III. Objectif 3 : Promouvoir l'égalité
des sexes et l'autonomisation des femmes
III.1. Egalité des sexes dans l'enseignement
III.1.1. Ajustement des modèles liés aux
proportions des filles dans l'enseignement
Depuis plusieurs années, l'Etat fournit des efforts
colossaux en matière de l'éducation, particulièrement la
scolarisation de la fille rurale, qui se sentait privée d'un droit parmi
les
plus élémentaires. Par conséquent, le taux
de scolarisation de la fille rurale s'est nettement
amélioré. Il avoisine les 83% selon le
Ministère de l'Education Nationale. De ce fait l'écart de
scolarisation entre les deux sexes a été réduit
considérablement. En effet, la proportion des filles dans le primaire
avoisine les 50% pour certaines provinces notamment à dominante
urbaine. Pour le reste, elle est pratiquement invariante et avoisine
les 46%. Ce qui nous a épargné de réaliser une
étude économétrique sur l'égalité des sexes
au niveau primaire.
Cependant, au niveau collégial les
disparités entre les provinces en matière de discrimination
à l'égard des filles commencent à apparaître. Elles
s'accentuent encore plus en passant au qualifiant et au supérieur. En
effet, il se trouve qu'au niveau supérieur certaines provinces
atteignent les 57% alors que pour d'autres les filles représentent
à peine le quart. Pour expliquer ces disparités provinciales,
la pauvreté est encore retenue comme premier facteur
déterminant. En effet, quoique celle-ci agisse sur la
scolarisation des enfants en général, elle semblerait
défavoriser encore plus les filles. La disponibilité des
établissements scolaires et les équipements en infrastructures de
base jouent également un rôle capital dans
la scolarisation de la fille. Par ailleurs, les routes et les
résidences scolaires (« Dar taliba ») serviraient des
facilités d'accès à l'école. La parité des
sexes dans l'enseignement serait aussi liée au taux d'urbanisation
ainsi qu'au taux d'alphabétisation qui semblent la favoriser. En
outre les filles issues des familles nombreuses et pauvres ont tendance
à quitter l'école pour s'occuper des taches
ménagères et éventuellement des frères et soeurs
plus jeunes.
Dans notre étude, il était plus intéressant
de distinguer entre les différents niveaux de l'enseignement pour bien
illustrer les disparités qui pourraient exister en passant d'un
niveau
à l'autre. Dans un premier temps, toutes les variables
traduisant les facteurs cités ci haut ont
été introduites comme variables
explicatives. Pour les niveaux collégial et qualifiant
particulièrement, il a fallu introduire le taux d'achèvement du
niveau inférieur pour illustrer et capter la tendance de la
scolarisation d'une manière générale au niveau de la
province.
Cependant, au niveau supérieur, il n'y a
que le taux de pauvreté et le taux d'urbanisation qui
paraissent pertinents parmi toutes ces variables. Néanmoins
d'autres variables pourraient intervenir telles que l'âge au
premier mariage et la proportion des femmes parmi les chômeurs
qui agiraient positivement et négativement sur les études
supérieures des filles (respectivement). Mais vu la
colinéarité entre certaines variables comme
le taux d'urbanisation, le taux d'alphabétisation et le
taux de branchement en eau potable, il
ne fallait considérer qu'une seule. Le taux d'urbanisation
a été retenu étant donné qu'il peut contenir
l'information contenue dans les autres.
Il faut signaler aussi que le taux de pauvreté, les taux
d'achèvement et la proportion des femmes parmi les
chômeurs étant endogènes dans les autres
équations, ont été instrumentalisés. La
dépense moyenne par tête, la taille moyenne des ménages et
le taux de pauvreté en 1994 ont été utilisés
comme instruments du taux de pauvreté 2004. Les trois autres
variables endogènes ont été approchées par le taux
d'alphabétisation. Finalement les modèles définitifs,
les résultats des estimations et les interprétations sont
présentés dans le
paragraphe suivant.
