Ariane ZAMBIRAS - Aude ROUSSELOT
Exposé d'Espace Mondial
05-03-2002
La naissance du « sujet »
moderne
Introduction :
Aujourd'hui, et après une conceptualisation progressive
en Europe, on peut affirmer la continuité de l'émergence du sujet
dans la globalisation (passage de la dialectique de la rupture à la
dynamique de l'amalgame) en ce sens nous pensons la modernité comme
performative. Nous pensons en effet que le Sujet s'affirme et agit comme un
phénomène quotidien, à un jour et en un lieu
précis, et dans un cadre où les évolutions philosophiques
et techniques ( internes et externes à son milieu originel) s'illustrent
et se proposent à lui.
Nous voulons proposer une lecture doublement originale de
l'émergence du sujet moderne, en réfutant d'une part
l'affirmation selon laquelle la modernité est un mode de civilisation
caractéristique, qui s'opposerait au mode de la tradition,
c'est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou
traditionnelles ; et d'autre part, en réfutant l'idée rigide
d'une isomorphie entre modernité et occidentalisation.
Jusqu'à présent, la modernité fut
conçue comme diffusion de proche en proche d'un modèle unique,
notamment à travers processus de colonisation. Nous voulons nous
éloigner des lectures téléologiques de la
modernité : il n'existe pas un but unique vers lequel tendraient
toutes les civilisations dites « modernes ».
Dans cette perspective, la date d'apparition du mot
lui-même (Théophile Gautier, Baudelaire, 1850 environ) est
significative : c'est le moment où la société moderne
se réfléchit comme telle, i.e. le moment où la
société se pense en termes de modernité.
Nous nous proposons d'étudier la modernité comme
formulation d'un énoncé performatif.
Nous empruntons la définition du performatif à
la linguistique, en référence à l'ouvrage d'Austin,
traduit en français par Quand dire, c'est faire. Exemple
d'énoncé performatif : « je déclare la
séance ouverte ». Dans ce cas, énoncer, c'est faire
l'acte. Le pronom par excellence du performatif est donc le
« je », ce qui nous conduira à établir la
modernité comme expérience de subjectivation. Nous allons montrer
que le sujet peut justement être moderne parce qu'il dit je
(parce qu'il a les outils conceptuels, linguistiques etc. pour le faire).
Dans un premier temps, nous étudierons d'un point de
vue philosophique, comment les philosophes ont pensé l'émergence
de ce sujet moderne (« De l'assujettissement à la
subjectivation » car l'individu se libère progressivement des
cadres traditionnels qui l'enserrent). Dans une deuxième partie, nous
montrerons que ce processus n'est pas achevé, et pas limité au
contexte européen (d'où le titre « La globalisation
comme expérience de subjectivation »). Les individus sont sans
cesse en train de ré-itérer, de reformuler ce je, par des
processus d'appropriation, d'emprunts à l'étranger, des processus
d'énonciation performative du moi, i.e. de subjectivation.
I. De l'assujettissement à la
subjectivation
A. Emergence de la philosophie du Sujet
Foucault « l'homme n'est pas le plus vieux
problème ni le plus constant qui se soit posé au savoir humain.
En prenant une chronologie relativement courte et un découpage
géographique restreint on peut être sût que l'Homme est une
invention récente »1(*)
- l'apparition de l'individu particulier dans la
philosophie moderne (Descartes et le Cogito 1641, Kant et le
dévoilement de la métaphysique du sujet2(*) 1785). Pensée de la
Liberté et du possible par l'éducation et l'autonomie.
- la conceptualisation du Sujet chez les
contemporains
l'interrogation sur ses capacités Nietzsche (la
volonté de puissance n'est pas mise en oeuvre par tous) et Freud (le Ca
le Moi et le Sur-moi, dans quelle mesure « l'Homme n'est pas
maître en sa propre maison »)
la certitude cognitive du Sujet nécessite la
rencontre avec Autrui : de Hegel la relation maître-esclave qui
crée la vision hiérarchique volontaire des rapports
interindividuels, à Sartre 1. conscience pour-autrui : exemple de
la honte face au regard de l'autre pour dimension subjective3(*) 2. décalage du jugement
dont Antoine Roquentin peut avoir la Nausée, et
expérimentales Brecht4(*) Habermas et Foucauld nécessité de la
praxis5(*)). Nous
assistons ici à la conceptualisation de l'Individu propre, à
l'émergence de la Pensée de la Volonté et de l'Action qui
vont déterminer à partir de ce moment la liberté du choix
subjectif.
- vers les sciences de l'Homme pour un Sujet
devenu objet de lui-même [mise à distance possible qui
caractérise la pensée de l'Homme sur lui-même en tant que
connaissable et respectable (anthropologie physique pour étude des
différences biologiques, philosophique pour étude des
différentes méthodes pour tendre vers la perfection humaine, et
culturelle [somme d'ethnographie et d'ethnologie] pour étude empirique
des modes de comportement et styles de vie concrètement
différents). Pensée de la Relativité et du Choix.
> Conscientisation de la particularité et des
contradictions possibles : quand Rimbaud énonce `je est un autre',
il ruine l'animal métaphysique et prédéterminé
comme le font à la même période Freud, Lacan, Althusser, ou
Foucauld. Le Sujet a enfin pleine conscience de sa possibilité
d'inventer et de manifester en actes sa différence dans la culture de
l'acte et de la quotidienneté.
>> En Europe, puis dans le monde entier, la
conquête de l'espace environnemental et du moment présent est
connue : le Sujet est un être en situation (selon les existentialistes,
la situation est l'« ensemble résultant de l'interaction du
sujet et de son environnement, conditions antérieures au pour-soi libre,
dotées de sens par l'individu ») qui y ménage son
existence et son expression.
B. Le processus politique d'individuation
- L'individu propriétaire
L'individu comme valeur est né d'abord dans la
représentation religieuse du monde, comme individu « hors du
monde » (identifié dans son rapport à Dieu). Le
problème qui se pose alors, explicité par Robert Castel et
Claudine Haroche est celui du « rapatriement » de cet
individu dans le monde, problème d'un décentrement ou
recentrement de l'individu.
1ère étape : Donner un
support à l'individu pour le rapatrier dans le monde :
Locke est le premier à expliciter la
nécessité pour l'individu moderne de s'appuyer sur le socle de la
propriété privée pour exister.
John Locke (Second traité du
gouvernement) : « L'homme est maître de
lui-même, et propriétaire de sa propre personne et des actions et
du travail de cette même personne. » [in Castel, Haroche].
Etienne de la Boétie (Discours de la servitude
volontaire) faire un grand effort pour se soustraire à
l'autorité traditionnelle mais injuste du tyran : « que
pourrait-il faire si vous n'étiez complices du meurtrier qui vous tue,
et traîtres à vos mêmes ? »
L'individu cesse ainsi d'exister à travers un rapport
de dépendance, il n'est plus l' `homme' de quelqu'un comme on le disait
dans le droit féodal. La qualité de propriétaire permet
à l'individu, de s'approprier la nature par son travail, et donc de se
déterminer lui-même. La propriété privée
assure à l'individu un état de non-dépendance et donc de
propriété de soi.
2ème étape :
« banaliser » l'individu
Pour Foucault, avant la modernité,
« l'individu ne peut être `qu'exceptionnel' au sens fort du
mot : il se détache comme une exception sur fond de
régulations collectives» : dans les sociétés
pré-modernes, « c'est la fonction qui individualise son
détenteur » (les seuls individus que l'on distingue sont ceux
du haut de l'échelle). Comment l'individu devient-il banal avec la
modernité ?
Les statuts traditionnels se desserrent et l'individu cesse
d'être pris dans une relation étroite de dépendances et
d'interdépendances produites par la coutume et les liens de la
filiation. S'extrayant de cet enserrement holistique, l'individu peut commencer
à devenir un individu « dans le monde », et donc
exister à partir de ses propres activités d'appropriations, dans
un rapport direct à l'univers entier. Désormais, l'homme peut se
construire à travers son rapport aux choses, en s'appropriant puis en
transformant la nature, au lieu d'être défini à partir des
rapports de dépendance.
La propriété, c'est alors ce qui est
nécessaire pour `lester' un individu qui n'est plus inscrit dans ces
statuts assignés. Pour Locke, cette conception de l'individu
propriétaire fonde directement le régime politique
moderne. La fonction de la République doit être en effet de
préserver la propriété ainsi élevée en droit
fondamental. L'abstraction de l'individu ainsi accomplie, l'abstraction de la
vie privée possible sous la forme de l'individu permet une autre
abstraction propre à la modernité, celle de l'Etat.
3ème étape : La réhabilitation
des non-propriétaires
Castel et Haroche soulignent cependant une aporie de la
propriété. La Déclaration des Droits de l'Homme pose le
droit de propriété comme « un droit inaliénable
et sacré » (art.17), i.e. propriété comme
support nécessaire de la citoyenneté, mais dont la
majorité des citoyens sont exclus.
Pour sortir de cette contradiction, il faut que la
propriété cesse d'être le seul support de
l'individualité positive. C'est ainsi qu'une nouvelle forme de
propriété émerge, la propriété sociale, dont
le but est de permettre aux non-propriétaires d'exister. La
propriété sociale fait fonction de propriété
privée pour les non-propriétaires, et leur assure la
sécurité. Sans la propriété sociale, l'individu
n'est pas assuré contre le malheur en cas de perte de ses biens. (cf.
Marchand de Venise, cf. prostitution, cf. le prolétaire qui vend son
travail).
>>> La propriété privée, puis la
propriété sociale sont les premiers supports de
l'indépendance de l'individu.
La possession de droits en est un autre.
- Définition et construction progressive du
cadre d'existence du Sujet :
1. les droits.
Les philosophes des Lumières, qui théorisent
l'individu particulier Lumières les théorisent et on en voit
l'inscription dans la Déclaration des Droits de l'Homme en France en
1789. Cela se répand en tache d'huile (pays voisins, comme par
l'imposition continentale du Code Napoléon) et en saut de puce (dans les
colonies des pays européens). Le reste du monde suit donc
progressivement, y compris par des actes aussi symboliques que la signature en
1948 d'une Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
2. l'espace public :
Depuis qu'il est conscient de lui-même et des espaces de
choix qu'il peut se ménager, le sujet moderne renégocie
constamment la relation entre privé et public. Ceci est conforme
à la vision d'Habermas sur l'« usage public du
raisonnement », qui porte sur la conception de la subjectivité
dans la sphère du privé, mais qui se répercute
simultanément et invariablement sur la scène publique. La
mutation de la place du Sujet dans la société et de la
société dans la place qu'elle offre au Sujet est alors double et
concomitante.
>> Si l'on s'intéresse à ceux qui on
écrit la modernité, il y a eu jusqu'à très
récemment une tendance à associer la modernité à
une série de bouleversements techniques, scientifiques et politiques
depuis le XVIe siècle, et donc à associer modernité
et Occident.
L'opinion commune peut se répartir en deux
définitions que nous tenterons de réfuter :
(1) modernité comme moment bien précis de
l'histoire (Moyen-Âge)
(2) modernité attribuée à certains
phénomènes de la société (dans une
société X, une branche d'industrie est par exemple moderne mais
les comportements familiaux non).
Le problème soulevé par la définition (1)
est où commence la modernité, où finit-elle ?
N'est-il pas aussi problématique de définir ainsi une
modernité, alors qu'on observe différentes formes de
croyances, de spécificités institutionnelles, à
l'intérieur du cadre que l'on a défini comme moderne ?
Pour résoudre ces questions, il faudrait pouvoir
définir un dénominateur commun de ce qu'est la modernité.
Nous retombons alors sur (2).
La deuxième définition commune de la
modernité est d'identifier un certain nombre de traits qui, une fois
identifiés dans une société, permettraient de
définir celle-ci comme moderne. Ce qui devrait s'observer alors dans les
sociétés qui possèdent les traits ainsi définis
serait une convergence des comportements, puisqu'on peut supposer que des types
d'institutions similaires engendreraient des types comportementaux identiques.
[nous nous appuyons ici sur le raisonnement de B. Wittrock6(*). Comment se fait-il alors qu'il
n'y ait pas convergence entre toutes les sociétés ainsi
définies comme modernes ?
Les définitions (1) et (2) de la modernité nous
paraissent devoir être refusées, et par la même
l'idée de modernité comme occidentalisation. Nous envisagerons
plutôt, avec Jean-François Bayart, la modernité
« plutôt comme une attitude que comme une période de
l'histoire » [p.240]. Quelle est cette attitude ? Selon
Foucault7(*)
« La modernité devient alors un
ethos, un type d'interrogation philosophique qui problématise
à la fois le rapport au présent, le mode d'être historique
et la constitution de soi-même comme sujet autonome. »
Et Bayart de continuer : il faut mettre en
évidence l'historicité de toute subjectivité, s'efforcer
de penser « l'historicité même des formes de
l'expérience. La question n'est donc pas celle du Sujet, mais celle de
la subjectivation, (que Deleuze a défini en commentant Foucault :
« La subjectivation, c'est la production des modes d'existence ou
styles de vie.) » [Bayart, 157].
De ces réflexions découlent notre
deuxième mouvement, au cours duquel nous essaierons d'analyser
l'influence de la globalisation sur la production des modes d'existence.
>>> Une fois le matériel intellectuel
(philosophie du Sujet) rassemblé, et la possibilité pratique
prise de conscience et d'indépendance qui autorisent l'émergence
du sujet moderne construite, l'individu peut être en phase avec
son temps. Il a la possibilité de faire les choix correspondant au
désir naturel d'une vie vraiment individuelle (tous les individus
peuvent être modernes, mais ne le font pas forcément).
Liberté et responsabilité deviennent les
référentiels permanents et primordiaux du Sujet moderne. .
II. La globalisation comme expérience de
subjectivation
Il n'y a donc pas une modernité, mais des
modernités. La globalisation, définie par Bayart comme
« le mouvement général de décloisonnement des
sociétés » [p.10] est de permettre la diffusion
planétaire de nouveaux rapports aux choses (souvent ces rapports
étant véhiculés par les choses elles-mêmes). C'est
dans ces occasions multipliées de réinvention de rapport aux
choses qu'émerge l'individu moderne.
Il n'y a pas seulement un modèle d'individu
moderne, pas seulement un individu moderne qui s'oppose radicalement au
passé, mais émergence de processus de recomposition et
d'amalgames des subjectivités.
A. Le double phénomène
métissage/tri (amalgames et mutations)
- La rencontre coloniale
La rencontre coloniale fut d'abord perçue comme lieu de
confrontation entre un monde non-moderne et un monde moderne, si l'on adopte
la lecture qu'en font les Occidentaux (Kipling et le White man's burden /
Valéry : porter les lumières de la civilisation) et
aujourd'hui Huntington : « Clash of civilizations ».
Ces lectures suggèrent une opposition radicale entre tradition et
modernité
Mais de nombreux auteurs ont montré (Bayart, Wittrock)
que le système dit « traditionnel » (tribal,
clanique, lignager) oppose en réalité aux changements dits
« modernes » de fortes résistances, et que
parallèlement, les structures modernes (administratives, morales,
religieuses) nouent avec la tradition de curieux compromis. La modernité
y passe toujours par une résurgence de la tradition, sans que celle-ci
ait pour autant un sens conservateur, comme nous allons le voir avec l'analyse
de la culture populaire.
La notion de culture populaire est cruciale pour comprendre
l'opposition que l'on trace ordinairement entre modernité et tradition.
Dans les 1930 - 1950, la notion de culture populaire était
associée avec l'idée de racines locales, nationales ou
régionales. La tradition était associée au passé
(folklore) et pensée comme exclusive du nouveau (moderne). Nous pensons
qu'une lecture moderne de la tradition doit au contraire prendre en compte les
phénomènes de reconstruction de la tradition. Si l'on
définit avec Renato Ortiz8(*) la tradition comme tout ce qui est
inséré dans la culture du quotidien, on peut alors concevoir une
« tradition de la modernité » (exemple : TV,
voitures, aéroports, centres commerciaux, publicité...).
Un exemple éclairant est celui du Mexique ou du
Brésil, où les productions de séries TV ont conquis non
seulement leur marché intérieur, mais concurrencent les
Etats-Unis dans toute l'Amérique du Sud. Ceci est une trace de la
modernité car on a commercialisé un produit culturel, on l'a
exporté, et ceci a produit dans ceux qui reçoivent ce produit
culturel de nouveaux modes de vie, de sociabilité.
On voit alors émerger des identités
déterritorialisées, dans un univers du consumérisme.
L'exemple que Giddens donne de ces identités
déterritorialisées sont « le jeune, le couple sans
enfant, les personnes âgées ». Ce sont des
catégories universelles, détachées d'un pays,
témoignant de processus de recomposition et d'amalgame.
Talal Asad montre que ces mêmes processus sont à
l'oeuvre dans les sociétés islamiques, où plusieurs
techniques étrangères furent adoptées (en Arabie
Saoudite), sans opposition de l'ulama : des routes pavées,
de nouvelles technologies pour imprimer et construire,
l'électricité, de nouveaux médicaments... Talal Asad parle
de « traduction » pour évoquer ces
phénomènes, ce qui rejoint notre définition de la
modernité comme une énonciation.
- Peut-on parler de la construction subjective de
l'existence comme d'une combinatoire généralisée ?
Dans le monde non-occidental : faute d'une évolution
politique ou industrielle en profondeur, ce sont souvent les aspects les plus
techniques qui marquent en premier. (les plus exportables : comme les
objets de consommation ou les mass media). Différent du long parcours de
rationalisation philosophique et économique en Occident. Retentissement,
mais différencié : accélèrent la remise en
cause du mode de vie traditionnel et monoculturel ; précipitent la
conviction en des revendications sociales et politiques de changement
(jusqu'à un modernisme9(*) : cf. Ghandi a la sagesse de ne remettre en cause que
l'intouchabilité, que la Constitution indienne de 1950 rend
inconstitutionnelle, alors que la dissolution égalitariste et
libératoire des castes aurait été problématique et
créatrice de troubles).
- La mutations dans les modes de vie : de la
cumulation à la recréation.
Théorie = le Sujet est en droit et en mesure de choisir
son style de vie, l'existence de multiples milieux d'action en
société lui donnant la possibilité d'opérer des
choix segmentaires selon les contextes, et non plus seulement selon des
ressources identitaires ou politiques données.
Iran peut être considéré comme un
laboratoire idéal dans son caractère récent et rapide.
L'élection de Khatami 1997 a été une forme de
révolution culturelle : il a provoqué la création
gouvernementale et volontariste d'un espace public pendant les quelques
années « postrévolutionnaires », et
l'instauration d'un Etat de Droit dans un pays de règles
(République Islamique d'Iran). On note en particulier dans cette
période courte, outre la bureaucratisation et rationalisation du champ
religieux (nouvelle cérémonie de l'Age du Devoir pour les
enfants, tarification des prestations cléricales, polarisation
clérical sur Qom, Ispahan ou Mashhad) qui signalent une mutation
radicale de la raison d'état qui prévalait jusqu'alors,
l'émergence d'un certain nombre d'espaces de subjectivité
possible : étudions trois domaines en particulier pour
démontrer la mutation culturelle correspondant à ce que nous
avons dit plus haut.
en ce qui concerne le développement du secteur
privé, le javanmard est dans le Coran l'homme intègre et
idéal, en improvisation permanente dans un monde donné
doté de qualités sociales comme le charisme, la confiance et la
respectabilité, l'esprit de réseau. Sa transmutation en
adam-e ejtemai dans les nouvelles théories du pouvoir le
transforme en être en société, doté de
l'esprit marchand traditionnel réactualisé : organisation en
guildes, institutions caritatives et de banques islamiques en
réseaux....
en ce qui concerne la mutation de la cellule familiale, la
mutation est tout aussi partielle : l'éthique communautaire reste
forte, et la famille demeure le référent subjectif le plus
important. (elle se nucléarise et enregistre l'individuation de ses
membres favorisée par les innovations de la vie modern :
ameublement occidental entraîne par exemple 1. chambres
particulières au lieu de l'espace privé collectif du
khodi, 2. femmes hommes et enfants mélangés autour de la
télévision sauf pour les postes reliés aux satellites que
se réservent les seuls hommes (gros débat public en 1994, cas
intéressant de recréation d'un espace différencié).
enfin l'émancipation relative de la femme dans ses
activités privée est un exemple parfait de segmentation des
choix : une femme peut donner des cours d'aérobic et être une
croyante assidue. En effet, l'Etat a lui-même promu la gymnastique des
femmes pour accroître la triple capacité de
femme-mère-ménagère, conformément à des
études ayant démontré le lien entre le
développement ces trois rôles sociaux. Elle peut donc être
en body sous son tchador, pou accroître les revenus du ménage et
être plus apte à servir sa maisonnée.
> le sujet sculpte sa propre subjectivité à
la fois de façon inconsciente et en usant de sa faculté critique,
par le choix d'éléments composites ou adaptés, en
particulier dans les modalités de sa consommation.
- le choix et son ostentation : la consommation
comme mode privilégié de l'affirmation de la subjectivité
et de la personnalité
Les processus de subjectivation passent souvent par la
consommation, par rapport un peu fétichiste à l'objet
acheté. L'objet, la commodité est dépouillée de
toute valeur sauf de sa valeur pour celui qui l'achète. C'est pour cela
que Bayart insiste sur le fait que la « biographie
culturelle » d'une Mercedes n'est pas la même en Allemagne ou
en Afrique [p.23]. On ne peut pas concevoir un emprunt culturel sans qu'il y
ait une dérivation créative.
Consommer, ce n'est pas seulement faire mais dire
quelque chose (d'où notre idée de l'énonciation ;
quand dire c'est faire, du performatif). Un projet mental précède
l'acte de consommation (creuse le désir), puis le consommateur construit
des images associées avec les produit qu'il achète, se
l'appropriant de façon définitive ou temporaire (ceci est encore
un signe de son libre choix permanent : le Sujet peut modifier son mode
vestimentaire, ses goûts musicaux etc., transformant et recréant
à chaque fois sa Subjectivité en mutation en phase ou non avec le
monde qui l'entoure (phénomènes de mode, d'anti-conformisme
etc.)
Le mouvement situationniste (entre 1958 et 1969 ; Guy
Debord publie La Société du spectacle, 1967) propose une
critique intéressante de ce phénomène. Pour les
situationnistes, la marchandise n'est plus une réalité, mais
avant tout un spectacle. L'acte de consommation symbolique l'emporte sur l'acte
productif. Ainsi, dans le premier chapitre de La Société du
spectacle :
« Toute la vie des sociétés dans
lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme
une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement
vécu s'est éloigné dans une
représentation. » Il y a une « évidente
dégradation de l'être en avoir »
>> Le phénomène de personnalisation et de
choix dans les objets-signes montre que l'individu pris dans les
systèmes de modèles traditionnels ou novateurs plus ou moins
factices compense la déstructuration externe de son mode de vie.
B. La problématique populaire et
démocratique :
La certitude du Sujet est maintenant répandue sur toute
la planète, si ce n'est réalisée (la chute des dictatures
et les revendications des opposants chinois en sont des signes).
Alain Touraine s'interroge en 1997, dans Pourrons-nous
vivre ensemble, sur la possibilité de vivre ensemble alors que nous
connaissons nos différences et l'idéal d'égalité
qui nous habite, qui sont contrariés par la survivance et
l'émergence de deux formes de spoliation du Sujet de son droit à
la subjectivité :
« comment pouvons-nous vivre ensemble dans une
société de plus en plus divisée entre des réseaux
qui nous instrumentalisent et des communautés qui nous empêchent
de communiquer avec les autres ? » « nous ne pouvons
vivre ensemble, c'est-à-dire combiner l'unité d'une
société avec la diversité des personnalités et des
cultures, qu'en plaçant l'idée du Sujet personnel au centre de
notre réflexion et de notre action ».
Il propose donc de voir « le Sujet à la fois
comme combinaison d'une identité personnelle et d'une culture
particulière avec la participation à un monde rationalisé,
et comme affirmation, par ce travail même, de sa liberté et de sa
responsabilité » : affirmation du choix personnel comme
valeur suprême de la subjectivation en actes.
- l'individu en double combat pour la
préservation des potentiels subjectivants
- les deux excès possibles :
=> la logique hégémoniste : proposition
d'éléments culturels globalisés (« culture
désocialisée de masse » même sodas, même
sida, même rapport libéral au commerce, même real TV...)
dont on argue qu'ils sont détachés de toute organisation sociale
particulière. Danger uniformisant.
=> la réaction communautarisante : les replis
identitaires 1. Rejet de la mutation : purification ethnique en
ex-Yougoslavie, islamisme contre l'« agression culturelle »
(Iran), incompréhension des autres cultures comme Montesquieu et son
« Comment peut-on être Persan »10(*) 2. Espoir en des Sujets
universels à l'ancienne : modèles totalitaires vers l'homme
nouveau : fascisme, nazisme, socialisme. Sujet authentique de l'Histoire =
le prolétariat (Marx théorise, Aron dénonce) .
Danger particularisant.
p 356 « contradiction entre défense du Sujet
personnel et de sa liberté et logique des systèmes, que cette
logique soit celle du marché ou celle d'une identité nationale ou
culturelle ». « ceux qui ne pensent qu'en termes de logique
du système social, soit pour l'approuver, soit pour le condamner, sont
incapables de participer utilement au politique ».
- Une solution ?
Combiner l'unité et la pluralité culturelle
n'est pas plus contradictoire que combiner unité de la loi et
diversité des opinions et des moyens. « toute
société moderne est définie d'abord par son
historicité (c'est-à-dire sa capacité de se produire et de
se transformer elle-même) et doit à la fois accroître son
action sur elle-même (et donc concentrer des ressources et du pouvoir) et
élargir ses mécanismes de participation » Combiner
liberté et égalité a produit la Démocratie
politique, le capitalisme et la justice sociale ; on ne doit pas craindre
aujourd'hui une mutation nouvelle de la démocratie architecturale
représentative vers une nature plus participative et spontanée.
Attention à la dérive multiculturaliste :
melting-pot ou même au salad-bowl trompeurs (les villes comme New York
City ou Los Angeles sont des puzzles de ghettos, réseaux globaux et
communautés fermées s'y côtoyant).
Passe par une vision nouvelle des structurations
traditionnelles du politique mis à distance par l'individu :
p 357 « refuser de choisir entre la globalisation
dirigée par les forces industrielles et financières, et les
dictatures qui s'imposent au nom des droits d'une communauté, car ces
deux forces dont l'opposition domine aujourd'hui la planète, menacent
aussi gravement l'une que l'autre la liberté du Sujet ».
Globalisation = concentration de capital, possibilité
d'imposition de modes comportementaux, capacité à diffuser des
messages. Différent de la vision horizontale sociétale
gérant les conflits en coopération ou en compromis.
p 359 « individus ou groupes travaillant à
combiner une expérience culturelle privée avec la participation
à l'action à l'univers de l'action instrumentale ».
- l'action éthique, nouvelle nature du forum
politique ? Le Sujet comme créateur- acteur de son
monde
- crise de la démocratie communautaire et
structurée au niveau planétaire :
Il n'y a plus de confiance dans les modèles et de les
hommes de l'univers politicien (déterminé et
déterminant) p 362 « derrière le déclin des
idéologies et la perte de confiance des populations dans les dirigeants
s'opère un bouleversement de l'expérience personnelle et de
l'action collective aussi important que le fut (...) la formation des
états nationaux ». ; d'où vide de la scène
politique dans l'esprit des individus.
Mais les « coulisses de l'Histoire » sont
pleines de vie, d'aspirations et surtout de réflexion des individus.
« beaucoup s'arrachent à leur existence de consommateurs ou de
participants passifs et commencent à se poser face à la vie
sociale, parfois pour se tenir à l'écart, plus souvent pour se
préparer à défendre, dans un monde changeant, leur
conscience d'identité ». La « société
civile réapparaît maintenant en s'opposant à la fois aux
impératifs de l'économie globalisée et à l'ordre
imposé par les communautarismes. Elle impose un principe absolu, la
liberté-justice, aux contraintes que cherchent à imposer ceux qui
parlent au nom de la rationalité économique ou d'une
identité culturelle ».
> Le renouvellement des valeurs et des acteurs dans la
promotion de l'action individuelle :
- la Liberté fut conçue comme le renversement
des minorités par la majorité. Elle est aujourd'hui
défendue comme la reconnaissance des droits sociaux et culturels des
minorités, donc de la diversité, du droit pour soi-même et
de combiner ses valeurs et ses formes d'action avec la rationalité
instrumentale.
La justice fut tout d'abord conçue comme
l'égalité de tout devant la loi et la destruction dans
privilèges ; elle l'est aujourd'hui comme équité
éthique, défense institutionnalisée de la liberté
et de la condamnation des abus, de la violence ou de la corruption.
- « tandis que se dégradent les anciennes
formes d'action qui cessent d'être des mouvements de libération
sociale pour s'enfermer dans la défense corporative
d'intérêts acquis ou d'idéologies épuisées,
s'élèvent des voix nouvelles qui parlent avec émotion et
passion des crimes contre l'humanité, de la diversité
menacée par l'homogénéisation culturelle, de l'exclusion
sociale aggravée par le système économique ».
Nouvelles voix de Sujets revendiquant leurs
particularités et leur richesse épistémologique : la
jeunesse, les femmes, les immigrés, les membres de minorités.
> p 358 « ni la bonne conscience libérale
ni les radicalismes communautaires ne peuvent favoriser l'émergence des
mouvements sociaux et des convictions individuelles sans lesquelles aucune
réforme politique réelle n'est possible ».
« Seule l'analyse qui donne une importance centrale à la
liberté et à la capacité d'initiative et de survie des
acteurs peut contribuer au renforcement de ceux-ci ».
Aujourd'hui il est bien plus facile et plus réaliste
(même si passe par le virtuel et la représentation) d'envisager un
changement à échelle personnelle et culturelle que de recourir
aux vieilles obsessions des révolutions politiques. On marque donc la
fin des idéologies révolutionnaires traditionnel vers des
évolutions mondiales de nature culturelle et économique.
>> définition en creux de la démocratie,
ménagement de l'espace public, pour permettre le libre
développement de tous : le principe de l'activité de ces
acteurs du nouveau forum démocratique est plus défensif que
négociateur : elle est plus éthique que politique car elle
s'oppose à une invasion et à une manipulation plus qu'elle
n'entreprend des conquêtes. cf. 1. Commandant Marcos et les Zapatistes,
20 ans de lutte permanente sans jamais vouloir prendre le pouvoir. 2.
Non-violence MLKing : prônait la tolérance et la coexistence
sans revendication autre que la justice et l'égalité statutaire.
La définition de la démocratie et de l'espace public n'est alors
plus imposée, plus délimitée, mais affirmée en
creux pour y laisser le maximum d'espace à l'existence et à
l'expression de l'individu. .
p 363 « la conscience du Sujet et conscience de la
totalité concrète dont nous faisons partie constituent la base
d'une nouvelle culture politique mondiale ». 11(*)
Conclusion
Nous conclurons tout d'abord avec un petit retour
linguistique. Pour qu'un énoncé performatif fonctionne, il faut
des conditions de félicité. Par exemple, déclarer
mariées deux personnes dans la rue ne suffit pas à la
réalisation de l'acte, comme nous le disions en introduction en
« déclarant la séance ouverte ». Il ne faut
pas tomber dans le « tout moderne », ni dans son
extrême d'un moderne qui ne serait qu'occidental. Pour comprendre la
modernité, il est essentiel de tenir compte des processus de
recomposition des traditions, d'emprunts, de création de la
différence.
Finalement, pourquoi parler d'actualité alors que le
Sujet comme objet est né depuis 1641 ? Parce que sa place a
évolué dans l'esprit des penseurs et dans la
société, et qu'on remarque un développement nouveau et
exponentiel du phénomène dans ce brassage exacerbé qu'est
la globalisation. La nature du Sujet est d'évoluer, il évolue et
évoluera encore et toujours dans la quotidienneté performative
qu'il s'approprie, ce qui correspond parfaitement à la définition
de la globalisation comme modernité de J. F. Bayart : elle est
à la fois « historicité » et
« appropriation ».
Bibliographie
Adlelkhah Fariba Etre moderne en Iran
Karthala 1997
Asad, Talal. 1993. Genealogies of Religion. Johns
Hopkins University Press.
Brecht Bertolt Leben des Galilei écriture
1938-1939, première représentation 1962, version 1998 Suhrkamp
Verlag.
Castel, Robert et Claudine Haroche. 2001.
Propriété Privée, Propriété sociale,
Propriété de soi; Entretiens sur la Construction de l'Individu
Moderne. Fayard.
Descartes René Méditations
métaphysiques, première en particulier, écriture 1641
version GF 1979 Préface par Beyssade J.M.
Eluard Paul le Visage de la Paix 21, Editeurs
Français Réunis
Foucault Michel Folie et déraison.
Histoire de la Folie à l'Age Classique, écriture 1954,
version PUF 1966 ; Les mots et les Choses Gallimard 1966 ;
Histoire de la Sexualité tome I `La
volonté de Savoir' Gallimard 1976 ;
cours 1981-1983 L'Herméneutique du
Sujet NRF ; Structuralisme et Post-
structuralisme
Habermas Jürgen Morale et
Communication, écriture 1983 traduction française au Cerf
1986
Le discours philosophique de la
modernité Douze conférences composées de 1983 et
1984, NRF 1988
Kant Emmanuel Fondements de la métaphysique des
moeurs
La Boetie Etienne de, Discours de la servitude
volontaire, écrit entre 1548 et 1452, version GF 1983,
Préface par Goyard-Fabre S.
Locke John, Second traité du gouvernement,
1689
Mouzelis, Nicos. 1999. « Modernity : a
non-European Conceptualization. » Journal of British
Sociology, vol.50 n°3
Nietzsche Généalogie de la Morale
écriture 1887, version GF 1996 Préface par Choulet P.
Numéro spécial de Daedalus.
2000. « Multiple modernities » vol. 129 n°1
(Winter)
Numéro spécial de Daedalus. 1998
« Early Modernities: Varieties and Transitions »vol.127
n°3 (summer)
Sartre La nausée 1938 ;
L'Etre et le Néant 1943 ;
Huis Clos 1944 ;
L'Existentialisme est un humanisme
1946...
Sledziewski Elisabeth Révolutions du
Sujet, Méridiens Klincksieck 1989
Sous Andrani - Rosen Structure, système, champ et
théorie du sujet, l'Harmattan 1997
Touraine Alain Pourrons-nous vivre
ensemble ? Egaux et différents, Fayard 1997
[Note de séance]
Ariane ZAMBIRAS - Aude ROUSSELOT
Exposé d'Espace Mondial
05-03-2002
La naissance du « sujet »
moderne
Introduction
Aujourd'hui, et après une conceptualisation progressive
en Europe, on peut affirmer la continuité de l'émergence du sujet
dans la globalisation (passage de la dialectique de la rupture à
la dynamique de l'amalgame) en ce sens nous pensons la modernité comme
performative.
Modernité = phénomène quotidien,
performatif; énoncé à un jour et en un lieu précis
de la façon dont les évolutions philosophiques et techniques (
internes et externes) s'illustrent dans les cadres privés et sociaux.
Du point de vue philosophique, comment les philosophes ont
pensé l'émergence de ce sujet moderne (« De
l'assujettissement à la subjectivation » car l'individu se
libère progressivement des cadres traditionnels qui l'enserrent).
dans une 2ème partie, montrer que ce
processus n'est pas achevé, et pas limité au contexte
européen (d'où le titre « La globalisation comme
expérience de subjectivation »).
On est sans cesse en train de ré-itérer, de
reformuler ce je, par des processus d'appropriation, d'emprunts à
l'étranger, des processus d'énonciation performative du moi, i.e.
de subjectivation
I. De l'assujettissement à la
subjectivation
A. Emergence de la philosophie du Sujet
B. Le processus politique d'individuation (la
propriété privée puis sociale, l'apparition dans
l'Histoire)
II. La globalisation comme expérience de
subjectivation
C'est dans les occasions multipliées de
réinvention de rapport aux choses qu'émerge l'individu moderne
A. Le double phénomène métissage/tri
amalgames et mutations
B. La problématique populaire et démocratique
Conclusion
Retour linguistique : pour qu'un énoncé
performatif fonctionne, il faut tenir compte des processus de recomposition des
traditions, d'emprunts, de création de la différence.
Pourquoi parler d'actualité alors que le concept de
Sujet est né depuis 1641 ? Parce qu'il a évolué dans
l'esprit des penseurs, on remarque un renouveau du phénomène dans
le brassage exacerbé qu'est la globalisation. La nature du Sujet est
d'évoluer, il évolue et évoluera encore et toujours dans
la quotidienneté performative qu'il s'approprie.
* 1 Les Mots et les Choses
* 2 Les fondements de la
métaphysique des moeurs : le sujet accède à sa
qualité de sujet dès lors qu'il manifeste la conscience de son
désir particulier au sein de l'univers, et qu'il en prend la dimension
et la mesure « agis de telle sorte que la maxime de ta volonté
puisse en même temps toujours valoir comme principe d'une
législation universelle ».
* 3 « j'ai besoin
d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être, le
Pour-Soi renvoie au Pour-Autrui » `autrui est indispensable à
la connaissance de moi-même » L'Etre et le
Néant.
« Nous avons inventé autrui / Comme autrui nous
a inventé / Nous avions besoin l'un de l'autre » P. ELUARD,
le Visage de la Paix
* 4 découverte de
l'héliocentrisme = distanciation, recadrage astronomique et
philosophique. Das Leben des Galilei
* 5 Sous l'Absolutisme du
XVIIIè, création des cliniques pour enfermer et marginaliser les
« sujets hétérogènes » dont les actes
ne correspondent pas aux normes communautaires. Histoire de la
Folie
* 6 dans son article
« Modernity : One, None, or Many ? European Origins and
Modernity as a Global Condition » in Daedalus2000
* 7 Structuralisme et
Poststructuralisme
* 8 Daedalus 2000, p.
258
* 9 Modernisme : 1.
tendance à préférer et à rechercher ce qui est
contemporain, nouveau
* 10 Montesquieu Les
Lettres Persanes, 1721, est une des premières études
comparatistes et relativistes sur les civilisations.
* 11 Faut-il entendre de ces
conclusions comme un adieu à la politique ? Faut-il
reconnaître qu'après une longue période historique
dominée par les rapports communautaires, nous sommes entrés dans
une société de production-consommation, donc de marché,
où les problèmes collectifs prennent définitivement le pas
aux projets et aux crises individuelles de personnes qui revendiquent leur
droit à l'existence pur eux-mêmes ? Habermas, pour sa part,
pense que non : il propose un patriotisme de la Constitution, affirmant
qu'il ne faut plus concevoir a société comme communauté de
destin culturel et idéologique, mais comme un lieu de respect des
libertés-justice-tolérance proclamés par la Constitution,
libre contrat interindividuel que se donnent tous les acteurs qui veulent
participer à sa rédaction où à sa validation
référendaire. Attention Habermas lui-même reconnaît
que cette situation est minimaliste : simple outil de
connaissance-reconnaissance bénévolente, privilégie la
coexistence mais ne garantit pas la communication. (Morale et
Communication)
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