Mémoire en vue de l'obtention
Du Diplôme d'Ostéopathe
Effets indésirables de la pilule contraceptive et
Ostéopathie
Soutenu le 2 juillet 2021 à Paris
Par : DE OLIVEIRA Enzo
Sous la direction de FOURNY Alexandre Ostéopathe D.O
Année scolaire 2020-2021
1
2
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier mes parents, qui par leur amour et
éducation m'ont permis de m'épanouir et de mûrir. Leur
soutien inébranlable durant toute ma scolarité et vie personnelle
a fait naître en moi cette détermination d'aller au bout de mes
intentions et ainsi de devenir la personne que je suis aujourd'hui.
Un grand merci à l'ensemble de ma famille et
belle-famille, à mes amis rencontrés durant ces cinq
années d'études, pour la confiance qu'ils me portent et
l'ensemble de leurs conseils. Ne s'appliquant pas seulement pour la
réalisation de ce mémoire. Chaque moment passé avec vous
est un agréable souvenir.
Je souhaite aussi remercier l'équipe pédagogique
de l'EO Paris pour la qualité d'enseignement fourni. Et en particulier
mon maître de mémoire M.FOURNY pour les corrections et conseils
apportés, mais surtout pour les cours qui ont été un
véritable déclic pour ma pratique ostéopathique.
Pour finir, Marie qui est un soutien indéfectible tout
comme mon amour pour elle. Je te remercie d'être toujours là pour
moi, c'est toi qui m'as fait connaitre cette profession. Tu fais de moi la
personne que je serai demain.
3
Table des matières
1. Introduction 5
1.1. Thème et contexte de la recherche 5
1.1.1. Résumé de l'utilisation des contraceptifs en
France 5
1.1.2. Physiologie des hormones reproductives et de la
contraception hormonale
combinée 6
1.1.3. Les effets secondaires de la contraception hormonale 9
1.1.4. Principes ostéopathiques 11
1.2. Etat des lieux de la recherche sur le sujet 12
1.3. Choix du sujet 13
1.4. Problématique 13
2. Matériel et méthodes 14
2.1. Hypothèses et objectifs de la recherche 14
2.2. Contexte et population 15
2.2.1. Critères d'inclusion 15
2.2.2. Critères de non-inclusion 15
2.2.3. Critères d'exclusion 15
2.2.4. Méthodologie de recrutement 16
2.2.5. Sujets 18
2.3. Critères de jugement 19
2.3.1. Moyen de quantification primaire 19
2.3.2. Moyen de quantification secondaire 20
2.4. Méthodologie de la consultation 21
2.4.1. Test et traitement 21
2.4.2. Durée de l'expérimentation 23
2.5. Stratégie d'analyse 23
2.5.1. Critère de jugement principal 23
2.5.2. Critère de jugement secondaire 24
3. Résultats 25
3.1. Valeur statistique des résultats 25
3.2. Etude intergroupe 27
4. Discussion 32
4.1. Principaux résultats : analyse 32
4.2. Résultats secondaires 33
4.4. Biais d'expérimentation et limites 38
4
|
4.4.1. Limites
|
38
|
|
4.3.2. Biais d'expérimentation
|
40
|
|
4.3.3. Points forts
|
41
|
5.
|
Conclusions et perspectives
|
42
|
6.
|
Références bibliographiques
|
44
|
7.
|
Glossaire - Liste des abréviations - Liste des tableaux
et figures
|
48
|
8.
|
Annexes
|
49
|
5
1. Introduction
1.1. Thème et contexte de la recherche
1.1.1. Résumé de l'utilisation des
contraceptifs en France
En France, la pilule demeure le moyen de contraception le plus
utilisé depuis maintenant plusieurs dizaines d'années [21]. Une
étude publiée en 2003 réalisée par Bajos et
al indiquait que « la pilule apparaît ainsi comme le
contraceptif le plus distribué, notamment auprès des plus jeunes,
souvent remplacé après la survenue d'une ou plusieurs
maternité(s) par un dispositif intra-utérin (DIU)». À
la suite de cette étude, la Haute Autorité de Santé (HAS)
a émis en 2004 des recommandations professionnelles afin de faciliter la
personnalisation de la contraception, de permettre une diversification des
méthodes utilisées et d'ouvrir l'accès au dispositif
intra-utérin à un public plus large, notamment nullipare
(Anaes, 2004).[9]
C'est en 2010, soit six ans après la diffusion des
recommandations professionnelles sur la contraception, que le bilan sur les
différentes méthodes de contraception a été
réalisé grâce à un «Baromètre
santé». Les Baromètres santé sont des enquêtes
téléphoniques dont les échantillons sont constitués
par sondages aléatoires. Le dernier exercice de ce dispositif a
été réalisé entre octobre 2009 et juillet 2010
auprès de 27 653 personnes âgées de 15 à 85
ans (Beck et al., 2011). L'échantillon de ce
Baromètre santé 2010 comprend 2 860 femmes âgées de
15 à 29 ans. Les analyses de la distribution contraceptive
présentées ici ont été effectuées sur la
base des femmes en couple ou déclarant une relation amoureuse stable et
concernées par un risque de grossesse non prévue,
c'est-à-dire les femmes non ménopausées, non
stériles, non enceintes, déclarant être sexuellement
actives au cours des douze derniers mois, n'ayant pas de rapports exclusivement
homosexuels et ne souhaitant pas avoir d'enfant. Elles sont 1 427 dans cette
situation et représentent ainsi la moitié des femmes de 15
à 29 ans de l'échantillon. [9]
Selon cette étude, la pilule demeure la méthode
de contraception la plus utilisée : 78,6 % des femmes de 15 à 29
ans en couple ou déclarant une relation amoureuse stable,
concernées par un risque de grossesse non prévue et utilisant un
moyen contraceptif y ont eu recours en 2010. Les fréquences maximales de
recours à la pilule contraceptive sont enregistrées parmi les
femmes de 20 à 24 ans. À partir de 25 ans, les femmes commencent
à l'abandonner au profit d'autres méthodes, essentiellement les
DIU. [9]
6
1.1.2. Physiologie des hormones reproductives et de la
contraception hormonale combinée
Le cycle fait intervenir plusieurs acteurs : l'hypothalamus et
l'antéhypophyse, les ovaires et les organes génitaux :
- L'hypothalamus sécrète de façon pulsatile
un neuropeptide la GnRH (neuropeptide
hypothalamique de 10 acides aminés, une impulsion
toutes les une heure et demie environ), qui va contrôler la
sécrétion hypophysaire de deux hormones, les gonadotrophines FSH
et LH.
- L'antéhypophyse permet donc la
sécrétion de la FSH et de la LH. La FSH chez la
femme, provoque le développement des follicules et la
sécrétion des estrogènes par l'ovaire. La LH, chez la
femme, est responsable de l'ovulation et de la formation du corps jaune. Elle
intervient aussi dans le contrôle de la sécrétion des
estrogènes et de la progestérone. La demi-vie plasmatique de la
FSH et de la LH varie entre 30 min et 30 h. [6] [8]
- Le fonctionnement de l'ovaire dépend de la commande
hypothalamo-hypophysaire, et a deux fonctions principales : endocrine, par
sécrétion des stéroïdes sexuels (oestrogène,
progestérone et les androgènes) et exocrine via l'ovulation.
- Enfin, la muqueuse utérine et la glaire cervicale
évoluent sous l'influence de ces va- riations hormonales.
Le cycle menstruel est composé de trois phases :
folliculaire, ovulatoire et lutéale.
Durant la phase folliculaire (ou pré ovulatoire), la
FSH permet le développement de plusieurs follicules ovariens, et les
oestrogènes stimulent la prolifération de l'endomètre.
L'ovulation correspond à la rupture d'un follicule « mûr
» libérant un ovocyte fécondable. Elle a lieu en moyenne au
14ème jour du cycle. La phase lutéale (ou post ovulatoire) va
voir le follicule impliqué dans l'ovulation se transformer en corps
jaune. Ce dernier va sécréter la progestérone, et en
l'absence de fécondation, il arrête son activité
sécrétoire qui entraîne une chute hormonale, et par
conséquent les menstruations. [31]
Les hormones stéroïdiennes produites par l'ovaire
sont de trois types : les estrogènes, la progestérone et la
testostérone.
· Les oestrogènes sont au nombre de trois :
estrone (-1), estradiol (-2) et estriol (-3). C'est l'estradiol ou 17
B-estradiol qui a un rôle majeur et l'effet biologique le plus puissant.
Il est sécrété en première partie de cycle, phase
folliculaire, de manière croissante et est responsable de la
prolifération endométriale. Ses autres fonctions principales sont
le rétrocontrôle (positif
7
et négatif) sur la sécrétion des
gonadotrophines hypophysaires et son effet sur la minéralisation de
l'os.
· La progestérone est
sécrétée essentiellement par le corps jaune contenu dans
un ovaire après l'ovulation. C'est le pic de LH à mi-cycle qui,
en plus d'induire l'ovulation, provoque des changements biochimiques permettant
la production de progestérone. Son rôle biologique est
de transformer la muqueuse utérine
pré-stimulée par l'estradiol en une muqueuse
sécrétoire capable d'accueillir un embryon. Si une
fécondation a lieu, la synthèse de progestérone par le
corps jaune est maintenue par la LH et l'hCG produite par l'oeuf
fécondé. [27]
A partir de ces hormones naturelles, de nombreux
dérivés de synthèse ont été
créés permettant une grande diversité de contraceptifs
hormonaux, adaptables à chaque cas particulier de patientes, tant sur
leurs attentes, leur tolérance que sur les contre-indications
potentielles médicales. La grande variété repose sur les
dosages hormonaux différents contenus ainsi que sur les
galéniques proposés.
L'efficacité des associations oestro-progestatifs (ChC)
repose essentiellement sur l'inhibition des stimulines hypophysaires FSH
(responsable de la maturation folliculaire) et LH. Le progestatif de
synthèse contenu dans les préparations abolit, en particulier, le
pic de sécrétion pré-ovulatoire de LH, pic indispensable
pour entrainer la rupture du follicule de DE GRAAF et l'ovulation.
Pendant l'intervalle d'arrêt entre 2 plaquettes, la
sécrétion de FSH réapparait, permettant vraisemblablement
un début de maturation folliculaire. Mais cet intervalle d'arrêt
est trop bref pour permettre d'aboutir à une ovulation. En effet, le pic
de sécrétion pré-ovulatoire de LH indispensable pour le
déclenchement de l'ovulation, n'aura pas le temps de se produire.
En revanche, un oubli de 2 ou 3 comprimés en
début de plaquette surtout, peut alors suffire pour laisser se
déclencher le pic pré-ovulatoire de LH, et faire ovuler un des
follicules ayant commencé sa maturation pendant l'intervalle
d'arrêt.
D'autre part, l'endomètre élaboré pendant
la prise des comprimés s'élimine pendant l'intervalle
d'arrêt, ce qui correspond à l'hémorragie de privation
alors observée, habituellement appelée «règles»,
rendant pratiquement impossible toute nidation pendant cette période.
[27]
La contraception hormonale combinée (ChC) peut
être administrée par voie orale, transdermique ou vaginale ; qui
plus est, tous ces modes d'administration peuvent être utilisés
dans le cadre de schémas continus ou de longue durée. Bien qu'il
n'existe aucune définition officielle en ce sens, le terme «
utilisation de longue durée » désigne habituellement
l'utilisation
8
de ChC selon un schéma prévoyant des intervalles
sans hormones (soit à partir de deux cycles contigus), tandis que le
terme « utilisation continue » désigne habituellement
l'utilisation ininterrompue de ChC, sans intervalles sans hormones.[5]
Dans la majorité des contraceptifs oestro-progestatifs
disponibles de nos jours, le composant oestrogène est
l'éthinyl-oestradiol ou l'oestradiol 17á, dérivé du
17 B-oestradiol. Il est utilisé dans la grande majorité des COC
disponibles en France. Il inhibe la sécrétion de FSH et inhibe
l'activité folliculaire. Il va réguler la prolifération de
l'endomètre et compense le déficit en oestrogènes induit
par l'effet anti gonadotrope du progestatif. [11]
Il existe une dizaine de progestatifs de synthèse
actuellement utilisés pour la contraception. Ils dérivent soit de
la progestérone, soit de la testostérone. Ils sont classés
par génération, c'est à dire en fonction de leur date
d'apparition sur le marché et caractérisés selon leurs
origines structurelles. La plupart des progestatifs contenus dans les COC
étaient initialement dérivés de la testostérone et
sont appelés dérivés de la 19-nortestostérone. Le
lévonorgestrel (LNG) et le norgestrel sont des progestatifs de
deuxième génération. Les progestatifs de troisième
génération comprennent le désogestrel, le norgestimate et
le gestodène. Les autres progestatifs utilisés dans les COC sont
dérivés de la progestérone. La grande majorité des
progestatifs bloquent l'ovulation en inhibant le pic de LH et ont une action
anti-gonadotrope en inhibant la pulsatilité de la GnRH. Ils ont
également des actions périphériques telles que l'atrophie
endométriale, la modification de la glaire cervicale en
l'épaississant, gênant l'ascension des spermatozoïdes et la
diminution de la sensibilité ovarienne à la FSH, diminuant donc
la production d'estradiol. [11]
Les pilules combinées ont des sites d'actions
similaires aux hormones naturelles présentes chez la femme. Elles vont
agir sur l'axe hypothalamo-hypophysaire, sur l'endomètre et sur la
glaire cervicale : inhibition de l'ovulation, endomètre impropre
à la nidation et modification du mucus cervical, empêchant les
spermatozoïdes de remonter la filière génitale. Parmi les
nombreux COC disponibles sur le marché, dont les
génériques, les COC de deuxième génération
sont actuellement remboursées. A noter que les pilules de
troisième et quatrième génération ne sont plus
remboursées par la sécurité sociale. [11]
9
1.1.3. Les effets secondaires de la contraception
hormonale
De nombreux effets secondaires dus aux contraceptifs hormonaux
sont connus à ce jour, en particulier les événements
vasculaires qui représentent les principaux effets
délétères. Le premier à avoir été mis
en avant est le risque augmenté de maladie thrombo-embolique pour la
contraception oestro-progestative orale et non orale : il diminue avec la
durée de prise et avec la diminution des doses d'oestrogènes. Le
taux de mortalité est de 1 à 2%. D'autre part, il a aussi
été observé qu'ils augmentent le risque d'accident
vasculaire artériel par une augmentation modérée du risque
d'accident vasculaire cérébral (AVC) et d'infarctus du myocarde
(IDM). Les contraceptifs peuvent par ailleurs induire la survenue de novo ou
aggraver des céphalées/migraines, qui remettent en cause la
prescription d'oestro-progestatifs, car il a été observé
une augmentation du risque d'AVC dans cette population. Des études ont
également démontré une modification du risque
carcinologique par la prise d'oestro-progestatifs.
Les contraceptifs hormonaux ont par ailleurs montré de
nombreux effets secondaires métaboliques à type de prise de poids
(en particulier l'implant et le DMPA injectable) ou encore d'augmentation du
taux de HDL-cholestérol et des triglycérides.[2] Du fait de leur
composition hormonale, les contraceptifs peuvent avoir un impact sur les
organes sensibles aux hormones sexuelles féminines en modifiant leur
fonctionnement. C'est le cas en particulier des mastodynies lorsque la
contraception crée une stimulation mammaire excessive.
De la même façon, les contraceptions hormonales
ont une action directe sur les menstruations en les régulant
théoriquement sur un cycle de 28 jours pour les contraceptions
séquentielles. Selon le dosage hormonal et le rythme de son apport, la
tolérance peut être variable, et entraîner des spottings
(en particulier les pilules progestatives et faiblement dosées en
oestrogène ainsi que l'implant), une aménorrhée (en
particulier le DIU au LNG, l'implant et les pilules progestatives) ou des
métrorragies (pilule oestro-progestative et le DMPA injectable par
atrophie endométriale).
Les changements d'humeur et d'intérêt sexuel sont
des raisons couramment citées pour arrêter les contraceptifs
hormonaux, comme l'avance l'étude Ott et al. datant de 2008.
L'étude Schaffir et al. datant de 2010 va même plus loin en
annonçant une interférence possible des contraceptifs oraux avec
le désir sexuel depuis l'introduction de la contraception hormonale, et
que de tels rapports peuvent conduire à l'arrêt de la
contraception efficace. L'étude de Segebladh et al. 2009 a
montré, de manière significative, que l'augmentation des troubles
de l'humeur sous COC peut entraîner un arrêt de cette
méthode contraceptive. Il est donc important de s'intéresser aux
retentissements de la contraception sur la qualité de vie, en
particulier par le biais des effets secondaires sexuels et psychiques de cette
thérapeutique. L'impact de la contraception
10
hormonale sur la vie psychique et/ou sexuelle féminine
reste encore insuffisamment connu et des études supplémentaires
seraient nécessaires afin d'établir des conclusions plus
certaines.
[11] [16] [5]
La nausée, le vomissement, la métrorragie et la
microrragie, les maux de tête, le ballonnement ou l'enflure et la
sensibilité mammaire sont des effets indésirables couramment
signalés dans le cadre de l'utilisation de CoC par les patientes.
L'évaluation des effets indésirables n'est pas uniforme d'une
étude à l'autre; de plus, ce ne sont pas tous les mêmes
effets indésirables qui sont signalés dans toutes les
études. Les résultats sont hétérogènes d'une
étude à l'autre et certaines études font état de
données sur les événements indésirables
plutôt que sur les effets indésirables en soi, sans comparaison
statistique. Puisque les effets indésirables font souvent office de
critères d'évaluation secondaires, les estimations de leur
ampleur ne sont également pas souvent signalées. [18] [19] [5]
En somme, il existe de nombreux effets indésirables
recensés par les femmes prenant un moyen de contraception hormonale.
Selon des études publiées par le Collège National des
Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF [19]), ainsi
que par le Journal d'obstétrique et de gynécologie du Canada
[22], ces effets indésirables ne sont pas significativement
créés ou augmentés lors de la prise de pilules, toutefois
les populations étudiées ne sont pas toujours très
représentatives ni à l'écoute des plaintes des patientes,
même si il est vrai que leur protocole est clair et bien
réalisé. En revanche il existe d'autres études qui
relatent et inscrivent certains effets indésirables, tel que le journal
« Le Médecin du Québec » qui a publié un article
le 5 mai 2010. [29] Je me suis donc appuyé de ces deux points de vues
afin de m'interroger sur un aspect qu'ils relèvent : ces effets
indésirables ne sont pas présents chez toutes les patientes ni
même constamment. N'existerait-il pas chez les femmes présentant
des symptômes une perte ou manque de compensation du corps favorisant
ainsi leurs apparitions, contrairement à celles qui ne rencontrent aucun
souci. Bien entendu le but de mon mémoire n'est pas de prétendre
que tous les effets secondaires peuvent être traités par
l'ostéopathie. Mais plutôt de se demander si l'on ne peut pas au
moins diminuer leur intensité et/ou leur fréquence, afin
d'améliorer la qualité de vie des patientes.
Tout cela m'amène enfin à évoquer les
différents concepts ostéopathiques qui m'ont conduit à
cette réflexion et qui vont m'accompagner tout au long de cette
étude.
11
1.1.4. Principes ostéopathiques
Le corps a le pouvoir de surmonter la maladie
Voilà ce qu'écrit Viola Frymann : « Moi
le praticien, je ne peux guérir la plus simple des blessures, mais je
peux nettoyer la plaie et enlever les débris, en rapprocher les bords et
empêcher la contamination. Je ne peux guérir la fracture, mais en
rétablissant une relation anatomique normale et en la protégeant
des mouvements traumatisants, je procure à la fracture les meilleures
conditions pour les processus de réparation. Il peut être
nécessaire d'enlever une tumeur ou un calcul ou quelque autre
entité pathologique, mais une fois cela fait, le chirurgien doit se fier
à son invisible allié chez le patient, pour mettre en oeuvre les
processus de guérison».
Grâce à nos connaissances anatomiques et
physiologiques, notre rôle d'ostéopathe est de trouver les
éléments ne permettant pas le processus normal
d'auto-guérison. Puis de par son traitement permettre à
l'organisme du patient de trouver les ressources nécessaires pour
recréer un équilibre et donc rétablir la santé.
[4]
Importance de la circulation des fluides
corporels
« Un apport abondant et complet de sang artériel
doit être amené et délivré à toutes les
parties, organes et glandes, par les canaux appelés artères. Et
lorsque le sang a accompli son travail, alors, sans délai, les veines
doivent retourner le tout au coeur et aux poumons pour le rénover.
»
[4]
De multiples anomalies peuvent altérer le
fonctionnement de ce délicat système, entraînant de
sérieuses répercussions au sein du corps. L'ostéopathe
doit donc posséder une bonne connaissance anatomique tant du
système vasculaire que du système nerveux autonome.
Il doit pouvoir raisonner à partir de la région
où se manifeste la trouvaille pathologique vers les aires de
contrôle, sans oublier aucune des régions par lesquelles
transitent les fluides ou les informations nerveuses.
12
La relation structure/fonction
«La maladie est le résultat d'anomalies
anatomiques auxquelles succède le désordre
physiologique.»
