Année Universitaire 2021 - 2022
République de Côte d'Ivoire
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
Université Félix-Houphouët Boigny de Cocody
UFR des Sciences de la Terre
et des Ressources Minières
N° d'ordre :
Laboratoire des Sciences du Sol, de l'Eau et des
Géomatériaux
MEMOIRE
Pour l'obtention du Diplôme de Master en
Sciences de la Terre
Option : Pédologie et Agriculture
Durable
THEME EFFETS COMPARES DES DOSES DE COSTUS AFER
(Ker Gawl) ET DE FERTILISANT CONVENTIONNEL EN RIZICULTURE DE BAS-FOND
: Adoption d'une agriculture régénératrice sur sol
tourbeux
Présenté par : KANATE Ladji
Date de soutenance : Le 12/07/2022
Directeur de mémoire : Dr. GUETY
Thierry
Philippe
Superviseur : Dr. BRAHIMA Koné
Composition du jury Président : Dr. SORO Gbomele
Examinateur : Dr. BRAHIMA Koné Examinateur :
Dr. GUETY Thierry Philippe Examinateur : Dr. CAMARA
Brahima
Année Universitaire 2021 - 2022
République de Côte d'Ivoire
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
Université Félix-Houphouët Boigny de Cocody
UFR des Sciences de la Terre
et des Ressources Minières
N° d'ordre :
Laboratoire des Sciences du Sol, de l'Eau et des
Géomatériaux
MEMOIRE
Pour l'obtention du Diplôme de Master en
Sciences de la Terre
Option : Pédologie et Agriculture
Durable
THEME EFFETS COMPARES DES DOSES DE COSTUS AFER
(Ker Gawl) ET DE FERTILISANT CONVENTIONNEL EN RIZICULTURE DE BAS-FOND
: Adoption d'une agriculture régénératrice sur sol
tourbeux
Présenté par : KANATE Ladji
Date de soutenance : Le 12/07/2022
Directeur de mémoire : Dr. GUETY
Thierry
Philippe
Superviseur : Dr. BRAHIMA Koné
Composition du jury Président : Dr. SORO Gbomele
Examinateur : Dr. BRAHIMA Koné Examinateur :
Dr. GUETY Thierry Philippe Examinateur : Dr. CAMARA
Brahima
i
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES i
AVANT-PROPOS vi
DEDICACE vii
REMERCIEMENTS viii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ix
LISTES DES FIGURES x
LISTE DES TABLEAUX xi
RESUME xii
ABSTRACT xiii
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
CHAPITRE I : SOLS HYDROMORPHES 3
Histosols et tourbes 3
Caractéristiques 3
Typologie des tourbes 3
Distribution des Histosols 4
Sols alluviaux 4
Gleysols 4
Gleyfication 4
Cryosols et mollisols 5
Permafrost ou pergelisols 5
Typologie des permafrosts 5
Permafrost et réchauffement climatique 5
CONCLUSION PARTIELLE 6
CHAPITRE II : TOURBE ET RIZICULTURE 7
II.1 Sols tourbeux 7
II.1.1 Conditions de formation des tourbes 7
ii
II.1.1.1 Pédoclimat 7
II.1.1.2 Ecologie et géomorphologie 7
II.1.2 Valeurs agricoles des tourbes 8
II.1.2.1 Caractéristiques morphologiques et
physico-chimiques 8
II.1.2.2 Cultures et rendements 8
II.1.3 Conséquences de la mise en valeur agricole 8
II.1.4 Tourbes en côte d'ivoire 9
II.1.4.1 Répartition géographique 9
II.1.4.2 Caractéristiques physico-chimiques 9
II.1.4.3 Aptitude culturale 9
II.2 Riziculture 9
II.2.1 Stades de développement du riz 9
II.2.1.1 Phase végétative 10
II.2.1.2 Phase reproductive 10
II.2.2 Nutrition minérale du riz 12
II.2.2.1 Eléments majeurs 12
II.2.2.2 Eléments secondaires (Ca, Mg, S) 13
II.2.2.3 Oligo-éléments 13
II.2.3 Riz et agriculture organique 13
II.2.4 Riziculture et changements climatiques 14
II.2.4.1 Emission des gaz à effet de serre 14
II.2.4.2 Résilience aux changements climatiques en
riziculture 14
II.3 Costus afer 14
II.3.1 Concentration en nutriments 15
II.3.2 Costus afer et stock de carbone dans les sols
rizicole 15
CONCLUSION PARTIELLE 15
iii
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE III: MATERIEL 17
III.1 Site de l'étude 17
III.2 Edaphie et écologie du site d'étude 18
III.2.1 Variation climatique 18
III.2.2 Végétations primaires et sécondaires
18
III.2.3 Géologie et géomorphologie 18
III.2.4 Sols 18
III.3 Matériel végétal 19
III.3.1 Costus afer 19
III.3.2 Riz 19
III.4 Intrants 19
III.4.1 Engrais 19
III.5 Matériel de terrain 19
III.6 Matériel de laboratoire 20
III.7 Matériel informatique 20
CONCLUSION PARTIELLE 20
CHAPITRE IV : METHODES 22
IV.1 Préparation du biofertilisant 22
IV.1.1 Collecte du costus afer 22
IV.1.2 Extraction aqueuse 22
IV.1.3 Conditionnement 22
IV.2 Dose d'engrais 22
IV.3 Mise en place de l'essai 22
IV.3.1 Mise en culture 22
IV.3.2 Mise en place du dispositif 23
IV.3.3 Application des fertilisants 23
iv
IV.4 Collecte des données 24
IV.4.1 Paramètres agromorphologiques du riz 24
IV.4.2 Paramètres de rendement du riz 24
IV.5 Prélèvement et préparation des
échantillons 25
IV.6 Détermination du taux de matière organique
25
IV.7 Détermination de la stabilité structurale du
sol 26
IV.8 Dénombrement des microorganismes du sol 26
IV.8.1 Préparation des suspensions dilutions 26
IV.8.2 Bactéries 27
IV.8.3 Champignons 27
IV.9 Détermination du pHeau du sol 27
IV.10 Analyses statistiques 28
IV.10.1 Analyse de variance 28
IV.10.2 Mixed model 28
IV.11 Etude économique 28
CONCLUSION PARTIELLE 28
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSION
CHAPITRE V : RESULTATS 29
V.1 Taux de matière organique et pH du sol 29
V.2 Effets des traitements sur le riz 29
V.2.1 Coloration des feuilles 29
V.2.2 Paramètres de croissance du riz 30
V.2.2.1 Variation du nombre de talle pendant le cycle du riz
31
V.2.2.2 Variation de la hauteur pendant le cycle du riz 32
V.2.3 Paramètre de rendement du riz 33
V.2.3.1 Rendement en grain 34
V.2.3.2 Rendement en paille 35
V.3 Relation entre le rendement en grain et les paramètres
agromorphologiques 35
v
V.4 Effets des traitements sur le sol 36
V.4.1 pHeau 37
V.4.2 Stabilité structurale du sol 37
V.5 Microbiologie du sol 38
V.6 Etude économique 38
CONCLUSION PARTIELLE 39
CHAPITRE VI : DISCUSSION 40
VI.1 Potentialité agricole du bas-fond 40
VI.2 Pouvoir régénératif du Costus afer
40
VI.3 Effets des engrais mineraux sur les propriétés
du sol 41
VI.4 Effets des fumures sur les paramètres
agromorphologiques 41
VI.5 Effets des fumures sur les rendements 42
CONCLUSION PARTIELLE 42
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES 42
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 43
vi
AVANT-PROPOS
Ce mémoire est le résultat de deux années
de travail. Il se situe dans un contexte de changement climatique et de
régénération des sols hydromorphes en particulier des
Hystosols. En effet, En fonctionnement naturel, ce sont en
général des puits de carbone : la végétation forme
de la tourbe et l'ensemble des deux est capable de stocker le carbone. Les
tourbières sont donc des régulateurs essentiels du cycle global
du carbone. Cependant, elles représentent dans le monde une surface
négligeable : 400 millions d'hectares (3 % des terres
émergées). La fréquence, la surface et le type de
tourbière dépendent du climat. A l'échelle mondiale, les
tourbières stockent 1,4 Gt de carbone, l'équivalent des 3/4 du
carbone atmosphérique. Dans les tourbières boréales et
arctiques, 98,5 % du carbone stocké l'est dans la tourbe, 1,5 % dans la
végétation. En fonctionnement perturbé, elles deviennent
des sources de carbone. Dès lors il est plus que nécessaire de
trouver des méthodes afin de stabiliser ces sols dans leur fonction
écologique. C'est dans cette optique que ce travail a été
réalisé. C'est un travail très innovant car nous avons
utilisés du matériel facile d'accès pour répondre
à une exigence planétaire (la réduction du CO2
atmosphérique).
vii
DEDICACE
Je dédie le présent mémoire à ma
Maman.
viii
REMERCIEMENTS
Je remercie très sincèrement les Professeurs
SORO Nagnin, Doyen de l'UFR des Sciences de la Terre et des
Ressources Minières (STRM), COULIBALY
Yacouba, Vice-doyen chargé de la recherche, KOUADIO
Emmanuel, Vice-doyen chargé de la pédagogie,
DIBGEHI Zéli Bruno, responsable de formation du
3ème cycle, DONGO Kouassi, responsable du
laboratoire des sciences du sol, de l'eau et des géométraux et le
Professeur ETTIEN DJETCHI JEAN BAPTISTE, responsable du
département de Pédologie et Agriculture Durable
pour le travail abattu pour la formation des étudiants.
Toute ma gratitude aux Docteurs BRAHIMA Koné
et GUETY Thierry Philippe, pour l'encadrement de
qualité, la motivation professionnelle, les critiques constructives, les
conseils, la patience, ainsi que le temps qu'ils ont bien voulu consacrer
à la réalisation de ce mémoire. Merci pour vos conseils
utiles, vos remarques pertinentes et vos suggestions, qui ont permis
l'aboutissement du présent mémoire. Vous avez été
d'une utilité indescriptible et d'une disponibilité
inqualifiable, me rappelant toujours l'importance d'un travail bien fait, et
celle d'une bonne formation. Travailler à vos côtés a
été pour moi un honneur et une chance inestimable que je
n'hésiterai pas à renouveler si l'occasion se présentait.
Merci infiniment.
A mes enseignants, en espérant que ce manuscrit porte
les fruits du dévouement dont vous avez fait preuve durant ma formation,
je voudrais saluer ici votre importante contribution.
Je voudrais remercier l'ensemble des membres du jury, à
qui j'exprime toute ma gratitude pour le temps si précieux qu'ils m'ont
accordé et pour l'ensemble des propositions de corrections
suggérées pour améliorer ce mémoire.
Mes remerciements vont également à l'endroit de
toute l'équipe du laboratoire de physiologie végétale qui
m'a ouvert ses portes et tout mis à ma disposition pour me permettre de
travailler dans de meilleures conditions.
Un grand merci à tous mes amis, particulièrement
ceux avec qui j'ai fait mes premiers pas au campus. C'est grâce à
vous également que je suis à ce niveau aujourd'hui. Merci pour
votre soutien constant, que Dieu vous bénisse.
Je ne pourrai terminer sans exprimer ma profonde gratitude
à ma mère, mon père, mes soeurs ainsi qu'à mon
frère. Je vous aime très fort.
ix
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADRAO : Association pour le
Développement de la Riziculture en Afrique de l'Ouest
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Agriculture et l'Alimentation
IUCN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
PNRZH : Programme National de Recherche sur
les Zones Humide
SNK : Student-Newman-Keuls
WRB : Base de référence
mondiale pour les ressources en sols
GES : Gaz à effet de serre
M.O : Matière organique
x
LISTES DES FIGURES
Figure 1: Localisation de la zone d'étude 17
Figure 2 : Dispositif expérimental 23
Figure 3 : Procédure de dilution 26
Figure 4: Intensité de la coloration des feuilles au
stade d'épiaison 29
Figure 5: Nombre moyen de talles par stade physiologique en
fonction des traitements 31
Figure 6: Hauteur moyenne du riz aux stades tallage,
épiaison et maturité en fonction des traitements
32
Figure 7 : Rendements moyens en grain en fonction des
traitements (P = 0,0204) 34
Figure 8 : Rendements moyens en pailles en fonction des
traitements (P=0,0215) 35
Figure 9 : pHeau moyens en fonction des traitements (P = 0,34)
37
Figure 10 : Indice de stabilité moyens en fonction des
traitements (P = 0,8532) 37
Figure 11 : Différence de bénéfice entre
les autres traitements et le traitement T6 38
xi
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Matériel de terrain 19
Tableau II : Matériel de laboratoire 20
Tableau III : Doses et périodes d'application des
fertilisants 24
Tableau IV : Acidité et matière organique du sol
avant l'essai 29
Tableau V : Paramètres agromorphologiques aux
différents stades d'évolution du riz en fonction des
traitements 30 Tableau VI : Rendement en grain, rendement en
paille, indice de récolte et masse des milles grains
en fonction des traitements 33
Tableau VII : Différence de rendements en grain selon le
t-test avec le traitement T6 34
Tableau VIII : Coefficient de corrélation entre les
paramètres agromorphologiques et le rendement
en grain 35
Tableau IX : Résultats des analyses de sol après
culture 36
Tableau X : Revenus issus des différents traitements 38
RESUME
Dans le contexte actuel de changement climatique, la
préservation des ressources naturelles est devenue une
nécessité. C'est dans cette optique que l'agriculture s'oriente
vers un système plus durable comme l'agroécologie. L'objectif de
cette étude est d'adopter une agriculture biologique
régénératrice des Histosols (sols tourbeux) avec l'extrait
fermenté du Costus afer comme source de nutriment.
