WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

La conservation de la biodiversité et le tourisme durable comme nous avons pu le voir peuvent faire bon ménage. Bien que des modèles de tourisme durable et interculturel soient encore en gestation dans le bassin du Congo, le PNL pour se démarquer a su miser sur le secteur de l'écotourisme et plus précisément sur celui du tourisme culinaire pour communiquer différemment sur ses missions régaliennes.

La construction d'une politique de développement durable qui soit sociologiquement et économiquement viable pour les populations autochtones pauvres en grande majorité reste sur la table. Mais des solutions existent pour rendre notre développement commun soutenable sur le plan environnemental pour les jeunes États d'Afrique centrale, culturellement et technologiquement exportables sur le plan international pour la sous-région.

117

CONCLUSION GENERALE

Parvenu au terme de notre travail de recherche nous rappelons que notre mémoire a été articulé autour de la problématique majeure qui était celle de savoir comment optimiser les politiques de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo, avec pour cas pratique le Parc National de Lobéké au Cameroun. Pour y parvenir nous avons fais appel à la théorie du transfert des politiques publiques pour comprendre l'applicabilité ou non des politiques internationales qui encadrent déjà ce secteur. Au moyen d'une analyse hypothético-déductive et des fondements de l'écopolitique, nous avons essayé de présenter des enjeux non exhaustifs qui gravitent autour de la conservation de la biodiversité sur la base des données bibliographiques existantes et essentiellement de nos observations directes sur le terrain.

Nous avons structuré notre travail en deux grandes parties : Le contexte mitige de la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo (Partie I) et Les enjeux contemporains de la conservation de la biodiversité face développement durable dans le bassin du Congo (Partie II).

Après avoir fais ce rappel heuristique, nous tenons à dire de façon basique que les aires protégées comme toutes les oeuvres anthropologiques devraient redonner à la nature sa place maitresse. Les aires protégées peuvent être une source directe de nourriture pour les populations autochtones et une source d'enrichissement illicite pour d'autres. La collecte de nourriture est autorisée dans de nombreuses aires protégées. Mais à partir du moment où cette collecte se fait de manière durable, et qu'elle ne sape pas les objectifs de conservation. De même, dans de nombreuses aires marines protégées, la pêche commerciale à grande échelle est interdite mais les communautés de pêche locales peuvent avoir l'autorisation de poursuivre une activité de pêche durable. Ces modèles marins peuvent s'appliquer à la conservation terrestre.

En effet, l'UICN reconnait que parfois une aire protégée peut même faire office de source alimentaire d'urgence en cas de mauvaise récolte, de sécheresse, ou même de catastrophe sanitaire. Bien sûr, l'exemple de la collecte des chenilles par les Baka comme elle se fait au parc national de Lobéké (Tri National de la Sangha/ Patrimoine mondial de l'UNESCO) peut devenir un problème si elle se transforme en prétexte pour des activités illicites comme le braconnage d'éléphants, perroquets et autres espèces classées A à l'intérieur de la zone de conservation stricte252.

À l'intérieur de nombreuses aires protégées se trouvent des valeurs historiques et culturelles qui remontent à plusieurs siècles (Grottes, sanctuaires mystiques, etc.). L'entretien de ces sites peut être un avantage clé pour la conservation et la valorisation communautaire. La conservation de ces valeurs matérielles et immatérielles peut être un défi pour les gestionnaires africains et du bassin du Congo en particulier, et c'est là où les discussions politiques avec les communautés locales, peuvent permettre d'identifier la meilleure approche de gestion des enjeux de la conservation de la biodiversité à l'horizon 2063253.

252 BOOC/ UICN-PAPACO, Valorisation des ressources des aires protégées, 2020, p. 5.

253 Ibid., p. 50.

118

La cuisine locale en particulier fait partie de ces valeurs immatérielles qu'on peut très bien matérialiser en circuit touristique. En dehors des exigences culturelles, les besoins en protéines alimentaires d'origine animale pour les populations pygmées vivant en périphérie du PNL reste vital. En plus, les services de la conservation doivent également répondre à l'urgence de leur autonomisation financière dans le total respect de leurs droits. Cette situation est à l'origine de nombreux conflits manifestes ou non. Il est évident que la prise en compte des droits des populations autochtones telle que pensée au niveau international devrait tenir compte des difficultés institutionnelles auxquelles font faces les jeunes États africains. La pression économique en effet tend à réduire certains efforts gouvernementaux. Mais la coopération sous régionale initiée au niveau du TNS par exemple montre qu'il est possible de créer une synergie d'acteurs pour la valorisation durable des forêts du bassin du Congo.

Le volontourisme254, le tourisme culinaire, le tourisme vert, etc., sont de nouvelles tendances du tourisme international et le tourisme est reconnu comme étant un important stimulant de développement économique. Les pays membres de la COMIFAC en faisant le pari sur l'écotourisme pour le développement local en périphérie des AP devraient s'investir davantage sur les enjeux stratégiques que cette activité implique. Le tourisme culinaire par exemple participe aujourd'hui encore d'une politique de soft power dans les relations internationales.

Les agapes et autres cérémonies protocolaires en diplomatie s'accompagnent généralement d'un repas. Il s'agit de cet instant de partage mais aussi d'observation dont les enjeux sont parfois décisifs. À titre d'exemple, voir sur CNN255 le président des États-Unis d'Amérique mangé un plat de chenilles d'Afrique ou de larves d'Asie peut suffire à faire chuter l'indice boursier de la viande de boeuf dans le monde. Ce petit instant pourrait redéfinir les accords entre les USA et ses principaux partenaires en production bovine (principal secteur polluant de la planète), ou aussi pourquoi ne pas stimuler une économie circulaire, solidaire, et durable autour des produits dérivés des chenilles en Afrique. Ces repas sont des moments de conquête, d'ouverture ou de fermeture à l'autre.

Malheureusement, les populations Baka en périphérie du PNL par exemple, ne disposent pas des mêmes accompagnements logistiques que les indiens et autres aztèques en Amériques, les mayas et autres peuples autochtones. Lors du premier congrès africain des aires protégées (APAC) 2022 intitulé « nous sommes la nature », les représentant des peuples autochtones et des communautés locales (PA et CL), issus de plus de 40 nations africaines, à Kigali au Rwanda, les 16 et 17 juillet 2022, ont fait une déclaration commune à laquelle nous nous joignons pour conclure:

« Nous prenons note des progrès réalisés par les gouvernements, les partenaires du développement et d'autres acteurs dans la reconnaissance et l'avancement des droits des peuples autochtones et des communautés locales (PA et CL), mais il reste beaucoup à faire. Nous sommes loin d'être où nous devrions être. Par conséquent nous vous engageons à mettre en place un organe panafricain des peuples autochtones et des communautés locales, basé sur

254 Le volontourisme : Est une tendance en pleine croissance dans le monde où les touristes choisissent de visiter un site afin d'apporter une contribution significative à la destination. Un certain nombre d'organisations privées à but lucratif ou non lucratif offrent ce type d'expérience. Les aires protégées peuvent en bénéficier en offrant aux volontaires la possibilité de s'engager dans des activités de conservation, gratuitement ou pas.

255 Chaine de télévision américaine.

119

les réseaux nationaux et sous-régionaux, comme plateforme pour nos préoccupations, actions, programmes et apprentissages croisés, partagés et pour suivre la mise en oeuvre de cette déclaration.

Nous appelons les gouvernements à donner la priorité à la protection de la nature dirigée par les communautés autochtones locales et en faire le fleuron de la préservation de la nature en Afrique, et grâce auquel les PA et CL peuvent rétablir leurs droits à posséder, gouverner et gérer les terres, les eaux et les territoires conservés et protéger existants et nouveaux, y compris dans les zones de conservation transfrontalières.

Nous invitons les donateurs à développer de nouveaux mécanismes et de nouvelles pratiques pour canaliser les nouveaux financements importants qui se présentent pour faire face aux changements climatiques et à la perte continue de la biodiversité directement vers les PA et CL et leurs organisations qui vivent et travaillent au point d'impact.

Nous encourageons les organisations de conservation de la nature à redéfinir le concept d'aires protégées, en particulier la catégorie VI qui maintient l'application nationale de la création d'aires protégées. Il est urgent de revoir et de remplacer le concept et la pratique des « aires protégées » par la « préservation » selon la conception autochtone pour en finir avec la militarisation des aires protégées, promouvoir la relation entre les personnes, la terre et la nature, appliquer le principe du consentement préalable, libre et éclairer et garantir la priorité du financement des efforts de préservation de la nature communautaire menée par les PA et CL et leurs organisations.

La recherche, les médias et les milieux universitaires nous vous invitons à oeuvrer d'avantage pour redresser le tort de la mauvaise présentation en produisant des documentaires, des films, des études, etc. qui mettent en valeur la complexité des paysages africains et la place des africains dans ces paysages. Malgré le fait que les africains soient vilipendés dans le discours sur la préservation de la nature, la vérité est que la faune sauvage existe en Afrique parce que les africains sont la nature ».

À nos ancêtres, nous vous remercions pour la santé et la force, à notre jeunesse, nous regardons vers le haut avec optimisme, et à nos générations futures, nous nous inquiétons face à l'incertitude du désastre de la perte de la biodiversité. »256

256 Déclaration de Kigali (premier Congrès africain des aires protégées) au Rwanda, les 16 et 17 juillet 2022, « Nous sommes la nature », Rencontre qui a vu la participation des représentants des peuples autochtones et des communautés locales (PA et CL), issus de plus de 40 nations africaines.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

120

A. OUVRAGES

1. AKTOUF O., Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations .Une introduction à la démarche classique et une critique, Montréal, Les Presses de l'Université du Québec, 1987, 190p.

2. BEAUD Michel, L'art de la thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du Net, Paris, La découverte, 2006, 200p.

3. BIGOMBE LOGO P., SINANG J.J. et ZO'OBO Y., « Les racines coloniales de la gestion des ressources forestières et fauniques au Cameroun », in P. Batibonak (Dir.), les indépendances inachevées en Afrique. Sur les chemins de la reconquête, Yaoundé, Monange, 2020.

4. BOURDIEU P., Réponses, Paris, Seuil, 1987, 207p.

5. DELPEUCH T., l'Analyse des transferts internationaux de politiques publiques : un état de l'art, Paris, Centre d'étude et de recherches internationales Science Po, 2008, 69p.

6. DEPRAZ S., Géographie des espèces naturelles protégées, Paris, Éditions A. Colin, Collection « U », 2008, 328p.

7. DOLOWITZ D. P., Policy transfer and British Social Policy. Learning from the USA? Buckingham, Philadelphia, Open University Press, 2000, 146p.

8. GIODANO Y., Spécifié l'objet de recherche, Université de Nice Sophia-Antipolis, 2008,148p.

9. HENK A. M. J. ten Have et Al., Ethiques de l'environnement et politique international, Paris, Éditions UNESCO, 2007, 248p.

10. IFDD, YELKOUNI M. et al., Développement durable - Comprendre et analyser des enjeux et des actions du développement durable, Université Senghor, 2018, 104p.

11. KAMTO Maurice, Droit de l'environnement en Afrique, Universités Francophones, Paris, EDICEF, 1996, 420p.

12. LASCOUMES O., et al., L'élaboration d'une problématique de recherché : sources, outils et méthodes, Paris, l'Harmattan, 2005, 94p.

13. LASCOUMES P. et LE GALES P., Sociologie de l'action publique, Paris, Éditions Armand Colin, 2010, 126p.

14.

121

LASCOUMES P., Action publique et environnement, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, 127p.

15. LAWRENCE O., Vouloir vivre ensemble et science, in O., Lawrence et al., épistémologie de la science politique, Québec, Presses de l'Université de Québec,1998, 224p.

16. LE PRESTRE P., Ecopolitique internationale, Québec, Guérin, 1997, 586p.

17. MARTENS L., Penser l'environnement et les relations internationales : une introduction, Genève, sciences Po/CERI-Université de /GSI, 2016, 204p.

18. MASSARDIER G., Politiques et actions publiques, Armand Colin, 2003, 302p.

19. MASLOW A., (traduction française de NICOLAIEFF Laurence), Devenir le meilleur de soi-même, besoins fondamentaux, motivation et personnalité, Paris, EYROLLES, 2013, 361p.

20. ONGOLO S. et BADOUX M., « Gouverner par la ruse : l'État camerounais face aux exigences internationales de conservation de la biodiversité », in Daniel et al., Les politiques de biodiversité, Presses de science Po, 2017, 147p.

21. PAILLE P., MUCCHIELLI A., L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Edition Armand Colin, 2012, 284p.

22. PARANCE B. et DE SAINT VICTOR J., Repenser les biens communs, Paris, Éditions CNRS, 2014, 314p.

23. QUIVY R. et VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, DUNOD 2?me édition, 1995, 259p.

24. SOILIHI A., Réconciliation des enjeux de la conservation de la biodiversité et de développement : analyse des perceptions de la mise en place d'une aire protégée dans la forêt du Karthala aux Comores. Biodiversité et écologie, Université Paris Saclay, 2018, 234p.

25. WASSEIGE C., FLYNN J., LOUPPE D., HIOL HIOL F., MAYAUX Ph., Les forêts du bassin du Congo - Etat des forêts, Weyrich. Belgique, 2013, 328p.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille