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UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I THE
UNIVERSITY OF YAOUNDE
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I
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FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET FACULTY OF
ARTS, LETTERS AND
SCIENCES HUMAINES SOCIAL SCIENCES
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE POST GRADUATE SCHOOL
FOR
FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES THE SOCIAL AND
EDUCATIONAL
HUMAINES, SOCIALES ET ÉDUCATIVES
SCIENCES
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UNITÉ DE RECHERCHE ET DE DOCTORAL RESEARCH
UNIT FOR
FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAN AND SOCIAL
SCIENCES
HUMAINES ET SOCIALES *********
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Mémoire présenté
et
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DÉPARTEMENT D'ANTHROPOLOGIE DEPARTMENT OF
ANTHROPOLGY
Spécialisation
soutenu publiquement en vue de l'obtention de
Master en Anthropologie
: Anthropologie du développement Par :
MOUKHTAR ADOUM OUMAR Licencié en
Anthropologie
Sous la direction de
ANTANG YAMO Chargé de
cours
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du diplôme
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Mai 2022
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i
À
mes parents ADOUM Oumar Abakar et KHADIDJA Hassan Ibrahim
ii
REMERCIEMENTS
La réalisation du présent travail de recherche a
été rendu possible grâce à la conjugaison de
multiples contributions. En présentant les résultats de notre
travail que voici, nous ne pouvons-pas empêcher de penser à tous
ceux qui, tout au long de ce travail, ont soutenu nos efforts. Il convient
à cet effet de nommer et de remercier ces personnes grâce à
qui ce travail a pu voir le jour.
Nous remercions du fond du coeur notre Directeur de
Mémoire, le Docteur ANTANG YAMO qui a accordé du crédit
à ce mémoire dès les premiers tâtonnements, et il
m'a soutenu tout au long de mon parcours. Cette recherche doit beaucoup
à la pertinence de ses remarques et à son engagement sans faille
dans un tutorat associé à un coaching exigeant.
Nous exprimons également notre reconnaissance au chef
du Département d'Anthropologie de l'université de Yaoundé
1, le Professeur KUM AWAH Paschal pour son implication dans notre formation
durant notre séjour au Cameroun au sein du Département
d'Anthropologie.
Nous tenons également à exprimer notre
sincère gratitude aux enseignants du Département d'Anthropologie
qui ont contribué à notre formation académique. Nous
pensons notamment : aux Professeurs MBONJI EDJENGUÈLÈ, Luc
MEBENGA TAMBA, Antoine SOCPA, Pierre-François EDONGO NTEDE, Paul ABOUNA,
DELI TIZE TERI, Isaïah AFU KUNOCK, et enfin aux Docteurs David NKWETI
(qu'il repose en paix), Célestin NGOURA, Marguerite ESSOH,
François BINGONO BINGONO, Lucy FONJONG, Exodus TIKÉRÉ
MOFFOR, Evans KAH NGAH, Alexandre NDJALLA, Guy Séraphin BALLA NDENGUE,
ASANWA Constantine, Germaine NGA ELOUNDOU et Antoinette Marcelle NGA EWOLO.
Nos remerciements vont à l'endroit de tous nos
informateurs, particulièrement à ABDELGADER Abdaraman Koko et
YAMADJE SOTINAN Serge dont la participation a contribué à
apporter l'information indispensable dans la construction de ce travail. Nous
saisissons par ailleurs cette occasion pour exprimer notre reconnaissance
à nos ainés académiques et camarades pour leur soutien et
leur encouragement permanent. Nous pensons à TSONA Dimitri Brice, Ami
bienvenu, ABDALLAH Abba, NANGA Sylvestre pour leur apport au présent
travail
Enfin toute notre profonde gratitude va à l'endroit de
mes parents ADOUM Oumar et KHADIDJA Hassan pour leur soutien
indéfectible sur les plans : financier, matériel, moral et
affectif; particulièrement à mes oncles IBRAHIM Hassan et
YOUSSOUF Tom. Nous disons infiniment merci à tous ceux qui, de
près ou de loin ont participé à la réalisation de
ce travail et dont les noms ne figurent pas ici. Ce travail est aussi le
vôtre.
iii
Le présent travail porte sur «
». Il s'attèle à étudier la
recrudescence des inondations dans le 9eme arrondissement de la
ville de N'Djamena. Pour lutter contre les inondations, le Gouvernement
tchadien a élaboré un premier Plan de contingence, les plans
consistaient entre autres : la construction du pont reliant le Chari
côté tchadien à la rive camerounaise Logone à
Kousseri, il a construit également une digue pour éviter que les
eaux du fleuve Chari n'envahissent la ville. Ces constructions
infrastructurelles avaient permis aux populations de N'Djamena en
général et celles du 9eme arrondissement en
particulier de réduire les dégâts liés aux
inondations. Malgré le plan de contingence, de nos jours, les risques
liés aux inondations demeurent omniprésents. Ceci dit, la culture
étant l'ensemble de mécanisme d'adaptation ou de
résilience que la population adopte pour résoudre un
problème précis. De ce fait, la population dudit arrondissement
ne baisse pas les bras et attendre tout de l'Etat et de ses partenaires, elle
met sur pied des mécanismes de résilience permettant à
lutter contre les inondations.
Pour mieux comprendre l'inondation, la question
formulée est de savoir comment comprendre la recrudescence des
inondations dans le 9eme arrondissement à N'Djamena ? Cette
question principale a suscité 03 questions secondaires : quels sont les
facteurs des inondations dans le 9eme arrondissement de N'Djamena ?
Ensuite, de savoir quels sont les impacts liés aux inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena ? Et enfin, de savoir comment
mettre sur pied de mécanismes d'adaptations pour lutter contre les
inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena ? Cette
recherche a été bâtie autour de l'hypothèse selon
laquelle la récurrence des inondations dans la ville de N'Djamena
s'explique à travers la situation de colère des esprits
(génies, ancêtres, dieux), des drains et le débordement des
lits de fleuves (Chari-Logone) par les eaux de pluies, de croissance
démographique, des activités liées à l'homme, de
l'insalubrité et des occupations anarchiques des zones inondables.
L'objectif à atteindre qui meuble ce travail est de comprendre la
recrudescence des inondations dans le 9eme arrondissement de N'Djamena.
En guise de méthodologie, nous avons
procédé à une double recherche : la première c'est
la revue documentaire. Elle nous a permis de recenser les écrits et
réorienter notre recherche en faisant ressortir son originalité.
La seconde est celle du terrain. Le présent travail a été
basé sur une approche qualitative réalisé à travers
l'exploitation des données de récit de vie, de l'observation et
des entretiens approfondis individuels. Les données collectées
ont été soumises à l'analyse de contenu et
interprétation. De ce fait, cette recherche a mobilisé les
théories de l'ethnométhodologie (1960) et de l'écologie
culturelle (1995) pour interpréter les résultats.
Ce corpus de données et modèle d'analyse ont
abouti aux résultats selon lesquels l'origine des inondations dans le
9eme arrondissement est due d'abord aux colères des
génies. Ces derniers manifestent leurs colères par excès
de pluie provoquant des inondations. Ces derniers à des impacts sur les
lieux sacrés tels que le cimetière et lieux des cultes, sur
l'environnement et l'habitation. On assiste à des pertes
matérielles et humaines. A l'égard de cette catastrophe, la
population locale adopte de mécanisme de résiliences tant dans
leur individualité que collectivité pour faire face aux
inondations. Notons que l'Etat et ses partenaires apportent aussi leur
appui.
Mots-clés : recrudescence, gestion,
endogène, inondation, écologie, vulnérabilité.
iv
ABSTRACT ABSTRAC
The present work deals with " Culture and flood management in
N'Djamena, case of the 9th district: Contribution to ecological anthropology "
It harness the increase in flooding in the 9th district of the city of
N'Djamena. To fight against floods, the Chadian government has developed a
first contingency plan, the plans consisted among others: the construction of
the bridge linking the Chari river on the Chadian side to the Cameroonian bank
of the Logone river in Kousseri, it has also built a dam to prevent the waters
of the Chari river from invading the city These infrastructural constructions
had allowed the populations of N'Djamena in general and those of the 9th
district in particular to reduce the damage caused by flooding. In spite of the
contingency plan, nowadays, the risks related to floods remain omnipresent.
This being said, culture is the set of adaptation or resilience mechanisms that
the population adopts to solve a specific problem. Therefore, the population of
the said district does not give up and expect everything from the State and its
partners, it sets up resilience mechanisms to fight against floods.
To better understand the flooding, the question formulated is
how to understand the recrudescence of flooding in the 9th district in
N'Djamena? This main question gave rise to three secondary questions: what are
the factors of flooding in the 9th district of N'Djamena? Secondly, what are
the impacts related to floods in the 9th district of N'Djamena? And finally, to
know how to set up adaptation mechanisms to fight against floods in the 9th
district of the city of N'Djamena? This research was built around the
hypothesis that the recurrence of floods in the city of N'Djamena can be
explained through the situation of anger of the spirits (genies, ancestors,
gods), drains and overflow of river beds (Chari-Logone) by rainwater,
population growth, activities related to man, insalubrity and anarchic
occupations of flood-prone areas. The objective of this work is to understand
the increase in flooding in the 9th district of N'Djamena.
By way of methodology, we have carried out a double research:
the first is the documentary review. It allowed us to identify the literature
and reorient our research by highlighting its originality. The second is the
field research. The present work was based on a qualitative approach carried
out through the exploitation of life story data, observation and individual
in-depth interviews. The data collected was subjected to content analysis and
interpretation. Thus, this research mobilized the theories of ethnomethodology
(1960) and cultural ecology (1995) to interpret the results.
This corpus of data and model of analysis led to the results
according to which the origin of the floods in the 9th arrondissement is due
primarily to the anger of the genies. The latter manifest their anger by excess
rainfall causing flooding. The latter have impacts on the sacred places such as
the cemetery and places of worship, on the environment and on housing. There
are material and human losses. With regard to this disaster, the local
population is adopting resiliency mechanisms both in their individuality and
collectively to cope with the floods. Note that the State and its partners also
provide support.
Keywords: upsurge, management, endogenous,
flood, ecological, vulnerability
v
SOMMAIRE
DEDICACE
REMERCIEMENTS
RESUME
ABSTRACT
SOMMAIRE
LISTES DE CARTES ET FIGURES
LISTES DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION DU SITE DE L'ETUDE
CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE, CADRE THEORIQUE ET
CONCEPTUEL
CHAPITRE 3 : ORIGINES, FACTEURS ET REPRESENTATIONS DES
INONDATIONS
DANS LE 9eme ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA
CHAPITRE 4 : IMPACTS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE
N'DJAMENA
CHAPITRE 5 : MECANISMES DES RESILIENCES POUR UNE GESTION
DURABLE
DES INONDATIONS DANS LE 9eme ARRONDISSEMENT DE
N'DJAMENA
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
vi
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Cartes
Carte 1 : carte du Tchad 22
Carte 2 : carte de N'Djamena 25
Carte 3 : carte de la commune du 9eme
arrondissement 26
Tableaux
Tableau no1 : Listes des Arrondissements de la
ville de N'Djamena et ses quartiers 24
Tableau no2 : Répartition de la population
du 9eme arrondissement par quartiers. 27
Tableau no3 : Caractéristique du Chari et
Logone 30
Tableau no4 : Principaux essences des arbres selon
leur famille dans le 9eme arrondissement 32
Tableau no 5 :Toponymie des quartiers et leurs
significations 34
Tableau no 6 : Tableau récapitulatif des
quartiers, carrés et marches 36
Photos
Photo 1 : Inondation à Digangali 83
Photo 2 : Rigole bouchée par les déchets 85
Photo 3 : Le champ de riz situé à Toukra
inondé 88
Photo 4 : Fabrication des briques en terre cuite 90
Photos 5 : dégradation de digue de l'intérieur
92
Photo 7 : Pirogue, un moyen de transport 102
Photo 8 : Axe principal entrant dans le 9eme
arrondissement 103
Photo 9 : Lycée de Walia englouti dans l'eau 105
Photo 10 : Marché de Ngonba envahit par
débordement d'eau 107
Photos 11 : Submersion de cimetière de Ngonba par
l'inondation 108
Photo 12 : Déplacement des sinistrés au site de
Toukra ..103
Photo 13 : Des tentes en pagnes des sinistrés au site
de Toukra. 115
Photo 14 : Construction en matériaux définitifs
132
Photo 15 : Construction de digue pour traverser 135
vii
ISTE LISTES DES DES ACRONYMES ACRONYMS ET ET DE
SIGLESSIGLE
1- ACCRONYMES
AJADES : Association de Jeune Actifs pour le
Développement Economique et Social
ATRENVIRO : Association Tchadienne pour la
Réussite Environnementale
AYA-TCHAD: African Youth Agribusiness
Organization
CRED : Centre de Recherche sur
l'Epidémiologie de Désastres
FALSH : Faculté des Arts, Lettres et
Sciences Humaines
INSEED : Institut National de la
Statistique, des Etudes Economique et Démographique
OCHA: United Nations Office for the
Coordination of Humanitarian Affairs
ONASA : Office National de
Sécurité Alimentaire
ONAT : Ordre National des Architectes du
Tchad
ONEA : Office National de l'Eau et de
l'Assainissement
ORSEC : Projets du Plan d'Organisation de
Secours
SATOM : Société Anonyme de
Travaux d'Outre-Mer
SECADEV : Secours Catholique du
Développement
UNICEF : Fond de Nations Unis pour
l'Enfance
2- SIGLE
AFD : Agence Française du
Développement
BCEOM : Bureau Central d'Etude et Equipement
d'Outre-mer
BM : Banque Mondiale
CTLI : Comité Technique de Lutte
contre les Inondations
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques
CNRD : Centre National de Recherche pour le
Développement
CNRS : Centre National de la Recherche
Scientifique.
CPPSA :
Cercle-Philo-Psycho-Socio-Anthropologie
CTLI : Comité Technique de Lutte
contre les Inondations
DFO : Dartmouth Flood Observatory
DTM : Matrice de Suivi des
Déplacement
ECOSIT : Enquêtes sur la Consommation
et le Secteur Informel au Tchad
ETT: Emergency Traking Tool)
viii
FTHH: Fondation Tchad Helping Hand
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts
sur l'Evolution du Climat
HCR : Haut-Commissariat des Nations Unis pour
les Refugiés
IFT : Institut Français du Tchad
MHUR : Ministère de l'Hydraulique
Urbaine et Rurale
OIM : Organisation Internationale pour les
Migrations
PANRRC : Plan d'Action National pour la
Réduction des Risques de Catastrophes
PIB : Produit Intérieur Brut
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
UNISDR: United Nations International Strategy
for Disaster Reduction
UY1: Université de Yaoundé 1
WWF: World Wildlife Funds
INTRODUCTION
2
1- CONTEXTE DE LA RECHERCHE
Les inondations constituent un risque majeur dans le monde
entier. Elles figurent au premier rang des catastrophes naturelles dans le
monde occasionnant environ 20 000 victimes par an (Simona et Cedric, 2007).
Depuis des millénaires, de nombreuses personnes ont été
affectées par des catastrophes naturelles à travers le monde. Les
pays d'Asie, d'Europe et une partie des Amériques sont
particulièrement concernés. Les inondations sont courantes au
sein des villes causant des pertes matérielles et humaines importantes.
Elles sont définies comme un débordement d'eau qui submerge la
terre. Elles constituent l'un des principaux risques dans le monde et causent
le plus de dégâts de nos jours.
En juin 2009, la Banque Mondiale (BM)1 a
établi une liste des cinq principales menaces liées au changement
climatique : les sécheresses, les inondations, les tempêtes,
l'élévation du niveau de la mer et une plus grande incertitude en
matière agricole. L'Australie a connue en 2010 la plus grande inondation
de son histoire avec plus de 40 villes du Nord-Est du pays touché et
plus de 200 000 personnes affectées par ces phénomènes
(Nouaceur, et al., 2013). Le Bangladesh est en tête des pays les
plus à risque d'inondation. De plus en plus importante, la fonte des
glaciers de l'Himalaya résultant du réchauffement de la
planète risque de gonfler les eaux du Gange et du Brahmapoutre ainsi que
de leurs centaines d'affluents, inondant chaque année 30 à 70% du
pays dans leur parcours vers la Baie du Bengale, au sud, où le littoral
est également vulnérable aux inondations dues à
l'élévation du niveau de la mer. Au Pakistan, en août 2010
dont le nombre de sinistrés a atteint le 15,4 millions de personnes,
plus de 894 000 maisons endommagées et étendu des zones
affectées de 160 000 kilomètres carrés ce qui
représente un territoire aussi grand que la Suisse, la Belgique et
l'Autriche réunis. Le Vietnam est le pays le plus menacé par
l'élévation du niveau des océans : selon une autre
étude de la Banque Mondiale, jusqu'à 16% de sa superficie, 35% de
sa population et 35% de son Produit Intérieur Brut (PIB)2
pourraient être durement affectés si le niveau de la mer
augmentait de cinq mètres.
Les inondations de 1995 en Europe occidentale ont vu
l'évacuation de 300 000 personnes aux Pays Bas, en France 250 000 foyers
furent privés d'eau et 400 entreprises et commerces sinistrés une
crue semblable à celle de 1910 provoquerait près de 60 milliards
de
1 La Banque Mondiale a été
créée le 27 décembre 1945 dans le but de lutter contre la
pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux
Etats en difficulté. Elle fait partir des institutions
spécialisées du système de l`ONU.
2 Produit Intérieur Brut (PIB) est un
indicateur économique permettant de mesurer la production de richesse
d'un pays.
3
Francs de dommage (Rizzoli, 1988), pour la Loire des dommages
pourraient s'élever à plus de 10 milliards de Francs pour une
crue similaire à celle de 1856 (Jacq, 1987).
Depuis le début des années 2011 et 2012 en
Afrique, nous avons par exemple enregistré 147 catastrophes sur le
continent africain, dont 19 sécheresses et 67 inondations. Ces
catastrophes ont touché des millions de personnes et ont infligé
des pertes économiques s'élevant à 1,3 milliard de dollars
américaine US. Depuis quelques décennies, les populations des
villes Ouest Africaines se voient confrontées à ce
phénomène chaque année (Wallez, 2010). En 2009, la
Namibie, la République Centrafricaine, le Burkina Faso, le Mali, le
Sénégal, et la Mauritanie ont été touchés
par les inondations. Durant l'année 2010, le Ghana et le Benin n'ont pas
été épargnés de ce phénomène. Les
années 2009 et 2010 sont bien illustratives des inondations survenues
dans presque toutes les localités du Bénin (Azonnako, 2011).
L'Afrique centrale n'est pas épargnée des inondations. En
République Centrafrique (RCA), selon le rapport publié par VOA
Afrique (2017), les récentes pluies diluviennes abattues sur Bangui et
ses environs ont causé d'importants dégâts
matériels. Des dizaines de maisons ce sont effondrées dans la
commune de Bégoua. En République Démocratique du Congo
(RDC), 12 personnes sont mortes et 92 autres sont portées disparues
après l'inondation de deux villages de l'est de la RDC dans la nuit du
17 Septembre 2017. Au Cameroun, les catastrophes naturelles à l'instar
des inondations sont à l'origine de plusieurs dommages. Ainsi, entre
2005-2014, 96867 personnes ont été affectées par les
risques naturels et 717 ont perdu la vie. Entre 2007 et 2015, les inondations
ont affecté 367 000 personnes particulièrement dans les zones
urbaines selon les données du Center for Research on the Epidemiology of
Disasters3, (CRED 2016).
Le Tchad, comme la plupart des pays de l'Afrique
subsaharienne, est sujet à une pluviométrie résultant des
changements climatiques qui provoquent tantôt des sècheresses,
tantôt des inondations. Dans un rapport publié par le Bureau de
Coordination Economique de l'ONU4 en 2010, 150 000 personnes ont
été touchées par les inondations suite à des graves
pluies et près de 53 000 hectares ensemencés ont
été envahis dans 19 des 22 régions du Tchad (Journal le
monde Afrique 2010). En octobre 2012, 466 000 personnes et 250 000 hectares de
champs sont affectés, 96 000 maisons détruites et 34
décès (OCHA, 2012). En milieu urbain,
3 Centre de Recherche de l'Epidémiologie et
Désastres (CRED) crée en 1973 par le Professeur Michel F. Lechat,
il se concentre sur la recherche, la formation et la mise en disposition
d'information liées aux situations des catastrophes naturelles et
technologique, de conflits et leurs impacts sur l'homme. CRED est devenu un
Centre collaborateur de l'Organisation Mondiale de la Santé OMS
(1980)
4 L'ONU est une organisation internationale. Elle a
été instituée le 24 octobre 1945 au lendemain de la
seconde guerre mondiale dans l'objectif de maintenir de la paix et de la
sécurité dans le monde. Elle a remplacé la
Société De Nation (SDN)
4
les inondations sont aggravées par des facteurs tels
que l'exploitation des carrières de sable et de terre le long des
fleuves, la faible couverture végétale du sol, le non
aménagement des berges, le système de drainage inadéquat
ou inexistant, l'augmentation de surfaces compactes empêchant
l'infiltration des eaux. En 2016 et 2017 les inondations ont fait des
dégâts humains et matériels. Des hectares des champs ont
été détruits dans cette ville suite à des fortes
pluies enregistrées et du débordement dans la ville de N'Djamena.
À cela, l'explosion démographique a contraint certaines personnes
dépourvues de moyen à se loger dans les zones inhabitables comme
les berges des lacs, les ravinements et les espaces marécageux qui sont
les causes d'obstruction importante (Boring, 2019). Dans la même ville,
selon le dernier chiffre officiel fourni par le gouvernement en Août
2018, 32 000 personnes étaient sinistrées dans la ville de
N'Djamena. Aujourd'hui, nous en sommes à 34 872 personnes
sinistrées. Des maisons écroulées, pas d'accès dans
certains ménages à cause des routes impraticables. La plupart des
ménages sinistrés est dans des familles d'accueil et on note une
forte concentration des sinistrés au Lycée de Walia (535
ménages) dans le 9eme arrondissement. Un comité de
gestion de crise a été mis en place par le gouvernement, Matrice
de Suivi des Déplacement (DTM 2020).
Le 9eme arrondissement situé entre les deux
fleuves (Chari et Logone), subit des inondations liées à
l'absence des mesures d'aménagement de son site à faible
dénivellation. Malgré des mesures d'organisation du site
après les inondations de 2018, la population est de nouveau victime en
2020. Si ailleurs, les conséquences des inondations suscitent de
réflexion sur l'aménagement des espaces, au 9eme
arrondissement, elles semblent recevoir peu d'attention (Maninga, 2014).
2. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Les enjeux du monde actuel obligent l'homme à affronter
les risques et les catastrophes de toutes sortes, qu'ils soient naturels ou
provoqués pour atteindre ses objectifs (Mazet, 2000). L'inondation,
considéré comme un des risques naturels les plus dramatiques, se
veut de plus en plus récurent à travers le monde et ceci sous
divers type de climat. N'Djamena, la capitale tchadienne n'est pas
épargnée de cette catastrophe naturelle qui est l'inondation. De
ce fait, le choix porté sur ce sujet de recherche comporte deux raisons
: scientifique et personnelle.
Le choix de travailler sur la
, comme objet
2.1- Raisons Scientifiques
5
de recherche anthropologique trouve son fondement, du fait que
l'Anthropologie du développement porte un discours autre que la
sociologie, la géographie ou l'économie. Cette discipline
s'intéresse aux questions liées à l'environnement, car
elle dispose ses propres théories et des méthodes qui peuvent
nous permettre de comprendre la question des inondations dans une perspective
anthropologique. Aussi, nous avons procédé à la recherche
documentaire. Cela nous a permis de parcourir plusieurs écrits se
rapportant aux inondations en milieu urbain. Cette thématique a
été abordée par plusieurs chercheurs (géographes,
environnementalistes, urbanistes, anthropologues...) internationaux et
nationaux mais les recherches sur l'anthropologie de l'inondation est rarissime
au Tchad en général, et N'Djamena en particulier. Cependant, il
nous a paru digne d'apporter notre modeste contribution à
l'élargissement du champ de l'anthropologie du développement pour
cerner les inondations dans le 9eme arrondissement de N'Djamena.
2.2 Raisons personnelles
Sur cet angle, les motivations personnelles qui nous poussent
à travailler sur ce thème émanent d'un constat personnel,
environnant et médiatique. L'inondation dans la ville de N'Djamena a
toujours été et est un problème majeur que les populations
font face presque chaque saison pluvieuse. Pour elles, qui dit saison de pluie,
dit automatiquement inondation.
Personnellement nous avons été victimes des
inondations en 2012 qui avaient fait un ravage dans l'histoire de la ville.
Nous avons connu des pertes matérielles qui avaient une valeur
inestimable (les diplômes, actes de naissance, les cartes
d'identité nationale, les passeports, les titres fonciers, les permis de
conduire, des appareils électroniques endommagés, le hangar
démonté), des diverses maladies comme le choléra et la
diarrhée nous ont frappé. Nous étions obligés de
nous refugier chez les parents les plus proches parce que la concession
menaçait de s'écrouler. Cet évènement
catastrophique a laissé des cicatrises physiques et psychologiques qui
restent incurable chez presque toutes les populations touchées par les
inondations. En outre, lors de notre stage au musée national tchadien en
août 2019, un débat autour des questions des inondations
était organisé par la télé-Tchad au sein du
musée dont nous avons pris part. Ce qui nous a permis de côtoyer
le coordinateur d'eau et assainissement à la mairie de N'Djamena,
Directeur Général du Ministère de l`Aménagement du
Territoire et le maire de la ville de N'Djamena. Cette rencontre autour des
catastrophes liées aux inondations a renforcé notre motivation
sur la question des inondations à N'Djamena et a suscité en nous
une recherche pour mieux comprendre et approfondir ce
phénomène.
6
3. PROBLEME DE RECHERCHE
La question de l'inondation reste une préoccupation
majeure du gouvernement tchadien et de ses partenaires. C'est ainsi qu'avec
l'appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le
Gouvernement du Tchad a élaboré un premier Plan de
Contingence5 pour la ville de N'Djamena en 2013, les projets du plan
d'Organisation de Secours (ORSEC), du Plan d'Action National pour la
Réduction des Risques de Catastrophes (PANRRC), et de la revue juridique
et institutionnelle. Les différents plans avaient pour finalité :
la construction du pont pour relier directement l'Avenue Mobutu qui longe le
Chari côté tchadien à la rive camerounaise à
Kousséri. Ce pont devait fonctionner comme un barrage pour
empêcher l'eau de se déverser en ville et permettre la population
du 9eme d'être à l'abri des catastrophes. En 2012,
l'Etat a construit aussi une digue pour éviter que les eaux du fleuve
Chari n'envahissent la ville. Ces constructions infrastructurelles et
socio-collectives devraient permettre aux populations de N'Djamena en
général et celles du 9eme arrondissement en
particulier d'améliorer leur conditions de vie et de vivre en parfaite
harmonie avec l'environnement. Les risques liés aux inondations
étaient au coeur de la politique gouvernementale. La journée de
salubrité (chaque Samedi de 6h à 10h) une mesure prise par la
municipalité était appliquée à la lettre pour tout
citoyen de la ville de N'Djamena.
Toutefois, malgré le plan de contingence, les risques
liés aux inondations demeurent omniprésents et plus
récurrents que jamais à nos jours. On note l'occupation et la
construction sur les sites inondés par les habitants dans le
9eme arrondissement due à l'extension démographique
qui augmente de manière extrême. Depuis 2008, jusqu'à nos
jours, les habitants du 9eme arrondissement construisent là
ou l'eau passe ; l'eau veut absolument passer par sa trajectoire habituelle et
comme on a construit sur son passage, elle n'a plus d'autres alternatives que
d'entrer dans les quartiers. Avec l'aménagement de la ville de
N'Djamena, d'autres habitants étaient forcés de libérer
les espaces de l'Etat, ce dernier pour les dédommager, il les a
attribué des terrains dans les zones inondables au 9eme
arrondissement à l'exemple des quartiers Gardolé Djedit. A cela
s'ajoute que la politique environnementale n'est plus au coeur du gouvernement
comme avant. La mairie qui est l'organe en charge du contrôle de
l'environnement est devenue vulnérable par manque des matériels
et moyens de garantir un environnement de qualité à ses
habitants.
5 Le plan de contingence est le processus de
gestion utilisé pour analyser l'impact des crises potentielles afin
d'établir de modes d'action à l'avance pour permettre en temps
opportun, des réponses appropriées et efficaces aux besoins des
populations touchées.
7
Tout compte fait, étant donné que l'homme n'est
pas un « idiot culturel », la population du 9eme
arrondissement met des mécanismes de résilience pour lutter
contre les inondations, leurs stratégies d'adaptations peuvent
être individuelles et collectives.
Au regard de cet écart observé entre la
situation d'avant ou l'inondation n'était pas récurrente et
maitrisable avec la politique gouvernementale et celle d'actuelle causant de
pertes atroce. La population de la commune du 9eme arrondissement de
la ville de N'Djamena met sur pied des stratégies d'adaptation
individuelles et collectives pour faire face aux inondations. C'est dans cette
logique qu'il nous convient de mener une recherche afin de comprendre de quoi
il est question lorsqu'on aborde le sujet « inondation ».
4- PROBLÉMATIQUE
La relation entre la nature et la culture a été
au coeur de la discipline Anthropologique dès ses début (Tylor
1871 ; Boas 1888 ; Kroeber et Kluckohn 1952 ; Lévi-Strauss 1958 ;
Descola 1993 ;). Le rapport entre l'homme et son milieu physique a suivi dans
le pays anglo-saxons, la ligne d'une analyse de type
néo-évolutionnisme, comme dans le mouvement de l'écologie
culturelle prônée et fondée par l'anthropologue
Américain Julian Steward (1995). Dans chaque environnement, les modes de
vie des individus qui leur sont propres se développent et s'imposent
dans leur vision du monde qui se manifeste à travers les
différentes manières de penser, de sentir et d'agir face à
des situations particulières. La population adopte des mécanismes
de résilience (évacuation des eaux, curage des caniveaux,
construction des digues...) qui leurs sont propres pour résoudre le
problème auquel elle fait face. Ceci étant, la population du
9eme arrondissement élabore des mécanismes de
résilience pour faire face aux inondations.
est le sujet qui fait l'objet de la
présente recherche.
La question des inondations est le problème le plus
complexe auquel sont confrontées les autorités étatiques
et la population de N'Djamena en général et le 9eme
arrondissement en particulier, car la politique de la gestion des inondations
actuelle n'est pas à la hauteur pour couvrir les besoins
environnementaux dans ladite commune. Les recherches menées sur les
mécanismes d'adaptation face aux inondations en zones urbaines peuvent
s'adosser dans un premier temps, les facteurs provoquant les inondations, dans
un second temps s'articule aux impacts lié à ces dernières
et enfin dans un troisième temps se repose sur les mécanismes
de
- Quels sont les facteurs des inondations
dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena ?
8
résilience face aux inondations dans la commune du
9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
Les inondations sont des catastrophes naturelles. Les
habitants du 9eme arrondissement n'ont pas échappé
depuis plusieurs décennies. L'occupation de la terre de manière
anarchique, la croissance démographique et les activités humaines
causent l'inondation et provoquent des impacts sur la population et leur
environnement pendant la saison pluvieuse. Durant cette période, on
observe la dégradation des infrastructures socio-collectives telles que
: les routes, les écoles, les hôpitaux, le cimetière, les
églises et les mosquées sont impraticables. Au-delà de
tout ce qui précède, la population du 9eme
arrondissement ne peut pas baisser les bras et observer les inondations, elle
met sur pied des mécanismes de résilience lui permet de lutter
contre les inondations.
En interrogeant la théorie de
l'ethnométhodologie définie par Harold GARFINKEL, qui nous
permettra d'analyser et d'interpréter les données
collectées. La théorie d'écologie culturelle
développée par J.H. STEWARD, il est question de
s'intéresser à l'interaction entre un groupe culturel
donné et son milieu naturel. Tout en convoquant la vision
anthropologique pour apporter un éclairage sur notre sujet de
recherche.
5- QUESTIONS DE RECHERCHE
Cette recherche repose sur deux types de question : une
question principale et trois questions subsidiaires dans une approche
culturelle ?
5.1- Question principale
Comment comprendre la recrudescence des inondations dans le
9eme arrondissement à N'Djamena ?
5.2- Questions subsidiaires
Pour mieux expliciter et circonscrire la question centrale de
notre recherche, il est opportun de l'éclater en trois questions
subsidiaires.
9
- Quels sont les impacts des inondations dans
le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena ?
- quels sont les mécanismes de résilience des
inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena
pour une meilleure gestion des inondations ?
6. HYPOTHESES DE RECHERCHE
L'hypothèse est un énoncé affirmatif
écrit au présent de l'indicatif, déclarant formellement
une relation anticipée et plausible entre des phénomènes
observés ou imaginés. C'est une supposition ou une
prédiction fondée sur la logique de la problématique et
des objectifs de recherche définis. C'est la réponse
anticipée à la question de recherche posée (N'DA, 2015).
Tout comme les questions de recherche. Sur ce, nous avons une hypothèse
principale et trois hypothèses spécifiques sont formulées
à l'entame de cette investigation.
6.1- Hypothèse
principale
La recrudescence des inondations dans le 9eme
arrondissement s'expliquait par manque de drainage de canaux
d'évacuation des eaux (voiries, rigoles, caniveaux) et les
activités de l'homme à savoir : occupation anarchique des espaces
inondables, dégradation des digues de retentions, fabrication de briques
et charbon dans les espaces vulnérable, l'agriculture.
6.2- Hypothèses
subsidiaires
Les Hypothèse subsidiaires sont des réponses
provisoires qui servent à comprendre et à expliquer
l'hypothèse principale d'étude.
- Les facteurs des inondations seraient environnementaux,
humains et socioculturel dans le 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
- Les impacts des inondations pourraient être les pertes
en vies humaines, pertes ou endommagement de matérielles
nécessaire et infrastructures sociales (hôpitaux, école,
marchés), les maladies hydriques (paludisme, choléra), la
destruction de champ et récolte, ce qui entraine la famine,
malnutrition. La destruction de lieux sacrés (forêt,
mosquée, église) dans la commune du 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena
- La gestion durable des inondations dans le 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena serait mieux de mettre en place deux
mécanismes de résilience à savoir : individuel et
collectif.
10
7. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Objectif de recherche est la déclaration qui explique
ce que l'étude ou chercheur visent et cherche à atteindre. Les
objectifs, les questions, les hypothèses de recherche sont directement
liées de façon numérique et sémiotique. Cette
étude s'est organisée autour d'un objectif général
et trois objectifs secondaires
7.1- Objectif principal
Comprendre la recrudescence des inondations dans le
9eme arrondissement.
7.2- Objectifs subsidiaires
Les objectifs secondaires de cette recherche sont :
- Présenter les facteurs des inondations dans le
9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
- Décrire les impacts des inondations dans le
9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
- Analyser les mécanismes de résilience pour une
meilleure gestion des inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
8- METHODE DE COLLECTE DES DONNEES
Le mot méthodologie est constituée de deux(2)
racines : «méthodo et logos». Méthodo
renvoie à la méthode et logos, terme grec, qui
renvoie au discours ou à la science. La méthodologie est par
conséquent est un discours qui a pour objet de présents le chemin
à suivre par un chercheur pour atteindre son objectif. Méthode
quant à elle, entendue comme « la manière d'aborder
l'objet d'étude, le chemin parcouru, la voie à suivre par
l'esprit humain pour d'écrire ou élaborer un discours
cohérent, atteindre la vérité de l'objet à analyser
» Mbonji Edjenguélé, (2005 :11).
La méthodologie d'une recherche englobe, la structure
de l'esprit, la forme de la recherche, les techniques utilisées pour
mettre en pratique cet esprit et cette forme (Gauthier, 1993). C'est tout un
processus qui comprend des outils de collecte, de méthode, des
démarches qu'un chercheur utilise pour collecter les données sur
le terrain. Pour Grawitz, (1999), c'est une exigence fondamentale pour tout
chercheur. Ainsi affirme-t-elle : « le chercheur ne se
contente
11
pas d'indiquer les résultats obtenus, mais de
rendre compte de la démarche qui fut la sienne, de la façon dont
il a obtenu les données qu'il fournit ». Pour cette recherche
sur le sujet intitulé Recrudescence et gestion
endogène des inondations dans le 9eme arrondissement de
N'Djamena : contribution à l'anthropologie
écologique, nous avons combinés deux
procédés méthodologiques : la recherche documentaire et la
recherche de terrain.
8.1- Recherche documentaire
Elle est le chemin parcouru pendant la recherche et qui permet
de faire une recherche documentaire. Cette étape a pour objectif la
collecte des données secondaires en rapport aux questions des
inondations dans le monde. Ainsi la recherche documentaire s'est faite sur la
base des ouvrages généraux, méthodologique et
spécifiques qui sont liés à notre sujet. Nous avons
également sollicité les travaux de nos
prédécesseurs, il s'agit : des mémoires, des thèses
et des articles scientifiques. Enfin, les sites internet ont été
explorés. Pour avoir des informations, nous sommes allés dans les
bibliothèques à Yaoundé et à N'Djamena en
occurrence le Cercle-Philo-Psycho-Socio-Anthropologie (CPPSA) au sein de
l'Université de Yaoundé 1, à la bibliothèque de la
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH). A N'Djamena,
nous avons parcouru les bibliothèques telles que l'Institut
Français du Tchad (IFT), à l'Institut National de la Statistique,
des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED), à la Mairie de
9eme arrondissement, au Centre de Recherche en Anthropologie et Science
Humaines (CRASH) au Centre National de Recherche pour le Développement
(CNRD). Nos lectures ce sont focalisées sur les différents
auteurs, anthropologues, sociologues, géographes... Cette phase de
collecte de données secondaires nous a épargné des
écueils et nous a permis de faire ressortir l'originalité de
notre recherche. La recherche de terrain est le deuxième volet de cette
recherche.
8.2- Recherche de terrain
Les investigations faites sur le site de notre recherche
s'articulent en : la collecte, l'analyse et l'interprétation.
8.2.1- Collecte des données de terrain
Afin de mieux collecter les informations crédibles,
nous avons fait usage des techniques et des outils de collecte des
données qui sont utilisées en sciences sociales et en
Anthropologie. Pour Mbonji Edjenguélé, 2004 : «
l'anthropologie a une méthode propre, qui se veut une technique
particulière pour approcher son objet, le décrire et dire ce
qu'elle pense ».
12
8.2.1.1- Techniques de collecte des
données
En ce qui concerne notre recherche, les techniques de collecte
des données ci-dessous ont été mises en exergue.
8.2.1.1.1- Observation directe
L'observation directe est l'étape première
s'agissant des techniques de collecte de données sur le terrain.
L'observation directe nous a permis de vivre de près les
phénomènes et les dégâts observés par
l'inondation à N'Djamena. En effet, il était question pour nous
de faire une descente dans les zones inondées, et les sites des
sinistrés pour constater les dégâts et interroger les
sinistrés dans des différents sites. Nous avons aussi,
participé aux curages et la construction de barrage (remplissage de
sable dans les sacs) au nom de l'Association de Jeune Actifs pour le
Développement Economique et Social (AJADES). Les vacances de
l'année 2020, nous ont permis de faire une pré-enquête et
de collecter le maximum des données visuelles et orales.
8.2.1.1.2- Entretien approfondi individuel
L'entretien est une interview, au cours de laquelle, un
enquêteur interroge une personne sur ses opinions, ses expériences
et ses perceptions. Il s'agit d'un tête-à-tête oral entre
deux personnes ou une personne, et un groupe de personnes dont l'une transmet
à l'autre les informations recherchées. C'est un dialogue au
cours duquel l'interviewé s'exprime librement, tandis que le chercheur
facilite ce dialogue par ses questions ouvertes et ses réactions. Le
chercheur oriente l'entretien pour éviter que l'interlocuteur
s'éloigne des objectifs de la recherche (N'DA, 2002). Cette technique de
collecte de données nous a permis de recueillir les informations
individuelles auprès des informateurs clés. Ce sont les
autorités administratives, religieuses et traditionnelles, les
délégués, chefs des quartiers, les sinistrés, les
responsables des ONG, les sociétés civiles et associatives et
même les habitants dudit arrondissement. Pendant notre recherche de
terrain, nous nous sommes entretenus avec 22 informateurs. Le timing des
entretiens sont variés selon les informateurs mais les entretiens les
plus courts ont duré 35 minutes. Nous avons tiré certains de nos
enquêtés qui avaient du mal à s'exprimer librement lors de
Discutions de Groupe Focalisé. Il faut noter qu'au cours de nos
entretiens, nous avons connu quelques difficultés liées aux
langues et manque de confiance de certains de nos enquêtés.
13
8.2.1.1.3- Focus Groupe Discussions
Le Focus Group Discussion (FGD), communément
formulé en anglais, est une méthode privilégiée en
anthropologie pour conduire une enquête qualitative. Elle consiste
à regrouper entre 6 à 12 personnes autour d'un modérateur
et d'un preneur de note sur une thématique bien précise pendant
laquelle chaque informateur donne son point de vue sur la thématique de
discussion. Cette technique de collecte de données nous a permis de
réunir les informateurs (les responsables des associations, de personnel
des ONG, des sinistrés) de façon homogène au autour d'une
même table et à les interroger sur la question des inondations.
Nous avons mené cette technique en deux reprises. La première
était constituée de six (6) personnes dont trois (3)
étudiants, une (1) femme sinistrée, un (1) responsable de camp de
sinistré et un (1) délégué du quartier. La
deuxième a été constituée de sept (7) informateurs,
deux (2) femmes commerçantes et sinistrées au camp, un (1)
délégué, un (1) président de l'association, un (1)
ancien responsable du site de sinistré de Toukra, un (1) responsable de
la Croix Rouge et un (1) agriculteur. Le FGD les plus courts a duré une
heure du temps. Nous avons choisir la discussion de groupe focalisé
c'est pour avoir de façon délibérée les attitudes
et les opinions des personnes ressources par rapport à notre sujet.
8.2.1.1.4- Photographie
La prise des images est une technique qui a été
utilisée au moment de la collecte des informations. L'anthropologie
visuelle est cette branche de l'anthropologie générale qui met
l'accent sur cette technique de collecte des données qui consiste
à photographier les objets, les individus comme sources des
données et d'informations. Cette technique nous a permis de prendre des
photos des sites inondés, des maisons écroulées, des sites
de sinistrés, les lieux sacrés effondrés.
La seconde partie de la collecte des données de terrain
concerne l'analyse et de l'interprétation.
8.2.1.1.5- Récits de vie
Les récits de vie est une technique de collecte de
données qui consiste à raconter un fait, qui témoigne de
l'expérience avec ce qui nous intéresse tels que : les souvenirs,
des souffrances, les relations avec les amis ou avec la famille etc. Les
récits de vie comme technique de collecte des données de la
recherche qualitative permettent d'écouter les informateurs sur leur
ras-le-
14
bol face à la catastrophe naturelle qu'est
l'inondation. Les sinistrés ont exprimé leur
mécontentement de manière détaillé. Cette technique
de collecte d'informations nous a permis d'avoir une description
détaillée sur les facteurs et impacts des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena.
8.2.1.2- Outils de collecte des
données
Ce sont des outils physiques et perceptibles de collecte des
données sur le terrain. Il s'agit : Appareil photo :
c'est un instrument qui nous permet de prendre des photos afin de faire parler
ce qui ne peut pas être écrit.
Guide d'entretien : comme son nom l'indique,
c'est un document élaboré et structuré en thèmes
qui nous permet d'aborder la question de l'inondation au près des
enquêtés. A travers l'entretien et le focus groupe discussion.
Magnétophone : c'est un outil de
collecte des données qui nous permet d'enregistrer les entretiens audio
individuels et collectifs en langues locales et en français
auprès des informateurs clés.
Bloc note : appelé aussi compagnon
fidèle d'un chercheur, c'est un outil qui nous a permis à noter,
relever les informations. Il faut noter que certains informateurs refusent
l'utilisation de magnétophone ou l'appareil photo.
Stylo : c'est un outil qui nous a permis de
noter les informations dans le bloc note.
9- METHODE D'ANALYSE ET
D'INTERPRETATION
Les informations recueillies sur le terrain ont
été traité à la fin de chaque semaine. Ici, nous
avons fait appel à une technique d'analyse de contenu.
9.1- Analyse des types de données
S'appuyant sur un ensemble de procédés, notre
analyse se déploie comme suit. 9.1-1- Analyse de
contenu
C'est une technique d'analyse des données qui a mis en
exergue le contenu des informations collectées sur le terrain. Elle a
fait ressortir les centre d'intérêt en occurrence les
thèmes et les sous thèmes qui ont structuré notre travail
pendant la rédaction. Selon Mbonji Edjenguélé, (2005),
l'analyse de contenu met en relief les lois de correspondances entre les
15
mots et les idées en traitant méthodiquement les
informations de terrain. C'est dans ce contexte que Quivy et Campenhoudt,
(1995), affirment :
L'analyse de contenu porte sur les messages aussi
variés que les oeuvres littéraires (...), des comptes rendus
d'entretien semi directif. Le choix des termes utilisés par le locuteur,
la fréquence de leur mode d'agencement, la construction du «
discours » et son développement constituent des sources.
Cette technique nous a permis de chercher les
éléments de base qui structurent la réflexion et leur
relation avec notre recherche. Les entretiens individuels, les entretiens
approfondis effectués en Arabe locale, en Ngambaye et en Français
ont été enregistrés par le biais d'un Magnétophone
et avec le consentement des informateurs sélectionnés.
Après cet exercice, ces données ont été
retranscrites et saisies à l'aide d'un ordinateur portable. Nous les
avons ensuite conservées en fonction des objectifs de notre
recherche.
9.1-2- Analyse conceptuelle
Cette technique nous a permis d'analyser les différents
concepts et notions issus des entretiens en relation avec notre thème de
recherche.
9.1-3- Analyse iconographique
Elle nous a permis d'expliquer avec les formes de photos, les
types de photos, les couleurs observées sur les photos, tous les objets
observés sur la photo.
9.2- Interprétation des données
Par définition, Interprétation vient du latin
« interpretare » : expliquer, traduire, donner du sens. A cet effet,
pour parler comme Mbonji Edjenguélé, (2005) :
L'interprétation est une démarche moins
déterminée par l'intérieur que par l'extérieur des
données, le sens dépendant ici plus du point de vue de la
chapelle théorique de l'ethno-anthropologue que des
propriétés intrinsèques de l'objet à
étudier, l'interprétation peut suivre l'analyse qui est la marque
diacritique de l'ethno-anthropologue.
De façon générale,
l'interprétation c'est donner un sens, c'est rendre
compréhensible. L'outil méthodologique qui permet
d'interpréter c'est le cadre théorique. A cet effet, nous avons
mobilisé trois théories des sciences humaines qui nous ont permis
d'apporter une signification aux données collectées. Il s'agit
principalement de l'ethnométhodologie, de l'écologie culturelle,
et de possibilisme. L'ethnométhodologie nous a permis d'analyser et de
comprendre
16
d'une part, la récurrence des inondations dans son
contexte actuel, et la perception locale des inondations d'autre part. Quant
à l'écologie culturelle nous a permis d'analyser les relations
que les populations du 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena
entretenaient avec leur milieu physique.
10- INTÉRÊT DE L'ÉTUDE
Cette recherche est une contribution dans le domaine de
l'anthropologie en général et de l'anthropologie du
développement en particulier. En effet, la question des inondations dans
le domaine de l'anthropologie écologique est moins traitée. Cette
recherche permet d'enrichir ce domaine particulier de la science
anthropologique. Ceci dit, nous avons deux centres d'intérêts qui
meublent cette recherche : L'une est scientifique et l'autre est pratique.
10-1- Intérêt scientifique
La fin du cycle de master universitaire est
caractérisée par un travail de recherche universitaire
sanctionné par un diplôme. Ce travail, après validation
peut être archivé à la bibliothèque de la
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH) de
l'Université de Yaoundé I (UYI) et lu par nos cadets
académiques pour leur prochaine recherche. Cette recherche est une
contrition à l'essor de la science anthropologique en ce sens qu'elle
s'inscrit dans une suite des analyses anthropologiques écologiques. En
effet, cette investigation permet également d'améliorer les
connaissances sur la question des inondations en milieu urbain. La
présente recherche sert de guide aux cadets académiques de
traiter sous un autre angle ce sujet. Ceux-ci peuvent dans la mesure du
possible compléter nos failles pour une progression scientifique
meilleure. Il reste à espérer que ce travail reste un
échantillon pour les générations futures. C'est l'occasion
pour nous, aspirant anthropologue développementaliste d'apporter une
pierre dans le champ de recherches sur la gestion des inondations et les
stratégies mettant les populations du 9eme arrondissement
pour lutter contre les inondations dans ces zones. Les résultats
produits suite de cette recherche font l'objet de nouvelles connaissances afin
de perpétuer l'évolution de la science anthropologique. Nous
pensons par cet argument apporter une modeste contribution à la
connaissance de cette culture dans le domaine de l'environnement.
