d'instruction,
répartition des activités socioprofessionnelles...) sont les
résultats directs des enquêtes ménages que nous avons
eu a mener a Goudomp et a Birkama.
I- Structure d'une population jeune et à
croissance exponentielle
La population du bassin de Goudomp, avec environ 15.000
habitants aujourd'hui contre
10.615 en 1988, se caractérise par son évolution
rapide et sa jeunesse.
I-1 Une évolution démographique
inquiétante
Afin d'avoir une bonne perception de l'évolution de
la population, nous essayerons de transcrire les données
chiffrées par un diagramme a bâtons.
L'analyse de données démographiques montre une
forte croissance de la population dans les villages de Goudomp, Birkama,
Bacoundi et Pontodosse.
Cette croissance s'explique par plusieurs raisons parmi
lesquelles :
- un taux de natalité assez élevé eu
égard a l'amélioration du cadre de vie par la mise en place
d'infrastructures sanitaires (poste de santé de Goudomp) ;
- une affluence notable des populations des villages
environnants fuyant les exactions des bandes armées ;
- une arrivée de pêcheurs saisonniers (a Goudomp et
Birkama)
Par contre, nous notons une forte baisse voire une
disparition de la population dans les localités de Diouniki,
Akentou 1 et 2 et Bindaba 1 et 2. Ce fait est consécutif a
l'insécurité qui sévit dans la zone. Les populations ont
quitté leurs villages, abandonnant tous leurs biens pour s'installer
dans les zones plus stables (Goudomp, Pontodosse, Birkama, Bacoundi,
Guinée Bissau...)
Cette augmentation de la densité de population
est a l'origine de la transformation des paysages et des systèmes
de production agricole. Dans ce contexte, il est impératif de trouver
des méthodes adaptées pour analyser correctement la
situation et poser un diagnostic opérationnel mettant en
évidence les contraintes au développement, puis de
concevoir avec les populations un cadre de concertation et de décisions
pour les actions a entreprendre.
I- 2 Une main d'oeuvre disponible
Le volume et la structure de la population déterminent le
volume et la nature des besoins immédiats en matière sociale et
économique3.
. Répartition par âge et par
sexe
Comme partout dans le pays, la population du bassin de Goudomp
se caractérise par son extrême jeunesse: prés de 53,3% ont
moins de 20 ans. La population d'âge adulte (20-59 ans) représente
environ 43,2%. Une proportion non moins négligeable (6,7%) est
composée
de personnes âgées (60 ans et plus)
La structure par sexe montre un déséquilibre entre
la population féminine (52%) et la population masculine (48%)
Cette population jeune et féminine constitue une
main d'oeuvre potentielle pour la mise en valeur des bas- fonds.
. Répartition de la population selon
l'ethnie
L'analyse porte sur les principaux groupes ethniques
présents dans le bassin. A ce titre deux groupes (Balantes et
Mandingues) s'individualisent en constituant plus de 60% de la
population de l'ensemble du bassin. Ensuite viennent le groupe des
Mandjaques et Mancagnes avec 12,3%, les Diolas 10,4%, et les Peuls et
Wolofs 8,9 %. Le groupe des Peuls et Wolofs englobe, outre les Peuls et
les Wolofs, les Toucouleurs ou Walo- walo.
3 DPS, 1988 : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
Les Mandingues, majoritaires a Goudomp (45%) sont
également présents a Bacoundi et a Birkama où
l'écrasante majorité de la population est balante. De même
qu'on retrouve a Goudomp des Balantes (20%), des Mandjaques et
Mancagnes (10%) La population de Goudomp se caractérise ainsi
par son hétérogénéité : 99% des Diolas
du bassin y vivent et constituent 15% de la population. Les Peuls et les Wolofs
essentiellement présents a Goudomp (10% de la population), se
rencontrent également a Bacoundi et Birkama.
Le groupe des Mandjaques et Mancagnes peuple les villages
de Bindaba 1 et 2, Diouniking, Akintou 1 et 2 mais se rencontre aussi a
Birkama, Goudomp, et Bacoundi.
Chaque groupe inculque ses pratiques traditionnelles dans
l'espace où il est majoritaire.
II- Caractéristiques socioéconomiques
II-1 Niveau d'instruction et niveau de vie
Les questions posées sur l'instruction lors de
l'enquête n'ont permis que de déterminer la fréquentation
de l'école française, le niveau le plus élevé dans
cet enseignement et le niveau d'alphabétisation dans les langues
nationales.
Dans l'ensemble, le taux d'alphabétisation est de 72%
pour les moins de 20 ans. La plupart des adultes ont fréquenté
l'école française (50,12%) alors que ce taux chute a 23% chez les
vieillards.
Le taux d'individu ayant fréquenté
l'école primaire est de loin le plus important. Néanmoins,
même si ce taux brut de scolarisation du primaire a progressé
très rapidement ces dernières années, il n'en demeure
pas moins que le taux de déperdition scolaire au primaire
reflète un faible maintien des élèves a l'école.
Cette situation est plus prononcée chez les filles qui ont
difficilement accès a l'instruction compte tenu des pesanteurs
sociales
et le manque de confiance au système éducatif. Les
faiblesses des revenus des ménages et
la lutte pour trouver le pain quotidien, la dégradation
des conditions et du cadre de vie ne sont pas par ailleurs a la faveur
d'une initiative familiale scolarisante. Les familles pour la plupart
pauvres - plus de 80% de la population- ne peuvent pas prendre en
charge les dépenses d'éducation.
L'analphabétisme concerne davantage les femmes que les
hommes.
Enfin l'alphabétisation en langues nationales
(Mandingue et Balante), initiée par les promoteurs des opérations
de développement, ne concerne qu'une fraction négligeable de la
population féminine. Sans qu'il y ait une véritable
demande de la part des villageois, ces programmes sont mis en oeuvre pour
remplacer une école primaire largement déficiente et pour
proposer aux adultes un apprentissage de la lecture, de l'écriture et du
calcul a partir de supports «fonctionnels». L'acquisition des
connaissances ne manque pas de soulever de nombreuses difficultés.
Mais en fin de compte, on peut s'interroger sur la fonction
d'alphabétisation dans les diverses langues nationales,
car elle comporte le risque majeur de renforcer la dimension ethnique des
associations paysannes, et ainsi d'entretenir des particularismes
culturels et éventuellement des conflits entre les groupes.
Le niveau de vie de la population du bassin de Goudomp
est précaire. Le revenu moyen mensuel est de 8000F CFA (environ 13
euros) chez les paysans, alors qu'il avoisine
40 a 45000F CFA (61 a 68 euros) chez les pêcheurs.
II- 2 Répartition des activités
socioprofessionnelles
a) Une population essentiellement agricole
L'agriculture reste l'activité économique la plus
pratiquée en mobilisant 71% de la population.
En effet, les populations du bassin de Goudomp ont
une forte tradition agricole. Il faut préciser que dans le
passé, la richesse, la puissance du chef de famille se mesurait a
travers son grenier.
Aujourd'hui cette agriculture souffre de son
extensivité, la pauvreté des sols, l'insécurité
et le manque d'équipement en matériels agricoles.
b) Le rôle prépondérant de la
pêche dans l'économie locale
La pêche, mobilisant 20% de la population, constitue la
deuxième activité a Goudomp. Elle s'est développée
a la fin des années 40 et au début des années
50 avec l'arrivée de pêcheurs Toucouleurs ou Walo- walo venus
du fleuve Sénégal, qui introduisent l'usage des filets
dérivants. Leur arrivée coïncide avec le
développement de l'industrie de transformation
et de commercialisation du poisson fumé. A partir de
1960 l'essor de la pêche crevettière, grâce a
l'installation d'usines de traitement a Ziguinchor, provoque
l'arrivée de nouveaux pêcheurs Toucouleurs et la conversion de
nombreux pêcheurs de poissons a la pêche a la crevette.
La pêche constitue la principale source de revenus de la
population surtout jeune.
Les enfants et les jeunes sont très impliqués
dans les activités de pêche où on a besoin de beaucoup
de main d'oeuvre, ce qui ne manque pas de conséquences sur
leur scolarité. Les principaux produits pêchés
sont : les crevettes, le tilapia, les mulets, l'ethmalose, les
otholites...
L'état de délabrement avancé du
centre de perfectionnement des pêcheurs et des unités de
transformation de produits de pêche ; l'équipement
archaïque essentiellement constitué de pirogues a voile et de
filets artisanaux sont les principales contraintes liées au
développement de la pêche.
A côté des activités principales
(agriculture, pêche) on a des activités secondaires
génératrices de revenus. Ce sont :
- la cueillette des produits naturels (néré, huile
de palme, pain de singe, « mad»...),
la transformation des produits de l'agriculture ou de la
pêche qui sont l'affaire des jeunes et des femmes ;
- l'artisanat (menuiserie, maçonnerie....), le petit
commerce.
Les fonctionnaires de l'Etat et les autres travailleurs
salariés ne concernent qu'une frange infime de la population. Ce sont
essentiellement les instituteurs, les professeurs, les cadres ruraux, agents
des collectivités locales...
Le bassin de Goudomp dispose d'un capital humain
important. La population essentiellement jeune et le niveau
d'instruction assez élevé de ces jeunes constituent un
atout de taille pour la mise en valeur des terres et laissent
entrevoir de l'espoir pour un lendemain meilleur. Cependant, le niveau
de vie précaire de la population et le manque
d'équipement, principales contraintes, doivent être
corrigés par une politique d'investissement dans le secteur agricole
et d'encadrement des paysans de la part des partenaires au
développement.
III- Une politique agricole peu soucieuse de
la précarité des masses paysannes
III-1 Le désengagement de l'état
Avant 1964, date d'implantation de la Société
d'aide technique et de coopération (SATEC),
les centres d'expansion rurale polyvalent (CERP), les centres
d'animation rurale (CAR) et les services locaux effectuaient la vulgarisation
pour améliorer la condition de vie paysanne par des thèmes
techniques. La politique agricole était alors
essentiellement basée sur l'interventionnisme systématique de
l'Etat.
La période qui va de 1979 a 1984 sera
marquée au Sénégal par de profondes
difficultés au plan économique et financier, justifiant la
mise en oeuvre d'un plan de redressement économique et financier.
Le plan sera la base de modification substantielle, dans l'environnement
institutionnel du développement rural, prélude a la mise en place
de la Nouvelle Politique Agricole (NPA)
Cette nouvelle politique agricole,
élaborée en 1984, a eu comme effets le
dépérissement des sociétés d'encadrement du monde
rural, la suppression du programme agricole grâce auquel les producteurs
avaient accès au crédit et aux intrants (ONCAD), la
libéralisation des circuits d'approvisionnement et de collecte. En
effet, l'ajustement dans le secteur agricole s'est traduit par le
désengagement, la privatisation et la restructuration des entreprises
publiques chargées du développement rural et agricole, la
responsabilisation des agriculteurs avec un transfert de certaines fonctions
anciennement dévolues aux organismes publics, l'élimination des
subventions sur les intrants et le crédit agricole, la
libéralisation des prix, des marchés et du commerce des produits
agricoles. Bref, un désengagement soudain
de l'Etat dans l'encadrement et l'aide apporté aux
paysans après une longue période d'interventionnisme.
Cette nouvelle politique agricole intervient dans un
contexte macro-économique
combinant une crise de croissance globale de l'économie
nationale et une crise financière.
Par ailleurs, d'autres contraintes
(micro-économiques) s'exercent sur les exploitations. Toutes les
unités de production dans le bassin sont de type familial. Les revenus
monétaires des paysans sont dérisoires. Le manque
d'équipement et les problèmes d'écoulement des produits
sont entre autres, les obstacles qui freinent le développement
de l'agriculture. L'accès au crédit soulève
l'épineuse question de l'insuffisance des garanties a fournir en
contrepartie des prêts contractés et les efforts de
diversification des produits agricoles n'ont pas encore arraché a
l'arachide sa primauté dans l'économie locale.
III-2 Un système bancaire inadapté aux
mentalités locales
Le mode de fonctionnement des banques est inapproprié a la
clientèle rurale, les banques constituant un prolongement des
établissements des anciennes métropoles coloniales, avec
un calquage de leurs modes de fonctionnement sur le
modèle français. Ce qui a eu pour conséquence
d'exclure économiquement, psychologiquement et
géographiquement les populations locales. Sachant qu'une importante
frange de la population vit avec moins d'un dollar par jour, comment faire face
au montant exigé pour la simple ouverture d'un compte (1000 FF pour un
compte d'épargne et 5000 FF pour un compte courant)? Sans parler des
garanties (nantissements, hypothèques) hors de portée d'une
population qui peine a subvenir a ses besoins !
Sur le plan psychologique, la localisation des banques en
centre ville a eu pour effet "d'impressionner" les populations rurales. Le luxe
dont s'entourent ces établissements (cadre climatisé,
architecture moderne, ascenseurs) ne correspond pas aux mentalités du
pays et
en éloigne une bonne partie de la population,
en majorité analphabète, rebutée par la lourdeur des
démarches administratives. Problèmes d'accès
également : en dehors de la Caisse Nationale de Crédit
Agricole, aucune banque classique n'est localisée en milieu
rural.
Face a cette crise, alors que la tendance était au
désengagement progressif après une longue période
d'interventionnisme, une politique de redressement a été mise en
place
en 1989 pour sécuriser les conditions de prêt.
Dès lors, il devenait encore plus difficile pour
les populations a faibles revenus d'accéder a
ces services et dans ce contexte, la micro finance que nous
aborderons dans la troisième partie, trouva un terrain favorable
a son expansion.
IV- Le pays balante ou Balantacounda : une
société profondément transformé par les
migrants
La structure actuelle de la population du Balantacounda est le
fruit de son histoire fondée sur
de vagues successives de migrants affluant dans la
zone. Ces nouveaux venus ont largement contribué a la
transformation de la société balante traditionnelle et a la mise
en place d'une société hybride où une réelle osmose
s'est produite entre les différentes ethnies
en présence.
En effet, depuis un demi- siècle et surtout
depuis la dernière guerre, le Balantacounda a subit des
transformations d'autant plus profondes qu'il était démuni
de toute infrastructure politique et de tout système d'organisation
sociale, capables d'assurer la solidarité de l'ethnie et le
contrôle de l'espace en dehors des périmètres
effectivement occupés et cultivés. La fin de
l'isolement, l'ouverture de voies de communications,
l'établissement de réseaux administratifs et
commerciaux, l'apparition de nouvelles conception de la vie sociale et
personnelle, sur le plan religieux notamment, ont été l'oeuvre
d'«étrangers» dont la région a connu et
continue a connaître une véritable invasion (PELISSIER,
1966)
Nul autre secteur de la Casamance n'a connu une arrivée
aussi massive d'immigrants. Mandingues et originaires de la Guinée
Bissau (Mandjaques et Mancagnes), ont créé des villages- centres
(Goudomp, Akintou 1 et 2, Bindaba 1 et 2, Diouniki), répandu la culture
de l'arachide, introduit l'islam. Ils ont en quelque sorte juxtaposé une
géographie nouvelle aux formes d'occupation du sol traditionnelles des
Balantes. Les grands traits de l'aménagement actuel du Balantacounda et
les techniques qu'il met en oeuvre reflètent ce brassage de la
société.
Mais, en dépit de la diversité des ethnies en
présence (Mandingues, Balantes, Diolas, Peuls, Mancagnes,
Mandjaques....), il existe une certaine uniformisation aussi bien du
système de production que de l'organisation sociale du travail.
IV-1 Crise et mutation du système
foncier
Le code foncier, uniforme malgré la multiplicité
ethnique, distingue les terres de plateau des terres de bas- fonds.
Les terres de plateau, destinées aux cultures pluviales,
sont le domaine d'intervention des hommes. Le droit d'usage sur ces terres est
obtenu sur autorisation du chef de village
ou de famille. Leur exploitation se fait dans le cadre d'une
organisation familiale. Quant aux terres de bas- fonds (rizières)
l'appropriation est souvent maritale mais l'exploitation en est
réservée a la femme.
La question des prêts ou location des
rizières reste très fréquente ces dernières
années a cause du flux croissant des migrants qui entraîne la
rareté des terres cultivables. Deux modalités sont
rencontrées : le prêt gratuit et la location
monétarisée.
En ce qui concerne le régime foncier, notons que la
terre est un patrimoine familial. Par conséquent chaque membre de la
famille a la responsabilité du bien qui lui est confié. Il jouit
de sa production et peut même prêter
bénévolement des parcelles a un ami ou un étranger
a la famille.
IV-2 Systèmes de production et techniques
aratoires
Il convient de distinguer les rizières, les champs de
brousse et les petits champs familiaux.
Le mode de labour le plus fréquent reste le manuel a
billon qui mobilise prés de 70 % des paysans.
L'agriculture est itinérante sur brûlis dans
les champs et intensive traditionnelle dans les rizières.
Sur un champ précédemment cultivé, sur
une jachère ancienne ou dans une brousse inculte, le paysan coupe
les broussailles et les tiges de mil qui sont restées, abat
éventuellement les arbustes puis y met le feu. Cette pratique
permet aux sols de se régénérer et de retrouver leur
fertilité. Sur le terrain ainsi préparé, dés les
premières pluies, il billonne le champ avec le donkotong, le
kobadour ou dans une moindre mesure la charrue, avant de
procéder au semis le long des billons. Avec les grandes
tornades, les herbes poussent et gênent la croissance du mil ou
de l'arachide, un sarclage est nécessaire. La petite binette entre
alors en jeu pour désherber. Un deuxième sarclage est
exécuté un mois
et demi plus tard, mais la rareté de l'herbe n'oblige
jamais a un troisième sarclage.
. Les champs de tapades ou
«kankan» : entourant les habitations, de
superficies réduites, bénéficiant d'une protection contre
les animaux, d'apport de matière organique et plus ou moins
complantés d'arbres fruitiers (manguiers, agrumes et papayers
surtout), ils sont consacrés aux cultures de tubercules, de
légumineuses et de maïs. Ce sont des cultures d'hivernages
répétées chaque année sans rotation
précise. Le kankan joue un rôle important dans
l'économie domestique car il est essentiellement consacré
a la céréale de soudure, le maïs.
Le labour du kankan-- opéré en
général en billons très réguliers comme sur
les champs de plateau -- et le semis du maïs, sont l'affaire commune des
hommes de chaque concession ; ils représentent même leur apport
le plus régulier et le plus systématique a la nourriture de
leur famille. Le maïs semé en juin est
récolté en septembre. Pendant toute cette dernière
période, le paysan a biné deux fois son champ pour
éliminer les mauvaises
herbes.
. Les champs de brousse : c'est
le domaine de culture du mil, de l'arachide, du sorgho, du
niébé et parfois du coton. Les semis se font sur un terrain
nettoyé et billonné ou labouré. Le sol est
travaillé sommairement a l'aide d'outils rudimentaires. En effet,
les différentes ethnies présentes dans la zone utilisent
le donkotong, le kadjandou ou le kobadour qui
permettent de retourner manuellement la terre et de confectionner des
billons.
La traction animale (bovine), fréquente a Birkama permet
d'obtenir le même type de labour. Il est évident qu'a chacune des
cultures correspond une technique particulière et un outillage
différent. En fait, un groupe de cultivateurs dispose de
plusieurs instruments aratoires qui sont utilisés pour des
fonctions déterminées, mais chaque groupe ethnique en
utilise
préférentiellement un qui peut servir a le
caractériser.
Ainsi, le donkotong, sorte de houe a angle très
fermé composé d'un manche court et d'une grande palette de bois
ferrée a son extrémité utilisé pour le billonnage,
constitue- t- il
l'instrument caractéristique des Mandingues. C'est
l'instrument aratoire le plus couramment utilisé dans le bassin. L'usage
du donkotong pour le labour permet une économie de l'eau en
ce sens qu'il met a la disposition du cultivateur une
terre meuble et profonde ayant une grande capacité d'absorption
de l'eau tout en étant aisément drainée lorsque le
sol est saturé. Il procure le moyen non seulement d'enfouir
profondément toute la végétation herbacée mais
aussi de rassembler dans les billons la totalité de l'engrais
vert disponible dans le champ.
Le kadjandou, fierté des Diolas, comporte un
grand manche de bois pouvant avoir 2,5
a 3 m de long ; ensuite vient une palette de bois dur de forme
oblongue qui se prolonge par
un petit manche de 15 a 20 cm qui se dessine progressivement
sous la face inférieure de la palette et se relie a la perche
grâce a une corde de rônier. Il est utilisé pour le
même service que le donkotong.
Le labour avec ces instruments traditionnels constitue ainsi
un moyen de lutte efficace contre l'herbe, en même temps qu'une technique
satisfaisante d'entretien du niveau de la matière organique dans le
sol.
Une petite binette, utilisée pour le
désherbage, fait partie de la large gamme d'instruments
employés pour les opérations d'entretien des cultures.
La pratique de la rotation de culture et de la
jachère y est effective. Mais depuis quelques années, faute
de terres proches cultivables, la durée de la jachère tend a
diminuer.
La fertilisation est peu pratiquée sauf sur les champs de
mil où on utilise l'engrais chimique.
. Les rizières : le principal
mode traditionnel de mise en valeur est la construction de petits polders
endigués. Cette digue est faite de matériau rencontré dans
le polder lui-même (boue et fibres) Deux procédés
caractérisent le travail des rizières inondées : une
forme extensive dans laquelle les semis se font a la volée,
une forme intensive qui utilise le repiquage des plants
préparés en pépinière. Le travail se fait le plus
souvent manuellement a l'aide du « baro », instrument
constitué par une lame de daba adaptée a un manche
coudé
de 1,5 a 2 m que les paysannes manient debout et avec
lequel elles ne peuvent que débarrasser leur rizière de la
végétation herbacée et en retourner superficiellement le
sol.
Les rizières sont cultivées dès que
les toutes premières pluies ont suffisamment détrempé
le sol. Elles subissent d'abord un nettoyage sommaire assorti d'un
brûlis qui permet de les saupoudrer de cendres, puis sont houées
de manière systématique. A cette occasion, les débris
qui ne peuvent être enfouis (les rhizomes, repousses arbustives), sont
rejetés sur les limites de chaque parcelle et viennent renforcer les
balanghon; ces diguettes qui dessinent a la surface des
rizières un cadrage régulier, ont un double
rôle : emmagasiner l'eau de pluie et marquer les limites
foncières du parcellaire. Aux premières pluies également,
des pépinières ont été semés. Le repiquage
du riz est effectué dans le courant de juillet, lorsque les pluies
assurent a la terre une humidité suffisante ou une
submersion permanente.
La récolte se fait a la main a l'aide d'un couteau
spécialement conçu a cet effet. Le rendement reste encore
faible malgré divers efforts déployés ; les
facteurs- limitant étant entre autre la salinité, la
pauvreté des sols, le repiquage long (20 a 50 jours/an) les
pépinières et les rizières étant dispersées,
les temps de repiquage en sont d'autant allongés.
La pratique de gestion de ressources y est effective avec comme
fertilisants le fumier, les ordures ménagères et les engrais
chimiques.
La principale contrainte de la riziculture dans le
bassin de Goudomp reste cependant l'absentéisme total des hommes
qui a pour effet que les rizières se limitent aux zones
rendues favorables au riz par les conditions naturelles, c'est- a- dire la
qualité de leur sol et
la submersion ou l'humidité dont elles
bénéficient spontanément.
. L'Association agriculture- élevage
: c'est une pratique traditionnelle en Casamance ; si chaque
village dans le bassin de Goudomp possède un troupeau, beaucoup
de chefs de famille n'ont pas de bovins ou n'en ont que quelques
têtes. Durant l'hivernage, l'occupation
du sol par les cultures contraint les bergers a conduire leurs
troupeaux pâturer en brousse et même, assez souvent, a y
séjourner. Mais, dès la fin des récoltes, ils se
rapprochent du village où ils paissent durant la journée sur les
champs et les rizières et chaque soir, ils sont regroupés dans un
parc commun dont la surveillance et l'entretien sont souvent confiés a
un Peul. Les bêtes ne sont jamais envoyés en transhumance, mais
laissées généralement en divagation dans les environs
après les cultures.
C'est un élevage prospère mais
marginal. En effet, la possession d'un cheptel est
la marque d'une position sociale solide, voire
privilégiée. Les bêtes sont rarement
commercialisées et leur énergie largement sous- employée.
La fonction essentielle dévolue
a ce troupeau est d'être un instrument de
fumure. Ce rôle du troupeau comme agent d'entretien du sol est
complété par celui du petit bétail (caprins,
volaille, ovins...) souvent élevé en grand nombre.
Et pourtant, les terres du bassin de Goudomp, suffisamment
profondes et cohérentes offrent un cadre propice a la culture
attelée. Convenablement conduit, le labour a la charrue doit être
susceptible d'assurer des façons culturales aussi efficaces et pas plus
dangereuses pour la structure du sol que le travail au donkotong.
L'énergie animale devrait permettre de multiplier les travaux
d'entretien, d'améliorer les rendements, d'accroître la surface
cultivée par travailleur et surtout d'abréger la dure labeur
d'une population féminine harassée tout au long de
l'année par des travaux agricoles et des tâches
ménagères qui dépassent ses
forces.
IV-3 Une organisation sociale de la production
hiérarchisée
Le fait saillant de l'organisation sociale du travail dans le
bassin de Goudomp et ceci pour l'ensemble des ethnies en présence, est
la division sexuelle du travail qui affecte aux travaux
de rizières les femmes tandis que les hommes sont
tournés vers les cultures de plateaux. Ce trait fondamental de la
culture mandingue semble avoir été adopté
relativement aisément par les autres ethnies présentes dans la
zone.
IV-3 -1 Division sexuelle du travail et formes
d'entraide
a) Division sexuelle du travail
Sur un même champ les travaux agricoles sont
répartis selon le sexe.
Dans les rizières, le labour la préparation du
sol, le semis, le repiquage et la récolte sont entièrement
assurés par la femme. Cette ségrégation absolue
dans l'exploitation agricole, plutôt défavorable a la femme,
est lourde de conséquences ; les techniques d'aménagement
en portent très fortement la marque. En outre, elle se traduit par un
déficit
de main d'oeuvre dans la vallée avec comme cortège
un étalement excessif des opérations culturales limitant les
rendements et la productivité.
Dans un champ d'arachide chez les Mancagnes et les
Mandjaques, le labour et la préparation du sol sont
réalisés et par les hommes et par les femmes, le
décorticage des semences et le semis par la femme, le désherbage
et la récolte par l'homme.
La désintégration progressive des structures
familiales, liée aux changements sociaux intervenus dans le
bassin, a entraîné des changements dans la division du
travail qui s'opèrent souvent au détriment des femmes.
Outre les tâches domestiques qui leur incombent traditionnellement,
les femmes sont de plus en plus souvent mises a contribution dans des domaines
qui relevaient autrefois de la responsabilité des hommes.
b) L'entraide traditionnelle : un acquis à
revaloriser
Les différentes formes d'entraide rencontrées sont
sans lien avec l'appartenance ethnique ;
une réelle osmose s'étant produite entre les
groupes ethniques en contact.
-Association de culture : ce
sont des groupes de jeunes ou de femmes de 7 a 20 personnes
s'organisant pour des prestations de travail rémunérées.
Les tarifs varient selon l'âge et le sexe.
Une famille peut avoir recours a l'association de culture en cas
d'insuffisance de force
de travail ou pour faire face a un surcroît de travail
occasionné par la simultanéité de travaux concernant les
différentes cultures.
-Invitation de culture : des amies
se regroupent pour travailler ensemble dans la rizière de chacune
d'entre elles. Aucune somme n'est versée, le travail étant
effectué chez chacune des participantes a tour de rôle.
On rencontre aussi, notamment a Bindaba, la pratique du
salariat agricole ou
utilisation de navétanes (ouvriers agricoles)
Ces pratiques traditionnelles, qui ont fait leur preuve,
doivent être pérennisé pour faire face aux exigences
d'un calendrier agricole chargé.
IV-3- 2 Un calendrier des travaux agricoles
défavorable
Les cultures traditionnelles, très variées, ont
la particularité de commencer toutes a la même période (en
début d'hivernage : voir schéma ci-dessous) ; ce qui
explique les surfaces relativement petites consacrées a chacune
d'entre elles.
figure 3: Schéma du calendrier agricole
dans le bassin
Les paysans du bassin de Goudomp n'ont pas l'habitude de compter
leurs jours de travail.
Néanmoins l'année peut grossièrement se
répartir ainsi :
juin- juillet : semis sous pluies toutes cultures, mise en
place des pépinières a riz.
aoUt : repiquage du riz, entretien par sarclage des
différentes cultures de plateaux.
septembre- octobre - novembre : entretien des cultures,
gardiennage des champs et premières récoltes (mil, maïs,
arachide, riz).
décembre - janvier: récoltes (riz, mil, arachide,
fruits).
février - mars: cultures maraIchères (piment,
oseille, aubergine...).
avril - mai: préparation du sol (brUlis et labours)
Cette simultanéité des travaux concernant les
différentes cultures, dictée par les conditions climatiques
(distribution uni modale des précipitations), restreint la
production.
Conclusion
La diversité ethnique dans notre zone d'étude
est très importante. Cependant les structures sociales et les
systèmes fonciers présentent une relative
homogénéité. Les systèmes agraires du bassin de
Goudomp ne présentent pas de situation de crise. Bien au contraire,
l'apparente solidarité, la pérennité des systèmes
de production et des rapports sociaux de production restent
consolidées. Ceci conduit a penser a priori que tout
projet de développement non négocié avec le pouvoir
local ou contredisant fondamentalement les
structures sociales et économique existantes sera
voué a l'échec.
DEUXIEME PARTIE : MAITRISE DE L'EAU ET DEVELOPPEMENT
AGRICOLE
L'action des différents projets de développement
ayant intervenus a Goudomp et Birkama dans le cadre de la mise en valeur des
terres de bas-fonds, a porté sur la riziculture. Elle a consisté
en l'aménagement d'ouvrages «modernes», l'introduction et
la vulgarisation de nouvelles techniques culturales et des
variétés améliorées. Deux programmes ont
marqué l'histoire de la mise en valeur des vallées du bassin de
Goudomp : la MAC et le PROGES.
CHAPITRE I : LA M.A.C., «UN PROJET
D'ASSISTANAT» Introduction
Démarrée en 1964 par la Mission de la
République de Chine (Formose), l'action est passée aux mains
de la République Populaire de Chine en mars 1973.
L'objectif est le développement des cultures rizicoles par la
promotion de l'utilisation des boeufs de labour et
de la motoculture, par l'initiation de la double
culture de riz, par l'extension des surfaces rizicoles cultivées
d'où la nécessité d'aménager pour
récupérer les terres salées et permettre l'irrigation
pendant la saison sèche.
I- Les aménagements
Les principaux objectifs visés a travers ces
aménagements étaient :
- la mise a l'abri de l'inondation maritime, les
rizières en amont et assurer une déssalinisation
progressive des terres ;
- le stockage d'une quantité suffisante d'eau permettant
d'effectuer la double culture ;
- l'augmentation des superficies rizicultivables par la
récupération des anciennes terres salées ;
- l'ouvrage aménagé a cet effet, comprend
deux parties : une réalisation dans la partie aval et une autre
dans la partie amont du marigot de Goudomp.
L'ensemble comprend entre autres :
- un ouvrage de retenue et d'évacuation construit sur le
lit mineur du marigot constitué de vannes ;
- une digue de protection construite en aval tout le
long du marigot empêchant toute invasion du périmètre
par les eaux salées ;
- une station de pompage ;
- un aménagement des terres : remembrement et
planage des parcelles jadis très morcelées, introduction d'un
système d'irrigation/ drainage comprenant des canaux, des
rigoles de répartition, des diguettes, des pistes
d'accès, des vannes, des ponceaux etc....
Cet aménagement est acquis sur investissement de
l'Etat (85%) et des paysans (15% :
participation sous forme de journée de travail) (SOMIVAC,
1982)
II- Les Moyens de la MAC et les
résultats
La mission effectue des travaux pour le compte des paysans.
A cet effet, elle dispose de tracteurs, motoculteurs, charrues et des
batteurs qui lui permettent d'effectuer des travaux
rémunérés. Par ailleurs, en cas d'attaque par
les prédateurs, la mission distribue gratuitement des
insecticides.
Elle fournit également les intrants agricoles et l'eau
d'irrigation le paysan ne payant en fait que le prix du gasoil et non
l'entièreté des charges.
La MAC a entre autres a son actif, la réalisation de 240
m2 de magasin et 200 m2 d'aires de
séchage a Goudomp.
Les résultats obtenus sont satisfaisants.
L'amélioration du niveau de vie et de la l'alimentation rurale
est inégale et difficile a mesurer objectivement faute
d'informations crédibles. Toutefois, l'on peut consulter a titre
indicatif l'estimation des productions agricoles entre 1973 et 1977.
III- Essai de bilan
La MAC est un projet qui répondait aux besoins
réels des producteurs et qui a su associer a leur action initiale les
préoccupations des paysans. Il s'est parfaitement
intégré a la dynamique paysanne dans la mesure où il
répondait aux besoins alimentaires croissants des populations et
assurait des revenus tout en abrogeant les durs labeurs (machines ou
charrues pour le labour, moissonneuses, batteuses sont mises a la disposition
des paysans)
La MAC a également contribué a la formation des
producteurs, a l'amélioration de la sécurité alimentaire
par l'introduction de nouvelles variétés de riz plus
productifs.
La gestion des ouvrages est essentiellement
assurée par des techniciens chinois. Les intrants agricoles
étaient gratuits. Ces «stimulants artificiels» créent
un esprit «d'assisté social perpétuel» qui va a
l'encontre de la stabilité sociale rurale. L'arrêt brutal de la
MAC, sans la mise en place de mesures d'accompagnement, a
constitué un brusque retour en arrière pour plusieurs
producteurs. Les infrastructures, en particulier les pistes, la station de
pompage et les canalisations dont l'entretien était assuré par le
projet se sont dégradées. Les populations ont été
brusquement sevrées de conseils et d'appui ponctuels et ont
assisté, inactifs, a la détérioration au fil des
années, des aménagements réalisés.
La validité de la technique chinoise en matière de
la riziculture n'est plus a démontrer. On pourrait toutefois
regretter l'approche sectorielle de la mission qui ne touche qu'un
pourcentage faible de la population (2540 paysans encadrés
sur 19 villages !)
CHAPITRE II : LE PROGES OU L'HISTOIRE D'UNE
INTERVENTION INACHEVÉE
Introduction
Le PROGES est un projet initié par le
gouvernement du Sénégal dans le cadre de sa politique
d'aménagement des bas-fonds rizicoles de Casamance. Financé par
l'USAID, ce projet avait pour vocation la construction de petits
ouvrages hydro agricoles (les barrages anti-sel) En 1996, il intervient dans
l'aménagement de la vallée de Goudomp.
I- Les Aménagements
A l'instar des autres barrages anti-sel construits par
le PROGES, celui de Goudomp a répondu a la demande des paysans
qui ont vu s'étendre la contamination de leurs terres
rizicultivées par les eaux salées du fleuve Casamance.
Les études pédologiques menée dans
la vallée ont conclu que pour récupérer au mieux un
maximum de terres marginales, il est nécessaire de submerger ces
sols le plus longtemps possible et de lessiver les éléments
toxiques avec des lâchages d'eau. A cet effet, la digue anti-sel
de type Giraudet passage busé, mieux adaptée, fut retenue.
La digue anti-sel
Le choix de son emplacement obéit a des
critères techniques. La digue doit permettre de désenclaver le
site a aménager et de protéger contre d'éventuelles
inondations. Le site de Birkama4 fut choisi. Mais cet
emplacement ne fait pas l'unanimité parmi les paysans car
quelques notables du village de Bacoundi interrogés, estiment qu'elle
doit être construite sur
le chenal d'étiage de la rivière pour permettre une
bonne évacuation des eaux pluviales.
Cette idée a refit surface en 1999, année
particulièrement pluvieuse, quand des plants de riz ont
été submergés par les eaux du marigots pendant
plusieurs jours faute d'évacuation occasionnant du coup de nombreux
dégâts. Il faut signaler qu'il était prévu de
creuser un bassin vers l'ouvrage de régulation construit hors du lit du
marigot pour permettre l'évacuation des eaux. Ce bassin n'a pas
été creusé de même que l'ouvrage de rétention
prévue sur le marigot de Birkama a hauteur de la route nationale.
La digue anti-sel de Goudomp, construite a 500 m en
amont de l'ancienne Route
Nationale-digue, est longue de 1779,48m. La crête est a la
côte 2,60 m, la crête du déversoir
a 2m IGN, la largeur en crête 3m et la pente du talus
½ .
La digue est protégée contre
l'érosion (ravinement lié a la pluie) par un
revêtement en latérite en crête et sur le talus aval. Afin
de protéger le talus amont au niveau du marigot principal contre la
pluie et le batillage de l'eau il a été posé des moellons
latéritiques.
4 La digue a été construite sur le lit
de crue abondante du marigot à côté du village de
Birkama
L'évacuateur : ouvrage de
régulation
Il constitue le dispositif clé de la gestion
des barrages anti-sel. L'ouvrage évacuateur est conçu pour
évacuer la crue décennale sans mettre en danger la digue. Celui
de Goudomp est un évacuateur en bec de canard muni de douze vannes
conçues sur la base d'une étude
de vidange dans laquelle une crue décennale transite par
la vallée sans que les plants de riz soient submergés pendant
plus de 72 heures.
II- La gestion des ouvrages
L'un des éléments majeurs des
activités du PROGES concerne l'assistance directe aux associations
villageoises dans la planification, la construction, l'utilisation et la
maintenance des digues. Le projet a crée des CVGE /
CIVGE, formés par ses agents qui ensuite prendraient en
charge la formation des autres villageois. Chacun des villages de Goudomp,
Birkama, Bacoundi a été érigé en CVGE
(Comité Villageois de Gestion) qui est, en fait, un groupe
d'organisation de travail ayant pour rôle le suivi et l'entretien de la
digue, la gestion
de l'eau, la mise en valeur et l'amélioration du
rendement. Ces CVGE sont composés de quatre commissions :
i. Protection de la digue ;
ii. suivi et entretien du barrage ; iii. gestion et maItrise
de l'eau ; iv. gestion du matériel.
Le CIVGE (Comité Inter Villageois de Gestion)
regroupe les représentants de chaque CVGE. Il joue le rôle
d'intermédiaire entre le projet et les paysans. Le CIVGE dispose d'une
caisse alimentée directement par les paysans (sous forme de
participation) qui lui permet de faire face a sa mission de coordination de
l'ensemble des travaux organisés dans le cadre
de la gestion du barrage.
Le CIVGE souffre aujourd'hui de problèmes financiers
liés aux difficultés économiques des villageois qui ont du
mal a honorer leur cotisation, mais aussi en raison de l'impact des ouvrages
qui, quant au dessalement effectif des bas-fonds, n'est que très peu
visible. En effet, les paysans en viennent a s'interroger sur
l'efficacité du barrage tant sont faibles la superficie de terres
récupérées et les rendements tirés de ces
rizières. A ce sujet
M. Edouard SADIO, Président du CIVGE, rassure :
« cette année (2000), où beaucoup d'amélioration
et de récupération des terres ont été
observées, on peut s'attendre a cet investissement financier des
populations» L'impact réel d'une bonne gestion des ouvrages hydro
agricoles a véritablement créé une dynamique dans la zone.
Cependant beaucoup de travail d'autonomisation de ces ouvrages sur le plan de
la gestion qu'elle soit technique ou financière reste a faire.
III- Analyse critique de l'action du PROGES
Le PROGES, particulièrement important dans sa
conception, son approche et les actions prévues, a failli dans son
objectif principal dans la mesure où la part des investissements qui
va aux paysans est réduite par rapport aux coUts de
rétribution et de fonctionnement de l'assistance technique. Ce qui
réduit l'impact prévu quant a l'amélioration de la
condition paysanne. Aussi peut- on déplorer quelques couacs
notamment le bassin et l'ouvrage de rétention qui n'ont pas
été aménagés jusqu'au terme du contrat.
Mais dans l'ensemble, le PROGES, privilégiant les
actions de proximité au bénéfice des populations locales
a apporté une contribution non négligeable notamment dans
l'organisation et l'accompagnement d'initiatives de bases communautaires,
ainsi que la formation et la qualification aux techniques de gestion
des projets pour en assurer l'auto- prise en charge et la
durabilité.
IV- 40 années d'opération de
développement agricole: un bilan global mitigé
Les projets qui ont été initiés dans le
bassin, dans le cadre du relèvement du niveau de vie des populations,
ont permis d'amortir le processus de paupérisation. De manière
générale,
ils articulent leurs interventions autour de la
réalisation d'infrastructures hydrauliques (digues
de retenue, micro- barrages), de pistes de
production, d'aménagement de terres, d'introduction de nouvelles
variétés culturales. Ils ont beaucoup contribué, a
travers la récupération de terres cultivables,
l'introduction de thèmes techniques (même si le taux
d'adoption est faible), a entretenir l'espoir de sortir
définitivement de l'état d'insécurité
alimentaire qui prévalait.
Les programmes étatiques comme le PRS ont
cherché a susciter un développement local autonome et
endogène. Leurs succès peuvent s'analyser en terme
d'introduction d'un paquet technique et a la création d'emploi.
Certaines organisations paysannes comme l'AJAC et la FADECBA ont
eu a jouer un rôle très important dans le bassin en s'investissant
dans la promotion d'activités génératrices
de revenus, de même que dans le micro crédit qui
permet aux femmes de mener le petit commerce.
Ces projets, dans l'ensemble, ne sont malheureusement
pas parvenus a pérenniser leurs actions. Les expériences
s'arrêtent avec la fin du projet. En plus leur intervention est
sectorielle et privilégie uniquement l'agriculture.
L'une des limites qui demeure encore est
l'insuffisance de coordination des interventions et l'absence des
mécanismes de suivi, mais aussi la faiblesse dans la
mobilisation des ressources, insuffisance technique et absence de mesures
d'accompagnement des initiatives.
Bref, cherchant a qualifier le bilan de 40 années de mise
en valeur, échec semble sévère et excessif, car des
résultats approuvables ont été obtenus, insuffisance
pourrait convenir. Il
reste alors a revenir, pour mieux les cerner, sur les facteurs a
l'origine de ces insuffisances.
CHAPITRE III : LES FACTEURS EXPLICATIFS DES
CONTRE-PERFORMANCES POST- OPÉRATIONS DE DÉVELOPPEMENT
Introduction
En examinant les différents projets de
développement agricole dans le bassin de Goudomp,
on constate la récurrence de deux thèmes
techniques : la lutte contre la remontée des biseaux salés
et l'intensification de la production par le biais de l'irrigation. Ces deux
thèmes centraux ont occulté un autre non moins important
qui est la création des organisations paysannes et le
renforcement de leurs capacités pour une auto- prise en charge.
Cette négligence coupable (omission de promouvoir des structures
paysannes autonomes et efficaces) conjuguée a d'autres facteurs
sociologiques sont pour une large part a l'origine des insuffisances dans
le suivi des opérations de développement.
I- Une politique de développement agricole
marquée par l'omniprésence du riz
Toutes les interventions des projets
intégrés de développement dans le bassin avaient
comme priorité l'augmentation de la production en riz. Ce choix
est aisément concevable quand on sait les opportunités
offertes par les bas- fonds pour une riziculture intensive, mais aussi la
place du riz dans les habitudes alimentaires des populations. En effet, le riz
constitue la première denrée consommée par les populations
et occupe la première place dans les importations en
céréales du Sénégal. Et dans le contexte de la
crise, l'objectif de l'autosuffisance alimentaire passe nécessairement
par l'accroissement ou le doublement de
la production locale.
La lutte contre la salinisation et pour la
récupération des terres trouve la toute son importance.
Initié par la MAC, ce thème fut relayé a tour de
rôle par le PRS et plus tard, le PROGES. Des résultats parfois
flatteurs furent acquis. Toutefois, ces progrès obtenus, citons
notamment en exemple les résultats remarquables de la MAC qui
a su développé avec succès la double culture par
irrigation et initié la culture attelée et la motoculture,
n'ont
pu être maintenus du fait des contraintes d'ordre
technique: le transfert de technologie et de connaissances souvent sans rapport
avec les niveaux de ressources tirées de l'exploitation agricole.
Par ailleurs, on peut regretter l'action trop
centrée des différents projets de développement
qui ont tous pour cible la riziculture. Les deux autres mamelles de
l'économie locale en l'occurrence la pêche et les
ressources naturelles ont été souvent oubliées.
L'opération devrait tendre aussi vers l'autosuffisance alimentaire
par l'intensification des cultures du mil et du maïs ; par
l'accroissement de la production des cultures dites de diversification
(niébé, légumes) tout comme elle devrait viser la
sécurisation des revenus du
producteur rural par la valorisation des produits a
travers l'établissement d'un système de
prix rémunérateur et l'organisation des
marchés. A noter aussi la promotion de la participation du
monde rural a la gestion de ses affaires.
II- Mise en place des organisations paysannes : une
négligence coupable
La priorité absolue donnée a la lutte contre la
salinisation des terres et au développement de
la riziculture a conduit les techniciens en charge du
développement du bassin, a négliger la mise en place de
structures paysannes autonomes capables d'assurer la relève. Certes, ils
savaient que la préservation des rizières contre toute intrusion
des biseaux salés était une action globale dans le cadre
d'une intensification de la production et que sans un suivi judicieux
des aménagements de la part des principaux acteurs (les
producteurs), l'effort consenti était vain ; il n'empêche que
tous les projets jusque- la, ont priorisé la réalisation d'une
digue anti-sel et ne se sont intéressés que
subsidiairement aux organisations paysannes. Or les producteurs, acteurs-
clés du développement de leur terroir, doivent constituer
le ciment de toute action intégrée qui vise a moyen ou long terme
l'amélioration de leurs conditions de vie.
Le défi de la pérennité des acquis
passe nécessairement par la formation des paysans, leur
encadrement et le renforcement de leurs capacités d'auto- prise en
charge. L'exemple du PROGES, qui a mis en place dans sa phase de
réalisation, des structures paysannes (CVGE, CIVGE)
chargées du pilotage des aménagements, mérite
d'être soulignée. Cependant, la pertinence de ces structures
au vue de leur impact réel dans la gestion de l'eau, leur
crédibilité aux yeux des masses paysannes suscitent
des interrogations. Mais a y voir de prés, les CVGE et CIVGE
font face a la difficulté la plus courante dans le monde de
la formation continue non publique: le financement du fonctionnement
dans un environnement économique précaire au sein duquel
la prise en charge des coUts de formation n'est pas encore établie.
Dans ce contexte, la prise en main
et la solution des contraintes de financement de la formation
par les pouvoirs publics et leurs partenaires au développement
seraient d'un apport considérable a la réalisation des
ambitions affichées.
III- Facteurs sociologiques : le poids de
l'histoire
Le fait social qui handicape le plus le développement
agricole du bassin de Goudomp est, sans nul doute, l'absentéisme
total des hommes dans les travaux des rizières. Ce trait
fondamental de la société traditionnelle mandingue est
aujourd'hui adopté par l'ensemble des ethnies en présence.
L'entretien du domaine rizicole incombe de manière absolument exclusive
aux femmes. La MAC a réussi a convaincre certains hommes a descendre
dans
les rizières en instaurant notamment la culture
attelée, la motoculture et la récolte du riz a la fourche ; des
travaux qui somme toute se font par des hommes. Mais, quelques
années après le départ «brutal'' des techniciens
chinois, l'exploitation du sol est conduite selon le
système traditionnel, fort simple comportant partout le
même diptyque : les rizières domaine
des femmes, et les cultures sèches, domaine des hommes.
Les femmes ont ainsi conservé
la charge du secteur essentiel de la production vivrière,
la culture des rizières. Ce mode de
vie a largement contribué a fragiliser et a
paupériser les ménages. En effet, la baisse des productions des
cultures sèches pour cause de pauvreté des sols,
amène la femme a assurer seule les besoins alimentaires du
ménage.
Cette attitude des hommes a l'égard des tâches
productives et l'utilisation qu'ils font
de la main d'oeuvre féminine ne sont pas des
phénomènes récents. En effet, de leur passé
de commerçant et leur vocation militaire ancienne, la
société mandingue a conservée une structure très
différenciée et une répartition très
précise des tâches entre les catégories sociales et
surtout entre les sexes, mais aussi un héritage lourd : une
allergie tenace a l'égard du travail manuel, en particulier du travail
de la terre. Ce comportement des hommes mandingues, aujourd'hui largement
adopté par toutes les autres ethnies, constitue un
véritable frein au développement de la riziculture dans le
bassin.
Conclusion
Cette analyse rétrospective de principaux projets de
développement local permet de dégager
un certain nombre d'observation de valeur
générale.
La première remarque concerne le danger d'un
développement agricole réduit a une collection de projets
sectoriels conçus et réalisés par des bailleurs de
fonds en l'absence d'un programme de développement a long terme,
sans que les populations concernées soient consultées et
associées aux choix des décisions, a la réalisation des
projets et a leur prise en charge. Le cas du PROGES a
révélé un certain gaspillage dans la mesure
où l'essentiel des moyens financiers est mobilisé pour la
rémunération des cadres ou consacrés aux moyens de
fonctionnement.
La deuxième, c'est que l'aménagement
hydroagricole d'un bas-fond reste une aventure humaine dont le
succès dépend certes du soin accordé a sa
préparation et a sa réalisation, mais aussi des efforts
quotidiens des paysans qui doivent pouvoir tirer profit de leur travail.
TROISIEME PARTIE : CRISE, STRATEGIES PAYSANNES ET
PERSPECTIVES
CHAPITRE I : ANALYSE DU CONTEXTE ACTUEL DE LA CRISE
I- Crise agricole et mutations
La crise dans le bassin de Goudomp est le produit
d'un processus historique dont les éléments les plus
marquants et qui ont le plus pesés sur la vulnérabilité
des familles et des individus sont la sécheresse et ses
conséquences, la crise casamançaise et les politiques de
désengagement de l'État. Certains événements
sont devenus structurels et s'ajoutent a d'autres facteurs qui
entretiennent la pauvreté et la reproduit dans la zone.
I- 1 Le recul des cultures traditionnelles
Les principales spéculations traditionnelles
rencontrées dans le bassin sont : le mil sanio, le maïs,
l'arachide, le sorgho et le riz. D'autres cultures, d'importance
moindre, comme la patate douce, le manioc, le fonio et le
niébé, viennent compléter la gamme. Toutes ces
cultures ont subit de pleins fouets, les effets de la crise.
I- 1- 1- Les cultures vivrières victimes de
la salinisation, de la pauvreté et de l'abandon des
terres
La baisse de la production des cultures est essentiellement
liée aux aléas climatiques, mais également a
l'insécurité qui est le principal facteur de l'abandon des terres
par les paysans.
Le mil sanio, seul variété a être
cultivée dans notre zone d'étude, est sans doute le plus
touché par la crise. Jadis, la première culture
vivrière de par la superficie de terres allouées, on ne le
retrouve aujourd'hui que dans les environs immédiats des villages
(notons
de passage qu'il occupait avec l'arachide l'essentiel des
terres des champs de brousse) Les raisons sont notamment la pauvreté
des sols qui supportent mal la répétition de cultures
mais aussi le manque de jachère. Conséquence :
baisse généralisée du rendement confirmée par
la presque totalité des paysans interrogés lors de notre
enquête.
Même cas de figure avec le riz dont la principale
contrainte reste la salinisation des sols. L'arrêt des pluies
précoces assèche beaucoup plus tôt la réserve utile
pour les plantes
et les variétés traditionnelles n'arrivent plus
a maturité. Dans les bas- fonds, la baisse de la nappe
consécutive a la détérioration du climat, limite les
phénomènes de remontée de nappe aux zones les plus basses
et empêche le bon déroulement de la riziculture inondée en
zone haute ; les phénomènes de remontée de sel dans la
zone plus basse en bordure du fleuve
du fait de la diminution du lessivage durant
l'hivernage inhibe la croissance du riz. Les rendements obtenus (1,2 a
1,5 t / ha5) sont loin des 2,5t / ha enregistrés du temps de
la MAC (voir tableau 10) En outre, l'arrêt brutal de ce projet a
constitué un brusque retour a la case départ pour les
producteurs. Les machines agricoles qui avaient servi dans le projet
lorsqu'elles tombaient en panne, il n'y avait plus d'argent pour les faire
réparer ou acheter la pièce de rechange qui convenait. Les
producteurs ont alors recours pour leur survie a leurs
instruments aratoires et leurs techniques traditionnelles.
5 Estimation d'après l'enquête
ménage
Depuis plusieurs années, la superficie de terres
rizicultivées n'a cesser de diminuer et malgré
l'aménagement de la digue anti- sel, plusieurs hectares restent encore
inexploitables
en aval du bassin. Par ailleurs, pour fuir les exactions des
bandes armées, les populations des villages de Bindaba I et II, Akintou
I et II, en amont du bassin, ont dU abandonner leurs terres portant ainsi un
sérieux coup a la production qui ne cesse de baisser.
Quant au maïs, il est
cultivé en général dans les champs de case et
bénéficie a cet effet d'une fumure organique
constituée par les déchets ménagers. L'estimation
des quantités produites est difficile car la récolte des
épis se fait au fur et a mesure de leur maturité. La
commercialisation du maïs, introduite par le PRS, a permis le
développement de cette culture qui occupait alors de grandes
superficies des champs de brousse. La fin du projet a signifié le
confinement de la culture du maïs dans ses bases traditionnelles c'est a
dire dans les champs de case où il reste encore
présente car sa précocité entraIne une consommation
immédiate comme vivre de soudure.
I- 1- 2 Effondrement de la production
arachidière et conversion à l'arboriculture
fruitière
La culture de l'arachide est très
développée dans le bassin de Goudomp. Cet oléagineux,
d'introduction «récente» apparaIt comme la production
permettant l'obtention des quantités massives aux achats
monétaires. Aujourd'hui, elle est, a l'instar des autres cultures,
victime
a la fois de l'insécurité sévissant
dans la région et d'une mauvaise politique agricole. En effet,
l'arachide, fleuron d'un âge d'or désormais révolu,
n'en finit pas d'agoniser. Les champs s'appauvrissent d'année en
année et sont plus ou moins délaissés. Les faibles
rendements ne reflètent qu'un triste mais logique écho de
cet abandon. Ces dernières années la production a connu
une baisse notoire (pour illustrations : seulement 815t de graines ont
été collectées lors de la campagne 99/2000 contre
1210t en 90/91 !) Les campagnes agricoles se suivent et se ressemblent
avec son lot de problèmes : baisse continue du prix de l'arachide au
kilogramme, manque de semences et de matériels, bons impayés,
etc.
Dans ce contexte, l'arboriculture fruitière dont
l'exploitation constitue désormais la principale source de revenus des
producteurs, a économiquement joué un rôle de substitution
au recul
de la culture de l'arachide.
Cette arboriculture6 se développe sur les
versants et sur les plateaux au grand dam des cultures traditionnelles. En
effet, les paysans transforment systématiquement les champs
«improductifs» en plantations fruitières. Les espèces
rencontrées sont le manguier, l'anacardier, l'oranger. La cueillette qui
a lieu en novembre et décembre pour les oranges, d'avril a aoUt pour
les mangues et l'anacardier, permet aux producteurs d'acquérir
des
6 L'arboriculture a toujours
été présente dans le bassin de Goudomp mais
entièrement destinée a
l'autoconsommation, nous insistons ici sur le nouveau
rôle (source de revenus) de premier plan qu'il joue aujourd'hui
après l'effondrement de la culture de l'arachide.
revenus qui souvent les mettent a l'abri du besoin
durant toute la saison. Ces revenus peuvent ainsi servir a l'achat des
biens alimentaires ou matériels. Très florissante dans la zone,
l'arboriculture constitue aujourd'hui le nouveau pilier de
l'économie locale. Des plantations se multiplient au fil des
années et dans des zones comme Bacoundi et Birkama chaque famille
possède au moins une plantation de manguier. A Goudomp et a Akintou, la
prédominance de l'anacardier est incontestée mais ne concerne
notamment a Goudomp que quelques rares producteurs.
L'estimation de la production fruitière est
difficile compte tenu de l'exploitation anarchique et de la
commercialisation informelle dont elle est l'objet. On estime entre 1000
et 1500 t de mangues ou de noix de cajou qui sont
acheminés chaque année vers les grandes villes du
Sénégal (Dakar, Kaolack via Ziguinchor)
L'arboriculture souffre de plus en plus de manque de clients.
En effet, en raison de l'insécurité, rares sont les acheteurs qui
s'aventurent dans le secteur par peur de représailles des «coupeurs
de route» qui font souvent leur loi sur le seul tronçon qui
traverse le bassin, la Nationale 6 reliant Ziguinchor et Kolda, les deux
principales villes de cette partie du Sénégal. Ceci nous
permet d'introduire la question de la crise séparatiste, sa place dans
le mal développement du bassin.
I- 2 Le tribut du conflit casamançais
Suite a l'insécurité civile, beaucoup de paysans
ont dU abandonner leur activité agricole. Le bassin déja
déficitaire dans sa production est confronté a une
insécurité alimentaire croissante en raison également
des faibles possibilités de développement des
activités génératrices de revenus. A proximité
des zones de conflit (Bindaba, Akentou, Diouniki...), des milliers de
familles terrorisées ont abandonné tous leurs biens
(maisons, troupeaux, vergers et champs) pour chercher refuge a Goudomp,
Birkama ou Bacoundi. Ce qui créa dans ces zones dites
sécurisées, une explosion démographique avec comme
corollaires le déséquilibre population/ressources et des
bouleversement des structures agraires. Il s'en suit une redistribution
foncière (morcellement des parcelles) pour satisfaire les
nouveaux venus ; la location monétarisée des terres (des
rizières essentiellement) se développe a un rythme
effréné ceci d'autant plus que les nouveaux venus,
principalement mandjaques, bénéficient dans leur majorité
du soutien financier de leurs parents émigrés en Europe.
Les personnes déplacées sont
généralement hébergées par des familles modestes
qui ont du mal a se prendre elles- mêmes correctement en charge
et a fortiori d'autres personnes encore plus nécessiteuses. Les
mécanismes de solidarité et de régulation sociale
se désintègrent sous le poids des migrants.
Dans les familles déplacées, les études des enfants
sont souvent interrompues ou retardées par des difficultés de
recasement.
I- 3- Crise et système de production : le retour
à la case départ
Le système de production dans le bassin de Goudomp a connu
plusieurs bouleversements
au cours de l'histoire. Entre le système traditionnel
(détaillé dans la première partie de ce mémoire)
caractérisée par un outillage rudimentaire propre aux
différentes ethnies en présence et une agriculture basée
sur l'autosubsistance et la situation actuelle, différentes tentatives
de modernisation de l'agriculture ont été initiées
par les pouvoirs publics et les partenaires au développement
(notamment la MAC) L'introduction de la culture de l'arachide,
l'intensification de la riziculture ont profondément
transformé la structure agraire et les pratiques paysannes :
irrigation, motoculture, culture attelée, utilisation de
l'engrais chimique... supplantent les pratiques traditionnelles.
On a longtemps cru, en effet, qu'il suffisait
d'appliquer des modèles agronomiques éprouvés dans
les pays avancés pour augmenter d'un seul coup la production
agricole : l'expérience a montré que ces modèles ne
s'exportent pas tels quels. On ne bouleverse pas par décret les
rapports séculaires entre les paysans et la terre, il n'est
pas de baguette magique qui fasse soudainement passer de
l'autosuffisance a l'économie de marché (POURTIER R., 2001)
La plupart des projets ont échoué pour avoir oublier que l'acteur
du développement ne se réduit pas a un banal
«facteur» de production. Faute d'avoir tenu compte de la culture
des peuples, de leurs rapports avec la terre, de la structuration de leur
société, les innombrables projets venus «d'ailleurs»
ont souvent manqué leur objectif.
Aujourd'hui, la crise contraint les paysans a tout abandonner
et a se retourner aux pratiques traditionnelles car, a quoi sert la meilleure
technologie du monde si on n'a pas les moyens matériels de sa mise en
pratique ? La culture mécanisée et l'irrigation ont disparu dans
l'ensemble du bassin. La culture attelée quant a elle, seuls quelques
dignitaires en font usage. Les bas- fonds ne servent plus qu'a la riziculture
pluviale et restent entièrement a la charge des femmes ; les hommes
convertis a l'arboriculture consacrent de moins en moins
de temps et d'espace aux cultures sèches.
II- Les fondements de la crise
De nature variée, les causes profondes dont la conjugaison
explique le déficit vivrier actuel
du bassin sont diverses. Ces facteurs qui n'ont souvent pas la
même importance explicative dans l'avènement de la crise
agricole qui s'approfondit d'année en année, sont
principalement de quatre ordres: les facteurs naturels; les contraintes
socioéconomiques, politico- culturelles et la nature des politiques
agricoles des pouvoirs publics.
II- 1 L'influence des facteurs naturels
Même si la période de sécheresse est
passée, il reste que de manière générale la
pluviométrie a baissé dans la région et on remarque une
réduction du cycle pluviométrique. Les conséquences sont
énormes pour les populations qui se voient imputées d'une
partie importante de leur capital foncier, principale base de la
sécurité alimentaire. Le potentiel de production est fortement
affecté au moment où les besoins en terre augmentent
avec la
croissance démographique et l'arrivée de
nouveaux ménages dans les familles. On assiste ainsi a un
processus de morcellement des parcelles pour satisfaire les
nouvelles générations.
II- 2 Le poids de l'insécurité
Le déclenchement du séparatisme au
début des années 80, conjugué a l'avènement
du Programme d'Ajustement et le début du désengagement de
l'État ont sonné le glas d'une nouvelle ère marquée
par une précarisation accrue du niveau de vie d'une population qui a
déja du mal a se remettre de la sécheresse.
En début des années 90, l'intensification
de la lutte armée prend des proportions importantes et entraIne
des déplacements forcés des populations de leurs villages,
une généralisation de l'insécurité, des
basculements brutaux dans la vie des familles qui abandonnent toutes
leurs richesses. C'est aussi l'éclatement des familles, les morts dans
les combats et les nombreux orphelins et handicapés. Cette
insécurité générale conduit au départ
des projets et de certaines ONG, et même certains
agents des structures d'encadrement de l'État, tournant le dos
a une population de plus en plus malheureuse, livrée a
elle-même.
Sur le plan social, les mécanismes de régulations
avec les diverses assemblées et réunions
de famille, villageoises, et mouvements associatifs ne sont
plus fonctionnels, compte tenu du contexte d'insécurité et de
suspicion qui ne favorise pas les regroupements. Les initiatives locales de
développement sont aussi inhibées.
II- 3 Les contraintes socioculturelles
C'est l'ensemble des faits sociaux construits par les acteurs
et groupes sociaux et qui pèsent sur le vécu. Notons a ce
propos que les modes de vie des populations du bassin ont beaucoup
contribué a fragiliser et paupériser les ménages.
Dans la tradition socioculturelle mandingue, bien
ancrée dans le bassin, la femme occupe une place secondaire dans la
distribution et le contrôle du pouvoir et des richesses même si
le régime traditionnel mandingue fonctionne par le régime
de la séparation des
biens.
Les femmes, le plus souvent exclues des centres de
décision, bénéficient peu de ressources communautaires
et ont des conditions de vie particulièrement précaires.
Et pourtant, dans tout le bassin, elles participent largement a la
production économique, exécutent quasiment seules les
activités de production, sont responsables des besoins essentiels
de la famille où elles investissent une bonne partie de leurs revenus,
ont une large charge de travail bien supérieure a celle des hommes. Mais
cet effort féminin ne trouve pas
de répondant chez les hommes qui ont la réputation
de se laisser entretenir par les épouses.
Malheureusement, les ruptures intervenues avec l'intrusion marine
et la difficile reconversion
des femmes dans le maraIchage, dans les activités de
cueillette ou du petit commerce ont complètement bouleversé le
modèle et précipité les populations dans la
paupérisation.
II- 4 Les facteurs économiques
Le potentiel agricole du bassin reste sous
valorisé. D'une part, les fruits et légumes dont regorgent
la zone ne sont pas transformés sur place et pourrissent par
défaut de moyens de transport, de conservation ou de transformation.
Au niveau des systèmes de production, les paysans
ont du mal a adopter leurs calendriers culturaux au nouveau contexte
pluviométrique.
Les prix des denrées de consommation courantes sont
très élevés a Goudomp du fait
de la distance (de Dakar) alors que les revenus des populations
restent faibles. Les chefs de ménage supportaient plus facilement cette
situation du fait de revenus complémentaires tirés
de l'exploitation ou de vergers dans les villages environnants
ou des plantations de bananes, d'ananas et de papaye dont disposaient
jadis Goudomp, Bacoundi et Birkama et qui employaient en permanence
plusieurs centaines d'agriculteurs. Depuis une dizaine
d'années, ces vergers ne sont plus accessibles du fait de
l'insécurité, quant aux plantations, elles sont tombées en
faillite faute d'une bonne gestion, laissant derrière elles leurs
forages
en panne et des «carcasses» d'infrastructures.
D'autres facteurs économiques expliquent la crise
dans le bassin a l'instar de l'ensemble du monde rural
sénégalais : il s'agit notamment de l'introduction de la
culture arachidière durant la colonisation puis l'orientation de
l'encadrement dans la primauté accordée a cette culture au
détriment des cultures vivrières après les
indépendances qui ont fragilisé la logique de subsistance
qui pourtant dominait fortement. C'est également la
fragilité de la production agricole due essentiellement a la
vétusté du matériel agricole, l'absence ou la faiblesse
de l'épargne mobilisable.
L'insuffisance des infrastructures de communication constitue un
facteur économique majeur de la crise, du fait des surcoUts
créés par l'approvisionnement en intrants et denrées
de première nécessité, mais aussi pour la
commercialisation des productions locales.
II- 5 Politiques et programmes ayant provoqué
ou renforcé la vulnérabilité et la pauvreté
des populations
Les villages du bassin de Goudomp ont
bénéficié de plusieurs projets et programmes qui se sont
succédés mais qui dans leur grande majorité n'ont pas eu
de suivi réel a la fin de leur mission. La fin d'un projet signifie la
perte d'emploi, d'encadrement et de soutien financier et provoque une rupture
qui, a la limite, peut fortement perturber la capacité de
résistance des ménages paysans. La fin du PRS, l'arrêt de
la MAC et plus récemment la fin de la mission du PROGES ont
été autant de points de rupture qui ont marqué les
populations du bassin. Par ailleurs :
- l'arrêt du programme agricole,
- le désengagement de l'État laissant le paysan
démuni sans moyen de se défendre,
- les politiques d'ajustement structurel (qui ont alourdi le
poids de charges domestiques),
- la dévaluation du franc CFA,
sont autant de facteurs qui ont été a la
base ou renforcé la vulnérabilité. A la
fragilité de l'économie locale s'ajoute la
dépréciation du prix au producteur, le
renchérissement de denrées de première
nécessité. Ce qui contribue largement a la
précarisation des populations du bassin.
Par ailleurs, outre la «brusque» réforme
administrative et territoriale de 1990 érigeant Goudomp comme commune,
la loi sur la décentralisation et le transfert des
compétences aux collectivités locales de 1996, n'ont pas
bénéficié de mesures d'accompagnement
nécessaires a un développement local autonome. Au contraire, les
collectivités locales et les populations se sentent «
asphyxiées » par l'ampleur de leurs tâches et leur
absence de moyens. Ce qui n'est pas sans conséquence sur le cadre de
vie.
Face a ces contraintes de nature diverse, les paysans ne sont
pas restés passifs. Ils ont au contraire développé toute
une série de stratégies qui visent a contrecarrer plus ou moins
les caprices de la nature et a assurer leur survie.
III- Stratégies paysannes : des initiatives face
aux contraintes qui minent l'agriculture
Le tableau ci-dessous résume les principales
contraintes qui minent le développement agricole et les
stratégies adoptées par les populations paysannes, avec parfois
l'appui des partenaires au développement, pour minimiser les maux.
Conclusion
La mise en valeur des bas-fonds de Goudomp et Birkama
est confronté a diverses contraintes dont l'ampleur rend urgent des
solutions ou issues palliatives. Des efforts doivent être fournis par
les pouvoirs publiques et les acteurs privés pour soutenir
l'action des paysans qui n'ont pas attendu pour réagir face a
ces difficultés. Les producteurs, de leur côté,
doivent faire des progrès notamment sur le plan organisationnel, mais
également aller,
au dela des considérations d'ordre socioculturel,
participer physiquement aux travaux des rizières.
CHAPITRE II : POUR UNE NOUVELLE APPROCHE DU
DEVELOPPEMENT LOCAL
Introduction
Quelle mise en valeur pour le bassin de Goudomp ? Cette
question, au vue de l'enjeu qu'elle représente, interpelle tous les
acteurs du développement local (paysans, collectivités locales,
pouvoirs publiques, partenaires privés...) Il urge aujourd'hui
d'apporter des réponses claires
aux interrogations des différents acteurs afin de parvenir
a un développement agricole rural intégré tant
souhaité.
I- Pourquoi repenser la mise en valeur du bassin de
Goudomp ?
Depuis plusieurs décennies le secteur agricole
(principal secteur dans le bassin) traverse une crise qui s'explique
notamment par la baisse des précipitations, le désengagement de
l'État et la redéfinition de la politique agricole
(suppression des subventions) ainsi que la chute des prix des produits sur
les marchés internationaux. Cette crise s'explique aussi par
le fait que le secteur agricole est durement
éprouvé par le manque de compétitivité et
certaines pratiques traditionnelles.
A la suite de la sécheresse des années 70, les
villageois du bassin de Goudomp ont exprimé leur volonté
d'aménager les bas- fonds contre les intrusions salines qui gagnaient
les terres rizicultivées. Les pouvoirs publics
ont répondu par l'élaboration de multiples programmes de
mise en valeur (MAC, PRS, PROGES...) mais les résultats furent
mitigés. Les contre- performances notées après
l'arrêt de ces projets traduisent l'échec dans le transfert
de technologie. Des franges importantes de la population ont vu leur
situation économique et sociale se dégrader d'année en
année. Une nouvelle forme de pauvreté, qui s'exprime par un
besoin de survie notamment en terme de nourriture, s'est installée dans
la zone; une situation a forte prévalence aggravée par
l'insécurité.
Par ailleurs, la principale leçon retenue de la
longue expérience de mise en valeur des terres est que les villageois et
les collectivités locales ne sont disponibles que s'ils sont
véritablement maItres et responsables de leur terroir. Aujourd'hui, avec
l'avènement en 1997
de la politique de la décentralisation/
déconcentration (loi 96.07) transférant aux
collectivités locales de nouvelles compétences entre autre
en matière de gestion de ressources naturelles et de
l'environnement (ceci implique la gestion du terroir villageois) et le
Plan National d'Action pour l'Environnement (PNAE)7, on dispose
d'un cadre juridique plus que jamais propice pour une intervention
associant les paysans, principaux concernés. Néanmoins,
si l'on reconnaIt qu'il est nécessaire de déléguer
davantage de responsabilités aux utilisateurs en l'occurrence les
producteurs, il faut aussi reconnaItre qu'ils ne sont pas suffisamment
formés ou équipés pour prendre en main des fonctions
de gestionnaires, et qu'ils ne sont pas en mesure de faire les
investissements nécessaires pour adapter et assurer le bon
fonctionnement des infrastructures aménagés, d'où la
nécessité d'un soutien surtout financier de la part des
partenaires.
D'autre part, les paysans du bassin de Goudomp manquent
cruellement de moyens
et l'accès au crédit reste hors de portée de
leurs maigres bourses. La CNCAS qui finance les agriculteurs, propose des
lignes de produits a des taux d'intérêt variant entre 6,8% a
12,5%.
7 Le PNAE accorde une grande priorité a
la mise en oeuvre de nouvelles approches d'aménagement et
de
gestion de terroirs fondées sur une responsabilisation des
populations et des collectivités dans la planification,
l'exécution et le suivi- évaluation des actions
L'accès au lignes de crédit est
conditionné par un apport personnel d'au moins 10% et la
domiciliation du compte du promoteur dans les livres de l'institution. Ce qui
est inaccessible pour les paysans de notre bassin dont le revenu
mensuel ne dépasse guère 5000 FCFA (environ 8 euros)
La crise casamançaise qui dure depuis deux
décennies et surtout la dévaluation du franc CFA intervenue en
1994, bouleverse complètement les repères. Le pouvoir
d'achat déja faible se dégrade davantage. Les intrants agricoles
(engrais, insecticides et herbicides) destinés aux cultures et
l'équipement agricole encore existant (charrue, semoir, animaux de
trait) sont vendus au marché noir pour faire face a la soudure ou aux
dépenses urgentes du ménage. Le conflit armé a, quant a
lui, entraIné une importante vague de déplacement de populations
des zones de combat vers les villages plus ou moins sécurisés
créant d'un côté
un phénomène d'abandon de terres et de
l'autre une « surpopulation » qui n'est pas sans
conséquences sur la répartitions des ressources naturelles.
