Mémoire de Master I Sciences Humaines et
Sociales. Mention Sociologie.
Parcours Innovation Culturelle et Sociale.
THÈME :
S.
LA PERSISTANCE DES DISCRIMINATIONS
RELIGIEUSES :
QUELS EFFETS SUR LES DISCRIMINÉ
Année universitaire 2018/2019
Réalisé par : MAOUCHE Sofiane
Sous la direction de : Mr. Melaine CERVERA
Dédicace
Je dédie ce travail à ma
famille.
SOMMAIRE
Introduction
Problématique
Hypothèses
Première partie
Cadre théorique : définitions des concepts,
objectifs, revue de littérature, méthodologie.
Chapitre I : Définition des concepts
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.01
04
..13
..14
|
I-1-Définition sociologique de la
discrimination
|
14
|
I-2-Formes de discriminations
|
17
|
I-3-Définition de la discrimination
religieuse
|
..17
|
I-3-1-Selon le droit
|
..17
|
I-3-1-1- Par le droit pénal
17
|
|
I-3-1-2- Par le Code du travail
|
.18
|
II-4-La sociologie et la religion
|
19
|
Chapitre II : Revue de littérature
|
21
|
II-1-Méthode: candidatures fictives
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23
|
II-2-Risque d'insubordination
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..24
|
Chapitre III : Méthodologie
|
26
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III-1-Terrain d'enquête et d'études
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.26
|
III-2-Méthodes d'enquête
|
26
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III-3-Téchnique
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27
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III-4-Le Guide d'entretien
28
|
|
Deuxième Partie : Analyse et
interprétations des résultats
Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre
individus basé sur la confession
religieuse
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32
|
Chapitre V : Domaines de discriminations
religieuse
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.36
|
Chapitre VI : discrimination religieuse et
effets sur les discriminées
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.40
|
Conclusion 45
Annexes 47
Guide d'entretien 48
Retranscription des entretiens 50
Bibliographie 71
Table des matières 73
Remerciements
Je remercie le Dieu de nous avoir donné du courage et
de la détermination pour mener à terme ce travail. Je tiens
à exprimer mes sincères remerciements à mon encadreur
Monsieur Melaine Cervera pour la direction de ce travail, sa
disponibilité, ses conseils et surtout ses critiques qui m'a permis
d'avancer dans mes recherches.
Je tiens également à remercier l'ensemble des
acteurs de l'université de LORRAINE Professeurs et personnels de m'avoir
facilité les choses pour terminer mon travail.
Je tiens à remercier tout particulièrement mes
très chers parents pour leur soutien et leurs encouragements. Un grand
remerciement à tous les enseignants de la formation « Sciences
Sociales ICS » qui ne nous ont jamais épargné d'effort pour
nous former.
Merci aux étudiant(e)s de ma promotion pour leurs
partages de connaissances, d'idées, de savoir, et pour leur soutien
durant ce parcours.
Sigles et Abréviations
TEO : Enquêtes Trajectoires et Origines.
ONU : Organisation des Nations Unies.
FAS : Fond d'Action Social
IFOP : Institut Français d'Opinion Publique.
INSEE : Institut National des Statistiques et Economiques.
INED : Institut National des Etudes Démographiques.
OIT : Organisation International du Travail.
CV : Curriculum Vitae
E.G : Exemple.
UDC : Union démocratique du centre.
UE : Union Européenne.
FBI : Fédéral Bureau of Investigations. CNN : Cable
News Network.
ADS : Agent de Sécurité.
Introduction
1
Dans un contexte ou la société évolue dans
le sens d'une généralisation des mécanismes de
concurrence, certains groupes sociaux ne bénéficient pas
objectivement des mêmes chances que les autres, malgré
l'égalité de droits dont ils jouissent en principe. C'est le cas
des minorités visibles, des minorités culturelles, des femmes,
des personnes handicapées, des séniors, des lesbiennes, gays,
bisexuels et transgenres.
La discrimination existe depuis toujours et peut se manifester
n'importe où et cibler différents catégories ; cette
dernière prends de plus en plus d'ampleur et concerne tout le monde et
des personnes de tout âge, quasiment aucun ne peut y échapper, et
cela peut être à la base de l'origine, de sexe, couleur de la
peau, l'orientation religieuse et cela peut intervenir dans divers secteurs
administratifs, santé, service publique, éducation...ect. La
religion occupe une place centrale dans la vie des individus et souvent les
religieux ont des difficultés à pratiquer leur culte dans une
société donnée ou un pays autre que le leur ; et pourtant,
la cohabitation existe entre les religions dans certains pays surtout entre les
trois plus grandes religions les plus pratiqués dans le monde le
christianisme, judaïsme et l'islam.
Dans les pays où le christianisme est majoritaire par
rapport aux autres, les relations entre gens de même confession se
portent plutôt bien malgré quelques différences, de
même pour les pays musulmans et judaïques ; mais entre individus de
confessions différents peut parfois provoquer des difficultés.
Même les athées ne sont pas épargnés par ce sujet ou
le fait de ne croire en rien est très mal vu par ces trois grandes
religions.
Il faut savoir que les conflits et les stigmates provoquent de
dangereux dérapages dans les sociétés « les
conséquences des conflits entre groupes culturels et religieux sont
dangereuses pour l'individu et pour l'organisation des communautés et
peuvent contribuer à un sentiment de malaise et d'insatisfaction qui est
également devenu courant dans plusieurs
sociétés1 »
Même la pratique religieuse peut devenir très
difficile dans la plupart des cas, une enquête conduite sur toute la
France, publiée dans le livre la religion une anomalie
républicaine ? 2
1Saïda Douki Dedieu, Femmes et la
Discrimination (Les): Dépression, religion, société,
paris,Odile Jacob, 2011, p.08. 2Dominique Kounkou, La religion
une anomalie républicaine ? Paris ,l'Harmattan, 2003.
2
A démontrer l'existence d'un problème plus
large, qui met en extrême difficulté la pratique religieuse en
France, et ce, aussi bien pour les catholiques, que pour les protestants et les
nouveaux mouvements religieux.
Même des professionnelles paramédicales et des
professionnelles des médias sont menacés, dès lors qu'ils
expriment des convictions religieuses qui n'entrent pas dans « le
religieusement correct »3
L'intolérance religieuse gagne de plus en plus
différents pays et mème dans des écoles pas uniquement
pour les adultes ; Deux rapports de l'ONU, respectivement publiés en
2005 et 2006 par le comité pour l'élimination de la
discrimination raciale et par le comité des nations unis pour le droit
de l'enfant (chargé de contrôler l'application progressive de la
convention internationale des droits de l'enfant de 1989 dans les pays l'ayant
ratifiées) ont exprimé une position critique vis-à-vis de
la structuration confessionnelle du système éducatif existant et
de la législation en vigueur en république d'Irlande. Les deux
rapports en ont appelé au gouvernement irlandais pour qu'il amende la
législation existante et promeuve la création d'écoles non
confessionnelles ou multi confessionnelles ( Committee on the
rights of the child, Concluding Observations of Irland's Second Report under
the UN Convention on the rights of child, 2006, p14 ) ,
Le comité pour l'élimination de la
discrimination raciale rappelant que les discriminations d'ordre raciale et
d'ordre religieux se retrouvent souvent imbriquées .... Dans son rapport
soumis au comité pour les droits de l'enfant en 2006, l'Alliance pour
les droits des enfants irlandais reprenait à son compte ces appels du
comité pour l`élimination de la discrimination raciale
(Children's Rights Alliance, From Rhetoric to Rights : Seconde
Shadow Report to the United Nations Committee on the Rights of the C hild,
Dublin, Children's Rights Alliance, 2006, p 61.)
D'après l'enquête Trajectoire et Origines (TeO) `
c'est une enquête qui étudie l'impact des expériences des
discriminations sur le parcours des individus' menée en France en 2008
par L'Insee et l'Ined, les immigrés d'origine extra-européenne
ont une probabilité beaucoup plus forte que les autres de
déclarer avoir subi des discriminations au cours des cinq années
précédant l'enquête. Cette population avance principalement
la couleur de peau comme raison de cette discrimination, loin devant le sexe ou
l'âge.
3Dominique Kounkou, Emilz Poulat, les
discriminations religieuses en France : situation à partir des
églises chrétiennes d'expression africaine : acte du premier
colloque national, Paris, l'Harmattan, 2004, p12.
3
En supposant que la perception des individus d'être
discriminés reflété une réalité, ces
résultats suggère que la discrimination en France est avant tout
une question de « minorité visible », comme l'avance Chris
beauchemin, Christelle Hamel,Maud Lesné , Patrick Simon et
l'équipe de l'enquête TeO sous le titre «La discrimination:
une question de minorité visibles», population et
Société, 466, 2010.
Cette situation ne semble pas spécifique à la
France.
Les éditions de 2012 à 2015 de
l'Eurobaromètre sur la perception des discriminations au sein de l'union
européenne (UE 27) révèlent que la discrimination à
raison de l'origine ethnique est considérée comme la forme de
discrimination la plus répandue 56 % des personnes interrogées la
caractérisaient comme fréquente en 2012, et 64 % à 2015.
Ces chiffres sont inquiétants dans un contexte où plus de 10 %
des enfants de moins de 15 ans nés dans les 27 pays de l'union
européenne ont des parents nés à l'étranger, pour
la plupart dans des pays extra européens. Comme nous allons le voir ces
perceptions reflètent bien la réalité de la discrimination
ethnique. Et certaines minorités sont nettement plus discriminées
que les autres.4
Toutes ces situations discriminatoires ont un impact sur la
société notamment sur les relations entre les citoyens de
confessions différentes, bien que des mesures contre
l'intolérance religieuse ou toute autre forme de refus de l'autre
existent, mais certains ou certaines se plaignent encore des comportements
défavorables envers eux contenu de leur couleurs, sexe, d'origine ou
plus exclusivement de leur orientation religieuse.
Notre étude sur la discrimination religieuse va
permettre de comprendre le pourquoi et les causes qui mènent certains
à développer une mentalité de rejet de l'autre, et
détecter si ce genre de pratique existent encore d'une façon
inquiétante malgré les lois de protection des libertés de
culte dans différents lieux.
4Stéphane Garcillo et Marie-Anne Valfort,
Les discriminations au travail Femmes, ethnicité, religion,
âge, apparence, LGBT, Paris, Presse de Sciences Po, 2018.
4
Ce travail se compose de deux parties complémentaires :
Une partie théorique abordant l'objet d'étude du
sujet de recherche :
Qui cernera les aspects liés à la discrimination
ethnique basée sur le critère religieux des personnes et apporter
des éléments réalisés par des auteurs qui ont
traité le sujet et leurs expériences, les difficultés, les
solutions, essais des gouvernements et associations pour gérer ce
phénomène provoqué par ces pratiques
défavorables.
Définition des concepts qui contiendra les
différents expressions et concepts liés au sujet de recherche
afin d'essayer de comprendre le contexte et connaitre les expressions relatives
au phénomène soulevé en l'organisant sous une
définition sociologique de la discrimination (discrimination direct,
indirect, systémique, institutionnalisée), formes de
discriminations, la discrimination religieuse : (Définition
apportée par le droit pénal et le code de travail), la sociologie
et la religion, les objectifs et la revue de littérature et en dernier
lieu, la méthodologique qui contient le terrain d'étude, les
acteurs rencontrés dans la réalisation des entretiens, ensuite la
démarche adoptée.
Et enfin, la seconde et dernière partie qui est
l'analyse et interprétations des résultats ou on va
vérifier les hypothèses posées afin de confirmer ou de les
infirmer.
La problématique et les hypothèses de
recherche :
La question de discrimination en générale, et
plus singulièrement de discrimination religieuse, est devenue en France
depuis des décades un vaste champ d'enjeux politiques et sociales. Elle
est en mème temps un objet de recherche dont les travaux investissent
toutes les disciplines de sciences sociales. Les immigrés et leurs
enfants (mème de nationalité Française) des anciennes
colonies ont en générales les plus touchées par ce genre
de phénomène dans de divers secteurs soit dans l'embauche,
d'éducation, accès à des services publique quelconques et
surtout quand des valeurs ou des pratiques de caractère religieuse sont
mise en avant ou si elle est différente (musulmane en
générale) de la majorité des pratiques de la
société en question (chrétienne ou athée...ect.)
Dans un pays tel que la France, signataire de la charte des droits de l'homme
et de l'égalité et de respect de culte et des libertés ont
peut toujours trouver ce genre de comportement de rejet et de la peur de
l'autre, surtout à la montée de l'intégrisme et des
attentats...etc.
5
Mais, quelles sont les causes de ce phénomène ?
Pourquoi existe-t-elle toujours dans l'actuelle société ?
Pourquoi ce genre de comportement existe en France ? Qui est le plus
concerné par cette inégalité ?5
Lors de ma rencontre subite avec un jeune homme de 29 ans
Français noire de confession musulmane originaire de l'ile de la
réunion à Algrange, il m'avait raconté qu'il a
été à plusieurs reprises interpellé par la police
dans sa voiture sans vraiment avancer de raisons valables et qu'il n'arrive pas
à obtenir un emploi stable, du coup, j'ai été
sensibilisé par cette question suite à cette rencontre
hasardeuse.
La question de la discrimination religieuse notamment
musulmane étant donné que c'est une religion disons pas
originaire d'Europe (spécialement en France) évoque beaucoup
d'inquiétude et d'incompréhension de la part de la population
originaire, Valérie Amiraux souligne que « En 2001, dans le cadre
d'un sondage IFOP-Le Monde la `soumission', 22 % des personnes
interrogées répondent ` le fanatisme', `18 % la soumission', 17 %
`Le rejet des valeurs occidentales.
Par rapport au sondage de 1994, les associations entre des
termes à connotations positive progressent, reflétant en cela une
évolution plus générale du discours public sur l'islam en
France, plus mature, plus distancié, plus différencié,
qu'il y'a une vingtaine d'années. Cette tendance s'observe notamment
dans les réponses aux questions plus `quotidiennes' liées
à la présence de l'islam en France. Elle évoque les
résultats de l'enquête : F. Frégosi note à juste
titre : (...) j'ai l'impression que l'islam pose toujours un peu
problème aux Français.
L'intégration est effective, mais elle ne s'accompagne
pas d'une vision positive de la religion musulmane. L'opinion accepte un islam
de voisinage, de la proximité, plus charnel qu'un islam abstrait. Qui
continue à inquiéter ».
(...) d'un côté le terme islam réveille
démon et panique, engageant les musulmans dans la tourmente des
amalgames. De l'autre, au quotidien, certains citoyens Français
déclarent être victimes de discriminations, c'est à dire de
traitement différencié au regard d'un critère particulier
ou de plusieurs cumulés (origines, situation familiale, lieu de
résidence, patronyme, confession, etc.), avec pour résultat une
inégalité de traitement.
5 Patrick Weil, Liberté, égalité,
discriminations, éditions Grasset, paris, 2008.
6
Comment mesurer, évaluer, expliquer ces pratiques et
lutter contre elles ? 6
D'autant plus, aussi elle a évoqué aussi que les
lieux de culte sont victimes de violences comme les jets de pierres, graffitis
provocateurs, jets de cocktails molotov dans les salles de prières en
Languedoc-Roussillon, Girronde, Ile-de-France et Nord -pas -de- Calais depuis
Avril 20027 ».
Une autre étude mené par l'institut Montaigne
avec Marie-Anne Valfort, maître de conférences à
l'université de Paris 1 en 2015, en réalisant un tésting
sur CV.
Il a consisté à répondre à 6231
offres d'emploi publiées par tous types d'employeurs entre septembre
2013 et septembre 2014 dans l'ensemble de la France métropolitaine, dans
le but de savoir est que des personnes appartenant à des religions
minoritaires sont discriminées.
Ce testing va comparer le taux de convocations à un
entretien d'embauche de candidates et candidats fictifs dont les candidatures
identiques et en tout point à l'exception de leurs religions.
Notamment, afin d'attribuer d'éventuelles
différences de taux de réponses aux seules différences
d'affiliations religieuse, les candidats ont tous le mème pays
d'origine. Ce sont des Français d'origine libanaise nés en
1988.
Les résultats révèlent une forte
discrimination à raison de religion, notamment vis-à-vis des
musulmans.
La probabilité des catholiques pratiquants d'être
contactés par le recruteur pour un entretien d'embauche est
supérieure de 30 % à celle de leurs homologues juifs. Elle est en
outre deux fois plus forte que celle des musulmans pratiquants. Mais ce dernier
résultat cache une forte variation en fonction du sexe. Alors que le
taux de réponse des candidates catholiques n'est supérieur «
que » de 40 % à celui des candidates musulmanes, le taux de
réponse des hommes catholiques est près de quatre fois
supérieur à celui des hommes musulmans.8
Selon Ingrid Ramberg :
« France et Italie. Dans ces pays, les minorités
visibles souffrent d'une discrimination fondée sur la religion. Les
femmes qui portent le voile et les musulmans en général ne
peuvent pas toujours pratiquer leur religion dans la paix.
6Valérie Amiraux, POURQUOI PARLER DE
DISCRIMINATION RELIGIEUSE ? Réflexion à partir de la situation
des musulmans en France, l'Harmattan, 2004/1 N° 48, p 63.
7Valérie Amiraux, op-cit, p.64
8Marie Ann-Valfort, Discriminations religieuses
à l'embauche : Une réalité, Institut Montaigne, Paris
2015, p 13/14.
7
Ils ont en plus des difficultés à trouver un
travail ou un appartement. Ils font l'objet d'agressions verbales et physiques.
Leurs enfants se heurtent aux mêmes manifestations à
l'école. Les islamistes subissent des discriminations de la part des
services publics (police, services sociaux, etc.) ».9
Dans certains cas mème si les jeunes d'origine
maghrébine nés Français se sentent plus à l'aise
dans la culture Française que celle de leurs parents, ils ne sont pas
épargnés par des pratiques discriminatoires,
Comme l'affirme Claude-Valentin Marie « Il rappel
à titre d'exemple que le taux de chômage des jeunes d'origine
africaine ou maghrébine nés en France est trois fois
supérieure à celui de leurs paires d'origine européenne,
et ceci malgré le fait que cette population se sente beaucoup plus
proche de la culture Française que de celle de ses
parents...»10
Divers mesures et lois nationale et internationale visant
à identifier, étudier et réduire le plus possible ce
phénomène défavorable que les Français ou
immigrées d'origine étrangères subissent au quotidien sont
mis en oeuvre ;
Didier Fassin dans son oeuvre l'intervention française
de la discrimination précise que : « Certes depuis 1993, des
cellules départementales de coordination de la lutte contre le racisme,
la xénophobie et antisémitisme » existaient, en principe, au
sein des conseils départementaux de prévention de la
délinquance, mais leurs activités était pour le moins
réduite et le thème lui mème rarement abordé,
officiellement limité à une réunion par an (Circulaire du
premier ministre du 1er Mars 1993).
Certes, la loi de 1972, « relative à la lutte
contre le racisme » avait été considérée en
son temps comme une victoire d'autant plus significative qu'elle avait fait
l'objet d'un vote parlementaire unanime,
Mais son application demeurait parcimonieuse et les longues
procédures de recours la rendaient pratiquement sans effet et, si le
nouveau Code pénal, entré en application en 1994, incluait
explicitement la répression des « discriminations fondées
sur l'origine », les condamnations sur ce
9Ingrid Ramberg, LE RACISME À
L'ÉGARD DES MINORITÉS VISIBLES - INTRODUCTION ET ATELIER,
Council of Europe, juin 2015, p 88.
10Daniel Borillo, Lutter contre les
discriminations, la découverte, Paris, 2003, p 07.
8
critère s'élevaient à une dizaine
seulement chaque année (3 en 1997, 15 en 1998 et 8 en 1999, au titre de
l'article 225-2, selon le rapport d'activité du Groupe d'étude et
de lutte contre les discriminations).
Autrement dit, les outils politiques de lutte contre la
discrimination relevaient largement d'une existence formelle sans portée
sociale, ce que dénonçaient inlassablement les associations de
protection des immigrés ou de défense des droits de l'homme. Du
point de vue de l'État, garant des droits fondamentaux, le principe de
l'égalité était bien affirmé et l'on disposait des
instruments pour le faire respecter.
L'apparence républicaine était sauve. Que le
principe soit quotidiennement démenti dans la société et
que les instruments ne soient pas utilisés par les acteurs sociaux
posait d'autant moins problème que, pour des raisons tant techniques
qu'éthiques, l'enregistrement des données concernant l'origine
n'était pas autorisé dans les statistiques. Pas de moyens, donc,
pour porter à la connaissance ce que l'on s'efforçait d'ignorer.
La rupture est, là encore, remarquable à la fin des années
quatre-vingt-dix dans l'affichage politique de cette « nouvelle question
».
Dans une communication au Conseil des ministres du 21 octobre
1998, la ministre de l'Emploi et de la solidarité déclare faire
de la lutte contre les discriminations à caractère racial dans le
monde du travail une « priorité de sa politique ». Le 15 avril
1999, une convention signée par neuf ministères avec le Fonds
d'action sociale (FAS), une entreprise publique de gestion de foyers de
travailleurs immigrés et une association de chercheurs institue un
Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations, chargé
« d'analyser les discriminations dont souffrent les populations en raison
de leur origine étrangère, réelle ou supposée
».
Par une circulaire en date du 18 janvier 1999, le ministre de
l'Intérieur demande aux préfets de créer des commissions
départementales d'accès à la citoyenneté visant
à « faire reculer les discriminations » dont sont l'objet les
« jeunes nés de l'immigration ».
Le 11 mai 1999, au terme d'une table ronde qui réunit
des représentants de l'État et des partenaires sociaux, est
rendue publique une « déclaration de Grenelle sur les
discriminations raciales dans le monde du travail » qui propose une
série de cinq mesures destinées à les combattre.
Cette succession de manifestations publiques de
l'intérêt du gouvernement pour ce thème culmine avec la
convocation, le 18 mars 2000, des Assises nationales de la citoyenneté,
en conclusion
9
desquelles le Premier ministre annonce la création d'un
service d'écoute téléphonique gratuit à la
disposition des « personnes s'estimant victimes de discriminations
».
En marge de ces déclarations et de ces actions, une
série d'initiatives est prise par les services de l'État : le
Fonds d'action sociale oriente une partie de ses activités vers la lutte
contre les discriminations au travail ; l'Institut national du travail, de
l'emploi et de la formation professionnelle organise des formations pour les
inspecteurs du travail sur cette question ; les contrats de ville commencent
à l'intégrer, de même que les divers programmes de lutte
contre l'exclusion.
Enfin, l'appareil réglementaire français se met
en conformité avec le droit communautaire, avec l'adoption par
l'Assemblée nationale, le 3 avril 2001, d'une loi aménageant la
charge de la preuve dans le domaine de la discrimination au travail, afin de
faciliter la démonstration de la nature des faits par la victime, tandis
qu'une série de décisions des Chambres sociales et criminelles de
la Cour de cassation de 1999 et 2000 élargit les possibilités de
reconnaissance de discriminations, en recourant à des comparaisons de
déroulement de carrière afin d'établir les
différences de traitement et en se dégageant du critère
d'intention pour s'en tenir à des données objectivables.
S'il faut, bien entendu, faire la part des annonces à
visée électorale (donner des gages aux jeunes issus de
l'immigration, supposés démobilisés politiquement) et
à objectif pacificateur (atténuer la montée des
frustrations génératrices de violences dans les villes) dans cet
ensemble de gestes et de mesures des pouvoirs publics, on ne doit pas cependant
se méprendre sur leur sens et sur leurs effets.
Tout d'abord, les pratiques discursives ne sont pas simplement
des jeux de langage et l'on ne saurait les considérer comme moins
signifiantes politiquement ou moins efficaces socialement que d'autres
pratiques :
Énoncer dans des instances officielles l'existence de
(discriminations) et les rapporter à des (origines ou à une
couleur), mettre en place des dispositifs censés donner des moyens de
les connaître et de les comprendre, accepter d'en débattre dans
l'espace public, c'est produire des transformations dans la reconnaissance du
phénomène et la légitimité à le
combattre.
Ensuite, les dispositifs et les dispositions
évoqués ne sont pas des leurres avec lesquels on
prétendrait abuser les victimes et leurs défenseurs : des
institutions sont créées, des réglementations sont
édictées, des programmes de formation ou de recherche sont
lancés, des invitations à respecter l'égalité dans
le secteur public et dans le secteur privé sont faites, dont les acteurs
sociaux s'emparent,
10
souvent même au-delà de ce qu'attendent les
pouvoirs publics, contribuant à élargir un peu plus la
brèche qu'ils ont ouverte.11 »
Vue que la France est garante de la protection des
libertés individuelles et a mis des dispositions de lutte contre les
discriminations à travers des années quel que soit le motif de
couleur, ethnique, origine ou sexe et en regard des données
précédemment abordées, des questions ont
émergés :
-Quelles sont les raisons qui poussent les gens à
discriminer autrui rien qu'en se basant sur le critère religieux ?
-Pourquoi ces comportements existent-ils bien que des textes
de lois protègent les minorités et quels effets sur les
discriminés provoquent t'ils ?
Ces questionnements m'a permis de mettre en exergue la
question principale suivante : Est-que les comportements discriminatoires
basées sur des critères ethniques spécialement religieuse,
notamment la communauté musulmane (ou autre) dans la
société ou la laïcité est presque majoritaire
persistent ils encore ?
Le problème de discrimination auquel se trouve
confronté la plupart des composantes de la société, se
pose avec acuité au sein de la communauté musulmane en France. Il
apparaît non seulement dans les institutions publiques, mais encore dans
les rapports que chaque membre entretient avec la société.
Hypothèses de recherche :
Dans le cadre de notre travail, nous avons formulé une
hypothèse qui va être infirmée ou confirmée à
la fin.
-La discrimination persiste encore dans la
société entre individus à cause de leurs confessions
religieuse.
Dans toute société la présence de la
discrimination de toute sortes notamment religieuses guette toujours les
personnes qui sont susceptible d'être vulnérables comme les
étrangers la minorité d'une confession donnée, dans la
société français ce comportement négatif existe
toujours qu'il soit direct ou indirect qui a un impact sur la vie des citoyens
et de la société.
11Didier Fassin, L'INVENTION FRANÇAISE DE
LA DISCRIMINATION, Presses de Sciences Po. Paris, 2002, p 407 et 409
11
-La discrimination religieuse est présente dans presque
tous les secteurs de la société surtout dans le secteur où
les interactions sont importantes comme au travail.
Bien que la discrimination basée sur la
différence religieuse soit un fait, les lieux de déroulement de
ce fléau sont aussi nombreux de l'espace publique jusqu'au lieu de
travail et même entre amis et voisins.
-La discrimination a un impact négatif sur la vie
quotidienne des discriminés.
L'inégalité qu'engendre le comportement
discriminatoire provoque un sentiment de malaise et d'un vécu difficile
pour les personnes ayant été victimes de ce
phénomène les concernées se sentent comme
rejetés.
Cette frange de citoyens à la
spécificité, d'une part, d'avoir une culture et une histoire
familiale ou religieuse différente de la population Française
d'origine, d'autre part, d'avoir une pratique et un comportement un peu
spécifique ; mème s'ils ont vécu ou nés en France,
et ont pris des habitudes Françaises. Mème étant
Français ils devront être considérés et
regardés du mème oeil comme tout Français de souche or,
nous avons l'impression que ce n'est pas le cas.
Pour mettre cette recherche sous l'angle d'une approche
qualitative, il a été intéressant de recueillir les
données auprès de quelques individus, sous forme d'entretiens
semi-directifs.
Le choix de cette technique s'est avéré
nécessaire, car elle permet d'apprécier les
éléments exprimant le sentiment de ces individus par rapport aux
difficultés rencontrées dans leurs rapports quotidiens.
Selon Geneviève Imbert « L'entretien semi-directif
est donc une conversation ou un dialogue qui a eu lieu
généralement entre deux personnes. Il s'agit d'un moment
privilégié d'écoute, d'empathie, de partage, de
reconnaissance de l'expertise du profane et du chercheur. Ce dernier ayant
établie une confiance avec son informateur va recueillir un récit
en s'appuyant sur un guide préalablement testé et construit
à l'issue de travaux de recherche exploratoires ».12
Dans une première partie, nous identifierons les
discriminations que peuvent subir les individus de confessions religieuse
musulmane ou autre.
12 Geneviève Imbert, L'entretien
semi-directif: à la frontière de la santé publique et de
l'anthropologie ,Recherche en soins infirmiers 2010/3 (N°102),p.19
12
Dans le cadre de travail de terrain, nous préciserons et
analyserons dans une seconde partie les matériaux nécessaires
à la vitrification de l'hypothèse. Elle permettra la
présentation et l'analyse des résultats.
Enfin, dans une dernière partie, nous verrons en quoi des
éléments peuvent être un apport supplémentaire dans
le domaine social et nous en déduirons des perspectives de
prévention contre les discriminations.
Dans le chapitre qui suivra nous essayerons de définir
différents concepts et notions qui a un lien avec la discrimination
religieuse.
13
Première Partie
Cadre théorique :
-Chapitre I : Définitions des concepts,
Objectifs
-Chapitre II : Revue de littérature
-Chapitre III : Méthodologie
Chapitre I : Définition des concepts
14
Nous définirons, successivement les notions :
discrimination ainsi que la discrimination religieuse et nous verrons les
formes de discriminations.
I-1-Définition sociologique de la discrimination
:
« Le terme de discrimination correspond à un
comportement négatif non justifiable produit à l'encontre des
membres d'un groupe donné. Par exemple, le fait de refuser
l'entrée en boite de nuit à quelqu'un sur la base de son
apparence physique, de son sexe ou de la couleur de sa peau est un cas typique
de discrimination. »13
La discrimination ne concerne pas uniquement une
volonté claire de traiter différemment quelqu'un, mais aussi des
comportements dissimulés dits « indirects » ;« La
discrimination ne peut se contenter de prendre en compte les comportements
intentionnels, marqués par la volonté de traiter
différemment un individus parce qu'il appartient à un groupe
social particulier, mais doit également inclure la discrimination
indirecte, pour reprendre le terme juridique, ou subtil pour reprendre le terme
de la psychologie sociale, c'est à dire les actes qui mobilisent un
critère apparemment neutre (e.g une qualification élevée
mais qu'il n'est pas vraiment nécessaire pour un emploi donné)
mais aboutissent à une discrimination dans les faits ou discrimination
«cachés» (e.g on sait que certains groupes sociaux ont moins
accès à l'éducation et ont donc moins de
probabilité de de présenter le niveau le niveau e qualification
le plus élevé).
Stephanie Delaroisse en effet que mème les individus
qui revendiquent des idéaux d'égalité sont affectés
par des processus non conscients qui peuvent amener, malgré eux,
à discriminer, ce que le droit de la non-discrimination a
récemment intégré ».14
13 Jean-Baptiste Légal, Sylvain
Delouvée, Stéréotypes, préjugés et
discrimination, Dunod , 2015, p. 10
14 Travail, inégalités et responsabilité :
Actes du colloque organisé à l'occasion de la fondation du
CIRTES-UCL (Centre Interdisciplinaire de Recherche Travail, État et
Société) et en hommage à Georges Liénard, Presses
univ. de Louvain, 2010, p.161 et 162.
15
« La Cour suprême du Canada définit la
discrimination comme (une distinction, intentionnelle ou non, mais
fondée sur des motifs relatifs à des caractéristiques
personnelles d'un individu ou d'un groupe d'individus, qui a pour effet
d'imposer à cet individu ou à ce groupe des fardeaux, des
obligations ou des désavantages non imposés à d'autres ou
d'empêcher ou de restreindre l'accès aux possibilités, aux
bénéfices et aux avantages offerts à d'autres membres de
la F0 20 société).
Selon cette définition, la discrimination est un
déni d'égalité subi par un individu ou un groupe en raison
d'un critère illicite de distinction. Elle peut être directe ou
indirecte.
On parle de discrimination directe lorsqu'un
ou plusieurs des critères illicites selon la loi sont explicitement
invoqués pour dénier un droit ou une liberté. On parle de
discrimination indirecte lorsqu'une mesure produit un effet inégalitaire
pour un groupe de personnes identifiables selon un critère illicite
(phénotype, origine culturelle, âge, genre, religion, handicap),
sans que l'auteur de la mesure ait explicitement visé cet effet (Bosset,
1989, F0 20 1994 ; Ledoyen, 1992). L'exemple souvent cité est l'exigence
d'un poids ou d'une taille pour l'obtention d'un poste de policier ou de
pompier, laquelle de fait exclut les membres de certaines minorités
immigrées. La Cour suprême donna une valeur juridique à la
discrimination indirecte, la jugeant en 1985 une (discrimination par effet
préjudiciable) (Commission ontarienne des droits de la personne c.
Simpson Sears Ltd [1985] 2 R.C.S. 536).
On parle encore de discrimination systémique
quand des inégalités entre des groupes de personnes ne
sont pas imputables à un facteur repérable mais relèvent
d'un ensemble de facteurs, présents ou passés. Telle est la
sous-représentation dans certaines occupations de personnes issues des
minorités immigrées par rapport aux groupes dits majoritaires,
les Canadiens d'ascendance britannique ou française.
Aussi, la sous-représentation des membres des
minorités racialisées, dites (minorités F0 20 visibles),
dans les fonctions publiques a-t-elle été admise comme relevant
d'une discrimination systématique passée et présente, car
elle ne relève pas de caractéristiques admises comme sources de
différenciation économique (niveau de scolarité,
expérience de travail, durée de séjour pour les
immigrés, connaissance des langues officielles).
Des législations visent à la réduire,
dont au niveau fédéral la Loi sur l'équité en
emploi (1986), et au Québec les Programmes d'accès à
l'égalité en emploi (1985) et la Loi 143 sur l'accès
à l'égalité en emploi dans des organismes publics
(2000).
16
On distingue encore la discrimination selon sa source. On
parle de discrimination institutionnalisée lorsque des
lois et mesures publiques excluent intentionnellement des personnes de la
jouissance d'un droit que les autres se voient reconnaître.
Ce déni de droits ou libertés a, par exemple,
existé de 1908 aux années 1960 quand des quotas très
faibles étaient appliqués aux ressortissants de pays du
Moyen-Orient ou en 1885 quand les immigrés chinois se virent imposer une
taxe d'entrée au Canada. Enfin, on parle de discrimination voilée
(Kunz, Milan et Schetagne, 2001), coutumière (Ledoyen, 1992) ou
volontariste (Mc Andrew et Potvin, 1996) pour désigner des attitudes ou
pratiques privées qui, à partir d'un critère illicite
selon la loi, portent à exclure des personnes de sphères de la
vie sociale quotidienne.
Ces pratiques présentent la caractéristique
d'être difficile à prouver, peu documentées et non
chiffrées, et aussi de rarement donner lieu à des plaintes. Mais
leurs effets sont observables, comme la faible présence de membres de
certains groupes ethnoculturels dans des zones d'habitat, dans des associations
et clubs et dans les réseaux sociaux d'autres groupes (collègues,
voisins, amis, intermariages). Dans le cas des personnes de confession
musulmane, ces formes de discrimination peuvent être attestées
dans des domaines et difficiles à confirmer dans d'autres
».15
« La discrimination peut être inscrite dans la loi
d'un Etat, comme ce fut le cas en Afrique du Sud pendant l'apartheid. Mais le
plus souvent, elle résulte de la non-application des lois protectrices
des droits humains. Invoquant la tradition, l'efficacité
économique ou encore la spécificité de certains groupes,
nombre de populations et de gouvernements la tolèrent naturellement.
Le droit international retient trois critères dans la
définition de la discrimination : un traitement défavorable, qui
repose sur une base illégitime et dépourvue de justification
objective. Pour qu'un acte constitue une discrimination, il doit se rapporter
à un critère illégitime : appartenance ethnique, religion,
origine nationale ou sociale, langue, apparence physique, ascendance, sexe,
orientation sexuelle, âge ou handicap.
La discrimination peut prendre diverses formes à
commencer par la privation de droits fondamentaux, comme la circulation, la
nationalité ou encore la liberté d'expression, de religion ou
d'orien-tation sexuelle...
15 Revue européenne des migrations
internationales, vol. 20 - n°1 | 2004, p. 02 et 03.
17
Elle peut aussi générer des traitements
inégaux et défavorables au niveau de l'emploi, du logement ou
encore de l'accès à l'éducation et aux soins. Mais la
discrimination peut aussi prendre des formes indirectes, servant ainsi de socle
à la violation d'autres droits humains comme la privation des
libertés, des traitements cruels et dégradants, des crimes contre
l'humanité. Les femmes, les minorités sexuelles et les
minorités ethniques restent les principales victimes de ces
discriminations.
I-2-Formes de discriminations :
I-2-1-Distinction lorsque
les contrôles de police visent systématiquement des jeunes hommes
à la peau foncée.
I-2-2-Exclusion lorsque les
Roms se voient refuser des documents d'identité.
I-2-3-Restriction lorsque la
liberté de rassemblement est refusée aux homosexuels, lesbiennes,
bisexuels ou transsexuels.
I-2-4-Préférence
lorsque des logements sont attribués de
préférence aux ressortissants d'un Etat.
I-2-5-Séparation
lorsque des enfants roms sont systématiquement
scolarisés dans des classes ou écoles séparées,
sans tenir compte de leurs capacités ni de leurs besoins.
Refus d'équipements adéquats lorsque des
bâtiments publics ne sont pas accessibles en chaise roulante
».16
I-3- Définition de la discrimination religieuse :
Les victimes de discrimination agissent la plupart du temps sur
le fondement du droit pénal ou droit
du travail.
I-3-1-Selon le droit :
I-3-1-1- Par le droit pénal
La discrimination religieuse est une distinction
opérée entre les personnes à raison de leur appartenance
ou leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion
déterminée.
16
https://www.amnesty.ch/fr/themes/discriminations/faits-chiffres-et-notions-de-base/definition-quest-ce-que-la-discrimination,
consulté le : 23 /04/2019.
18
Cette discrimination peut être directe
(c'est-à-dire fondée sur un critère interdit comme les
opinions religieuses) ou indirecte (c'est-à-dire se présentant
comme basée sur un critère neutre qui entraîne des effets
défavorables à l'égard d'une certaine catégorie de
personnes). Si la discrimination religieuse est retenue pour les distinctions
fondées sur l'appartenance vraie ou supposée à une
religion, l'article 225-1 du Code pénal ne s'applique pas aux
différences de traitement fondées sur l'appartenance à des
mouvements spirituels qui ne constituent pas de véritables religions (CA
Paris, 25 mars 1996, pour "l'église" de Scientologie).
Pour que le délit de discrimination soit
constitué, il faut démontrer des agissements interdits et
l'intention discriminatoire de leur auteur.
En ce qui concerne la matérialité des faits, le
droit pénal ne réprime que la discrimination intervenue dans 5
situations spécifiques :
- Refus de fourniture d'un bien ou de service.
- Entrave à l'exercice normal d'une activité
économique
- Refus d'embauche, sanction, licenciement
- La subordination de la fourniture d'un bien ou d'un service
à un critère discriminatoire
- Offre d'emploi, de stage, de formation en entreprise
discriminatoire.
En ce qui concerne l'élément intentionnel,
l'auteur des faits doit avoir agi dans une intention discriminatoire, en ayant
conscience de se livrer à des agissements réprimés par la
loi. Peu importe qu'il ait de l'animosité personnelle ou non à
l'encontre de personnes d'une religion déterminée.
I-3-1-2- Par le Code du travail :
L'article L1132-1 interdit les pratiques discriminatoires dans
les relations de travail.
L'article L1321-3 dispose en outre que le règlement
intérieur ne peut comporter de dispositions lésant les
salariés dans leur emploi et leur travail en raison de leurs opinions ou
confessions. Toute disposition contraire ou toute acte contraire serait nul.
L'article L1121-1 rappelle que "nul ne peut apporter aux
droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de
restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la
tâche à accomplir ni proportionnées au but
recherché".
19
La liberté religieuse conférée au
salarié ne peut donc nuire au fonctionnement normal de l'entreprise.
Ainsi, sauf autorisation spéciale, le salarié ne peut
prétendre justifier des absences ou des refus de travail par des
exigences religieuses (voir ci-dessus).17
L'article 225-1 du Code pénal définit la
discrimination comme une distinction entre plusieurs personnes. La
discrimination religieuse consiste « en une différence de
traitement entre les individus en raison de leurs convictions religieuses ou de
leurs appartenances ou non appartenance vraie ou supposée à une
religion ».
Constitue également un acte de discrimination
religieuse toute distinction opérée entre les personnes physiques
en raison de leurs origines, de leurs appartenances ou de leur
non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion
déterminée (Code pénal Art.225- 1 & 1
).18
I-4-La sociologie et la religion :
La sociologie s'est très tôt
intéressée aux phénomènes religieux, notamment
à travers les travaux d'Emile Durkheim et de max Webber. Au coeur de
leurs études : la société moderne et les changements
profonds engagés à l'égard de la religion. Emile Durkheim
père fondateur de la sociologie, définit cette discipline comme
« un système solidaire de croyances et de pratiques relatives
à des choses sacrées, c'est à dire séparées,
interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même
communauté morale appelé Eglise tous ceux qui adhérent
». 19
Les valeurs religieuses façonnent la vie sociale, et
notamment l'attitude des hommes face au monde. Elles régissent aussi
tous les aspects de la vie profane.
Les grandes religions qui s'adressent aux hommes ont une
dimension séculière. Elles rappellent aux hommes sans cesse de
l'existence de l'au-delà, et ne vise enfaite qu'à orienter dans
un sens donné sa vie d'ici-bas. La religion est une voie qui guide,
oriente, donne un sens à la vie, lui conférant une
finalité appelée `salut, bonheur, nirvana'...
En lien avec cette fonction essentielle, toutes les religions
doivent être appréhendés comme un ensemble de faits
à travers de modalités de croyances et de pratiques.
17
https://www.murielle-cahen.com/publications/preligion.asp
consulté le : 26/02/2019 à 13h44.
18 Fatima Ashouri, Le salarié Musulman en France :
réalités et perspectives, Michalon, Paris, 2013, p.61
19Emile Durkheim, les formes élémentaires de la
vie religieuse, 5eme édition, Paris PUF,2003.
Charles Y. Glock, en 1962, distinguait cinq dimensions de la
religiosité : « une dimension basée sur l'expérience
religieuse, une dimension ritualiste sur les pratiques et les actes, une
dimension idéologique sur les croyances et les sentiments religieux, une
dimension intellectuelle relative à la connaissance des textes
sacrées, et enfin une dimension basée sur les conséquences
dans les différents domaines de la vie (pratiques et croyances
religieuses qui découlent de l'expérience)
».20
20
20C.Y Glock, On the story of Religieuse Commitement,
Research supplement, Religiouse Education, 1962, in the sociologie des
religions, Jean-Paul Willaime, Paris PUF (Coll. « Que sais- je ?»),
2004.
Chapitre II : Revue de littérature
21
Dans ce chapitre, nous allons tenter de mettre en
lumière quelques études de recherche réalisée
précédemment et qui sont en relation avec mon thème. Nous
avons compté un nombre de travaux qui illustrent la discrimination en
générale et religieuse en particulier.
Une étude publiée par l'Organisation
internationale du travail et le défenseur des droits montre que les
convictions religieuses ne sont pas un facteur de discrimination important.
Seulement 2,1 % de la population active auraient subi des
discriminations en raison de leurs convictions religieuses au travail. C'est ce
qui ressort du 10e baromètre du défenseur des droits et de
l'Organisation internationale du travail (OIT), sur les discriminations dans
l'emploi publié jeudi 23 mars.
L'étude montre que l'emploi reste le premier vecteur de
discrimination. 34 % des personnes interrogées déclarent avoir
été victimes de discrimination au cours de leur carrière
ou dans leur recherche d'emploi. L'univers professionnel est loin devant les
relations avec le voisinage (8 %), l'école ou l'université (8 %),
les relations avec les services publics (7 %), les lieux de loisirs (6 %), les
contrôles de police (6 %) ou la recherche de logement (5 %).
Pour Nathalie Bajos, directrice de la promotion de
l'égalité et de l'accès aux droits du Défenseur des
droits, le faible taux des discriminations liées aux convictions
religieuses s'explique par le fait que « (l') on attribue aujourd'hui
à l'origine des personnes des discriminations que l'on attribuait
auparavant à la religion ». Une personne d'origine
maghrébine étant par exemple systématiquement
considérée comme musulmane.
Les hommes sont plus touchés par ces discriminations
que les femmes. 2,4 % d'entre eux estiment en avoir été victimes,
contre 1,7 % pour les femmes.
Les personnes les plus touchées pour leur appartenance
à une religion sont « les musulmans et les personnes de confession
juive » selon Nathalie Bajos.
22
Dans l'ensemble, en dehors du critère religieux, il
ressort de l'étude que les femmes subissent plus de discriminations que
les hommes. Elles sont plus nombreuses à déclarer des
discriminations liées à l'âge, au sexe, à la
maternité et au handicap ou à l'état de
santé.21
Dans le plan international, Le Comité
Arabo-Américain Anti-discrimination de Washington DC, a apporté
que, dans le mois qui a suivi les attaques terroristes de 11 septembre 2001, il
y'eut 270 incidents violents contre les Arabo-Américains, dont 5
meurtres (Bresleau, 2001). Le FBI a révélé que le nombre
de crimes de haine contre les musulmans a augmenté de 28 en 2000
à 281 en 2001, soit une multiplication par 10 (Cité dans Humans
Rights Watch, 2002).
Les violences contre les mosquées ont aussi
augmenté de façon dramatique après le 11 Septembre. Ainsi
:
? Quatre adolescents ont brulé un centre
oecuménique à Oswego, New York.
? Une personne déclarant haïr les musulmans a
lancé son pick-up contre une mosquée à Tallahassee,
Floride.
? Des vandales se sont introduits dans une mosquée en
construction à Milpitas, Californie, pour y inscrire des insultes.
Ø 13 ou 14 tirs d'armes ont été
constatés au Centre Islamique de Irving.Texas (Cité dans Humans
Rights Watch, 2002). Au 1er Octobre 2001, 60 mosquées avaient
été attaquées (Van Biema, 2001).
Dans un sondage réalisé pour CNN/USA
Today/Gallup quelques jours après le 11 septembre, les personnes
interrogées été partagées quant à
l'attribution d'une carte d'identité spéciale à tous les
Arabes vivant aux Etats Unis, y compris les citoyens Américains
(Cité dans Van biema, 2001).
La majorité des Américains soutenaient alors
l'idée de dresser le profil des Arabes (même citoyens
Américains) à un contrôle de sécurité
particuliers avant leurs embarquements dans les avions, selon un sondage Gallup
réalisé à la fin de Septembre 2001 (Wisby,2001).
21 Article sur :
https://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Peu-discriminations-travail-fait-convictions-religieuses-2017-03-23-1200834240,
consulté le 04/03/2019.
23
Même en Aout 2002, la majorité des
Américains sondés étaient d'accord pour dire qu'il y'avait
aux Etas Unis trop d'immigrants en provenance des pays Arabes, en Mars de cette
même année, 60 % étaient en faveur de la réduction
de nombres d'arabes autorisés à entrer sur le territoire
Américain (Gallup Organization, 2002).22
Etude de Marie Ann-Valfort, Discriminations
religieuses à l'embauche :
Une étude du cabinet Montaigne publiée jeudi 8
octobre indique qu'un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux
fois moins de chances d'être convoqué en entretien qu'un
catholique pratiquant, sur le marché du travail, mieux vaut
paraître catholique, que musulman ou juif: une étude de l'Institut
Montaigne publiée jeudi 8 octobre révèle de « fortes
discriminations » à l'embauche liées à la religion,
surtout envers les musulmans pratiquants.
Les chiffres sont éloquents: un candidat perçu
comme musulman pratiquant a deux fois moins de chances d'être
convoqué en entretien qu'un catholique pratiquant (10,4 % contre 20,8
%). L'écart est encore plus grand si l'on isole les hommes: 4,7 % contre
17,9 %, du simple au quadruple.
Ces discriminations frappent aussi les juifs pratiquants, mais
moins. Leurs chances d'être convoqués sont inférieures de
24 % à celles des catholiques, un écart qui varie peu selon le
sexe.
II-1-Méthode: candidatures fictives :
Pour cette étude, la chercheuse Marie-Anne Valfort a
envoyé, entre septembre 2013 et septembre 2014, des candidatures
fictives à 6 231 offres d'emploi de comptables, assistants et
secrétaires comptables en métropole. Elle a ensuite
comparé le taux de convocation des candidat(e)s.
La maîtresse de conférences à
l'université Panthéon-Sorbonne a créé des profils
identiques en tous points, à l'exception de la religion: des
Français d'origine libanaise, nommés Haddad, nés à
Beyrouth en 1988, arrivés en France au début du lycée en
2003, naturalisés en 2008 et titulaires d'un BTS comptabilité.
22 Mary Kite, Bernard Whitley, Psychologie des
préjugés et de la discrimination, De Boeck Supérieur,
2013, p.11
24
Trois éléments suggèrent leur
appartenance religieuse: leur prénom - Dov et Esther pour les juifs,
Michel et Nathalie pour les catholiques, Mohammed et Samira pour les musulmans
-, leur scolarité dans une école confessionnelle et leur
engagement dans l'association de scoutisme de leur communauté.
Résultat sans appel: les musulmans « sont beaucoup
plus discriminés » par rapport aux catholiques en France « que
ne le sont les Afro-Américains par rapport aux Blancs aux
États-Unis », compare l'étude.
Et selon son auteure, le testing, qui s'arrête avant
l'entretien, « sous-estime probablement les discriminations: toutes les
études montrent que la discrimination est présente à
chaque étape du recrutement ».
II-2-Risque d'insubordination :
Pourquoi une telle discrimination des musulmans? L'islam
souffre d'une « image dégradée en France », explique
Marie-Anne Valfort à l'AFP.
« Des enquêtes montrent que les Français
associent spontanément l'islam à l'extrémisme religieux et
à l'oppression de la femme », poursuit-elle. « Ces deux
stéréotypes vont alimenter une discrimination très forte,
en particulier à l'égard des hommes musulmans. Le recruteur les
perçoit comme un risque accru de pratique religieuse transgressive sur
le lieu de travail et les associe à un risque d'insubordination.
»
Pour étayer cette thèse, Marie-Anne Valfort a
créé des profils « laïcs » mentionnant un
engagement dans une association de scoutisme laïque. Elle a comparé
leur taux de convocation avec celui des « pratiquants ».
L'impact est limité pour les candidats(e)s juifs, mais
pas pour les hommes musulmans: en se montrant laïcs, ces derniers doublent
leurs chances.
À l'inverse, les catholiques « perdent à
s'afficher comme laïcs », surtout les hommes, dont les chances
d'être convoqués sont presque divisées par deux.
« Il est probable que l'attachement des hommes au
catholicisme soit perçu par les recruteurs comme un gage précieux
de discipline », suggère l'étude.23
En 2004, une loi est introduite en France pour interdire aux
élèves le port de tout signe religieux ostentatoire dans le cadre
de l'école publique. Visant avant tout le foulard islamique, le projet,
puis l'application de la loi ont suscité un vif débat sur le
rapport de la société française à « sa
minorité musulmane » (Benbassa, 2004), essentiellement des
migrant(e)s du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne et leurs enfants
nées sur le sol français - étant donc de
nationalité française.
25
23 Marie Ann-Valfort, Discriminations religieuses à
l'embauche : Une réalité, Institut Montaigne, Paris 2015,
Chapitre III : Méthodologie.
26
III-1-Terrain d'enquête et d'études :
Pour le choix de notre thème d'étude, nous avons
pris contact avec quelques personnes et familles de confession musulmane soit
dans la rue ou dans leurs foyers qui exposent les différentes situations
qui paraissaient discriminante à leurs égards, soit dans leur
vécu quotidien ou dans leur travail.
Notre choix s'est porté sur divers personnes musulmanes
rencontrées dans différentes villes dans le but de diversifier
les données recueillis sur le thème de la discrimination
chacun(e) apporte un élément supplémentaire sur sujet
très sensible.
Que ce soit des personnes individuelles ou une famille
reconvertie ou pas, il nous a paru intéressant d»aller à la
rencontre de ces gens qui ont accepté de se confier et de partager un
peu de leur ressenti de tous les jours dans différents endroits les uns
préfèrent garder l'anonymat les autres ne voient pas
d'inconvénients.
Nous avons pu avoir un entretien d'environs 40 à 45 min
par personne selon sa disponibilité vue que certains sont contraint
à aller au travail et n'ont pas le temps pour les entretins nous avons
pu nous adapter et trouver des solutions pour se rencontrer et procéder
à l'interview.
Nous avons pu prendre des notes rapides de leurs
réponses de chacun des événements vécus par les
interviewés aussi variés soient-ils.
III-2-Méthodes d'enquête :
Pour réaliser une recherche, on doit utiliser une
méthode bien déterminée. Dans le but de vérifier
les hypothèses relatives à mon thème, pour pouvoir les
vérifier et pouvoir confirmer ou infirmer ces dernières. J'ai
utilisé une méthode et une technique adéquate pour
rassembler les informations et mesurer le phénomène
étudié.
Afin d'arriver à des résultats objectifs
escomptés, les chercheurs imposent de suivre telle ou telle
méthode ou des techniques adaptées aux questions de
départ.
27
Préalablement à mon engagement sur le terrain,
j'ai planifié l'usage de la méthode qualitative pour recueillir
les informations nécessaires qui peuvent me permettre d'approfondir mon
étude.
Cette étude passe par deux étapes de recherche,
la première consiste à identifier les comportements
discriminatoires vécu par des personnes de confession religieuse
musulmane, avec quelle fréquence et leurs causes, tandis que la
deuxième phase comporte l'analyse des données
récoltées.
Raphael Desanti et Philippe cardon affirment que : « les
enquêtes qualitatives permettent d'entrer plus longuement dans les
logiques des conduites individuelles grâce aux techniques d'entretien ou
aux méthodes de l'observation ethnologiques (...).
L'intérêt des enquêtes qualitatives est de gagner en
profondeur, de restituer les logiques des conduites et des discours de
manière plus approfondie ».24
III-3-La technique :
Maurice Angers considère la technique comme :
« La technique représente un ensemble de
procédés et d'instruments d'investigation utilisés
méthodologiquement »25
Les techniques de recherche sont les outils qui permettent de
recueillir des informations dans la réalité. Elles indiquent
comment accéder aux informations de l'objet d'étude. Ces
techniques représentent les principaux moyens d'investigation de la
réalité sociale auprès de la population visée.
Dans la mesure où ma recherche s'articule autour de la
discrimination religieuse et pour mieux déterminer les données
des personnes questionnées ainsi que leurs attitudes et opinions, j'ai
opté pour la technique de l'entretien.
Cette approche qualitative offre une liberté et
facilite aux interlocuteurs de mieux s'exprimer afin de nous fournir plus
d'informations, ce que le questionnaire et la méthode qualitative ne
peuvent offrir.
Cet outil m'a permis d'accéder à un maximum
d'authenticité des discours, selon Raymond Quivy : « L'entretien
est une technique de collecte d'information orale, un événement
de parole qui se produit dans une situation d'interaction sociale entre un
enquêteur et un enquêté (sauf l'entretien collectif).
24 Raphael DESANTI, Phillipe CARDON, L'enquête qualitative
en sociologie, Edition ASH, Paris 2007, p.p.46-47.
25 Angers Maurice, Initiation pratique à la
méthodologie des sciences humaines, Edition Casbah, Alger, page 66.
28
C'est la raison pour laquelle il ne saurait être
réduit à une simple démarche de prélèvement
d'informations : le discours de l'acteur interrogé est prononcé
in situ. Et de ce fait, la situation d'enquête conditionne à la
fois la réalisation de l'entretien et l'interprétation du
matériau recueilli »26. Ces raisons m'amènent
à utiliser la technique d'entretien dans ma recherche afin de cerner et
connaitre au mieux mon objet d'étude.