L'ostéopathe cherche donc, au sein des structures du
corps, celles qui ne présentent pas un degré de mobilité
suffisant, dans le but de les libérer pour permettre à la ou les
fonctions qui en dépendent d'être assurées normalement.
« Le terme fonction ne s'applique pas seulement aux
activités végétatives de l'organisme, telles que la
circulation, la respiration, la digestion, etc. Il inclut également des
activités telles que la pensée, la sensation, l'expression
créatrice, la méditation et même l'aspiration spirituelle
». [4]
Nous pouvons même parler d'interrelation entre ces deux
systèmes. En effet lorsque la fonction, par exemple comme cité
précédemment, ne s'exprime plus de manière optimale, la
structure va en quelque sorte en subir les conséquences. Or cela
entrainera donc un effet de « cercle vicieux» car la fonction
étant altérée, et la structure ne lui permettant plus de
s'exprimer librement, l'état de santé se détériore.
[17]
1.2. Etat des lieux de la recherche sur le sujet
Une thèse ostéopathique a été
réalisée en 1987 sur « ostéopathie crânienne et
expérimentation clinique de la TSH ». [30] Lors de cette
étude le praticien a réalisé des techniques
crâniennes notamment sur les membranes de tensions réciproques,
les sutures et la SSB, ainsi que sur les zones de conflits de la circulation
veineuse. Tout ceci dans le but d'essayer d'avoir une action sur la TSH qui est
une hormone hypophysaire. Cependant les résultats de son étude ne
sont pas significatifs pour plusieurs raisons qu'il explique :
- le laboratoire avait imposé des personnes n'ayant
« aucune pathologie hormonale » ni aucuns symptômes ;
- Les taux d'hormones varient dans le temps et il est donc
difficile de savoir si c'est bien la consultation ostéopathique qui
l'a fait varier ;
- La glande hypophysaire sécrétant de nombreuses
autres hormones, ce sont peut-être celle-ci qui ont pu varier
étant donné que nous ne pouvons pas avoir une action
spécifique sur une seule hormone ;
13
- Enfin l'ostéopathie ayant pour but d'aider le corps
à retrouver un état d'homéostasie il
serait peu probable que nos manipulations entrainent justement
une perte d'équilibre visible sur une prise de sang.
C'est pour ces raisons que j'ai fait le choix de ne pas recourir
aux prises de sang.
1.3. Choix du sujet
Je me suis intéressé à ce thème de
mémoire grâce à une courte phrase dans un livre de
crânien, indiquant que les hormones hypophysaires commençaient
leur voyage en étant relâchées dans le sinus caverneux.
[33]
A partir de ce moment-là, j'ai repensé aux
différentes actions de ces hormones et à l'anatomie de ce sinus
caverneux. [14] [26] J'ai mis cela en relation avec le concept
ostéopathique structure/fonction, et je me suis donc demandé si
une restriction de mobilité crânienne ne pouvait-elle pas
entrainer un déséquilibre hormonal. En effet je parle bien de
« déséquilibre » et non de « trouble »
hormonal ici car il serait très difficile pour moi d'objectiver un
trouble hormonal visible lors de prises de sang par exemple. Tandis qu'un
déséquilibre fait plutôt allusion à une perte
momentanée d'homéostasie ne pouvant être objectivée
de la même manière, mais pour autant bien présent.
Toutefois je me suis alors rendu compte qu'il serait très difficile de
mettre en évidence une symptomatologie dû à ce
déséquilibre. J'ai donc en quelque sorte « pris le
problème à l'envers» en me disant qu'une perturbation de la
fonction risque d'entrainer une répercussion sur la structure.
1.4. Problématique
Une prise en charge ostéopathique peut-elle contribuer
à diminuer l'intensité et/ou la fréquence des
céphalées liées à la prise de contraceptifs oraux
?
D'autre part, peut-on par la même occasion avoir un
effet sur les autres effets indésirables de la pilule contraceptive ?
14
2. Matériel et méthodes
2.1. Hypothèses et objectifs de la recherche
La réflexion que j'ai eue avant de formuler une
hypothèse est la suivante : Pourquoi est-ce que ces effets secondaires
ne sont-ils pas constamment présents chez toutes les patientes ? Il y a
la notion d'unité et d'unicité en ostéopathie, et c'est
à partir de là que ma réflexion a commencé. Cette
notion décrit, entre autres, la différence de capacité de
chaque corps à réagir et à s'adapter aux environnements
externe et interne. Cette différence est notamment liée au rythme
de vie de chacun, aux différentes influences quotidiennes. J'ai alors
mis en lien cette unité avec le principe d'homéostasie. Et si
cette différence de capacité à s'adapter était
à cause d'une perte d'homéostasie ?
Pour en revenir au sujet de mon mémoire, j'ai alors
appliqué cette idée au fonctionnement de la pilule
oestro-progestative de telle manière : étant donné qu'elle
donne un taux fixe d'hormones, cela peut perturber l'homéostasie
hormonale et donc la fonction hypothalamo-hypophysaire.
Cette perturbation de la fonction peut théoriquement
avoir une conséquence sur certaines structures anatomiques, en
particulier les membranes de tension réciproques et donc entraîner
une tension de celles-ci à l'origine de céphalées. Cela
étant l'hypothèse que je me suis faite afin de réaliser ce
mémoire, et ce grâce à l'appui du livre cranial
osteopathy, principles and practice écrit par Torsten Liem en 2004,
en particulier dans cette citation : « Endocrine disturbances Hormonal
control is centered in the hypophysis, which is located in the sella turcica of
the sphenoid. Any alteration in the fine mobility of the sphenoid, abnormal
dural tension of the diaphragma sellae, and tensions in the lateral walls of
the cavernous sinus impair the function of the hypophysis. Note: The opening in
the diaphragma sellae is thought to enlarge during the inspiration phase of PRM
for the stalk of the hypophysis, and to become smaller again during the
expiration phase. 1» [28] L'auteur appui ici l'impact que
peuvent avoir les structures anatomiques englobant l'hypophyse sur sa fonction.
Mon but dans ce mémoire étant d'appliquer
1 « Troubles endocriniens Le contrôle hormonal est
centré sur l'hypophyse, qui se situe
dans la selle turcique du sphénoïde. Toute
altération de la mobilité fine du sphénoïde, une
tension durale anormale de la tente du cervelet et des tensions dans les parois
latérales du sinus caverneux altèrent la fonction de l'hypophyse.
Remarque: On pense que l'ouverture de la tente du cervelet s'agrandit pendant
la phase d'inspiration du MRP pour la tige de l'hypophyse, et redevient plus
petite pendant la phase d'expiration. »
|
15
la théorie inverse, c'est-à-dire que la
perturbation de la fonction entrainerait une perturbation des structures par
stress tissulaire.
2.2. Contexte et population
2.2.1. Critères d'inclusion
Femmes entre 18 et 40 ans (de la majorité jusqu'au
début de la potentielle période de ménopause) prenant une
pilule contraceptive dite « combinée » depuis au moins 6 mois,
et présentant au minimum des céphalées afin de
répondre au critère de jugement principal. Il est d'autant plus
préférable qu'elles présentent d'autres effets
indésirables qui seront quantifiables grâce au critère de
jugement secondaire.
2.2.2. Critères de non-inclusion
- Hommes ;
- Femmes ne prenant pas la pilule contraceptive ;
- Femmes prenant un autre type de contraception (qu'elle soit
hormonale ou non) ;
- Femmes de moins de 18 ans ou de plus de 40 ans ;
- Femmes enceintes ;
- Femmes prenant la pilule depuis moins de 6 mois ;
- Femmes ayant commencé la prise de la pilule à
visée thérapeutique, par exemple dans
les cas de syndrome prémenstruel ;
- Femmes présentant une pathologie endocrinienne.
2.2.3. Critères d'exclusion
- Femme déclarant une pathologie hormonale en lien avec
l'hypophyse au cours de la phase expérimentale.
- Grossesse se déclarant au cours de la phase
expérimentale.
- Femme ne souhaitant plus participer à l'étude.
16
- Patiente ayant reçue une prise en charge
ostéopathique non prévue durant la période
d'expérimentation.
2.2.4. Méthodologie de recrutement
Le recrutement des patientes s'est effectué via un
questionnaire, celui-ci étant introduit par un paragraphe de
présentation de l'étude et de l'importance pour moi de recevoir
leur expérience. Ce questionnaire de recrutement est composé de
huit items :
- Date de naissance (pour voir si l'âge correspond aux
critères d'inclusions) ;
- Nom de la pilule (mon but étant de choisir un
même type de pilule afin de limiter les
biais, donc soit microprogestative, soit oestro-progestative,
selon le plus grand nombre de réponses) ;
- Depuis combien de temps prend-elle cette pilule
(durée de 6 mois au moins) ;
- Autre moyen de contraception auparavant (connaître la
durée d'exposition à un
traitement hormonal quel que soit le type) ;
- Fréquence et intensité des effets
indésirables référencés (cela me permet de faire un
tri
en fonction des symptômes et de choisir le plus
présent, bien sûr toujours en fonction du type de pilule) ;
- Depuis combien de temps sont-ils présents ? (afin de
ne pas sélectionner une patiente
présentant par exemple des céphalées
depuis dix ans alors qu'elle ne prend la pilule que depuis cinq ans. Il est
déjà impossible de savoir précisément s'il s'agit
réellement de la pilule à l'origine de la symptomatologie, je
cherche donc à limiter les biais de cette façon) ;
- Présence d'autres traitements médicamenteux
(afin de voir si certains présentent des ef-
fets indésirables similaires à la pilule, ce qui
ne correspondrait pas à mon objectif de recherche) ;
- Présence de pathologies hormonales (de même
cela entrainerait trop de biais dans
l'étude, je préfère rester
spécifique des hormones gonadotropes).
Ce questionnaire a d'abord été soumis au sein de
l'école d'ostéopathie de Paris (EOP) par mail, et via les
réseaux sociaux de chaque promotion afin de servir de « rappel
». Puis ce fût énormément par « bouche à
oreille », que ce soit par mes proches ou par des étudiants.
Enfin,
17
j'ai pu le faire diffuser au sein d'une école de
communication et auprès d'auxiliaires de puériculture en
hôpital.
J'ai donc reçu un total de trente-sept réponses.
Parmi elles, quatorze femmes ne pouvaient pas être
intégrées à cette étude pour diverses raisons :
soit elles ne présentaient aucun effet indésirable, soit il y
avait présence d'autres traitements médicamenteux ou pathologies
hormonales, enfin l'une d'entre elles n'avait pas l'âge requis.
Afin de trouver les critères de jugement les plus
pertinents pour relater les effets des séances, sur les divers effets
indésirables de la pilule, j'ai répertorié chaque
réponse dans un dossier portant le nom de l'effet indésirable, et
différencié le type de contraception (combiné ou
progestatif seul). Ainsi, on peut constater ici que quatorze femmes
présentent des céphalées, onze de la tension mammaire
et/ou des ballonnements ou dysménorrhées, neuf ont une diminution
de la libido, sept relatent des dyspareunies, et trois évoquent la
présence de métrorragies. Parmi elles, trois prennent en
contraception un progestatif seul contre vingt utilisant un contraceptif
hormonal combiné. Bien entendu les données ci-dessus ne prennent
pas en compte les quatorze femmes qui ne peuvent pas être
intégrées à cette étude.
Cette répartition m'a permis d'observer que les
céphalées étaient le symptôme le plus présent
dans les réponses reçues. Ceci a donc orienté ma
réflexion dans la recherche de compréhension de cette
symptomatologie ce qui a abouti à la problématique
évoquée précédemment. En effet avant de
réaliser ce mémoire je souhaitais avant toute chose pouvoir aider
un maximum des femmes m'ayant répondu, d'où mon choix de prendre
la symptomatologie la plus présente.
Parmi ces quatorze femmes présentant des maux de
têtes, quatre n'ont pas été retenues pour diverses raisons
:
- l'une d'entre elles utilisant un moyen de contraception
micro progestatif seul, et dans la mesure où il n'y a pas
présence d'hormone oestrogène, l'effet sur le corps n'est pas le
même. C'est pourquoi j'ai choisi de ne pas l'inclure dans la population
finale afin de limiter les biais expérimentaux ;
- trois autres femmes n'ont pas souhaité participer
à cette étude. D'une part lier à la crise sanitaire ce qui
explique qu'elles n'ont pas voulu se déplacer pour des séances
d'ostéopathies. D'autre part en raison du manque de temps pour
répondre aux multiples questionnaires qu'elles trouvaient trop
contraignant étant donné qu'il fallait faire attention au
quotidien aux différents effets indésirables décrits dans
les questionnaires. Ce que je comprends tout à fait et qui fera
d'ailleurs parti des biais expérimentaux concernant la fiabilité
et rigueur des critères de jugement.
18
2.2.5. Sujets
Il y a donc un total de dix patientes qui ont
été retenues pour le déroulement de
l'expérimentation. La tranche d'âge est de 19 à 29 ans,
avec une majorité se situant entre 22 et 24 ans. La répartition
entre patientes témoins et patientes traitées a été
faite de manière aléatoire et surtout selon les
disponibilités de chacune. En premier lieu je cherchai à savoir
celles qui accepteront de se déplacer au sein de la clinique
malgré la crise sanitaire, afin de m'organiser au mieux pour avoir le
temps de réaliser l'emploi du temps des séances
d'ostéopathies. J'ai d'abord effectué un tirage au sort qui m'a
indiqué les cinq premières personnes à contacter, ceci
afin de ne pas les choisir en fonction de l'intensité du symptôme.
Je leur ai tout de même laissé le choix en leur présentant
et expliquant les deux solutions possibles. Ainsi trois d'entre elles ont
accepté de se déplacer et les deux dernières ont fait le
choix de population témoin car elles habitaient trop loin du lieu de
consultation. Pour compléter la population testée j'ai alors
effectué les sollicitations dans le même principe aux deux femmes
suivantes. Etant donné qu'elles ont toutes deux voulues faire partie de
la population testée, j'ai pour finir imposé aux trois
dernières patientes d'être population témoin, en leur
expliquant la nécessité pour moi d'avoir un nombre
équivalent entre les deux populations et que ceci avait
été fait de manière aléatoire.
Chacune des patientes a reçu une lettre de consentement
éclairé détaillant l'objectif et le déroulement du
mémoire. Par la suite ont été remis un formulaire de
consentement éclairé à remplir et à remettre,
attestant de leur participation à cette étude en toute
connaissance de cause.
Le type d'étude sera ici sous forme d'étude
expérimentale pilote contrôlée (c'est-à-dire
comparé à un groupe témoin).
Population testée n= 4. Population témoin t= 3.
Au départ il y avait un nombre équivalent entre
les deux populations. Mais dans la population témoin deux femmes ont
été exclue de l'étude lors de son déroulement :
l'une ne souhaitant tout simplement plus participer sans aucune autre raison,
la seconde n'a jamais renvoyé les critères de jugements remplis
malgré les nombreuses sollicitations.
19
Pour la population testée, une patiente a
été exclue des résultats en raison d'une séance
d'ostéopathie prodiguée par une personne tierce, ceci entre les
deux séances prévues lors de l'expérimentation. À
la suite de cette séance imprévue, la patiente s'est plainte de
l'apparition de divers symptômes faisant partis du critère de
jugement secondaire. Cela aurait donc créé un biais
d'expérimentation trop important pour les résultats.
2.3. Critères de jugement
2.3.1. Moyen de quantification primaire
Afin de quantifier l'évolution des
céphalées après mon intervention ostéopathique,
j'ai choisi d'utiliser l'échelle de référence HIT-6, car
c'est un outil précis et pratique qui quantifie l'impact des maux de
têtes sur la vie des répondants. [1]
Il s'agit d'un formulaire abrégé permettant
d'évaluer l'impact des céphalées, et qui a une large
couverture de contenu tout en restant bref, fiable et suffisamment valide pour
être utilisé dans le dépistage et le suivi des patients
dans la recherche et la pratique clinique. « Il s'agit de la
première évaluation dynamique de la santé (DynHA)
largement disponible. » [13]
Celui-ci est composé de six items et tient compte de
plusieurs facteurs : la sévérité de la douleur, l'impact
global de la qualité de vie sur divers aspects tels que la fatigue, le
ressenti émotionnel et la limitation dans les activités du
quotidien. Ces six items ont été choisis parmi un large
éventail d'items suggérés par des cliniciens. « Les
items ont été sélectionnés et modifiés en
fonction de la validité du contenu, des fonctions d'information de la
théorie de la réponse aux items (IRT), de la cohérence
interne des items, des distributions des scores, de la validité clinique
et des analyses linguistiques ». [7] [10]
Le calcul du score s'effectue de telle manière :
- pour chaque item il y a cinq choix possibles allant de
« jamais » à « tout le temps », ces cinq choix sont
nommés respectivement : N (= never/ jamais), R, S, V, A (= always/ tout
le temps).
-Chacun de ces choix valent un certain nombre de points : N=
6; R= 8; S= 10; V= 11 et A= 12.
-On additionne alors chaque réponse afin d'avoir un
score total compris entre 36 et 78. Plus le score est élevé, plus
l'impact des maux de têtes sur le quotidien est important. Un total
inférieur
20
à 55 est le témoin d'un impact léger ou
modéré, par conséquent un score supérieur à
55 est le signe d'un impact important à majeur. [34]
Pour mieux visualiser consulter l'annexe 1.
2.3.2. Moyen de quantification secondaire
Ne voulant pas seulement me limiter aux
céphalées étant donné les divers autres effets
indésirables que la pilule peut engendrer, j'ai choisi d'utiliser
l'échelle d'évaluation nommée « cyclicity diagnoser
». Cette échelle se compose de quatre paramètres d'humeur
négatifs (dépression, fatigue, irritabilité et tension),
de deux paramètres d'humeur positifs (convivialité et
énergie par exemple) et de trois symptômes somatiques (gonflement/
ballonnements, sensibilité des seins et saignements menstruels). «
Le nombre de paramètres est défini au départ dans la
méthode selon l'étude ». « L'échelle CD est une
échelle de Likert allant de 0 à 8, 0 indiquant une absence
complète d'un symptôme particulier et 8 exprimant la
gravité maximale du symptôme ».
Pour mon étude j'ai sélectionné
l'ensemble des symptômes somatiques présentés ci-dessus, en
y rajoutant la diminution de la libido, ainsi que les paramètres
d'humeurs négatifs : fatigue, irritabilité et tensions. Ceci afin
d'observer l'effet global que pourrait apporter le traitement effectué
sur la qualité de vie des patientes, d'autant plus que les
symptômes somatiques présentés sont parmi ceux
présents dans les effets indésirables de la pilule contraceptive.
Visible en annexe 2.
En ce qui concerne le score total, il s'agit de la somme des
notes de chaque symptôme. Le résultat est donc compris entre 0 et
56. [12]
J'ai choisi cette échelle car elle me semblait la plus
adaptée pour mon sujet et la moins contraignante. D'autres
questionnaires sur le syndrome prémenstruel, dont les symptômes
sont assez similaires, nécessitaient par exemple une prise note tous les
soirs sur un tableau. Certes cela paraît bien plus fiable car tout se
note par journée, mais c'est aussi un travail plus important pour les
patientes qui ne doivent pas oublier de le remplir au risque de fausser les
résultats. D'ailleurs l'analyse des résultats aurait aussi
été bien plus complexe.
21
2.4. Méthodologie de la consultation 2.4.1. Test
et traitement
- 1ère séance :
Tout d'abord j'ai posé quelques questions clés
lors de l'anamnèse. En toute logique le type de céphalées,
les circonstances d'apparition et d'aggravation ainsi que la localisation, afin
de cerner le motif de consultation principal. Puis je me suis
intéressé à certains antécédents en lien
direct avec le crâne : antécédents de chocs au crâne
ou de chute sur le bassin ? Accidents de la voie publique ? Présence de
correction oculaire ? Antécédents d'otites, troubles de
l'audition (par exemple des acouphènes) ? Troubles de la mastication,
port d'un appareillage dentaire ? Et circonstances de la naissance pour celles
qui en ont déjà discuté avec leur mère (voie basse
? Usage de forceps ou ventouse...).
J'ai fait le choix d'essayer « d'isoler » le
crâne du reste du corps afin de répondre à un protocole
expérimental, mais tout en essayant de rester dans une vision
ostéopathique.
Pour cela chaque début de séance débutera
par une technique de traction céphalique de la dure-mère
rachidienne et/ou technique intra-osseuse du sacrum (en fonction de
l'anamnèse et du bilan), cela permettra d'essayer de limiter l'influence
du système membraneux rachidien sur la mobilité
crânienne.
Puis si nécessaire une technique de libération
de l'ensemble crico-thyro-hyoïdien et une technique de tendon central afin
de libérer le crâne des tensions musculo-aponévrotiques
antérieurs. En effet de par leurs insertion les aponévroses
cervicales, l'aponévrose péri pharyngée ainsi que
l'ensemble des muscles et ligaments sus-hyoïdiens ont une influence sur la
mobilité des os du crâne.
Enfin une technique de libération C0/C1/ ayant deux
objectifs : l'un étant de limiter les biais myo-fasciaux ascendants
postérieurs, l'autre objectif est à visée
neuro-végétative par la présence du ganglion cervical
supérieur duquel sort le nerf carotidien qui va transmettre
l'information orthosympathique à l'hypophyse (rôle sur la
vasomotricité du système porte hypothalamo-hypophysaire) et le
plexus caverneux entre autres. [25]
A présent que le crâne est en quelque sorte
« isolé » des influences mécaniques du reste du corps,
je peux commencer le diagnostic ostéopathique en lien direct avec mon
objectif thérapeutique : l'hypophyse et le sinus caverneux.
22
Cela passe par le test de la suture sphéno-basilaire
car il s'agit de la « clé de voute » du crâne. De plus
l'hypophyse étant logée dans la fosse pituitaire du
sphénoïde et le sinus caverneux se situant faces latérales
du corps du sphénoïde, ils sont donc en lien direct avec sa
mobilité de par leur proximité anatomique. Si une dysfonction est
présente, son traitement s'effectuera par une technique en physiologie
inversée ayant pour visée une action de « pompage » de
l'hypophyse.
[25]
Puis test de la tente du cervelet car celle-ci est en lien
direct avec les sinus pétreux supérieurs et inférieurs qui
drainent le sinus caverneux. De plus elle émet une expansion formant la
tente de l'hypophyse, cette expansion est traversée en son centre par le
conduit porte hypothalamo-hypophysaire. C'est par ce canal que les
neurohormones sécrétées par l'hypothalamus circulent afin
de transmettre l'information de sécrétion hypophysaire
nécessaire. Un excès de tension de cette membrane peut donc
avoir, théoriquement, un impact sur la circulation hormonale au sein du
crâne. [25]
Pour chaque patiente il y aura donc test et traitement de ce
qui a été énuméré ci-dessus. Puis test et
traitement du reste du crâne et/ou de la face. Bien entendu toujours
selon les dysfonctions retrouvées.
Fin de la séance par une rééquilibration
crânio-sacré afin d'aider le corps à intégrer les
informations reçues et de s'équilibrer en conséquence.
- 2ème séance :
Retester en particulier SSB, TDP et tente du cervelet.
Puis les structures à investiguer en priorité pour
cette consultation :
- Le foie car il va métaboliser la pilule contraceptive
ingérée pour lui permettre d'agir. [3]
De plus il est aussi en lien avec l'intestin grêle de
par le système entéro-hépatique participant à
l'absorption du principe actif [23] ;
- Le rein car il élimine les « déchets
hormonaux » qui subsistent après utilisation des
hormones au sein de leur lieu d'action, ainsi que les
déchets restant après métabolisation de la pilule par le
foie ;[24]
- Le système gynécologique par la
sécrétion des hormones oestro-progestative ayant un
rétrocontrôle sur LH/FSH.
23
Bien sûr il s'agit d'investigation et non de traitement
systématique. D'ailleurs le traitement sera en fonction du schéma
retrouvé chez chacune des patientes ; avec les liens neurologiques,
vasculaires et anatomiques de chacune des structures citées ; ceci afin
de garder en vue l'aspect global de la prise en charge ostéopathique.
2.4.2. Durée de
l'expérimentation
L'expérimentation a eu lieu entre novembre 2020 et
janvier 2021 (donc sur trois mois), comprenant deux séances
d'ostéopathie espacées d'un mois, afin de respecter le
critère de jugement principal. Chaque séance est
précédée de la réponse aux questionnaires. La fin
de l'expérimentation est marquée par le retour de la
dernière réponse aux questionnaires un mois après la
seconde séance délivrée.
Dans le même temps les questionnaires sont aussi
envoyés à la population témoin, afin que les
réponses entre ces deux populations arrivent le plus possible au
même moment. Ceci de manière que les résultats soient
comparables.
2.5. Stratégie d'analyse
2.5.1. Critère de jugement principal
En premier lieu je vais effectuer une analyse intra-groupe de
l'évolution des céphalées des patientes testées,
grâce à l'échelle HIT. Cette analyse sera sous la forme
d'un histogramme avec sur l'axe vertical la valeur exprimée par le moyen
de quantification, et sur l'axe horizontal les différentes patientes.
Pour chaque patiente sera donnée le résultat des trois
questionnaires chacun représentés par une couleur
différente. Pour clarifier, les questionnaires envoyés avant la
première séance seront représentés d'une certaine
couleur, ceux entre les deux séances d'une autre couleur, et enfin les
derniers avec une couleur tierce. Par conséquent on pourra observer sur
le même graphique la différence de résultat entre chaque
patiente pour chaque questionnaire, en fonction de la temporalité des
séances. On considèrera que le traitement a été
bénéfique à partir d'une baisse du score d'au moins cinq
points.
24
2.5.2. Critère de jugement secondaire
L'échelle « Cyclicity diagnoser » comprenant
de nombreux symptômes, je trouve qu'il est bien plus intéressant
de s'intéresser à chacun d'entre eux que simplement au total
donné par leur somme. C'est pourquoi cela sera représenté
sous la forme d'un tableau. Dans ce tableau nous pourrons observer les
résultats de toutes les patientes pour chacun des questionnaires. Puis
seront présentés plusieurs graphiques indiquant, pour chaque
symptôme, la moyenne du score chez les patientes traitées en
comparaison avec celui des patientes témoins. On pourra prétendre
que le traitement a été favorable dès une diminution d'au
moins deux points pour l'analyse par symptômes, et de cinq points pour le
score total.
25
3. Résultats
3.1. Valeur statistique des résultats
Score échelle HIT allant de 36 à
78points
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Résultats échelle HIT chez les patientes
traitées et les patientes témoins
Avant la 1ère séance 1 mois après la
1ère séance 1 mois après la 2nd séance
Patiente traitée 1
Patiente traitée 2
Patiente traitée 3
Patiente traitée 4
Patiente témoin 1
Patiente témoin 2
Patiente témoin 3
Histogramme montrant le score total de l'échelle
HIT pour chacune des patientes traitées et des patientes témoins
26
Dans le tableau ci-dessous les colonnes en bleues correspondent
au questionnaire avant la 1ère séance, en rouge les
réponses à la suite de cette 1ère
séance, et en vert le dernier questionnaire.
Tableau récapitulatif des données
recueillies avec l'échelle CD avant la 1ère
séance, un mois après cette séance, puis un mois
après la 2nd séance chez les patientes traitées
et les patientes témoins
27
3.2. Etude intergroupe
48
64
62
60
58
56
54
52
50
Avant la 1ère séance 1 mois après la
1ère
séance
1 mois après la 2nd séance
moyenne score patientes traitées
moyenne score patientes témoins
Graphique 1 : score moyen échelle HIT chez les
patientes traitées et chez les patientes témoin
6 5 4 3 2 1 0
|
|
Moyenne fatigue patientes traitées
Moyenne fatigue patientes témoins
|
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
Graphique 2 : Valeur moyenne de la fatigue chez les
patientes traitées et les patientes témoins
5
4.5
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
|
|
Moyenne irritabilité patientes traitées
Moyenne irritabilité patientes témoins
|
|
|
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
28
Graphique 3 : Valeur moyenne du score de
l'irritabilité chez les patientes traitées et les patientes
témoins
4
0
6
5
3
2
1
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
Moyenne tension psychique patientes traitées
Moyenne tension psychique patientes témoins
Graphique 4 : Valeur moyenne du score sur la tension
psychique chez les patientes témoins et les patientes traitées
4
0
6
5
3
2
1
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
Moyenne ballonnements patientes traitées
Moyenne ballonnements patientes témoins
29
Graphique 5 . Valeur moyenne des ballonnements chez les
patientes traitées et les patientes témoins
Moyenne saignements extra ou intra-menstruels patientes
traitées
Moyenne saignements extra ou intra-menstruels patientes
témoins
0.5
0
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
3.5
3
2.5
2
1.5
1
Graphique 6 . Score moyen des saignements extra-menstruels
ou intra-menstruels chez les patientes traitées et les patientes
témoins
0.5
3.5
2.5
1.5
0
3
2
1
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
Moyenne mastodynies patientes traitées
Moyenne mastodynies patientes témoins
30
Graphique 7 : Valeur moyenne du score des mastodynies chez
les patientes témoins et les patientes traitées
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
|
|
Moyenne diminution libido patientes traitées
Moyenne diminution libido patientes témoins
|
|
|
Avant la 1ère séance
1 mois après la 1ère séance
1 mois après la 2nd séance
Graphique 8 : Score moyen de la diminution de la libido
chez les patientes traitées et les patientes témoins
31
35 30 25 20 15 10
5
0
|
|
Moyenne score total échelle CD patientes
traitées
Moyenne score total échelle CD patientes témoins
|
|
|
Avant la 1ère séance
|
1 mois après la 1ère séance
|
1 mois après la 2nd séance
|
Graphique 9 : Moyenne du score total de l'échelle
CD pour les patientes traitées et les patientes témoins
32
4. Discussion
4.1. Principaux résultats : analyse
4.1.1. Analyse intra-groupe
Comparons dans un premier temps les résultats de la
première séance.
Nous pouvons constater que cette séance a eu un
réel effet positif sur les deux premières patientes. En effet,
nous observons sur l'histogramme une très nette amélioration, de
49 points à 36 points (soit le minimum possible), pour la
première patiente, de telle sorte que celle-ci ne présentait plus
aucuns maux de têtes durant tout le mois. Pour la deuxième
patiente le score passe de 61 à 56 points, s'exprimant en particulier
par une diminution de l'intensité des céphalées.
Tandis que pour les deux dernières patientes, il n'y a
eu aucun changement comme le montre le score HIT qui reste à 76 points
pour la troisième patiente et à 61 points pour la
quatrième patiente.
En ce qui concerne les résultats de la deuxième
séance, en s'appuyant toujours sur l'histogramme :
- Nous constatons une amélioration importante pour la
deuxième patiente dont le score
passe de 56 à 51 points, je trouve important de citer
cette patiente s'exprimant sur l'évolution de ses maux de tête
:« j'ai remarqué que la quantité de maux de tête par
semaine avait nettement diminué et que je n'ai pas eu de
céphalée particulièrement longue ou douloureuse depuis
quelques temps (ce qui est un soulagement) ». Il en est de même pour
la quatrième patiente, comme le montre l'évolution du score qui
passe de 61 points à 47 points, et cela correspond au ressenti de la
patiente : « Depuis la dernière séance il y a vraiment eu
une amélioration, j'ai beaucoup moins de maux de tête,
contrairement à la première séance où je n'avais
pas senti de différence. Parfois pendant une semaine entière
aucun maux de tête, ce qui est plutôt cool parce que cela ne m'a
pas bloqué dans ma vie de tous les jours ».
- En revanche aucune progression pour la troisième
patiente en ce qui concerne le score,
bien que celle-ci rapporte un nombre moindre d'épisodes
douloureux :« Pour les migraines j'en
33
ai eu beaucoup moins depuis la dernière séance
mais quand j'en ai l'intensité est toujours la même. ». Pour
la première patiente, il y a juste eu présence de
céphalées une fois dans le mois ce qui explique la hausse du
score à 38 points, mais dans l'ensemble le traitement a
perduré.
En résumé la deuxième séance, dont
le traitement était moins local, a tout de même été
globalement plus efficace. Ce point sera approfondi dans la partie discussion
ostéopathique.
4.1.2. Analyse inter-groupe
Nous observons sur le Graphique 1 : score moyen
échelle HIT chez les patientes traitées et chez les patientes
témoins que la courbe des patientes traitées diminue
nettement tandis que celle des patientes témoins augmente graduellement.
Nous pouvons donc considérer que les séances ont
réellement eu une conséquence sur les céphalées des
patientes traitées, malgré le score élevé et stable
de la patiente traitée 3. Cette comparaison entre les deux populations
vérifie l'efficacité de l'expérimentation.
4.2. Résultats secondaires
4.2.1. Analyse intra-groupe
Comme le montre le tableau, que ce soit après la
première ou la seconde séance, il n'y a pas d'effets
significatifs sur les paramètres d'humeur pour presque l'ensemble des
patientes traitées. Les seules exceptions sont : la première
patiente pour qui la fatigue a diminué, ainsi que la patiente
traitée 3 dont l'irritabilité a aussi chuté après
la première séance. En ce qui concerne la seconde séance,
c'est uniquement pour la dernière patiente traitée qu'il y a une
amélioration sur la tension psychique. On ne peut donc pas
considérer que les séances ont contribuées à
favoriser la qualité de vie des patientes sur ces paramètres.
En revanche nous ne pouvons pas dire la même chose pour
les symptômes somatiques. En effet, le score total du critère de
jugement diminue pour les patientes 1 et 3, et cela en particulier grâce
à la baisse du score des ballonnements et de la diminution de la libido.
Nous constatons sur le tableau que c'est essentiellement lors de la
première consultation pour la première patiente qu'il y a une
amélioration. Tandis que pour la patiente 3 cela dépend des
symptômes : les
34
ballonnements diminuent très fortement dès la
première consultation puis continuent à baisser à la suite
de la seconde séance, alors que pour la libido cela s'améliore
après la deuxième séance.
Nous remarquons aussi une légère baisse des
mastodynies pour toutes les patientes, mis à part la patiente 4 qui en
présente lors du dernier questionnaire. Il n'y a que pour les
saignements menstruels et/ou extra-menstruels qu'il n'y a pas de changement
à la suite des séances.
Ce sont les patientes 2 et 4 qui ne montrent pas
d'amélioration de leur score, toutefois il s'agissait des deux patientes
avec le score total originel le plus faible avec peu de symptômes
somatiques.
4.2.2. Analyse inter-groupe
Pour cette partie je vais évoquer les différents
paramètres de l'échelle CD un par un puis le score total.
Commençons par la fatigue, sur le Graphique 2 .
Valeur moyenne de la fatigue chez les patientes traitées et les
patientes témoins nous observons que la courbe des patientes
traitées diminue légèrement au fur et à mesure des
séances. Tandis que celle des patientes témoins augmente
graduellement. Cependant les valeurs entre les deux groupes restent assez
similaires, ce qui n'est pas concluant pour les patientes traitées.
Seule la différence d'orientation des deux courbes pourrait permettre de
dire que l'expérimentation a tout de même créé une
tendance à la baisse.
Sur le Graphique 3 : Valeur moyenne du score de
l'irritabilité chez les patientes traitées et les patientes
témoins, la courbe des patientes traitées diminue
après la 1ère séance mais la valeur moyenne
monte légèrement lors du dernier mois de
l'expérimentation. De l'autre côté il y a un score moyen
fixe lors des deux premiers mois puis une hausse après le dernier mois.
Cette comparaison entre les deux populations démontre qu'il y a eu un
impact positif de la première séance sur le paramètre
d'irritabilité des patientes traitées. Cependant nous ne pouvons
pas en dire autant de la seconde séance car la courbe monte pour les
deux populations.
Pour ce qui est du Graphique 4 . Valeur moyenne du
score sur la tension psychique chez les patientes témoins et les
patientes traitées, nous constatons une hausse du score moyen
après la 1ère séance pour les patientes traitées,
en particulier dû aux deux dernières patientes. Puis il y a une
tendance à la baisse après la dernière séance, mais
cela reste peu significatif car la moyenne
35
reste supérieure à celle en amont des
séances. Chez les patientes témoins, nous pouvons voir sur ce
graphique une large baisse pendant le temps où celle de la population
traitée reste fixe. Puis cette moyenne augmente durant le
troisième mois. Là aussi cette comparaison montre le peu d'effets
des séances sur ce paramètre d'humeur négatif
évoqué dans l'échelle CD.
En résumé pour ces trois paramètres
d'humeurs exprimés par le critère de jugement secondaire, la
comparaison intergroupe montre que l'expérimentation menée n'a
pas vraiment amélioré la qualité de vie des patientes. Les
symptômes d'irritabilité et de tension psychique n'étaient
cependant pas la priorité dans notre étude, car ils sont bien
plus la résultante de facteurs extrinsèques en lien avec l'aspect
psychologique de l'être humain que de facteurs intrinsèques
liés au reste du corps. Bien entendu un mal être d'origine
somatique va créer une réaction sur ces dits paramètres,
toutefois cela dépend énormément de l'état
psychologique de base et de la personnalité de l'individu lors de
l'arrivée du trouble somatique. De toute manière le
bien-être physique et psychologique font partie intégrante d'une
bonne santé. Il en va de même pour la fatigue, même si nous
constatons ici une baisse légère de la moyenne suite aux
séances, cela est uniquement lié à la première
patiente qui ressent beaucoup moins cet état. Finalement cette analyse
intergroupe apporte la même conclusion que l'analyse intragroupe : il y a
un réel manque d'efficacité des séances prodiguées
sur ces symptômes, sauf pour la fatigue ce qui peut être
prometteur.
Continuons l'analyse intergroupe avec ce Graphique 5 .
Valeur moyenne des ballonnements chez les patientes traitées et les
patientes témoins. Il montre que sur l'ensemble de la
durée de l'expérimentation le score moyen des ballonnements est
en baisse constante chez les patientes traitées. Or en ce qui concerne
la courbe des patientes témoins, elle augmente au début puis
diminue lors du dernier mois, mais cette dernière moyenne est proche de
celle du premier questionnaire et reste au-dessus d'une valeur de 4 (rappelons
que le score maximum est de 8 pour cette échelle). Donc ce graphique
montre l'importance qu'ont eue les séances d'ostéopathie sur le
retentissement de ce symptôme au quotidien pour les patientes. Enfin nous
voyons bien que ce sont les deux séances qui ont chacune permis cette
progression positive.
Pour le Graphique 6 . Score moyen des saignements
extra-menstruels ou intra-menstruels chez les patientes traitées et les
patientes témoins, nous constatons une
légère descente de la courbe puis aucune évolution par
suite de la deuxième séance. En ce qui concerne la courbe des
patientes témoins, il y a une forte baisse dès le deuxième
questionnaire, puis elle continue
36
pendant le dernier mois pour même être
inférieure au score moyen des patientes traitées. Nous ne pouvons
donc pas considérer que les séances aient eu un quelconque effet
car c'est la courbe des patientes qui n'ont pas reçue de séances
d'ostéopathie qui a le plus diminuée.
Sur le Graphique 7 . Valeur moyenne du score des
mastodynies chez les patientes témoins et les patientes
traitées, nous pouvons déjà signaler que
le score moyen des patientes traitées est très faible. Il y a une
amélioration à la suite de la première séance. Puis
nous observons une majoration lors du dernier questionnaire, en lien avec
l'apparition de ce symptôme chez la patiente 4. De l'autre
côté, la courbe des patientes témoins chute fortement lors
du deuxième questionnaire pour ensuite augmenter pendant le dernier mois
jusqu'à un score équivalent à celui d'origine. Finalement
il aurait été bien plus intéressant de voir ce que cela
aurait pu donner sur les patientes du groupe témoin. Mais c'est
là le problème du tirage aléatoire, de toute
manière il est difficile de trouver des patientes qui présentent
l'ensemble des effets indésirables et en plus de manière
importante.
Nous constatons sur le Graphique 8 . Score moyen de la
diminution de la libido chez les patientes traitées et les patientes
témoins, qu'il y a tout d'abord une faible
amélioration lors du premier mois. Suite à la seconde
séance, nous observons une forte baisse de ce score moyen qui va
être inférieur à celui des patientes témoins.
Justement chez cette population nous remarquons une diminution progressive de
la courbe au cours de l'expérimentation. Grâce à cette
courbe nous pouvons considérer que la deuxième séance a eu
un réel impact sur ce symptôme, comme l'en atteste la
différence importante d'orientation des courbes entre patientes
témoins et traitées.
Avant de passer au score total nous pouvons déjà
résumer ce qui vient d'être analysé sur les symptômes
somatiques. Globalement cela conforte ce qui a été dit lors de
l'analyse intragroupe : nous notons bien plus d'impact de
l'expérimentation pour ces symptômes que pour les
paramètres d'humeur, et en particulier après la seconde
séance prodiguée. La comparaison avec un groupe témoin a
permis de conforter l'idée que ce sont bien les traitements
ostéopathiques qui ont fait diminuer la plupart de ces symptômes
somatiques, et non simplement grâce au hasard ou à une variation
naturelle au cours des mois.
Dans le Graphique 9 : Moyenne du score total de
l'échelle CD pour les patientes traitées et les patientes
témoins, nous notons une baisse constante du score moyen
pour chacune des séances
37
prodiguées aux patientes. En ce qui concerne les
patientes témoins, la courbe diminue dans un premier temps puis monte
à la suite du dernier mois de l'expérimentation. Cette
différence d'orientation des courbes, montre clairement le rôle
qu'a eu le traitement ostéopathique.
4.3. Discussion ostéopathique
Toutes les patientes traitées présentaient lors
de chacune des séances au moins une dysfonction ostéopathique de
la SSB, du TDP et en particulier de la tente du cervelet qui pour certaines
patientes était fortement en restriction de mobilité.
Ces dysfonctions crâniennes ont diminué à
la suite de la première séance. Nous avons vu
précédemment que cette séance avait été
bénéfique concernant les céphalées de certaines
patientes. Seule la dernière patiente traitée ne relate aucun
changement pour chacun des questionnaires. Mais il est important de souligner
les améliorations concernant le critère de jugement secondaire.
En effet cela montre l'impact global que peut avoir une séance
d'ostéopathie car nous constatons une amélioration de divers
symptômes somatiques à distance de la zone traitée. Bien
que cette séance fût très locale, le fait de constater la
diversité des bénéfices perçus par les patientes
est prometteur sur la capacité qu'une séance plus globale peut
avoir. Une explication possible de ces divers bénéfices serait
justement en lien avec l'hypothèse émise dans ce mémoire.
Par la libération de la tente du cervelet qui aurait permis, grâce
à son lien avec l'hypophyse/ le sinus caverneux/ le sinus pétreux
supérieur/ sinus sigmoïde et sinus latéraux, une meilleure
circulation hormonale et donc aurait favorisé l'homéostasie
hormonale.
Concernant la deuxième séance, bien que je n'aie
pas décrit le déroulement exact pour chacune des patientes, je
tiens à vous faire part de la présence d'au moins une dysfonction
ostéopathique rénale chez chaque patiente. Ce qui n'est pas le
cas pour le système digestif ou gynécologique. Il semble donc
important de ne pas négliger cet organe dans la prise en charge
ostéopathique de par ses fonctions métaboliques, vasculaire et de
filtration. D'autant plus que c'est justement chez les patientes qui
évoquent une nette amélioration des céphalées qu'il
y avait la restriction de mobilité la plus importante au niveau de cet
organe. Une nouvelle fois nous observons une amélioration d'un
symptôme distant au lieu de traitement, démontrant cette
unité fonctionnelle et indivisible qu'est le corps humain.
L'expérimentation révèle aussi un gain de mobilité
de la SSB, du TDP et de la tente du cervelet en comparant entre le début
et la fin de cette séance pour
38
toutes les patientes. Nous pourrions émettre diverses
hypothèses pour expliquer ces changements :
- Par détente du système myofascial
(continuité des fascia iliaca et périrénal avec le
fascia
endothoracique via le diaphragme, puis les aponévroses
cervicales et l'aponévrose péri-pharyngée ; détente
muscles inspirateurs accessoires en lien avec les fascias cités
précédemment) ;
- Lien hormonal via le rétrocontrôle des organes
traités ainsi que l'homéostasie de la
circulation hormonale ;
- Lien membraneux par la dure-mère rachidienne qui est en
continuité avec la dure-mère
crânienne et donc la tente du cervelet, la faux du cervelet
et la faux du cerveau.
Il serait d'ailleurs assez probable que l'accumulation et
l'interaction de l'ensemble de ces hypothèses soient à l'origine
de l'amélioration de la qualité de vie des patientes
traitées. Au vu de ces résultats, il semble indispensable de
prendre en considération la globalité du patient dans la mise en
place d'un traitement ostéopathique.
4.4. Biais d'expérimentation et limites
4.4.1. Limites
Je souhaite débuter cette partie par les limites
liées au praticien car je pense qu'il est important de se remettre en
question avant d'évoquer tout ce qui nous est extérieur. En effet
il faut déjà nous poser la question de notre efficacité de
traitement. En particulier pour moi qui suis encore étudiant et qui par
conséquent n'a que très peu d'expérience
ostéopathique. Non pas que je doute de l'efficacité de notre
profession, en revanche il est de notre devoir envers les patients de nous
demander si nous avons tout mis en place pour que leur potentiel
d'auto-guérison puisse s'exprimer. Dans mon cas je fais surtout
référence aux techniques qui peuvent être parfois mal
réalisées, étant donné l'attention et l'intention
que j'y mets et qui peuvent ne pas être toujours optimales à cause
de la concentration du jour. Une des limites de mes résultats est donc
la réussite variable de mon traitement ostéopathique. Bien que
les données recueillies montrent qu'il y a eu une efficacité, on
peut se demander s'il n'était pas possible d'avoir encore plus
d'amélioration si j'avais plus d'expérience professionnelle.
39
La deuxième limite est le manque de prise en charge
pluridisciplinaire. Cela s'explique simplement par le but de ce mémoire
ostéopathique qui n'implique pas d'autres types de prise en charge. Mais
il aurait été intéressant d'intégrer à cela
d'autres professions en lien avec des troubles retrouvés chez certaines
patientes. Je pense notamment à la patiente dont le score des
céphalées reste à 76. Elle présente des troubles de
la mastication qui nécessiteraient une prise en charge avec un
orthodontiste. Mais aussi des symptômes visuels qui sont
intéressant à investiguer chez un ophtalmologue. En revanche cela
a été le sujet de conseils car cela fait partie intégrante
d'une consultation ostéopathique.
Les critères de jugements sélectionnés
font eux aussi l'objet de restrictions. Tout d'abord la durée pendant
laquelle sont évalués les symptômes. Que ce soit pour le
score HIT ou l'échelle CD, l'évaluation par la patiente se fait
sur un mois. Le problème ici est la difficulté pour la patiente
d'établir une moyenne de ses symptômes durant une période
aussi longue. Certes c'est moins le cas pour le premier critère de
jugement car il s'agit de plusieurs questions centrées sur
l'intensité de la douleur. En revanche pour l'échelle CD dont le
jugement est basé sur une note de la douleur, les patientes me
rapportent leur difficulté à établir une note moyenne sur
une durée aussi longue. En effet elles évoquent
énormément d'évolution entre les deux premières
semaines du mois et les deux suivantes, d'où la complexité du
score à attribuer. De plus le respect des critères de jugements a
nécessité d'espacer les séances et donc de les
réaliser à un mois d'écart. Alors que deux semaines
auraient été l'idéal pour un suivi plus régulier en
ce qui concerne le traitement mais aussi pour réduire le problème
expliqué ci-dessus.
Puis l'autre limite de ces critères de jugements
concerne en particulier le secondaire. Du fait de la note attribuée
à chaque paramètre qui est subjective. En effet placer un
degré de douleur sur une échelle dépend
énormément du patient car chaque personne est différente
et donc n'a pas le même degré de sensibilité. Cela
dépend de l'appréciation de chacun à son propre corps et
du retentissement sur le quotidien.
Enfin la dernière limite de cette étude est
liée à la crise sanitaire liée au Covid-19. D'une part
cette crise a entravé la possibilité de certaines patientes
à se déplacer pour des séances, par crainte de propagation
à de la famille proche étant à risque. Cela a privé
l'expérimentation d'un plus grand nombre de patientes traitées.
Or un effectif agrandit aurait permis d'influencer la valeur des
résultats. D'autre part les techniques intra-buccales étant
interdites dans l'établissement à cause de cette période,
ce qui ne m'a pas permis d'être assez performant pour libérer
certaines structures.
40
4.3.2. Biais d'expérimentation
Dans notre profession le biais palpatoire est important. La
palpation est propre à chaque praticien, ce qui est problématique
pour retranscrire ce que nous retrouvons entre nos mains de manière
objective. Par conséquent nous sommes obligés d'utiliser des
questionnaires quantitatifs et/ou qualitatifs, qui sont bien entendu
très pertinents pour évaluer notre efficacité de
traitement. En revanche cela ne transmet pas les constatations palpatoires
décrites précédemment, par exemple le fait que l'ensemble
des patientes présentent une dysfonction de la tente du cervelet lors de
la première séance, de même pour une dysfonction du rein
pour chaque patiente lors de la seconde séance. Mais ces constatations
n'ont été que par une personne : le praticien, donc cela n'est
pas vérifiable. Mon intention peut perturber ma palpation bien que je
fasse extrêmement attention lors des consultations à ne pas faire
cela.
L'analyse intergroupe est biaisée par la
différence d'effectif entre les deux groupes. Les patientes
témoins n'étant qu'au nombre de trois, la moyenne de leur score
comparée à celle de la population traitée est fallacieuse.
Toutefois cela n'aurait peut-être pas modifié
énormément les valeurs au point de changer les courbes
d'orientation, mais cela reste un biais des résultats de
l'étude.
Bien que l'objectif lors du recrutement des patientes
fût de limiter au maximum les biais, il n'est pas possible de tous les
évincer. Certes toutes les patientes prennent le même type de
pilule, en revanche il ne s'agit pas de la même marque sinon
l'expérimentation n'aurait pas pu avoir lieu. Or il n'y a pas le
même dosage pour chaque produit pharmaceutique. Même si la
variation est très faible, nous étudions justement dans ce
mémoire des variations minimes de l'homéostasie hormonale.
Le contexte environnemental des patientes est aussi à
prendre en compte dans la validité des résultats. Par exemple
pour en revenir à la crise sanitaire actuelle, la fermeture des bars et
restaurants ainsi que les couvre-feux bouleversent la vie sociale des
individus. Ce qui se répercute sur leur moral, d'où l'effet
très peu significatif de ce mémoire sur les paramètres
d'humeurs. Une étude menée en 2020 par l'université de
Toulon met en garde contre la fatigue mentale liée au
télétravail, pouvant favoriser la sédentarité et
donc entrainer un état de fatigue
41
constant. [20] De plus lors d'une conférence le lundi
01 mars 2021, le docteur Michael J-Ryan, membre de l'Organisation Mondiale de
la Santé, met en avant le manque d'étude sur la santé
mentale lié à cette pandémie. Il met en garde sur les
conséquences psychologiques dans les années à venir.
[32]
Cependant tout n'est pas lié à cette crise, le
quotidien de chacun est fait d'imprévus qu'ils soient positifs ou
négatifs. Un environnement sain est favorable, peut-être
même nécessaire, à l'amélioration des
symptômes somatiques des patientes. Et dans le cas contraire cela peut
même les aggraver ; je vais évoquer ici le retour d'une des
patientes traitées, qui remarque une augmentation de ses
céphalées depuis la perte d'un proche. D'où l'importance
d'intégrer l'ensemble du contexte des patients dans notre prise en
charge.
4.3.3. Points forts
Cette étude présente divers points forts. En
premier lieu l'amélioration des céphalées dès la
première séance pour certaines patientes, montrant la
réussite du traitement mis en place. Mais c'est surtout la modification
des autres possibles effets indésirables de la pilule tels que les
ballonnements, la diminution de la libido et les mastodynies, qui pour quelques
patientes ont diminués à la suite de cette première
séance. Ce qui montre l'incidence de la libération
crânienne sur le reste du corps. Ceci en corrélation avec
l'hypothèse émise dans ce mémoire sur la libre circulation
vasculaire et par conséquent des hormones, malgré la «
fausse régulation » lié à la pilule contraceptive.
Malgré le biais de palpation je constate aussi que
l'ensemble des patientes traitées présentaient une dysfonction
ostéopathique des membranes de tensions réciproques, toujours en
lien avec l'hypothèse fournit sur la relation fonction/ structure.
L'autre point fort concerne la seconde séance. D'une
part grâce à la diminution du score des maux de têtes sans
avoir eu à libérer des structures céphaliques de nouveau.
D'autre part la baisse de certains symptômes somatiques grâce
à la libération du système gynéco-urinaire. En
particulier des reins qui filtrent, entre autres, les déchets hormonaux
mais aussi dans notre situation les déchets métaboliques
liés aux transformations successives de la pilule contraceptive afin de
la rendre active.
42
5. Conclusions et perspectives
Pour donner suite aux résultats de cette étude,
nous pouvons considérer que l'ostéopathie a un véritable
rôle à jouer dans l'accompagnement des femmes sous contraception
hormonale. Aussi bien pour les céphalées que pour les autres
symptômes qui peuvent être liés au mode de contraception.
Notre rôle est d'aider ces femmes à posséder une meilleure
qualité de vie en redonnant au corps ses possibilités
d'auto-guérison, afin de faire diminuer les divers troubles que ce soit
en termes de fréquence ou d'intensité.
En ce qui concerne l'hypothèse émise sur la
perturbation de la fonction hormonale qui serait à l'origine de
céphalées par mise en tension de la tente du cervelet ;
l'effectif étudié ici étant faible et le biais de
palpation étant trop important on ne peut pas affirmer que celle-ci est
vérifiée. Néanmoins elle n'est pas non plus
réfutable car on observe une amélioration pour la majeure partie
des patientes traitées, contrairement aux patientes témoins. Pour
prouver cela il faudrait une étude plus poussée : que ce soit
dans le nombre de participantes, les critères de jugements
sélectionnés, peut-être une possibilité d'avoir
accès à des prises de sangs et les faire comparer entre un
effectif traiter et un effectif témoin. Il aurait été
intéressant de posséder plus de temps afin de voir
l'évolution du traitement sur le long terme, par exemple en soumettant
à nouveau les critères de jugements quelques mois après.
Ce ne sont là que des suppositions, je laisse à d'autres
étudiants ou professionnels le soin de réaliser d'autres
études dans cette réflexion de la libre circulation hormonale.
Il pourrait être intéressant d'avoir des
études complémentaires sur la relation entre l'axe
hypothalamo-hypophysaire et la tente du cervelet. Ceci afin de montrer (ou
réfuter) notre possibilité d'action via cette réflexion
sur de nombreux troubles fonctionnels en lien avec une possible perte
d'homéostasie hormonale.
Pour conclure, nous avons aussi vu l'importance d'une prise en
charge pluridisciplinaire dans l'accompagnement de nos patients. Nous avons nos
limites et nous pouvons compter sur diverses autres professions à
conseiller à nos patients pour le suivi de leurs troubles. Pour cela il
nous faut connaitre les bienfaits et les situations nécessitant cette
prise en charge pluridisciplinaire. Mais c'est aussi le cas dans le sens
inverse, ce que je souhaite dire par là c'est qu'il faut aussi que ces
autres professions sachent ce qu'ils nous aient possible de réaliser
pour le bien-être des patients. Et cela passe aussi bien par
l'enseignement que par les études réalisées.
43
Je pense en particulier ici à l'homéostasie
hormonale dont l'importance n'est à mon sens pas assez souligné
lors de nos études. Certes ceci est évoqué, mais l'accent
est en particulier mis durant notre formation sur les liens
biomécaniques et sur le système nerveux végétatif.
Au point de faire oublier pour certains l'importance d'une homéostasie
du corps en tout point, or ce système hormonal permet une
régulation sur le moyen et long terme, ce qui est finalement l'objectif
du thérapeute que de permettre au patient de vivre le plus longtemps
possible dans une santé optimale. Pour finir et compléter mes
dires je souhaite évoquer le principe ostéopathique de M. Still
sur la loi de l'artère. N'oublions pas que ces artères
transportent non seulement les nutriments et oxygène nécessaire
au fonctionnement de l'organisme, mais aussi les hormones nécessaires
à l'homéostasie. Et il ne faut pas omettre de souligner
l'importance du système veineux qui draine l'ensemble des déchets
à la suite de l'utilisation de tout ce qu'apportent les
artères.
A l'avenir, il serait intéressant d'effectuer une
continuité de ce mémoire en ciblant une pathologie tel que
l'hypothyroïdie par exemple. Tout en restant dans ce principe
d'homéostasie hormonale et en y rajoutant l'approche biomécanique
et neuro-végétative des glandes hypophyse et thyroïdienne.
Attention il n'est pas question de traiter cette pathologie qui
nécessite une prise en charge médicale. En revanche il ne faut
pas oublier que le traitement médicamenteux principal consiste à
l'augmentation du dosage progressif jusque l'atteinte du seuil hormonal voulu.
Or une augmentation du dosage s'accompagne d'une hausse du risque d'effets
indésirables altérant la qualité de vie des patients.
Ainsi nous pourrions avoir un rôle aussi bien dans l'accompagnement de
ces effets, mais aussi théoriquement sur une possible diminution de la
concentration médicamenteuse. Ceci n'étant qu'une
hypothèse, il serait intéressant d'y consacrer une étude
expérimentale.
44
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29. Guylène Thériault et Anick Cloutier. La
contraception hormonale en quelques questions, fédération des
médecins omnipraticiens du Québec, publié dans le journal
«Le Médecin du Québec» le 5 mai 2010. [Article].
30. Alain BOISSY. Ostéopathie cranienne et
expérimentation clinique de la TSH, présenté en juin
1987. [Livre].
31. Dr. Emmanuelle LECORNET-SOKOL et Caroline BALMA-CHAMINADOUR.
Et si c'était hormonal?. édition Hachette bien-être,
2019. [Livre].
32. Carswell S. Covid-19 toll on mental health to be felt
`for many years' [Internet]. The Irish Times. [cité 5 mars 2021].
Disponible sur:
https://www.irishtimes.com/news/health/covid-19-toll-on-mental-health-to-be-felt-for-many-years-1.4498489
33.
47
Alain LIGNON. Le crâne et ses influences. 2018.
[Livre].
34. Mathilde BOURCIER DE SAINT CHAFFRAY. Etude de
l'efficacité d'un protocole de soin ostéopathique sur les
céphalées. Mémoire ostéopathique soutenu le
14/06/2014.
48
7. Glossaire - Liste des abréviations - Liste des
tableaux et figures
Liste des abréviations :
- DIU : dispositif intra-utérin
- HAS : Haute Autorité de Santé
- GnRh : hormone de libération des gonadotrophines
hypophysaires appelée aussi parfois
gonadolibérine
- FSH : Hormone folliculo-stimulante
- LH : Hormone lutéinisante
- HCG : Hormone chorionique gonadotrope humaine
- Chc : contraception hormonale combinée
- HDL: lipoprotéine de haute densité
- Dmpa : dépôt medroxyprogesterone acetate
- Lng : lévonorgestrel
- PRM= MRP : mécanisme respiratoire primaire
- HIT : Headache Impact Test
- CD : cyclicity diagnoser
- C0/C1/ : respectivement 1ère, 2ème et
3ème vertèbre cervicale
- SSB : synchondrose sphéno-basilaire
- TDP : trou déchiré postérieur
8. Annexes
49
Annexe 1 : Critère de jugement principal
50
Annexe 2 : critère de jugement secondaire
51
Annexe 3 : formulaire consentement
éclairé
52
Annexe 4 : lettre de consentement
éclairé
53
54
Résumé
Effets indésirables de la pilule contraceptive et
ostéopathie - DE OLIVEIRA Enzo- 2021
1- Introduction
La pilule contraceptive comporte de nombreux avantages, elle
peut aussi être à l'origine d'effets indésirables.
L'hypothèse émise ici est que la pilule entraîne une
variation hormonale, le corps rencontre alors une difficulté pour
s'adapter chez certaines personnes. J'ai choisi de m'intéresser en
particulier aux céphalées par la relation fonction/ structure
entre l'hypophyse et la tente du cervelet. L'objectif de ce mémoire est
d'expérimenter des séances d'ostéopathie ayant pour but de
faire diminuer l'intensité et/ou la fréquence de ces
symptômes, et en particulier des céphalées.
2- Matériel et méthodes
4 patientes seront traitées et 3 patientes
témoins. L'expérimentation se déroule de novembre 2020
à janvier 2021 avec 2 séances d'ostéopathie
espacées d'un mois. Deux critères de jugement ont
été sélectionnés. Le principal est le HIT-6 qui
s'intéresse aussi bien à l'intensité qu'au retentissement
des céphalées sur le quotidien. Le secondaire concerne le reste
des effets indésirables et se nomme « cyclicity diagnoser
».
3- Résultats et discussion
Le score HIT a diminué chez 3 patientes traitées
sur les 4. Tandis qu'il n'y a pas eu d'évolution positive pour les
patientes témoins. En ce qui concerne les autres symptômes, les
séances d'ostéopathie n'ont eu un réel effet que sur les
ballonnements et la diminution de la libido en comparaison au groupe
témoin. Il a été retrouvé chez chacune des
patientes une dysfonction ostéopathique de la tente du cervelet, mettant
en avant l'hypothèse émise sur la relation fonction/structure
entre l'hypophyse et la tente du cervelet pouvant expliquer les
céphalées.
Mots clés : pilule contraceptive,
céphalées, hypophyse, tente du cervelet, hormones.
Abstract
Adverse effects of contraceptive pill and osteopathy - DE
OLIVEIRA Enzo- 2021
1- Introduction
The contraceptive pill has many benefits, it can also cause
undesirable effects. The hypothesis here is that the pill causes hormonal
variation, making it difficult for the body to adapt in some people. I chose to
focus on headaches because of the function/structure relationship between the
pituitary gland and the cerebellum tent. The objective of this brief is to
experiment with osteopathy sessions aimed at reducing the intensity and/or
frequency of these symptoms, and in particular headaches.
2- Materials and methods
4 patients will be treated and 3 control patients. The trial
runs from November 2020 to January 2021 with 2 sessions of osteopathy spaced by
one month. Two judgement criteria were selected. The main one is the HIT-6
which is interested in the intensity as well as the impact of headaches on
daily life. The secondary concerns the rest of the adverse reactions and is
called «cyclicity diagnoser».
3- Results and discussion
The HIT score decreased in 3 of the 4 treated patients. While
there was no positive evolution for the control patients. For other symptoms,
osteopathy sessions only had a real effect on bloating and decreased libido
compared to the control group. Each patient was found to have osteopathic
dysfunction of the diaphragma sellae, highlighting the hypothesis about the
function/structure relationship between the pituitary gland and the diaphragma
sellae, that could explain the headaches.
Keywords: contraceptive pill, headache,
pituitary gland, diaphragma sellae, hormones.
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