Ainsi, un essai en bloc de Fisher a été mis en place
à Songon afin de comparer les effets du biofertilisant liquide à
base de Costus afer et des engrais minéraux (150 kg/ha de N-P-K
(12-1118) et 80 kg d'urée à 46 % d'azote) sur le sol et les
paramètres agromorphologiques ainsi que de rendements de la
variété de riz VA6 qui a été repiquée
à une densité de 20 cm X 20 cm. Outre le témoin à
blanc, quatre doses de Costus afer (T1-250, T2-500, T3-750, T4-1000 et
T5-1000 cc/15m2) et le traitement avec l'engrais minéral ont
été appliquées. Les différentes doses de Costus
afer ont été appliquées au labour sauf pour le
traitement T4 (4 fractionnements (250 cc) des 1000 cc). Les résultats
obtenus confirment l'action régénérative de l'extrait
aqueux du costus afer. Même si l'effet des traitements sur le pH
du sol n'est pas significatif, T1 a induis le meilleur pH (6,4). Pour ce qui
est de la stabilité structurale du sol, les traitements avec le
Costus afer donnent de meilleurs résultats que l'utilisation
des engrais minéraux. Le traitement T2 donne la meilleure
stabilité structurale de 99,82 %. Le dénombrement des
microorganismes a révélé une abondance de microorganismes
sous les traitements avec le Costus afer. En ce qui concerne les
rendements en grain, nous avons un effet significatif des différents
traitements et le plus haut rendement a été obtenu avec l'engrais
minéral (2,3 t/ha). Toutefois, l'étude économique
révèle que le traitement T5 permet d'avoir un
bénéfice de plus de cent vingt mille francs CFA (120 000 FCFA)
que le traitement T6.
xii
Mots clés : agriculture biologique,
biofertilisant, Costus afer, riziculture, tourbe, Côte
d'Ivoire.
xiii
ABSTRACT
In the current context of climate change, the preservation of
natural resources has become a necessity. It is in this perspective that
agriculture is moving towards a more sustainable system such as agroecology.
The objective of our study is to adopt a regenerative organic agriculture of
Histosols (peat soils) with fermented extract of Costus afer as a
nutrient source. Thus, a Fisher block trial was set up in Songon to compare the
effects of Costus afer liquid biofertilizer and mineral fertilizer
(150 kg/ha N-P-K (12-11-18) and 80 kg urea at 46 % N) on soil and
agromorphological parameters and yields of the rice variety VA6 that was
transplanted at a density of 20 cm X 20 cm. In addition to the blank control,
four doses of Costus afer (T1-250, T2-500, T3-750, T4-1000 and T5-1000
cc/15m2) and the mineral fertiliser treatment were applied. The
different doses of Costus afer were applied at ploughing except for
the T4 treatment (4 fractions (250 cc) of 1000 cc). The results obtained
confirm the regenerative action of the aqueous extract of costus afer.
Although the effect of the treatments on soil pH was not significant, T1
induced the best pH (6.4). In terms of soil structural stability, the
Costus afer treatments gave better results than the use of mineral
fertiliser. Treatment T2 gave the best structural stability of 99.82 %.
Microorganism counts revealed an abundance of microorganisms under the
Costus afer treatments. Regarding grain yields, we have a significant
effect of the different treatments. The highest yield was obtained with the
mineral fertiliser (2.3 t/ha). However, the economic study reveals that the T5
treatment gives a profit of more than one hundred and twenty thousand francs
CFA (120 000 FCFA) than the T6 treatment.
Key words : organic agriculture, biofertiliser,
Costus afer, rice cultivation, peat, Côte d'Ivoire.
1
INTRODUCTION GENERALE
La dégradation des ressources naturelles apparait comme
étant l'un des problèmes les plus graves pour l'humanité
(Millenium Ecosystem Assessment, 2005). Parmi ces ressources, les sols sont les
plus affectés notamment, en raison de l'impact de l'activité
humaine (Lal et al., 1989).
Les sols hydromorphes classés comme tourbes, sont
caractérisés par plus de 50 % de Carbone organique en poids avec
presque pas de matière minérale. Ces sols ont un grand pouvoir de
fixation du carbone atmosphérique dans la pédosphère.
Représentant un peu plus de 3 millions de km2 à
travers le monde (3 %), ils peuvent séquestrer 0,37 Gt de CO2
annuellement (IUCN, 2016).
Ces sols sont beaucoup sollicités en agriculture
à cause de leur forte teneur en matière organique, favorable
à une restitution de nutriments en plus d'une forte capacité
à garder l'humidité (Koné, 2021). Etant donné que
leur mise en valeur agricole exige un drainage causant la destruction de sa
stabilité structurale, ils perdent partiellement la fonction de
piéger le carbone pour émettre 6 % de CO2 anthropique (Cris
et al., 2014). Toute chose justifiant la nécessité d'une
nouvelle méthode agricole pouvant stabiliser les tourbes dans leur
fonction écologique. A cet effet, les cultures en milieu inondable comme
la riziculture peuvent satisfaire à ce besoin.
Par conséquent, l'agriculture biologique (Alabouvette
et Cordier, 2018) pourrait s'inscrire parmi les solutions dans un contexte
d'agriculture régénérative (Rhodes, 2017). Dans cette
veine, l'extrait aqueux de Costus afer a fait l'objet de test de
fertilisation pour le riz pluvial en pots de culture avec l'effet
escompté des fortes concentrations en N, P et K (Meïté,
2018) révélant un effet similaire à l'usage d'engrais.
Cela a été confirmé par Yobouet (2020) en riziculture de
bas-fond sans pourtant tester son pouvoir de régénération
du sol. D'où les travaux de Koné (2021) prouvant un effet
significatif de ce biofertilisant sur la stabilité structurale des sols
tourbeux. Mais ces travaux n'ont pas explorés une comparaison avec les
engrais utilisés en agriculture conventionnelle.
C'est pour parer à cette insuffisance que
l'étude courante a été initiée pour justifier
l'adoption de Costus afer comme alternative pour une agriculture
régénératrice des sols, notamment, les Hystosols (sols
tourbeux) en riziculture. A cet effet, l'objectif visé est de confirmer
une agriculture biologique régénératrice des
agroécosystèmes tourbeux. Cet objectif général se
décline en trois objectifs spécifiques :
V' déterminer une abondance en microorganisme
sous traitements avec Costus afer qu'avec l'engrais minéral
;
V' montrer une acidité du sol plus importante
sous engrais minéral ;
V' démontrer une faible stabilité
structurale du sol sous traitement avec l'engrais minéral.
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes
ont été soumises à vérification durant
l'expérimentation :
2
? au regard des relations symbiotiques entre les
micro-organismes et les racines des plantes (Vincent, 2010), l'extrait aqueux
de Costus afer pourrait induire un rendement similaire à celui
des engrais ;
? à cause de l'effet acidifiant du sol de la fumure
minérale (Boubié et al., 1997), l'occurrence des
micro-organismes serait plus faible sous le traitement avec l'engrais
minéral ;
? la composition de l'extrait aqueux de Costus afer en
carbohydrates issus de photosynthèse (Han et al., 2005) serait
plus favorable à la stabilité structurale du sol que l'engrais
minéral. A terme, cette étude devra documenter
l'opportunité d'adoption d'extrait aqueux de Costus afer en
lieu et place de la fumure minérale en riziculture. Elle s'inscrit dans
le cadre des travaux de Master II de pédologie et agriculture durable
à l'UFR-STRM de l'université Felix Houphouët-Boigny. Le
présent mémoire qui rend compte des travaux
réalisés et des résultats obtenus est structuré en
trois parties : la première partie traite des
généralités, basées sur une revue de
littérature, qui renseigne sur les éléments utiles
à la compréhension de l'étude. La deuxième partie
présente le matériel et la méthodologie utilisés
suivie d'une troisième partie rendant compte des résultats
obtenus ainsi que leur discussion. Une conclusion comprenant quelques
perspectives ont précédé la liste de
références bibliographiques à la fin du document.
PREMIERE PARTIE :
GENERALITES
3
CHAPITRE I : SOLS HYDROMORPHES
Les sols des zones humides sont caractérisés par
une saturation en eau temporaire ou permanente, qui freine les échanges
gazeux entre le sol et l'atmosphère. Il peut en résulter un
déficit plus ou moins prolongé en oxygène qui modifie
l'activité biologique du sol et ralentit la minéralisation de la
matière organique (PNRZH, 2005). L'alternance de périodes
saturées et de périodes non saturées est à
l'origine des phénomènes d'oxydo-réduction qui
caractérisent les sols hydromorphes (PNRZH, 2005). On peut distinguer
les classes majeures suivantes :
HISTOSOLS ET TOURBES
Ces typologies constituent les sols hydromorphes organiques.
Les teneurs en fractions granulométriques sont nulles. La formation de
tourbe (tourbification) intervient à l'occasion d'un excédent
d'eau, avec des eaux calmes et peu fluctuantes. Deux situations principales
peuvent être notées : (i) lame d'eau douce libre peu
épaisse au-dessus du sol, favorisant l'implantation de plantes
hygrophiles ; (ii) plan d'eau progressivement colonisé par un radeau
végétal.
La tourbification est facilitée par des basses
températures qui limitent l'activité microbienne
(Laplace-Dolonde, et al., 2021).
Caractéristiques
On appelle traditionnellement " tourbe " l'ensemble des
matériaux constituant une tourbière. En fait, sur
l'épaisseur d'une tourbière profonde, il est nécessaire de
distinguer un niveau supérieur, que l'on peut qualifier de sol ; des
relations avec la végétation y existent grâce aux racines
et aux remontées capillaires d'eau. Il est préférable de
parler d'Histosol d'un point de vue pédologique, et d'utiliser le mot de
" tourbe " de façon plus générale, pour désigner le
matériau lui-même. La tourbe est définie par un taux de
carbone supérieur à 30-40 %.
Typologie des tourbes
Les tourbiers (extracteurs) distinguent trois types de
tourbes, caractérisés par un degré croissant de
décomposition des végétaux (Laplace-Dolonde et
al., 2021) :
V' la tourbe blonde qui résulte de la transformation de
sphaignes avec une très forte acidité et une grande
porosité ;
V' la tourbe brune provient de débris ligneux ; la
dégradation des végétaux est plus poussée que dans
la précédente ;
V' la tourbe noire est marquée par la présence
importante de particules minérales ou organiques fines.
Cette typologie sépare des types de matériaux
aux usages économiques différents. Elle reste intéressante
en termes de description du matériau (Laplace-Dolonde et al.,
2021).
4
Distribution des Histosols
L'étendue totale couverte par les Histosols dans le
monde est estimée à 325-375 millions d'hectares, dont la
majorité est située dans les régions boréales,
subarctiques et arctiques basses de l'hémisphère nord. Les
Histosols restants se trouvent dans les basses terres tempérées
et les régions montagneuses; un dixième des Histosols seulement
se situent dans les tropiques. De grandes zones à Histosols sont
recensées aux Etats-Unis, au Canada, en Europe occidentale, en
Scandinavie septentrionale eet dans la plaine de Sibérie occidentale. Un
peu plus de 20 millions d'hectares de tourbe forestière ceinturent le
plateau continental de la Sonde en Asie du Sud-Est. De plus petites zones
couvertes d'Histosols tropicaux se trouvent dans les deltas, comme celui de
l'Orénoque ou du Mékong, ainsi que dans des dépressions
(WRB, 2014).
SOLS ALLUVIAUX
Ils sont souvent marqués par l'existence de fortes
fluctuations du niveau de la nappe, par la circulation des eaux souterraines et
les apports importants en matières minérales lors des crues. Ces
sols ne connaissent pas de phénomènes de réduction parce
qu'ils sont oxygénés (du fait du battement de la nappe et/ou de
son renouvellement rapide) ; la matière organique est peu abondante car
elle se minéralise rapidement (Laplace-Dolonde et al.,
2021).
GLEYSOLS
Les Gleysols sont des sols saturés par une nappe
phréatique pendant des périodes suffisamment longues pour
permettre l'installation de conditions réductrices
générant des propriétés gleyiques ; ils comprennent
les sols immergés et tidaux. Ils présentent un motif fait de
couleurs rougeâtres, brunâtres ou jaunâtres sur les surfaces
des agrégats et/ou dans les couches supérieures du sol,
combinées à des couleurs grisâtres/ bleuâtres
à l'intérieur des agrégats ou plus profondément
dans le sol. De nombreux sols submergés ne possèdent que ces
dernières. Les Gleysols à horizon thionique ou à
matériau hypersulfidique (sols sulfatés acides) sont
fréquents. Les processus redox peuvent aussi être provoqués
par des remontées de gaz, comme le CO2 ou le CH4. Les Gleysols sont
aussi appelés Gley (ancienne Union Soviétique), Gleyzems
(Russie), Gleye, Marschen, Watten et Unterwasserböden (Allemagne),
Gleissolos (Brésil) et Hydrosols (Australie). Aux Etats-Unis, de
nombreux Gleysols sont rangés dans les Sous-Ordres Aquic et dans les
Grands Groupes Endoaquic de divers Ordres (Aqualfs, Aquents, Aquepts, Aquolls,
etc.) ou dans les Wassents (WRB, 2014).
Gleyfication
Les Gleysols d'eau souterraine se développent là
où le drainage est insuffisant car la nappe phréatique (surface
phréatique) est élevée, tandis que la gleyfication des
eaux de surface se produit lorsque l'apport de précipitations à
la surface ne s'écoule pas librement à travers le sol. Un
5
environnement réducteur existe dans les couches
saturées, qui deviennent bleu grisâtre ou brun grisâtre en
raison de sa teneur en fer ferreux (Fe2+) et en matière
organique. La présence de marbrures rougeâtres ou oranges indique
une réoxydation localisée des sels ferreux dans la matrice du sol
et est souvent associée à des canaux radiculaires, des terriers
d'animaux ou à la fissuration de la matière du sol pendant les
périodes de sécheresse (WRB, 2014). Les Gleysols sont un groupe
de référence dans la base de référence mondiale
pour les ressources en sols. Les sols présentant des processus redox dus
à la montée des eaux souterraines sont également
considérés comme des Gleysols. Les sols à processus redox
dus à l'eau stagnante appartiennent aux Stagnosols et aux Planosols.
CRYOSOLS ET MOLLISOLS
Ce sont des sols particuliers des régions froides. Ils
sont composés en profondeur d'une partie en permanence gelée,
appelée le Pergélisol et à la surface d'une partie,
appelée Mollisol, qui se dégèle pendant une durée
de l'année (WRB, 2014).
PERMAFROST OU PERGELISOLS
Le Permafrost ou Pergélisol en français, est un
sous-sol gelé en permanence dont la température n'excède
pas 0 °C pendant au moins deux années consécutives.
Typologie des Permafrosts
Il existe deux types de Pergélisol en fonction de leur
localisation : le Pergélisol circumpolaire qui se situe aux hautes
latitudes et recouvre près de 20 % de l'hémisphère nord et
le Pergélisol de montagne qui se trouve à haute altitude. D'une
épaisseur variable (de quelques mètres à plusieurs
centaines de mètres), il est recouvert d'une couche supérieure,
appelée couche active, gelée pendant l'hiver et qui
dégèle au printemps. Le Permafrost est présent sur un
cinquième de la surface du globe, notamment au Groenland, en Alaska, au
Canada et en Russie. De manière générale, il recouvre
toutes les terres situées au-dessus du 60ème
degré de latitude. Sa sensibilité aux changements de
température en fait un indicateur pour le réchauffement
climatique. Selon le NCAR (Centre national pour la recherche
atmosphérique), la quantité de permafrost pourrait diminuer de 50
% d'ici 2050 jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que 10 % en 2100.
Permafrost et réchauffement
climatique
Le réchauffement climatique entraîne des
épisodes de dégels du Pergélisol. Ce
phénomène entraîne une modification de la couche active qui
se traduit par des modifications de sa végétation ainsi que des
mouvements importants du sol. Mais il présente également un
risque pour l'évolution du climat. En effet, ce sous-sol renferme
d'importantes quantités de matières organiques composées
en partie de méthane, un gaz au pouvoir de réchauffement du
climat 25 fois supérieur au CO2 qui sera libéré par le
dégel (GIEC, 2014).
6
CONCLUSION PARTIELLE
Les sols des zones hydromorphes sont
caractérisés par des teneurs plus ou moins importantes en
matières organiques du faite du ralentissement du processus de
minéralisation. Ils ont un pouvoir important de séquestration du
carbone et sont des indicateurs du changement climatique. Les tourbes sont
réputées pour leurs très grandes richesses en
matière organique avec presque pas de matière minérale.
7
CHAPITRE II : TOURBE ET RIZICULTURE
La formation de la tourbe peut être appelée
turbigenèse, turbification ou tourbification. C'est
l'élément fondamental de l'existence de la tourbière.
C'est l'accumulation progressive de matière organique non
décomposée (essentiellement végétale) et son
tassement qui contribue au fil du temps à former la tourbe (Baudin,
2006). La riziculture contribue énormément à la
sécurité alimentaire partout dans le monde. En fonction du milieu
de production, on distingue la riziculture de bas fond et la riziculture de
plateau. En Côte d'Ivoire, le riz est la céréale la plus
consommée avec une consommation annuelle d'environ 58 kilogrammes par
habitant (Bagal et Victori, 2010).
II.1 SOLS TOURBEUX
Accumulée depuis des centaines de milliers
d'années, la tourbe représenterait à l'échelle
planétaire environ 500 Gt de carbone, soit environ l'équivalent
de soixante-dix ans d'émissions anthropiques.
II.1.1 Conditions de formation des tourbes
II.1.1.1 Pédoclimat
La tourbe nécessite, pour se développer, une
humidité à peu près constante au cours de l'année,
même si les sphaignes qui la forment ont la capacité de s'adapter
un peu en retenant de l'eau dans leurs tissus (Legros, 2007).
II.1.1.2 Ecologie et géomorphologie
Les tourbes se mettent en place dans les dépressions
fermées d'origine glaciaire et les dépressions
périglaciaires.
V' Dépressions fermées d'origine
glaciaire
Les glaciers en reculant à la fin de la dernière
glaciation, ont laissés des moraines de fond ; ce dépôt
ménage beaucoup de dépressions fermées dont le substrat
est souvent peu perméable pour différentes raisons. Souvent les
matériaux de tilles sont fins. Par ailleurs en climat très froid,
le sous-sol est gelé. Enfin, dans les régions de hautes
altitudes, le substrat, généralement gneissique ou granitique,
est naturellement imperméable. Cela conduit à l'existence
d'Histosol sur des surfaces considérables. Mais ces sols restent
discontinus dans l'espace et liés aux fonds des dépressions
(Legros, 2007).
V' Dépressions
périglaciaires
En climat très froid, sur roche dure
imperméable, le gel fabrique des débris et les transfère
aisément vers le bas des pentes par colluvionnement ou solifluxion.
Mais, par suite de manque d'eau liquide, l'évacuation des débris
vers l'aval se fait mal. Il en résulte d'une part des vallons à
fond plat et d'autre part des alvéoles qui sont des têtes de
talwegs de forme arrondie dont les dimensions restent modestes : quelques
dizaines de mètres de profondeur et de quelques centaines de
mètres de diamètre. Après réchauffement
postglaciaire, de petits ruisseaux s'installent dans ces formes de quelque
sorte
8
trop grande pour eux. Ce genre de situation est favorable
à la stagnation des eaux et au maintien de tourbières (Legros,
2007).
II.1.2 Valeurs agricoles des tourbes
Fondamentalement, la tourbe est composée de substances
humiques (acide humique et humine) et de substances non humiques. Les premiers
se réfèrent à des matériaux ayant une structure
chimique indéfinie, composée de carboxyle, de cétone,
d'hydroxyle phénolique et alcoolique. La substance non-humique est quant
à elle composée de structures bien définies telles que la
lignine, les protéines, etc. En agriculture, les produits à base
de tourbe servent comme conditionneurs pour améliorer les
propriétés physiques du sol et augmenter l'activité
microbienne (Legros, 2007).
II.1.2.1 Caractéristiques morphologiques et
physico-chimiques
La matière organique superficielle est de teinte
noirâtre et possède une structure grumeleuse fine pour les parties
les mieux décomposées. La matière organique profonde est
brune, parfois brun rougeâtre et de structure fibreuse grossière.
L'épaisseur de la tourbe doit dépasser 40 cm pour être
classée comme Hystosol.
La teneur en matière organique est toujours très
élevée : 40 à 75 % de la terre totale sèche. Le pH
présente des valeurs basses (4 à 5) parfois très acides
(3,5 à 4) en particulier dans les tourbières issues de
peuplements purs de raphias. Le rapport C/N présente des valeurs
élevées, groupées de 16 à 25. La somme totale des
bases échangeables (S) peut atteindre des valeurs assez fortes, variant
de 5 à 25 meq/100g (Legros, 2007).
II.1.2.2 Cultures et rendements
La grande valeur agricole des sols tourbeux a
été prouvée en riziculture de bas-fond à Songon.
Selon Koné (2021), on obtient un rendement en grain de 5,12 t/ha sans
aucun apport d'intrant au sol. La courbe de réponse prédit
même un rendement en grain de 5,6 t/ha sans apport.
II.1.3 Conséquences de la mise en valeur
agricole
Les systèmes de riziculture irriguée exigent
plus d'eau d'irrigation et de travail du sol en condition humide. La
motorisation (combustion d'hydrocarbure) et l'interaction de l'eau (H2O) avec
le carbone du sol vont contribuer à libérer des gaz (CO2 et CH4).
Cette situation va s'accentuer avec l'émission d'oxyde nitreux (N2O) due
à l'apport d'azote pourtant indispensable en riziculture (Flessa et
al., 2002). La riziculture est responsable de 10 % des émissions de
GES provenant de l'agriculture.
9
II.1.4 Tourbes en côte d'ivoire
Ces sols occupent une superficie très restreinte en
Côte d'Ivoire.
II.1.4.1 Répartition
géographique
Les tourbes ou sols hydromorphes organiques sont surtout
limités à la bordure lagunaire et à certaines zones
deltaïques étendues comme les marais de l'Agnébi, où
nous trouvons les profils les plus typiques (Dabin et al., 1960).
Selon Diatta et Koné (2002 ; 2004), on trouve des poches de tourbe dans
les bas-fonds de Foro-foro et Songouri.
II.1.4.2 Caractéristiques
physico-chimiques
La teneur en matière organique est toujours très
élevée : 40 à 75 % de la terre totale sèche. Le pH
présente des valeurs basses (4 à 5) parfois très acides
(3,5 à 4) en particulier dans les tourbières issues de
peuplements purs de raphias. Le rapport C/N présente des valeurs
élevées, groupées de 16 à 25. La somme totale des
bases échangeables (S) peut atteindre des valeurs assez fortes, variant
de 5 à 25 méq/100g (5 à 8 méq/100g le plus
fréquemment) (Dabin et al., 1960).
II.1.4.3 Aptitude culturale
Les sols tourbeux d'origine forestière posent, pour
leur utilisation, le double problème du drainage et de
l'évolution physico-chimique : la matière organique est à
l'état brut, l'azote non utilisable, le pH est excessivement bas, les
propriétés physiques sont très mauvaises. Le drainage,
suivi d'apports répétés d'amendements
calco-magnésiens et d'engrais complet (N-P-K) provoquent plus ou moins
l'humification rapide de la matière organique, qui se manifeste par une
amélioration considérable des propriétés physiques,
le pH augmente, la richesse chimique s'accroît, et la culture
bananière devient possible et fournit même d'excellents
rendements. On observe avec le temps un abaissement du niveau du sol ; il faut
éviter de laisser les tourbes se dessécher trop
profondément et l'exploitant doit limiter le drainage à 50/ 60
centimètres (Dabin et al., 1960).
II.2 RIZICULTURE
Les écologies rizicoles sont les plateaux, les zones
hydromorphes, les bas-fonds et aussi les mangroves (Kotchi, 2000).
II.2.1 Stades de développement du
riz
Le cycle de croissance de la plante de riz, d'un point de vue
morphologique, commence avec la germination, et passe par le
développement des pousses (y compris l'émergence des feuilles et
le tallage), l'élongation de la tige, l'émergence de la panicule,
la floraison, le remplissage des grains, la maturation des grains (qui est
accompagné par la sénescence de la tige et des feuilles)
jusqu'à la fin de sa vie. La durée de vie du plant de riz est
scindée en phase de croissance végétative et phase
reproductive; représentant respectivement la croissance avant et
après l'initiation du bébé panicule.
10
Les deux phases sont considérés comme
étant qualitativement différentes l'une de l'autre (Maruyama,
1995). Chaque phase est subdivisée en fonction des conditions de
croissance du plant de riz. La croissance du riz est divisée en deux
phases : phase végétative et phase reproductive
II.2.1.1 Phase végétative
La phase végétative comprend la période
au cours de laquelle le plant de riz dépend uniquement des nutriments de
l'endosperme et celle marquée par le caractère autotrophe du
plant de riz. Cette phase est caractérisée par la germination des
grains, le tallage actif, l'enracinement, l'allongement de la plante, et
l'apparition de feuilles à des intervalles précis (Maruyama,
1995).
V' Germination et levée des graines
Du semi à l'émergence, il faut environ 7
à 10 jours si les graines sont semées à une profondeur de
3 cm et/ ou dans un sol sablo limoneux. Si les graines sont semées
à une profondeur de plus de 3 cm et/ ou dans un sol argileux, il faut
généralement plus de 7 jours pour l'émergence.
V' Stade de tallage
En botanique, on appelle talle toute branche qui se
développe à partir des bourgeons axillaires, cependant, il est
appelé « talle » dans le cas du riz. Les talles apparaissent
à l'aisselle de chaque feuille. Les talles qui se développent sur
une tige principale sont appelés « talles primaires ». Une
talle primaire, semblable à la tige principale, produit une talle
à l'aisselle de chaque feuille. Les talles qui se développement
sur une talle primaire sont appelés « talles secondaires ».
Les talles tertiaires se développent sur les « talles secondaire
», et talles d'ordre supérieur comme les talles quaternaires et
d'autres se développent sur chaque tige mère. Ainsi, la tige
principale d'une plante produit un grand nombre de talles. Les talles
produisent des panicules à l'extrémité des tiges et enfin
contribuent au rendement en tant que talles productifs. Le nombre de panicules
dépend en grande partie du nombre de talles. Le développement des
talles pendant la phase de tallage est donc importante pour le rendement du
riz. La phase de croissance pendant laquelle le nombre de talles augmentera
très vite est appelée le « tallage actif », et le stade
où le nombre de talles atteint son maximum, quand le nombre de talles
commence à diminuer, est appelée la « phase de tallage
maximale ».
II.2.1.2 Phase reproductive
La phase reproductive est divisée en deux
étapes: l'étape qui précède l'épiaison et
celle qui la suit. La première étape est consacrée au
développement de la panicule et la seconde au remplissage et à la
maturation des grains. La phase reproductive commence par la
différenciation du bébé panicule (ci-après
noté différenciation paniculaire, DP) et se caractérise
par le développement de la panicule (ci-après noté
initiation paniculaire, IP) et l'allongement des tiges, parfois appelé
étape d'élongation de l'internoeud. Le développement de la
panicule est subdivisée en quelques étapes allant de la
11
différenciation du bébé panicule à
l'épiaison/ floraison (Maruyama 1957). La différenciation de la
panicule commence avec le développement de la troisième feuille
avant la feuille drapeau (Akimot et Togari 1939). Goto et al. (1990)
ont rapporté que lorsque la longueur de la troisième feuille
avant de la dernière feuille atteint 30 à 50 % de celle de la
feuille précédente, le primordial des bractées dans
l'étape de différenciation de la panicule aurait
été `atteinte. Par conséquent, l'indentification de la
troisième feuille avant de la dernière feuille est importante
pour déterminer le moment propice pour l'application de l'engrais
azoté (engrais de couverture) en vue de l'augmentation du nombre de
grains par panicule. L'étape de différenciation paniculaire (DP),
qui est le début de la phase reproductive peut être
identifiée par l'observation morphologique dans le champ. A ce stade,
les feuilles les plus longues apparaissent au-dessus de la canopée dans
une parcelle (38 jours après semis). Le stade d'IP suit celle de la DP
(7 à 10 jours après le stade de DP).
V' Stade de différenciation
paniculaire et d'initiation paniculaire/ stade de formation de la
panicule
La phase reproductive commence avec le stade de
différenciation paniculaire. C'est la formation des panicules. De ce
fait, il est très important d'identifier ce stade afin d'appliquer les
engrais en temps opportun. Cette étape se trouve
généralement entre 5 et 6 semaines après le semis dans les
conditions optimales. Il est également possible de l'identifier en
observant les plantes. L'application d'azote à ce stade augmente le
rendement en multipliant le nombre de grains par panicule.
V' Stades de méiose et de
montaison
Ce stade est généralement observé environ
une semaine avant l'épiaison. L'application d'azote à ce stade
peut aussi améliorer le rendement en augmentant le taux de grains
remplis. Matsusima et al. (1955) ont montré que la phase
méiotique commence lorsque l'auricule de la feuille drapeau est de 10 cm
en dessous de celui de la première feuille avant la feuille drapeau et
se termine lorsque l'auricule de la feuille drapeau est de 10 cm au-dessus de
celui de la première feuille avant la feuille drapeau. Elle est plus
active lorsque les deux auricules ont la même hauteur.
V' Stade d'épiaison
La date d'épiaison est l'une des
caractéristiques agronomiques les plus importantes. Elle se produit
lorsque les panicules commencent à émerger des gaines. La
panicule qui émerge en premier lieu dans une parcelle est appelée
panicule précoce. La date à laquelle 10 % des plants d'une
parcelle produisent des panicules est appelée « date de la
première épiaison » alors que celle à laquelle
l'épiaison a lieu dans 50 % des tiges est appelé « date
d'épiaison » et marque ainsi le moment d'épiaison pour
chaque parcelle. La date à laquelle plus de 90 % des tiges d'une
parcelle porte les panicules est appelée « date de
l'épiaison complète ». La période d'épiaison
est celle qui va de la première épiaison à
l'épiaison complète. Cette période est
généralement courte lorsque le nombre de panicules par plant
12
est réduit et longue lorsque le nombre de panicule par
plant est élevée. Elle est généralement plus longue
à basse température que dans des conditions de température
élevée (Hoshikawa, 1975).
V' Stade de maturation des grains
Au moment de l'épiaison et de la floraison, le rachis
et les branches du rachis sont tous deux droits. La floraison et la maturation
commencent par les rachis supérieures, et environ cinq jours
après, l'amidon commence s'accumuler dans les caryopses des rachis
supérieurs qui ont fleuri plus tôt. Cela signifie que le poids des
caryopses sur les rachis supérieurs augmente en premier lieu. Comme
conséquence, les panicules commencent à tomber à partir
des rachis supérieurs. Puisque les rachis sont situés plus bas
sur la fleur de la panicule ou juste après la floraison sont à ce
stade, ils sont encore debout. 5 à 7 jours après
l'épiaison, tous les épillets de la panicule ont terminé
la floraison, et les grains de riz brun sont déjà formés
dans les épillets des rachis supérieurs de telle enseigne que la
longueur de ces épillets est déjà déterminé.
A ce moment, les panicules tombent. 10 à 15 jours après la
floraison, l'augmentation du poids total de la panicule devient plus grande.
Les panicules qui ont presque achevé la maturation tombent plus bas que
le noeud de la panicule.
II.2.2 Nutrition minérale du riz
Les éléments majeurs (N, P, K), les
éléments secondaires (Ca, Mg, S) et les
oligo-éléments (Si, Zn, Fe) sont nécessaires pour le bon
développement du plant de riz. Une des contraintes qui n'est pas des
moindres est celle posée par les effets des déficiences
minérales du sol. Selon Roy et al (2006), la production d'une
tonne de riz paddy exige environ 20 kg N, 11 kg P2O5, 30 kg K, 7 kg Ca, 3 kg Mg
et 40 g Zn. La déficience de l'un de ces éléments dans le
sol pose un problème de gestion nutritionnelle dont la maitrise n'est
pas totale chez les riziculteurs.
II.2.2.1 Eléments majeurs
V' Azote (N)
Cet élément est absorbé sous forme
d'anion N03- en riziculture pluviale et NH4+ condition de
riz submergé (ADRAO, 1995). Il participe à la formation des
tissus végétatifs et des organes reproducteurs (Tankoano, 2014).
L'azote contribue à l'élaboration des nucléotides et des
protéines. Son absence se traduit par le blocage du développement
dès le tallage. Cet élément est également
responsable de :
- l'augmentation du nombre de talles et de la croissance en
hauteur ;
- l'augmentation de la surface foliaire ;
- la formation d'épillets fertiles par panicule et la
teneur des grains en protéine (ADRAO, 1995). L'azote est indispensable
aux premiers stades de développement du riz (stade tallage) et à
la phase de reproduction (initiation paniculaire).
13
V' Phosphore (P)
Le phosphore permet une meilleure croissance racinaire,
favorise un tallage plus actif, avec des talles fertiles, et agit sur le bon
développement des grains en élevant leur valeur alimentaire
(Lacharme, 2001). La disponibilité du phosphore pour les plantes est
plus faible dans les sols acides.
V' Potassium (K)
Le potassium donne de la rigidité à la plante en
la rendant plus résistante à la verse. Il régularise les
mécanismes d'ouverture et de fermeture des stomates, se
révélant ainsi un facteur de lutte contre la sécheresse.
D'après ADRAO (1995), chez le riz, le potassium a les effets
suivants:
- favorise le tallage et augmente la taille et le poids des
grains ;
- augmente la réponse au phosphore ;
- joue un rôle dans l'ouverture, la fermeture des
stomates et la tolérance aux conditions climatiques défavorables
;
- permet aux plantes de résister aux maladies telles
que la pyriculariose et l'helminthosporiose (Angladette, 1966 in Bambara,
2017).
II.2.2.2 Éléments secondaires (Ca, Mg,
S)
Le calcium (Ca), le magnésium (Mg) et le soufre (S)
sont des éléments importants pour le riz mais en petite
quantité. Selon ADRAO (1995) cité par Bambara (2017), le calcium
stimule la croissance et le développement normal des racines tandis que
le magnésium, quant à lui, est un constituant de la chlorophylle.
Le soufre joue un rôle important dans la respiration de la plante et
intervient aussi dans la constitution de certaines protéines et
enzymes.
II.2.2.3 Oligo-éléments
Malgré les quantités très minimes, les
oligo-éléments sont nécessaires à la vie de la
plante. L'élément silice (Si) a des effets
bénéfiques sur la croissance du riz (Arraudeau, 1998, in Bambara,
2017). Le zinc (Zn) est un élément très important chez le
riz. Selon ADRAO (1995), il est étroitement impliqué dans le
métabolisme de l'azote; l'élément fer (Fe) est lui un
promoteur de la formation des chlorophylles.
II.2.3 Riz et agriculture organique
Actuellement l'agriculture s'oriente vers des systèmes
plus durables comme l'agroécologie (Herinassandratra, 2019).
L'agriculture biologique est un système intégré de gestion
de la production qui favorise et améliore la santé des
agroécosystèmes, y compris la biodiversité, les cycles
biologiques et l'activité biologique des sols. Elle met l'accent sur
l'utilisation d'intrants naturels (minéraux et produits
dérivés de plantes) et la renonciation aux engrais
synthétiques et aux pesticides (FAO, 1999). L'objectif de l'agriculture
biologique est de contribuer à promouvoir la durabilité. Dans
14
le contexte agricole, la durabilité se
réfère à la bonne gestion des ressources agricoles qui
permet de satisfaire les besoins humains tout en maintenant ou en
améliorant la qualité de l'environnement et en conservant les
ressources naturelles pour les générations futures. En
agriculture biologique, la durabilité doit donc être
considérée de manière holistique (dans son ensemble), en
prenant en compte les dimensions écologiques, économiques et
sociales.
II.2.4 Riziculture et changements climatiques
La riziculture est responsable de 10 % des émissions de
GES provenant de l'agriculture.
II.2.4.1 Emission des gaz à effet de
serre
Les systèmes de riziculture irriguée exigent
plus d'eau d'irrigation et de travail du sol en condition humide. La
motorisation (combustion d'hydrocarbure) et l'interaction de l'eau (H2O) avec
le carbone du sol vont contribuer à libérer des gaz (CO2 et CH4).
Cette situation va s'accentuer avec l'émission d'oxyde nitreux (N2O) due
à l'apport d'azote pourtant indispensable en riziculture (Flessa et
al., 2002).
II.2.4.2 Résilience aux changements climatiques en
riziculture
La biodiversité dans les agrosystèmes rizicoles
est vivement recommandée pour réduire l'impact de la riziculture
sur la concentration des gaz à effet de serre (FAO, 2015). A cet effet,
l'association, la rotation et la succession (séquence) des cultures sont
pratiquées en mi-saison. Aussi, un nouveau concept d'irrigation fait son
chemin avec des auteurs comme Carrijo et al., (2018) : il s'agit de
remplacer la méthode d'irrigation conventionnelle par une irrigation
alternée avec le drainage selon une fréquence bien établie
durant le cycle de culture du riz.
II.3 COSTUS AFER
Espèce des formations secondaires, Costus afer
(Ker Gawl) est une plante herbacée de grande taille répandue
dans toute l'Afrique intertropicale (N'guessan, 1995). Elle possède une
tige cylindrique gorgée d'eau. Ses feuilles, ovales, elliptiques
mesurent entre 15 et 20 cm de longueur avec une largeur qui varie entre 4 et 7
cm de largeur. Ses fruits sont des capsules (N'guessan, 1995). Elle est
beaucoup utilisée dans le traitement de nombreuses maladies en
thérapie traditionnelle. La classification botanique du Costus
est donnée ci-dessous :
15
Règne : Plantae
Sous-règne : Tracheobionta
Division : Magnoliophyta
Classe : Liliopsida
Ordre : Zingiberales
Sous-classe : Zingniberidea
Famille : Costaceae
Genre : Costus
Espèce : afer
II.3.1 Concentration en nutriments
L'analyse des minéraux effectuée par Anyasor
et al. (2014) a révélé que les niveaux de
calcium, de magnésium, de sodium, de potassium et de manganèse
dans la feuille et la tige du Costus étaient sensiblement
élevés par rapport aux autres minéraux
détectés et une teneur en éléments traces
métalliques très faible. Cette plante peut donc être
employée comme fertilisant grâce à ses minéraux. Les
résultats in vivo de Jacobson et al. (1989) ont montré
que l'extrait de Costus était efficace pour réduire la
pourriture des tubercules ; ce qui suggère que cette l'utilisation du
Costus afer pourrait contribuer au traitement du mycosique et dans la
lutte contre les maladies fongiques des plantes.
II.3.2 Costus afer et stock de carbone dans
les sols rizicole
Selon Koné (2021), l'apport de l'extrait aqueux de
Costus afer a permis d'observer des particules grumeleuses
mélangées à d'autres polyédriques ; certainement du
fait que les microorganismes produisent des molécules organiques qui
contribuent à la cohésion du sol (Ritz et Myoung, 2004). Aussi,
les filaments observés au microscope provoqueraient des soudures
particulières par anastomose en agglomérant les particules du sol
et participant ainsi de manière forte à la structuration des
sols. Ce rôle est renforcé par la présence de
bactérie dans la solution aqueuse de Costus afer car ces
derniers se nourrissent de carbone et d'azote (Mcinerney et al., 2009)
qu'ils vont restituer au sol par leurs cadavres, fournissant ainsi du carbone
structural (saturation en carbone). Cela témoigne du potentiel de
régénération des sols tourbeux par une pratique aussi
simple qui est l'application d'extrait aqueux de Costus afer.
CONCLUSION PARTIELLE
Les sols tourbeux ont un énorme potentiel agricole.
Leur mise en valeur agricole est responsable d'une importante émission
de gaz à effet de serre. La riziculture est responsable de 10 % des
émissions de GES provenant de l'agriculture. Pour leur mise en valeur il
est important d'appliquer des principes
16
de l'agroécologie afin de les préserver voir
même d'améliorer leur fonction écologique. Vu les
caractéristiques du costus afer, il peut satisfaire à
cette exigence.
DEUXIEME PARTIE:
MATERIEL ET METHODES
17
CHAPITRE III: MATERIEL
Ce chapitre présente la zone d'étude et le
matériel utilisé au cours de cette étude. Il s'agit du
matériel végétal, du matériel technique, des
intrants, le matériel de laboratoire et le matériel
informatique.
III.1 SITE D'ETUDE
La zone d'étude se situe dans la commune de Songon dans
le district d'Abidjan. Elle est limitée à l'Est par la commune de
Yopougon, au Nord par la commune d'Anyama, à l'Ouest par la commune de
Dabou et au sud par la lagune Ebrié. Elle s'étend sur une
superficie d'environ 584 km2. Plus précisément, le
site expérimental localise dans un bas-fond du troisième ordre
à une altitude de 5 m et a pour latitude 5°19'32» et pour
longitude 4°10'17» (figure 1).
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude
18
III.2 EDAPHIE ET ECOLOGIE DU SITE D'ETUDE
Les caractéristiques physiques de la zone
d'étude ont une grande influence sur la croissance des plantes.
III.2.1 Variation climatique
La zone de Songon se situe dans le district d'Abidjan
caractérisé par un climat équatorial qui se divise en
quatre saisons (Tastet, 1979 ; Tapsoba, 1990). La pluviométrie annuelle
varie de 1 500 à 2 500 mm, repartie entre 90 à 180 jours de
précipitation (Combres et al., 1974). Les relevés de
pluviométrie moyenne mensuelle de la période 1 990 à 2
000, ont permis d'avoir un minimum de 32 mm au mois de février et
août et un maximum de 457 mm au mois de juin (Kouamé, 2007).
III.2.2 Végétations primaires et
secondaires
La végétation primaire est une forêt dense
qui est désormais restreinte aux forêts classées d'Audouin
et d'Anguédédou faisant place à une agriculture
péri-urbaine pour approvisionner le marché d'Abidjan. Quant
à la végétation secondaire, elle est dominée par
des espèces telles que Dennstae Dticeae, Alchornea Cordifolia,
Colocasia Eculenta, Convolvulaceae Ipomoea, Urochloa maxima.
III.2.3 Géologie et
géomorphologie
La zone d'étude se trouve dans le district d'Abidjan.
Le district d'Abidjan fait partie du bassin sédimentaire qui
représente 2,5 % de la superficie du pays (Tastel, 1979). Cet ensemble
sédimentaire fait de sédiments tertiaires et quaternaires,
constitue un long ruban qui va de Sassandra jusqu'à Axim au Ghana. Les
formations sédimentaires dans la région du Grand Abidjan sont
constituées d'argiles et d'argiles sableuses, de sables et de
grès, de conglomérats, de sables glauconieux et de marnes. Il est
peu profond dans le compartiment nord par rapport au compartiment sud (Oga,
1998). Deux grandes failles traversent Songon donnant lieu à des
dépressions marécageuses durant toute l'année ; favorable
à une pédogenèse de tourbe.
III.2.4 Sols
Dans la zone de Songon nous avons des sols Ferralitiques
(CPCS, 1967) qui se déclinent selon FAO (1998) en Acrisols et
marginalement en Pétrosol plinthic (BMRS), sur les plateaux qui cumulent
entre 40 et 60m d'altitude. Dans les zones marécageuses, les sols sont
de types hydromorphes permanent (Hystosols) avec accumulation de matière
organique.
19
III.3 MATERIEL VEGETAL
Deux plantes ont été utilisées dans le cadre
de cette étude.
III.3.1 Costus afer
Le costus afer est une espèce de plante
herbacée vivace et rhizomateuse de la famille des Costaceae.
Nous avons utilisé cette plante pour la préparation de notre
biofertilisant parce qu'elle est très riche en nutriments. Cela est sans
doute dû au fait qu'elle fleurir très difficilement. Nous avons
utilisés uniquement les parties aériennes des plantes
âgées de plus d'un an.
III.3.2 Riz
La variété de riz nommée VA6 a servi de
semence. C'est une variété obtenue dans une population en
ségrégation dans la douzième génération de
culture d'un hybride d'Africa Rice (AR 051H). Son cycle est de 90 jours avec un
rendement potentiel de 4 t/ha en plein champ. C'est une variété
de bas-fond.
III.4 INTRANTS
Les engrais minéraux et l'extrait aqueux du costus
afer ont été utilisés comme fertilisant.
III.4.1 Engrais
Pour les traitements avec les engrais minéraux, nous
avons utilisé le N-P-K (12-11-18) en fumure de fond et l'urée
à 46 % de N en couverture. Ces engrais ont été
apportés selon la pratique conventionnelle en riziculture qui est de 150
kg/ha pour le N-P-K et 80 kg/ha pour l'urée.
III.5 MATERIEL DE TERRAIN
La liste du matériel est indiquée dans le tableau
(I). Tableau I : Matériel de terrain
Matériel de terrain Rôles
Un ruban mètre Pour délimiter les
micro-parcelles
Un décamètre Pour mesurer la hauteur des plants de
riz
Une balance Pour les pesées
Des sacs Pour conserver les grains de riz récoltés
par
traitement
Des faucilles Pour couper le riz à la maturité
III.6 MATERIEL DE LABORATOIRE
Le matériel utilisé au laboratoire est
énuméré dans le tableau (II).
Tableau II : Matériel de laboratoire
Matériel de laboratoire Rôles
Une étuve de marque memmert
Un tamis de maille 2 mm
Une balance électronique de marque Sartorius et
de précision 0,1 mg
Un pH-mètre électronique Une éprouvette
graduée Un agitateur électrique
Des boites de Pétri et des microplaques
Des tubes à essais
Des micropipettes
Des portoirs
Un lecteur de microplaque
Une hotte à flux laminaire
Pour déterminer l'humidité des échantillons
Pour tamiser les échantillons Pour la pesée des
échantillons
Pour déterminer le pH
pour les mesures de volume des liquides
Pour homogénéiser les mélanges de
façon
automatique
Pour l'ensemencement
Pour préparer les suspension-dilutions
Pour prélever les solutions
Pour disposer les tubes à essais
Pour le dénombrement des bactéries
Pour les manipulations en microbiologie
20
III.7 MATERIEL INFORMATIQUE
Les données collectées ont été
saisies avec Excel avant les traitements statistiques avec le logiciel SAS
(Version 9). Le logiciel Arcgis nous a permis de réaliser la carte de la
zone d'étude. Word a servi à la rédaction du
mémoire.
CONCLUSION PARTIELLE
Les données obtenues dans cette étude ont
été possible grâce à l'usage d'un nombre important
de matériels. Certains matériels ont été
utilisés sur le terrain et d'autres au laboratoire. L'extrait aqueux qui
a été utilisé comme biofertilisant est un matériel
innovant et facile d'accès.
22
CHAPITRE IV : METHODES
Tous travaux de recherche nécessitent l'adoption d'une
méthodologie. Ce chapitre abordera donc les différentes
méthodes utilisées dans le cadre de notre travail.
IV.1 PREPARATION DU BIOFERTILISANT
IV.1.1 Collecte du costus afer
La matière fraiche de Costus non encore mature
(sans fleur) a fait l'objet d'échantillonnage au sécateur. Ces
échantillons étaient constitués de feuilles et de tiges.
Les tiges entières ont été sectionnées à la
base et conditionnées dans un sac en plastique et mises à l'abri
du soleil. Elles ont par la suite été lavées à
l'eau de robinet pour les débarrasser des poussières et autres
éléments potentiellement contaminants. La biomasse a
été utilisée directement pour la réalisation de
l'extrait aqueux.
IV.1.2 Extraction aqueuse
La technique a consisté à broyer le Costus
récolté, dans un mortier, jusqu'à l'obtention du
broyat. Au total deux (02) kilogrammes de broyat ont été
dilué dans un (01) litre d'eau de robinet ; la solution aqueuse obtenue
a été agitée manuellement en malaxant les résidus
solides dans l'eau. A l'aide d'un tissu propre, la solution a été
filtrée en essorant les résidus dans le tissu servant de filtre.
Cette manipulation a été répétée
jusqu'à l'obtention d'un filtrat limpide, soit quatorze (14) dilutions.
Un échantillon de 500 cc de chacune des quatorze dilutions a
été prélevé ; puis le tout a été
mélangé dans un grand bidon pour former un échantillon
composite. Plusieurs échantillons composites ont été
constitués et laissés en fermentation durant quatre mois.
IV.1.3 Conditionnement
L'échantillon composite de l'extrait aqueux de
Costus afer Ker Gawl a été conditionné à
différents volumes : 250 cc ; 500 cc ; 750 cc et 1000 cc pour une
application sur une superficie de 15 m2. Deux conditionnements de
1000 cc ont été réalisés pour deux méthodes
d'application.
IV.2 DOSE D'ENGRAIS
Les doses d'engrais NPK et d'urée ont été
faites selon la pratique conventionnelle en riziculture. Soit, 150 kg/ha pour
le N-P-K et 80 kg/ha pour l'urée.
IV.3 MISE EN PLACE DE L'ESSAI
IV.3.1 Mise en culture
La semence (La variété de riz VA6) a
été séchée pendant 24 heures pour lever la dormance
avant d'être trempée dans l'eau avec l'emballage durant 24 heures
à nouveau. C'est à la suite que la semence a été
essorée et séchée sous abri durant 24 heures pour aboutir
à une pré germination de la semence.
Cette semence a été légèrement
enfouie dans le sol sous un paillage de protection. Apres la germination, la
pépinière a duré 11 jours et le repiquage s'est
effectué au 12ème jour dans un écartement de 20
cm X 20 cm.
IV.3.2 Mise en place du dispositif
Une surface de 418 m2 a été
défrichée et délimitée en 21 micros parcelles de 15
m2 réparties en trois (03) blocs de 7 micros parcelles. Dans
un dispositif expérimental en blocs complets randomisés (figure
2), différentes doses d'extrait aqueux fermentés et d'engrais
minéraux ont été apporté. Chaque traitement a
été répété trois fois. Une distance d'un
mètre a été laissée entre les
répétitions. A l'intérieur d'une même
répétition, les micros parcelles ont été
séparées de 0,5 mètre.
23
T0 : Témoin à blanc
T1 : 250 cc
T2 : 500 cc
|
T3 : 750 cc
T4 : 1000 cc
T5 : 1000 cc
|
T6 : N-P-K et Urée
|
Figure 2 : Dispositif expérimental
IV.3.3 Application des fertilisants
Chaque fertilisant a été apporté à
la dose ainsi qu'à la période indiqué selon un dispositif
en bloc de Fischer constitué de sept (07) traitements avec trois (03)
répétitions (tableau III).
24
Tableau III : Doses et périodes d'application des
fertilisants
TRAITEMENT
|
DOSE A
|
QUANTITE
|
PERIODE
|
TYPE
|
|
L'HECTARE
|
APPLIQUEE
|
D'APPLICATION
|
D'ENGRAIS
|
|
(litre/ha)
|
(cc)
|
|
|
T0
|
0
|
0
|
|
|
T1
|
166,66
|
250
|
Labour
|
|
T2
|
333,32
|
500
|
Labour
|
|
T3
|
499,98
|
750
|
Labour
|
|
|
166,6
|
250
|
Labour
|
|
T4
|
166,6
|
250
|
Repiquage
|
|
|
166,6
|
250
|
Tallage
|
|
|
166,6
|
250
|
Montaison
|
|
T5
|
666,66 kg/ha
|
1000 g/15m2
|
Labour
|
|
|
150
|
250
|
Avant repiquage
|
NPK
|
T6
|
40
|
97,83
|
Tallage
|
Urée
|
|
40
|
97,83
|
Montaison
|
Urée
|
T0 : Traitement témoin ; T1
: 250 cc au labour ; T2 : 500 cc au labour ;
T3 : 750 cc au labour ; T4 : 250 cc au labour
; 250 cc au repiquage ; 250 cc au tallage ; 250 cc à l'épiaison ;
T5 : 1000 cc au labour ; T6 : 250 g avant
repiquage ; 97,83 g au tallage ; 97,83 g à la montaison
IV.4 COLLECTE DES DONNEES
Les données ont été obtenues sur le terrain
ainsi qu'au laboratoire.