III-4-Le Guide d'entretien :
Le guide d'entretien est défini selon Alain Blanchet
comme : « Un ensemble organisé de fonctions, d'opérateurs et
d'indicateurs qui structurent l'activité d'écoute et
d'intervention de l'interviewer. Le degré de formalisation du guide est
fonction de l'objet d'étude (multi dimensionnalité), de l'usage
de l'enquête (exploratoire) et du type d'analyse que l'on projette de
faire
».27
L'approche qualitative s'est imposée comme étant
la plus à même de nous aider à répondre à
notre problématique. Car cette approche utilise une forme de recherche
qui utilise des techniques spécialisées pour obtenir des
réponses approfondies.
Elle s'appuie généralement sur des entretiens
peu nombreux auprès des personnes généralement choisies
pour leurs particularités.
Par ailleurs l'étude de ce programme d'action qu'est la
discrimination religieuse et du vécue quotidien de ces personnes femmes
ou hommes qui ne peut être visible à l'aide de questionnaires.
Nous avons dans un premier temps jugé utile de rencontrer un
échantillon de ces personnes en vue de recueillir leurs propos, les
entendre dire leurs histoires personnelles, au-delà de la simple mesure
de quelques critères, qui comme le souligne Jean-Claude Kaufmann, «
fixe le cadre mais n'explique pas, alors que l'histoire des individus
l'explique ». Mais d'une manière rapide à cause du temps
l'un il doit travailler l'autre n'a pas le temps.
L'entretien est donc la principale méthode
d'enquête que nous avions utilisée. Toutes fois il paraît
très important de souligner les conditions de réalisation de ces
entretiens. Très rapidement, nous avons été
intéressés par le thème de discrimination religieuse
(musulmane) tous secteurs confondus.
26 Raymon, Quivy et al, Manuel de recherche en
sciences sociales, Edition Dunod, paris, 1995, p.184.
27 Alain Blanchet et al, (sous la direction de
François de singly), l'enquête et ses méthodes
d'entretiens, NATHAN, paris, 1992, p.61
29
Il a fallu s'adapter à la disponibilité des
enquêtés et les rencontrer pour pouvoir obtenir des informations
susceptibles de nous aider à élaborer ou à rédiger
un travail scientifique. Ce fut difficile d'obtenir la confiance des individus
et de les rencontrer à la fois à cause de l'emploi du temps de
notre côté et du coté de l'enquêté.
Ci-dessus le tableau qui indique les personnes
questionnées, leurs positions, ainsi que les lieux et la durée de
l'entretien :
Tableau N° 01 :
caractéristiques principales des enquêté(e)s :
N°
|
Durée
|
Détails sur l'entretien
|
Infos sur l'interviewé
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01
|
45 min
|
Lieu : Algrange
|
A1, femme au foyer,33 ans
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02
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48 min
|
Lieu : Thionville
|
A2, taxieur, 28 ans.
|
03
|
40 min
|
Lieu : Borny
|
A3 (Couples musulman)
|
04
|
42 min
|
Lieu : Metz
|
A4, 29 ans, études comptable
|
05
|
40 min
|
Lieu : Nancy
|
A5 42 ans, marié ADS
|
06
|
43 min
|
Lieu : Metz
|
A6, 28 ans, célibataire, salarié
|
Aperçu des entretiens réalisés
:
La première personne interviewée est une femme
sous le pseudonyme A1 qui après sa reconversion a changé de
prénom, âgée de 33 ans, avec 03 enfants à sa charge
seule.
Elle n'est pas mariée mais a été avant sa
reconversion vivait en couple avec un homme dans les environs d'Algrange il
y'avait 02 ans mais se sont séparées maintenant ; elle n'a jamais
été assujettis à un problème discriminatoire avant
qu'elle ne se reconvertisse, mais d'autres éléments seront
rapportés durant notre entretien avec elle.
Ensuite nous avons interviewé A2 originaire de l'ile de
la réunion, âgé de 28 ans et vit maintenant à
Thionville, il travaille comme taxieur séparé de sa compagne avec
02 enfants à charge ; de confession musulmane depuis sa naissance.
30
Après nous avons rencontré un couple à
Borny A3 la femme âgée de 34 ans et le marie de 41 ans, à
la recherche de l'emploi avec un enfant à leurs charges, des
éléments à propos de leur recherche de travail au
quotidien seront rapportées durant notre conversation.
On a aussi rencontré une libanaise âgé de
29 ans qui a fait des études de comptable, elle est à la
recherche d'un emploi et elle n'arrête pas de passer des entretiens
d'embauche A4.
L'autre bénévole A5 est interviewé dans
un café à Nancy un père de de deux enfants,
français d'origine de Congo et il travaille dans la
sécurité privée.
Et enfin, une autre connaissance A6 en congé venu
passer quelques jours en France et vient de passage à Metz, de
confession chrétienne du Maghreb, célibataire et salarié
il va nous confier comment il pratique sa religion au quotidien et comment son
entourage le prennent et acceptent-ils sa reconversion.
31
Deuxième Partie :
Analyse et interprétations des
résultats
-Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre
ls individus basé sur la confession religieuse.
-Chapitre V : Domaines de la discrimination
religieuse.
-Chapitre VI : Discrimination religieuse et effets sur
les discriminés.
Chapitre IV : La persistance de la
discrimination entre individus basé sur la confession religieuse.
32
Nous consacrons ce chapitre à l'analyse des
données collectées, nous nous appuyons sur les résultats
des entretiens dédiés aux. Nous allons donc, dans cette partie de
notre travail, coordonner personnes de confessions religieuses musulmane et un
cas chrétien et organiser les différentes informations
récoltées par le biais des entretiens qu'on a pu réaliser
avec un nombre de six (06) interviewés.
Durant la vie quotidienne, les personnes ayant des convictions
religieuses peuvent être soumis à des cas de comportements
d'exclusion vis-à-vis de la population avec une confession
différente, personne n'est à l'abri de cette situation surtout
dans ce monde actuel ou la politique a pu entrer dans la vie intime religieuse
des gens.
Nos enquêtées nous ont apportés quelques
réponses sur leurs vies de tous les jours comment l'entourage agis quand
ils savent qu'une personne a une religion donnée, c'est le cas d'une
certaine femme A1, mère célibataire, sans emploi reconvertie
à la religion musulmane récemment, elle nous a
révélé que les voisins n'ont pas toujours compris pourquoi
elle a pu se reconvertir à une religion et ça se ressens par
leurs discours et par leurs comportements :
« Euh...avant ma reconversion dans ma nouvelle
religion découverte avec une amie, j'avais aucun problèmes avec
mes voisins, notamment avec ma voisine d'en face une mamie qui était
sympas avec
moi (un bref moment de silence) ; mais après
qu'elle avait su que je m'étais mise à la religion musulmane
et que leur père était de même origine, ses
réflexions avaient changés vis-à-vis de moi et de mes
enfants... ils ou vous mangez du porc ?...comment vont les petits AKBAR »
et franchement ces petites phrases me plaisent pas du tout....mais du
tout.
Elle nous a dit aussi que les attitudes ont changées et
qu'il y'a une certaine gêne :
« Euh ben, peut-être parce que j'avais plus les
mêmes habitudes que j'avais avec elle avant et les mêmes sujets de
conversation et le fait que quelques de mes habitudes ont changés comme
la nourriture par exemple... cela la gênait »
(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)
33
Le deuxième enquêté qui porte un nom
musulman A2 avec des enfants, taxieur, nous rapporté qu'après que
la police l'arrête à plusieurs reprises et lui demandent ses
papiers, ils l'embarquent et le laissent en garde à vue après ils
le relâchent sans vraiment lui dire les raisons valables :
« Mon histoire est que je me suis fait suivis et
embarqué par la police plusieurs fois et le motif est bidon, et pourtant
je suis clean je n'aime pas les embrouilles tout ça parce que je suis
peut-être noir et mon nom est Karim et automatiquement musulman «
nuisant » ?
Je ne sais pas, en tout cas c'est mon impression quand je
suis embarqué, quand je leur dis pourquoi cette habitude à
m'arrêter, ils me disent fouille de routine !» ;
Il ajoute : « Je ne sais pas exactement,
peut-être qu'ils me confondent avec un autre mais ce n'est pas une seule
fois c'est presque à chaque occasion, et ils vérifient mes
papiers à chaque fois me garde quelques heures et me relâchent, je
ne comprends pas ! » (A2 taxieur, 28 ans, Thionville).
Le troisième interviewé qui est une femme de 34
ans à la recherche d'emploi, mariée, avec des enfants
(voilée), pour elle il est difficile de décrocher un emploi et le
voile est mal vu par les employeurs :
« Je ne peux savoir car c'est une impression qui est
enfouie à l'intérieure des personnes, mais ce que j'ai comme
impression c'est le fait que dans la recherche d'un emploi c'est un peu
gênant d'être voilée surtout dans une société
ou les femmes sont civilisées, dans un entretien d'embauche pour
intégrer un atelier de couture le gérant m'avait demandé
carrément d'enlever le voile il y'a de ça trois mois environs
».
Elle nous a confiée aussi quelquefois elle se sentait
différente à cause de regard de certaines personnes :
« En général rien de particuliers
surtout quand c'est des personnes que je connais, peut être des fois je
remarque des regards un peu ...comment dire ...euh...fuyants, un petit peu
interrogatif je ne sais pas quel mot exact utiliser comme si je suis un peu je
dis bien un peu différente ».
(A3, (Couple musulman), Borny)
34
A4, âgée de 29 ans, comptable à la
recherche d'un emploi, d'origine libanaise, pour elle a l'impression de ne pas
être à la hauteur de ces collègues de confession
différente, car elle a remarqué que ces collègues
décrochent dans pas longtemps du travail, tandis qu'elle n'arrive pas
encore et pourtant elle affirme que l'entretien s'est bien
déroulé :
« Intimidante non ce que je trouve curieux cet dans
ma recherche de l'emploi ça fait 08 mois que je cherche du travail sur
le net et directement avec entretien d'embauche que sur le coup j'ai
l'impression d'avoir bien répondu aux questionnements mais des
réponses y'en a pas, alors que j'ai des amies non musulmanes ils ont
bien commencé le travail deux semaines après leurs
entretiens...je ne sais pas peut être que le problème vient de moi
! (Avec un air interrogatif) ».
Elle ajoute aussi qu'elle ressent du louche dans le processus
de sélection quelque part « Avec mes relations tout est OK mais
je sens un peu du louche pour décrocher un poste ». (A4, 29
ans, études comptable, Metz)
L'autre enquêté A5 marié deux avec enfants
âgés de 42 ans mon origine est de Congo, travaille comme agent de
sécurité privée.
L'enquêté nous a confié que son employeur
ne veut pas le laisser se reposer le dimanche et laisser faire sa prière
le vendredi et ne comprenait pas les raisons et pourtant c'est une
liberté d'exercer sa religion :
« ...Mais je demande à mon employeur de ne pas
travailler le dimanche mais de le faire le samedi et toute la semaine en raison
de ma et je pars prier à la mosquée les Vendredis, mais il me
donne du travail même ce jour toute la journée ce qui fait je suis
obligé d'assurer mon gardiennage et laisser la prière pour la
nuit ».
A cause de son travail qui lui prends tout son temps il n'a plus
le temps de faire ses prières :
« Eh ben non, je m'habille à
l'européenne et mes pratiques religieuses je ne les exprime pas face
à l'autre, mes prières je les fais que chez moi ou les vendredis
à la mosquée ».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
35
La dernière personne à être interviewé
sur la question de discrimination est de confession chrétienne de 28 ans
du Maghreb de passage en France,
Il nous a dit que contrairement aux pays laïcs les pays ou
la religion est prioritaire ou intégrée dans la constitution il
est très difficile d'exercer ses rituels religieux car la population le
prend mal vu comme un mécréant :
« Vous savez ici la question de différence
religieuse est pas la même car c'est un pays laïc, au Maghreb
être d'une confession autre que musulmane est un peu vu d'une
manière particulière ils me posent pourquoi ta choisie
d'être chrétien si quelqu'un le découvre par exemple
».
Il affirme aussi que la liberté religieuse est absente
dans l'environnement maghrébin, il faut s'intégrer au groupe et
suivre la collectivité :
« Non, je ne les exprime difficilement pas comme mon
séjour ici, déjà au Maghreb il y'a plus de mosquées
que d'église, et franchement pratiquer ma religion est mal vu par mon
entourage comme mes amis surtout s'ils sont différés de moi
religieusement ».
L'absence des églises dans le village contrairement
à la présence des mosquées et quelquefois il cache
même son orientation religieuse pour certains :
« Il y'a pas d'église dans mon village par
exemple et je pratique mes prières chez moi à l'abri des regards
des autres certains de mes connaissances ne savent même pas que je suis
chrétien ». Aussi il nous confie qu'il est gêné
d'afficher son orientation dans une majorité musulmane :
« Contrairement à l'Europe être autre que
musulman est très difficile, on vous voit
comme ...comment dire comme un mécréant comme
quelqu'un qui ne suis pas le groupe qui n'est pas dans les normes et les
mêmes valeurs, je suis très gêné de parler de ma
religion chez moi soit au travail ou avec mes amis ». (A6, 28 ans,
célibataire, salarié, Metz)
Il parait donc que notre hypothèse d'où la
minorité musulmane est confronté quotidiennement à la
discrimination à cause de leurs appartenance religieuse.
(Souvent indirect) dans tous les secteurs surtout au travail ou
à l'embauche est vérifiée et confirme qu'il y'a encore la
présence de discriminations basé sur l'orientation religieuse.
Chapitre V : Domaines de discriminations
religieuse.
Les endroits ou peut surgir les discriminations sont
nombreuses, personne n'est à labri de tels pratiques surtout quand il
s'agit de minorités ou de libertés religieuses, pour notre
première enquêtée A1 a évoqué que son
voisinage tient des propos diffèrent et gênant depuis qu'ils ont
su qu'elle a changée de religion elle affirme que la voisine qui est une
grande mère qui l'agace :
« Ben ...non je suis mère au foyer je ne peux
pas travailler je consacre la plupart de mon temps pour eux, à part mon
voisinage qui parfois... », elle nous a dit aussi que son entourage a
développé certains clichés énervant sur sa nouvelle
confession, comme des commentaires sur la nourriture, elle l'affirme ainsi :
« Je n'ai pas subi de discrimination vis-à-vis
de ma reconversion dans les lieux publics, hormis mon voisinage qui me lance
des clichés parfois énervants à propos de la nourriture ou
du ramadhan j'espère que tu n'y laisseras pas ta vie par exemple c'est
tout et je n'apprécie pas ». (A1, femme au foyer, 33 ans,
Algrange)
Le deuxième interviewé nous a confié
qu'en général elle ne subit pas de discrimination sauf par les
forces de l'ordre durant son trajet avec son véhicule, il ne sait pas
pourquoi à chaque fois ils lui demandent ses papiers à chaque
fois alors qu'il est en règle :
« J'étais en train de conduire tranquillement
quant d'une seconde à l'autre j'ai vu une voiture de police avec ses
trucks là de lumières bleues j'allais juste arriver chez ma
belle-soeur ils m'ont embarqué devant sa maison et les deux autres fois
aussi une fois dans un parc avec ma copine et l'autre seul et à chaque
fois ils me demandent ma carte d'identité et après deux à
trois heures en garde à vue ils me relâchent comme ça...
(avec un air surpris) ». (A2, taxieur, 28 ans, Thionville).
Le vêtement et la façon de se vêtir
peut-être un moyen de discrimination pour les hommes comme pour les
femmes surtout le voile, qui souvent on demande à celles qui le porte de
l'enlever, surtout pour un entretien d'embauche,
36
A3 nous a révélé qu'on lui a demandé
à ôter son voile pour le travail :
37
« À part les employeurs qui me demandent que
ce soit préférable d'enlever le voile pour des raisons de
travaille et pourtant je ne vois pas en quoi c'est dérangeant mais
bon...y'a aucune discrimination notable ».
(A3, (Couple musulman), Borny)
Quant à A4 à la recherche d'emploi, nous a
confié que là où elle a l'impression qu'il y'a une sorte
de « sélectivité » l'expression qu'elle a
utilisée c'est dans le milieu de travail et plus exactement à
l'entretien d'embauche, selon elle il y'a comme une incompréhension car
il y avait longtemps qu'elle a pu passer son entretien en même temps que
ses collègues , mais jusqu'à présent y'a pas de
réponse et certains on eu un avis favorable dès les
premières semaines, c'est comme si il y'a une liste de personnes
à sélectionner selon l'origine établie d'avance :
« Euh..., victime de discrimination je n'irai pas
à dire cela mais je trouve qu'en domaine professionnelle j'ai
l'impression d'une cératine sélectivité est quand
même présente, c'est comme s'il y'a une liste à respecter
en fonction d'origine ou de couleur ou même de prénom, quand on
s'appelle FATIMA évoque un peu l'orientation religieuse par rapport
à quelqu'un qui s'appelle CHRISTINE par exemple, à mon avis c'a
joué un peu ».
(A4, 29 ans, études comptable, Metz)
Un autre enquêté A5 salarié dans une
société privée de sécurité nous a dit que
dans son lieu de travail manque de compréhension vis-à-vis de ses
pratiques religieuses car pour lui il est impossible de faire ses
prières quotidiennes surtout les deux heures de vendredi et à ne
pas travailler le dimanche et le remplacer par le samedi, car le patron ne lui
accorde aucun accord :
« Ce que je trouve un peu étrange c'est que je
demande à ne pas travailler le dimanche et le récupérer
par exemple le samedi et aller prier à la mosquée le vendredi
(ça ne dure même pas Cinque minutes) puis reprendre il y'a pas de
réponse jusqu'à maintenant malgré plusieurs tentatives
».
Selon lui, les responsables de travail ne considèrent
pas sa liberté de culte et sont pas compréhensifs car c'est
difficile de tout cumuler dès son entrée à la maison :
« Non, c'est un peu dur avec mon boulot je dois tout
cumuler pour rattraper la nuit quand je finis le travail, et je suis
très fatigué quelquefois je laisse même tomber pour le
lendemain, mon patron ne me comprends pas sur ce côté-là
».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
38
Le dernier interviewé qui est de confession
Chrétienne maghrébin, A6 âgé de 28 ans, de passage
en France pour un court séjour, pour lui que ce soit dans les lieux
publiques ou au travail la question de manifester sa religion et sa confession
est presque un tabou car la majorité étant musulmans et quitter
cette dernière pour se reconvertir dans une autre est très mal vu
et évoquer sa conversion durant les conversations c'est quasi impossible
:
« Oui, je travaille comme en enseignant en sciences
humaines, en générale elles sont bonnes car ce sont des amis mais
quand le sujet de religion fait surface ou quand j'essaie de manifester ma
confession chrétienne je sens un certain gène et pourtant il y'a
une communauté chrétienne mais qui n'ose pas montrer et exprimer
en liberté en termes de religion tout ça par ce que l'islam est
majoritaire au Maghreb... ».A6 ne peut pas dire à n'importe
qui qu'il a embrassé la religion chrétienne il y'a que ses amis
les plus intimes qui ont pu accepter et voient sa reconversion comme normal, et
les autres peuvent le considérer comme non croyant :
« Je n'affiche pas mon orientation religieuse, il y'a
que des amis les plus intimes qui sont en courant ils sont en nombre de 5
environs, ce n'est pas facile de pratiquer sa religion dans une
société ou les autres religions sont considérées
comme non croyants tu es directement mal vu ». Il nous a dit qu'un
maghrébin d'une autre confession que musulmane est mal vue, surtout les
anciennes générations :
« ...les gens prennent du mauvais côté le
fait d'être d'une autre religion que la leurs et d'autant plus un
maghrébin chrétien c'est mal vu, ils commencent à
commenter : ta vue le monsieur ou ta vue le mec il est chrétien ! comme
si être comme tel est un crime ! »
Aussi, de peur de subir une discrimination le jeune homme
préfère pratiquer ses rituels quotidiens chez lui par ce que y'a
pas d'églises comme le sont les mosquées : « Mes rituels
quotidiens je les pratique chez moi à l'abri des regards caché,
en plus il y'a presque pas d'église et je préfère faire
ça en cachette c'est une société un peu pas encore ouverte
pour les autres religions, mais les jeunes générations sont
très compréhensives ils s'en foutent eux ».
(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)
39
De ces réponses, nous estimons que la présence
de discrimination religieuse est présente surtout dans les lieux de
travail et à l'embauche en se basant sur la confession religieuse avec
des degrés plus au moins différents, l'hypothèse selon
laquelle la discrimination religieuse est présente dans presque tous
les secteurs de la société.
Est vérifiée.
Partie VI : discrimination religieuse et effets
sur les discriminées.
40
Être la cible de discrimination n'est toujours pas
agréable cela provoque des émotions et des uns sentiments
difficiles ou qu'elle soit exercée, au milieu professionnel, lieux
publics ou même entre amis, cela donne un sentiment de différence
et de ne pas être accepté et rejeté, pour A1
française reconvertie à l'islam ressent un sentiment
énervant et pas agréable à cause de son entourage qui
parfois elle a l'impression qu'elle fait l'objet de moqueries de la part de ces
derniers ; elle dit :
« Vous savez...Boff...avoir à subir des
réflexions clichées et des comportements presque moqueurs quand
on sait que on est un peu diffèrent de son entourage (du moins
religieusement) c'est pas toujours agréable, ça me met en
colère et m'énerve normalement chacun est libre de ce qu'il fait
de sa vie et de ses opinions tant que se na touche pas aux libertés des
autres » ; elle nous raconte aussi que ses voisins ont changé
de comportement car ils venaient et ne discutaient plus comme ils le faisaient
avant, c'est comme si avant sa reconversion elle était une personne et
après, c'est plus la même :
« Pour être franche .... Pas tellement, j'ai
remarqué que mes voisins ne venaient pas aussi
régulièrement qu'avant chez moi, peut être que c'est moi
qui m'imagine des choses mais au moins j'ai remarqué un peu ça
depuis que je me suis reconvertie, quand on se croisait avant on discutaient
beaucoup plus près de la maison maintenant rien qu'un bonjour avec un
geste de la main...c'est hallucinant quand même hein... ?! » ;
quand elle sort elle évite le maximum d'évoquer les sujets
en relation avec la religion car elle sent une sorte de changement
d'atmosphère de discussion qui devient un peu gênante :
« ...j'évite d'aborder des sujets sur la
religion car j'ai comme l'impression que l'atmosphère change un peu,
quand je sors et avec des amies j'aime m'interagir avec les autres mais sans
évoquer la religion ou la politique ».
Et en dernier lieu, l'enquêtée A1 nous a fait
savoir que même si les gens n'aiment pas ses préférences et
sa liberté elle reste libre et elle fera ce que sa tête lui dicte
:
41
« Alors là jamais je fais ce que mon libre
arbitre me dit de faire je sors quand je veux et je vais à la rencontre
des autres quand je veux et celui ou celle qui est gênée ...ben.
Qu'il/elle reste à carreau, je suis libre et ma foi est individuelle
».
(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)
Notre deuxième enquêté A2 nous a
affirmé qu'il se sent humilié à chaque fois que la police
l'interpelle à bord de sa voiture, malgré qu'il n'ait pas
d'antécédents judiciaires :
« Quand j'ai été embarqué par la
police je me suis senti comme humilié parce qu'ils ne m'ont pas
donné de raisons valables juste une vérification de routine et
pourtant je ne suis pas un dileur ou un truck comme ça ».
Il nous a dit aussi malgré qu'il soit accepté et
entretien de bonnes relations avec ses amies et les gens mais il ne peut pas
parler librement de sa religion il se sent gêné :
« Bien sûr m'sieur, je suis français
d'origine de confession musulmane, je suis parfaitement intègre dans mes
relations avec mes potes et même ceux que je ne connais pas, je me sens
accepté mais il faut savoir que je n'affiche jamais mes convictions ou
ma foi publiquement ».
(A2, taxieur, 28 ans, Thionville).
Une autre enquêté A3, 34 ans, mariée,
partage avec nous qu'elle sent une sorte d'incompréhension quand ils lui
demandent qu'il soit préférable d'ôter son voile dans la
plupart des entretiens d'embauche ou des ateliers de travail, elle ressent une
sorte de rejet :
« Je n'aime pas quand on mélange la
façon de se vêtir avec le domaine professionnel si par exemple je
mets des tissus qui dissimule mon corps et mon visage là j'aurai compris
pour des questions de sécurité, mais mon voile couvre uniquement
mes cheveux...donc je ne comprends pas pourquoi ils me demandaient de l'enlever
de préférence, je me sens un peu presque rejetée à
cause de mon voile ».
Mais en général, les relations qu'elle
entretiens avec son entourage est assez bien, les mentalités ont
changées quand même selon elle :
« Non y'a pas d'intimidations à mon
égard jusqu'à maintenant je m'entends avec tout le monde quand
j'y vais à Action par exemple j'entretiens de très bons rapports
avec les caissières et les vendeuses pourtant d'une culture totalement
opposée ;
42
La société occidentale est une
société qui n'est plus celle des années 70 ou 80, à
mon avis la France a fini par accepter les différentes cultures »
; elle a ajoutée aussi :
« Non je me sens très à l'aise et n'a
nullement besoin de rester chez moi à cause de ma différence au
contraire je devrais essayer de montrer le meilleur de ma culture afin de nouer
des liens de fraternité bien que la société soit un peu
difficile et a un peu peur ». (A3 (Couple Musulman), Borny)
Pour A4, 29 ans à la recherche d'emploi se confie
à nous qu'elle sent comme incomplète et différente des
autres collègues, pour elle plusieurs tentatives d'entretiens d'embauche
sont effectuées et avec sucées mais y'a pas de suite et pourtant
un nombre de ces collègues ont pu décrocher un poste :
« Si je prends le cas de l'entretien d'embauche (qui
se déroule en général bien) mais après il y'a rien,
j'ai comme l'impression d'être pas comme les autres ou comme il y'a
quelque chose qui me manque ou pas complète par rapport à mes
collègues Français...mais bref faut pas perdre espoir il faut
positiver ».
En ce qui concerne ses relations et son vécu avec son
entourage elle nous a affirmée qu'elle n'a aucun problème de ce
côté-là, car elle entretien d'excellents rapports avec les
gens et n'est pas la cible de discrimination direct :
« Non je ne trouve aucune difficulté à
lier des liens avec les autres, bien sûr il y'a des personnes avec qui le
courant ça ne passe pas comme on dis : on ne peut pas plaire à
tout le monde mais les relations sont bonnes » ; elle dit aussi :
« Je suis satisfaite de ma vie et mes liens avec les
autres sont vraiment bien mon vécu n'est pas difficile » ;
Et ajoute :
« Vous savez j'ai beaucoup d'amis de
différentes origines, donc le fait d'aller à la rencontre vers
les étrangers ou les autres me cause aucun problème malgré
ma différence et j'ai beaucoup d'amis de même confession aussi je
tiens à le préciser ». (A4, 29 ans, études
comptable, Metz)
Un autre enquêté nous a rapporté aussi que
durant son travail il sent une sorte de rejet de sa religion cela en lui
refusant d'avoir le vendredi comme jour de repos et de le
récupérer un autre jour et aussi pratiquer ses rites quotidiens
parce que son employeur ne répond pas à sa demande, pour lui
c'est comme si on lui dit tu te débrouille avec tes pratiques
religieuses :
43
« J'ai une drôle impression dans mon travail
c'est comme si mes pratiques religieuses sont pas les bienvenues ou quelque
chose comme ça...c'est comme si on me dit indirectement
`débrouille toi avec ta religion' » ; cependant notre
enquêté ne comprends pas pourquoi la police l'interpelle à
chaque fois et le relâche après sans lui donner de raisons
valables.
En ce qui concerne ses relations avec son entourage, elle
parait assez bien comme il l'a mentionné :
« J'ai aucune difficulté à lier des
relations avec les autres et mon entourage, mes voisins et mes amis même
athées je m'entends bien avec eux » ; il affirme que la vie a
changée maintenant, les gens ne se préoccupe pas trop des gens
les mentalités ont changées :
« Vous voulez dire fuir les autres c'est ça ?
non, je fais comme bon me semble malgré ma différence, et cette
question je crois que ça ne pose même pas car la question d'islam
ou religion tout est accepté maintenant c'est connu maintenant ou
presque les gens sont préoccupés par autres chose comment faire
entrer de l'argent et tout ça en général ...à mon
avis », il dit aussi :
« Oui, je suis totalement en très bonne
relation avec les autres, les gens sont bien avec moi et m'acceptent
malgré la différence religieuse, il faut aussi savoir être
ouvert et montrer le meilleur de soi-même ».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
Tandis que le dernier interviewé chrétien
maghrébin A6, 28 ans, célibataire, nous a apporté que la
vie d'un non musulman dans une société islamique est difficile et
ne peut pas pratiquer librement ses pratiques religieuses sereinement :
« La communauté chrétienne même
les autres confessions ont une vie religieuse difficile et n'ont pas l'avantage
d'exercer leurs rituels quotidiens d'une façon libre, je ne me sens pas
très à l'aise quand il s'agit de religion dans mon pays
».
Quand il s'agit de parler ou d'évoquer la religion
entre amis ou voisins il y'a un certain malaise dans le groupe comme si
évoquer sa confession relève du tabou :
44
« Euh...comment dire...quand on est dans une
sphère festive ou entre amis loin de sujets religieux je me sens
très bien, on discute, parle, papote, mais dès qu'il s'agit de
préférence religieuse là, je sens un certain malaise dans
le groupe, c'est comme si je suis quelqu'un de diffèrent ou un alien, ou
je ne sais pas... ».
Mais ce qui est de ses relations quotidiennes avec les autres
sont aussi bonnes et n'a aucun incident a signalé :
« Non je ne trouve pas de difficultés à
lier des liens avec mon entourage je ne parle pas sur ma
préférence religieuse c'est personnel et en plus les gens ne sont
pas prêts à ça » ; il ajoute aussi :
« Non je ne suis pas victime d'intimidations et mon
vécu quotidien est tout à fait normal il y'a aucun
problème mais je veux insister sur le fait que ce sont les
générations anciennes (vieux) qui ne sont pas
compréhensifs mais la nouvelle génération est plus
ouverte, vous savez les réseaux sociaux et compagnie... » et
aussi : « Pour pratiquer mes rituels je reste chez moi, pour aller
rencontrer autrui ou des choses comme ça, je ne trouve aucun
problème mes relations sont bonnes ».
(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)
Après avoir écouté ces réponses,
il parait que la vie quotidienne des religieux se passe plus au moins sans
problèmes et ne sont pas sujets à des discriminations direct qui
peut rendre leurs vécue difficiles, l'hypothèse selon laquelle
la discrimination a un impact négatif sur la vie quotidienne des
discriminés est vérifiée.
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CONCLUSION
Il est clair qu'on ne pourrait jamais éradiquer
définitivement et changer les mentalités et même connaitre
les raisons qui fait qu'une personne puisse discriminer son prochain au sein de
la société. Mais il est aussi vrai qu'on pourrait au moins
réduire cette inégalité qui est elle-même un
dysfonctionnement de la société elles représentent une
construction sociale. Les différents ouvrages choisis dans le cadre de
notre recherche, et les enquêtes effectuées montrent à
suffisance que la question de la discrimination religieuse et son influence sur
les membres d'une société quel que soit le lieu (publique,
université, travail, à l'embauche...) et ainsi la cohésion
sociale qui suppose la lutte contre ce fléau,
s'interpénètrent.
Cette recherche nous a permis de comprendre et de
découvrir la présence des discriminations basées sur la
confession religieuse même en se référant au nom ou
à un prénom de quelqu'un ou simplement par son vêtement ;
chacun de l'interviewé nous a fait part que d'un moment à un
autre dans leurs vécus il y'a une sorte de discrimination à leurs
égards, parce qu'il s'appelle tel ou simplement parce que les autres ont
appris que leur voisin a changé de religion.
De notre étude, il parait clair que la discrimination
religieuse est présente dans différents secteurs de la
société jusqu'au lieu de travail ou un entretien d'embauche,
durant les entretiens nos enquêtés nous a signalées qu'ils
ont senti une sorte de malaise et de gène vis à vis des personnes
religieuse, l'une dans son voisinage quand ils ont su qu'elle s'est reconvertie
du coup, ils lui font des remarques et des commentaires gênants, l'autre
nous a affirmé qu'a plusieurs reprises dans son véhicule il a
été l'objet des arrestations arbitraires par les forces de
l'ordre et lui demandent son identité et il comprends pas pourquoi, de
même durant les entretiens d'embauche la discrimination ou
sélections sont aussi très présent notre
enquêtée voilée dis qu'on lui a déjà dit
qu'il serait préférable d'enlever son voile si elle veut
augmenter ses chances d'être recrutée; une autre interviewé
aussi nous a fait savoir qu'elle a pas pu obtenir son job malgré avoir
fait un bon entretien, et pourtant certains de ces collègues non
musulmans commencent à travailler une semaine après ;
Un autre jeune homme qui travaille dans la
sécurité nous a dit aussi que le patron ne désirait pas le
laisser aller prier surtout les vendredis il ne comprenait pas ce refus ; et
enfin un chrétien d'origine maghrébine nous a rapporté que
pratiquer son culte est très difficile vraiment difficile surtout dans
la majorité de la population est musulmane, selon lui il est
obligé de se cacher pour faire ses rituels quotidiens.
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