I.2. Modèles retenus et interprétions
Le tableau de la page suivante reproduit les résultats des
estimations liés à la première équation.
Tableau 11 : Estimation par
doubles moindres carrés de l'équation de la
pauvreté
Dependent Variable: PAUV04
Method: Two-Stage Least Squares
Date: 05/29/06 Time: 08:52
Sample: 1 61
Included observations: 61
R-squared
|
0.803124
|
Mean dependent var
|
15.25623
|
Adjusted R-squared
|
0.763749
|
S.D. dependent var
|
7.842252
|
S.E. of regression
|
3.811781
|
Sum squared resid
|
726.4836
|
F-statistic
|
20.71896
|
Durbin-Watson stat
|
2.065603
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
Instrument list: C DEPMTET PAUV94 PRO_FEM SITES ALPHA NB_DISP
AGR_TET T_MOYMEN IND_TET EMPL_ENF
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
-36.25232
|
15.60187
|
-2.323588
|
0.0243
|
GINI
|
0.374005
|
0.508470
|
0.735550
|
0.4654
|
DEPMTET
|
-0.001252
|
0.000405
|
-3.092910
|
0.0032
|
PAUV94
|
0.107311
|
0.118658
|
0.904376
|
0.3701
|
PRO_FEM
|
0.931759
|
0.282183
|
3.301972
|
0.0018
|
SITES
|
-0.048676
|
0.071099
|
-0.684621
|
0.4967
|
NB_DISP
|
-0.036825
|
0.028606
|
-1.287346
|
0.2039
|
AGR_TET
|
-0.058116
|
0.137551
|
-0.422508
|
0.6745
|
T_MOYMEN
|
2.424669
|
1.051956
|
2.304914
|
0.0254
|
IND_TET
|
0.038175
|
0.052155
|
0.731943
|
0.4676
|
ALPHA
|
-0.197331
|
0.096980
|
-2.034758
|
0.0472
|
C'est un modèle d'équations simultanées,
estimé par doubles moindres carrés en
instrumentalisant l'indice de Gini par le taux d'emploi
des enfants, en plus des variables explicatives de la pauvreté.
En effet, comme nous allons le constater dans l'équation de
l'indice de Gini, l'emploi des enfants explique significativement les
inégalités.
Globalement les variables retenues expliquent effectivement
le taux de pauvreté. La statistique de Fisher de
significativité globale vaut 16,47 nettement supérieure au
seuil. Cependant prises individuellement, seulement trois variables
ressortent significatives (la dépense moyenne par tête, la
proportion des femmes et l'alphabétisation). Ceci est dû
notamment au nombre élevé des variables étant
donné que la significativité individuelle diminue chaque
fois qu'une nouvelle variable est ajoutée. Tout compte fait, la
pertinence économique des variables, même celles qui ne
sont pas significatives fait que nous les retenons et relevons leurs
comportements vis à vis de la pauvreté.
Sur le plan économique, comme attendu le
coefficient lié à la pauvreté 94 ressort positif, ce
qui voudrait dire que la pauvreté est un phénomène qui se
transmet de génération
en génération et dépend donc de la situation
initiale de chaque province. L'indice de Gini est positivement lié
à la pauvreté. La dépense moyenne par tête
élevée aurait tendance à réduire
le nombre des pauvres. On remarque également que les
femmes sont les plus vulnérables de
la société étant donné que le
coefficient relatif à la proportion des femmes ressort positif.
D'autre part l'alphabétisation et donc l'urbanisation qu'elle
représente sont négativement liées à la
pauvreté. Ce résultat justifie le caractère rural
de la pauvreté au Maroc. Une intégration de l'approche
rural/urbain dans les politiques socioéconomiques s'impose pour
pouvoir réduire de manière significative l'incidence de la
pauvreté. Il ressort de tous ces constats que les marocains
pauvres sont issus du milieu rural et des familles nombreuses et
analphabètes.
En ce qui concerne les équipements en
infrastructures de base représentés dans
l'équation par le nombre de dispensaires et
centres de santé par tête, on constate qu'ils
réduisent de manière restreinte la pauvreté. En effet, non
seulement que le coefficient est très faible et statistiquement non
significatif, l'introduction d'autres variables d'infrastructures telles
que l'indicateur eau ou électricité rendent certaines d'entre
elles positivement liés à la pauvreté. Ceci pourrait
s'expliquer par le fait que l'approche de pauvreté adoptée jusque
là est une approche basée sur les disponibilités
monétaires. Dans ce contexte, il faudrait plutôt penser aux
mesures à entreprendre pour améliorer les revenus des
populations telles que encourager et soutenir les activités
créatrices de revenus et le microcrédit. A cet effet
justement, le coefficient lié au nombre de sites de microcrédit
ressort négatif. Ce qui signifie que le microcrédit
réduit le nombre de pauvres quoique de manière
très faible. L'attention devrait dorénavant être
portée sur l'aspect qualité et mode de fonctionnement du
microcrédit pour améliorer son impact sur la
réduction de la pauvreté. En fait le microcrédit
tel qu'il opère aujourd'hui n'a qu'un faible impact sur
l'amélioration du revenu des pauvres étant donné que
d'une part il ne s'adresse pas réellement aux pauvres et
d'autre part les taux d'intérêts appliqués
diffèrent très peu des taux standards.
