CONCLUSION
Notre travail portait sur la convergence numérique dans
la presse écrite camerounaise : cas des sites web de Cameroon
tribune et de Mutations. Rappelons déjà que cette convergence est
entendue ici comme une possibilité nouvelle offerte aux médias
classiques, par les technologies, de pouvoir diffuser sur un support qui n'est
pas le support initial. Se rapportant au contexte de la presse imprimée,
la convergence, permise ou facilitée par Internet permet un nouveau type
de diffusion de l'information: la diffusion en ligne. La presse en ligne va
donc investir la toile à la recherche d'un lectorat nouveau et en
utilisant une technique nouvelle de publication. La presse camerounaise suivra
le pas avec dès 1996, l'ouverture des sites Internet et la diffusion en
ligne.
Dans ce nouveau contexte, ces journaux camerounais qui ont
intégré la convergence l'ont - ils fait par mode ou alors parce
qu c'était une exigence du fait de leur politique éditoriale.
Cette interrogation renvoie à une autre, plus scientifique :
Est-ce que les journaux camerounais qui existent sur le Net ont
intégré les normes liées à Internet entendu ici
comme un support d'information différent de la TV, de la radio ou de la
presse imprimée ? C'est autour de cette question que nous
avons basé notre problématique.
Pour étudier cette situation, nous avons choisi deux
quotidiens nationaux CT et Mutations pour deux raisons. La première est
l'actualisation journalière qu'ils devront faire du fait de leur statut
de quotidien. La deuxième raison est le sérieux avec lequel ces
sites sont gérés.
Dans le temps, notre corpus était l'analyse des
publications qui allaient du lundi 02 Août au mardi 31 août soit un
mois et 22 éditions de chaque publication. La méthode de
l'analyse fut sur le plan technique celle de Madeleine Grawitz mais
l'identification des éléments de la page - écran a
épousé le canevas tracé par Annelise Touboul. Ces
éléments sont d'une part ceux qui aident à construire le
discours (Logo et titres, titraille, rubriques, illustrations), d'autres parts,
les hypertextes. L'analyse nous a permis de dégager certaines
conclusions qui associées à l'observation des autres
éléments comme le défilement, la colonne, le dispositif
technique, nous permet d'affirmer par rapport à nos questions de
départ :
Les journaux camerounais ont suivi le mouvement des sites
Internet mais très tôt, cela s'est révélé
très lourd en termes de ressources infrastructurelles et humaines. Ce
qui a poussé certains journaux à la fermeture ou à
l'abandon de leur site. Ceux qui, plus tard, ont compris la
nécessité de s'investir ont recherché les moyens humains
et le dispositif technique. Le site de CT et de Mutations ont existé
mais n'avaient pas des providers compétents. En plus, ce sont
ces FAI qui s'occupaient de la mise en ligne et de l'actualisation du site.
Plus tard, ce sont des webmasters formés qui reprendront les
choses en main. Leur provider actuel fournit l'une des connexions les
plus rapides (ondes radios). En plus, les journaux pensent à une
formation des journalistes à la maîtrise du Html, base de la mise
en page Internet.
L'importante fragmentation des documents publiés sur
ces sites apparaît dès lors comme une réponse à la
petite surface des écrans et à la gêne procurée par
le déroulement d'un document. Pour signifier les liens qui existent
entre tous les documents, pour recréer un ensemble même si
celui-ci est nécessairement mosaïque, ces sites rappellent sur
chaque page les marqueurs de l'identité visuelle de leur site.
L'observation révèle, en effet, la forte récurrence des
éléments identificateurs et structurants: la présence
appuyée des noms de sites (simple déclinaison de celui du journal
imprimé qui permet l'identification immédiate de l'édition
en ligne à son référent papier) ainsi que la
répétition des menus ou sommaires de rubriques sur toutes les
pages. Cette dernière crée non seulement un cadre pour organiser
les contenus, un guide pour orienter la navigation, mais aussi et surtout, un
lien formel entre les pages dessinant ainsi le territoire éditorial. En
effet, la maquette fonctionne comme un moule qui impose des limites strictement
définies (notamment en ce qui concerne la quantité et
l'encombrement des informations présentées en page d'accueil). La
page d'accueil est donc construite comme un contenant fixe, au sein duquel
toute nouvelle information n'apparaît que pour en remplacer une autre
alors même que de nombreux liens sont invariablement
répétés chaque jour. La marque de cette identité
est le propre des journaux en ligne qui sont à la recherche d'une
reconnaissance singulière. Ainsi, le journal imprimé reste le
référent identitaire des journaux en ligne au double plan de
l'offre et du discours des acteurs.
En prenant en exemple les autres sites de journaux qui ont
fait des avancées considérables, on peut se dire que la presse en
ligne camerounaise est en train de prendre des repères. La principale
difficulté pour l'instant est le manque de formation de ceux qui
rédigent l'actualité. La différence de fond entre les deux
types de publications tient davantage sur le fond que sur la forme. Il faut
adapter les textes au support et probablement avec le temps, les
rédactions online, détachées des
rédactions centrales vont exister. Elles pourront être
constituées de professionnels qui, à défaut
d'écrire tous les articles, réécriront ce que leurs
collègues auront produit. Ceci pour le succès du journal.
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