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Des règlements intérieurs pour le parlement haà¯tien


par Louis Gineaud
Université d'état d'Haiti - Port au Prince - Licence en droit 1998
  

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UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI

FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES

PORT-AU-PRINCE, HAITI

DES REGLEMENTS INTERIEURS POUR LE PARLEMENT HAITIEN

DES REGLEMENTS INTERIEURS POUR

LE PARLEMENT HAITIEN

Mémoire présenté et soutenu par l'étudiant :

Gineaud LOUIS

En vue de l'obtention du grade de licencié en droit .

Sous la direction du Professeur Henri M. DORLEANS

Juin 1998

Promotion 1991-1995

TABLES DES MATIERES

Pages

Liste des Abréviations vii

Avant-propos viii

Introduction 1

Première Partie : Apports des règlements intérieurs dans l'organisation et le fonctionnement du Parlement 5

Chapitre Premier : Rôles des règlements intérieurs dans les Assemblées Parlementaires 6

Section 1. Genèse et Evolution des Assemblées parlementaires 6

A- Aperçus des premières Assemblées parlementaires 7

a) Les Assemblées d'Athènes 7

b) Le Sénat Romain 8

c) Le Parlement Anglais 7

d)- L'Assemblée Nationale française sous l'Ancien Régime 9

B- Les Assemblées parlementaires modernes 11

a) Les Assemblées parlementaires dans le régime parlementaire 11

b) L'Assemblée parlementaire dans le régime présidentiel américain 15

c) L'Assemblée parlementaire dans les Régimes Mixtes 16

Section 2. Règles de base pour le fonctionnement d'un Parlement 19

A- Quelques considérations générales sur les règlements intérieurs 19

a) Le projet de règlement 19

1. Le comité de préparation 19

2. L'élaboration et la contexture du projet 20

3. Le rapport à l'Assemblée plénière 20

b) L'entrée en vigueur du règlement 20

1. Le vote du règlement 20

2. L'adoption du règlement 20

3. La publication du règlement 21

c) La valeur juridique du règlement 21

1. La valeur pour le Parlement 21

2. La place du règlement dans la hiérarchie des normes 21

B- Le contenu du Règlement Intérieur 23

a) Des règles sur l'organisation interne du Parlement 23

1. Les organes du Parlement 23

1.1 Le bureau de l'Assemblée parlementaire 23

1.2 Les commissions parlementaires 25

1.3 Les groupes parlementaires 26

1.4 Le personnel parlementaire 26

2. La discipline parlementaire 27

2.1. Le statut parlementaire 27

2.2. Les séances 28

2.3 Le quorum 28

2.4 Les Sanctions 28

b) Des règles sur la procédure 29

1. De la présentation de la loi 29

2. L'initiative de la loi 29

3. L'examen de la loi 29

4. Le débat et l'adoption de la loi 30

Chapitre II : Le Parlement Haïtien et ses Règlements 31

Section 1. Les Structures parlementaires en Haïti 31

A- L'organisation du Parlement dans le passé 31

a) le monocaméralisme en Haïti 31

1. De l'organisation du Pouvoir Législatif dans le monocaméralisme haïtien 32

1.1 Le Sénat de 1806 à 1816 32

1.2 La Chambre des Députés de 1964 à 1986 33

2. Rapports entre le Législatif et l'Exécutif 33

2.1 Les rapports sous la République de Pétion 33

2.2 Les rapports sous le régime des Duvalier 34

b) Le bicaméralisme haïtien 35

1. Le Pouvoir Législatif bicaméral 35

1.1 Composition 35

1.2 Elections et Mandats 36

1.3 Attributions et fonctionnement 36

2. Relations entre le Parlement et les Gouvernements 37

2.1 Le pouvoir Législatif au profit de l'Exécutif 37

B- Le Parlement au regard de la Constitution de 1987 38

a) Du Pouvoir Législatif haïtien 38

1.De la Chambre des Députés 38

1.1 Elections et Mandats 38

1.2 Conditions d'éligibilité 39

2. Du Sénat de la République 39

2.1 Elections et Mandats 40

2.2 Conditions d'éligibilité 40

b) De l'exercice du Pouvoir Législatif 40

1. De la Chambre des Députés 41

2. Du Sénat de la République 41

3. De l'Assemblée Nationale 42

Section 2. Les règlements intérieurs du Parlement depuis 1987 43

A- Les premiers règlements 43

a) Les règlements du Sénat 43

1. Le cadre de référence du Sénat de la République 44

2. Des pratiques de l'assemblée sénatoriale 44

b) Les règlements de la Chambre des Députés 44

1. Le cadre de référence des règlements

intérieurs de la Chambre des Députés 45

2. Le règlement des députés de la 45ème Législature 45

B-Les règlements de la 46ème Législature 47

a)La loi de juin 1996 portant nouveau

règlement intérieur du Sénat 47

1. Les innovations apportées au Sénat par le texte de 1996 48

1.1 De l'institution sénatoriale 48

1.2 Des privilèges des Sénateurs 48

1.3 De la conférence des présidents 49

1.4 Des groupes parlementaires 49

1.5 Des commissions 49

2. Les retraits ou abrogations du règlement intérieur du Sénat 50

2.1 Des employés du Sénat 51

2.2 Des députations 51

2.3 Du mode de votation 51

b) Le projet de règlement intérieur de la Chambre des Députés 51 1. Les innovations dans l'organisation et le

fonctionnement de la Chambre des Députés 52

1.1 Les organes de la Chambre des Députés 52

1.2 Des rapports avec l'Exécutif 52

1.3 Le conseil d'encadrement technique 53

1.4 Du bureau du Député 53

Deuxième Partie: Des règlements adaptés aux

exigences du système politique haïtien 55

Chapitre I : Considérations sur les problèmes posés par les imperfections

et les lacunes du règlement intérieur de la 46ème Législature 56 Section 1. Problèmes rencontrés dans le

fonctionnement interne du Parlement haïtien 56

A- Faiblesses dans les structures internes 57

a) Mauvais fonctionnement des organes du Parlement 57

1. Le bureau de l'Assemblée 58

2. Les commissions permanentes 58

3. La conférence des présidents 59

b)L'inexistence de certaines structures fondamentales 60

1. La commission de conciliation 61

2. La commission de presse et de relations publiques 61

B- Problèmes rencontrés dans la procédure législative 62

a) Difficultés dans l'application des règles de procédure 63

b) Problèmes dans le fonctionnement de l'Assemblée 64

1. Les séances de l'Assemblée 64

2. Le vote 65

3. Le quorum 66

4. La validité du vote de l'Assemblée 66

Section 2. Problèmes rencontrés dans les relations

entre le Parlement et les autres Pouvoirs 67

A- La gestion des rapports entre le Législatif et l'Exécutif 68

a) La ratification du Premier Ministre 68

1o) Le cas d'Ericq PIERRE 69

2o) Le cas d'Hervé DENIS 69

b)Le contrôle de l'action gouvernementale 70

1o) Les questions 71

2o) Les interpellations 71

3o) Les enquêtes préliminaires 72

c) La définition des règles de protocole et de préséance 72

B- La gestion des rapports entre le Législatif et le Pouvoir Juridictionnel 73

a) Le Pouvoir Législatif et la Cour de Cassation 73

b)Le Pouvoir Législatif et la Cour Supérieure

des Comptes et du Contentieux Administratif 74

Chapitre II: Une nouvelle approche de l'organisation du

Pouvoir Législatif haïtien 77

Section 1. Une organisation par des règlements 78

A- Des règlements tenant mieux compte des réalités haïtiennes 78

a) Le contenu d'un texte idéal 78

b) Le contenu d'un texte adapté à Haïti 80

B-Des règlements tenant mieux comte du système politique haïtien 83

a) Les contraintes constitutionnelles du système politique haïtien 83

b) Des règlements adaptés aux contraintes constitutionnelles 85

Section 2. Une organisation par la loi parlementaire 88

A- Les avantages d'une loi parlementaire 89

a) La valeur juridique d'une loi parlementaire 89

b) L'étendue de la loi par rapport aux règlements 89

B- Aperçu sur le contenu d'une loi parlementaire 90

a) Questions relatives aux relations interparlementaires 91

b) Questions relatives aux relations entre le Parlement

et le Pouvoir Exécutif 93

Conclusion 96

Bibliographie 99

Liste des Abréviations

BPOPL : Bloc Parlementaire Organisation Politique Lavalas

CEP : Conseil Electoral Provisoire

GPI : Groupe Parlementaire Indépendant

FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Economiques

FDSEG : Faculté de Droit et des Sciences Economiques des Gonaïves

L.G.D.J : Librairie Général de Droit et de Jurisprudence

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

P.U.F : Presses Universitaires de France

U.S.A : Etats-Unis d'Amérique

USAID : Agence Américaine pour le Développement Internationale

AVANT-PROPOS

Pendant notre cycle d'études en Sciences Juridiques à la Faculté de droit et des Sciences Economiques, nous avons envisagé de préparer un sujet sur les Droits de l'Homme et l'Education Civique en Haïti. Mais en mai 1996, nous étions appelé au Bureau du Premier Ministre comme Chargé de Mission aux affaires législatives. C'est à ce titre que nous avions participé à un Atelier de Réflexion Exécutif Législatif, sous le patronage du PNUD et de la USAID.

Nous étions stupéfait de la façon dont les Parlementaires Canadiens, Belges, Français... exposaient avec aisance leurs systèmes politiques et leurs procédures parlementaires. Tout était bien agencé pour que les Pouvoirs entretiennent des rapports harmonieux. Tandis que, les Représentants haïtiens étaient dans l'embarras pour approcher la situation actuelle parce qu'ils ne s'entendaient pas sur les questions fondamentales et élémentaires relatives aux rapports entre le Pouvoir Législatif et le Pouvoir Exécutif dans le système politique établi par la constitution de 1987.

Constatant ces difficultés, nous avons décidé de choisir plutôt de considérer l'importance des règlements intérieurs dans l'organisation et le fonctionnement du Parlement haïtien.

Le Parlement a un rôle prépondérant dans le processus démocratique haïtien. C'est lui qui peut faire contrepoids au pouvoir exécutif. Aussi croyons-nous qu'il est opportun de jeter des bases réglementaires et légales pour une meilleure gestion de l'exercice du pouvoir législatif.

Nous n'avons nullement la prétention de présenter un travail parfait. Les difficultés dans les travaux de recherche pour une documentation adéquate ont failli nous décourager. Ce mémoire est le résultat de nombreux efforts et sacrifices que nous avons consentis en vue de présenter un ouvrage utile à toute personne intéressée à l'exercice du pouvoir législatif haïtien dans le nouveau système politique de la constitution de 1987.

Sans le concours et l'assistance d'autres gens nous serions loin d'atteindre notre but. Nous voulons témoigner nos gratitudes envers notre directeur de mémoire, l'honorable professeur Henri M. DORLEANS, qui a mis à notre disposition son savoir-faire et son esprit critique. C'est l'occasion de remercier nos professeurs de la FDSE qui, dans des conditions difficiles, ont su faire montre de professionnalisme en toute objectivité pour nous guider sur le sentier du droit et de la loi.

Nous remercions papy Louis Honoré PIERRE et Me Alix RICHARD qui nous ont beaucoup encouragé et soutenu, sans oublier Me Philippe CANTAVE qui nous a accompagné dans nos recherches.

Nous remercions également notre tendre mère, Mme Branche LOUIS, née Marie Viergine NOEL qui s'est sacrifiée pour que nous soyons ce que nous sommes aujourd'hui. Nous ne pouvons pas oublier nos frères : Guy Robert, Roosevelt et Jean Patrick.

Enfin, nous dédions ce mémoire à tous les Parlementaires de la 46ème Législature du Parlement haïtien, ainsi qu'à toute personne désireuse de devenir membre du Corps Législatif haïtien.

INTRODUCTION

L'absence d'une culture démocratique en Haïti et l'originalité du système politique établi par la constitution de 1987 rendent très difficile le fonctionnement du Parlement. Qui pis est, le pouvoir législatif ne peut prétendre avoir réussi à se donner un statut particulier lui permettant de remplir avec efficacité et cohérence ses tâches constitutionnelles.

Aujourd'hui le pays est à sa troisième Législature sous l'égide de la Constitution de 1987. L'un des problèmes fondamentaux du Parlement haïtien reste la question des règlements intérieurs. Toute structure organisée a besoin d'un cadre minimal pour son bon fonctionnement. C'est dans ses dispositifs que sont inscrits tous les principes, les normes, les procédures à suivre pour l'harmonisation du travail de l'institution.

L'une des premières tâches de toute institution comme le Parlement c'est de se doter d'un règlement intérieur. Au fait, la 44ème Législature a siégé seulement pendant cinq (5) mois et n'a pas laissé un règlement acceptable compte tenu des controverses soulevées autour de sa légitimité politique. La 45ème a, pour sa part, élaboré un texte, mais la conjoncture politique d'alors avait contraint les parlementaires à ne pas les appliquer. Pour se défendre, ils ont soutenu en maintes occasions que le Coup d'Etat de 1991 avait créé une situation spéciale et qu'il fallait diriger par des décisions spéciales. Les règlements intérieurs n'ont, en fait, pas été respectés par la 45ème Législature.

La 46ème Législature, quant à elle, bénéficie d'une manière ou d'une autre d'une stabilité politique qui lui permet non seulement d'avoir ses règlements intérieurs mais également de les appliquer. Cependant, nous nous approchons vers la fin de cette Législature et le Parlement fonctionne sur la base des règlements de la 45ème Législature avec toutes ses lacunes et ses faiblesses.

L'inexistence de règlements intérieurs au Parlement haïtien ou leur non application peuvent handicaper son organisation administrative et porter préjudice à l'exercice du pouvoir législatif tel définit par la Constitution de 1987. Ceci crée un désordre dans l'organisation du travail parlementaire et empêche l'Etat de remplir avec efficacité les missions qui lui sont assignées par la Constitution et les lois de la République.

Les hésitations, les improvisations, l'indiscipline, l'incohérence constatées dans la pratique parlementaire en Haïti depuis 1988 constituent la motivation principale de notre questionnement sur l'importance des règlements intérieurs. Faute de ceux-ci le Parlement ne pourra pas répondre convenablement à sa mission première : légiférer.

Le faible bilan du travail parlementaire ainsi que les imperfections déjà enregistrées dans la production législative nous invitent à étudier le rôle et l'importance des règlements intérieurs dans les relations interparlementaires et les rapports entre le Pouvoir Exécutif et le Pouvoir Législatif.

Pour la réalisation de notre travail nous avons considéré comme hypothèses de départ que :

- l'absence ou l'inadéquation des règlements intérieurs nuit au travail parlementaire et ne facilite pas la résolution des conflits au sein du Parlement.

- l'inefficacité du travail parlementaire et les écarts enregistrés dans les procédures législatives sont causés par l'absence de règlements intérieurs ou leur non application.

- l'inadéquation avec le système politique préconisé par la Constitution de 1987 est un handicap majeur pour l'avenir du processus démocratique.

Ces hypothèses seront étudiées minutieusement en considérant le fonctionnement, l'organisation des Parlements étrangers et celui de la République d'Haïti. Ainsi, notre travail comprend deux parties. La première consiste dans la présentation d'un cadre général d'institutionnalisation des Assemblées parlementaires et des éléments fondamentaux de tout règlement intérieur : (Chapitre Premier).

Une autre considération toute particulière sera faite sur les différentes Assemblées parlementaires haïtiennes monocamérales et bicamérales, ainsi que sur les règlements intérieurs des trois (3) dernières Législatures : (Chapitre deuxième).

Ces deux chapitres sont divisés en deux sections qui correspondent directement au choix que nous avions fait dans le titre de notre première partie, à savoir ; «Apports des règlements intérieurs dans l'organisation et le fonctionnement du Parlement».

La deuxième partie de ce mémoire portera sur l'urgence d'avoir : « Des règlements adaptés aux exigences du système politique Haïtien». En réalité, la Constitution de 1987 donne naissance à un nouveau régime politique où un grand nombre de pouvoirs de l'Exécutif est transféré au Législatif. Cependant, depuis 1988 nos trois (3) Législatures n'ont pas su donner des moyens pour l'exercice du pouvoir Législatif, faute entre autre de règles et de procédures appropriées.

L'analyse critique des règlements de la 46ème Législature révèle des lacunes et des faiblesses notoires compromettant le bon fonctionnement du Parlement. Les questions relatives aux organes de l'Assemblée, aux procédures législatives, aux rapports avec les autres pouvoirs... seront traitées dans les deux sections du premier chapitre de la deuxième partie.

Le deuxième chapitre de cette partie abordera la question du fonctionnement de la 46ème Législature dans une perspective de refonte des règlements intérieurs en vue de les adapter au système politique préconisé par la Constitution de 1987 en mettant en rapport les réalités haïtiennes avec les contraintes constitutionnelles. Elle considèrera également la loi parlementaire comme cadre institutionnel du pouvoir législatif pouvant aborder toute question qui échappe au domaine des règlements intérieurs.

Nous avons utilisé plusieurs méthodes pour la réalisation de notre travail. Dans la première partie nous avons combiné la méthode historique avec la méthode systémique. Tandis que dans la deuxième partie nous avons procédé par une approche analytique et comparative. Tout démontre que le Parlement haïtien n'est pas au mieux de son organisation et de son fonctionnement. Trop d'écarts ont été relevés entre le Parlement haïtien et les autres Parlements qui évoluent dans le système de démocratie représentative.

PREMIERE PARTIE :

APPORTS DES REGLEMENTS INTERIEURS DANS L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DU PARLEMENT

Chapitre premier : Rôle des Règlements intérieurs dans les Assemblées Parlementaires

La théorie de la séparation des pouvoirs confie l'exercice de la fonction législative à un organe distinct de l'Exécutif. Le Parlement est investi de la souveraineté nationale. Il exerce une double fonction : celle d'Assemblée législative et celle d'Autorité de contrôle du pouvoir exécutif.

Dans ce chapitre nous nous intéressons à faire une considération évolutive des Assemblées du peuple au Parlement et nous montrerons l'importance des règles dans l'organisation et le fonctionnement des Assemblées parlementaires.

Section 1. Genèse et Evolution des Assemblées parlementaires

L'assemblée parlementaire est codépositaire de la souveraineté nationale. Comment a-t-elle été établie parmi les Nations ? Quels sont ses pouvoirs ? Quelle est donc sa place dans le système démocratique contemporain ? Voilà des questions pertinentes et d'autres encore que cette section tentera d'aborder.

A- Aperçu des premières Assemblées parlementaires

a) Les Assemblées d'Athènes

De toutes les anciennes Républiques, Athènes peut-être considérée comme la plus démocratique par son mode d'organisation sociopolitique. A Athènes, il n'existait pas de véritables institutions législatives. Le pouvoir législatif était délégué au peuple par le biais des Assemblées : le peuple, réunissant toutes les composantes sociales, délibérait sur presque toute chose. Cependant le manque d'organisation de ce pouvoir a conduit le peuple à prendre des décisions compromettantes au respect des droits fondamentaux de l'homme vue que tout ce qu'il décidait n'était susceptible d'aucun recours.

Ainsi, dans le souci de régler et de limiter le pouvoir des Assemblées, Solon a crée l'Aréopage, une cour suprême ayant le pouvoir d'entendre toutes les affaires du peuple et le rôle de faire observer les lois (1). Il a ensuite établi le Sénat. Celui-ci avait pour tâches de préparer les projets de loi et les autres actes sur lesquels le peuple pouvait être appelé à délibérer. La création du Sénat et de l'Aréopage, la modification des conditions de l'exercice du droit de vote qui autorisait seulement les citoyens athéniens âgés à voter dans les Assemblées ont pu réglementer le pouvoir du peuple et institutionnaliser le pouvoir législatif à Athènes.

________________

1. M.D. DALLOZ, Ainé : Répertoire de législation, de doctrine et de jurisprudence, t. 18è ed. Dalloz, Paris, 1870, p 246

b) Le Sénat Romain

Dans la Rome antique la division des Assemblées délibérantes se faisait en classes, tribus, centuries, curies... Le peuple traitait toutes les affaires qu'on ne manquait pas de lui soumettre dans ces Assemblées.

La création du Sénat par Romulus a renforcé considérablement l'autorité de l'Assemblée législative. Son organisation, sa puissance, le statut de ses membres ont fait de Rome le phare des Nations en ce qui a trait au développement de la théorie de la séparation des trois pouvoirs.

Dès l'an 625, presque toutes les catégories sociales sont représentées au Sénat. Le Sénat était renouvelé tous les cinq ans et les Sénateurs étaient soumis à des lois spéciales qui réglementaient les incompatibilités à leurs fonctions en tant que pouvoir de l'Etat. Ainsi toute la puissance du peuple ou tout le pouvoir des Assemblées était transféré au Sénat.

c) Le Parlement Anglais

L'organisation politique de l'Angleterre favorisait l'émergence du Parlement, organe représentatif des assemblées du peuple. Dès le début, presque tous les Comtés y étaient représentés. Le Parlement anglais se divisait en deux chambres : les pairs laïcs et ecclésiastiques, et les représentants des Comtés (1).

_______________

1. GICQUEL, Jean : Droit Constitutionnel et institutions politiques, Paris, ed Montchrestien, 1985, p 184

Le régime féodal implanté par Guillaume le Conquérant en 1066 a beaucoup influé sur l'évolution du Parlement. En 1265, grâce à la coalition de la noblesse et de la classe moyenne contre les abus du pouvoir royal, les Anglais ont institué le pouvoir parlementaire. Le Parlement fut convoqué par Edouard Ier en 1295. En 1642 la guerre civile éclata et le Parlement a dû attendre l'avènement de Guillaume III au trône pour exercer effectivement ses fonctions dans un vrai régime représentatif (1).

Vers la fin du XVIIème siècle, le Parlement intervient de façon régulière dans la marche du pays par le vote des lois et par le contrôle exercé sur les Ministres (2). A partir de 1640-1649, la séparation des pouvoirs commença à devenir une règle en Angleterre. L'exercice du pouvoir législatif est assuré complètement par le Parlement. Aussi devient-il un contrepoids à la puissance royale.

d) L'Assemblée nationale française sous l'Ancien Régime

En France, les Assemblées ne représentaient qu'une faible partie de la population. Elles ont été convoquées à partir de 1302 afin d'instituer le régime représentatif. Au début il n'y avait pas la participation du peuple dans les grandes décisions du pays comme nous l'avons vu dans les autres anciennes Républiques. Les Assemblées générales de la nation étaient convoquées par le Roi et comprenaient les Comtes, les évêques et les autorités les plus considérables de la Cité.

__________________

1. GICQUEL, Jean : op . cité, p 184

2. DUVERGER, Maurice : Institutions politiques et droit constitutionnel, 1- Les grands systèmes politiques, 16è ed. PUF, Paris, coll. Thémis, 1980, p 48

L'irrégularité dans le fonctionnement de l'Assemblée représentative oblige le Roi à créer le Parlement. Au fait, ce sont les représentants des villes et des villages élus dans les Assemblées primaires à titre de délégués qui se réunissaient en Assemblée électorale pour élire les Députés du Parlement. Le règlement de cette Assemblée était rédigé par le Roi qui du même coup détermine les conditions d'éligibilité des Députés, le processus du vote, le statut et les attributions du Député, etc. (1).

Les actes du Parlement français vont être déterminants pour la construction du système représentatif : le principe de la séparation des pouvoirs de l'Etat fut établi. Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement et le Roi n'a sur lui aucun pouvoir de dissolution.

De tout ce qui précède, nous voyons que les Assemblées du peuple dans les anciennes Républiques jouaient un rôle important dans la gestion de la chose publique. Leurs lumières ont guidé à juste titre les politicologues et les philosophes dans la définition et l'élaboration d'un nouveau régime démocratique appelé : régime parlementaire. Dans ce nouveau système politique leur rôle est devenu plus prépondérant.

____________

1. M.D. Dalloz, Ainé : op, cité p 257

B- Les Assemblées Parlementaires Modernes

Le principe de la séparation des pouvoirs a été mis en évidence dans toutes les constitutions modernes. Le pouvoir législatif est exercé exclusivement par les Assemblées parlementaires. Cependant, les caractéristiques des Assemblées parlementaires sont assujettis au régime dans lequel elles évoluent. Ainsi dans les régimes parlementaires, le régime présidentialiste et les régimes mixtes, l'Assemblée parlementaire est un contre pouvoir.

a) Les Asssemblées parlementaires dans le régime parlementaire

Le régime parlementaire répond à la nécessité pour la démocratie libérale de se développer. Il préconise la séparation du pouvoir exécutif en deux éléments : Chef de l'Etat et Chef du Gouvernement. L'Assemblée parlementaire peut-être monocamérale ou bicamérale. Ce qui caractérise ce régime, c'est la manière dont sont organisés les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

Les régimes parlementaires à partir du XIXème siècle ont évolué suivant deux tendances :

1o) Le Dualisme où l'Exécutif a un droit de dissolution sur le Parlement, et à l'inverse le gouvernement n'est pas responsable devant le Parlement;

2o) Le Monisme préconise un équilibre entre la majorité parlementaire et le gouvernement qui en découle : le gouvernement est responsable collectivement devant le Parlement et celui-ci peut être dissout par l'Exécutif quand le gouvernement est mis en minorité par la Chambre.

Aujourd'hui le parlementarisme moniste se confirme de plus en plus dans presque tous les Etats d'Europe. Cependant, la répartition des pouvoirs entre le Chef de l'Etat et le Gouvernement précise la nature du régime parlementaire. Il en est de même de la responsabilité du gouvernement devant le Chef de l'Etat. Prenons quelques exemples : en Angleterre, en Allemagne, au Canada, aux U.S.A, en France, en Italie...

1. L'Assemblée dans le régime parlementaire majoritaire anglais

Le Parlement anglais est issu du scrutin majoritaire à un tour. Il comprend la chambre des Communes , élue au suffrage universel direct et secret et la chambre des Lords, aristocratiques et créée par le Roi. Le pouvoir législatif est exercé exclusivement par le Parlement. Sa puissance n'a pas de bornes, aussi dit-on de lui : « Il peut tout changer, sauf un homme en une femme ».

En Angleterre, le Chef de la majorité parlementaire devient automatiquement Premier Ministre. Il choisit ses ministres au sein du Parlement. Tous les ministres sont donc des parlementaires. Cependant, les ministres n'ont accès qu'à la chambre dont ils font partie.

Le Premier Ministre dispose d'une majorité homogène et stable au Parlement qui renforce sa puissance. Mais l'Assemblée parlementaire ne remplit pas seulement les fonctions traditionnelles du pouvoir législatif, elle fournit aussi le cadre dans lequel l'Opposition exerce pleinement son rôle. Le Chef de l'Opposition d'aujourd'hui peut devenir le Chef de la majorité parlementaire de demain (1).

1. DUVERGER, M : op, cité, p 276

Ainsi le bipartisme préconisé par l'Angleterre établit une concentration des pouvoirs au profit du gouvernement qui ne peut recourir qu'à la dissolution de la Chambre des Communes quand il se retrouve en minorité.

Si la dissolution est un moyen pour le Gouvernement de faire procéder à un renouvellement de la Chambre au moment qu'il juge le plus favorable, l'Assemblée parlementaire, dans l'exercice de ses prérogatives constitutionnelles, demeure un contrôleur permanent des actes de l'Exécutif par la mise en cause du Gouvernement sur sa politique devant la Chambre des Communes.

2. Le fonctionnement de l'Assemblée parlementaire dans la Démocratie contrôlée de l'Allemagne

La République allemande pratiquait un régime parlementaire classique dans une démocratie majoritaire et proportionnelle. Le Parlement est composé de deux chambres : le Bundestag qui représente la Fédération et le Bundesrat qui représente les Etats.

Les Députés sont élus au Bundestag pour un mandat de quatre ans au scrutin mixte : selon le principe de la proportionnalité, les électeurs disposent de deux voix sur le bulletin de vote (1). La moitié des Députés sont élus au scrutin majoritaire à un tour; et l'autre moitié sur une liste de partis présentée pour chaque Land.

________________

1. DUHAMEL, Olivier : Les démocraties, Paris, ed. Du Seuil, 1993, p 144

Le Parlement est bicaméral, il y a un partage inégal du pouvoir entre le Bundestag et le Bundesrat. Ce dernier n'a aucun pouvoir sur le Chancelier et ne peut faire valoir son droit de veto en matière législative (1). La responsabilité du Gouvernement n'est mise en question que devant le Bundestag qui lui donne son vote de confiance ou sa motion de censure (2).

L' Assemblée parlementaire allemande accorde de sérieux pouvoirs au Chancelier qui est aussi le Chef de la majorité parlementaire. Elle se réunit en Assemblée spéciale composé en partie égale de Députés du Bundestag et des membres élus à la proportionnelle des Diètes provinciales pour élire le Président de la République.

La fonction législative est partagée suivant une répartition de compétences. Ainsi le Bund détient la législation exclusive dans les matières qui relèvent de la souveraineté de l'Etat; les Länder sont complètement compétents pour les affaires locales. Cependant, en vertu du principe selon laquelle le droit fédéral brise le droit fédéré, le Bund a un droit de veto sur les lois des Länder.

3. L'Assemblée parlementaire du Canada

Le Canada est une Fédération de provinces. Chaque province est gouvernée suivant un système parlementaire. L'Assemblée Nationale du Canada est élue au suffrage universel. Elle est la réunion de tous les Députés de la Fédération.

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1. DUVERGER, M : op,cité, p 307

2. DUHAMEL, O : op, cité, p 149

L'Assemblée parlementaire du Canada se compose de l'Assemblée Nationale et du Lieutenant Gouverneur qui représente la Couronne. L'Assemblée nationale possède un pouvoir de surveillance sur tous les actes du gouvernement. Elle exerce exclusivement le pouvoir législatif. Le Chef du parti majoritaire au Parlement canadien devient le Premier Ministre et choisit ses ministres au sein de l'Assemblée.

Le Canada pratique un régime parlementaire moniste. Le Premier Ministre et son gouvernement sont collectivement responsables devant le Parlement, et le Chef du gouvernement peut trancher par la dissolution de l'Assemblée Nationale.

Dans le régime parlementaire, l'Assemblée parlementaire assume le pouvoir législatif en collaboration avec le Gouvernement qu'elle a elle-même institué. Le Gouvernement est assuré d'une majorité stable au Parlement de telle sorte qu'il dure normalement pendant la législature. L'assemblée parlementaire est élue par les citoyens. Elle est garante de la souveraineté nationale. Elle exerce le pouvoir législatif et un pouvoir de contrôle sur le Gouvernement.

b) L'Assemblée parlementaire dans le régime présidentiel américain

Les Etats Unis d'Amérique sont le principal exemple de définition du régime présidentiel. Dans ce système le Président est le plus important dans la répartition du pouvoir. Le régime présidentiel des Etats-Unis est consacré depuis 1787 par la constitution. Le président cumule la fonction de Chef d'Etat et Chef de Gouvernement (1).

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1. BURDEAU, Georges : Droit constitutionnel, 24 è ed. Paris, coll Manuel, L.G.D.J, E.J.A, 1995, p 119

Le pouvoir législatif est exercé par le Congrès composé de la Chambre des Représentants et du Sénat. Les membres de la Chambre des Représentants sont élus au scrutin majoritaire à un seul tour pour une durée de deux ans, tandis que les Sénateurs sont élus pour six ans à raison de deux représentants par Etats.

Le Congrès américain est investi d'attributions importantes. Il vote la loi et le budget en toute autonomie. Le président détient un droit de veto sur les lois qui ne peut être surmonté que par un vote à la majorité de deux tiers dans chaque Chambre. Ainsi l'on qualifie le régime présidentiel des Etats-Unis comme une concentration de l'autorité au bénéfice du chef de l'Etat (1). Toutefois, le Gouvernement est irresponsable et le Parlement indissoluble.

Dans le régime présidentiel l'Exécutif est monosépale. Il tire son autorité d'une investiture populaire. A ce titre il est indépendant du Parlement qui ne peut pas mettre en cause sa responsabilité politique et celle de son cabinet. Le président et le Parlement assument une collaboration d'autant plus indispensable que, élus par le peuple, ils détiennent tous les deux une délégation directe de la souveraineté nationale.

c) L'Assemblée parlementaire dans les Régimes Mixtes

1. L'Assemblée parlementaire dans le système présidentialiste de la France

Les conditions particulières de l'attribution du pouvoir et les contraintes que le régime français établit dans les rapports entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif nous obligent à le présenter comme un régime mixte.

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1. GICQUEL, Jean : op, cité, p 209

Le régime français préconise un présidentialisme majoritaire. Le gouvernement est dirigé par le Chef de la majorité parlementaire. En France le gouvernement est responsable devant l'Assemblée Nationale. Cependant le régime est asymétrique. Le président peut dissoudre l'Assemblée Nationale, tandis que celle-ci ne peut révoquer le président. C'est un Exécutif tout puissant qui dispose d'armes pour faire voter la loi dans les conditions qui lui conviennent : le Chef du gouvernement détient une majorité stable au Parlement.

D'aucuns qualifient le régime mixte de la France comme étant le plus fort qui soit en démocratie (1). Cela est dû à l'étendu du pouvoir du Chef de l'Etat qui recourt au référendum lorsque le gouvernement lui est subordonné, dissout l'Assemblée Nationale et contrôle le Conseil Constitutionnel par la désignation de ses membres.

2. L'Assemblée parlementaire dans le Parlementarisme Partitocratique de la 1ère République Italienne

La Partitocratie se définit comme le règne des partis, les uns au gouvernement, les autres en dehors du gouvernement mais associés à l'élaboration de la politique et au partage des postes (2).

C'est un régime qui reconnaît au Chef de l'Etat presque les mêmes attributions que dans un régime parlementaire : choix du président du Conseil qui devra être ratifié au Parlement.

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1. DUHAMEL, O : op, cité, p 182

2. Idem, p 198

L'Assemblée parlementaire est composée de deux chambres : la chambre des Députés et le Sénat. Elles partagent les mêmes attributions et chacune d'entre elles peut renverser le Gouvernement. Le recrutement de l'une ou de l'autre se fait au suffrage universel direct. Les Députés sont élus au scrutin de liste à la représentation proportionnelle dans chaque circonscription et les Sénateurs au scrutin uninominal et proportionnel sur base régionale.

Le Parlement légifère dans un système bicamériste strictement égalitaire. Les deux Chambres ont une même durée de mandat et sont renouvelées conjointement, sauf en cas de dissolution. Le parlement donne investiture au gouvernement qui est responsable devant lui. Il contrôle activement les actes de l'Exécutif par l'établissement des commissions. Le président de la République peut dissoudre l'une des Chambres ou tout le Parlement. Il est donc conforté dans son pouvoir comme dans un système présidentiel à l'américaine.

3. L'ASSEMBLÉE parlementaire dans le Régime Conventionnel

Ce régime fait du droit de dissolution un corps étranger. C'est un contraste absolu avec le régime parlementaire. Ici l'Exécutif est soumis et le Législatif est exalté : le gouvernement rend compte à l'Assemblée comme le serviteur à son maître. Le Parlement se substitue à l'Exécutif dans la direction des affaires publiques.

En somme, le fonctionnement des Assemblées parlementaires dans les différents régimes jusqu'ici évoqués répond à la nécessité pour la démocratie de se développer. Toutefois, ce développement ne peut être réaliste que dans la définition d'un cadre de fonctionnement arrêté par les Assemblées : le règlement, qui oriente et simplifie le travail parlementaire en conformité à la constitution de l'Etat et du régime politique qu'elle préconise.

Section 2. Règles de base pour le fonctionnement d'un Parlement

Malgré les dispositions relatives au fonctionnement du pouvoir législatif édictées par les constitutions, il demeure évident que le travail parlementaire, pour être plus efficace et bien coordonné, doit être réglementé par des dispositions arrêtées par l'Assemblée.

A- Quelques considérations générales sur les Règlements Intérieurs.

Dans son livre de droit constitutionnel, Georges BURDEAU reprend la définition de RUZIE concernant le règlement à savoir : « Une résolution par laquelle la Chambre qui l'a votée fixe les principes du travail parlementaire...» (1). Cela sous-entend que l'absence de règlement intérieur est un handicap au bon fonctionnement du Parlement. Mais comment se présente-t-il dans l'Assemblée ? Quand entre-t-il en vigueur et quelle est sa valeur juridique. Voilà trois considérations que nous allons faire dans le développement de cette partie.

a) Le projet de Règlement

1. Le Comité de préparation

A la rentrée d'une législature, le Parlement est appelé à s'auto organiser. Qu'il y ait règlement ou non, l'Assemblée doit s'arrêter sur un mode d'organisation et de fonctionnement. Ainsi on crée une commission chargée de rédiger un projet de règlement ou de présenter des amendements au règlement initial.

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1. BURDEAU, G : op, cité, p 577

2. L'élaboration et la contexture du projet

Le règlement se présente ordinairement comme un projet de loi. Il est divisé en chapitres, titres, sections et articles, avec un préambule qui exprime les idées directrices.

3. Le rapport à l'Assemblée plénière

La commission chargée de travailler sur le règlement, présente son rapport à l'Assemblée parlementaire et lui demande de voter le règlement par une résolution. En effet, le règlement est mis en discussion comme on procède pour les projets de loi avant leur mise au vote.

b) L'entrée en vigueur du règlement

1. Le Vote

Après les recommandations de la commission préparatoire du règlement, le président de l'Assemblée le met en discussion. Les débats se font sur la forme et sur le fond jusqu'à l'édification de l'Assemblée. Le règlement est voté article par article et les membres de l'Assemblée peuvent en proposer des amendements.

2. L'adoption du règlement

Le règlement intérieur est adopté par le vote à la majorité des suffrages exprimés par les membres de l'Assemblée. Cependant pour son amendement cette majorité peut être précisée par le texte lui-même.

3. La publication du règlement

Le règlement intérieur n'est pas soumis à la volonté du Pouvoir Exécutif pour sa publication. Cependant dans certains pays le Conseil Constitutionnel donne son avis sur sa conformité à la Constitution sans quoi il ne saurait être applicable, donc sa publication ne pourrait se faire. Le règlement est publié dans le journal officiel sous forme de résolution comme un acte du pouvoir législatif.

c) La valeur juridique du règlement

1. La valeur pour le Parlement

Le règlement intérieur est l'élément primordial de l'autonomie des Assemblées. Chaque Assemblée est maîtresse de son règlement intérieur. Il précise de façon rationnelle l'organisation du travail parlementaire et de ses organes. Il constitue un cadre de référence. L'établissement du règlement intérieur se fait en conformité avec la constitution et les lois.

2. La place du règlement dans la hiérarchie des normes

L'expérience de la France sous le régime des lois constitutionnelles de 1875 avait montré que par le biais de son règlement qu'une Assemblée pouvait s'octroyer d'énormes pouvoirs que la constitution ne lui avait pas accordés.

Jusqu'en 1958, chaque Assemblée parlementaire était maîtresse de son règlement. Le 27 juillet 1947, Vincent Auriol déclara à Edouard Herriot :

« J'ai étudié les moyens de donner satisfaction à l'Assemblée, malheureusement, la constitution ne prévoit absolument aucun moyen pour faire abroger les articles d'un règlement d'une Assemblée parlementaire. Ni l'Assemblée Nationale, ni le Gouvernement, ni le Président de la République ne peuvent intervenir en cette matière; chaque Assemblée est maîtresse de son règlement » (1).

Cette indépendance excessive et compromettante est donc précisé par l'article 61 de la constitution française de 1958 : « Les règlements des Assemblées parlementaires, avant leur mise en application, doivent être soumis au conseil constitutionnel, qui se prononce sur leur conformité à la constitution ». Ainsi le règlement précise les modalités d'application des dispositions constitutionnelles. Il n'est pas au dessus de la loi, au contraire il est à son service en fixant les principes de sa préparation jusqu'à sa promulgation.

L'établissement du règlement intérieur tient compte du régime politique préconisé par la Constitution. Il est le rempart des procédures devant conduire à l'adoption d'un acte du pouvoir législatif. Il empêche aux Chambres de se démarquer des exigences constitutionnelles et de la loi. Ainsi l'Assemblée est obligée de modifier profondément ses règlements intérieurs chaque fois qu'il y en a des points d'ombres avec les lois du pays.

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1. GICQUEL, Jean : op. cité, p 863

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