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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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3. La Conservation

L'idée de conservation à première vue nous fait penser à une boite de conserve, quelque chose de clos, coupé de l'extérieur. Face à l'évolution des enjeux, la conservation (de la biodiversité) est de plus en plus tournée vers une gestion raisonnée des équilibres naturels, dans le respect des rythmes de renouvellement des espèces et des milieux.32Pour Benoit Limoges, Gaétane Boisseau, Louise Gratton et Robert Kasiki, c'est un ensemble de pratiques comprenant la protection, la restauration et l'utilisation durable et visant la préservation de la biodiversité, le rétablissement d'espèces ou le maintien des services écologiques pour les générations actuelles et futures33.

Selon Patrick Triplet, la conservation est un concept large qui sous-tend la possibilité d'utiliser, de gérer et de réguler des populations animales, par la chasse ou tout autre moyen légal de contrôle. Elle est généralement associée à la protection des ressources naturelles, comme la faune et la flore, l'eau, l'air, et les éléments géologiques. La conservation tend donc vers la notion d'utilisation soutenable ou durable et concerne tant les ressources renouvelables que celles non renouvelables. Pour les ressources renouvelables, elle vise à éviter les prélèvements supérieurs à la production. Pour les ressources non renouvelables, elle implique d'en maintenir les quantités suffisantes pour que les générations futures puissent les exploiter. Elle vise donc un bon usage de la nature, contrairement à la préservation qui vise à éviter l'usage de la nature. On distingue la conservation in situ (dans le milieu naturel) et la conservation ex situ (en dehors du milieu naturel)34. La conservation ex situ se rapprochant plus de la préservation (les zoos et sanctuaires par exemple).

4. La Préservation

Pour Benoit Limoges, Gaétane Boisseau, Louise Gratton et Robert Kasiki, il s'agit du maintien à long terme d'éléments de la biodiversité et de leur dynamique naturelle. La préservation de la biodiversité est la finalité, le résultat visé par les actions de conservation de la biodiversité.35Patrick Triplet, lui, la voit comme étant la sécurisation par rapport à un danger, un risque. Il s'agit d'une forme extrême de la protection dans laquelle l'accès et les prélèvements sont prohibés en vue de maintenir la valeur du bien pour les générations actuelles et futures. Elle vise à maintenir les ressources naturelles existantes dans leur état actuel afin d'en garantir les avantages à court, moyen et long terme. La préservation implique le retrait d'une menace ou la mise en oeuvre d'une action destinée à empêcher le déclin d'une ressource. Le terme inclut des activités généralement associées avec la protection et la gestion par la mise en place de mécanismes légaux appropriés36.

5. Une aire protégée

32Sammuel Depraz, Géographie des espèces naturelles protégées, Paris, Éditions A. Colin, Collection « U », 2008, p. 328.

33Benoit Limoges, Boisseau, G., Gratton, L. et Kasiki, R., « Terminologie relative à la conservation de la biodiversité in situ », in LE NATURISTE CANADIEN, 137 No2, 2013, p. 22.

34 Rapport final de la convention sur la diversité biologique CDB, 1992, p. 3.

35 Ibid., p. 23.

36 Patrick Triplet,op.cit, p. 1061.

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Selon l'UICN, il s'agit d'un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré par les moyens légaux ou autres, afin de favoriser la conservation à long terme de la nature, des services éco systémiques et des valeurs culturelles qui y sont liées.37

Pour l'État du Cameroun et le décret N 95/466PM du 20 juillet 1995, une aire protégée est une zone géographiquement délimitée et gérée en vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation et de développement durable d'une ou de plusieurs ressources données. Tout projet notamment industriel, minier, agro-sylvo-pastoral susceptible d'affecter l'objectif de conservation d'une aire protégée doit être assorti d'une étude d'impact sur l'environnement. L'Administration chargée de la Faune est de droit membre de toute commission ou de tout organe chargé de cette étude d'impact.

Pour le dictionnaire du développement durable, une aire protégée est :

« Une zone protégée par des lois, un règlement ou une politique d'aménagement du territoire afin de limiter l'occupation ou les activités humaines. Les aires protégées comprennent les paysages protégés, les parcs nationaux, les zones d'aménagement intégré et les parcs naturels.38 »

6. Le parc national

Pour l'UICN, le parc national est une institution dotée de trois missions principales :

- Le souci de la protection de la nature ;

- L'étude scientifique des écosystèmes dont ils sont le support et qui sont ou devraient

être libérés de toute exploitation ou occupation humaine ;

- la connaissance favorisée du public des milieux ou espèces ainsi gérées.

L'UICN a établi six catégories de classifications en fonction du niveau d'intervention humaine allant de la protection la plus forte (categorie1) à la catégorie la plus légère (catégorie 6) ou l'homme interfère le plus. Les parcs nationaux appartiennent à la (catégorie 2). La notion de parc national diffère d'un État à l'autre aux échelles mondiales39.

Au Cameroun, d'après le décret N 95/466PM du 20 juillet 1995, un parc national est un périmètre d'un seul tenant, dont la conservation de la faune, de la flore, du sol, de l'atmosphère, des eaux et en général du milieu naturel, présente un intérêt spéciale qu'il importe de préserver contre tout effort de dégradation naturelle, et de soustraire à toute intervention susceptible d'en altéré l'aspect, la composition et l'évolution.40Sont prises en considération à ce titre:

- la préservation d'espèces animales ou végétales et d'habitats en voie de disparussions sur toute partie du territoire national;

- la préservation ou la constitution d'étapes sur les grandes voies de migrations de la faune sauvage ;

37Ibid., p. 10.

38Christian Brodhag, Dictionnaire du développement durable, Éditions AFNOR, 2014, p. 4.

39North Dudley, (Éditeur), « Lignes directrices pour l'application des catégories de gestion aux aires protégées. », Gland, Suisse : UICN, 2008, p.5.

40Décret no 95/466/PM du 20 juillet 1995- fixant les modalités d'application du régime de faune au Cameroun, article 2 alinéa 8.

10

- les études scientifiques ou techniques indispensables au développement des connaissances humaines.

Y sont interdits:

- la chasse et la pêche, sauf dans le cadre d'un aménagement ;

- les activités industrielles ;

- l'extraction des matériaux ;

- les pollutions de toute nature ;

- les activités agricoles, pastorales et forestières ;

- la divagation des animaux domestiques ;

- le survol par aéronefs à une altitude inférieur à 200m ;

- l'introduction d'espèces zoologiques ou botaniques indigènes ou importées, sauf dans

un but scientifique ou le cadre d'opérations d'aménagement autorisées par le ministre chargé

de la faune.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry