Numéro :
UNIVERSITE DE KARA
F A CU L T E DES SCIENCES E CO N O MI QU E S E T D E
GESTION
- - - - - - - -
MEMOIRE
En vue de l'obtention du MASTER
PROFESSIONNEL
Domaine : Sciences Economiques et de Gestion
Mention : Economie
Spécialité :
Suivi-évaluation
COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE AU TOGO : UNE ANALYSE DE
L'ACCESSIBILITE AUX SOINS DE SANTE
Présenté et soutenu par
KOUWODO Kokou Michel Le 22 Mars 2022
Structure de recherche
Laboratoire de Recherche en Sciences Economiques et de Gestion
Directeur de Mémoire
Pr COUCHORO Mawuli
Professeur-Titulaire d'Economie, Enseignant-chercheur à
l'UL et UK
Co-Directeur de Mémoire
Dr. SANOUSSI Yacobou
Maitre-Assistant en économie de la santé et des RH,
Enseignant-chercheur à l'UL
et UK
Jury
Président : Pr TCHABLE, Maitre de
conférences en Psychologie, Enseignant-chercheur à l'UK
Membre : Dr ALI, Maitre-Assistant en
économie, Enseignant-chercheur à l'UK
Année académique
2019-2021
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
La Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de
l'Université de Kara n'entend ni approuver ni désapprouver les
opinions émises dans ce document. Elles doivent être
considérées comme propres à l'auteur.
i
SOMMAIRE
SOMMAIRE i
DEDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ACRONYMES iv
LISTE DES TABLEAUX v
LISTE DES FIGURES v
RESUME vi
ABSTRACT vi
INTRODUCTION GENERALE 1
Chapitre 1 : Etat des lieux du contexte sanitaire et de
l'accessibilité des soins au Togo 8
Titre 1. Présentation géographique et
démographique du cadre de la recherche 8
Titre 2. Contexte sanitaire du cadre de la recherche 9
Chapitre 2 : Approche théorique et conceptuelle de la
recherche 15
Titre 1. Revue de littérature 15
Titre 2. Approche méthodologique 26
Chapitre 3 : Présentation, analyse et discussions des
résultats 34
Titre 1. Présentation des résultats de la
recherche 34
Titre 2. Discussion des résultats 50
Titre 3. Recommendations 53
CONCLUSION 56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 58
TABLE DES MATIERES 62
ANNEXES 64
DEDICACES
ii
Ce mémoire est spécialement dédié
à :
· Mon père KOUWODO Kossivi Benjamin, pour
tous les efforts et les sacrifices qu'il a consentis pendant des années,
à la réussite de mes études scolaires ; et
à
· Ma mère MAGLO Abla Charité, qui a
toujours oeuvré pour ma réussite, de par son soutien et ses
précieux conseils.
iii
REMERCIEMENTS
En préambule à ce mémoire, je remercie
l'Eternel Dieu Tout-Puissant qui par sa grâce m'a accordé la
sagesse et le courage nécessaire pour conduire cette recherche à
terme.
L'aboutissement de ce travail n'a pas été le
fruit de mes seuls efforts mais également ceux de nombreuses personnes
physiques et morales qui, de près ou de loin m'ont apporté leurs
contributions. Ainsi, je souhaite d'abord adresser mes sincères
remerciements :
- à mon Directeur de mémoire Pr. Felix COUCHORO
et à mon Co-directeur Dr. SANOUSSI Yacoubou, tous deux
enseignant-chercheurs des Universités de Lomé et de Kara, pour
avoir accepté diriger ce travail jusqu'à terme, malgré
leurs multiples occupations ;
- au Pr. Komla SANDA, Président de l'Université
de Kara, pour l'opportunité qu'il nous a offerte à travers la
mise en place de ce Master Professionnel grâce auquel j'ai acquis et
consolidé plusieurs compétences ;
- aux membres du jury, pour le temps consacré à
examiner ce travail afin de l'enrichir et de le parfaire par leurs
précieuses contributions.
Ensuite, mes remerciements vont à l'endroit :
- du Dr. Mamessilé Aklah AGBA-ASSIH, Ministre
Déléguée auprès du ministre de la santé,
chargée de l'Accès Universel aux Soins ; ainsi qu'à tout
son staff, plus particulièrement M. BANTAKPA Salaraga, notre
maître de stage et M. ISSA Aboubakar, responsable du programme CSU pour
leur disponibilité et accompagnement tout au long de mon stage et aussi
bien que dans la rédaction de ce mémoire ;
- du corps professoral et administratif du Master
Professionnel en Planification de
développement (MPDev), pour la richesse et la
qualité de leur enseignement. Un Merci
particulier au Dr. Kpati AGUEY pour les grands efforts qu'il
a déployé à mon égard
afin d'assurer le déroulement simultané de mes
deux (02) programmes de formation. Je remercie également mes camarades
de promotion du MPDev et du Programme Présidentiel d'Excellence (PPE)
pour leurs partages d'expériences quotidiennes qui m'ont permis de
développer une intégrité intellectuelle. Un spécial
Merci à Cunégonde FATONDJI, Georges YENLIDE, Judith GNAMEY, Abel
ATAKORA, KOMBATE Sanébire et Hervé DONNIA pour l'aide
compétente et pertinente qu'ils m'ont apporté dans la
structuration de ce travail. Enfin, mes plus sincères remerciements
à toute ma famille, mes proches et amis, pour leurs amour et soutien
constant. Je n'oublie aucunement tous ceux qui, d'une manière ou d'une
autre, m'ont témoigné leurs participations mais qui n'ont pas pu
être cités ici.
iv
SIGLES ET ACRONYMES
Art. : Article
BM : Banque Mondiale
Cf. : Confère
CHR : Centre Hospitalier Régional
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CSU : Couverture Santé Universelle / Couverture
Sanitaire Universelle / Couverture
des Soins de santé Universelle
DivPCS : Division de la Planification et de la Carte
Sanitaire
EDST : Enquête Démographique et de Santé
-Togo
FDR : Feuille De Route gouvernemental
FS : Formations Sanitaires
INSEED : Institut National de la Statistique, des Etudes
Economiques et Démographiques
MDAUS : Ministère délégué
chargé de l'Accès Universel aux Soins
MICS4 : 4ème Enquête par grappes
à indicateurs multiples
MSHPAUS : Ministère de la Santé, de
l'Hygiène Publique et de l'Accès Universel aux Soins
ODD : Objectifs de Développement Durable
OMS : Organisation Mondiale de la santé
PNDS : Plan National de Développement Sanitaire
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
développement
QUIBB : Questionnaire Unifié des Indicateurs de Base
du Bien-être
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
S&E : Suivi et Évaluation
SNFS-CSU : Stratégie Nationale de Financement de la
Santé vers la CSU
SSP : Soins de Santé Primaires
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
USP : Unité de Soins Périphériques
v
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Quelques indicateurs clés de
santé du Togo 9
Tableau 2 : Répartition par district et
par région des FS enquêtées 27
Tableau 3 : Tableau sommaire des variables et
indicateurs de recherche 31
Tableau 4 : Répartition de la population
par région sanitaire selon la superficie 34
Tableau 5 : Répartition des FS par
région 35
Tableau 6 : Répartition des FS par
région selon le type 35
Tableau 7 : Répartition des
consultations recensées en 2015 par région et par district 40
Tableau 8 : Répartition des consultations
par région selon le type de FS 42
Tableau 9 : Test de corrélation entre le
nombre de formation sanitaire, la population et le
nombre de consultations 43
Tableau 10 : Evolution des consultations par
région de 2015 à 2019 44
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Organisation du système
sanitaire au Togo 10
Figure 2 : Les dimensions de la couverture
sanitaire universelle 22
Figure 3 : Répartition des FS selon leur
secteur (public ou privé) 36
Figure 4 : Répartition des FS par
région selon la taille de la population 37
Figure 5 : Répartition de la couverture
sanitaire des FS par région 38
Figure 6 : Répartition par région
de la densité du personnel de santé pour 10 000 hbts 39
Figure 7 : Répartition des taux de
fréquentation des FS par région 41
Figure 8 : Cumul de l'évolution des
consultations (au niveau national) de 2015 à 2019 44
Figure 9 : Projections des consultations
(toutes régions confondues) de 2020 à 2030 45
Figure 10 : Projection de la population
togolaise de 2014 à 2030 47
Figure 11 : Projection du nombre de FS sur 2030
47
vi
RESUME
Le Togo en ratifiant aux ODD à la conférence
des nations unies sur le développement durable en 2015, s'est
fixé plusieurs objectifs dont celui d'atteindre la Couverture
Santé Universelle (CSU) à l'horizon 2030. En soi, la CSU traduit
une situation où toutes les personnes et toutes les communautés
bénéficient des services de santé dont elles ont besoin
sans se heurter à des obstacles ou difficultés (sur le plan
financier, géographique etc.) (OMS, 2018). L'objectif de la
présente étude est de faire un suivi des progrès
réalisés dans l'atteinte de la CSU au Togo, en évaluant le
niveau d'accessibilité sanitaire du pays, puis de voir si d'ici 2030, la
CSU pourrait être atteinte. Pour atteindre cet objectif, une
méthodologie mixte a été utilisée et comprend une
phase qualitative où des recherches documentaires ont été
réalisées ; puis une phase quantitative où des traitements
ont été faits sur des bases de données afin de
déterminer les taux de couverture sanitaire du Togo en 2015 puis en 2030
par des projections. Les résultats obtenus montrent qu'à la base,
le Togo dispose d'un taux de couverture sanitaire évalué à
1,83 Formations Sanitaires (FS) pour 10 000 habitants, et d'un taux de
fréquentation des FS estimé à 51,7%. A l'issu des
projections, le pays sera à un taux de couverture de 1,42 ? ou de 1,6 ?
selon les scénarii posés. Ainsi, des actions gouvernementales
touchant le secteur sanitaire doivent être mises en oeuvre pour atteindre
une couverture globale et progresser dans la mise en oeuvre des politiques de
CSU.
Mots clés : santé,
couverture santé universelle, accessibilité, offre et demande de
soins
ABSTRACT
By ratifying the conference of nations on sustainable
development in 2015, Togo has set up several objectives, including «the
achieving of Universal Health Coverage» by 2030. The UHC reflects a
situation where all people receive the health services, they need without
facing obstacles or difficulties (financial, geographical, etc.) (WHO, 2018).
The objective of this study is to monitor the progress made in achieving UHC,
by assessing the level of health accessibility in Togo, and then see if in
2030, UHC could be achieved, or not. To attend this goal, a mixed methodology
was used and includes a qualitative phase where documentary research was
carried out; and a quantitative phase where statistical treatments were done on
databases in order to determine Togo's health coverage rates in 2015 and 2030
by projection effects. The results obtained show that, basically, Togo has a
rate of health coverage estimated at 1.83 FS per 10,000 inhabitants, and an
attendance of FS rate estimated at 51.7%. At the end of the projections, the
country will have a coverage rate of 1.42 ? or 1.6 ? depending on the scenarios
considered. Thus, government actions affecting the health sector must be
implemented to achieve 100% coverage and progress in the implementation of UHC
policies.
Keywords : health, universal health
coverage, accessibility, supply and demand for healthcare
1
INTRODUCTION GENERALE
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
« la santé est un état complet de bien-être physique,
mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité » (OMS, 2015). Ainsi définie, la santé
est un droit fondamental pour tout individu et comprend par ricochet
l'accès en temps utile, à des soins de santé acceptables,
d'une qualité satisfaisante, et à un coût abordable
(Constitution de l'OMS, 2015). Un meilleur état de santé des
populations se maintient d'autant plus facilement que leur accès aux
soins est aisé (F. Decoupigny et al., 2007). C'est ainsi que
l'accessibilité aux soins est alors brandie au sein de nos
sociétés, tant modernes que contemporaines, comme un droit auquel
tout citoyen peut prétendre (F. Decoupigny et al., 2007). Cependant, le
degré d'accès aux soins varie d'une région à une
autre et à l'intérieur d'un même pays, occasionnant ainsi
des inégalités au sein des populations, dans l'accès aux
soins de santé adéquats, sur une base d'équité
globalisante.
Pour réduire ces inégalités, les experts
internationaux en matière de politiques de santé, sous l'auspice
de l'OMS et du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) s'étaient
réunis lors d'une conférence à Alma-Ata en 1978, afin de
jeter les premiers jalons de ce qui serait plus tard, la Couverture Sanitaire
Universelle (CSU) (Déclaration d'Alma-Ata, art. VI ; 1978). C'est ainsi
que depuis les années 80, le processus de design des politiques de
santé dans les pays du Sud semble être fortement
déterminé par les aléas de la production conceptuelle
liée aux paradigmes de la santé globale. Par la suite, bien avant
les années 2000, elles s'articulent généralement avec une
réflexion plus exhaustive et ce sur le renforcement structurel des
systèmes de santé. Plus particulièrement, la couverture
universelle des soins de santé s'est imposée comme norme de
référence et semble définir un horizon relativement
consensuel d'évolution des politiques publiques de santé dans la
plupart des pays du Sud.
Au siècle actuel, la CSU s'inscrit dans les Objectifs
de Développement Durable (ODD) des Nations Unies (Agenda 2030) et
concerne plus précisément la cible 3.8 de l'ODD 3 qui
prévoit de « faire en sorte que chacun bénéficie
d'une couverture sanitaire universelle, comprenant une protection contre les
risques financiers et donnant accès à des services de
santé essentiels de qualité et à des médicaments et
vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d'un coût
abordable » (CSU : rapport mondial de suivi, OMS ; 2017).
En Afrique, l'accès des populations aux services de
santé demeure une problématique préoccupante et reste
l'une des priorités majeures, exigeant des dépenses publiques
1 État de la santé dans la région africaine
de l 'OMS : analyse de la situation sanitaire, des services et des
systèmes de santé dans le contexte des objectifs de
développement durable. Brazzaville : Organisation mondiale de la
Santé, Bureau régional de l'Afrique, 2018.
2 Elisabeth Paul, Marc Bourgeois et Valéry Ridde :
« La place de l'équité dans la couverture de santé
universelle au niveau mondial, au Bénin et au Sénégal
» ; document constituant la traduction de l'article suivant : Paul, E.,
2
considérables pour les Gouvernements1 (OMS :
Bureau régional de l'Afrique ; 2017). Dans la partie subsaharienne du
continent, le faible accès à des services de santé est un
facteur important du mauvais état de santé des populations dans
de nombreux pays. D'ailleurs, cette situation se révèle
préjudiciable à leur productivité et, par
conséquent, au développement économique et social de
l'Afrique (Bichat, 2012 ; Mballa et Mandé, 2017).
Or, les ODD exigent un engagement sur le plan international,
afin d'atteindre la CSU, d'ici 2030. Cela signifie dès lors,
qu'idéalement en 2030, tous les individus et toutes les
communautés, partout dans le monde, devront avoir accès aux
services de santé préventifs, curatifs, ré-adaptatifs ou
palliatifs de haute qualité dont ils ont besoin, sans être
exposés à des difficultés financières liées
à l'acquisition de ces soins (ONU : DAES&UNITAR, 2020). Ainsi, la
difficulté de l'accès équitable aux soins de santé
est une problématique qui possède une multitude de facettes
afférentes, entre autres à l'offre et à la demande de
soins, particulièrement dans le contexte africain.
En 2007, une étude menée par V.
Lucas-Gabrielli, N. Nabet et F. Tonnellier démontre que «
l'utilisation des services de santé est d'autant plus faible que la
population est éloignée de ces services » (Fabrice
Decoupigny et al., 2007). Ce fait traduit par cet instant, qu'un
déséquilibre dans l'administration de l'offre de soins au niveau
géographique implique une baisse dans la demande des zones
concernées.
Et, c'est la raison pour laquelle l'accès aux soins,
et si possible à des soins de qualité, à proximité
de son domicile, est devenu depuis quelques années une exigence majeure
des citoyens (Lucas-Gabrielli et al. 2007). Toutefois, le concept de CSU en
soi, impose une notion d'équité dans l'administration des
services de soins de santé, de manière à ce qu'aucun
individu ne soit marginalisé. Le rapport sur la santé dans le
monde de 2008, à titre illustratif, définissait les
réformes de la couverture universelle comme celles « qui font
en sorte que les systèmes de santé contribuent à
l'équité, à la justice sociale et à la fin de
l'exclusion, essentiellement en tendant vers l'accès universel aux soins
et à la sécurité sociale » (OMS [Rapport sur la
santé dans le Monde : Art.V], 2008).
De facto, « une adéquation entre l'offre et
la demande de soins », avec un soubassement d'«
équité est inhérente à la bonne mise en oeuvre
de la CSU » (Valérie Ride et al. 2019)2. Car,
l'équité n'est pas en soi, une
conséquence naturelle de la mise en oeuvre des politiques de CSU ; au
contraire, sa poursuite s'opérationnalise à travers plusieurs
autres dimensions, à l'instar d'une constante recherche
d'équilibre entre l'offre et la demande. Cela s'avère
déterminant dans les reformes de systèmes sanitaires et plus loin
dans la conduite des politiques publiques de santé (Cohen et al., 2017).
Les niveaux d'équité se traduisent par la disponibilité,
la couverture, la fourniture, et l'utilisation des services de santé.
Cette dernière étant habituellement la dimension la plus
considérée, est évaluée par inhérence
à travers la demande et l'offre de soins.
Au Togo, l'un des constats majeurs en matière de
santé est l'accès limité des populations aux soins
essentiels de qualité (MSHPAUS, 2020)3. En effet,
l'accès géographique et financier limités et surtout la
qualité insuffisante des soins expliquent le faible niveau d'utilisation
des services de santé publics (MSHPAUS : PNDS ; 2017). En 2009, le taux
de fréquentation des consultations curatives, et donc des formations
sanitaires était de 30 % (selon la 4ème Enquête par grappes
à indicateurs multiples [MICS4] de 2010). En 2011, l'enquête QUIBB
à travers ses résultats révèle que seuls 8% des
ménages enquêtés ont déclarés avoir
accès aux structures de santé et ce taux varie selon la
disposition géographique de l'individu. Selon le milieu de
résidence, le taux d'accès aux services de santé est plus
élevé en milieu urbain (80%) qu'en milieu rural (53,9%) (QUIBB,
2011).
En ce qui concerne la couverture sanitaire, d'après
les résultats de la carte sanitaire élaborée en 2015, par
la Division de la Planification et de la Carte Sanitaire (DivPCS) du MSHPAUS,
les soins de santé sont fournis majoritairement par le secteur sanitaire
public (jusqu'à hauteur de 59% contre 41% dans le privé). Le
secteur sanitaire privé est pour sa part surtout libéral,
dynamique et particulièrement concentré dans les grands
pôles urbains, principalement à Lomé où l'on
enregistre une plus grande solvabilité de l'offre de soins
comparé à la demande (DivPCS [MSHPAUS], 2015).
Par ailleurs, selon le rapport sur le profil sanitaire
effectué dans la même année (i.e. 2015), le pays disposait
en termes d'infrastructures sanitaires, de 1 273 établissements de
soins, qui lui
3
Deville, C., Bodson, O., Sambiéni, N. E., Thiam, I.,
Bourgeois, M., Ridde, V. & F. Fecher. (2019). How is equity approached in
universal health coverage? An analysis of global and country policy documents
in Benin and Senegal. International Journal Equity in Health, 18(195).
3 MSHPAUS (Ministère de la Santé, de
l'Hygiène Publique et de l'Accès Universel aux Soins)(2020) :
Document de Stratégie Nationale de Financement de la Sante pour la
Couverture Sanitaire Universelle (SNFS-CSU) , 20202024.
4
permettaient d'assurer une accessibilité
géographique proche de 66,8% des populations (DivPCS, 2015). Mais au fil
des années, faute de grands projets de construction de nouvelles
Formations Sanitaires (FS), au profit des actions de réhabilitation et
d'équipement des anciennes structures sanitaires publiques,
l'accessibilité des populations aux services de santé
évolue timidement passant alors à 71,4% entre 2016 et 2019
(SNFS-CSU, 2020), et ne suit pas par conséquent le rythme de croissance
de la population.
Aussi, l'analyse de l'évolution des différentes
statistiques sanitaires du Togo montre que malgré le potentiel de
l'organisation du système sanitaire du pays, l'offre de soins de
santé est encore loin de couvrir l'ensemble de la population. A titre
illustratif, environ 29% de la population ne sont pas suffisamment proche d'une
structure sanitaire. Pourtant, les données du ministère de la
santé, ressortent qu'au niveau national, plus de la moitié de la
population habite dans un rayon de moins de 5 km d'un établissement de
soins, ce taux d'accessibilité baissant jusqu'à 34%
spécifiquement dans la région des Savanes (DivPCS, 2015). Ainsi,
il est impérieux de noter que des inégalités
géographiques et sociales d'accessibilité aux soins de
santé se retrouvent sur l'ensemble du territoire togolais,
témoignant d'un déséquilibre entre l'offre de soins et les
besoins de demande éprouvée par les populations.
Cependant, malgré les progrès qui ont pu
être observés pour certaines interventions dans le contexte
sanitaire comme la supplémentation en vitamine A, l'utilisation de
moustiquaires imprégnées de longue durée d'action et la
couverture vaccinale ; la situation sanitaire actuelle, telle qu'elle est
reflétée par plusieurs indicateurs de santé, reste
préoccupante à bien des égards et montre que le
système national d'offre de soins n'a qu'un impact limité sur la
santé des populations togolaises (SNFS-CSU, 2020). Ces faiblesses
mettent en évidence, les principaux défis du secteur sanitaire,
à offrir des soins de qualité à toute la population,
facteurs pouvant expliquer sa faible performance (en termes de
réactivité de l'offre de soins aux besoins de demande de la
population) et les progrès insuffisants enregistrés
jusqu'à présent dans la réalisation des ODD liés
à l'universalité dans la couverture sanitaire (PNDS, 2017). Or
des enquêtes d'économie de la santé, ont identifiés
parmi les causes liées à l'accessibilité sur un espace
sanitaire, des facteurs ressortant les déséquilibres entre offre
et demande de soins (Paul Valery & Pascal Bonnet, 2002). Ainsi, la
progression du taux d'utilisation des services existants (consultation,
hospitalisation) accompagne la diminution des barrières d'accès
aux soins ; qui lui-même est corrélé à une
satisfaction optimale de demande en soins de santé (Joy Raynaud,
2013).
5
Sur ce postulat et au vu des constats faits sur
l'accessibilité sanitaire au Togo, il s'avère alors important de
s'interroger sur l'évolution de la couverture sanitaire,
dépendamment de laquelle le pays peut atteindre ou non la CSU à
l'horizon 2030. Et c'est dans ce contexte que nous nous proposons d'aborder le
présent travail afin de porter un regard sur l'état actuel et
futur de l'accessibilité aux soins des populations togolaises, pour
ensuite proposer des approches de solutions qui permettraient aux
décideurs politiques de mieux cibler les zones à améliorer
et mettre en place des actions judicieuses pour progresser dans la mise en
oeuvre des politiques de CSU.
Pour ce faire et en se basant sur d'anciennes études
empiriques, nous abordons ici, la thématique de l'accessibilité
aux soins à travers une étude de l'offre et de la demande, avec
un focus sur la capacité opérationnelle des infrastructures
sanitaires dans le cadre de cette recherche. Ainsi, ce travail est
orienté autour de plusieurs questionnements, structurés en une
question générale qui se décline en deux (02) questions
spécifiques.
La question principale est ainsi formulée : Les soins
de santé au Togo sont-ils assez accessibles pour permettre au pays de
progresser dans la mise en oeuvre de sa politique de CSU ?
De cette question générale émergent les
questions spécifiques suivantes :
- Quel est l'état de base de l'accessibilité
sanitaire au Togo au regard de l'offre sanitaire et de la demande de soins ?
- L'évolution de l'accessibilité sanitaire
pourra-t-elle permettre au pays de progresser dans la mise en oeuvre de sa
politique de CSU, à l'horizon 2030 ?
Au vu de ces questionnements, l'on cherche par le biais de ce
travail, à porter un regard sur la couverture sanitaire au Togo, par
l'analyse des principaux composantes (l'offre et la demande) ayant un impact
sur l'accessibilité aux soins de santé. Ainsi, l'objectif
général de cette étude est d'évaluer le niveau
d'accessibilité sanitaire au Togo dans le cadre de la mise en oeuvre de
la politique de CSU.
De façon spécifique, il s'agit de :
- Décrire l'état de base de
l'accessibilité sanitaire au Togo à travers une analyse de
l'offre et de la demande des soins de santé ;
- Examiner l'évolution de l'accessibilité aux
soins de santé, à travers une projection de l'offre et de la
demande de soins pour l'atteinte de la CSU.
6
Dans l'optique de mieux cerner l'objet de recherche, nous
avons postulé quelques réponses anticipées aux questions
précédemment posées : c'est le sens des hypothèses
qui sont formulées aussi en une générale et deux (02)
spécifiques.
L'hypothèse générale est ainsi
formulée : L'état d'accessibilité des soins de
santé ne permet pas au Togo de progresser dans la mise en oeuvre de sa
politique de CSU à horizon 2030.
Quant aux Hypothèses spécifiques
émergées de cette hypothèse générale, elles
sont les suivantes :
Hypothèse spécifique 1 : Plus
de la moitié de la population togolaise a accès aux soins de
santé relativement à l'état de base de l'offre de soins
;
Hypothèse spécifique 2 : Les
résultats des projections sur la demande et l'offre de soins au Togo ne
permettent pas au pays d'atteindre une couverture sanitaire totale à
horizon 2030.
· Intérêt et valeur ajoutée de
l'étude
o Intérêt personnel :
L'idée de mener une étude sur le contexte
togolais de la CSU n'est pas le fruit du hasard. En effet, tout est parti des
divers constats que nous avons eu à observer tout au long de notre
période de stage au Ministère Délégué
chargé de l'Accès Universel aux Soins (MDAUS). Ayant intervenu
sur la quasi-totalité des activités de cette jeune institution,
nous nous sommes rendu compte qu'il existe plusieurs aspects de l'offre
sanitaire qui ne sont pas pris en compte dans les questions de planification et
de suivi pour l'atteinte de la CSU. Un des exemples est celui du programme
« WEZOU » qui fait ressortir les difficultés d'adaptation de
l'offre sanitaire aux réalités des populations. Or, l'atteinte de
la CSU est l'une des priorités inscrites dans la Feuille de Route du
Gouvernement (FDR) actuel. Etant motivé par tous ces aspects et dans le
souci d'apporter notre pierre à l'édifice, nous avons opté
pour cette étude afin de jeter les bases dans la résolution du
phénomène considéré.
o Intérêt scientifique et pratique
:
Au Togo, les efforts consacrés depuis les
dernières années pour le développement de l'offre publique
et privée de soins mettent en lumière la nécessité
de disposer d'un cadre fiable de suivi dans l'extension de la couverture des
services de santé au niveau national. En effet, malgré les divers
efforts du gouvernement, il est toujours à constater une
inadéquation dans l'offre de soins
7
pouvant fournir à court terme, un accès
universel aux soins à toute la nation. De même, l'approche de
planification sanitaire dont s'est doté le pays est actée sur la
réforme du secteur de la santé et l'atteinte des ODD liés
à cette dernière, ce qui traduit la nécessité de
mettre en place des instruments de planification aptes à assurer plus
d'efficacité dans l'allocation des ressources.
C'est ainsi qu'il est indispensable de mener des études
périodiques de terrain afin de mesurer dans un premier temps le
degré d'adéquation de l'offre publique et privée de soins
au regard des normes nationales et internationales, puis proposer dans un
second temps des stratégies pouvant permettre de corriger les
manquements observés. Toutefois en prémices, des études de
prévisions doivent être menées et ce travail à
travers ses divers objectifs s'inscrit dans ce contexte.
Au regard donc de l'importance et dans le but de couvrir tous
les aspects de l'objet étudié, ce document de mémoire sera
subdivisé en trois (03) grands chapitres. Le premier intitulé
« Etat des lieux du contexte sanitaire et de l'accessibilité des
soins au Togo » aborde les questions de présentation
géographique et démographique du Togo puis fait un focus sur son
contexte sanitaire. Quant au second chapitre, il porte sur « les approches
théoriques et conceptuelle de la recherche ». Enfin, le
troisième présente et analyse les résultats issus des
différents traitements statistiques des données, puis propose
quelques approches pouvant solutionner l'objet étudié.
8
Chapitre 1 :
Etat des lieux du contexte sanitaire et de
l'accessibilité des soins au Togo
Afin d'appréhender l'environnement social et sanitaire
dans un contexte de CSU, dans le cadre de notre recherche, le présent
chapitre aborde dans un premier temps, la présentation du contexte
géographique et démographique du Togo (Titre 1) ; puis
évoque en second lieu l'organisation du système de soins, les
politiques de protection sociale et d'équité ainsi que les
déterminants aux choix de financement de son système de
santé dans le pays (Titre 2).
Titre 1. Présentation géographique et
démographique du cadre de la recherche 1.1. Aspects
géographiques
Situé sur la côte du Golfe de Guinée en
Afrique de l'Ouest, le Togo est l'un des plus petits États d'Afrique
avec une superficie d'environ 56 785 km2, s'étirant presque sur 700 km
du nord au sud avec une largeur qui varie de 50 à 150 km. Le pays se
trouve entre le Burkina Faso au nord, le Golfe de Guinée au sud, le
Bénin à l'est et le Ghana à l'ouest. Il est
subdivisé en cinq (05) régions administratives à savoir :
la région maritime, la région des Plateaux, la région
Centrale, la Région de la Kara, et la Région des Savanes. Son
climat est de type tropical variant sensiblement de la région
méridionale à la zone septentrionale. Chaud et humide, ce climat
est favorable à la prolifération de vecteurs de maladies et est
en partie responsable du profil épidémiologique national
dominé par les maladies infectieuses et parasitaires.
1.2. Aspects démographiques
Sur le plan démographique, le Togo affiche une
croissance démographique élevée de 2,84% par an, avec un
indice de fécondité de 4,8 enfants par femme.
L'effectif de la population a plus que doublé en moins
de 30 ans avec une population de 6 191155 habitants dont 48,6% d'hommes et
51,4% de femmes en 2010 (RGPH, 2010) contre 2,7 millions en 1981. En 2018,
cette population est estimée à 7 352 000 habitants (INSEED,
2016).
Les projections prévoient une hausse de 25% de la
population togolaise à l'échéance 2020, soit 8,5 millions
d'habitants. C'est une population majoritairement jeune (60% sont
âgés de moins de 25 ans et 42% ont moins de 15 ans) et rurale
(62%), inégalement répartie sur le territoire
9
national (Lomé et sa périphérie
concentrent 24% de la population). Cette croissance démographique
élevée va entraîner une forte pression sur l'offre de
soins, tels que nous le verrons dans la suite de cette recherche.
Le tableau suivant fait état de quelques indicateurs
clés de santé du pays : Tableau 1:
Quelques indicateurs clés de santé du Togo
Indicateurs
|
Données
|
Sources
|
Population (2015)
|
6,9 millions hab.
|
INSEED Togo
|
Densité de population (2015)
|
123,2 hab/km2
|
Taux d'accroissement naturel (2014)
|
2,71%
|
Banque Mondiale (BM), indicateurs de développement dans le
monde
|
Population de moins de 15 ans (2014)
|
40,7%
|
Espérance de vie à la naissance (2015)
|
65,6 ans
|
Population rurale (2010)
|
62,3%
|
RGPH 2010
|
Taux de fécondité (2014)
|
4,8
|
EDSTIII 2013-2014
|
Taux de natalité (2015)
|
34,13%
|
BM, indicateurs de développement dans le monde
|
Taux de natalité (1970)
|
48,0%
|
Taux brut de mortalité (2014)
|
7,4349 %
|
Titre 2. Contexte sanitaire du cadre de la recherche 2.1.
Organisation de système de santé au Togo
Le système de santé du Togo est organisé
selon une structure pyramidale à trois niveaux à savoir le niveau
central, intermédiaire et périphérique (PNDS, 2017).
- Le niveau central composé des services
centraux (Cabinet du Ministre, Secrétariat Général,
Directions, Divisions et Services rattachés, Hôpitaux nationaux de
référence et universitaire) avec pour mission la
définition, le suivi et contrôle des politiques et normes
sanitaires.
10
11
- Le niveau intermédiaire constitué par
les directions régionales de la santé (DRS), les
spécificités et hôpitaux de région. Il a pour
mission l'encadrement, le suivi et l'inspection du niveau primaire.
- Le niveau périphérique ou
opérationnel comprend les Directions Préfectorales de la
Santé (DPS), les Hôpitaux de Districts (HD), les Directions
communales de la santé de (DCS) et les Unités de Soins
Périphériques (USP). Il a pour mission
l'opérationnalisation, c'est-à-dire la mise en oeuvre des
interventions.
La figure n°1 ci-après schématise de
façon sommative, l'organisation pyramidale du système de
santé au Togo.
Figure 1. Organisation du système
sanitaire au Togo
Niveau périphérique = Districts
sanitaires
- 40 Directions préfectorales de la Santé/
Directions de districts sanitaires ;
- Hôpitaux de districts ;
- Unités de Soins Périphériques (USP) ;
- Familles / Communautés.
? Opérationnalisation
Niveau intermédiaire = régions
sanitaires
- Six (06) Directions Régionales de la Santé (DRS)
; - Hôpitaux régionaux.
? Encadrement, suivi et inspection
Niveau central
- Cabinet du Ministre, Secrétariat
Général, Directions, Divisions et Services rattachés;
- Hôpitaux de référence nationaux et
universitaires. ? Politiques et normes sanitaires
? Suivi et contrôle
Source : Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS) 2017-2022, p9. 2.2.
Organisation de l'offre de soins et de la couverture sanitaire
Au Togo, les soins de santé sont fournis aux
populations dans des structures publiques et privées (libérales
et confessionnelles). Le système sanitaire est organisé de
manière à apporter ces soins, selon les trois niveaux de la
structure pyramidale : primaire (a), secondaire (b), tertiaire (c) (PNDS,
2017).
a- Les soins de premier contact sont
structurés autour de trois échelons à savoir :
- (i) les Agents de Santé Communautaire (ASC) qui
assurent par délégation les soins au niveau familial et des
communautés et jouent le rôle d'interface entre la
communauté et les services de santé ;
- (ii) les Unités de Soins Périphérique
(USP) comme base du système de soins, à partir desquelles sont
menées des activités de proximité en stratégie fixe
et vers les populations ;
- (iii) les Hôpitaux de district qui constituent le
premier niveau de référence.
b- Le deuxième niveau de
référence et de recours est animé par les Hôpitaux
de région (CHR).
c- Les soins de santé tertiaires sont
dispensés dans les trois (03) Centres Hospitaliers Universitaires (CHU)
que compte le pays et dans des hôpitaux spécialisés de
référence. (SNFS-CSU, 2020).
En ce qui concerne la couverture sanitaire, d'après les
résultats provisoires de la carte sanitaire 2015, les soins de
santé sont fournis par le secteur public (59%) et privé (41%). Ce
dernier est surtout libéral, dynamique et surtout concentré dans
les grands pôles urbains principalement à Lomé où
l'on enregistre une plus grande solvabilité de la demande.
A cette offre, il faut ajouter, la présence d'un
secteur traditionnel assez influent surtout en milieu rural mais mal connu au
niveau des services de soins offerts à la population.
2.3. Equité et protection sociale en
santé
Selon le rapport sur le profil de pauvreté, le Togo
disposait en 2015, d'infrastructures qui lui permettraient d'assurer une
accessibilité géographique à 66,8% de ses populations.