IV.4.1 Paramètres agromorphologiques du
riz
La hauteur des plantes et le nombre de talles ont
été notés aux différents stades d'évolution
du riz : Au tallage, à l'épiaison et à la maturité.
La hauteur (H) des plantes de riz a été mesurée depuis la
surface du sol jusqu' à l'extrémité de la feuille la plus
haute à l'aide d'un décamètre. Le nombre de talle sur 1
m2 (unité expérimentale) a été
déterminé afin de connaitre la densité de tallage.
IV.4.2 Paramètres de rendement du riz
A la maturité, le riz a été
récolté manuellement avec des faucilles sur 8 m2 en
laissant 2 lignes de bordure. Après séchage et battage, les
grains de riz ont été vannés. Les pailles et les grains
ont été séchés au soleil puis pesés
séparément. Le taux d'humidité des grains de riz a
été déterminé après
25
séchage à l'étuve à 70 °C
pendant 24 heures et le rendement en grain a été calculé
par rapport à l'humidité standard de 14 p.c. Les rendements en
grains (RDG) et en paille (RDP), la matière sèche totale (MST)
ainsi que l'indice de récolte (IR) ont été calculés
selon les formules suivantes :
Soit RDG = rendement en grain et MST = matière
sèche totale ; RDP = rendement en paille ;
RDG (t/ha) = (poids sec grain (kg)/ 8 (m2)) X
(10000/1000) X ((100-H)/86) équation (1)
RDP (t/ha) = (poids sec paille (kg) / 8 (m2)) X
(10000/1000) X (100/86) équation (2)
Avec H (p.c. humidité) = [M. initiale - M. finale / M.
initiale] X 100 équation (3)
avec M = masse d'une quantité de riz
prélevée pour chaque micro-parcelle.
MST (t /ha) = RDG + RDP équation (4)
JR = (RDG/MST) X 100 équation (5) IV.5
PRELEVEMENT ET PREPARATION DES ECHANTILLONS
Les échantillons ont été
prélevés dans chaque micro parcelle puis séchés au
soleil. Après séchage ces échantillons ont
été pillés puis tamisés avec un tamis de maille 2
mm afin d'obtenir la fraction fine. Toutes les analyses en laboratoire ont
portées sur cette fraction fine. Toutefois, des mottes de sol ont
été laissées la détermination de la
stabilité structurale.
IV.6 DETERMINATION DU TAUX DE MATIERE
ORGANIQUE
Un sous échantillon de 5 g a été mis au
four à une température de 600 °c pendant cinq heures. Une
fois l'échantillon retiré du four, la différence de masse
obtenue a permis de calculer le pourcentage de matière organique
à l'aide de la formule ci-dessous.
Mi-Mf
%MO = Mi-Mt
|
X 100. équation (6)
|
avec Mt : masse de la tasse vide ; Mi : masse de la tasse
contenant l'échantillon ; Mf : masse de la tasse contenant
l'échantillon après le retrait du four
26
IV.7 DETERMINATION DE LA STABILITE STRUCTURALE DU
SOL
Une motte de terre de masse connue (M) a été
placée dans un tamis avant d'être immergée dans de l'eau de
robinet pendant 72 heures. Pendant ces 72 heures les mottes ont
été régulièrement agitées. Une fois les 72
heures écoulées, les mottes ont été retiré
et l'eau a été filtrée. Les débris obtenus ont
été pesés après séchage (m). La
stabilité structurale (SS) a été évaluée par
la proportion de terre recueillie dans l'eau (Le Bissonnais, 1996). Soit la
formule suivante :
M-m
???? = M
|
X 100. équation (7)
|
IV.8 DENOMBREMENT DES MICROORGANISMES DU SOL
Dans le cadre de notre étude, la technique des
suspensions dilutions de sol a été utilisée pour la mesure
des densités microbiennes. Cette méthode est facile à
réaliser, économique, et elle donne des résultats fiables
et reproductibles.
IV.8.1 Préparation des suspensions
dilutions
Les préparations des suspensions dilutions consistent
à disposer sur un portoir une série de 6 tubes
stérilisés, contenant chacun 9 ml d'eau physiologique. Puis,
peser 1 g du sol et le mettre dans le premier tube : c'est la suspension
dilution 10-1. Cette suspension a été agitée
pendant 30 minutes puis laissée reposée pendant 10 minutes.
Ensuite, nous avons transféré 1 ml de cette solution dans le
deuxième tube contenant déjà 9 ml d'eau physiologique ; il
s'agit de la suspension dilution 10-2. Agiter vigoureusement et
recommencer l'opération pour le restant des tubes en transférant
1ml de solution d'un tube à l'autre, afin de préparer les
suspensions dilutions 10-3, 10-4, 10-5 et
10-6 (figure 3).
1 g de sol 1 ml 1 ml 1 ml 1 ml 1 ml
10-1 10-2 10-3 10-4
10-5 10-6
Figure 3 : Procédure de dilution
27
IV.8.2 Bactéries
Pour obtenir la densité microbienne du sol après
culture, les microplaques ont été ensemencées à
l'aide d'une micropipette en commençant par les dilutions les plus
faibles. Ceci, dans le but d'éviter les contaminations. Nous avons
ensemencé 72 puits de chaque microplaque en raison de 24 puits par
dilution. Toutefois, une colonne de huit puits a été
laissée vide entre chaque dilution toujours dans le but d'éviter
les contaminations. Dans chaque puit nous avons mis 180 ml du milieu de culture
NB puis ajouter 20 ìl de suspension. Les microplaques sont ensuite
incubées à 28 °C, à l'étuve pendant 7 jours.
Après incubation, la croissance des bactéries a été
mesurée au lecteur de microplaque à 620 nm de densité
optique correspondant, soit à l'apparition d'un trouble bactérien
ou d'un changement de couleur. Les résultats ont été
traités par un programme statistique déterminant le Nombre le
Plus Probable (NPP) de bactéries présentes dans
l'échantillon.
IV.8.3 Champignons
La méthode des suspensions dilutions, mise au point
pour le dénombrement des bactéries, est également
utilisable pour les champignons. 100 ìl de la suspension de chaque
dilution (10-1 à 10-3) de sol ont
été utilisés pour ensemencer les boîtes de
Pétri contenant le milieu Sabouraud de composition suivante : 10
g.l-1 de peptone, 40 g.l-1 de glucose et 20
g.l-1 d'Agar est stérilisé dans un autoclave à
120 °C pendant 20 minutes. Une fois tiédi, un antibiotique, le
chloramphénicol est ajouté à la dose 500 mg.l-1
afin d'inhiber la croissance bactérienne. Après trois jours
d'incubation à l'étuve à 28 °C, la
détermination du nombre le plus probable de propagules a
été faite par comptage des colonies et est exprimée en UFC
(nombre d'Unités Formant Colonies) /g de sol selon la formule
mathématique ci-dessous. Seules les boîtes contenant entre 15 et
150 colonies au niveau de deux dilutions successives ont été
retenues pour le dénombrement.
N = ? colonie / (V (ml) X (n1+0,1n2) X d1) équation
(8)
Où : N : Nombre d'UFC par gramme de sol ; ? colonies :
Somme des colonies des boîtes interprétables ; V : Volume de
solution déposée (100 ul) ; n1 : Nombre de boîtes
considéré à la première dilution retenue ; n2 :
Nombre de boîtes considéré à la seconde dilution
retenue ; d1 : Facteur de la première dilution retenue.
IV.9 DETERMINATION DU pHeau DU SOL
Le pHeau a été déterminé à
l'aide d'un rapport de 1/2,5 (m/v). De façon plus pratique nous avons
prélevé un sous échantillon de 10 g. Par la suite nous y
avons ajouté 25 cc d'eau distillée et l'ensemble a
été agité (30 minutes) puis laissé reposer pendant
30 minutes. Nous avons procédé à la lecture du
28
pH en plongeant l'électrode du pH mètre dans la
solution de sol obtenue. Cette manipulation a été
répétée trois fois de suite et la moyenne obtenue a
été considérée comme la valeur du pHeau.
IV.10 ANALYSES STATISTIQUES
IV.10.1 Analyse de variance
Les données obtenues ont été saisies avec
Excel. Les données de la hauteur moyenne (HAUT), de la densité de
tallage (TAL/m2) ont été soumises à l'analyse
de variances (ANOVA) au seuil á = 0,05 à l'aide du logiciel SAS
version 9 pour tester l'effet des traitements appliqués sur le
développement végétatif des plants de riz. La
classification des valeurs moyennes par la méthode de Newman et Keuls a
permis d'identifier les traitements pour lesquels les niveaux de
développement végétatif sont significativement
différents. Les données de rendements en paille (RDP) ont
également été soumises à l'ANOVA pour tester
l'effet des traitements. La classification des valeurs moyennes par la
méthode de Newman et Keuls a permis d'identifier les traitements pour
lesquels les performances agronomiques sont significativement
différentes.
IV.10.2 Mixed model
Les données de rendements en grain (RDG) et les indices
de récoltes (IR) ont été analysées en tenant compte
des dégâts observés. Dans ce model on considère les
dégâts observés comme le facteur aléatoire. Cette
analyse permet de tenir compte des dégâts et de donner une
estimation des rendements ainsi que des indices de récoltes. Avec ce
model on peut mieux évaluer l'effet des traitements. A l'aide du t-test
nous avons également comparé la différence entre les
rendements pris deux à deux.
IV.11 ETUDE ECONOMIQUE
Pour justifier l'adoption du Costus afer, il fallait
vérifier si son utilisation nous permettait d'avoir un
bénéfice au moins similaire au bénéfice
engendré par l'utilisation des engrais. Pour ce faire, nous avons
calculé le coût de production et le prix de vente puis des deux
nous avons déduire les différents gains. Pour le coût de
production nous avons tenu compte que du prix d'achat des fertilisants.
Coût de production (FCFA/t) = Prix d'achat des engrais X
Quantité d'engrais utilisée équation (9)
Prix de vente (FCFA/t) = RDG (kg/t) × Prix du kg de paddy
équation (10)
Bénéfice (FCFA /t) = Prix de vente (FCFA/t) -
Coût de production (FCFA/t) équation (11)
CONCLUSION PARTIELLE
L'ensemble du matériel utilisé a permis de
mettre en oeuvre des méthodes appropriées pour la
réalisation de ce travail. Les méthodes utilisées que ce
soit sur le terrain ou au laboratoire nous ont permis d'avoir les
résultats qui sont présentés dans le prochain chapitre.
Ces résultats ont fait l'objet d'analyses statistiques.
TROISIEME PARTIE :
RESULTATS ET DISCUSSION
29
CHAPITRE V : RESULTATS
Ce chapitre présente les différents
résultats obtenus à partir de la collecte des données sur
le terrain et des analyses effectuées en laboratoire.
V.1 TAUX DE MATIERE ORGANIQUE ET pH DU SOL
Les résultats de détermination du pH, du carbone
organique ainsi et de la matière organique sont consignés dans le
tableau (IV) pour un échantillon composite de sol prélevé
entre 0 - 20 cm de profondeur avant l'essai. Ces résultats montrent que
nous avons un sol très riche en matière organique (> 40%) et
en carbone organique. La valeur du pH indique un milieu presque neutre.
Tableau IV : Acidité et matière organique
du sol avant l'essai
pH MO (%) Corg (%)
6,3 74,33 41,76
V.2 EFFETS DES TRAITEMENTS SUR LE RIZ
V.2.1 Coloration des feuilles
Sous traitement T6 les feuilles du riz sont plus vertes ;
surtout quelques jours après l'application de l'urée. Pour ce qui
est des traitements avec l'extrait aqueux du Costus afer
fermenté et le témoin, il n'avait pas de grande
différence au niveau de la couleur des feuilles (figure 4).
T0 T5
T6
Figure 4: Intensité de la coloration des feuilles
au stade d'épiaison
30
V.2.2 Paramètres de croissance du riz
La variation des valeurs moyennes de la hauteur et du nombre de
talles durant l'expérimentation au différents stades de
développement des variétés de riz sont
présentés dans le tableau (V).
Tableau V : Paramètres agromorphologiques aux
différents stades d'évolution du riz en fonction des
traitements
|
Tallage
|
Epiaison
|
Maturité
|
Traite-
|
Nombre de
|
Hauteur
|
Nombre de
|
Hauteur
|
Nombre de
|
Hauteur
|
ments
|
talle/m2
|
(cm)
|
talle/m2
|
(cm)
|
talle/m2
|
(cm)
|
T0
|
247 a
|
53 a
|
275 b
|
82,19 a
|
260 b
|
85 a
|
T1
|
253 a
|
50 a
|
296 ab
|
82,17 a
|
282 b
|
83 a
|
T2
|
235 a
|
52 a
|
260 b
|
82,81 a
|
245 b
|
82 a
|
T3
|
282 a
|
52 a
|
308 ab
|
80,12 a
|
297 b
|
81 a
|
T4
|
243 a
|
53 a
|
256 b
|
83,49 a
|
253 b
|
85 a
|
T5
|
238 a
|
51 a
|
270 b
|
81,27 a
|
255 b
|
83 a
|
T6
|
318 a
|
58 a
|
388 a
|
87,27 a
|
389 a
|
89 a
|
Pr > F
|
0.6276
|
0.2345
|
0.0425
|
0.6320
|
0.0138
|
0.4735
|
CV (%)
|
23.32
|
6.51
|
15.61
|
5.53
|
15.14
|
5.31
|
a ; b ; ab : groupements selon SNK
Les probabilités de Fischer traduisent l'effet
significatif des traitements sur le nombre de talle dès le stade
d'épiaison. Le meilleur résultat est obtenu avec le traitement T6
qui donne 389 talles/m2 à la maturité.
