LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1: Les 18 entreprises
déjà privatisées au
Cameroun..........................23 
Tableau 1.2 : Grille tarifaire Basse tension,
abonnés domestiques......................29 
Tableau 1.3 : Grille tarifaire Basse
tension, abonnés professionnels...................30 
Tableau 1.4 : Grille tarifaire Basse tension,
éclairage public.............................30 
Tableau 1.5 : Grille tarifaire Moyenne tension,
régime général..........................31 
Tableau 1.6 : Grille tarifaire Moyenne tension,
régime des zones et points francs
industriels........................................................................31 
Tableau 2.1 : Evolution du nombre total des
abonnés.........................................41 
Tableau 2.2 : Evolution des taux de
disponibilité par centrale et des taux 
moyens de disponibilité après la
privatisation..............................46 
Tableau 4.1 : Estimation des
paramètres de la fonction de coût total
([4.2])...........79 
Tableau 4.2 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison
humide...........................................................................79 
Tableau 4.3 : Estimation des
paramètres de la fonction de demande de saison 
sèche.............................................................................80 
INTRODUCTION GENERALE
I- CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
La réforme intervenue au Cameroun à partir des
années quatre vingt dix trouve son origine dans l'insuccès des
expériences ayant conduit à faire des entreprises publiques la
clé de voûte 
du système économique (TAMBA, 1996). Dans le
cadre de cette réforme, le gouvernement a entrepris de rationaliser la
gestion des entreprises du secteur public et parapublic à travers la
restructuration de certaines, la liquidation et la privatisation d'autres
(MINEFI, 1995). 
La  privatisation  est  considérée  comme  un 
processus  selon  lequel  les  prérogatives  autrefois attribuées
 à  l'Etat  sont  désormais  déléguées  au 
secteur  privé  (STIGLITZ,  2000).  Au  sens strict,  elle 
désigne  le  transfert  à  titre  définitif  des 
entreprises  du  secteur  public  au  secteur privé, sous la forme
d'actifs ou de titres ou d'une cession de contrôle ; dans un sens large,
elle peut s'entendre comme toute action qui vise le transfert temporaire au
secteur privé d'activités 
qui   étaient   auparavant   exercées   par  
une   entité   publique   (TAMBA,   BANYANKA   et NKOUIKANI,   2001).  
La   privatisation   poursuit   en   général   trois   objectifs 
 qui   sont : promouvoir l'efficacité économique au niveau des
firmes (maximiser les profits et minimiser 
les coûts) ; encourager l'efficacité
économique au niveau de l'industrie et servir des objectifs sociaux ou
politiques (WORLD BANK, 1995). 
Le  recours  au  secteur  privé,  à  partir  de 
la  privatisation  des  entreprises  publiques  se  justifie dans  un  sens, 
par  le  lien  introduit  par  LEIBENSTEIN  (1978)  entre  l'inefficience-X  et
l'entreprise publique ; et dans un autre, par le transfert des droits de
propriété qui confère une supériorité  de 
gestion  de  l'entreprise  privée  (ALCHIAN,  1965  et  DEMSETZ,  1967).
 Le message qui est véhiculé par ces auteurs est qu'un individu
contrôle l'intégralité de ses droits dans une structure
privée, contrairement à une structure publique. Cette idée
est reprise par SCHMIDT   (1991)   qui   établit   le   lien   entre  
la   nature   d'une   entreprise   et   son   niveau d'investissement. Il
aboutit à la conclusion selon laquelle l'incitation à investir
est plus grande dans le secteur privé que dans le secteur public, du
fait que l'opérateur contrôle l'entreprise 
dans son intégralité ; ce qui va accroître la
production. 
Jusqu'en 1996, dans toute l'Afrique, la privatisation avait
été lente, sans beaucoup de résultats 
visibles (CAMPBELL et BATHIA, 1998). A partir de 1997, la
privatisation a été répandue 
sur le  continent et  les trois quarts des  entreprises
privatisées  entre  1980  et 1997  évoluaient dans  les  secteurs
 de  la  finance,  de  l'eau,  de  l'électricité,  des 
télécommunications  et  de l'énergie1. 
Dans  cette  étude,  nous  allons  nous  appesantir 
sur  le  secteur  de  l'électricité  pour  la  simple raison  que
 l'électricité  est  indispensable  aux  industries  en  tant 
que  bien  de  consommation intermédiaire et à la population, en
tant que bien de consommation finale (éclairage, ou pour tout  autre 
usage  domestique).  L'électricité  est  donc  un  bien 
d'utilité  publique  qui  doit  être accessible  à  chaque 
individu  ou  prestataire  de  services,  moyennant  un  prix  raisonnable,
objectif, transparent et non discriminatoire (PERCEBOIS, 1997). 
Au  Cameroun,  la  fourniture  de  l'électricité
 était  assurée  jusqu'en  2001  par  la  Société
Nationale  d'Electricité  du  Cameroun  (SONEL),  qui  a 
été  créée  en  1974  par  la  fusion  des
sociétés Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM) et
Electricité du Cameroun (EDC). Sa mission était de produire,
transporter et distribuer l'énergie électrique. Ces trois
segments ont connu une nette évolution depuis la création de la
société. 
En ce qui concerne la production, elle est passée de
1312GWh en 1975 à 2417GWh en 1988, puis à
3536GWh en 2001. Ceci grâce à l'augmentation de la
puissance installée qui est passée 
de 316MW à 757MW, puis à
843,5MW, respectivement sur ces trois périodes. Sur le
segment 
du transport, la SONEL exploitait jusqu'en 1994, 480km
de lignes 225kV, 100km de lignes 
110kV, 1064km de lignes 90kV. En 2001,
la longueur des lignes 110kV est passée à
337km, les autres sont restées inchangées. Le segment de
la distribution quant à lui comprenait en 1988, 
7928km de lignes répartis de la manière
suivante : 3864km de lignes moyenne tension à 33, 
30, 15, 10, et 5,5kV ; 4064km de lignes de
basse tension et 3299 postes de transformation. Les
aménagements  effectués  dans  ce  segment  ont  conduit 
à  l'augmentation  des  lignes  et  des 
postes de transformation. On recenserait en 2001, 19033km
de lignes et 6444 postes. 
1   Cette  étude  portait  sur  la 
libéralisation,  la  gouvernance  et  la  performance  des  entreprises 
nouvellement privatisées dans les pays en développement. Elle a
été menée par l'institut William Davidson de
l'Université du 
Michigan en décembre 2001. 
Bien que ces équipements permettent d'assurer un service
minimum, deux problèmes majeurs 
ont cependant été observés. Le premier est
lié à la structure financière de l'entreprise qui s'est
dégradée à partir de 1994, si bien qu'au cours de
l'exercice 1996/1997, les impayés de l'Etat 
et des communes s'élevaient à 13534 millions
de FCFA. Les impayés auprès des bailleurs de fonds 
étaient  de  26587  millions  de  FCFA  au  30  juin  1997,  et
 la  dette  vis-à-vis  des fournisseurs était de 11095
millions de FCFA à la même date. La trésorerie qui
était de 1546 millions de FCFA au 30 juin 1996 est
passée à 205 millions de FCFA au 30 juin 1997. 
Le  deuxième  problème  est  lié  aux 
tarifs  appliqués  aux  différents  consommateurs  et  à
l'insuffisance d'investissement. L'on a constaté d'une part que les
clients des catégories basse tension   et   moyenne   tension  
subventionnaient   ceux   de   la   catégorie   haute   tension   et
principalement  le  client  ALUCAM,  qui  consomme  près  de  52%  de 
la  production  totale d'électricité.  D'autre  part,  l'on  a 
remarqué  que  le  taux  de  croissance  de  la  demande  est
supérieur au taux de croissance de la puissance installée, et
donc de la production. Ce qui est à l'origine des délestages. 
Ceci traduit un problème d'efficacité dans l'activité de
l'entreprise 
qui  peut  être  dû  au  sous  investissement. 
Dans  le  secteur  de  l'électricité  au  Cameroun,
l'inefficacité  est  révélée  lorsque  les  pertes 
d'énergies  dans  le  réseau  et  les  énergies  non
fournies (intensités des délestages) augmentent avec le temps. 
Ces problèmes ont fortement affecté l'entreprise et
la solution choisie par le gouvernement a 
été de la privatiser. Cette décision est
intervenue en octobre 1999 et a été effective le 18 juillet 
2001, l'Etat ayant permis qu'un partenaire prenne une
participation majoritaire dans le capital 
de  la  société.  Elle  est  donc  devenue 
AES-SONEL  et  est  toujours  chargée  de  produire, transporter et
distribuer l'électricité sur le territoire national. 
Les principaux objectifs de cette privatisation sont axés
sur l'amélioration de l'efficacité dans 
la  production,  le  transport  et  la  distribution  de 
l'énergie  électrique,  ainsi  qu'à  la  qualité 
du service  fourni.  La  privatisation  de  la  SONEL  doit  permettre  de 
lever  les  financements indispensables  pour  la  réalisation  des 
investissements  nécessaires  au  développement  du secteur  de 
l'électricité  (plus  de  900  milliards  de  FCFA  sur 
20  ans),  afin  de  bénéficier  de l'expertise professionnelle
d'opérateurs de réputation mondiale. Elle devra ensuite
permettre 
de fournir l'électricité à un prix
compétitif aux industries et à la population camerounaise pour 
soutenir la croissance et améliorer la
compétitivité globale de l'économie. 
Le  passage  de  la  SONEL  à  l'AES-SONEL  traduit  le 
passage  d'un  monopole  public  à  un 
monopole privé. Cette situation est l'une des sources
d'inefficience, car la rente recherchée 
par l'entreprise ne la conduira pas à fixer son prix au
niveau du coût marginal comme cela est 
le cas en situation de concurrence. Ce qui pourrait
automatiquement avoir un impact sur le bien-être  des  consommateurs  et 
pourrait  justifier  l'importance  de  la  réglementation  des
entreprises  en  situation  de  monopole  (CARLTON  et  PERLOFF,  1998).  La 
réglementation peut  être  définie  comme  le  pouvoir  de 
l'Etat  à  contrôler  l'activité  économique, 
notamment lorsqu'il   y  a   la   présence   de   monopoles,  
d'externalités,   d'asymétries   d'information   ou lorsqu'un
bien est public (LEVEQUE, 1998). 
Les  études  menées  par  certains  auteurs  sur
 la  privatisation  font  ressortir  son  lien  avec  la réglementation 
(VICKERS  et  YARROW,  1988 ;  DONAHUE,  1989  et  TRINH,  1997). VICKERS et
YARROW (1988) étudient la privatisation en Grande Bretagne, et
remarquent qu'elle peut difficilement être envisagée sans la
réglementation. Ils concluent entre autres que 
la privatisation est optimale quand les entreprises
évoluent dans des marchés concurrentiels. Cependant,  si  une 
entreprise  détient  un  pouvoir  de  monopole,  la  privatisation 
devrait s'accompagner  de  la  réglementation  afin  que  le 
bien-être  social  soit  garantit.  Il  serait  donc important
d'étudier les conséquences de la réglementation sur le
bien-être social lorsqu'une entreprise privatisée est
réglementée (TRINH, 1997). 
La  réglementation  du  secteur  de 
l'électricité  au  Cameroun  est  assurée  par  l'Agence 
de Régulation (ARSEL) qui a été créée
suivant la loi N° 98-022 du 24 décembre 1998. Le but principal   de
  la   mise   en   place   de   cette   agence   est   de   favoriser  
l'accroissement   des investissements, afin d'améliorer
l'efficacité du secteur et de garantir le bien-être social. 
Il s'avère donc important d'aborder dans cette
étude, le problème de l'efficacité du secteur de
l'électricité au Cameroun, comme une étape
préalable à l'évaluation du bien-être social. Deux
raisons justifient cette démarche : la première est liée
aux  pertes d'énergies et aux  énergies non  fournies 
(intensité  des  délestages)  qui  se  sont  accentuées 
après  la  privatisation,  et  la deuxième  est  liée 
à  l'augmentation  des  tarifs  de  l'électricité.  Ces 
deux  aspects  se  sont directement répercutés sur les
consommateurs et poussent à nous poser la question de savoir 
quel est l'impact de la privatisation de la SONEL sur le
bien-être social au Cameroun ? 
II- OBJECTIFS 
L'objectif  principal  de  l'étude  est  de  mesurer  la 
variation  de  bien-être  social  consécutive  à
l'efficacité du secteur de l'électricité au Cameroun.
