Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail
comporte cinq chapitres. Le premier chapitre parle l'aperçu
théorique sur le rôle et la nature de la protection de
l'environnement, le second parle de la présentation du parc national de
Virunga, le troisième parle des ONGs et la protection des richesses du
parc national de Virunga, le quatrième est une enquête sur les
actions des ONGs pour la protection des Virunga, le cinquième propose
des stratégies efficaces pour la protection du PNVi.
Chap I.
APERCU THEORIQUE SUR LE ROLE ET LA NATURE DE LA POTECTION DE
L'ENVIRONNEMENT.
1.1. La notion de
l'environnement
Pour beaucoup, les mots «environnement»,
«milieu naturel» et «écologie» peuvent se confondre.
Le mot écologie ne fait partie du langage courant que depuis une
cinquantaine d'années seulement. Il y a pourtant plus d'un
siècle, Ernst Haekel (1865) définit l'écologie comme
«la science des relations des êtres vivants entre eux et avec
leur milieu de vie (biotope)». L'homme peut constituer une des composantes
de ce système biologique mais sans qu'une attention particulière
lui soit réservée.
Réduire l'environnement à cette conception
écologique (sensu stricto) résulte de données
historiques.
Il faut bien se rendre compte que des mots maintenant d'un
emploi courant ont progressivement envahi les manières de penser la
nature et ont changé nos représentations du monde :
biosphère, le mot prend du sens en 1930 ; écosystème,
invention du mot en 1935, développement du concept en 1942...
L'émergence de la notion d'environnement date des années 60,
lorsque nos sociétés ont pris conscience que nous habitions dans
un monde fini. Albert JACQUARD nous dit que le temps du monde fini commence ;
finie l'exploitation abusive des ressources naturelles du
«vaisseau-terre», finies les ruptures d'équilibres
biologiques, l'homme dominateur doit laisser la place à l'homme
gestionnaire.
Les organisations internationales, nationales, se sont bien sûr saisies
de ces problèmes. Pour ambigus qu'ils soient, nombreux sont les signes
qui confirment que la crise écologique est toute sauf une mode. Notons
qu'en France la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la
nature affirme «qu'il est du devoir de chacun de veiller à la
sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit». Des mesures
concrètes sont prises, des progrès technologiques permettent
d'espérer une réduction des pollutions. Mais cette urgence
d'actions a laissé un peu de côté l'autre volet de
l'environnement, le «milieu humain». Malheureusement on constate que
les efforts pour lutter contre les «catastrophes écologiques»
ne résolvent pas les «catastrophes humaines» (famine, guerre
civile, terrorisme, racisme...). Dans ses formes les plus avancées, la
conscience écologique est donc passée du constat de la crise
à l'affirmation de la nécessité d'un véritable
changement de civilisation, d'un nouveau projet planétaire tout à
la fois respectueux du genre humain et de ses cultures et des équilibres
naturels. Notre monde est bien fini, la complexité des
évènements nous pousse à changer nos pensées,
à redéfinir nos valeurs. « L'environnement est devenu
un enjeu vital. De l'univers rationnel de la gestion du quotidien, il est
passé à celui, irrationnel, de l'angoisse, de mort... L'afflux
des alertes concernant la planète lancées par les scientifiques
et reprises par les politiques et les médias crée un climat
d'inconnu et d'inquiétude d'autant plus perturbateur pour l'opinion que
la science ne rassure ni sur l'avenir, ni sur son pouvoir ».
Des réflexes de défense dans les
années 1970 on passe aujourd'hui, progressivement à un
éco-développement. Ce changement est à relier aux
bouleversements démographiques, économiques, écologiques
et politiques qui ont affecté le monde dans les années 80/90 :
- une population mondiale qui a explosé en passant de 3,5 à 6
milliards d'hommes et dont la moitié habite en ville ;
- les grands équilibres et les cycles fondamentaux sont
bouleversés du fait des ruptures d'échelle et de rythme qui
interviennent dans la relation homme-nature. Au spectre de la
pénurie (choc pétrolier de 1973) s'est ajouté celui de
l'effet de serre, du mitage de la couche d'ozone, de la dégradation
extensive des sols et des nappes phréatiques, de la crise de la
forêt (tant du fait des pluies acides en zone tempérée que
des abattages massifs en zone tropicale), des montagnes de déchets non
biodégradables.... La biodiversité, source d'équilibre, se
trouve même menacée ;
- les accidents chimiques (Bhopal, Seveso), nucléaires (Tchernobyl) et
la mort de la mer d'Aral,...
- une montée en puissance des ONG.
L'un des aspects majeurs de cette prise de conscience
réside dans une nécessaire intégration des
préoccupations environnementales à l'économie. C'est ainsi
que l'Organisation des Nations Unies (ONU) a décidé, le 3
décembre 1968, la convocation d'une conférence mondiale sur
l'environnement qui aura lieu à Stockholm en juin 1972. Cette
conférence proclame que « la protection et l'amélioration de
l'environnement est une question d'importance majeure qui affecte le
bien-être des populations et le développement économique
dans le monde entier». Dans la seconde moitié des années
80, sur la scène politique internationale, il s'est
manifesté une prise de conscience de la nécessité urgente
d'orienter l'économie mondiale et particulièrement celle des pays
de l'OCDE, vers un Développement durable (sustainable development) ; en
1987, la commission de l'ONU (rapport Brundtland) propose « un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs...Un processus de changement par lequel
l'exploitation des ressources, l'orientation des investissements, des
changements techniques et institutionnels se trouvent en harmonie et renforcent
le potentiel actuel et futur de satisfaction des hommes». Cette
stratégie environnementale, reprise par la Banque Mondiale, a
été adoptée par les 150 chefs d'Etat et de gouvernement
réunis au sommet de RIO sur l'environnement et le développement
(juin 1992). L'Agenda 21, adopté par cette conférence, propose un
vaste programme d'actions à mettre en oeuvre maintenant et au cours du
prochain siècle. Une assemblée extraordinaire des Nations Unies
"Rio plus 5" s'est tenue à New York (23-27 juin 1997) pour
tirer le bilan des premiers engagements de l'Agenda 21: " les
gouvernements ont pris quelques mesures positives, mais les performances sont
décevantes et ne sont pas à la hauteur des défis à
relever" (M. Strong, responsable de la conférence de Rio).
Faut-il laisser à nos enfants des problèmes qui seront alors
insolubles ? À des problèmes globaux, des réponses
globales.
Le développement durable implique l'amélioration
du bien-être des générations présentes en même
temps que la préservation des générations futures
(solidarité diachronique) ; il implique une attention
particulière au capital naturel et s'inscrit dans une perspective
d'interdépendance internationale, en particulier avec les pays du Tiers
Monde (solidarité synchronique). L'appauvrissement du Sud, en raison du
poids de la dette, entraîne en effet un prélèvement
dramatique sur le capital nature de ces pays. À la pollution de
l'opulence, on rencontre la pollution de la pauvreté, les
problèmes de survie passant avant les urgences environnementales.
L'environnement se distingue donc du «milieu» en ce
sens qu'il est ce dernier, plus le regard de l'homme sur lui. Il désigne
l'ensemble, à un moment donné, des systèmes physiques,
biologiques, sociaux, culturels compris dans leurs interactions susceptibles
d'avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les
êtres vivants et les activités humaines. La notion d'environnement
résulte de la prise de conscience des relations d'interdépendance
existant entre l'homme et les composantes physiques et biologiques du milieu,
ainsi que la prise en compte de la fragilité éventuelle des
équilibres issus de ces relations. Le «milieu» cède la
place à l' «environnement» à partir du moment
où, en plus d'être «vécu» et
«pensé», le milieu est «agi». L'environnement c'est
ce dont nous dépendons pour survivre.
|