Pour toutes ces raisons, il paraIt logique de redéfinir
une nouvelle stratégie pour une mise en valeur réaliste qui
tient en compte les aspirations des paysans et les conditions
générales qui prévalent dans le bassin.
II- Quelle politique de développement agricole
?
Diverses innovations doivent être apportées
au secteur agricole pour lever les contraintes qui handicapent son
développement. Assurer la sécurité alimentaire
et asseoir un développement agricole durable deviennent a cet effet
les défis majeurs a relever pour un épanouissement de la
condition paysanne.
II-1- Les objectifs prioritaires
II- 1- 1 OEuvrer pour un retour définitif de la
paix et de la sécurité dans la région
Si le conflit casamançais n'est pas la cause de la
crise du monde rural balantacoudais, il en est réellement le
catalyseur. En effet, l'intensification des combats entre
indépendantistes et forces armées Sénégalaises,
l'apparition de mines anti- personnelles, les exactions contre
les populations ont fini par semer le chaos dans
toute la zone. Un sentiment d'insécurité
généralisée s'installe, entraInant la réticence
d'éventuels investisseurs et contraignant les partenaires
déja sur place a se retirer. La situation est telle aujourd'hui qu'il
urge que l'État
du Sénégal prenne des initiatives hardies,
invite les maquisards a la table de négociations pour dessiner les
perspectives de sortie de crise car la logique actuelle de ni guerre, ni
paix, lourde de danger et propice aux malfaiteurs, ne permet
aucun développement d'une quelconque nature.
II-1-2- Relever le défi de la
sécurité alimentaire
L'insécurité alimentaire et la pauvreté
constituent des défis majeurs auxquels les autorités
compétentes doivent faire face dans le bassin. L'option est d'assurer la
sécurité alimentaire
par une production locale diversifiée capable de
promouvoir des revenus agricoles. L'analyse des déterminants des
faiblesses de la compétitivité de la production locale
révèle qu'elle repose pour l'essentiel sur des coUts de facteurs
élevées, des technologies peu évoluées, sur des
pratiques extensives. A ces contraintes s'ajoute la dégradation
des termes de l'échange des produits agricoles.
Il apparaIt donc que la compétitivité du secteur
agricole dépendra de sa capacité a moderniser ses techniques, ses
outils et ses moyens. A cet effet, les pouvoirs publics ont pour devoir de
développer dans le secteur une politique d'incitations et
d'investissements conséquentes capable d'induire des transformations
positives dans les pratiques culturales
et permettre a la fois de résorber le déficit
vivrier local et d'améliorer le revenu des paysans.
II-1-3- Asseoir un développement agricole durable
basée sur l'entreprise familiale
L'agriculture, activité principale du bassin, est a la
base de l'économie locale. Elle traverse
en même temps que les sociétés rurales,
des mutations profondes posant de facto des défis aux acteurs du
développement rural que sont les organisations paysannes, les
pouvoirs publics, les collectivités décentralisées et les
partenaires au développement. La particularité
de l'agriculture dans le bassin de Goudomp réside dans
le fait qu'elle est essentiellement, voire exclusivement familiale. Son
développement passera alors indubitablement par une politique
douée d'apporter des progrès jusqu'au niveau de l'exploitation
paysanne.
Il demeure néanmoins important que les options de
développement agricole retenues pour améliorer les revenus et
assurer la sécurité alimentaire ne se réalisent au
détriment de l'équilibre de l'environnement. Les paysans,
acteurs directs du terrain, constituent les véritables garants
d'une politique de développement agricole durable eu égard
au rôle qu'elles jouent aussi bien dans la production agricole que dans
la protection du milieu. A cet effet, une approche participative dans la
gestion du terroir sera d'un apport positif dans la vision et les
stratégies agricoles8.
II- 2- Les orientations stratégiques pour une
agriculture «émancipée»
II- 2- 1- Faire de la diversification et de
l'intensification de la production une priorité
La diversification de la production agricole est une
réalité dans le bassin de Goudomp. Les pouvoirs publics et les
partenaires au développement doivent soutenir les producteurs ; des
orientations doivent être mises en oeuvre pour accompagner les
stratégies spécifiques aux différentes filières
agricoles afin d'optimiser les effets.
a) Développer la culture
vivrière.
La relance des cultures céréalières,
riz et mil notamment, peut permettre de résorber le
déficit vivrier local. Pour cela, des mesures idoines doivent être
prises dont :
8 Gouvernement du Sénégal
- la maItrise et la gestion rationnelle de l'eau par la petite
irrigation et l'aménagement des bassins de rétention d'eau
pluviales ;
- la reconstitution de la fertilité des sols salins et
acides qui nécessitent une diminution de leur degré de
salinité par un lessivage approprié et une neutralisation de
l'acidité par des amendements organiques et / ou minéraux
raisonné ;
- la sélection de variétés de riz
tolérantes et leur diffusion auprès des populations rurales.
A ce propos, l'ISRA a mis en place la « fleur 11» qui
est une nouvelle variété de riz sortie de leur laboratoire et qui
a un cycle de production de 80 jours. Cette nouvelle variété
permettrait
de réduire le cycle de la production de riz de
manière a avoir deux ou trois récoltes par an9,
mais aussi d'augmenter les rendements ;
- la formation et l'encadrement des paysans ;
- la promotion du compostage et l'utilisation des engrais
chimiques par la mise en place
de formations et des mesures d'incitation a la gestion
des engrais, a l'utilisation des ressources locales pour la fertilisation
des sols ;
- le parachèvement des aménagements dans les
bas-fonds ;
- la transformation des CVGE / CIVGE en GIE d'agriculteurs
b) Relancer la filière
arachide
L'importance de la filière arachide comme culture
motrice sur les autres filières agricoles nécessite qu'un
programme de relance soit mis en oeuvre pour lever les contraintes
qui restreignent les performances de cette culture. Le programme de
relance de la filière comportera :
- la restructuration du volet semencier qui passera par le
renforcement de la recherche en matière de sélection,
d'introduction variétale, la production semencière au niveau
paysan et dans un cadre contractuel avec les professionnels des semences ;
- l'amélioration de l'accès au crédit avec
la création de mutuelles de crédit rurale adaptée avec un
taux d'intérêt accessible aux paysans;
- le retour aux systèmes de culture comme l'assolement et
la rotation des cultures
- le regroupement des agriculteurs en GIE et coopératives
;
c) Encourager l'arboriculture et le
maraîchage
L'arboriculture et le maraIchage se sont
développés par réactions a la crise économique, aux
aléas climatiques et aux contraintes pédologiques. Mais
encore faudrait- il souligner que l'arboriculture fruitière est une
vieille tradition dans le bassin ; chaque concession ayant au moins un arbre
fruitier dans la cour.
Encourager le développement de l'arboriculture et le
maraIchage consistera a :
- désenclaver les lieux de production grâce a un
réseau routier fiable ;
9 Nous attirons l'attention que ces récoltes
ne sont possibles que dans le cadre d'une agriculture irriguée.
- réhabiliter les plantations de bananes, d'ananas et de
papayes dont les forages existent encore ;
- créer des unités de transformation et de
création de produits agricoles (fruits) ;
- créer un réseau d'écoulement de produits
(fruits, légumes...) ;
- aménager des magasins de stockage ;
- mettre en place des chaInes de conservation.
Pour gagner le pari de l'intensification et, au- dela, celui
d'un développement agricole viable, des mesures globales pour
accompagner les efforts doivent être prises. Il s'agit
notamment de:
· Assurer la maîtrise et la gestion
rationnelle de l'eau
L'une des contraintes fondamentales de l'agriculture dans le
bassin de Goudomp est la non maItrise de l'eau qui constitue l'entrave la
plus déterminante dans les performances de la riziculture. Pour
faire face a cette question, il convient de réaliser des systèmes
d'irrigation faiblement consommateurs en eau et a la portée des
producteurs. Un programme de mise
en place d'aménagements de faible coUt
conférant une bonne maItrise de l'eau a l'exploitation, sur
la base de capacités paysannes de gestion et d'entretien
permettant d'assurer leur pérennité doit être mis en
oeuvre en partenariat avec les organisations paysannes. La mise en place
d'un fonds d'entretien des aménagements structurants est un
impératif dans la recherche de solutions aux problèmes de
financement de fonctionnement.
· Désenclaver la zone par la mise en
place d'infrastructures routières
La nécessité de favoriser le
désenclavement des zones de production, de faciliter
l'évacuation des produits agricoles et le transport des intrants ont un
déterminisme important sur le développement du secteur
agricole. Les pouvoirs publics se doivent de réaliser les
infrastructures de base (pistes d'accès aux zones de production,
aires de stockage et de conservation des produits...) avec l'appui
des collectivités locales qui en assureront la gestion et
l'entretien.
· Mieux gérer l'espace
par la consolidation des stratégies locales de
gestion et de préservation de l'environnement qui mettent l'accent
particulièrement sur la restauration et la fertilisation des sols. En
effet, face a la problématique de la baisse de productivité des
sols qui procède de différents facteurs dont
essentiellement: la faible teneur en matière organique, la
faible capacité de rétention des nutriments, la faible
infiltration et le niveau limité de la rétention en eau, la
salinisation et l'acidification, de nouvelles stratégies doivent
être mise en oeuvre dans un cadre participatif pour limiter les
pratiques extensives fortes consommatrices de ressources naturelles et
restaurer la fertilité des sols. A ce propos, une large diffusion du
compostage, le retour aux procédés traditionnels de
jachère et
d'assolement sera d'une grande utilité.
· Mettre en place des services d'appui à
l' agriculture et à la décentralisation
Il s'agit, pour les pouvoirs publics, de renforcer les
capacités des producteurs, réorganiser
les services agricoles - a travers les volets recherche,
vulgarisation, encadrement- adaptés
au contexte de régionalisation et en partenariat
avec les organisations paysannes et les acteurs privés.
II-2-2- Renforcer les capacités des acteurs
directs du développement rural
Il s'agit la principalement de renforcer les
capacités des collectivités locales et des organisations
paysannes afin d'en faire les principaux gestionnaires de l'économie
agricole mais, également, de veiller a doter l'État, ses
démembrements, ses représentants et ses experts d'une
culture méthodologique et d'une démarche pertinente de
pilotage de la politique de développement agricole et rural.
Responsabiliser les OP ne signifie pas que les paysans doivent être
capables de tout faire par eux- mêmes, mais qu'ils doivent
être capables d'assumer un certains nombre de fonctions pour le
développement de leur filière. Dans ce contexte, il importe de
réfléchir aux dispositions a mettre en place et/ou appuyer pour
:
instaurer une démarche d'élaboration
concertée de politiques en totale co-responsabilité d'acteurs
clés dont la légitimité, la crédibilité et
la représentativité ne souffrent d'aucune contestation ;
relever, de façon substantielle, les capacités
de ces acteurs a diagnostiquer les situations
et environnements généraux et
spécifiques de leurs filières, a déceler et
analyser les contraintes prévalant, et a mettre en oeuvre des
politiques, stratégies et mesures aptes a
les résoudre ;
améliorer et consolider leur fonctionnement en
favorisant leur large participation aux prises de décisions ;
renforcer leur capacités d'intervention et
d'adaptation a travers une meilleure gestion des savoirs et des richesses et un
renforcement permanent des capacités organisationnelles.
Le transfert de responsabilités est un processus qui
met en jeu un changement profond des rapports entre État et producteurs
et a des dimensions juridiques et institutionnelles fortes. Qui dit transfert
de responsabilité dit aussi transfert de pouvoir et de moyens pour
assumer ces responsabilités. La question du financement est donc
cruciale. L'État dans la quête de ses objectifs fixés,
créera l'environnement fiscal, institutionnel et législatif et
sera par ailleurs
le fournisseur de biens et services en matière de
recherche et de conseil agricole et rural.
II- 2- 3- Une approche participative dans la
planification et la mise en oeuvre des opérations de
développement
L'approche participative est un outil qui favorise la prise en
charge effective par l'ensemble
de la population des actions de développement du terroir.
Elle tend a modifier la perception
du rôle de chaque acteur et a proposer un
partage de responsabilités entre les différents partenaires.
Une démarche participative bien conduite aide a repérer
tous les acteurs du développement, a valoriser et a reconnaItre leur
importance, même ceux qui peuvent avoir été
«oubliés» lors de la conception d'un projet ou d'un
programme.