Spécifiquement, il s'agira: 
- D'apprécier l'effet de la privatisation sur
l'efficacité du secteur de l'électricité. 
- D'évaluer  l'impact  de  la  réglementation  du 
secteur  de  l'électricité  sur  le  bien-être social au
Cameroun. 
III- HYPOTHESES 
Cette étude repose sur les deux hypothèses
suivantes : 
H1  : La  privatisation  améliore 
l'efficacité  de  la  production  d'électricité. 
Plusieurs  études menées sur la privatisation ont en effet
montré qu'elle se justifie par des arguments d'efficacité. 
H2  : La réglementation du secteur de
l'électricité au Cameroun améliore le bien-être
social. 
Celle-ci peut en effet s'avérer nécessaire pour 
garantir le bien-être social lorsqu'une entreprise a été
privatisée. 
IV- MÉTHODOLOGIE 
L'évaluation du bien-être sera faite sur la base de
la nouvelle grille tarifaire mise en place par l'AES-SONEL qui a
distingué deux périodes : une période dite de saison
sèche (janvier-juin) 
et une période dite de saison humide
(juillet-décembre). Sur cette base, nous allons considérer
l'électricité selon qu'elle est fournie en ces saisons. La
demande d'électricité en saison sèche (Qs) et la
demande en saison humide (Qh) s'expriment respectivement comme
fonction de Ps 
et  Ph,  qui  désignent 
respectivement  les  prix  en  saison  sèche  et  en  saison  humide. 
Les 
fonctions de demandes inverses sont définies par : 
as, bs, ah 
et bh, sont tous positifs. 
Ps =as -bsQs 
et  Ph =ah -bhQh 
Les paramètres 
· En premier lieu, l'étude sera axée sur une
analyse statistique faite à partir du logiciel 
Excel 2000. Cette approche permettra de savoir s'il y a eu
amélioration de l'efficacité 
de la production ou pas après la privatisation. Cette
analyse se fera à partir des deux principaux  critères 
d'efficacité  qui  sont :  les  pertes  d'énergies  et  les 
énergies  non fournies. 
· En second lieu, l'objectif sera de mesurer la variation de
bien-être social. Pour ce faire, nous  allons  considérer  que  la
 fonction  de  coût  total  de  production  est  définie  par : 
  d   
CT  ( Q s ,Q h ,Q M  ) =
aQ  s + bQ  h  + cQ  M   + 
Q M   - Q h 
. Dans cette expression,  QM
représente 
la capacité installée. L'estimation des
coefficients a, b, c, d, as, bs, ah 
et bh, se fera à 
partir  du  logiciel  E-views  3.1.  Ces  paramètres  nous
 permettront  de  déterminer  les quantités  et  les  prix 
à  l'optimum  de  premier  rang :  Q*s,  Q*h,  P*s,  et 
P*h ;  et  à 
l'optimum  de  second  rang:  Qsr  ,  Qsr  , 
Psr 
et  Psr 
(prix  de  Ramsey-Boiteux).  Sur  la 
s h s h 
base de ces derniers, des prix et des quantités en
vigueur, nous évaluerons en unités monétaires la variation
de bien-être social au Cameroun. 
Source des données 
Les  données  pour  notre  étude  proviendront 
de  l'Agence  de  Régulation  du  Secteur  de l'Electricité 
(ARSEL)  sur  la  période  allant  de  1991  à  2004.  Ces 
données  concernent  la production  d'électricité 
(énergies  produites)  par  type  de  saison  et  par  sources ;  les 
énergies non  fournies;  les  pertes  d'énergies ;  les  prix 
pratiqués  par  type  de  saison ;  les  coûts  de production et
la consommation par type de tension et par saisons. 
V- PLAN DE TRAVAIL 
Première partie : Privatisation et efficacité du
secteur de l'électricité au Cameroun 
Chapitre 1 : Processus de privatisation et privatisation de la
SONEL Chapitre 2 : Privatisation de la SONEL et efficacité de la
production 
Deuxième partie : Réglementation publique et
bien-être social 
Chapitre 3 : Objectif et modes de régulation 
Chapitre 4 : Le bien-être et la réglementation 
P R E M I E R E  P A R T I E 
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