UNIVERSITE DE KISANGANI
B.P : 2012 KISANGANI
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET SOCIAL
Une étude des crypto-monnaies Bitcoin et
ethereum
UTILISATION DES MONNAIES VIRTUELLES A L'EPREUVE DU
DROIT MONETAIRE CONGOLAIS :
Oscar UFOYURU JABERONG'A
MEMOIRE
Présenté en vue de l'obtention du grade de
Licencié en Droit.
Département de Droit Economique et
Social.
Directeur : Prof. MOSEMA AMBASU
Encadreur : Ass. Carole NGULONGO AMUNDALA
ANNEE ACADEMIQUE :
2022-2023 Première session
OCTOBRE 2023
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE UNIVERSITE DE KISANGANI
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET
SOCIAL
UTILISATION DES MONNAIES VIRTUELLES A L'EPREUVE
DU DROIT MONETAIRE CONGOLAIS :
Une étude des crypto-monnaies Bitcoin et
ethereum
par
Oscar UFOYURU JABERONG'A
TRAVAIL DE FIN D'ETUDE
Présenté en vue de l'obtention du grade
de Licencié Droit Economique et Social.
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EPIGRAPHE
« Le progrès n'est pas seulement une condition
de survie pour l'humanité, c'est une condition de sa grandeur...
...C'est dans les entailles mêmes de la
société que le droit s'élabore et le législateur ne
fait que consacrer un travail qui s'est fait en dehors de lui. Il faut donc
apprendre à l'étudiant comment le droit se forme sous pression
des besoins sociaux ».
Emile Durkheim.
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DEDICACE
A notre très cher père David CENG'THO
CANMWA et à notre tendre mère Roseline
UCANDA.
Oscar UFOYURU JABERONG'A
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REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail a été un
parcours exigent, parsemé de défis et de moments de
perplexité. Cependant, il a bénéficié d'un
déroulement harmonieux et d'une franche collaboration de diverses
personnes à qui il convient d'exprimer notre sincère
gratitude.
Nos remerciements s'adressent, avant tout, à Dieu le
Tout-puissant, Maître du temps et des circonstances, pour son souffle de
vie et ses grâces divines qui nous ont permis d'achever ce travail dans
un climat de sérénité et de sécurité.
Qu'il nous soit permis de remercier le Professeur, Docteur
MOSEMA AMBASU, directeur de ce travail et l'Assistante Carole NGULONGO
AMUNDALA, encadreur. Leur sens de critique a été d'une valeur
inestimable pour l'enrichissement de ce travail, leurs remarques et suggestions
nous ont aidé à approfondir nos connaissances sur tous les
concepts développés et le travail lui-même.
Nos sincères remerciements à tout le corps
académique et scientifique de l'Université de Kisangani,
particulièrement nos Professeurs, Chefs de travaux et Assistants de la
Faculté de Droit pour nous avoir doté d'une formation
scientifique appréciable. Leurs engagements envers l'excellence dans le
domaine juridique ont été une source d'inspiration pour nous en
tant qu'étudiant dédié à cette noble profession.
Nous adressons également, notre gratitude à des
personnes ou organismes ayant collaboré à la réalisation
du présent travail de fin d'étude en nous prêtant leurs
documents, leurs matériels etc.
Notre gratitude aux frères et soeurs, entre autres,
Dorcas LEMBERAC, Francine NIKUMA, Miriam ANIRWOTH, Israël, David, Divine,
Bienveillance, Virginie, Davidane. A notre oncle Faustin UBELING' ainsi
qu'à tous les membres de notre famille dont les noms ne sont pas
cités. Grâce à leur précieux amour et soutien
indéniable, nous avons pu franchir chaque étape avec une plus
grande confiance et détermination.
Le même sentiment s'adresse à tous les amis et
connaissances qui ont été de coeur avec nous pendant notre
étude et la réalisation de ce travail, John, Patrick, Glody,
Nathan, etc.
Que tous ceux qui ne sont pas cités ne se sentent pas
ignorés, car nous sommes de coeur avec eux pour leur assistance
matérielle, morale et financière. Qu'ils trouvent ici
l'expression de nos sentiments de gratitude les plus sincères.
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ABREVIATIONS ET SIGLES
Art. : Article
BAM : Banque Al Mahgrib
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique centrale
BCE : Banque centrale européenne
BCEAO : Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
COSUMAF : commission de surveillance du marché
financier de l'Afrique centrale
CREPMF : Conseil régional de l'épargne publique
et des marchés financiers
E.I.C : Etat Indépendant du Congo
IPR : Impôt professionnel sur le revenu
JO : Journal Officiel
MDBC : monnaie digitale de banque centrale
MNBC : monnaie numérique de banque centrale
NTIC : Nouvelle Technologie de l'Information et de la
Communication
PIB : Produit intérieur brut
PNSD : Plan National Stratégique du
Développement
RDC : République Démocratique du Congo
UEMOA : Union économique et monétaire
ouest-africaine
UNIKIN : Université de Kinshasa
UNIKIS : Université de Kisangani
% : pourcentage
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RESUME
Les cryptomonnaies sont des monnaies virtuelles, qui se sont
développées hors de tout contrôle étatique et qui
fonctionnent de manière décentralisée. Bien
qu'étant encore à leurs balbutiements, ces cryptomonnaies,
à l'instar du Bitcoin ou ethereum, soulèvent des nombreuses
questions juridiques. Leur nature complexe nous rappelle l'extrait du Discours
préliminaire de Jean-Étienne-Marie Portalis sur le projet de Code
civil français :
« Quoi que l'on fasse, les lois positives ne
sauraient jamais entièrement remplacer l'usage de la raison naturelle
dans les affaires de la vie. Les besoins de la société sont si
variés, la communication des hommes est si active, leurs
intérêts sont si multipliés, et leurs rapports si
étendus, qu'il est impossible au législateur de pourvoir à
tout ».
Dans ce mémoire, seront analysées les
différentes théories du Système monétaire et
financier congolais, les principes du Droit monétaire congolais et le
cadre juridique. Ensuite seront évoquées, les raisons de la
montée en flèche de l'utilisation des cryptomonnaies en
République Démocratique du Congo, en dépit des
règles en vigueurs. Et afin, il sera nécessaire de faire quelques
propositions pour une application efficace des règles du Droit
monétaire congolais et pour capitaliser les avantages liés
à la technologie blockchain. Pour ce faire, nous nous appuierons, entre
autre, sur les lois, les principes et les théories du Système
monétaire et financier du congolais.
Toutefois, comme vous pouvez vous en rendre-compte, les
cryptomonnaies n'ont pas encore étaient spécifiquement incluses
dans le Système monétaire et financier ou juridique congolais,
les théories spécifiques à elles sont presque nulles, les
affaires y relatives devant les juridictions mêmement. Ce qui implique
que des nombreuses incertitudes juridiques persistent à l'heure actuelle
sur la question.
Mots clés : Utilisation, Droit, monnaie, Système
monétaire, Monnaie virtuelle, Monnaie digital, cryptomonnaie,
cryptographie, Bitcoin, Ethereum, Blockchain.
INTRODUCTION
1. CONTEXTE DE L'ETUDE
Hier encore, la compréhension de la monnaie ne tournait
qu'autour d'un bout de papier que l'on tenait dans les mains, et aujourd'hui le
monde est ébloui par l'idée phénoménale de stocker
la valeur numérique dans ce qu'on appelle cryptomonnaie.
Les monnaies virtuelles représentent un domaine
d'innovation financière qui a connu une croissance exponentielle ces
dernières années. Nées de l'ère numérique,
certaines de ces monnaies sont des actifs numériques conçus pour
fonctionner comme un moyen d'échange, en utilisant la cryptographie pour
sécuriser les transactions, contrôler la création de
nouvelles unités et vérifier le transfert d'actifs.
La monnaie virtuelle est devenue un sujet populaire ces
dernières années avec l'augmentation de la popularité des
cryptomonnaies notamment le Bitcoin et l'Ethereum. Elle suscite un
intérêt croissant car elle représente un défi pour
la réglementation et la surveillance financière. La
première et la plus célèbre de ces monnaies est le
Bitcoin, créé en 2009. Depuis lors, des milliers d'autres
crypto-monnaies ont été développées, chacune avec
ses propres particularités et applications. Parmi les notables, on
compte l'Ethereum et bien d'autres1.
L'importance de ces monnaies virtuelles ne cesse de croitre.
Elles offrent un certain nombre d'avantages par rapport aux systèmes
financiers traditionnels. En outre, l'importance croissante des monnaies
virtuelles est également démontrée par leur capitalisation
boursière globale, qui a atteint des milliards de dollars
américains, et par l'attention croissante que leurs portent certains
gouvernements.
Dans le contexte congolais, l'usage des monnaies virtuelles
est en augmentation. Cela est dû à plusieurs facteurs, dont
l'adoption rapide des technologies numériques par les jeunes. Cependant,
cette croissance rapide a soulevé des questions de droit, tant en termes
de protection des consommateurs que de prévention de l'utilisation
illégale de ces technologies.
La BCC a martelé à maintes reprises sur le fait
que les cryptomonnaies du type Bitcoin, ethereum et autres monnaie virtuelles
proposées sur les plateformes électroniques ne sont ni
réglementées, ni autorisées à opérer en
RDC2.
En dépit de ces alertes, le constat établi est
que cette nouvelle tendance gagne de plus en plus en popularité par les
initiatives privées auprès des usagers d'internet et surtout chez
les jeunes, quelle ironie ! Mais aussi, l'adoption de la blockchain et par
ricochet des cryptomonnaies s'accroit dans plusieurs pays d'Afrique entre autre
le Kenya, le Ghana, le Nigeria, le Burkina-Faso, les Comores et les autres pays
du monde.
1 ANDERSON James, Crypto-monnaie : le guide ultime
débutant et intermédiaire pour apprendre à investir,
trader et miner les crypto-monnaies, CSIPP, s. l. 2018, pp.14-20.
2 Ministère du numérique, que
retenir de la cryptomonnaie en Afrique et spécifiquement en RDC,
agenda, Kinshasa, le 14 avril 2022. Disponible sur : https://.numerique.gouv.cd
(consulté le 06 février 2023).
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Il est important de signaler que la RDC a placé le
numérique parmi les axes prioritaires du Plan National
Stratégique du Développement (PNSD), pour la transformation
structurelle et le développement inclusif. Elle souhaite que cette
technologie constitue un véritable levier de croissance et de
création de richesses pour le gouvernement et les citoyens.
2. ETAT DE LA QUESTION
Une bibliographie complète et bien documentée
est la clé d'une bonne problématisation du sujet3.
La recherche scientifique étant un champ de
complémentarité, de reformation où s'entremêle les
analyses, critiques, observations, remarques et suggestions dans le souci du
progrès. Nous ne sommes pas le premier à aborder le domaine
d'informatique juridique à travers les monnaies virtuelles moins encore
le domaine du droit monétaire congolais, particulièrement le
Système monétaire congolais. C'est ainsi que pour cette
étude, les recherches des prédécesseurs, ont permis de
faire un état préalable de la question.
Aristide NGONGA4, dans son
mémoire, s'est interrogé sur ce qu'est une cryptomonnaie, sa
nature, son émetteur et son régime juridique. Dans sa fouille, il
a retenu la définition de la cryptomonnaie comme un programme
informatique conçu comme monnaie d'échange de pair à pair
sans passer par un tiers comme le voudrait le système traditionnel. A
l'inverse du système bancaire, le système des cryptomonnaies
serait développé pour être de pair à pair
décentralisé pour s'en passer des banques centrales. Il a
ajouté qu'un tel système serait difficile à réguler
car il résulte de l'accord des utilisateurs entre eux, que sa nature
serait difficile à capter et qu'il n'aurait pas d'émetteur. Mais
il a reconnu que seules les actions contre les acteurs tiers du système
notamment les plateformes d'échanges serraient envisageables.
En dehors d'être parmi les premiers à emboiter le
pas vers cette nouvelle tendance, Aristide a le mérite dû à
l'éclairage qu'il offre sur les éléments de la
définition de la cryptomonnaie tout en donnant sa nature et son
régime juridique, son émetteur en passant par l'analyse de son
influence sur marché financier. Par contre, nous lui reprochons le fait
d'être vague sur la nature des crypto-monnaies sans l'approfondir. Puis,
il n'a pas soulevé la question de la protection des consommateurs, qui
est au centre de toute activité ayant trait à la consommation.
Jean-Guy DEGOS5 analyse la gestion
des risques permanents des bitcoins et des monnaies virtuelles de même
type. Dans son article, l'auteur s'est interrogé sur les promesses et
les menaces de cette nouvelle approche pécuniaire ; ses avantages
compensent-ils ses risques ?
3 YENDE Grevisse, guide de rédaction et
de présentation d'un travail universitaire en psychologie, ISSC-M,
s.l. 2017, p. 88.
4 NGONGA Aristide, Régulation des
marchés financiers face à la cryptomonnaie en droit positif
congolais avec un regard du droit européen, mémoire
inédit, FD, UNIKIN, 2020.
5 DEGOS Jean-Guy, gérer les risques
permanents des bitcoins et des monnaies virtuelles de même type, in
questions de management, EMS, 2017/1 n°16, p.77-86. Disponible sur :
https://www.cairn.info/ (consulté le 02 février 2023).
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En combinant l'approche diachronique et les données
d'enquête, il a obtenu le résultat selon lequel les monnaies
virtuelles demeuraient risquées et ne constitueraient pas un substitut
définitif des faiblesses bancaires.
Le mérite de cet auteur est qu'il soulève non
seulement les menaces de ces monnaies, mais aussi les rapports entre ses
avantages et ses risques par rapports aux systèmes traditionnel,
l'auteur a fait une très bonne comparaison.
Mais fort malheureusement, par rapport à notre
étude, cet article ne touche que la question des cryptomonnaies dans
l'espace de droit en général, elle n'assimile par la
réalité au droit d'un Etat ciblé, sa faiblesse est donc
qu'il ne peut totalement se substituer à la réalité
congolaise.
Jonchères ERWAN6,
intéressé par l'encadrement juridique des monnaies
numérique. Dans son mémoire, il a étudié les
aspects criminogènes des cryptomonnaies et la volonté des Etas
d'avoir un certain contrôle sur celles-ci, la fiscalité y
applicable et l'étendue de la protection des consommateurs dans leurs
rapports. Il s'est appuyé sur les lois canadiennes, françaises et
américaines.
Il estime qu'en plus des questions règlementaires et
financières que soulèvent ces monnaies, elles n'empêchent
pas des personnes ou des organisations malveillantes de prospérer et de
poser des actes illégaux en profitant de son système virtuel.
Selon lui, la constitution américaine n'interdit pas
explicitement les monnaies privées même si les américains
ne sont pas autorisés à frapper leur propre monnaie. Or au
Canada, les monnaies privées sont légalement interdites et ont
existé depuis longtemps en Europe, avant l'arrivée même des
monnaies virtuelles. Les USA, le Canada et la France considèrent les
crypto-monnaies comme une propriété (bien) et lui applique le
régime fiscal y afférent (IPR).
Sur la protection des consommateurs, l'auteur estime que les
règles mises en oeuvre par les gouvernements doivent prendre en compte
les caractéristiques, types et variétés des monnaies
numériques ainsi qu'être proportionnées en fonction de
l'investisseur, s'il est un consommateur avertis des produits financiers ou
s'il est néophyte dans le domaine de l'investissement, s'il est amateur
ou professionnel. Et que ces règles devraient être
technologiquement neutres afin de pouvoir plus simplement adapter le cadre
juridique aux nouveaux produits, aux innovations technologiques ainsi
qu'à l'apparition de nouveaux mécanismes de prestation.
Il a le mérite, non seulement d'avoir poussé sa
réflexion au-delà des aspects criminogènes des
cryptomonnaies mais aussi d'avoir abordé la question de la
fiscalité y afférent et celle de leur encadrement juridique tout
en visant la protection des consommateurs. Mais comme faiblesse l'auteur a
ignoré d'évaluer le degré d'influence de ces monnaie et la
raison de son évolution croissante.
6 ERWAN Jonchères, encadrement juridique
des monnaies numériques : bitcoin et autres cryptomonnaies,
mémoire, en ligne, FD, Université de Montréal, 2015.
Disponible sur : https://www.papyrus.bib.umontreal.ca/ (consulté le 26
mai 2023).
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Noël TSHIANI7 dans son
article intitulé « pour une monnaie crédible au Congo
», a réfléchi sur l'échec du franc congolais et les
raisons de la méfiance vis-à-vis de la monnaie et du
système financier de la RDC.
L'auteur estime que la monnaie est le signe le plus visible de
la performance économique d'un pays. Ainsi tous les efforts
gouvernementaux d'amélioration des conditions sociales des congolais
sont donc voués à l'échec tant que la monnaie nationale se
déprécie dans de telles proportions tandis que les salaires
libellés en monnaie nationale n'augmentent que très peu.
Il poursuit qu'il y a plusieurs raisons à la
méfiance du citoyen congolais à l'égard d'une monnaie
nationale dépouillée de ses trois propriétés
fondamentales que sont la liquidité, la convertibilité et la
stabilité. Que cette réserve serait aggravée par la
méfiance de ce même citoyen vis-à-vis des banques,
après que dix d'entre-elles aient été liquidées
depuis 2000, sans qu'il n'ait été procédé à
aucun remboursement des dépôts. Il conclut par affirmer que la
perte du contrôle national dans le système bancaire en RDC
proviendrait bel et bien de l'origine des capitaux dans l'actionnariat des
banques et serait la conséquence directe d'un manque de vision national,
en particulier de la part de l'autorité monétaire. Or un pays qui
ne contrôle ni sa monnaie, ni son système financier ne
contrôle pas son économie.
Il a le mérite d'avoir évoqué les causes
de la méfiance vis-à-vis de la monnaie et du système
financier de la RDC, un point important pour notre étude puisqu'elle
pourrait expliquer également les raisons de la présence abondante
des crypto-monnaies sur le marché financier congolais. Comme limite,
contrairement à nous, son étude ne touche pas l'informatique
juridique précisément les monnaies du type virtuelle.
Dieuleveut LUBALA8, dans son
article intitulé : « pourquoi les congolais devraient-ils
s'intéresser aux cryptomonnaies ? » Estime que les cryptomonnaies
présentent une solution au manque de confiance de la
société envers les institutions financières
traditionnelles et favorisent l'accès aux services financiers à
des personnes plus démunies. Selon LUBALA, les cryptomonnaies peuvent
être considérées comme un vecteur de croissance dans les
pays en développement et ainsi pour les congolais en favorisant une
meilleure traçabilité des fonds et en les aidant à sortir
de la pauvreté par des nombreuses possibilités qu'elles offrent.
Il a conclu par affirmer que les cryptomonnaies devraient combler, par les
différentes solutions plus accessibles qu'elles offrent, le vide
dû à la non-accessibilité aux systèmes bancaires.
Il a le mérite par son fait d'évoquer le
caractère attrayant de ces monnaies pour les consommateurs congolais.
Par contre nous lui reprochons le fait d'affirmer que le caractère
décentralisé de ces monnaies limitant ainsi tout contrôle
étatique représenterait un atout pour le pays comme la RDC et au
même moment des risques, notamment le financement des activités
illégales, sans position d'intervention de l'Etat. Ce qui est
contradictoire, puisqu'un système dont le caractère peut plonger
le pays dans le chaos ne devrait pas être un atout par ce même
caractère sauf si ce fameux atout compasse lesdits risques, ce qu'il
n'évoque pas.
7 TSHIANI Noël, pour une monnaie nationale
crédible au Congo, in Financial Afrik, juillet 2013. Disponible
sur :
https://www.financialafrik.com.
(Consulté le 28 mai 2023).
8 LUBALA Dieuleveut, pourquoi les congolais
devraient-ils s'intéresser aux cryptomonnaies ? Article en ligne, FD,
UOB. Disponible sur :
https://www.univofbukavu.org./pdf
(consulté le 26 mai 2023).
9 PERRIN Amaury, le bitcoin et le droit,
problématiques de la qualification, enjeux de régulation, in
gestion et finances publiques, 2019, p.84. Disponible sur :
https://www.cairn.info/ (consulté le 02 février 2023).
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Ainsi, contrairement aux études
précédentes, la présente entend évaluer le
degré de l'influence des cryptomonnaies ou les causes de sa
montée en puissance en RDC en dépit des restrictions et propose
les stratégies envisageables face à ces
phénomènes.
Comme branches du droit mobilisés, cette étude a
fait appel à l'informatique juridique, au Droit monétaire
explicitement ; au Droit bancaire et au Droit financier implicitement, et afin
au Droit de la protection des consommateurs.
L'informatique juridique intervient dans le caractère
spécifique que présentent les monnaies virtuelles, l'espace et la
technologie qu'elles utilisent. Et puisque la question de la monnaie fait
généralement appel au système monétaire, sa
création et son émission particulièrement au
système bancaire, sa régulation et contrôle au
système financier. C'est sur ce, qu'intervient le Droit monétaire
de manière explicite, le Droit bancaire et financier de manière
implicite. Le droit de la protection des consommateurs intervient dans l'aspect
consumériste de cette étude dans les différentes
propositions visant la protection des usagers d'internet.
L'étude s'est servie de « la théorie du
Système monétaire et financier du Congo » qui lui a
fourni un cadre théorique propre et adapté à la
réalité de la RDC.
A travers cette théorie, elle a recouru à
quelques principes du Droit monétaire congolais notamment : «
le principe de la souveraineté monétaire et/ou celui de la
monnaie légale, la territorialité monétaire, le
nominalisme monétaire, de monnaie fiduciaire, la liberté de la
détention de monnaie étrangère (dollarisation),
prévention de la fraude et du blanchiment d'argent etc. ». De
tous ces principes, la souveraineté monétaire et la
légalité ont constitué des principes mère auxquels
l'étude n'a cessé de faire recours tout le long.
C'est sur base de tous ces éléments que nous
avons pu dégager un état de la question documenté qui a
servi comme la clé de la problématisation du sujet de cette
recherche.
3. PROBLEMATIQUE
Dès sa création, l'Etat a toujours su assurer
l'ordre et prévenir la paix tant sur le plan social que financier
jusqu'à l'ère de la révolution de l'internet qui a
apporté un véritable bouleversement. L'invention des
cryptomonnaies est une véritable surprise pour le monde en même
temps une opportunité pour les investisseurs mais la question
primordiale reste la sécurité des utilisateurs et la
sécurisation des transactions.
Dans tous les pays du monde, la monnaie et ses perturbations
dramatiques ont une influence décisive sur l'évolution du droit
des affaires et de l'économie financière9. Les
cryptomonnaies et d'autres monnaies virtuelles n'échappent pas à
cette règle.
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Bien que cette innovation ne soit pas encore
intégrée dans l'arsenal juridique congolais, il est courant de
constater en contre-courant, aujourd'hui plusieurs usagers de l'internet
recourir à cette nouvelle tendance. Ces pratiques courantes chez les
jeunes aspirant l'entreprenariat, les amateurs des investissements et certains
addictifs aux gains faciles.
Tout en considérant la position réservée
de l'autorité compétente congolaise au départ sur cette
matière depuis sa naissance puis l'intérêt soudain
manifesté à travers le ministère du numérique dans
sa publication sur son site officiel dont un petit extrait :
« C'est à ce titre que...cryptomonnaie occupe
une attention toute particulière en Afrique et spécialement en
RDC... Parmi les acteurs rencontrés, figure la firme de la blockchain
TON (The Open Network)...en vue de réfléchir sur les conditions
et les modalités de développement de cette monnaie en
RDC10 ».
De ce qui précède, force est de constater la
possibilité pour la RDC d'emboiter le pas vers cette tendance.
Mais au regard de l'état actuelle des règles du
Droit monétaire congolais, plusieurs questions se soulèvent.
Parmi lesquelles surgissent notamment « celle de la
légitimité de l'utilisation de ces monnaies, leur statut
légal, leur acceptation en tant que moyen de paiement légitime en
RDC, celle d'évaluer si la législation congolaise sur la monnaie
est suffisante pour aborder les défis spécifiques posées
par ces monnaies, d'analyser le degré d'adaptabilité des
réglementations existantes en RDC à l'utilisation croissante des
monnaies virtuelles et si les ajustements législatifs sont
nécessaires, etc. ».
Parmi tant de questions qui peuvent se poser suite à
ces observations, l'étude entend fournir des réponses aux
questions suivantes :
? Pourquoi les restrictions (tacites) à l'utilisation des
cryptomonnaies, en République Démocratie du Congo, ne sont pas
suffisamment respectées ?
? Comment faire observer efficacement ces restrictions ?
? Comment capitaliser en Droit monétaire congolais, les
avantages liés à la technologie blockchain ?
4. HYPOTHESES
Une hypothèse est définie par Jean OTEMIKONGO
MANDEFU YAHISULE comme une réponse provisoire à la question ou
aux questions que se pose le chercheur ; une proposition relative à
l'explication d'un problème ou d'un phénomène admis
provisoirement avant d'être soumis à la vérification ou au
contrôle de l'expérience11.
10 Ministère du numérique, op.cit.
11 OTEMIKONGO Jean, initiation à la
recherche scientifique, cours inédit, G2 Droit, 2018-2019.
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En guise de nos préoccupations épinglées,
nous émettons les réponses anticipatives suivantes :
? Cette faible observance s'expliquerait d'une part, par
le facteur d'ordre juridique en l'occurrence l'absence des restrictions
expresses et claires. Et d'autre part, par de facteurs d'ordre
socioéconomique et technique liés à la potentielle
rentabilité, l'accessibilité et la facilité d'utilisation
de cryptomonnaies, l'instabilité ou dévalorisation de la monnaie
national (franc congolais) et au développement rapide de la
NTIC.
? La RDC devrait mettre en place les mesures pour fournir
des informations objectives sur les avantages et les risques liés aux
cryptomonnaies, des règles spécifiques, claires et
expresses.
? Nous estimons que la RDC devrait plutôt miser sur
la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) qui constitue une
véritable innovation numérique au regard des avantages qu'elle
présente et ceci serait un alternatif entre ces interdictions et
l'avancement technologique.
5. INTERETS ET OBJECTIFS 5.1.
Intérêts
Sur le plan théorique, cette étude se veut une
nouvelle pierre dans l'édification du Droit congolais du
numérique, du Droit monétaire, bancaire et financier congolais en
passant par le Droit de la protection du consommateur en RDC. Elle a pour but
d'apporter quelques connaissances afin de renforcer les règles du Droit
monétaire congolais, renforcer le Système monétaire,
bancaire et financier du Congo par la nouvelle théorie sur la
technologie de blockchain afin de palper du doigt un nouveau monde qui semble
se dessiner autour de cette technologie naissante bien que largement
utilisée déjà.
Sur le plan pratique, l'étude sert d'outils de
référence au législateur à titre de propositions et
d'une source de documentations aux futurs chercheurs qui souhaiteront aborder
une étude dans la même thématique.
5.2. Objectifs
Cette étude poursuit trois objectifs :
1) Elle vise à expliquer les causes de la faible
observance des restrictions à l'utilisation des cryptomonnaies en RDC
;
2) Elle vise également à proposer des
stratégies à envisager par la RDC pour atteindre une observation
efficace des dispositions du Droit monétaire congolais ;
3) Elle vise, en dernier, à proposer les
stratégies pour capitaliser les avantages liés à la
technologie blockchain en Droit monétaire congolais.
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6. CADRES METHODOLOGIQUES
Une étude pratique et d'actualité en
l'occurrence de celle-ci exige des procédés essentiellement
pragmatiques.
6.1. Méthodes
Dans le cadre du présent travail, la sociologique du
droit s'est avérée plus indiquée pour l'atteinte des
objectifs qu'il s'est assignés et pour vérifier les
hypothèses émises. Elle a été appuyée par
l'approche comparative.
? La sociologie du droit est une étude
des rapports entre le droit et la société, d'après
CORTEN12. A l'image de DURKHEIM « c'est dans les entrailles
même de la société que le droit s'élabore, et le
législateur ne fait que consacrer ce qui se fait sans lui13
».
Cette branche de l'approche sociologique, dans le cadre de ce
travail, a permis de poser un regard sur les faits sociaux et les
conséquences de certains mouvements ou actions sur la
société, les confronter aux prescrits du Droit monétaire
congolais. Elle a facilité par l'analyse de l'utilisation des
cryptomonnaies comme faits sociaux, leurs évolutions confrontées
aux prescrits légaux et évaluer les façons pour le
législateur congolais d'emboîter le pas envers à cette
situation en pleine croissance.
Cette méthode a été appuyée par :
? La méthode comparative, qui nous a
aidé à établir une comparaison entre la
réalité congolaise et celle des autres pays du monde, à la
matière.
De façon pratique, elle nous a aidé à
faire une approche synchronique de la situation des monnaies virtuelles
vécue sous d'autres cieux afin de démontrer les meilleures
manières de s'y prendre, de faire proposition qui soit plus efficace.
6.2. Techniques
Ainsi, plusieurs concours de techniques ont soutenu cette
étude, à savoir :
La technique documentaire, l'interview libre, la technique
descriptive et l'analyse du contenu.
? La technique documentaire est orientée
vers une fouille systématique des documents ayant une liaison avec le
domaine de la présente recherche.
Dans la phase théorique, elle nous a aidé
à exploité les livres tels que : le système
monétaire et financier du Congo de KATO-KALE, cours tel que
Réglementation de Change, les textes juridiques y afférant, les
articles journaux, revues, rapports, internet, etc.
12 CORTEN Olivier, méthodologie du droit
international, UBlire, Bruxelles, 2017, p.30.
13 DURKHEIM Emile, cours de sciences sociales du
droit (1888), in revue internationale de l'enseignement, cité
dans : « cours de sociologie, (chapitre 8 Sociologie du droit
», cours, Institut d'Etudes Politiques de Paris, année
académique 2017-2018, p.144. Disponible sur:
https://www.studocu.com/document
(consulté le 1 juin 2023).
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Dans la phase de récolte des données, cette
méthode a permis de rassembler différents documents tels que
rapports de l'Agence Ecofin sur le classement des pays africains selon le
nombre de détenteurs des cryptomonnaies et celui de la Banque Centrale
Européenne etc.
? La technique d'interview libre a permis de
recueillir des informations nécessaires liées à cette
étude auprès de différents usagers des cryptomonnaies et
les plateformes d'échanges des cryptomonnaies pour comprendre les enjeux
dans la vie active.
? Grâce à l'analyse du contenu,
toutes les informations recueillies ont été traitées
méthodiquement selon les composantes pour une meilleure réflexion
avant de tirer des conclusions.
7. DELIMITATION DU TRAVAIL
Il sied de noter que ce travail est limité dans le
temps sur la période allant de l'apparition de la première
monnaie virtuelle (en 1980) vers celle de la cryptomonnaie en 2008
jusqu'à 2023.
Dans l'espace, vu que les monnaies qui font l'objet de cette
étude utilisent l'espace internet pratiquement virtuel, cette
étude se situe sur la RDC en survolant l'expérience africaine et
également d'ailleurs.
8. PLAN SOMMAIRE
Hormis l'introduction et la conclusion, Le présent
travail est subdivisé en trois chapitres.
Le premier chapitre porte sur « les cadres théoriques
et juridiques» ;
Le deuxième relatif aux « facteurs d'inobservance
des restrictions à l'utilisation des cryptomonnaies en RDC » ;
Le troisième, axé sur « les propositions
pour une réglementation efficace et adaptée à ces
nouvelles réalités ».
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CHAPITRE I. CADRES THEORIQUES ET JURIDIQUES
Ce chapitre aborde la question de cadres théoriques
dans sa section 1ère, où il touche la théorie
du Système monétaire congolais en développant la notion de
la monnaie, les princes du Droit monétaire congolais et il expose la
compréhension des monnaies virtuelles. Ensuite il aborde le Cadre
juridique congolais, incluant les instruments juridiques congolais applicables
aux activités liés aux crypto-monnaies dans sa seconde
section.
Section I. Cadres théoriques
Cette section est scindée en deux paragraphes, qui
s'articulent respectivement sur le Système monétaire congolais
(§1) et sur la compréhension des monnaies virtuelles (§2).
I.1 Le Système monétaire congolais
Dans ce cadre, sont abordées successivement : la notion
de la monnaie en général (point 1) et les princes du Droit
monétaire congolais (point 2).