31
V.2.2.1 Variation du nombre de talle pendant le cycle du
riz
La figure (5) nous présente l'évolution du
nombre de talles/m2 des plantes de riz en fonction des traitements
au cours des différents stades physiologiques. On constate que du
tallage à l'épiaison il y a une augmentation du nombre de talles
et de l'épiaison à la maturité il y a une
légère diminution du nombre de talles.
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6
Traitements
NT/m2 tall NT/m2 EPI NT/m2
mat
a
a
Tialles/m2
a
b
b
a
ab
b
a
b
b
a
ab
b
bb
b
b
a
a
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
a
a ; b ; ab : groupements selon SNK
Figure 5: Nombre moyen de talles par stade physiologique
en fonction des traitements
32
V.2.2.2 Variation de la hauteur pendant le cycle du
riz
Les différents traitements n'ont eu aucun effet
significatif sur la hauteur des plantes de riz. Il n'y a donc aucune
différence significative entre les hauteurs obtenues. La figure (6)
montre l'évolution de la hauteur au cours des différentes phases
physiologiques. Contrairement au nombre de talles, du tallage à
l'épiaison il y a une brusque variation de la hauteur des plantes alors
que de l'épiaison à la maturité la variation de la hauteur
est très faible.
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6
Traitements
Haut moy tall Haut moy epi Haut moy mat
Hauteur (cm)
a
a
100
a a
a a a a a a
a a a a
a
a
a
a
a
a
a
a
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
a : groupement selon SNK
Figure 6: Hauteur moyenne du riz aux stades tallage,
épiaison et maturité en fonction des traitements
33
V.2.3 Paramètre de rendement du riz
Après la récolte, les grains de riz ainsi que les
pailles ont été séchés puis pesées. Les
résultats obtenus sont consignés dans le tableau (VI).
Tableau VI : Rendement en grain, rendement en paille,
indice de récolte et masse des milles grains en fonction des
traitements
Traitements
|
RDG
|
RDP
|
IR
|
Masse 1000
|
|
(t/ha)
|
(t/ha)
|
(%)
|
grains (g)
|
T0
|
1,3
|
5,52 b
|
18,88
|
20,52 a
|
T1
|
1,2
|
5,33 b
|
18,74
|
19,88 a
|
T2
|
1,0
|
7,46 ab
|
12,17
|
20,85 a
|
T3
|
1,4
|
6,44 b
|
17,35
|
19,27 a
|
T4
|
1,4
|
7,03 ab
|
16,61
|
21,01 a
|
T5
|
1,5
|
6,20 b
|
19,14
|
20,96 a
|
T6
|
2,3
|
10,03 a
|
18,71
|
19,87 a
|
Pr > F
|
0,0204
|
0,0215
|
0.0241
|
0,76
|
CV (%)
|
50,46
|
21,02
|
48,89
|
7,69
|
a ; b ; ab : groupements selon SNK
Les différents traitements ont un effet significatif
sur le rendement en paille RDP, le rendement en grain (RDG) ainsi que l'indice
de récolte (IR) puisque les probabilités de Fischer sont
inférieures à 0,05. Le meilleur rendement a été
obtenu avec le traitement T6 (2,3 t/ha). Le traitement T5 quant à lui a
donné 1,5 t/ha. C'est le meilleur rendement obtenu avec le
biofertilisant. En tout état de cause, l'indice de récolte
indique que le rendement obtenu avec le traitement T6 ne représente que
18% de la matière sèche totale alors que celui obtenu avec le
traitement T5 représente 19% de la matière sèche totale.
Les résultats indiquent également qu'avec le biofertilisant on a
des grains bien rempli qu'avec le fertilisant minéral. Donc, avec le
biofertilisant on peut obtenir un bon tonnage avec moins de grains qu'avec
l'engrais minéral.
34
V.2.3.1 Rendement en grain
La figure (7) présente les différents rendements en
grain obtenus en fonction des traitements.
RDG (t/ha)
2,5
0,5
1,5
2
0
1
Et=0,42;n=3
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6
Traitements
Et=0.4081;n=3
Et=0.4224;n=3
Et=0.4081;n=3
Et= 0.4227;n=3
Et=0.4064;n=3
Et=0.4224;n=3
Et : Erreur type ; n : Effectif d'observation
Figure 7 : Rendements moyens en grain en fonction des
traitements (P = 0,0204)
Les différents traitements présentent un effet
significatif sur le RDG en tenant compte des différents
dégâts observés. On remarque de façon
générale une augmentation du RDG avec des doses croissantes du
biofertilisant. Le plus haut rendement (2,3 t/ha) est observé avec le
traitement T6 (utilisation des engrais minéraux).
On remarque également que les différences de
rendements entre les différents traitements et le traitement T6 sont
significatives. Cependant ces différences diminuent avec des doses
croissantes du biofertilisant. Vu cette tendance, il existerait une dose
à laquelle le RDG obtenu avec le biofertilisant serait égale
à celui obtenu avec les engrais minéraux. Le tableau (VII)
présente les différences de rendements.
Tableau VII : Différence de rendements en grain
selon le t-test avec le traitement T6
Ti-T6
|
Valeurs
|
Probabilité > ÐtÐ
|
T0-T6
|
-1.02
|
0.0222
|
T1-T6
|
-1.08
|
0.0187
|
T2-T6
|
-1.27
|
0.0037
|
T3-T6
|
-0.96
|
0.0325
|
T4-T6
|
-0.91
|
0.0258
|
T5-T6
|
-0.84
|
0.0530
|
35
V.2.3.2 Rendement en paille
La figure (8) nous présente les différents
rendements en paille obtenus en fonction des traitements.
ab
b b
b ab b
12,00
10,00
RDP (t/ha)
8,00
6,00
4,00
2,00
0,00
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6 Traitements
a
a ; b ; ab : groupements selon SNK
Figure 8: Rendements moyens en pailles en fonction des
traitements (P=0,0215)
La probabilité de Fischer (0,0215)
indique que les rendements en paille obtenus ont été induis par
les traitements appliqués. Il y a une différence significative
entre les rendements en paille obtenus par les traitements T0, T1, T3 et T4. Le
traitement T6 enregistre le plus haut rendement avec environ 10 t/ha.
V.3 RELATION ENTRE LE RENDEMENT EN GRAIN ET LES
PARAMETRES AGROMORPHOLOGIQUES
La statistique descriptive nous permet d'affirmer qu'il existe
de fortes corrélations entre le RDG et les paramètres
agromorphologiques. Les résultats sont présentés dans le
tableau (VIII).
Tableau VIII : Coefficient de corrélation entre
les paramètres agromorphologiques et le rendement en grain
Variables Haut et RDG Talles/m2 et
RDG
R (%) 67 66
Nous constatons qu'il existe une forte corrélation
positive entre les paramètres agromorphologiques et le rendement en
grain. Cela signifie que les paramètres agromorphologiques et le
rendement en grain sont proportionnels.
36
V.4 EFFETS DES TRAITEMENTS SUR LE SOL
L'analyse des échantillons de sol après la
récolte nous permet de confirmer l'action
régénératrice de notre biofertilisant qui a
été démontrée dans de nombreux travaux de
recherches. Les résultats obtenus nous sont présentés dans
le tableau (IX).
Tableau IX : Résultats des analyses de sol
après culture
Traitements
|
pHeau
|
SS (%)
|
ss (%)
|
Nombre de
bactéries/g de sol (x106)
|
Nombre d'UFC/g sol
|
de
|
T0
|
6,33 a
|
99,74 a
|
99,90 a
|
366 d
|
454.545
|
|
T1
|
6,4 a
|
99,78 a
|
99,85 a
|
2,24 g
|
118.181
|
|
T2
|
6,38 a
|
99,82 a
|
99,88 a
|
18.800 b
|
6.181
|
|
T3
|
6,38 a
|
99,75 a
|
99,88 a
|
9,52 f
|
4.363
|
|
T4
|
6,35 a
|
99,81 a
|
99,87 a
|
20.400 a
|
3.545
|
|
T5
|
6,33 a
|
99,78 a
|
99,85 a
|
1.020 c
|
4.727
|
|
T6
|
6,28 a
|
99,73 a
|
99,84 a
|
164 e
|
3.727
|
|
Pr > F
|
0,3433
|
0,8285
|
0.8693
|
0,001
|
|
|
CV (%)
|
0,97
|
0,10
|
0,06
|
0,05
|
|
|
a, b, ab, c, d, e, f, g : groupements selon SNK ; SS :
Stabilité structurale avec agitation ; ss : Stabilité structurale
sans agitation
Nous remarquons de façon générale une
amélioration des propriétés du sol pour les traitements
avec l'extrait aqueux du costus afer fermenté. Par conte avec l'engrais
minéral il y a une détérioration des
propriétés du sol. Le traitement T1 nous donne le meilleur pH
(6,4), la meilleure stabilité du sol avec agitation est donnée
par T2 (99,82 %). La population bactérienne la plus danse est obtenue
avec le traitement T4. Le traitement avec l'engrais minéral provoque une
acidification du sol, la déstructuration du sol ainsi qu'une
réduction de la population bactérienne. Notons qu'avec le
traitement T5 on a une légère acidification du sol puisque le pH
initial (avant la mise en place de l'essai) était de 6,35. Il y a
également une réduction de la population bactérienne sous
les traitements T3 et T1.
37
V.4.1 pHeau
La figure (9) nous présente les valeurs moyennes du pHeau
en fonction des traitements.
pH
6,45
6,35
6,25
6,4
6,3
6,2
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6
Traitements
a
a
a a
a
a
a
a : groupement selon SNK
Figure 9: pHeau moyens en fonction des traitements (P =
0,34)
Les traitements n'ont pas d'effet significatif sur
l'acidité du sol après un cycle de culture. Néanmoins le
biofertilisant augmente le pH du sol. La plus grande valeur de pH est
enregistrée avec le traitement T1. Au-delà de T1 les doses
croissantes du biofertilisant entrainent la baisse du pH. Toutefois la dose
maximale utilisée enregistre un pH supérieur aux
témoins.
V.4.2 Stabilité structurale du sol
La figure (10) montre les indices de stabilité structurale
du sol après culture.
SS (%)
99,84
99,82
99,78
99,76
99,74
99,72
99,68
99,8
99,7
T0 T1 T2 T3 T4 T5 T6
Traitements
a
a
a
a
a
a
a
a : groupement selon SNK
Figure 10 : Indice de stabilité moyens en fonction
des traitements (P = 0,8532)
La probabilité de Fischer révèle que les
différents traitements n'ont d'effets significatifs sur la
stabilité structurale du sol. Toutefois nous remarquons une
amélioration de la stabilité du sol sous les
38
traitements avec le biofertilisant puisque les valeurs
obtenues sont supérieur aux témoins. La tendance en cloche du
graphique nous laisse croire qu'au-delà de la dose d'environ 334
litres/hectare nous avons une déstabilisation de la stabilité
structurale du sol. En tout état de cause l'utilisation du costus afer
améliore la stabilité structurale du sol.
V.5 MICROBIOLOGIE DU SOL
L'analyse des échantillons de sol après la
récolte nous a permis de constater qu'il y a une augmentation de la
population bactérienne sous les traitements T2, T4 et T5. Nous
remarquons que pour un même traitement le nombre de colonies diminue de
la plus faible dilution (10-1) à la plus forte
(10-3). Pour des traitements différents il y a
également une variation de la souche de champignon.
V.6 Etude économique
Les résultats de l'étude économique nous
sont présentés dans le tableau suivant. Tableau X :
Revenus issus des différents traitements
Trait
|
RDG t/ha
|
RDG kg/ha
|
Prix vente
|
Coût prod
|
Gains net
|
|
|
|
(FCFA)
|
(FCFA)
|
(FCFA)
|
T0
|
1,28
|
1284,7
|
256940
|
0
|
256940
|
T1
|
1,23
|
1229,4
|
245880
|
0
|
245880
|
T2
|
1,03
|
1033,8
|
206760
|
0
|
206760
|
T3
|
1,35
|
1352
|
270400
|
0
|
270400
|
T4
|
1,40
|
1399,9
|
279980
|
0
|
279980
|
T5
|
1,47
|
1467,5
|
293500
|
0
|
293500
|
T6
|
2,31
|
2308,1
|
461620
|
298000
|
163620
|
Ce tableau montre clairement qu'avec le biofertilisant les
revenus sont plus importants. Le bénéfice le plus important est
obtenu avec le traitement T5 (figure 11).
T5 T4 T3 T0 T1 T2 T6
Traitements
Gain (CFA)
Gain (CFA)
140000
120000
100000
40000
20000
60000
80000
0
Figure 11 : Différence de bénéfice
entre les autres traitements et le traitement T6
39
Cette figure montre que plus la dose de biofertilisant
apportée est élevée plus la différence de
bénéfice avec le traitement T6 est important. Le traitement T5
enregistre la plus grande différence avec un bénéfice de
plus de cent vingt mille francs CFA (120 000 FCFA) que le traitement T6.
CONCLUSION PARTIELLE
Les résultats obtenus nous montrent qu'avec les
traitements avec l'extrait aqueux du Costus afer on a un pHeau qui est
au moins égale au pHeau sous le traitement T0. Sous les traitements avec
le biofertilisant le sol est plus stable que sous T0 et T6. En ce qui concerne
les rendements grain, le traitement T5 donne un rendement de 1,5 t/ha. C'est un
résultat très satisfaisant pour un biofertilisant encore dans son
état embryonnaire contrairement à l'engrais minéral qui
est utilisé depuis des siècles et qui fait toujours l'objet de
plusieurs travaux de recherche. Il convient de rappeler que le plus haut
rendement en grain (2,3 t/ha) a été obtenu avec les engrais
minéraux. Ce traitement a également entrainé une baisse du
nombre des microorganismes de même que les traitements T3 et T1.
40
CHAPITRE VI : DISCUSSION
Ce chapitre présente la discussion des
différents résultats obtenus au cours de cet essai. Il s'agira
pour nous de donner une explication des points saillant de ce travail afin de
pouvoir contribuer à l'amélioration des connaissances dans une
gestion durable du carbone dans les agroécosystèmes,
particulièrement, en riziculture sur tourbe.
VI.1 POTENTIALITE AGRICOLE DU BAS-FOND
La forte richesse en matière organique (M.O) du sol de
bas-fond constatée dans notre étude pourrait s'expliquer par la
présence de l'eau pendant une période très longue de
l'année. Ainsi selon la FAO (2012), dans les conditions de saturation en
eau toute l'année, le processus de décomposition des plantes est
ralentie a un tel point que les plantes mortes s'accumulent pour former la
tourbe. Au fil des millénaires, la M.O s'accumule et atteint plusieurs
mètres d'épaisseur créant ainsi un sol organique
(Lavigne et al, 1996). Aussi, durant la saison pluvieuse, l'occurrence
de la crue d'eau pourrait accroitre la durée du cycle de la
matière organique (débris végétaux) entre celui du
pool de carbone actif et du carbone passif (Mils et al. 2014). Il en
résulte une décomposition partielle de la matière
organique. Ces effets saisonniers contribuent au développement d'une
forte épaisseur d'horizon organique (Traoré, 2013 ; Konan, 2013 ;
Akassimadou et Yao-Kouamé, 2014). Ce processus peut réduire
considérablement le pH et conduire à la formation de sols
très acides à faible CEC (Akassimadou et al., 2014). Les
sols tourbeux constituent une précieuse réserve mondiale de
carbone. En effet de grandes quantités de carbones atmosphériques
fixées aux tissus végétaux par la photosynthèse
sont enfermées dans cet écosystème. Cette écologie
contribue de façon significative à la régulation
climatique (Campbell-Renaud, 2014 ; Konan et al., 2017). L'azote (N)
étant intimement lié au carbone organique (Dorel et al.,
2005), son évolution ou son comportement s'apparente à ce
dernier. Le rapport entre ces deux éléments (C/N) est un
indicateur de la qualité de M.O. Le rapport C/N élevé
indique une mauvaise décomposition de la M.O avec plusieurs
conséquences comme une faible disponibilité de N pour les plantes
et une activité microbienne réduite (Genot et al., 2009,
Jandl et al., 2012). Le rapport C/N dans le sol étudié
est très élevé (C/N = 20.64 » 14). Cette valeur
traduit une minéralisation très faible impliquant une mauvaise
décomposition de la M.O et une déficience en
éléments nutritifs.
VI.2 POUVOIR REGENERATIF DU COSTUS
AFER
Les différents traitements avec l'extrait aqueux du
Costus afer fermenté améliorent la stabilité
structurale du sol qui passe de 99,74 % pour le témoin à 99,82 %
pour le traitement T2. Cette amélioration de structure est due à
la présence de bactérie dans la solution aqueuse de Costus
afer (Koné, 2021). De plus l'augmentation du nombre de
bactérie sous les traitements avec l'extrait
41
aqueux pourrait sans aucun doute contribuer à
l'amélioration de la stabilité structurale du sol. Ces
microorganismes produisent des molécules organiques qui contribuent
à la cohésion du sol (Ritz et Myoung, 2004). En plus de cela, il
est reconnu que ces microorganismes se nourrissent de carbone et d'azote
(McInerney et al., 2009) qu'ils vont restituer au sol par leurs
cadavres fournissant ainsi du carbone structural au sol (saturation en
carbone). On observe de façon générale une augmentation de
la population microbienne sous les traitements avec l'extrait aqueux du
Costus afer. Cette prolifération pourrait être due aux
molécules organiques contenus dans notre biofertilisant (Han et
al., 2005) ; car ces microorganismes se nourrissent de carbone et d'azote
(McInerney et al., 2009). Toutefois les traitements T1 et T3
entrainent une réduction du nombre de microorganismes. L'augmentation du
pHeau sous les traitements avec le biofertilisant traduisent une baisse de
l'acidité du sol sous ces différents traitements.
L'amélioration des propriétés du sol par l'utilisation de
l'extrait aqueux de Costus afer fermenté durant cette
étude répond ainsi à la préoccupation de maintien
de l'écosystème des sols tourbeux.
VI.3 EFFETS DES ENGRAIS MINERAUX SUR LES PROPRIETES DU
SOL
Le traitement T6 (NPK+UREE) entraine une
détérioration des propriétés du sol. En effet on
observe une baisse du pH traduisant une acidification du sol, la diminution de
l'indice de stabilité et une diminution de la population microbienne.
Tous ces effets ont été constatés après seulement
un cycle de culture. L'acidification du sol proviendrait de l'absorption des
cations par la culture et la lixiviation des nitrates emportant des cations
basiques provoquant une désaturation accélérée du
complexe d'échange. Les cations basiques seraient alors progressivement
remplacés par l'aluminium et le processus serait accentué avec la
fertilisation minérale parce que l'azote non utilisé augmente la
lixiviation des bases (Boubié et al., 1997). La diminution de
l'indice de stabilité traduit la déstructuration du sol. Cela
pourrait être due à une réduction du carbone organique
causée par la fertilisation exclusivement minérale (Boubié
et al., 1997). Cette réduction s'expliquerait par la
minéralisation progressive de la matière organique.
VI.4 EFFETS DES FUMURES SUR LES PARAMETRES
AGROMORPHOLOGIQUES
Les paramètres végétatifs sont des
indicateurs de la vitalité et de la croissance de la plante. A cet
effet, ils permettent la prévision de la récolte. Durant cette
expérimentation, l'examen de la hauteur moyenne n'a montré aucune
différence significative selon les types et le doses de fumures, on est
tenté de croire que les teneurs du sol en N ont été dans
le même ordre de grandeur sous l'effet des deux types et des
différentes doses de fumures. Cependant on a observé les plus
grandes valeurs du nombre de talles comptées par m2 dans les
traitements avec les engrais NPK (12-11-18) et l'urée à 46 % de
N. Ces données constituants les paramètres de rendements
(Lacharme, 2001), on pourrait
42
envisager une meilleure production en grains et en paille du
riz sous l'engrais NPK (12-11-18) et l'urée à 46 % de N par
rapport au biofertilisant. Les résultats obtenus trouvent une
explication dans les caractéristiques des différents fertilisants
utilisés durant cette expérimentation : les engrais
minéraux peuvent être assimilable directement après
désorption ou non par des plantes (Bodoharisoa et al., 2007).
Ce qui favorise la disponibilité des éléments nutritifs et
du coup, la croissance rapide du riz (hauteur et nombre de talles) dans les
micros parcelles ayant reçu les engrais minéraux comme
fertilisant.
VI.5 EFFETS DES FUMURES SUR LES RENDEMENTS
L'étude réalisée a globalement
démontré pour les paramètres de rendement du riz les
performances des engrais minéraux. Toutefois l'étude
économique révèle qu'avec le biofertilisant l'on
réalise plus de bénéfice qu'avec l'utilisation des engrais
minéraux. Ce résultat souligne la capacité du
biofertilisant à être utilisé comme une bonne alternative
aux engrais minéraux. De nombreux effets bénéfiques de
l'utilisation des biostimulant et biofertilisant ont été
observés et décrits portant aussi bien sur l'amélioration
de la qualité des sols, des plantes, des produits de récoltes
ainsi que sur l'amélioration des rendements ou de la protection des
cultures (Faessel et al., 2014). Ce constat rejoint les observations
rapportées dans les travaux de Desfontaines et al (2018) sur
l'utilisation des biostimulants dans les exploitations de Guyane. Dans cette
même veine, on pourrait citer l'éventuelle correction de
l'acidité du sol par le Polifol (mestrado plus) qui agit en tant
qu'amendement calco-magnesien et améliorer ainsi la disponibilité
des éléments nutritifs dans le sol. Cela vient soutenir les
ambitions d'une agriculture bio (IFOAM, 2012) facilement maitrisable par les
agriculteurs. Le résultat le plus saillant induit par le biofertilisant
est de 1.5 t/ha au niveau du RDG et reste inférieur au RDG obtenu par
les travaux de Koné (2021) à la même dose du
biofertilisant. Cela est sans doute dû au fait que nous avons
considéré une superficie plus grande donc plus de
variabilité pour le calcul des rendements soit 8 m2. Alors
que Koné (2021) n'a considéré que 1 m2 pour le
calcul de ses rendements. A la lumière de ces analyses, l'exploitation
de l'extrait aqueux du Costus afer fermenté peut être
recommandée non seulement comme fertilisant en riziculture sur tourbe,
mais aussi comme solution pour la préservation des
agroécosystèmes tourbeux d'où de l'environnement.
CONCLUSION PARTIELLE
L'extrait aqueux du Costus afer fermenté
présente de façon générale des performances
agronomiques similaires à ceux des engrais minéraux. Mais aussi
des effets bénéfiques au niveau des paramètres physiques,
chimiques et biologiques du sol eu égard de sa richesse en
microorganismes et en composés organique. Ce biofertilisant apparait
donc comme une alternative à la fertilisation minérale en
riziculture sur sol sur sol tourbeux.
CONCLUSION GENERALE ET
PERSPECTIVES
42
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Ce travail a été réalisé dans un
contexte de préservation d'un précieux
agroécosystème à savoir l'Histosol de Songon. Cette
typologie est reconnue pour sa très grande capacité de
séquestration du carbone atmosphérique. L'objectif principal de
la présente étude était de confirmer une agriculture
biologique régénératrice des agroécosystèmes
tourbeux. A cet effet nous avons fait une étude comparative entre un
biofertilisant (extrait fermenté de Costus afer) et les engrais
minéraux (N-P-K 12-11-18 et l'urée à 46 % de N) afin
d'évaluer leurs effets sur les paramètres de croissances et de
rendements du riz ainsi que sur les paramètres physiques chimiques et
biologiques du sol. Il ressort de cette étude que les différents
traitements ont eu un effet significatif sur le nombre de talles par
mètre carré. Par conte il n'y a pas eu de différence
significative entre les valeurs moyennes des hauteurs moyennes obtenues. En ce
qui concerne les paramètres de rendements on remarque que les
différents traitements ont eu un effet significatif sur les RDP et RDG
avec la plus grande moyenne obtenue avec le traitement T6.
En analysant les effets des différents traitements sur
les paramètres du sol ; on remarque que ces traitements n'ont pas eu
d'effet significatif sur le pHeau et la stabilité structurale du sol.
Par contre les différents traitements ont fortement influencé le
nombre de microorganismes dans le sol. En tout état de cause, il
convient de préciser que les traitements avec le biofertilisant ont
permis d'améliorer toutes les propriétés du sol. De ce
fait notre objectif principal est atteint.
Etant donné qu'en utilisant ce biofertilisant, on a en
plus d'avoir un rendement en grain non négligeable une
amélioration des propriétés du sol ; nous recommandons
alors l'utilisation de l'extrait aqueux fermenté du Costus afer
à la dose de 667 l/ha en lieu et place des engrais minéraux
en riziculture de bas fond sur Histosol. Utiliser ce biofertilisant c'est donc
contribuer au développement durable.
En perspective, il serait bien de :
- réaliser d'autres cycles de cultures avec des doses
croissantes du biofertilisant dans le but d'atteindre un niveau de rendement
similaire à l'utilisation des engrais minéraux ;
- renforcer les résultats obtenus en quantifiant le
carbone stocké dans le sol pour évaluer l'efficacité du
Costus afer dans la fonction écologique du sol ;
- tester l'efficacité de l'exsudat racinaire du
Costus afer sur la restauration des sols agricole.
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
43
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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rizicole: manuel du formateur. Edition sayce publishing. Royaume Uni, 305 p.
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Yao-Kouamé, A. (2014). Caractéristiques
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développé sur granito-gneiss en région de savane
guinéenne (Centre de la Côte d'Ivoire). Journal of Applied
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Alabouvette, C. et Cordier, C. (2018).
Fertilité biologique des sols : des microorganismes utiles à la
croissance des plantes. Innovations Agronomiques, INRAE, 69 p.
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