A cet effet, consolider le partage du processus de gestion du
secteur agricole avec l'ensemble des partenaires de l'Etat constituera les
germes d'un changement radical de la vision et des stratégies
agricoles. Un système de concertation, de partage des
décisions dans la conception, l'élaboration et la mise en
oeuvre des politiques de développement agricole durable
s'impose. Ainsi la réalisation des projets et programmes
se fera principalement avec une pleine participation des collectivités
locales et des paysans. L'Etat leur apportera l'appui nécessaire a
l'amélioration de l'environnement de leurs activités
(réglementation, fiscalité, investissements
structurants)10
II- 2- 4 - Prise en compte à toutes les
étapes de la dimension genre
La mise en valeur de bas- fonds étant surtout l'affaire
des femmes, il paraIt indispensable de
les associer dans toutes les décisions entrant
dans le cadre de l'amélioration de la productivité dans
les rizières. Ceci est d'autant plus nécessaire que leur
capacité a s'organiser prouvée a travers les diverses
associations traditionnelles a caractère lucratif ou d'épargne
(tontines) dépasse de loin celle des hommes. Les femmes constituent le
poumon
de l'économie locale et assurent a presque elles seules
les charges de tout le ménage. En raison de ces obligations
financières croissantes, les femmes attachent une grande
importance aux activités génératrices de revenus. Il
convient toutefois de noter que ces activités
génératrices de revenus ne devraient pas- comme c'est
souvent le cas dans la pratique- représenter une charge
supplémentaire pour elles.
Afin de tenir compte des intérêts a la fois
pratiques et stratégiques des femmes dans
la formulation des projets ou programmes, il importe
de travailler avec les groupes et réseaux locaux de femmes de
manière a intégrer les diverses particularités
socioculturelles dont regorge le Balatacounda. Il est également utile de
coopérer davantage avec les leaders des associations féminines
car celles-ci sont connues sur le terrain et ont parfois de
l'influence sur les autorités traditionnelles.
II- 2- 5- Promouvoir le financement des
exploitations familiales par une politique de développement de la
micro finance
Liée a l'histoire de la Grameen Bank au Bangladesh, qui
a su s'imposer de un contexte de grande pauvreté et développer un
volet social très dense, la micro finance est née de l'effort des
populations de faire face au climat économique difficile et aux rigueurs
des institutions
10 Gouvernement du Sénégal
bancaires. C'est un crédit de faible montant offert a
ceux qui ne peuvent accéder au crédit bancaire classique, faute
de pouvoir apporter les garanties matérielles exigées
(salaire, biens immobiliers, épargne suffisante...) d'où son
importance pour les populations du bassin.
Une bonne politique crédit mettra l'accent sur la baisse
du taux débiteur par la mise
en place de fonds de bonification des taux ; ce qui
favorisera l'accès au crédit des exploitations familiales,
notamment celles dont le niveau de revenus sont égaux ou en
dessous du seuil de pauvreté. L'accent sera mis aussi sur
l'amélioration des conditions d'accès et le
développement du crédit de proximité (mutualisation
du crédit) A ce propos, il serait intéressant d'appuyer
les associations traditionnelles d'épargne et de
crédit11 déja existantes comme l'AJAC, la FADECBA
qui ont fait leurs preuves dans ce domaine.
Conclusion
La spécificité du bassin de Goudomp exige un
modèle de développement particulier qui prendra en compte
toute la complexité et les contradictions dont regorge le bassin.
CONCLUSION GENERALE
Le bassin de Goudomp, riche en ressources tant physiques
qu'humaines, est aujourd'hui la proie a une crise qui, du moins,
n'épargne aucune région du monde rural
sénégalais.
Les ressources sont disponibles (sols riches, climat plutôt
généreux, main d'oeuvre présente...), mais pour autant, la
région peine a relever la tête.
Les bas-fonds sont confrontés a de lourdes
contraintes d'ordre naturel et socio- économique qui ont
poussé l'Etat, les partenaires privés et les populations a
réagir par la mise en oeuvre de stratégies telles la
construction d'une digue anti-sel pour empêcher les intrusions salines
dans les terres rizicultivées et permettre une intensification des
cultures.
Le bilan global de ces politiques de développement est
plus que mitigé. Il révèle un échec dans le
transfert de technologie car, même si ces projets ou programmes
ont eu des résultats satisfaisants, ils ne se sont pas inscrits
dans la pérennité. En effet, aussitôt leur
arrêt, les populations se retrouvent dans leur situation
antérieure.
Aujourd'hui, l'insécurité s'est jointe au
cortège des contraintes qui annihilent tout progrès vers
un développement agricole dans le bassin. La
radicalisation du conflit casamançais a entraIné de
graves bouleversements dans la vie de ces paysans. Le personnel
d'encadrement de l'État, les ONG et les partenaires
privés sont contraints au
départ pour cause d'insécurité.
11 L'activité financière a toujours
été pratiquée dans le bassin au sein de ces
associations. Les tontines en
constituent la version la plus répandue, a
côté d'autres moyens comme la thésaurisation ou les
pratiques usurières.
Les politiques jusque la initiées pour une
amélioration des conditions de vies des paysans se sont
révélé défaillantes d'où la
nécessité de redéfinir les stratégies et
l'approche. L'objectif principal de la politique agricole doit être la
lutte contre la pauvreté et l'amélioration
de la sécurité alimentaire. Cela passe par
l'augmentation de la production agricole et l'accroissement des revenus
des ruraux. Pour atteindre ces objectifs, les pouvoirs publics doivent
mener un ensemble cohérent de stratégies visant a
accroItre l'efficacité de ses investissements. Parmi celles-ci :
- l'introduction de nouvelles techniques de production ;
- la formation et l'encadrement des paysans ;
- l'organisation des paysans en coopératives
dotées de moyens conséquents permettant une exploitation
rationnelle de ces infrastructures au bénéfice de toute
la population concernée.
Cette politique se doit de corriger les excès commis
antérieurement, éviter la répétition d'actions
négatives ; ce qui suppose une meilleure maItrise des
rapports sociaux. Comprendre l'environnement socioéconomique, dans
ce cas est fondamental car, cela permet d'aider a la mise en oeuvre
d'actions concrètes et concertées pour venir a bout des
problèmes communs (combler le déficit vivrier et écouler
une production, etc.)
Il est essentiel dans une perspective de
développement rural intégré qui concerne
75% de la population, que des planificateurs en
collaboration avec les autorités et les structures
régionales et villageoises, définissent des plans
régionaux et même sous- régionaux de
développement. Cette nécessaire planification
régionalisée permettre de dépasser l'approche
sectorielle et verticale, d'associer les populations villageoises
a l'élaboration des plans régionaux, de les responsabiliser
et de les impliquer dans la réalisation des plans de
développement rural de leur région ou de leur village.
Le bassin de Goudomp est une zone qu'il convient de bien
connaItre pour mieux la préparer a ses prérogatives futures.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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OUVRAGES SPECIFIQUES
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http://www.gouv.sn/politiques
http://www.inter-reseaux.org
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http://www.lesoleil.sn
http://www.seneweb.com
http://www.sudonline.sn
http://www.walf.sn
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos Introduction Générale
Problématique Méthodologie
PREMIERE PARTIE :
COMPLEXITÉ DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS
LE BASSIN DE GOUDOMP Chapitre I : Une vallée riche en
potentialités agropédologiques
I- Un relief monotone simple à mettre en
valeur
II- De l'eau disponible mais sous
exploitée
II- 1 Les bas- fonds : un espace humide
II-1-1 Un écoulement de surface maItrisable
II- 1-2 Les sols des bas- fonds: entre salinité et
aptitude a la culture
II- 1-2-1 Typologie, caractéristiques et
répartition
II- 1-2-2 Des sols aptes a la riziculture malgré les
contraintes de la salinisation
II-2 Un sous-sol riche en ressources hydriques
a) L'aquifère superficiel du Continental Terminal b) La
nappe semi- profonde de l'Oligo- Miocène
c) La nappe profonde du Maastrichtien
Conclusion
Chapitre II : Les contraintes du climat et
problématique de la maîtrise de l'eau
Introduction
I- Les Facteurs climatiques
I-1 Le cadre aérologique : facteur principal
I-2 Les Facteurs géographiques
II- Une pluviométrie
aléatoire
II-1. Variabilité inter annuelle et contrainte de
salinisation
II-2 Variabilité inter mensuelle des
précipitations et fonctionnement hydrologique et hydrogéologique
des bas- fonds
II-3. Analyse des précipitations journalières
II-4 Déficit pluviométrique et
problématique de l'eau
Conclusion
Chapitre III : L'environnement démographique,
sociologique et socioéconomique
Introduction
I- Structure et dynamique d'une population jeune et
à croissance exponentielle
I-1 Une évolution démographique
inquiétante
I-2 Une main d'oeuvre disponible
II- Caractéristiques socio-économiques
de la population
II-1 Niveau d'instruction et niveau de vie
II-2 Répartition des activités
socioprofessionnelles a) Une population essentiellement agricole
b) Le rôle prépondérant de la pêche
dans l'économie locale
III- Une politique agricole peu soucieuse de la
précarité de masses paysannes
III- 1- Le désengagement de l'état
III- 2- Un système bancaire inadapté aux
mentalités locales
IV- Le pays balante ou balantacounda: une
société profondément transformée par les
immigrants
IV-1 Crise et mutation du système foncier
IV-2 Systèmes de production et techniques aratoires
IV- 3 Une organisation sociale de la production
hiérarchisée
IV-3-1 Division sexuelle du travail et formes d'entraide a)
Division sexuelle du travail
b) L'entraide traditionnelle : un acquis a perpétuer
IV-3-2 Un calendrier des travaux agricoles défavorable
Conclusion
DEUXIEME PARTIE :
MAÎTRISE DE L'EAU ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
: HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A RÉSULTATS
MITIGÉS
Chapitre I : La MAC : «un projet
d'assistanat»
I- Les aménagements
II- Les moyens de la MAC et les
résultats
III- Essai de bilan
Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention
inachevée
Introduction
I- Les aménagements
II- La gestion des ouvrages
III- Analyse critique de l'action du
PROGES
IV- 40 années d'opérations de
développement agricole : un bilan global mitigé
Chapitre III : Les facteurs explicatifs des contre-
performances post- opération de développement
I. Une politique de développement agricole
marquée par l'omniprésence du riz
II. La mise en place des organisations paysannes :
une négligence coupable
III. Facteurs sociologiques : le poids de
l'histoire
Conclusion
TROISIEME PARTIE :
CRISE, STRATÉGIES PAYSANNES ET PERSPECTIVES
Chapitre I : Analyse du contexte de la crise
I- Crise et mutations
I- 1 Le recul des cultures traditionnelles
I- 1- 1 Les cultures vivrières victimes de la
salinisation, de la pauvreté et de l'abandon des terres
I- 1- 2 Effondrement de la production arachidière et
conversion a l'arboriculture fruitière
I- 2 Le tribut du conflit casamançais
I- 3- Crise et système de production : le retour a la case
départ
70
II- Les fondements de la crise
II- 1 L'influence des facteurs naturels
II- 2 Le poids de l'insécurité
II- 3 Les contraintes socioculturels
II- 4 Les facteurs économiques
II- 5 Politiques et programmes ayant provoqué ou
renforcé la vulnérabilité et la pauvreté des
populations
III- Réactions paysannes : des initiatives
pour faire face aux contraintes qui minent l'agriculture
Chapitre II : Pour une nouvelle approche du
développement local
I. Pourquoi repenser la mise en valeur du bassin de
Goudomp ?
II. Quelle politique de développement
agricole ?
II- 1 Les objectifs prioritaires
II-1-1 Assurer la sécurité alimentaire
II-1-2 Asseoir un développement agricole basée sur
l'agriculture familiale
II- 2 Les orientations stratégiques pour une agriculture
«émancipée»
II-2-1 Faire de la diversification et de l'intensification de la
production une priorité
a) Développer la culture vivrière b) Relancer la
filière arachide
c) Encourager l'arboriculture et le maraIchage
II-2-2 Renforcer les capacités de acteurs directs du
développement rural
II-2-3 Une approche participative dans la planification et la
mise en oeuvre des opérations de développement
II-2-4 Prise en compte a toutes les étapes de la dimension
genre
II-2-5 Promouvoir le financement des exploitations familiales par
une politique de développement de la micro finance
Conclusion
Conclusion Générale
Orientations bibliographiques
Annexes
71
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