I.1.1 Notion de la monnaie
On ne cessera jamais de se demander ce qu'est la monnaie et on
sera toujours embarrassé d'y répondre, dit H. GUITON, cité
par Pr. KATO-KALE Lutina, dans son ouvrage « Le Système
monétaire et financier du Congo, évolution environnemental et
problèmes ».
La réponse à cette question fondamentale
dépendrait selon que l'on se retrouve face aux sociologues,
économistes ou juristes. Ces derniers donnent des réponses forts
divergentes qui tiennent à des préoccupations non identiques, a
fait remarquer D. CARREAU. Le sociologue, par exemple, insistera avant tout sur
l'attitude du groupe face au phénomène monétaire, le
juriste sur le rôle de l'Etat14. Pour cet auteur donc, le
terme « monnaie » renferme plusieurs approches possibles : «
l'approche sociologique, numismatique, mythologique, juridique etc. ».
J. DAVID et P. JAFFRE estiment que définir la monnaie
est une entreprise difficile sans doute impossible avec une parfaite rigueur.
Mais ils estiment qu' « il est donc commode de définir la
monnaie par les fonctions qu'elle remplit », puisque « les
formes que prend la monnaie sont nombreuses et changeantes ». Ils
évoquent que : « la notion de monnaie appartient à un groupe
de notions qui s'appréhendent plus qu'elles ne se décrivent.
Certains objets trouvent souvent dans l'usage qu'on en fait leur meilleure
définition, c'est le cas de la monnaie15.
Après avoir souligné que la réponse
à la question de la définition de monnaie ne peut être
immédiate et concise vu les diverses façons de
l'appréhender, les économistes admettent unanimement que ce
concept a évolué pour se cristalliser autour de trois fonctions
principales : « unité de compte, intermédiaire des
échanges, réserve de pouvoir d'achat ».
14 KATO-KALE Lutina, Le système
monétaire et financier du Congo, 1er éd.
Bémaf, Kinshasa, 2018, p.32.
15 Idem.
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Il est à noter que cette conception fonctionnelle de la
monnaie a traversé des siècles, née dans
l'antiquité avec Aristote16. Le Pr. KATO-KALE estime qu'elle
continue d'être la conception la plus couramment admise dans l'analyse
économique contemporaine. Il cite ainsi G. BRAMOULLE et D. AUGREY qui
soutiennent, eux aussi, que « la monnaie se définit par les
fonctions qu'elle remplit »17.
Les éléments de la triade fonctionnelle peuvent
être ramenés à un diptyque formé de deux seules
fonctions dans l'espace, à savoir : « un étalon des
valeurs et un agent de circulation ».
En effet, il n'y a de la monnaie que si ces deux
éléments sont tous présents. Et quelques soient les formes
que peut revêtir la monnaie, ils s'individualisent parfaitement à
toutes les époques de l'histoire de la monnaie.
De ce qui précède, il y a lieu d'affirmer que
« la monnaie est définie par ses fonctions », comme le
souligne B. NOGARO. En d'autres termes, la monnaie existe du point de vue de
l'économie, dans toutes les forces du terme, lorsque les dites fonctions
sont assurées.
Au-delà, de l'approche fonctionnelle, apparaît
« l'approche conceptuelle », puisque l'approche fonctionnelle peut
apparaître incomplète dans la mesure où sur le plan
économique, elle conduit à considérer la monnaie comme une
voile et amène à la théorie quantitativiste de la monnaie.
Il est donc nécessaire, chez les économistes, de compléter
l'étude de ce que fait la monnaie par celle de ce qu'elle
est en tant que phénomène économique. Cette
approche conceptuelle, opposée à l'approche fonctionnelle, n'est
pas suffisante aussi à elle seule, pour définir la monnaie sans
référence à ses fonctions. Mais elle permet d'aborder de
nouveaux aspects qui donnent une vision plus complète de la nature des
moyens d'échange congolais, estime le Pr. KATO-KALE18.
L'approche conceptuelle recouvre trois conceptions de la
monnaie qui en font soit un bien, soit un actif, soit encore
une institution.
Comme « bien » et « actif », la monnaie
est à la fois un étalon des valeurs, c'est-à-dire une
marchandise, et cela avant d'être un intermédiaire des
échanges, une unité de compte et un réservoir de valeur.
Et parce qu'elle remplit la fonction de réserve de pouvoir d'achat,
qu'elle soit détenue ne fut-ce que temporairement, la monnaie entre dans
le patrimoine de son détenteur et peut donc être qualifiée
d' « actif » monétaire19.
Comme « institution » : cette conception
procède de l'absence de la sanction par l'Etat d'une unité de
compte. On fera ressortir ici le caractère conventionnel de la monnaie,
lequel n'implique point une intervention de la puissance
publique20.
16 Wikipédia, monnaie, [en ligne],
2023. Disponible sur: https://.fr.m.wikipedia.org (consulté le 21 aout
2023).
17 KATO-KALE Lutina, op. cit. p.33
18 Ibid.
19 Ibid.
20 Ibid.
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Au départ la monnaie était une marchandise qui
avait une valeur propre, comme des « troupeaux, l'or... », Puis avec
le temps celle-ci a changé de forme et des chiffres apposés sur
du papier sont venus remplacer la marchandise échangée contre la
marchandise. Le papier pouvait, désormais être
échangé contre la marchandise, à l'instar de
certificats-or. De nos jours, la monnaie est devenue fiduciaire,
c'est-à-dire que la valeur de la monnaie repose sur la confiance du
public en sa valeur, car celle-ci n'est plus intrinsèque à la
monnaie. La monnaie fiduciaire est donc la monnaie émise par une
autorité centrale. La confiance est l'élément central des
systèmes monétaires fiduciaires21.
Toutefois avec l'avènement de l'internet et
l'avancée technologique sont apparus de nouveaux systèmes
monétaires, différents des systèmes monétaires
fiduciaires. Ces nouveaux systèmes monétaires sont
numériques et virtuels qui seront développés dans les
points qui suivront.
Afin, en dehors de tous ces éléments
évoqués, analysé du point de vue
événementiel, le décret du 27 juillet 1887 instaurant le
franc congolais dans l'Etat Indépendant du Congo22 contenait
en germe des principes issus de quatre faits, les quels bouleversèrent
l'univers monétaire congolais. Il y a notamment « la
souveraineté monétaire, la territorialité monétaire
et le nominalisme monétaire ». Ces faits seront
développés dans le point suivant.
I.1.2 Principes du Droit monétaire
congolais
Avant d'aborder les théories contemporaines, nous
allons d'abord exposer les principes issus de quatre faits, dans le
décret du 27 juillet 1887 analysés par le Pr. KATO-KALE,
notamment « la souveraineté monétaire, la
territorialité monétaire et le nominalisme
monétaire23 ».
a. Principes de la souveraineté
monétaire
Historiquement, avant le décret du 27 juillet 1887, il
n'y avait manifestement pas existé de titulaire de pouvoir
monétaire dans l'ancien bassin du Congo.
L'Etat Indépendant du Congo était une monarchie
absolue comme ses devanciers dans le Bassin.
En légiférant sur la monnaie de l'Etat,
Léopold II fit de celle-ci un attribut de la souveraineté. Cette
souveraineté monétaire entraina une triple conséquence:
- Rejet de la théorie sociologique de la monnaie.
Ainsi, la théorie selon laquelle il n'y avait de monnaie que par
l'usage commun et la confiance d'un groupe social déterminé
(l'idée d'une monnaie exclusivement fiduciaire) était
à rejeter. La monnaie était devenue désormais un fait du
principe.
21 ERWAN Jonchères, op. cit. pp.1-10.
22 E.I.C, le décret du 27 juillet 1887
instaurant le franc congolais, Bulletin officiel, 1887.
23 KATO-KALE Lutina, op. cit. pp.90, 523.
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- La monnaie propriété du souverain.
L'article 2 du décret précité renferme des
dispositions comme suit : « nous nous réservons de frapper,
pour l'Etat Indépendant du Congo, une monnaie de paiement en or de 20
francs, des monnaies divisionnaires... ». Par ces dispositions,
Léopold II s'attribua le droit régalien de battre monnaie.
- La monnaie, attribut du pouvoir souverain.
Autrement dit, la définition de la monnaie congolaise devait
désormais faire intervenir la notion de l'Etat ou, de façon
générale, du pouvoir souverain de jure ou de
facto. Ainsi, la monnaie qui devrait circuler sur le territoire de
l'E.I.C, n'était juridiquement de la monnaie que si son émission
était créée ou autorisée par l'Etat, a contrario,
que la monnaie ne pouvait perdre ce caractère qu'à la suite d'une
démonétisation formelle.
En effet, de nos jours, la RDC exerce la souveraineté
en matière monétaire en émettant et contrôlant sa
propre monnaie, le franc congolais. La Banque Centrale du Congo est
chargée de veiller à la stabilité de la monnaie nationale
et de prendre des mesures pour préserver la valeur du franc congolais24
25.
Pr. KATO-KALE estime que le concept même de la monnaie
ne se saurait être étudié sans aucune
référence à l'autorité territoriale suprême
de jure ou de facto, le plus souvent, au phénomène
étatique. Tel est le point de départ de la doctrine qui a
fondé le principe de la souveraineté.
En plus, la souveraineté de l'Etat en matière
monétaire a été reconnue depuis longtemps par les plus
hautes instances nationales et internationales. En conséquence les lois
nationales doivent produire les effets qui sont reconnus par les Etats
étrangers et leur sont opposables.
b. La territorialité monétaire
La notion de territorialité et son insertion dans la
définition « légale » de l'unité
monétaire du Congo, datent une fois de plus avec l'avènement du
franc. Outre la notion de la souveraineté monétaire, le
décret précité s'articulait également sur celle de
« monnaie et territoire », dès qu'il portait l'adoption d'un
système monétaire pour « l'E.I.C ».
De nos jours, la même règle est consacrée
dans l'article 170 de la constitution de la RDC du 18 février 2006 telle
que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 et l'article 61
alinéa 2 de la loi organique n°18/027 du 13 décembre 2018
portant organisation et fonctionnement de Banque Centrale du Congo,
combinés, qui disposent que : « les billets de banque et les
pièces de monnaie émis par la Banque ont... le pouvoir
libératoire sur toute l'étendue du territoire congolais
».
24 RDC, Constitution de la RDC du 18février
2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011,
article 176, In JO de la RDC, numéro spécial, Kinshasa,
5 février 2011.
25 RDC, Loi organique n°18/027 du 13
décembre 2018 portant organisation et fonctionnement de Banque Centrale
du Congo, article 63, in JO de la RDC, 1ère partie,
numéro spécial, Kinshasa, 28 décembre 2018.
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c. Le nominalisme monétaire
Le décret du 27 juillet 1887 contenait en germe le
principe nominaliste. D'après ce principe, la monnaie a une valeur qui
est déterminée, imposée par le souverain.
L'unité monétaire, comme l'écrit le
Doyen Carbonnier, c'est avant tout un mot, le nom monétaire. Sur ce
postulat repose le principe du nominalisme monétaire selon lequel une
unité monétaire est toujours égale à
elle-même dès que son appellation n'a pas changé.
Ce principe est consacré, de nos jours, aussi dans les
mêmes dispositions de l'article précité de la constitution
de la RDC et dans le 1er alinéa de l'article 61 de la
même loi organique, qui disposent : « le franc congolais
est l'unité monétaire de la RDC ».
Après l'évolution du système
monétaire congolais et les différentes reformes
monétaires, se sont ajoutés, aux trois principes ci-hauts, «
la théorie de monnaie légale, de monnaie fiduciaire, la
liberté de la détention de monnaie étrangère
(dollarisation), prévention de la fraude et du blanchiment d'argent
etc.».
d. Principes de la monnaie légale
Ce principe est fondé sur l'idée que seule la
monnaie émise par l'Etat a cours légal. Ce principe est le
corollaire de la souveraineté monétaire.
Les mêmes articles cités au point b. (art.170 de
la constitution et l'article 61 al. 2 de la loi organique n°18/027 du 13
décembre) consacrent ce principe. Ils stipulent que « les billets
de Banque et les pièces de monnaie émis par la Banque ont «
cours légal » et le pouvoir libératoire sur toute
l'étendue du territoire congolais ».
e. Principes de la monnaie fiduciaire
Cette théorie est basée sur la confiance
(fidus) que les gens ont dans la monnaie. Son pouvoir est
conféré par l'usage commun et la confiance du groupe social
(la théorie sociologique de la monnaie).
En à croire l'idée derrière ce principe,
certaines cryptomonnaies, à l'occurrence du Bitcoin dont la confiance ne
cesse de progresser, pourraient être qualifiées de monnaies
fiduciaires. Par contre, lorsqu'on analyse les dispositions des articles des
textes sous examens, dans l'esprit du législateur congolais, la notion
de la monnaie fiduciaire n'est pas la même avec celle
développée dessus.
L'article 63 de la loi organique précitée, dans
son 2ème alinéa, stipule que la Banque assure
l'entretien de la « monnaie fiduciaire » et gère la bonne
qualité de sa circulation sur l'ensemble du territoire national. Ici la
loi assimile ou qualifie simplement la monnaie de la Banque Centrale du Congo,
le franc congolais, de la monnaie fiduciaire.
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f. La liberté de la détention de monnaie
étrangère (dollarisation)
La détention des monnaies étrangères, les
transactions et les prestations de services sur le territoire national sont
libres.
Les transactions se déroulant sur le territoire
congolais, les prestations des services s'expriment, se dénouent, sont
évalués et rémunérés en monnaie nationale.
Elles peuvent également l'être en monnaies
étrangères selon les modalités édictées par
la BCC26 27.
La liberté de la détention des monnaies
étrangères a pour corollaire, la légalisation de la
concurrence monétaire multiple. Et donc, lieu est d'affirmer que le
marché de change congolais est également libre.
Par contre, la règlementation du change de la RDC
précise, dans son article 4 point 3, que ces monnaies
étrangères ou unités des concepts doivent être
cotées par la BCC qui en publie quotidiennement le cours de
change28.
En effet, l'histoire nous renseigne que, de prime abord, les
présidents de la RDC, en fonction, ont usé de leur
compétence pour réagir, chacun, à ce
phénomène.
- Contre le principe de la liberté . ·
les présidents J.D MOBUTU et L.D KABILA qui ont respectivement pris
l'OL n°66/584 du 14 octobre 1966 et le DL n°177 du 8 janvier 1999,
tous relatifs au régime des opérations en monnaie congolaise ou
nationale.
- Pour le principe de la liberté . ·
le président J. KABILA avec son décret n°004/2001 du 31
janvier 2001 relatif au régime des opérations en monnaie
nationale et « étrangères » en RDC.
Il faut noter que ce décret a été
signé sous pression des institutions de Bretton Woods, selon Pr.
KATO-KALE, afin que la RDC renouât avec le « libéralisme
économique ».
Il conclut que ce décret qui a officialisé la
dollarisation de la RDC a causé du tort à l'économie
nationale en violation de l'art. 170 de la constitution du 18 février
2006 et porte atteinte au droit seigneuriage de l'Etat Congolais et d'office
à quelques-uns des principes précités. Il
renchérit, que ce décret fait de la RDC, une colonie de la
communauté monétaire internationale, puisque le dollar
américain, l'euro, toutes les monnaies de 9 pays limitrophes (le franc
CFA, le franc rwandais, le kwanza angolais, le kwacha zambien, le shilling
ougandais, etc.), et autres monnaies cotées par la BCC circulent
concomitamment sur le territoire national29.
26 RDC, Décret-loi n°004/2001 du 31 janvier 2001
relatif au régime des opérations en monnaie nationale et
étrangères en RDC, Les articles 1er et
2ème, in codes Larcier, tome III.
27 BCC, la règlementation du change en RDC,
article 4 point 1, in J.O de la RDC, n° spécial, 28 mars
2014.
28 Ibid.
29 KATO-KALE Lutina, op. cit. pp. 523-527.
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A cela, la Banque Mondiale ajoute, pour le déplorer,
que quatorze ans après l'entrée en vigueur du décret-loi
en question :
- Le volume exact des monnaies étrangères dans
l'économie congolaise n'est pas connu des pouvoirs publics ;
- La dollarisation réduit la capacité de la BCC
à agir comme préteur en dernier recours et accroit la
vulnérabilité du système monétaire et financier
congolais.
g. Prévention de la fraude et du blanchiment
d'argent
Le droit monétaire et financier congolais met l'accent
sur la lutte contre la fraude financière, le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme. Les institutions financières sont tenues de
mettre en place des mesures de contrôle interne, de diligence raisonnable
et de déclaration des transactions suspectes afin de prévenir ces
activités illicites.
La loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 portant sur la lutte
contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
définit un cadre juridique permettant la prévention, la
détection et, le cas échéant, la répression des
actes constitutifs de financement du terrorisme. Elle s'inspire de textes
juridiques et réglementaires internationaux tout en respectant les
réalités nationales30.
Au nombre des mesures arrêtes pour la prévention
de l'infraction du blanchiment de capitaux, figurent notamment, la fixation des
seuils pour les transactions en espèces et l'obligation de vigilance
à charge des établissements de crédit et autres personnes
physiques ou morales assujetties31.
Dans sa philosophie, cette prévention vise à
garantir la transparence des relations économiques notamment en assurant
que le droit des sociétés et les mécanismes juridiques de
protection des biens ne permettent pas la constitution d'entités
fictives ou de façade32.
h. Protection des intérêts des
consommateurs
Le droit monétaire congolais prévoit des
dispositions visant à protéger les intérêts des
consommateurs de services financiers. Cela inclut des réglementations
sur la transparence des frais bancaires, la divulgation d'informations aux
clients ainsi que des mécanismes de résolution des
différends entre les clients et les institutions financières.
30 MUGISA Richard, Règlementation du
change, cours inédit, Faculté de Droit, L2 D.E.S, UNIKIS,
Année 2022, p. 47.
31 Ibid.
32 Ibid.
33 Légifrance, loi n°2013-100 du 28
janvier 2013 portant diverses dispositions d'adaptation de la
législation au Droit de l'Union européenne en matière
économique et financière, JORF, n°0024 du 29
janvier 2013.
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I.2 Compréhension des monnaies
Virtuelles
Ce second point s'articulera sur trois sous-points
respectivement : « La clarification des concepts opérationnels,
I.2.1 La clarification des concepts
opérationnels
a. Monnaie Virtuelle ? Prélude
En RDC, la monnaie virtuelle est considérée
comme une unité de compte n'ayant pas de statut légal, en se
référant au communiqué de la BCC sur les crypto-monnaies.
A ce titre ces monnaies ne sont pas régulées par la BCC et ne
sont ne sont pas délivrées par des établissements
financiers.
Ainsi, elle se distingue de la monnaie électronique qui
est valeur monétaire, et ne doit pas être confondue avec elle.
Au sens de la réglementation du change en RDC du 25
mars 2014, dans son article 1er point 34 et l'article 3 point 23 de la loi
n°18-019 du 9 juillet 2018 relative aux systèmes de paiement et de
règlement-titres, on entend par la monnaie électronique : «
valeur monétaire qui est chargée sous une forme
électronique, représentant une valeur sur émetteur, qui
est émise contre la remise de fonds aux fins d'opérations de
paiement qui est acceptée par une personne physique ou morale autre que
son émetteur ».
Il importe de noter que cette définition la monnaie
électronique est une copie parfaite de l'article 315-1 du Code
monétaire et financier français puis de l'article 5 de la loi
n°2013-100 du 28 janvier 2013 portant diverses dispositions d'adaptation
de la législation au Droit de l'Union européenne en
matière économique et financier33
Le Pr. KATO-KALE a écrit que « le
système monétaire congolais s'est enrichi de la circulation d'une
nouvelle forme de monnaie, que d'aucuns appellent informatique ou monnaie
électronique... lancé aux USA, la monnaie électronique
n'est autre que la monnaie sculpturale informatisée car les
chèques et les virements ne sont plus écrits à la main,
mais enregistrés par un code spécial sur les ordinateurs
».
Ainsi, il y a lieu de comprendre que les monnaies
électroniques sont exprimées dans les unités de compte que
la monnaie fiduciaire et qu'elles ne sont qu'un moyen de paiement et non un
instrument.
? Définition et type des monnaies
virtuelles
Il n'existe aucune part dans les sources congolaise, où
la monnaie virtuelle est définie, suite à notre fouille. Ainsi,
nous avons recouru à des définitions des institutions
extranationales.
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La Banque Centrale Européenne soulève trois
critères pour définir les monnaies virtuelles notamment : «
absence de régulation par un banque centrale, ne sont pas
délivrées par les établissements financier et la
suppression de l'organisme d'échange34 ».
En 2012, la BCE a défini la monnaie virtuelle comme
« un type de monnaie numérique non réglementée,
émise et généralement contrôlée par ses
développeurs, utilisée et acceptée par les membres d'une
communauté virtuelle spécifique35 ».
En 2013, le Financial Crimes Enforcement (FinCEN), un bureau
du Trésor américain, contrairement à sa
réglementation qui définit la monnaie en papier des Etats-Unis ou
de tout autre pays désigné comme ayant cours légal et qui
circule et habituellement utilisée et acceptée comme moyen de
d'échange dans le pays d'émission, a défini la monnaie
virtuelle comme « un moyen de paiement qui fonctionne comme une monnaie
dans un pays36 ».
En 2014, l'Autorité bancaire européenne a
défini la monnaie virtuelle comme « une représention
numérique de la valeur qui n'est ni émise par une banque centrale
ou une autorité publique, ni nécessairement rattachée
à une monnaie officielle mais qui acceptée par les personne
physiques ou morales comme moyen de paiement et qui peut être
transférée, stockée ou négociée
électroniquement37.
La BCE distingue, ainsi, trois types de monnaie virtuelle38
:
? La monnaie virtuelle fermée utilisée dans les
jeux vidéo. Elle a une existence limitée au cadre du jeu.
? La monnaie virtuelle avec un flux unidirectionnel peut
être achetée avec une devise
légale, à un taux de change défini, mais ne
peut être reconvertie en monnaie légale.
? La monnaie virtuelle avec un flux bidirectionnel, (les
crypto-monnaies). C'est cette
dernière catégorie qui fera l'objet de cette
étude.
b. Cryptomonnaie
Une cryptomonnaie (crypto-actif, crypto-devise ou encore
cybermonnaie) est un actif numérique ou virtuelle émise de pair
à pair, sans nécessité le contrôle des banques
centrales, utilisable au moyen d'un réseau numérique
décentralisé. Elle qui utilise la technologie de cryptographie
comme sécurité et associe l'utilisateur aux processus
d'émission et de règlement des transactions39.
34 Banque Centrale Européenne, Virtual Currency
Schemes (schémas de devises virtuelles), Rapport BCE, octobre
2012, une analyse ultérieure, BCE, février 2015. Disponible
sur
www.theses.fr/pdf consulté
le 27 juillet 2023.
35 Banque Centrale Européenne, op. cit.
36 Wikipédia, monnaie virtuelle,
[en ligne], 2023. Disponible sur disponible sur:
https://www.fr.m.wikipedia.org
(consulté le 21 aout 2023).
37 Wikipédia, monnaie virtuelle, op.
cit.
38 DA SILVA Sigolène, monnaie
électronique et monnaies virtuelles, in billet de banque, 12
novembre 2015, Disponible sur
www.panorabanque.com,
consulté le 27 juillet 2023.
39 ANDERSON James, op.cit. p.10.
Page | 19
Les crypto-actif sont des actifs numériques ou monnaies
virtuelles dont la particularité est de fonctionner sur la blockchain.
Le concept « crypto-actif » désigne de
manière neutre et générique à la fois
les crypto-monnaies et les tokens40.
Les idées de monnaie virtuelles sont nées vers
1980. Le cryptographe américain David Chaum a inventé aux
Pays-Bas la première forme de monnaie virtuelle en 1889 : le DigiCash.
Sa technologie étonnante et son produit eCash ont très vite
attiré l'attention des médias. Néamoins DigiCash a
échoué dans son projet d'adoption massive et son entreprise a
vite fait faillite en 1998.
Avec la crise économique de 2008 aux Etats-Unis et la
mise en lumière du comportement impitoyable des
évangélistes de la finance mondiale. De cette crise a
émergé en 2009 un livre blanc publié par un
développeur (ou un groupe développeur) utilisant le pseudonyme de
Satoshi Nakamoto expliquant le concept, la technologie et le code source pour
l'implémentation de la chaîne de blocs (blockchain).
Parallèlement, il a introduit le Bitcoin, la première
crypto-monnaie au monde.
La blockchain se heurte à la difficulté
inhérente de remplacer toutes les formes d'autorité centrale par
un protocole de confiance de type peer-to-peer et open source
décentralisé. Il y a environ 16 millions de bitcoins en
circulation à ce jour qui génèrent une capitalisation
boursière totale d'environ 50 milliards de dollars
américains41.
Bref, crypto-monnaies sont reparties en trois
générations dont la première est représentée
par le Bitcoin (2009) solidement implantée et considérée
comme initiateur de l'engouement médiatique. La deuxième
génération présente soit les améliorations
mineures, soit les innovations technologiques permettant des nouvelles
fonctionnalités (2011). L'archétype de cette
génération est l'Ethereum qui est dérivé de code
source de contrats intelligents. La troisième génération
(2017) des nouvelles crypto-monnaies ont vu le jour, comme
EOS.IO, Cardano (ADA) AION,
etc.42.
c. Cryptographie
Le code du numérique congolais définit la
cryptographie comme « l'ensemble des principes, moyens et méthodes
de transformation des données, dans le but de cacher leur contenu,
d'empêcher que leur modification ne passe inaperçue et/ou
d'empêcher leur utilisation non autorisée43 ». La
cryptographie permet à deux personnes d'échanger des messages
sans que ceux-ci puissent être interceptés par des tirs. Elle
consiste à déterminer un algorithme pour crypter les messages et
un autre pour décrypter44.
40 QUINIOU Mattieu et DEBONNEUIL Christophe,
glossaire blockchain, Chaire UNESCO ITEN, éd. de
l'immatériel, Paris, avril 2019, p.18.
41 SAUREL Sylvain, tout sur le Bitcoin :
crypto-monnaie de 3ème génération, de
quoi parle-ton ? [En ligne]. Disponible sur:
https://www.toutsurlebitcoin.fr
(consulté le 07 juillet 2023).
42 Ibid.
43 RDC, OL n°23/010 du 13 mars 2023 portant
code du numérique, article 2 point 23, Kinshasa, palais de la nation 13
mars 2023.
44 QUINIOU Mattieu et DEBONNEUIL Christophe, op. cit.
p.19.
Page | 20
d. Bitcoin45
Le Bitcoin est un système de transaction
électronique fonctionnant sur le principe de la blockchain ou de
chaîne de blocs, qui est une technologie de stockage et de transmission
d'information sans organe central de contrôle.
Le Bitcoin (avec une majuscule) désigne la
première blockchain dont la description a été
publiée en 2008 sous le nom « Bitcoin : un système de
monnaie virtuelle en pair à pair.
Le bitcoin (avec une minuscule) désigne l'actif
numérique transféré sur la blockchain Bitcoin. Le nombre
total de bitcoins a été fixé arbitrairement par son
créateur à 21 millions. Ceux-ci sont émis actuellement
à un rythme de 12,5 bitcoins toutes les 10 minutes environ et servent
à récompenser le mineur ayant constitué le bloc le plus
récent.
e. Ethereum
Est un protocole d'échanges
décentralisés permettant la création par les utilisateurs
de contrats intelligents. Ces contrats intelligents sont basés sur un
protocole informatique permettant de vérifier ou de mettre en
application un contrant mutuel. Ils sont déployés et consultables
publiquement dans une blockchain46.
f. Blockchain
Une blockchain est un registre distribué basé
sur une structure de données appelée chaîne de blocs. Il
existe des blockchains publiques et privées. Plusieurs groupes de la
grande distribution et du secteur bancaire ont déjà
créé leur blockchain privée47.
I.2.2 Caractéristiques et fonctionnement des
monnaies virtuelles sélectionnées a.
caractéristiques
Ces monnaies présentent quelques caractéristiques
spécifiques qu'il convient de décortiquer :
? Autorégulation : le mécanisme
d'autorégulation est expliqué par le fait que ces monnaies ne
dépendant pas de banques centrales.
Les monnaies « classiques » sont émises par
la banque centrale, sous l'autorité ou par délégation d'un
gouvernement. Dans le cas des crypto-monnaies, ce pouvoir central n'existe
pas48 ;
45 Ibid.
46 Wikipédia, Ethereum, [en ligne], 2023.
Disponible sur disponible sur:
https://www.fr.m.wikipedia.org
(consulté le 21 aout 2023).
47 QUINIOU Mattieu et DEBONNEUIL Christophe, op. cit.
p.12.
48 LEVY-LANG André et MATEU Jean-Bernard,
« Monnaie électronique et supervision monétaire (chap 9)
», in : CHAMBON Jean-Louis, Désordre dans les
monnaies, éd. Eyrolles, Paris 2019, p.125.
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+ Irréversibilité des transactions : le
réceptionnaire de la monnaie ne peut pas subir d'annulation. Inversement
le donneur d'ordre ne peut rétracter son paiement ;
+ Lobby bancaire s'opposant à l'utilisation de ce type
de monnaie et défendant les systèmes de paiement utilisant les
monnaies dotées de cours légal ;
+ Absence de plafond et minima dans les transferts.
b. Processus de qualification (Fonctionnement) b.1. Les
crypto-monnaies comme toutes les autres monnaies49
Partant de la définition économique
(fonctionnelle) de la monnaie, certaines crypto-monnaies à l'occurrence
du bitcoin répondent, quoi qu'imparfaitement, aux trois fonctions
économiques de la monnaie. Il sert en effet d'50 :
+ Un moyen d'échange : il sert d'un instrument de paiement
dans le système Bitcoin ;
+ Une réserve de valeur : puisqu'il crée sa propre
masse monétaire ; + Une unité de compte, permettant
d'évaluer les biens et services.
Donc économiquement, le bitcoin, l'ethereum et les
autres crypto-actifs portent parfaitement cette appellation de «
monnaie virtuelle et crypto-monnaie », si ce n'est que
la trop forte volatilité de certaines d'entre elles qui les
empêche d'être une monnaie stable.
En tant que juriste, il importe, de se demander qu'en est-il
donc juridiquement ? la seule prise que le droit ait sur la monnaie concerne le
caractère absolu de son pouvoir libérale, cette prise est
d'ailleurs plus politique que juridique : « il s'agit du cours
légale », conformément aux dispositions des articles et
principes évoqués au 1er point de ce chapitre.
Il y a lieu de déduire de ces dispositions que le
bitcoin, l'ethereum et les autres ne sont pas des monnaies légales, leur
acceptation en paiement n'est donc pas garantie par la loi.
Cependant il faut à l'instar de G. Martin cité
par A. Perrin51 il faut opérer une distinguo entre le pouvoir
libératoire et le cours légal. En effet la notion de pouvoir
libératoire est plus large que le cours légal, puisqu'elle
désigne « l'habileté d'une monnaie à
désintéresser le créancier ». Or la plus part
des crypto sont acceptés en paiement par une communauté
d'utilisateur, ils disposent ainsi d'un certain pouvoir libératoire.
Si l'on considère, en prenant parti pour la
théorie sociologique, l'absence de cours légal de ces dites
monnaies n'exclut pas leur qualification de monnaie lorsqu'elle se
définit avant tout comme un consensus social. Ce serait « une
monnaie du fait des usagers » autrement, la notion de la monnaie
fiduciaire serait remplie.
49 Ibid.
50 PERRIN Amaury, op. cit.
51 Ibid.
Page | 22
Ainsi notamment l'idée de l'ensemble des utilisateurs
du bitcoin qui accorde une confiance au système, c'est un acte de foi
dans le fait que ce bien sera accepté dans les échanges et un
acte d'espérance dans les le fait qu'il ne se dépréciera
pas.
Dans un arrêt de la cour de justice de l'Union
européenne, du 22 octobre 2015, n° C264/14, Skattverket c/ David H.
la question se posait à la cour de savoir si la conversion de bitcoins
en monnaie traditionnelle était soumise à la TVA, celle-ci a
répondu par la négative en qualifiant le bitcoin de devise
virtuelle. Dès lors, en France, les opérations portant sur le
bitcoin relèveraient du régime d'exemption de TVA prévu
pour les opérations sur devise52.
En titre de conclusion J. Huet, en tire que le bitcoin est une
monnaie privée, une monnaie contractuelle53.
Néanmoins, A. Perrin estime que qualifier le bitcoin de monnaie
conventionnelle ne satisferait pas le processus de qualification juridique
puisqu'aucun régime ne découle d'une telle qualification.
Quant à la qualification de monnaie
électronique, la question était déjà
éclairée dans la partie « monnaie virtuelle ».
Si les crypto-monnaies satisfont aux fonctions
monétaires, il n'en est pas moins également un actif
spéculatif. L'administration fiscale française les
considère comme un bien dont la cession est imposée au titre des
plus-values54.
b.2. Les crypto-monnaies comme instrument
financier
La forte attractivité du bitcoin et l'augmentation du
nombre de ses utilisateurs, a conduit à la constitution de plates-formes
d'échanges permettant la cotation de cet actif. Conçu comme
monnaie virtuelle, sa démocratisation a entraîné un
phénomène spéculatif incontrôlable. Aujourd'hui la
plus part de ces crypto ne sont pas recherchées pour leurs
caractéristiques de monnaie d'échange, mais bien plus pour leurs
qualités d'actifs spéculatifs. L'acquéreur de certaines
comme le bitcoin est d'ailleurs qualifié « d'investisseurs »
et son objectif est principalement de faire du profit sur une cession
ultérieure55.
Ce caractère spéculatif vivement critiqué
n'a pas empêché la grande banque américaine Goldman Sachs
d'ouvrir un bureau proposant des services liés au bitcoin, selon A.
Perrin. Le but est de permettre son utilisation, aux investisseurs, comme
sous-jacent de contrat financier en spéculant sur son cours.
Ces éléments poussent à examiner la piste
de l'instrument financier comme qualification et régime juridique de ce
« crypto-monnaies ».
52 Ibid.
53 HUET Jérôme, Le Bitcoin, dont la
légalité paraît admise, est une sorte de monnaie
contractuelle, RDC 2017, n°113 v4, p.54.
54 PERRIN Amaury, op. cit.
55 Ibid.
Page | 23
L'article 3 point 19 de la loi n°18-019 du 9 juillet 2018
relative aux systèmes de paiement et de règlement-titres cite une
liste exhaustive des instruments de paiement notamment : « chèque,
lettre de change, billet à ordre, ordre de virement, avis de
prélèvement et carte de paiement ». C'est le
20ème point qui définit l'instrument de paiement
électronique comme tout dispositif qui, permet d'effectuer des paiements
par voie électronique ou numérique. Mais les conditions de
l'émission de ces instruments de paiement électronique font
exclure ces monnaies virtuelles de ces qualifications suite à l'absence
de leurs émetteurs.
Comme actifs également, elles ne correspondent pas pour
être qualifiées du contrant financiers aux termes de la loi
précitée.
Ainsi, il importe de noter que ces monnaies virtuelles
présentent extrêmement de risques, liés à sa nature
complexe, qu'un encadrement spécial est indispensable. Cependant, les
catégories juridiques existantes semblent toutes trop étroites et
pour cause, la technologie de blockchain et la régulation ne font pas
bon ménage.
Section II. Cadre Juridique Congolais en matière
de monnaie
Tout d'abord, il est important de noter que la
République Démocratique du Congo n'a pas encore adopté de
législation spécifique relative aux monnaies virtuelles
précisément aux crypto-monnaies.
Cependant, il existe des textes législatifs qui peuvent
s'appliquer aux activités liées aux crypto-monnaies.
Il y a notamment :
- La constitution de la République Démocratique
du Congo telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011
portant révision certains articles de la constitution du 18
février 2006.
La plupart des principes précités, sont ici de
cette constitution, dans ses articles, soit 170, soit 176. Ces principes sont
très importants pour les activités liées aux
crypto-monnaies, car ils offrent une certaine marge de manoeuvre pour
éclairer les conditions dans lesquelles ces soi-disant, monnaies sont
entrées d'être utilisées.
- Ordonnance-loi n° 67/272 du 23 juin 1967 relative au
pouvoir règlementaire de Banque Centrale du Congo.
Cette ordonnance joue également un rôle, dans la
mesure où elle fixe le pouvoir règlementaire de Banque Centrale
du Congo. Et se rap
- La loi organique n°18/027 du 13 décembre 2018
portant organisation et fonctionnement de Banque Centrale du Congo
- La règlementation du change de la Banque Centrale du
Congo
- La loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 portant sur la
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
Page | 24
- Décret n°004/2001 du 31 janvier 2001 relatif au
régime des opérations en monnaie nationale et «
étrangères » en RDC ;
- Loi n°18-019 du 9 juillet 2018 relative aux
systèmes de paiement et de règlement-titres. - Ordonnance-loi
n°23/010 du 13 mars 2023 portant code du numérique en RDC.
56BULONZA Enock, Intérêt
porté sur les cryptomonnaies par le gouvernement, Ciomag, 17 juin
2022. Disponible sur
https://www.cio-mag.com/rdc
(consulté du décembre 2022 au 23 septembre 2023).
Page | 25
CHAPITRE II. FACTEURS D'INOBSERVANCE DES RESTRICTIONS
DES CRYPTOMONNAIES EN RDC
Ce chapitre aborde dans sa 2ème section,
l'analyse des facteurs expliquant l'inobservance de restriction des
crypto-monnaies en RDC ou les facteurs expliquant leur évolution
après avoir fait une illustration de cette utilisation dans sa section
1ère.
Section I. Etat des lieux de l'utilisation des
cryptomonnaies en RDC I.1 Illustration de l'utilisation des crypto-monnaies en
RDC
Dans cette étude, une illustration a été
tirée des données issues de l'étude fait par Henri-Louis
VEDIE intitulée : « émergence des cryptomonnaies en
Afrique : réalité ou surévaluation », publiée
en décembre 2022 après la présentation des
investigations faits sur quelques utilisateurs congolais des cryptomonnaies
(auto-surnommés leaders), sur les plateformes des cryptomonnaies de la
RDC notamment : « CongoCoin » et le résultat de
l'enquête produit menée en 2021 par l'Institut de sondage
Taget.
I.1.1 La facture numérique en RDC
En RDC, selon le résultat de l'enquête produit,
menée en 2021 par l'Institut de sondage Taget produit par BULONZA, 17,6%
de la population a accès à l'internet sur 49,9% des Congolais
possédant un Smartphone contre 50,1% qui n'en dispose pas56.
Ce qui veut dire plus ou moins 17 millions de Congolais ont accès
à internet et plus de 40 millions ont un Smartphone.
Bien que le pays ne soit pas encore sorti de l'auberge de la
facture numérique, c'est un petit pas vers l'adaptation aux tendances
technologiques.
Selon les déclarations du CongoCoin, qui est une
plateforme spécialisée dans la technologie blockchain et les
cryptomonnaies basée en RDC, il exerce le titre de prestataire de
services sur les actifs numérique concrètement « la
conversion des monnaies de Banques en cryptomonnaies ». Cette plateforme
qui effectue les opérations d'échanges monétaire des
crypto-actifs contre le Franc congolais ou le Dollar américain utilise
les services M-pesa, Airtel money, Orange money etc. pour ces
opérations.
Au cours de l'année 2023 jusqu'en septembre, CongoCoin
a accueilli environ de 2 372 utilisateurs de la RDC ayant recouru à ses
service selon les résultats produits par le Service client de la
plateforme.
Cette plateforme affirme avoir pour objectif de construire un
grand écosystème basée en Afrique, de personnes
intéressées par la technologie blockchain en
général et les crypto-actifs en particulier, ayant de
difficultés d'acquérir de cryptomonnaie pour accéder au
marché ou de recevoir de liquidité pour se retirer du
marché financier numérique.
Page | 26
Au regard de l'état actuel de cette monnaie, n'ayant
aucun statut légal en RDC, les questions douteuses sur la
légitimité de cette plateforme ne peut cesser de persister dans
le chef de tout juriste averti.
I.1.2 La RDC parmi les 33 pays détenteurs des
cryptomonnaies avec de fortes
disparités
Dans le cadre de cette étude, cette présence a
été estimée à partir du nombre des utilisateurs des
cryptomonnaies par pays, produit par VEDIE sur la statistique de « triple
A », société spécialisé dans la technologie
blockchain, repris par Ecofin, agence qui propose une estimation, par pays en
2022, du nombre de ces détenteurs de cryptomonnaies.
A partir de ces données, une double approche est alors
possible : celle prenant en compte le nombre de leurs détenteurs en
millions par pays (A) et celles privilégiant le nombre de ces
détenteurs par pays, mais en pourcentage de leur population (B).
A. Un état des lieux 2022 privilégiant le
nombre de détenteurs par pays en ordre
décroissant
Le tableau 1 les regroupe précisant pour chacun d'entre
eux leur PIE par habitant/PPA en dollar, permettant de voir s'il y a lien entre
leur nombre et le niveau de vie des populations qui les détiennent.
Pays
|
Nombre de détenteurs/
pays/ en millions
|
PIB/habitant PPA/dollar
|
Nigéria
|
22,33
|
|
5 927
|
Afrique du Sud
|
7,71
|
|
13 403
|
Kenya
|
6,10
|
|
3 496
|
Total intermédiaires
|
|
36,14
|
|
Egypte
|
2,37
|
|
12 994
|
Tanzanie
|
2,32
|
|
3 283
|
«RD Congo»
|
2,03
|
|
785
|
Total intermédiaires
|
|
42,86
|
|
Ethiopie
|
1,82
|
|
2 213
|
Ghana
|
1,39
|
|
4 606
|
Maroc
|
1,15
|
|
8 612
|
Total intermédiaires
|
|
47,22
|
|
Ouganda
|
0,984
|
|
2 352
|
Cameroun
|
0,867
|
|
3 359
|
Algérie
|
0,823
|
|
15 150
|
Mozambique
|
0,788
|
|
1 266
|
Côte d'Ivoire
|
0,546
|
|
3 857
|
Angola
|
0,532
|
|
6 813
|
Madagascar
|
0,509
|
|
1 554
|
Total intermédiaires
|
|
52,269
|
|
Zambie
|
0,424
|
|
3 997
|
Togo
|
0,363
|
|
1 612
|
Mali
|
0,326
|
|
2 169
|
Malawi
|
0,294
|
|
1 172
|
Bénin
|
0,291
|
|
2 219
|
Page | 27
Sénégal
|
0,284
|
|
2 678
|
Burkina Faso
|
0,274
|
|
1 884
|
Zimbabwe
|
0,271
|
|
2 277
|
Rwanda
|
0,262
|
|
2 081
|
Tunisie
|
0,202
|
|
11 981
|
Total intermédiaires
|
|
54,986
|
|
Libye
|
0,092
|
|
9 792
|
Namibie
|
0,041
|
|
11 528
|
Botswana
|
0,034
|
|
18 146
|
Maurice
|
0,023
|
|
21 628
|
Gabon
|
0,007
|
|
19 266
|
Cap-Vert
|
0,005
|
|
6 942
|
Seychelles
|
0,001
|
|
27 900
|
Total intermédiaires
|
|
55,063
|
|
Source : Henri-Louis VEDIE, op. cit., (Agence Ecofin et Banque
mondiale /PIB PPA par habitant).
Les groupes 1 et 2 réunissent 47,2M d'utilisateurs
de cryptomonnaies, plus de 85% de l'ensemble ; les groupes 3, 4 et 5 (24 pays)
représentent moins de 15%.
La lecture de ce tableau (1), pour la RDC, met en
évidence les conclusions suivantes :
? La RDC est classé 6ème pays
d'Afrique, sur le nombre des détenteurs des cryptomonnaies avec une
estimation de 2,03 millions de détenteurs.
? En règles générale, ce sont les pays
à faible PIB/habitant qui réunissent le plus grand nombre
d'utilisateurs de cryptomonnaies du continent africain quand-bien-même
qu'il n'y a pas de lien direct entre un P113/habitant élevé et/ou
faible et le nombre de ces utilisateurs. Constat pour le groupe 2, avec un
PIB/habitant de la RDC de 785 (très faible) et un P113/habitant d'Egypte
de 12 994 (élevé).
B. Un état des lieux 2022 privilégiant le
pourcentage, par ordre décroissant de détenteurs des
cryptomonnaies par rapport à la population de chaque pays
Le tableau 2 les regroupe, précisant pour chacun des
pays, le nombre des détenteurs (million) par pays, en pourcentage de
leur population respective (en million) par ordre décroissant.
Pays
|
Pourcentage
|
Nombre de détenteurs
|
|
Population
|
Afrique du Sud
|
12,27 %
|
7,71
|
|
60,7
|
Kenya
|
11,85 %
|
6,10
|
|
56,2
|
Nigéria
|
10,33 %
|
22,33
|
|
216
|
Total intermédiaires
|
|
|
332,9
|
|
Ghana
|
4,30 %
|
1,39
|
|
32,3
|
Togo
|
4,22 %
|
0,363
|
|
8,6
|
Total intermédiaires
|
|
|
373,8
|
|
Tanzanie
|
3,67 %
|
2,32
|
|
63,2
|
Gabon
|
3,09 %
|
0,072
|
|
2,33
|
Maroc
|
3,05 %
|
1,15
|
|
37,7
|
La deuxième section de cette section est
consacré à l'analyse des facteurs justifiant cette situation
(montée en puissance) en RDC comme en Afrique.
|
|
|
Page | 28
|
Cameroun
Total intermédiaires
Mozambique
Bénin Egypte Zambie
|
3,12 %
2,38 % 2,29 % 2,23 % 2,18 % 2,13 % 2,03 %
|
0,867
506,93
0,788 0,291 2,37 0,424 2,03 0,984
822,33
|
29,9
33,9 12,7 106,1 19,4 95,2 48,4
|
«RD Congo»
|
Ouganda
Total intermédiaires
|
Côte d'Ivoire
|
1,99 %
|
0,546
|
27,4
|
Rwanda
|
1,92 %
|
0,262
|
13,6
|
Maurice
|
1,91 %
|
0,034
|
1,2
|
Algérie
|
1,81 %
|
0,823
|
45,3
|
Zimbabwe
|
1,77 %
|
0,271
|
15,3
|
Madagascar
|
1,74 %
|
0,509
|
29,1
|
Tunisie
|
1,69 %
|
0,203
|
12,6
|
Sénégal
|
1,61 %
|
0,284
|
17,6
|
Namibie
|
1,59 %
|
0,041
|
2,6
|
Angola
|
1,53 %
|
0,532
|
35
|
Mali
|
1,53 %
|
0,326
|
21,4
|
Ethiopie
|
1,52 %
|
1,82
|
120,8
|
Malawi
|
1,47 %
|
0,294
|
20,1
|
Botswana
|
1,46 %
|
0,034
|
2,4
|
Seychelles
|
1,33 %
|
0,001
|
0,09
|
Libye
|
1,30 %
|
0,092
|
7
|
Burkina Faso
|
1,24 %
|
0,274
|
22,1
|
Cap-Vert
|
1 %
|
0,0056
|
0,56
|
Total général
|
|
1 203,01
|
|
Source : Henri-Louis VEDIE op.cit., (Agence Ecofin et Banque
mondiale /PIB PPA par habitant).
La lecture de ce tableau (2), pour la RDC, met en
évidence les conclusions suivantes :
? La RDC a quitté le rend de top 10 et le groupe 2 pour
apparaître dans le 14ème rend et dans le
4ème groupe des pays, en terme de pourcentage, sur le nombre
des détenteurs des cryptomonnaies avec une estimation de 2,13%
de sa population (2,03 millions de détenteurs sur
95,2).
En 2021, une étude de la CNUCED montre que dans le que
dans le 10 top mondial des pays détenteurs de cryptomonnaies, en % de
leurs populations respectives figurent trois pays africains et dans le 30 top
figurent 6 pays parmi les 33 du continent repris dans cette étude qui
connait la plus forte croissance des détenteurs de cryptomonnaies de ces
dernières années. Ce qui confirme l'émergence de ce
continent sur le marché mondial des cryptomonnaies.
Page | 29
Section II. Analyse des facteurs d'inobservance des
restrictions à l'utilisation des cryptomonnaies en ROC
II.1 Facteurs juridiques : restrictions à
l'utilisation des crypto-monnaies en ROC
Il n'y a pas une loi particulière aux crypto-monnaies
et dont les dispositions autorisent ou restreignent expressément
l'utilisation de ces monnaies en RDC. Et cette absence d'un cadre
réglementaire dédié aux cryptomonnaies est non seulement
une source de confusion mais aussi d'un laisser-aller pour ceux qui exploitent
cette technologie à des faits criminels.
En dépit de l'absence d'un cadre particulier aux
crypto-monnaies en RDC. La restriction tacite dont il est question ici est
déduite des Principes du Droit monétaire congolais
évoqués dans le chapitre premier, qui font naitre un unique
prince : « la règle de cours légale qui est une
reconnaissance légale expresse ».
En voir de loin, du fait de l'absence de ce cadre juridique
spécifique, et en considérant le prince général
(jargon) du droit commun : « tout ce qui n'est pas interdit
est autorisé », la nette impression serait que «
l'utilisation des crypto-monnaies par les usagers de l'espace virtuel
congolais, celle à sa provenance ou à sa destination
paraître légitime ». Par contre, l'analyse des règles
du Droit monétaire congolais fait ressortir le contraire.
En titre de rappel, le principe de la souveraineté
monétaire, consacre au seul gouvernement congolais RDC, par le billet de
la Banque Centrale du Congo, l'exercice du pouvoir d'émission et du
contrôle de la monnaie national, le franc congolais.
Le principe « monnaie et territoire » et celui de
cours légal, tous consacrés dans les articles 170 de la
constitution et 61 alinéa 2 de la loi organique précités,
combinés, disposent : « les billets de banque et les
pièces de monnaie émis par la Banque ont cours légal et le
pouvoir libératoire sur toute l'étendue du territoire congolais
». Les dispositions de l'article précité de la
constitution de la RDC et dans le 1er alinéa de l'article 61
de la même loi organique, disposent : « le franc congolais
est l'unité monétaire de la RDC ».
Et afin, l'article 63 de la loi organique
précitée, dans son 2ème alinéa, stipule
que la Banque assure l'entretien de la « monnaie fiduciaire
» et gère la bonne qualité de sa circulation sur
l'ensemble du territoire national.
Tous ces principes, combinés, ne renvoient qu'à
l'idée de la seule monnaie émise par l'Etat, ayant cours
légal. Bref, la monnaie légale.
Par contre, ces règles n'entravent en rien, la
circulation ou la détention des monnaies étrangères, les
transactions et les prestations de services sur le territoire national en
monnaies étrangères sont libres.
Page | 30
Mais cette liberté est limitée par les faits que
: « les monnaies visées sont utilisées selon les
modalités édictées par la BCC57 58 et que ces
unités des concepts doivent être cotées par la BCC qui en
publie quotidiennement le cours de change59. Ce qui exclut toutes
les monnaies virtuelles y comprit, les cryptomonnaies.
Cette interdiction que nous avons dénommée
« tacite », est également consacrée ou confirmée
par les déclarations officielles de la Banque Centrale du Congo,
auxquelles nous avons fait référence dans le contexte de
l'étude, où nous rappelons, elle a martelé à
maintes reprises sur le fait que les cryptomonnaies du type Bitcoin, ethereum
et autres monnaie virtuelles proposées sur les plateformes
électroniques ne sont ni réglementées, ni
autorisées à opérer en RDC.
Cet aspect constitue l'une des causes qui expliquent la faible
observance des restrictions à l'utilisation des cryptomonnaies en RDC
(l'aspect juridique). Ce qui occasionne un climat propice au
développement des cryptomonnaies d'autant plus que la majorité
d'utilisateurs et d'offreur de services en cryptomonnaie ignore l'existence de
ces restrictions.
II.2 Analyse des autres facteurs favorisant l'utilisation
des cryptomonnaies en RDC
Les autres facteurs qui expliquent cette montée en
puissance sont compris dans les faits que les cryptomonnaies, unités de
compte utilisant les supports de la cryptographie et la blockchain, ont
dès leur origine un objectif non avoué : venir concurrencer un
jour les monnaies du gouvernement tout en échappant à la tutelle
du système monétaire international et/ou des banques
centrales60.
En Afrique, les cryptomonnaies bénéficient
d'environnement démographique, urbain et économique, propres au
continent, qui lui permettent de se développer et de faire, comme nous
l'avons présenté, une percée significative sur les
marchés mondiaux des cryptomonnaies en 2021/202261. Ce sont
ces environnements qu'il nous faut maintenant préciser dans la
sphère congolaise.
II.2.1 Facteurs socioéconomiques : Des
environnements démographique, urbain et économique favorables aux
cryptomonnaies
Comme nous avons pu constater, les cryptomonnaies sont
présentes non seulement en RDC mais sur l'ensemble du continent. Cela ne
doit rien au hasard, car elles bénéficient d'une situation
démographique, urbaine et économique favorable à leur
écosystème, et d'une technologie accélérant
à moindre coût les mouvements des capitaux. Ceux qui
répondent d'une certaine façon aux attentes de la population
jeunes et peu bancarisées.
57 RDC, Décret-loi n°004/2001 op.cit.
58 BCC, la règlementation du change en RDC,
op.cit
59 Ibid.
60 VEDIE Henri-Louis, émergence des
cryptomonnaies en Afrique : réalité ou surévaluation ?
Research Paper, Rabat, décembre 2022, Policy Center for the New
South, p.11
61 Ibid.
62 Agence Ecofin, classement des pays africains
selon le nombre de détenteurs des cryptomonnaies en 2022 (triple A),
[en ligne], 2022. Disponible sur
https://www.agenceecofin.com
(consulté le 03 septembre 2023).
Page | 31
A. Sur le plan démographique
Il sied de rappeler que les rapports de l'agence Ecofin de
202262, les utilisateurs des cryptomonnaies sont très
majoritairement des jeunes de 20 ans à 30 ans représentent plus
de 70 % des utilisateurs en Afrique subsaharienne. Or, selon les Nations unies,
l'Afrique, tous pays confondus, est le continent le plus jeune de la
planète, avec une moyenne d'âge de 19 ans, deux fois plus jeune
que les Etats-Unis (38 ans). Et précisément, en RDC (2023) une
population en 68% jeune, et en 60% de moins de 20ans selon l'UNICEF. Enfin,
l'on estime qu'en 2050, 50% de la population africaine aura alors moins de 25
ans et 60% de la population congolaise aura moins de 30 ans.
B. Sur le plan urbain
Toutes les enquêtes montrent que les utilisateurs des
cryptomonnaies se concentrent dans les grandes métropoles urbaines. Or
les mégapoles ne cessent de se développer, la pénurie de
moyens de transport et d'infrastructures confortant leur caractère
tentaculaire. Les données suivantes concernent la population des plus
grandes d'entre elles : Kinshasa (15 628 000), Mbujimayi (2 765 000),
Lubumbashi (2 695 000), Kisangani (1 366 000), Goma (1 244 342), selon la
décentralisation du Ministère de l'intérieur en mai 2022.
Précisons que également que pour la plupart des jeunes congolais,
comme africains, les grandes métropoles sont aussi l'espoir d'un
emploi.
C. Sur le plan économique
Force est de constater la faible bancarisation du pays
estimée à 7% selon Célestin MUKEBA, directeur
général de la banque Equity-BCDC. Et la très forte
inflation du taux de change estimé aujourd'hui à 13,1% en 2022,
selon la BCC, et la BAD (Banque africaine de développement) mise sur un
taux supérieur à 13% pour 2023. Aussi la potentielle
rentabilité de ces actifs numériques.
C.1. Le taux de bancarisation
Qui mesure en pourcentage la part de la population adulte
détenant un compte bancaire en 7% en RDC, et ne dépassant pas 20%
sur le continent. Ce taux dépasse en effet de 17,7% en 2019 à
19,3 en 2020, selon l'UEMOA (Union économique et monétaire
ouest-africaine). En RDC comme dans tous les pays africains, il sied de
signaler que : « si le faible taux de bancarisation est un facteur de
développement des cryptomonnaies, à l'inverse un taux
élevé, plus de 50% par exemple, comme au Maroc, ne semble pas
pénaliser leur développement selon Henri-Louis VEDIE.
C.2. L'inflation (hyper-)
Qui impacte le taux de change du franc congolais,
renforçant sa volatilité, accroit le risque et le coût
d'utilisation des opérations en devises. Ce qui ne peut qu'encourager
l'économie informelle, parallèle. C'est ce qui se passe
actuellement en RDC, et dans d'autres pays africains en hyperinflation,
dépassant en 2021 le 10%, comme le cas avec :
Page | 32
Le Nigéria (17%), la Zambie (22%), le Libéria
(23,6%), le Zimbabwe (98,5%), etc. C.3. Le potentiel de
rentabilité
La plupart des individus, en RDC, qui recourent aux
cryptomonnaies sont convaincus qu'elles sont une opportunité
d'investissement potentiellement lucrative. La volatilité des prix des
cryptomonnaies sont très attrayantes à ces types de personnes
animées, dès le départ, par un sentiment de
réaliser des gains rapides.
II.2.2 Une technologie qui facilite pour le meilleur et
pour le pire les mouvements des capitaux et les paiements
transfrontaliers
Comme déjà rappelé, les cryptomonnaies de
type bitcoin ont été explicitement créées, pour
permettre aux mouvements de capitaux, aux transactions financières de se
développer à l'écart de toute intrusion des
autorités publiques monétaires, nationales et internationales.
Pour cela, elles s'appuient sur un protocole informatique reposant sur une
chaine de blocs (blockchain), une technologie cryptographique et
décentralisée. Ce qui leur permet de proposer une alternative
plus simple, plus rapide et moins coûteuse aux mouvements des capitaux en
devises. (C'est ce que VEDIE nomme technologie pour le meilleur).
Mais en même temps bien que les transactions en
cryptomonnaies soient enregistrées dans un registre public, favorisant
leur traçabilité, le recours au cryptage des
bénéficiaires et des donneurs d'ordre permet aussi
d'échapper, s'ils le souhaitent, aux obligations habituelles de
l'identité du donneur d'ordre et du bénéficiaire. Ce qui
va faciliter alors, de façon anonyme, le développement des
activités illicites, comme le blanchiment d'argent et/ou le financement
du terrorisme. (C'est ce que VEDIE nomme technologie pour le pire).
Enfin, de par son architecture décentralisée,
les cryptomonnaies peuvent opérer dans un contexte extraterritorial.
Elles peuvent, ainsi, opérer à partir de serveurs et de
plates-formes d'échange réparties sur différents
territoires, y compris des paradis fiscaux. Ce qui diminue leur
transparence.
En Afrique, effectuer un paiement d'un pays à un autre
est, trop souvent, un véritable parcours du combattant. Il prend du
temps : une à deux semaines est une chose courante. Il coûte cher
: le coût de l'opération, en outre la commission forfaitaire peut
atteindre 4 à 5 % du montant de l'opération, selon VEDIE.
Estimé à 15% de l'ensemble des importations/exportations
africains (FMI 2021), le est particulièrement faible, comparé aux
60% des échanges des pays asiatiques, ou aux 70% des échanges au
sein de l'Union européenne.
C'est pourquoi les cryptomonnaies bénéficient
dans nos pays d'un engouement réel, que l'on peut comprendre : les
délais de paiement sont réduits à 24/48 heures maximum,
les coûts de transaction sont presque nuls (en général
divisés par 3 ou 4), les opérations sont simplifiées, un
ordinateurs ou un Smartphone suffit, illustrant le meilleur de la
technologie.
Page | 33
II.3 Analyse des avantages et des risques
associés à l'utilisation des cryptomonnaies
pour la ROC
II. 3.1 Les cryptomonnaies : unités de compte
à haut risque
En RDC, comme partout dans le monde, cette technologie est
aussi utilisée par ceux qui la maitrisent à des fins illicites
comme dit ci-haut : « blanchiment d'argent et financement d'actions
terroristes, arnaques etc. ». Ce n'est pas un fait nouveau, dès
2011, trois ans après son apparition, le ministre américain de la
Justice constatait que le bitcoin était la monnaie de
prédilection des trafiquants de drogue. Bien-sûr que cela
continue, y compris sur le continent africain voire en RDC.
Voici quelques risques y afférents63 :
? Volatilité élevée dans un secteur
très peu régulé, impliquant une
vulnérabilité aux arnaques ;
? Risque de la déflation ou Risque de la déflation
ou hyperinflation due à la création monétaire insuffisante
ou trop importante (exemple de la quantité de bitcoin limité
à terme par le temps) ;
? Abondance des arnaqueurs sur les cryptomonnaies, qui ont bondi
de 81 en 2021.
Récemment, au cours de l'année 2021 et 2022, a
émergé toute une série de crimes occasionnés par
cette technologie, notamment :
« Le Cartel de Sinaloa au Mexique qui a acheté et
a fait entrer au pays, à travers le bitcoin, une grande quantité
de drogue (estimé en 25 milliards de dollars américains), bien
que près de 400 millions de doses mortelles avait été
saisi après l'enquête menée par la DEA (Agence
américaine de lutte contre la drogue), en 2022, selon la RFI (radio
France internationale) ».
Le cas de la RDC est bien illustré par « le
scénario ou l'épisode des groupes Macys, Otto market ou Louis
Vuitton et d'autres groupes d'arnaqueurs utilisant le système de Ponzi.
Ces derniers ont fait ravage sur le territoire congolais en toute
impunité, en promettant des gains aux utilisateurs (de
bénéfices spéculatifs), et ont dépouillé
plusieurs congolais de leurs argents, ayant disparu avec tous les fonds. Ce qui
a causé autant de préjudices, même les cas de morts, selon
les témoignages ».
Deux événements très récents
illustrent cette prise de risque, assumée souvent par ceux qui
détiennent des cryptomonnaies. C'est le cas particulièrement avec
le bitcoin, très privilégié par les plateformes
d'échange. Bitcoin dont l'évolution du cours en dollar, entre le
13 novembre 2020 et novembre 2022, est marquée par sa chute,
vertigineuse et régulière, à partir du 11 novembre 2022.
Autre exemple, celui très récent de la faillite de FTX,
plateforme d'échange du top 2 mondial et domiciliée dans le
paradis fiscal des Bahamas, que certains n'hésitent pas à
qualifier de « Lehman Brothers » des
cryptomonnaies64.
63 Wikipédia, cryptomonaie, op.
cit.
64 VEDIE Henri-Louis, op. cit. p.13
Page | 34
L'analyse du de bitcoin en dollar, sur la période du 13
novembre 2020 au 13 novembre 2022, confirme sa volatilité extrême
et son attractivité hautement spéculative. Attractivité
à la hausse comme à la baisse, avec des seuils planchers le 13
novembre 2020 à 16 294 dollars et 13 novembre 2022 à 16 546, et
un pic à 67 734 dollars 11 novembre 2021, un an après le cours
plancher du 13 novembre 2020. Et depuis le 11 novembre 2021, c'est un
véritable descente aux enfers à laquelle on assiste, que vient
illustrer une chute supplémentaire de 25% entre le 7 et le 14 novembre,
suite à la faillite du FTX.
II. 3.2 Les cryptomonnaies : le meilleur de sa
technologie
Conçues pour internet, elles présentent quelques
avantages, la plupart, issus et évoqués déjà dans
son caractère attrayant. Entre autres :
? Elles permettent d'augmenter l'accessibilité du
commerce en ligne dans les pays en voie de développement à
travers son environnement économique comme évoqué ci-haut
;
? Les délais de paiement qui sont très
réduits et les coûts de transaction presque nuls, les
opérations plus simplifiées contrairement à ceux des
établissements de paiement ou à ceux des sociétés
de transferts de fonds ;
? Garantie de Sécurité : le protocole de
chiffrement est aussi concu pour être très résistant contre
la plus part des menaces informatiques concues, incluant les attaques par
déni de service.
Enfin, ce que révèle aussi la crise ukrainienne
avec le bitcoin, c'est que les cryptomonnaies ne sont en rien des monnaies
refuges, comme peut l'être aujourd'hui les monnaies des banques65
en dépit de tous ces éléments alignés.
L'évolution de leur volatilité confirme, plus
que jamais, ce qu'ont toujours affirmé les banquiers centraux, à
savoir que si les cryptomonnaies satisfont bien à deux des fonctions que
doit remplir toute monnaie : « unité de compte et instrument
d'échange », elles sont incapables de satisfaire à la
troisième, d'être une réserve de valeur, selon Henri-Louis
VEDIE. Mais le même argument avait déjà été
évoqué au chapitre premier sur leur « nature et fonctions
». Ce qui doit faire réfléchir les pays qui les admettent
comme monnaie officielle ou qui les laissent librement circuler sur leur
territoire. VEDIE estime aussi que la RDC fait partie de ceux qui l'admettent
en silence (tolérance non encadrée).
65 Ibid.
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CHAPITRE III. PROPOSITIONS POUR UNE REGLEMENTATION
EFFICACE ET ADAPTEE A LA BLOCKCHAIN EN DROIT MONETAIRE CONGOLAIS
Envie de soumettre une recommandation pour un usage sain de la
blockchain en République Démocratique du Congo, ce chapitre
aborde successivement la question de l'étude comparative des
réglementations internationales sur les cryptomonnaies (section 1) les
pistes de solutions (section 2) et les perspectives d'avenir (section 3).
Section I. Etude comparative des réglementations
internationales sur les
cryptomonnaies
Cette section se scinde à l'étude des
réglementations des cryptomonnaies en Afrique et passe en revue les
réglementations des cryptomonnaies en Europe, en France notamment.
I.1 La réglementation des cryptomonnaies en
Afrique
Dans le cadre de la réglementation des cryptomonnaies
en Afrique, ce point traitera de deux sous-points : sur l'état des lieux
de la règlementation des cryptomonnaies en Afrique et la
régulation plurielle en marche et en ordre dispersé des pays
africains.
I.1.1 Etat des lieux
réglementaire66
Aucun pays africain ne reconnait aux cryptomonnaies le statut
de monnaie légale, excepté la République Centrafrique
(RCA) qui a fait du bitcoin une monnaie ayant cours légal, même
pour le paiement des impôts et taxes. L'Afrique du Sud par contre ne lui
a pas accordé ce statut légal mais l'a admise comme moyen de
paiement, c'est-à-dire qu'il peut étendre une dette.
Pour autant, force est de constater que cette interdiction
formelle est peu suivie d'effet. Par contre, l'absence d'un cadre
réglementaire dédié aux cryptomonnaies est une source de
confusion au regard de la complexité de sa nature.
De manière générale, l'Afrique dispose
actuellement d'une régulation plurielle en marche et en ordre
dispersé. Sa situation actuelle en matière de la
réglementation des cryptomonnaies est binaire. Interdites
officiellement, en 2022, dans 7 pays et acceptées officiellement dans 1
pays avec les restes des pays sous une interdiction ou admission tacite. Cette
situation laisse lire généralement sur le continent, une Afrique
avec l'interdiction non respectée et celle d'avec une tolérance
non encadrée.
I.1.2 La régulation des cryptomonnaies en Afrique
: la régulation plurielle en marche et en ordre
dispersé
Dans ce cadre, nous utiliserons encore les résultats de
l'étude d'Henri-Louis VEDIE, qui, au lieu de traiter de chacun des pays
africain, a privilégié une trichotomie suivante : les pays du
Maghreb, ceux de la CEMAC et ceux de la CEDEAO.
66 VEDIE Henri-Louis, op.
cit. p.16
Page | 36
A. Maghreb divisé entre interdire, tolérer et
réguler
A.1 Des mesures
En Algérie, l'article 113 de la loi de Finance 2018
interdit de vendre, d'acheter et même de posséder une monnaie
virtuelle. Les cryptomonnaies, bitcoin en particulier, sont donc au premier
chef concernées par cette loi. Pour les autorités
algériennes, cette interdiction a pour objectif de lutter efficacement
contre l'évasion fiscale, le trafic de drogue, le blanchiment d'argent
que le manque de la traçabilité des cryptomonnaies rend non
seulement possibles mais aussi les facilite. Cette loi fait toujours
autorité et n'empêche pas cependant, les cryptomonnaies de se
développer. Mais à un rythme beaucoup moins élevé
(moins de 2%) qu'au Maroc (qui a plus de 3%), comme le montre les tableaux au
chapitre II. Cela prouve, à quel point cette loi fait autorité.
Déjà un exemple à suivre.
En Libye, on est toujours, concernant les cryptomonnaies,
soumis officiellement à la déclaration de la Banque centrale
Libyenne de 2018, l'interdisant. Une interdiction qui prend la même forme
que celle de la RDC liée à la déclaration de la Banque
Centrale du Congo de 2021 après les vagues ou l'épisode des
groupes Macys, Otto market ou Louis Vuitton et d'autres groupes d'arnaqueurs
évoqués au chapitre précédent. Comme
l'Algérie, cette interdiction semble efficace, la Libye n'ayant que
1,30% de sa population détenant les cryptomonnaies contrairement
à la RDC (avec plus de 2%).
La Tunisie est le seul des 4 pays du Maghreb retenus dans
cette étude où les cryptomonnaies sont tolérées
(une admission de manière tacite). Ce qui signifie implicitement que les
cryptomonnaies ne sont soumises à aucun cadre réglementaire. Ce
qui conduit à des décisions et des déclarations
contradictoires des autorités tunisiennes. Si pour eux, posséder
du bitcoin n'est pas une infraction, pour autant, les cryptomonnaies n'ont pas
de statut légal.
A.2 Un projet de régulation des cryptomonnaies au
Maroc
Au Maroc, Abdellatif JOUAHRI, le gouverneur de Bank Al Maghrib
(BAM), la banque centrale du royaume, a annoncé un projet de
réglementation des cryptomonnaies. Première étape
importante sur la route qui pourrait conduire le pays à les autoriser
officiellement, sous certaines conditions. Cette annonce constitue une rupture
du font constitué par le ministre de l'économie et des Finances,
l'Autorité marocaine de régulation des marchés financiers
et, bien sûr, la BAM. Tous les trois jusqu'alors sur une même
ligne, celle de s'opposer vent debout à des cryptomonnaies non
régulées. Pour Abdellatif JOUAHRI, la situation
particulière du Maroc, augmentation de 120% des cryptomonnaies entre
juillet 2021 et juin 2022, malgré leur interdiction formelle, ne pouvait
perdurer en l'état, celui d'unités de comptes échappant
à tout contrôle des institutions monétaires nationales ou
internationales.
Ce projet, s'il est adopté, permettrait aux
cryptomonnaies d'être tolérées dans un premier temps, mais
aussi de superviser leur bon usage. En ligne de mire, sans doute, la lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ce projet
s'inscrit aussi dans une réflexion à plus long terme sur la
monnaie digitale de banque centrale (MDBC).
Page | 37
L'annonce concomitante, par la BAM, de ce projet et de
création d'un comité étudiant l'opportunité, les
modalités et les conséquences de l'émission d'une MDBC
marocaine, donne force à cette hypothèse. Comme beaucoup de
banquiers centraux africains comme européens, Abdellatif est de ceux qui
pensent que l'on peut interdire les cryptomonnaies, sans condamner les
blockchains, bien au contraire les soutenir, et avec elles réguler de
façon efficace l'usage des monnaies numériques, l'avis que nous
avons toujours partagé.
B. Des initiatives récentes venant de la CEMAC et
de l'UEMOA
Le CEMAC regroupe 6 Etats : Cameroun, Centrafrique, Congo,
Gabon, Guinée équatoriale, Tchad. Deux d'entre eux font partie de
top 10 des pays détenteurs de cryptomonnaies en % de leur population
selon la statistique présentée précédemment. Entre
octobre 2020 et mai 2021, la commission de surveillance du marché
financier de l'Afrique centrale (COSUMAF) s'est exprimée à deux
reprises, de façon contradictoire sur la nature des offres de placement
et d'investissement en lien avec les crypto-actifs.
En affirmant, le 23 octobre 2020, que : « l'exercice
des activités de crypto-actifs ne fait pas l'objet d'encadrement
réglementaire », elle leur signifiait qu'aucun prestataire
d'actifs numériques ne peut proposer de tels services. Ce qui confirmait
le point de vue officiel d'interdiction. Par contre, le 27 mai 2021, en
assimilant les prestations de service sur cryptos-actifs à des
activités en lien avec l'appel public à l'épargne et les
instruments financiers, soumis à l'agrément préalable de
la CONSUMAF, elle revenait quelque peu sur ses affirmations d'octobre 2020,
laissant penser que l'usage des cryptomonnaies, après agrément
était chose possible. Il appartient désormais au
régulateur bancaire de la CEMAC, la Banque des Etats de l'Afrique
centrale (BEAC).
L'UEMOA, Union économique et monétaire
ouest-africaine, regroupe 8 autres pays: Bénin, Burkina Faso, Côte
d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo. Dans
un communiqué du CREPMF (Conseil régional de l'épargne
publique et des marchés financiers) du 18 mars 2021, l'équivalent
de la CONSUMAF, il affirme assimiler les offres de placement et
d'investissement, en lien avec les cryptomonnaies, à des
opérations relevant de l'appel public à l'épargne. Ce qui
revient à banaliser et à accepter, implicitement, l'usage des
cryptomonnaies. Reste comme pour la CEMAC, à avoir l'avis de la Banque
centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), régulateur bancaire
de l'UEMOA, qui se fait attendre.
C. Une CEDEAO divisée
La CEDEAO parait divisée sur la ligne à adopter
concernant l'usage des cryptomonnaies. Composée de 15 États, dont
huit de l'UEMOA et sept autres pays : le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la
Guinée, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone. Et parmi ces 7
pays, on retrouve deux du top 10 des pays, en % de leur population, regroupant
le plus grand nombre d'usagers des cryptomonnaies : bien sûr le Nigeria
mais aussi le Ghana. Avant dernier dans ce classement, le Cap-Vert. Pour ces 3
Etats la ligne officielle diffère totalement de celle de l'UEMOA.
Page | 38
Premier pays d'Afrique à proposer, depuis octobre 2022,
une MDBC « le eNaira », version numérique de sa propre
monnaie, le Nigeria mise sur le eNaira pour contrer la menace du bitcoin sur sa
souveraineté monétaire et mettre sa monnaie à l'abri de
l'inflation. Interdites depuis 2011, les cryptomonnaies n'ont cessé
cependant de se développer. Plutôt que de rechercher à les
réguler, comme le Maroc, les autorités nigérianes ont
choisi le recours immédiat à une MDBC pour freiner et ralentir
leur usage, plus particulièrement celui du bitcoin. Même
démarche au Ghana, considéré comme une terre d'innovation
pour les cryptomonnaies, dont la situation économique (crise bancaire,
endettement, inflation), va le conduire à annoncer dès septembre
2021 à sa propre monnaie numérique, « le e-cedi », dont
l'officialisation pourrait ne pas tarder.
Quant au Cap-Vert, où les cryptomonnaies sont
tolérées sans aucune réglementation, il est probable,
à court et moyen termes, que rien ne change, l'usage des cryptomonnaies
dans ce pays ne concernant que 1 % de sa population.
I.2 La réglementation des cryptomonnaies en
Europe
A la suite de la publication d'un rapport le 2 octobre
2020,67 la BCE a indiqué lancer une consultation sur la
création d'un « euro numérique ou e-Euro ». Il
consisterait en (une MDBC ou une MNBC), une monnaie virtuelle «
différente » des cryptomonnaies, celles-ci
considérées comme vouées à être très
volatiles et risquées puisque non adossées à une Banque
centrale.
Les plateformes des cryptomonnaies quant à elles
doivent être enregistrées avec le statut de prestataire de service
sur les actifs numériques auprès de l'Autorité des
Marchés Financiers. La plateforme française Coinhouse a
été la première à obtenir ce statut. Binance a
reçu l'autorisation de l'Autorité des Marchés Financiers
pour exploiter sa plateforme d'échange de cryptomonnaie en France. La
France a été le premier pays européen à prouver le
site68.
Section II. Recommandations pour un usage sain de la
blockchain en République Démocratique du Congo
Pour faire respecter efficacement les restrictions tacites sur
l'utilisation des cryptomonnaies en RDC, quelques mesures pourraient être
envisagées : la sensibilisation et l'éducation de la population
congolaise, précisément « les usagers d'internet » sur
les différents enjeux de l'utilisation de cet outil notamment « les
recours aveugles aux cryptomonnaies et à d'autres tendances similaires
», la mise en place d'un cadre réglementaire adapté à
cette nouvelle tendance technologique, la surveillance et suivie des
utilisateurs et des offreurs de ces genres de produits, le renforcement des
mesures liés à la protection des consommateurs.
67 Banque Centrale Européenne, Rapport,
op.cit.
68 DA SILVA Sigolène, op.cit.
Page | 39
II.1 Sensibilisation et éducation
Il est important de sensibiliser le grand public, y compris
les utilisateurs potentiels de cryptomonnaies, sur les risques et les
défis associés à leur utilisation. Des campagnes
d'information et d'éducation pourraient être menées pour
fournir des informations objectives sur les avantages et les risques des
cryptomonnaies.
Il est évident que la RDC souffre du problème de
vulgarisation, et c'est dans presque tous les secteurs, à titre
d'exemple : « sur le plan législatif, des lois qui sont
adoptées tous les jours et pourtant plus de 90 % de la population ignore
l'existence, à contrario, soumise au principe nul n'est censé
ignoré la loi ».
La RDC reste avec ce défi à relever sur tous les
plans. A ce titre, nous estimons que des campagnes d'information et
d'éducation pourraient fournir des informations objectives non seulement
sur les avantages et les risques liés à l'utilisation de la
technologie blockchain mais également sur le caractère illicite
de son utilisation.
II.2 Surveillance et suivie
Les autorités devraient renforcer les capacités
de surveillance et de suivi des activités liées aux
cryptomonnaies, notamment en utilisant des outils technologies tels que la
blockchain pour suivre les transactions. Cela permettrait de détecter
les activités illégales telles que le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme. En outre, les autorités pourraient mettre en
place un système de signalement des activités suspectes pour que
les citoyens puissent signaler les activités illégales
liées aux cryptomonnaies.
Enfin, la RDC pourrait également travailler avec des
experts en cybersécurité pour renforcer la sécurité
des échanges sur la technologie blockchain et minimiser les risques de
piratage et de vol de données, si elle l'adoptait.
II.3. Mise en place d'un cadre réglementaire
adapté
Les autorités congolaises pourraient envisager de
mettre en place un cadre réglementaire clair et transparent pour
encadrer l'utilisation des cryptomonnaies. Cela pourrait inclure
l'enregistrement obligatoire des plateformes d'échange de blockchain, la
surveillance des transactions sur internet et la lutte contre le blanchiment
d'argent.
Ce cadre pourrait selon que le pays le veut, pourrait
prévoir des interdictions strictes des échanges de cryptomonnaies
et/ou des autorisations légales de la technologie de Blockchain.
En rapport avec l'interdiction, par exemple la Banque centrale
pourrait ordonner à toutes les plateformes congolaises offrant des
services en cryptomonnaie de fermer et attendre l'autorisation
légale.
Page | 40
Cette étude a démontré que l'attrait des
cryptomonnaies tient aussi au fait qu'elles sont totalement
décentralisées et non réglementées. Il est clair
qu'en les encadrant, on les rattache implicitement à un système.
En les soumettant à la réglementation, on limite leur
facilité d'utilisation. Ainsi, il serait difficile de constater que les
futurs utilisateurs de cryptomonnaies, rattachées à un
système et soumises aux réglementations, soient aussi nombreux
qu'aujourd'hui.
« Il n'y a rien de pire que le statut quo entre
une interdiction non respectée et une tolérance non
encadrée. S'il y a interdiction, qu'elle soit une interdiction
tolérance zéro, à la chinoise, avec les moyens de la faire
respecter. Et si c'est une tolérance, c'est la tolérance
encadrée juridiquement qu'il faut privilégier ».