III.1.2. Modèles retenus et
interprétions
1) Proportion des filles dans l'enseignement
collégial et qualifiant
Tableau 15 : Estimation par
doubles moindres carrés de l'équation de proportion des
filles
au collège
Dependent Variable: F_G_ENS_C Method: Two-Stage Least Squares
Date: 05/31/06 Time: 11:23
Sample: 1 61
Included observations: 61
R-squared
|
0.556266
|
Mean dependent var
|
43.02492
|
Adjusted R-squared
|
0.506962
|
S.D. dependent var
|
5.947786
|
S.E. of regression
|
4.176337
|
Sum squared resid
|
941.8568
|
F-statistic
|
12.75518
|
Durbin-Watson stat
|
2.407514
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
Instrument list: DEPMTET PAUV94 COLLEGE_TETE TX_URBA ALPHA
T_MOYMEN DIS_RGD
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
47.27693
|
7.741303
|
6.107103
|
0.0000
|
PAUV04
|
-0.440675
|
0.308997
|
-1.426150
|
0.1596
|
COLLEGE_TETE
|
8897.046
|
6402.912
|
1.389531
|
0.1704
|
TX_URBA
|
0.057512
|
0.054527
|
1.054749
|
0.2962
|
TX_ACHEV_P
|
0.000717
|
0.123271
|
0.005820
|
0.9954
|
T_MOYMEN
|
-0.026330
|
1.769854
|
-0.014877
|
0.9882
|
DIS_RGD
|
-0.221159
|
0.133954
|
-1.651010
|
0.1045
|
Tableau 16 : Estimation par
doubles moindres carrés de l'équation de proportion des
filles
au qualifiant
Dependent Variable: F_G_ENS_Q Method: Two-Stage Least Squares
Date: 05/31/06 Time: 13:11
Sample: 1 61
Included observations: 61
Instrument list: PAUV94 DEPMTET T_MOYMEN ALPHA LYCEES_TETE
DIS_RGD
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
70.11584
|
15.91488
|
4.405679
|
0.0001
|
LYCEES_TETE
|
13633.46
|
17943.00
|
0.759821
|
0.4507
|
PAUV04
|
-0.119662
|
0.313128
|
-0.382149
|
0.7039
|
TX_URBA
|
0.148691
|
0.077251
|
1.924773
|
0.0595
|
TX_ACHEV_C
|
-0.335260
|
0.362022
|
-0.926076
|
0.3585
|
DIS_RGD
|
-0.096816
|
0.164636
|
-0.588059
|
0.5589
|
T_MOYMEN
|
-2.608568
|
2.076824
|
-1.256037
|
0.2145
|
R-squared 0.409615 Mean dependent var 44.24656
Adjusted R-squared
|
0.344017
|
S.D. dependent var
|
6.162637
|
S.E. of regression
|
4.991291
|
Akaike info criterion
|
3.323008
|
Sum squared resid
|
1345.301
|
Schwarz criterion
|
3.565239
|
F-statistic
|
6.706019
|
Durbin-Watson stat
|
1.751606
|
Prob(F-statistic)
|
0.000024
|
|
|
Comme premier constat, les variables ressortent
individuellement non significatives
mais puisqu'elles sont économiquement pertinentes, il
convient d'interpréter leurs signes. En plus, globalement, le
modèle s'ajuste bien aux données puisque les p-value des
statistiques de Fisher sont inférieures à 5%.
En examinant ces résultats, nous remarquons que la
pauvreté et la proportion des filles aux niveaux collégial et
qualifiant sont liés négativement. Cela refléterait
la situation en milieu rural où la pauvreté est relativement
élevée et les taux de scolarisation des filles sont bas. Cette
relation traduit l'interdépendance de la pauvreté et
l'éducation. Donc une politique visant à améliorer
l'éducation ne pourrait être efficace que si celle-ci est
couplée avec des mesures de réduction de la pauvreté.
