Conclusion générale
Au terme de ce travail, il convient de dégager
les résultats et les constats les plus pertinents et de
proposer un ensemble de recommandations en matière de conduite
de politiques économiques et sociales, conformément aux objectifs
que nous nous sommes fixés
au début de l'étude. Ces constats portent
essentiellement sur l'évaluation de la méthodologie
et les principaux résultats et recommandations qui en
découlent.
Sur le plan méthodologique, nous constatons que
l'approche de double modélisation statistique
(économétrie et optimisation) se prête bien aux
applications concrètes, particulièrement au suivi de la mise
en oeuvre des OMD. Elle nous a permis d'identifier les principaux facteurs
par lesquels il faudrait agir pour améliorer les indicateurs
des objectifs dans le strict respect des contraintes de faisabilité
économique, démographique et technique.
Le deuxième aspect innovateur et surtout pertinent dans
cette étude est l'approche provinciale
qui y est adoptée. Sur le plan pratique
l'analyse provinciale démontre que les OMD pourraient être
ramené au à ce niveau et être suivis
rigoureusement. Désormais, une publication des rapports
régionaux des OMD au Maroc est envisageable. Cette
désagrégation
du suivi des OMD constitue un atout majeur permettant d'une part
d'éliminer les inégalités interprovinciales en
matière de développement humain et d'autre part d'intégrer
la nouvelle approche participative de développement en impliquant les
dirigeants locaux dans la conduite des politiques économiques et
sociales. Ces nouvelles considérations devraient donc
prochainement être prises en compte dans la
définition des cahiers des acteurs du développement au
Maroc, particulièrement le PNUD et le Ministère du
Développement Social. Sur le plan technique, l'approche provinciale nous
a permis de contourner le manque des données en séries
chronologiques et de se passer de la traditionnelle analyse
microéconomique basée sur des données relatives
aux ménages. En effet, l'analyse provinciale est plus
adéquate pour ce qui est de l'évaluation d'impacts des
politiques macroéconomiques sur l'amélioration du niveau des vies
des populations dans la mesure où
les investissements publics ne concernent pas directement
les ménages mais plutôt les subdivisions administratives
(régions, provinces, communes).
Au niveau des résultats, les modèles
d'économétrie et d'optimisation nous ont permis
de trouver pour chaque variable le niveau optimal
requis pour la réalisation des OMD. Comme signalé plus
haut, le facteur temps n'étant pas pris en compte, il faudrait
juste atteindre le niveau des variables requis le plus tôt possible et
par conséquent réaliser le plus
tôt les divers objectifs. Les résultats
détaillés figurent en annexe.
Le premier constat qui découle de cette étude est
la nécessité de mettre en place à côté
de l'indicateur de pauvreté monétaire
utilisé, un autre indicateur de mesure du niveau de vie
de la population généralement. Cette nouvelle
mesure de la pauvreté tiendrait compte simultanément des
disponibilités monétaires et de la disponibilité de
certains services sociaux
de base (hôpitaux, écoles, eau potable,
électricité, routes...). Ainsi, nous pourrions suivre
effectivement l'amélioration du niveau de vie des populations et
identifier les investissements
en infrastructures nécessaires pour sortir de la
pauvreté. Avec l'indicateur de pauvreté monétaire
(taux de pauvreté) utilisé dans cette étude, il ressort en
effet que l'augmentation des infrastructures de base ne changerait que
faiblement la situation des pauvres. L'attention devrait être
plutôt portée sur l'encouragement des activités
créatrices de revenu et d'emploi et
le changement des mentalités reposant
essentiellement sur l'alphabétisation. D'après les
résultats de notre étude, ce sont essentiellement
ces deux facteurs qui contribuent significativement à la
réduction de la pauvreté et des inégalités.
Cet encouragement des
Conclusion générale
activités créatrices de revenu et d'emploi
concerne la vulgarisation du microcrédit et les
dispositions d'accroissement des productions industrielle et
agricole. A cet effet, l'Etat devrait renforcer ses programmes de mise
à niveau de l'économie et soutenir les associations
de microfinance pour qu'elles puissent réellement
s'adresser aux plus pauvres parmi les pauvres et qu'ils appliquent des
taux d'intérêts préférentiels, plus adaptés
à cette population.
Toutes ces mesures de résorption de la
pauvreté auront également un impact considérable
sur la réalisation des autres objectifs notamment l'éducation
scolaire pour tous et
la promotion de l'égalité des sexes. En effet,
la pauvreté a été identifiée comme le premier
facteur d'entrave à la scolarisation des enfants et à la
promotion des droits de la femme. A côté de ce facteur, nous
retrouvons en deuxième position l'alphabétisation. Les
infrastructures scolaires (écoles, enseignants, restauration)
améliorent quant à eux faiblement l'achèvement
de l'éducation primaire des enfants en
général et des filles en particulier. L'Etat devrait donc dans la
limite de son budget construire encore plus d'écoles, servir plus des
repas scolaires et surtout prendre des mesures visant à
améliorer la qualité de l'enseignement en commençant
par le contrôle de la densité des salles des
classes et la motivation des enseignants. Un autre phénomène qui
risque de faire échouer tous ces efforts de généralisation
de l'enseignement reste l'emploi des enfants qui est dans des proportions
inquiétantes dans certaines provinces
du pays. Notre étude démontre que l'emploi des
enfants devrait être éradiqué dans beaucoup
de provinces pour pouvoir réaliser les OMD.
L'Etat devrait donc prendre des mesures rigoureuses (législations
et amélioration des revenus des parents) pour combattre ce fléau
qui attire déjà l'attention au plus haut niveau des
institutions internationales. Dans un souci d'éclaircissement, un
encadré récapitulant les principales recommandations à
intégrer dans la stratégie nationale de réalisation des
OMD au Maroc se trouve en annexe.
En filigrane, une méthodologie d'analyse statistique du
suivi de la mise en oeuvre des OMD a été découvert et
testée sur les trois premiers objectifs par manque de
données relatives aux autres objectifs et du temps requis pour
l'étude. Elle pourrait être améliorée en y
intégrant une analyse qui distingue entre le milieu urbain et le rural.
Toutefois, elle constitue
un outil que nous recommandons aux acteurs du
développement (le PNUD et le Ministère de Développement
Social) pour la mise en place et le suivi de la stratégie nationale de
réalisation des OMD au Maroc. Il faudrait donc prochainement
dupliquer l'étude sur les cinq autres objectifs en
définissant les indicateurs, les variables nécessaires et
en collectant toute l'information requise. Bref, il faudrait prendre
plus du temps pour refaire l'application sur l'ensemble des OMD et
tirer des conclusions quant à la réalisation
simultanée des huit objectifs. Par ailleurs, l'attention devrait
être portée également sur l'aspect financement qui
constitue une des plus grandes limites pour les pays dans la réalisation
des OMD. La mise en place d'une politique fiscale adaptée et d'une
stratégie d'attraction des ressources extérieures s'avère
indispensable. Une réelle volonté politique et citoyenne
conjuguée à l'ensemble de
ces mesures permettrait au Maroc de se diriger tout
droit vers la réalisation des OMD à l'horizon 2015.
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