Section III Perspectives d'avenir : stratégies
pour capitaliser les avantages liés à la technologie blockchain
en Droit monétaire congolais
III.1 Intérêt porté sur les
cryptomonnaies par le gouvernement
Depuis avril 2022, le site d'information officiel congolais
CIO MAG, a publié que le gouvernement congolais par le truchement du
ministère du numérique a exprimé son intérêt
pour les cryptomonnaies et la blockchain69, l'information
confirmée par le site officiel dudit ministère70.
Selon le ministère du numérique, les discussions
se portent actuellement sur « la règlementation et les conditions
de succès de son expansion au pays ». Mais la question peut tourner
au tour du pourquoi de cet intérêt soudain et des raisons de sa
valeur ajoutée à l'économie congolaise, une autre
thématique à mieux développer dans une étude
prochaine.
III.2 Levier d'intégration
Pour le ministère du numérique, plusieurs
raisons expliquent la démarche de la RDC. Premièrement, elle
s'inscrit dans le cadre « du plan national, horizon 2025 ». Un vaste
programme visant à faire du numérique congolais, un levier
d'intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et
de progrès.
En réaction, Roger CIBALANGA, un expert de la finance,
estime que la démarche du gouvernement congolais dont a rapporté
le ministère du numérique, est biaisée. « C'est
imprudent pour un pays comme la RDC de s'intéresser à cette
technologie alors qu'elle a encore plusieurs défis à relever,
déclare-t-il ». Il illustre son point de vue par la faible
portion de la population congolaise ayant accès au numérique
».
L'autre crainte exprimée, est l'absence d'un cadre
légal en vigueur spécifique aux cryptomonnaies en RDC. La
blockchain, nous rappelons, est une technologie qui échappe au
contrôle des Etats et des structures en charge de la régulation
financière. Il s'est avéré que même les
académiciens restent partagés sur cette question.
69 BULONZA Enock, op.cit.
70 Ministère du numérique, op.cit.
Page | 41
Cependant, quoi proposer au ministre du numérique qui a
tendu la main aux acteurs du secteur, parmi lesquels la firme de la blockchain
The open network pour la règlementation et les conditions de son
expansion en RDC ? Le point suivant donne de propositions à cette
question.
III.3 Réflexion sur une monnaie virtuelle de la
banque centrale (e-Franc congolais)
Avant d'approfondir cette idée du « e-Franc
congolais », il importe d'appréhender d'abord sa notion.
Différente des plateformes de finance (monnaie mobile)
comme M-Pesa, Orange money, Airtel money, le « e-Franc congolais » ne
fonctionnerait pas de la même manière que les cryptomonnaies. Le
e-Franc congolais serait un type de monnaie numérique au modèle
du e-Naira du Nigéria ou de e-Euro (en projet) qui sont tous des
Monnaies Numériques de la Banque Centrale (MNBC) ou des Monnaie
Digitales de la Banque Centrale (MDBC).
Il s'agira, pour la RDC, essentiellement d'une version
numérique du Franc congolais papier avec la même valeur.
Nous estimons que la RDC devrait plutôt miser sur la
MDBC qui pourrait constituer une véritable innovation numérique
du fait qu'elle :
1. Permettrait toujours d'encourager l'exploration de la
technologie de la blockchain par la création d'une monnaie
numérique de la banque moins risquée ;
2. Constituerait une alternative entre les restrictions
à l'utilisation des cryptomonnaies et la passion des utilisateurs
à la Blockchain ;
3. Constituerait une monnaie sécurisée de la
Banque sur laquelle, celle-ci pourrait exercer tous ces pouvoirs
règlementaires reconnus par la Constitution, la loi organique
n°18/027 du 13 décembre 2018 portant organisation et fonctionnement
de Banque Centrale du Congo et l'Ordonnance-loi n° 67/272 du 23 juin 1967
relative au pouvoir règlementaire de Banque Centrale du Congo ;
4. Fonctionnerait sur la blockchain dont la technologie
avancée rend difficile la falsification et donc, il serait beaucoup plus
difficile de les contrefaire ;
5. Constituerait une solution aux utilisateurs de la
blockchain en leur offrant la garantie et la protection par un produit qui
pourrait faciliter l'inclusion financière, la traçabilité,
la rapidité des échanges et la facilitation des transactions
internationales. Les utilisateurs n'auront pas besoin d'un intermédiaire
comme une bancaire ou une autre société pour effectuer les
transferts d'argent, d'où la réduction du temps et des
coûts.
6. Faciliterait également les paiements
transfrontaliers et ;
7. Eviterait les risques liés à l'utilisation
des cryptomonnaies, entre autre, à des fins criminels car les MDBC
n'offrent pas l'anonymat comme la plupart des crypto-actifs.
Page | 42
Bien que, comme d'autres MDBC et les crypto-actifs, il
fonctionnera sur le grand livre Blockchain, à la différence des
crypto-actifs, toutes les transactions et tous les enregistrements de la
propriété seront stockés dans une base de données
informatique décentralisée mais que seule la Banque Centrale
pourrait frapper, émettre, distribuer ou détruire. Contrairement
aux monnaies cryptographiques, qui peuvent être créées par
n'importe quel ordinateur, n'importe où dans le monde et sur base d'un
algorithme.
Les MDBC n'aideront pas à résoudre les
problèmes d'inflation car rattachées aux monnaies papier auront
le même taux de change officiel et seront confrontés donc aux
mêmes problèmes du pouvoir d'achat. Puisque l'une des raisons de
la croissance des cryptomonnaies en RDC, évoquée
précédemment est le problème de la dévalorisation
perpétuelle du Franc congolais.
Afin, en Afrique nous rappelons, la Banque centrale du
Nigéria a été la première à lancer avec
succès une Monnaie numérique alimentée par la blockchain.
Le Ghana lui emboite le pas avec le e-Cedi. En Afrique de l'Ouest francophone,
la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest étudie toujours la
question par le biais de son centre ouest-africain d'études et de
formation bancaires. Mais le Maroc s'y est lancé aussi. La RDC
étant l'un des pays avec un nombre important d'utilisateurs de la
Blockchain, devrait également emboiter le pas avec un projet du e-Franc
congolais pour pallier aux différents problèmes que posent le
recours à la Blockchain à travers les cryptomonnaies.
Page | 43
CONCLUSION
Au terme de cette étude, qui sanctionne notre parcours
académique à la fin du deuxième cycle en Droit Economique
et Social, menée sur l'« utilisation des monnaies virtuelles
à l'épreuve du Droit monétaire congolais, une étude
des cryptomonnaies Bitcoin et Ethereum ». Une étude qui a permis de
mettre en évidence les enjeux et défis auxquels est
confronté le pays.
L'étude a poursuivi trois objectifs entre autres :
1) Le premier a consisté à expliquer les causes
de la faible observance des restrictions à l'utilisation des
cryptomonnaies en RDC.
2) Le deuxième a visé à proposer des
stratégies à envisager par la RDC pour atteindre une observation
efficace des dispositions du Droit monétaire congolais.
3) Et le dernier a consisté à proposer les
stratégies pour capitaliser les avantages liés à la
technologie blockchain en Droit monétaire congolais.
Afin de mettre en oeuvre ces objectifs, l'étude a
tourné autour des questions suivantes :
? Pourquoi les restrictions (tacites) à l'utilisation
des cryptomonnaies, en République Démocratie du Congo, ne sont
pas suffisamment respectées ?
? Comment faire observer efficacement ces restrictions ?
? Comment capitaliser en Droit monétaire congolais, les
avantages liés à la technologie blockchain ?
En guise des préoccupations ci-hautes, nous avons
émis les réponses anticipatives de la manière suivante
:
1) Cette faible observance se serait expliquée d'une
part, par le facteur d'ordre juridique en l'occurrence : l'absence des
restrictions expresses et claires. Et d'autre part, par de facteurs d'ordre
socioéconomique et technique liés à la potentielle
rentabilité, l'accessibilité et la facilité d'utilisation
de cryptomonnaies, l'instabilité ou dévalorisation de la monnaie
national (franc congolais) et au développement rapide de la NTIC.
2) Nous avons estimé que la RDC devrait mettre en
place les mesures pour fournir des informations objectives sur les avantages et
les risques liés aux cryptomonnaies, des règles
spécifiques, claires et expresses.
3) Nous avons également estimé que la RDC
devrait plutôt miser sur la monnaie numérique de banque centrale
(MNBC) qui constitue une véritable innovation numérique au regard
des avantages qu'elle présente et ceci serait un alternatif entre ces
interdictions et l'avancement technologique.
Page | 44
La sociologique du droit s'est avérée plus
indiquée pour l'atteinte les objectifs qu'il s'est assignés et
pour vérifier les hypothèses émises, afin de les infirmer
ou de les confirmer. Elle a été appuyée par l'approche
comparative, qui nous a aidé à établir
une comparaison entre la réalité congolaise et celle des autres
pays du monde, à la matière.
Plusieurs concours de techniques ont soutenu cette
étude, à savoir : La technique documentaire, l'interview libre et
l'analyse du contenu.
La technique documentaire a été orientée
vers une fouille systématique des certains documents ayant une liaison
avec le domaine de la présente recherche.
L'interview libre a permis de recueillir des informations
nécessaires liées à cette étude auprès de
différents usagers des cryptomonnaies et les plateformes
d'échanges des cryptomonnaies pour comprendre les enjeux dans la vie
active.
L'analyse du contenu, toutes les informations recueillies ont
été traitées méthodiquement selon les composantes
pour une meilleure réflexion avant de tirer des conclusions.
Grâce à cette analyse minutieuse, il a
été démontré que l'utilisation des cryptomonnaies
en République Démocratique du Congo est en contradiction avec le
Droit monétaire congolais en vigueur. Cependant, malgré les
restrictions tacites existantes, il a été constaté que
l'utilisation des cryptomonnaies, telles que Bitcoin et Ethereum, est en
constante augmentation.
Parmi les explications à privilégier dans cette
évolution, on a retenu celles liées au facteur juridique
justifié par les caractères de ces règles restrictives non
expresse, aux facteurs socioéconomiques dans les apects
démographiques (population jeune), urbains (grandes métropoles
urbaines), économiques (faible bancarisation du continent et une
inflation explosive) ; et le facteur technique, propre à la technologie
des cryptomonnaies, facilitant le transfert des capitaux à moindre
coût, pas sans risque cependant, et dans l'anonymat. Une telle
émergence, dans un pays où on ne reconnaît aucune valeur
légale aux cryptomonnaies, ne devrait que conduire à
réagir et à réfléchir, sur la
nécessité, ou non, de les encadrer.
Cette étude a démontré enfin que
l'attrait des cryptomonnaies tient aussi au fait qu'elles sont totalement
décentralisées et non réglementées. En les
encadrant, on les rattache implicitement à un système. En les
soumettant à une réglementation, on limite leur facilité
d'utilisation. Ce qui nous a poussé à croire qu'il y a moins de
chances que les futurs utilisateurs des cryptomonnaies, rattachées
à un système et soumises à des réglementations, ne
soient aussi nombreux qu'aujourd'hui. Il a été
démontré que l'état actuel des règles du Droit
monétaire congolais ne parvient pas à faire respecter
efficacement les restrictions liées à l'utilisation des
cryptomonnaies. Le statut quo entre une interdiction non
respectée et une tolérance non encadrée. Il a
été ainsi proposé que s'il y a une interdiction, que ce
soit une interdiction tolérance zéro, à la chinoise, avec
les moyens de la faire respecter. Et que si c'est une tolérance, qu'elle
soit encadrée juridiquement.
Page | 45
S'étant inspiré des expériences d'autres
pays, des solutions ont été proposées pour tirer les
avantages liés à la technologie blockchain en République
Démocratique du Congo.
Dans ce contexte, nous avons estimé que pour
remédier à cette situation, il serait indispensable d'envisager
la sensibilisation et l'éducation, la surveillance financière et
le suivie, la mise en place d'un cadre réglementaire adapté et
l'adoption d'une MDBC comme alternative ».
En effet, une application plus efficace des règles du
Droit monétaire congolais permettrait de garantir la stabilité
financière et de protéger les consommateurs contre les risques
liés à l'utilisation de la technologie blockchain.
En somme, cette étude souligne la
nécessité d'adapter les règles du Droit monétaire
congolais aux réalités actuelles de l'économie
numérique tout en préservant la stabilité
financière.
Comme suggestion en parlant de cryptomonnaie, de monnaie
virtuelle, ou encore de cyber monnaie, on participe à la confusion,
laissant penser que ce sont des monnaies. Or, comme nous l'avons
évoqué, il n'en est rien, sauf pour les Etats qui lui ont
attribué un statut légal comme la RCA. Une réforme simple,
peu couteuse, serait d'abandonner tout vocabulaire qui les présente
comme des monnaies et ne conserver que celui qui met en évidence ce qui
les caractérise : crypto actif, unité de compte
numérique, par exemple et ça vaut même pour les
monnaies virtuelles des jeux vidéo et tout autre produit, bien,
chose désignés abusivement par le concept de monnaie alors
qu'il n'en est rien.
Ainsi, comme toute oeuvre humaine est pleine d'imperfection,
la nôtre n'en fait guère exception. Par conséquent, nous
nous en remettons à la sagesse de l'humilité scientifique et
à tolérance du lecteur. A cet effet, nous sommes disposés
aux différents remarques et suggestions.
Page | 46
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https://www.fr.m.wikipedia.org
(consulté le 21 aout 2023).
Page | 49
TABLES DES MATIERES
Epigraphe i
Dédicace ii
Remerciements iii
Abréviations et Sigles iv
Résumé v
Introduction 1
1. Contexte de l'étude 1
2. Etat de la question 2
3. Problématique 5
4. Hypothèses 6
5. Intérets et objectifs 7
6. Cadres méthodologiques 8
7. Délimitation du travail 9
8. Plan sommaire 9
Chapitre I. Cadres théoriques et juridiques 10
Section I. Cadres théoriques 10
I.1 Le Système monétaire congolais 10
I.2 Compréhension des monnaies Virtuelles 17
Section II. Cadre Juridique Congolais en matière de
monnaie 23
Chapitre II. Facteurs d'inobservance des restrictions des
Cryptomonnaies en RDC 25
Section I. Etat des lieux de l'utilisation des cryptomonnaies en
RDC 25
I.1 Illustration de l'utilisation des crypto-monnaies en RDC
25
Section II. Analyse des restrictions à l'utilisation des
crypto-monnaies en RDC 29
II.1 Facteurs juridiques : restrictions à l'utilisation
des cryptomonnaies en RDC 29
II.2 Analyse des autres des facteurs favorisant l'utilisation des
cryptomonnaies en RDC 30
II.3 Analyse des avantages et risques associés à
l'utilisation des cryptomonnaies pour la RDC 33
Chapitre III. Propositions pour une réglementation
éfficace et adaptée à la blockchain en Droit
monetaire congolais 35
Section I. Etude comparative des réglementations
internationales sur les cryptomonnaies 35
I.1 La réglementation des cryptomonnaies en Afrique 35
I.2 La réglementation des cryptomonnaies en Europe 38
Section II. Recommandations pour un usage sain de la blockchain
en République Démocratique du
Congo 38
Page | 50
II.1 Sensibilisation et éducation 39
II.2 Surveillance et suivie 39
II.3. Mise en place d'un cadre réglementaire adapté
39
Section III Perspectives d'avenir, stratégies
pour capitaliser les avantages liés à la technologie
blockchain en Droit monétaire congolais 40
III.1 Intérêt porté sur les cryptomonnaies
par le gouvernement 40
III.2 Levier d'intégration 40
III.3 Réflexion sur une monnaie virtuelle de la banque
centrale (e-Franc congolais) 41
Conclusion 43
Références bibliographiques 46
Tables des matières 49
Page | 51
ANNEXES
I. GUIDES D'INTERVIEW
Thèmes
1. Les critères du choix des cryptomonnaies par les
utilisateurs de la bockchain ;
2. L'interdiction des cryptomonnaies avec la loi et l'Etat ;
3. Les bienfondés des cryptomonnaies ;
4. Les risques liés à l'utilisation des
cryptomonnaies ;
5. Les garanties juridiques ou les sécurités
juridiques des utilisateurs des cryptomonnaies ;
6. Les facteurs de l'inobservance des restrictions des
cryptomonnaies ;
7. Pistes des solutions pour tirer les avantages de la
technologie bockchain.
II. LES IMAGES (REPRESENTATIONS)
Cryptomonnaies eNaira CongoCoin
|