17
10-2- Intérêt pratique
Du point de vue pratique, cette réflexion scientifique
a pour intérêt de donner plus de moyens aux politiques
(autorités étatiques) et d'aider les populations à limiter
les dangers liés aux inondations. En outre, cette investigation
scientifique donne plus de visibilité au gouvernement tchadien sur
l'état actuel de la gestion des inondations au Tchad en
général et à N'Djamena en particulier. Cette recherche
peut apporter sa contribution dans la mise en place des mécanismes de
résilience pour lutter contre les risques liés aux inondations.
Les personnes qui auront la possibilité de parcourir le présent
document, pourront davantage s'informer a mieux sur les risques d'inondations
qu'elles courent en occupant les secteurs submergés. Cette recherche
appelle à la conscience des autorités en charge
d'aménagement, de santé et de l'environnement à s'inscrire
dans les principes du développement durable pour une ville durable,
assainie et hors risque d'inondations. Cette recherche pourrait aider les
acteurs spéciaux de revoir leurs politiques des gestions des risques en
milieu urbain. Elle peut conduire à des actions pouvant réduire
le niveau de vulnérabilité des populations et leur garantir la
sécurité.
11- CONSIDERATIONS ETHIQUES
Selon le Fond de recherche sur la société et la
culture (2002) « à la base même de toute recherche
s'inscrit l'impérial moral du respect de la dignité humaine
». A cet effet, la présente recherche a obtenu une
autorisation de recherche délivrée par le chef du
Département d'Anthropologie de l'Université de Yaoundé 1
et une autorisation de la mairie du 9eme arrondissement, que nous avons ensuite
présenté à nos informateurs pour faire acte de foi. Avant
de commencer les entretiens, nous avons avant tout expliqué le but de
notre recherche aux enquêtés, par des explications objectives pour
mettre l'informateur en confiance. Nous avons respecté les principes de
l'éthique des recherches de terrain, de la première étape
de notre recherche jusqu'à la publication des résultats. Nous
avons garanti : À chaque informateur a été soumis un
formulaire de consentement libre et éclairé, afin que chacun
d'entre eux participe à l'enquête de façon volontaire, sans
aucune pression ni contrainte. C'est dans ce sillage du « respect de
la dignité humaine » que nous avons requis les autorisations
nécessaires auprès du maire du 9eme arrondissement et
des personnes photographiées et interviewées tout au long de
notre recherche, afin de préserver la confidentialité, les
identités des informateurs et les résultats de recherche. Aucun
informateur n'a été cité sans son avis. Il est
nécessaire de préciser aussi que nous avons également
utilisé les noms d'emprunts pour attribuer à nos informateurs qui
ont
18
préféré de gardé l'anonymat.
D'autres ont préféré qu'on abrège leurs noms, ce
qui fait que nous avons abrégé ou tout simplement codé
leur identité.
12- LIMITE DE L'ETUDE
Dans la présente partie, il est question de
présenter les limites épistémologiques et les
difficultés qui ont marqué la réalisation de ce
travail.
12-1- Limites épistémologiques
Aucune recherche n'étant parfaite, celle-ci
présente également des limites. La première est que, nous
avons opté dans le cadre d'une recherche qualitative, nous sommes en
incapacité de produire des données mathématiques, tout
aussi importantes ; nous ne pouvons ressortir le taux et le pourcentage de
personnes victimes de l'inondation (les sinistrés, les
vulnérables). Nous avons énuméré et décrit
des oeuvres liés aux inondations. Lors de l'exploitation des
écrits, certains noms des arbres et plantes (phytonyme) et des quartiers
n'ont pas été expliqué (peut-être que les
informateurs rencontrés n'étaient pas mieux placés) ce qui
explique également de limites de notre recherche. En effet, notre manque
de connaissance en langue locale la plus parlé (Ngambaye) est
certainement à l' origine des manquements à la collecté
des données bien approfondi. Etant donné que la commune du
9eme arrondissement est vaste, nous ne pouvons pas
généraliser les résultats de la présente
recherche.
13- DIFFICULTES RENCONTREES
Au cours de cette recherche, nous avons eu à faire face
à certaines difficultés liées à la collecte des
informations. Ce travail n'a pas suivi le chronogramme que nous avions
établi au départ. Plusieurs raisons expliquent cette situation.
Les plus importantes sont : Il nous a été donné de
constater un manque de documents spécifiques sur les inondations dans la
ville de N'Djamena, Très peu d'études ont été
réalisées sur la question d'inondations à N'Djamena
surtout le cas du 9eme arrondissement. Lors de nos enquêtes,
il s'est posé le problème de confiance, d'humiliations en vers la
population sinistré. Certains d'entre eux se sont opposés
à l'utilisation de magnétophone, ou même à la
photographie, Certains enquêtés demandent de l'argent en
contrepartie des informations livrées. D'autres tellement furieux ont
fait l'objet d'attaque à notre égard prétextant que les
enquêtes ne donnent que des fleurs mais jamais de bons fruits,
L'éloignement de la zone d'étude près de de 2000km
à parcourir régulièrement entre N'Djamena et
Yaoundé, Le manque de moyens matériels et financiers au moment
19
opportun et à chaque phase du travail. Nous avons aussi
connu des difficultés par rapport à la période
étant donné que notre sujet d'étude porte sur
l'inondation, il nous a fallu quatre (4) longs mois sur le terrain pour
récolter les données pour simple raison que nous avons
passé toute la saison pluvieuse sur le terrain. Ce travail est dû
être suspendu à plusieurs reprises à cause de maladie.
14- PLAN DU TRAVAIL
Ce mémoire est organisé en cinq chapitres
répartis comme suit : Le premier chapitre intitulé «
description du site de l'étude » Il est question
pour nous de démontrer d'une part le cadre physique (climat, relief,
hydrographie, sol...) et d'autre part cadre humain (peuplement,
démographie, situation socioéconomique, activités...). Le
deuxième chapitre portant sur la « revue de
littérature, le cadre théorique et conceptuel ».
Dans ce chapitre, nous recensons les oeuvres qui sont en rapport avec notre
sujet d'étude tout en confrontant les idées des auteurs, nous
avons aussi construire nos cadres théoriques et enfin nous
dégageons les cadres conceptuels de notre sujet de recherche. Le
troisième chapitre s'intitule « Origines et facteurs des
inondations dans le 9eme arrondissement de N'Djamena »
nous présentons ici les facteurs causants les inondations dans notre
zone de recherche. Nous avons dans un premier temps les facteurs naturels
(changement climatique, pente de la zone d'étude...) et dans second
temps, les facteurs anthropiques (insalubrité, occupation des zones non
urbanisées, les pratiques liées aux activités des
populations...). Le quatrième chapitre intitulé «
Impacts des inondations dans le 9eme arrondissement de
N'Djamena » nous abordons les impacts observés liés
aux inondations dans le 9eme arrondissement. Ils sont nombreuses et
parmi lesquels nous avons les impacts matériels (infrastructures
sociocollective, destruction de champs, des appareils électroniques, les
dossiers importants...) et les pertes envie humaines. Enfin le cinquième
chapitre s'intitule « Lecture anthropologique et mécanismes
de résilience pour une gestion durable des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena » il est question
pour nous d'énumérer les actions de l'Etat et ses partenaires, et
les populations locales pour lutter contre les inondations dans la commune du
9eme arrondissement. Il est également question pour nous de
proposer des pistes des solutions afin de lutter contre les catastrophes
liées aux inondations dans la ville de N'Djamena en
général et dans la commune du 9eme arrondissement en
particulier.
CHAPITRE 1: DESCRIPTION DU SITE DE L'ETUDE
21
Le présent chapitre porte sur le « description
du site de l'étude » dans lesquelles la présente
recherche a été menée. Trois moments principaux ornent
cette partie : le premier porte sur la présentation du cadre physique,
le deuxième quant à lui est consacré à la
présentation du cadre humain et le troisième moment qui marque la
fin de ce chapitre consiste en la mise en lumière des rapports existant
entre le milieu physique et humain et l'objet de notre recherche qui est
.
1.1- CADRE PHYSIQUE
Nous allons dans cette partie de la recherche procéder
à la localisation du Tchad puis la ville de N'Djamena et enfin la
commune du 9eme arrondissement, son climat, sa
végétation, son hydrographie, son relief et les types de sols.
1.1.1- Cordonnées géographiques
Le milieu physique d'un territoire est l'ensemble
constitué du relief, des sols, du réseau hydrographique, du
climat et des végétaux, qu'on y retrouve. Ainsi, parler des
caractéristiques physiques de la ville de N'Djamena renvoie à la
présentation des différents éléments qui composent
son milieu physique naturel.
1.1.2- Présentation du Tchad
Pays de l'Afrique Centrale, le Tchad est situé entre
les 7eme et 24eme degré de latitude Nord et les
13eme et 24eme degré de longitude Est. Il est le
trait d'union entre le Maghreb et l'Afrique Centrale. Couvrant 1 284 000 km2,
le Tchad occupe le 5eme rang des pays les plus vastes d'Afrique
après le Soudan, l'Algérie, la République
Démocratique du Congo et la Libye. Il partage des frontières
communes avec la Libye au Nord, le Soudan à l'Est, le Cameroun, le Niger
et le Nigeria à l'Ouest. De par sa position géographique, au Sud
du Tropique du Cancer et au coeur du continent africain, le Tchad est
marqué par une continentalité accrue dont le marasme
économique est l'une des conséquences. Il est un pays doublement
enclavé à l'intérieur. Au niveau extérieur, le
Tchad n'a aucun débouché sur la mer. Le port Harcourt au Nigeria,
le port le plus proche, se trouve à 1 700 km de N'Djaména, la
capitale. Au niveau intérieur, le Tchad ne possède que 664 km de
routes bitumées permanentes et 1 609 km de routes permanentes en terre
moderne (Tchad, 2005), les communications entre les différentes parties
du pays sont parfois difficiles voire impossibles durant plusieurs mois
à cause des
22
inondations pluviales qui rendent impraticables certaines
d'entre elles. En général, la meilleure voie pour les produits
pondéreux est la voie fluviale. Les deux fleuves du pays, le Chari et le
Logone constituent les principales artères fluviales mais il se pose le
problème de niveau d'eau entre la saison sèche et la saison
pluvieuse. Ces fleuves se trouvent, en saison sèche, paralysés
à la navigation. Le Tchad connaît une succession de climats :
soudanien au sud avec un régime tropical semi humide, puis
progressivement sahélien et saharien.
Carte 1 : carte du Tchad
Source : Base de données de la Mairie de
N'Djamena (2019)
23
1.1.3- Présentation de la ville de N'Djamena
Située à la latitude 12°8 Nord et à
la longitude 15°2 Est, la ville de N'Djamena, est régie par un
statut particulier ; elle est divisée en dix arrondissements municipaux.
Elle s'étend sur plus de 15 km le long de la rive droite du Chari, en
aval et en amont de son confluent avec le Logone. La ville est en pleine
expansion spatiale vers l'Est, l'Ouest, et le Nord (N'garessem, 1998).
Fondée le 29 mai 1900 par l'explorateur français Émile
Gentil sur l'emplacement d'un petit village kotoko (descendants des Sao, hommes
de grande taille), la ville porte à sa création le nom de
Fort-Lamy, en souvenir du commandant Amédée François Lamy,
décédé à la bataille de Kousseri du 22 avril 1900.
Le 6 novembre 1973, elle fut baptisée N'Djamena, du nom d'un village
arabe voisin (Am Djamena), c'est-à-dire le lieu où l'on se
repose. N'Djaména s'est fortement repeuplée depuis sans grands
travaux d'aménagement ni même de réparation. Les
infrastructures existantes, ne sont pas suffisantes (voirie, alimentation en
eau, drainage, ordures ménagères, électricité).
N'Djaména est la capitale et la plus grande ville du Tchad. Depuis 2002,
elle a un statut particulier. Devenue une région cette même
année, elle est divisée en dix arrondissements municipaux et 64
quartiers.
1.1.3.1- Organisation administrative de la ville de
N'Djamena
N'Djamena est régie par un statut particulier à
cause de sa superficie, de sa position politique, de sa situation
administrative et économique, bénéficiant d'une autonomie
de gestion. Elle couvre une superficie de 15.000 ha dont 10.000 ha
urbanisés et 5000 ha non urbanisés (Mairie de N'Djamena, 2007).
Administrativement reconnue comme commune, elle est divisée en 10
arrondissements lors du dernier découpage administratif du territoire
national en février 2008. Chaque arrondissement est subdivisé en
quartier, chaque quartier est en carré, chaque carré en
îlot et chaque îlot en concessions hormis les quartiers
périphériques non structurés. La ville comptait en 1998,
vingt et un (21) quartiers, tandis qu'en 2009, elle comptait 64 quartiers (cf.
décret n° 285/PR/PM/MISP/09 du 10/03/09).
La ville de N'Djamena est gérée par un
comité placé sous la responsabilité d'un maire,
nommé par un décret du conseil de Ministre. Le maire de la ville
de N'Djamena occupe le rang d'un gouvernement et les
délégués des quartiers celui des chefs de canton. Les
carrés sont placés sous tutelle des chefs des carrés
exerçant les attributions dévolues aux chefs de villages. Toutes
ses divisions administratives font de la ville de N'Djamena une région
à part entière.
24
Tableau no1 : Listes des Arrondissements de la
ville de N'Djamena et ses quartiers
Arrondissement
|
Quartiers (nombre)
|
Population
(2009)
|
Noms des quartiers
|
1er arrondissement
|
11
|
75 203
|
Allaya · Amsinéné · Ardeb-Timan
· Djougoulier · Farcha · Guimeye ·
Karkandjeri · Madjorio · Massil Abcoma
· Milezi · Zaraf
|
2eme arrondissement
|
5
|
59 260
|
Bololo · Djambal Ngato · Goudji ·
Klémat · Mardjandaffack
· Djambalbarh
|
3eme arrondissement
|
6
|
40 928
|
Ambassatna · Ardep Djoumal ·
Gardolé1 · Kabalaye · Sabangali
|
4eme arrondissement
|
5
|
72 067
|
Blabline · Naga I · Naga II · Repos
|
5eme arrondissement
|
3
|
100 948
|
Am-Riguebé · Champ de Fils · Ridina
|
6eme arrondissement
|
2
|
45 500
|
Moursal · Paris-Congo
|
7eme arrondissement
|
10
|
223 231
|
Ambatta · Amtoukougne · Atrone
· Boutalbagara · Chagoua · Dembé
· Gassi · Habena · Kilwiti ·
Kourmanadji
|
8eme arrondissement
|
6
|
184 641
|
Angabo · Diguel · Machaga · Ndjari
· Zaffaye-Est · Zaffaye-Ouest
|
9eme arrondissement
|
7
|
75 593
|
Digangali · Gardolé Djedite ·
Kabé · Ngoumna · Ngueli · Toukra ·
Walia
|
10eme arrondissement
|
10
|
74 047
|
Achawayil · Djaballiro · Fondoré
· Gaoui · Goudji-Charaffa · Gozator ·
Hillé Houdjaj · Lamadji · Ouroula ·
Sadjeri
|
N'Djaména
|
64
|
951 418
|
|
Source : INSEED (2009)
25
Carte 2 : carte de N'Djamena
Source : Base de données de la Mairie de
N'Djamena (2019) 1.1.4- Présentation du 9eme
arrondissement
La Commune du 9eme arrondissement est située
entre le triangle formé par le confluent Chari-Logone avec à sa
droite, les Communes du 1er, 3eme, 6eme, et
7eme Arrondissement et à sa gauche, la Ville de
Kousséri. Au Sud et à l'Est, elle est bordée par la Ville
de Koundoul. En effet, la Commune du 9eme Arrondissement a une
superficie de 61, 88 km2 avec une population de 78 241 habitants,
selon les statistiques de 2003. Aujourd'hui, elle est estimée à
127 446 habitants6.
6Sources : Bulletin d'Information de la Commune de la
Ville de N'Djamena.
26
Carte 3 : carte de la commune du
9eme arrondissement
Source : base de données de la Mairie de
N'Djamena (2019)
1.1.4.1- Etude démographique
Depuis sa création, N'Djamena a connu de profondes
mutations d'ordres démographiques et spatiaux-temporels. En 1911,
l'agglomération comptait 4 000 habitants, vivant dans quatre quartiers,
non compris celui des Européens. Deux groupes d'importance
numérique égale se détachent alors, chacun comptant 700
personnes : les Arabes et les Saras. L'évolution de la population et des
composantes de la dynamique au Tchad n'est connue que de manière
imparfaite. En effet, une succession d'événements perturbateurs a
non seulement brisé la courbe normale d'accroissement de la population
mais également détruit d'important documents (Ngakoutou et
al., 2004). Toutefois, le dernier recensement général de
la population et de l'habitat de 2009 estime la population du 9eme
arrondissement à 76 652 habitants repartie dans le tableau
ci-dessous.
27
Tableau no2 :
Répartition de la population du 9eme arrondissement
par quartiers.
N°
|
Quartiers
|
Populations
|
1
|
Ngoumna
|
32288
|
2
|
Walia
|
20196
|
3
|
Ngueli
|
14951
|
4
|
Digangali
|
2984
|
5
|
Gardolé Djedit
|
84
|
6
|
Toukra
|
3783
|
7
|
Kabé
|
2366
|
Total
|
76652
|
|
Source : RGPH2, 2009
1.1.4.2- Climat
La commune du 9eme arrondissement jouit d'un climat
de type sahélien, caractérisé par deux saisons, une saison
de pluie qui s'étale de Mai-Juin à Septembre (soit 4 à 5
mois), et une saison sèche, qui s'étale d'Octobre à
Avril-Mai (soit 7 à 8 mois). Elles sont comprises entre les
isohyètes 500 et 700 mm (DREM, 2013). La saison sèche est
marquée par l'arrivée de l'Harmattan, vent chaud et sec venant du
Nord - Est. Il engendre parfois d'énormes dégâts, tant
matériels qu'humains provoqués par les brouillards. La saison des
pluies est marquée, quant à elle, par l'arrivée de la
Mousson, vent humide venant du Sud-Ouest. Cette saison pluvieuse est
marquée par des pluies discontinues. Ce climat se singularise par des
précipitations et évaporations particulières.
1.1.4.3- Températures
La ville de N'Djamena, comme l'ensemble du territoire Tchadien
souffre de sa continentalité. Celle-ci influence largement les
températures dont les seuls éléments atténuant sont
la pluviosité et froid hivernal. La température moyenne mensuelle
ne descend guère en dessous de 20°C. Les moyennes minimales et
maximales sont respectivement 19°C et 39°C mais varient avec les
saisons. De mars à mai, période considérée comme
chaude, on a des températures maximales de 43°C et minimales de
26°C. De Décembre à Janvier période fraîche,
ces valeurs tombent à 32°C et 12°C. De Décembre
à Janvier période fraîche, ces valeurs tombent à
32°C et 12°C. L'amplitude thermique mensuelle oscille autour de
20°C, ce qui
28
conduit à prendre en compte l'ensoleillement et les
vents, dans la construction des logements en vue de protéger l'Homme et
les matériaux de constructions des agressivités des
éléments climatiques (Manuel d'urbanisation en pays tropical,
1975). A côté de ces impacts naturels, l'homme par ses
activités contribue de façon significative à la
dégradation de l'environnement. La contribution de la population de
N'Djamena, ces dernières années ne fait qu'aggraver la situation
par la consommation abusive du Bois de chauffe dans la majorité des
ménages.
1.1.4.4- Pluviométrie
Au Tchad, comme dans le reste du pays, dans la zone de
N'Djamena on distingue deux (2) types de saisons : Une saison de pluie et une
saison sèche. La saison de pluie qui s'annonce au mois d'Avril et marque
sa fin vers le mois d'Octobre. La hauteur des pluies qui arrose la ville de
N'Djamena varie entre 500 à 600mm et cela atteint 66 jours. La saison
sèche qui débute de Novembre et prend fin vers Mars et plus
encore jusqu'en Avril et provoquant une évaporation de l'ordre de 3m.
1.1.4.5- Humidité
L'humidité relative et l'évaporation
évoluent ensemble de manière antagoniste : L'humidité
relative à N'Djamena atteint son maximal entre Février et Mars ;
pendant ce moment, l'évaporation atteint son apogée. Au mois
d'Août, l'humidité est maximale du fait de l'abondance des pluies
; alors que l'évaporation est minimale à cause des baisses de
températures.
1.1.4.6- Relief
Le relief de notre zone d'étude est rigoureusement
plat, mais présente une succession de dépressions inondées
pendant les hautes eaux par le Logone et le Chari. Ces deux cours d'eau
appartiennent au bassin hydrographique du Chari (600.000 Km2), (Boulvert,
1996). Le Logone, long de 1000 km, prend sa source dans les plateaux de
l'Adamaoua (Cameroun). Il reçoit de part et d'autre de son cours, des
eaux de la Mbéré, la Lim et de la Pendé qui grossissent
son cours supérieur. Son régime est caractérisé par
une crue qui débute avec le commencement de la saison des pluies
(Mai-Juin). Le Logone connaît ses plus hautes eaux en Juillet-Août.
C'est pendant cette période que la grande partie des trafics de bois et
charbon de bois est réalisée par radeaux et pirogues. La
décrue est régulière dès la fin de Novembre.
L'étiage se situe en Mars-Avril. Pendant la plus forte crue, le Logone
inonde les plaines environnantes par ses
29
déversements qui serviront de champs de culture de
décrue (béré-béré) lors des descentes des
eaux et d'exploitation de bois-énergie.
Par contre le Chari, résulte de la jonction de
plusieurs rivières venant de la République Centrafricaine
(Gribingui, Bamingui, Bangoran), dont la plus importante est Ouham. A partir de
N'Djaména, le Chari recoupe le Logone et coule en direction du
Lac-Tchad. Comme le Logone, son régime y est sensiblement identique. La
crue débute en Juin pour atteindre son maximum en Octobre-Novembre (2500
à plus de 4000m3/s suivant l'année considérée
à N'Djaména). La décrue est régulière
à partir de Novembre et l'étiage a lieu en Avril-Mai (moins de
150m3/s). Pendant la saison sèche, son défluent le Bahr-Erguig
n'est qu'une succession des mares. Malgré leur courte période de
navigation, le Chari et le Logone constituent à partir de
N'Djaména des zones d'intenses activités de pêche. Ils
permettent en outre, l'acheminement de bois de chauffe (par radeau) et charbon
de bois à N'Djaména. Sur ce relief où la pente s'incline
du Sud vers le Nord, on a des sols qui présentent toutes les
caractéristiques physiques chimiques et biologiques des régions
sahéliennes (Pias, 1954).
1.1.4.7- Hydrographie
D'une manière générale, la ville de
N'Djamena se trouve dans le bassin du lac Tchad avec une superficie de
1.000.000Km2. Le fleuve Chari et son affluent le Logone traversaient la ville
de N'Djamena ; rappelons que le fleuve Chari est long de 1200Km ; au niveau de
Chagoua, ce fleuve a module de 730m3/s, sa variation est
caractérisée par une crue annuelle, qui débutera avec la
saison des pluies et parvint à son maximal en Octobre, Novembre et avec
un débit qui est voisin de 3500m3/s ; selon les études
menées sur ce fleuve en 1961, de nos jours, les données sont en
chutes ; (voir le tableau 4). Le deuxième fleuve qui traverse la ville
est le Logone avec une longueur de 100Km, il se coïncide avec le Chari
derrière le palais Présidentiel pour se diriger vers le lac
Tchad. Ces deux fleuves forment le grand cours d'eau de la ville de N'Djamena
(zone tropicale).
30
Tableau no3 : Caractéristique du Chari
et Logone
Caractéristiques
|
Longueur
|
Superficie du bassin (Km2)
|
Débit moyen (m3/s)
|
Volume écoulé par an (Gm3)
|
Lame d'eau
écoulée (mm/an)
|
Chari à
N'Djamena
|
1200
|
548 747
|
1 059
|
38,5
|
56
|
Logone à
N'Djamena
|
960
|
78000
|
492
|
12
|
210
|
Source : INSEED, (2020)
1.1.4.8- Pédologie
La base de toute activité de l'homme repose sur la
terre. Les sols de N'Djamena sont stratifiés en quatre séries
principales. Ils sont composés d'une série sableuse ancienne, une
série argileuse ancienne d'origine fluvio-lacustre7, une
série sableuse récente d'origine fluviatile et une série
argileuse récente d'origine lacustre (Pias, 1954). A cet effet, l'on
note par observation la présence d'une série alluviale actuelle
sur les bourrelets de berge. Elle a une altitude Moyenne de 300 mètres
avec un modelé à pente douce (0,5 à 1%). Ces séries
de sols correspondent à de grandes plaines d'inondation, de
légères ondulations et des dépressions à pente
très faible voire nulle (Abdelgader, 2011). En saison pluvieuse,
l'argile s'imbibe d'eau, se gonfle et le transforme en une boue épaisse
et très gluante. Ce qui rend l'infiltration des eaux de pluie avec
difficulté. Elle peut avoir une incidence sur l'habitat. L'étude
(Pias op cite) montre que les sols de notre zone d'étude sont
essentiellement à dominance argileuse et ne permettent pas
l'infiltration des eaux de pluie dont la mauvaise perméabilité
provoquant des inondations. Ainsi, cette mauvaise perméabilité
des eaux de pluie et le déversement des eaux du Chari et du Logone
transforment certains quartiers du 9eme arrondissement de la ville
en de vaste étendu d'eau provoquant d'énormes dégâts
mettant la population dans un sentiment d'insécurité lié
à l'habitation. Sous l'effet de la chaleur en saison sèche, l'eau
s'évapore rapidement et l'argile se tasse et se fendille par
dessiccation. Nous distinguons deux principaux types de sol dont les
caractéristiques sont les suivantes.
7 Selon le Dictionnaire Cordial, le terme
fluvio-lacustre désigne en géographie et en géologie,
relatif aux rivières et aux lacs.
31
1.1.4.8.1- Sols argileux
noirs
Ce sont des vertisols (sols riches en argiles) dans lesquels
des débuts d'alcalisation commencent à se produire dans ces
argiles sous ces latitudes. Dans l'horizon argileux et sabloargileux, leurs
propriétés physiques sont inadaptées aux plantes, avec
notamment une structure grossière, une assez forte cohésion et
une perméabilité quasi nulle en saisons pluvieuses. Ces sols sont
situés dans les bas-fonds ou dans les dépressions inondables.
C'est le cas du quartier Walia.
1.1.4.8.2- Sols sablo-argileux
Ils présentent également une structure
grossière, une faible perméabilité et une forte
cohésion. On les rencontre sous forme d'ilots isolés et
irrégulièrement repartis. C'est le cas dans le quartier Walia.
L'horizon supérieur est perméable, mais peu profond.
1.1.4.9- Végétation
Notre zone d'étude se situe dans le secteur
sahélien. Les limites de ce secteur coïncident avec l'aire des
épineux au Nord et l'aire des Combretum glutinosum au Sud. (Pias 1970)
en étudiant les paysages naturels du Tchad, distingue trois formations
végétales dans le bassin d'approvisionnement
énergétique de la ville de N'Djaména : les savanes
arborées denses, les savanes arbustives et les savanes arbustives
très clairsemées des sols de « naga ». Elles
appartiennent à des formations sur sols sablo-argileux à
argilo-sableux au groupement à Balanites aegyptiaca (Hidjelidj)
parsemées de Boscia senegalensis. Ces derniers sont menacés de
disparition à cause de leur importance au besoin de feu de bois.
Dans le bassin, subsistent en outre d'espèces
soudaniennes : khaya Senegalensis-Calcedrat-(Mouraï en arabe),
Anogeïssus leiocarpus-Guetch-(ddira en sarh). Ces espèces dominent
nettement la strate arbustive et sont souvent regroupées autour des
dépressions qui sont peut-être des « vestiges de la
végétation forestière primitive » (Grondard,
1964). Elles servent le plus souvent à la fabrication des pirogues et
comme bois d'oeuvre pour la charpente des bâtiments.
Sur les sols inondés ou proches d'inondation, on note
une raréfaction d'arbres et d'arbustes, mais fréquemment
ceinturés par une végétation très clairsemée
caractéristique de la « naga ». Il s'agit d'une
végétation qui se réduit à quelques arbres et
arbustes généralement malingres et clairsemés,
séparés par des grands espaces nus. Ce type de
végétation ne résulte
32
pas des facteurs climatiques, mais celui des facteurs
pédologiques particuliers (Pias, 1970). La monotonie de ce paysage est
parfois interrompue par une végétation dense (galerie
forestière) qui longe les cours d'eau (Chari et Logone).
La savane arbustive se localise à la limite nord de la
savane arborée dans la zone d'étude. Elle fait la transition
entre cette dernière et la pseudo-steppe. En fonction des sols qui la
portent et de leur régime hydrique, la savane arbustive est, en
général, formée d'une végétation basse de
petits arbres ou arbustes facilement pénétrables. L'ensemble de
cette végétation est formé de Tamarindus indica (Ardep),
Balanites aegyptiaca (Hidjilidj), Hyphaene Thebaïca (Palmier doum) et les
Acacia, accompagné de haut tapis graminéen d'androponées
(Cymbopogon proximus) sollicités pour la fabrication des seccos.
Tableau no4 : Principaux essences des
arbres selon leur famille dans le 9eme arrondissement
Famille
|
Nom scientifique
|
Nom en français
|
Nom en arabe
|
Mimosacées
|
Acacia millefera Acacia raddiana
|
Gommier Épineux
|
Kittir azrak Saïal
|
Meliaceae
|
Azadirachta indica Khaya Senegalensis-
|
Neem Cailcédrat
|
Mim Mouraï
|
Zygophyllaceae
|
Balanites aegyptiaca
|
Savonnier
|
Hidjelidj
|
Rhamnacées
|
Ziziphus mauritiana
|
Jujubier tropical
|
Nabak
|
Césalpiniacées
|
Tamarindus indica Bauhinia rufescens
|
Tamarinier
|
Ardep
|
Capparaceae
|
Boscia senegalensis
|
|
Korno
|
Arecaceae Anacardiaceae
|
Hyphaene Thebaïca borassus aethipum sclerocarya
|
Palmier doum Palmier rônier Marula
|
Dom
Deleb (doubi en foulfouldé)
|
Myrtaceae
|
Eucalyptus globulus
|
Gommier bleu
|
Safar mote
|
Source : Moukhtar. Données de terrain
(2021)
Le tableau ci-dessus nous permet de savoir quels types
d'arbres sauvages s'y trouvent avec leurs noms scientifiques et en langues
locales dans cette commune. Ce tableau laisse apparaître l'importance
spécifique de familles les Mimosacées, les
Césalpiniacées et les Combretacées, Anacardiaceae,
Myrtaceae caractéristiques du domaine sahélien parmi
33
lesquelles les familles dites Mimosacées et
Combretacées sont les plus sollicitées pour les besoins en
énergies domestiques et bois d'oeuvre.
1.2- CADRE HUMAIN
Il s'agit pour nous dans cette partie de présenter le
cadre humain qui regroupe l'historique de commune du 9eme
arrondissement (N'Djamena), l'historique des groupes de peuplement, leurs
activités, l'organisation administrative et leurs situations
économiques.
1.2.1- Historique du 9eme arrondissement
Créée en 1900 après la rude et
décisive bataille entre les trois colonnes française et le
conquérant soudanais RABAH, la Ville de Fort-Lamy, actuel N'Djamena, est
devenue « Commune de pleine exercice » en 1956, puis
capitale avec l'accession du Tchad à la souveraineté
internationale en 1960. Au regard de son expansion démographique et
spatiale galopante, les différents gouvernements qui se sont
succédés, ont subdivisé la Ville en arrondissement. C'est
ainsi que le village « Walia », administré par le
Canton Madiagoh dans le Chari-Baguirmi et riverain à la Ville de
N'Djamena, fut érigé en arrondissement en 2004.
Conformément aux recommandations de la Conférence Nationale
Souveraine, le 9eme arrondissement est devenu Commune d'Arrondissement par
Ordonnance n° 005/PR/2011, le 10 Février 2011.
Aux termes des élections locales de février
2012, le premier Exécutif Municipal est dirigé par le premier
administrateur Délégué du 9eme arrondissement
Mr DOMO GUIDJINGA, comme premier Maire Elu. Après cinq ans de service,
il cède sa place à Mr MAHAMAT SALEH KERIMA. Il faut aussi noter
qu'étant arrondissement, les Administrateurs qui se sont
succédés à Mr DOMO, sont respectivement Mme NADJITA, Mme
née Louise MAKIA (20062009) et Mr ABDEL AZIZ DEFALLAH ABDEL AZIZ
(2009-2012).
1.2.1.1- Peuplement dans le 9eme arrondissement
L'actuelle commune du 9eme arrondissement qui
était autrefois des villages administrés par le Canton Madiagoh
dans la sous-préfecture rurale de Mandaliya couvrant une superficie de
61, 88 km2 avec une population de 78 241 habitants, selon les
statistiques de 2003. Aujourd'hui, elle est estimée à 127 446
habitants. Cette commune compte en son sein, 6 quartiers dont 1 autre
nouvellement intégré donc au total, nous avons 7 quartiers ; il
s'agit de
34
Digangali, Kabé, Ngoumna, N'Gueli, Toukra, Walia et
Gardolé Djedit qui gardaient les même noms.
Tableau no 5 : Toponymie des
quartiers et leurs significations
Num érotat ion
|
Noms des quartiers
|
Significations
|
Langue
|
1
|
Digangali
|
Marigot, lac
|
Mousgoum
|
2
|
Kabé
|
Champ de riz
|
Sara et
Ngambaye
|
3
|
Ngoumna
|
Haut, élevé, plat.
|
Massa
|
4
|
N'Gueli
|
Marre, lac
|
Moussey
|
5
|
Toukra
|
A une époque lointaine, vivait un vieux guerrier
nommé « Toukouna », un grand éleveur qui fait
paitre ses bétails dans cette zone. Il était aussi de la base un
sédentaire qui fait les aller et retour vers le grand Kanem, Niger,
Nigeria et le Cameroun pour la commercialisation de ses bétails. Il est
considéré comme la première personne construit sur cette
zone. Ce qui faisait de lui un guerrier c'est son pouvoir extrême qui lui
permettait de détecter les mauvaises personnes (les sorciers, les
voleurs). Les habitants des quartiers/villages environnant sollicitaient son
service. Donc, ils disaient tout simplement « allons chez le Toukouna
» et c'est par ce nom là et par mauvaise appellation que le nom de
Toukouna changé par Toukra. il est aussi le chef de terre de ce
village
|
Arabe
|
6
|
Walia
|
1- Un groupe ethnique appelé Massa Walia. Ce groupe
ethnique est considéré comme le tout premier occupant du
quartier/village Walia
2- Walia s'est traduit par « Lit d'eau »
|
Mousgoum
|
35
7
|
Gardolé Djedit
|
« Sous l'ombre ». Ce nom du quartier
à l'époque était au centre de Fort Lamy dans le
3eme arrondissement. Avec
|
|
|
|
l'urbanisation, ce quartier était
considéré comme espace
|
Arabe
|
|
|
de l'état (réserve). En 2008, l'état avait
pris son espace et
|
|
|
|
dédommagé les habitants en les donnant les
espaces dans
|
|
|
|
le 9eme arrondissement. Donc c'est parti du nom
Gardolé
|
|
|
|
a « Gardolé Djedit »
veut dire : « sous l'ombre nouvel
».
|
|
Source : Moukhtar. Données de terrain
(2021)
1.2.1.2- Ethnicisassions des quartiers dans le
9eme arrondissement
Les groupes ethniques dominants dans cette commune c'est
d'abord les Massa, les Marba, le Kim, les Mousgoum et les Arabes ; ce sont les
races dominantes. Toutefois, a Kalwa, on trouve les Ngambayes, vers le Toukra
les autochtones sont des Arabes, à Ngoumna, ce sont les Massa, Marba,
Kim ; vers le Kabé et Kerweti on trouve que de Massa et de Ham, quand on
revient à Digangali c'est le Mousgoum, les Kotoko, les Baguirmi et un
peu des Massa aussi. A Walia aussi, on trouve que des Massa et Mousgoum par
contre à Ngueli, on trouve les Saras.
L'ethnie constitue le principal critère de choix
d'installation des populations dans la circonscription du 9eme
arrondissement. Elle constitue une plausible explication de la configuration
sociale sur cet espace. La plupart des sous quartiers sont ethnicisés.
On parle de Walia Hadjarai, massa, Ngoumna Toukra Arabe etc.
1.2.1.3- Religions
Dans cette commune les religions abrahamiques sont dominantes
: le Christianisme, l'islam mais tout de même, certains individus ou
personnes ne partageant aucune de ces idéologies religieuses ; ils sont
taxés des animistes par les adeptes des religions dites Abrahamique.
Même si l'on pourrait épiloguer sur la population d'adeptes que
revendiquent ces deux systèmes de croyance, notons néanmoins que
la cohabitation est pacifique entre les deux systèmes de croyance.
Le 9eme arrondissement Municipal de la Ville de
N'Djamena est dirigé par un Maire élu assisté de deux
adjoints à qui, il a délégué certains de ses
prérogatives. Au sein de son
1.2.2- Organisation administrative du 9eme
arrondissement
D'après ce tableau, il faut retenir que le nombre des
quartiers et Carrés est provisoire. Car, un 8eme quartier
vient d'être créé. Il s'agit du quartier Toukra Massa.
36
administration, se trouve un Secrétariat
Général, organe coordonnateur de toutes les activités de
la Commune en matière des ressources financières, humaines et
matérielles en lien avec la recette municipale, le service de l'Etat
Civil et la section Assainissement et Santé. En plus de cela,
l'Unité de la Police Municipale, chargée d'organiser et de
réguler la circulation et est, directement rattachée au Cabinet
du Maire. A côté de ces différents services, se trouvent
les services connexes comme le service d'alphabétisation,
socioéducatif et culturel qui travaillent en étroite
collaboration avec le Secrétariat Général.
Par ailleurs, il faut noter que la Commune abrite en son
territoire les différents services déconcentrés de l'Etat
comme la Justice de Paix, les différents Brigade Urbaine (BU) et
Commissariat de Sécurité Publique (CSP), l'IDEN9, les services
des Eaux et Forêts, le Renseignements Généraux (RG),
l'Agent National de Sécurité (ANS), la Brigade fluviale, la
Police Nautique, la Police Immigration, la Circonscription des Douanes, le
Secteur de l'élevage avec qui, elle collabore cordialement.
Tableau no 6 : Tableau
récapitulatif des quartiers, carrés et marchés
N°
|
Quartiers
|
Carrés
|
Marchés
|
01
|
Walia
|
51
|
02
|
02
|
Digangali
|
21
|
01
|
03
|
Toukra
|
39
|
03
|
04
|
Nguéli
|
22
|
01
|
05
|
Kabé
|
15
|
-
|
06
|
Ngoumna
|
40
|
01
|
07
|
Gardolé Djedit
|
36
|
01
|
|
TOTAL
|
225
|
10
|
Sources : Archives de la Commune du
9eme arrondissement (2020).
37
1.2.2.1- Administration civile et
traditionnelle
Au sein de la commune, on trouve les sociétés
civiles, les organisations non-gouvernementales (nationales), des associations
culturelles, religieuses, communautaires et communales pour
l'intérêt collectif de ladite commune. La commune du
9eme arrondissement est constituée de 9
délégués des quartiers, 77 chefs des carrés
(Boulama)8, 4 délégués responsables des
sinistrés, 17 pasteurs et 9 imams reconnus légalement par la
mairie de ladite commune.
1.2.3- Situation socioéconomique de la commune
La masse triangulaire que forme le 9eme
Arrondissement fonde sa situation socioéconomique sur les deux routes
nationales N'Djaména-Sud du pays, et N'Djaména-Kousséri.
La population constituée en majorité de la mosaïque
tchadienne pratique le commerce issu des produits de l'agriculture et de
l'élevage. Au niveau des unités industrielles, la Commune n'en
dispose pas, hormis les (08) huileries de presse d'arachides. A
côté de cela, nous avons (01) une boulangerie et (02) deux
fabriques de glace dont l'une est actuellement en panne. Pour la menuiserie, il
y en (42) quarante-deux, tandis que les stations-services sont au nombre de
(12) douze dont (02) deux ne sont pas opérationnels.
Sur le plan touristique, la Commune compte (25) vingt-cinq
auberges, (190) cent-quatre-vingt-dix bars, (161) cent soixante-un cabarets et
plus d'une soixantaine de grillades et cafétérias. Pour les
petits commerces, nous dénombrons (1058) mille cinquante-huit boutiques
de ventes de denrées alimentaires et d'articles de tout genre et (44)
moulins. Aussi, les marchés cités ci-haut sont des petits
marchés de fortune, en dehors de ceux de Ngoumna, Walia, Nguéli,
Gardolé Djedit et Toukra qui génèrent un peu de recettes.
En somme, toutes ces différentes unités de productions
commerciales précitées représentent la base de notre
assiette fiscale locale. En ce qui concerne les recettes
rétrocédées, nous avons la gare de Toukra et la baraque de
Walia où nous percevons les 4% à la source. Le reste est
versé par les services du Domaine, des Impôts et de la Douane dans
notre compte logé au Trésor. Par ailleurs, nous avons de la peine
à entrer normalement en possession des recettes domaniales et celles
rétrocédées par la Commune de la Ville de
N'Djaména.
8 Dans l'organisation administrative
traditionnelle, Boulama est considéré comme chef de
terre ou encore chef de quartier. Il détient un pouvoir sur ses
habitants et peut contrôler ses derniers. Il est aussi reconnu par la
maire et sa voix est aussi décisive pour trancher, il est
également salarié (dans certaines communes). Il a aussi ses mots
dans certaines cérémonies ou activités (la dot, mariage,
baptême...) dans son quartier
38
Toutefois, des diligences sont faites pour que cette situation
s'améliore, mais elle perdure toujours. En définitive, les
recettes locales de la Commune du 9eme arrondissement ne peuvent pas
supporter ses charges, si les recettes rétrocédées ne sont
pas normalement versées. De surcroit, l'appui de l'Etat s'avère
nécessaire, en terme de subvention conséquente d'une part, et
d'autre part, autoriser le paiement du loyer et du carburant par le
Trésor Public, en plus du salaire9.
1.2.4- Activités des populations du 9eme
arrondissement
Selon (Khari, 2011), les principales activités
économiques pratiquées dans la zone dépendent des
ressources naturelles fournies par la plaine. Ces activités sont
fortement influencées par les saisons, lesquelles sont en particulier
caractérisées par l'absence ou la présence des pluies et
d'inondation. Par conséquent, les habitants de la plaine ont plusieurs
moyens d'existence, avec des degrés de spécialisation allant du
pastoralisme à l'agriculture en passant par la pêche et d'autres
activités économiques (Loth, 2004).
La commune du 9eme arrondissement avant
c'était des villages ou les Haoussa, Foullata (peuls), les Bornous
(Kanouri) et les arabes choua viennent par Kousserie avec leur marchandise pour
vendre dans ses petits villages et c'est grâce au point Ngueli reliant le
Tchad au Cameroun. Les premières activités avant l'ouverture du
pont, sont d'abord l'agriculture, l'élevage, la pèche, les
cultures maraîchères et le commerce ; et quand le pont N'Gueli est
ouvert en 1992, les activités sont boostées, c'est-à-dire,
la majorité de population a tournée vers le commerce. Le
transport routier et maritime est au centre de leurs activités. On
compte d'important nombre de commerçants traversant le pont ou le fleuve
Logone à la recherche de marchandise à commercialiser.
1.2.4.1- Agriculture
L'agriculture est la principale activité de production
dans la plaine d'inondation de Logone et implique toutes les ethnies. Elle
s'étale sur pratiquement toute l'année. L'activité
agricole représente un grenier d'opportunités d'emplois et
d'insertion socio-professionnelle pour la population de N'Djamena en
générale et surtout celles du 9eme en particulier.
Leur particularité par rapport aux autres est juste le fait que la
commune du 9eme arrondissement est
9Archive de la commune du 9eme
arrondissement. Durant notre stage au sein de la commune, nous avons pu
parcouru le maximum de documents sur l'organisation de cette dernière et
des inondations en particulier. Toutes les données statistique dans
cette partie, est issues directement des archives de la commune.
39
au confluent Chari et Logone. Les habitants de cette zone
profitent en maximum des fleuves pour leurs activités agricoles surtout
en période pluvieuse. On remarque sur cette zone les
céréales, l'horticulture constitue une partie essentielle du
régime alimentaire de la population riveraine : la tomate, le gombo, les
carottes, les choux, les concombres, les aubergines font désormais
partie du quotidien. Grace à leurs activités agricoles, les
agriculteurs du 9eme arrondissement bénéficient des formations de
la part des ONG nationaux à l'instar de Fondation Grand-Coeur, AYA
CHAD10. Sur cet angle d'agriculture, toujours vers le Kabé et
malow, on remarque des grands hectares de culture de riz (La riziculture).
1.2.4.2- Elevage
L'élevage est une activité qui se pratique sur
une très longue période, durant toute la saison sèche,
soit pendant sept mois, d'Octobre à Mai. Mais pendant la saison
pluvieuse, ce secteur rencontre de graves difficultés y compris les
pertes. Dans la commune du 9eme arrondissement, la pratique de l'élevage
est toujours excellente et la population s'en sort pas mal.
Considéré aussi une de leurs activités depuis et ils ne
comptent pas le laissé parce que la zone est urbanisé. Dans les
quartiers comme Walia, Ngoumna, Digangali et N'Gueli, on trouve l'aviculture
(poulet de chair et pondeuse, la cuniculture, l'élevage caprin, porcin,
élevage de canards et pintades.
Par contre vers le Toukra, on trouve les éleveurs
nomades avec des têtes des chameaux, de boeufs et aussi des
chèvres. Ils se sont installés sur ce site depuis plus de 10 ans.
Malgré leur adaptation, ils rencontrent des difficultés surtout
en période pluviale. À chaque saison de pluie, ces nomades
renvoient toutes leurs fortunes et bétails vers le centre du pays
à cause des intempéries. C'est dans cette perspective que notre
informateur témoins en ce sens :
Nous, notre activité n'est pas compatible avec la
saison pluvieuse, pendant Cette période, on envoie notre bétail
dans les régions de Hadjer-Lamis et Kanem pour les faire paître.
Les chameaux n'aiment pas l'eau sale et la boue. Tous les espaces sont
cultivés donc nous sommes obligés de les déplacer à
cause de pâturage. On garde quelques têtes de moutons et
chèvres près de nous, pour notre survie. (Entretien avec
Hassan, 62 ans, éleveur à Toukra, septembre 2021).
Dans ces propos, nous pouvons retenir que pendant la saison
pluvieuse, les pratiques tournent au ralenti dû au faite que les animaux
ont du mal à s'adapter dans les zones inondable
10 Aya Tchad (Africa Youth AgriBusiness
Organisation) est une association à but non lucratif, non
confessionnelle et apolitique de droit tchadien, créée en 2016.
Aya Tchad a pour objectif de promouvoir l'agriculture. Elle accompagne dans la
création dans l'Agro-Sylvo-Pastoraux et Agri-Entreprenariat
40
tel que Toukra. Dans durant cette période, les
éleveurs, surtout les dromadaires sont obliger à déplacer
leurs bétails dans les zones non inondables.
1.2.4.3- Pêche
La rive Logone est l'une des zones de pêche les plus
productives d'Afrique. Le cycle de production des poissons commence avec la
saison des pluies (Khari, 2011). La pêche est une activité
importante dans la zone et notamment dans le Logone et le Chari, les mares et
les canaux de pêche. Elle est le domaine de prédilection par
excellence des Massa et des Mousgoum (Mvondo, 2003). Ils ont
développé depuis plusieurs siècles, un système de
gestion coutumière de la ressource halieutique et de certains espaces
sur l'aspect communautaire (Aceen, 2007).
Walia (lit de l'eau) un des quartiers du 9eme
arrondissement était à l'époque un espace de l'eau ou les
riverains pèchent en toute indépendance. Il est a noté
que, les habitants autochtones du 9eme arrondissement sont connus
par la pèche et ils sont considéré comme les seigneurs de
l'eau. C'est dans cette perspective qu'un de nos informateurs argumente ces
propos en ce sens : « Je suis né et grandit ici, et à
l'époque tout ce que vous voyez-là c'est de l'eau. On met nos
filés partout, nous avons nos pirogues. On était le génie
de pèche. Et c'est avec ça, qu'on est grandi et on a
élevé aussi nos enfants ». Dans la rive Logone
où se pratique la pêche collective. Le poisson capturé est
soit vendu frais soit transformé en « banda bangui »; il est
généralement destiné aux marchés de
N'Djaména. La chasse aussi était considérée comme
une des activités phares dans cette commune. Vers le quartier
Kabé et Toukra, à l'époque étaient la forêt
dense où on vit que de chasse par la communauté Sara de cette
localité. On le surnomme le (Mbaou) signifiant le chasseur et
pécheur en Sara.
1.2.4.4- Transport
Apres l'ouverture du pont N'Gueli reliant N'Djamena (Tchad)
à Kousséri (Cameroun) les voies maritimes et routières
sont devenues des véritables activités, surtout pour les
habitants du 9eme arrondissement. Les bus urbains, les
(Moto-taxi)11 les camions gros porteurs et traversée maritime
(Pirogue) sont en leur avantages pour raison de commerce de Kousséri
vers N'Djamena.
11 Transport de personne à motocyclette
consiste à transporter une personne sur un deux-roues
motorisé.
En effet, il y a une adéquation directe entre le sujet
et le cadre physique du fait que notre zone d'étude est au confluant
Chari-Logone et le mauvais aménagement ; ce qui fait que
41
1.3- RAPPORT ENTRE LE SUJET, LE CADRE PHYSIQUE ET
HUMAIN
Dans cette partie de notre travail, il est question pour nous de
présenter les rapports qui existent entre le sujet, le cadre physique et
humain.
1.3.1- Rapport entre le cadre physique et le sujet
La commune du 9eme arrondissement est située
au sud-Ouest de N'Djamena et est encadré par le triangle formé
par les routes qui mènent au sud du pays et à Kousseri au
Cameroun. Les côtés de ce triangle d'arrondissement sont les
fleuves Chari et Logone. Le niveau du sol dans ces quartiers est bien plus bas
qu'à N'Djamena, c'est pourquoi en période de crue, Walia
recueille l'eau des fleuves en débordement. Walia, un des quartiers le
plus peuplé de la commune, reste une immense banlieue où la
population vit dans la promiscuité, l'insalubrité due à
l'absence des caniveaux, de point de ramassage de déchets
ménagers, de latrines, etc., zones à risque naturels et
géographiques. Les constructions en Poto-poto (terre battue) dominent.
La commune est particulièrement touchée à cause de son
implantation dans la vallée des fleuves Chari et Logone.
1.3.2- Rapport entre le cadre humain et le sujet
La population de Walia est essentiellement issue de l'exode
rural ce donc pauvre, vivant de petits métiers, du travail domestique,
et autres métiers comme cireur, gardien de maison de pêcheur etc.
L'on y trouve toutes les communautés tchadiennes. En plus des Massa et
Marba, groupes ethniques majoritaires et premiers habitants de la commune, l'on
y trouve aussi les ressortissants du Mandoul, du Moyen Chari, de la
Tandjilé, du Guera du Batha et du Bourkou-Ennedi-Tibesti (B.E.T). Sans
moyen d'existence, cette population est attirée par cet arrondissement
où le coût de vie est relativement moins cher que dans d'autres
quartiers de N'Djamena. Les six premiers quartiers du 9eme se sont
mis en place de façon traditionnelle. C'est-à-dire, sans
urbanisation et les quartiers manquent de routes. Pour aller d'un bout à
l'autre, il faut emprunter des ruelles labourées de rigoles. La
pauvreté, l'insalubrité et l'ignorance, les activités
liées à l'exploitation des sols, l'occupation des espaces non
aménagé et les constructions des maisons en terre battue de la
population du 9eme arrondissement causent gravement des
inondations.
42
pendant la forte ou une abondante pluie dans la ville, l'eau
sort de son lit et se déverse au quartier par manque de passage
habituel. Le rapport existant entre le sujet et le cadre humain est que la
population de ladite commune est impliquée aux causes des inondations
par leurs activités et pratiques quotidiennes telles que : occupation
des espaces non aménagés ou inondables, dépôts de
déchets des ordures dans les caniveaux et les constructions des maisons
non en dur par manque de moyen.
Au terme de ce chapitre qui porte sur le cadre physique et
humain du 9eme arrondissement de N'Djamena. S'agissant le rapport entre le
cadre physique et le sujet, nous sommes arrivés à la conclusion
selon laquelle le 9eme arrondissement est situé entre les
fleuves Chari et Logone. Le niveau du sol dans ces quartiers est bien plus bas
qu'à N'Djamena, c'est pourquoi en période de crue, la grande
partie de l'arrondissement recueille l'eau des fleuves en débordement.
Quant au rapport entre le cadre physique, humain et le sujet, la population du
9eme arrondissement est essentiellement issue de l'exode rural, elle est
attirée par cet arrondissement où le coût de vie est
relativement moins cher que dans d'autres quartiers de N'Djamena. Les six
premiers quartiers du 9eme se sont mis en place de façon
traditionnelle. Le chapitre suivant nous plongera dans la revue de la
littérature, la construction du cadre théorique et la
définition des concepts clés de notre sujet.
CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE, CADRE THEORIQUE ET
CONCEPTUEL
44
Tout processus intellectuel vise une production à
l'échelle scientifique est soumis au préalable à une
activité qui consiste au recensement des écrits du sujet
sous-tend une recherche. Car, un travail de recherche suppose l'existence des
travaux antérieurs réalisés dans les mêmes champs de
connaissance. Le présent chapitre est structuré en trois temps.
Dans un premier temps, c'est la revue de littérature. Il s'agit de
recenser les écrits tirés de travaux scientifiques de notre
thématique, ensuite dans un second temps, nous allons définir les
concepts clés de cette recherche et enfin nous allons décrire et
expliquer les théories qui ont servi à interpréter les
données de recherche.
2-1- REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INONDATIONS
La revue de littérature consiste à faire la
recension des écrits sur un thème bien précis. C'est faire
le bilan critique de ce qui a été produit dans le domaine de la
recherche concernée. D'après N'DA, (2006) cité par Deli
Tizé, (2011 : 20) : « on arrive toujours trop tard dans un
monde trop vieux. Il y a toujours quelques chose déjà
écrit : si c'est ne pas directement sur votre thème ou sujet,
c'est sur les aspects approchants : si c'est ne pas chez vous, c'est sous
d'autre cieux ». Une revue de littérature est d'autant plus
importante qu'elle permet, à l'étudiant chercheur d'avoir de
connaissances élargies sur son sujet de recherche. Il est donc important
dans ce cas de recenser les écrits antérieurs par rapport aux
champs de recherche actuelle afin de donner une bonne orientation au sujet
à traiter. L'intérêt va être porté aux travaux
réalisés par d'autres dans le domaine thématique de cette
recherche afin de l'améliorer et d'éviter de reprendre les
mêmes travaux.
2-1-1- Généralité sur les questions
des inondations
Au cours des deux dernières décennies, les
inondations ont constitué les catastrophes les plus récurrentes.
À l'échelle mondiale, elles représentent 34% des
catastrophes naturelles enregistrées entre 1990 et 2007 (CRED, 2007).
L'inondation peut être un risque majeur aux conséquences humaines
et matérielles extrêmement préjudiciables. Selon
l'étude annuelle du Centre de Recherche sur l'Epidémiologie des
Désastres (CRED, 2007), le nombre de personnes touchées par les
catastrophes a considérablement augmenté, atteignant près
de 200 millions en 2007 contre 135 millions en 2006. Sur ce total, la grande
majorité (164 millions) a été victimes d'inondations.
Selon le Dartmouth Flood Observatory (DFO, 2007), le bilan de l'année
1996 fait état de 6210 décès, 12,8 millions de personnes
évacuées 4,7 millions d'hectares submergés et 12,2
milliards de dollars américains de dommages ; aussi, la même
source indique que, le
45
bilan de l'année 2007 est beaucoup plus lourd : 12429
décès, 35,6 millions de personnes déplacées et 22
milliards de dollars de dommages. Ces chiffres montrent bien que les dommages
occasionnés par les catastrophes naturelles, les inondations en
particulier, deviennent de plus en plus importants aussi bien sur le plan
sanitaire que matériel. Selon la note conceptuelle du dialogue sous
régional des pays membres de la CEDEAO12 sur les changements
climatiques qui s'est tenu à Cotonou du 18 au 22 octobre 2008,
Le contexte des changements climatiques en Afrique selon
le quatrième rapport d'évaluation du Groupe Intergouvernemental
d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) établi en 2007,
l'Afrique est l'une des régions du monde les plus vulnérables aux
changements climatiques. Cette situation est aggravée par l'interaction
des contraintes de développement telles que la pauvreté,
l'accroissement rapide de la population, l'accès réduit aux
finances, la technologie et l'information, la dégradation de
l'environnement, la faible conscience en matière environnementale, les
catastrophes et conflits complexes, réduisant ainsi la capacité
d'adaptation du continent, tout en augmentant sa vulnérabilité
aux changements climatiques prévus.
Au Cameroun, les catastrophes naturelles à l'instar des
inondations sont à l'origine de plusieurs dommages. Ainsi, entre
2005-2014, 96867 personnes ont été affectées par les
risques naturels et 717 en ont perdu la vie. N'Djaména, la capitale du
Tchad, n'est pas épargnée de cette croissance urbaine. Sa
population est passée de 132 500 habitants en 1968 à 530 965
habitants en 1993(RGPH1). Cette population est actuellement de plus de 993 492
habitants (RGPH2).
2-1-2- Facteurs des inondations
Plusieurs auteurs des domaines différents ont
contribué aux questions des inondations tant en milieux urbains que
ruraux. Les facteurs des inondations ont été abordés sous
différents angles.
2-1-2-1- facteurs naturels
Plusieurs auteurs des domaines différents ont
contribué aux questions des inondations tant en milieux urbains que
ruraux. Pour certains géographes, ils mettent l'accent sur les causes
naturelles entre autres les bas-fonds et site environnent des rivières,
sont en permanant danger aux inondations. C'est dans ce sens que Denis, (1953),
présente le site de la ville de N'Djamena. Pour cet auteur, un des
facteurs des inondations dans la ville de N'Djamena est dû à la
faible
12 Communauté Economique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est une organisation intergouvernementale
ouest-africaine créée le 28 mai 1975. Son but principal est de
promouvoir la coopération et l'intégration avec l'objectif de
créer une union économique et monétaire
ouest-africaine.
46
pente du site de la ville. Pour lui, l'inadaptation des
ouvrages de drainage existants comme un problème auquel le gouvernement
doit remédier. Kenlacks, (2019), Yaoundé VI se caractérise
d'autre part, par son relief formé de hauts plateaux
étagés entre 700 et 800 mètres d'altitude,
couronnés de massifs montagneux aux formes arrondies (culminant entre
1000 et 1200 mètres d'altitude). Cela crée un paysage très
contrasté de pays et de vallons éminemment favorable à la
mise en valeur de sites remarquables. Il souligne que cet espace urbain est
vulnérable à de nombreux risques naturels au rang desquels, les
glissements de terrain, l'érosion de sol et les ravinements et surtout
les inondations. Il conclut son analyse que l'aléa hydro climatique est
comme vecteur du risque d'inondation dans l'arrondissement de Yaoundé
VI.
Le changement climatique provoque parfois l'abondance de
pluie. Des auteurs pensent qu'une des causes principales des inondations est
liée étroitement au changement climatique. Selon une étude
réalisée par le MHUR (2012), les inondations au Tchad, sont dans
la plupart de cas d'origine pluviale et sont liées à trois
principaux facteurs à savoir l'intensité des pluies, la
fréquence de celles-ci et le relief. Dans la même vision, OCHA
Tchad (2012), souligne que les perturbations climatiques avec variation brusque
des précipitations ont un impact non négligeable sur les villes
du Tchad provoquant d'intenses inondations dans la plupart des localités
tchadiennes.
Ngansom, (2013), montre que dans le bassin versant de la
Besséké règne un climat de type camerounien. Il est
très pluvieux (9 mois de pluie). Le relief est diversifié. Les
altitudes sont inférieurs à un mètre à certain
endroit dans les quartiers Mambada, Nkomba et Besséké ; ce qui
favorise la stagnation des eaux. La pression démographique est
très forte dans cette zone ; ce qui pousse la population à
occuper de plus en plus les marécages et les zones interdites. Saha,
(2013) cité par Boring, (2019 : 7), constate que les variabilités
climatiques actuelles contribuent grandement aux risques des fortes crues. Pour
l'auteur, les aménagements inconséquents ainsi que les facteurs
naturels et anthropiques sont aussi les principales causes des submersions dans
la ville de Bamenda. Neffati, (2016), soutient que la météo et le
climat sont de même les causes majeures des risques de catastrophe. Le
débordement des lits en crue et les eaux pluviales engendrent des
dégâts matériels, environnementaux et le plus souvent de
pertes en vie humaine. Pour lui, les coûts économiques constituent
un défi pour le développement des pays les moins
développés.
47
2-1-2-2- Incivisme de la population
Plusieurs auteurs ont évoqué les
problèmes d'assainissement et aménagement comme facteur des
inondations en milieu urbain. AFD,13 (2014) : La
ville de Yaoundé, présente un relief accidenté et un
réseau hydraulique constitué du Mfoundi, principal cours d'eau,
et de ses affluents. La pluviométrie à Yaoundé est
abondante (2 000 mm d'eau/an). Le manque d'infrastructures d'assainissement se
traduit par une forte dégradation des conditions de vie, en particulier
dans les zones urbaines à forte densité et par une
prévalence des maladies hydriques et du paludisme. Dans la capitale
politique camerounaise, les inondations détruisent
régulièrement les logements, polluent les nappes
phréatiques et sont la cause de nombreux décès, notamment
d'enfants et de personnes âgées. Laganier, (2003), pense que le
manque des réseaux des conduits d'eau de surface qui est un
problème. En effet, la difficulté d'évacuation des eaux de
ruissellement constitue une cause majeure des inondations et leurs impacts dans
les zones urbanisées. S'il existe par exemple le réseau de
récupération des eaux usées, les eaux de pluie viennent
s'y ajouter et dépassent la capacité des infrastructures urbaines
d'assainissement. ECOSIT, (1998), précisait déjà que
« l'écoulement des eaux de pluie pose de sérieux
problèmes dans les sites inondés pendant la saison pluvieuse
(...). Des progrès significatifs impliquent la réalisation des
grands équipements d'assainissement... ». L'insuffisance des
équipements accentue la fragilité des ménages dans les
quartiers périurbains des villes à l'exemple de N'Djamena. Ils
sont vulnérables à cause de ces mauvaises conditions de vie.
Certains auteurs affirment que les problèmes de
l'incivisme et l'insalubrité constitue aussi les facteurs des
inondations. c'est pourquoi Kertemar, (2010), jette les pierres sur la
population du 9eme arrondissement surtout celle des quartiers
kerwai, Toukra et Walia Hadjaray investissent dans la confluence du Chari et
Logone dans l'exploitation des briques cuites, de remblais, de sable et
d'autres activités quotidiennes telle que la pèche. Leurs
différentes activités jouent négativement à la
durabilité de la digue et fragilisent les fleuves. C'est ce qui cause du
recul des berges de fleuves Chari et Logone. Selon Lacede, (2010), revient de
retenir que les actions anthropiques notamment la mauvaise gestion et la
mauvaise organisation de l'espace accroissent le rythme de survenance des
inondations.
13 Agence Française de Développement
agit plus de soixante-dix ans pour lutter contre la pauvreté et
favoriser le développement dans le pays du Sud. Elle soutient
également le dynamisme économique et social des d'outre-mer. La
présence de l'AFD au Cameroun assure donc un rôle essentiel dans
la gestion et la coordination de projet de l'ensemble de la région.
48
2-1-2-2- Occupation anarchique
L'occupation anarchique ou occupation des zones inondables est
au centre des questionnements de certains auteurs. Pour eux, l'occupation des
espaces non urbanisé ou inondables est l'une des causes des inondations.
L'Anthropologue Bouchard-Bastien, (2019), pose la question de savoir : Pourquoi
des québécois choisissent-il de vivre en zones inondables? Elle
cherche à comprendre ces milieux de vie « à risque »
selon les autorités, et de donner une voix aux riverains qui sont
visés par ce moratoire. Afin de mettre au jour les savoirs et les
pratiques de riverains vivant en zones inondables et leurs
interprétations des événements, l'auteure a choisi
d'étudier les rapports socio-environnementaux liés aux
inondations récurrentes dans le territoire du bassin versant de la
rivière Sainte-Anne. Dabara, et al., (2012), dans une revue
pensent que « l'analyse des relations entre la dynamique
d'urbanisation et les incidences des inondations urbaines dans la ville de
Gombe au Nigeria », est la dynamique d'urbanisation mal
gérée qui entraine l'occupation anarchique des espaces à
risque. Les populations construisent anarchiquement dans les zones non
urbanisées sans mesurer les risques qu'elles courent. Ils le
décrivent à travers une analyse sur la ville de Gombe (Nigeria).
Les auteurs expliquent comment l'implantation informelle des habitations dans
les zones inondables, devient un obstacle à l'écoulement des
eaux. Ils concluent que l'ignorance des populations contribue à
entretenir le risque. Ce risque se transforme en catastrophe dès qu'il y
a un phénomène ponctuel de pluviométrie extrême.
Dans le même angle d'idée, Mbevo, (2019), démontre que l'un
des principaux facteurs de la vulnérabilité des populations du
Cap Cameroun aux risques d'inondation est l'occupation anarchique et
inadaptée du front de mer. Neba, A. (1987), prenant le cas des villes
camerounaises a conclu que la densification de l'habitat sur un espace non
planifié est le tremplin de nombreux risques urbain.
Kuetche, (2013), cité par Kenlack, (2019 : 11), estime
que le degré d'exposition de la population au risque d'inondation est
« sévère ». L'ampleur des inondations observées
à Yaoundé montre que les méthodes traditionnelles de lutte
ne donnent plus de résultats efficaces. Il conclut que
l'imperméabilisation de l'espace urbain favorise le ruissellement et
amplifie les effets d'inondation dont les principales causes demeurent les
précipitations et le relief.
Les conséquences des inondations pèsent
énormément sur la scolarisation des élèves c'est
pourquoi Draft Tchad, (2012), dans son « rapport d'analyse des
vulnérabilités du système
2-1-3- Dégâts liés aux
inondations
49
éducatif tchadien aux catastrophes naturelles
» plusieurs types des risques sont identifiés parmi lesquels
le déplacement de la population et les inondations. Selon le rapport,
les inondations ont impacté fortement sur le fonctionnement scolaire. Ce
dysfonctionnement est dû à la destruction des infrastructures par
l'eau et leur occupation par les sinistrés.
2-1-3-1- Pertes en vie humaines et matérielles
Des auteurs estiment que les conséquences liées
aux inondations sont multiples et parmi lesquelles les pertes en vie humaines
et matérielles. Les dégâts des inondations qui touchent la
capitale N'Djamena ont été chiffrés par l'Organisation
Internationale pour les Migrations (OIM). Au moins une dizaine de morts, des
refugiés sans abris. Au cours des dernières décennies, les
inondations ont constitué les catastrophes les plus récurrentes.
Selon l'étude annuelle du (CRED), 2007, le nombre de personnes
touchées par les catastrophes s'est considérablement accru,
atteignant près de 200 millions en 2007 contre 135 millions en 2006. Sur
ce total, la grande majorité (164 millions) a été les
victimes d'inondations. Selon la Marie centrale de la ville de N'Djamena, 18
cas de décès, 64 blessés et plus de 6.000 maisons sont
écroulées et/ou inondées en 2012. Mbevo, (2016), souligne
l'occurrence des inondations dramatiques urbaines dans la ville de Douala
(notamment celles du 19 septembre 2009 avec six décès et celles
de juin2015 avec quatre morts et cinq disparus). Houssou-goe, (2008),
présentait l'avènement des phénomènes climatiques
extrêmes comme une conséquence de la destruction des cultures. Les
cas d'excès pluviométriques voire d'inondations
enregistrées dans le milieu au cours de la campagne agricole 2007-2008
en sont une parfaite illustration. Les pluies abondantes et violentes de cette
campagne ont sérieusement affecté la production agricole, surtout
les récoltes de la première saison des cultures (avril à
juin). D'après ETT, (2012), les inondations ont détruits plus de
200 hectares des champs de riz, et environ 300 hectares des autres produits
(cultures de niébé, de feuilles de légumes, de tomates, de
piments, de gombo) dans le 9eme arrondissement à N'Djamena.
Dans la même étude, il précise en ce qui concerne le bilan
social des inondations survenues en 2007 fait par l'ONG Plan Bénin, que
« des centaines d'habitations, de cultures, de greniers de même
que le bétail et la volaille ont été détruits par
les eaux d'inondation, mettant en péril l'approvisionnement en vivriers
et augmentant les risques de maladies (paludisme et autres maladies hydriques,
du fait des eaux contaminées) ». Salah, (2004) fait mention
que les inondations catastrophiques portent atteinte aux activités
humaines et entravant les activités économiques en
Algérie. Selon Cantin, et al,. (2019), les causes et les
conséquences des inondations dans le (LCRR) Le bassin du Lac Champlain
et de la rivière Richelieu (LCRR) est riche en paysages naturels, en
histoire et en communautés
50
dynamiques. C'est aussi une région très
vulnérable aux inondations. Au printemps 2011, la région a connu
de graves inondations plus importantes que tout ce que l'on avait connu au
cours des 100 années passées. Ces inondations ont
été dues à la combinaison de la fonte rapide du couvert de
neige et à de fortes précipitations à la fin de l'hiver et
au printemps. La rivière Richelieu s'est élevée au-dessus
du niveau de crue pendant plus de deux mois. De nombreuses fermes et maisons
ont été endommagées. Plus de 40 collectivités ont
été directement touchées et des milliers de
résidents ont dû être évacués. Les dommages
ont été estimés à plus de 82 millions de dollars ($
US 2018). Kenkack, (2019), pense que la question du risque d'inondations dans
les bas-fonds de localité de Yaoundé n'est pas moindre car la
plupart de ces zones sont occupées par les populations en
majorité pauvres. En 2008 dans les bas-fonds du quartier Nkolbissong
(Yaoundé), environs 218 personnes ont été
sinistrées des suites d'inondations. En 2017 la ville a
été encore confrontée aux inondations (Poste Centrale,
Nkolbissong, Biyem-Assi, Mendong) qui ont causées des pertes
matérielles et mort d'homme. Pour l'auteur, ce phénomène
semble laisser les autorités sans voix et leur capacité d'agir
restent parfois faibles. Les élus locaux sont spectateurs et les
populations ne savent à quel saint se vouer.
2-1-3-2- Maladies hydriques
Les problèmes liés aux inondations sont
énormes, on peut citer les maladies hydriques et
épidémiques, inondations de champs s'affectent tous les ans,
l'accès à l'eau potable, l'accès au logement... Certains
problèmes à l'exemple des épidémies, ce sont
transformés en risque omniprésent. Certains auteurs constatent
que les inondations ont des conséquences désastreuses sur les
populations. Les conséquences sont entre autres les maladies hydriques.
L'OMS, (2015), dressait un état des lieux sur les eaux pluviales qui
circulaient avec des virus, des bactéries, des parasites et des
micro-organismes végétaux ou animaux, qui peuvent provoquer des
maladies graves, voire mortelles pour l'être humain. En termes de
conclusion, cette organisation précisait que la pauvreté est
responsable de toutes ces maladies et les décès liés
à l'eau : mauvaise hygiène, peu d'accès aux soins et
structures médicales inexistantes. Mahamat, (2003), souligne que
l'insuffisance des réseaux de drainage, l'omniprésence des
immondices qui les colmatent ne font qu'amplifier les stagnations. Bien que
l'Etat ait initié plusieurs projets de drainage et d'assainissement avec
l'aide de la coopération internationale, le problème demeure
constant. Cette situation aura pour conséquences, l'installation
à chaque saison des pluies : épidémies de choléra,
fièvre typhoïde, paludisme car, dans les mares
omniprésentes, se déposent des matières fécales
entraînées par le ruissellement. Tous ces impacts rejaillissent
sur la gestion de la ville qui devient chaque jour de plus en plus difficile,
entraînant avec elle la dégradation du cadre de
14 Appelé également non construction,
le terme non aedificandi est une locution latine qui indique qu'une zone
déterminée ne peut recevoir aucun du fait de contrainte.
51
vie urbain. Mbevo, (2019), retrace que les conséquences
des inondations à Cap Cameroun sont multiples il y a entre autres
l'invasion des maisons par les eaux, le pourrissement des piliers de fondation
des maisons et la diffusion des maladies épidémiologiques
liées à la stagnation des eaux souillées. D'ailleurs, de
toutes les maladies dont souffrent les populations, la typhoïde
représente 37%, le paludisme 26% et le choléra 5% (le
choléra est périodique). En 2016, il soulignait l'occurrence des
inondations dramatiques urbaines dans la ville de Douala (notamment celles du
19 septembre 2009 avec six décès et celles de juin2015 avec
quatre morts et cinq disparus). Boring, (2019), soulignait que La
récurrence des inondations est notamment liée au site de la
ville, à la mauvaise planification urbaine et aussi à la
croissance démographique qui a touché les secteurs non
aedificandi14. Les maladies hydriques constituent ainsi les
conséquences logiques des inondations. Il en ressort que les inondations
touchent au moins 7 personnes sur 10 chaque année dans la ville de
Moundou. Les dégâts matériels et environnementaux ne sont
plus à signaler. Les pathologies les plus fréquemment
citées sont : le paludisme dans 94,5 % des cas, la fièvre
typhoïde dans 58,9% des cas, les diarrhées dans 25,3% des cas et
les dysenteries dans 20,5 % des cas. Les coûts hospitaliers
engendrés par ces maladies ruinent les populations qui vivent
déjà en majorité dans l'extrême pauvreté.
Revet, (2010), démontrait dans son étude de terrain au Venezuela
que la nuit du 15 au 16 décembre 1999, les côtes du Venezuela sont
touchées par un phénomène violent. Après une longue
période de pluie continue qui provoque des inondations, ces
dernières se transforment en coulées de boues, provoquant un
glissement de terrain. La catastrophe a pour conséquence une centaine de
morts et des dégâts urbains considérables. Elle touche 80%
de la population de l'État de Vargas (environ 250 000 personnes).
N'garessem, (2005), en abordant lui, la question de l'occupation des zones
non aedificandi dans les milieux périurbains, il s'est
intéressé aux conséquences qui y sont liées.
L'auteur contribue à travers une présentation de des quartiers
dans les pays sous-développés. Il remarque que l'habitat
spontané implanté dans ces zones est soumis à des
problèmes environnementaux (érosion, inondation...) ces
problèmes ont pour conséquences les dégâts
matériels, perte en vie humaine etc.
2-1-4- Stratégies et gestion durable pour lutter
contre les inondations
La gestion des inondations et des améliorations des
conditions de vie des populations est au centre de préoccupations de
plusieurs auteurs et les ONGs. La Convention-Cadre des
52
Nations Unies sur les Changements
Climatiques(CCNUCC)15 et le Protocole de Kyoto traitent de l'urgente
nécessité à mettre en oeuvre des stratégies
d'adaptation aux changements climatiques et de réduction des risques, et
de renforcer les capacités et la faculté de résilience au
niveau local.
2-1-4-1- Aménagement urbain
Beucher et Reghezza-Zitt, (2008), présentent les
principales difficultés de gestion des risques d'inondation au regard
des politiques actuelles d'aménagement du territoire français et
qui ne sont pas nécessairement bien adaptées aux grands espaces
métropolitains et densément urbanisés comme Paris et sa
banlieue. Sighomnou, (2003) cité par Moumouni, (2020 : 57), traite de la
question des inondations dans la plaine du Logone. Pour lui,
l'aménagement des bassins versants, et d'une manière
générale la gestion durable des zones inondables, demeure une
opération délicate. À travers son article, il analyse des
effets des inondations annuelles dans la plaine du Logone et les impacts des
aménagements hydro-agricoles réalisés sur les rives du
fleuve par les pouvoirs publics à la fin des années 1970.
L'étude s'appuie sur les travaux antérieurs de nombreuses
recherches et sur un solide travail de terrain réalisé dans le
cadre du projet Waza-Logone, une initiative de l'union internationale pour la
conservation de la nature, du World Wildlife Funds (WWF)16, de la
Coopération Néerlandaise et du Gouvernement Camerounais.
Bouchard-Bastien, (2018), Décrivait les
stratégies que certaines villes canadiennes mettent sur pied pour lutter
contre les inondations. À Saint-Raymond, où des inondations
surviennent en moyenne tous les deux ans depuis un siècle, la
majorité des résidents est munie de pompes et de
génératrices, en plus d'avoir accès à un
système d'alerte électronique. À Saint-Casimir,
l'architecture est adaptée aux inondations, avec des bâtiments
munis de doubles vides sanitaires. Les habitants de
Sainte-Anne-de-la-Pérade, pour leur part, ont appris à vivre avec
les «mers de mai» et les grandes marées du printemps en
privilégiant, entre autres, la construction sur pilotis. Khalifa,
(2015), fait un état de dégât causé par les
inondations dans certaines villes algériennes et propose des pistes des
solutions pour réduire les dommages causées par les inondations.
L'Algérie est confrontée aux phénomènes des crues
et d'inondations qui sont plus fréquents que les séismes. Ces
phénomènes provoquent des catastrophes plus destructrices et
15 Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC) a été créé en 1992
a New York (U.S.A) et adoptée au cours du sommet de la terre de Rio de
Janeiro en 1992. Elle est entrée en vigueur le 21 mars 1994, et le
siège est à Bonn en Allemagne.
16 World Wildlife Funds (WWF)/ Fond Mondial pour la
Nature est une organisation non-gouvernementale créée en 1961
à Gland, Suisse, vouée à la protection de l'environnement
et au développement
53
occasionnent d'importants dégâts humains et
matériels. Les exemples de Bab El Oued - Alger en 2001, de Sidi Bel
Abbes en 2006, de Ghardaïa en 2008 et El Bayadh en 2001. La protection
contre le risque `inondations' est une action importante pour le
développement durable. Pour réduire les dommages causées
par les inondations et pour assurer la sécurité des biens et des
personnes, il faut une parfaite identification des régions
présentant le risque d'inondabilité et des facteurs favorisant ou
amplifiant l'ampleur des dégâts et des pertes engendrés par
ces catastrophes. Tamdjim, (2020), soutient que les inondations constituent une
menace cruciale dans la ville de N'Djaména. Selon lui, elles sont
accentuées par de très forte pluie enregistrée ces
dernières années et une urbanisation incontrôlée.
Les résultats ont révélé que le bâti a connu
une progression, qui est passé de 3546,50 ha en 1988 à 17266,19ha
en 2019. La cartographie des zones à risques révèle que
47,69 % du territoire sont exposés à un risque fort d'inondation
et environ 27,88 % et 24,44 % respectivement à un risque moyen et
faible. La modélisation prédictive des éléments
l'extension urbaine en 2035 confirme une hausse du bâti dans les zones
inondables. De ce fait, il faudrait intégrer la gestion des zones
à risque d'inondation dans le plan d'aménagement de la ville.
2-1-4-1- Action des acteurs étatiques
Kamgoh, (2013), pense que la question d'inondation et ses
conséquences se posent principalement dans la zone septentrionale et
littorale du pays (Cameroun). L'arrondissement de ZINA qui abrite le village
Arainaba est englouti par les eaux chaque année pendant la saison
pluvieuse. Les autorités gouvernementales, locales et les populations
tentent de juguler ce problème récurrent. Maret et Goeury,
(2008), invitent le gouvernement à réexaminer les
stratégies de protection contre les risques d'inondation dans des zones
hautement vulnérables comme la Nouvelle-Orléans. Faut-il rappeler
les terribles conséquences du passage de l'ouragan Katrina, en
août 2005, qui a entraîné non seulement de nombreuses pertes
humaines, un exode massif des résidents mais aussi a laissé
derrière lui une ville en bonne partie détruite. Les auteurs
mettent en lumière justement les défaillances des mesures de
sécurité et des modes de gestion qui doivent assurer la
protection des populations urbaines et des infrastructures existantes. À
cet effet, ils soulignent l'importance de prendre en compte les impacts des
futurs aménagements de la ville sur l'équilibre entre le milieu
naturel et la rapide croissance urbaine de cette région. Buh Wung,
(2009), affirme que certains quartiers approximatifs aux rivières, de
Lacs, marécages (à moins de 50m) sont exposés aux risques
d'inondation en période pluvieuse. Pour lui, les risques d'inondation
doivent être pris au sérieux par les autorités
54
étatiques à travers des actions solides
permettant de réduire le niveau de risque et de préserver les
vies des populations exposées.
Mbainaissem, (2011), remarque que l'occupation de l'espace
dans le quartier Ngoumna est une résultante de la dynamique
démographique et de la mauvaise maitrise du développement de la
ville de N'Djamena. Des propositions de déguerpissement sont
envisagées par les autorités, cependant, l'auteur insiste sur un
palliatif17 avant les grands travaux. Il s'agit de l'application des
recommandations de documents d'urbanisme devant conduire le
développement urbain. Par contre, Valy et Inserguet, (2008), montrent
comment les conditions hydroclimatiques changeantes ont entraîné,
par le fait même, une succession d'épisodes d'inondation qui,
à leur tour, ont contribué progressivement à revoir et
modifier les plans d'occupation du sol et les plans locaux d'urbanisme et ce,
dans le but de réduire et même d'interdire l'urbanisation dans les
zones inondables.
ONEA, (1993), proposait un plan stratégique
d'assainissement des eaux usées de la ville de Ouagadougou qui
consistait à construire les bassins de rétention et des digues
dans les grands centres urbains afin de collecter les eaux pluviales. Ce plan
pourrait être transposé dans beaucoup de villes africaines ayant
seulement les mêmes caractéristiques géographiques que
Ouagadougou. Une équipe de chercheurs Thaïlandais (Claire, et
al., 2010) menaient une étude sur le processus de
résilience aux risques d'inondation, signalaient des travaux qui ont
été entrepris depuis 30 ans afin de lutter contre les inondations
sur la base d'un système polder (digues, canaux, bassins, stations de
pompage). Un autre plan de gestion des eaux a été entrepris la
même année 2016 destinait à coordonner le pilotage et
l'implantation des infrastructures dans tous les domaines relatifs à la
ressource en eau. Les auteurs insistent sur le fait que ces mesures n'auront de
l'effet positif que si elles sont aussi couplées d'une approche
prospective du développement soutenable intégrant un ensemble de
dynamiques territoriales.
OCHA Tchad, (2010), mentionnait dans son rapport que suite aux
inondations de 2010 aux quartiers Walia 1, 2, et 3 à N'Djaména,
des dons en vivres et en non-vivres ont été apportés pour
assister les sinistrés victimes. Les contributions directes des
partenaires bilatéraux, notamment de la France, de la Libye et du Soudan
ont aussi permis de couvrir les besoins des sinistrés à Faya de
manière satisfaisante. Tchotsoua, et Bonvallot, (1997), cité par
Essounga, (2014, p9), abordaient la problématique des risques dans les
sociétés et espaces urbains en se
17 Moyen provisoire de détourner un danger
55
focalisant sur le phénomène d'érosion et
de gestion urbaine dans la ville de Yaoundé. Leurs recherches ont abouti
à la conclusion selon laquelle l'érosion hydrique
accélérée dans la ville de Yaoundé est une
conséquence de l'occupation anarchique de l'espace urbain, notamment sur
les collines, marécageuses et de la mauvaise gestion locale de
déchets urbains. A ce propos, ils pensent qu'il est nécessaire
pour la municipalité de mettre sur pied un observatoire de
l'environnement urbain et des méthodes pertinentes pour l'étude
et la prévision des risques morpho-hydrologique à
Yaoundé.
2-1-4-2- Action collective de population
Essounga, (2014), affirme qu'il est fort probable de
réduire les inondations dans le quartier Motowoh à Limbé.
Il propose une stratégie de curage régulier à court terme
à Womangue (principal cours d'eau du quartier) qui pourra couter 130 548
000 CFA. Cette opération sera faite deux fois par an. En moyen terme
d'un règlement d'urbanisme applicable dans le quartier et à long
terme la construction d'un canal sur le Woumangue. Richards, et al.,
(2004) Cité par Diane (2008 : 28), soulèvent sensiblement
les mêmes préoccupations à propos d'un manquement ou un
déficit de mise en oeuvre collective face à une gestion
intégrée du risque. En effet, les politiques d'aménagement
mises en avant ne semblent pas répondre adéquatement à la
gestion collective des problèmes liés aux inondations. Les
auteurs proposent de revoir la structure actuelle de la politique
d'aménagement à une échelle locale, afin d'en arriver
à des solutions adaptées et stratégiques, sans
compromettre les besoins spécifiques du développement des
communautés locales. Mbete, (2019), pense que la ville de Libreville
(Gabon) est l'une des villes à haut risque d'inondation. Pour lui,
chaque année elle est sous la menace des risques naturels, les
inondations et les glissements de terrain répétitif deviennent de
jour en jour très compliquée. Cependant, il est très
urgent d'adopter une bonne politique en matière de gestion des risques
de catastrophes au niveau régional, national et local qui permettra le
renforcement de la résilience du peuple Gabonais. Tadonki, (1999),
cité par Kamgoh, (2013, p21), montrait à son tour que les
inondations dans le bassin versant du Tongo Bassa (Douala) sont un facteur
aggravant la marginalisation des groupes de populations migrantes
installées clandestinement dans cette zone. Il exposait également
les techniques originales déployées par ces populations pour
contrer les effets ravageurs de ce phénomène. En s'appuyant sur
de nombreux travaux sur le terrain aux îles Fidji, Nolet, examine les
conséquences socioéconomiques des inondations, les
systèmes traditionnels mis en oeuvre pour s'y préparer et les
représentations sociales du risque. La scientifique souligne combien la
perception et la gestion des événements « catastrophiques
» sont en fait encadrées par un réseau complexe de
56
dynamiques et de valeurs sociales. Elle met ainsi en
lumière le poids de la culture dans la perception et l'évaluation
du risque. Nelkin, 1989 et Ogden, 1995 cité par Saha, 2014 : 73, pensent
que le risque ne peut pas être traité en dehors du cadre social et
culturel dans lequel les gens exposés évoluent.
2-1-5- LIMITES ET ORIGINALITE DU TRAVAIL
Nous allons mettre en évidence quelques limites des
contributions scientifiques et préciser l'originalité de notre
travail.
2-1-5-1- Limites
La quasi-totalité des travaux sur la recrudescence et
gestion des inondations que nous avons consultés ne font guère ou
très peu mention des questions des inondations et la plupart des
contributions se limitent au niveau de N'Djamena et traité sous angle
géographique et écologique. Les Géographes, Urbanistes,
Ecologistes ont mis l'accent sur leurs prismes respectifs ; d'autres ont
même abordé les questions des inondations à Moundou (sud),
Abéché (est), au Lac Tchad (ouest) ou encore au Tchad en
général.
2-1-5-2- Originalité du travail
L'originalité de ce travail, pourrait observée
de plus près et avec beaucoup d'intérêt les questions des
inondations dans la capitale tchadienne. La commune du 9eme
arrondissement que nous avons choisi comme zone d'étude est un
théâtre de catastrophe naturelle liée aux inondations vue
par sa délimitation spatio-temporelle (confluent Chari-Logone).
Contrairement aux autres domaines, nous allons aborder ces questions des
inondations sous prisme anthropologique. Nous avons suivi une méthode
scientifique propre aux anthropologues, basée sur la recherche
documentaire. Elle a été suivie par une descente de terrain, puis
une analyse et une interprétation des données constituée
des théories que nous avons sollicité.
Pour mieux comprendre les mécanismes de
résilience adoptés par la population du 9eme arrondissement pour
lutter contre les inondations, pour ne pas tomber dans le même
piège, nous avons parcouru plusieurs centres de documentation au
Cameroun et au Tchad, afin de faire la revue documentaire relative à
notre étude. Ces documents sont des recherches et des ouvrages de
littérature sur le phénomène à travers le monde.
Ils ont permis de positionner notre sujet, même si très peu de
documents abordent de façon spécifique
57
.
2-2- CADRE THEORIQUE
Une théorie est un système conceptuel
organisé sur lequel est fondée l'explication d'un ordre de
phénomène. Selon Mbonji Edjenguélé., (2005) :
« la théorie se veut un corps explicatif global et
synthétique établissant des liens de relation causale entre les
faits observés, analysés et généralisant lesdits
liens à toutes sortes de situations ». D'après Grawitz,
(1990), la théorie est « un schéma
simplifié et symbolique destiné à fournir un cadre de
raisonnement rigoureux pour expliquer une réalité quelconque
».
Le cadre théorique encore dit grille d'analyse,
modèle théorique, est ce qu'un chercheur a trouvé dans une
théorie, une spécialisation ou plusieurs, qui formule dans ses
propres mots et qui lui servira de clé de compréhension des
données d'un problème, il est une élaboration du chercheur
à partir du matériau puisé dans le champ théorique
Mbonji Edjenguélé., (2005). Ainsi, la problématique de
notre recherche sur la
, nous invite à faire appel à quelques
théories des sciences humaines et sociales et de montrer leurs
applications dans ce présent travail.
2-2-1- Ethnométhodologie
L'ethnométhodologie est un courant de pensée
sociologique qui s'est développé pendant les années 1960
dans les Universités de Californie à partir de l'enseignement
dispensé par les deux principaux chefs de ce courant : Harold Garfinkel
et Aaron Cicourel. Le terme d'ethnométhodologie a été
utilisé pour la première fois par référence
à ce que l'on appelle l'ethnoscience, vocable qui désigne les
méthodes et les savoirs profanes utilisés par les gens pour
gérer leurs pratiques sociales. L'ethnométhodologie est l'un des
courants sociologiques qui pousse le plus loin la mise à distance
nécessaire à l'appréhension des « allant de soi
» comme résultats d'une construction sociale
déterminée Berthelot (1991).
L'ethnométhodologie relie donc une approche des faits
sociaux « comme des oeuvres », qui « voit des processus »,
une approche de la cognition, en l'occurrence celle des « méthodes
des membres », et une approche de la communication.
L'ethnométhodologie rejette la notion « d'idiot culturel ».
Selon Robert Jaulin, « il n'y a pas d'idiot culturel ». Ce
dernier réfute ainsi
58
les modèles qui présentent des individus soumis
à des phénomènes dont ils n'ont pas conscience. L'auteur
estime que « quel que soit son comportement, l'individu est capable de
produire un discours pour le justifier. Si on lui pose une question
inédite, le sens se construira dans l'instant. Peu importe la
véracité du sens construit, le sens existe toujours. Le sens, que
chacun a la capacité de construire, ne doit pas être compris comme
une expression plus ou moins fiable de ce qui se passe en
réalité.
L'ethnométhodologie n'a pas pour objet de construire un
sens, elle tente plutôt de comprendre comment le sens se construit dans
un groupe précis. Si les membres ont une compétence unique pour
construire du sens, ils ne s'interrogent que rarement sur la manière
dont ils se construisent. L'ethnométhodologie repose sur trois grands
principes à savoir :
L'indexicalité : qui stipule qu'il
faut situer chaque évènement dans son contexte. C'est le cas de
la population du 9eme arrondissement vit une situation qu'il faut
bien le contextualiser à savoir l'inondation dans ladite commune. Cette
inondation qui se contextualise par deux éléments : la saison
pluvieuse et les activités des populations de cet arrondissement
La réflexivité : c'est une
notion précise mais délicate à manipuler, car on peut
rapidement la confondre avec l'indexicalité. Contrairement à
l'indexicalité, elle est un phénomène observable dans les
comportements. On peut la comprendre comme la capacité de chacun
à interpréter les signes qu'il observe pour construire du sens.
Ce principe nous permet de comprendre la présence de population dans des
zones inondables et les mécanismes de résilience que la
population met sur pied pour lutter contre les inondations.
La notion de membres : qui stipule que la
compréhension et la pratique des items et valeurs culturels d'un groupe
ne peut se faire que par les membres dudit groupe. Ceci dit, elle nous permet
de comprendre le sens que la population du 9eme arrondissement donne
à l'inondation, leurs représentations culturelles
vis-à-vis de cette dernière.
2-2-2- Ecologie culturelle
L'écologie culturelle est une théorie qui
explique les relations entre l'Homme et environnement. La paternité de
cette théorie est attribuée à l'anthropologue
américain Julian Steward. C'est dans les années 1950-1960 que
l'écologie culture a pris l'ampleur dans les domaines des sciences
sociales et humaines. L'écologie culturelle ou l'anthropologie
écologique est un courant de pensée qui vise à
étudier l'impact environnemental sur les hommes et leurs
59
comportements afin de découvrir dans quelle mesure les
comportements et les modes de vie des hommes son modelé par leur milieu.
L'anthropologue Steward (1955) écrit : « l'écologie
culturelle est l'étude des processus adaptatifs par lesquels la nature
de la société, et un nombre imprévisible de dispositifs de
culture, sont affectés par l'ajustement de base par lequel l'homme
utilise un environnement donné ». C'est cette affirmation que
l'environnement physique affecte la culture parce qu'il implique un
élément de déterminisme environnemental actions humaines
finies. L'écologie culturelle est, en effet, infligé avec le
déterminisme environnemental doux, mais l'approche a la valeur dans les
types de situations qu'elle a été développée. Moins
ainsi dans les sociétés reliées et
généralisées. Il ajoute dans le même sens,
l'écologie culturelle vise à appréhender la culture
à partir des conditions écologiques. L'écologie culturelle
montre que le genre de vie serait une réponse culturelle à
l'environnement.
Le modèle stewardien initie la notion de
rétroaction et de processus systémiques malgré que ces
notions ne soient pas le centre d'intérêt majeur de son approche,
elles sont implicites à l'écologie culturelle de Steward. Son
objectif était de montrer de quelle manière l'adaptation à
un environnement physique influence les caractéristiques d'une culture
particulière (Steward, 1973). L'écologie culturelle pour Steward
est principalement une méthode, dont l'objectif est de préciser
les ajustements des sociétés à leurs environnements. Pour
mener à bien sa recherche, Steward proposa une méthode analytique
afin de mettre à jour les « noyaux culturels » (cultural
cores).
1) Analyser le rapport entre techniques de production et
conditions environnementales.
2) Analyser les modes de comportements (division du travail,
organisation territoriale,...) déployés dans l'exploitation d'un
milieu donné grâce à une technologie donnée.
3) Examiner de quelle manière ces modes de
comportement affectent les autres aspects de la culture Steward (1973).
Chaque type culturel correspond donc une combinaison entre une
forme d'adaptation à un environnement particulier et un niveau
d'intégration socioculturel. Pour Steward, l'évolution des
sociétés ne peut être pensée de manière
uniforme, celle-ci se manifeste à travers le changement culturel.
L'évolution des sociétés s'opère en fonction des
particularités historiques et culturelles et s'exprime de manière
objective à travers la technologie. Le modèle explicatif de
Steward se détache donc des conceptions évolutionnistes postulant
pour une humanité progressant de manière linéaire selon
des stades de développement successifs.
60
2-3-4- Opérationnalisation des
théories
En confrontant les théories, la théorie de
l'ethnométhodologie nous a permis de comprendre le sens que la
population du 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena donne
à l'inondation, aux différents mécanismes de
résilience mis sur pied pour lutter contre cette dernière. Enfin,
l'ethnométhodologie nous a aidé à expliquer comment la
population de ladite commune met en place leurs cultures a permis à
l'amélioration des conditions de vies. En ce qui est du courant
d'écologie culturelle, il explique l'interaction entre les êtres
vivants et son milieu physique. Ce courant de pensée nous permet de
faire un éclaircissement sur les relations entre la population du
9eme arrondissement et leurs milieux physiques qui sont les zones
inondables. Autrement dit, leur présence et résistance en temps
d'inondation dans leur arrondissement.
Nous retenons de ce chapitre qu'il existe une
littérature abondante tant sur les origines, facteurs, impactes que sur
les stratégies des inondations dans le monde. Nous avons
élaboré la critique à partir de laquelle nous avons
ressorti l'originalité de notre travail des points de vue
méthodologique et du terrain de l'étude qui n'est autre que les
recherches documentaires. De là nous avons dégagé un cadre
théorique que nous avons construit à partir de
l'ethnométhodologie et de l'écologie culturelle. La
définition de concepts a clôturé ce débat en
laquelle nous avons présenté les concepts. Le prochain chapitre
nous amènera à présenter les facteurs des inondations dans
le 9eme arrondissement de N'Djamena.
2-3- CADRE CONCEPTUEL Selon Durkheim, (1895)
:
La première démarche du sociologue doit
être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et
qu'il sache bien de quoi il est question. C'est la première et la plus
indispensable condition de toute preuve et de toute vérification ; une
théorie, en effet ne peut être contrôlée que si l'on
sait reconnaitre les faits dont elle doit rendre compte.
Le cadre conceptuel désigne l'ensemble de mots qu'un
chercheur fait recours tout au long d'un travail scientifique. Pour faciliter
la lecture de ce mémoire, les concepts clés utilisés ont
été définis en rapport avec le contexte de notre
étude afin d'éviter certaines confusions. La clarification des
concepts est l'une des exigences les plus cruciales dans les sciences sociales.
Il nous convient de donner une lumière aux concepts suivants :
Inondation, Culture, Vulnérabilité et la Résilience.
61
2-3-1- Inondation
Étymologiquement, le mot inondation vient du latin:
«inundatio» qui signifie submersion. C'est une submersion, rapide ou
lente, d'une zone habituellement hors d'eau, Qui peut être
provoquée de plusieurs façons, par des pluies importantes en
durée et (ou) en intensité. (Cortes, 2006). Une inondation est un
débordement des eaux de ruissellement ou d'un cours d'eau qui submergent
les terres voisines. Les inondations subviennent pendant les périodes de
crues où les bassins versants reçoivent d'importantes
quantités d'eau de précipitations qui sont collectées et
drainées vers le talweg pour être évacuées. Dans
nombre de pays au monde, les inondations sont des phénomènes
cycliques qui frappent aux mêmes périodes chaque année
(Mbete, 2019).
On peut en outre la définir comme la submersion d'un
terrain résultant du débordement des eaux. Par
débordement, les eaux de la rivière ou d'un cours d'eau
envahissent le lit majeur où elles déposent par
décantation des alluvions généralement fines. Lorsque le
débit et le volume d'eau entrainent un débordement par rapport au
lieu habituel d'écoulement (lit mineur) et que la crue est susceptible
d'affecter les installations humaines on parle d'inondation. L'eau se
répand dans les zones d'expansion des crues, qui correspondent au lit
majeur du cours d'eau et qui sont souvent occupées par les populations
(Fofack, 2016). Ousséni (2016), définie l'inondation comme
l'envahissement passager des lieux habituellement émergés par
l'eau de pluie.
Selon le Glossaire International d'Hydrologie, (2012),
l'inondation est une submersion par l'eau débordant du lit normal d'un
cours d'eau ou d'autres surfaces d'eau, ou accumulation provenant de drainages,
sur des zones qui ne sont pas normalement submergées. Alors, les
inondations sont des phénomènes naturels qui se produisent dans
toutes les régions du monde. A cela, situé à la confluence
de fleuve Chari et Logone, bâtie sur un substrat argileux et plat, la
ville de N'Djamena Capitale du Tchad à chaque saison des pluies, des
inondations dues aux crues du Chari, à ses différents affluents
et aux eaux de son propre impluvium. Ceci étant, il est
nécessaire de clarifier les types d'inondations pour mieux comprendre
leurs différences.
Les différents types d'inondations :
Les inondations peuvent être la conséquence de
crues ou simplement de fortes averses. L'inondation des zones urbanisées
n'est pas toujours liée à la proximité d'un cours d'eau.
Les principaux facteurs qui influences la durée et l'intensité
des inondations sont la quantité de pluie
62
qui tombent, l'état des sols : le degré
d'imperméabilisation, les pratiques culturales, l'aménagement et
l'entretien du réseau hydrographique c'est-à-dire l'ensemble des
milieux aquatiques présents. En effet nous avons :
? Les inondations par débordement
direct, le cours d'eau sort de son lit mineur pour occuper son lit
majeur. Le niveau de l'eau augmente et la rivière déborde alors
de sa situation habituelle. Le cours d'eau peut alors envahir des
vallées entières.
? Les inondations par débordement
indirect, les eaux remontent par effet de siphon à travers les
nappes alluviales, ce sont des nappes souterraines, dans les réseaux
d'assainissement ou encore des points bas localisées. Cette
remontée empêche toute infiltration de l'eau dans le sol, ce qui
provoque des inondations.
? Les inondations par ruissellement, ce sont
les inondations qui peuvent se produire principalement en zone urbanisée
lorsque l'imperméabilisation des sols c'est-à-dire la
capacité du sol à faire passer l'eau et la conception de la ville
font obstacle au bon écoulement des "grosses" pluies (dues par exemple
aux orages) ou bien parce que la capacité des systèmes de
drainage ou d'évacuation des sols est insuffisante.
Par essence, on distingue plusieurs types d'inondations en
fonction du paramètre considéré. Selon la rapidité
de submersion du lit majeur du cours d'eau, on distingue deux principaux types
d'inondations.
? Les inondations dites « lentes »
qui sont provoquées par des crues progressives (l'eau monte de
quelques centimètres par heure). Celles-ci surviennent
généralement lors des épisodes orageux de faible
intensité mais sur une longue durée.
? Les inondations dites « brutales » ou
« rapides » qui sont des crues soudaines induites par une
montée brusque et rapide des eaux (plusieurs mètres par heure).
Elles sont dans la plupart des cas causées par des précipitations
de faible durée et d'intensité élevée ou
très élevée. Ce sont par nature des inondations
dangereuses et dévastatrices à cause de leur caractère
brusque et rapide, empêchant ainsi, les populations soumises à cet
aléa à un faible temps de réponse, surtout si elles
surviennent de nuit.
Dans ce contexte, nous définissons l'inondation comme
une invasion des espaces par le masse d'eau soit liée à une
pluviométrie forte soit liée en débordement d'eau sorti de
son lit. La récurrence des inondations dans la commune du
9eme arrondissement s'explique le fait qu'elle est dans une zone
confluente de deux grands fleuves (Chari et Logone).
63
2-3-2- Gestion
Pendant longtemps, la gestion fut considérée
comme une affaire de talent, Etymologiquement, le vocable gestion vient du mot
latin « gestio » qui signifie gérer, porter ou action de
gérer, administrer, organiser, coordonner, manager.
Selon Pierre G. et BERGERON (1984 : 91), la gestion est
définie comme étant un processus par lequel on planifie,
organise, dirige et contrôle les ressources d'une organisation afin
d'atteindre les buts visés.
Pour UNISDR, (2009), la gestion est un processus de recours
systématique aux directives, compétences opérationnelles,
capacité et organisation administratives pour mettre en oeuvre les
politiques, stratégies et capacités de réponse
appropriées en vue d'atténuer l'impact des aléas naturels
et risques de catastrophes environnementales et technologiques qui leur sont
liées.
2-3-3- Culture
Toute culture par définition est dynamique. L'homme
étant considéré comme un être culturel, il pense,
agi, senti devant un phénomène, il est considéré
pour certains auteurs comme Garfinkel qu'il n'est pas un idiot culturel. Face
à un problème, il élabore de mécanisme/solution
pour faire face. La population du 9eme arrondissement ne serait pas
du reste. Face aux inondations, elle adopte les moyens de lutte contre ces
dernières. La définition fonctionnaliste de la culture selon
Abouna (2014) : La culture est l'ensemble des solutions élaboré
par les sociétés humaines pour résoudre le problème
auxquels ils font face. Pour Mbonji Edjenguélé (2000), la culture
n'est pas une Enterprise de connaissance scientifique bien qu'en certain cas
elle l'intègre. La culture n'est pas une science de vivre mais un art de
vivre une formulation, une solution au quotidien du problème de vivre
mais un art de vivre. De compte fait, dans le cadre de notre recherche, nous
définissions la culture comme un mécanisme d'adaptation ou de
résilience que la population adopte pour résoudre un
problème précis.
Toutes ces définitions de culture
précitées, leurs explications vont de pair. Comment les
populations s'organisent et font face à un problème donné.
C'est ce qui fait l'objet d'étude. Comment les populations du
9eme arrondissement font face aux inondations ?
Vulnérabilité vient du latin « vulnus
», blessure. Ce qui est vulnérable est fragile c'est-à-dire
qui peut être blessé, frappé par un mal. Les personnes
vulnérables sont celles qui sont
2-3-4- Vulnérabilité
64
menacées dans leur autonomie, leur dignité ou
leur intégrité physique et/ou psychique. Avec l'émergence
de la science des risques, la vulnérabilité a été
de plus en plus étudiée comme un facteur important permettant de
réduire les dégâts causés par les différentes
catastrophes. Il faut indiquer que dans le domaine des risques naturels, les
spécialistes ont longtemps concentré toutes les énergies
sur l'étude des aléas au détriment de la
vulnérabilité. Pour recentrer l'étude des risques naturels
sur la vulnérabilité, Léone (2005) propose la
définition suivante : la vulnérabilité est « une
propension à l'endommagement ou au dysfonctionnement de
différents éléments exposés (biens, personnes,
activités, fonction et système) constitutif d'un territoire et
d'une société donnée Pour comprendre cette
définition dans un sens plus large, la vulnérabilité peut
être considérée comme étant la capacité d'un
individu, d'un groupe ou d'un système à se maintenir face
à un évènement brusque appelé aléa ; ou
alors de s'adapter de manière fondamentale. Dans le 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena, pendant les inondations, on constate
les sinistrés, les déplacés et les sans-abris. Dans cette
commune, un nombre important de population est vulnérable.
2-3-5- Recrudescence
Elle est le Caractère de ce qui revient
régulièrement.
Etymologiquement ce terme provient du latin «
recurens », dérivé du verbe récurer, revenir
rapidement en arrière, rebrousser chemin. Elle est l'adjectif de ce qui
se reproduit, ce qui réapparait de manière
répétitive. Elle est le caractère de ce qui est
récurrent, de ce qui revient à un état antérieur
2-3-6- Résilience
Ce terme provient du verbe latin « resilio
», « resilire » qui signifit littéralement
« sauter en arrière », d'où rebondir, résister
(au choc, à la déformation). C'est à l'origine un terme
expliquant la résistance des matériaux aux chocs. Il a
été utilisé pour la première fois dans le domaine
de la psychologie dans les années 30 et 40 (précisément en
1939 et 1945) par deux psychologues scolaires américains (Werner et
Smith).
Terme « synonyme » avec les mots comme la
résistance, l'endurance, la solidité, la résilience est
littéralement l'aptitude de résister à un choc. Dans le
domaine de la physique, il est proche des termes comme la ductilité,
l'élasticité, la dureté, la malléabilité
etc. Le concept de résilience émerge aux Etats Unis à
partir des années 1980. En France, c'est Cyrulnik et al.
65
(2000) qui le développe en parlant «d'un
merveilleux malheur » (1999). L'auteur aborde la capacité des
hommes à surmonter les traumatismes comme les deuils provoqués
par la guerre, les maltraitances physiques, l'inceste...
Ce terme est utilisé par plusieurs disciplines à
l'instar de la physique, de l'économie, de l'informatique, et surtout de
la psychologie, et tout récemment de la géographie, sociologie et
anthropologie. Mais de toute évidence, au regard de l'ensemble des
définitions avancées par les différentes disciplines qui
emploient ce terme, la résilience de façon générale
désigne la capacité d'un organisme, groupe ou structure de
s'adapter à un environnement changeant, ou tout au moins à
revenir à un état normal à la suite d'une perturbation
quelconque.
Avec la montée en puissance des problèmes
environnementaux, le concept de résilience connait aujourd'hui un
nouveau développement comme moyen de lutte au côté des
stratégies d'adaptation et de mitigation. Holling, 1986 cité par
Aschan-Leygonie et Baudet, 2009 défini la résilience comme
étant la capacité d'un système à intégrer
une perturbation ou un stress dans son fonctionnement, à s'adapter,
voire à être renforcé par cette perturbation. Etre
résiliant c'est pouvoir retrouver son état initial après
avoir subi les dommages d'un aléa naturel ou anthropique. Dans le
domaine de la vulnérabilité, la résilience est un facteur
déterminant. Plus on est résilient moins on est
vulnérable. En appliquant ce concept dans notre recherche, c'est pour
démontrer comment la population du 9eme arrondissement se
résilie après le choc provoqué par l'inondation. Pour la
présente recherche, on retiendra que la résilience, comme
étant la capacité d'un individu, d'une société ou
d'un système non pas à faiblir face à l'adversité
mais à davantage devenir résistant à cette situation ou
à une autre similaire.
2-3-7- Anthropologie écologique
L'Anthropologie écologique est un sous-domaine de
l'Anthropologie et est défini comme l'étude des adaptations
culturelles aux environnements. Le sous-champ est également
défini comme l'étude des relations entre une population humaine
et son environnement biophysique. Ses travaux de recherche portent sur la
manière dont les croyances et les pratiques culturelles qui aident les
populations humaines à s'adapter à leur environnement et la
manière dont l'utilisation des éléments culturels peut
préserver leurs écosystèmes.
L'Anthropologie écologique a été
développée à partir de l'approche de l'écologie
culturelle et a fourni un cadre conceptuel plus propice à
l'investigation scientifique que l'approche de l'écologie culturelle. La
culture écologique fait partie de la culture universelle,
66
d'un système de relations sociales, de normes morales
et éthiques sociales et individuelles, de vues, d'attitudes et de
valeurs relatives aux relations entre l'homme et la nature.
Conrad Kottak, anthropologue écologique, a
publié un article faisant valoir qu'il existait une anthropologie
écologique de style fonctionnaliste et apolitique plus ancienne et
originale et qu'au moment de la rédaction de 1999, un « une
nouvelle Anthropologie écologique » était en train de
naitre et était recommandée.
Dans les années 1960, l'Anthropologie écologique
est apparue comme une réponse à l'écologie culturelle, un
sous-domaine de l'Anthropologie dirigé par Julian Steward. Steward s'est
concentré sur l'étude de différents modes de subsistance
en tant que méthodes de transfert d'énergie, puis a
analysé comment ils déterminent d'autres aspects de la culture.
La culture est devenue l'unité d'analyse. Les premiers anthropologues
écologiques ont exploré l'idée selon laquelle les humains
en tant que populations écologiques devraient constituer l'unité
d'analyse et que la culture est devenue le moyen par lequel cette population se
modifie et s'adapte a l'environnement.
Benjamin S. Orlove a noté que le développement
de l'Anthropologie écologique s'est déroulé par
étapes « chaque étape est une réaction à
la précédente plutôt qu'un simple ajout ». La
première étape concerne les travaux de Julian Steward et de
Leslie White, la deuxième s'intitule «
néofonctionnallisme » ou «
néo-évolutionnisme » et la troisième
étape s'appelle « Anthropologie écologique ».
Au cours de la première étape, White et Steward ont mis au point
deux modèles différents. Les modèles de White sur
l'évolution culturelle étaient unilinéaires et
monocausaux, alors que Steward admettait un certain nombre de lignes de
développement culturel et un certain nombre de facteurs de
causalité différents. Au cours de la deuxième
étape, il a été que le dernier groupe était
d'accord avec Steward et White, tandis que l'autre n'était pas
d'accord
Les travaux de Patricia K. Townsend mettent en évidence
la différence entre Anthropologie écologique et Anthropologie
environnementale. A son avis, certains anthropologues utilisent les deux termes
de manière interchangeable. Elle a déclaré que «
l'Anthropologie écologique fera référence à un type
particulier de recherche en Anthropologie de l'environnement, des études
de terrain décrivaient un écosystème unique comprenant une
population humaine ». Les peuples de différentes
régions diffèrent considérablement les uns des autres dans
la culture, l'histoire et les conditions socio-
67
économiques de leur existence. La présence d'un
peuple caractérise des normes morales, éthiques relatives aux
relations entre l'homme et la nature, c'est-à-dire culture
écologique. Le prochain chapitre sera consacré aux données
de terrain. Il est structuré en deux grandes parties. La première
est d'énumérer les origines des inondations. Et, la seconde c'est
de retracer les principaux facteurs naturels et anthropiques des inondations
dans le 9eme arrondissement de N'Djamena
HAPITRE 3 :
CHAPITRE 3 : ORIGINES ET FACTEURS DES NONDATIONS DANS LE
9eme ARONDISEENT DE INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE
N'DJAENA
N'DJAMENA
69
Ce chapitre est structuré en deux grandes parties. Il
est question dans un premier temps, d'énumérer les origines des
inondations. Et, dans un second temps, c'est de retracer les principaux
facteurs physiques et humains des inondations dans la commune du 9eme
arrondissement.
3.1- ORIGINES DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT
Les inondations semblent récurrentes sur la rive gauche
du fleuve Chari à N'Djamena. Le 9eme arrondissement de la
ville de N'Djamena est situé au confluant Chari-Logone, zone
marécageuse et argileuse. Plusieurs origines meublent la partie de cette
recherche.
3.1.1- Origines culturelles des inondations
Nous entendons par origine culturelle dans le contexte de
notre recherche, toutes les pratiques culturelles qui provoquent les
inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
Sur ce, nous avons plusieurs. Nous pouvons citer :
3.1.1.1- Colère des génies
Les mythes de catastrophes sont extrêmement
répandus et font partie de la mémoire collective de
l'humanité. On y trouve généralement l'histoire d'un monde
ancien anéanti et d'une société humaine renaissant de ses
cendres grâce à quelques survivants. Les mythes donnent une
dimension cosmique à des cataclysmes bien réels : tremblements de
terre, éruptions volcaniques, épidémies, inondations...
L'immersion des terres par les eaux ou leur destruction par le feu s'expliquent
par une faute des hommes qui a provoqué la colère des dieux. Le
mythe du Déluge met en scène la fondation d'un monde nouveau et
une forme de « régénération » de
l'humanité.
Jamais auparavant, le 9eme arrondissement de
N'Djamena, on avait été sujet à autant de catastrophes
comme de nos jours. Des inondations par-ci, des incendies par-là, sans
compter les accidents de voitures. Face à tous ces malencontreux
événements, certaines personnes prétendent que cela
découle de la colère des « génies »
présents dans les eaux, les terres et les forêts dans le
9eme arrondissement. Ces génies sont les symboles protecteurs
du Tchad tout entier. Ils inspirent crainte et respect aux habitants, surtout
lorsque ces derniers traversent les cours d'eau. Seulement, il semble que les
génies protecteurs soient rentrés dans une colère noire.
Car pour les anciens, les esprits des eaux, de la terre, de la forêt, ne
sont pas contents et le font savoir. Ce qui est surement à l'origine des
fortes montées des eaux de Chari et Logone
70
pour le compte du 9eme arrondissement de la ville
de N'Djamena. Certains riverains disent avoir vu le débit du cours d'eau
augmenter alors qu'il n'y a pas de pluie ce qui est une preuve palpable de
l'intervention des dieux qui réclament leur espace ; c'est dans cette
perceptive que notre informateur Doung, soutient ces propos en ce sens : «
c'était vraiment étrange pour moi ce jour-là de voir
la montée des eaux alors qu'on n'était même pas à la
saison de pluie. Âpres de longue réflexion avec les grands
parents, nous avons concluent que c'était les dieux de l'eau qui veulent
occuper leur espace ». La persistance des inondations dans la commune
du 9eme arrondissement, montre que la nature, après avoir longuement
subi les attaques et les humiliations de l'homme, mettant en colère les
génies de l'eau, ces derniers ont décidé de sortir de leur
silence pour réagir violemment. Cette guerre écologique et
mystique qui a toujours opposé l'homme et la nature tourne maintenant en
faveur de cette dernière. La preuve de cette «
guerre/colère » est que les inondations n'ont
épargné ni les lieux de cultes, ni les maisons des pauvres, ni
les vivres, ni les bébés et ni les personnes
âgées.
Dans la cosmogonie Massa, l'eau, fondatrice du mythe, est
à la fois semence divine et force vitale. En effet, Le gouvina,
génie de l'eau, dont l'apparence habituelle est le serpent-python,
peuplent tous les points d'eau. Selon la croyance, s'ils « quittent le
puits ou la mare, l'eau ne va pas tarder à tarir ». C'est dans
cet angle d'idée que notre informateur affirme ainsi :
Le gouvina n'apparait pas n'importe où et surtout
pas pour rien, quand il apparait c'est surement un malheur qui va s'abattre sur
nous. Dans les années dernières, je ne me souviens pas
exactement, il s'est apparu sur un ancien arbre (Baobab) du quartier et
seulement au lendemain de son apparition, un petit vent qui n'était
même pas violent a démonté cet arbre et causé des
à 3 enfants, une voiture saccagé et une partie de concession
écroulé. En 2012, nous avons aperçu cette fois 2 gouvina
quelque part dans le fleuve Chari, cette même année, la commune a
connu des inondations dramatiques qui a causé des pertes en vies
humaines par écroulement des maisons. Dans ce fleuve, l'année
2020, pendant la saison pluvieuse, 6 enfants dont 2 filles ont
été noyé dans ce fleuve, 2 jeunes garçons qui sont
porté disparus. Après deux jours des longs rites, les 2 jeunes
ont été retrouvés sans vie à Bakara18
là-bas. (Entretien avec Doung, délégué de
Walia, à Walia le 23 septembre 2021).
D'après les propos de notre informateur, l'apparition
ou la présence du dieu de l'eau (gouvina) dans un lieu
quelconque, est signe de malheur qui s'abattra dans ce lieu où
environnant dans les brefs délais. Les esprits ou dieux de l'eau
manifestent leur colère à travers
18 Un petit village situé à la sortie de
Sud-Est de la ville de N'Djamena
71
la noyade, débordement d'eau provoquant les
inondations. Cette colère des génies suscite la colère des
ancêtres.
3.1.1.2- Colère des ancêtres
Les ancêtres peuvent être considérés
comme les esprits supra naturels jouant le rôle le plus importants dans
la vie religieuse de la population. Dans le 9eme arrondissement de
la ville de N'Djamena on constate les déguerpissements, destructions des
lieux sacrés telles que les forêts, les constructions sur les
espaces occupé par « les génies, les esprits »
(marres, rivières, fleuves, lacs) par le gouvernement et les
activités de population provoque la colère des ancêtres.
Ces derniers manifestent leur colère en envoyant des fortes pluies ou de
débordement des eaux avant, pendant ou après la saison pluvieuse,
des vents violents, des foudres etc. Notons aussi que la destruction de
certains arbres, fermeture des anciens puits provoquent également le
mécontentement des ancêtres ainsi que les génies. C'est
dans sens précis que Doung affirme :
La majorité de la population ne croit pas au
pouvoir des ancêtres et la présence des génies, parce que
leurs religions (islam et christianisme) rejette cette réalité
mais moi, en tant que hérité d'une religion africaine, je crois
et la présence des génies et ancêtre dans notre vie se
manifeste au quotidien. Je veux vous donner quelque indice sur leur
manifestation. En 2012, nous avons connu la pluie au mois de Mars contrairement
à la norme que la saison pluvieuse débute à la fin du mois
de Mai une pluie violente avec le vent les tornades à laquelle personne
n'attendait, autre manifestation encore, il avait un ancien puits non loin
d'ici, ce puits abritait les génies, un bon matin on a fermé le
puits là et deux jours après, les gens qui ont fermé ce
puits ils ont connu des maladies étranges, un d'eux, sa maison
même a pris feu donc, il a fallu de rites et sacrifice pour qu'ils
recouvrent la santé.( entretien avec Doung,
délégué de Walia, à Walia le 23 septembre 2021).
Selon les propos de Doung, dans cette commune, les
génies et les ancêtres manifestent leurs colères
quotidiennement parce que la population ne respecte pas le code socioculturel.
Elle rejette ses pratiques culturelles au détriment des pratiques
occidentales. Parfois, la colère des ancêtres s'abat sur toute la
population ou dans tout le milieu qui a provoqué la colère
à ses derniers. Par ces propos, notre informateur prévient
à toute personne qui rejette ou qui refuse de croire aux
divinités, elle en subira les conséquences.
Les lieux sacrés sont menacés dans cet
arrondissement. Le non-respect et l'ignorance de la population multiplie le
mécontentement des ancêtres et cette dernière subit de
représailles de la part de leurs ancêtres. L'exemple du quartier
Walia Ngonba est frappant. Au cours de notre recherche sur le terrain, nous
sommes conduit sur un lieu qui est couvert par l'eau et les
72
herbes poussent dessus, les habitants qui sont aux environs de
ce lieu sont constamment victime de morsure de serpents et d'autres insectes.
Pour Doung, Ce lieu n'est pas tout comme autres lieux. Il conduit ses arguments
en sens :
C'est un endroit mystique due à la colère
des génies parce qu'ici dans cet endroit exacte, il avait un grand arbre
de tamarinier, un arbre qui abrite les génies parce qu'on a interdit aux
gens de cueillir ou de monter dessus a une certaines heures (nuit) dans les
années antérieures mais récemment, les gens ont
coupé pour leurs besoins ménagers et depuis lors, c'est devenu un
endroit ou l'eau stagne pendant la saison de pluie. Pour infos, on a
essayé de construire deux fois dans cet endroit mais on n'a pas pu parce
que la construction se fond au cours de la construction. Les génies ont
laissé les serpents et d'autres insectes pour venger de population.
(Entretien avec Doung, délégué de Walia, à
Walia le 23 septembre 2021).
D'après ces propos, nous retenons que du point de vue
culturel, tout a une explication. La présence des arbres ne sont pas
pour les détruire mais pour profiter de ses ombres pour avoir l'air
frais et pur, profiter de ses feuilles et écorces pour faire les
médicaments et bien d'autres. Toute personne détruit les arbres
comme bon lui semble court un risque.
Dans cet arrondissement, on constate de plus en plus des
abominations. L'inceste est très fréquent. Le sexe, est un acte
culturellement condamné, on constate que les jeunes fonts des allers et
retours dans la forêt, vers les rivières et les fleuves pour
satisfaire leur désir sexuel. Ces pratiquent odieuses provoquent la
colère des ancêtres et génies de l'eau.
3.1.2- Origines naturelles des inondations
Les inondations d'ordre naturelles sont des inondations
provoquées par la nature, les origines naturelles des inondations
peuvent être nombreuses. La submersion d'un terroir par les eaux se
produit des lors que le trop plein des eaux dans cet espace n'est pas
évacué par les voies qui lui sont propre (CREDEL, 2010). La ville
de N'Djamena jouit d'un climat de type tropical sec caractérisé
par deux saisons. Ce climat s'explique par le déplacement annuel du FIT
(Front Intertropical) qui sépare les masses d'air maritime (mousson) de
l'air continental (harmattan). Ces anomalies permettent d'identifier les deux
saisons dans la région : Une saison sèche et une saison de
pluie.
La saison sèche qui dure habituellement 8 mois
(d'octobre à mai) est caractérisée par une insuffisance de
pluie (moins de 60 mm en moyenne, quasi nulle de novembre à mars). La
saison pluvieuse s'étale de juin à octobre. Au début de
cette saison pluvieuse (juin-juillet), les sols argileux dans les bas-fonds
gonflent puisque gorgés d'eau à saturation et deviennent
73
imperméables. Lorsque les eaux de pluies tombées
sont abondantes, elles remplissent les bassins marécageux
3.1.2.1- Saison pluvieuse comme origine des inondations
Les eaux des premières pluies s'infiltrent très
rapidement et favorisent la remontée de la nappe phréatique. La
partie non infiltrée ruisselle vers les zones basses comme les
bas-fonds, les marécages et y stagne. On assiste à la stagnation
de l'eau dans les concessions ou habitations dans beaucoup des quartiers
(Walia, Ngoumna, Ngonba et Toukra), et sur les voies tout au long des rues qui
disparaissent sous l'eau qui finit par envahir les concessions. En fait, les
inondations d'origine pluviale se manifestent plus pendant la grande saison
pluvieuse (de juin à septembre) touchant un plus grand nombre de
quartiers ou villages. Leur ampleur varie d'une année à l'autre
et dépend de l'intensité des précipitations
observées. Soutenu par des propos tenu lors d'un entretien par notre
informateur :
Je vois la saison de pluie comme une période
bénite par Dieu parce que dans cette saison, on pêche, on cultive
et bien d'autre activité rentable mais, dans arrondissement surtout
notre quartier Ngoumna, nous sommes vraiment menacé surtout quand il
menace de pleuvoir la nuit, moi et mes enfants nous restons debout à
côté de nos bassines pour faire face parce que dans ma maison,
l'eau entre en un rien du temps. Il arrive un moment où je prie pour que
la pluie ne tombe pas. (Entretien avec Emma. 58 ans, chef de quartier,
à Ngoumna : 17 septembre 2021).
Selon notre informateur, pendant la saison pluvieuse la
situation est intenable, les populations vivants dans des concessions en
Potopoto19 ont toujours les mains sur le coeur. Pour lui, la saison
de pluie qui aux yeux de tout le monde porte bonheur et
bénédiction, pour lui, pas le cas parfois. Pendant la forte ou
une abondante pluie dans la ville, l'eau sort de son lit et déverse aux
quartiers par manque de passage habituel. D'où les propos de notre
informateur pour affirmer l'origine des inondations dans la commune du
9eme arrondissement :
Moi je dirais que l'origine des inondations dépend
de la saison pluvieuse, c'est-à-dire, pendant cette saison, et surtout
quand il y a l'abondance de pluie, le fleuve Chari sera plein, donc il ne peut
pas contenir le maximum d'eau dans son bassin et il y aura débordement
d'eau parce que l'eau n'aura pas où aller. Autre que le Chari, le fleuve
Logone aussi fait l'objet d'une des origines des inondations dans notre
commune. (Entretien avec Paul20, 59 ans, enseignant de
l'université, à Gardolé: septembre 2021).
19 Construction en terre battu ou en boue. Potopoto
donc peut être définit comme boue séchée
utilisée comme matériau de la construction.
20 Paul est un d'emprunt comme cet informateur a
requis l'anonymat
Cette forme d'inondation est due aux crues du fleuve Chari et
Logone observée chaque année. L'augmentation en eau de ces cours
d'eau s'effectue quand les eaux pluviales de la grande
74
D'après notre informateur, origine principale des
inondations est liée étroitement à la période
pluvieuse, sans la saison pluvieuse, on n'entend pas parler des inondations, et
même pendant cette saison, ça dépendra aussi de l'abondance
et la quantité d'eau tomber. Il se justifie que les deux fleuves
à savoir le Chari et le Logone ne peuvent contenir une quantité
importante d'eau à son sein donc, il y aura débordement de l'eau
et c'est ce qui fait l'inondation.
3.1.2.2- Inondations par débordement
Le débordement d'un lit en période de crue
communément appelé « almé sel » ou
« l'eau de sel » considéré comme l'une des
causes la plus immaitrisable pour simple et bonne raison que le
débordement survient à tout moment et à l'improvise.
L'augmentation en eau de ces cours d'eau s'effectue quand les eaux pluviales de
la grande saison pluvieuse de la partie septentrionale descendent dans ces
derniers. Cette période coïncide avec la petite saison des pluies
observée à partir du mois Septembre au mois de Novembre.
En Novembre 2020, l'eau de sel sorti de son lit et
déversée dans les quartiers occasionnant des inondations.
Plusieurs maisons sont écroulées faisant des sans-abri et des
blessés. Les cultures vivrières tout autour des cases sont
englouties. Ceux qui ne savent pas où aller sont obligés de
passer la nuit dans ces habitations fortement humides avec tous les risques de
santé que cela comporte. Selon Aba :
Les inondations de 2012, surtout m'ont vraiment plus
marqué. Je dormais tranquillement avec ma femme et mes enfants, je
sentais mon matelas se mouillait, quand j'ai ouvert les yeux, l'eau a envahi la
maison déjà, le temps de réveiller les enfants et ramasser
certains bien, l'eau a gâté presque tout dans la maison. Le comble
est que ce jour-là, la pluie n'était pas abondante parce ce qu'on
était en début novembre et on croyait que la saison pluvieuse
était déjà partie. Or, il y a eu (almé sel)
débordement cette nuit-là parce que le Chari était plein
et déversé vers nous. (Entretien avec Aba, 42 ans,
sinistré, à Walia : 14 septembre 2021).
Pour notre informateur, le débordement
imprévisible qui s'est déversé tard dans la nuit dans les
quartiers en plein mois de novembre ou la saison pluvieuse est censée
prendre fin, cette période était vraiment étrange pour les
populations du 9eme arrondissement et ses voisins à l'exemple
du 7eme et 3eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
3.1.2.3- Inondations d'origine lacustre
75
saison pluvieuse de la partie septentrionale descendent dans
ces derniers. Cette période coïncide avec la petite saison des
pluies observée à partir du mois Septembre au mois de novembre.
Ces inondations causées par les eaux de crue se répètent
chaque année avec beaucoup d'ampleur et ceci variant d'une année
à une autre. Plusieurs personnes ont vu leurs habitations envahies par
les eaux d'une hauteur de vingt centimètres à un mètre
selon les lieux. La plupart des personnes habitant ces différents
quartiers ont été contraintes de déménager
temporairement ; celles qui sont restées ont été
contraintes d'affronter d'énormes difficultés pour leur
déplacement et surtout pour leur état de santé et leur
survie.
D'une façon générale, aussi bien les
inondations d'origine lacustre que celles d'origine pluviale
représentent un problème important pour les populations. Elles
sont le fruit des mauvais comportements des populations de la commune et de
leur mode d'occupation du sol. Les deux phénomènes se rejoignent
pratiquement et ébranlent la vie des habitants d'un grand nombre de
quartiers dans la Commune.
3-1.2.4- Inondations d'origine imprévisible
Ce genre d'inondation est beaucoup plus occasionné par
des occurrences pluviométriques fortes pendant des moments où
personne ne s'y attendait. En prenant en compte d'intenses instabilités
climatiques qui n'épargnent aucune partie de la planète de nos
jours, les météorologues auraient prévu des
épisodes de crue surprise à travers le monde.
Deux principales saisons sont connues au Tchad dont 6 mois
secs et 6 mois pluvieux repartis également dans la zone
méridionale. Les premières pluies tombent le plus souvent
à partir du mois de mai et prennent fin en novembre. En décembre
2012, une grosse pluie s'est occasionnellement abattue sur la ville de
N'Djamena pendant plusieurs heures et a inondé toute la ville. Les
populations de N'Djamena affirment avoir enduré plusieurs fois ces
événements pluvieux exceptionnels. Mais aussi, pour ce type
d'inondation, des installations aux abords des cours d'eau peuvent être
sans doute à l'origine de la montée brutale des eaux.
3.2- FACTEURS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT
Les inondations dans la ville de N'Djamena sont devenues
quelque chose d'habituel et les populations admettent de vivre dans cette
condition. Elles sont les résultats de la combinaison de deux principaux
facteurs : naturels et anthropiques. Ainsi, aucun des deux facteurs n'est
épargné dans la ville de N'Djamena en général et la
commune du 9eme arrondissement en particulier.
76
3.2.1- Facteurs naturels
Les inondations constituent des risques naturels les plus
fréquents issus des phénomènes
météorologiques et qui touchent le plus grand nombre d'individus
sur la terre (Garry et Veyret, 1996). Le 9eme arrondissement est
sous l'influence de plusieurs facteurs naturels qui renforcent la survenance
des inondations. Les paramètres ci-dessous permettront de comprendre ce
phénomène.
3.2.1.1- Changement climatique
Le changement climatique a un impact sur le débit des
cours d'eau par l'intermédiaire d'une variation du régime des
pluies. La ville de N'Djamena à l'instar des autres villes du monde
n'est pas épargnée de ces variabilités climatiques qui ont
fait objet de plusieurs conventions et conférences à
l'échelle planétaire. Dans cette ville, on distingue deux (2)
types de saisons : Une saison de pluie et une saison sèche. La saison de
pluie qui s'annonce au mois d'Avril et d'Octobre. La hauteur des Pluies qui
arrose la ville de N'Djamena varie entre 500 à 600mm et cela atteint 66
jours. La saison sèche quant à elle, débute de Novembre et
prend fin vers Mars et plus encore jusqu'en Avril et provoque une
évaporation de l'ordre de 3m. Notons aussi qu'il arrive souvent que la
rupture ou le retard de la saison pluvieuse, à l'exemple a de
l'année 2021, quelques gouttes d'eaux arrosaient la ville en mi-mai et
fut une rupture jusqu'en fin Juin et s'étaient retirées
définitivement en début Septembre.
La rupture subite et annonce prématurée de la
saison pluvieuse détourne la vigilance de la population. Le cas de
l'année 2012 en mi-Octobre, une grosse pluie inattendue abattue sur la
ville de N'Djamena pendant plusieurs heures au milieu de la nuit à
causer des dégâts énormes, il s'agit de pertes en vies
humaines et matérielles dans plusieurs quartiers de la ville de
N'Djamena et surtout dans la commune du 9eme arrondissement.
3.2.1.2- Fortes pluies
N'Djamena est une ville caractérisée par une
moyenne de précipitation d'environ 600 mm/an. La majorité de la
précipitation s y abatte pendant les mois de juillet et aout.
Des études faites sur des débits à la
confluence Chari-Logone à travers une station installée montrent
qu'à 750cm de côte, la ville de N'Djamena sera inondée par
les eaux étude par les eaux d'écoulement. Cette cote est
considérée à partir de 293,20 m IGN avec un débit
d'eau
77
estimé à 3400 3/s (BCEOM, op.
cit)21. La commune du 9eme arrondissement est
située au confluant Chari-Logone, zone marécageuse et argileuse.
Par son mauvais aménagement ; pendant la forte ou une abondante pluie
dans la ville, l'eau sort de son lit et déverse aux quartiers par manque
de passage habituel.
Pendant les périodes des fortes pluies quand un cours
d'eau atteint son seuil. Pendant les moments d'extrême pluie (juillet,
août et septembre), l'argile est gorgée d'eau, le bilan
d'infiltration devient très nul vu que la capacité d'absorption
optimale est atteinte. Les eaux de surface ruissellent donc vers le fleuve
Logone situé vers l'aval de la ville de N'Djamena ravitaillant à
son tour le Chari.
3-3-1-3- Le débordement d'un lit en période
de crue
Il s'agit du débordement de lit mineur pendant les
périodes d'extrême pluie. Le lit mineur est incapable de tout
contenir les eaux écoulées et de transporter à elle seule
la charge solide qui lui est soumise. Le ruissellement devient difficile,
provoquant donc le débordement de ce lit dont la conséquence
immédiate est la submersion des plaines (Désiré
2019)22.
Le quartier Digangali, section 1 et 2, situé dans le
9eme arrondissement de N'Djamena, est envahi par l'eau depuis le
mois d'octobre. Le problème c'est arrivé en période de
crue des fleuves Chari et Logone. Plusieurs maisons se sont
écroulées faisant des sans-abri et des blessés. Les
cultures vivrières tout autour des cases sont englouties. Ceux qui ne
savent où aller sont obligés de passer la nuit dans ces
habitations fortement humides avec tous les risques de santé que cela
comporte.
Le débordement d'un lit en période de crue
communément appelé « Almé sel » « l'eau de
sel » au centre de préoccupation des populations de ladite commune.
Considéré comme l'une des causes la plus immaitrisable pour
simple et bonne raison que le débordement survient à tout moment
et l'improvise. Des berges et des digues ont été construites
autour du fleuve pour éviter d'éventuelles catastrophes, mais
lorsque les pluies sont abondantes, le fleuve déborde dans les zones
environnantes, causant des dégâts humains et matériels
considérables.
21 Bureau Central d'Etude et Equipement d'Outre-mer
22 Inondations et maladies hydriques dans la ville de
Moundou (Tchad)
78
3.2.1.4- Faible altitude du site
N'Djamena, ville de création coloniale, se trouve
implantée dans une plaine alluviale à une altitude comprise entre
293-298m pour l'ensemble de sa superficie (Dobingar, 2001). Elle s'étend
sur deux zones écologiques presque plates constituant les deux rives du
fleuve Chari. Les points les plus élevés est autour des berges de
la rive droite (98m) et les plus bas (291296m) s'observent à l'Est, au
Nord et Sud de la ville. C'est dans ces points à basse altitude que se
sont développés les quartiers. Le relief est
représenté dans ce site par des terres exondées
submersibles, séparées par endroits par des dépressions et
quelques bas-fonds marécageux issus des anciennes carrières. Ces
zones sont généralement inondées lors d'une crue rare
engendrée par une année humide PIAS J. (1970).
Dans le 9eme arrondissement, plusieurs habitations
sont installées sur des altitudes basses. Particulièrement les
quartiers comme Walia, Ngoumna et Toukra sont construits en zones humides
extrêmement plate, avec une nappe phréatique peu profonde, ce qui
provoque bien entendu des remontées de nappe en saison pluvieuse. Cette
zone très plate marécageuse et très sensible aux
inondations par la remontée des eaux de la nappe. Pendant la saison
pluvieuse, le sol s'imbibe d'eau et atteint sa saturation en quelques jours.
L'eau du Chari influence la nappe phréatique tout en rechargeant
(Chouret et al,. 1977). Celle-ci renforce le volume des eaux
conservées dans les bas-fonds et accroit l'humidité du sol.
L'avènement des eaux du fleuve Chari et Logone en cru augmente le volume
d'eau non infiltré. Ces eaux se déversent en direction des points
bas de certains quartiers comme Walia, Ngoumna et Toukra par rapport aux berges
et cause des inondations au voisinage (Maninga, 2014).
Les berges du fleuve Chari à N'Djamena sont inscrits
dans des terrains sablo-argileux de l'Holocène récent. D'amont en
aval de Milezi (1e arrondissement), une plaine alluviale
surdimensionnée (500 - 1500 m de largeur) accueille le fleuve Chari qui
y développe un système de méandres mobiles peu
adaptés. Au plan morphométrique, les plaines d'accumulation du
Chari présentent une topographie monotone, elles comportent cependant
quelques modelés superficiels. Au sud, entre Maïlao et Logone-Gana,
la morphologie offre une succession d'interfluves orientés
SSE-NNW23 dont le substratum est constitué de sable
fluviatile induré en surface. (Doudje et al., 2014). Le Chari
dans son parcours depuis sa source en RCA, présente un lit de forme
hétérogène et une pente entre 0,1 à 0,5% par Km
(Billion et
23 Désignant les quatre points cardinaux Est,
Ouest, Nord et Sud
79
al 1974) autour de la confluence. Cette forme
hétérogène de lit correspond à une variation de
pente entre 2 et 10,8. Cette pente entrainant un faible drainage naturel des
eaux des pluies et joue sur l'efficacité des ouvrages
d'évacuation d'eau construits par les populations. Ces différents
niveaux de pente entrainent des causes d'écoulement des eaux dans le lit
de telle sorte que les cours d'eau débordent (Maniga, 2014).
3-3-1-5- Pente dérisoire autour de la zone de
confluence Chari-Logone
Les berges du fleuve Chari à N'Djamena sont inscrites
dans des terrains sablo-argileux de l'Holocène récent. D'amont en
aval de Milezi (1e arrondissement), une plaine alluviale
surdimensionnée (500 - 1500 m de largeur) accueille le fleuve Chari qui
y développe un système de méandres mobiles peu
adaptés. Au plan morphométrique, les plaines d'accumulation du
Chari présentent une topographie monotone, elles comportent cependant
quelques modelés superficiels. Au sud, entre Maïlao et Logone-Gana,
la morphologie offre une succession d'interfluves orientés SSE-NNW dont
le substratum est constitué de sable fluviatile induré en
surface. (DOUDJE K et al, 2014)
Le Chari dans son parcours depuis sa source en RCA,
présente un lit de forme hétérogène et une pente
entre 0,1 à 0,5% par Km (Billion et al 1974) autour de la confluence.
Cette forme hétérogène de lit correspond à une
variation de pente entre 2 et 10,8. Cette pente entrainant un faible drainage
naturel des eaux des pluies et joue sur l'efficacité des ouvrages
d'évacuation d'eau construits par les populations.
Ces différents niveaux de pente entrainent des
contraintes d'écoulement des eaux dans le lit de telle sorte que les
cours d'eau débordent (Maniga T 2014).
3.2.2- Facteurs anthropiques
Plusieurs facteurs anthropiques provoques les inondations dans
le 9eme arrondissement de N'Djamena en voici quelques-uns :
3.2.2.1- Extension démographique
la croissance urbaine que connait la ville est causée
par l'absence d'une véritable politique d'urbanisation et un manque de
connaissance en matière d'aménagement urbain, largement
alimenté par l'exode rural qui provoque l'insécurité,
l'appauvrissement du milieu rural et les inondations (Wyss, 2000 cité
par Hemchi, 2015 p9). Cela entraine l'occupation anarchique dans de la ville
qui ne cesse de provoquer les inondations dont les plus marquantes sont
celles
80
des années 1988, 1998 et 2012 où plus de la
moitié de la population était touchée (Abakar, 2015). La
forte croissance de la population dans la commune constitue un risque de
survenance et d'exposition d'importants enjeux aux inondations. Avant qu'elle
ne soit administrée par la commune, le canton Madiagoh avait une
extension démographique très faible. Elle couvre une superficie
de 61, 88 km2 avec une population de 78 241 habitants, selon les
statistiques de 2003. Aujourd'hui, elle est estimée à 127 446
habitants. La ville commence à grandir et l'extension
démographique augmente de manière croissante, la population n'a
pas d'autre choix que de quitter la ville pour les quartiers
périphériques en raison de prix de vente de terrains, d'autres
sont forcées de libérer les espaces de l'Etat ce dernier pour les
dédommager, il les attribue des terrains dans les zones inondable au
9eme arrondissement à l'exemple des quartiers Gardolé
Djedit et Toukra. C'est dans ce sens que notre informateur conduit ses propos
comme suit :
Parlant des inondations, depuis je suis petit, il y avait
des inondations mais c'est son juste des petites inondations temporaire
qu'aujourd'hui qualifié juste de l'eau stagnée. Entretemps il
n'avait pas les dégâts comme ceux de maintenant mais, après
que la commune fut administrée, nous avons commencé à
connaitre les véritables inondations parce que la commune commence
à surpeuplé et les habitants s'installaient sans le respect de
code urbain voilà la véritable cause des inondations dans notre
commune et surtout dans notre quartier. (Entretien avec Koum, 64 ans,
secrétaire général a la mairie du 9eme
arrondissement, à Walia, 03 août 2021).
Selon ces propos, la croissance démographique que
connait cet arrondissement pose vraiment des problèmes sur
l'urbanisation de ce dernier. Depuis que les villages de canton Madiagoh sont
érigés en commune (9eme arrondissement) en 2004, cet
arrondissement connait le surpeuplement de manière croissante. Les
occupants à leur tour, construisent dans des zones marécageuses
et dans des passages de l'eau, c'est ce qui fait qu'en saison pluvieuse, ledit
arrondissement enregistre les inondations.
3.2.2.2- Pauvreté
Ledoux, (1995), souligne que « la pauvreté
accroit la vulnérabilité de population, et les risques naturels
augmentent la pauvreté ». Généralement, ce ne
sont que des pauvres qui y habitent par manque de moyen pour s'offrir des
terrains hors danger. Ainsi, pendant la saison de pluie, ces personnes vivent
dans des conditions insupportables. Elles bâtissent dans les champs,
c'est ainsi qu'en période pluvieuse, elles rencontrent des
difficultés en commençant par l'humidité des chambres
ainsi que des devantures qui deviennent des mares d'eau. Ces
81
personnes sont souvent victimes des morsures de serpent, de
piqûres des scorpions ainsi que des maladies hydriques et vectorielles
qui s'enchainent.
Le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena
regorge en son sein une grande partie de la population rurale. Certaines
d'entre elles sont descendues en ville à la recherche du travail et
mener une vie meilleure. Louer une maison ou chambre en pleine ville n'est pas
à leur porté, donc elles sont tournées vers les quartiers
périphériques non urbanisés où le coup d'achat du
terrain est moins cher. Dans les zones marécageuses ou encore non
urbanisées, les terrains sont moins chers que dans les zones
urbanisées. C'est ce qui fait que certaines populations sont
obligées de construire dans les zones marécageuses par manque de
moyen. Koum, exprime son expérience comme suit :
J'ai vécu toutes les crises des inondations. En
1963, on a vécu les inondations et nous vivons encore dans les
inondations, mais à notre temps, l'inondation ne causait pas des
dégâts aussi catastrophiques que de nos jours. Entretemps, nous
vivons sur les parties élevées, c'est pour vous dire que depuis
que je suis à Walia l'inondation ne m'a jamais casser la maison, c'est
pour dire qu'aujourd'hui là, je sais quels lieux l'eau peut passer,
quels lieux l'eau occupe, par où l'eau vienne et par où l'eau se
retire ; je connais tout çà. C'est la pauvreté qui a fait
aux gens d'habiter les espace inondables. Avec le changement climatique, on ne
vit pas comme avant. Quand l'inondation arrive, l'eau reste jusqu'à la
ceinture ou même jusqu'à la poitrine. (Koum, 64 ans,
secrétaire général a la mairie du 9eme arrondissement,
à Walia, 03 août 2021).
De ces propos nous comprenons mieux que la pauvreté est
un des facteurs aggravant les inondations dans cette commune. Cette
dernière regorge en son sein la majorité des populations pauvres
ou du moins de classe moyenne.
