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Les déterminants de l'épargne en RDC, une analyse macroéconomique de 1960 en 2020


par Ashile Aganze masheka
Université de Lubumbashi  - Licence 2022
  

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2. La Théorie de l'effet de démonstration (d'imitation) Et de l'effet De Mémoire

Nous présenterons successivement la théorie del'effet de démonstration (d'imitation) développé par James DUESENBERRY (1949) et celle de l'effet de mémoire de BROWN (1982) qui se constitue comme prolongement de la première.

2.1. La théorie du revenu relatif (l'effet de démonstration (d'imitation)

Les hypothèses de la théorie du revenu relatif se partagent entre deux vérifications, l'une orientée vers les caractéristiques en coupes transversales de la population des consommateurs et l'autre orientée vers les séries chronologiques.

L'interprétation des observations de courtes périodes montre l'absence de parallélisme entre les fluctuations du revenu et celles de la consommation.

DUESENBERRY considère que le taux d'épargne des ménages est variable. Il diminue pendant les phases de récession et augmente pendant les phases d'expansion.

Il formule cette idée en posant :

= a Yt/Ym - b

St est la variable dépendante qui représente l'épargne des ménages au cours de la période t. a et b sont des constantes positives.

Yt et Ym sont respectivement le revenu disponible des ménages au cours de la période t et le revenu disponible le plus élevé atteint dans le passé.

Ainsi, le taux d'épargne est une variable dépendante de la position du revenu relativement au plus haut niveau de revenu atteint dans la passé YM. Il y a alors une visibilité dans le temps des décisions de consommation. Cet effet de cliquet ou effet crémaillère explique qu'en cas de baisse de l'activité économique et des revenus, la baisse de la consommation des ménages est freinée du fait de l'égalisation inter temporelle des utilités. Une fois un certain niveau de vie atteint, ce dernier est mis en mémoire par les ménages et tend, comme par un cliquet, à s'opposer à la baisse de la consommation résultant de la diminution du revenu.

La fonction de consommation de DUESENBERRY29(*) :

Principe

L'effet de démonstration constitue la base de la théorie du revenu relatif. L'auteur affirme que les agents d'un groupe social donné ont tendance à imiter la consommation d'un groupe au revenu supérieur, en voulant faire une « démonstration » de leur statut social. Cette volonté induit un accroissement de leur propension à consommer.

Duesenberry explique que les ménages se répartissent en groupes, des plus pauvres aux plus riches, et adoptent des habitudes de consommation qui les amènent à imiter les individus du groupe supérieur. C'est précisément cela qu'il appelle l'effet de démonstration et qui a pour conséquence que la propension à consommer est généralement peu sensible (inélasticité) aux fluctuations du revenu. Ainsi les choix de consommation dépendent certes du niveau de revenu, mais sont modulés en fonction de l'image que le consommateur veut présenter aux autres membres de la société. En conséquence, toute personne d'une catégorie socio-professionnelle donnée aurait tendance à adopter les comportements de consommation de la catégorie supérieure.

Soient deux groupes, les riches R et les pauvres P. Y est le revenu, C la consommation et c la propension à consommer.

L'arbitrage entre la consommation et l'épargne pendant la période de récession et reprise :

Temps t0 t1 t2

La forme de la fonction de consommation à laquelle conduit la théorie du revenu relatif se présente comme suit :

Yt b/Ym×Yt avec Yt = YM

En période de récession, le revenu disponible réel régresse mais la consommation diminue moins fortement, les ménages maintiennent leur niveau de consommation en réduisant leur épargne S. La fonction de consommation devient :

A la reprise et pendant l'expansion, la consommation s'élève mais plus lentement que le revenu, car l'accroissement de celui-ci permet aux ménages de reconstituer leur épargne. La fonction de consommation devient :

Ct = [1 + b - a (1+Ù)] Yt

Ù est assimilé au taux de croissance de l'économie

La consommation redevient proportionnelle au revenu lorsque ce dernier retrouve le niveau le plus élevé atteint dans le passé A.

L'interprétation des observations en coupes instantanées de la théorie du revenu relatif débouche sur l'abandon de l'un des postulats de la théorie classique de la consommation, à savoir l'indépendance de la consommation d'un agent de celle des autres agents. DUESENBERRY va développer l'idée d'interdépendance des consommations fondée sur l'effet de démonstration ou d'imitation. Les agents du groupe p auront une propension à consommer plus forte que celle des agents du groupe supérieur à p soit r parce qu'ils chercheront à imiter la consommation de ceux ayant un niveau de vie supérieur. Ceci explique pourquoi la croissance du revenu au cours du temps n'entraîne pas la diminution de la propension à consommer. En somme, les individus sont plus sensibles à leur consommation relative et comparent régulièrement leur dépense à celle des autres consommateurs. Ainsi, pour un même niveau de revenu, une famille appartenant à la population noire aux Etats-Unis aura une PMC plus faible que celle d'une famille appartenant à la population blanche. L'explication que propose DUESENBERRY est qu'à revenu égal, la famille noire sera, à l'intérieur du groupe social formé par la population noire relativement plus riche que la famille blanche à l'intérieur du groupe social formé par la population blanche.

La théorie du revenu relatif permet ainsi d'expliquer que la croissance du revenu des ménages au cours du temps n'entraîne pas de diminution de la PMC bien que, en coupes instantanées, l'élévation du revenu s'accompagne d'une baisse de celle-ci.

Les développements de DUESENBERRY appellent les remarques suivantes :

- S'il a raison de mettre l'accent sur les phénomènes de longues périodes, il convient en revanche de remarquer qu'il n'explique pas vraiment pour quelle raison les PMC globales des différents groupes sociaux demeurent constantes en longue période.

- La conception qu'il se fait de la mémorisation est critiquable dans la mesure où celle-ci fait abstraction du temps. Ainsi, le revenu maximum Ym agira sur la relation entre la consommation et le revenu durant toute la période comprise entre to et t2 quelle que soit la longueur de cette période. On peut valablement penser que l'influence de Ym diminuera au fur et à mesure qu'on s'éloigne de to et en particulier, qu'elle sera plus faible que la période de récession sera longue.

- On peut aussi reprocher le fait que DUESENBERRY ait traité d'une façon symétrique la phase de dépression et la phase de reprise qui présentent la même liaison entre la consommation et le revenu. Or, il est probable que cette liaison ne soit pas la même au cours de ces phases.

* 29DUESENBERRY, J. Income, saving and the theory of consumer behaviour, Havard UP, 1949

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld