UNIVERSITE DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences
Économiques et de Gestion
Faculty of Economics and
Management
P r o g r a m m e d e T r o i s i è m e C y c l
e I n t e r u n i v e r s i t a i r e ( P . T . C . I )
P R I V A T I S A T I O N E T B I E N - Ê T R E S O
C I A L :
L E C A S D E L ' E L E C T R I C I T E A U C A M E R O U
N
Mémoire Présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Études
Approfondies (D.E.A) en Sciences Économiques
Présenté par :
Maxime KAMDEM KAMDEM
Spécialité : Économie Industrielle
Sous la direction du
Professeur Roger TSAFACK NANFOSSO
Agrégé en Sciences Économiques
SOMMAIRE
Sommaire...................................................................................................1
Résumé......................................................................................................2
Abstract.......................................................................................................3
Liste des
sigles............................................................................................................................4
Liste des
figures............................................................................................5
Listes des
tableaux.........................................................................................6
Introduction
générale......................................................................................7
Première partie : Privatisation et efficacité du
secteur de l'électricité au Cameroun...........13
Chapitre 1 : Processus de privatisation et privatisation de la
SONEL............................15
Section 1 : Fondements théoriques et mise en oeuvre de la
privatisation au Cameroun........15
Section 2 : De la SONEL à
l'AES-SONEL...........................................................24
Chapitre 2 : Privatisation de la SONEL et efficacité de la
production............................33
Section 1 : Efficacité et offre
d'électricité au
Cameroun............................................33
Section 2 : Demande d'électricité et
efficacité de la production...................................38
Deuxième partie : Réglementation publique et
bien-être social....................................49
Chapitre 3 : Objectif et modes de
régulation.........................................................51
Section 1 : Définitions et objectif de la
réglementation.............................................45
Section 2 : La régulation des
entreprises..............................................................51
Chapitre 4 : Le bien-être et la
réglementation.........................................................68
Section 1 : La conceptualisation du
bien-être.........................................................68
Section 2 : L'évaluation du bien-être social au
Cameroun..........................................74
Conclusion
générale......................................................................................86
Références
bibliographiques............................................................................88
Table des
matières........................................................................................92
RESUME
L'objet de cette étude est d'examiner l'impact de la
privatisation de la SONEL sur le bien-être social au Cameroun. La
méthodologie mise en oeuvre a consisté dans une première
partie à analyser les critères d'efficacité que
sont les pertes d'énergies et les énergies non
fournies(délestages). La représentation graphique de ceux-ci
indique qu'il y a une relative amélioration de l'efficacité
de la production à l'AES-SONEL. Ceci nous a conduit à mesurer
la perte de bien-être social qui est d'environ
6.273.225.000 FCFA par an, dont 3.427.200.000
FCFA en saison sèche et 2.846.025.000 FCFA
en saison humide.
Mots clés : Privatisation,
Bien-être, Efficacité, Réglementation.
ABSTRACT
The objective of this work is to examine the impact
of the privatization of SONEL on the social welfare of Cameroon. The
methodology used for this purpose entails, an analysis of efficiency
criteria, which are; energy losses and energy not provided.
The graphical representation of these, shows that there is a relative
amelioration in energy production by AES-SONEL. This brought us to measure
the loss in social welfare. This amounts to about
6.273.225.000 FCFA per year, of which,
3.427.200.000 FCFA is incurred during the dry season and
2.846.025.000 FCFA during the rainy season.
Keys words: Privatization, Welfare,
Efficiency, Regulation.
LISTE DES SIGLES
AES-SONEL Applied Energies
Services-Sociéte Nationale d'Electricité du Cameroun
AFD Agence Française de
Développement
ALUCAM Aluminium du Cameroun
ARSEL Agence de Régulation du Secteur de
l'Électricité du Cameroun
BICIC Banque Internationale pour le Commerce et
l'Industrie du Cameroun
CAMSHIP Cameroon Shipping lines
CAMSUCO Cameroon Sugar Company
CAMTEL MOBILE Cameroon Telecommunications
Mobile
CEPER Centre d'Edition et de Production pour
l'Enseignement et la Recherche
CHOCOCAM Chocolaterie Confiserie du Cameroun
CICAM Complexe Industriel Camerounais CIMENCAM
Cimenteries du Cameroun
COCAM Contreplaqués du Cameroun
CRTV Cameroon Radio and Television
CTPL Commission Technique de Privatisation et de
Liquidation
HEVECAM Hévéas du Cameroun
MINEFI Ministère de l'Economie et de
Finances MINMEE Ministère des Mines de l'Eau et de
l'Energie OCB. Organisation Camerounaise de la Banane
ONDAPB Office National de Développement
de l'Agriculture et du Petit Bétail
REGIFERCAM Régie nationale des chemins de
Fer du Cameroun
SCDM Société Camerounaise De
Métallurgie
SEPBC Société des Parcs à
Bois du Cameroun
SOCAMAC Société Camerounaise de
Manutention et d'Acconage
SOCAPALM Société Camerounaise des
Palmeraies
SOCATRAL Société Camerounaise de
Transformation de l'Aluminium
SOFIBEL Société Forestière
et Industrielle de Bélabo
SONEL Société Nationale
d'Electricité du Cameroun
SPFS-SRL Société des Palmeraies de
la Ferme Suisse - Société des Raffineries du
Littoral
LISTE DES FIGURES
Figure 2.1 : L'équilibre du
monopole......................................................35
Figure 2.2: Evolution de la production par
sources de 1991 à 2004..................37
Figure 2.3: Choix optimal du
consommateur.............................................39
Figure 2.4 : Courbe de demande d'un
bien................................................40
Figure 2.5 : Consommation
d'électricité BT, MT et HT de 1991 à
2004.............42
Figure 2.6 : Evolution des tarifs (BT,
MT et HT) et de la consommation totale.....43
Figure 2.7 : Evolution des pertes
d'énergies et des énergies non fournies
de 1991 à
2004..................................................................45
Figure 4.1: Perte de bien-être
due au monopole..........................................73
Figure 4.2 : Mesure de la variation de
bien-être social au Cameroun..................81
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1: Les 18 entreprises
déjà privatisées au
Cameroun..........................23
Tableau 1.2 : Grille tarifaire Basse tension,
abonnés domestiques......................29
Tableau 1.3 : Grille tarifaire Basse
tension, abonnés professionnels...................30
Tableau 1.4 : Grille tarifaire Basse tension,
éclairage public.............................30
Tableau 1.5 : Grille tarifaire Moyenne tension,
régime général..........................31
Tableau 1.6 : Grille tarifaire Moyenne tension,
régime des zones et points francs
industriels........................................................................31
Tableau 2.1 : Evolution du nombre total des
abonnés.........................................41
Tableau 2.2 : Evolution des taux de
disponibilité par centrale et des taux
moyens de disponibilité après la
privatisation..............................46
Tableau 4.1 : Estimation des
paramètres de la fonction de coût total
([4.2])...........79
Tableau 4.2 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison
humide...........................................................................79
Tableau 4.3 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison
sèche.............................................................................80
INTRODUCTION GENERALE
I- CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
La réforme intervenue au Cameroun à partir des
années quatre vingt dix trouve son origine dans l'insuccès des
expériences ayant conduit à faire des entreprises publiques la
clé de voûte
du système économique (TAMBA, 1996). Dans le
cadre de cette réforme, le gouvernement a entrepris de rationaliser la
gestion des entreprises du secteur public et parapublic à travers la
restructuration de certaines, la liquidation et la privatisation d'autres
(MINEFI, 1995).
La privatisation est considérée comme un
processus selon lequel les prérogatives autrefois attribuées
à l'Etat sont désormais déléguées au
secteur privé (STIGLITZ, 2000). Au sens strict, elle
désigne le transfert à titre définitif des
entreprises du secteur public au secteur privé, sous la forme
d'actifs ou de titres ou d'une cession de contrôle ; dans un sens large,
elle peut s'entendre comme toute action qui vise le transfert temporaire au
secteur privé d'activités
qui étaient auparavant exercées par
une entité publique (TAMBA, BANYANKA et NKOUIKANI, 2001).
La privatisation poursuit en général trois objectifs
qui sont : promouvoir l'efficacité économique au niveau des
firmes (maximiser les profits et minimiser
les coûts) ; encourager l'efficacité
économique au niveau de l'industrie et servir des objectifs sociaux ou
politiques (WORLD BANK, 1995).
Le recours au secteur privé, à partir de
la privatisation des entreprises publiques se justifie dans un sens,
par le lien introduit par LEIBENSTEIN (1978) entre l'inefficience-X et
l'entreprise publique ; et dans un autre, par le transfert des droits de
propriété qui confère une supériorité de
gestion de l'entreprise privée (ALCHIAN, 1965 et DEMSETZ, 1967).
Le message qui est véhiculé par ces auteurs est qu'un individu
contrôle l'intégralité de ses droits dans une structure
privée, contrairement à une structure publique. Cette idée
est reprise par SCHMIDT (1991) qui établit le lien entre
la nature d'une entreprise et son niveau d'investissement. Il
aboutit à la conclusion selon laquelle l'incitation à investir
est plus grande dans le secteur privé que dans le secteur public, du
fait que l'opérateur contrôle l'entreprise
dans son intégralité ; ce qui va accroître la
production.
Jusqu'en 1996, dans toute l'Afrique, la privatisation avait
été lente, sans beaucoup de résultats
visibles (CAMPBELL et BATHIA, 1998). A partir de 1997, la
privatisation a été répandue
sur le continent et les trois quarts des entreprises
privatisées entre 1980 et 1997 évoluaient dans les secteurs
de la finance, de l'eau, de l'électricité, des
télécommunications et de l'énergie1.
Dans cette étude, nous allons nous appesantir
sur le secteur de l'électricité pour la simple raison que
l'électricité est indispensable aux industries en tant
que bien de consommation intermédiaire et à la population, en
tant que bien de consommation finale (éclairage, ou pour tout autre
usage domestique). L'électricité est donc un bien
d'utilité publique qui doit être accessible à chaque
individu ou prestataire de services, moyennant un prix raisonnable,
objectif, transparent et non discriminatoire (PERCEBOIS, 1997).
Au Cameroun, la fourniture de l'électricité
était assurée jusqu'en 2001 par la Société
Nationale d'Electricité du Cameroun (SONEL), qui a
été créée en 1974 par la fusion des
sociétés Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM) et
Electricité du Cameroun (EDC). Sa mission était de produire,
transporter et distribuer l'énergie électrique. Ces trois
segments ont connu une nette évolution depuis la création de la
société.
En ce qui concerne la production, elle est passée de
1312GWh en 1975 à 2417GWh en 1988, puis à
3536GWh en 2001. Ceci grâce à l'augmentation de la
puissance installée qui est passée
de 316MW à 757MW, puis à
843,5MW, respectivement sur ces trois périodes. Sur le
segment
du transport, la SONEL exploitait jusqu'en 1994, 480km
de lignes 225kV, 100km de lignes
110kV, 1064km de lignes 90kV. En 2001,
la longueur des lignes 110kV est passée à
337km, les autres sont restées inchangées. Le segment de
la distribution quant à lui comprenait en 1988,
7928km de lignes répartis de la manière
suivante : 3864km de lignes moyenne tension à 33,
30, 15, 10, et 5,5kV ; 4064km de lignes de
basse tension et 3299 postes de transformation. Les
aménagements effectués dans ce segment ont conduit
à l'augmentation des lignes et des
postes de transformation. On recenserait en 2001, 19033km
de lignes et 6444 postes.
1 Cette étude portait sur la
libéralisation, la gouvernance et la performance des entreprises
nouvellement privatisées dans les pays en développement. Elle a
été menée par l'institut William Davidson de
l'Université du
Michigan en décembre 2001.
Bien que ces équipements permettent d'assurer un service
minimum, deux problèmes majeurs
ont cependant été observés. Le premier est
lié à la structure financière de l'entreprise qui s'est
dégradée à partir de 1994, si bien qu'au cours de
l'exercice 1996/1997, les impayés de l'Etat
et des communes s'élevaient à 13534 millions
de FCFA. Les impayés auprès des bailleurs de fonds
étaient de 26587 millions de FCFA au 30 juin 1997, et
la dette vis-à-vis des fournisseurs était de 11095
millions de FCFA à la même date. La trésorerie qui
était de 1546 millions de FCFA au 30 juin 1996 est
passée à 205 millions de FCFA au 30 juin 1997.
Le deuxième problème est lié aux
tarifs appliqués aux différents consommateurs et à
l'insuffisance d'investissement. L'on a constaté d'une part que les
clients des catégories basse tension et moyenne tension
subventionnaient ceux de la catégorie haute tension et
principalement le client ALUCAM, qui consomme près de 52% de
la production totale d'électricité. D'autre part, l'on a
remarqué que le taux de croissance de la demande est
supérieur au taux de croissance de la puissance installée, et
donc de la production. Ce qui est à l'origine des délestages.
Ceci traduit un problème d'efficacité dans l'activité de
l'entreprise
qui peut être dû au sous investissement.
Dans le secteur de l'électricité au Cameroun,
l'inefficacité est révélée lorsque les pertes
d'énergies dans le réseau et les énergies non
fournies (intensités des délestages) augmentent avec le temps.
Ces problèmes ont fortement affecté l'entreprise et
la solution choisie par le gouvernement a
été de la privatiser. Cette décision est
intervenue en octobre 1999 et a été effective le 18 juillet
2001, l'Etat ayant permis qu'un partenaire prenne une
participation majoritaire dans le capital
de la société. Elle est donc devenue
AES-SONEL et est toujours chargée de produire, transporter et
distribuer l'électricité sur le territoire national.
Les principaux objectifs de cette privatisation sont axés
sur l'amélioration de l'efficacité dans
la production, le transport et la distribution de
l'énergie électrique, ainsi qu'à la qualité
du service fourni. La privatisation de la SONEL doit permettre de
lever les financements indispensables pour la réalisation des
investissements nécessaires au développement du secteur de
l'électricité (plus de 900 milliards de FCFA sur
20 ans), afin de bénéficier de l'expertise professionnelle
d'opérateurs de réputation mondiale. Elle devra ensuite
permettre
de fournir l'électricité à un prix
compétitif aux industries et à la population camerounaise pour
soutenir la croissance et améliorer la
compétitivité globale de l'économie.
Le passage de la SONEL à l'AES-SONEL traduit le
passage d'un monopole public à un
monopole privé. Cette situation est l'une des sources
d'inefficience, car la rente recherchée
par l'entreprise ne la conduira pas à fixer son prix au
niveau du coût marginal comme cela est
le cas en situation de concurrence. Ce qui pourrait
automatiquement avoir un impact sur le bien-être des consommateurs et
pourrait justifier l'importance de la réglementation des
entreprises en situation de monopole (CARLTON et PERLOFF, 1998). La
réglementation peut être définie comme le pouvoir de
l'Etat à contrôler l'activité économique,
notamment lorsqu'il y a la présence de monopoles,
d'externalités, d'asymétries d'information ou lorsqu'un
bien est public (LEVEQUE, 1998).
Les études menées par certains auteurs sur
la privatisation font ressortir son lien avec la réglementation
(VICKERS et YARROW, 1988 ; DONAHUE, 1989 et TRINH, 1997). VICKERS et
YARROW (1988) étudient la privatisation en Grande Bretagne, et
remarquent qu'elle peut difficilement être envisagée sans la
réglementation. Ils concluent entre autres que
la privatisation est optimale quand les entreprises
évoluent dans des marchés concurrentiels. Cependant, si une
entreprise détient un pouvoir de monopole, la privatisation
devrait s'accompagner de la réglementation afin que le
bien-être social soit garantit. Il serait donc important
d'étudier les conséquences de la réglementation sur le
bien-être social lorsqu'une entreprise privatisée est
réglementée (TRINH, 1997).
La réglementation du secteur de
l'électricité au Cameroun est assurée par l'Agence
de Régulation (ARSEL) qui a été créée
suivant la loi N° 98-022 du 24 décembre 1998. Le but principal de
la mise en place de cette agence est de favoriser
l'accroissement des investissements, afin d'améliorer
l'efficacité du secteur et de garantir le bien-être social.
Il s'avère donc important d'aborder dans cette
étude, le problème de l'efficacité du secteur de
l'électricité au Cameroun, comme une étape
préalable à l'évaluation du bien-être social. Deux
raisons justifient cette démarche : la première est liée
aux pertes d'énergies et aux énergies non fournies
(intensité des délestages) qui se sont accentuées
après la privatisation, et la deuxième est liée
à l'augmentation des tarifs de l'électricité. Ces
deux aspects se sont directement répercutés sur les
consommateurs et poussent à nous poser la question de savoir
quel est l'impact de la privatisation de la SONEL sur le
bien-être social au Cameroun ?
II- OBJECTIFS
L'objectif principal de l'étude est de mesurer la
variation de bien-être social consécutive à
l'efficacité du secteur de l'électricité au Cameroun.
Spécifiquement, il s'agira:
- D'apprécier l'effet de la privatisation sur
l'efficacité du secteur de l'électricité.
- D'évaluer l'impact de la réglementation du
secteur de l'électricité sur le bien-être social au
Cameroun.
III- HYPOTHESES
Cette étude repose sur les deux hypothèses
suivantes :
H1 : La privatisation améliore
l'efficacité de la production d'électricité.
Plusieurs études menées sur la privatisation ont en effet
montré qu'elle se justifie par des arguments d'efficacité.
H2 : La réglementation du secteur de
l'électricité au Cameroun améliore le bien-être
social.
Celle-ci peut en effet s'avérer nécessaire pour
garantir le bien-être social lorsqu'une entreprise a été
privatisée.
IV- MÉTHODOLOGIE
L'évaluation du bien-être sera faite sur la base de
la nouvelle grille tarifaire mise en place par l'AES-SONEL qui a
distingué deux périodes : une période dite de saison
sèche (janvier-juin)
et une période dite de saison humide
(juillet-décembre). Sur cette base, nous allons considérer
l'électricité selon qu'elle est fournie en ces saisons. La
demande d'électricité en saison sèche (Qs) et la
demande en saison humide (Qh) s'expriment respectivement comme
fonction de Ps
et Ph, qui désignent
respectivement les prix en saison sèche et en saison humide.
Les
fonctions de demandes inverses sont définies par :
as, bs, ah
et bh, sont tous positifs.
Ps =as -bsQs
et Ph =ah -bhQh
Les paramètres
· En premier lieu, l'étude sera axée sur une
analyse statistique faite à partir du logiciel
Excel 2000. Cette approche permettra de savoir s'il y a eu
amélioration de l'efficacité
de la production ou pas après la privatisation. Cette
analyse se fera à partir des deux principaux critères
d'efficacité qui sont : les pertes d'énergies et les
énergies non fournies.
· En second lieu, l'objectif sera de mesurer la variation de
bien-être social. Pour ce faire, nous allons considérer que la
fonction de coût total de production est définie par :
d
CT ( Q s ,Q h ,Q M ) =
aQ s + bQ h + cQ M +
Q M - Q h
. Dans cette expression, QM
représente
la capacité installée. L'estimation des
coefficients a, b, c, d, as, bs, ah
et bh, se fera à
partir du logiciel E-views 3.1. Ces paramètres nous
permettront de déterminer les quantités et les prix
à l'optimum de premier rang : Q*s, Q*h, P*s, et
P*h ; et à
l'optimum de second rang: Qsr , Qsr ,
Psr
et Psr
(prix de Ramsey-Boiteux). Sur la
s h s h
base de ces derniers, des prix et des quantités en
vigueur, nous évaluerons en unités monétaires la variation
de bien-être social au Cameroun.
Source des données
Les données pour notre étude proviendront
de l'Agence de Régulation du Secteur de l'Electricité
(ARSEL) sur la période allant de 1991 à 2004. Ces
données concernent la production d'électricité
(énergies produites) par type de saison et par sources ; les
énergies non fournies; les pertes d'énergies ; les prix
pratiqués par type de saison ; les coûts de production et
la consommation par type de tension et par saisons.
V- PLAN DE TRAVAIL
Première partie : Privatisation et efficacité du
secteur de l'électricité au Cameroun
Chapitre 1 : Processus de privatisation et privatisation de la
SONEL Chapitre 2 : Privatisation de la SONEL et efficacité de la
production
Deuxième partie : Réglementation publique et
bien-être social
Chapitre 3 : Objectif et modes de régulation
Chapitre 4 : Le bien-être et la réglementation
P R E M I E R E P A R T I E
P R I V A T I S A T I O N E T E F F I C A C I T E D
U
S E C T E U R D E
L ' E L E C T R I C I T E A U C A M E R O U N
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
Le but de la privatisation était non seulement de
réduire le fardeau financier et administratif qu'impose le secteur
des entreprises publiques trop vaste, mais aussi de stimuler
le développement du secteur privé, d'amener les pouvoirs publics
à mieux justifier leurs actions
et de contribuer à la lutte contre la pauvreté
(CAMPBELL et BATHIA, 1998).
La montée de la privatisation au Cameroun
dès la fin de l'année 1990 a progressivement touché
les entreprises publiques de tous les secteurs de l'activité
économique. Le point focal
de ce programme a été atteint en 1995
avec la décision du gouvernement de céder les entreprises
de services publics à savoir la distribution d'eau, les
télécommunications et l'électricité (MINEFI,
1995). Le secteur de l'électricité qui est au centre de notre
étude a été cédé pour des raisons
d'inefficacité dans la production, le transport et la
distribution (MINEFI, MINMEE et CTPL, 2001).
L'intérêt de cette partie est
d'apprécier la contribution de la privatisation à
l'efficacité du secteur de l'électricité au Cameroun.
Deux chapitres nous guiderons à cet effet.
Le premier chapitre consistera à présenter
les fondements théoriques des politiques de privatisation, le
déroulement de la privatisation au Cameroun, et particulièrement
lors de la cession de la SONEL. Le deuxième permettra de savoir si ce
secteur est devenu efficace ou
pas après la privatisation. Nous y parviendrons en
analysant les critères d'efficacité définis
par l'AES-SONEL.
C H A P I T R E 1
P R O C E S S U S D E P R I V A T I S A T I O N E T
PRIVATISATION DE LA SONEL
Introduction
La privatisation recouvre en général trois
notions : la dénationalisation, qui concerne la cession
d'entreprises nationales ou nationalisées ; la
désétatisation, qui consiste à instituer dans les
entreprises un cadre de gestion proche du secteur privé ; et la
déréglementation, qui consiste à libérer un certain
nombre d'activités qui peuvent être concurrencées par le
marché (TAMBA, 1996). L'objectif de ce chapitre est de passer en revue
les éléments théoriques qui fondent la privatisation,
son déroulement au Cameroun et les facteurs qui ont conduit
à la privatisation de la SONEL. Il convient à cet effet de
présenter dans la première section, les fondements
théoriques des politiques de privatisation et la mise en oeuvre de la
privatisation
au Cameroun ; la deuxième section sera consacrée au
passage de la SONEL à l'AES-SONEL.
SECTION 1 : FONDEMENTS THEORIQUES ET MISE EN
OEUVRE DE LA PRIVATISATION AU CAMEROUN
Le premier paragraphe de cette section consistera à
présenter les fondements théoriques des politiques de
privatisation (aspects microéconomique et macroéconomique),
et le deuxième permettra de comprendre le déroulement du
processus de privatisation au Cameroun.
I. Fondements théoriques des politiques de
privatisation
L'analyse des fondements théoriques se fera sur le
plan microéconomique et sur le plan macroéconomique.
I-1. Eléments d'analyse
microéconomique
Il s'agira de donner les théories fondamentales de
cette approche, les avantages et les inconvénients de la
privatisation les limites à cette analyse.
I-1-1. Les théories fondamentales
Il s'agit principalement de la théorie des droits de
propriétés et du concept d'inefficience-X.
La théorie des droits de
propriété
Cette théorie a beaucoup argumenté autour du
thème central d'une supériorité de gestion de l'entreprise
privée. L'idée de base de cette théorie est que
l'existence de droits de propriété bien définie est une
condition fondamentale à l'initiative individuelle.
Les tenants de cette théorie (ALCHIAN, 1965 et
DEMSETZ, 1967), ont développé des travaux qui consacrent
la primauté d'une gestion privée. Ils relient ce
résultat au caractère exclusif et transférable des
droits de la petite propriété, cadre de
référence de l'économie néoclassique. Ils
démontrent par ailleurs que si l'allocation des ressources est
inefficiente dans les pays en voie de développement et dans certains
pays du bloc de l'Est, cela est dû à la tendance des politiciens
et bureaucrates de ces pays à accaparer l'ensemble du contrôle des
droits dans l'économie.
La théorie des droits de propriété montre
que dans une structure privée, l'individu contrôle
l'intégralité de ses droits, contrairement à l'entreprise
publique. Dans la plupart des cas, les entreprises publiques ne
répondent pas aux impératifs définissant le droit de
propriété, car ni
les dirigeants de ces entreprises publiques, ni les
fonctionnaires qui assurent la tutelle ne détiennent le droit
définit sûr et transférable à l'entreprise.
Le concept d'inefficience- X
Ce concept a été développé par
LEIBENSTEIN (1978). Il met aussi en évidence le lien entre
l'inefficience-X et l'entreprise publique, et ramène les
sources de l'inefficacité au fonctionnement interne de la firme.
Il évoque certains facteurs sources d'inefficience dans une
entreprise.
Le premier facteur est l'environnement fortement abrité
dans lequel se réalise la production intérieure. Selon lui,
l'entreprise publique est souvent en situation de monopole, ce qui
favorise une ``vie tranquille''; son comportement n'est pas aiguillonné
par une politique du commerce extérieur incitative qui aurait pour
effet d'instaurer une structure de marché
contestable.
L'autre facteur non négligeable est l'immortalité
des entreprises publiques, surtout lorsque la
politique monétaire et financière est
suffisamment expansive pour limiter la probabilité de faillite.
Il évoque enfin l'incidence de la
multiplicité des objectifs économiques et sociaux que les
dirigeants politiques sont portés à confier aux entreprises
publiques.
I-1-2. Avantages et inconvénients de la
privatisation sur le plan microéconomique
Au plan sectoriel, on aura comme avantages l'augmentation de
l'investissement ; l'apport de l'innovation et du savoir-faire;
l'amélioration de la gestion et un meilleur rapport
qualité/prix.
En plus de la disparition progressive du monopole
public, on ajoutera l'élimination des déficits financiers;
une meilleure imputabilité des dirigeants; la réduction de
l'interférence politique et corruption; ainsi que la définition
d'un bon cadre réglementaire.
Les inconvénients de la privatisation sont surtout
liés aux asymétries d'information lors de la mise en place du
processus. On peut ainsi distinguer :
- Le risque de sous investissement en entretien et en
maintenance. Cette situation est observée lorsque l'Etat qui
réglemente ne laisse pas de surplus à l'opérateur
ex-post. Ce comportement de l'Etat n'incite pas l'opérateur à
investir ex-ante. SCHMIDT (1991), qualifie
ce découragement à investir de ``coût de la
propriété publique''.
- Le risque de sous évaluation de l'entreprise, qui
est observé lorsque l'Etat cède l'entreprise pour un montant
qui ne reflète pas sa vraie valeur.
On peut ajouter à ces deux éléments le
remplacement du monopole public par le monopole privé qui traduit la
préférence pour l'efficacité productive que pour
l'efficacité allocative.
I-1-3. Les limites de l'analyse
microéconomique
Cette analyse présente tout de même certaines
limites bien que les études mettent en évidence une
efficacité productive relativement meilleure du côté des
entreprises privées.
Dans un premier temps, si l'on admet que la performance des
entreprises peut être évaluée par leur efficience
technique, alors, il faudra constater que dans les pays en
développement et pour une activité donnée, il est
rare qu'on soit en situation de pouvoir comparer des entreprises
publiques et privées. Le tissu industriel est encore en formation de
sorte que sur
son marché, une entreprise est généralement
en situation de monopole. Les comparaisons sont
donc effectuées sur des données internationales,
ce qui pose inévitablement le problème de
l'hétérogénéité des
environnements.
En second lieu, le critère d'efficacité
productive est mis en avant bien que l'entreprise publique poursuive des
objectifs de redistribution du revenu ou de stabilisation
macroéconomique. L'efficacité productive peut se
révéler faible en raison des sureffectifs maintenus à
des fins sociales.
A ce stade de réflexion, l'éclairage
centré sur la performance microéconomique de
l'entreprise publique paraît restrictif, d'où la
nécessité d'élargir le champ d'analyse.
I-2. Eléments d'analyse
macroéconomique
Ce paragraphe consistera à présenter les
avantages et les inconvénients de la privatisation, ainsi que les
limites de cette approche.
I-2-1. Avantages et inconvénients de la
privatisation sur le plan macroéconomique
Au plan macroéconomique, les avantages sont notamment
la réduction du déficit des finances publiques et des transferts
aux entreprises publiques ; l'augmentation de l'investissement total
étranger et de la productivité de l'économie. On notera
aussi la création d'emplois productifs, l'équilibre de la
balance commerciale et courante, ainsi que l'accélération
de la croissance économique.
Le principal inconvénient ici est l'augmentation de la
dépendance étrangère suite à l'apport de capitaux
extérieurs qui constituent généralement une dette pour les
pays en développement.
I-2-2. Les limites de l'analyse
macroéconomique.
Deux principales limites peuvent être soulevées ici
:
La première est qu'il existe une corrélation
statistique entre la gestion d'un secteur parapublic
et la contre performance macroéconomique. Sur un large
échantillon d'économies à revenus intermédiaires,
PLANE (1992 a et b) montre que dans les années quatre-vingt, la
croissance
du PIB a le plus décéléré dans les
pays où le secteur parapublic s'est le plus étoffé au
cours des années soixante-dix.
La seconde limite est que dans la plupart des pays en
développement, les politiques de privatisation ont constitué
une nécessité budgétaire avant de constituer une
sanction pour
l'inefficacité économique. Entre 1990 et 1992, les
1600 entreprises algériennes ont absorbé
70% des recettes budgétaires de l'année 1991 ; au
Cameroun, la Banque Mondiale évaluait en
1989, à 700 milliards de francs CFA
courants, le coût de restructuration du secteur parapublic,
soit davantage qu'une année normale de recettes budgétaires.
II. Le processus de privatisation au Cameroun
On abordera dans ce paragraphe, la mise en oeuvre, les modes de
privatisation et le bilan des privatisations au Cameroun.
II-1. La mise en oeuvre et les modes de privatisation au
Cameroun
On présentera en premier lieu la mise en oeuvre du
programme de privatisation au Cameroun,
et en second lieu, les modes de privatisation.
II-1-1. La mise en oeuvre de la privatisation au
Cameroun
La mise en oeuvre du programme de privatisation au Cameroun
s'est effectuée conformément aux objectifs qui lui ont
été assignés par l'ordonnance N° 90-004 du 22
juin 1990. Ces objectifs sont d'ordre macroéconomique et
microéconomique.
Au plan macroéconomique, quatre objectifs ont
été mis en avant : l'assainissement des finances publiques ;
la stimulation des initiatives privées et la promotion des
investissements ;
la restauration des mécanismes du marché et
la mobilisation et l'orientation de l'épargne nationale vers les
investissements productifs.
L'assainissement des finances publiques
Elle doit contribuer à l'allègement du
déficit budgétaire par une réduction des subventions.
Au cours de l'exercice 1986/1987, le déficit
budgétaire a atteint le montant de 508 milliards
de francs CFA contre 150 milliards en 1984 ;
le déficit global toutes activités non financières
confondues s'est chiffré à 80.6 milliards de francs CFA
et l'endettement total des entreprises publiques a atteint le montant
record de 732 milliards de francs CFA. (TAMBA, 1996). D'où
la nécessité de réduire le fardeau des
entreprises publiques sur l'économie nationale par la
mise en oeuvre des mesures de revitalisation
appropriées.
La stimulation des initiatives privées et la promotion
des investissements
Entre 1982/1983, et 1985/1986, les investissements
cumulés des entreprises publiques non financières se sont
élevés à 433.052 millions de francs CFA
(TAMBA, 1996), ce qui était insuffisant pour combler les
déficits enregistrés. La persistance des
déséquilibres économiques a conduit l'Etat,
soucieux d'améliorer le rapport coût/efficacité
de ses prestations, à chercher à mettre à
contribution l'initiative privée pour accroître les
investissements. Le transfert au secteur privé d'entreprises ou
d'activités permet donc de mobiliser des ressources additionnelles
pour le financement des investissements ou des besoins en fonds de
roulement.
La restauration des mécanismes du
marché
L'accaparement par l'Etat de l'économie nationale
a conduit à des rentes de monopoles préjudiciables à
la recherche de l'efficacité. Il est question ici, de supprimer les
distorsions commerciales et institutionnelles qui entravent les
compétitions entre firmes publiques et privées en instaurant
la concurrence, et donc le marché. Les repreneurs privés peuvent
avoir recours soit aux fonds propres, soit au marché auprès
duquel ils pourront lever les capitaux nécessaires à travers des
mécanismes qui ne sont pas toujours accessibles à l'Etat.
La mobilisation et l'orientation de l'épargne
nationale vers les investissements productifs
Une part significative des actions des entreprises à
privatiser (jusqu'à 30% dans certains cas)
est réservée aux nationaux. L'acquisition
effective par les nationaux de ces actions permet de mobiliser l'épargne
nationale et de l'orienter vers les investissements productifs. Elle
accroît ainsi le rôle participatif des populations, stimule
leur esprit d'entreprise et leur permet d'acquérir une culture
financière favorable au développement des marchés de
capitaux et à l'épanouissement de l'entreprise.
Au plan microéconomique, les quatre objectifs
illustrés par le cas de la SONEL sont :
L'amélioration à bref délai de
l'efficacité des systèmes et de la qualité des
services.
La caractéristique principale des entreprises
d'Etat était l'inefficacité des moyens de production,
ce qui ne garantissait pas la qualité des biens produits, surtout dans
les entreprises
de services publics. C'est ainsi que l'un des objectifs de l'Etat
lors de la privatisation de la
SONEL était d'améliorer la qualité du
service fournit, c'est-à-dire l'électricité produite,
transportée et distribuée.
La promotion de la prise de participation par le secteur
privé national y compris les salariés
de l'entreprise.
Il s'agit ici d'une participation représentative
de tous les acteurs. En effet, lors de la privatisation de la SONEL,
56% du capital a été cédé; 5% de ce capital devra
être redistribué aux salariés de l'entreprise et
les 51% restant sont entièrement détenus par l'AES.
L'Etat camerounais quant à lui, est censé redistribuer
aux acheteurs privés nationaux une partie des 44% du capital qu'il
détient.
L'accroissement rapide des taux de desserte de la
population sur l'ensemble du territoire national en matière de
services publics de base (télécommunications,
électricité, eau, transport....) avec un accent sur le milieu
rural.
L'Etat a mis l'accent sur la réalisation de cet objectif
lors de la cession de la SONEL. Il est question pour la société
de passer d'un taux de desserte de la population, de 31% en 1999 à
49% en 2019 et 55% en 2026. En milieu rural, des efforts ont
déjà été faits dans ce sens avec
la création de l'Agence d'électrification
rurale, qui accorde aux opérateurs et aux usagers l'assistance
technique et éventuellement financière nécessaire
au développement de l'électrification rurale.
La réalisation des gains de productivité
significatifs qui permettent d'assurer une structure tarifaire optimale pour
les services publics concédés.
Cet objectif montre l'importance de la tarification dans
les services publics de base. En général, les subventions
dont bénéficiaient les entreprises de ce type les contraignaient
à fixer
des prix de vente ne pouvant pas les permettre de couvrir
l'ensemble des coûts de production. Dans ce sens, il a
été recommandé à l'AES-SONEL de fournir
l'électricité à un prix compétitif aux
industries et à la population camerounaise de manière à
réaliser des gains de productivité.
II-1-2. Les modes de privatisation au
Cameroun
Il s'agit en général des privatisations ouvertes ;
l'ordonnance du 22 juin 1990 en fixe les cinq modalités suivantes :
La cession totale ou partielle d'actions détenues par
l'Etat et les organismes publics.
L'Etat peut décider ici de vendre tout ou une partie de
ses actions au privé. Ce mode a été observé lors de
la privatisation de certaines entreprises telles la SOCAMAC, la SEPBC et la
SCDM.
La cession totale ou partielle des actifs des entreprises
à privatiser
Il s'agit de la cession au privé d'une partie ou de
l'ensemble du patrimoine de l'entreprise. La cession des entreprises telles que
l'OCB ou la COCAM s'est effectuée suivant ce mode.
L'entrée au capital des entreprises des
personnes physiques ou morales de droit privé ou l'augmentation
de leur participation au capital de ces entreprises.
Ce mode de privatisation est souvent délicat
lorsqu'il s'agit des entreprises de services publics. En
général, la cession de telles entreprises se fait sous la forme
de concession, où le concessionnaire réalise et finance les
investissements. L'inconvénient de cette forme est que celui-ci peut
refuser de reprendre l'entreprise en un bloc et n'acheter que les
activités à forte rentabilité. Ce qui n'a pas
été le cas lors de la cession de la SONEL. L'opérateur AES
a repris
les trois segments du secteur, à savoir : la production,
le transport et la distribution ; celui-ci
ne pouvait se limiter qu'à prendre le (s) segment(s)
à forte rentabilité.
La location ou la location-gérance des actifs
et/ou des formulaires de commerce de l'entreprise à
privatiser.
Dans ce mode, le concessionnaire prend en charge la gestion et
l'entretien des équipements, mais supporte l'intégralité
du risque attaché à son exploitation. La durée du contrat
est de cinq
à dix ans et, à l'échéance,
l'opérateur retourne les actifs loués à l'Etat.
La signature d'un contrat de gestion.
Dans ce type de contrat, les pouvoirs publics demeurent
propriétaires des actifs alors que les actes de gestion sont
transférés au secteur privé qui dispose d'un
savoir-faire. Le concessionnaire reçoit des honoraires forfaitaires ou
variables (selon les résultats obtenus) en contre partie des
prestations. L'Etat continue à assurer les risques commerciaux de
l'activité, ainsi que les charges de maintenance, de renouvellement ou
d'extinction des investissements.
La durée du contrat est de deux à cinq ans.
II-2. Le bilan des privatisations au
Cameroun1
Dès la mise en oeuvre du processus de privatisation au
Cameroun, les autorités publiques ont décidé de privatiser
30 entreprises sur les 171 qui existaient, mais seulement 18 d'entre elles
ont été effectivement cédées à
cette date. Le tableau suivant récapitule cette situation.
1 Tsafack Nanfosso (2004).
Tableau 1.1: Les 18 entreprises
effectivement privatisées.
Entreprises
|
Sous-secteur
d'activité
|
Décision de
privatiser
|
Date de
cession
|
Cessionnaire
|
Part du
capital cédé aux
étrangers
|
Montant de
la cession (en millions de FCFA)
|
1. O.C.B
|
Production et
commercialisation de la banane
|
13 Octobre
1990
|
15 février
1991
|
Compagnie
fruitière de
Marseille
|
70%
(France)
|
2 281
|
2. SOCAMAC
|
Manutention et
acconage
|
16 Avril
1991
|
3 Octobre
1993
|
CCEI-Bank
|
51%
(France)
|
849.243
|
3.
CHOCOCAM
|
Industrie du
cacao
|
16 Avril
1991
|
12 Décembre
1995
|
Groupe Barry
SA
|
70.74%
(France)
|
258.112
|
4. SEPBC
|
Réserve de bois
|
16 Avril
1991
|
12 Avril
1992
|
Incumbent
share-holders from abroad
|
70%
(France)
|
1 813
|
5. ONDAPB
|
Aviculture et
bétail
|
16 janvier
1992
|
23 Février
1995
|
Groupe Fadil
(Yaoundé), Daniel Yok (Muyuka)
|
34%
(France)
|
ND
|
6. SCDM
|
Industrie
métallurgique
|
16 Avril
1991
|
30 juin 1994
|
Hobum Afrika
|
86.62%
(Allemagne)
|
300
|
7. SOFIBEL
|
Industrie
forestière de bois
|
26 Décembre
1991
|
13 Décembre
1995
|
Groupe Fadil
|
50%
|
1 425
|
8. CEPER
|
Presse et édition
|
10 Mars
1992
|
24
Septembre
1998
|
MUPEC
|
0%
|
500
|
9. COCAM
|
Industrie du bois
(contre plaqués)
|
Décembre
1991 à
Septembre
1992
|
29 Décembre
1992
|
Groupe
Khoury
|
87.6% (Inde
et Pakistan)
|
500
|
10. CAMSUCO
|
Industrie de canne
à sucre
|
1991,1993,
1995 et 1998
|
22 Décembre
1998
|
SOSUCAM
|
98.12% (ND)
|
11 000
|
11.SPFS-SRL
|
Palmeraies et
raffinerie
|
1er Mai 1992
et janvier
1993
|
23 Février
1995
|
Groupe Fadil
et autres particuliers
|
63.49%
(Suisse)
|
ND
|
12. CAMSHIP
|
Maritime
|
14 juillet
1994
|
13 Février
1997
|
Groupe privé
|
48.41%
(France et
Allemagne)
|
3 000
|
13. HEVECAM
|
Culture et
exploitation de l'hévéa
|
14 juillet
1994
|
9 Décembre
1996
|
GMG
investment
|
90% (USA)
|
23 000
|
14.
SOCAPALM
|
Industrie du
palmier à huile
|
14 juillet
1994
|
12 Février
1999
|
PALCAM
SOGEPAR
|
90%
(France)
|
25 000
|
15.
REGIFERCAM
|
Chemin de fer
|
14 juillet
1994
|
1er Mars
1999
|
SAGACO-
MAZAR
|
77% (France
et Afrique du
Sud)
|
Dealer-ship
of 5,000 per year
|
16. CAMTEL
MOBILE
|
Téléphonie mobile
|
8 Septembre
1998
|
15 Février
2000
|
MTN
|
100%
(Afrique du
Sud)
|
40 635
|
17. SONEL
|
Electricité
|
Octobre
1999
|
18 juillet
2001
|
AES Corp
|
51% (USA)
|
23 000
|
18. BICIC
|
Banque
|
ND
|
ND
|
Banques
populaires
|
71%
(France)
|
ND
|
Source : Monkam et Nzomo
(2002), Tamba (1996), et Tsafack et Touna Mama
(2000).
Quatre observations peuvent être faites à la
lumière de ce tableau :
· Tous les secteurs d'activités ont
été engagés lors du processus ; les secteurs
primaire, secondaire et tertiaire.
· Le délai entre la décision de privatiser et
la cession des entreprises est supérieur à un an.
Entre certains intervalles, les activités productives
sont soit restreintes soit stoppées sans qu'on ne prenne en compte
ni les pertes directes dues aux coûts des opérations, ni
les pertes indirectes provenant des activités existantes ou des petites
entreprises créées près des plus grandes.
· Le montant total des ventes (à l'exception de la
REGIFERCAM, SPFS-SRL, et BICIC)
est approximativement de 132 milliards de francs CFA, ce
qui est insignifiant au regard
de la masse d'investissements réalisés en
terme de capital humain, d'énergies, et de technologie.
· Le pourcentage d'étrangers dans la
répartition du capital des entreprises privatisées s'est
accrû. En effet, on constate la présence des repreneurs
locaux dans deux entreprises seulement, les autres étant l'Allemagne,
la Suisse, l'Afrique du sud, la France et l'Inde.
Cette section était axée sur deux points : le
premier était consacré aux fondements théoriques
de la privatisation et le deuxième, au
déroulement de la privatisation au Cameroun. La deuxième
section examinera en particulier l'exemple de la SONEL.
S E C T I O N 2 : D E L A S O N E L A L ' A E S - S
O N E L
La Société Nationale d'Électricité du
Cameroun (SONEL), créée en mai 1974, a pour mission
la production, le transport et la distribution de
l'énergie électrique. Celle-ci a absorbé dès
juin
1974 les anciennes sociétés, Energie Electrique
du Cameroun (ENELCAM) et Electricité du Cameroun (EDC), et a repris les
activités de POWERCAM à partir du 1er décembre
1975. Les principaux problèmes décelés à la
SONEL (dégradation de la structure financière et
insuffisance des investissements) ont conduit à sa privatisation,
si bien qu'elle est devenue depuis le 18 juillet 2001, l'AES-SONEL.
La marche vers cette privatisation précèdera la
présentation de l'entreprise après la
privatisation.
I. Vers la privatisation de la SONEL
C'est à partir du 1er juin 1995 que l'Etat
camerounais à décider se désengager des entreprises
de services publics, à savoir : la SNEC, la CAMTEL et la
SONEL. La décision de privatiser cette dernière est intervenue en
octobre 1999. Les raisons de cette décision sont surtout liées
à
la structure financière de l'entreprise, et
aux insuffisances observées au niveau des investissements et
de la tarification.
I-1. La structure financière de la
SONEL
Au plan financier, l'analyse des bilans a permis de
constater que la situation financière de l'entreprise s'est
considérablement dégradée depuis 1994, si bien que
celle-ci était incapable d'honorer ses dettes (près de
21 milliards de FCFA de dettes échues et
impayées). Cette dégradation de la situation financière
s'explique par :
- Un contexte économique défavorable
(dévaluation, hausse des prix des combustibles, tarifs
préférentiels pour certaines sociétés) ;
- Des niveaux de tarifs quasiment inchangés
depuis dix ans malgré la dévaluation du FCFA,
résultant en une diminution des tarifs constants qui à ce jour
sont relativement bas ;
- Des investissements d'électrification rurale
importants pour les quels la SONEL ne reçoit pas de subvention
de l'Etat : ces investissements étaient estimés par l'AFD
à
7 milliards de FCFA en 1996/1997 ;
- Un taux de facturation faible (pertes techniques et non
techniques) : le rendement de distribution (rapport entre l'énergie
distribuée et l'énergie facturée) est estimé
à 70% ;
- Un taux de recouvrement faible, en particulier
auprès des communes et des administrations : En 1996, le
taux de recouvrement des créances hors abonnés publiques
et haute tension était estimé à 76%. Au 30 juin
1997, les créances communes étaient estimées à
près de 6,2 milliards de FCFA, les créances Etat
à près
de 7,3 milliards de FCFA, les créances
SNEC et CRTV à près de 4 milliards et
1 milliard de FCFA respectivement.
Dans le but d'améliorer cette situation
financière, il s'est imposé une restructuration de
l'entreprise. Les principaux éléments de cette
restructuration étaient : une augmentation du capital, le
remboursement des arriérés et un rééchelonnement de
la dette. Il s'est aussi imposé une amélioration de la
gestion, en particulier du rendement de distribution, du taux de
recouvrement et d'une augmentation des tarifs.
I-2. Les insuffisances de la SONEL
Les insuffisances de la SONEL ont été le plus
observées au niveau des investissements et au niveau des tarifs
appliqués à la clientèle.
I-2-1. Au niveau des investissements
Les retards d'investissements accumulés dans le secteur
de l'électricité ont été la cause des insuffisances
des moyens de production. En effet, depuis 1981, année de mise en
service de la centrale de Song Loulou, le secteur n'a plus
bénéficié des équipements de production viables
dans son réseau interconnecté Sud. Ce qui correspond à
deux décennies sans investissement véritable dans un secteur
aussi stratégique.
Il était donc impératif pour la SONEL de
procéder à des investissements de réhabilitation et
de renouvellement estimés environ à 45
milliards de FCFA pour le barrage d'Edéa et 30
milliards de FCFA pour le barrage de Song Loulou
I-2-2. Au niveau des tarifs appliqués à
la clientèle
Une autre insuffisance majeure de la SONEL s'est faite
ressentir au niveau de la gestion de sa clientèle. L'analyse comparative
des tarifs montre que de 1978/1979 à 1987/1988, les tarifs
appliqués au client ALUCAM ont augmenté de 10,75% par
an, tandis que les charges de production hydraulique ont cru à
un rythme annuel de 22,79%. Par ailleurs, cette société
consomme plus de 52% de la production en 1987/1988, mais ne
génère que 10% des recettes
de la SONEL.
Durant l'exercice 1987/1988, le coût moyen de
production de la SONEL à Edéa était de l'ordre de
12FCFA, mais le prix moyen du kWh offert à ALUCAM était
de 3,96FCFA. En
1997, le prix moyen du kWh offert à cette
dernière était de 6,5FCFA. Il s'en suit donc que les
clients basse tension subventionnent ALUCAM ; ce qui ne permettait pas
d'équilibrer les finances de la SONEL, étant donné
que cette dernière consomme plus de la moitié de la
production totale.
Toutes ces défaillances ont conduit à la
privatisation de la SONEL, mais la question qui s'est posée était
de savoir s'il fallait la privatiser par augmentation du capital ou par vente
d'actions
détenues par l'Etat. La première solution a donc
été choisie.
II. La SONEL après la privatisation
Ce paragraphe consistera à présenter les
obligations générales de l'AES-SONEL et ses principales
innovations.
II-1. Les obligations générales de
l'AES-SONEL
Dans le but de remplir le cahier de charges, l'AES-SONEL devra
respecter le principe de non- discrimination dans ses rapports avec tous ses
clients et ses fournisseurs d'énergie. Elle pourra prévoir des
tarifs, ou des conditions de service différents pour des
catégories différentes de fournisseurs ou de clients, à la
condition de :
i) Définir de manière objective les
catégories concernées sur la base notamment des
critères suivants : puissance souscrite par l'abonné,
tension sous laquelle l'énergie électrique est fournie,
modes d'utilisations de ladite puissance au cours de l'année,
conditions du raccordement de l'abonné et conditions
économiques du marché pertinent.
ii) Rendre publique par tout moyen approprié et
de tenir à la disposition de toute personne en faisant la demande,
la liste des catégories définies et des différentes
conditions tarifaires ou de service qu'elle opère entre ces
catégories.
En outre, la société limitera la fréquence
et la durée des interruptions de service éventuelles à
ce qui est strictement nécessaire à la
maintenance de ses installations et au maintien de la
sécurité des personnes et des biens. Elle devra aussi assurer la
protection de ses actifs, ainsi que de ceux dont elle aura la jouissance ;
l'entretien de ses installations et de celles mises à sa disposition, la
conduite de ses travaux ou interventions et plus généralement
l'exploitation des parties du secteur de l'électricité dont elle
est chargée.
L'AES-SONEL est aussi tenue de remettre en état, et
à ses frais, toute voie de communication affectée par les travaux
effectués dans le cadre de ses activités. Elle est
également tenue de rétablir et d'assurer à ses frais le
libre écoulement des eaux naturelles ou artificielles dont le cours
serait modifié par les travaux, à l'exception des eaux
qui seront stockées dans les ouvrages de retenue ou de production
hydroélectrique.
Afin que l'objectif d'amélioration de la
qualité du service fourni soit atteint, il est
recommandé à l'AES-SONEL de respecter les standards de
qualité du courant électrique, ainsi que toutes normes en
vigueur sur le territoire national. La société
réalisera un effort
continu en vue de faire bénéficier le secteur de
l'électricité de progrès techniques permettant
de limiter le coût des prestations ou d'en
améliorer la qualité, et contribuera aussi à
l'électrification des zones non desservies.
Par ailleurs, l'entreprise exploitera les parties du secteur
de l'électricité dont elle a la charge, dans le respect des
règles régissant la protection de l'environnement ;
s'efforcera tout particulièrement de se conformer aux
règles, directives et recommandations relatives à la
protection de l'environnement résultant des conventions internationales
auxquelles l'État est partie, ou des standards internationaux en
vigueur.
II-2. Les principales innovations de
l'AES-SONEL
Celles-ci sont constituées de la configuration de la
clientèle et de la nouvelle grille tarifaire.
II-2-1. La configuration de la
clientèle
Cette nouvelle configuration a été
appliquée aux consommateurs en basse tension et en moyenne
tension.
Les consommateurs la catégorie basse tension sont
segmentés selon trois types d'usages : usage domestique
(UD), lorsque l'électricité est utilisée à
des fins exclusivement domestiques (éclairage,
électro-ménager, etc) ; usage professionnel (UP),
lorsque l'électricité est utilisée exclusivement pour
des activités commerciales, artisanales, et de service, toutes
branches confondues (pharmacie, moulin à écraser, restaurant,
débits de boissons, ...), ou lorsque les activités ci-dessus
sont couplées aux usages domestiques. Le troisième type
d'usage est l'éclairage public (EP), qui est
utilisé exclusivement par les communes, de 18h30 à 6h00,
dans le cadre de l'éclairage des voies publiques.
Les consommateurs de la catégorie moyenne tension sont
segmentés en deux sous groupes :
les abonnés du régime général
(RG) et les abonnés du régime des zones et
points francs industriels (RZPFI). Ce sont les industries
extractives, manufacturières, de bâtiments et travaux publics,
d'eau et d'électricité.
II-2-2. La nouvelle grille tarifaire
Les objectifs poursuivis par cette réforme sont
i) L'efficacité économique à travers la
structure et le niveau des coûts ;
ii) L'accroissement des recettes de l'entreprise,
compatibles avec les augmentations
contractuelles1 pour financer le développement
du secteur et assurer la rentabilité de l'entreprise ;
iii) La rationalisation du comportement énergétique
des consommateurs.
Avant la privatisation, la structure des tarifs
était complexe : 24 prix étaient appliqués en
moyenne tension; en basse tension, les prix dépendaient
déjà des usages.
L'innovation dans cette nouvelle grille tarifaire est
l'introduction de la saisonnalité : une saison sèche
(1er janvier au 30 juin) et une Saison humide (1er
juillet au 31 décembre). Il s'agira de présenter dans
ce paragraphe, les grilles tarifaires des consommateurs
d'électricité
en basse tension et moyenne tension.
La basse tension
Avant la privatisation de la SONEL, les prix de vente dans
cette catégorie étaient de 50FCFA pour une consommation
inférieure ou égale à 90 kWh et 58,15FCFA
au-delà des 90kWh. La segmentation des consommateurs
telle que présentée ci-dessus a conduit aux
différentes grilles ci-après.
Usage domestique
La grille tarifaire pour ces consommateurs est la suivante :
Tableau 1.2 : Grille tarifaire
basse tension, abonnés domestiques.
Structure tarifaire
|
Tarifs en FCFA/kWh
|
Usage domestique
|
Consommations
mensuelles (en kWh)
|
Saison humide
(1er juillet au 31
décembre)
|
Saison sèche
(1er janvier au 30
juin)
|
Tarif social
|
<= 50
|
50,00
|
50,00
|
Tarif modéré
|
[51 ; 200]
|
60,00
|
67,00
|
Tarif normal
|
> 200
|
65,00
|
75,00
|
Source : AES-SONEL.
Ce tableau présente trois types de tarifs : un tarif
social pour des consommations inférieures à
50kWh ; un tarif modéré pour les
consommations comprises entre 51 et 200kWh et un tarif
normal pour des consommations supérieures à 200kWh.
1 Dans le cadre de la nouvelle concession, il a
été envisagé quatre augmentations successives des tarifs
Basse tension et Moyenne tension au cours des quatre premiers exercices suivant
la privatisation: 5% en année 1, et
7.65% pour les années 2, 3 et 4.
Usage professionnel
Le tarif appliqué à ce segment se compose de deux
termes : un terme fixe appelé prime fixe mensuelle et un terme
proportionnel au niveau de consommation et de la durée d'utilisation
de la puissance souscrite. La grille tarifaire est la suivante
:
Tableau 1.3 : Grille tarifaire
basse tension, abonnés professionnels.
Structure tarifaire
|
Prime fixe
mensuelle (FCFA/kVA de puissance souscrite)
|
Tarifs en FCFA/kWh
|
Usage professionnel
|
Consommations mensuelles (kWh)
|
Saison humide
er
(1 juillet au 31
décembre)
|
Saison sèche
(1er janvier au 30
juin)
|
1ère tranche
|
<=180 par kVA de
puissance souscrite
|
2000
|
63,00
|
68,00
|
2e tranche
|
>180 par kVA de
puissance souscrite
|
2000
|
55,00
|
60,00
|
Source : AES-SONEL.
Ce tableau indique que le terme fixe est de 2000FCFA, et
que le prix de vente est fonction de
la puissance souscrite par l'abonné et de sa consommation
mensuelle. Le montant total de la prime fixe mensuelle à payer est
proportionnel à la puissance souscrite lors de l'abonnement ;
si celle-ci est de 2,2 kVA (kilo Volt Ampère), ce
montant sera de 4400 FCFA (2000*2,2).
Eclairage public
Tableau 1.4 : Grille tarifaire
basse tension, éclairage public.
|
Tarifs en FCFA/kWh
|
Type de saison
|
Saison humide
(1er juillet au 31 décembre)
|
Saison sèche
(1er janvier au 30 juin)
|
Éclairage public
|
40,00
|
46,50
|
Source : AES-SONEL.
On constate que les prix de vente de l'électricité
aux communes sont de 40FCFA en saison humide et 46,5FCFA en
saison sèche.
La moyenne tension
Les abonnés de cette catégorie étaient
répartis par tranche horaire et par période avant la
privatisation. Après la privatisation, les grilles tarifaires
correspondant aux deux segments
définis ci-dessus sont les suivantes :
Tableau 1.5 : Grille tarifaire
moyenne tension, régime général.
Structure tarifaire
|
Prime fixe
mensuelle (FCFA/kVA de puissance souscrite
|
Tarifs en FCFA/kWh
|
Tranche horaire
|
Période
|
Saison humide (1er juillet au 31
décembre)
|
Saison sèche
(1er janvier au 30
juin)
|
<=200 heures
|
Pointe
|
2500
|
54,00
|
67,50
|
Hors pointe
|
43,00
|
53,75
|
>200 heures
|
Pointe
|
4200
|
49,00
|
61,25
|
Hors pointe
|
40,00
|
50,00
|
Source : AES-SONEL.
Tableau 1.6 : Grille tarifaire
moyenne tension, régime des zones et points francs industriels.
Structure tarifaire
|
Prime fixe
mensuelle (FCFA/kVA de puissance souscrite)
|
Tarifs en FCFA/kWh
|
Tranche horaire
|
période
|
Saison humide (1er juillet au 31
décembre)
|
Saison sèche
(1er janvier au 30
juin)
|
<= 200 heures
|
Pointe
|
2500
|
35,00
|
43,75
|
Hors pointe
|
30,00
|
37,50
|
>200heures
|
Pointe
|
4200
|
32,00
|
40,00
|
Hors pointe
|
25,00
|
31,25
|
Source : AES-SONEL.
Ces tableaux montrent que les tranches horaires et les termes
fixes sont les mêmes dans les deux segments. Par ailleurs, les
tarifs varient dépendamment de la période de la
journée : heures de pointe (de 18h à 23h) et hors pointe (de 23h
à 6h).
Cette section a présenté la marche de la SONEL
vers la privatisation à partir de sa structure financière et de
ses insuffisances ; et la SONEL après la privatisation. Ce dernier point
à fait ressortir les obligations générales de l'AES-SONEL
et ses principales innovations.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était de
présenter les fondements théoriques des politiques de
privatisation (approches microéconomique et macroéconomique),
la mise en oeuvre de la privatisation au Cameroun et le passage de la
SONEL à l'AES-SONEL. Le premier point du chapitre a permis de
s'apercevoir que le Cameroun compte à ce jour dix-huit
entreprises privatisées sur les 171 qui ont été mises en
examen. Le second point à quant à lui montré que
la dégradation de la structure financière
de la SONEL à partir de 1994, l'absence
d'investissements et les tarifs appliqués aux
différents consommateurs sont les principales
causes de la privatisation de cette société.
Celle-ci a donc été conduite à configurer la
clientèle
et d'appliquer aux consommateurs en basse tension et en moyenne
tension, une nouvelle grille tarifaire qui tient compte des usages et des
saisons. Le chapitre suivant traitera de l'efficacité
de la production d'électricité à
l'AES-SONEL.
CHAPITRE 2
P R I V A T I S A T I O N D E L A S O N E L E T E
F F I C A C I T E D E L A P R O D U C T I O N
Introduction
L'industrie électrique désigne un ensemble
d'activités qui regroupent la production, le transport et la
distribution de l'électricité. Ces trois segments qui
étaient gérés par l'Etat avant
la privatisation de la SONEL ont été
cédés à l'opérateur privé AES. L'une de ses
missions est d'améliorer l'efficacité au niveau de ces trois
segments. Le premier étant considéré comme le moteur du
secteur (PERCEBOIS, 1997), l'objectif du présent chapitre
est donc de s'appesantir sur ce segment. Deux points seront abordés
à cet effet : le premier permettra de définir le concept
d'efficacité et d'analyser l'offre du secteur au Cameroun ; le
deuxième point nous conduira à l'analyse de la demande
d'électricité à la mesure de l'efficacité de la
production à l'AES-SONEL.
SECTION 1 : EFFICACITE ET OFFRE D'ELECTRICITE AU
CAMEROUN
Parmi les objectifs de la privatisation de la SONEL,
l'un consistait en l'amélioration de l'efficacité dans la
production, le transport et la distribution de l'énergie
électrique au Cameroun. Le segment de la production est
considéré comme le segment moteur du secteur
de l'électricité et son efficacité est
indispensable à la viabilité du secteur. Avant d'analyser
l'offre de ce secteur au Cameroun, on ressortira d'abord le lien
entre privatisation et efficacité.
I. La privatisation et l'efficacité
Nous définirons d'abord le concept d'efficacité et
nous ferons par la suite le rapprochement entre la privatisation et
l'efficacité.
I-1. Définition de l'efficacité
De manière absolue, une firme est techniquement
efficace si l'une de deux situations suivantes est vérifiée
:
- Etant donné un panier d'inputs, la firme produit le
maximum d'output techniquement
possible.
- Etant donné un niveau d'output, la firme utilise le
minimum d'inputs nécessaire pour l'atteindre.
On dira qu'une firme est inefficace lorsqu'elle n'est
pas incitée à minimiser ses coûts de production.
L'absence de motivation pour rechercher une allocation efficace des ressources
entraîne la diminution des profits de l'entreprise. Cette situation est
communément appelée inefficacité-X (LEIBENSTEIN, 1966).
Sur le plan théorique, c'est une situation fondée sur
l'incapacité de la firme à traiter toute
l'information pouvant conduire à l'efficacité ; notamment
l'intensité de l'effort des dirigeants et la nature des
contrats de travail qui sont souvent libellés de manière
incomplète (PLANE, 1995).
I-2. Le lien entre la privatisation et
l'efficacité
Nous allons analyser cette relation à
l'AES-SONEL, à partir des travaux de SCHMIDT (1991). Il suppose
que lorsque la firme est publique (cas de la SONEL), le gouvernement est mieux
informé à son sujet et n'a donc pas besoin de créer de
distorsions informationnelles ex post. Les subventions dont
bénéficiait la SONEL n'incitaient pas l'Etat à lui
laisser un surplus. La conséquence était donc un
découragement à investir de la part du dirigeant de
l'entreprise. SCHMIDT (1991), caractérise ce découragement
à investir de coût de la propriété publique.
Quand l'entreprise est privée (cas de
l'AES-SONEL), le gouvernement introduit des distorsions
informationnelles à cause de l'asymétrie d'information,
engendrant ainsi le coût de
la propriété privée. Cependant, le
manager investit plus ex ante car il garde une partie du
surplus de l'entreprise ex post. Cette analyse indique donc qu'il y a
dans une entreprise, un arbitrage entre l'efficacité productive (le
manager investit plus quand la firme est privée) et l'efficacité
allocative (le niveau de production socialement efficace est obtenu quand la
firme
est publique). Dans le secteur de
l'électricité au Cameroun, la préférence a
été accordée à l'efficacité productive,
car la SONEL n'était plus techniquement efficace. Elle a donc
été privatisée dans le but de retrouver cette
efficacité.
II. L'analyse de l'offre
Il s'agira d'abord de présenter l'équilibre
du producteur en situation de monopole, ensuite, analyser l'offre du
secteur de l'électricité au Cameroun.
II-1. L'optimum du producteur en situation de
monopole
Le problème du producteur est de déterminer
la quantité Q qui maximise son profit (la
différence entre son chiffre d'affaires et son coût de
production). Le profit ë (Q) = PQ - CT
est donc fonction de la quantité produite. Sa
maximisation conduit à l'égalité de la recette
marginale et du coût marginal. La production choisie est donc
définie par cette égalité. La figure ci-dessous
présente cette situation d'équilibre.
Figure 2.1 : L'équilibre
du monopole
Prix
Cm
PM
P* PROFIT CM
RM
Rm
Source : Picard (2002).
QM Q* Quantités
La fonction Q(P), qui associe au prix de vente la
quantité produite est appelée fonction d'offre
de l'entreprise. Elle est représentée par la
partie de la courbe de coût marginal située au- dessus de
la courbe de coût moyen (CM). C'est une fonction croissante du
prix.
Un monopole opère donc en un point où le prix
est supérieur au coût marginal, alors qu'une entreprise en
concurrence opère en un point où le prix est fixé au
niveau du coût marginal. En situation de monopole, comme cela est le cas
pour l'AES-SONEL, le prix sera plus élevé et la production
faible (PM et QM), alors qu'en situation
de concurrence (P* et Q*), c'est le cas contraire. La
conséquence est que les consommateurs d'électricité
bénéficieront d'un niveau
de satisfaction moindre quand le secteur est organisé sous
la forme d'un monopole plutôt que
sous la forme concurrentielle.
II-2. L'offre du secteur de l'électricité
au Cameroun
Nous présenterons les différentes sources de
production d'électricité et la relation entre cette production et
les prix.
II-2-1. Les différentes sources de production
d'électricité au Cameroun
La production désigne la quantité
d'électricité produite par tout moyen, ainsi que toute
activité auxiliaire de transport jusqu'aux jeux de barres haute tension
des postes de centrales. Les sources de production sont d'origines hydraulique
et thermique.
L'hydroélectricité constitue prés de 95%
de la production électrique au Cameroun, et le fleuve Sanaga1
est la principale source de cette production. Sur son cours,
sont construits les barrages de Song-Loulou, qui a une capacité
d'environ 390 MW, et d'Edéa, dont la capacité
est d'environ 263 MW. Des barrages de retenue,
(Mape, Bamendjin et Mbakaou) ont été construits en amont
de la Sanaga pour réguler son cours en période
d'étiage. La capacité totale de ces barrages est d'environ
7,8 milliards de m3.
Au cours de l'exercice 2001/2002, la capacité totale de
ces barrages est passée à 5,1 milliards
de m3, soit une baisse de 3,7 milliards
de m3. On a assisté progressivement à
l'augmentation
de cette capacité en 2002/2003, mais le niveau
atteint reste inférieur à celui de l'année
2000/2001. La conséquence directe a été la
baisse de la production d'électricité. La figure ci- dessous
présente l'évolution de la production
d'électricité à partir des deux principales
sources, à savoir : l'hydraulique et le thermique.
1 Pendant la saison sèche, le débit
naturel de la Sanaga peut baisser de 5000m3/S à
80m3/S.
Figure 2.2 : Evolution de la
production par sources de 1991 à 2004.
Production en milliers de kWh
4 000 000
3 500 000
3 000 000
2 500 000
2 000 000
1 500 000
1 000 000
500 000
-
1990/1991 1993/1994 1996/1997 1999/2000 2002/2003
Années
Production totale Hydraulique Thermique
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
On constate une baisse de la production
d'électricité en 2002/2003 suite à la baisse du
débit
du fleuve Sanaga. La conséquence directe a
été la baisse de la production d'origine hydraulique. On
note par ailleurs une augmentation de la production en 2003/2004. Ce
rattrapage de la production est en partie dû à
l'accroissement de la production d'origine thermique en début
d'année 2003.
Le renforcement de la production d'électricité
à partir de cette source permet de pallier les insuffisances pouvant
être observées en périodes d'étiages. Il constitue
l'une des priorités de l'AES-SONEL qui en deux ans, a construit
de nouvelles centrales thermiques à Yaoundé (Oyomabang),
Douala (Log-baba et Bassa III B) et Bafoussam, pour une
production supplémentaire de 47 MW. Le coût total de ces
investissements a été évalué à 35
milliards de FCFA. Par ailleurs, la société a investit
près de 25 milliards de FCFA dans la construction d'une
centrale de 80 MW à Limbé fonctionnant au fioul lourd et
qui est déjà opérationnelle. L'AES-SONEL entend
également construire une centrale thermique à gaz de
150 MW qui sera opérationnelle en 2006. En outre, 64
milliards de FCFA ont été investis en cette année
2004 et 30 milliards de FCFA seront injectés en
2005 pour améliorer le fonctionnement du réseau.
II-2-2. L'offre d'électricité et les
prix
La première augmentation des tarifs
opérée en 2002 (5%) a coïncidé avec la baisse
de la production totale d'électricité. Cette baisse a
nécessité le renforcement par la production
thermique, ce qui a contribué à accroître les
coûts totaux de production. Ceux-ci seraient en
effet plus élevés en saison sèche
(janvier-juin) qu'en saison humide (juillet-décembre), à
cause de la forte utilisation de la source thermique en période
d'étiage. La prise en compte des saisons dans la fixation des prix
de vente peut donc être la conséquence directe de cette
élévation des coûts. Les différentes
grilles tarifaires présentées au chapitre
précédent (tableaux 1.2 ; 1.3 ; 1.4 ; 1.5 et 1.6) montrent le
réaménagement des tarifs. On a pu constater à travers ces
tableaux que les prix sont plus élevés en saison sèche
qu'en saison humide, ce qui pourrait refléter le niveau des
coûts d'une part et la consommation qui est plus
élevée en saison sèche d'autre part.
Il était question dans cette section, de
ressortir le lien entre privatisation et efficacité, et
d'analyser l'offre du secteur de l'électricité. Il importe
à présent d'analyser la demande d'électricité
au Cameroun.
SECTION 2 : DEMANDE D'ÉLECTRICITÉ ET
EFFICACITE DE LA PRODUCTION
L'offre n'a de sens que s'il existe une demande sur le
marché qui attend d'être satisfaite. La rencontre des deux est
sanctionnée par la détermination du prix
d'équilibre. L'analyse de l'offre nécessite donc aussi celle de
la demande. Celle-ci fera l'objet de cette section, ainsi que la
détermination des critères d'efficacité de la production
à l'AES-SONEL.
I. L'analyse de la demande
Avant d'analyser la demande d'électricité au
Cameroun, il s'avère nécessaire de présenter les
éléments de la définition de la fonction de demande.
I-1. La définition de la fonction de
demande
Le premier point consistera à caractériser
l'optimum du consommateur et le second permettra
de définir la notion d'élasticité de la
demande.
I-1-1. La caractérisation de l'optimum du
consommateur
L'objectif du consommateur rationnel est la maximisation
de son utilité, sous sa contrainte budgétaire. Supposons
qu'il consomme une quantité x1
d'électricité et une quantité x2
des
autres biens, son problème peut donc s'écrire sous
la forme :
s
/
c
Max
u ( x1
, x 2)
1 2
p x 1 + p
x 2 = R
La contrainte budgétaire ou droite de budget
définit une droite dans le plan
(x1,x2). La
résolution de ce programme permet d'obtenir les
quantités optimales x*1 d'électricité et
x*2
des autres biens qui maximisent l'utilité du
consommateur.
Graphiquement, cet optimum peut être
caractérisé de la manière suivante :
Figure 2.3: Choix optimal du
consommateur
X2
x*2
Source : Varian (2000).
x*1 X1
Cette figure caractérise l'optimum du consommateur.
L'utilité est maximale au point de
tangence de la courbe et de la droite de budget. Le couple
(x*1 ;x*2) représente cet optimum. Elle montre aussi que
l'augmentation de la consommation d'électricité se
traduit automatiquement par la réduction de la consommation des
autres biens, de sorte que la contrainte budgétaire soit
saturée.
Cette situation nous permet de définir la fonction de
demande de l'un des biens. La figure ci- dessous présente la fonction de
demande du bien X1.
Figure 2.4. : Courbe de demande
d'un bien
P
X1
Source : Varian (2000).
La fonction de demande d'électricité exprime le
choix optimal du consommateur en fonction
du prix unitaire de l'électricité et du revenu dont
celui-ci dispose. La courbe de demande est donc une relation inverse entre la
quantité consommée d'électricité et son prix.
I-1-2. L'élasticité et la
demande
L'élasticité prix de la demande est définie
comme la variation relative (en pourcentage) de
la quantité divisée par la variation relative (en
pourcentage) du prix :
= Q x p
[2.1]
p Q
La valeur de laisse voir deux types de biens:
>1, ce sont les biens dont la demande est élastique.
Dans ce cas, une hausse du prix
de ces biens conduit à une forte réduction de leur
consommation.
<1, il s'agit des biens dont la demande est faiblement
élastique par rapport au prix. Pour ces biens, la hausse du prix ne
réduit que faiblement la demande de sorte que la dépense
augmente. C'est généralement le cas de certains biens tels
l'électricité ou le téléphone.
De façon générale,
l'élasticité de la demande d'un bien dépend dans
une large mesure du nombre de substituts proches que ce bien possède.
Ainsi, si un bien a beaucoup de substituts
proches (biens alimentaires), il faut s'attendre à
ce que sa courbe de demande soit très
sensible à des variations de prix; si par contre,
un bien ne possède que peu de substituts,
proches (électricité, téléphone...),
il aura une demande assez inélastique.
I-2. La demande d'électricité au
Cameroun
L'évolution des abonnés et la répartition de
la consommation constitueront les deux axes de
ce paragraphe.
I-2-1. L'évolution des
abonnés
Cette évolution sera présentée à
partir du tableau ci-dessous.
Tableau 2.1 : Evolution du nombre
total des abonnés.
Années
|
Total des
abonnés
|
Basse tension
|
Moyenne tension
|
Haute
tension
|
1990/1991
|
308 124
|
307 345
|
774
|
5
|
1991/1992
|
317 547
|
316 743
|
798
|
5
|
1992/1993
|
342 879
|
342 011
|
862
|
5
|
1993/1994
|
363 792
|
363 792
|
914
|
5
|
1994/1995
|
382 000
|
381 034
|
960
|
5
|
1995/1996
|
401 873
|
400 858
|
1 010
|
5
|
1996/1997
|
420 995
|
419 932
|
1 058
|
5
|
1997/1998
|
428 269
|
427 167
|
1 097
|
5
|
1998/1999
|
447 936
|
446 823
|
1 108
|
5
|
1999/2000
|
452 192
|
451 066
|
1 121
|
5
|
2000/2001
|
452 994
|
451 855
|
1 134
|
5
|
|
2001/2002
|
456 121
|
454 969
|
1 147
|
5
|
|
UD
|
UP
|
EP
|
RG
|
RZPFI
|
|
404 922
|
45 497
|
4 550
|
974
|
173
|
5
|
2002/2003
|
459 317
|
458 144
|
1 168
|
5
|
|
UD
|
UP
|
EP
|
RG
|
RZPFI
|
|
407 749
|
45 814
|
4 581
|
993
|
175
|
5
|
2003/2004
|
461 358
|
460 177
|
1 176
|
5
|
|
UD
|
UP
|
EP
|
RG
|
RZPFI
|
|
409 559
|
46 017
|
4 601
|
995
|
181
|
5
|
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
Ce tableau montre une augmentation du nombre total des
abonnés avec le temps. On constate qu'avant la privatisation, les
consommateurs étaient regroupés en trois catégories :
Les consommateurs en basse tension, en moyenne tension et en haute tension.
Les abonnés de la catégorie basse tension représentent
plus de 95% du nombre total d'abonnés.
Après la privatisation, on constate qu'en basse tension,
89% des abonnés utilisent l'électricité
à des fins exclusivement domestiques ; 10% sont des
abonnés professionnels et 1% des abonnés utilisant
l'électricité pour l'éclairage public. En moyenne tension,
plus de 85% des
abonnés appartiennent au régime
général. En ce qui concerne la haute tension, cinq
abonnés
sont classés dans cette catégorie ; il s'agit
principalement de ALUCAM, SOCATRAL, PPC (ex-CELLUCAM), CIMENCAM et CICAM.
I-2-2. La répartition de la
consommation
Cette répartition sera présentée suivant
les types de tension : basse tension (BT), moyenne tension (MT) et
haute tension (HT). La figure ci-dessous retrace cette répartition.
Figure 2.5 : Consommation
d'électricité BT, MT et HT de 1991 à 2004.
Consommation en milliers de kWh
4 000 000
3 500 000
3 000 000
2 500 000
2 000 000
1 500 000
1 000 000
500 000
-
1990/1991 1993/1994 1996/1997 1999/2000 2002/2003
Années
Consommation totale consommation BT Consommation MT Consommation
HT
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
La consommation totale d'électricité a
augmenté avec le temps et avec le nombre d'abonnés.
On constate que la consommation des abonnés haute
tension représente plus de la moitié de la consommation totale
chaque année. La consommation annuelle des abonnés en basse
tension représente environ 25% de la consommation totale, et
celle des abonnés de la catégorie moyenne tension est
d'environ 23%.
Par ailleurs, les consommations en usage domestique, usage
professionnel et éclairage public sont respectivement proportionnelles
à 66%, 32% et 2% de la consommation totale basse tension. En
moyenne tension, 57% de la consommation totale est attribuée aux
abonnés du
régime général.
Après la privatisation de la SONEL, la consommation
d'électricité a augmenté en même
temps que les tarifs ; la figure ci-dessous retrace cette
évolution.
Figure 2.6 : Evolution des tarifs
(BT, MT et HT) et de la consommation totale.
Consommation en millers de kWh
80 4 000 000
70 3 500 000
60 3 000 000
50 2 500 000
Prix
40 2 000 000
30 1 500 000
20 1 000 000
10 500 000
- -
Années
Prix HT Prix moyens BT et MT Consommation totale
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
On peut constater que la consommation totale
d'électricité s'est nettement accrue après la
privatisation, et a coïncidé avec l'augmentation des tarifs des
consommateurs des catégories basse tension et moyenne tension.
Cependant, les tarifs des abonnés de la catégorie haute
tension n'ont pas subit une augmentation significative, malgré que ces
derniers consomment plus de la moitié d'électricité
produite.
II. L'efficacité de la production à
l'AES-SONEL
L'un des objectifs de la privatisation de la SONEL
était d'améliorer l'efficacité de la production
d'électricité. Cette amélioration passe par
l'accroissement des investissements dans le secteur et par la
définition des critères d'efficacité par l'entreprise. Le
premier point
de ce paragraphe sera axé sur l'approche
méthodologique de la recherche de l'efficacité, et le
deuxième consistera à tester les critères permettant de
savoir si la production a été améliorée
ou pas.
II-1. Approche méthodologique
Avant de donner les critères de la mesure de
l'efficacité de la production, il est important de noter que la baisse
de la production observée après la privatisation est la
conséquence directe
de l'absence d'investissement dans le secteur de
l'électricité. En effet, la puissance totale
installée est passée de 316 MW en 1975/1976 à
757 MW en 1987/1988. Celle-ci repose sur trois aménagements
hydroélectriques (Edéa : 264 MW et Song Loulou :
384 MW dans la partie Sud du pays ; Lagdo : 72 MW dans la
partie Nord) et 42 centrales thermiques.
Au 30 juin 1988, La SONEL disposait d'un parc de
production thermique d'une puissance totale de 81 MW
exploitée comme centrale de secours dans les réseaux
interconnectés, et comme centrale de production dans les centres
isolés. En 2001, on a observé un relâchement
de l'augmentation de la puissance totale installée,
celle-ci n'est plus que de 843,5 MW.
On peut donc constater qu'entre 1975 et 1988, la puissance
totale a augmenté de 441 MW et qu'entre 1988 et 2001,
l'augmentation n'est plus que de 86,5 MW. Ceci est dû
à l'absence d'investissement dans le réseau. La
conséquence directe a donc été l'augmentation moins que
proportionnelle de la production par rapport au taux d'augmentation de la
demande. En effet, entre 1980 et 1990, la production est
passée de 1365 GWh à 2650 GWh,
soit une augmentation de 1285 GWh ; par contre, cette augmentation
n'est plus que de 824 GWh entre
1990 et 2001, soit une baisse de 461 GWh par rapport
à la première décennie.
Les problèmes décelés dans la
gestion de la SONEL, notamment la dégradation de sa structure
financière et le subventionnement des consommateurs de la
catégorie haute tension ; l'absence d'investissement dans le secteur et
la recherche de l'efficacité de la production ont conduit l'AES-SONEL
à définir deux principaux critères de mesure de
l'efficacité de la production, à savoir : les pertes
d'énergies et les énergies non fournies.
Les pertes d'énergies expriment la différence entre
les énergies produites (production totale)
et les énergies émises (part des énergies
produites acheminées vers les autres segments) ; alors que les
énergies non fournies sont exprimées par l'intensité des
délestages.
Selon ces deux critères, il y aura
amélioration de l'efficacité de la production si les
pertes
d'énergies et les énergies non fournies ont
été minimisées après la privatisation.
II-2. La mesure de l'efficacité de la production
à l'AES-SONEL
Le test consistera à observer les pertes d'énergies
et les énergies non fournies sur la période allant de 1991
à 2004, avec un accent particulier sur la période
après privatisation. Nous
allons à cet effet représenter sur une même
figure les courbes retraçant ces évolutions.
45,0
40,0
Pertes d'énergies
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
-
40,000
Energies non fournies
35,000
30,000
25,000
20,000
15,000
10,000
5,000
-
Années
Energies non fournies pertes d'énergies
Figure 2.7 : Evolution des pertes
d'énergies et des énergies non fournies de 1991 à
2004.
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
La première observation est que les courbes
représentant les pertes d'énergies et les énergies non
fournies suivent la même évolution.
En observant la première, on constate que les pertes se
sont accentuées après la privatisation
et le pic a été atteint durant l'exercice
2002/2003. Elles sont évaluées à 39,6GWh environ,
et sont causées par la vétusté des équipements de
production qui ont à leur tour été à l'origine
de
la diminution du taux de disponibilité des principaux
barrages. Le tableau ci-dessous présente
ces taux dans les différentes centrales
(Edéa, Song Loulou et Lagdo), ainsi que les taux moyens de
disponibilité après la privatisation.
Tableau 2.2 : Evolution des taux de
disponibilité par centrale et des taux moyens après la
privatisation
Exercices
|
2001/2002
|
2002/2003
|
2003/2004
|
Centrales
|
Edéa
|
Song
Loulou
|
Lagdo
|
Edéa
|
Song
Loulou
|
Lagdo
|
Edéa
|
Song
Loulou
|
Lagdo
|
Taux de
disponibilité des centrales
|
79%
|
90,73%
|
95%
|
75%
|
87,31%
|
91,7%
|
82%
|
91%
|
94%
|
Taux moyens
de disponibilité
|
88,24%
|
84,67%
|
89%
|
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL.
Ce tableau indique que le taux moyen de disponibilité des
centrales s'est accrû en 2003/2004
de 4,33%. Il était de 84,67% en 2002/2003 contre 89% pour
l'exercice suivant. Cependant, l'augmentation par rapport à l'exercice
2001/2002 est d'environ 0,76%.
En observant la figure 2.7, on constate que les pertes
d'énergies diminuent lors de l'exercice
2003/2004, grâce notamment aux révisions
effectuées dans lesdites centrales. Ce taux reste
légèrement inférieur à celui de l'exercice
2000/2001, qui s'élevait à 91,5%.
La courbe des énergies non fournies indique bien une
augmentation des délestages à partir de l'exercice 2001/2002,
avec un pic en 2002/2003. On observe par ailleurs que les énergies non
fournies ont augmenté à partir de 1994, période
à laquelle la SONEL était en crise. L'augmentation des
énergies non fournies est aussi due au matériel vétuste
qui ne permet pas une production efficace pouvant satisfaire la demande.
A partir de la réduction des énergies non
fournies observées en 2003/2004, l'on serait tenté de croire que
la seule conséquence de cette diminution est l'accroissement des
investissements dans le secteur en vue d'améliorer la production de
l'électricité. Cette réduction est aussi en partie due
au comportement des industries (consommateurs en moyenne tension). En
effet, celles-ci ont procéder à un réaménagement de
leur consommation en accentuant leur activité
en période hors pointe (de 23h à 6h) pour
bénéficier des tarifs plus bas. La période de pointe
(de 18h à 23h) étant caractérisée par
une élévation des coûts de production suite au recours
à
la source thermique pour suppléer la production
hydraulique
Bien que les énergies non fournies et les pertes
d'énergies aient été minimisées, lors de
l'exercice 2003/2004, on ne peut pas conclure à une efficacité de
la production au sens strict,
mais à une relative amélioration de
l'efficacité, dans la mesure où les valeurs des pertes
d'énergies et des énergies non fournies n'ont pas
encore atteint les niveaux enregistrés avant
la privatisation.
Au total, cette section consistait rapprocher les notions
de privatisation et d'efficacité, et à déterminer
s'il y a eu amélioration de l'efficacité de la production
à l'AES-SONEL ou pas.
Conclusion
Le problème posé par ce chapitre
était celui de l'efficacité de la production
d'électricité à l'AES-SONEL. L'on s'est aperçu
dans un premier temps que la privatisation devrait contribuer à
améliorer l'efficacité par le biais des investissements. En
second lieu, l'analyse
de l'offre a permis de distinguer les
différentes sources de production d'électricité :
l'hydraulique et le thermique. Afin de mesurer l'efficacité de la
production à l'AES-SONEL, deux principaux critères ont
été définis, à savoir les pertes
d'énergies et les énergies non fournies qui sont
caractérisées par l'intensité des délestages. La
mesure se faisant à partir de la
minimisation de chacun de ces critères a conduit à
une relative amélioration de l'efficacité.
C O N C L U S I O N D E L A P R E M I E R E P A R T
I E
L'appréciation de la contribution de la privatisation
à l'efficacité du secteur de l'électricité au
Cameroun nous a conduit à étudier deux
chapitres.
Deux principales remarques ont été observées
à la lumière du premier chapitre :
En premier lieu, le déroulement de la privatisation
au Cameroun a conduit à deux constats majeurs :
- Le montant des ventes a été insignifiant
au regard de la masse d'investissements réalisés en termes
de capital humain, d'énergies et de technologie ;
- L'accroissement de la part du capital des étrangers dans
les entreprises privatisées.
En second lieu, la privatisation de la SONEL a permis de
configurer la clientèle et d'appliquer une nouvelle grille tarifaire
aux consommateurs des catégories basse tension et moyenne
tension.
Le deuxième chapitre consistait à
déterminer s'il y a eu amélioration de l'efficacité
de la production après la privatisation de la SONEL. Pour le savoir,
l'on a analysé les deux critères d'efficacité de la
production, à savoir : les pertes d'énergies et les
énergies non fournies (intensité des délestages).
L'évolution de ces derniers a permis de conclure à une
relative amélioration de l'efficacité de la production à
l'AES-SONEL.
Cette relative amélioration nécessite tout de
même l'appui du régulateur qui devra permettre
le développement rationnel de l'offre
d'électricité, dans le but de garantir le bien-être social.
D'où l'intérêt d'aborder dans la deuxième partie
l'impact de la réglementation du secteur de
l'électricité sur le bien-être social au
Cameroun.
D E U X I E M E P A R T I E
R E G L E M E N T A T I O N P U B L I Q U E E T
B I E N - Ê T R E S O C I A L
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Dans la partie précédente l'on a constaté
que la réglementation s'avère être une
nécessité pour garantir le bien-être social qui peut
être affecté par des inefficiences observées dans un
secteur. Elle est impérative, surtout dans les entreprises de
services publics qui ont été privatisées comme la
SONEL, et dont l'objectif principal était d'améliorer son
efficacité.
La régulation du secteur de l'électricité au
Cameroun est assurée par l'Agence de régulation
du secteur de l'électricité (ARSEL). Ce
rôle est conservé par l'Etat et relève à titre
principal de l'Agence, selon les modalités prévues par la loi
N° 98-022 du 24 décembre 1998, régissant le secteur de
l'électricité. L'Agence est donc le garant du
bien-être social dans le secteur de l'électricité au
Cameroun.
Cette partie a pour objectif d'évaluer l'impact de la
réglementation du secteur de l'électricité
sur le bien-être social au Cameroun. Pour ce faire, il
convient de présenter l'objectif et les modes de régulation
(chapitre 3), et de mesurer la variation de bien-être social (chapitre
4).
Le premier chapitre de cette partie sera axé sur les
causes de la réglementation, à son objectif
et aux modes de régulation. On s'attardera sur l'impact
des inefficiences des marchés sur le bien-être social, et sur
la régulation du secteur de l'électricité au
Cameroun. Le deuxième chapitre de la partie aura pour but
d'évaluer la perte de bien-être, tout en ayant au
préalable
posé les bases théoriques de sa mesure.
CHAPITRE 3
O B J E C T I F E T M O D E S D E R E G U L A T I O
N
Introduction
L'économie de la réglementation se
définit comme l'étude des problèmes soulevés
par la présence d'externalités, de monopoles naturels et
de biens publics (LEVEQUE, 1998). Ces trois défauts de
marché qui sont les notions centrales de l'économie de
la réglementation seront abordées ainsi que le
problème d'asymétrie d'information qui est observé
lorsque le régulateur et l'entreprise régulée sont
liés par un contrat. L'objectif du présent chapitre est
donc de présenter ces quatre notions en les illustrant, ainsi
que les différents modes de régulation des entreprises. La
première section sera consacrée à la définition des
concepts et à l'objectif de la réglementation; et la
deuxième section permettra de comprendre les modes de régulation
des entreprises.
SECTION 1 : DEFINITIONS ET OBJECTIF DE LA
REGLEMENTATION
La réglementation consiste pour l'Etat à
contrôler l'activité économique, notamment lorsqu'il existe
des monopoles ou qu'une activité induit des effets externes,
ou lorsque certaines productions ont le caractère de biens publics
(LEVEQUE, 1998). Elle peut donc consister en
la fixation du prix, des taxes ou des subventions sur les
produits et les profits des entreprises appartenant aux secteurs
concernés. Pour la clarté de notre étude, il
convient d'aborder les bases théoriques de la réglementation et
l'objectif de la réglementation.
I. Les bases théoriques de la
réglementation
Il s'agira de présenter en premier lieu les causes de la
réglementation, et en second lieu les différents courants de
pensée de l'économie de la réglementation.
I-1. Les causes de la réglementation
La réglementation se justifie par la présence
d'externalités, de biens publics, d'asymétrie d'information
et de situations de monopole naturel. Ces défauts sont
à l'origine des
inefficiences observées dans les marchés.
On dit qu'il y a externalités, quand les actions
d'un agent influencent directement les
possibilités de choix (ensemble de production ou
de consommation) d'un autre agent (SALANIE, 1998). Ces actions
s'exercent en dehors du marché. Les externalités sont
positives (négatives) lorsque les actions d'un agent
conduisent à une amélioration (diminution) du
bien-être de l'autre agent.
La nécessité de réglementer s'impose
donc lorsque les externalités sont négatives. Dans le
secteur de l'électricité au Cameroun, l'importance du
régulateur s'est faite ressentir après la privatisation de la
SONEL du fait que la baisse de la production qui a été
à l'origine de multiples délestages aurait affecté
négativement le bien-être des consommateurs.
Les biens publics sont des biens qui, une fois
créés, sont accessibles à tous sans condition. Ils
possèdent la double propriété de non exclusion et
de non rivalité (VARIAN, 2000). La première renvoie
à l'impossibilité d'écarter qui que ce soit de
l'utilisation d'un service, y compris les individus qui ne contribueraient
pas à son financement. La deuxième traduit le
fait que ce bien puisse être consommé
simultanément par plusieurs agents, sans que la quantité
consommée par l'un diminue les quantités encore disponibles pour
les autres.
En tant que bien public, l'électricité devrait
être accessible à tous les individus, ce qui n'est malheureusement
pas le cas, surtout en zone rurale. Le rôle du régulateur de ce
secteur est de favoriser l'accès de tous à
l'électricité, de sorte que personne ne soit
écarté de la consommation de ce bien d'utilité
publique.
Le problème de l'asymétrie d'information est
souvent observé dans une relation qui oppose deux acteurs (le principal
et l'agent) liés par un contrat. Ce problème conduit à des
situations
de sélection adverse et de hasard moral (VARIAN, 2000).
Le hasard moral a trait à des situations où l'une
des parties d'un contrat ne se comporte pas de
la manière dont elle s'y est engagée, et sans
que l'autre partie ne puisse l'en empêcher. On parle dans ce cas d'un
problème de ``comportement caché''. La sélection adverse a
trait à des situations où un côté du marché
ne peut pas observer le ``type'' ou la qualité des biens
situés
de l'autre côté du marché. On parle dans ce
cas d'un problème de ``type caché''.
Le problème de comportement caché a
été observé après la privatisation de la SONEL. En
effet, le contrat de cession obligeait l'AES-SONEL à investir
dans le secteur dans le but
d'accroître l'offre d'électricité. Mais
l'absence d'investissement a causé une augmentation
moins rapide de la production par rapport à la
consommation; ce qui a donc conduit au rationnement.
Une entreprise est un monopole naturel lorsque
ses coûts moyens sont décroissants (rendements
d'échelles croissants) pour tout niveau de production
donné. Dans ces conditions, une seule firme, satisfaisant toute
la demande aura des coûts inférieurs à deux firmes
ou plus se partageant la demande. Formellement, soit q1,......,qk
la production de k entreprises, telles que q1+q2+...+qk =
Q si chacune des entreprises a pour fonction de coût C(qi),
alors, C(Q)<C(q1)+C(q2)+................+C(qk). Une telle fonction
de coût est dite sous- additive. Cette situation se rencontre dans les
activités industrielles, comme la distribution de
gaz et l'électricité, qui présentent des
coûts fixes élevés.
AES-SONEL jouit d'une telle position sur le
marché de l'électricité au Cameroun, ce qui devrait
l'inciter à fixer ses tarifs à l'égalité du
coût marginal et de la recette marginale. Pour éviter cette
situation, qui n'est profitable qu'à l'entreprise, le rôle
du régulateur est de la contraindre à fixer des tarifs qui
devront lui assurer la couverture de ses coûts.
I-2. Les différents courants de
pensée
Quatre écoles ont posé les bases de
la réglementation : l'économie publique de la
réglementation, l'économie industrielle de la
réglementation, la nouvelle économie publique
de la réglementation et l'économie institutionnelle
de la réglementation. L'idée que véhicule chaque courant
sera présentée à la suite.
L'économie publique de la
réglementation
L'autorité réglementaire a pour objectif
l'efficacité économique. Elle est soucieuse de
l'intérêt général. L'existence de
défaillances (biens publics, externalités, monopole naturel) du
marché, mises en évidence dans le cadre de l'économie du
bien-être, justifie l'intervention publique. L'État doit donc
par la réglementation, influer sur le comportement des firmes
et des consommateurs (PIGOU, 1932). Sa démarche est normative,
elle vise à atteindre une allocation des ressources optimales de
type paretien (optimum de premier rang). L'État n'est contraint ni par
des difficultés de collecte d'information, ni par des
capacités de calcul
limitées. Il est de ce fait considéré comme
infaillible.
L'économie institutionnelle de la
réglementation
Cette école laisse ouverte de nombreuses
solutions pour remédier aux problèmes
d'externalités, de monopole naturel ou de biens collectifs, y compris
l'option qui consiste à ne rien faire quand le remède est plus
coûteux pour la collectivité que le mal. Elle est issue des
travaux de COASE (1960). Selon lui, L'État doit intervenir une
seule fois pour assurer le fonctionnement de l'économie en
attribuant initialement les droits de propriété. La
réglementation ne peut donc s'imposer qu'à deux conditions: soit
que les coûts de transaction
et de réglementation sont inférieurs aux
coûts des autres solutions, soit que ces coûts soient
inférieurs aux bénéfices de l'action elle-même. En
effet, la réglementation n'a de sens que si elle permet une allocation
efficace de moindre coût.
L'économie industrielle de la
réglementation
L'autorité réglementaire est vénale et
soumise à l'influence des groupes de pression. Elle n'est plus le
garant de l'intérêt général. La
réglementation est ici analysée comme un service
échangé entre les décideurs politiques et
fonctionnaires (offreurs) et les dirigeants des entreprises (demandeurs).
Les offreurs cherchent à maximiser leur chance de
réélection ou à obtenir de futurs postes dans les
industries qu'ils ont sous leur tutelle. Les demandeurs souhaitent de
leur côté se protéger de la concurrence, surtout
étrangère. Cette approche est connue sous le nom de
théorie de la capture de la réglementation, parce que le
régulateur devient un agent entièrement au service des
intérêts des entreprises. Pour limiter l'action des groupes de
pression, STIGLER (1971), préconise une solution radicale qui consiste
à retirer à l'État le droit de réglementer.
La nouvelle économie publique de la
réglementation
Les tenants de cette théorie sont LAFFONT et
TIROLE (1993). L'idée est d'analyser les défaillances du
législateur et de les corriger, car le marché n'est pas
la seule source d'insuffisances. Les défaillances de la
réglementation doivent être réduites au minimum afin
d'aboutir à une allocation paretienne efficace de second rang. Cette
dernière est l'affectation
des ressources qui est la "meilleure possible" compte
tenu de l'existence de diverses contraintes qui empêchent de
parvenir à un optimum de Pareto. Ces défauts sont
principalement: l'asymétrie d'information entre le
régulateur et le réglementé;
l'intérêt personnel du régulateur; son insuffisante
crédibilité. La théorie des incitations et des contrats
permet de remédier de ces défauts.
II. L'objectif de la réglementation
L'objectif de la réglementation est de corriger les
défauts du marché énumérés ci-dessus.
Avant de présenter ces mesures de correction, il s'avère
important d'établir leurs impacts sur
le bien-être social.
II-1. L'impact des inefficiences des marchés sur
le bien-être social
Le rationnement des consommateurs, dû à la
présence d'asymétrie d'information (comportement caché),
la faible accessibilité de la population à
l'électricité (surtout en zone rurale) en tant que bien public,
et la situation de monopole naturel dont jouit l'AES-SONEL dans le secteur de
l'électricité au Cameroun sont les principaux facteurs qui
contribuent à la perte de bien-être des consommateurs. En
effet, le rationnement de la demande conduit généralement
à un ajustement par les prix ; or ces derniers étant fixés
pour une période d'au moins cinq ans, la perte de bien-être serait
plutôt due à l'absence d'investissements dans le secteur. Par
ailleurs la faible accessibilité de la population à
l'électricité limite le nombre de
personnes connectées au réseau ; ce qui ne
traduit pas l' ``effet de club1''
généralement
observé dans les industries de réseaux
La situation de monopole naturel peut s'expliquer par le fait que
la construction ou l'entretien
des centrales électriques et l'acheminement
de l'électricité jusqu'aux ménages et aux
entreprises implique généralement un coût fixe
très élevé. Cette situation pourrait donc conduire
l'AES-SONEL à fixer ses tarifs au-dessus du coût marginal,
entraînant par là une perte de bien-être au niveau des
consommateurs.
II-2. Les mesures de correction des inefficiences des
marchés
Les mesures proposées n'ont pas pour but d'éliminer
la perte de bien-être social, mais plutôt
de les réduire.
La correction des externalités négatives se fait
suivant quatre options (SALANIE, 1998) : la solution fiscale, qui consiste
à la mise en place d'une taxe visant à réduire
le bénéfice marginal de l'entreprise qui produit
l'externalité ; la solution par une subvention ; la solution
par fusion qui ne peut être appliquée que lorsqu'il
existe au moins deux entreprises dans un
secteur ; et la solution réglementaire, qui peut
être une solution optimale dans le secteur de
1 Cet effet indique que la satisfaction qu'un
consommateur tire de l'utilisation d'un bien réseau
(électricité, téléphone, Internet...) croît
avec le nombre de personnes connectées à ce réseau.
l'électricité au Cameroun. Elle consiste pour
l'Etat (Agence de Régulation) à imposer un
niveau de production minimal et des prix
d'équilibre pour l'entreprise et pour les consommateurs.
Lorsque l'information est incomplète, le
régulateur est contraint de mettre en place des mesures incitant
les entreprises réglementées à révéler leur
information privée et à atteindre le bon niveau d'investissement
et d'effort de gestion.
Pour résoudre le problème de sélection
adverse, le régulateur doit utiliser une procédure de
révélation. Celle-ci repose sur l'idée selon la
quelle, à chaque fois que l'agent à intérêt
à mentir, le principal lui propose un paiement qui correspond au moins
à ce qu'il aurait gagné
s'il avait menti. L'entreprise réglementée pourra
donc être amenée à déclarer son coût ou son
niveau de performance.
Pour résoudre le problème d'aléa
moral, le régulateur doit mettre au point un contrat qui
comporte une forme d'intéressement de l'agent au
bénéfice. Si le régulateur veut inciter le monopole
à réaliser l'effort le plus soutenu, il lui offrira un contrat
qui lui laisse une partie des gains de productivité.
C'est dans ce sens que le contrat de concession entre
l'Etat et l'AES-SONEL a prévu des augmentations successives des
tarifs dans le but d'accroître les recettes de l'entreprise et de
l'inciter à respecter ses engagements contractuels.
Pour pallier le défaut de rendements croissants,
dans la situation de monopole naturel, une autorité de
réglementation intervient sur le marché en fixant le prix de
vente du bien. Il s'agit
de la tarification administrée optimale qui connaît
deux grandes variantes :
La prescription la plus ancienne, proposée par
DUPUY (1849), HOTELLING (1938) et VICKREY (1948), stipule que
l'Etat subventionne le déficit du monopole et
établit automatiquement son prix au coût marginal
(solution de premier rang). Elle permet d'atteindre l'optimum de
Pareto. Cette solution était appliquée avant la
privatisation de la SONEL.
La seconde variante est celle qui maximise le surplus
collectif en respectant la contrainte d'équilibre budgétaire
de l'entreprise. Cette variante de tarification est dite de ``moindre mal''
ou optimum de second rang. Elle est prise en compte par
le régulateur du secteur de
l'électricité au Cameroun qui contraint l'AES-SONEL
à fixer des tarifs devant lui permettre
de couvrir ses coûts.
Cette section consistait à présenter et à
définir les concepts d'externalités, de biens publics,
d'asymétrie d'information et de monopole naturel ; leurs impacts sur le
bien-être social ainsi que les mesures de correction
adéquates. La section suivante sera axée sur les modes
de régulation des entreprises.
SECTION 2 : LA REGULATION DES ENTREPRISES
La régulation des entreprises est indispensable,
surtout lorsque celles-ci jouissent d'une position de monopole sur un
marché. En situation de monopole naturel, plusieurs modes de
régulation sont adaptés. Ceux-ci seront exposés dans la
première articulation de cette section ;
la deuxième consistera à la régulation du
secteur de l'électricité au Cameroun.
I. Les modes de régulation
Deux principaux modes de régulation seront exposés
dans ce paragraphe : la régulation basée sur la nature de
l'information et les régulations traditionnelles et incitatives.
I-1. La régulation basée sur la nature de
l'information
Ce mode de régulation se fait selon que l'information est
complète ou asymétrique.
I-1-1. La régulation en information
complète
Deux types de tarifications seront exposés : la
tarification au coût marginal et la tarification de second rang.
La tarification au coût
marginal
Lorsqu'un monopole maximise son profit, il tient compte de
l'influence du prix qu'il pratique
sur la demande qui lui est adressée. Cela va lui
permettre d'extraire du surplus des consommateurs un surprofit. La
contre partie est une tarification sous optimale au niveau
social. La régulation a pour but de minimiser cet
effet.
Considérons une économie à n
biens, indicés par k, consommés en
quantités qk par un
consommateur représentatif. Les prix des biens sont
notés pk. Le surplus du consommateur associé
à une quantité qk est u(q), les fonctions de
demande inverses données par p(q) = u'(q).
et la fonction de coût par : C(q1,...qn)
=Ó ck(qk) + C. La maximisation du profit d'un
monopole arrive de manière classique à
l'égalisation, pour chaque bien, de la recette
marginale et du coût marginal. Ce qui conduit ensuite
à l'égalité :
p m - C '
( q m ) 1
[3.1]
k k k = -
p
m
k k
avec k l'élasticité de la demande du bien
k,
p m , le prix de monopole; qm , la
quantité de
k k
monopole et c'k , le coût marginal.