3.2.2.3- Occupation anarchique des espaces
Les inondations qui sont un phénomène naturel
lié au débordement des eaux des rivières, sont aujourd'hui
aggravées par les pressions issues des activités humaines.
Celles-ci résultent de très forte concentration de l'habitat
(Kenlack, 2019). La partie avare de notre zone d'étude est
caractérisée par un étalement urbain qui ne respecte aucun
plan d'urbanisation. Dans cette partie du bassin colonisée par les
populations du 9eme arrondissement, des aménagements non
adaptés sont bâtis sur des zones très sensibles
qualifiées de « non aedificandis » par la
communauté urbaine. Malgré l'interdiction de l'occupation de ces
espaces à risques, on voit des maisons construites jour après
jour à proximité des drains et/ou sur des drains, ou encore des
maisons en terre battues dans les marécages. Au cours de notre
enquête sur le terrain, nous
82
avons observé plusieurs habitations installées
sur les lits des cours d'eau. Dans les quartiers comme Digangali, N'Gueli,
Walia, Ngoumna et Toukra, les maisons sont régulièrement
inondées à cause de la position qu'elles occupent sur la partie
aval des cours d'eau (Chari-Logone), certains habitants sont même
installés en empiétant sur le lit mineur. Cette installation
anarchique empêche le passage normal de l'eau. Les occupations des
espaces des lits des cours d'eau constituent l'un de facteurs gravant les
risques d'inondations dans la zone d'étude. A cet effet l'on observe
l'installation anarchique de certaines personnes sur les exutoires naturels de
l'eau. Celles-ci y construisent leurs maisons, empêchant ainsi le
ruissellement des eaux de pluie. Dans cette perspective, notre informateur nous
explique une des causes des inondations dans son quartier en ces termes :
L'inondation ça cause énormément de
dégât, ça, c'est un phénomène naturel. La
cause des inondations ce que on a construit dans le passage de l'eau, dans le
lit de l'eau, et quand l'eau monte et que ça déborde maintenant,
même les digues qu'on a construite récemment, l'eau le casse et va
dans son lit et pendant les trois (3) mois elle se retire. (Entretien avec
Albe, 47 ans, délégué, à Walia, 21 septembre
2021).
Dans ces propos nous retenons que les populations construisent
sur le passage de l'eau, ce qui fait que quand la pluie tombe et que le Chari
ou la digue est plein, sa déverse dans les quartiers et causes des
dégâts énormes. Le même enquêté assume
d'être dans la zone inondable et argumente en ce sens :
Pour lutter contre l'inondation-là y a qu'une seule
solution, c'est de fuir pour ne pas perdre sa vie. Parce que nous habitons sur
le passage de l'eau et la pluie vient sans prévenir quelqu'un ; parfois
nous croyons que la saison pluvieuse est fini, et à la dernière
minutes, l'inondation nous surprenne. (Entretien avec Albe, 47 ans,
délégué, à Walia le 21 septembre 2021).
Dans ces propos pour lutter contre l'inondation, l'unique
stratégie c'est de prendre fuite pour sa survie. Nous retenons aussi que
certaines personnes sont conscientes du danger dont elles sont sujets, mais
s'accrochent par contrainte parce qu'elles ne savent où aller.
Des entretiens avec les autorités communales nous ont
permis d'avoir des informations sur la question des occupations des espaces non
aménagés. Il ressort que l'occupation anarchique des terres
s'observe surtout dans les zones non loties ou marécageuses. La
population s'installe à leur guise sans se soucier du caractère
insalubre des secteurs d'installation. Dans les quartiers/villages de la
commune de 9eme arrondissement l'on note l'absence quasi-totale de
réseau d'assainissement pouvant assurer l'évacuation des eaux.
Cette situation ne peut engendrer que les inondations. Dans cette situation
d'occupation anarchique
83
de terre, l'Etat aussi est impliqué. C'est dans ce
contexte que notre informateur tient le propos ainsi :
Je peux dire que les responsabilités sont
partagées, d' une part, c'est la population elle-même et d'autre
part c'est l'Etat. Avant dans cette zone, il n'y avait pas des maisons, c'est
le lit d'eau et comme N'Djamena est devenu petit et avec l'urbanisation de la
ville, l'Etat a procédé à des déguerpissements des
espaces de l'Etat, donc tous ceux qui se retrouvent dans les zones
déguerpis à l'exemple de quartier ancien Gardolé Djedit,
Bololo, Djambal bar ; ces habitants-là étaient obligé de
venir ici pour trouver de l'espace croyant que cet espace serait viable. A leur
grande surprise, ils sont sur le lit d'eau, donc, je peux dire que
c'était par obligation aussi s'ils sont dans cette situation.
(Entretien avec serge, 46 ans, enseignant et secrétaire
général adjoint à la mairie du 9eme
arrondissement, à Walia le 09 août 2021).
Dans ces propos nous pouvons retenir que ce ne sont pas
seulement que les populations qui sont à l' origine des occupations
anarchiques des espaces dans cet arrondissement mais l'Etat aussi en est
l'origine parce que, il fait semblant ou il ne maitrise ou pas les zones
inhabitables, et c'est ainsi qu'il attribue de terre sans études au
préalable.
Photo 1 : Inondation à
Digangali
Source : MOUKHTAR Adoum, 2021
Sur cette image nous pouvons percevoir dans le quartier
Digangali une chambre construite en terre cuite, sans fenêtres
submergée dans l'eau. Nous pouvons observer aussi l'eau stagnée,
des sacs remplis de sable pour la devanture de ladite chambre ; nous observons
également la présence d'un père et ses enfants. Le
père qui lave ses habilles avec l'eau stagnée tant disque deux de
ses enfants nagent dans l'eau, un assis tranquillement sur la digue et deux de
ces filles sont debout.
84
3.2.2.4- Insalubrité
L'insalubrité est désormais un problème
de comportement, d'incivisme dû à la mauvaise gestion des
déchets et à l'ignorance de la population. Certaines ordures
ménagères dégagées sont jetées souvent dans
les caniveaux et constituent un blocus au drainage des eaux des pluies dans le
9eme arrondissement. Le système de drainage actuel dans ledit
arrondissement est très pauvre. On note un manque de caniveaux.
Lorsqu'ils existent, ceux-ci sont creusés par la population
elle-même et sont dans la plupart de cas surchargés par les
ordures ménagères.
Au niveau des ménages, nous pouvons observer les
devantures sont pleines d'ordures qui ne sont pas régulièrement
enlevées. A ces dégâts matériels, s'ajoutent les
risques sanitaires liés en grande partie aux matériaux
transportés : déchets ménagers de tout genre,
matières fécales et matériaux hétéroclites.
Dans la plupart des quartiers, les mauvaises conditions d'hygiènes,
notamment la présence des latrines et des fosses septiques aux abords
des lits des rivières et des zones humides, qui augmentent la
propagation des maladies hydriques. En effet, l'évacuation des
excrétas humains et animaux, et la présence de déchets
constituent de gros facteurs de propagations des maladies. Il faut aussi noter
que l'inaccessibilité de cette commune pendant la saison pluvieuse est
due à la présence des ordures dans les cours d'eau. Des personnes
inciviques continuent à remblayer clandestinement les ouvrages des
conduits d'eau sans se rendre compte du risque péril. Ces ordures
empêchent l'écoulement de l'eau. Alors ce qui cause les
inondations parfois très violentes par débordement. On comprend
à ce point que la population est parfois responsable du malheur qui les
frappe. Ainsi la majorité des enquêtés interrogés
lors de notre enquête avoue se débarrasser de leurs ordures dans
les cours d'eau. C'est le cas de notre informateur lance ces propos en ce terme
:
Je suis dans ce quartier depuis 9 ans déjà,
je connais tous les quartiers qui ses habitants sont propres et qui ont le
comportement civique tant disque dans certains quartiers a l'instar de mon
quartier, nous vivons même dans les saletés, certaines concessions
n'ont même pas les toilettes, les enfants et les grandes personnes sans
honte font leurs besoins a l'air libre. Les femmes aussi avec leurs
déchets ménagères qui jettent dans les caniveaux nous
cause vraiment des maladies et ces déchets ménagères
là, bouchent les caniveaux et empêchent l'eau de circuler et ce
qui fait pendant la saison pluvieuse, ce quartiers connais l'inondation.
(Entretien avec Elis, 62 ans, délégué de
sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).
Dans ces propos nous pouvons retenir que les populations sont
à l'origine de l'insalubrité et cette dernière cause
d'énormes inondations dans cette commune. Jeter de
85
déchets ménagers, causant l'encombrement des canaux
de drainages, matières fécales causant également des
maladies.
Photo 2 : Rigole bouchée par
les déchets
Source : MOUKHTAR Adoum, Juin 2021
Sur la photo si dessus nous pouvons observer une grande rigole
encombrée par les eaux usées, les bouteilles, des verres, des
plastique et bien d'autres. A l'extrême droite, on observe les devantures
des maisons en tôles. Aux environs de rigole, on remarque
également la présence des ordures de tout genre qui sont
débordées par les pluies.
3.2.2.5- Déforestation
Les forêts sacrées existent dans tous les pays
d'Afrique. Ce sont des lieux mythiques et mystérieux ou sont
gardés de grands secrets d'initiation, des objets sacrés et
immémoriaux, nourriture, matériel de construction,
médicament, gagne-pain ainsi que des totems. On n'y trouve
également les mammifères, oiseaux, insectes,
végétaux, de nombreuses espèces parfois rares y ont
trouvé refuge. Les « forêts sacrées »
représentent, pour certaines populations, des valeurs culturelles et
spirituelles. Par conséquent personne ne doit y pénétrer
sans y avoir été autorisé et encore moins en exploiter les
ressources qu'elles contiennent.
L'Homme joue aussi un rôle important dans le
développement des inondations. Le déboisement des grandes zones
peut provoquer les inondations. Lorsque trop d'arbres sont abattus, le
régime des pluies diminu, le ruissellement augmente et l'érosion
des sols
24 Centre National de la Recherche Scientifique
(CNRS) fondé le 19 octobre 1939 en France pour coordonner les
activités des laboratoires en vue de tirer un rendement plus
élevé de la recherche scientifique.
86
s'accélère car, la terre n'est plus retenue par
les racines (CNRS, 2019)24. La forêt de neems et d'acacias,
qui borde l'entrée sud de N'Djaména, dans la commune du
9eme arrondissement, est dangereusement menacée de
disparition. Depuis plus de dix ans, elle connait une déforestation
accélérée à cause de deux facteurs principaux.
D'abord, elle subit une coupe abusive, oeuvre des riverains qui se servent de
ses bois pour leurs divers besoins ménagers. Ensuite, la forêt est
surexploitée par des éleveurs nomades qui ont élu domicile
et l'ont transformée en fourrage pour leur bétail. La
déforestation dans cette zone a une conséquence majeure non
seulement sur l'avancée du désert, mais aussi et surtout aux
inondations. Nous constatons maintenant que par manque de gestion de ladite
forêt, les éleveurs et certains habitants coupent les arbres et
faire le charbon ou fagot comme leur activité génératrice
de revenue. Les arbres vieux de 100 ans sont récoltés en quelques
secondes, et aucun n'est planté alors que les animaux et les ressources
naturelles grâce auxquelles vivent les gens sont détruits. Cet
orgueil insidieux et maladroit que l'homme développe vis-à-vis de
la nature compromet la cohabitation et la recherche d'équilibre dans les
relations entre l'homme et la nature. Aux regards des inondations qui affectent
le Tchad, notamment à N'Djamena et dans les autres régions, nous
disons tout simplement que la nature est en train de réagir ou de
manifester son ras-le-bol contre toutes ces agressions abusives de l'homme sur
les composantes de la nature. Les espaces verts qui servaient d'abris aux
divinités ont été pour la plupart complètement
rasés. L'inondation de 2020, les habitants de Toukra sont gravement
touchés et la majorité se retrouve sans abri. Ce que nous pouvons
retenir auprès de notre informateur :
Chaque jour, des éleveurs coupent les branches et
les plants pour nourrir leur bétail, empêchant sa
régénération et tout cela se passe sous le nez des agents
des eaux et forêts qui observent et laissent faire. Le paradoxe
dans tout ça, c'est l'attitude passive des agents des eaux et
forêt installés à proximité du site. Ils sont
prêts à arrêter et ou amender toute personne qui entre en
ville avec du charbon de bois ou du fagot, mais ne font rien face aux arbres
qui disparaissent peu à peu sous leurs yeux. Les troupeaux qui ont
détruit la forêt de Walia appartiennent à des gens haut
placés (autorités). C'est la raison pour laquelle, pendant la
période pluvieuse, cette forêt conserve l'eau et à un
moment elle déverse dans les quartiers. (Entretien avec Ado, Ancien
délégué et responsable des sinistrés, a Walia le 18
septembre 2021), a Walia le 18 septembre 2021 à 09h).
Dans ces propos nous retenons que les éleveurs coupent
abusivement les plantes pour nourrir les bétails en présence des
agents des eaux et forêt. Les habitants aussi coupent les
87
plantes pour faire le fagot, bois et charbon pour leur vente
et cette pratique (déforestation) fait pousser les eaux à la
sortie et déverse dans les quartiers.
A l'époque, vers le Kabé, Toukra et une partie
de Walia, les habitants coupaient en masse les arbres et les transformaient en
charbon puis les vendaient en ville avant l'arrivée du gaz. Les
pratiquants de cette activité confirment la rentabilité de ce
métier jusqu'à ce que les agents des eaux et forêts
prennent une décision ferme. C'est sous cet angle que notre informateur
affirme son expérience en ce sens :
À l'époque, j'accompagnais mon papa aux
forets qui ne sont pas très loin d'ici. Mon père coupait les
arbres et moi je les ramassais et rentre avec à la maison. On
découpe en morceau et sortait avec vers la brousse, on mettait le feu et
ça devient les charbons. On mettait dans le sac et partaient les
vendaient en ville jusqu' à ce qu'on le gouvernement nous a interdit.
(Entretien avec Dounia, ancien charbonnier, à Kabé le 07
Juillet 2021).
Dans ce propos nous pouvons retenir que l'exploitation de
forêt de Walia est considérée comme une activité
pour certains riverains, une activité qui menaient depuis longtemps pour
leur survie. La transformation des bois coupés en charbon ou fagot est
fréquent jusqu'à de nos jours.
Photo 3 : Forêt de Walia a l'état
actuel
Source : Archive de la commune du 9eme
arrondissement.
Forêt de Walia qui était autre fois dense. La
pratique de chasse et cueillette se faisait dans cette forêt mais
aujourd'hui, elle n'en reste que quelques arbres bien
séparés.
Sur cette photo nous observons le champ du riz implanté
en plein quartier anarchiquement sans une étude de faisabilité au
préalable envahi par les eaux. Nous pouvons
88
3.2.2.6- Agriculture
La pratique agricole est la véritable cause de
l'inondation pour la simple et bonne raison qu'on remarque la présence
des champs au bord des fleuves et d'autres se retrouve tout près de la
digue. Les riverains font la riziculture. Quand il y a manque d'eau, ils
ouvrent un canal de la digue ou du fleuve le plus proche jusqu'à leur
champs et ils ne referment jamais, et quand la pluie tombe, et que la digue est
pleine, l'eau prend la direction qui est ouverte et ça entre dans les
quartiers. Certains sinistrés de Toukra accusent des personnes dites
intouchables (autorités) qui pratiquent l'agriculture dans cette zone.
Selon les propos de Albe :
Le problème n'est pas la pratique d'agriculture qui
est la cause des inondations dans ce quartier mais les pratiques des
agriculteurs qui causent l'inondation. Certains agriculteurs utilisent la
motopompe pour leur champ mais d'autres, malgré que leur statut et
classe sociale, ils casent la digue pour canaliser l'eau vers leur champ et ce
sont les intouchables qui labourent le riz derrière l'Université
de Toukra qui ont cassé le barrage. Ce qui a occasionné le
déversement de l'eau dans les quartiers. (Entretien avec Albe, 47
ans, délégué, à Walia le 21 septembre 2021).
Ce qui est à retenir dans ces propos, la pratique
d'agriculture n'est pas la véritable cause de l'inondation dans cette
commune mais pendant la rupture de pluie, les agriculteurs ouvrent de canal
vers leur champ et c'est quand la pluie tombe, il passe par l'ouverture fait
part les riverains et envahisse le quartier et ses environs. Notons aussi que
les sinistrés ont mis l'accent sur certaines autorités qui
laboure sur des grands hectares et refusent d'utiliser la motopompe.
Photo 4 : Le champ de riz situé
à Toukra inondé
Source : MOUKHTAR Adoum Août 2021
25 Nom d'emprunt
89
dire que les terrains non construit sont devenus de coins
stratégiques pour faire le champ par les riverains. Notons aussi que la
majorité de propriétaires de terrains non construits vivent en
dehors du pays ce qui fait qu'ils n'ont pas le contrôle de leurs terrains
et les riverains en profitent pour faire le champ.
3.2.2.7- Fabrication des briques en terre cuite
Dans la commune du 9eme arrondissement, les
bas-fonds et bordures des fleuves sont pris d'assaut par des personnes, en
majorité jeunes, qui creusent ces endroits pour extraire la terre
nécessaire à la production des briques qu'ils vendent
après. Au bord des fleuves et dans les marigots, l'on aperçoit,
à perte de vue, des fours de briques cuites. La fabrication de ces
briques est une activité génératrice de revenus. Le
circuit de fabrication de ces briques demeure empirique. Mart, menant cette
activité depuis longue temps déjà nous expliquait comment
il fabrique les briques :
On commence d'abord par le creusage du sol pour ramasser
la terre argileuse puis la malaxer avec de l'eau et laisser fermenter pendant
deux jours. Le troisième jour, l'on ajoute à la boue, la bouse
(excrément des mammifères) ou l'herbe sèche puis on
procède au moulage. Une fois les briques séchées, il
faudrait monter le four tout en y mettant à l'intérieur les
dômes qui servent de combustible. Après la cuisson, les briques
sont disponibles pour la vente. (Entretien avec mart, 36 ans, briquetier
à Ngoumna, septembre 2021).
La pollution de l'air par la fumée et la chaleur
rejetée pendant la cuisson des briques constitue un danger pour
l'environnement et les êtres qui vivent dans les alentours « la
combustion des déchets dans la cuisson des briques est source de gaz
à effet de serre et aussi nocif pour la santé des fabricants
» (Madjigoto, 2018). Cette activité contribue grandement
à l'extension des bords qui affecte la population riveraine au moment
des crues. La rentabilité de cette activité permet aux
élèves et étudiants de préparer les
rentrées. Alain M25, un des fabricants des briques cuites
nous affirme :
Je fabrique les briques en terre cuite depuis que je suis
en classe de 6eme, à l'époque j'accompagnais mon papa et avec la
vielleuse j'ai pris le relais. Notre commune est encore en pleine construction,
donc, je facilite aux gens de n'est pas allé loin pour en acheter. On
achète les briques chez moi, j'ai ma charrette et mes petits
frères pour expédier partout. C'est avec cette
activité-là que je réponds aux besoins de mes parents.
Surtout pendant les grandes vacances que je bosse à fond parce que je
suis étudiant à l'université de Toukra. (Entretien
avec Alain M à Ngoumna, septembre 2021).
90
Ce que nous pouvons retenir dans ces propos, les riverains de
cet arrondissement ne pensent pas aux conséquences de leurs
activités mais ils pensent qu'à leur survie. D'après nos
informateurs, la fabrication des briques est une activité qu'ils avaient
héritée de leur papa et c'est avec cette activité qu'ils
arrivent à payer leurs scolarités et répond aux besoins de
la famille.
Photo 5 : Fabrication des briques en terre
cuite
Source : MOUKHTAR Adoum, Mai 2021
Sur l'image ci-dessus nous pouvons observer 11 jeunes
habillés en t-shirt comme tenu du travail parmi lesquels, 3 d'entre eux
moules les briques, 3 encore assis sur les briques déjà
sèches, 1 détient un sac contenant des herbes sèches et 1
qui est surement venu pour simple visite vue son habillement. A perte de vue,
on observe de très loin 2 jeunes dont 1 malaxe la terre et 1
l'accompagne étant debout. Observe aussi les briques fabriquées
bien rangées et d'autres déjà sèches et
classées à part. Nous pouvons observer également les trous
creusés par les fabriquant pour ramasser les terres. De ce fait, les
sites de fabrication des briques en terre cuite sont observables dans les
quartiers comme Ngoumna, Walia, Toukra et Gardolé Djedit zones ou
l'inondation est fréquente.
3.2.2.8- Dégradation de la digue
Dans plusieurs quartiers du 9eme arrondissement de
la capitale, les rues sont envahies par les eaux. Et ce n'est pas la saison des
pluies qui est la cause mais, la rupture de la digue de protection qui a
été submergée par la montée des eaux du fleuve
Chari. Sur place les habitants ne savent plus comment réagir et beaucoup
prennent la fuite. La rupture d'une digue à Walia, dans le
9eme arrondissement de N'Djaména, dans la nuit du 29 au 30
Octobre 2020, a provoqué des inondations dans ce quartier se trouvant le
long du fleuve Logone. Selon l'Organisation
D'après ces propos, les populations sont aussi en
partie responsables des inondations dans cette commune. Elle casse la digue
pour faire sortir les eaux stagnées dans leur concession
91
Internationale pour les Migrations (OIM), environ 11.500
personnes ont été contraintes de quitter leur domicile à
la suite des inondations causées par la montée des eaux du fleuve
Chari et la rupture d'une digue de protection construite par le gouvernement en
2012 dans le 9eme arrondissement de N'Djamena. Pour pallier le problème
de l'inondation dans la commune du 9eme arrondissement, l'Etat tchadien a mis
sur pied une digue. Un de nos enquêtés affirme en ce sens :
La construction de la digue par l'Etat a vraiment
donné le sourire à la population des zones inondables. Mais comme
on a fait avec les matières non durables, ça fait deux trois ans
là, les gens ont commencé à ramasser la terre et faire de
briques avec donc, sa fait de trou partout et en plus ce n'est pas damé
du tout donc, tout près de la digue il y a certains qui
laboures du riz et quand il y a manque d'eau, ils ouvrent un canal
jusqu'à leurs champs et ils ne referment jamais, voilà quand la
pluie vient, et que la digue est pleine, l'eau prend la direction qui est
ouvert et sa entre dans les quartiers. (Entretien avec Albe, 47 ans,
délégué, à Walia le 21 septembre 2021).
Selon ces propos, le gouvernement tchadien a construit la
digue dans l'intention de réduire les dégâts liés
aux inondations, mais enfin de compte, cette digue est faite sans une
étude au préalable et surtout avec les matières non
durables. On constate aussi, que les habitants environnants de la digue,
ramassent la terre pour leur usage personnel.
Après Walia, les quartiers Digangali, Gardolé
Djedit et Ngoumna sont aussi sous l'emprise de ces eaux. La digue soutenant le
bras du fleuve a cédé largement à deux endroits laissant
ainsi l'eau se déverser dans les quartiers à forte pression.
Cette infrastructure (la digue) est sous la pression des riverains, alors
qu'elle est censée être protégée par la population.
En ce début de la saison des pluies, cette infrastructure fait l'objet
d'extorsion par les habitants. Par ailleurs, les populations de ladite commune
sont aussi à l'origine de l'inondation dans cette zone, c'est ainsi que
Albe argumente en ce sens :
Bon ! La population peut aussi être responsable
parce qu'elle manque le conseil d'urbanisme. Elle casse les digues pour
évacuer l'eau, et si on casse déjà les digues pour faire
sortir l'eau de pluie, à l'approche de l'eau qu'est- ce qu'on doit faire
? On doit la refermer, chose qu'on n'a pas faite et quand l'eau arrive à
haute pression, elle ramasse tout. Et c'est exactement c'était
arrivé ici, en deux heure du temps l'eau a pris tout. Tout ça est
dû à l'incivisme qui a fait que nous sommes aujourd'hui comme
ça. (Entretien avec Albe, 47 ans, délégué,
à Walia le 21 septembre 2021)
92
et elle ne ferme pas après l'évacuation des eaux
et c'est ce qui fait qu'aux prochaines pluies, elles subissent les
conséquences.
Vers le Toukra et Kabé, les agriculteurs cultivent le
riz près de la digue et quand il y a rupture de pluie, les cultivateurs
creusent les canaux de la digue de rétention vers leurs champs et quand
la pluie recommence, elle envahit les champs et les quartiers environnant par
les canaux sortis par les cultivateurs. La mauvaise construction de la digue
fait objet de mécontentement des populations. C'est dans cet angle que
le propos de Serge est comme suit :
En 2012 Quand l'Etat nous a construit la digue pour nous
protéger mais le problème est qu'elle est construite à la
va-vite, sans une étude au préalable. Les ouvrages
infrastructurelle comme la digue, quand on construit, on étudie d'abord
la terre, on étudie quelles matières on va mettre chose qui ne
pas faite bien sûr. La terre ici est argileuse et argile avec de l'eau,
ce n'est pas compatible. Je pourrais dire le gouvernement nous a fait la digue
juste pour nous faire taire mais pas dans l'intention de faire une digue
durable à long terme. (Entretien avec Serge, 46 ans, enseignant et
secrétaire général adjoint à la mairie du
9eme arrondissement, à Walia le 09 août 2021).
Dans ce propos, nous pouvons retenir que l'Etat a fait
l'effort de construire une digue qui recouvre toute la commune, seulement que
cette digue n'était faite en matière durable et sans une
étude au préalable. Pour serge, l'intention de l'Etat
n'était de construire cette digue à longue mais juste pour
répondre aux cris de la population pour leur faire taire un moment.
Photos 6 : dégradation de digue de
l'intérieur
Photo 7: rupture quasi-totale de la digue au
milieu
Source : MOUKHTAR Adoum, Mai 2021
Sur la photo 5 ci-dessus, on observe une légère
dégradation de la digue de l'intérieur. Sur la photo 6, nous
pouvons observer la rupture quasi-totale au milieu de la digue. Nous constatons
la digue est faite au milieu du quartier et bien proche des concessions. Il est
à noter
93
que pendant la période pluvieuse, la population ramasse
la terre de la digue pour fabriquer les briques en terre cuite, d'autre
construit des dispositifs tels que les petits barrages en sacs remplis de terre
(sacs anti-inondation) pour les devantures de leurs maisons, d'autres encore,
posent des sacs garnis de terre, sur la voie infranchissable afin
d'accéder à leur habitation.
3.2.2.9- Cause culturelle
Selon l'anthropologue Revet cité par Augé Marc
(1994 p, 67), le territoire de Vargas est un lieu au sens anthropologique dans
le sens où « c'est un espace identitaire, relationnel et
historique, dans lequel un certain nombre d'individus se reconnaissent, sont en
relation et peuvent trouver les traces d'une histoire commune ». La
terre et les milieux physiques sont sacrés pour beaucoup des personnes
conservatrices de patrimoines légués par leurs ancêtres.
C'est l'attachement aux us et coutumes qui portent des coups durs à la
population. Les communautés du 9eme arrondissement comme
Massa, Mousgoum, Sara, Arabe et Kotoko sont connus par leur loyauté
envers leurs ancêtres. Donc, pour elles, tout ce qu'est
légué par les ancêtres est sacré et mérite
d'être conservé et protégé en laissant les traces
pour les générations à venir. Certains habitants
s'accrochent sur des espaces inondés sous prétexte que ces terres
sont des patrimoines légués par leurs ancêtres.
Malgré les dégâts des inondations, les populations
s'accrochent toujours prétextant que les crues sont passagères.
Au cours de notre recherche, Moun M, considéré comme un
conservateur de la tradition ancestrale affirme :
Où voulez-vous que nous partions ? Cette terre m'a
été léguée par mon père qui était
entre-temps, l'homme le plus réputé et respecté de son
village, un vrai garant de la tradition. Sur cette terre, on péchait et
chassait à l'époque et maintenant on cultive. Ma terre ne m'a
jamais trahie donc, je lui dois dévouement. Et d'ailleurs, Je ne sais
où aller parce que je n'ai plus de terrain ailleurs. C'est Dieu qui fait
pleuvoir et c'est le même Dieu qui nous a créés, il
veillera sur nous car c'est lui qui décide à notre place.
(Entretien avec Moun M, 68 ans, chef de terre, à Toukra, 15
septembre 2021).
Dans ces propos, nous pouvons retenir que dans cette
localité, la terre est considérée comme un
phénomène, un héritage, une transmission d'où la
population est contrainte d'y rester. Les biens légués par les
ancêtres méritent d'être conservé et protéger,
et c'est pourquoi certains se disent conservateurs, refusent de se
déplacer de leur espace malgré que leurs zones soient
inondables.
Il est a noté qu'avant le 9eme
arrondissement s'attache à la ville de N'Djamena, les autochtones
enterrent leurs proches dans leurs concessions ou espaces respectifs pour
montrer à leur proches voyagé dans l'au-delà leur amour
inconditionnel. Pour les habitants, le fait
94
d'enterrer leurs proches dans leurs domiciles c'est pour
immortaliser leur présence et à tout moment ils auront besoin
d'eux. Pour certaines populations du 9eme arrondissement, les morts
ne sont pas morts, ils sont juste en voyage spécial. Malgré leur
voyage, ils sont toujours présents et ils servent de protecteurs. C'est
dans ce sillage que Moun M argumente ces propos en ce sens :
Nous avons les tombes de nos parents et de nos
grands-parents, on ne peut pas déplacer de notre maison et laisser les
tombes de nos parents à la merci des étrangers encore moins
déterrer leurs tombes et se déplacer avec. Leur présence
auprès de nous est primordiale et a une valeur qu'on ne peut pas
mesurer. Ils sont toujours présent avec nous et répondent
à nos besoins et ils nous protègent contre le mal. On ressent
leur présence dans nos activités. Les pensent que nous sommes ici
par ignorance ou par manque de moyen mais au contraire, nous avons nos raisons
et personne ne peut le comprendre à part nous. (Entretien avec Moun
M, 68 ans, chef de terre, à Toukra, 15 septembre 2021).
Selon ces propos nous pouvons retenir que les populations ont
leurs pleines raisons justifiables de résister aux inondations et
préfèrent ne pas quitter leurs espaces attachés à
leur socioculture. Pour notre informateur, il est impossible pour lui de
quitter son espace et laisser les tombes de ses parents sans protection moins
encore déterrer ces derniers et se déplacer avec. Donc, il est
condamné à vivre ainsi dans ce lieu quoi qu'ils adviennent.
Parvenu au terme de ce chapitre, il était question de
présenter les différentes origines et facteurs des inondations
dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena. Nous sommes
parties des origines culturelles et naturelles. S'agissant des facteurs, il en
ressort de facteurs naturels et anthropiques. Le chapitre suivant nous
amènera à montrer les impacts des inondations dans ledit
arrondissement.
CHAPITRE 4 : IMPACTS DES INONDATIONS DANS LE APITRE
4 IMPACTS DES INONDATIONS DANS LE 9
9eme ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA '
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Dans le présent chapitre, il est question pour nous de
montrer les impacts des inondations sur la population du 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena. Plusieurs types d'impacts menacent la
vie de la population dudit arrondissement et leur milieu physique. Il s'agit
d'impacts culturels, matériels et environnementaux, sanitaire et enfin
impacts humains. Dans la ville de N'Djamena en général et le
9eme arrondissement en particulier, les inondations constituent un
phénomène destructeur partout où elles apparaissent. Dans
ledit arrondissement, les impacts des inondations sont bien nombreux que les
facteurs évoqués dans le chapitre précédant.
4.1- IMPACTS CULTURELS DES INONDATIONS DANS LE
9eme
ARRONDISSEMENT
Au cours de la période d'inondation, la population du
9eme arrondissement fait face à des destructions de bien et
objets culturels très estimables et valeureux à leurs yeux. La
perte du patrimoine culturel, archéologique, historique et ressources
esthétiques d'importance culturelle, religieuse et de lieux
sacrés tels que le cimetière, l'église, la mosquée,
case a fétiche, espace rituel, maison de la culture. Le cas du
cimetière de Ngonba est alarmant, à chaque période
d'inondation, les habitants qui vivent dans les environs du cimetière se
plaignent des odeurs qui se dégagent de ce cimetière. Certaines
tombes qui ne sont pas bien cimentées, lâchent et ce qui provoque
des mauvaises odeurs. Pendant la saison pluvieuse et surtout la période
de débordement des cours d'eau, nous observons la dégradation de
l'environnement dans cet arrondissement. Ce débordement des cours d'eau
détruit les sols, les plantes et les animaux dans les quartiers. En
effet, ce sont les quartiers des bas-fonds ou les gens pratiquent l'agriculture
qui connaissent le plus d'inondation. Nous pouvons dire que les atteintes aux
patrimoines écologiques, culturels et esthétiques sont
également importantes, mais restent difficile à évaluer
avec précision. La destruction des arbres et monuments culturels sont
visibles pendant les fortes pluies et jouent négativement sur la
sociabilité des habitants. C'est dans ce sens que Moun M affirme :
A quelque mètre de chez moi ici, nous avons un
grand arbre ou les jeunes et les enfants viennent souvent pour donner des
conseils, faire des réunions qui concerne la commune, parfois je leur
raconte les histoires, les contes et bien d'autre, on allumait le feu, ce c'est
qu'on appelle arbre à palabre. Sous cet arbre, on faisait les
prières collectives par exemple en cas de rupture de pluie et même
quand il y a les cérémonies genre le baptême, la dot, le
mariage et bien d'autre, c'était sous cet arbre là qu'on
étalait nos nattes. Nous avons interdit aux enfants de monter sur cet
arbre et aux femmes de couper. Il est considéré comme notre
patrimoine ou chacun prend soin sans condition. Maintenant que
97
la pluie l'a démonté, nous avons perdu
franchement nos sens de sociabilité dans notre quartier. (Entretien
avec Moun M, 68 ans, chef de terre, à Toukra, 15 septembre 2021).
Selon les propos de notre informateur, les inondations ont un
impact néfaste sur l'environnement dans cet arrondissement.
4.1.1- Impacts environnementaux
L'absence de réseau d'évacuation engendre
l'accumulation ou la stagnation des eaux sur certaines infrastructures
routières déjà très insuffisantes et rarement
revêtues contribuant alors à leur dégradation et les
rendant impraticables. Les eaux de ruissellement en contact avec les
déchets et ordures, drainent dans leur mouvement d'importantes
matières chimiques et organiques qu'elles répandent rendant
l'environnement très infect et malsain. Considérant ces effets
environnementaux, sociaux et économiques touchant directement au
bien-être de la population, Boring, (2019. Lorsqu'il pleut, les eaux de
ruissellement s'infiltrent dans le sol. Etant donné que ces eaux sont
chargées des débris de cadavres d'animaux, des ordures
ménagères de toutes sortes, elles peuvent contaminer la nappe
phréatique et changer la qualité des eaux des puits et des
forages. On a également observé l'abondance des déchets
sur les rues après le départ des eaux.
Nous vivons dans un quartier je dirais même pourris,
aucun acte de citoyenneté effectué, les femmes jettent les
ordures, les eaux usées de ménage dans les rigoles, d'autres
même, elles jettent dans les rues. En dehors de ça, les toilettes
sont en tôles et sans toiles. La mairie qui est censé nous aider
le ramassage des ordures, elle nous a laissé à notre triste sort.
Nous sommes constamment exposés à des maladies ((Entretien
avec Elis, 62 ans, délégué de sinistré de Toukra,
à Toukra, 27 août 2021).
4.2- IMPACTS MATERIELS
Tout d'abord, les principaux impacts des inondations sont les
dégâts matériels et pertes en vies humaines. En effet,
suite à une inondation, les habitations, les infrastructures
socio-collectives, sont très souvent dégradé. On constate
les pertes des biens socio-économiques et culturels telles que : des
ustensiles de cuisine, des vêtements emportés, les meubles
endommagés, les appareils électroménagers souvent
endommagés. On enregistre également, des pertes d'animaux
domestiques, des documents, des objets précieux et de dossiers
importants.
Les eaux de ruissellement se créent elles-mêmes
leur passage occasionnant ainsi des érosions qui affaiblissent les
fondations des habitations. Absence de réseau d'évacuation
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engendre l'accumulation ou la stagnation des eaux sur
certaines infrastructures routières déjà très
insuffisantes, seulement 379,75 km de réseau routier assure la
mobilité des personnes et bien, et rarement revêtues contribuant
alors à leur dégradation et les rendant impraticables Les eaux de
ruissellement en contact avec les déchets et ordures, drainent dans leur
mouvement d'importantes matières chimiques et organiques qu'elles
répandent rendant l'environnement communal très infect et
malsain. Considérant ces effets environnementaux, sociaux et
économiques touchant directement au bien-être des populations,
cette dernière et les pouvoirs publics doivent multiplier les mesures de
lutte contre les inondations. (Azonnako v, 201).
Pendant la tombée abondante des pluies et le
débordement des cours d'eau, l'environnent est aussi
dégradé. Cette abondance d'eau détruit les sols, les
plantes et les animaux dans les quartiers. En effet, c'est les quartiers
Potopoto ou le les femmes pratiquent l'agriculture qui connait le plus
d'inondation. Lorsqu'elles surviennent, toute la zone agricole est
entièrement immergée. Ainsi, on y note une destruction des champs
de légumes et des terres cultivables.
En effet, lorsqu'il pleut, les eaux de ruissellement
s'infiltrent dans le sol. Etant donné que ces eaux sont chargées
des débris de cadavre d'animaux, des ordures ménagères de
toutes sortes, elles peuvent contaminer la nappe phréatique et changer
la qualité des eaux des puits et des forages. On a également
observé l'épandage des déchets sur la rue après le
départ des eaux. Aussi l'on peut dire que les atteintes au patrimoine
écologique, culturel et esthétique sont également
importantes, mais restent difficile à évaluer avec
précision.
4.2.1- Impacts économiques
Les inondations sont à l'origine de la perte des
récoltes. Ce qui pose un sérieux coup aux moyens de subsistance
alimentaire de la population. A partir du mois de Juillet (2020), des fortes
pluies affectent la capitale N'Djamena. Ces inondations ont forcé le
déplacement de centaines de milliers de personnes, mais aussi, la perte
des stocks de céréales des ménages. Par ailleurs, des
centaines de milliers d'hectares de terre cultivée ont été
détruits, des milliers de têtes de bétails ont
également été emportés par les eaux et les stocks
des commerçants des marchés inondés ont été
sérieusement affectés. Cette situation a un impact négatif
à la fois sur l'accessibilité des aliments pour les
ménages et la disponibilité des denrées alimentaires de
base sur les marchés touchés par les inondations26.
26 Journal presse écrite Aba-garde novembre
2019
99
Les inondations ont occasionné d'importantes pertes de
productions, la destruction des cultures (laitue, tomate, carottes, maïs,
manioc, etc.); la population perd leurs réserves alimentaires ainsi que
leurs animaux. On note une destruction de la production halieutique du fait de
la montée des eaux. Les activités piscicoles sont
perturbées à cause de la vitesse du courant des vents et des eaux
qui ne favorisent pas une bonne productivité entraînant la baisse
des revenus. Le commerce en général est perturbé par les
inondations notamment la vente illicite des produits pétroliers et des
articles divers à cause de l'impraticabilité de certaines voies
de circulation qui entraînent la mévente des produits dans les
zones touchées. Des jours durant, des magasins restent fermés
créant ainsi un manque à gagner pour la population qui pratique
le transport et pour les vendeuses et vendeurs ambulants. Cette population qui
développe de petites activités commerciales ou de services,
génératrices de revenus pour les ménages et pourvoyeuses
de ressources fiscales pour la municipalité sont perturbées
pendant les périodes pluvieuses. Même si les inondations semblent
ne pas être une menace grave pour les grandes sociétés et
les structures économiques, elles constituent un frein ou un handicap
sérieux pour la microéconomie. C'est d'ailleurs ce que reconnait
Adji lors qu'il dit :
Je suis mécanicien depuis plus 10 ans
déjà. Je répare la moto, la bicyclette et un peu la
voiture aussi. Je ne me plain pas pendant les autres saisons mais en saison de
pluie, mon boulot tourne aux arrêts, d'abord mon lieu de travail envahit
par les eaux comme c'est ça une pente et c'est seulement vers novembre
d'abord je veux recommencer le travail parce qu'en ce temps, l'eau quitte
déjà. (Entretien avec ADJI H, 56 ans, mécaniciens,
à Walia, 27 août 2021).
D'après ces propos, nous pouvons dire que pendant la
saison pluvieuse, les activités économiques de la population
tourne au ralenti dû à la stagnation des eaux dans les bas-fonds
ou des zones à pentes. Dans certaines zones inondables, les
activités ne reprennent qu'à partir du mois de novembre.
La commune a connu une grande perte économique car, en
absence d'activités due aux inondations, Il y a une grande perturbation
dans l'exécution des projets de construction des infrastructures
sociales. La commune a perdu également bon nombre de financement de
projet avec leurs partenaires. Les activités socioéconomiques
sont aussi plombées. Pendant que les besoins d'argent s'accroissent, les
revenus diminuent. Les pertes des réserves alimentaires et biens
domestiques sont inestimables.
100
4.2.2- Destruction des champs
Les inondations créent d'importantes pertes en produits
agricoles. La destruction des produits agricoles est suivie d'une rupture
totale d'activités en ce sens que les pistes ne sont plus praticables.
Plus de trois quart des ménages vies de l'agriculture perdent leur
autonomie financière car ils se déplacent vers les espaces non
inondés. D'autres ménagent n'arrivent plus à couvrir les
nouvelles charges. Ils changent temporairement d'activités pour subvenir
à leurs besoins. Les inondations détruisent presque tous les
champs agricoles. Elles menacent la survie des ménages agricoles ;
d'où les propos de Ado :
Bien sûr ! Ce phénomène joue vraiment
en leur défaveur. Les animaux ne supportent pas l'excès d'eau,
ça leur amène des maladies de tout genre, pour les
pêcheurs, évidemment qu'ils ne peuvent pas pêcher quand
l'eau atteint la ceinture ou le cou, dans tout le cas, les grandes victimes
sont les agriculteurs. Quand il y a inondation, c'est leurs champs qui se
retrouvent par terre ; l'excès et la vitesse de l'eau démontent
très facilement leurs plantations. Donc, sa joue
énormément sur leur commerce. A l'époque, Toukra, il avait
les arabes, c'est un lieu de champ ou on cultive les céréales, le
quartier Ngoumna c'est un lieu de chasse, à Walia, c'est là-bas
que les gens pêches. (Entretien avec Ado, Ancien
délégué et responsable des sinistrés, a Walia le 18
septembre 2021)
Dans ces propos, il est à retenir que la montée
des eaux occasionne l'inondation dans cette commune constitue un frein dans le
secteur agricole et de l'élevage. L'agriculture, l'élevage ou
encore la pèche (agrosylvopastoralisme) qui sont des activités
par excellente depuis des années dans cette commune sont sous menace
à chaque saison pluvieuse. Les agriculteurs, éleveurs et
pécheurs ont du mal à tenir les deux bouts pendant la
période pluviale.
Les cultures de tomate, de carotte, de piment et autres
laitues aménagées dans les plaines d'inondation subissent le
pourrissement des leurs racines après de longues périodes de
submersion des eaux (Ngansom, 2013). Pour les quartiers ou l'élevage est
pratiqué à grande échelle, on enregistre des grandes
pertes lors des inondations parce que les enclos sont submergés par les
eaux. En effet, les animaux (porcs, chèvres, les volailles)
confinés dans les enclos construits sur les berges sont très
régulièrement envahis par les eaux de crue. Aba dira à cet
effet :
Depuis je suis dans ce quartier, je fais des
activités supplémentaires pour tenir mes deux bouts. Dans ma
concession, j'élève les volailles et canards, j'ai aussi un
espace qui me sert à faire un petit champ de maïs, de mil et de
canne à sucre. L'inondation de l'an dernier à terrassé
tout mon champ, j'ai aussi perdu mes volailles. Je me retrouvais dos au mur.
J'avais tout mon espoir sur mon petit champ et mon élevage.
(Entretien avec Aba, 42 ans, sinistré, à Walia, 14 septembre
2021).
101
Dans ce propos nous notons que les activités comme
l'agriculture et l'élevage se pratiquent dans le quotidien dans cet
arrondissement. Mais seulement durant la période pluvieuse, que ces
activités sont menacées par les inondations.
4.2.3- Impacts sur les infrastructures
La vulnérabilité infrastructurelle
désigne la fragilité des équipements urbains qui
constituent les premiers services contribuant tant au développement
économique par l'amélioration des facteurs de croissances que
l'amélioration des conditions de vies de la population (Kenlack, 2019).
Les inondations surviennent chaque fois à N'Djamena pour complexifier
l'existence des populations tant urbaines que rurales. Ces inondations subites
emportent sur leur passage des champs, des habitations. En effet, la stagnation
des eaux dans les rues accélère non seulement leur
dégradation mais également la détérioration des
moyens de transport (automobiles, motocycles, motos, etc.). Le fonctionnement
des infrastructures sociocommunautaires installées le long des voies se
trouve perturbé retardant ainsi les activités. Cette situation a
pour corollaire le retard au service, la morbidité, etc. Les
infrastructures scolaires se retrouvent complètement sous l'eau
empêchant ainsi le bon déroulement des activités
éducatives.
Lors des inondations, plusieurs activités sociales
cessent ou tournent au ralenti. De nombreuses infrastructures communautaires
telles que les écoles, les églises, les hôpitaux ainsi que
et les cimetières ont été détruit pendant les
inondations. Le lycée de Walia par exemple était
complètement dans l'eau, de même, les églises
situées à Walia comme paroisse Sainte Espérance de Walia
et Saint Bernard ont été entièrement endommagés.
L'hôpital le bon samaritain et le cimetière de Ngonba ne sont pas
épargnés par les dégâts liés aux inondations.
Aussi les réseaux d'eau et d'électricité ont
été sérieusement affectés. Les églises, les
écoles, mosquées, les marchés, le cimetière ont
tous été touché par l'inondation surtout la récente
inondation de 2020. Cette situation est celle qui permet à Paul de dire
:
Les populations de notre commune sont abandonnées
à leur triste sort par le gouvernement c'est comme si nous ne sommes pas
de tchadiens. Nous vivons chaque année presque le même calvaire
lié aux inondations. Sur le plan infrastructurel, les routes sont
impraticables surtout les grands axes, il faut faire le marathon ou gymnase
pour avoir moins de difficulté pour traverser. Les écoles alors
n'en parlons plus, elles sont complètement sous l'eau. Pas loin,
même la mairie était sous l'eau pendant un bon moment. Le
cimetière de Ngonba, les sites A et B de Toukra sont aussi ravagé
par l'eau. (Entretien avec Paul, 59 ans, enseignant de
l'université, à Gardolé: septembre 2021).
Sur l'image 7 ci-dessus on peut observer 8 personnes dont 2
enfants et 2 femmes montées dans une pirogue traversant le quartier due
aux difficultés de traverser à pied ou aux
102
De ces propos nous pouvons retenir que les infrastructures
socio-collectives telles que : les rues, les hôpitaux, les écoles,
maisons des cultes, bâtiments administratifs, le cimetière et bien
d'autres sont en perpétuelles menaces par l'inondation dans la commune
du 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
Les infrastructures sociocommunautaires se dégradent
(écoles, centres de santé, routes) exposant les usagers aux
risques d'infections et d'électrocutions. Sur les grands axes de la
commune, les eaux stagnantes constituent de véritables obstacles pour
les conducteurs d'engins à deux roues. Pendant les inondations, on
constate l'impraticabilité des grands axes comme l'axe principal qui
mène vers le marché de Ngoumna. En outre, pour aller de Walia ou
pour en revenir, inutile d'utiliser une motocyclette ou une voiture, l'eau
barre les axes qui relient le 9eme arrondissement au reste de la ville. Les
habitants, du moins ceux qui y vivent encore sont obligés d'apprendre
à monter en pirogue, le seul moyen de déplacement. L'école
Nelson Mandela de Walia est fermée pendant trois semaines,
l'accès à la cour étant gardée par les eaux. L'axe
bitumé qui traverse le marché de Walia est complètement
inondé suite à la pluie qui s'est abattue dans la ville de
N'Djamena en septembre 2020. Des boutiques situées aux abords de la
route sont touchées par les eaux, tandis que le déchargement des
marchandises et la circulation des personnes est ralentie. Pour traverser, les
citoyens doivent retrousser leurs vêtements et s'empêtrer dans
l'eau.
Photo 8 : Pirogue, un moyen de transport
Source : MOUKHTAR Adoum, Août 2021
103
engins à deux ou quatre roues. Notons que traverser
à pirogue aux quartiers pendant la période pluvieuse est un moyen
de déplacement efficace pour les populations.
Photo 9 : Axe principal entrant dans le 9eme
arrondissement
Source : MOUKHTAR Adoum, 21 Août 2021
L'image 8, sur l'axe Walia, nous pouvons observer la
présence des engins à deux roues bloqués par
impraticabilité de route due aux eaux stagnées sur cet axe
causant de l'embouteillage.
4.2.4- Impacts dans le domaine éducatif
Les inondations à N'Djamena ont toujours un impact sur
la rentrée scolaire. Les écoles restent fermer pendant quelques
semaines ou mois due à la stagnation des eaux dans les cours des
établissements. En 2010, les inondations ont affecté sept (7)
établissements scolaires avec environ 650 enfants dans la commune du
9eme arrondissement (OCHA, 2010). Les bâtiments de ces
écoles ont été inondés et certains détruits
avec tout le matériel didactique, archive et mobiliers qu'ils
comportaient. Le lycée de Walia est souvent l'abri de
référence qu'occupent les sinistrés. Ces situations jouent
sur la rentrée scolaire (Maninga, 2014). Le cas du lycée de Walia
est alarmant. La rentrée scolaire de 2020-2021, les élèves
ont pris le chemin de l'école qu'en décembre. Les eaux de pluie
dues au débordement du fleuve Chari ont envahi le lycée de Walia
et les sinistrés ont pris refuges au sein de ce lycée, dans les
salles des classes. Il a fallu que la marie retire les eaux stagnées,
dans le lycée par moteur à pompe à eau pour que les
élèves reprennent cours. C'est sous le regard impuissant de leurs
parents que ces enfants, déjà traumatisés par les
inondations, s'ennuient à l'intérieur du bâtiment où
ils ont trouvé refuge. C'est ce qui atteste Glo lorsqu'elle dit :
104
Je suis à la maison parce que mon école est
inondée. Je suis en salle d'examen et certains établissements
sont avancés aux programmes. Cela fait déjà un mois que je
suis là à la maison sans rien faire et mon objectif de cette
année c'est d'affronté le baccalauréat donc, chaque
seconde compte pour moi. Je ne sais vraiment pas quand les cours vont
recommencer mais par-là, je prie à ce que la mairie et ses
partenaires de venir en urgence pour trouver une solution afin qu'on puisse
reprendre les cours. (Entretien avec Glo, 19 ans, élève,
à N'Gueli, 26 Septembre 2021).
D'après ces propos, les inondations ont un impact sur
le système éducatif. Durant la saison de pluie, plusieurs
écoles restent fermées parce qu'elles se trouvent dans l'eau et
elles se reprennent qu'à après les eaux stagnées soient
passées. Cette situation retarde la rentrée académique et
provoque les mécontentements chez les élèves.
Rappelons que la rentrée des classes est
perturbée dans presque la majorité des écoles dans la
commune. Les parents d'élèves sont inquiets de situation qui
pénalise leurs enfants. Ils exhortent les autorités
étatiques et leurs partenaires à trouver des solutions à
l'immédiat pour que leurs enfants prennent le chemin de l'école.
C'est dans ce cadre que notre informatrice, Allim. souligne : « Ce que
nous voulons, c'est d'avoir une école afin que nos enfants puissent
apprendre. Ma fille passe pour la classe de terminale. Des écoles sont
fermées, ma maison est sous l'emprise de l'eau, je ne sais où la
mettre pour qu'elle prépare son examen ». Cette situation
alarmante qui laisse les parents sans voix, les élèves à
leur triste sort et la mairie impuissante à répondre
favorablement pousse certaine population à dire leur mot sur cette
situation. D'où les propos de notre informateur conduit en ce sens :
La commune seule ne pourra pas trouver une solution
à cette situation. Nous demandons au gouvernement de venir voir ces
enfants qui ont déjà perdu un mois sans aller en cours. C'est
leur avenir qui est en jeu. Les ONG qui sont au Tchad peuvent aussi aider ces
enfants. Nous leurs disons que s'ils ont une action à mener, le
plutôt sera le mieux afin de trouver une solution pour nos enfants et
pour la population exposée à la chaleur et au froid.
(Entretien avec Koum, 64 ans, secrétaire général a la
mairie du 9eme arrondissement, à Walia, 03 août
2021).
D'après les propos de Koum, la gestion des inondations
dans cette commune, la marie seule ne peut pas gérer, donc, il est
question pour le gouvernement et ses partenaires de s'y impliquer pour une
gestion durable.
105
Photo 10 : Lycée de Walia
englouti dans l'eau
Source : MOUKHTAR Adoum, Août 2021
Nous pouvons voir sur cette image l'eau stagnée dans la
cours du lycée de Walia. Cette condition ne permet pas aux
élèves de fréquenter étant donné que les
salles qui ne sont pas à l'étage sont toutes englouties par
l'eau. Cette présence des eaux dans la cour est due au
débordement (Almé sel) du Chari.
4.2.5- Submersion du marché de Walia-Ngoumna
Les boutiques et les hangars des commerçants du petit
marché de Walia-Ngoumna, situé dans la commune du 9eme
arrondissement de N'Djamena, ce sont retrouvés inonder par l'eau
débordante du fleuve Chari. D'après les données de terrain
(2021), l'eau du fleuve Chari aurait cassé le barrage construit pour
protéger ledit marché, aux environs de trois (3) heures du matin.
Certains commerçants accusent les bandits d'être à
l'origine de cette inondation. D'autres pensent plutôt que c'est le
débordement du fleuve Chari en cette période de crue. Signalons
que pendant plusieurs années, voire chaque année, ce petit
marché qui ravitaille la population du 9eme arrondissement et ses
environs, ne manque pas de connaître l'inondation. En Octobre 2019, suite
au débordement des eaux du fleuve Chari-Logone, des tôles
rouillées, des hangars presque inutilisables et sol humide, voilà
ce qui reste de ce marché situé dans le 9eme
arrondissement de la capitale tchadienne. Allim, A dira à cet effet :
Je vends un peu de tout ici les légumes, tomates,
salades, ognons et bien d'autres. Je suis vendeuse depuis 8 ans
déjà, j'ai 5 enfants, ils partent tous à l'école et
c'est moi qui fait tout pour eux parce qu'ils sont des orphelins. Les autres
saisons on se plaint pas le marché ça va dans son ensemble
à part la tracasserie de la mairie mais, pendant la saison pluvieuse, le
marché tourne
106
d'abord au ralenti. L'inondation de cette année a
cassé ma boutique j'ai perdu tout parce que il avait plu la nuit et les
bandits ont profité pour voler. Il m'a fallu 3 mois avant de recommencer
un peu le commerce. Maintenant j'étale seulement mes marchandises comme
ça, parce que je n'avais pas assez d'argent pour louer une boutique
comme avant. (Entretien avec Allim, A, 42 ans, commerçante,
à Ngoumna, 26 août 2021).
Selon les propos, nous pouvons retenir que dans cette commune,
le marché de Ngoumna est constamment menacé par les inondations
surtout aux débordements du fleuve Chari. Les commerçants sont
les grands perdants.
En effet, les inondations ont souvent une incidence directe
sur les marchés des quartiers, pour sa situation dans un bas-fond le
plus proche du fleuve Chari. Le marché de Ngoumna est sous les eaux
dès les premières heures des inondations dispersant à
chaque fois une part de commerçants vers l'intérieur des
quartiers. D'autres s'arrangent à occuper l'espace restreint sur les
berges servant à étaler leurs marchandises. Déplorant un
abandon de l'État et une négligence, les commerçants
demandent aux autorités d'effectuer des descentes sur le terrain pour
constater la situation et intervenir le plutôt sera possible.
Nous avons des enfants à le nourrir à la
maison, de payer leur scolarité, et tout ça, c'est avec notre
petite activité pour couvrir les besoins familiale mais voilà
depuis quelque temps l'inondation nous privé de notre espace habituel,
nous obligé d'étaler nos marchandises au bord du goudron et sous
le soleil. Nous prions au gouvernement et la mairie de nous secourir si non on
risque de tout perdre. (Entretien avec, Allim, 42 ans,
commerçante, à Ngoumna, 26 août 2021).
Dans ses propos, nous pouvons dire qu'en saison pluvieuse les
petit commerçants surtout les (bayam selam27) vivent
de moment insupportable. Allim lance un appel au secours pour améliorer
leurs conditions de vies.
27 Terme utilisé désignant les
commerçant(e)s qui vendent les légumes, fruits... les bayams
sellam sont en majorité femmes.
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Photo 11 : Marché de Ngonba envahit par
débordement d'eau
Source : MOUKHTAR Adoum, Août 2021
Sur cette photo nous pouvons percevoir la submersion à
mi-hauteur du marché du quartier Walia Ngoumna dû au
débordement du Chari. Nous pouvons observer des boutiques
fabriquées en tôles submergées par les eaux stagnantes,
nous observons également les commerçants ce sont
déplacés des eaux pour étaler leurs marchandises a l'air
libre. Notons que la submersion n'est pas arrêtée que dans le
marché et les voies de circulation mais aussi attaquée les
concessions environnantes. D'après l'estimation, les pertes de biens
matériels remonte à 4 milliards FCFA.
4.2.6- Destruction de cimetière de Walia Ngonba
Le cimetière de Ngonba, dans le 9eme
arrondissement à N'Djamena, est au pied du fleuve Chari. Après
les inondations des quartiers Digangali, Gardolé, Toukra, et Walia
Hadjaraï, ce cimetière est également envahi par les eaux.
Pendant que les résidents des quartiers Gardolé, Digangali, Walia
Hadjaraï et une partie de Toukra décrient les conditions dans
lesquelles ils se trouvent, notamment à cause des inondations, les
défunts inhumés au cimetière de Ngonba, n'ont pas non plus
un repos paisible. A 500 mètres environ après la descente de la
route nationale menant au sud du pays, une partie du cimetière est
couverte de verdure. La terre est humide, des herbes poussent sur des tombes,
des stèles mises sur des tombes en terre deviennent de moins en moins
visibles. L'eau a envahi une partie du cimetière. Des sépultures
(tombes) construites en terre s'écroulent, créant ainsi des
trous. Cette situation empêche les habitants dudit quartier de vaquer
normalement à leurs occupations.
108
Au sud de la ville nous avons qu'un seul cimetière
qui est celui de Walia Ngonba autre que ça, c'est seulement à
Farcha (1er arrondissement) qui est à 10 kilomètre
d'ici, nous on ne peut laisser le cimetière qui est juste à
côté pour aller très loin. Pendant la saison pluvieuse, non
seulement les habitants du quartier qui ont les difficultés de traverser
mais aussi et surtout quasi impossible d'enterrer pendant la période de
crue dans ce cimetière. Pendant les inondations, il serait
complétement dans l'eau même les stèles on le voit pas et
par de là, les herbes qui poussent et créent les agressions dans
ce quartier. (Entretien avec Lamb, ancien chef de terre, à Walia
Ngonba, 20 août 2021).
Ce que nous pouvons retenir dans ces propos, est que les
habitants qui vivent dans les environnants du cimetière courent de grand
risque de morsure des serpents et autres insectes ainsi que le risque
d'agression. Notons que les habitants dans cette commune ont une grande
difficulté à déplacer le corps sans vie d'un
cimetière qui se trouve dans leur arrondissement vers un autre
cimetière qui est à 10 kilomètre.
Photos 12 : Submersion de cimetière de Ngonba par
l'inondation
Source : MOUKHTAR Adoum Août 2021
Sur l'image ci-haute nous pouvons observer certains caveaux
sont complétement dans l'eau et d'autres juste les pieds. Cette
submersion est due au débordement des eaux du Chari causant
l'inondation. Il faut aussi noter qu'Il y a quelques années, le
gouvernement a interdit d'enterrer les morts dans ce cimetière pour de
raison d'agrandissement de la ville mais les habitants qui ont de
difficulté financière ne peuvent pas se déplacer du
9eme jusqu'au cimetière de Farcha qui est à la sortie
Ouest de la ville.
109
4.2.7- Impacts des inondations sur les
habitations
Des centaines de concessions sont inondées,
forçant ainsi des familles à quitter leurs maisons pour aller
louer dans d'autres quartiers épargnés par les
dégâts. Les personnes ayant moins de chances voient leurs maisons
s'écroulées sous leurs yeux sans pouvoir rien faire.
Au-delà du silence du gouvernement, des propriétaires de maisons
augmentent les tarifs de location pour les sinistrés déjà
dans une position de faiblesse. Les dégâts dans ces espaces sont
en fonction des eaux accumulées pendant la saison de pluie. Dans la
commune, des cas réguliers d'abandon des concessions, des maisons
écroulées ou inondées sont remarquables comme à
l'exemple de celle de l'année dernière (2020). C'est dans ce
contexte que, Allim dira : « Les chambres même sont
mouillées donc on a rempli les sacs avec les sables pour mettre matelas
et dormir dessus, je ne peux même pas aller au marché pour
m'approvisionner à cause de l'eau. Mes enfants souffrent tout le temps
de la diarrhée et du paludisme ». Allim, 42 ans,
commerçante, à Ngoumna, 26 août 2021). Les
familles sinistrées, passent des jours dans l'eau posant leur lit sur
des briques ou transformant leurs tables en lieux de couchage. C'est d'ailleurs
ce que reconnait Elis :
C'est pour la troisième fois que j'ai vécu
l'inondation. C'était en 2010, 2012 et 2020. Je n'avais pas où
aller mettre ma famille, je suis un père de 13 enfants.
Deuxièmement, j'avais des bétails je les ai perdu, des canards,
des poules que je ne le retrouve même pas parce qu'au moment de
l'inondation. Ma famille je les ais déplacé au lycée de
Walia en attendant le coup de mains de l'Etat. Le riz que j'ai
labouré-là, tout est parti dans l'eau donc, c'était
vraiment un grand choc pour moi. (Entretien avec Elis, 62 ans, ancien
délégué et responsable de sinistré de Toukra,
à Toukra, 27 août 2021).
Dans les propos de notre informateur, nous pouvons retenir
qu'il a été victime pour la troisième fois de suite des
inondations dans cette commune. Ces inondations ont eu pour conséquences
des pertes des animaux et volailles, la destruction de champs et le
déplacement des sinistrés.
Suites à des inondations survenues depuis la fin du
mois de Juillet 2020 à N'Djamena, la plupart des ménages a
été contraint de quitter leurs résidences. Par ailleurs,
à la fin du mois d'Octobre 2020, la rupture d'une digue dans les
quartiers Gardolé Djedit, Walia et Digangali a également
entrainé le déplacement de plusieurs milliers de personnes. La
majorité des personnes déplacées a été
accueillie sur le site Tradex, Le centre collectif Grillage, situé dans
le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
110
Le centre collectif Grillage, situé dans le même
arrondissement, fait partie des autres lieux d'accueil de ces personnes : 698
ménages (3.534 individus) sont installés28.
Durant notre enquête sur le terrain, la mairie du
9e arrondissement nous a servi avec des documents d'ordre
statistique qui nous ont permis à enrichir notre cherche scientifique.
En moyenne, les ménages présents dans le centre de Grillage sont
composés de Cinq personnes. Plus de la moitié 53% des personnes
sont des femmes. La majorité 61% sont des mineur(e)s dont 31% de
garçons et 30% des filles. Il est à noter que les enfants
âgés de 0 à 5 ans représentent à eux seuls
plus d'un quart (26%) au total des individus déplacés. Par
ailleurs, pour la majorité des ménages (74%), seul un parent est
présent dans le centre. En effet, dans de nombreux cas, le père
est resté dans le lieu de provenance afin de veiller aux biens des
ménages, pendant que la mère est dans le centre avec les
enfants.
Les habitations construites en poto-poto (matériaux non
durables), soit 80% de l'habitat de l'arrondissement, ont été
presque détruites dès les premières heures de
l'inondation. Des sources paroissiales estimes à 2 30 4 maisons ont
été ainsi détruites. Les maisons construites en
matériaux-durs résistent, mais celles en semi en dur risquent de
s'écrouler à cause de la stagnation de l'eau. Les inondations,
surtout par débordement causent d'importants dégâts
matériels et humains dans la ville de N'Djamena en général
et dans la commune du 9eme arrondissement en particulier. Elles ont fait plus
de 70 % de salles de classes inondées, 3 % de salles de classe
endommagées, environ 14 % de cases en terre battue, 9 % de personnes
sans-abris et 2 % de pertes en vies humaines. Ces dégâts ne sont
pas restés sans impacts socioéconomiques dans ladite commune.
Il est à noter que pendant les inondations, on assiste
à des pertes des documents importants tels que les diplômes, les
actes de naissance ou de mariage, titre foncier
etc. si la vitesse de ruissèlement de
ces eaux est assez considérable, elles emportent ces documents et
certains bien légers avec elles. Notons que le phénomène
d'abandon de domicile est aussi très récurrent dans le
9eme arrondissement. Cet abandon est surtout observé dans les
secteurs très humides. Alors plusieurs maisons ont été
abandonnées après les inondations dans la commune.
4.2.8- Impacts sur les sinistrés
L'arrivée des eaux dans le 9eme
arrondissement multiplie des difficultés de vie des ménages. On
observe des déplacements de la population en masse vers les zones non
inondées. Des milliers de personnes ont été
déplacées dans les sites des sinistrés les plus proches.
Ces déplacements en masse de la population consécutive aux
inondations se résument au
28 ETT (Emergency Traking Tool)
111
déplacement involontaire des ménages. Les
inondations de 2012 ont chassé 25 121 personnes vivantes dans 4 200
ménages, pour la ville de N'Djamena (SECADEV, 2020). Les ménages
sinistrés ayant un revenu fixe ont relocalisé leur famille dans
d'autres quartiers de la ville, d'autres sont hébergés chez des
parents, d'autres encore ont regagné leurs régions d'origines en
provinces. Une catégorie de sinistrés les plus démunis se
trouvent dans le site ouvert pour l'accueil. C'est le cas des sites « A et
B » à Toukra. D'après l'ONG (CHORA 2020), les ménages
ont atteint plus de 1842 en 2010 dans le 9eme arrondissement, plus
2067 en 2012 dans le site d'accueil de Toukra.
Le phénomène d'abandon de domicile est aussi
très récurrent dans le 9e arrondissement. Cet abandon
est surtout observé dans les secteurs très humides. Alors
plusieurs maisons ont été abandonnées après les
inondations dans la commune. Les propriétaires ont jugé mieux de
s'installer à des endroits où l'on observe très peu le cas
d'inondation soit dans la ville ou en dehors de celle-ci.
Photo 13 : Déplacement des sinistrés du
quartier Walia
Source : MOUKHTAR Adoum, septembre 2021
Sur cette photo nous pouvons observer les jeunes
garçons et filles transportent entre les mains des biens
matériels (des sceaux, des objets de cuisine et bien d'autres
invisibles). Ils quittent de leur milieu inondé pour chercher un autre
lieu non inondé. Ces derniers cachent leurs visages pour garder leurs
anonymats. Autour d'eux, nous observons les eaux stagnées dans la rue et
quelques concessions sont par terre de loin. Notons que ce déplacement
en masse des sinistrés a eu lieu suit à l'inondation
provoqué par la rupture de la digue. Ces derniers ont pu ramassés
les biens matériels nécessaires qui les permettaient de
séjourner quelques jours aux refuges.
112
4-2-8-1. provenance et période de
déplacement des sinistres 4-2-8-1.1. Site/Centre de Grillage
La totalité des ménages accueillis dans le
centre de Grillage provenant du 9e arrondissement de N'Djamena. Avant leur
déplacement, plus de la moitié résident au sein du
quartier Walia (52%) et (47%) provenaient des quartiers Gardolé Djadit
et Digangali. La majorité des ménages ont été
déplacés au mois d'octobre 2020 (81%) et (18%) sont
arrivés en novembre 2020. (ETT et DTM 2020).
Avant leur déplacement, la plus grande partie de
principaux soutiens des ménages étaient commerçants (38%)
par ailleurs, les personnes sans emploi et les maçons
représentaient (10%) au total.
La plupart des ménages 60% vivaient dans des maisons
construites en dur. Avant leur déplacement, 24% résidaient dans
des maisons en banco et 16% dans des abris en pailles ou en tôle. La
plupart des ménages étaient de locataires 43%, et 41% des
propriétaires. En outre, 16% étaient hébergés
gratuitement chez des membres de leur famille.
Suite aux inondations, la majorité des ménages
74% ont indiqué que leur logement avaient été
partiellement (56%) ou entièrement (18%) détruit. Seuls (26%) ont
pu préserver leur abri sans aucune destruction.
4-2-8-1.2. Site de Toukra
Le site de Toukra situé également dans le 9e
arrondissement de N'Djamena a accueilli 1.498 ménages (7.968 individus).
La totalité des ménages accueillis sur le site de Toukra, la
grande partie résidaient au sein du quartier Toukra (86%) et (13%)
provenaient du Walia.
4-2-8-1.3. Site de Tradex
A N'Djamena, la DTM a identifié 7.112 ménages
(31.853 individus) qui ont été contraints de quitter leurs
résidences. Sur le site de Tradex, situé dans la commune du 9e
arrondissement a accueilli (98) ménages (562 individus).
La totalité des ménages accueillis sur le site
Tradex provenaient du 9e arrondissement de N'Djamena. La vaste majorité
(95%) résidaient au sein du quartier Gardolé Djedit, (3%)
venaient du Walia et (2%) de Toukra. La vaste (94%) des ménages ont
été déplacés en août 2020 ;
113
4.2.9- Vécus des sinistrés
A Walia dans le 9eme arrondissement, un grand
nombre de ménage a trouvé refuge dans le lycée de Walia.
Ces victimes des inondations vivent dans ce lycée depuis plus de deux
semaines dans des conditions pitoyables et alarmantes. Exposés aux
intempéries et aux moustiques, ces déplacés vivent sous
des tentes faites à base des pagnes, des sacs de ciments et les morceaux
de tôles usées. Contraints à la promiscuité, ils
craignent et ont peur des maladies telles que le paludisme ou le choléra
qui peuvent à tout moment se déclencher. Plusieurs
sinistrés que nous avons approchés déplorent leurs
conditions de vie et, ils se voient abandonner par les autorités.
À ce propos, un informateur nous décrit la situation qu'ils
vivent dans ce site, il affirme :
Depuis que nous sommes arrivés dans ce site, nous
ne sommes pas encore satisfaits, les conditions de vie sont très
difficiles, nous n'avons ni eau, ni nourriture, ni couvertures, moins encore de
moustiquaires. Cela fait déjà presque dix(10) jours que nous
sommes là avec des femmes et des enfants et nous n'avons pas de quoi
manger, nous souffrons énormément. C'est difficile de
dormir dans un endroit pareil, nos tentes suintent. Pour certains, le vent a
arraché les morceaux de tissus et tôles qui nous servent d'abris.
On est obligé d'envoyer les enfants dans les quartiers chez des parents
lorsqu'il menace de pleuvoir de peur d'être tous mouillés.
(Entretien avec Elis, 62 ans, ancien délégué et
responsable de sinistré de Toukra, à Toukra le 27 août
2021).
Selon les propos de notre informateur, les sinistrés du
site de Toukra vivent dans des conditions alarmantes, ils sont laissés
à leur triste sort sans l'eau et ni subvention alimentaire, ni l'Etat ni
les ONG ne viennent à leurs secours. Ils sont exposés à la
chaleur et au froid. Pour l'informateur, les sinistrés sont dans
l'obligation de se séparer de leurs enfants pour éviter que ces
derniers subissent les conditions alarmantes.
La situation des sinistrés de site du lycée de
Walia préoccupe les autorités étatiques et ses
partenaires. Sur ce site, on constate l'utilisation abusive des
matérielles scolaires au sein du lycée. Le comportement de
certains sinistrés qui à défaut du gaz butane, se rivent
sur les tables-bancs pour la cuisson. Cette situation laissant parler le
responsable de la croix rouge départementale du 9eme
arrondissement. Il exprime ainsi :
Nous assistons depuis l'installation de ce site au sein de
ce lycée à un acte de vandalisme. Les sinistrés cassent
des tables bancs pour les transformer en fagot afin de préparer à
manger. Nous avons tenté de les raisonner mais hélas, ils nous
ont fait comprendre que ces tables bancs appartiennent à l'État
donc, ils vont utiliser comme bon leur semble. (Entretien avec Yeri, 36
ans, responsable de croix rouge de site de Toukra, à Toukra, 18 Juillet
2021)
114
De ces propos, Yeri affirme que certains sinistrés
cassent les bancs et autres matériels en bois et les pour leurs besoins
ménagers. D'après notre informateur, les sinistrés
utilisent les bancs pour leur usage ménager parce que l'Etat les a
abandonnés et donc, ils utilisent pour faire payer le gouvernement.
Des sinistrés ne cessent de se plaindre de la
distribution des vivres sur leur site à Walia. Ils accusent les
responsables de la commune du 9eme arrondissement d'enregistrer dans
les quartiers des gens qui ne sont pas touchés par des inondations pour
leur donner des vivres, couvertures et moustiquaires alors que les vrais
bénéficiaires ne trouvent rien. C'est dans ce contexte que notre
informateur Roland29 affirme :
Dans les distributions, la mairie distribuent les vivres
et moustiquaires aux personnes qui sont même pas avec dans le site,
c'est-à-dire, qui ne sont pas des sinistrés. C'est quand les gens
de dehors sont servi, après de venir vers nous et une fois vers nous,
c'est seulement 10% de nous qui bénéfices. (Entretien fait
avec Roland, sinistré, a Toukra le 27 août 2021
Dans ces propos, nous pouvons retenir qu'au sein du site de
sinistré, on constate le détournement de bien matériel. Le
gouvernement et ses partenaires sont censés améliorer les
conditions de vies de sinistrés mais c'est le contraire que ces derniers
vivent. Les personnes qui ne sont pas touchées par les inondations
profitent bien des matériels de premières
nécessités que les victimes elles-mêmes.
Les déplacés se plaignent aussi des conditions
d'hygiène parce qu'il n'existe pas de latrines dans le site. Sur le plan
sanitaire, le site B n'a pas de dispensaire. En cas d'urgence, il faut envoyer
les patients au dispensaire du site A. ils déplorent également le
manque de suivi par les ONG.
29 Nom d'emprunt
115
Photo 14 : Des tentes en pagnes des sinistrés au
site de Toukra.
Source : MOUKHTAR Adoum, Mai 2021
Dans la photo ci-dessus nous pouvons observer de plus
près, des tentes faites à base des pagnes des foulards, et des
bâches et un peu plus loin, nous observons des tentes faites à
base des bâches solide spéciales aux réfugiés. Il
faut préciser que les premières tentes faites par les
sinistrés eux même tant disque les seconde sont faites par le HCR.
Notons que dans ce site, des femmes, des hommes et des enfants vivent sous le
froid et le soleil ardent, ils sont aussi exposés aux diverses maladies
et aux morsures de serpents, aux piqures des scorpions et autres insectes
4.3- IMPACTES SANITAIRES DES INONDATIONS
Les catastrophes naturelles telles que les inondations ont des
conséquences sanitaires importantes, même à long terme. Ce
n'est pas seulement le danger immédiat de noyade, de blessures ou
d'hypothermie qui est préoccupant. Les inondations augmentent le risque
de diverses maladies. Lors des recherches de terrain, les populations se
plaignent de certaines maladies telles que le paludisme, la diarrhée, le
choléra, etc. Elles estiment que ces maladies connaissent une
augmentation suivant l'importance des inondations. Les maladies hydriques sont
les maladies causées par la consommation d'eau contaminée par des
fèces animales ou humaines qui contiennent des micro-organismes
pathogènes et les latrines traditionnelles non préservées
sont aussi pleines d'eau poussant les populations à
déféquer en plein air. Les populations n'ayant pas d'autres
sources d'eau de consommation sont contraintes de se ravitailler en l'eau de
puits dont elles ignorent la qualité. Ce sont les raisons qui expliquent
la part des inondations dans la vulnérabilité des populations aux
maladies liées à l'eau. Notons aussi que les populations qui
vivent dans la proximité des eaux stagnantes sont constamment
exposées aux maladies hydriques, morsures, électrocution et
noyade. Dans cette partie de notre
116
chapitre, il est question de faire la filiation entre les
inondations et maladies liées à l'eau ainsi que leurs impacts sur
la vie de la population du 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena.
4.3.1- Proximité des eaux stagnantes
Les eaux stagnantes polluées par les déchets
à l'air libre et le débordement des latrines infectent les
populations qui marchent dans ces dernières et qui infiltrent les puits.
Celles-ci occasionnent la prolifération des moustiques et des mouches
qui sont des vecteurs de certaines maladies endémiques. Cette stagnation
des eaux polluées entraine une humidité dans certains
logements.
Certains quartiers approximatifs aux rivières, de Lacs,
des marécages à moins de 50m sont exposés aux risques
d'inondation en saison de pluie, Buh Wung (2009). Dans le 9eme arrondissement
de la ville de N'Djamena, certains ménages enquêtés se
situent non loin d'une eau stagnante. De par la présence des pentes
très faible et des sols peu ou pas perméables, les quartiers du
9eme arrondissement sont propices à la stagnation des eaux de
pluies et ménagères qui favorisent la prolifération des
moustiques. Selon une étude de Souza, (2001), une hauteur de 0,5
mètres, stagnant pendant 24 heures conduit à une augmentation
significative du risque de contamination. Les populations du 9eme
arrondissement sont exposées aux risques liés à
l'insalubrité et les ordures nauséabondes. Dans ces quartiers,
les individus interagissent avec les ordures. La gestion anarchique des ordures
ménagers et celui l'insalubrité favorisent la
prolifération des maladies hydriques et infectieuses.
4.3.2- Paludisme
Le paludisme est une maladie due à un
hématozoaire du germe plasmodium qui parasite les hématites, et
qui est transmis par l'anophèle femelle (Gentilini, 1993). La stagnation
des eaux de surface couplée à la mauvaise gestion des ordures
ménagères favorise davantage la prolifération des
anophèles. En raison des inondations persistantes associées aux
conditions environnementales lamentables et aux pratiques culturales
derrière les concessions, le 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena fait face à l'épidémie du paludisme à
cause de la prolifération des moustiques dans les points d'eau
souillée. Les sinistrés sont les plus exposé à
cette maladie du fait que ces derniers dorment a l'air libre et entouré
des eaux stagnantes dans leur camps de refuge. C'est ainsi que Roland affirme
:
Depuis que nous sommes refugié ici, nous n'avons
carrément pas reçu n'est serait ce que les mousquetaires
pourtant on voit de loin les ONG viennent avec
117
les vivres et les mousquetaires mais les vrais
sinistrés ne sont les bénéficiaires. Comme vous voyez,
nous dormons à la belle étoile donc, on est exposé aux
moustiques et morsures des reptiles. La majorité des gens qui
sont ici souffrent du paludisme. (Entretien avec Roland, sinistré,
à Toukra le 27 août 2021)
D'après notre informateur, le gouvernement et ses
partenaires laissent les sinistrés a leur triste sort. Ces derniers
vivent avec les moustiques en permanent, c'est ce qui provoque le paludisme
dû aux piquiers des moustiques.
4.3.3- Diarrhée
Elle est la cause de mortalité infantile au Tchad. La
diarrhée est définie comme l'évacuation d'au moins trois
selles molles ou liquides en 24 heures (OMS, 1976). Les infections
diarrhéiques se manifestent pendant la période des inondations et
juste après le retrait des eaux d'inondation. Or la population utilise
dans une large proportion l'eau des puits lors des inondations. Pour l'OMS, la
diarrhée constitue la deuxième cause de mortalité au monde
et frappe les enfants de moins de 5 ans, avec 525 000 décès
d'enfants par an.
4.3.4- Choléra
Le choléra est une maladie causée par de
piqûre des moustiques et saleté. Ce dernier peuvent se multiplier
rapidement en cas de crue, car l'eau stagnante peut persister pendant des
jours, des semaines voire des mois. Dans cet arrondissement où les
maladies transmises par les moustiques sont courantes. Le risque
cholérique intervient dans des conditions où l'assainissement,
l'eau et l'hygiène des populations ne sont pas assurés, le
choléra sévit principalement dans les zones marécageuses.
On constate dans les quartiers comme Walia Ngonba, Ngoumna, Toukra Arabe et
Gardolé Djedit, les enfants sont atteints le choléra.
J'ai perdu mon petit-fils, il souffrait de cholera parce
qu'on dort sans moustiquaire. On nous promet toujours que les distributions
seront pour bientôt mais on ne les a pas reçus à temps. Mon
fils n'avait que quatre ans, quand il était tombé malade, on
pensait que c'était juste la diarrhée mais quand on a
constaté que c'était le choléra était
déjà tard. Ici, on nous donne seulement les médicaments
calmant. Il faut rappeler que cette année-là, le choléra a
vraiment ravagé notre site et beaucoup des enfants ont perdu la vie.
(Entretien avec Elis à Toukra le 27 août 2021)
4.3.5- Morsures des reptiles
Les inondations font souvent émerger des insectes en
grand nombre et ces organismes peuvent se multiplier rapidement. Les morsures
et les piqûres sont un problème courant. Les insectes venimeux et
les reptiles comme les serpents présentent un plus grand risque.
118
Cependant, les animaux sauvages et domestiques peuvent
être responsables de morsures. Dans ledit arrondissement, surtout dans la
période pluvieuse, la population est exposée aux morsures ou
piqûres des divers insectes venimeux, des reptiles, des anophèles
et aussi des animaux sauvages. Notons aussi que certains reptiles comme le
serpent, le lézard ou encore le margouillat crashent souvent sur le
récipient d'eau, marmite causant parfois des pertes en vies humaines.
Nous vivons en permanence avec les serpents, scorpions et
autres, j'ai été mordu par le serpent deux fois. Dans mon champ,
je tue pratiquement chaque semaine des serpents. Façons ou nous sommes
habitués à leurs morsures, nous traitons à la maison
même. (Entretien avec Roland, sinistré, à Toukra le 27
août 2021)
4.3.6- Électrocution
Les personnes peuvent mourir après avoir subi une
décharge électrique (électrocution), notamment durant les
opérations de sauvetage et les activités de nettoyage. Ce risque
peut résulter de la présence de câbles et d'appareils
électriques submergés dans l'eau stagnante ainsi que de
systèmes électriques endommagés. Les enfants sont beaucoup
plus confrontés aux électrocutions et hydrocution (noyade) ceci
peut être justifié par les propos de notre informateur:
S'agissant des pertes envie humaines, j'ai perdu mon
petit-fils, l'enfant de ma fille ainée sous mes yeux comme ça. Ce
jour-là il a plu abondamment, c'était au petit matin, les enfants
sortaient pour aller jouer, nous on pensait que mon petit-fils aussi
était avec les autres enfants or il avait une autre direction et comme
il ne marchait pas, il s'est retrouvé dans un petit caniveau a
côté et comme ça qu'on a signalé avec des cris.
(Entretien avec Elis à Toukra le 27 août 2021)
D'après ces propos, nous pouvons retenir que les
habitants du 9eme arrondissement sont confrontés non
seulement à des morsures des reptiles mais aussi à des noyades et
électrocution. Il est a constaté que les enfants et les
vieillards sont en permanent victimes d'électrocution. Notons que
pendant les fortes pluies, on coupe de courant des raisons de circuit
électrique et l'électrocution.
4.3.7- Pertes en vies humaines
Les inondations ont pour conséquences de nombreux
dégâts humains, beaucoup de personnes périssent au cours
des inondations. Elles peuvent mourir, noyer ou bien frapper par des
écroulements des infrastructures emportés par le courant. On ne
retrouve d'ailleurs pas toutes les personnes car certaines disparaissent sous
l'eau entraîné par la puissance de l'eau.
119
Selon la Mairie de N'Djamena, 18 cas de décès,
64 blessés et plus de 6.000 maisons sont écroulées et/ou
inondées en 2012. Du 1er au 23 aout 2020, rien que cet
intervalle, l'OIM a enregistré 10 mort et 31 853 individus
déplacés dans 15 quartiers des dix arrondissements de la capitale
suite à des inondations. Des pertes en vies humaines par noyade ont
été enregistrées au cours des inondations sans oublier la
dégradation de l'état de santé des populations. Les
enfants, les handicapés, les personnes âgées sont les plus
exposés aux phénomènes d'inondation dans le
9eme arrondissement. A cet effet, Ado affirme en ce sens : «
Dans la soirée du 26 octobre 2020, un pêcheur âgé
d'une quarantaine s'est noyé, dans le Chari non loin de Ngonba.
L'incident est survenu alors que ce dernier pêchait avec son
garçon, d'après son fils, la victime serait saoule ».
(Entretien avec Ado, Ancien délégué et responsable
des sinistrés, a Walia le 18 septembre 2021).
Selon les propos de notre informateur, le drame lié aux
noyades est très fréquent surtout pendant la période de
crue. Rappelons aussi que le gouvernement a strictement interdit de
pêcher ou de nager dans le fleuve pendant les crues.
Au terme de ce chapitre, il était question de montrer
les impacts liés aux inondations dans ledit arrondissement de la ville
de N'Djamena. Nous sommes parties les impacts culturels et environnementaux,
matériels socioéconomiques et infrastructurelles, sanitaires et
humains. Le chapitre suivant nous amènera à une lecture
anthropologique et mécanismes de résilience mis par la population
pour une meilleure gestion des inondations dans le 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena.
CHAPITRE 5 : LECTURE ANTHROPOLOGIQUE ET CHAPITRE 5 :
CHAPITRE 5 : LECTURETHROPOLOGIQUE ET MECANISMES DE
RESILIENCE MECANISMES DE RESILIENCE POUR UNE GESTION
NE GESTION DURABLE DES INONDATIONS DURABLE DES
INONDATIONS DANS LE 9eme me ARRONDISSEMENT DE N'DJAMEN
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA
121
Ce présent chapitre se propose de donner les sens ou
les significations des données ethnographiques avec l'appui des
théories retenues d'une part, élaborer des mécanismes de
résilience mis par la population pour une meilleure gestion des
inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena d'autre
part.
5.1- ETHNOMETHODE COMME MECANISMES DE RESILIENCES POUR
LUTTER CONTRE LES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT
5.1.1- Représentation culturelle de l'inondation
Représenter vient du latin « repraesentare »
qui signifie rendre présent. C'est la perception, une image mentale dont
le contenu se rapporte à une situation, à un objet du monde dans
lequel il vit. Cette définition contient des mots clefs comme image,
perception, symbole. Il faut comprendre la perception comme étant le
fait de saisir un objet par les sens. Elle a toujours un caractère
imageant. L'image ne signifie pas la simple reproduction de la
réalité mais renvoie à l'imaginaire social et individuel.
Pour Abric (1994), est une vision fonctionnelle du monde qui permet aux
individus ou aux groupes de donner un sens ou une signification à ses
conduites à tenir et de comprendre le réel par son système
référentiel, à s'adapter à ce réel et de
définir la place de celui-ci. C'est-à-dire la
représentation renvoie à un système de valeurs, des
idées et des pratiques dont les fonctions sont multiformes. Elle n'est
autre chose que la compréhension de ce que les gens pensent et comment
ils réagissent. Dans le cadre de notre recherche, la population du
9eme arrondissement de N'Djamena a ses représentations
socioculturelles de l'inondation.
5.1.1.1- Inondation comme bénédiction
Pour paraphraser l'anthropologue É, Nolet (2019),
L'inondation est considérée comme une catastrophe naturelle la
plus dévastatrice que puissent subir certaines populations. Pourtant,
certains peuples les considèrent comme une bénédiction.
C'est le cas de certaines communautés des îles Fidji. Certaines
populations du 9eme arrondissement ont une perception positive de
l'inondation comme certaines communautés des îles Fidji. En effet,
pour certains habitants riverains dudit arrondissement, l'inondation est une
bénédiction divine, sa fertilise le sol, dont sa permet à
faire l'agriculture par excellant, spirituellement la présence de la
pluie purifie la terre et les péchés de la population. La
période des inondations renforce le lien social et permet de mettre les
conflits de côté. L'arrivée des inondations est un moment
de partage et de renforcement de la solidarité entre les populations du
9eme arrondissement voire de N'Djamena.
122
Plusieurs familles d'accueil n'hésitent pas à
recevoir les enfants des sinistrés, parents et amis chez elles pendant
les inondations. Un accueil est réservé d'une manière ou
d'une autre aux sinistrés. Parfois les ménages sans moyens
acceptent de recevoir des parents ou des amis sinistrés qui se
retrouvent ensemble dans la précarité. Tel est l'action qui
définit l'inondation comme source de bénédiction. Ce qui
laisse affirme Emma ainsi :
Les inondations sont temporelles et en plus, ce n'est pas
chaque année. Elles nous permettent à bien fait les
récoltes. La présence des eaux dans un espace purifies et
emportes les malchances avec elles. (Entretien avec Emma. 58 ans, chef de
quartier, à Ngoumna : 17 septembre 2021).
5.1.1.2- Inondation comme malédiction
Elle est considérée comme malédiction
parce qu'elle laisse derrière elle de dégâts
matériels et pertes en vies humaines. L'inondation a pour
conséquences de diverses maladies contagieuses et mortelles. Elle rase
toutes les surfaces cultivables. La destruction des champs par les inondations
baisse l'économie et favorise la pauvreté. Du point de vue
culturel l'inondation détruit les lieux sacrés tels que le
cimetière et le lieu de culte (église, mosquée, lieux de
d'initiation), c'est dans ce sens que notre informateur dit :
Je suis toujours victimes des inondations. À chaque
qu'il y est inondation, je refuge de ma maison, je perds les mes volailles, mes
économies sont toujours faibles, en période des inondations, on
entend constamment les noyades, écroulements des maisons, pertes en vies
humaines. Donc, l'inondation pour moi c'est vraiment de la
malédiction. (Entretien avec Elis, 62 ans, ancien
délégué et responsable de sinistré de Toukra,
à Toukra, 27 août 2021).
Lorsque l'inondation ne tue pas de cette manière
(noyade, écroulement de maisons, électrocution...), elle cause
des maladies épidémiques ou la présence des insectes
dangereux pour la santé de l'Homme. Miserez, (2003).
5.1.1.3- Indexicalité des inondations dans le 9eme
arrondissement
Elle est un phénomène observable dans les
comportements. L'ndexicalité nous a permis de comprendre le terme «
inondation » dans son contexte.
5.1.1.3.1- Appellation de l'inondation dans socioculture
Arabe Choa
Dans cette logique, selon les analyses des données
ethnographiques, il ressort que les appellations courantes de l'inondation chez
les Arabe Choa sont entre, almi akalana, qui littéralement
signifie « l'eau nous a mangé » ; almi chalana quant
à elle, veut dire « l'eau nous
123
a emporté ». Pour la communauté Arabe Choa,
la présence de l'inondation dans milieu constitue que de catastrophe et
perte.
5.1.1.3.2- Appellation de l'inondation dans socioculture
Lélé
Chez les Lélé, l'appellation courante de
l'inondation est Kama ag?a kur littéralement veut dire «
l'eau a occupée l'espace » ce qui signifie qu'il a eu l'inondation.
Pour eux, c'est quand l'eau occupe l'espace ou stagne sur un espace, c'est
là où on parle de l'inondation.
5.1.1.3.3- Pratique du sacrifice de kikiringang pour
lutter contre les inondations
Les morts ne sont pas morts, ils sont juste éloignent
des vivants, ils ne sont pas totalement oubliés ; ils avertissent
automatiquement si les situations sont anormales. Les vivants en contrepartie
les honorent collectivement. Dans le 9eme arrondissement de la ville
de N'Djamena, en temps de catastrophes liées aux colères des
génies, des ancêtres ou encore des dieux, la population adopte des
stratégies pour calmer les génies afin de réduire les
dégâts. En effet, la population procède au sacrifice
qu'elle appelle, Kikiringag. Le sacrifice Kikiringag consiste
en une offrande effectuée en faveur d'un esprit supranaturel
(ancêtre, génie de possession, divinité de la montagne,
etc). L'animal destiné au sacrifice c'est le coq blanc ou rouge, si la
menace semble élevée ; c'est la chèvre blanche
destinée au sacrifice. Il faut un initié pour tuer la bête.
L'ancêtre ou le génie que l'on veut honorer doit recevoir des
fragments prélevés sur certaines parties de l'animal. Dont les
vivants ne peuvent pas s'en servir. Dans le cas de noyade ou le menace de
débordement par exemple, dans chaque ménage, on tue le coq,
n'importe lequel mais les initiés dont le sacrifice par eux, tuent le
coq blanc ou rouge, son sang et ses plumes vont déverser dans le fleuve
menaçant et interdisent aux enfants de se baigner pendant trois jours.
Si les génies de l'eau acceptent le sacrifice, un vent doux
accompagné de quelques gouttelettes d'eau arrose la zone. Ces
différents mécanismes par la population donnent le
résultat à l'immédiat.
5.1.1.4- Notion de membre des inondations dans le 9eme
arrondissement
Ce principe stipule que la compréhension et la pratique
des items et valeurs culturels d'un groupe ne peut se faire que par les membres
dudit groupe. Ceci dit, elle nous a permis de comprendre le sens que la
population du 9eme arrondissement donne à l'inondation, leurs
perceptions culturelles vis-à-vis de cette dernière.
124
5.1.1.4.1- Présence de population dans les zones
inondables
Qu'est-ce qui explique la présence de population dans
les zones inondables ? Cette interrogation attire notre curiosité. Grace
aux données collectées sur le terrain, nous sommes parvenus
à conclure que plusieurs raisons meublent cette présence.
Sur le plan social, il est à noter que dans le
9eme arrondissement de N'Djamena on retrouve une grande partie de la
population pauvre ou du moins de classe moyenne dont elle ne pouvait pas
acheter de terrain ou louer de maison dans le centre-ville. La seule solution
pour elle est de tournée vers les quartiers périphériques
non urbanisées marécageux ou les terrains sont moins chers. Donc,
les habitants sont dans ces zones par contrainte financière et c'est ce
qui cause les occupations anarchique et l'insalubrité qui mènent
tout droit à l'inondation.
Sur le plan économique, le 9eme
arrondissement est connu par ses activités à succès
(agriculture, fabrication de briques en terre cuite et transformation de bois
en charbon). La population trouve l'intérêt sur ses
différentes activités. Pour elle, l'inondation est juste
temporaire, mais les activités c'est quotidien.
Sur le plan culturel, Il est à noter que l'une des
raisons que les populations ne veulent pas quitter ou déplacer des lieux
inondables, c'est parce qu'elles éprouvent un grand attachement et
sentiment historico-culturel à ces terres, les objets culturels
très estimables et valeureux à leurs yeux ainsi que le patrimoine
culturel, archéologique, historique et ressources esthétiques
d'importance culturelle, religieuse et de lieux sacrés tels que le
cimetière, l'église, la mosquée, case a fétiche,
espace rituel, maison de la culture. Malgré les inondations, les
habitants s'accrochent toujours prétextant que les crues sont
passagères. A cet effet, Moun M affirme :
Comme je viens de dire, nous avons de bonnes raisons de
n'est pas quitter de notre quartier. Je suis maintenant comme un patriarche de
ma communauté, ce quartier en général représente
moi un espace sacré ou j'ai tout à ma disposition. Ma
présence ici, me permet de veiller et protéger nos patrimoines
culturels, historiques et socioéconomiques. (Entretien avec Moun M,
68 ans, chef de terre, à Toukra, 15 Septembre 2021).
5.1.1.4.2- Perceptions locales des inondations par les
acteurs
La perception : Etymologiquement, le mot percevoir signifie :
se saisir de. Il a donc un sens actif et s'apparente à une
activité mentale par laquelle une connaissance personnelle donne un sens
à la réalité. Nous percevons les stimulations auxquelles
nous attribuons des
125
significations. La perception est la manière dont une
société comprend le risque et adhère aux méthodes
d'adaptation. Elle reflète le degré de connaissance des
populations sur un évènement (inondation) dans un espace-temps.
Dans le cadre de notre recherche, la perception est utilisée pour
déterminer le niveau de compréhension des causes d'inondations
par la population locale du 9eme arrondissement. Sur le terrain,
nous avons pu collecter les points de vies des différents sur les
facteurs des inondations dans ledit arrondissement.
5.1.1.4.3- Perception des acteurs privés
Les données ethnographiques laissent transparaitre
plusieurs perceptions des inondations dans la commune du 9eme
arrondissement comme un phénomène naturel lié au
débordement des fleuves Chari et Logone. S'explique cette situation par
l'absence de protection du site et son occupation anarchique. Cependant,
certains personnels pensent que la population doit quitter ces espaces
inondables au profit d'autres terrains à attribuer par l'Etat. D'autre
s'oppose du fait que les activités de certaines populations
dépendent si les inondations changent d'ampleur par moment. Ensuite, ils
notifient la faible intervention des services chargés de la gestion de
l'environnement urbain. Selon le coordinateur de (CODEWAN)30, les
ménages manquent des stratégies de construction et de mode
d'assainissement adéquat durant tous ces épisodes d'inondations
passées. Enfin, ils ont considéré l'insuffisance des
ouvrages d'évacuation des eaux pluviales dans les quartiers comme un
facteur amplificateur à l'origine des inondations.
5.1.1.4.4- Perception des acteurs étatiques
Les autorités étatiques chargées de la
gestion de l'espace urbain ont noté une augmentation des pluies ces
dernières années. Elles expliquent cette situation par des
changements au niveau du climat qui engendrent des saisons pluvieuses
augmentant les eaux des Chari. Pour elles, les principales causes des
inondations dans la commune du 9eme sont les eaux des pluies, les
crues du fleuve Chari, la morphologie du terrain. D'après les
informations recueillies du service de DREM31, Août est le
mois de forte pluie et d'inondation. Elle débute à partir du mois
du Juillet. Elles révèlent que les inondations sont liées
aux pluviosités issues des perturbations du climat. Les autres facteurs
aggravant sont l'inexistence des caniveaux de
30 Comité de Développement de Walia
Ngoumna (CODEWAN) une association à but non lucratif et apolitique
créée par les jeunes de Walia Ngoumna pour riposte
immédiat contre les catastrophes et développement endogène
de Ngoumna.
31 Direction des Ressources en Eaux et de la
Météorologie, centre de Réseau des Technologies
Climatiques pour le compte du Tchad, attachée au Ministère de
l'environnement et de l'Eau.
Certaine population accuse frontalement le gouvernement, les
problèmes des inondations viennent tout droit de l'Etat pour simple et
bonne raison que ce dernier ne recrute
126
drainage des eaux et les mesures de protection des berges.
Elles concluent que, l'occupation anarchique dans les zones inondables,
l'absence des ouvrages d'évacuations d'eau et l'application des
stratégies de gestion des eaux de crue font parties intégrante
des causes des inondations dans la commune. Au sein de la mairie du
9eme, une autorité de ladite commune s'exprime ces propos en
ce sens :
Les inondations, c'est un problème de changement
climatique et de nos jour, quel que soit la capacité d'un scientifique,
il ne saurait vous dire, qu'est-ce qu'il faut faire pour éviter qu'il
ait inondations. Parce que le climat change, les glaces se fondent, les niveaux
des fleuves augmentent, sa fait que en cas de pluie, il y a facilement
l'inondation. Deuxièmement, il y a l'incivisme des populations. Par
incivisme, je voulais parler de l'insalubrité et les activités
qu'elles mènent dans cette commune. Je mets aussi l'accent sur
l'occupation anarchique des espaces non urbanisés par les populations.
(Entretien avec Koum, 64 ans, secrétaire général a la
mairie du 9eme arrondissement, à Walia : 03 août
2021).
De ces propos il est à retenir que le changement
climatique, les fortes pluies, l'incivisme, les activités menées
par les populations et l''occupation des espaces a risque sont
considérés comme les causes phares des inondations dans cette
commune.
5.1.1.4.5- Perception des populations du 9eme
arrondissement
La perception du risque joue sur les capacités de
gestion locale et c'est aussi bien individuellement que collectivement
(Laganier et al., 2004). D'après les données sur le
terrain, la population de ladite commune en grande partie considère
l'inondation comme un phénomène naturel lié aux fortes ou
excès de pluies. Pour certaine, qui dit saison de pluies dit
automatiquement inondation. Elle associe d'ailleurs le phénomène
d'inondation au laxisme des autorités face aux travaux de drainages et
qu'à leur niveau, elles ne peuvent pas faire grand-chose (Kenlack,
2019).
5.1.1.4.5.1- Mauvaises gestions gouvernementales
La faiblesse des pluies des années antérieures
et le « laisser-faire » des autorités publiques ont
favorisé l'installation des ménages dans le lit majeur du Chari.
Les ménages dans leur majorité à une nette
compréhension des causes des inondations. D'autre accuse leurs prochains
en mettant l'accent sur l'occupation anarchique des zones marécageuses,
l'insalubrité et les activités informelles (fabrication des
briques, des charbons, dégradation de la digue).
127
pas les experts en la matière. C'est dans ce contexte
que notre informateur, enseignant chercheur nous affirme en ce sens :
Entre les inondations et les occupations des sols,
qualifiées d'anarchiques, il y a une grande différence;
malgré les liens qui peuvent exister entre elles. Ce n'est pas un
problème de planification urbaine ni de documents d'urbanisme, car il
existe aujourd'hui dans le monde entier, des villes, bien planifiées,
bien aménagés qui sont soumises aux inondations, sur ce, j'accuse
le gouvernement parce que, les géographes, géologues et autres
experts dans le domaine on les déclasse de côté et on met
les personnes qui ne sont pas dans le domaine. Bref, la cause d'après
moi, c'est l'absence de la méritocratie dans ce pays. (Entretien
avec Paul, 59 ans, enseignant de l'université, à Gardolé:
septembre 2021).
Dans le même angle d'idée les données sur
le terrain laisse comprendre que c'est l'Etat aussi a sa part de
responsabilité sur les causes des inondations dans cet arrondissement
car celui qui a fait déplacer les populations d'ancien Gardolé
pour aller occuper l'espace actuel (Gardolé Djedit) qui est inondable
parce qu'il voulait occuper le territoire pour la construction administrative.
Un de nos informateurs appuie ses propos comme suit :
Vous connaissez ancien Gardolé ou l'état a
cassé pour construire l'hôpital mère et l'enfant ?
L'état les a donné des terrains dans cette commune, zone
impraticable, le lit même de l'eau c'est le quartier qu'on appelle
maintenant Gardolé Djadit ; ces habitants-là souffre
énormément des inondations. L'état pense que c'est une
zone viable mais pourtant c'est le contraire. (Entretien avec Paul, 59
ans, enseignant de l'université, à Gardolé: septembre
2021).
D'autre encore par contre pointent du doigt sur les
autorités administratives surtout la marie de ladite commune.
Les acteurs étatiques ne tracent pas les passages d'eau ou aux
crues des caniveaux avant la saison pluvieuse. Un de nos enquêtés
jette aussi les pierres sur les autorités.
S'il arrive que ces habitants soient, par ignorance, dans
les zones inconstructibles, c'est parce qu'ils n'ont pas d'autres choix que
d'habiter ces lieux. Il revient à la commune de veiller au
contrôle des occupations des sols dans leurs territoires respectifs. Car,
les ménages qui occupent les zones non aedificandi, le font par
ignorance. Ces ménages méritent des aides et des accompagnements
et non de déguerpissements sans recasement. Le plus grand défi,
pour l'Etat, consiste à trouver des mécanismes de financement
pour soutenir cette question de l'habitat social. Aujourd'hui, grâces aux
technologies avancées, il n'y a aucun sol inconstructible. Nous avons
des architectes et des ingénieurs très compétents qui font
leur preuve dans d'autres pays en ce moment. La technique a juste besoin d'un
cadre politique pour agir. (Entretien avec Paul, 59 ans, enseignant de
l'université, à Gardolé: septembre 2021).
128
Dans ces propos nous pouvons retenir que le sourd muet des
autorités administratives a l'instar de la mairie de ladite commune fait
avancer l'inondation pour simple et bonne raison que ces dernières
laissent faire les habitants occupent les espaces en leurs guises. Il est
question pour l'Etat de trouver une stratégie solide pour
résoudre le problème de terres.
Les populations ne possèdent pas des Caterpillar ou des
engins solides permettant à bien pour aménager le terrain, donc,
la faute revient à l'absence et l'abandon de gouvernement en laissant
les populations à leur triste sort. D'après notre informateur
:
C'est le changement climatique et la culture du riz sur le
passage des eaux qui seraient à l'origine de cette inondation. Il y a
deux ans environs, les gens ont remarqué que le terrain était
très riche en culture de riz, donc, cette année tout le monde
improvise la riziculture. Peut-être qu'ils ne se rendent pas compte de ce
qu'ils font parce que cela provoque en amont une sorte de bassin de
rétention. (Entretien avec Paul, 59 ans, enseignant de
l'université, à Gardolé: septembre 2021).
5.1.1.4.5.2- Attachement aux milieux
L'attachement aux milieux physiques est souvent à
l'origine des inondations dans cette commune. Certains habitants de ladite
commune sont attachés à cette terre, pour eux, c'est une terre,
espace promis que les ancêtres les ont légué et ils ne
comptent pas de se déplacer à cause des inondations. S'ils
quittent les milieux, ils vont perdre leurs objets historiques et qui ont les
valeurs sentimentales en leurs yeux. Les lieux sacrés comme les fleuves,
marres, rivières et les forêts protégé par les
ancêtres deviendrons les lieux de pêche et de chasse tout
simplement, c'est pourquoi, ils refusent de quitter pour a mieux
protéger leurs lieux sacrés. C'est dans cette perspective que
notre informateur lance ses propos en ce sens :
Je suis né et grandir ici dans cette commune, mon
père était un grand conservateur de la tradition. Vous voyez la
case là-bas ? C'est la case à fétiche de mon père,
il m'a légué ses savoirs et maintenant, je conserve aussi
à mon tour nos patrimoines culturels. Si je quitte cette concession, je
veux perdre ma case à fétiche et cette dernière ce n'est
pas construire qui est important mais les locateurs qui se trouvent dedans
là c'est-à-dire, mes fétiches qui sont important. On a
aussi nos lieux d'initiations qui sont légués par nos
ancêtres. Imaginez vous-même si laisse tout ça et je quitte
parce qu'il y a l'inondation. (Entretien avec Moun M, 68 ans, chef de
terre, à Toukra, 15 Septembre 2021).
Occupation anarchique des espaces, manque de voiries, canaux
d'évacuation d'eau, manque d'infrastructure, confluent de deux fleuves,
incivisme et la dégradation de la digue sont des véritables
causes pour la majorité des populations interviewées. Pour
l'anthropologue Émilie Nolet (2019), L'inondation figure parmi les
catastrophes naturelles les plus dévastatrices
129
que puissent subir certaines populations. Pourtant, quelques
peuples les considèrent comme une bénédiction. C'est le
cas de certaines communautés des îles Fidji. Pour elles, une
inondation fait naturellement partie d'un cycle ; entre autres avantages,
l'événement charrie des sols fertiles et permet de mettre les
conflits de côté et de resserrer les liens sociaux et familiaux.
Certaines populations de la commune du 9eme arrondissement se
partagent les mêmes points de vue que certaines communautés des
îles Fidji sur les perceptions des inondations. En effet, pour certains
habitants riverains de ladite commune, l'inondation est une
bénédiction divine par rapport à leur perception
culturelle. Ceci peut être indiqué par le témoignage d'un
de nos informateurs :
Tout ce que Dieu fait est bon. On ne s'oppose pas à
la volonté de Dieu. L'abondance de pluie dans cette commune nous permet
à faire nos activités en toute joie. Les pêcheurs et les
agriculteurs que nous sommes, on préfère l'inondation que la
rupture de pluie. Nous dépendons de la saison pluvieuse pour nos
survies. (Entretien avec Doung, délégué de Walia,
à Walia le 23 septembre 2021).
Dans ces quartiers, les populations sont au courant des
risques auxquels elles sont exposées notamment les inondations.
Certaines pensent que les risques d'inondation qui se posent dans leur
environnement sont dus à la colère des dieux ou à la
sorcellerie. Les populations autochtones attachées aux croyances locales
relèvent le fait que les dieux des eaux, des terres et des forêts
seraient contrariés à cause des abus de l'homme sur
l'environnement provoquant les fortes pluies. La perception des causes des
inondations chez la population permet de déduire que la prise de
conscience des dangers encourus en habitant le site est réellement
reconnue.
5.1.2- Relation entre la population et leur milieu
physique, le 9eme arrondissement de N'Djamena
L'écologie culturelle s'intéresse à
l'interaction entre l'être humain et son environnement. C'est ci dit,
cette théorie nous a permis à comprendre les relations
qu'entretenaient les habitants du 9eme arrondissement avec leur
milieu physique qui est le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
5.1.2.1- Mécanismes de résilience mis par
la population du 9eme arrondissement
Les mécanismes de résilience représentent
un ensemble d`actions qu'un individu ou qu'un groupe d'individus met en place
pour résoudre les problèmes auxquels il fait face. La
représentation du risque joue sur les stratégies des gestions
locales ; et c'est aussi
130
individuellement que collectivement (Laganier et al. 2004). Le
risque ne peut pas être traité en dehors du cadre social et
culturel dans lequel les gens exposés évoluent Ogden, (1995). Les
inondations font partie des problèmes extrêmes prioritaires
à résoudre. Les populations, beaucoup plus affectées par
les inondations dans le 9eme arrondissement ne demeurent pas
inactives. Au fil des ans, avant, pendant et après les pluies, elles
déploient les stratégies qui visent à préserver les
impacts désastreux des inondations. Elles adoptent principalement des
mesures endogènes, qui sont des mesures visant à réduire
des impacts directs des inondations à l'échelle de la commune. A
cet effet, deux grands mécanismes de résilience ont
été mis sur pied à savoir individuels et collectifs.
5.1.2.2- Stratégies individuelles
Pour paraphraser Jaulin, l'homme n'est pas un idiot culturel.
Ce dernier ne croise pas ses bras et attend tout de dieu pour se sauver, au
contraire, l'homme par ses facultés et son intelligence, met toujours
des stratégies pour résoudre un problème donné.
Dans le cadre de notre recherche, les stratégies individuelles renvoient
au mode d'organisation des propriétaires de terrains qui
développent chacun ses techniques et les mettent en place pour se
protéger contre les inondations. Dans sa pratique, les stratégies
individuelles varient d'un individu à un autre. Elles dépendent
des moyens et sont généralement des mesures
éphémères qui ne s'inscrivent pas dans une démarche
durable. Les mesures que prennent les populations individuellement pour
gérer les inondations, sont insuffisantes et même souvent à
court terme. Car cela est dû aussi aux moyens matériels et
financiers. Plusieurs mécanismes individuels meublent cette partie de
notre travail.
5.1.2.2.1- Migration de la population comme technique
La migration reste le meilleur moyen pour échapper aux
catastrophes tel que les inondations surtout en cas de débordement ou la
forte pluie au milieu de la nuit. Certains habitants de la commune du
9eme arrondissement de la capitale tchadienne semblent être
habitués à la submersion de leur site. Nombreux d'entre eux ont
développé des stratégies contribuant à la lutte
contre les inondations. Ainsi, pour se mettre à l'abri, certaines
personnes se déplacent de leur maison pour aller s'installer à
des endroits supposés non inondés dans les environs. Si
l'inondation arrive à les atteindre à leurs lieux de refuge, ils
se déplacent à nouveau, ainsi de suite. Cette pratique est
courante dans les zones inondables. D'une manière solidaire ces moments
de douleurs se gèrent avec efficacité par endroit. D'autres
encore, quittent
131
totalement le milieu pour y revenir des mois après. Sur
le terrain, nous avons constaté que certains habitants
développent des méthodes pour pouvoir vivre dans l'eau. Ils
utilisent les meubles (tables, armoires,..) comme supports. Ces
différents mécanismes d'adaptation on les constate beaucoup plus
après le débordement appelé « almé sel
» ce dernier fait surface beaucoup dans la nuit. Ce genre de pluie ou
le débordement invisible et inattendu, oblige les populations à
quitter les zones dans l'immédiat au risque de perdre leur vie. C'est ce
qu'atteste Elis lorsqu'il dit :
Ma maison ne pas en dur, juste en terre battue et sa
construction ne pas moderne non plus. Je suis bien proche du fleuve Chari et en
temps d'inondation, je suis parmi les premières victimes. Je faisais
toujours les efforts à résister aux inondations dans un premier
temps mais je fini toujours par refugier soit dans les sites de
sinistrés, soit chez mes proches. On ramasse juste nos biens
nécessaires et le reste, on les laisse entre les mains de Dieu.
(Entretien avec Elis, 62 ans, ancien délégué et
responsable de sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août
2021).
5.1.2.2.2- Mécanismes architecturales pour
résister aux inondations
La population du 9eme arrondissement est
adaptée aux inondations. Ainsi, elle adopte des stratégies des
matériaux de construction de bonne qualité pour résister
face aux risques d'inondation. Pour pouvoir s'adapter et se protéger
contre les impacts des inondations, certains habitants aisés, utilisent
des moyens de construction en matériaux définitifs (en dur)
c'est-à-dire la construction des maisons en briques de ciment pour
renforcer les murs afin de lutter contre ce phénomène. Pendant la
période d'extrême pluie, de fois, les chemins d'accès
à la maison deviennent difficiles. Pour cela, les personnes
aisées mettent le pavé carrossable bien solide et durable.
Certaines populations utilisent des latérites ou cassent des briques
cuites pour le rehaussement de la cour des maisons jusqu'à la devanture.
D'autres adoptent la stratégie de l'élévation des
fondations qui permet de surélever la parcelle avant la construction. Ce
qui nécessite des moyens plus importants. Ces stratégies sont
constatées surtout dans les secteurs où les constructions se
trouvent sur les pentes un peu fortes ou sur le passage d'eau comme Ngoumna
Digangali et Toukra, se trouvant au bord du fleuve où l'armature urbaine
n'est pas respectée. Donc, les eaux de ruissellement doivent être
entre les murs des maisons pour se déverser dans le fleuve. D'autres
stratégies d'adaptation qui ont été mis sur pied, c'est le
remblayage, qui consiste à surélever un espace
considéré comme bas, apporter un supplément de terre au
niveau normal d'altitudes de la zone dans le but de le surélever et
d'augmenter sa hauteur à l'aide de la terre, des déchets de
ciment et des déchets de bois. Ce qui certifie d'ailleurs, Moun M, en se
ce sens :
132
Comme ma maison est en terre bâtis, donc elle est
fragile aux inondations. D'habitude a l'approche de saison de pluie, je ramasse
la terre, j'achète les herbes défrichées après les
récoltes et le excrément des animaux (moutons, beaufs), j'ajoute
aussi le gomme arabique pour crépi toute la maison. C'est une technique
de résistance que j'appliquais depuis des années et ma maison
résiste encore. (Moun M, 68 ans, chef de terre, à Toukra, 15
septembre 2021)
Plus loin, d'autres encore procèdent à la
surélévation des fondations des habitations dans les secteurs les
plus menacés. Cette technique protège les populations contre le
débordement des fleuves Chari et Logone selon la position de leur
habitation et la vitesse de l'écoulement à chaque période
de crue. Ces stratégies sont donc utilisées pour éviter
l'effondrement des maisons et des murs.
Photo 15 : Construction en matériaux
définitifs
Source : MOUKHTAR Adoum, octobre 2021
Sur la photo ci-dessus, nous pouvons observer une concession
inachevée bâtie en ciment durable, le niveau de fondation est bien
élevé. La position de la concession est dans une zone inondable.
L'augmentation du niveau de seinage/l'élévation des fondations
bloque l'eau de ne pas pénétrer dans les chambres. Cette
stratégie de construction est observable que chez les ménages
aisés.
5.1.2.2.3- Evacuation des eaux dans les maisons comme
moyen de résistance
Dans cette commune, la majorité des inondations dans le
9eme arrondissement survient dans la nuit. C'est pour cette raison
qu'il est judicieux de réagir diligemment pour évacuer les eaux
ayant envahi les domiciles. Il existe plusieurs manières
d'évacuer les eaux pluviales. Pour se faire, les membres des
ménages utilisent diverses techniques. Beaucoup de maisons sont
133
couvertes de tôles dotées des gouttières
qui conduisent les eaux de pluie dans les récipients comme seau,
bassine, grosse tasse ou jarre dont certains riverains posent quand il pleut.
Certains ménages utilisent les récipients (seau, bassine) pour
enlever tour à tour les eaux. D'autres par contre se trouvent dans la
contrainte de chercher le passage de l'eau en cassant ou creusant le canal de
l'intérieur de la maison jusqu'à l'extérieur. Plus loin,
d'autres encore, utilisent des couches de mousses de matelas pour absorber de
l'eau et vont les presser à l'extérieur de la maison. Par
ailleurs, les ménages les plus aisés peuvent faire appel au
service de sapeurs-pompiers qui utilisent des motos-pompes pour évacuer
l'eau qui inonde les domiciles. Certains ont préférés
d'acheter carrément des motos-pompes en cas d'inondations, ils s'en
servent. Ces différentes techniques d'évacuation des eaux restent
des stratégies les plus utilisées par les habitants.
Quand l'eau entre dans la maison ou les chambres, moi, mes
enfants et ma femme nous munirent de récipients bassines, sceaux ou
encore les gobelets pour faire évacuer l'eau des chambres. On n'attend
pas que la pluie s'arrête avant de nous mettre au travail, non au
contraire c'est en plein pluie qu'on évacue l'eau à l'aide de nos
récipients pour réduire les dégâts. (Entretien
avec Elis, 62 ans, ancien délégué et responsable de
sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).
5.1.2.2.4- Protection des biens matériels
Dans le 9eme arrondissement de N'Djamena, lorsque
l'eau pénètre dans les concessions, la première
réaction de chefs de ménages est de chercher un abri pour leurs
biens enfin de contourner les dégâts. Sur le terrain, nous avons
constaté un petit nombre de ménages qui dit être
obligé de fabriquer des étagères ou se servir de leur
meuble, table et lit pour conserver leurs biens (appareils
électroniques, moquettes) en période d'inondation. Ensuite, il
existe une solidarité entre voisins pour s'entraider en cas
d'inondation. Pour mieux amorcer cette situation, la population a
développée des actions collectives pour adopter de
mécanismes d'adaptation pour une meilleure gestion des inondations dans
cet arrondissement.
Quand la pluie menace, nous avons toujours les mains sur
le coeur, nous sommes perturbés, si nous sommes loin de la maison, on
fait tout pour rentrer avant la tombée de la pluie. Quand on sent
vraiment que la pluie ferait les dégâts, on ramasse nos biens tels
que : le tapis, l'écran, les fauteuils bref tout objets dommageables
pour les déplacer vers un endroit bien garanti. (Entretien avec
Elis, 62 ans, ancien délégué et responsable de
sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).
134
5.1.2.3- Stratégies collectives
Dans ce contexte, nous entendons par stratégie
collective, l'ensemble des actions qu'un groupe de personne mène pour
lutter contre les inondations. Pour le bien-être de leurs vies et de leur
commune qui est le 9eme arrondissement. Il a été
constaté que plusieurs stratégies sont développées
par les populations pour faire face aux problèmes des inondations nous
avons :
5.1.2.3.1- Aménagement des espaces comme
stratégie d'adaptation
Dans cet arrondissement, le déplacement en
période d'inondation est difficile, cela est dû à la
submersion des terrains par les eaux. En effet, pour faire face aux
inondations, la population a mis en place un certain nombre de
mécanismes, par ses propres moyens, pour atténuer leurs impacts.
Il s'agit des mesures à court termes : utilisation des sacs de sable,
des briques ou des vieux pneus à l'entrée des maisons soit sur
les pistes des quartiers, pour pouvoir se déplacer, oeuvre de la
majorité des ménages à revenu faible et moyens financier,
ces ménages se résignent à cette opération. Ce
système n'a d'effet que pour des épisodes d'écoulements
passagers, au moment où le sol n'est pas encore gorgé d'eau,
notamment pendant les trois premiers mois de pluie (mai, juin, juillet).
Je suis fier des jeunes de mon quartier, ce sont les
jeunes organisés et bien souciés de situation dont on vit dans ce
quartier. A l'approche de la saison pluvieuse, ils s'organisent en
équipe et viennent me voir en tant que leur chef de quartier pour
transmettre le message aux citoyens de les donner leur appuie pour le curage de
caniveaux et rigoles, de construire des digues et bien d'autre activités
de bons citoyens qu'ils sont. (Entretien avec Emma. 58 ans, chef de
quartier, à Ngoumna : 17 septembre 2021).
Au cours des mois d'extrêmes pluies, (août et
septembre voire octobre) ces dispositifs n'ont plus d'effet. Parce que le sol
est saturé d'eau, la stagnation devient permanente et par
conséquent, le coefficient de ruissellement est presque nul. Dans leur
collectivité, les propriétaires de concession ou d'habitation se
consultent dans un souci de collecter le fonds pour s'acheter de la terre ou
des remblaies pour mettre dans les rues afin de surmonter le niveau d'eau. Mais
cette stratégie cause parfois des mésententes dans le quartier,
dans la mesure où l'eau est déviée chez les autres. Nous
remarquons que ce mécanisme consiste à faciliter l'accès
des populations aux lieux publics.
Quels soient autochtones ou allogènes, les populations
et surtout les jeunes volontaires s'organisent et aménagent les routes.
Chaque année, à l'approche de la saison de pluie, ils
s'organisent pour affronter les inondations. Dans cette perspective, notre
informateur témoin
135
en ce sens : « on a nos matériels, on a un
gestionnaire qui nous garde les matériels, en cas de besoin, on fait
recours aux matériels pour faire les travaux. On a aussi une motopompe
qui nous sert à évacuer l'eau » (Entretien avec Abdel,
38 ans, président de l'AJADES, à CNRD le 27 août 2021).
Photo 16 : Construction de digue pour
traverser
Source : MOUKHTAR Adoum, Août 2021
Sur cette photo nous observons des jeunes filles traversent
librement d'un lieu à l'autre via un pont fait à la
traditionnelle. Cette construction des digues à base des pneus et des
sacs remplis de sable sur le lit de l'eau par les habitants, permet aux
passagers de circuler indépendamment sans tremper les pieds dans l'eau.
Dans certains coins, pour traverser, c'est payant.
Les populations font usage d'autres mesures pour s'adapter aux
risques d'inondations. Il s'agit par exemple de la construction des digues le
long des cours d'eaux de manière rudimentaire, des canaux
d'évacuation. L'une des pratiques habituelles dans notre zone
d'étude et le curage des rigoles et des caniveaux. Il s'agit des
exercices dont les populations du 9eme arrondissement semblent mener avec une
attention particulière.
5.1.2.3.2- Curage des caniveaux comme moyen de lutte
Essounga (2014), propose comme stratégie à court
terme, le curage régulier de canaux de drainages, et à long terme
la construction d'un canal sur le Woumangue. D'habitude dans ledit
arrondissement en cette saison pluvieuse, les populations se regroupent en
comité pour
136
creuser les caniveaux, ils cotisent pour acheter les
matériels comme la pelle, la pioche, le râteau, la brouette etc.,
certains habitants affirment être conscients que les déchets
déversés dans les drains contribuent énormément au
phénomène d'inondation. Nous constatons des jeunes munis des
pelles, râteaux, pioches et autres, ils s'activent dans une ambiance
joviale accompagnée de musique. Parmi eux se trouvent des
élèves, des étudiants et même des
diplômés. Quant aux femmes, elles encouragent ces jeunes en leur
préparant du thé, du lait, de la bouille, des salades et bien
d'autres. Pour certains jeunes du quartier, il vaut mieux se débrouiller
que d'attendre les responsables de la mairie pour faire le travail. Cette
initiative vise à prévenir les dégâts des pluies qui
s'annoncent. Certains jeunes sans emploi profitent de la situation pour se
faire de l'argent. En association, achètent les remblaies puis mettent
dans les sacs ils posent dans les rues les plus stagnées par l'eau et
qui bloquent le passage. Pour traverser, il faut donner au moins 50FCfa pour
avoir accès.
Pour s'affranchir du risque permanent d'inondations, les
populations ont très vite compris l'utilité du curage des canaux
qui sont envahis par les amas d'ordures qui obstruent les canaux de
ruissellement et causent les inondations. A cause de l'importante
récurrence des inondations dans la zone, ces actions de curage sont
organisées par les populations afin de permettre aux cours d'eau de
ruisseler dans les fleuves.
Dans le 9eme arrondissement, surtout dans les zones
les plus affectées par les inondations, pour faciliter
l'écoulement des eaux, les populations ont opté pour la
création des rigoles parce que les quartiers sont dépourvus d'un
système de drainage. Les inondations sont souvent causées par
l'encombrement des conduits de canalisation des eaux. En effet, nous avons
constaté l'existence d'un seul canal dans la commune (la digue.) ces
travaux consistent à creuser à l'aide des pioches, des pelles de
râteaux et des brouettes une rigole servant de voie de canalisation.
Notons que ces activités sont un moyen de lutte contre les
inondations.
Nous avons une association qui oeuvre dans
l'amélioration des conditions de la population de notre arrondissement.
Nous avons déjà acheté les matériels
nécessaire tels que les peuls, les pioches, les râteaux, les
brouettes, les gants, les bottes grâce à l'appui des personnes de
bonnes moralités. Donc, à l'approche de la saison de pluie, nous
sortons tous munirent de nos matériels pour tracer les passages de
l'eau, curer les caniveaux. (Entretien avec Abdel, 38 ans,
président de l'AJADES, à CNRD le 27 août 2021).
137
5.1.2.3.3- Actions religieuses et
traditionnelles
Les autorités traditionnelles et religieuses ne
baissent pas les bras et attendent le miracle des dieux pour leurs sauver. Ils
ont adopté leurs stratégies pour réduire les risques
d'inondations. Les chefs de carrés, les délégués,
les églises et les mosquées dans leur collectivité
sensibilisent les jeunes aux prières collectives, ils passent souvent
dans un espace publique (église, mosquée) suivi de
l'aumône. On sacrifie une bête (vache, chèvre, coq).
Très souvent, les femmes des quartiers préparent de la bouillie
et les distribuent après les prières. Ces prières
consistent à faire appel au seigneur de retards de la pluie et aux
risques qui va y avoir pendant la pluie. Ils procèdent également
aux cotisations pour l'achat des matériels tels que pelles, pioches,
brouettes. Les offrandes aux mannes des ancêtres et aux divinités
de l'eau sont fortement encouragées par les autorités
traditionnelles. C'est ce que certifie Madji en ces mots :
Pendant les inondations, nous mettons nos ressources
financières et matérielles à la disposition des
sinistrés. L'exemple en est que, le débordement de l'année
2020, nous avons hébergé des sinistrés dans notre paroisse
saint Bernard, nous avons aussi mis une voiture pick-up, des pelles, pioches,
brouettes, râteaux à leur disposition et aux associations oeuvrant
dans le combat de lutte contre l'inondation. A cela j'ajoute que nous animons
également de prières collectives et au sein de notre sainte
église, nos fidèles se sont portés volontaire et
crées une association qui lutte aussi contre les catastrophes telle que
inondation et bien d'autre. (Entretien fait avec Madji 56 ans,
prêtre le 17 septembre 2021 à 10h à Walia Barriere).
5.2- MECANISMES D'ADAPTATION MIS PAR L'ETAT ET SES
PARTENAIRES POUR LUTTER CONTRE LES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA
Dans cette sous partie, Il s'agit d'énumérer
quelques stratégies que le gouvernement et ses partenaires ont mis en
place pour la gestion des inondations et amélioration des conditions de
vie de la population du 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena. Il faut noter que l'Etat est appuyé par diverses institutions
internationales. Suite aux inondations, on assiste à de
déplacement massif vers les sites non inondés. Les
déplacés, étant dans leurs nouveaux sites,
éprouvent des difficultés tant physiques que psychologiques. Dans
leurs situations alarmantes, le gouvernement et ses partenaires viennent en
aident à ces sinistrés afin d'améliorer leurs conditions
des vies dans leur refuge.
La sensibilisation, interdiction formelle sous peine d'amande
aux personnes pratiquant l'insalubrité, aménagement des zones
inondables de ladite commune, la réfection des ouvrages
138
5.2.1- Actions gouvernementales
Vu la situation alarmante, les autorités tchadiennes en
charge d'aménagement ne peuvent pas rester indifférentes. Le
Ministère de l'Aménagement du Territoire de l'Urbanisme et de
l'Habitat (MATUH) a revu sa politique, afin de réduire les risques
d'inondations. Il s'agit, d'améliorer les conditions de vie des
populations urbaines et en particulier les personnes les plus
vulnérables. En leur offrant un terrain où s'installer et hors
danger, un toit, l'accès aux services publics de base (eau,
électricité, assainissement, ordures ménagères,
équipements collectifs etc.) Boring (2019).
Le Ministre des finances et du budget, l'Ambassadeur de France
au Tchad, et le Directeur de l'AFD, ont signé une nouvelle convention
pour le financement d'un projet visant à permettre aux services de la
Mairie de N'Djaména d'effectuer des travaux d'urgence permettant
d'éviter les inondations dans de nombreux quartiers de la capitale lors
de la prochaine saison des pluies. Ce nouveau projet, d'un montant de 1,5
million d'euros (soit près d'un milliard de francs CFA) vise à
apporter un appui technique et financier d'urgence à la Commune de
N'Djaména pour la remise en état d'urgence, du réseau de
drainage pluvial des quartiers Nord, Est et du sud de la capitale.
Dans les sites de Toukra, le gouvernement à travers le
ministère de la sante publique a mis en place un centre de sante avec
deux (2) médecins, 2 infirmiers et six (6) agents de santé. La
délégation de l'action sociale a contribué avec 2 agents
sociaux. En collaboration avec l'Unicef, le ministère de
l'éducation a sauvé l'année des enfants en âge
scolaire en mettant à leur disposition des tables bancs et 16
enseignants pour couvrir l'école avec un cycle complet. Dans les
mêmes sites, le ministère de l'hydraulique a construit des forages
pour l'alimentation en eau potable, Tamdjim (2020).
5.2.2- Actions de la mairie
Suite aux inondations de 2012, un plan d'action de lutte
contre les catastrophes naturelles dans la ville de N'Djamena a
été élaboré et adopté par la mairie et le
comité technique de lutte contre les inondations (CTLI). Il s'agit des
recommandations comme suit :
139
pour le drainage des eaux (station de pompage, caniveaux),
l'amélioration de l'assainissement (collecte des ordures
ménagères, accès à l'eau potable, sensibilisation
à hygiène)32.
Les autorités de la Mairie du 9eme
arrondissement, ne restent pas indifférentes aux
phénomènes des inondations, même si directement les
ressources propres font défaut pour résorber la crise. Toutefois
la mairie intervient dans la lutte contre les inondations, les actions se
limitent au pompage des eaux des habitations et des rues grâce à
l'appui du groupement national des sapeurs-pompiers ou des populations
elles-mêmes. C'est dans ce sillage que notre informateur témoin en
ce sens :
La mairie, pour la seule stratégie, c'est le moyen,
et nous, notre budget n'atteint même pas cinq cent million, tout
dépend de l'Etat nous ne nous occupons que de petits trucs comme
ça, libérer la route, pelle, pioche etc. mais quand il s'agit de
grands travaux, ça concerne l'Etat ou les organismes internationaux.
(Entretien avec Koum, 64 ans, secrétaire général a la
mairie du 9eme arrondissement, à Walia, 03 août
2021).
D'après ces propos, nous pouvons dire que le budget de
la Marie du 9eme arrondissement ne permet pas de couvrir toute la commune en
matière de gestion des inondations. Donc, l'informateur fait appel aux
grandes institutions gouvernementales et ses partenaires de partager les
tâches pour accomplir cette mission.
En 2020, de travaux de curage de drain ont été
opérés dans tous les quartiers de ladite commune en collaboration
avec la mairie de la commune sous haut patronage de la mairie de N'Djamena.
5.2.3- Actions des partenaires
Face à cette menace des inondations dans la ville de
N'Djamena en général et le 9eme arrondissement en particulier,
les partenaires de l'Etat (ONG, associations civiles) volent aux secours des
sinistrés pour améliorer leurs conditions de vie en tant de
catastrophe naturelle.
5.2.3.1- Comité des Jeunes de la Riposte Contre
l'Inondation (CJRCI)
Le comité des Jeunes de la Riposte Contre l'Inondation
secours les victimes des inondations en les apportant ses précieuses
aident. Dans la matinée du dimanche 30 août 2020, le CJRCI dans
leur collectivité a pris d'assaut des voies occupées par les eaux
de pluie dans le 9eme arrondissement. Pour apporter leurs pierres de
construction dans cet arrondissement, ces
32
https://web.facebook.com/La-Mairie-de-NDjaména-489432084453957/
140
volontaires ont décidé de curer les canaux
bouchés par les ordures ménagères, ils ont par la suite
construit de diguettes avec des sacs remplis des sables pour faciliter la
circulation des habitants victimes de ces inondations33.
5.2.3.2- Ordre national des Architectes du Tchad
(ONAT)
L'Ordre national des architectes du Tchad
(ONAT) en collaboration avec le Collectif des acteurs urbains
constitués des urbanistes, proposent plusieurs stratégies pour
sortir les villes du Tchad des phénomènes cycliques d'inondation.
C'est à travers un point de presse organisé le 26 août 2020
à l'Ecole nationale supérieure des Travaux Publics (ENSTP). Ces
deux organisations constatent « la récurrence des inondations, ces
dernières années dans la ville de N'Djamena, entraînant de
lourdes pertes en vies humaines et causant de dégâts
matériels considérables. Ils décident de proposer des
solutions techniques d'urgence à moyen et long terme :
Dans l'immédiat, ils suggèrent au gouvernement
de mettre en place un fond national de prévention et de gestion des
inondations et d'évacuer les eaux dans lesquelles est plongée la
population. Les acteurs de l'urbanisation proposent la multiplication des
stations de pompages dans la ville et faire un plaidoyer auprès du
gouvernement pour rendre opérationnel la seconde station de pompage de
Lamadji. Ils ajoutent dans ce sens, il faut la multiplication des stations de
pompages pour évacuer les eaux vers le fleuve Chari où les
bassins en périphérie de la ville ; l'implication des entreprises
de construction, les partenaires techniques au développement et les
volontaires dans le curage et le dragage des caniveaux pour évacuer
certains bassins et toutes zones de rétention d'eau de la ville ;
l'identification des zones non atteintes et proposer des logements d'urgence,
constitués de tentes ou d'abris à la base de containers
aménagés pour accueillir les familles touchées.
A moyen terme, les urbanistes pensent qu'il faudrait
actualiser les codes de réalisation des voies de communication en
rapport avec les réseaux d'évacuation des eaux domestiques et
pluvieuses et d'initier des études cartographique et topographique du
périmètre urbain afin d'identifier toutes les zones à
risque et les rendre zone non constructibles. Pour eux, il faudra draguer et
aménager les bassins de rétention existants et développer
une stratégie de promotion des organisations locales en charge
d'assainissement. Il est nécessaire d'élever les bordures
33
https://tchadinfos.com/politique/tchad-le-comite-des-jeunes-pour-la-riposte-contre-linondation-poursuit-ses-travaux/
141
des fleuves. L'élévation de ces bordures
consiste à réaliser des digues pour la protection de la ville et
la mise en valeur de sa façade fluviale. Ces aménagements
serviront d'un côté à sécuriser les abords des
fleuves et d'autre côté à créer des espaces de
détentes, de promenades et de récréations
déjà que la ville en manque.
A long terme, l'ONAT propose au gouvernement d'élaborer
et de mettre en oeuvre un nouveau document de planification de de la ville de
N'Djamena assorti d'un schéma directeur d'assainissement en s'appuyant
sur les documents existants. En plus, l'Etat doit savoir coordonner les actions
des agences d'aide publique au développement afin d'aider à la
mise en oeuvre des projets et programmes34.
5.2.3.3- Autorités traditionnelles et
religieuses
Dans ce combat collectif contre l'ennemi commun qui est
l'inondation, les autorités traditionnelles et religieuses ne restent
pas indifférentes aux phénomènes des inondations. Dans
leur savoir social, ils procèdent aux sensibilisations porte par porte,
s'actives dans les activités de curage des caniveaux, cotisation
à l'achat des sables, elles secourent les sinistrés avec des
vivres, l'hébergement et aux prières collectives. Notons que les
autorités traditionnelles et religieuses sont plus
écoutées aux quartiers par les jeunes. Nous constatons aussi les
associations à caractère ethnique, religieuses et culturelles
dans le 9eme arrondissement.
5.2.3.4- Assistance aux sinistrés
Outre les institutions étatiques, les organismes
internationaux tels que UE, OCHA, OIM, Solidarité Internationale,
Croix-Rouge, ONU, HCR, UNESCO, UNICEF appuient la Direction
Générale de la Protection Civile (DGPC) pour la réduction
des risques de catastrophe au Tchad. En cas des catastrophes naturelles comme
et les inondations, ces ONG volent au secours des victimes en vivres et non
vivres et prennent en charge les blessées.
Les équipes de la Croix Rouge du ministère en
charge de la solidarité et la commune du 9eme arrondissement se sont
mobilisées pour procéder au recensement des sinistrés. En
parallèle, des actions sont menées pour renforcer les digues qui
ont cédé. La Croix-Rouge tchadienne a
34
https://tchadinfos.com/tchad/tchad-une-plateforme-propose-des-solutions-pour-sauver-ndjamena-des-inondations/
142
fourni une aide d'urgence en abris et installations sanitaires
à plus de 535 familles (3210 personnes)
sinistrées35.
En septembre 2020, à Kabé, (9eme
arrondissement), l'Office national de sécurité alimentaire
(ONASA), a procédé à la distribution de vivres et
d'articles ménagers essentiels à 546 ménages
sinistrés de Kabé. Chaque ménage a reçu 50 kg de
céréales, 25 kg de haricot, 10 kg de sucre, 10 kg d'huile, 10
boules de savon, 2 couvertures, 2 moustiquaires et 1 seau. L'ONG Diakonie s'est
engagée avec son partenaire local à construire 25 latrines
d'urgence et un forage sur le site Basilique36.
Pour rappel, à travers le fonds de solidarité
dégagé suite à l'instruction du président de la
République, l'ONASA a fait un stock de vivres. Depuis le 21 août
2020, ces vivres sont distribués aux personnes démunies et
touchées par les inondations à N'Djamena et dans les provinces,
par le sous-comité assistance aux personnes démunies.
En plus, de cela le sous-comité d'assistance aux
personnes démunies, a remis le 28 octobre 374 kits, aux habitants des
quartiers Digangali, Gardolé Djedit et Ngueli situés dans la
commune du 9eme arrondissement. Les kits partagés en raison d'un kit par
ménage.
En 2012, Assistance du Secours Catholique du
Développement (SECADEV) a promptement volé au secours des
sinistrés. Cette intervention consistait a contribué à
l'amélioration des conditions de vie des victimes des inondations dans
le 9eme arrondissement municipal de la ville de N'Djamena. Une
intervention post catastrophe. Il s'adresse à 246 ménages
triés parmi les plus vulnérables, soit 1 598 personnes
recensées dans les quartiers Walia Ngoumna, Walia Goré, Ngueli et
Kabé relevant du territoire ecclésiastique de la paroisse. Il a
fourni des sacs de 100 kg aux ménages pour la construction de digues. Ce
sont au moins 500.000 F CFA qui ont été dégagés
pour la circonstance Tamdjim (2020).
Assistance du parti politique (UNDR)
Le bureau exécutif de l'Union nationale pour le
développement et le renouveau (UNDR) a fait un don constitué de
vivres aux sinistrés des inondations de la commune du 7e et
celle du 9e arrondissement le 5 septembre2020. C'est en tout 100 sacs de riz de
25kg, 100 bidons d'huile de 5 litres et 100 sacs de sucres de 10 kg qui sont
remis à ces ménages démunis. Victimes des
35 Communiqué publié le 26 octobre par
UE 2020
36
https://tchadinfos.com/societe/tchad-la-croix-rouge-et-ses-partenaires-volent-au-secours-des-sinistres/
143
inondations, ces ménages ont pour abris les salles de
classe du lycée de Walia et celui d'Amtoukoui. Une situation qui ne
laisse pas indifférente l'UNDR.
Au lycée de Walia situé dans la commune du
9e arrondissement, ils sont plus de 500 personnes à recevoir
93 sacs de riz, 93 sacs de sucre et 93 bidons d'huile.
Tout en appréciant ce geste, ces sinistrés
appellent les personnes de bonne volonté à les venir en aide car
disent-ils, en plus de la faim, ils sont victimes de diverses maladies dont le
paludisme. Certains sinistrés rencontrés témoignent que
les vivres reçus précédemment prennent nuitamment des
directions inconnues. A ce sujet, le parti à la calebasse (UNDR) appelle
les uns et les autres à une distribution équitable de ce don.
La Fondation Tchad Helping Hands
La Fondation Tchad Helping Hands a apporté son appui ce
lundi 9 novembre 2020 aux victimes du débordement des eaux du fleuve
Chari du quartier Walia.
Depuis quelques semaines, le quartier Walia et ses
environnants font face à une catastrophe. De l'ancien cimetière
de Ngonba aux habitations, tout le quartier est envahi par les eaux. Cette
situation à causé d'énormes dégâts
matériels. Elle a fait de certains habitants des sans-abris et
réduit la mobilité de beaucoup d'autres.
Dans le cadre de ses activités, la Fondation Tchad Helping
Hands a fait une descente dans les lieux touchés par cette catastrophe,
en vue d'apporter une assistance aux victimes. Deux véhicules de sable
et des sacs ont été mis à la disposition de ces victimes
en vue de construire des digues pour contenir la progression de l'eau.
Adia Taouré, responsable des programmes et projets de
la Fondation Tchad Helping Hands estime que cette action en faveur de cette
population vise à les soutenir pendant cette période difficile.
« Nous avons décidé de nous joindre à eux pour
mener une petite action qui vise à renforcer les digues qui sont
déjà là. Et les accompagner avec quelques sacs pour que
chaque ménage puisse faire face aux montées des eaux. Nous
profitons de cette occasion pour lancer un appel à des personnes de
bonne volonté, des organisations non gouvernementales pour nous emboiter
le pas afin de soutenir cette population en difficulté »
dit-elle.
Pour le conseiller municipal du 9e arrondissement, Ignassou
Yabana, ce geste ne vient pas tardivement puisque l'eau progresse toujours, ce
qui rend plusieurs habitants «pessimistes». « Il se peut
qu'il y ait rupture de ces digues construites pour barricader le
144
passage de l'eau », s'est-il soucié. Mais
il n'a pas manqué d'apprécier cette action
humanitaire.37
Rappelons que cette situation a fait déplacer certains
habitants des quartiers du 9e arrondissement et empêcher d'autres de
vaquer normalement à leurs occupations.
Photo 17 et 18. Fondation Helping Hands en
action
Source : Tchad-infos novembre 2020
La mise en place des agents de la fondation Tchad Helping
Hands a Walia. Acheminement d'activité de digue en remplissant la terre
dans les sacs et tracer la route pour les passagers.
37 Tchad-infos novembre 2020
145
5.2.4- Quelques pistes des solutions permettant de
lutter contre les inondations à N'Djamena en général et
dans le 9eme arrondissement en particulier
Les inondations sont le résultat des pressions
naturelles et anthropiques dans la ville de N'Djamena. Pour une meilleure
gestion de risque de ces dernières, nous proposons quelques pistes des
stratégies qui vont permettre aux autorités d'un
côté et la population de l'autre afin d'améliorer les
conditions de vie de population face aux inondations. Dans le cadre de la lutte
contre les inondations dans le 9eme arrondissement, l'institution
administrative notamment la marie, ministères apparaissaient comme les
organismes ciblent de gestion de catastrophes dans notre zone d'étude.
Ce sont des acteurs locaux phares qui devraient s'investir dans cette lutte
acharnée contre les inondations dans le 9eme arrondissement
en particulier. En effet, plusieurs des suggestions sont faites sur un triple
ordre.
5.2.4.1- Sur le plan culturel
Dans le 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena, les lieux sacrées sont des plus en plus menacées
surtout en période pluvieuse. Nous constatons dans cet arrondissement
les déguerpissements, les déforestations et les destructions de
lieux sacrés comme la forêt de Walia, les rivières et les
cours d'eaux, les églises et les mosquées sont détruites
au profit des infrastructures gouvernementales. L'Etat construit des meubles
ministériels, tout en ignorant que c'est sont de lieux sacrées et
occupés par les invisibles tels que les génies et les
ancêtres. Ces derniers sont dans l'obligation de verser leur
colère aux nouveaux occupants. Les autorités administratives se
doivent se soucier aux lieux sacrés de ses populations en
commençant par aménager et sécuriser le cimetière
de Ngonba qui se trouve dans l'eau chaque année ou tout simplement les
autorités doivent trouver un autre site qui ne serait pas dans le
bas-fonds pour que nos voyageurs pour l'au-delà doivent se reposer dans
des bonnes conditions. Elles doivent aussi à penser sérieusement
sur les conditions vie de ses populations surtout les agriculteurs et
éleveurs qui se trouvent toujours menacé en saisons pluvieuses
par les dégâts liés à l'inondation dans leurs champs
et leurs fermes. Le constat amer qui est récurrent dans ladite commune,
c'est l'engloutissement des marchés des quartiers surtout le grand
marché de Walia Ngoumna qui recouvre la majorité de
commerçants en son sein, nous supplions les autorités à
les secourir à aménager ou à faire des canaux aux
alentours des marchés. Nous exigeons aussi autorités
étatique a installé des motopompes dans des lieux sociaux tels
que Ecoles, Hôpitaux, les lieux des cultes et les marchés pour
l'évacuation d'eau en temps normal.
146
5.2.4.2- Sur le plan social
Pour la gestion de crise des inondations, l'Etat et ses
Partenaires financiers dans le but de mobiliser suffisamment des fonds pour
couvrir au maximum les besoins liés à la crise. Il est important
d'assurer une bonne harmonisation des acteurs pour pouvoir mieux
répondre aux besoins des sinistrés. Une bonne harmonisation des
distributions des biens alimentaires et un bon recensement des sinistrés
sans omettre les uns et les autres et les acteurs doivent avoir les mêmes
listes sans ajouter ce qui ne les concernent pas et enfin lutter contre la
pauvreté afin d'éviter la crise. Ces aides doivent réduire
les impacts de crise des inondations mais également de la
vulnérabilité. Cela permet de satisfaire les besoins réels
des victimes.
5.2.4.3- Sur le plan Juridique
Les autorités disposent de moyens de dissuasion
qu'elles n'utilisent pas pourtant pour empêcher les constructions dans
les zones marécageuses ou déclarées aedificandis. Il faut
donc dans une certaine mesure que les lois soient appliquées pour
réduire les dégâts liés aux inondations dans cet
arrondissement. Nous suggérons aux autorités administratives
notamment la communauté urbaine, de revoir ses textes qui
régissent l'occupation du sol en milieu urbain, car sur le terrain, nous
avons constaté que les populations construisent dans les zones
marécageuses et non habitables. La solution passe par la surveillance
constate de ces zones de manière à stopper les travaux de
construction dès la phase de la mise en place de terrassements ou tout
au moins, au stade de la pose des fondations. Il ne s'agit pas d'attendre que
la maison soit achevée pour la détruire, ni d'attendre que les
maisons soient déjà habitées pour venir demander aux
occupants de déguerpir.
5.2.4.4- Sensibilisation
Dans ledit arrondissement de la cité mère
tchadienne, nous pouvons dire qu'il y a un bon nombre de ses habitants sont
ignorants, donc, ils manquent cruellement l'éduction civique. Ils
contribuent en grande partie aux causes des inondations et en subissent les
conséquences. Ceci étant, nous proposons que des sensibilisations
soient faites au niveau des populations bien avant l'arrivée de la
saison de pluie. Celles-ci doivent être bien informées sur les
éventuelles inondations. Il est important de prendre certaines
précautions afin de protéger la santé des familles et
d'éviter que les biens matériels ne subissent plus de dommages. A
cet effet, les dites précautions doivent être identifiées
en commun accord avec les populations elles-mêmes, par l'appui des
autorités locales et les organisations a vocation sociale qui
interviennent dans la
147
zone. La phase de sensibilisation doit être
renforcée par le curage systématique des caniveaux de drainage
des eaux de ruissellement. En plus, des campagnes des sensibilisations sur les
inondations et ses conséquences devraient être organisées
aux échelles des arrondissements de la ville de N'Djamena et des
quartiers. Les sensibilisations doivent être faites par les
différentes associations communales, il faut également impliquer
les autorités traditionnelles et religieuses pour accompagner les jeunes
pendant les sensibilisations. Il faut que les sensibilisations doivent
être faites en collaboration et appuie des Maires communales pour la
bonne marche de la sensibilisation. Cependant, la sensibilisation serait plus
efficace si les médias audio visuels et écrits s'associent
activement aux campagnes de sensibilisation. La campagne de sensibilisation est
une meilleure mesure qui permet de réduire la
vulnérabilité des populations ou même de les
préparer à mieux vivre avec les inondations au pire des cas sans
trop avoir de répercussion psychologique.
5.2.4.5- Gestion des déchets
En matière de gestion de déchet, un cruel
problème se pose. Les bacs à ordures ne sont pas répandus
dans l'ensemble de la ville et l'incivisme grandissant des populations à
travers le rejet des déchets dans les ouvrages des drainages contribue
considérablement à l'obstruction de ces derniers et à
proliférer les maladies hydrique telle que le paludisme. Dans le 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena, l'absence de service de collecte des
ordures ménagères conduit les populations à déposer
leurs déchets dans les canaux d'écoulement pour qu'ils soient
emportés plus loin. Dans des telles situations, il faut que les
populations doivent prendre d'abord les responsabilités en
première en scène en évitant de jeter les ordures dans les
caniveaux, parce que c'est eux qui sont exposé en premier. L'état
aussi doit véritablement soutenir les actions initiées par les
jeunes pour partager les taches. Afin de garantir la durabilité de ce
projet, la Mairie devra d'une part mobiliser les moyens nécessaires pour
assurer à l'avenir l'entretien régulier des réseaux de
drainage de la capitale, et d'autre part poursuivre la sensibilisation des
populations à la salubrité et au respect des ouvrages
d'assainissement. Il faut également les jeunes, la Mairie et si possible
les ONG dans la collecte et la gestion des déchets solides et
ménagers.
Malgré le mécanisme des populations face aux
inondations impliquant la répétitivité de ces actions de
curage des drains des cours dans le but de réduire la survenance de ce
risque, le
148
Photo 19 : Bac a ordure du 9eme
arrondissement.
Source : MOUKHTAR Août 2020
Photo 34 : unique bac a ordure
stationné en face de la mairie de la commune du 9eme arrondissement. Ce
bac à ordure n'est pas fonctionnel. A notre vue d'oeil dans ce bac a
ordure, il n y a pas aucune ordure à l'intérieur à part
quelques feuilles d'arbre qui tombaient. On dirait qu'il est là juste
pour orner la marie de la commune.
5.2.4.6- Construction de la digue
La commune du 9eme arrondissement de N'Djamena ne
dispose qu'une seule digue servant à estoquer l'eau et empêche
cette dernière de déverser dans les quartiers. De ce fait, il est
question pour l'Etat et ses partenaires de construire des nouvelles digues
modernes de toute urgence surtout dans le bas-fond du fleuve. Ces digues vont
faire face à l'eau de pluie et celle des crues et bloquent l'eau
à ne pas franchir les quartiers pour provoquer l'inondation. Ainsi la
construction des digues pour la protection contre les inondations ont
généralement pour but de guider l'eau en dehors des zones
densément habituées ou sensibles afin d'éviter le
débordement du fleuve lors sa forte crue. Il faut également la
construire des barrages au niveau des fleuves (Chari et Logone) pour la
rétention d'eau pouvant éviter de flots importants d'eau de
ruissellement dans la commune et par la suite permettre leur utilisation pour
la culture irriguée et la culture de contre saison.
5.2.4.7- Curage de caniveaux
149
constat qu'on a pu effectuer est que ces solutions n'ont qu'un
effet ponctuel et d'une temporalité très réduite. Cela
signifie qu'en dépit de ces efforts, les inondations sont
quasi-permanentes durant les saisons de pluies. Les caniveaux et les canaux
sont conçus et dimensionnés selon les experts. Et lorsque ces
ouvrages existants sont bouchés par la terre, les déchets solides
et autres débris, l'eau ne peut plus couler normalement. Donc c'est
vraiment nécessaire de les curer et de les rendre fonctionnels. Le
curage des caniveaux félicitent le passage d'eau à l'eau de pluie
et ne pas se stagner dans les quartiers et cela va éviter les
inondations.
5.2.4.8- Reboisement
Afin de stabiliser les pentes et éviter les mouvements
de masse, Il est question pour les autorités de lutter contre la
déforestation mais aussi de contribuer à la restauration du
milieu naturel en renforçant les capacités d'auto
régulation des écosystèmes.
5.2.4.9- Suggestions avant la saison pluvieuse
Il faut que l'Etat interdire la vente de terrain dans les
zones inondables ; une planification solide à moyen et à long
terme pour gérer les fleuves (Chari et Logone) ; il faut procéder
à l'aménagement des marécages et basfonds ; envisager la
construction de caniveaux afin que les eaux de ruissellement puissent
être bien gérées lors des inondations ; organiser les
structures de pré-collectes des ordures et sensibiliser les populations
à s'aborner à ces structures de ramassage des ordures; il faut
adopter un changement de comportement pour la bonne pratique de la gestion des
ordures ménagères et protection de l'environnement ; mise en
place d'une plateforme de gestion des risques au niveau de la commune ;
Installation des motopompes à des coins stratégiques et
évacuer les eaux des quartiers vers les fleuves, comme les fleuves n'ont
pas encore atteint la phase de crue.
5.2.4.10- Suggestion pendant la saison pluvieuse
Il faut mettre sur pied un système d'alerte
précoce ; implication toutes couches sociales ainsi que les entreprises
du secteur privé dans la gestion collectivité et des risques ;
assister les ménages les plus vulnérables sur le plan alimentaire
; Il faut le pompage de l'eau dans les écoles, les hôpitaux et les
concessions inondées ; l'assistance systématique aux
sinistrés. De ce fait, il faut aussi noter que pour des raisons
techniques financières et stratégiques, toutes actions ne peuvent
être réalisées dans l'immédiat ni au même
moment. Elles seront planifiées dans le temps.
150
Cette partie portait essentiellement sur la pertinence et la
portée des mesures d'adaptation et de réduction des risques
d'inondation dans la commune du 9e arrondissement. Pour une
meilleure étude, il était utile de s'attarder sur les politiques
d'adaptation locale, nationale. Il était également question de
faire une suggestion des mesures pour une réduction du risque
d'inondation et insistant tour à tour sur la simplification de
vulnérabilité et renforcement des stratégies face aux
récurrences des inondations.
CONCLUSION
152
Au terme de ce travail portant sur le thème «
Recrudescence et gestion endogène des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena: contribution à
l'anthropologie écologique ». S'inscrit dans le champ
de l'Anthropologie du développement. Il a pour ambition de porter un
regard anthropologique sur la situation actuelle de l'inondation dans le 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena. Les inondations constituent un risque
majeur dans le monde entier. Elles figurent au premier rang des catastrophes
naturelles dans le monde en occasionnant environ 20 000 victimes par an. Le
Tchad, comme la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, est sujet à
une pluviométrie résultant des changements climatiques qui
provoquent tantôt des sècheresses, tantôt des inondations.
La commune du 9eme arrondissement de N'Djamena est située
entre les deux fleuves (Chari et Logone), ce qui fait d'elle, la commune la
plus exposée aux inondations.
Pour lutter contre les inondations, le Gouvernement tchadien a
élaboré un premier Plan de contingence, les plans consistaient
entre autres : la construction du pont reliant le Chari côté
tchadien à la rive camerounaise Logone à Kousseri. En 2012,
l'Etat a construit également une digue pour éviter que les eaux
du fleuve Chari n'envahissent la ville. Ces constructions infrastructurelles
avaient permis aux populations de N'Djamena en général et celles
du 9eme arrondissement en particulier de réduire les dégâts
liés aux inondations. Malgré le plan de contingence, de nos
jours, les risques liés aux inondations demeurent omniprésents.
De ce fait, la population dudit arrondissement ne baisse pas les bras et
attendre tout de l'Etat et de ses partenaires, elle met sur pied des
mécanismes de résilience permettant à lutter contre les
inondations. Notre souci était de comprendre la recrudescence des
inondations dans ladite commune.
De ce problème, découle le questionnement
structuré autour d'un ensemble de questions de recherche. Celles-ci sont
de deux ordres à savoir une question principale et trois questions
subsidiaires. La question principale est élaborée comme suit :
Comment comprendre la récurrence des inondations dans le 9eme
arrondissement de N'Djamena ? De cette question principale, gravitent trois
questions subsidiaires. Il était question de savoir d'abord quels sont
les facteurs des inondations dans le 9eme arrondissement de
N'Djamena ? Ensuite, de savoir quels sont les impacts des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena ? Et enfin, de savoir comment
mettre sur pied de mécanismes d'adaptations pour lutter contre les
inondations dans le 9eme arrondissement de ville de N'Djamena ? A
ces questions de recherche, le travail a été nourri par une
hypothèse principale selon laquelle : la récurrence des
inondations dans la ville de N'Djamena s'explique à travers la situation
de colère des esprits (génies,
153
ancêtres, dieux), des drains et le débordement
des lits de fleuves (Chari-Logone) par les eaux de pluies, de croissance
démographique, des activités liées à l'homme, de
l'insalubrité et des occupations anarchiques des zones inondables. De
cette hypothèse principale découlaient les hypothèses
subsidiaires : la première, les facteurs des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena sont d'ordre culturel. Les
pratiques malsaines de la population provoquent la colère des dieux, des
génies de l'eau et des ancêtres, l'incivisme des habitants,
occupations des espaces de façon traditionnelle et les activités
pratiquées (agriculture, élevage, pêche), la destruction de
forêt et la dégradation de digue par la population. Quant à
la seconde, les impacts liés aux inondations sont les pertes ou
endommagement de matérielles nécessaire tels que le dossier et
appareil électronique, destruction de champs et de lieux sacrés
(église, mosquée, cimetière, forêt) et
infrastructures sociales (école, hôpital, marché, route)
les maladies hydriques (paludisme, choléra), les pertes en vie humaines
par noyade ou par écroulement des maisons dans la commune du
9eme arrondissement de la ville de N'Djamena. Et enfin la
dernière, La gestion durable des inondations, d'une part, la population
met sur pied deux grands mécanismes de résilience à savoir
: mécanismes individuel et collectif, d'autre part, le gouvernement
tchadien établit des mesures strictes pour lutter contre les inondations
dans le 9eme arrondissement de N'Djamena. De ces différentes questions
et hypothèses énoncées, des objectifs de recherche sont
dégagés. Comme objectif principal, nous avons essayé de
comprendre la recrudescence des inondations dans le 9eme
arrondissement de N'Djamena. De cet objectif principal, gravitent trois
objectifs subsidiaires. Il s'agit premièrement de présenter les
facteurs des inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de
N'Djamena. Deuxièmement, de montrer les impacts liés aux
inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena. Et
enfin troisièmement démontrer des mécanismes de
résilience pour une meilleure gestion des inondations dans le
9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.
L'atteinte de ces objectifs, nous a conduits à
implémenter une démarche méthodologique structurée
en deux volets : il s'agit de la recherche documentaire et la recherche de
terrain.
La recherche documentaire nous a permis de collecter les
données écrites pouvant nous éclairer sur notre
thème de recherche. Ces écris sont constitués des
ouvrages, des articules, des rapports, des Mémoires et des Thèses
s'articulant autour de la thématique. Elle s'est déroulée
du mois de Janvier 2021 à Mai 2021 pour la première phase et la
seconde phase du mois de Juin jusqu'à la fin de la rédaction de
la première mouture de ce travail. La recherche des données
documentaires a été faite dans plusieurs bibliothèques
à Yaoundé, en occurrence le Cercle-
154
Philo-Psycho-Socio-Anthropologie (CPPSA) au sein de
l'Université de Yaoundé 1, à la bibliothèque de la
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH). À
N'Djamena, nous avons parcouru les bibliothèques telles que l'Institut
Français du Tchad (IFT), à l'Institut National de la Statistique,
des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED), au Centre de
Recherche en Anthropologie et Science Humaines (CRASH) au Centre National de
Recherche pour le Développement (CNRD), nous avons passé un mois
de stage à la Mairie de 9eme arrondissement, Nos lectures ce sont
focalisées sur les différents auteurs, anthropologues,
sociologues et géographes... Ces différentes recherches nous ont
permis à relever des insuffisances tant sur le plan de recherche sur la
récurrence des inondations dans la commune du 9eme
arrondissement de la ville de N'Djamena. Enfin elle nous a permis de
réorienter notre recherche en faisant ressortir son originalité.
De ce fait, nous avons conçu une fiche bibliographique.
La recherche de terrain quant à elle, consistait
d'abord à constituer des données obtenues sur le terrain
grâce aux entretiens d'une part, des données obtenues aux moyens
des observations de terrain d'autre part. Il était primordial de
s'intégrer dans la commune par le biais d'association et stage
effectué au sein de la mairie du 9eme arrondissement nous ont
permis de se familiariser avec les différents acteurs dans ladite
commune pour collecter les données fiables. La collecte des
données sur le terrain s'est faite à partir des techniques et des
outils de la recherche qualitative à savoir : observation directe, les
entretiens approfondis individuels, la discussion de groupe focalisé et
le récit de vie. Des téléphones (Samsung A20 et IPhone 8),
le guide d'entretien et le guide d'observation nous ont servi des outils. Les
données collectées ont été soumises à
l'analyse de contenu et interprétation, en vue de saisir les
différents sens que referment les questions des inondations dans le
9eme arrondissement de N'Djamena.
L'analyse et l'interprétation des données de
terrain ont été réalisée à partir d'un
modèle d'analyse de contenu et d'un cadre théorique construit
à cet effet à partir des théories de
l'ethnométhodologie d'Harold Garfinkel (1950) et de l'écologie
culturelle de Julian Steward (1960). La théorie
l'ethnométhodologie a permis de comprendre les représentations
que la population du 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena
donne à l'inondation, L'apport de l'ethnométhodologie dans ce
travail nous a également permis de voir comment la population de ladite
commune adopte les stratégies de résiliences pour faire face aux
inondations. S'agissant du courant d'écologie culturelle, il nous a
permis de comprendre l'interaction entre la population du 9eme
arrondissement et son milieu physique. Autrement dit, leur présence
et
Cette investigation suscitait par les mécanismes de
résilience mis par les acteurs étatiques et la population locale.
Aux côtés des acteurs étatiques, l'Etat et ses partenaires
ont
155
résistance en temps d'inondation dans leur
arrondissement. Cette démarche méthodologique nous a permis
d'obtenir les résultats suivants :
Premièrement, la récurrence des inondations dans
cette commune s'est suscité des facteurs anthropiques. On note les
ventent de terre de manière traditionnelle. Les activités
informelles des habitants de cet arrondissement à savoir le
déboisement, fabrication des briques en terres cuites et la
dégradation de la digue de protection favorisent les inondations.
Deuxièmement, les inondations dans cet arrondissement
sont d'origine culturelle. Les pratiques malsaines de population telles que :
destructions des lieux sacrés (cimetière, forêt, lieux des
cultes), les incestes provoquent les colères des esprits (dieux,
génies, ancêtres). Ces derniers manifestent leurs colères
par la pluie provoquant des inondations suivant des dégâts
matériels et humains. Il est à noter que l'une des raisons que
les populations ne veulent pas quitter ou déplacer des lieux inondables,
c'est parce qu'elles éprouvent un grand attachement et sentiment
historico-culturel à ces terres. En effet, pour certains, l'inondation
est une bénédiction divine par rapport à leur perception
culturelle. En temps des inondations, la terre sera fertile, c'est le moment de
l'agriculture et aussi un moment de partage entre les différents
secteurs (agriculteurs, éleveurs, pécheurs et aussi les
cueillettes). Pour eux, la présence de l'eau permet de purifier le
corps.
Troisièmement, au cours de la période
d'inondation, la population du 9eme arrondissement fait face à des
destructions de bien et objets culturels très estimables et valeureux
à leurs yeux. La perte du patrimoine culturel, archéologique,
historique et ressources esthétiques d'importance culturelle, religieuse
et de lieux sacrés tels que le cimetière, l'église, la
mosquée, case a fétiche, espace rituel, maison de la culture. Le
cas du cimetière de Ngonba est alarmant, à chaque période
d'inondation, les habitants qui vivent dans les environs du cimetière se
plaignent d'odeur qui dégage ce cimetière. Certaines tombes qui
ne sont pas bien cimentées, lâchent et ce qui provoquent des
mauvaises odeurs. On note également les impacts matériels et
infrastructurels. Cette catastrophe joue également sur les
activités des populations à l'instar des destructions des champs
à grand hectare. Quant aux impacts humains, les habitants sont
confrontés aux déplacements qui causant des sinistrés et
aux maladies hydriques. Nous constatons aussi des pertes en vies humaines.
156
mis les stratégies de gestion durable des inondations.
Suite aux inondations de 2012, un plan d'action de lutte contre les
catastrophes naturelles dans la ville de N'Djamena était
élaboré et adopté par la mairie et le comité
technique de lutte contre les inondations (CTLI).
Quatrièmement, les habitants de leur côté
ont mis leurs stratégies de lutte contre les inondations. Leurs
stratégies sont d'une part individuelles et d'autre part collectives.
Dans les stratégies individuelles, pour évacuer les eaux ayant
envahi les domiciles, certains ménages utilisent les récipients
(seau, bassine) pour enlever tour à tour les eaux dans les maisons.
D'autre par contre creusent le canal de l'intérieur de la maison
jusqu'à l'extérieur. Certains ménages un peu aisés
font usage des motopompes à faible capacité pour évacuer
les eaux des concessions. Dans la collectivité les populations se
mobilisent à la construction des digues avec des sacs remplis de terre,
elles se regroupent également en comité pour creuser les
caniveaux. En temps de catastrophes liées aux colères des
génies, des ancêtres ou encore des dieux, la population adopte des
stratégies pour calmer les génies afin de réduire les
dégâts. En effet, elle procède au sacrifice qu'elle
appelle, Kikiringag. Certaine population développe de rituels
pour stopper la pluie ou même carrément annuler quand elle menace.
Pour mener le rituel, les habitants versent le sel sur le feu, d'autre encore,
utilise des libellules pour le rituel.
L'ensemble de ces résultats nous permet de conclure que
nos hypothèses de départ sont vérifiées et que les
résultats de cette recherche répondent aux contextes de
transmission précis à l'utilisation des méthodes
qualitative. L'indisponibilité de certains de nos informateurs
clés a fait défaut pour que nous pussions collecter les
données complètent, d'aucuns étaient hors du pays. Aucune
oeuvre humaine ne peut se réclamer de la perfection. Nous pensons
à aller jusqu'au bout dans nos recherches et apporter nos contributions
dans ce domaine afin d'améliorer les conditions de population de
N'Djamena en général et de 9eme arrondissement en
particulier.
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rdc=1& rdr
https://tchadinfos.com/politique/tchad-le-comite-des-jeunes-pour-la-riposte-contre-linondation-poursuit-ses-travaux/
https://atrenviro.pro/publications/actualites/curage-caniveaux-ville-de-ndjamena/
https://tchadinfos.com/tchad/tchad-une-plateforme-propose-des-solutions-pour-sauver-ndjamena-des-inondations/
https://tchadinfos.com/societe/tchad-la-croix-rouge-et-ses-partenaires-volent-au-secours-des-sinistres/
https://www.thenewhumanitarian.org/fr/report/85206/monde-douze-pays-dans-le-collimateur-des
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173
2. SOURCES ORALES
N°
|
Nom & Prénom
|
sexe
|
fonction
|
âge
|
Date de l'entretien
|
Lieu de l'entretien
|
1
|
ABA
|
M
|
sinistré
|
42
|
14
septembre 2021
|
Walia
|
2
|
ABDEL
|
M
|
Président de l'AJADES
|
38
|
le 27 août 2021
|
CNRD
|
3
|
ALBE
|
M
|
Délégué
|
47
|
le 21
septembre 2021
|
Walia
|
4
|
ADJI H
|
M
|
Mécanicien
|
56
|
le 27 août 2021
|
Walia
|
5
|
Ado
|
M
|
Ancien délégué et responsable des
sinistrés
|
|
le 18
septembre 2021 à 09h
|
Walia
|
6
|
Paul
|
M
|
Enseignant de l'université
|
59
|
septembre 2021
|
Gardolé
|
7
|
Elis
|
M
|
Délégué de sinistrés du site de
Toukra (Ex militaire)
|
62
|
le 27 août 2021 à 09h52
|
Toukra
|
8
|
DOUNG
|
M
|
Délégué
|
|
le 23
septembre 2021
|
Walia
|
9
|
DOUNIA
|
M
|
ancien charbonnier,
|
|
le 07 Juillet 2021
|
Kabé
|
10
|
EMMA
|
M
|
Chef de quartier (boulama)
|
58
|
17
septembre 2021
|
Ngoumna
|
11
|
GLO
|
F
|
Elève
|
19
|
septembre 2021
|
N'Gueli
|
12
|
Hassan
|
M
|
Eleveur
|
62
|
septembre 2021
|
Toukra
|
13
|
KOUM
|
M
|
Secrétaire général a la mairie du
9e arrondissement
|
64
|
03 août 2021 à 16h11
|
Walia
|
14
|
LAMB
|
|
Ancien chef de terre (Blama) de Walia Ngonba
|
|
Le 20 août 2021
|
Walia Ngonba,
|
15
|
MADJI
|
M
|
Prêtre
|
56
|
le 17
septembre 2021 à 10h
|
Walia Barriere
|
16
|
MART
|
|
briquetier
|
36
|
septembre 2021
|
Ngoumna
|
17
|
Alain M
|
M
|
Fabriquant des briques
|
|
le 26 août
2021.
|
Ngoumna
|
18
|
ALLIM
|
F
|
Commerçante/Ménagère
|
42
|
septembre
2021.
|
Ngoumna
|
174
19
|
MOUN M
|
M
|
Chef de terre (boulama)
|
68
|
Le 15 septembre
|
Toukra
|
|
|
|
|
|
2021
|
|
20
|
Roland
|
M
|
Sinistré
|
|
le 27 août
|
Toukra
|
|
|
|
|
|
2021
|
|
21
|
YERI
|
M
|
responsable de la croix rouge
|
36
|
le 18 Juillet 2021
|
Toukra
|
22
|
Serge
|
M
|
Enseignant
|
46
|
le 09 août
|
Walia
|
|
|
|
|
|
2021 à 10h
|
|
ANNEXES
ANNEXE
|
176
ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN
1. GUIDE D'ENTRETIEN INDIVIDUEL
THEME DE RECHERCHE : RECRUDESCENCE ET GESTION ENDOGENE
DES INONDATIONS DANS LE 9EME ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA:
CONTRIBUTION A L'ANTHROPOLOGIE ECOLOGIQUE
Introduction
Madame / Monsieur
Je suis étudiant chercheur en Master II au
Département d'Anthropologie à l'Université de
Yaoundé I. Dans le cadre de mes recherches, je mène une
étude académique sur « Recrudescence et gestion
endogène des inondations dans le 9eme arrondissement de
N'Djamena: contribution à l'anthropologie écologique
». Cette recherche est d'actualité, votre avis sur ce
sujet peut s'avère très utile pour la réalisation des
projets futurs. Pour cela, je souhaite que vous me donniez vos
références. C'est la raison pour laquelle je sollicite votre
contribution de mener à bien cette recherche.
GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES DES POPULATIONS
? Identité de l'enquêté
Nom
Age
Sexe
Profession
Religion
Statut matrimonial
Nombre d'enfants à charge
? Connaissances sur les inondations
Avez déjà entendu parler de l'inondation ? Si oui,
qu'est-ce qu'une inondation selon vous ? Avez-vous déjà
vécu une période d'inondation ?
Comment expliquez-vous la récurrence des inondations dans
votre commune ?
Avez-vous été victime des inondations ? Si oui,
quelle est l'idée que vous faites des inondations ?
Qu'est-ce qui explique la présence des populations dans
des zones inondables ?
177
? Perception des inondations et leurs
causes
Selon vous, quelles sont les principales causes des inondations
dans votre commune ? Pensez-vous la population est responsable de ces
inondations ?
Selon vous, en quelles périodes de l'année ces
inondations sont récurrentes ?
Quels sont les dégâts qui causent les inondations
dans votre commune ?
? Conséquences et dégâts observable
lieu aux inondations
Quelles sont les conséquences des inondations selon vous
?
Quels sont les problèmes posés par les
dernières inondations dans votre commune ? Comment les avez-vous
résolus ?
Comment affectent-ils les inondations dans vos lieux
sacrés comme l'église, mosquée, cimetière, morgue,
école ?
Lorsqu'il y a inondation, quels sont les dégâts
observés vous dans votre commune ?
? Les stratégies pour lutter contre les
inondations
Comment faites-vous pour lutter contre les inondations ?
Avez-vous reçu le don par l'état après les
dégâts causé par inondation ? Si oui, lesquels ?
Si l'état n'intervient à temps aux
sinistrés, comment les populations, s'organisent-elles pour
faire face aux inondations?
Quelles stratégies vous utilisez pour lutter contre les
inondations ?
Votre commune dispose-t-elle des ouvrages d'évacuation des
eaux de pluie ? si oui quel est
l'état opérationnel de ces ouvrages ?
Selon vous, comment faire pour lutter contre les inondations ?
Avant que l'état intervient, comment vous organiser pour
faire face aux inondations dans votre
commune ?
MERCI POUR VOTRE COMPREHENSION
178
2 GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES DES AUTORITES
ADMINISTRATIVES
Selon vous, y a-t-il souvent des inondations dans votre
commune ? Si oui, a quelle fréquence ?
Qu'est-ce qui explique la récurrence des inondations
dans cette commune ?
Ne pensez-vous pas que la population est aussi responsable des
inondations ?
Quelles sont vos politiques au regard de la récurrence
des inondations ?
Pensez-vous que la population est satisfaite de votre
politique sur la gestion des inondations ?
Si oui, expliquez-vous davantage
Qu'est-ce qui explique la présence des populations dans
des zones inondables ?
Selon vous, quelles sont les causes principales des
inondations ?
Quelles sont les conséquences des inondations dans
votre commune/arrondissement ?
Comment faites-vous pour venir en aide aux sinistrés
?
En tant qu'autorité administrative, quelles
stratégies mettez-vous en place/envisagez pour
prévoir et lutter contre les inondations ?
MERCI POUR VOTRE COMPREHENSION
179
3 GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES DES AUTORITES
RELIGIEUSES
Selon vous, y a-t-il souvent des inondations dans votre
commune ? Si oui, a quelle fréquence ?
Qu'est-ce qui explique la récurrence des inondations
dans cette commune ?
Qu'est-ce qui explique la présence des populations dans
des zones inondables ?
En tant que leader religieux, que faites-vous pour lutter
contre les inondations dans votre
commune ?
Selon vous, quelles sont les causes principales des
inondations dans votre commune ?
Quelles sont les conséquences des inondations ?
Les inondations affectent-elles vos lieux sacrés comme
l'église, mosquée le cimetière ou le
champ ? Si oui, que pensez-vous de cette situation ?
Intervenez-vous aux sinistrés ? Si oui, comment
faites-vous pour les secourir ?
Quelles pistes de solutions proposez-vous pour lutter contre
ces inondations ?
MERCI POUR VOTRE COMPREHENSION
180
4 GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES AUX PERSONNES MENANT LES
ACTIVITES INFORMELLES
Selon vous, qu'est ce qui explique la récurrence des
inondations dans votre commune ? Vous êtes des agriculteurs,
pécheurs ? Si oui, la saison pluvieuse est considérez comme
saison bénie, racontez-vous des difficultés pendant cette
période ? Si oui quelles sont ces difficultés ? Qu'est-ce qui
explique la présence des populations dans des zones inondables ?
Les inondations causes-t-elles des dégâts dans vos
activités ? Si oui, comment et à quel degré Existe-t-il
des conflits entre les agriculteurs, éleveurs et pécheurs ?
Quelles sont les stratégies mises en place pour la bonne
marche de vos activités et lutter contre les inondations ?
Avez-vous reçu le don par l'état et ses partenaires
(ONG, Associations) après les dégâts causé par
inondation dans vos secteurs d'activités ? Si oui, lesquels ?
MERCI POUR VOTRE COMPREHENSION
181
5 GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES AUX SINISTRES
Qui est ce qui explique les inondations dans votre commune
?
Ne pensez-vous pas que la population est responsable des
inondations ?
Qu'est-ce qui explique la présence des populations dans
des zones inondables ?
A quand remonte votre refuge ?
Avez-vous des enfants ? Si oui, comment ils vivent ?
Comment sentez-vous psychologiquement étant en dehors
de chez vous ?
Etes-vous satisfait de prise en charge de ce site ?
Confrontez-vous à des maladies ? Si oui, lesquelles et
pourquoi
Recevez-vous de soins médicaux ?
Recevez-vous de dons ? Si oui, lesquels ?
Avez-vous de difficultés a rencontré dans ce
site ?
Sur l'échelle de 0 à 10, comment mesurez-vous
vos conditions des vies ?
Si les responsables de ce site ne s'occupent pas bien de vous,
que faites vous
MERCI POUR VOTRE COMPREHENSION
Signature de l'enquêteur: Date :
182
ANNEXE 2 : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT
Bonjour Madame/Monsieur,
Je m'appelle MOUKHTAR ADOUM OUMAR
Je suis étudiant en Master à la faculté
des Arts, Lettres et Sciences Humaines à l'Université de
Yaoundé 1 dans le département d'Anthropologie. Je réalise
actuellement une étude sur RECRUDESCENCE ET GESTION ENDOGENE DES
INONDATIONS DANS LE 9EME ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA: CONTRIBUTION A
L'ANTHROPOLOGIE ECOLOGIQUE. Cette investigation a pour but de
comprendre les causes, les conséquences et d'expliquer Les informations
que vous fournirez permettront des mieux appréhender les
phénomènes, les perceptions et l'appréhension des
inondations dans contexte culturel. Je suis joignable sur cet adresse :
Email:
moukhtaradoum15@gmail.com +235 68 65 67 61/+237 655 52 70
52.
Vous faites partie des personnes qui pourraient participer
à cette étude. Ainsi, avec votre permission, j'aimerai vous poser
quelques questions. Quelques portes sur ce que vous pensez sur la Recrudescence
et gestion endogène des inondations dans le 9eme
arrondissement de N'Djamena: contribution à l'anthropologie
écologique. Si vous êtes gênés par une
question, vous n'êtes pas obliger d'y répondre. Vu l'importance
des questions que vous allez nous fournir, je vous prie de les répondre
avec sincérité. Retenez que nous ne sommes pas ici pour porter un
jugement sur vous ou sur votre comportement. Nous voulons apprendre de vous,
notamment vos connaissances dans les gestions des inondations.
Nous demandons votre permission pour enregistrer l'entretien.
Car il est difficile de noter avec précision tout ce que vous allez nous
dire. A la fin de l'étude, vos réponses seront tenues strictement
confidentielles. Ainsi, personnes ne saura comment vous avez répondu.
L'interview durera que quelques minutes.
Vous êtes d'accord pour répondre à cet
entretien ? Oui 1 Non 0
Je certifie que l'enquêté (e) a été
informé (e) de la nature et du but de l'étude et qu'il (elle) a
donné un consentement verbal pour participer à cette
étude.
Signature de l'enquêté(e) : Date :
183
ANNEXE 3 : AUTORISATION DE RECHERCHE
184
ANNEXE 4 : AUTORISATION DE RECHERCHE DU MAIRE DE LA
COMMUNE DU
9eme ARRONDISSEMENT
185
BLE D MATIÈRES TABLE DE
MATIÈRES
|
DÉDICACE
REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iii
ABSTRACT iv
SOMMAIRE v
LISTE DES ILLUSTRATIONS vi
LISTE DES ACRONYMES ET DES SIGLES vii
INTRODUCTION 1
1- CONTEXTE DE LA RECHERCHE 2
2. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 4
2.1- Raisons Scientifiques
4
2.2 Raisons personnelles 5
3. PROBLEME DE RECHERCHE 6
4- PROBLÉMATIQUE 7
5- QUESTIONS DE RECHERCHE 8
5.1- Question principale 8
5.2- Questions subsidiaires
8
6. HYPOTHESES DE RECHERCHE 9
6.1- Hypothèse
principale 9
6.2- Hypothèses
subsidiaires 9
7. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 10
7.1- Objectif principal 10
7.2- Objectifs subsidiaires 10
8- METHODE DE COLLECTE DES DONNEES 10
8.1- Recherche documentaire 11
8.2- Recherche de terrain 11
8.2.1- Collecte des données de terrain
11
8.2.1.1- Techniques de collecte des
données 12
8.2.1.1.1- Observation directe 12
8.2.1.1.2- Entretien approfondi individuel 12
8.2.1.1.3- Focus Groupe Discussions 13
8.2.1.1.4- Photographie 13
8.2.1.1.5- Récits de vie 13
8.2.1.2- Outils de collecte des données
14
9- 186
METHODE D'ANALYSE ET D'INTERPRETATION 14
9.1- Analyse des types de données 14
9.1-1- Analyse de contenu 14
9.1-2- Analyse conceptuelle 15
9.1-3- Analyse iconographique 15
9.2- Interprétation des données
15
10- INTÉRÊT DE L'ÉTUDE 16
10-1- Intérêt scientifique 16
10-2- Intérêt pratique 17
11- CONSIDERATIONS ETHIQUES 17
12- LIMITE DE L'ETUDE 18
12-1- Limites épistémologiques
18
13- DIFFICULTES RENCONTREES 18
14- PLAN DU TRAVAIL 19
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION DU SITE DE L'ETUDE 20
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION DU SITE DE L'ETUDE
20
1.1- CADRE PHYSIQUE 21
1.1.1- Cordonnées géographiques
21
1.1.2- Présentation du Tchad 21
Carte 1 : carte du Tchad 22
1.1.3- Présentation de la ville
de N'Djamena 23
1.1.3.1- Organisation administrative de la ville de
N'Djamena 23
Tableau no1 : Listes des Arrondissements de la ville
de N'Djamena et ses quartiers 24
Carte 2 : carte de N'Djamena 25
1.1.4- Présentation du 9eme
arrondissement 25
Carte 3 : carte de la commune du 9eme arrondissement
26
1.1.4.1- Etude démographique 26
Tableau no2 : Répartition de la population du
9eme arrondissement par quartiers. 27
1.1.4.2- Climat 27
1.1.4.3- Températures
27
1.1.4.4- Pluviométrie
28
1.1.4.5- Humidité 28
1.1.4.6- Relief 28
1.1.4.7- Hydrographie 29
Tableau no3 : Caractéristique du Chari et
Logone 30
1.1.4.8- Pédologie 30
1.1.4.8.1- Sols argileux noirs
31
187
1.1.4.8.2- Sols sablo-argileux
31
1.1.4.9- Végétation
31
Tableau no4 : Principaux essences des arbres selon
leur famille dans le 9eme arrondissement 32
1.2- CADRE HUMAIN 33
1.2.1- Historique du 9eme arrondissement
33
1.2.1.1- Peuplement dans le 9eme
arrondissement 33
1.2.1.2- Ethnicisassions des quartiers dans le
9eme arrondissement 35
1.2.1.3- Religions 35
1.2.2- Organisation administrative du 9eme
arrondissement 35
Tableau no 6 : Tableau récapitulatif des
quartiers, carrés et marchés 36
1.2.2.1- Administration civile et traditionnelle
37
1.2.3- Situation socioéconomique de la commune
37
1.2.4- Activités des populations du
9eme arrondissement 38
1.2.4.1- Agriculture 38
1.2.4.2- Elevage 39
1.2.4.3- Pêche 40
1.2.4.4- Transport 40
1.3- RAPPORT ENTRE LE SUJET, LE CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
41
1.3.1- Rapport entre le cadre physique et le sujet
41
1.3.2- Rapport entre le cadre humain et le sujet
41
43
CHAPITRE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE, CADRE THEORIQUE
ET CONCEPTUEL
43
2-1- REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES INONDATIONS
44
2-1-1- Généralité sur les questions
des inondations 44
2-1-2- Facteurs des inondations 45
2-1-2-1- facteurs naturels 45
2-1-2-2- Incivisme de la population 47
2-1-2-2- Occupation anarchique 48
2-1-3- Dégâts liés aux inondations
48
2-1-3-1- Pertes en vie humaines et matérielles
49
2-1-3-2- Maladies hydriques 50
2-1-4- Stratégies et gestion durable pour lutter
contre les inondations 51
2-1-4-1- Aménagement urbain 52
2-1-4-1- Action des acteurs étatiques
53
2-1-4-2- Action collective de population 55
2-1-5- LIMITES ET ORIGINALITE DU TRAVAIL 56
188
2-1-5-1- Limites 56
2-1-5-2- Originalité du travail 56
2-2- CADRE THEORIQUE 57
2-2-1- Ethnométhodologie 57
2-2-2- Ecologie culturelle 58
2-3-4- Opérationnalisation des théories
60
2-3- CADRE CONCEPTUEL 60
2-3-1- Inondation 61
2-3-2- Gestion 63
2-3-3- Culture 63
2-3-4- Vulnérabilité 63
2-3-5- Recrudescence 64
2-3-6- Résilience 64
2-3-7- Anthropologie écologique 65
CHAPITRE 3 : ORIGINES ET FACTEURS DES INONDATIONS DANS
LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA 68
CHAPITRE 3 : ORIGINES ET FACTEURS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA 68
3.1- ORIGINES DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT 69
3.1.1- Origines culturelles des inondations
69
3.1.1.1- Colère des génies 69
3.1.1.2- Colère des ancêtres 71
3.1.2- Origines naturelles des inondations 72
3.1.2.1- Saison pluvieuse comme origine des inondations
73
3.1.2.2- Inondations par débordement
74
3.1.2.3- Inondations d'origine lacustre 74
3-1.2.4- Inondations d'origine imprévisible
75
3.2- FACTEURS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT 75
3.2.1- Facteurs naturels 76
3.2.1.1- Changement climatique 76
3.2.1.2- Fortes pluies 76
3-3-1-3- Le débordement d'un lit en période
de crue 77
3.2.1.4- Faible altitude du site 78
3-3-1-5- Pente dérisoire autour de la zone de
confluence Chari-Logone 79
3.2.2- Facteurs anthropiques 79
3.2.2.1- Extension démographique 79
3.2.2.2- Pauvreté 80
3.2.2.3- Occupation anarchique des espaces 81
189
Photo 1 : Inondation à Digangali 83
3.2.2.4- Insalubrité 84
Photo 2 : Rigole bouchée par les déchets 85
3.2.2.5- Déforestation 85
Photo 3 : Forêt de Walia a l'état actuel
87
3.2.2.6- Agriculture 88
Photo 4 : Le champ de riz situé à Toukra
inondé 88
3.2.2.7- Fabrication des briques en terre cuite
89
Photo 5 : Fabrication des briques en terre cuite 90
3.2.2.8- Dégradation de la digue 90
Photos 6 : dégradation de digue de l'intérieur
92
Photo 7: rupture quasi-totale de la digue au milieu
92
3.2.2.9- Cause culturelle 93
CHAPITRE 4 : IMPACTS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT
DE N'DJAMENA 95
CHAPITRE 4 : IMPACTS DES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE
N'DJAMENA 95
4.1- IMPACTS CULTURELS DES INONDATIONS DANS LE
9eme
ARRONDISSEMENT 96
4.1.1- Impacts environnementaux 97
4.2- IMPACTS MATERIELS 97
4.2.1- Impacts économiques 98
4.2.2- Destruction des champs 100
4.2.3- Impacts sur les infrastructures 101
Photo 8 : Pirogue, un moyen de transport 102
Photo 9 : Axe principal entrant dans le 9eme
arrondissement 103
4.2.4- Impacts dans le domaine éducatif
103
Photo 10 : Lycée de Walia englouti dans l'eau 105
4.2.5- Submersion du marché de Walia-Ngoumna
105
Photo 11 : Marché de Ngonba envahit par débordement
d'eau 107
4.2.6- Destruction de cimetière de Walia Ngonba
107
Photos 12 : Submersion de cimetière de Ngonba par
l'inondation 108
4.2.7- Impacts des inondations sur les habitations
109
4.2.8- Impacts sur les sinistrés 110
4-2-8-1. provenance et période de
déplacement des sinistres 112
4-2-8-1.1. Site/Centre de Grillage 112
4-2-8-1.2. Site de Toukra 112
4-2-8-1.3. Site de Tradex 112
4.2.9- Vécus des sinistrés
|
|
|
190
113
|
Photo 14 : Des tentes en pagnes des sinistrés au site de
Toukra.
|
|
|
115
|
4.3- IMPACTES SANITAIRES DES INONDATIONS
|
|
|
115
|
4.3.1- Proximité des eaux stagnantes
|
|
|
116
|
4.3.2- Paludisme
|
|
|
116
|
4.3.3- Diarrhée
|
|
|
117
|
4.3.4- Choléra
|
|
|
117
|
4.3.5- Morsures des reptiles
|
|
|
117
|
4.3.6- Électrocution
|
|
|
118
|
4.3.7- Pertes en vies humaines
|
|
|
118
|
CHAPITRE 5 : LECTURE ANTHROPOLOGIQUE
|
ET
|
MECANISMES
|
DE
|
RESILIENCE POUR UNE GESTION DURABLE DES INONDATIONS DANS
LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA 120
CHAPITRE 5 : CHAPITRE 5 : LECTURE ANTHROPOLOGIQUE ET
MECANISMES DE RESILIENCE POUR UNE GESTION DURABLE DES INONDATIONS DANS
LE
9eme ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA 120
5.1- ETHNOMETHODE COMME MECANISMES DE RESILIENCES
POUR LUTTER CONTRE LES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT... 121
5.1.1- Représentation culturelle de l'inondation
121
5.1.1.1- Inondation comme bénédiction
121
5.1.1.2- Inondation comme malédiction
122
5.1.1.3- Indexicalité des inondations dans le
9eme arrondissement 122
5.1.1.3.1- Appellation de l'inondation dans socioculture
Arabe Choa 122
5.1.1.3.2- Appellation de l'inondation dans socioculture
Lélé 123
5.1.1.3.3- Pratique du sacrifice de kikiringang pour
lutter contre les inondations 123
5.1.1.4- Notion de membre des inondations dans le
9eme arrondissement 123
5.1.1.4.1- Présence de population dans les zones
inondables 124
5.1.1.4.2- Perceptions locales des inondations par les
acteurs 124
5.1.1.4.3- Perception des acteurs privés
125
5.1.1.4.4- Perception des acteurs étatiques
125
5.1.1.4.5- Perception des populations du 9eme
arrondissement 126
5.1.1.4.5.1- Mauvaises gestions gouvernementales
126
5.1.1.4.5.2- Attachement aux milieux 128
5.1.2- Relation entre la population et leur milieu
physique, le 9eme arrondissement de
N'Djamena 129
5.1.2.1- Mécanismes de résilience mis par
la population du 9eme arrondissement 129
5.1.2.2- Stratégies individuelles 130
5.1.2.2.1- Migration de la population comme technique
130
5.1.2.2.2- Mécanismes architecturales pour
résister aux inondations 131
191
Photo 15 : Construction en matériaux définitifs
132
5.1.2.2.3- Evacuation des eaux dans les maisons comme
moyen de résistance 132
5.1.2.2.4- Protection des biens matériels
133
5.1.2.3- Stratégies collectives 134
5.1.2.3.1- Aménagement des espaces comme
stratégie d'adaptation 134
Photo 16 : Construction de digue pour traverser 135
5.1.2.3.2- Curage des caniveaux comme moyen de lutte
135
5.1.2.3.3- Actions religieuses et traditionnelles
137
5.2- MECANISMES D'ADAPTATION MIS PAR L'ETAT ET SES
PARTENAIRES POUR LUTTER CONTRE LES INONDATIONS DANS LE 9eme
ARRONDISSEMENT DE N'DJAMENA 137
5.2.1- Actions gouvernementales 138
5.2.2- Actions de la mairie 138
5.2.3- Actions des partenaires 139
5.2.3.1- Comité des Jeunes de la Riposte Contre
l'Inondation (CJRCI) 139
5.2.3.2- Ordre national des Architectes du Tchad (ONAT)
140
5.2.3.3- Autorités traditionnelles et religieuses
141
5.2.3.4- Assistance aux sinistrés 141
Photo 17 et 18. Fondation Helping Hands en action
144
5.2.4- Quelques pistes des solutions permettant de
lutter contre les inondations à
N'Djamena en général et dans le
9eme arrondissement en particulier 145
5.2.4.1- Sur le plan culturel 145
5.2.4.2- Sur le plan social 146
5.2.4.3- Sur le plan Juridique 146
5.2.4.4- Sensibilisation 146
5.2.4.5- Gestion des déchets 147
Photo 19 : Bac a ordure du 9eme arrondissement
148
5.2.4.6- Construction de la digue 148
5.2.4.7- Curage de caniveaux 148
5.2.4.8- Reboisement 149
5.2.4.9- Suggestions avant la saison pluvieuse
149
5.2.4.10- Suggestion pendant la saison pluvieuse
149
CONCLUSION 151
SOURCES 157
1. SOURCES ECRITES 158
LOIS et BULLETIN 170
WEBOGRAPHIE 172
http://www.revist.ci
172
192
https://www.unisdr.org/files/7817_UNISDRTerminologyFrench.pdf
172
https://www.sagescience.cnrs.fr.
172
2. SOURCES ORALES 173
ANNEXES 175
ANNEXE 3 : AUTORISATION DE RECHERCHE 183
ANNEXE 4 : AUTORISATION DE RECHERCHE DU MAIRE DE LA COMMUNE DU
9eme
ARRONDISSEMENT 184
TABLE DE MATIÈRES 185
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