Jordanie : l'établissement des fondations
permettant la réforme des structures
Le programme de privatisation de la Jordanie, bien moins
mature que celui d'Abou Dhabi, n'en suit pas moins un modèle très
similaire : le gouvernement reste acheteur exclusif de l'énergie,
la transmission incombe à des sociétés d'état, mais
la production et la distribution doivent être progressivement
privatisées.
S'agissant plus particulièrement du domaine de la
production d'énergie électrique, le Jordan Electricity Sector
Report publié en janvier 2001 estimait que la Jordanie aurait
besoin de plus de 10.000 GWh pour satisfaire la demande électrique en
2005, et 12.500 GWh aux environs de 2010, soit des accroissements respectifs de
34% et 65% par rapport à la production de 2000.
En 1999, afin de préparer la privatisation, le
gouvernement remplaça la loi de 1996 par la nouvelle General Electricity
Law n° 13. La même année, la compagnie nationale en charge de
la production d'électricité NEPCO (National Electric Power
Company) fut séparée en trois : NEPCO, CEGCO
(Central Electric Generating Company) et EDCO (Electric
Distribution Company).
NEPCO, qui reste propriété de l'Etat, s'occupe
de la direction, de l'exploitation et du développement du réseau
de distribution haute tension, du dispatching et de la grille régionale.
C'est cette entité qui est l'acheteur unique.
CEGCO est la principale société de production
jordanienne ; elle devrait être privatisée à court
terme. EDCO devrait suivre le même chemin ; elle est responsable de
la distribution de l'électricité à l'extérieur des
concessions accordées à Jordan Electric Power Company
(JEPCO) et Irbid Distribution Company (IDECO). Le processus de
privatisation de CEGCO et EDCO a timidement commencé à la
mi-2002, alors qu'il a débuté en 2001 pour IDECO, dont le
gouvernement souhaite abandonner 55 à 70%. Il faut noter que la
privatisation de ces compagnies est une condition posée par le Fond
Monétaire International à l'extension des facilités
accordées à la Jordanie.
Les tarifs d'électricité furent fixés en
mai 1996, mais compte tenu de l'évolution du prix du baril d'huile, le
gouvernement a dû les revoir dès 2001. Le tarif applicable aux
sociétés de distribution devrait augmenter, et se
répercuter ensuite vers l'utilisateur final.
Les bases étaient donc jetées. En mai 2000, le
gouvernement jordanien choisit en tant que preferred bidder pour le
développement et la construction en BOO de la première IPP du
pays. Les négociations avec le groupe belge avaient déjà
traîné pendant des années, essentiellement à cause
d'incertitudes concernait l'origine du gaz nécessaire à la
production. Localisée à Kherbet-al-Samra, l'usine devait avoir
une capacité de 450 MW. Jusqu'en 2002, le gouvernement jordanien et
TRACTEBEL négocièrent certains aspects du projet, y compris les
termes de financement, dans l'espoir de le concrétiser courant 2003.
L'affaire, en tout état de cause, ne pouvait guère progresser
sans la construction d'un pipeline approprié. Malheureusement, sur les
instructions de son actionnaire SUEZ, TRACTEBEL, qui avait déjà
renoncé à déposer une offre pour l'affaire d'Umm al Nar
à Abu Dhabi quelques heures avant l'ouverture des plis, abandonna
brusquement l'affaire jordanienne.
Outre les déboires de SUEZ à cause
d'investissements hasardeux dans le domaine du traitement des eaux, on peut
gager, là encore, que la situation en Irak n'est pas
étrangère à ce retrait. Tout ceci a bien entendu des
répercussions très négatives sur la
crédibilité de la Jordanie et décourage les organismes
financiers qui, autrement, auraient pu investir dans le secteur , ce qui
démontre, mais cette fois de façon négative, la relation
étroite qui existe entre la privatisation du secteur et le
développement du financement de projet.
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