Ainsi, le monopole tarifie au-dessus du
coût marginal, proportionnellement à
1/åk ,
caractéristique de la sensibilité des
consommateurs aux variations de prix. Dans ce cas, les consommateurs les
plus pénalisés sont ceux qui consomment en grande
quantité les biens pour lesquels la sensibilité au prix est
faible.
Le problème de la tarification au coût marginal
est qu'elle ne permet pas toujours d'assurer un profit positif au monopole,
surtout lorsque les rendements d'échelles sont croissants pour
chaque bien. D'où la nécessité d'une tarification dite de
second rang.
La tarification de second rang
Cette méthode permet de résoudre le problème
engendré par la tarification au coût marginal
en autorisant des transferts forfaitaires des
consommateurs vers le monopole. Ce type de transfert permet aussi de
répartir le surplus social selon des principes d'équité
choisis par le planificateur. Cette idée sera illustrée dans
un modèle à la Ramsey-Boiteux, avec coût de
transfert des fonds publics1. C'est un modèle qui
étudie la tarification optimale d'une entreprise
régulée et soumise à l'équilibre
budgétaire.
Supposons que le monopole produise chaque bien avec un
coût marginal constant Ck ,
supposons aussi que le planificateur fixe les prix des biens et
décide d'un transfert monétaire
T des consommateurs vers le monopole en permettant
d'équilibrer le budget de celui-ci, soit :
1 Ces coûts proviennent à la fois des
coûts administratifs des transferts et des distorsions
économiques qu'ils occasionnent.
p
T =Óckqk
+C -Ópkqk
Le programme du planificateur s'écrit, sous la contrainte
précédente (PERROT, 1997) :
ax n q k
n n
[3.4]
M
(p1,... p
,T )
p k (u )du - p k q k -T
+ p k q k - C k q k - C + T -
T
n k =1 0
k =1
k =1
La résolution du programme donne la tarification
suivante:
[3.5]
k - c
' k = -
1
p
1 +
k k
Ainsi, le prix choisi par le planificateur est supérieur
au coût marginal. Sa valeur dépend du multiplicateur de Lagrange
ë et de l'élasticité de la demande.
A l'optimum de second rang, pour chaque bien produit
par le monopole, les écarts relatifs entre prix et coûts
marginaux sont inversement proportionnels aux élasticités
prix de la demande. C'est la règle de Ramsey-Boiteux, qui nous
dit que le monopole soucieux de l'intérêt
général mais astreint à une contrainte d'équilibre
budgétaire doit également fixer des écarts entre prix
et coûts marginaux qui sont d'autant plus grands que la demande
est peu élastique.
I-1-2. La régulation en information
asymétrique
C'est le cas où l'entreprise régulée
détient une information que le régulateur n'a pas. Deux approches
seront présentés : l'approche de BARON-MYERSON (1982) et
l'approche de LAFFONT-TIROLE (1986).
L'approche de Baron-Myerson
BARON et MYERSON (1982) supposent que le régulateur ne
peut pas observer les coûts de l'entreprise régulée. Il
doit donc, pour éviter cela, construire un mécanisme
révélateur qui délègue toutefois autant que
possible la prise de décision à l'entreprise.
L'entreprise connaît son coût è, mais le
régulateur n'a qu'un a priori Bayesien tel que è suit
, -
. Le principe de
une loi de fonction de répartition F et de
densité f sur un intervalle
-
révélation consiste donc à trouver un
mécanisme direct (q(è) , t(è)),
la quantité produite et le
montant de transferts qui maximisent le surplus social,
en tenant compte des contraintes incitatives qui expriment que l'entreprise
a intérêt à révéler son vrai coût.
Cette approche mène à la conclusion selon laquelle
une entreprise moins productive produit
moins et tarifie plus cher ; ce qui conduit à une
inefficacité sociale, alors que l'entreprise productive
réalise un profit positif.
L'approche de Laffont-Tirole
LAFFONT et TIROLE (1986) ont remarqué que dans bien des
cas, l'hypothèse selon laquelle
le régulateur ne peut pas absolument observer
les coûts de l'entreprise est irréaliste. Ils examinent
donc la situation où le régulateur est parfaitement
informé des coûts de l'entreprise. L'information reste
toujours asymétrique, puisqu'en revanche, le régulateur ne
peut observer les efforts de réduction des coûts de
l'entreprise.
Supposons que le niveau de production soit fixé et que le
coût de l'entreprise de productivité
è (quand elle entreprend un effort de réduction de
ses coûts e) soit : C = 1 - è - e
Cet effort lui coûte ø(e). Le profit net de
l'entreprise est (t - C - ø(e)) quand elle perçoit un
transfert t, et le surplus social est (S - C -
ø(e) - ët).
Le problème du régulateur comme dans le cas
précédent, est de trouver le meilleur couple
- -
d'allocation ( C
, t ), ( C
, t )
, qui soit incitatif et individuellement rationnel, en
tenant
- -
compte du fait que C = 1 - è - e.
Ce mécanisme engendre des niveaux d'efforts
- - -
e = 1 - - C et
e = 1 - - C
. Selon cette approche, lorsque l'entreprise est productive,
son
- - -
niveau d'effort est optimal, ce qui se traduit par un profit net
positif ; alors que dans le cas contraire, elle cherche moins à
réduire ses coûts.
I-2. Les régulations traditionnelles et
incitatives
Les régulations traditionnelles seront
présentées en premier lieu, et les régulations
incitatives
en second lieu.
II-2-1. Les régulations
traditionnelles
Les formes traditionnelles de régulation sont
basées sur la régulation price-cap (plafond des prix) et la
régulation cost-plus.
La régulation price-cap
Cette forme de réglementation, connue sous le
nom de plafonnement des prix, a fait son apparition en Grande-Bretagne
lors de la privatisation de certaines entreprises de services publics.
Cette méthode met l'accent sur l'ajustement futur des prix en fonction
du changement
des prix à la consommation. Le tarif est de la forme
RPI-X, où RPI (Retail Price Index) est l'indice du
coût de la vie et X un facteur d'efficacité qui devrait
permettre au régulé de faire
des gains d'efficacité sur la période
considérée (PERCEBOIS, 2001).
Cette méthode est une forme de
réglementation moins restrictive qui incite une
société de services publics à réduire le plus
possible ses coûts. Elle lui procure des bénéfices
dans la mesure où ses coûts sont inférieurs
aux prix qu'elle est autorisée à demander. Le
plafonnement lui permet également d'ajuster rapidement ses prix
quand le marché ou la concurrence l'exige, du fait qu'une
étude approfondie de ses coûts et de ses recettes n'est pas
exigée. Cette formule permet à une entreprise d'ajuster
ses prix comme elle le désire, à condition que le prix
moyen d'un ensemble donné de services ne dépasse pas un
certain plafond.
Cette souplesse et la facilité relativement plus grande
d'administration font du plafonnement
des prix une forme préférée de
réglementation à la fois pour les sociétés de
services publics et pour l'État. Sur le plan politique, le plafonnement
des prix est facilement acceptable, car les prix qui en résultent
augmentent en général plus lentement que le taux d'inflation.
La régulation cost-plus
Le principe consiste en un remboursement du coût
par l'Etat à l'entreprise régulée. Ce principe de
remboursement direct suppose que le régulateur soit parfaitement
informé sur la nature et le niveau des coûts. Dans le cas
plus réaliste où les transferts entre l'autorité
publique et l'opérateur ne sont pas autorisés, la couverture des
coûts s'opère directement par
la tarification des services offerts par l'entreprise
publique. Cette règle a été appliquée aux
USA, on l'appelle aussi règle ROR (Rate On
Return). Elle consiste à imposer un taux de rendement du
capital sur l'entreprise réglementée. Ce mode de
régulation conduit généralement à deux
inconvénients majeurs.
En premier lieu, la règle ROR conduit
à un phénomène de surinvestissement dans le réseau,
traduisant ainsi l'effet AVERCH-JOHNSON (1962). En garantissant à
l'entreprise régulée un taux de rendement du capital,
cela pousse à la substitution capital/travail et au
surinvestissement.
En second lieu, il apparaît que ce mode de
régulation ne comporte pas de mécanisme incitatif
conduisant l'entreprise à minimiser ses coûts.
Le principe correspond à une procédure de remboursement des
coûts des services offerts par l'opérateur, or ces systèmes
n'incorporent
pas par nature des pénalisations lorsque les
accroissements des coûts sont excessifs.
II-2-2. Les régulations incitatives
Il s'agit de la régulation basée sur la concurrence
potentielle et de la régulation contractuelle.
La régulation basée sur la concurrence
potentielle
La concurrence potentielle repose sur la théorie des
marchés contestables. L'exposé de cette théorie a
été développé par BAUMOL, PANZAR et WILLIG (1982).
Elle a eu pour ambition
de fournir une nouvelle analyse des structures de
marchés. L'idée fondamentale de cette théorie est
qu'un marché est contestable si les entreprises peuvent faire des allers
et retours profitables sur ce marché, dissuadant les entreprises
installées de profiter de leur situation pour extraire une rente.
Un tel marché, ouvert à tous, s'apparente donc à un
concours.
Dans un marché peu ou pas contestable, la
concurrence est très difficile voire impossible. D'où la
nécessité de l'intervention des pouvoirs publics sous une
forme ou une autre (régulation, nationalisation,...) pour
éviter la formation d'oligopoles ou de monopole qui obtiendraient
une rente économique en fixant les prix comme ils l'entendent.
Un marché est donc d'autant plus contestable que:
i. Il n'y a pas de barrière à l'entrée qui
empêche une entreprise d'arriver sur le marché.
Cette barrière à l'entrée peut
être financière (de très gros investissements de
départ sont nécessaires : par exemple la construction d'un
barrage électrique, on parle alors de
« ticket d'entrée »), technologique (par
exemple, la maîtrise de la technologie nucléaire pour construire
une centrale) ou juridique (un monopole légal). L'absence de
barrières
à l'entrée implique que la structure de
coûts (part coût fixe/coût variable) est identique pour tous
les concurrents : il n'y a pas d'économie d'échelle qui
favoriseraient les plus grands acteurs au détriment des petits.
ii. Il n'y a pas de barrière à la sortie:
l'entreprise peut quitter le marché sans dommages comme un actif non
revendable (comme un réseau de distribution ou une usine) ou des
obligations légales de long terme (le retraitement des
déchets nucléaires, par exemple).
La régulation contractuelle
Ce type de régulation consiste à
définir un type de contrat qui tient compte de
l'asymétrie d'information entre le régulateur et
l'entreprise régulée. LAFFONT et TIROLE (1993) ont
envisagé à cet effet deux types de contrats : le contrat
à prix fixe et le contrat au coût du service.
Le contrat à prix fixe garantit un transfert
monétaire au monopole. Il est indépendant de ses coûts. Ce
contrat lutte contre le risque moral, puisque le monopole est incité
à minimiser ses coûts, par conséquent, il est poussé
à l'effort.
Le contrat au coût du service couvre les
coûts de l'entreprise auquel on ajoute une marge
bénéficiaire prédéterminée. Ce type de
contrat lutte contre l'antisélection, car l'entreprise n'a rien à
gagner en affichant des coûts plus élevés.
L'inconvénient ici est que dans le contrat à
prix fixe, l'entreprise n'a pas intérêt à
révéler ses coûts ; à l'inverse, le contrat au
coût du service n'incite pas à l'effort, puisque le
résultat de l'entreprise est indépendant de ses coûts.
Ceci va conduire le régulateur à proposer des contrats
intermédiaires que les entreprises choisiront en fonction de la
structure de leurs coûts Ainsi, si l'entreprise est performante, elle va
choisir un contrat proche du contrat à prix fixe,
ce qui lui permettra de bénéficier des
gains de productivité résultant de sa bonne gestion. Dans
ce cas, le régulateur abandonne une rente à l'entreprise
pour l'inciter à l'effort. Si l'entreprise est peu performante, elle
choisira un contrat proche du contrat coût du service, qui
la garantit contre les pertes d'exploitation.
II. La régulation du secteur de
l'électricité au Cameroun
La régulation du secteur de l'électricité au
Cameroun est assurée par l'Agence de Régulation
du Secteur de l'Électricité (ARSEL) qui a
été créée lors de la réforme du secteur
suivant la loi
n° 98-22 du 24 décembre 1998. L'exposé de ce
paragraphe consistera à présenter l'ARSEL et ses missions d'une
part et la relation ARSEL/AES-SONEL d'autre part.
II-1. La présentation et les missions de
l'ARSEL
Il s'agira en premier lieu de présenter l'ARSEL, et en
second lieu de donner ses missions.
II-1-1. La présentation de l'ARSEL
L'ARSEL est un établissement public doté
de la personnalité juridique et de l'autonomie financière.
Elle assure la régulation, le contrôle et le suivi des
activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l'électricité. Les ressources de l'Agence, selon l'article 43 de
la loi proviennent d'une partie de la redevance sur les titres, du produit des
amendes et des dons et legs.
L'Agence est investie des pouvoirs les plus larges
d'investigation, de contrôle et de sanctions ; de sorte que les
dirigeants ou les représentants légaux des entreprises
d'électricité
lui fournissent tout renseignement qu'elle juge
nécessaire. En plus, l'Agence et ses employés sont tenus au
respect de la confidentialité des informations commerciales qui
leurs sont transmises, sous peine de poursuites pour dommages et
intérêts devant les tribunaux ou toute autre instance.
II-1-2. Les missions de l'ARSEL
Selon l'article 42 de la loi, l'Agence est
chargée de participer à la promotion du
développement rationnel de l'offre d'énergie électrique et
de promouvoir la concurrence et la participation du secteur privé
en matière de production, de transport, de distribution,
d'importation, d'exportation et de vente de l'énergie
électrique dans des conditions objectives, transparentes et non
discriminatoires. Elle est aussi chargée de veiller à
l'équilibre économique et financier du secteur de
l'électricité et à la préservation des
conditions économiques nécessaires à la
viabilité.
Sur le plan tarifaire, l'Agence met en oeuvre et
contrôle le système tarifaire établi, dans le respect
des méthodes et procédures fixées par l'administration
chargée de l'électricité, veille aux intérêts
des consommateurs et assure la protection de leurs droits pour ce qui est du
prix,
de la fourniture et de la qualité de l'énergie
électrique.
En prévoyant l'ouverture du secteur aux
opérateurs indépendants, des bases juridiques ont
été établies. L'Agence de régulation doit
pour cela soumettre pour signature à l'autorité
compétente, après avis conforme, les contrats de
concession, ainsi que les demandes de licences et d'autorisations de
ceux-ci ; elle doit aussi veiller au respect des conditions
d'exécution desdits contrats. Elle est en outre chargée
de faire respecter la législation à la
protection de l'environnement, et de suivre l'application de
standards et des normes par les
opérateurs du secteur de l'électricité. En
cas de violation d'une des clauses par un opérateur,
l'Agence appliquera les sanctions prévues à cet
effet.
L'Agence de régulation est enfin chargée de
veiller à l'accès des tiers au réseau de transport
d'électricité, dans la limite des capacités
disponibles ; d'arbitrer les différends entre opérateurs
du secteur de l'électricité sur saisine des parties et
de contribuer à l'exercice de toute mission d'intérêt
public que pourrait lui confier le gouvernement pour le compte de
l'État dans le secteur de l'électricité.
II-2. La relation ARSEL/AES-SONEL
Il s'agit principalement du pouvoir de contrôle de l'ARSEL
et de l'établissement des règles tarifaires.
II-2-1. Le pouvoir de contrôle de
l'ARSEL
Pour assurer une gestion efficace du secteur, un lien est
établit entre la société et l'Agence, qui dispose dans la
limite de ses attributions, d'un pouvoir général de
contrôle.
Dans le cadre de ce contrôle et à partir de
l'exercice social ouvert en 2002, la SONEL
communiquera sans délai à l'Agence, puis de
manière annuelle, une estimation des capacités
de production, de transport et de distribution
connectées au réseau ; ainsi qu'une analyse des besoins
d'interconnexion avec d'autres réseaux ; les capacités
potentielles de transport et la commande d'électricité
couvrant une période de dix ans qu'elle mettra à
jour et communiquera à l'Agence annuellement.
La SONEL communiquera également à l'Agence les
documents suivants :
i) Un état prévisionnel glissant de la demande
d'électricité sur trois ans mis à jour annuellement ;
ii) Un programme d'investissement en source
d'approvisionnement d'électricité glissant sur trois ans
mis à jour annuellement, mentionnant l'ensemble des
approvisionnements que la société estime
nécessaire pour satisfaire à ses obligations de vente
d'électricité ;
iii) Un rapport annuel d'exploitation comportant notamment
un compte rendu de gestion, un rapport technique et un compte rendu de
performance faisant apparaître
le suivi du respect des normes de qualités ; et
iv) Un plan financier glissant sur cinq ans mis à jour
annuellement.
En outre, la SONEL communiquera à l'Agence et tiendra
à la disposition de toute personne en
faisant la demande les tarifs ou les formules de tarif
applicables et les principales conditions
de service. Elle aura également accès, dans le
cadre de sa mission de contrôle, à tous locaux, installations ou
sites de production de la SONEL sur simple demande de sa part
auprès de celle-ci.
II-2-2. Les règles tarifaires
Les principes de tarification dans le secteur de
l'électricité sont définis dans le cadre des
contrats de concession et de licence des opérateurs. Les contrats de
concession, les licences et autorisations fixent les règles et
conditions de modification des tarifs.
Les règles de modification des tarifs font l'objet
d'une révision tous les cinq ans ou, exceptionnellement, avant
l'expiration de cette période, en cas de changement important dans
les conditions d'exploitation, ou en raison
d'événements modifiant substantiellement l'environnement
économique, financier ou technique dans lequel les contrats de
concession
ou les licences ont été établis. Par
ailleurs, les révisions des tarifs sont effectuées par
l'Agence
sur la base de principes propres à permettre à
l'opérateur une rentabilité raisonnable dans les conditions
normales d'activités. Ces règles s'apparentent à la
régulation price-cap, qui met l'accent sur l'ajustement futur des
prix en fonction du changement des prix à la consommation. Cette
formule a été appliquée en Grande Bretagne
après la privatisation des entreprises de services publics. La
formule d'établissement des prix autorisait ces sociétés
à augmenter leurs tarifs d'un montant correspondant au taux
d'inflation, moins un pourcentage reflétant l'augmentation
potentielle de la productivité de l'entreprise.
En outre, elle ne pourra s'imposer à la révision
des tarifs pour la basse tension et la moyenne tension que dans
l'hypothèse où les revenus réalisés par la SONEL au
titre de ces tarifs ne respectent pas les formules de contrôle des
tarifs. Cependant, en cas d'ajustement d'au moins
dix pour cent des tarifs de vente au détail
pour la basse tension et la moyenne tension, l'Agence pourra, à
titre exceptionnel s'opposer à la révision des tarifs
proposés par la SONEL.
Cette section avait pour but de présenter les
modes de régulation des entreprises et la régulation du
secteur de l'électricité au Cameroun.
Conclusion
Le but de ce chapitre était de présenter l'objectif
et les modes de régulation. Dans la première section, il a
été exposé les bases théoriques de la
réglementation, et l'objectif de la celle-ci,
qui est de corriger les inefficiences
causées par les principaux défauts des marchés
(externalités, biens publics, asymétrie d'information et
monopole naturel). La deuxième section était consacrée
aux modes de régulation et à la régulation du secteur de
l'électricité au Cameroun. Il apparaît que la
réglementation des prix dans le secteur de
l'électricité au Cameroun s'apparente à la
régulation price-cap, qui a été appliquée en
Grande-Bretagne après
la privatisation des entreprises de services publics. Le chapitre
suivant traitera de la question
du bien-être et la réglementation du secteur de
l'électricité au Cameroun.
CHAPITRE 4
L E B I E N - Ê T R E E T L A R E G L E M E N
T A T I O N
Introduction
Comme on l'a noté au chapitre précédent,
l'objectif de la réglementation est de corriger les inefficiences dues
aux externalités, aux biens collectifs, aux asymétries
d'information et aux situations de monopole naturel. Son but est donc de
réduire progressivement la perte de bien- être et de l'annuler
à long terme. Dans le secteur de l'électricité au
Cameroun, cette tâche est confiée à l'ARSEL, qui est le
garant du bien-être social et dont l'une des missions principales
est l'établissement des règles tarifaires et
l'orientation des investissements vers la réalisation des
équipements de production, de transport et de distribution de
l'énergie électrique.
Pour une analyse claire et fine de la question du
bien-être et la réglementation, il convient d'abord de
conceptualiser le bien-être et ensuite d'évaluer l'impact de la
réglementation du secteur de l'électricité sur le
bien-être social au Cameroun.
SECTION 1 : LA CONCEPTUALISATION DU BIEN-ÊTRE
L'économie du bien-être est un courant
théorique normatif qui recherche les conditions et les moyens de
réalisation d'une satisfaction maximale des individus. Quant au
bien-être, il désigne le sentiment procuré par la
satisfaction d'un besoin. Cette satisfaction peut être
procurée par les biens et services marchands ou non (SILEM et ALBERTINI,
2002). La dite conceptualisation s'appuiera sur les critères de
l'analyse du bien-être et sur les éléments de sa mesure.
I. Les critères d'analyse et les
théorèmes du bien-être
Il s'agira d'examiner en premier lieu les critères de
l'analyse du bien-être et en second lieu les théorèmes du
bien-être et ses implications.
I-1. Les principaux critères de l'analyse du
bien-être
Il s'agit du critère de Pareto et du critère de
compensation (VARIAN, 1995).
I-1-1. Le critère de Pareto
On dit qu'une allocation X' domine au sens de
Pareto une allocation X, si tout le monde préfère
X' à X. Dans ce cas, on peut affirmer sans
contestation que X' est ``meilleure'' que X
et que tout projet permettant de passer de X à
X' doit être entrepris. Cependant, les projets unanimement
préférés sont rares ; en général, certains
individus préfèrent X à X' et d'autres
X'
à X, ce qui pose le problème du choix d'un
projet socialement optimal.
Illustrons cette situation en considérant que la
privatisation est un projet devant être entrepris (passage de
l'état X à l'état X'). Le cas de la
SONEL laissait penser que certains préféraient que l'entreprise
soit privatisée afin d'améliorer son efficacité, et
d'autres pas (ceux qui accordaient la priorité à l'optimum
social). Ceci montre en effet que le choix opéré n'était
pas susceptible d'améliorer la situation de tous les
consommateurs. Selon ce critère, un projet permettant de passer de
l'état X à l'état X' est efficace au
sens de Pareto s'il n'est pas possible d'accroître le niveau de
satisfaction d'un individu sans réduire celui d'un autre.
I-1-2. Le critère de compensation
Ce critère propose le test suivant : l'état
X' est potentiellement préféré à
l'état X au sens de Pareto s'il existe un moyen de
ré-allouer l'état X' de sorte que tout le monde
préfère cet état à l'état initial
X. Autrement dit, l'état X' est potentiellement
préféré à l'état X au sens de
Pareto
s'il existe un nouvel état X'', tel que la somme
des gains des individus dans ce nouvel état soit supérieure
à la somme des gains de tous les individus dans l'état X'
; c'est à dire que l'état X''
est une ré-allocation de l'état X
telle que l'état X'' soit
préféré à l'état X pour tous
les individus. Le critère de compensation requiert donc que
l'état X'' soit une amélioration potentielle de
l'état X au sens de Pareto.
Pour illustrer cette situation dans le cas de la SONEL,
supposons qu'un individu soit
``gagnant'' lorsqu'il préfère la privatisation de
l'entreprise (passage de l'état X à l'état
X'), et
``perdant'' dans le cas contraire
(préférence pour l'état X). La
décision de privatiser est meilleure selon ce critère, si les
gagnants peuvent dédommager les perdants ; c'est à dire si les
gains tirés par les uns compensent les pertes subies par les
autres. Si c'est le cas, le
changement sera acceptable pour tout le monde.
I-2. Les théorèmes du bien-être et
ses implications
Ce paragraphe consistera à énoncer les deux
théorèmes du bien-être et de donner leurs
implications.
Le premier théorème stipule que tous les
équilibres de marché sont efficaces au sens de Pareto.
Autrement dit, une allocation d'équilibre réalisée
grâce à un ensemble de marchés concurrentiels est
nécessairement efficace au sens de Pareto.
Deux hypothèses sont à la base du
premier théorème : l'absence d'externalités de
consommation et le comportement concurrentiel des agents. D'après ce
théorème, si chaque agent s'efforce de maximiser son
utilité personnelle, un marché engendrera une allocation qui
réalise l'efficacité au sens de Pareto.
En situation de monopole comme à l'AES-SONEL, la
première hypothèse est vérifiée dans la mesure
où tout consommateur ne se préoccupe que de sa propre
consommation, mais la deuxième l'est partiellement. En effet, chaque
individu veut maximiser son utilité personnelle
en utilisant l'électricité de façon
optimale et au moindre coût, mais le prix du marché
contraint chacun à limiter sa demande. On peut donc constater que les
marchés concurrentiels constituent un système particulier qui
présente l'avantage de réaliser une allocation efficace
au sens de Pareto.
Le second théorème stipule qu'il existe toujours
un ensemble de prix tel que toute allocation efficace au sens de Pareto soit un
équilibre de marché pour les dotations initiales
adéquates, à condition que les préférences des
agents soient convexes.
Ce théorème montre que les prix jouent deux
rôles dans un de marché : un rôle distributif et
un rôle allocatif. Le rôle distributif consiste
à déterminer quelles quantités des différents
biens
les agents peuvent acheter. Le rôle allocatif des prix
consiste à indiquer la rareté relative des biens. Ce rôle a
été mis en évidence après la privatisation de la
SONEL : la hausse des prix de l'électricité était un
indicateur de rareté devant permettre une gestion rationnelle de
l'énergie
par les consommateurs.
II. L'optimum social et la mesure du
bien-être
La première articulation présentera la
méthode de détermination de l'optimum social et la
deuxième donnera les éléments de la mesure du
bien-être.
II-1. La détermination de l'optimum
social
Il s'agira d'abord de présenter les
différentes fonctions de bien-être social et ensuite de
déterminer l'optimum social.
II-1-1. Les fonctions de bien-être
social
Une fonction de bien-être est une fonction quelconque des
fonctions d'utilités individuelles :
W (U1(x),....., Un(x)). Considérons que x
est la consommation d'électricité, et Ui(x), le
niveau
de satisfaction de l'individu i lorsqu'il consomme cette
quantité. C'est une fonction croissante
par rapport à l'utilité de chaque individu. On
distingue principalement trois fonctions de bien- être social (VARIAN,
2000) : La fonction de bien-être de Bentham, la fonction de
bien-être
de Rawls et celle de Bergson-Samuelson.
La fonction de bien-être de Bentham
Elle est aussi appelée fonction de bien-être
utilitarienne classique. Elle est définie par la
n
somme des fonctions d'utilités individuelles.
W(U1,...,Un)=Ui
i =1
En généralisant cette forme, nous obtenons comme
fonction de bien-être la somme pondérée
des utilités :
n
W(U1,...,Un)=aiUi
. Les pondérations a1,...,an, sont des valeurs
positives qui
i =1
expriment l'importance de l'utilité de chaque agent dans
le bien-être social.
La fonction de bien-être de Rawls
Elle a pour expression : W (U1,...,Un)= Min
{U1,...,Un}. C'est la fonction de bien-être minimax ; elle
indique que le bien-être social dépend uniquement du
bien-être de l'individu
qui a le niveau de satisfaction le plus bas, c'est à dire
celui qui a l'utilité minimum.
La fonction de bien-être de Bergson-Samuelson
Elle s'écrit sous la forme : W (U1(x1),...,
Un(xn)). Dans cette expression, nous allons considérer que xi
est la consommation d'électricité de l'individu
i ; Ui(xi) exprime le niveau de
satisfaction de l'individu i, lorsqu'il
consomme la quantité xi. La
particularité de cette
fonction est que l'utilité de chaque individu ne
dépend que de sa propre consommation.
II-1-2. La maximisation du bien-être
Le problème de la maximisation du bien-être est
examiné lorsqu'on dispose d'une fonction de bien-être social.
Considérons qu'un consommateur demande l'électricité en
quantité x1 et les
i
autres biens, en quantité x2. Notons
par x 1
2
et x i
les quantités demandées d'électricité
et
des autres biens par le consommateur i et
supposons qu'il y a n consommateurs qui
demandent ces deux types de biens.
Si on doit répartir entre ces consommateurs les
quantités totales X1 d'électricité
produites par l'AES-SONEL et X2 des autres biens, nous
pouvons définir le problème de maximisation du
bien-être suivant :
MaxW (U
( x1 , x 2
),...U
( x1 , x 2 ))
1 1 1
s / c
n
n n n
1
xi
= X 1
i =1
n
2
xi
= X 2
i =1
La résolution de ce problème permet de
déterminer pour chaque consommateur les différentes
1
allocations ( xi
2
; xi ) qui maximisent le
bien-être social.
II-2. La mesure du bien-être
Deux mesures seront présentées : la mesure
à partir d'une fonction de bien-être social et la mesure par le
surplus social.
II-2-1. La mesure à partir d'une fonction de
bien-être social
Une fonction d'utilité sociale ou collective est une
règle d'agrégation des niveaux de bien-être individuels.
Considérons le programme suivant qui consiste à
maximiser le bien-être social :
( ( x1 , x2 ).....
( x1 , x2 ))
Max W
u1 1 1
n
un n n
s / c xi =
i =1
Soient
x = (x1, x2
)
le vecteur de consommation du consommateur i
et
= ( , ) , le
i i i 1 2
vecteur des ressources disponibles.
Si on envisage une variation des ressources initiales
(d) , avec des variations correspondantes de la
consommation (dxi ) , les prix
étant constants, la résolution de ce
programme aboutit au résultat ci-dessous :
n I l n
[4.1]
dW =
pl dxi = p dl
l=1
i=1
l =1 l
Ce résultat montre que la variation de
bien-être est égale à la variation des ressources
pondérée par les prix.
II-2-2. La mesure par le surplus social
Cette méthode consiste à calculer le
surplus social à partir des fonctions de coûts et de
demande. Le surplus social se définit comme la somme du surplus du
consommateur et du surplus du producteur. Nous présenterons la
méthode de calcul du surplus social et de la perte
de bien-être due au monopole à partir de la figure
ci-dessous.
Figure 4.1: Perte de
bien-être due au monopole
Coûts, prix
D C CM
A
0
Source : Carlton et Perloff
(1998).
B F Cm
RM
Q° Q* Quantités
La fixation du prix au coût marginal
(Cm) correspond au point F
définit par le prix OA et le
niveau de production Q*. Dans cette situation, le
monopole est obligé de vendre à perte. Il enregistre donc un
déficit égal aux coûts fixes ABCD.
La fixation du prix au coût moyen correspond au point
d'intersection de la courbe de recette moyenne et du coût moyen
(point C). Cette seconde situation est plus favorable au producteur
que la précédente, puisqu'il couvre ses coûts de
production, mais elle entraîne la diminution
de bien-être pour la collectivité. En effet, en
passant de F à C, le surplus des consommateurs
est diminué de la surface du trapèze AFCD,
tandis que le surplus du producteur est augmenté
de la surface du rectangle ABCD. La perte nette de
bien-être correspond au triangle BFC.
Il a été présenté dans cette section,
les éléments de la mesure du bien-être, la suite consistera
à son évaluation au Cameroun.
SECTION 2 : L'EVALUATION DU BIEN-ÊTRE SOCIAL AU
CAMEROUN
Cette section consiste à mesurer la variation de
bien-être social. Pour ce faire, on présentera d'abord la forme de
la fonction de coût total annuel de production. La résolution de
celle-ci permettra de déterminer les quantités et les prix
à l'optimum de premier rang, puis à l'optimum de second
rang (prix de Ramsey-Boiteux). La perte de bien-être sera
déterminée
par l'aire des surfaces délimitées par les
fonctions de demandes, les prix à l'optimum de second rang et les
prix en vigueur. Le premier point de cette section présentera le
modèle et
ses solutions ; le second point sera consacré à
l'analyse des résultats et aux recommandations.
I. La présentation du modèle et ses
solutions
Il s'agira d'examiner dans ce paragraphe, le modèle qui
sera utilisé pour évaluer le bien-être social et les
différentes solutions de ce modèle.
I-1. Le modèle et la source des
données
Le premier point consistera à présenter le
modèle, et le second sera consacré à la source des
données.
I-1-1. Le modèle
Le point de départ est la définition de la fonction
de coût total annuel d'électricité, qui dépend
de la production de saison sèche (Qs), de la
production de saison humide (Qh) et de la capacité totale
installée (QM). Son expression est de la forme :
[4.2]
CT ( Q s , Q h , Q M
) = aQ
s + bQ
h + cQ
M + d
Q M - Q h
Le terme
cQM
représente les coûts fixes et
d
Q M - Q h
représentent les ``surcoûts'' qui
deviennent de plus en plus importants au fur et à mesure
que la production de saison humide
se rapproche de la capacité maximale de production.
Les fonctions de demandes inverses sont définies par :
Ps = as -
bsQs et Ph = ah -
bhQh , avec as, bs, ah
et bh, positifs.
En dérivant la fonction de coût total par
rapport à QM
maximale qui minimise ce coût. Elle a pour expression :
(CT ) , on détermine
la capacité
QM
^
[4.3]
Q M = Q h + d
c
En substituant l'équation [4.3] dans la fonction
de coût total définie par l'expression [4.2], on obtient
la fonction de coût total de long terme qui est fonction de Qs
et Qh.
[4.4]
CT ( Q s ,Q h ) = aQ s + (
b + c ) Q h + 2 cd
Cette dernière servira à déterminer les
différentes solutions qui permettront d'évaluer le bien-
être social.
I-1-2. La source des données
Les données proviennent de l'ARSEL sur la
période allant de 1991 à 2004. Ces données
concernent :
- La production totale d'électricité (QTOT)
;
- La production de saison sèche (Qs) ;
- La production de saison humide (Qh) ;
- Les coûts totaux de production (COUTTOTAL).
Nous devons noter que l'effet de la saisonnalité existait
déjà avant la privatisation : en effet, la
SONEL répartissait la production par saison, mais
les subventions dont elle bénéficiait de l'Etat
représentaient une contrainte qui ne la permettait pas de
répercuter cet effet sur les prix
de vente. Nous avons pu obtenir les prix de vente moyens en
saison sèche (Ps) et en saison humide (Ph) avant la
privatisation (1991 à 2001), évalués en termes
réels.
I-2. Les solutions du modèle
Il s'agira de déterminer les prix et les quantités
pour chaque saison à l'optimum de premier rang et à l'optimum de
second rang.
I-2-1. L'optimum de premier rang
Il s'agit de déterminer pour chaque saison, les prix et
les quantités à l'équilibre.
Les tarifs optimaux seront déterminés par
l'égalité du prix au coût marginal de long terme,
définis par les dérivées premières de la fonction
de coût total ([4.4]) par rapport à Qs et
Qh.
On obtient donc :
[4.5]
p s* = a
Pour la saison sèche
[4.6]
p h* = b +
c
Pour la saison humide
En substituant les solutions ci-dessus dans les fonctions de
demandes inverses, la demande de
saison sèche est alors :
[4.7]
Q s* =
a s - a
b s
et la demande de saison humide est :
[4.8]
Q h* =
a h - ( b + c )
b h
I-2-2. L'optimum de second rang
Ce mode de tarification consiste à financer les
coûts de production par des recettes au moins équivalentes, la
tarification au coût marginal conduisant généralement
à un déficit du monopole. Cette contrainte
d'égalité des recettes et des coûts est prise en compte
pour définir
la politique tarifaire. Les tarifs qui en découlent sont
ceux qui maximisent le surplus social
sous cette contrainte additionnelle qui constitue
l'équilibre budgétaire du monopole.
Le fait que l'électricité soit produite
différemment selon qu'on se trouve en saison sèche ou
en saison humide, conduit à déterminer les
expressions du surplus des consommateurs
(somme du surplus des consommateurs en saison sèche et en
saison humide) (SC), et du profit
de l'entreprise (Ë). Elles sont données par :
SC = Q s
0
Q h
Ps (Q s )dQ s + 0
Ph (Qh ) dQ h - Ps Q s -
Ph Qh
et
= Ps Q s
+ Ph Q h
- CT
( Q s , Q h )
Le surplus social W= SC+ Ë est
définit par:
Q s
0 Ps (Q s
) dQ s
Q h
+ 0
Ph (Q h
) dQ h
- CT (Q s
, Q h )
L'objectif étant la maximisation du surplus social, le
problème à résoudre est le suivant :
MaxW
Q s
= P s ( Q s ) dQ
Q h
s +
P h ( Q h ) dQ
h - CT
( Q s , Q h )
0 0
s / c
= P s Q s
+
P h Q h
- CT
( Q s , Q
h ) = 0
La résolution de ce problème permettra de
déterminer les quantités et les prix de second rang.
En remplaçant la fonction de coût par son expression
([4.4]) dans la fonction objectif, et en intégrant les
fonctions de demandes de saison sèche et de saison humide, on
obtient
l'expression du surplus social ci-dessous :
[4.9]
W = ( a s - a ) Q s +
( a h - b - c ) Q h -
b s Q
2
² s -
b h Q
2
² h - 2 cd
L'expression de la contrainte (profit) peut être
réécrite de la manière suivante :
[4.10]
= ( a s - a ) Q s + ( a h -
b - c ) Q h - bs Q ² s -
bh Q ² h - 2
cd = 0
Associons un multiplicateur de Lagrange à cette
contrainte, le lagrangien de ce problème
devient :
L ( Q
s , Q
h ,
) = W
+
En substituant W et Ë par leurs expressions, le
lagrangien s'écrit :
L ( Q s ,Q h , ) = ( a s -
a ) Q s + ( a h - b - c ) Q h
- bs Q ² s - bh Q ²
h - 2
cd +
2 2
[ ( a s - a ) Q s + ( a h -
b - c ) Q h - bs Q ² s -
bh Q ² h - 2
cd ]
s,
L'objectif est de déterminer l'optimum de second rang
(Qsr
h
Qsr ), qui maximise le surplus
social W.
L
L
sr sr
Les conditions de premier ordre ( Qs
=0et Qh =0)
dessous :
donnent les quantités Q
s et Q
h ci-
[4.11]
et
Q
[4.12]
=
sr ( a s - a )(
+ 1 )
Q
s b s ( 1 + 2 )
=
sr ( a h - b
- c )( + 1 )
h b h ( 1 + 2 )
Pour la saison sèche
Pour la saison humide
En substituant les expressions ci-dessus dans les
fonctions de demandes inverses de saison
sèche et de saison humide, les prix sont donnés par
:
[4.13]
P sr
= a s -
( a s - a )( + 1 )
s ( 1 +
et
2 )
Pour la saison sèche
( a h - b - c )(
+ 1 )
[4.14]
P h sr
= a h -
( 1 + 2 )
Pour la saison humide
Ceux-ci sont fonction de l'élasticité de la demande
de chaque saison, et du multiplicateur de
Lagrange .
II. L'analyse des résultats et les
recommandations
Il s'agira de présenter les résultats de
l'estimation de la fonction de coût et des fonctions de demandes
inverses, et les recommandations.
II-1. L'analyse des résultats
L'estimation des paramètres de la fonction de coût
définie en [4.2], et des coefficients des fonctions de
demandes inverses par la méthode des moindres carrés ordinaires,
et à partir du
logiciel E-views 3.1 donne les résultats
présentés dans les tableaux ci-dessous :
Tableau 4.1 : Estimation des
paramètres de la fonction de coût total ([4.2]).
Dependent Variable: COUTTOTAL Method: Least Squares
Date: 12/26/04 Time: 15:45
Sample: 1991 2004
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
QS
|
49.31172
|
12.07002
|
4.085471
|
0.0034
|
QH
|
35.97298
|
9.010233
|
3.992458
|
0.0061
|
QM
D1
|
9.310075
233.7553
|
2.404111
388.4714
|
3.872564
0.601731
|
0.0081
0.4970
|
Included observations: 14
R-squared
|
0.679945
|
Mean dependent var
|
19.35E+9
|
Adjusted R-squared
|
0.666071
|
S.D. dependent var
|
16.09723
|
S.E. of regression
|
64.37634
|
F-statistic
|
25.49355
|
Sum squared resid
|
201.1415
|
Prob(F-statistic)
|
0.006584
|
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL et du logiciel E-Views 3.1.
La fonction estimée avait pour expression : CT
( Q s ,Q h ,Q M ) = aQ s + bQ h
+ cQ M + d
Q M - Q h
Les valeurs des paramètres de cette fonction sont les
suivantes :
a = 4 9 , 3 1 1 7 2 ; b = 3 5 , 9 7 2 9 8 ; c = 9 , 3 1 0 0
7 5 d = 2 3 3 , 7 5 5 3
Les valeurs des probabilités montrent que
les variables prises individuellement, sont significatives à
1%, excepté la variable D qui ne l'est pas. Par ailleurs, le
modèle est globalement significatif au même seuil.
Tableau 4.2 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison humide.
Dependent Variable: PH Method: Least Squares
Date: 12/25/04 Time: 20:56
Sample: 1991 2004
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
150.8098
|
1.202182
|
125.4467
|
0.0000
|
QH
|
0.040886
|
0.001102
|
37.10163
|
0.0000
|
Included observations: 14
R-squared
|
0.850661
|
Mean dependent var
|
68.80111
|
Adjusted R-squared
|
0.840173
|
S.D. dependent var
|
4.022100
|
S.E. of regression
|
3.092840
|
F-statistic
|
68.35409
|
Sum squared resid
|
20.71019
|
Prob(F-statistic)
|
0.000186
|
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL et du logiciel E-Views 3.1.
La fonction estimée avait pour expression :
Ph = ah - bhQh
1 D exprime le rapport 1
Q M - Q h
Les valeurs des paramètres de la fonction de demande
inverse de saison humide sont :
a h = 1 5 0 , 8 0 9 8 e t b h = 0 , 0 4 0 8 8
6
Le tableau montre que les coefficients sont significatifs
à 1%, ainsi que le modèle.
Tableau 4.3 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison sèche.
Dependent Variable: PS Method: Least Squares
Date: 12/25/04 Time: 21:21
Sample: 1991 2004
Included observations: 14
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
C
|
151.1658
|
1.312986
|
115.1313
|
0.0000
|
|
QS
|
0.040386
|
0.001097
|
36.81494
|
0.0000
|
R-squared
|
|
0.840619
|
Mean dependent var
|
|
74.59907
|
Adjusted R-squared
|
0.834617
|
S.D. dependent var
|
8.830361
|
S.E. of regression
|
3.708950
|
F-statistic
|
63.29128
|
Sum squared resid
|
23.27096
|
Prob(F-statistic)
|
0.000193
|
Source : L'auteur, à partir
des données de l'ARSEL et du logiciel E-Views 3.1.
La fonction estimée avait pour expression : Ps = as -
bsQs
Ce tableau indique que les paramètres de la fonction de
demande de saison sèche ont pour valeurs numériques
a s = 1 5 1 , 1 6 5 8 e t b s = 0 , 0 4 0 3 8
6
Le modèle est globalement significatif à 1%, ainsi
que les coefficients.
A partir des ces estimations, les prix et les
quantités à l'optimum de premier rang pour la saison
sèche et pour la saison humide obtenus à partir des expressions
[4.5], [4.6], [4.7] et
[4.8] sont:
P s = 4 9 , 3 1 ; P h = 4 5 , 2 8 ; Q s = 2 5 6 5 G W h e t
Q h = 2 6 9 7 G W h
Pour une valeur1 de =0,2, les prix et les
quantités de saison sèche et de saison humide obtenus
à partir des formules [4.11], [4.12], [4.13] et
[4.14] ont pour valeurs numériques:
P
P
s
sr =6 2 , 3 6 ;
Q
h
sr =5 6 , 2 9 ;
Q
s
sr =2 1 9 9 G W h et
h
sr =2 3 1 2 G W h
1 Cette valeur est généralement
retenue pour la détermination des prix à l'optimum de
second rang. Voir
PERROT, A. (1997).
Les élasticités de la demande pour la saison
sèche et pour la saison humide, calculées à partir
de l'expression [2.1] sont respectivement égales
à:
s = - 0 , 7 0 2 et
h = - 0 , 5 9 5
Ces valeurs sont en valeur absolue inférieures
à l'unité; elles montrent en effet que
l'électricité est un bien à demande
inélastique.
Sur la base des résultats obtenus et de la figure
ci-dessous, nous procèderons à la mesure de la variation de
bien-être social par le calcul des aires délimitées par les
courbes de demandes de saison sèche et de saison humide, les prix
de moindre mal et les prix moyens actuels de
l'électricité.
Figure 4.2 : Mesure de la variation
de bien-être social au Cameroun
Prix en FCFA
151,1658
150,8098
74,6
Courbe de demande de saison sèche
Courbe de demande de saison humide
68,8
1
62,36
2
56,29
49,31 Cms
45,28 Cmh
Source : L'auteur.
1639 1857 2199 2312 2565 2697 Quantités
Les prix écrits en gras sur la figure (68,8 FCFA et
74,6 FCFA), sont respectivement les prix
moyens de vente en saison humide et en saison sèche,
obtenus à partir des tableaux 4.2 et 4.3.
La production moyenne d'électricité est de 3496
GWh dont 1857 GWh en saison humide et
1639 GWh en saison sèche.
Le triangle situé au-dessus (1), mesurera la
perte de bien-être en saison sèche, et le triangle situé en
dessous (2), mesurera la perte en saison humide.
1er cas : Mesure de la variation de
bien-être en saison sèche
Le prix et la quantité obtenus à l'optimum de
second rang pour cette saison sont :
P
Q
s
sr =62,36 FCFA et
s
sr =2199 GWh
Le prix moyen et la quantité moyenne pour cette saison
sont :
P s m = 7 4 , 6 F C F A e t Q s m
= 1 6 3 9 G W h
La perte de bien-être en saison sèche (PBESS)
est donnée par :
P B E S S = ( 2 1 9 9 - 1 6 3 9 ) * ( 7 4 , 6 - 6 2 , 3 6 )
/ 2 * 1 0 6 = 3 . 4 2 7 . 2 0 0 . 0 0 0 F C F A
C'est la perte de bien-être causée par la fixation
du prix au-dessus de la valeur de l'optimum
de second rang.
2e cas : Mesure de la variation de
bien-être en saison humide
Le prix et la quantité obtenus à l'optimum de
second rang pour cette saison sont :
P
Q
h
sr =56,29FCFA et
h
sr =2312 GWh
Le prix moyen et la quantité moyenne pour cette saison
sont :
m m
P h = 6 8 , 8 F C F A e t Q
h
= 1 8 5 7 G W h
La perte de bien-être en saison humide (PBESH) est
donnée par :
P B E S H = ( 2 3 1 2 - 1 8 5 7 ) * ( 6 8 , 8 - 5 6 , 2 9 )
/ 2 * 1 0 6 = 2 . 8 4 6 . 0 2 5 . 0 0 0 F C F A
C'est la perte de bien-être causée par la fixation
du prix au-dessus de la valeur de l'optimum
de second rang.
La perte totale de bien-être (PTBE) correspond
à la somme des valeurs ci-dessus.
P T B E = P B E S S + P B E S H = 6 . 2 7 3 . 2 2 5 . 0 0 0
F C F A
Le profit à l'optimum de premier rang, calculé
à partir de l'expression [4.10] donne la valeur
suivante : Ë = - 9 3 . 3 0 1 . 2 1 9 F C F A
L'optimum de premier rang correspond à une
situation où la production totale est égale à
5262 GWh, dont 2565 GWh en saison sèche
et 2697 GWh en saison humide. Mais à ce niveau
de production, l'entreprise enregistre un déficit
d'environ 93.301.219 FCFA, dû à la fixation
des prix au niveau des coûts marginaux de saison
sèche et de saison humide. Il n'est donc pas optimal pour l'AES-SONEL de
fixer ses tarifs à ce niveau. Par ailleurs, la fixation des prix
au-dessus de ceux calculés à l'optimum, de
second rang conduit à une perte de bien-être d'environ
6.273.225.000 FCFA dont 3.427.200.000 FCFA en saison
sèche et 2.846.025.000
FCFA en saison humide.
II-2. Les recommandations
La production moyenne après la privatisation est
égale à 3552GWh et correspond à une
puissance installée d'environ 900 MW. On constate que cette
production est encore largement inférieure à celle obtenue
à l'optimum de second rang (4511GWh). Afin de réduire la
perte sociale évaluée ci-dessus, les prix recommandés
devraient se situer autour de
56,29FCFA/kWh en saison humide et
62,36FCFA/kWh en saison sèche. Ceci devant
correspondre à une production d'au moins 2312GWh en saison
humide et 2199GWh en saison sèche. Cette augmentation de la
production devra être la conséquence du renforcement de la
puissance installée. La nécessité d'investir dans le
secteur se fait donc ressentir. Cette volonté d'investir est
déjà observée avec l'amorce de la construction du
complexe hydroélectrique Lom-Pangar, Nachtigal et extension ALUCAM.
Afin d'atteindre le niveau de production jugé souhaitable
(4511GWh), il faudrait que la puissance installée atteigne les
1500 MW.
Cette section consistait à évaluer le
bien-être social au Cameroun. Cette évaluation a été
faite par le calcul des aires des triangles hachurés de la figure
4.2.
Conclusion
L'objectif de ce chapitre était d'analyser la question
du bien-être et de la réglementation du secteur de
l'électricité au Cameroun. Pour ce faire, l'on a examiné
dans un premier temps les principaux critères de l'analyse du
bien-être, notamment le critère de Pareto et le critère de
compensation. On a présenté par la suite, la méthode de
détermination de l'optimum social, ainsi que les différentes
mesures possibles du bien-être. La perte de bien-être a
été évaluée en second lieu, et il ressort de cette
évaluation que celle-ci est d'environ 6.273.225.000 FCFA
par an. Cette perte a été calculée
graphiquement à partir des aires délimitées par les
courbes
de demandes de saison sèche et de saison humide, les prix
de Ramsey-boiteux (62,36FCFA et
56,29FCFA) et les prix en vigueur qui sont en
moyenne de 74,6FCFA en saison sèche et
68,8FCFA en saison humide.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
L'objectif de cette partie était d'évaluer
l'impact de la réglementation du secteur de
l'électricité sur le bien-être social au Cameroun. Deux
chapitres ont guidé notre exposé.
Le premier a permis d'identifier les causes de la
réglementation, son objectif, qui est de corriger les
inefficiences des marchés causés par les
externalités, les biens collectifs, l'asymétrie d'information
et les situations de monopole naturel. Il a aussi permis d'observer
les divers modes de régulation, notamment en
information parfaite et en information asymétrique ; il a enfin
permis de présenter la régulation du secteur de
l'électricité au Cameroun.
Les résultats obtenus au deuxième chapitre de
cette partie ont permis de constater qu'à l'optimum de premier
rang, la survie de l'entreprise n'était pas assurée du fait de la
fixation
des prix au niveau des coûts marginaux de saison
sèche et de saison humide (respectivement
49,31FCFA et 45,28FCFA). Par ailleurs, la
mesure de la variation de bien-être a permis de déceler une
perte annuelle d'environ 6.273.225.000 FCFA, dont
3.427.200.000 FCFA en saison sèche et 2.846.025.000 FCFA
en saison humide. Celle-ci est due à la fixation des tarifs
au-dessus de ceux déterminés à l'optimum de
second rang.
CONCLUSION GENERALE
Quel est l'impact de la privatisation de la SONEL sur le
bien-être social au Cameroun ?
Telle est la question à laquelle cette
étude tentait de répondre. L'objectif principal
était de mesurer la variation de bien-être social
consécutive à l'efficacité du secteur de
l'électricité au Cameroun. Il s'agissait spécifiquement
d'apprécier l'effet de la privatisation de la SONEL sur
l'efficacité du secteur et d'évaluer l'impact de la
réglementation de ce secteur sur le bien-être social.
La première partie de l'étude a
présenté les fondements théoriques des politiques de
privatisation, le déroulement de la privatisation au Cameroun, et
l'impact de la privatisation
de la SONEL sur l'efficacité de la production
d'électricité.
Cette partie a mis en évidence le lien qui
existe entre la privatisation et l'efficacité économique,
mais surtout entre la privatisation de la SONEL et l'efficacité de la
production d'électricité. On s'est aperçu que l'origine de
la baisse de la production après la privatisation a
été l'absence d'investissement dans le secteur,
précisément à partir de 1988. En effet, entre
1975 et 1988, la puissance totale a
augmenté de 441 MW et entre 1988 et 2001,
l'augmentation n'était plus que de 86,5 MW. On a donc pu
constater qu'entre 1980 et 1990, la production est passée de 1365
GWh à 2650 GWh, soit une augmentation de 1285 GWh,
contre
824 GWh entre 1990 et 2001, soit une baisse d'environ
461 GWh par rapport à la première décennie, ce
qui traduit un problème d'inefficacité dans
l'activité de la SONEL, qui due à l'absence
d'investissement.
Après la privatisation de la SONEL, deux principaux
critères d'efficacité ont été définis par
l'entreprise dans le but de répondre à l'un des
objectifs de cette privatisation : les pertes d'énergies
(différence entre les énergies produites et les énergies
émises), et les énergies non fournies,
caractérisées par l'intensité des
délestages. L'évolution de ces deux critères
(figure 2.7), a montré que les énergies non fournies et les
pertes d'énergies ont diminué lors
de l'exercice 2003/2004, mais le fait qu'elles n'aient
pas encore atteint le niveau observé
avant la privatisation nous a permis de conclure à une
relative amélioration de l'efficacité de
la production trois années après la
privatisation.
Dans la deuxième partie, il s'agissait d'évaluer
l'impact de la réglementation du secteur de l'électricité
sur le bien-être social au Cameroun. Il a été
présenté dans un premier temps l'objectif de la
réglementation, les modes de régulation, notamment en
informations complète
et incomplète, et la régulation du secteur de
l'électricité au Cameroun. En second lieu, on a
procédé à l'évaluation proprement dite.
Les résultats de l'analyse ont permis de s'apercevoir que
la fixation des tarifs au niveau des coûts marginaux de saison
sèche et de saison humide ne peuvent pas permettre à
l'entreprise
de couvrir ses coûts ; le déficit étant de
93.301.219FCFA. Par ailleurs, l'évaluation du bien- être
a permis de déceler une perte d'environ 6.273.225.000 FCFA,
dont 3.427.200.000 FCFA
en saison sèche et 2.846.025.000 FCFA en saison
humide. Cette perte pourrait être améliorée
si les prix de vente de l'électricité sont
égaux à 56,29FCFA en saison humide et
62,36FCFA
en saison sèche, pour une production d'environ 2312
GWh en saison humide et 2199 GWh en saison sèche. Afin
d'atteindre ce niveau jugé souhaitable, il faudrait que la puissance
installée atteigne les 1500 MW.
L'une des limites de cette étude est de n'avoir pris en
compte que les coûts pour l'évaluation
du bien-être social, en laissant de côté
l'effet des multiples délestages qui ont été
observés ces deux dernières années et qui ont nettement
affecté le bien-être consommateurs. Cette étude pourrait
donc bénéficier d'une enquête au niveau des consommateurs
pour prendre en compte
tous les éléments pouvant influencer le
bien-être social.
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TABLE DES MATIERES
Sommaire...................................................................................................1
Résumé.......................................................................................................2
Abstract......................................................................................................3
Liste des
sigles.............................................................................................4
Liste des
figures............................................................................................5
Listes des
tableaux..........................................................................................6
Introduction
générale........................................................................................7
Première partie : privatisation et efficacité
du secteur de l'électricité au Cameroun.......13
Introduction de la première
partie.....................................................................14
Chapitre 1 : Processus de privatisation et
privatisation de la SONEL.........................15
Introduction du
chapitre.................................................................................15
Section 1 : Fondements théoriques et mise en oeuvre de la
privatisation au Cameroun....15
I. Fondements théoriques des politiques de
privatisation..............................15
I-1. Eléments d'analyse
microéconomique.....................................15
I-1-1. Les théories
fondamentales...................................................16
I-1-2. Avantages et inconvénients de la privatisation
sur
le plan
microéconomique......................................................17
I-1-3. Les limites de l'analyse
microéconomique.................................17
I-2. Eléments d'analyse
macroéconomique......................................18
I-2-1. Avantages et inconvénients de la privatisation
sur
le plan
macroéconomique.....................................................18
I-2-2. Les limites de l'analyse
macroéconomique.................................18
II. Le processus de privatisation au
Cameroun.............................................19
II-1. La mise en oeuvre et les modes de privatisation au
Cameroun...........19
II-1-1. La mise en oeuvre de la privatisation au
Cameroun........................19
II-1-2. Les modes de privatisation au
Cameroun...................................21
II-2. Le bilan des privatisations au
Cameroun....................................22
Section 2 : De la SONEL à
l'AES-SONEL.......................................................24
I. Vers la privatisation de la
SONEL..........................................................25
I-1. La structure financière de la
SONEL........................................25
I-2. Les insuffisances de la
SONEL..............................................26
I-2-1. Au niveau des
investissements...............................................26
I-2-2. Au niveau des tarifs appliqués à la
clientèle................................26
II. La SONEL après la
privatisation............................................................27
II-1. Les obligations générales de
l'AES-SONEL...............................27
II-2. Les principales innovations de
l'AES-SONEL............................28
II-2-1. La configuration de la
clientèle..............................................28
II-2-2. La nouvelle grille
tarifaire....................................................28
Conclusion du
chapitre...................................................................................31
Chapitre 2 : Privatisation de la SONEL et
efficacité de la production.........................33
Introduction du
chapitre.................................................................................33
Section 1 : Efficacité et offre
d'électricité au
Cameroun.........................................33
I. La privatisation et
l'efficacité................................................................33
I-1. Définition de
l'efficacité......................................................33
I-2. Le lien entre la privatisation et
l'efficacité.................................34
II. L'analyse de
l'offre..............................................................................34
II-1. L'optimum du producteur en situation de
monopole.....................35
II-2. L'offre du secteur de l'électricité au
Cameroun...........................36
II-2-1. Les différentes sources de production
d'électricité au Cameroun.......36
II-2-2. L'offre d'électricité et les
prix................................................37
Section 2 : Demande d'électricité et
efficacité de la production................................38
I. L'analyse de la
demande......................................................................38
I-1. La définition de la fonction de
demande....................................38
I-1-1. La caractérisation de l'optimum du
consommateur........................39
I-1-2. L'élasticité et la
demande.....................................................40
I-2. La demande d'électricité au
Cameroun.....................................41
I-2-1. L'évolution des
abonnés......................................................41
I-2-2. La répartition de la
consommation..........................................42
II. L'efficacité de la production à
l'AES-SONEL..........................................43
II-1. Approche
méthodologique...................................................44
II-2. La mesure de l'efficacité de la production à
l'AES-SONEL............45
Conclusion du
chapitre...................................................................................47
Conclusion de la première
partie......................................................................48
Deuxième partie : Réglementation publique et
bien-être social................................49
Introduction de la deuxième
partie....................................................................50
Chapitre 3 : Objectif et modes de
régulation.........................................................51
Introduction du
chapitre.................................................................................51
Section 1 : Définitions et objectif de la
réglementation..........................................51
I. Les bases théoriques de la
réglementation...............................................51
I-1. Les causes de la
réglementation.............................................51
I-2. Les différents courants de
pensée............................................53
II. L'objectif de la
réglementation..............................................................55
II-1. L'impact des inefficiences des marchés sur le
bien-être social.........55
II-2. Les mesures de correction des inefficiences des
marchés................55
Section 2 : La régulation des
entreprises...........................................................57
I. Les modes de
régulation.......................................................................57
I-1. La régulation basée sur la nature de
l'information........................57
I-1-1. La régulation en information
complète.....................................57
I-1-2. La régulation en information
asymétrique.................................59
I-2. Les régulations traditionnelles et
incitatives...............................60
II-2-1. Les régulations
traditionnelles................................................60
II-2-2. Les régulations
incitatives....................................................62
II. La régulation du secteur de
l'électricité au
Cameroun...............................63
II-1. La présentation et les missions de
l'ARSEL...............................63
II-1-1. La présentation de
l'ARSEL..................................................64
II-1-2. Les missions de
l'ARSEL.....................................................64
II-2. La relation
ARSEL/AES-SONEL...........................................65
II-2-1. Le pouvoir de contrôle de
l'ARSEL.........................................65
II-2-2. Les règles
tarifaires............................................................66
Conclusion du
chapitre...................................................................................67
Chapitre 4 : Le bien-être et la
réglementation.......................................................68
Introduction du
chapitre.................................................................................68
Section 1 : La conceptualisation du
bien-être......................................................68
I. Les critères d'analyse et les
théorèmes du
bien-être..................................68
I-1. Les principaux critères de l'analyse du
bien-être..........................68
I-1-1. Le critère de
Pareto............................................................69
I-1-2. Le critère de
compensation...................................................69
I-2. Les théorèmes du bien-être et ses
implications............................70
II. L'optimum social et la mesure du
bien-être..............................................71
II-1. La détermination de l'optimum
social.......................................71
II-1-1. Les fonctions de bien-être
social.............................................71
II-1-2. La maximisation du
bien-être................................................72
II-2. La mesure du
bien-être........................................................72
II-2-1. La mesure à partir d'une fonction de
bien-être social.....................72
II-2-2. La mesure par le surplus
social..............................................73
Section 2 : L'évaluation du bien-être social au
Cameroun.......................................74
I La présentation du modèle et la source des
données..................................74
I-1. Le modèle et ses
solutions....................................................74
I-1-1. Le
modèle.......................................................................75
I-1-2. La source des
données.........................................................75
I-2. Les solutions du
modèle......................................................76
I-2-1. L'optimum de premier
rang...................................................76
I-2-2. L'optimum de second
rang...................................................76
II. L'analyse des résultats et les
recommandations........................................78
II-1. L'analyse des
résultats.........................................................78
II-2. Les
recommandations.........................................................83
Conclusion du
chapitre...................................................................................84
Conclusion de la deuxième
partie.....................................................................85
Conclusion
générale.........................................................................................86
Références
bibliographiques............................................................................88
Table des
matières........................................................................................92