Histoire du groupement de mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwanga de 1930-2019par Alexandre Mukamba Mulungula Institut supérieur pédagogique de Bukavu - Graduat 2021 |
II.4.2. FORMATIONS SANITAIRESLe groupement de Mukangala se trouve dans la zone de santé de Mwenga. Il compte un centre de santé, celui de Mukasa/Kasika, qui fonctionne sous la supervision de la zone de santé de Mwenga. Mais, ce groupement abrite quelques postes de santé et maternités tels que présentés dans le tableau ci-dessous. Tableau n°10. Centre de santé et postes de santé du groupement de Mukangala
Source: CTB/PAIDECO-WAGA, 2010, op.cit., pp.65-69. Commentaire : Il convient de signaler que malgré la supervision du centre de santé de Mukasa, la carence en produits pharmaceutiques dans les postes de santé et maternités reste un problème sérieux à résoudre. Il faut aussi penser aux moyens de transport pouvant permettre aux patients d'atteindre, soit le centre de santé de Mukasa, soit les postes de santé de la place. A cela s'ajoute le manque de courant électrique pour les interventions chirurgicales au centre de santé de Mukasa et le manque des salles pour les malades, de salles d'opérations et de maternité à Mulamba et au poste de santé de Kasika/collectivité. Par rapport au nombre d'habitants du groupement de Mukangala qui est sans hôpital de référence, il est à signaler que la couverture médicale reste faible. Pour un total de 2 448 âmes, un centre de santé, quatre postes de santé qui sont moins équipés en mobiliers, sont largement insuffisants. Quant aux prestataires de services, il sied de signaler que le nombre des médecins et d'infirmiers est très réduit. Concernant la répartition des structures médicales, il y a inégalité par rapport aux différentes localités. Un centre de santé qui n'est même pas situé au centre du groupement, exige que les gens qui viennent de Mulamba, Ndola, Mushinga et Kashaka parcourent un long trajet pour l'atteindre53(*). II.4.3. HABITATLe concept de l'habitat a une signification très large qui dépasse celle de logement au sens strict du mot. En ville comme à la campagne, aménager l'habitat ne signifie pas exclusivement construire un logement. Il s'agit bien sûr de cela, mais aussi de l'aménagement de tout l'environnement immédiat de l'espace vital qui entoure le logement, la ville ou le village. Aussi en milieu rural, le problème de l'habitat couvre à la fois l'ensemble des activités qui visent la construction des bâtiments d'élevages et les hangars de stockages de produits. Il concerne également l'aménagement des latrines, des sources d'eau potable, de tout le site dans lequel est construit le village. En milieu urbain, la question de l'habitat concerne notamment la construction des immeubles résidentiels, des conduites ou des adductions d'eau potable, l'éclairage public, les surfaces de loisirs collectifs ainsi que des bâtiments d'utilité publique. De tous les temps et dans toutes les civilisations qui ont jalonné l'histoire de l'humanité, le problème de l'habitat a toujours été l'une des préoccupations essentielles de l'homme soucieux d'aménager le mieux possible son espace vital. De l'abri rudimentaire au building gratte-ciel des villes modernes en passant par la case de la hutte de nos campagnes, l'homme a toujours cherché dans l'abri les meilleurs moyens de se protéger contre les multiples pièges que lui tend la nature, et qui rendent son existence terrestre très vulnérable. La construction ou l'aménagement de l'habitat vise, en effet, à protéger l'homme contre les intempéries atmosphériques telles la chaleur, le froid, la neige et la pluie ainsi que les attaques d'autres bestioles et des bêtes féroces qui peuvent menacer son existence et son intégrité physique. En RDC, le problème de l'amélioration de l'habitat demeure aujourd'hui l'une de grandes questions auxquelles des solutions urgentes doivent être trouvées. En ville comme à la campagne, on est confronté à d'énormes problèmes d'insalubrité du territoire et du développement, sans oublier ce problème capital de la santé mentale et physique de la population54(*). Face à cette situation, la population du groupement de Mukangala utilise des stratégies suivantes pour résoudre ces problèmes : 1° La réhabilitation des maisons (toitures des chaumes, en tôles, pavement, fenêtres, et portes) pour lutter contre les intempéries atmosphériques ; 2° La construction des maisons en planches ou en briques ; 3° L'assainissement de l'environnement : la canalisation des eaux des pluies, débouchage des déchets pour la lutte contre les insectes nuisibles, les maladies et les érosions ; 4° L'aménagement et la protection des sources d'eau potable : les puits et fontaines publics ont été aménagés dans la chefferie de Lwindi grâce à l'initiative de l'église et des autorités de la chefferie de Luindi en collaboration avec la population et certaines ONGD. L'amélioration de l'habitat et de l'habillement a pris des allures rapides aux années 2000. En effet, avant le massacre de Kasika en 1998, les autochtones de Mukangala vivaient en majorité dans les huttes, des cases et des maisons en terre battue, en planches ou en briques. Avant cet évènement, le groupement de Mukangala comptait seulement 92 maisons en briques y compris les centres de santé, les postes de santé, les écoles, les églises et les bureaux administratifs. A nos jours, grâce à l'influence sociale des milieux voisins, de l'église et des ONGD, la population de Mukangala a commencé et continue de construire des maisons en matériaux durables, dont leur dénombrement peut envoisiner 500 maisons. Quant au mode d'habillement, chez les filles et les femmes, les pagnes battent le record sur les autres habits. Les jupes sont les plus souvent portées par les filles qui vont à l'école, pas d'habits collants ni de munies jupes parce qu'ils sont interdits par l'église et par la coutume. Pour ce qui concerne la construction des églises, certaines communautés protestantes ont érigé des temples en matériaux durables dans le groupement de Mukangala avec la participation active de leurs fidèles. Il s'agit de la 5ème CELPA Ngenjde, Kashaka, Kasika et Mulamba( 2010-2012) ; de la 21e CNCA Ilemba et de l'Eglise Méthodiste de Muhimbili. Dans le cadre de l'éducation chrétienne, les églises ont organisé plusieurs séminaires dans des départements des oeuvres sociales à l'intention des veuves, orphelins, femmes violées et d'autres catégories des personnes vulnérables. Elles ont également apporté une assistance humanitaire aux victimes des guerres. La 5ème CELPA a, pour cet effet, ouvert les bureaux de l'organisation CAMPS/HIA à Kasika dans le but d'aider les femmes violées sur le plan psycho-social55(*) de 2007 à 2011. De même, des projets d'adduction d'eau potable ont été exécutés ou réhabilités dans le groupement de Mukangala par les ONGs CICR (2008-2009), APIDE (2005-2006). Tableau n°11. Adductions d'eau construites
Tableau n°12 L'adduction d'eau réhabilitée
Source : Bureau du développement de la chefferie de Lwindi, Rapport annuel, inédit, Kasika, avril 2022, p. 15-17 Commentaire : Le groupement de Muangala a malheureusement connu des cas d'incendie des villages, des maisons et des récoltes et la destruction des édifices d'intérêt public par les troupes rwandaises entrées sous le label du RCD/Goma dans la chefferie de Luindi en 1998. Plus de six villages et deux cents maisons des citoyens ont été incendiés. Les centres de santé ont été détruits. Ces évènements ont coûté la vie à des milliers de civils non armés parmi lesquels les personnels soignants, les malades et leurs gardes. Le dépôt pharmaceutique de Kasika a été pillé, puis incendié. Les centres de santé sont devenus des « musées d'horreurs ». Après leur réhabilitation, les structures santé présentent un état acceptable du point de vue de bâtiments. Mais, les infirmiers titulaires ont soulevé les difficultés ci-dessous : 1° le Manque de matériels et équipement médical ; 2° le manque d'énergie électrique ; 3° le manque d'eau potable56(*). * 53Bugoma Kimbu Vicky, Superviseur principal de la zone de santé de Mwenga, interviewé le 20 décembre 2021 à Mwenga-centre. * 54Kasay Katchuva, L. A., cours d'aménagement du territoire II, mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2014 p.37. * 55 Bugoma Kimbu Vicky, Infirmier superviseur de la zone de santé de Mwenga, âgé de 58 ans, interviewé le 20 Février 2022 à Mwenga-centre. * 56 Bugoma Kimbu Vicky, informateur déjà cité. |
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