Comme attendu, dans les familles nombreuses les filles ont
tendance à quitter l'école, éventuellement pour des
raisons évoquées précédemment. Il ne faudrait
pas aussi négliger l'effet des routes puisque le coefficient
lié à la distance par rapport aux routes goudronnées
ressort négatif. Ce qui signifie que plus de routes goudronnées
dans les provinces permettrait
à plus de filles d'aller à l'école.
La disponibilité en collèges et lycées semble
également favoriser la scolarisation des filles ; les coefficients qui
les représentent sont en effet positifs.
Par ailleurs, les discriminations des sexes dans
l'enseignement restent une réalité des provinces rurales. Le taux
d'urbanisation est positivement lié aux deux proportions. Ce qui
confirme la nécessité de porter une attention particulière
vers le milieu rural dans la mise en place des programmes
socioéconomiques. Au niveau du collège, le taux
d'achèvement du primaire qui indique la tendance de la scolarisation
dans la province favorise plus les filles. Cependant, au niveau du
qualifiant, le coefficient du taux d'achèvement au collège
ressort négatif. Ce qui parait étrange à première
vue, nous pourrions soupçonner tout de même que le taux
d'achèvement du collège avantage plus les garçons que les
filles contrairement au taux d'achèvement du primaire, puisqu'en
général les collèges sont plus loin que les
écoles primaires, ce qui décourage encore plus les familles
d'envoyer les filles au collège.
2) Proportion des filles dans l'enseignement
supérieur
Tableau 17 : Estimation par
doubles moindres carrés de l'équation de la proportion des filles
dans l'enseignement supérieur.
Dependent Variable: F_G_ENS_S Method: Two-Stage Least Squares
Date: 05/30/06 Time: 22:36
Sample(adjusted): 1 60
Included observations: 60 after adjusting endpoints
R-squared
|
0.148987
|
Mean dependent var
|
43.05000
|
Adjusted R-squared
|
0.087096
|
S.D. dependent var
|
7.229542
|
S.E. of regression
|
6.907540
|
Sum squared resid
|
2624.276
|
F-statistic
|
5.475016
|
Durbin-Watson stat
|
1.961360
|
Prob(F-statistic)
|
0.000877
|
|
|
Instrument list: TX_URBA ALPHA PAUV94 DEPMTET T_MOYMEN
AGE_PR_MAR
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
49.90667
|
26.85419
|
1.858431
|
0.0685
|
PAUV04
|
-0.344403
|
0.177013
|
-1.945642
|
0.0568
|
TX_URBA
|
0.086312
|
0.040019
|
2.156758
|
0.0354
|
AGE_PR_MAR
|
0.199626
|
0.657894
|
0.303432
|
0.7627
|
F_CHOM
|
-0.404372
|
0.538613
|
-0.750764
|
0.4560
|
Une analyse rapide du tableau montre que la
pauvreté ressort toujours comme le
premier facteur qui entrave la formation des femmes au niveau
supérieur. De même, le signe
lié à la proportion des femmes parmi les
chômeurs est négatif. Ce qui signifie que la femme
étudiante est rapidement découragée par le chômage
de ses paires et quitte l'université pour une autre activité et
fonder un foyer éventuellement. A cet effet, le coefficient relatif
à l'âge
au premier mariage ressort positif. Ce qui justifie le
fait que les études de la jeune femme seraient également
anéanties par le phénomène de mariage précoce que
connaissent certaines localités du pays. D'ou l'urgence d'adoption et de
suivi du nouveau Code de la Famille qui fixe l'âge minimum du mariage
à 18 ans. Par ailleurs, les provinces les plus
urbanisées et donc les plus alphabétisées sont celles qui
connaissent le moins de discrimination des sexes
au niveau de l'enseignement supérieur.
|