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La presse écrite camerounaise à  l'épreuve de la convergence numérique


par Ingrid Ngounou
Université de Yaoundé II - Ecole supérieure des sciences et techniques de l'information et de la communication 2004
  

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CONCLUSION

Notre travail portait sur la convergence numérique dans la presse écrite camerounaise : cas des sites web de Cameroon tribune et de Mutations. Rappelons déjà que cette convergence est entendue ici comme une possibilité nouvelle offerte aux médias classiques, par les technologies, de pouvoir diffuser sur un support qui n'est pas le support initial. Se rapportant au contexte de la presse imprimée, la convergence, permise ou facilitée par Internet permet un nouveau type de diffusion de l'information: la diffusion en ligne. La presse en ligne va donc investir la toile à la recherche d'un lectorat nouveau et en utilisant une technique nouvelle de publication. La presse camerounaise suivra le pas avec dès 1996, l'ouverture des sites Internet et la diffusion en ligne.

Dans ce nouveau contexte, ces journaux camerounais qui ont intégré la convergence l'ont - ils fait par mode ou alors parce qu c'était une exigence du fait de leur politique éditoriale. Cette interrogation renvoie à une autre, plus scientifique : Est-ce que les journaux camerounais qui existent sur le Net ont intégré les normes liées à Internet entendu ici comme un support d'information différent de la TV, de la radio ou de la presse imprimée ? C'est autour de cette question que nous avons basé notre problématique.

Pour étudier cette situation, nous avons choisi deux quotidiens nationaux CT et Mutations pour deux raisons. La première est l'actualisation journalière qu'ils devront faire du fait de leur statut de quotidien. La deuxième raison est le sérieux avec lequel ces sites sont gérés.

Dans le temps, notre corpus était l'analyse des publications qui allaient du lundi 02 Août au mardi 31 août soit un mois et 22 éditions de chaque publication. La méthode de l'analyse fut sur le plan technique celle de Madeleine Grawitz mais l'identification des éléments de la page - écran a épousé le canevas tracé par Annelise Touboul. Ces éléments sont d'une part ceux qui aident à construire le discours (Logo et titres, titraille, rubriques, illustrations), d'autres parts, les hypertextes. L'analyse nous a permis de dégager certaines conclusions qui associées à l'observation des autres éléments comme le défilement, la colonne, le dispositif technique, nous permet d'affirmer par rapport à nos questions de départ :

Les journaux camerounais ont suivi le mouvement des sites Internet mais très tôt, cela s'est révélé très lourd en termes de ressources infrastructurelles et humaines. Ce qui a poussé certains journaux à la fermeture ou à l'abandon de leur site. Ceux qui, plus tard, ont compris la nécessité de s'investir ont recherché les moyens humains et le dispositif technique. Le site de CT et de Mutations ont existé mais n'avaient pas des providers compétents. En plus, ce sont ces FAI qui s'occupaient de la mise en ligne et de l'actualisation du site. Plus tard, ce sont des webmasters formés qui reprendront les choses en main. Leur provider actuel fournit l'une des connexions les plus rapides (ondes radios). En plus, les journaux pensent à une formation des journalistes à la maîtrise du Html, base de la mise en page Internet.

L'importante fragmentation des documents publiés sur ces sites apparaît dès lors comme une réponse à la petite surface des écrans et à la gêne procurée par le déroulement d'un document. Pour signifier les liens qui existent entre tous les documents, pour recréer un ensemble même si celui-ci est nécessairement mosaïque, ces sites rappellent sur chaque page les marqueurs de l'identité visuelle de leur site. L'observation révèle, en effet, la forte récurrence des éléments identificateurs et structurants: la présence appuyée des noms de sites (simple déclinaison de celui du journal imprimé qui permet l'identification immédiate de l'édition en ligne à son référent papier) ainsi que la répétition des menus ou sommaires de rubriques sur toutes les pages. Cette dernière crée non seulement un cadre pour organiser les contenus, un guide pour orienter la navigation, mais aussi et surtout, un lien formel entre les pages dessinant ainsi le territoire éditorial. En effet, la maquette fonctionne comme un moule qui impose des limites strictement définies (notamment en ce qui concerne la quantité et l'encombrement des informations présentées en page d'accueil). La page d'accueil est donc construite comme un contenant fixe, au sein duquel toute nouvelle information n'apparaît que pour en remplacer une autre alors même que de nombreux liens sont invariablement répétés chaque jour. La marque de cette identité est le propre des journaux en ligne qui sont à la recherche d'une reconnaissance singulière. Ainsi, le journal imprimé reste le référent identitaire des journaux en ligne au double plan de l'offre et du discours des acteurs.

En prenant en exemple les autres sites de journaux qui ont fait des avancées considérables, on peut se dire que la presse en ligne camerounaise est en train de prendre des repères. La principale difficulté pour l'instant est le manque de formation de ceux qui rédigent l'actualité. La différence de fond entre les deux types de publications tient davantage sur le fond que sur la forme. Il faut adapter les textes au support et probablement avec le temps, les rédactions online, détachées des rédactions centrales vont exister. Elles pourront être constituées de professionnels qui, à défaut d'écrire tous les articles, réécriront ce que leurs collègues auront produit. Ceci pour le succès du journal.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand