Histoire du groupement de mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwanga de 1930-2019par Alexandre Mukamba Mulungula Institut supérieur pédagogique de Bukavu - Graduat 2021 |
II.3. ORGANISATION SUR LE PLAN ECONOMIQUEPour Raymond Boudon et ses collaborateurs, le développement économique se traduit, sur le plan de la qualité, par l'essor d'une économie de marché, par le passage d'une agriculture de subsistance à une économie de marché et par le programme de l'industrialisation sur le plan quantitatif ; il se mesure par le recours aux différents indices, notamment l'évolution du produit national brut(PNB)42(*). Ce développement revêt aussi des conséquences sociales : dépérissement d'allégeance traditionnelle, individualisation des rapports sociaux, essor de la division du travail social et donc la spécialisation des tâches, urbanisation, apparition d'un certain niveau de mobilité sociale43(*). Alain Birou montre, pour sa part, que le concept développement économique est utilisé de façon très générale et parfois assez précise pour signifier la croissance organique, harmoniser donc un progrès de l'économie s'inscrivant dans un progrès général de la société44(*). Ces deux définitions sont complémentaires et mettent l'accent sur les conditions pour qu'on parle d'un développement économique. En effet, un développement économique requiert le progrès économique ou mieux, la croissance, le progrès social et humain. Ceci est d'autant vrai qu'à chaque mode de production correspond un type de société bien déterminé45(*). De ce qui précède, nous comprenons par le concept développement économique du groupement sous étude, les efforts (stratégies) fournis par les autorités coutumières de Mukangala et la population en collaboration avec certains ONGD en vue de produire et de faire participer la population à l'augmentation du produit national ou international brut. Il sera question de répertorier les activités d'investissements et de production initiée par le groupement, le gouvernement central et la population dans le processus global de production des biens et services dans le groupement de Mukangala tout en mesurant la qualité de vie menée par cette population autochtone46(*). II.3.1. AGRICULTURE ET PECHEA. L'agriculture Les Nyindu sont des paysans cultivateurs. Ils cultivent surtout pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires. Ainsi, cultivent-ils le manioc (aliment de base), le maïs, la banane, l'arachide, le palmier à huile et le haricot. Actuellement, l'agriculture a un caractère extensif pour des raisons économiques, ainsi elle devient une source des revenus et des richesses pour la population locale. Les activités agricoles sont considérées comme une des composantes majeures du paysage, finalités premières de la géographie économique. Même si leur poids en matière d'emploi s'est fortement restreint dans les économies développées et s'est réduit depuis quelques années dans les pays à transition (anciens pays socialistes européens, nouveaux pays industriels), les secteurs agricoles restent importants en raison de la surface qu'ils occupent et surtout les enjeux dont ils sont l'objet46(*). Le groupement de Mukangala est une entité à vocation agricole jouissant d'un climat favorable à la déstructure. Il est habité par une population dont la majorité s'occupe de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. En effet, plus de 90% de la population vivent des activités agricoles. Malgré les conditions éco-climatiques variées qui permettent la production de diverses denrées agricoles nécessaires pour l'alimentation et comme matières premières pour l'industrie, cette entité accuse encore une production fort instable, insuffisante. A Mukangala, le secteur de cultures est caractérisé par un niveau faible de technicité, de productivité et de l'utilisation d'intrants agricoles, une main d'oeuvre qui est essentiellement féminine et une taille réduite des exploitations. Alors que la population de cette entité continue de s'accroître à un rythme accéléré, la production vivrière ne connaît qu'une croissance très modeste et irrégulière accusant même une tendance à la stagnation. Conscientes que l'autosuffisance alimentaire est une des conditions préalables au développement autonome de cette entité, ses autorités, en collaboration avec la population locale et des ONGD ; dans leurs discours, projets et programmes ont toujours placé l'agriculture parmi les premières priorités. Et pour atteindre leur objectif, certaines stratégies sont mises en oeuvre, à savoir : 1° Intensification de l'agriculture La population de Mukangala utilise cette technique pour augmenter et améliorer la production agricole par unité de surface en fonction des besoins alimentaires de tout habitant du milieu dans le souci non seulement d'améliorer des conditions de vie, mais aussi de lutter contre les importations de certains produits agricoles. 2° La pratique de l'assolement Elle consiste en une succession de cultures sur un même sol. Elle facilite à la population de Mukangala de diversifier la production agricole dans un même champ, c'est-à-dire entretenir une succession de cultures sur le même sol. 3° La pratique de politique d'aménagement du sol Elle est utilisée par population de de Luindi, en général, et Mukangala, en particulier, dans le but d'irriguer des champs ou d'utiliser les engrais en vue d'assurer une meilleure production agricole. 4°L'accroissement de l'échange entre les zones de production et les marchés d'écoulement aussi bien à l'échelon national, provincial, territorial, de chefferie et que du groupement en réhabilitant la route nationale numéro 2 et celles de desserte agricole (Kasika-Kigogo, Kalambi-Irangi, 10 km, et Kigogo-Ngingu, 4 km) par la chefferie en collaboration avec la population locale et le financement de l'IRC/Tuungane. 5° La réduction de perte alimentaire après la récolte grâce aux techniques de conservation et de stockage. 6° L'amélioration de l'élevage en utilisant le vaccin pour protéger les bétails et volailles contre les maladies (grippe aviaire, fièvre aphteuse). 7° L'exploitation nationale des rivières et étangs afin de lutter contre la famine et la destruction des alevins. 8° La relance de l'élevage familiale à travers les formations sur les petits élevages familiaux par des ONGD et l'éducation sur l'hygiène et la prophylaxie de l'éleveur selon les filières. 9°La pratique du système des tontines-services dans le défrichage de champs de paysans, « Kisali » en kinyindu. 10° La promotion de la pisciculture en termes d'encouragement du secteur en octroyant des subventions aux pisciculteurs par les ONGD (APIDE, NRC et FHI) et la mise en place par l'Etat de tarifs de faveur au profit des populations. 11° La vulgarisation des connaissances culturales à faibles intrants agricoles47(*). Nous pouvons conclure ce point en disant que l'économie du groupement de Mukangala repose sur : a. Les minerais (cassitérites) : dans les carrés miniers de Mininga, Misela, Kalesha, Zokwe et Mulenga. b. L'agriculture des différentes plantes : manioc comme aliment de base pour la population, bananes, palmier à huile, maïs, haricots, colocases et ignames. c. L'élevage des petits bétails : chèvre, mouton, cochon, lapin et cobaye. B. La pêche La pêche est faite artisanalement par un petit nombre de pêcheurs dans les rivières comme Ulindi, Zokwe et Lumetekelo, pour la survie de la population de Mukangala, par la famille Balambo et les autres. Le groupement de Mukangala dispose des étangs piscicoles estimés à 220 (service de son développement)48(*). * 42 R. Boudon, cité par Abamungu Bashwira John, Les églises et leurs incidences dans le développement dans la ville de Bukavu (une analyse praxeo-interdiscursive), DES en sociologie de la religion,UOB, Inédit 2012-2013, p.24,. * 43Abamungu Bashwira, J., op.cit., p.75 * 44Birou, A., cité par Abamungu Bashwira J., op.cit., p.56. * 45Fossaert, R., cité par Abamungu Bashwira, J., p.72. * 46Marchal, J., cité par Kasigwa Masumbuko Christophe, Intégration économique du Sud-Kivu dans la région des grands-lacs africains : analyse appliquée au système de transport et à l'agriculture, Thèse de doctorat en Sciences économiques et de gestion, inédit, Unikis Décembre 2012, p.158. * 47Archives de la chefferie de Lwindi, Rapport annuel, 2012-2013, inédit, Kasika, pp. 5-13. * 48Zamukulu Milenge, H., La dynamique socio-politique en chefferie de Lwindi : 1997-2012, TFC en SPA, inédit, UOB, 2012, pp. 15-17. |
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