Pour ce qui est de la relation entre le dynamisme
économique d'une province et l'incidence de la pauvreté, les
coefficients liés aux productions industrielle et agricole par
tête ressortent positif et négatif respectivement. C'est un
résultat très intéressant qu'il faudrait
intégrer dans l'orientation des programmes de mise à
niveau de l'économie marocaine de peur de produire en même
temps des pauvres. Le signe du coefficient lié à la
production industrielle semble confirmer une idée de Hatzfeld (1971),
d'il y a bien longtemps, stipulant que : « Une manufacture est une
invention pour fabriquer deux articles : du coton et des pauvres
». Par contre nous remarquons que l'augmentation de la production
agricole diminue
le nombre de pauvres. Ceci s'explique par le fait que
le secteur agricole emploi une part considérable des marocains
surtout en milieu rural. En effet, l'agriculture représente environ
15% du PIB marocain et emploie pratiquement toute la
population active rurale. Ce fait soulèverait tout de même,
des inquiétudes quant à l'ouverture commerciale
grandissante entreprise par le Maroc sans une reconversion rapide des
producteurs marocains vers des activités à fortes valeurs
ajoutées et une mise à niveau rapide de l'économie
marocaine.
Les résultats des estimations relatives à
l'équation de l'indice de Gini sont reproduits dans le tableau
suivant.
Tableau 12 : Estimation par
doubles moindres carrés de l'équation de l'indice de Gini
Dependent Variable: GINI
Method: Two-Stage Least Squares
Date: 06/04/06 Time: 02:57
Sample: 1 61
Included observations: 61
R-squared
|
-0.121703
|
Mean dependent var
|
37.17984
|
Adjusted R-squared
|
-0.269852
|
S.D. dependent var
|
3.128441
|
S.E. of regression
|
3.525369
|
Sum squared resid
|
658.6961
|
F-statistic
|
1.381526
|
Durbin-Watson stat
|
2.096516
|
Prob(F-statistic)
|
0.232474
|
|
|
Instrument list: C DEPMTET IND_TET AGR_TET PAUV94 T_MOYMEN
PRO_FEM ALPHA EMPL_ENF POP_TOT
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
27.87917
|
7.315148
|
3.811156
|
0.0004
|
PAUV04
|
0.246814
|
0.174480
|
1.414571
|
0.1630
|
DEPMTET
|
0.000423
|
0.000429
|
0.987650
|
0.3278
|
IND_TET
|
-0.019895
|
0.048501
|
-0.410204
|
0.6833
|
AGR_TET
|
0.106178
|
0.118351
|
0.897148
|
0.3737
|
TX_URBA
|
0.052671
|
0.034753
|
1.515588
|
0.1356
|
EMPL_ENF
|
-0.415919
|
0.239226
|
-1.738603
|
0.0879
|
POP_TOT
|
2.92E-07
|
1.18E-06
|
0.246592
|
0.8062
|
Le modèle est globalement non significatif. Les variables
retenues ne paraissent donc
pas adéquates pour expliquer les
inégalités au Maroc. Cependant sur le plan économique, les
signes des différents paramètres renseignent sur
l'éventuel impact de telles variables sur la réduction des
inégalités au Maroc.
On retrouve d'abord le fait que
l'inégalité est positivement liée à la
pauvreté. L'emploi des enfants ressort le plus significatif de toutes
les autres variables. Economiquement parlant, ce n'est pas évident
de s'accorder à une telle remarque. Tout compte fait, les
provinces connaissant des grandes disparités (milieu urbain) sont celles
qui font travailler moins les enfants vu que les aides familiales, composante
essentielle du travail des enfants est un phénomène à
dominante rurale. En outre, le travail des enfants pourrait tout
de même améliorer le revenu de certaines familles
pauvres et réduire donc les inégalités.
Le taux d'urbanisation et la population totale sont
positivement liés à l'indice d'inégalité. Il
ressort donc que les inégalités sont beaucoup plus
présentes en milieu urbain et dans les provinces les plus
peuplées. Le signe du coefficient lié à la dépense
moyenne par tête démontre quant à lui les
éventuelles erreurs que pourraient induire une
interprétation non prudente de la moyenne d'une telle variable.
En effet, lorsque la moyenne augmente, cela pourrait être due
à l'augmentation des dépenses de n'importe quelle tranche de la
population, probablement la tranche la plus aisée. C'est ce qui se passe
en effet avec la dépense moyenne
par tête et la production agricole par
tête. L'augmentation de ces deux variables augmente
l'inégalité car, certes les pauvres y gagnent mais les non
pauvres y gagnent encore plus et l'inégalité augmente.
Paradoxalement, la production industrielle par tête qui
semble augmenter le nombre
de pauvres réduit les inégalités. Ce
résultat nous pousse donc à méditer
profondément sur l'impact réel d'une telle variable sur la
réduction de la pauvreté.
|