Mais des inégalités géographiques et sociales de
santé persistent. A titre d'exemple, selon la troisième
Enquête Démographique et de la Santé menée au Togo
(EDST III), seulement 41,3% des accouchements sont assistés par un
personnel qualifié en zone rurale, contre 91,7% en zone urbaine. La
proportion de naissances assistées par du personnel de santé
qualifié augmente nettement avec le quintile du bien-être
économique de la mère, passant de 26,8% pour les femmes des
ménages les plus pauvres à 95,3% pour les femmes des
ménages les plus riches.
Aussi, l'analyse des écarts entre les groupes
économiques du Togo révèle-t-elle que la mortalité
des enfants de moins de 5 ans des 20 % les plus riches est presque trois fois
moindre que celle des 20 % les plus pauvres.
12
Cette photographie des inégalités sociales de
santé montre que le système de santé du Togo peine
à apporter une réponse équitable aux besoins de
santé des populations notamment en situation de
vulnérabilité sociale, couche ayant une forte demande en soins de
santé.
Ainsi dans le but d'améliorer l'accès des
populations aux soins de santé, le Gouvernement s'est lancé dans
une réforme qui a abouti en 2012 à la mise en place d'un nouveau
régime obligatoire d'assurance maladie (AMO) géré par
l'Institut National d'Assurance Maladie (INAM) dont la mission est d'assurer la
couverture des risques liés à la maladie, aux accidents non
professionnels et à la maternité. Créé par la loi
n°2011-003 du 18 février 2011 et opérationnel depuis 2012,
l'INAM constitue la porte d'entrée d'un régime d'assurance
maladie qui, à terme, a vocation de s'élargir à d'autres
catégories de population.
Par ailleurs, l'engagement de l'Etat pour la protection
sociale s'est traduit également par l'élaboration et l'adoption
d'une politique puis d'une stratégie nationale de sécurité
sociale visant l'atteinte de l'objectif d'une couverture à long terme,
plus efficiente touchant toutes les catégories de population en
particulier les couches les plus vulnérables. En matière de
protection sociale en santé au Togo, outre le financement des soins
publics à travers des allocations budgétaires, on distingue
plusieurs dispositifs de couverture du risque-maladie notamment :
- la gratuité de la prise en charge des indigents à
travers une ligne budgétaire ;
- la gratuité des soins préventifs de certaines
couches vulnérables ;
- la gratuité des Anti-Rétro-Viraux (ARV) pour
les PVVIH décrétée par le Gouvernement en novembre
2008,
- la subvention de la césarienne (effective depuis mai
2011) ;
- la gratuité ou la subvention de la prise en charge de
certaines maladies chroniques (dialyse ; prise en charge de la tuberculose et
de la lèpre) ;
- la gratuité des CTA et des moustiquaires
imprégnées pour les femmes enceintes et enfants de moins de cinq
ans, instituée en 2012 ;
- une ligne budgétaire pour les évacuations
sanitaires pour tous les agents de l'Etat mais difficilement accessible ;
- la prise en charge des risques professionnels par la CNSS et
la Direction Nationale des Assurances (MEF)
- L'assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et
les ayant droits effectifs depuis mai 2011 à travers la mise en place de
l'Institut National d'Assurance Maladie (INAM) ; etc. (CNPPS : Comité
National de Promotion de la Protection Sociale, 2015).
13
2.4. Reformes sanitaires et politiques de CSU 2.4.1.
Reformes sanitaires
Depuis 2010, le Togo a entamé une réforme du
cadre politique et stratégique de son système de santé en
s'appuyant sur les initiatives de partenariat pour la santé au niveau
régional et international, notamment HealthHarmonisation in Africa
(HHA), IHP+. Cela s'est traduit par l'élaboration d'une nouvelle
politique nationale de santé (PNS) à horizon 2022. La PNS trouve
son fondement dans la Constitution de la IVème République qui
garantit aux citoyens togolais le droit à la santé.
La vision de la politique de santé est d'« assurer
à toute la population le niveau de santé le plus
élevé possible en mettant tout en oeuvre pour développer
un système basé sur des initiatives publiques et privées,
individuelles et collectives, accessibles et équitables, capables de
satisfaire le droit à la santé de tous en particulier les plus
vulnérables ». La politique de santé reste basée sur
les soins de santé primaires et prend en compte les engagements
internationaux du Togo vis-à-vis des organisations sous
régionales, régionales et mondiales en matière de
santé.
Dans le souci d'apporter des réponses efficaces aux
problèmes sanitaires des populations, plusieurs politiques et plans
stratégiques ont été développés en
conformité avec les orientations de la PNS (PNDS, 2012-2015 ; politique
nationale et plan stratégique des IBC, 2015 ; politique nationale
pharmaceutique, 2012 ; plan de repositionnement de la Planification Familiale,
20132017 ; ...).
2.4.2. Politiques sanitaires axés sur la CSU au
Togo
Le début de la décennie 2010 a été
marqué par l'avènement sur la scène internationale de la
couverture sanitaire universelle comme politique de santé mondiale.
Depuis la publication par l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) du Rapport sur la santé dans le monde 2010 (le
financement des systèmes de santé : le chemin vers une couverture
universelle), la CSU a fait l'objet d'un fort plaidoyer par les organisations
internationales (OMS et Banque Mondiale notamment), par les agences nationales
d'aide bilatérale, mais aussi et surtout par de nombreuses organisations
de la société civile. La consécration, en 2015, de la CSU
comme sous-objectif du nouveau programme de développement mondial (les
Objectifs de développement durable 2016-2030) invite les acteurs de la
santé mondiale à se mobiliser en faveur de l'atteinte des trois
volets phares de la CSU : assurer la protection du risque financier,
améliorer l'accès aux services de santé pour les
populations vulnérables, et augmenter la
4 Citée par Lara Gautier & Valery Ridde dans «
Les politiques visant la couverture sanitaire universelle et les perceptions de
la qualité des soins de santé. Risquer la mort pour donner la vie
». Politiques et programmes de santé maternelle et infantile en
Afrique, 2017, ISBN : 978-2-7637-3504-7.
5 Les six composantes du système de santé tels que
définies par l'OMS sont : le leadership et la gouvernance, les
prestations de services, les ressources humaines pour la santé, les
produits pharmaceutiques, vaccins et technologies cliniques, le financement de
la santé ainsi que le système d'information et de recherche.
14
qualité des services (WHO, Tracking universal
health coverage, 2015)4. La mise en oeuvre de la CSU reposerait donc
sur des principes de justice sociale et d'équité.
En 2010, le Togo a adhéré au Partenariat
International pour la Santé (IHP+, aujourd'hui CSU 2030), ce qui a
fourni aux parties prenantes du secteur de la santé des moyens nouveaux
pour leur travail de renforcement des capacités du système de
santé. Le ministère de la Santé a mis en oeuvre une
politique nationale de santé 2011-2022, et une analyse de situation
généralisée et participative qui a conduit à
l'élaboration d'un Plan national de santé (PNDS) 2012-2015.
La vision de la politique de santé est d'«
assurer à toute la population le niveau de santé le plus
élevé possible en mettant tout en oeuvre pour développer
un système basé sur des initiatives publiques et privées,
individuelles et collectives, accessible et équitable, capable de
satisfaire le droit à la santé de tous en particulier les plus
vulnérables » (PNDS, 2017).
Cependant, la politique de santé est basée sur
les soins de santé primaires et prend en compte les engagements
internationaux du Togo vis-à-vis des organisations sous
régionales, régionales et mondiales en matière de
santé. Le PNDS 2017-2022 a été développé
pour relever les défis rencontrés par le premier plan, et amener
le Togo vers la réalisation des ODD et l'élaboration d'une
stratégie nationale de financement de la santé vers la couverture
sanitaire universelle (SNFS-CSU).
La CSU représente un axe majeur de la politique
sectorielle du Togo, et est traduite par l'axe stratégique 5 du PNDS
2017-2022. Plus spécifiquement, il s'agit de renforcer les six
piliers5 du système de santé pour permettre un
accès universel aux services préventifs et curatifs en vue d'une
réduction durable de la mortalité et de la morbidité. De
plus un accent particulier sera mis sur la gouvernance, le financement de la
santé, les produits pharmaceutiques et les prestations de services en
termes de disponibilité, de qualité, d'accessibilité, y
compris la participation communautaire dans la réponse aux besoins de
santé des communautés.
Chapitre 2 :
Approche théorique et conceptuelle de la
recherche
Dans ce chapitre, nous présenterons le cadre
théorique et conceptuel qui sous-tend notre travail. Ainsi dans les
diverses rubriques, il sera abordé en première position (Titre
1), une revue de littérature recensant les écrits
déjà produits sur notre objet de recherche ; combiné
à une clarification de certains concepts clés liés au
thème, dont : système de santé, CSU, accessibilité
aux soins, et suivi-évaluation. En second lieu, se fera la
présentation de la méthodologie adoptée dans la conduite
de cette recherche (Titre 2).
Titre 1. Revue de littérature 1.1. Revue
thématique
Lorsqu'on s'intéresse de plus près à la
problématique de l'accessibilité aux soins en lien avec la CSU,
on se rend compte que la littérature existante est assez restreinte,
surtout pour ce qui a trait aux analyses théoriques sur le sujet.
Toutefois, nous posons les bases de cette étude, autour de trois 03
thèmes qui ont particulièrement retenu notre attention.
1.1.1. Demande et offre de soins pour une couverture
universelle de santé en Afrique : une étude de la Banque Mondiale
et de l'OMS6
Selon une étude réalisée par la BM et
l'OMS datant de 2018, en Afrique, la demande de soins particulièrement
pour les populations vulnérables (enfants de moins de 5 ans, les femmes
enceintes, les adolescents et les personnes âgées) est un
défi majeur pour la CSU en raison de l'insuffisance voire l'absence de
plusieurs services de santé (OMS et BM, 2018). Bien que la
disponibilité des services ne veuille pas dire qu'ils sont susceptibles
d'être utilisés (niveau d'utilisation) comme prévu par les
utilisateurs ou qu'ils sont de qualité (niveau de satisfaction)
signifiant tout l'enjeu de la demande effective de soins (c'est à dire
celle adressée aux soignants) ; le phénomène fait
ressortir la prédisposition des personnes à utiliser les services
de santé curatifs et préventifs.
En effet une demande faible pourrait signifier une offre non
appréciée par les usagers ou inaccessible. Par ailleurs, le score
de la demande dans les pays africains est relativement élevé
6 État de la santé dans la région africaine
de l 'OMS : analyse de la situation sanitaire, des services et des
systèmes de santé dans le contexte des objectifs de
développement durable. Brazzaville : Organisation mondiale de la
Santé, Bureau régional de l'Afrique, 2018.
|
|
15
|
16
par rapport aux autres mesures de performance. Ce score
signifie que les systèmes de santé fournissent les services dont
les gens ont besoin pour assurer leur santé et leur bien-être.
Néanmoins, il est possible de le faire progresser puisqu'il
représente 67 % de la demande effective des soins et ne parvient pas
à atteindre une performance efficace. (Rapport d'Etat de santé
dans la Région africaine de l'OMS, 2018).
La demande effective varie considérablement d'un pays
à un autre et, dans les pays à très faible revenu, elle
représente la moitié de celle des pays ayant le niveau de revenu
le plus élevé. Cette situation peut refléter les
différentes approches adoptées pour accroître la demande de
soins, parmi lesquelles les politiques liées à la CSU.
Selon l'OMS « Seuls les Petits États Insulaires en
Développement (PEID) ont une demande effective clairement
supérieure à celle des autres pays » (OMS, 2018). C'est
pourquoi en matière d'offre, les pays africains n'ont pas réussi
à maximiser la couverture des besoins de santé de base pour
faciliter l'évolution vers une CSU efficience. D'ailleurs, la valeur de
l'indice d'utilisation de l'ODD 3 étant de 0,57, indique que les
populations de la région n'utilisent que 57 % des interventions
nécessaires à l'atteinte des cibles de l'ODD 3, ce qui reste un
faible niveau d'utilisation.
Comparé aux autres fonctions de santé publique,
le contrôle des maladies transmissibles obtient le score le plus
élevé (0,76) bien que le quart de la population ne
bénéficie toujours pas des traitements adaptés. Le score
des Maladies Non-Transmissibles (MNT) est le plus bas (0,44) indiquant une
très faible utilisation des traitements visant à prévenir
ces maladies, ce qui est paradoxal avec le fardeau élevé des MNT
dans la région africaine.
Le score régional africain indique également des
différences entre les pays et à l'intérieur de ces pays.
En effet à l'échelon régional, le score d'utilisation
varie de 0,36 à 0,79 reflétant ainsi les différents
déterminants d'utilisation existants. Seuls quatre pays
(l'Algérie, Iles Maurice, Sao Tomé-et-Principe et les Seychelles)
ont obtenu un score supérieur à 0,70, ce qui indique une forte
utilisation des interventions liées à l'ODD 3 (OMS, 2018).
Dans un souci d'analyse de l'état actuel des services
dans les pays de la région africaine, les scores de chacune des six
dimensions des services de santé et services connexes ont
été consolidés par l'OMS. La valeur du score global pour
l'ensemble de la région était de 0,48. Cela signifie que la
région ne peut assurer que 48 % des services de santé et autres
prestations susceptibles d'être fournis à sa population.
De même, le rapport du bureau régional d'Afrique
de l'OMS montre que le score de disponibilité des services de
santé essentiels pour la région africaine est de 0,36 et qu'en
moyenne les pays de la région ne fournissent que 36 % des services
essentiels, et donc ils ne
peuvent satisfaire que le 1/3 des besoins de base de leurs
populations. En effet un habitant africain âgé de 30 à 70
ans à 20,7% de risque de mourir de l'une de ces MNT majeures, une
probabilité qui correspond à la tendance mondiale, soit 19,4
%.
La probabilité la plus faible de mourir de ces maladies
est enregistrée dans la Région des Amériques (15,4 %) et
dans la Région européenne (18,4 %), probablement en raison d'une
meilleure accessibilité, d'une couverture médicale et des
services très spécialisés dont bénéficient
les populations dans certains pays.
1.1.2. Equité dans l'accessibilité
sanitaire : une analyse de l'offre et de la demande de soins dans les pays
moins développés, en faveur de la CSU
D'énormes disparités en matière de
santé existent à travers le monde (OIT : Global evidence on
inequities in health protection, 2015).
Dans son rapport annuel de 2006, l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) a sonné l'alarme sur le fait que, bien que la
région africaine de l'organisation supportât 24 % du fardeau
mondial des maladies ; elle comptait seulement 3 % des agents de santé
et moins de 1 % des dépenses de santé mondiales.
Une Commission de la revue « The Lancet » a
estimé qu'en 2011, les pays à faible revenu (respectivement
à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, hors
Inde) ont supporté 34 % (respectivement 54 %) des décès
infantiles dans le monde, 27 % (respectivement 57 %) des décès
dus à la tuberculose et 25 % (respectivement 48 %) des cas de
prévalence du VIH/SIDA (Jamison et al., 2013). Pourtant, sur
des dépenses de santé estimées au niveau mondial à
6,5 milliards de dollars US en 2010, 84 % ont été
dépensés dans les pays de l'OCDE (OMS, 2012). Alors qu'une
répartition équitable de l'utilisation des soins de santé
selon les besoins des populations - et non selon leur capacité à
payer - est un objectif politique louable, une étude7
récente basée sur des données provenant de 18 pays
d'Afrique subsaharienne a montré la présence
d'inégalités considérables. Dans presque tous les pays
étudiés, l'utilisation des services de santé était
beaucoup plus élevée dans les quintiles les plus riches (Bonfrer
et al., 2014). Il n'est donc pas étonnant que les débats
menés actuellement sur la santé mondiale soient portés sur
la réduction des inégalités en vue de tendre vers une
« grande convergence » entre les pays sur une
génération (Jamison et al., 2013).
17
7 Paul, Élisabeth, et al. « La couverture
santé universelle dans les pays à revenus faibles et
intermédiaires : analyses économiques », Reflets et
perspectives de la vie économique,
vol. lv, no. 1, 2016, pp. 57-71.
18
C'est ainsi qu'un des objectifs préconisés par
de nombreux acteurs, dont l'OMS, est d'atteindre la couverture santé
universelle (CSU), ce qui signifie permettre à chacun d'accéder
à des services de santé de qualité répondant
à ses besoins, sans encourir de difficultés financières
(OMS, 2010). Le Rapport de l'OMS de 2010 intitulé « Le
financement des systèmes de santé - Le chemin vers une couverture
universelle », qui constitue une référence dans le
domaine, fournit un cadre analytique pour aborder le financement des
systèmes de santé en vue de parvenir à la CSU. Il souligne
que : « Les trois domaines fondamentaux du financement de la
santé sont : (1) collecter suffisamment d'argent pour la santé ;
(2) supprimer les barrières à l'accès et réduire
les risques financiers liés à la maladie ; (3) faire un meilleur
usage des ressources disponibles [...] » (OMS, 2010, p. 4). Ces trois
domaines se rapportent donc aux trois fonctions généralement
admises du système de financement de la santé, à savoir la
mobilisation des ressources, leur mise en commun en vue de réduire les
risques individuels, et l'achat des prestations.
1.1.3. Les grands principes et modèles
théoriques basés sur la demande et l'offre de soins de
santé
Dès les années 1960, Kenneth Arrow montrait que
l'économie de la santé prenait l'ascendant sur l'économie
médicale (Arrow, 1963). La prise de conscience dans le domaine
médical de la rareté des ressources (notamment
financières), de la nécessité d'optimisation de la
performance du système a conduit les décideurs publics à
de nouvelles réflexions et stratégies pour étendre la
couverture universelle des soins. Macro-économiquement, il s'agit de
vérifier l'adéquation entre les ressources sanitaires
utilisées et le résultat produit sur la santé ; et
micro-économiquement, il est plus question d'évaluer les facteurs
environnementaux, socio-économiques et de couverture sanitaire
universelle sur la croissance, la dynamique du marché sanitaire et la
performance du système de santé.
Par la suite, plusieurs sont les chercheurs qui se sont
intéressés à la thématique en question. Pour sa
part, Grossman en s'inspirant de la théorie du capital-humain,
présente les services de santé comme des biens
intermédiaires (Grossman, 1972). Pour lui, la santé est en fait
un stock qui se déprécie avec le temps ou à cause «
d'incidents » survenant au cours de l'itinéraire de vie de
l'individu où différents facteurs sont à considérer
comme la culture, la religion, la communauté et les groupes de
référence (Grossman, 2000). Néanmoins, ce modèle
est challengé voire remis en question depuis quelques années par
différents auteurs.
19
20
Par la suite, les premières études empiriques
relatives aux déterminants de la demande de soins ont mis en valeur des
variables qui auraient peu ou pas d'impact comme le prix et le revenu des
ménages (Akin et al.,1986). Néanmoins d'autres chercheurs ont
émis d'autres points de vue à ce sujet en raison de l'importance
de tenir compte de la notion d'utilité (Gertler et al. ,1987 ; Gertler
et Van der Gaag, 1990). Mais au 21è siècle, toutes ces
théories ont éprouvé des limites et se sont
révélés non conformes aux réalités actuelles
de l'économie de la santé. Aussi, le jeu de l'offre et de la
demande dans le domaine de la santé n'obéit pas aux mêmes
règles qu'en économie générale (car la santé
n'est pas un « bien » qui peut être consommé et
échangé).
En effet à la base, la demande de soins est le besoin
de santé exprimé par la population au cours d'une période
de temps, en partant de l'hypothèse selon laquelle la demande de soins
dérive d'un besoin de bonne santé (Zweifel et Breyer, 1997 ; p.
62).
Ainsi, l'offre de soins fait référence à
l'ensemble des ressources humaines, matérielles, financières et
organisationnelles. Il est représentable par les biens et les services
de soins disponibles dans un pays (E Burnier, 1994).
La demande de santé quant à elle, est le
processus par lequel les patients affichent un comportement de consommation des
services de santé. Elle est le fait exclusif des populations
(consommateurs) au sens du modèle économique de la santé ;
et a connu une hausse importante ces dernières années
occasionnées par l'évolution de la morbidité et la
transition démographique qu'a connue le monde (G Menahem, 2000).
Quoi qu'il en soit, il est certain que de nos jours, les
populations ont des besoins de santé qui augmentent excessivement vite,
que ce soit en pays développés ou non-développés.
Cet accroissement est principalement proportionnel à l'intensité
de l'exposition aux maladies, donc elle est très forte dans les pays en
voie de développement. De cette liaison, il est clair que les facteurs
démographiques agissent indéniablement sur l'offre et la demande
de santé selon les argumentatifs suivants :
- Sur l'offre : les prestations sanitaires en
personnels et en établissements sont planifiées dans la plupart
des pays (développés ou en voie de l'être), selon une
méthode qui utilise des ratios très simple comme le nombre des
médecins/habitants, le nombre des lits /habitants etc. D'ailleurs,
l'extrême simplicité de ces ratios suffit à expliquer
qu'ils soient encore très largement utilisés, et c'est à
cela que nous optons dans le cadre de cette recherche.
- Sur la demande : la consommation des soins
ne se répartit pas de façon homogène dans la population.
Ce sont les zones à fort risque endémiques qui utilisent le plus
de services médicaux. Toutefois, la couverture sanitaire tient compte du
facteur de la densité géographique de la population, afin de
rapprocher les infrastructures de santé des populations.
Généralement des indicateurs de la disponibilité des
Formations Sanitaires (FS) et du personnel médical à
l`échelle nationale sont utilisées dans les estimations.
L'exercice conduisant à cette cartographie dans la plupart des pays est
l'établissement de la carte sanitaire constituant à cet effet une
base de données des informations sanitaires en lien avec celles
géographique.
1.1.4. Enseignements tirés de la revue
thématique
Toute la documentation réunie autour de l'objet
étudié nous a été d'une utilité capitale,
afin de cerner les différents contours de l'objet d'étude, et
d'établir la méthodologie à utiliser.
Ainsi, à travers les différents scores assortis
dans la première thématique, il nous est clair que les pays en
développement, en particulier ceux africains sont classés en
dernières positions dans l'atteinte des ODD en lien avec la CSU. Et ce,
à cause de leur faiblesse à répondre efficacement aux
besoins de santé des populations, d'où tout
l'intérêt de mener des études de ce genre. Par ailleurs, en
analysant les théories portant sur l'offre et la demande de soins, nous
avons pu remarquer que plusieurs variables issues de diverses
méthodologies sont utilisées lors des recherches
antérieures. De ce fait, nous optons pour une méthodologie
simpliste, qui va consister à aborder la demande de soins sous l'auspice
démographique (consultations sanitaires des populations) et l'offre de
soins par la disponibilité d'infrastructures sanitaires.
1.2. Revue conceptuelle
Le thème de notre étude met en jeu certains
concepts importants qui demandent des clarifications afin d'expliciter le sens
qu'ils prennent dans ce travail. Ainsi, des définitions explicites de
sept (07) concepts seront abordées.
1.2.1. Définitions des
concepts
· Système de santé :
Par définition, le système de santé est
« un ensemble d'éléments organisés et de
pratiques coordonnées, mises en place pour la prise en charge des
maladies au sein d'une population donnée, afin de garantir un meilleur
état de santé aux individus » (HCSP, 2010).
L'OMS à son niveau, en donne une certaine
première définition en 1984, selon laquelle un système de
santé est « un ensemble cohérent, composé de
nombreux éléments, tant sectoriels
8 Adaskou, M., Houmam, I., & Onbouh, H. (2021). Demande
et offre de soins de santé : avancées et modèles
théoriques. International Journal of Accounting, Finance, Auditing,
Management and Economics, 2(3), 66-85.
9 Cité par N'doh Ashken Sanogo : « La couverture
sanitaire universelle : Effet de l'assurance maladie obligatoire sur la
qualité et l'accessibilité aux soins de santé au Gabon
» ; FSS-Université d'Ottawa, 2020
21
qu'intersectoriels liés les uns aux autres et de la
communauté même, qui ont conjointement une incidence sur la
santé de la population » (Kleczkowski et al., 1984). Mais plus
tard en 2015, la même organisation (OMS) précise qu'un
système de santé se réfère plutôt à
« l'ensemble des organisations, des institutions, des ressources et
des personnes dont l'objectif principal est d'améliorer la santé
» (OMS, 2015).
De par ces définitions, un système de
santé peut être aussi perçu comme un « ensemble de
moyens et de financement, d'information et de prévention organisé
en vue de maintenir ou améliorer la santé publique »
(D'Intignano, 2000). Ainsi défini, il a pour objectif de penser,
d'organiser et d'offrir des prestations, en mesure de satisfaire les besoins de
santé des populations. C'est le pourquoi la plupart de systèmes
de santé sont composés d'un secteur public, d'un secteur
privé, et d'un secteur traditionnel8, en vue d'oeuvrer
ensemble pour une couverture sanitaire totale.
· Couverture santé universelle :
Connu sous plusieurs appellations notamment Couverture
Santé Universelle, Couverture Sanitaire Universelle ou encore Couverture
Universelle de Santé, le concept de CSU vise tout simplement à ce
que tout le monde puisse utiliser les services de santé de
qualité dont il a besoin sans risquer un appauvrissement ou une ruine
financière, induit de ses dépenses sanitaires (OMS, 2001).
Certaines institutions comme l'AfHEA (African Health Economics
and Policy Association) retiennent la vision de l'OMS concernant la CSU, comme
une définition opérationnelle du concept : « tous les
individus, au moment où ils en ont besoin, ont accès à des
soins adaptés et d'un coût abordable. Pour ce faire, les pays
doivent développer leurs systèmes de financement de la
santé, et veiller à ce que la couverture soit équitable
puis définir des moyens fiables pour surveiller et évaluer les
progrès » (AfHEA, 2015).
Selon l'OMS, trois (03) dimensions sont à
considérer dans la CSU : les services de santé
nécessaires, le nombre de personnes qui en ont besoin, et le coût
pour ceux qui doivent payer (utilisateurs et organismes de financement tiers)
(World Health Organisation, 2014 ; Dye et al., 2013 ; Dourgnon, Grignon, et
Jusot, 2001; Chokri, 2015)9 :
- (i)
22
Les services de santé font référence
à la prévention, la promotion, le traitement, la
rééducation, et les soins palliatifs (Dye et al., 2013).
- (ii) Ces services de santé doivent être
armés pour répondre aux besoins de santé des individus
tant quantitativement que qualitativement ; mais aussi en cas d'imprévus
(catastrophes environnementales, accidents chimiques, nucléaires,
pandémie, etc.) (OMS, 2014).
- (iii) Il est aussi important de mentionner qu'il ne devrait
pas y avoir de paiements directs qui dépassent un certain plafond
d'accessibilité économique, généralement
fixé à zéro pour les personnes pauvres et
défavorisées (OMS, 2014).
Figure 2. Les dimensions de la couverture
sanitaire universelle
Source : Les dimensions de
la CSU. Adapté de « Rapport sur la santé dans le monde 2013
», par Dye et al., Bibliothèque de l'OMS, page 7 (OMS,
2013).
Le but de la couverture universelle en matière de
santé étant de faire en sorte que tous les individus aient
accès aux services de santé dont ils ont besoin ; elle repose sur
trois composantes inter-associées que sont : un éventail complet
de services de santé en fonction des besoins, une protection
financière contre le paiement direct des services de santé
utilisés et la couverture de l'ensemble de la population (cf. Figure
2).
·
23
Accessibilité aux soins :
La notion d'« accessibilité » en soi peut
être définie comme étant « la possibilité
ou la potentialité d'avoir accès à quelque chose
donnée » (définition issue du dictionnaire Larousse en
ligne :
https://www.larousse.fr).
De ce fait, l'accessibilité est considérée dans la majeure
partie des cas, comme un concept éminemment géographique.
Cependant, la dimension géographique est insuffisante pour la
définir et cerner tous ces contours. En effet, l'accessibilité a
aussi des dimensions sociodémographique, économique, culturelle,
etc. (Wixey et al., 2003), même si le terme est encore utilisé de
façon imagée.
Dès lors, l'accessibilité peut être
envisagée comme la combinaison de plusieurs facteurs : attributs des
populations, attributs des lieux de localisation des ressources, attributs des
ressources auxquelles accéder, distance entre le lieu de
résidence des populations et la localisation des ressources (Halden et
al., 2005), qualité du réseau de transport et partition
fonctionnelle de l'espace (Reymond et al., 1998 ; Cauvin, 2005).
Appliqué au secteur de la santé, elle est
comprise en ce moment comme « un accès, en temps opportun selon la
condition, à un médecin ou à l'équipe de soins,
adapté à la culture et à la langue du patient »
(Arend et al. 2012). Or, l'objectif de tout système de santé
comme le souligne Henri Picheral est de conférer « une plus grande
accessibilité » aux points de son offre. Pour cela selon le
même auteur, l'accessibilité peut être mesurée
à travers plusieurs indicateurs et présente au moins deux (02)
voire trois (03) dimensions : une dimension sociale, une dimension spatiale (ou
géographique) et dimension financière (à caractère
économique).
L'accessibilité dans sa dimension «
géographique » par exemple est un instrument de mesure en
santé. Alors par extension, il permet d'effectuer des estimations, en
désignant la propension d'offre à rapprocher spatialement des
besoins. Ce rapprochement peut se traduire à la fois par des actions
pour « une installation plus optimale de l'offre (au côté
de la demande) » ou pour un dépassement des barrières
géographiques par le transport sanitaire ou la
télémédecine. En ajout, des enquêtes
d'économie de la santé permettront d'identifier, sur l'espace
sanitaire, les principaux déséquilibres entre offre et demande de
soins (Isabelle Crouzel, 2010).
Dans sa dimension « économique »,
les questions d'accessibilité se font en fonction du choix de service
désiré par le patient, à savoir : libéral ou
public. Elles dépendent du fait que les services soient d'un prix
abordable ou non ; l'information sur le coût doit être à la
portée de tous. Ce dernier comprend en réalité : le prix
de la consultation, le prix du déplacement et le prix de
l'hébergement sur place.
et le problème de l'accès aux soins, aux
services de santé. Place particulière des concepts en
géographie et en économie de la santé ; dossier de DEA
GEOS, Université Montpellier 3.
11
https://ONUFemmes/Articles :
Qu'est-ce-que le suivi et evaluation ? (2012)
10 Paul Valéry (2002) : Le concept d'accessibilité
et d'accès aux soins : Une étude bibliographique sur
l'accessibilité
24
C'est sur ces éléments de définitions,
que nous traduisons par « accessibilité » dans le cadre de
cette recherche, la relation entre l'offre et la demande de soins se basant sur
un principe simple selon lequel « la progression du taux d'utilisation des
services existants (consultation, hospitalisation) accompagne la diminution des
barrières d'accès aux soins (fréquence et commodité
des transports, prise en charge des dépenses par les assurances) ».
(Paul Valéry & Pascal Bonnet, 2002)10.
· Suivi, Evaluation et Suivi-Evaluation
(S&E)
Le suivi et l'évaluation sont des activités
distinctes mais qui se chevauchent partiellement, et qui ont des buts
similaires, à savoir de veiller à ce qu'« un projet »
se déroule de manière aussi efficace que possible (ONUFemmes,
2012)11, puis de tirer des enseignements par retour
d'expériences. Ce sont tous deux des éléments essentiels
de la bonne gestion du projet. Ils permettent d'ailleurs, d'apprécier
les progrès accomplis en vue de la réalisation du but et des
objectifs du projet, ainsi que les facteurs exerçant une influence sur
ces progrès.
Par définition, le suivi est le processus par lequel
on s'informe du déroulement, des progrès accomplis en vue de la
réalisation des buts et objectifs visés et des facteurs
extérieurs pertinents, tels que les nouvelles opportunités et les
nouveaux risques afférents au projet. La Banque mondiale (2008)
définit le suivi comme étant « un processus continu de
collecte et d'analyse d'informations, pour apprécier comment un projet
est mis en oeuvre, en comparant les résultats obtenus aux performances
attendues ». Pour le PNUD (2008), « le suivi est un
processus itératif de collecte et d'analyse d'informations pour mesurer
les progrès d'un projet au regard des résultats attendus. Il
fournit donc aux gestionnaires un retour d'informations régulier qui
peut aider à déterminer si l'avancement du projet est conforme
à la programmation ». Ainsi, le suivi est entrepris une fois
que le programme a démarré et se poursuit tout au long de la
période d'exécution du programme. Il est parfois
dénommé « évaluation du processus », «
évaluation des performances » ou « évaluation formative
».
L'évaluation est l'appréciation
systématique d'une activité, d'un projet, d'un programme, d'une
stratégie, d'une politique, d'un sujet, d'un thème, d'un secteur,
d'un domaine opérationnel ou des performances d'une institution
(ONUFemmes, 2012). Elle vise à déterminer la pertinence,
l'impact, l'efficacité, l'efficience et la durabilité des
interventions et les contributions de
l'intervention aux résultats obtenus.
L'évaluation doit fournir des informations factuelles qui soient
crédibles, fiables et utiles (UNESCO, 2015). Les constats,
recommandations et enseignements d'une évaluation doivent être
utilisés pour informer les processus décisionnels
subséquents concernant le programme considéré.
Le Suivi et Évaluation (S&E, ou M&E en
anglais) est critique pour la planification et les changements de politique des
réformes de santé. Par ailleurs, le secteur de santé a
besoin de penser de manière innovante afin de s'adapter aux
systèmes de Suivi & Évaluation existants. L'adaptation des
systèmes de Suivi & Évaluation sont nécessaires pour
s'assurer que les ressources soient allouées aux priorités, que
les ressources humaines limitées soient utilisées à bon
escient, et que les plus vulnérables et désavantageux aient
accès aux services de santé essentiels. C'est dans ce contexte
que le S&E est utilisé pour évaluer ou mesurer
progressivement les progrès vers la CSU.
· Mesure des progrès de la CSU :
Mesurer les progrès vers la CSU, revient à
faire un état d'avancement dans le processus de l'ODD en lien avec la
CSU. Mais toute mesure de progrès requiert en amont un système de
suivi adéquat.
Cependant, on se rend compte de plus en plus que la mesure et
le suivi des progrès vers la CSU constituent un point crucial sur lequel
beaucoup de pays n'ont pas travaillé en amont. D'ailleurs, l'analyse des
différentes politiques socio-sanitaires élaborées pour
certains pays démontre qu'un socle de protection sociale, ressortant les
caractères d'équité est nécessaire pour progresser
vers la CSU (AfHEA, 2015).
Le suivi et l'évaluation des résultats à
partir d'indicateurs clés est également crucial pour formuler et
mettre en oeuvre la politique de CSU. Ainsi, les pays doivent choisir
minutieusement un ensemble d'indicateurs, investir dans des systèmes
d'information sur la santé, et intégrer efficacement les
informations dans l'élaboration des politiques (OF Norheim, OMS,
2015)12. Toutefois, la sélection des indicateurs devrait
être étroitement liée à l'objectif de
réaliser la CSU et dans la plupart des cas, inclure au moins quatre
types d'indicateurs : les indicateurs relatifs au processus
d'établissement des priorités, les indicateurs mesurant
l'accès aux soins, les
25
12 OF Norheim pour OMS (2015) : Faire des choix justes pour
une couverture sanitaire universelle, rapport final du Groupe Consultatif de
l'OMS sur la Couverture Sanitaire Universelle et Equitable
26
indicateurs de protection contre le risque financier et les
indicateurs évaluant l'état de santé de la population.
· Offre et demande de soins
Par définitions, « la demande de soins » est
« le besoin de santé exprimé par la population »
; et « l'offre de soins » est représentée par
« les biens et les services de soins disponibles dans un pays »
(Dr H. Boukharouba, 2018).
Partant de ces deux définitions, il est clair que :
- la demande de santé est le processus par lequel les
patients affichent un comportement de consommation des services de
santé. Elle est le fait exclusif des populations (consommateurs) au sens
du modèle économique de la santé.
- l'offre de soins est l'ensemble des ressources humaines,
matérielles, financières et organisationnelles.
Dans ce travail, nous approcherons la demande de soins par
l'ensemble des consultations effectuées par les populations, et l'offre
de soins par l'ensemble des ressources infrastructurelles et humaines dont
dispose le Togo.
1.2.2. Enseignements tirés de la revue
conceptuelle
La synthèse des définitions de ces
thèmes portant sur notre thème d'étude nous a permis de
voir et de cerner la diversité des concepts ayant un lien avec l'objet
d'étude. A cet effet, nous avons pu préciser le sens que prennent
ces concepts dans notre travail afin d'enlever toute ambigüité
afférente à leurs compréhensions. Aussi, cela nous a
permis de recadrer la méthodologie à utiliser pour parvenir
à des résultats pouvant mieux expliquer et résoudre la
problématique étudiée.
Titre 2. Approche méthodologique
Afin de bien mener ce travail, une approche
méthodologique mixte a été utilisée : il s'agit de
l'approche quantitative et de l'approche qualitative.
27
2.1. Approche quantitative 2.1.1. Recueil des
données
L'analyse quantitative a été
réalisée en grande partie à travers le traitement de
données issues de la base de données (i) de la carte sanitaire
(version 2015), élaborée par le Ministère de la
Santé, de l'Hygiène Publique et de l'Accès Universel aux
Soins (MSHPAUS).
Des données complémentaires de
démographie et de statistiques sanitaires recueillies respectivement
auprès de l'Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques
et Démographiques (INSEED) (ii) et auprès de la division de
l'information sanitaire du MSHPAUS (iii) ont été également
utilisées, afin de faire une triangulation et procéder aux
différentes projections.
· (i) Données de la carte
sanitaire
La carte sanitaire a été élaborée
pour servir de base de données de différentes informations
sanitaires couvrant la période 2015, voire antérieure. Elle a
fait l'objet d'une enquête réalisée auprès des
formations sanitaires aussi bien publiques que privées recensées
sur l'ensemble du territoire togolais au cours de l'année 2015. Cette
enquête a porté sur un total de 1273 Formations Sanitaires (FS)
sanitaires inventoriées à travers plusieurs localités dont
la répartition par région et par district se trouve dans le
tableau ci-après :
Tableau 2 : Répartition par
district et par région des FS enquêtées
Régions
|
|
Districts
|
Nombre de FS
|
|
LOME COMMUNE
|
|
District 1
|
|
26
|
|
|
153
|
|
|
37
|
|
|
28
|
|
|
93
|
|
Sous-Total 1
|
337
|
|
MARITIME
|
|
Ave
|
|
42
|
|
|
12
|
|
|
43
|
|
|
36
|
|
|
37
|
|
|
27
|
|
|
45
|
|
Sous-Total 2
|
242
|
|
|
28
PLATEAUX
|
Agou
|
|
37
|
|
|
23
|
|
|
32
|
|
|
19
|
|
|
19
|
|
|
19
|
|
|
24
|
|
|
37
|
|
|
19
|
|
|
16
|
|
|
26
|
|
|
36
|
|
Sous-Total 3
|
307
|
|
CENTRALE
|
|
Blitta
|
|
20
|
|
|
24
|
|
|
18
|
|
|
65
|
|
Sous-Total 4
|
127
|
|
KARA
|
|
Assoli
|
|
9
|
|
|
18
|
|
|
16
|
|
|
16
|
|
|
22
|
|
|
15
|
|
|
56
|
|
Sous-Total 5
|
152
|
|
SAVANES
|
|
CINKASSE
|
|
8
|
|
|
15
|
|
|
26
|
|
|
20
|
|
|
39
|
|
Sous-Total 6
|
108
|
|
|
Total général
|
1273
|
|
|
Source : DivPCS, Carte sanitaire,
2015
· (ii) Données des annuaires
statistiques
En complément à la carte sanitaire, nous avons
eu recours aux données issues des annuaires statistiques des
années 2015 à 2019, produit par le MSHPAUS à travers sa
division en charge de l'information sanitaire (DGePIS).
29
Les données recueillies dans ces annuaires concernent
entre autres :
- L'évolution du nombre de consultations annuelles par
région sanitaire de 2016 à 2019 ; - L'évolution du nombre
de FS sur le plan national de 2016 à 2019 ; et
- L'évolution du nombre du personnel de santé par
région sanitaire de 2016 à 2019.
· (iii) Données démographiques de
l'INSEED
Grâce à l'INSEED notamment à travers sa
cellule de prospective, nous avons pu avoir des estimations de
l'évolution de la population togolaise sur les prochaines années
jusqu'en 2030, données qui nous ont été utiles lors des
différents tests et projections sur 2030.
2.1.2. Consolidation et traitement des
données
L'ensemble de ces trois (03) différentes
catégories de données ont été regroupées et
compilées dans une seule base grâce au logiciel Excel (version
365) ; ce qui a facilité son exportation vers le logiciel Stata, pour
effectuer des traitements et des tests statistiques.
2.1.3. Fiabilité et qualité des
données
La pertinence d'un document scientifique dépend de
plusieurs facteurs dont évidemment l'exactitude de sa démarche
méthodologique ainsi que la qualité et la fiabilité des
données recueillies et utilisées.
Pour ce travail, les données issues de la carte
sanitaire ont été collectées entièrement par du
personnel qualifié, à travers les régions et districts
sanitaires concernés. Par ailleurs, ces données ont
été validées par un comité interministériel
qui a procédé à toute correction ; avant de servir dans
l'élaboration du document de la carte sanitaire.
Pour ce qui est des données des annuaires statistiques
considérées, nos investigations ont révélé
qu'ils ont suivi une procédure de validation identique à celle de
la carte sanitaire.
En ce qui concerne les données démographiques,
elles ont été recueillies grâce à l'INSEED qui est
une institution spécialisée et certifiée au plan national
dans la production de données statistiques, utilisées dans de
divers travaux de recherches empiriques et de terrain.
En somme, vu l'authenticité des données
utilisées dans cette recherche, il est clair que celles-ci soient de
qualité et fiables. Néanmoins, il y a lieu de souligner que
plusieurs opérations de calculs ont été effectuées
sur les données et le présent mémoire n'en présente
qu'une synthèse.
30
A cet effet, les résultats assortis ne constituent
qu'une base factuelle en support à une planification stratégique
et/ou opérationnelle du secteur sanitaire togolais.
2.1.4. Méthode d'analyse des données et
démarche méthodologique
Selon Deslauriers (1991), en matière de recherche,
l'analyse doit être effectuée dans l'objectif de «
produire une synthèse explicative des informations recueillies »
par traitement des données. En s'inscrivant dans cette
logique, nous avons analysé nos données en procédant en 03
grandes étapes :
· Dans un premier temps, nous avons
procédé à une analyse situationnelle de l'offre et de la
demande de soins de santé au Togo, à travers une synthèse
des données de la carte sanitaire, et des données
démographiques par régions. L'extension XLS-STAT du Logiciel
Excel a été utilisée à cet effet.
· En second lieu, des tests ont été
réalisés sur l'ensemble des données afin de s'assurer de
leur linéarité dans le temps, condition sine-qua-non pour
réaliser les projections de l'étape suivante. Ensuite, des
analyses de corrélations ont été effectuées sur les
variables de l'étude afin de s'assurer de l'existence d'une relation
linéaire entre celles-ci. Le logiciel STATA a été
utilisé pour cela.
· En dernier lieu, nous avons procédé aux
différentes projections pour calculer à la fin le taux
théorique de couverture sanitaire à l'horizon 2030 du Togo (avec
Excel).
2.1.5. Variables et indicateurs de recherche
Pour cette étude, la démarche adoptée
passe essentiellement par l'analyse des principaux facteurs (l'offre et la
demande) ayant un impact sur l'accessibilité aux soins de santé
au Togo, dans un contexte spécifique de CSU. Pour cela, la
spécification de la variable dépendante et celles
indépendantes considérées s'avère importante :
Ainsi, deux (02) variables indépendantes (variables
explicatives) sont ressorties, il s'agit de :
- « l'offre de soins » qui sera analyser
principalement sous un angle de disponibilité d'infrastructures
sanitaires ; et
- « la demande de soins » à travers le
nombre de consultations recensé par région et par an, sur
l'ensemble du territoire national.
Quant à la variable dépendante (variable
à expliquer), elle est mesurée par « la couverture de soins
de santé » qui sera traduit par le taux de couverture
sanitaire.
31
Le tableau 3 ci-après présente les autres aspects
des variables et indicateurs retenus. Tableau 3 :
Tableau sommaire des variables et indicateurs de recherche
Variables
|
Indicateurs
|
Définition et calcul
|
Intérêt pour l'analyse et
l'interprétation
|
Type
|
Libellé
|
|
Couverture sanitaire
|
Taux de couverture sanitaire
|
Ratio (Nombre de FS / Population)
|
Appréciation du nombre de population couverte par les
FS
|
Indépendantes
|
Offre de soins
|
Disponibilité d'infrastructures sanitaires
|
Cumul du nombre de FS au cours des années
|
Evaluation de
l'évolutions du nombre de FS par année ;
Vue d'ensemble de l'organisation et la disponibilité de
l'offre de soins
Mesure du dynamisme et de la concentration du infrastructures
privées et publiques pour une optimisation ultérieure
|
|
Répartition spatiale des infrastructures sanitaires
|
|
Nombre et % d'établissement des secteurs publics &
privés de soins
|
|
Recensement du nombre de personnel par catégories
disponible par année
|
Situation des différentes catégories de personnel
disponibles
|
|
Taille de
population par région sanitaire
|
Recensement du nombre de populations dans la région
sanitaire
|
Importance du
peuplement des régions et districts ; niveau de
dispersion des habitats
|
|
Ratio population /superficie de région
|
Importance du
peuplement des régions
Appréciation du niveau de dispersion des habitants selon
les régions sanitaires
|
|
Cumul du nombre de consultations recensé par
région et par an
|
Evaluation de l'évolution du nombre de consultations par
région
|
|
2.2. Approche qualitative
L'approche qualitative utilisée dans la présente
étude se résume à la recherche documentaire et à
quelques recueils d'opinions menés auprès des acteurs clés
du MSHPAUS et du Ministère délégué chargé de
l'Accès Universel aux Soins (MDAUS).
En effet, la recherche documentaire s'est déroulée
en prélude et nous a permis de recenser, de collecter et de constituer
l'ensemble des informations déjà disponibles sur la CSU dans
le
32
contexte mondial, africain et togolais. Ainsi, les documents
consultés varient des rapports internationaux (de l'OMS par exemple),
aux documents scientifiques (mémoires, thèses et articles)
portant sur la CSU et l'accessibilité aux soins de santé des
populations. Ces documents ont été consultés dans un
esprit empirique, sur internet et à travers les bibliothèques de
l'Université de Lomé et de Kara (UK).
Par ailleurs, grâce aux recueils d'opinions, un
croisement et une triangulation des informations collectées sont faits
pour les coder en variables susceptibles d'être présentées
et commentées.
Ces différentes approches ont permis de réaliser
une analyse des variables retenues dans notre cadre d'étude. Cependant,
de la recherche documentaire jusqu'à l'analyse nous sommes
confrontés à des difficultés comme dans toute
activité de recherche scientifique.
2.3. Difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées lors de ce travail de
recherche sont à mentionner sur plusieurs plans.
D'abord, la recherche documentaire n'a pas été
facile à réaliser d'autant plus que rares sont
généralement, les documents qui portent sur la CSU au Togo, et
plus spécifiquement ceux qui concernent l'offre et la demande de soins
dans un contexte similaire.
Ensuite, il n'a pas été chose facile, d'adapter
les données de la carte sanitaire produites en 2015 dans la
présente recherche, car en effet, l'étude prévoyait
utiliser des données récentes (de 2019 & 2020)
c'est-à-dire mises à jour dans une nouvelle base sanitaire mais
faute d'exhaustivité (base incomplète avec des données
manquantes), le Ministère a posé un refus catégorique de
partage voire d'utilisation à des fins de publication.
C'est dans ce sens que nous étions contraints
d'utiliser la base de 2015, qui aussi était pour sa part complexe et
dense (car son questionnaire faisant plus de 20 pages avec une multitude de
variables), où il a nécessité un travail fastidieux de
traitement avant de faire sortir les variables nécessaires à
cette recherche.
Par ailleurs, il est à relever
l'indisponibilité de nombreux acteurs clés de la CSU du
ministère, qui étaient acculés en raison de la pression du
contexte actuel de COVID-19 ; ce qui n'a pas permis à cette étude
d'aborder des aspects qualitatifs de recueil de données notamment les
entretiens individuels voire de groupes.
2.4. Considérations éthiques
33
Ce travail étant un exercice inscrit dans le cadre de
la préparation du mémoire de fin de parcours au master
professionnel en planification du développement, il s'est fait dans une
optique scientifique avec un aspect intégrant les normes d'études
en milieu professionnel, que nous avons expérimenté au cours de
notre stage au MDAUS.
Dans ce sens, ces contributions sont sans doute d'une grande
importance dans la prise en compte des actions et décisions
orientées vers la CSU mais d'une part, il serait judicieux de mener
selon le besoin, d'ultérieures analyses plus approfondies, notamment des
analyses désagrégées par niveau à partir des
différentes bases de données utilisées. D'autre part,
certains résultats doivent être interprétés avec
prudence en termes de précision, à cause des biais possibles de
validité des sources de données, et des limites liées
à l'indisponibilité de certaines données, ayant conduit
à des choix de variables plutôt simplistes.
34
Chapitre 3 :
PRESENTATION, ANALYSE ET DISCUSSIONS DES
RESULTATS
Il serait question dans ce chapitre de présenter,
d'analyser et d'interpréter les résultats issus des
différents traitements effectués sur la base de données.
Cette présentation se fera en deux (02) grands titres.
Titre 1. Présentation des résultats de la
recherche 1.1. Analyse situationnelle de base
Pour faire cette analyse, nous avons utilisé les
données sanitaires de 2015 puis les données démographiques
du RGPH-4.
1.1.1. Etat des lieux de l'offre sanitaire
L'offre de soins est évaluée à travers le
nombre de formations sanitaires disponibles par région en relation avec
les effectifs de population, et les données complémentaires sur
le personnel de santé de 2015. Mais, un premier regard serait d'abord
porté sur la répartition de la population.
Tableau 4 : Répartition de la
population par région sanitaire selon la superficie
REGION
|
Population (hbts)
|
Superficie (km2)
|
Densité (hbts/km2)
|
|
%
|
Totale
|
%
|
|
945 755
|
13,6%
|
90,4
|
0,2%
|
10 464,2
|
Maritime
|
1 983 042
|
28,4%
|
6 009,6
|
10,6%
|
330,0
|
Plateaux
|
1 549 095
|
22,2%
|
16 975
|
30,0%
|
91,3
|
Centrale
|
696 019
|
10,0%
|
13 317
|
23,5%
|
52,3
|
Kara
|
867 322
|
12,4%
|
11 738
|
20,7%
|
73,9
|
Savanes
|
932 977
|
13,4%
|
8 470
|
15,0%
|
110,2
|
Total
|
6 974 210
|
100%
|
56 600
|
100%
|
123,2
|
|
Source : Données
du RGPH4-2010 et de l'INSEED-2015
Les données présentées dans le tableau 4
font ressortir l'inégale répartition de la population togolaise
sur l'ensemble du territoire. La région des plateaux affiche la plus
grande superficie (30%) mais habite cependant 22,2% de la population soit, une
densité de 91,3 habitants par
35
km2. Par contre, la région sanitaire de
Lomé-Commune, qui occupe 0,2% du territoire national, rassemble 13,6 %
de la population nationale soit une densité de 10 464
habitants/km2. Elle est donc la plus peuplée en termes de
densité, suivie par les régions Maritime et Savanes avec des
densités respectives de 330 et 110 habitants/km2.
Tableau 5 : Répartition des
Formations Sanitaires (FS) par région en 2015
Région
|
Formations Sanitaires
|
Densité (hbts/km2)
|
|
Pourcentage
|
|
127
|
9,98 %
|
10 464,2
|
Maritime
|
152
|
11,94 %
|
330,0
|
Plateaux
|
337
|
26,47 %
|
91,3
|
Centrale
|
242
|
19,01 %
|
52,3
|
Kara
|
307
|
24,12 %
|
73,9
|
Savanes
|
108
|
8,48 %
|
110,2
|
Total
|
1273
|
100 %
|
123,2
|
|
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
Tableau 6 : Répartition des FS
par région selon le type
REGION
|
AUTRES*
|
CHR
|
CHU
|
HOPITAL
I
|
HOPITAL
II
|
HOPITAL SPECIALISE
|
INFIR MERIE
|
USP I
|
USP II
|
Grand Lomé
|
6
|
1
|
2
|
3
|
2
|
-
|
6
|
89
|
20
|
Maritime
|
3
|
1
|
-
|
5
|
3
|
-
|
8
|
100
|
31
|
Plateaux
|
42
|
1
|
-
|
41
|
7
|
1
|
20
|
156
|
67
|
Centrale
|
36
|
1
|
-
|
9
|
3
|
1
|
-
|
135
|
57
|
Kara
|
58
|
1
|
1
|
6
|
11
|
1
|
1
|
174
|
55
|
Savanes
|
4
|
1
|
-
|
6
|
3
|
1
|
6
|
67
|
20
|
Total
|
149
|
6
|
3
|
70
|
29
|
4
|
41
|
721
|
250
|
|
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
Les données ci-dessus présentent une vue
d'ensemble des infrastructures de soins disponibles au Togo ainsi que leur
répartition. Au total, on dénombre 1273 FS reparties selon le
type, comme suit (cf. Tableau 5) :
- 1012 USP de type 1 et 2 (CMS) combinées aux infirmeries
;
36
- 03 Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) ;
- 06 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) à raison
de 1 par région sanitaire ;
- 103 hôpitaux de références ; et
- 149 autres structures de soins (*qui sont
pour la majorité de type confessionnelle).
Pour ce qui est de la répartition de ces FS par
région, la région des plateaux est la plus dotée car
comptant 337 FS sur les 1273 recensées, soit un taux de 26,47%, suivi
des régions de la Kara (24,12%) et Centrale (19,01%).
Cependant, le rapport entre le nombre de FS et la
densité régionale (Population / superficie régionale)
montre que la région des plateaux bien qu'ayant le plus grand nombre de
FS n'a pas une population assez dense comparé à Grand Lomé
et Maritime. Ce fait s'explique en partie par l'étendue du territoire de
la région, qui lui confère plus de FS, même si la
densité de la population n'est pas assez consistante.
Par ailleurs du Tableau 6, il ressort que Grand Lomé
est la seule région qui dispose de 02 CHU et 01 CHR, suivi de la
région de la Kara qui possède 01 CHU et 01 CHR.
Considérant les USP de type 1, la région de la Kara dispose du
plus grand nombre (174) suivi de la région des plateaux qui en compte
(156).
Figure 3 : Répartition des FS par
secteur (public ou privé)
Infrastructures étatiques Infrastructures
privées
41.10%
58.90%
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
L'analyse des données schématisées par
la Figure 3 révèle que l'offre de soins au Togo, est fournie en
majeure partie par le secteur public (58,9% contre 41, 1%). Mais la grande
partie des infrastructures privées sont localisées dans la
région sanitaire du Grand Lomé (cf. annexe 3), ce qui dote la
région en question de plus de FS privées que les autres,
comparé à sa superficie
37
(cf. analyse complémentaire en Tableau 7). De ce fait,
nous remarquons donc que le secteur privé au Togo n'offre ses soins que
dans les zones urbaines dans lesquelles les populations disposent d'un pouvoir
d'achat conséquent. La prise en charge sanitaire à
l'intérieur du pays, repose presqu'exclusivement sur le secteur public.
Ainsi, le secteur public dans ses prévisions futures, devrait prioriser
les zones rurales pour vite atteindre la CSU, elle pourra opter pour l'appui
des structures privées dans la région du Grand Lomé.
A l'issu de ces répartitions, il est clair au premier
constat que l'offre de soins au Togo, en général, est fonction de
certains critères tels que la population ou l'étendue des
régions. Toutefois, des croisements de ces variables seront fait par la
suite pour avoir plus de précisions sur la répartition de l'offre
de soins afin de la comparer à la demande.
Figure 4 : Répartition des FS par
région selon la taille de la population
2500
1,983
932
867
108
152
337
1,549
242
696
307
945
127
Grand Lomé Maritime Plateaux Centrale Kara Savanes
Formations Sanitaires Population (en milliers d'Hbts)
2000
1500
1000
500
0
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
En portant un regard sur la Figure 4, il est à
remarquer que la région maritime malgré sa taille de population
valant le double de celle du grand Lomé compte uniquement 1,2 fois de FS
que ce dernier.
Afin de faire une comparaison nette, le taux de couverture en
FS de chaque région est calculé sur une base de 10.000 habitants,
selon la formule suivante :
Taux de couverture (FS) = (Nombre de FS par
région / Population de la région) * 10 000
38
Les résultats sont consignés dans la figure 5.
Figure 5 : Répartition de la
couverture sanitaire des FS par région
4.0
|
3.5
3.5
|
3.5
|
|
3.0
|
|
|
|
2.5
|
|
|
2.0
|
2.2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.0
|
|
|
|
|
|
1.2
|
|
|
|
0.5
|
|
|
|
|
|
|
0.0
|
|
|
|
|
|
|
Grand Lomé Maritime Plateaux Centrale Kara Savanes
|
|
Ratio (FS/Pop(sur 10000 hbts)
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
En calculant le rapport FS/Population, on s'est rendu compte
que le Togo comptait en moyenne 1,8 FS pour 10.000 habitants contrairement aux
normes préconisées par le pays (1 FS pour 5000 habitants, soit 2
FS pour 10 000 habitants). Au regard de ce ratio avec la population de
l'époque, on pourrait conclure qu'en 2015, le Togo avoisinait le nombre
requis d'infrastructures sanitaires.
Cependant, ce ratio n'est pas homogène sur
l'étendue du territoire ; les régions Centrale et Kara comptent
environ 3,5 établissements pour 10 000 habitants alors que la
région Maritime en compte 0,8 pour 10.000 hbts soit 1 FS pour 12 500
habitants. Au regard de ces données, les régions Grand
Lomé, Maritime et Savanes doivent être impérativement
dotées de FS et sont prioritaires face aux trois autres régions
(Plateaux, Centrale et Kara), dans une dynamique de couverture plus optimale en
FS afin de progresser dans l'atteinte de la CSU.
En dehors des infrastructures, un regard a été
porté sur le personnel de santé (Figure 6) au plan national, en
vue d'apporter des éléments complémentaires sur la
disponibilité de l'offre de soins. En réalité, l'offre de
soins de santé n'est garantie que lorsque trois (03)
éléments essentiels sont assurés (l'infrastructure, le
personnel et les produits de santé). Ainsi, le personnel
considéré pour cette analyse est un effectif composé des
:
39
-
|
IDE (Infirmiers D'Etat)
|
|
- Médecins,
- Sage Femmes ; et
- Pharmaciens.
Figure 6 : Répartition par
région de la densité du personnel de santé pour 10 000
hbts
25
20
15
10
0
5
CENTRALE KARA LOME
COMMUNE
6
8
15
MARITIME PLATEAUX SAVANES GLOBAL
5 4
4
6
Source : Données
de la carte sanitaire, 2015
Les données de la figure 6 révèlent
ainsi que globalement le pays dispose de 06 personnels de santé pour 10
000 habitants. La région Lomé-commune affiche un ratio
au-delà du double de la moyenne et compte près de 15 personnels
de santé pour 10 000 habitants, soit 5 personnels pour 3333 habitants
(cf. annexe 4).
Toutefois, bien que la région maritime se trouve la
moins dotée en FS, elle présente paradoxalement le ratio le plus
élevé en termes d'effectif du personnel. Il est donc
irréfutable que le personnel de santé ait une
préférence absolue pour cette région qui semble la plus
proche de Lomé. La réflexion est donc celle du refus du personnel
de santé d'être affecté dans les milieux
défavorisés. Autrement, même lorsque ces milieux
défavorisés sont dotés de FS, le problème majeur
restera l'indisponibilité ou le manque de personnel de santé.
1.1.2. Etat des lieux de la demande de soins
La demande de soins est évaluée à
travers le nombre de consultations recensées par régions au cours
de l`année 2015 et se présente dans le tableau ci-après
comme suit :
40
Tableau 7 : Répartition des
consultations recensées en 2015 par région et par district
Régions
|
Districts
|
Nombre de consultations
|
Populations
|
LOME COMMUNE
|
District 1
|
|
60258
|
|
393002
|
|
|
437756
|
|
67624
|
|
|
95110
|
|
29149
|
|
|
28184
|
|
211297
|
|
|
274759
|
|
244683
|
|
Sous-Total 1
|
896067
|
|
945755
|
|
MARITIME
|
|
Ave
|
|
47409
|
|
105677
|
|
|
46894
|
|
100083
|
|
|
237431
|
|
824518
|
|
|
103724
|
|
193921
|
|
|
96550
|
|
236645
|
|
|
73979
|
|
186540
|
|
|
134025
|
|
335657
|
|
Sous-Total 2
|
740012
|
|
1983042
|
|
PLATEAUX
|
|
Agou
|
|
47732
|
|
95627
|
|
|
19027
|
|
70118
|
|
|
72195
|
|
118383
|
|
|
45512
|
|
140729
|
|
|
13148
|
|
43642
|
|
|
82773
|
|
137193
|
|
|
90537
|
|
279547
|
|
|
80143
|
|
156629
|
|
|
46021
|
|
85102
|
|
|
17710
|
|
87061
|
|
|
112373
|
|
221319
|
|
|
47597
|
|
113745
|
|
Sous-Total 3
|
674768
|
|
1549095
|
|
CENTRALE
|
|
Blitta
|
|
59745
|
|
155069
|
|
|
116482
|
|
178463
|
|
|
83923
|
|
148328
|
|
|
150850
|
|
214160
|
|
Sous-Total 4
|
411000
|
|
696019
|
|
KARA
|
|
Assoli
|
|
50755
|
|
58004
|
|
|
88485
|
|
134859
|
|
|
41451
|
|
78914
|
|
|
39666
|
|
147257
|
|
|
47180
|
|
88581
|
|
|
23808
|
|
105958
|
|
|
184607
|
|
253750
|
|
41
Sous-Total 5
|
475952
|
|
867322
|
SAVANES
|
|
Cinkasse
|
|
46080
|
88532
|
|
|
53173
|
174707
|
|
|
48464
|
214643
|
|
|
74621
|
132890
|
|
|
148476
|
322206
|
|
Sous-Total 6
|
370814
|
|
932977
|
|
Total général
|
3568613
|
|
6974210
|
|
Source :
Données-annuaire statistique, 2015
Les données consignées dans le tableau 6
montrent qu'au cours de l'année 2015, 3 568 613 de personnes ont
été reçues en consultations dans les FS concernées
par la présente étude. La répartition de ces consultations
qui traduisent « la demande de soins » dans chaque région se
présente comme suit : Lome commune : 896067 ; Maritime : 740012 ;
Plateaux : 674768 ; Centrale : 411000 ; Kara : 475952 et Savanes : 370814. Se
basant sur ces chiffres, la région Lomé commune est celle ayant
une grande demande en soins de santé.
Mais, en mettant en relation le nombre de consultations des
régions avec l'effectifs de leurs populations, les
interprétations révèlent d'autres aspects
complémentaires, contenus dans la figure 7, qui ressort d'ailleurs les
taux de fréquentations régionales des FS.
Figure 7 : Répartition des taux
de fréquentation des FS par région
94.75
100.00
90.00
80.00
70.00
60.00
54.88
59.05
50.00
40.00
30.00
20.00
10.00
0.00
51,17
37.32
43.56
39.75
Grand Lomé Maritime Plateaux Centrale Kara Savanes
Source :
Données-annuaire statistique, 2015 Les Taux de
fréquentation ont été calculés par la formule
suivante :
Taux de
fréquentation =
|
Nombre de consultations X 100
|
|
|
|
42
A l'issu des divers calculs, environ 51,17 % des populations
au plan national fréquentent en moyenne les structures de santé
recensées par la présente étude. De façon
spécifique, la région de Grand Lomé enregistre le plus
grand taux de fréquentation (94,75%), contre la région maritime
ou des savanes qui enregistrent respectivement 37,32% et 39,75%. De ce fait, il
serait important de mener plus d'actions dans ces deux régions pour
augmenter leurs taux de fréquentations aux FS.
Tableau 8 : Répartition des
consultations par région selon le type de FS
REGION
|
ASSOCIATIF/ COMMUNAUTAIRE
|
PRIVEE
|
PUBLIQUE
|
GRAND TOTAL
|
Grand Lomé
|
41444
|
40194
|
770297
|
896067
|
Maritime
|
23955
|
34664
|
562813
|
740012
|
Plateaux
|
57823
|
17584
|
515623
|
674768
|
Centrale
|
38751
|
13332
|
325151
|
411000
|
Kara
|
33966
|
13200
|
375945
|
475952
|
Savanes
|
16744
|
2458
|
316536
|
370814
|
Total
|
212683
|
121432
|
2866365
|
3568613
|
|
Source :
Données-annuaire statistique, 2015
Les données du Tableau 8 qui donnent des informations
sur la répartition des consultations selon les types de FS, montre que
la plupart des consultations sont faites dans des structures publiques, car
ayant recensé jusqu'à 2 866 365, soit 23,60 fois plus que les FS
privées. A ce stade, on peut conclure que les populations ont recours
plus aux FS publiques à cause des frais de soins qui sont moins chers,
réservant les FS privées aux classes sociales plus
aisées.
Pour cela, il est impératif que le gouvernement dans
ces actions de politiques publiques, puisse associer les FS privées et
communautaires pour une couverture sanitaire plus optimale, comme c'est le cas
dans le cadre du Programme National d'Accompagnent de la Femme enceinte
(PNAFE).
43
1.2. Détermination de la corrélation entre
les variables de l'étude
Les tests de corrélation de Karl Person effectués
sur les variables afin de déterminer leurs liaisons sont
présentés dans le tableau suivant :
Tableau 9 : Test de corrélation
entre le nombre de formations sanitaires, la population et le nombre de
consultations
|
Population
|
Nombre de FS
|
Nombre de Consultations
|
Population
|
1
|
|
|
Nombre de FS
|
0,762*
|
1
|
|
0,634*
|
0,927**
|
1
|
|
* p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p
< 0,001
Source : Calculs de
l'auteur, 2022
Les tests de corrélation dont les résultats
sont mentionnés dans le tableau 9 montrent qu'à un seuil de
confiance évalué à 5%, il existe une relation de
corrélation positive entre le nombre de FS et la taille de la population
(0,762*), ainsi qu'entre le nombre de consultations et la population
(0,634*). Ceci permet de conclure que « plus la population
croit en taille, plus le nombre de consultations et de FS augmentent aussi par
conséquent » : ce qui confirme les premières conclusions
issues de l'état des lieux de l'offre et de la demande de soins.
Par ailleurs, au seuil de 1%, le nombre de FS et le nombre de
consultations sont fortement corrélés de manière positive,
car ayant jusqu'à 92,7% d'effets de corrélation. Les conclusions
tirées de ces résultats faisant état du lien positif qui
existe entre les 03 variables, cela nous permet de pouvoir procéder aux
différentes projections.
1.3. Projections et analyses actuarielles
Pour faire les projections, la démarche suivie a
été conforme à ce que le ministère de la
santé a lui-même préconisé dans son rapport sur la
carte sanitaire avec les propos suivants : « Des projections des
besoins en infrastructures sanitaires doivent encore être faites (...) en
se basant sur la croissance démographique, l'inventaire de l'existant
(infrastructures sanitaires) et les normes d'implantation des structures de
santé en vigueur (définie dans le PNDS à 1FS pour 5000
habitants) » (MSHPAUS, Rapport carte sanitaire ; p.83).
44
1.3.1. Projection de la demande de soins
Cette projection a été faite sur la base de
l'évolution des données de demande de soins sur la période
couvrant 2015 à 2019, avec la prise en compte des données de
l'année 2014.
Tableau 10 : Evolution des consultations
par région de 2015 à 2019
Région
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2019
|
Lomé Commune
|
243 112
|
249 878
|
391 348
|
593 952
|
500 157
|
Maritime
|
398 359
|
468 288
|
798 313
|
712 240
|
916 895
|
Plateaux
|
506 023
|
669 533
|
676 197
|
692 227
|
790 453
|
Centrale
|
405 340
|
437 108
|
429 600
|
428 176
|
518 888
|
Kara
|
440 048
|
464 537
|
467 635
|
480 775
|
572 261
|
Savanes
|
298 359
|
367 723
|
405 852
|
432 272
|
518 399
|
Ensemble
|
2 291 241
|
3 568 613
|
3 168 945
|
3 339 642
|
3 817 053
|
|
Source : Données
des annuaire statistiques de 2015 à 2019
Figure 8 : Cumul de l'évolution
des consultations (au niveau national) de 2015 à 2019
4500000
3,817,053
3,168,945
4000000
3,568,613
3500000
3,339,642
2,291,241
2000000
1500000
1000000
500000
0
2014 2015 2016 2017 2019
3000000
2500000
Source : Données des
annuaires statistiques de 2015 à 2019
Le tableau 10 présente l'évolution par
région, du nombre de consultations recensées au cours des
années 2015, 2016, 2017 et 2019. La figure 8 quant à lui donne
l'évolution au niveau
45
national et il est à constater une augmentation
constante des consultations au fil des années, plus
particulièrement de 2016 (3 168 945 consultations) à 2019 (3 817
053 consultations).
Cette évolution ayant démontré une
constante augmentation dans le temps, il est possible de pouvoir calculer le
« taux de progression annuelle des consultations », à travers
la méthode traduite par la formule de CAGR. En effet, le CAGR (en
anglais « Compound Annual Growth Rate ») correspond au taux
de croissance annuel sur une période donnée. Il est l'une des
formules souvent utilisées en projections actuarielles. Il permet de
calculer et d'établir un taux de croissance annuel moyen, lequel serait
équivalent à plusieurs taux intermédiaires répartis
sur plusieurs années.
Du fait de sa simplicité et faute de méthodes
plus adéquates, nous avons eu recours à cette méthode de
projection à travers la formule suivante :
Taux de croissance annuel = ((
valeur initiale)
) - 1
valeur finale
1/Nombre d'années
Figure 9 : Projections des consultations
(au niveau national) de 2020 à 2030
Unité : en millions
3,800
3,700
3,600
3,500
3,868
0,01%
4,308
4,367
4,251
4,028
3,921
4,194
2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030
4,426
4,500
4,400
4,300
4,200
3,974
4,100
4,000
3,900
4,138
4,082
Source : Calculs de
l'auteur, 2022
En prenant en compte les valeurs d'accroissement du nombre de
consultations entre 2015 et 2019, le CAGR estimé à une valeur
de : 0,013551329, soit 0,013 par arrondissement en défaut.
En appliquant cette valeur du CAGR, sur les prochaines
années tels que mentionné dans la figure 9 ci-dessus, il est
à constater que le nombre de consultations a évolué de 3
868 779 en 2020 pour atteindre 4 426 204 en 2030, soit une augmentation de 557
425 nouveaux cas.
Ce chiffre bien que paraissant réduit (comparé
aux différences de consultations des années
précédentes) trouve son explication dans les actions sanitaires
progressives que le gouvernement est tenu de mettre en place en vue
d'améliorer l'état de santé des populations. Ce faisant,
les impacts positifs issus de ces dernières conduiront ainsi à
une réduction de nombre de consultations.
En exemple, les données de la Figure 8 en donnent une
illustration, car sur la période de 2015 à 2019, il y a eu une
légère augmentation du nombre de consultations (passant de 3 568
613 à 3 817 053) comparée à la période 2014, 2015
où il est observé une plus grande différence
d'augmentation (de 2 291 241 en 2014 à 3 568 613 en 2015).
1.3.2. Projection de l'évolution de la population
togolaise
L'INSEED a élaboré en 2015, un document mettant
en perspective l'évolution démographique du Togo de 2011 à
2031. Dans les projections dudit document, trois (03) scénarii ont
été formulés sur différentes bases de
probabilités. Il s'agit du :
- du « Scénario moyen » qui prévoit
à ce que la population atteigne 9,767 millions d'habitants en 2030 ;
- du « Scénario bas » qui estime la population
à 9,76 millions d'habitants ; et enfin - le « Scénario bas
», qui prévoit atteindre 9,505 millions d'habitants.
Des trois (03) hypothèses, celle dite de
référence et recommandée par l'INSEED est le « moyen
» et c'est ce scénario qui sera pris en compte dans nos
différents calculs, car il semble refléter l'évolution
réelle de la population togolaise au cours de ces dernières
années.
Par exemple selon ce scénario, la population togolaise
en 2022 serait de à 8 068 000 habitants et dans les faits, le site de
production de données démographiques et statistiques «
PopulationData » dénombre la population à 8 067 378
habitants13 en 2022. Ces éléments sont à la
base du choix porté sur l'utilisation du scénario « moyen
» dans la suite de ce travail.
46
13 extrait des données du 104e palmarès,
regroupés sur le profil de
PopulationDatanet.com
47
Figure 10 : Projection de la population
togolaise de 2014 à 2030
12000
2,8%
10000
8000
7,352 7,706
6000 6,669 6,835 7,006
8,068
8,812
9,384 9,575
9,192
2000
0
4000
2,5%
8,437
2014 2015 2016 2018 2020 2022 2024 2026 2028 2029 2030
Source :
Données-INSEED (projection selon le scénario
moyen), 2015
Selon les données de l'hypothèse de
référence consignées dans la Figure 10, la population du
Togo passera de 6,9 millions d'habitants en 2015 à 7,6 millions en 2020,
puis évoluera à 9,4 millions d'habitants en 2031, soit un taux
d'accroissement annuel moyen de l'ordre de 2,8% entre 2022 et 2031. En
conséquence, cette évolution de la population a induit
l'augmentation du nombre de consultations (tel constaté à travers
la figure 9), vu le lien existant entre les deux.
1.3.3. Projection de l'évolution du nombre de
FS
Figure 11 : Projection du nombre de FS
sur 2030
1400
1337
1350
1321 1328
1297 1303
1309 1315
1334
1359 1365
1346 1353
1340
1300
1273
1250
1224
1200
1150
2015 2016 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028
2029 2030
Source : Calculs de
l'auteur, 2022
48
La figure 11 montre l'évolution du nombre de FS de 2015
à 2019, puis projette cette évolution de 2020 à 2030. La
projection a été faite en utilisant la même
méthode14 que celle utilisée lors de la projection du
nombre de consultations. Ainsi, il est à relever qu'en théorie,
le nombre de FS atteindra le seuil de 1365 FS en 2030. Une augmentation de 92
FS est à constater par rapport à l'année de base
(2015).
Les projections étant effectuées et les
données à horizon 2030 sur le nombre de FS, consultations et
populations étant connues, il s'agit maintenant de déterminer le
taux de couverture sanitaire du Togo en 2030, puis le comparer aux normes
sanitaires afin de conclure si des progrès consistants sont en
théorie envisagées pour atteindre la CSU.
1.3.4. Détermination du taux de couverture
sanitaire en 2030 Dans la détermination de ce taux, deux (02)
scénarii sont considérés :
Le premier (scénario 1) considère uniquement
les valeurs théoriques précédemment calculées dans
la détermination du taux de couverture. Quant au second (scenario 2), il
prend en compte l'effectif théorique de la population de 2030 et les
chiffres d'un des projets phares du gouvernement « le projet SSEQCU »
qui envisage construire 200 FS au cours des années prochaines selon les
ambitions de la FDR 2020-2025.
Scénario 1 :
En premier scénario, le taux de couverture en 2030 est
déterminé selon la formule suivante :
(Valeur Théorique du Nombre de
FS 2030 * population couverte
Taux de couverture 2030 =
Valeur projetée de la Population 2030
|
|
En appliquant la formule aux valeurs théoriques
considérées, on a :
1365 * 10000hts
Taux de couverture 2030 = ~ 9575000
Taux de couverture 2030 = 1,425 ?
14 Méthode de CAGR
49
Ainsi, selon les résultats, en 2030, le taux de couverture
en FS au Togo serait de 1, 425 FS pour 10 000 hbts, soit 1 FS pour 7 125
habitants. Néanmoins, ce taux de couverture n'est pas encore conforme
à la norme de 1 FS pour 5000 habitants que le pays prévoit
idéalement.
Scénario 2 :
En scénario 2, le taux de couverture en 2030 est
déterminé selon la formule suivante :
Taux de couverture 2030 = (N??mbre de FS
e?? 2022 + ????mbre FS SS????????
V????e??r ??r??je??ée de ????
P?????????????????? 2030 ) * ????????????????????
c????v????????
|
|
En appliquant la formule aux valeurs réelles, on a :
Taux de couverture 2030 = ( 1315 + 200 ) *
10000h????
9575000
Taux de couverture 2030 = 1,582 ?
Selon les résultats du second scénario, en
2030, le taux de couverture en FS au Togo serait de 1, 582 FS pour 10 000 hbts,
soit 1 FS pour 7 910 habitants. Ce taux de couverture également n'est
pas conforme à la norme de 1 FS pour 7910 habitants que le pays
prévoit idéalement.
On retient en définitive que le nombre des FS en 2030,
selon les prévisions et quel que soit le scénario (1 ou 2),
restera insuffisant pour assurer une totale couverture à toute la
population togolaise. En effet, une totale couverture sanitaire signifierait,
en se basant sur les normes sanitaires (1 FS pour 5000 habitants) qu'en 2030,
le Togo devrait posséder près de 1915 FS afin de couvrir les 9
575 000 habitants établis en théorie. Or selon les deux (02)
scénarii établis, le nombre de FS calculé reste
inférieur à ce chiffre. Les différentes conclusions sur la
présentation et analyse des résultats de recherches conduisent
à la section suivante dédiée à leur discussion.
Titre 2. Discussion des résultats et
recommandations
Cette partie est consacrée au résumé des
principaux résultats de l'étude, à leurs comparaisons puis
discussions mais aussi à la formulation des recommandations.
Concrètement, il s'agira de donner le sens des différents
résultats obtenus conformément aux hypothèses de recherche
; puis statuer sur la validation ou non de ces dernières.
50
2.1. Discussion des résultats
Deux hypothèses ont été émises
à l'entame de ce travail : le premier était formulé dans
le sens où « plus de la moitié de la population togolaise a
accès aux soins de santé relativement à l'état de
base de l'offre de soins » alors que le second stipulait que « les
résultats des projections sur la demande et l'offre de soins au Togo ne
permettent pas au pays d'atteindre une couverture sanitaire totale à
horizon 2030 ».
Partant de ces hypothèses, les résultats issus
des différents traitements de la base de données ont
été présenté en analysant l'offre et la demande de
soins en deux temps : l'analyse à la base c'est-à-dire en 2015
puis l'analyse prévisionnelle sur 2030.
2.1.1. Discussion des résultats de la situation
de base de 2015
A la base, le Togo dispose de 1273 FS reparties de
manière inégale à travers l'ensemble des régions
sanitaires. Ces FS sont de types publics, privées et/ou communautaires
ou confessionnelles. Toutefois, il est à remarquer que l'offre de soins
au Togo, est fournie en majeure partie par le secteur public (58,9%). Les FS
privées sont en majeure partie localisées dans le grand
Lomé ou réside la plus grande portion de la population togolaise
disposant d'un pouvoir d'achat plus élevé pouvant permettre aux
FS privées de se faire des bénéfices. En dehors de ce
premier aspect lié à l'offre de soins, on constate
également que la répartition des FS au départ était
faite en tenant compte des critères liés à la superficie
et à la taille de la population. Mais en évoluant en
années, ces critères sont devenus obsolètes entrainant des
disparités, d'où la naissance d'une inadéquation entre
l'emplacement des FS et les populations couvertes (cf. figure 4, annexe 1).
Avec les données de 2015, les calculs sur la
population couverte des FS ont été faits en divisant le nombre de
FS par la population de chaque région sur une base de 10.000 habitants.
Ainsi, les résultats ont montré qu'en 2015, le Togo compte en
moyenne 1,83 établissements de soins pour 10 000 habitants (cf. figure
5) (contre la valeur cible de 2 FS pour 10 000 habitants selon les normes
sanitaires nationales). Cependant, deux régions, la région
maritime et particulièrement la région des Savanes ont des taux
de couverture moins élevés comparés aux autres
régions. En se basant sur la valeur cible, on pourrait admettre qu'en
2015, le Togo était à 91,5 % de réalisation de ce norme
sanitaire. Ainsi, l'offre couvre au-délà de la moitié de
la population tel émis dans notre première hypothèse
spécifique. La carte en annexe 2 établie par la DivPCIS de 2015
donne plus de détails sur la couverture en établissement de
santé selon les pôles démographiques du pays. En prenant en
compte la dimension « demande de soins » évaluée
à
travers le nombre de consultations issues de la population,
les analyses ont révélé qu'environ 3 568 613 consultations
ont été comptabilisées en 2015 avec la plus grande partie
recensée dans les régions Lomé-commune, Maritime et
plateaux. Le constat qui se pose est que lorsqu'on quitte la capitale vers les
zones septentrionales du pays, le nombre de consultations décline. Ceci
se justifie par le manque de FS de référence et de personnel
qualifié dans ces régions, obligeant ses populations à se
déplacer vers la capitale pour avoir accès à des soins
adéquats. Un exemple, celui de la Thailande nous montre que seule la
présence de personnel qualifié dans les zones
défavorisés permet d'atteindre la CSU : « Le
développement de l'ensemble du système de santé, en
particulier un effectif de santé élargi, a abouti à un
système de soins de santé primaires qui fonctionne
».15
En combinant les résultats de l'analyse de base de
l'offre à celle de la demande, L'hypothèse spécifique 1 se
trouve validée.
2.1.2. Discussion des résultats de projection sur
2030
Les tests de corrélation ont
révélé une forte liaison entre les différentes
variables de l'étude à savoir la taille de la population, le
nombre de consultation, et le nombre de FS. Ainsi, l'augmentation du nombre de
la population dans les conditions normales sur les prochaines années
entraine une augmentation du nombre de consultations et par conséquent
une augmentation du nombre de FS. Cette condition étant posée, le
passage de la population de 6,9 millions d'habitants en 2015 à 9,4
millions d'habitants en 2030 (cf. Figure 10), a entrainé une
augmentation rationnelle du nombre de consultations, par conséquent. Ce
dernier par projection est estimé évoluer à 4 426 204 en
2030 (cf. Figure 9), soit par effet d'une augmentation de 0,013% sur la base de
la progression captée sur les années antérieures (traduit
par calcul de CAGR). Utilisant les mêmes techniques de projections, le
nombre de FS est censé évolué en théorie, pour
atteindre les 1365 FS selon un premier scénario. Un deuxième
scénario qui prend en compte l'actuel projet du Gouvernement à
vocation d'implémentation de 200 FS, estime à 1515, le nombre
total de FS dont disposera le Togo en 2030. Ces chiffres étant
considérés, les calculs de prévisions fixent à
1,425 ? (scénario 1) ou à 1,582 ? (scénario 2), le taux de
couverture en FS contre une norme de 2 ?. En conclusion, malgré les
scénarios posés, le pays n'arrivera pas à trouver une
adéquation entre l'offre de soins qu'il fournit et la demande croissante
en soins de santé. De ce fait, le Togo n'atteindra pas la couverture
optimale en soins de santé, vu le nombre insuffisant de FS dont il
disposerait en 2030 contre une population en continuelle croissance. Par
ailleurs, ces FS selon la configuration actuelle resteront mal
répartis
51
15 https ://
doi.org/10.2471/BLT.13.120774
sur l'ensemble du territoire avec une concentration plus
accrue dans les zones urbaines au détriment des populations rurales, si
des mesures d'optimisation de leurs emplacements ne sont pas prises en compte.
Tout ceci vient donc confirmer notre seconde hypothèse spécifique
selon laquelle l'évolution de la demande de soins au Togo comparé
à l'offre ne permet pas au pays d'atteindre une totale16
couverture sanitaire à horizon 2030.
Ainsi, pour atteindre une couverture sanitaire plus optimale
en lien avec les normes retenus, il serait judicieux de prévoir dans
l'immédiat un ou des programmes d'urgence qui consisterait à
mobiliser des ressources exceptionnelles pour construire des
établissements sanitaires publics dans les régions surtout
Maritime et Savanes, puis faciliter et inciter l'installation des FS
privées dans le Grand-Lomé et autres régions. Le
renforcement des ressources humaines de qualité devrait être
également prévu en amont. Toutefois, la construction de nouveaux
FS passe par une mobilisation de ressources financières et le vrai
défi pour les ressources humaines est celle de les motiver à
aller travailler dans les lieux défavorisés et de retenir la main
d'oeuvre compétente dans ces milieux défavorisés. Ceci
étant, des stratégies de mobilisation des ressources humaines sur
exemple des best-pratices d'autres pays (Rwanda, Ghana, Sénégal
par exemple) peuvent être élaborées puis mises en oeuvre de
façon parallèle aux éléments avancés plus
haut.
Un dernier aspect pouvant oeuvrer pour une meilleure
couverture sanitaire est l'augmentation du niveau d'intégration du
secteur privé dans la mise en oeuvre des actions sanitaires. En effet,
au Togo, le secteur privé administre une part non négligeable des
prestations médicales si l'on se base sur les chiffres contenus dans le
tableau 8. Toutefois, en optimisant l'intervention du secteur privé dans
les prestations sanitaires au niveau national, une couverture sanitaire plus
élargie serait obtenu. Ainsi, les instances publiques de gouvernance
doivent prioriser le secteur privé dans la prise des décisions
touchant le secteur sanitaire en particulier. En effet, la contribution du
secteur privé soutient mieux de bons résultats dans les domaines
où les utilisateurs sont riches et en bonne santé
informés, en particulier dans les villes, où les patients peuvent
exiger des services de meilleure qualité et choisir de n'utiliser que
les services qu'ils jugent de haute qualité. En conséquence, les
services sont plus susceptibles d'être fournis par qualification les
fournisseurs privés qui passent plus de temps avec chaque patient, avec
une amélioration de la qualité, de l'équité et de
l'efficacité, en particulier pour les maladies plus complexes (Morgan,
R. et al, 2016). Dans les zones développées, les instances de
gouvernance
52
16 « totale couverture sanitaire » : est compris
comme étant le nombre de FS nécessaires pour couvrir la
population théorique estimée en 2030 par l'INSEED sur une base de
5000 habitants pour 1 FS.
53
du Togo, devraient faciliter l'installation de ces structures
privées et prioriser leurs ressources vers les milieux
défavorisés. Car, bien que le secteur privé soit un
fournisseur en partie marginalisé de soins de santé dans de
nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, son rôle
dans la progression vers la couverture sanitaire universelle est
indéniable (McPake B & Hanson K., 2016).
2.2. Recommandations
Au regard des discussions portées sur les
résultats, nous formulons des recommandations à l'endroit du
MDAUS et du MSHPAUS essentiellement sur deux (02) plans à savoir
stratégique et opérationnel.
2.2.1. Sur le plan stratégique :
La carte sanitaire utilisée dans le cadre de cette
recherche est une base de données contenant des informations
collectées, consultables et actualisables pouvant donner de nombreux
détails sur la situation sanitaire au Togo. Vu son importance, il est
nécessaire de procéder fréquemment à sa mise
à jour, tout en y intégrant des variables supplémentaires
permettant d'apprécier les aspects de la CSU (avec une
possibilité de simulation de projections).
Aussi est-il important :
- d'élaborer une politique sectorielle
définissant clairement les objectifs ainsi que les résultats
attendus dans la mise en oeuvre de la CSU au Togo pour l'horizon 2030 ;
- d'impliquer les autres ministères notamment celui de
l'action sociale dans son élaboration ; puis
- de vulgariser cette politique auprès du personnel de
santé pour des actions conjointes orientés dans l'atteinte de la
CSU à court terme ;
- de veiller à ce que les plans nationaux de
développement sanitaire prennent en compte les orientations
opérationnelles de la CSU, en particulier les liens doivent être
établis entre les objectifs de la santé et la carte sanitaire
afin d'atteindre les objectifs d'amélioration de l'état de
santé et de réduction des iniquités dans l'accès
aux services de santé ;
- d'améliorer le cadre de suivi-évaluation des
actions sanitaires en y prenant en compte les objectifs visés par la
CSU.
2.2.2. Sur le plan opérationnel : A ce
niveau, il est impératif :
54
- d'optimiser le processus d'implémentation des
prochaines FS afin de pouvoir couvrir la quasi-totalité des populations.
Ainsi, les données de la carte sanitaire doivent être prises en
compte à priori, notamment les aspects concernant la densité de
la population, le bassin démographique, les scores d'ISL, le personnel
de santé etc. A titre d'exemple, les hôpitaux de
spécialisation peuvent être construit proche des zones à
haut risque de prolifération, plutôt qu'en tenant du
critère urbain ou rural ;
- de conduire des études sociologiques afin de
déterminer les principaux facteurs inhérents à la demande
de soins auprès de l'ensemble des populations ;
- d'établir des politiques d'incitation et de
mobilisation du personnel médical à opérer dans les zones
à faible couverture de soins ou déclaré comme non couverte
;
- d'accroitre le degré d'intégration des
structures privées dans les prestations de soins publiques : la
collaboration entre le privé et l'Etat dans le cadre du PNAFE en est un
exemple.
2.3. Limites de l'étude et
perspectives
Le présent travail aussi modeste qu'il soit
présente quelques limites qu'il convient de relever selon les principes
scientifiques.
En effet dans cette étude, seuls les indicateurs
portant sur le « nombre de FS » et le « nombre de personnel de
santé » ont été prises en compte pour évaluer
l'offre de soins pendant que la demande de soins a été
approché par « le nombre de consultations » et « la
taille de la population ». Or, en matière de CSU plusieurs autres
indicateurs qualifiés de « traceurs » par l'OMS interviennent
dont entre autres le taux de mortalité mère-enfant, le taux de
couverture vaccinal, le taux d'accès à l'hôpital, le taux
de sécurité sanitaire, et les dépenses sanitaires (OMS,
2018).
Toutefois, ne disposant que de ressources limitées en
temps et en moyens (financier, logistique), le présent travail s'est
focalisé sur les indicateurs précités pour produire une
analyse pertinente. De ce fait, il est important de signaler que ce travail est
un précurseur de travaux complémentaires nécessaires pour
tirer une conclusion définitive sur la capacité du Togo à
atteindre ou non la CSU à l'horizon 2030. Il a quand même le
mérite de préciser que cet objectif ne saurait être atteint
sans des plans d'urgence pour renforcer les structures hospitalières et
les ressources humaines existantes.
Dans les prochaines études, il est souhaitable de
disposer d'une base de données actualisée et de les croiser avec
différents outils statistiques. L'indicateur nombre de FS par exemple
est un
55
chiffre brut qui ne rend pas compte de la capacité
d'hospitalisation ; la conformité de l'implantation des infrastructures
de santé au regard du bassin démographique ; la
fonctionnalité des infrastructures sanitaires existantes
(adéquation des locaux et équipements essentiels,
adéquation des ressources humaines) et l'accès aux paquets
essentiels des services. La taille évolutive de la population pour sa
part, a été estimé depuis 2015, date à laquelle
aucune autre étude de projection n'a été produite par
l'INSEED. Pourtant, il serait intéressant d'avoir des données
actualisées en ce sens tenant compte des divers phénomènes
démographiques (taux d'accroissement, flux migratoire...) survenues au
cours de ces dernières années. Ces différents aspects pour
ne citer que ceux-là doivent être explorés dans les travaux
futurs.
Aussi, avons-nous en perspective de mener plus loin dans nos
études notamment en thèse, une recherche plus exhaustive couvrant
tous les aspects de la thématique, le présent travail
n'étant qu'une première avancée dans l'atteinte de cet
objectif.
56
CONCLUSION
La thématique de l'accès aux soins de
santé de manière universelle est l'un des sujets les plus
sensibles liés à l'atteinte des ODD à l'horizon 2030. En
effet, relativement à la cible 3.8, deux aspects sont à prendre
à compte dans le contexte de la CSU : la protection financière et
la couverture des services de santé essentiels. C'est ainsi qu'il est
indispensable que les gouvernants, soucieux d'honorer les engagements du
développement durable dégagent une prise de conscience de plus en
plus grande des inégalités sociales, en particulier par rapport
à la santé qui est perçue, à juste titre, comme un
des droits individuels fondamentaux, et la nécessité de prendre
en compte les actions de santé dans une perspective individuelle mais
aussi collective.
Le Togo faisant partie de cette dynamique, l'objectif
générale de la présente étude a été
d'évaluer le niveau d'accessibilité sanitaire au Togo dans le
cadre de la mise en oeuvre de la politique de CSU. Dans l'atteinte de cet
objectif, il a été question de présenter dans un premier
temps, la situation de base (i.e. de 2015, l'année ou la convention sur
les ODD a été ratifiée) de l'accessibilité
sanitaire au Togo, puis dans un second temps d'examiner l'évolution de
l'accessibilité aux soins de santé à travers des
projections, afin de déterminer si la CSU serait atteinte au Togo en
2030. Pour cela, l'évaluation de l'accessibilité a
été faite selon une méthodologie mixte qui est
passé principalement par l'analyse de l'offre et de la demande de
soins.
Parti de l'hypothèse générale selon
laquelle « l'état d'accessibilité des soins de santé
ne permet pas au Togo de progresser dans la mise en oeuvre de sa politique de
CSU à horizon 2030 », cette étude nous a conduit à
travers ses résultats, à la connaissance de la répartition
des FS et du personnel de santé sur l'ensemble du territoire, puis
à déceler les besoins en demande de soins de chaque région
sanitaire, nous permettant ainsi d'évaluer les différents taux de
couverture sanitaire, et de fréquentation des FS. En procédant
aux divers calculs et aux projections, les résultats définissent
à 1,425 ? et à 1,582 ? (respectivement selon le scénario 1
et le scénario 2), le taux de couverture en FS en 2030 contre une norme
de 2 ? définie au préalable par les instances sanitaires du pays.
Ainsi, il est clair que l'atteinte d'une couverture sanitaire globale, du moins
tel que le définissent les indicateurs de santé, ne pourrait pas
être effective d'ici 2030 si des actions d'urgence ne sont pas mise en
place par le gouvernement afin de pouvoir élargir son éventail
d'intervention sanitaire.
57
Toutefois, la méthodologie utilisée dans cette
recherche ne prenant en compte qu'une partie des variables définies par
l'OMS dans l'évaluation de la CSU dépendamment des pays en voie
de développement, il serait judicieux de conduire des études
ultérieures touchant tous les aspects possibles du contexte universel de
santé, afin de fournir des éléments plus exhaustifs
pouvant éclairer davantage sur l'avancement du Togo dans sa politique de
CSU. Cependant, au regard de toutes les rubriques abordées dans ce
document, il est évident que l'implication du secteur privé dans
les actions de développement sanitaire publique reste une chose à
ne pas prendre à la légère, vu qu'elle peut synerger avec
le secteur public afin d'accroitre le taux de couverture sanitaire à
l'échelle nationale. En définitive, ce travail pose les bases
d'une série de recherche ultérieurs pouvant conduire à
plus de précisions de la position actuelle du Togo dans le processus
d'atteinte de l'ODD3. Même si plusieurs limites se sont
révélées lors de son élaboration, il convient de
spécifier que la thématique d'évaluation de la CSU en soi
est d'une envergure à consultation nationale devant mobiliser tous les
acteurs sanitaires afin de prendre en compte tous les contours aussi larges que
possibles de la problématique.
58
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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l'objet d'étude
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région africaine de l'OMS : Analyse de la situation sanitaire, des
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de développement
61
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Véronique Lucas-Gabrielli et Guillaume Chevillard
(2018) : « Déserts médicaux et accessibilité aux
soins : de quoi parle-t-on ? » ; Med_Sci (Paris), France, 34p.
· Ouvrages de
Méthodologie
AMOUZOU Koami Aziagbedé (1995) : « Initiation
aux méthodes de recherche en sciences sociales» ;
Université du Bénin, Lomé.
ASSIE G. Roger et KOUASSI R. Raoul (2008) : «Cours
d'initiation à la méthodologie de recherche en sciences
sociales» ; EPCCI, Abidjan, 46p.
Valérie Fargeon (2014) : « Introduction
à l'économie de la santé » ; Presses
universitaires de Grenoble, France, 128 p.
· Webographie
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(consulté le 06-février-2022)
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(consulté le 03 janvier 2022)
https://www.unwomen.org/fr/actualites-evenements/actualites
(consulté le 03 janvier 2022) https://www.uhc2030.org/
(consulté le 03 janvier 2022)
62
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE i
DEDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ACRONYMES iv
LISTE DES TABLEAUX v
LISTE DES FIGURES v
RESUME vi
ABSTRACT vi
INTRODUCTION GENERALE 1
Questions de recherche 5
Question générale 5
Questions spécifiques 5
Objectifs de recherche 5
Objectif général 5
Objectifs spécifiques 5
Hypothèses de recherche 6
Hypothèse Générale 6
Hypothèses Spécifiques 6
Intérêt et valeur ajoutée de l'étude
6
Intérêt personnel 6
Intérêt scientifique et pratique 7
Chapitre 1 : Etat des lieux du contexte sanitaire et de
l'accessibilité des soins au Togo 8
Titre 1. Présentation géographique et
démographique du cadre de la recherche 8
1.1. Aspects géographiques 8
1.2. Aspects démographiques 8
Titre 2. Contexte sanitaire du cadre de la recherche 9
2.1. Organisation de système de santé au Togo 9
2.2. Organisation de l'offre de soins et de la couverture
sanitaire 10
2.3. Equité et protection sociale en santé 11
2.4. Reformes sanitaires et politiques de CSU 13
2.4.1. Reformes sanitaires 13
2.4.2. Politiques sanitaires axés sur la CSU au Togo 13
Chapitre 2 : Approche théorique et conceptuelle de la
recherche 15
Titre 1. Revue de littérature 15
1.1. Revue thématique 15
1.1.1. Demande et offre de soins pour une couverture universelle
de santé en Afrique : une étude de la
Banque Mondiale et de l'OMS 15
63
1.1.2. Equité dans l'accessibilité sanitaire : une
analyse de l'offre et de la demande de soins dans les
pays moins développés, en faveur de la CSU 17
1.1.3. Les grands principes et modèles théoriques
basés sur la demande et l'offre de soins de santé 18
1.1.4. Enseignements tirés de la revue thématique
20
1.2. Revue conceptuelle 20
1.2.1. Définitions des concepts 20
1.2.2. Enseignements tirés de la revue conceptuelle 26
Titre 2. Approche méthodologique 26
2.1. Approche quantitative 27
2.1.1. Recueil des données 27
2.1.2. Consolidation et traitement des données 29
2.1.3. Fiabilité et Qualité des données
29
2.1.4. Méthode d'analyse des données et
démarche méthodologique 30
2.1.5. Variables et indicateurs de recherche 30
2.2. Approche qualitative 31
2.3. Difficultés rencontrées 32
2.4. Considérations éthiques 33
Chapitre 3 : Presentation, analyse et discussions des resultats
34
Titre 1. Présentation des résultats de la recherche
34
1.1. Analyse situationnelle de base 34
1.1.1. Etat des lieux de l'offre sanitaire 34
1.1.2. Etat des lieux de la demande de soins 39
1.2. Détermination de la corrélation entre les
variables de l'étude 43
1.3. Projections et analyses actuarielles 43
1.3.1. Projection de la demande de soins 44
1.3.2. Projection de l'évolution de la population
togolaise 46
1.3.3. Projection de l'évolution du nombre de FS 47
1.3.4. Détermination du taux de couverture sanitaire en
2030 48
Titre 2. Discussion des résultats et recommandations 49
2.1. Discussion des résultats 50
2.2.1. Discussion des résultats de la situation de base de
2015 50
2.1.2. Discussion des résultats de projection sur 2030
51
2.2. Recommandations 53
2.2.1. Sur le plan stratégique : 53
2.2.2. Sur le plan opérationnel : 53
2.3. Limites de l'étude et perspectives 54
CONCLUSION 56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 58
TABLE DES MATIERES 62
64
ANNEXES
Annexe 1 : Répartition des 1273 FS
recensées sur l'ensemble du territoire
65
Source : carte sanitaire,
2015
Annexe 2 : Densité des
établissements de soins par district et région en 2015
66
Source : carte sanitaire,
2015
67
Annexe 3 : Répartition des
établissements de soins par district et région en 2015
Source : carte sanitaire,
2015
Annexe 4 : Répartition de la
densité du personnel de santé par district sanitaire
68
Source : carte sanitaire,
2015
69
Annexe 5 : Details sur la
disponibilité de FS par district sanitaire et par région
Régions
|
|
Districts
|
Densité des établissements de
soins
|
Indice de disponibilité des infrastructures
sanitaires
|
LOME COMMUNE
|
District 1
|
|
0.66
|
|
17%
|
District 2
|
|
19.22
|
|
659%
|
District 3
|
|
11.66
|
|
722%
|
District 4
|
|
1.04
|
|
29%
|
District 5
|
|
3.39
|
|
240%
|
|
Sous-Moyenne 1
|
3.12
|
|
145%
|
|
MARITIME
|
|
Ave
|
|
1.89
|
|
96%
|
Bas-Mono
|
|
1.20
|
|
127%
|
Golfe
|
|
0.51
|
|
24%
|
Lacs
|
|
1.60
|
|
92%
|
Vo
|
|
1.27
|
|
58%
|
Yoto
|
|
1.45
|
|
73%
|
Zio
|
|
1.31
|
|
76%
|
|
Sous-Moyenne 2
|
1.04
|
|
57%
|
|
PLATEAUX
|
|
Agou
|
|
9.7
|
|
145%
|
Akebou
|
|
1.4
|
|
55%
|
Amou
|
|
7.0
|
|
113%
|
Anie
|
|
0.0
|
|
41%
|
Danyi
|
|
1.8
|
|
123%
|
Est-Mono
|
|
6.7
|
|
73%
|
Haho
|
|
4.4
|
|
60%
|
Kloto
|
|
10.3
|
|
119%
|
Kpele
|
|
8.5
|
|
99%
|
Moyen-Mono
|
|
2.3
|
|
51%
|
Ogou
|
|
11.7
|
|
93%
|
Wawa
|
|
3.1
|
|
84%
|
|
Sous-Moyenne 3
|
6.2
|
|
84%
|
|
CENTRALE
|
|
Blitta
|
|
1.29
|
|
85%
|
Sotouboua
|
|
1.34
|
|
68%
|
Tchamba
|
|
1.15
|
|
58%
|
Tchaoudjo
|
|
2.80
|
|
123%
|
|
Sous-Moyenne 4
|
1.74
|
|
87%
|
|
KARA
|
|
Assoli
|
|
1.55
|
|
81%
|
Bassar
|
|
1.33
|
|
73%
|
Binah
|
|
1.90
|
|
109%
|
Dankpen
|
|
1.09
|
|
43%
|
Doufelgou
|
|
2.48
|
|
119%
|
Keran
|
|
1.42
|
|
68%
|
Kozah
|
|
2.13
|
|
133%
|
|
Sous-Moyenne 5
|
1.72
|
|
93%
|
|
70
SAVANES
|
|
Cinkasse
|
|
0.90
|
|
40%
|
Kpendjal
|
|
0.80
|
|
38%
|
Oti
|
|
1.16
|
|
59%
|
Tandjoare
|
|
1.51
|
|
74%
|
Tone
|
|
1.12
|
|
67%
|
|
Sous-Moyenne 6
|
1.10
|
|
58%
|
|
|
Moyenne générale
|
1.83
|
|
91,5%
|
|
Annexe 6 : Details sur le nombre de consultation par
secteur de FS
Régions
|
|
Districts
|
Population de l'aire
de responsabilité
|
Nombre de consulations effectuées
|
LOME COMMUNE
|
District 1
|
|
212300
|
|
56325
|
District 2
|
|
733292
|
|
403517
|
District 3
|
|
356743
|
|
69243
|
District 4
|
|
493019
|
|
27868
|
District 5
|
|
1495286
|
|
238714
|
|
Sous-Moyenne 1
|
3290640
|
|
795667
|
|
MARITIME
|
|
Ave
|
|
103270
|
|
40033
|
Bas-Mono
|
|
127992
|
|
43719
|
Golfe
|
|
2148346
|
|
201362
|
Lacs
|
|
224350
|
|
90631
|
Vo
|
|
233618
|
|
80494
|
Yoto
|
|
247598
|
|
61597
|
Zio
|
|
357565
|
|
121514
|
|
Sous-Moyenne 2
|
3442739
|
|
639350
|
|
PLATEAUX
|
|
Agou
|
|
118234
|
|
43770
|
Akebou
|
|
68044
|
|
15657
|
Amou
|
|
137723
|
|
64104
|
Anie
|
|
254771
|
|
42945
|
Danyi
|
|
29651
|
|
12325
|
Est-Mono
|
|
133624
|
|
77179
|
Haho
|
|
292578
|
|
87390
|
Kloto
|
|
376185
|
|
74718
|
Kpele
|
|
112402
|
|
39468
|
Moyen-Mono
|
|
91490
|
|
17122
|
Ogou
|
|
446209
|
|
95051
|
Wawa
|
|
135285
|
|
43440
|
|
Sous-Moyenne 3
|
2196196
|
|
613169
|
|
CENTRALE
|
|
Blitta
|
|
149796
|
|
56232
|
Sotouboua
|
|
183456
|
|
104431
|
Tchamba
|
|
128615
|
|
80142
|
Tchaoudjo
|
|
393627
|
|
138962
|
|
Sous-Moyenne 4
|
855494
|
|
379767
|
|
71
KARA
|
|
Assoli
|
|
59138
|
|
46168
|
Bassar
|
|
173678
|
|
81848
|
Binah
|
|
73115
|
|
41088
|
Dankpen
|
|
118058
|
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38406
|
Doufelgou
|
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88807
|
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45293
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Keran
|
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75948
|
|
23270
|
Kozah
|
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222566
|
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158280
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Sous-Total 5
|
811310
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434353
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SAVANES
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Cinkasse
|
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96318
|
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44325
|
Kpendjal
|
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155356
|
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49859
|
Oti
|
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191203
|
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47271
|
Tandjoare
|
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131089
|
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54798
|
Tone
|
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373347
|
|
123835
|
|
Sous-Total 6
|
947313
|
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320088
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|
Total général
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11543692
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3182394
|
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