Histoire du groupement de mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwanga de 1930-2019par Alexandre Mukamba Mulungula Institut supérieur pédagogique de Bukavu - Graduat 2021 |
INTRODUCTION GENERALECette introduction générale présente le choix et l'intérêt du sujet, l'état de la question, la problématique et les hypothèses, la délimitation du sujet, la méthodologie utilisée et les sources, les difficultés rencontrées et la subdivision du travail. CHOIX ET INTERET DU SUJETNotre travail s'intitule « Histoire du groupement de Mukangala dans la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1930-2019) ». Le choix d'un sujet n'est pas un fait de hasard, il dépend de certains paramètres dont l'intérêt du sujet pour le chercheur, la disponibilité des sources et l'intérêt scientifique du chercheur. Les facteurs qui nous ont poussé à porter notre choix sur ce sujet sont surtout d'ordre scientifique et personnel. En effet, sur le plan scientifique, nous voulons apporter notre contribution à l'élaboration de l'histoire des entités politico-administratives de la République Démocratique du Congo, en général, et celle des Banyindu, en particulier. En outre, sur le plan personnel, en notre qualité de natif du groupement de Mukangala, nous voulons apporter une lumière nécessaire à la connaissance de cette entité politico-administrative, car aucun travail scientifique à caractère historique n'y a jamais été consacré. ETAT DE LA QUESTIONL'état de la question est définie comme une théorie de progrès scientifique qui n'est pas l'oeuvre d'un homme mais d'une quantité des gens qui réussissent, qui critiquent, qui ajoutent et élaguent1(*). Pour bien préciser notre sujet d'étude, nous avons d'abord exploité la littérature existante sur la chefferie de Lwindi, en général, et sur le groupement de Mukangala, en particulier. Ainsi, avons-nous exploité les travaux des auteurs suivants. Ahadi Lukogo a étudié l'évolution sociale et économique de la chefferie de Luindi (1996-2015). Il a analysé comment la population ne cesse de se disperser vers d'autres régions à cause de divers facteurs dont les conflits de succession au pouvoir à la tête de la chefferie2(*). Ambroise Bulambo Katambu a publié un ouvrage intitulé « Mourir au Kivu : du génocide tutsi aux massacres dans l'Est du Congo ». Il a étudié les massacres perpétrés par les forces armées zaïroises (FAZ) pendant les conflits interétatiques enclenchés en 1993, les massacres des réfugiées hutu rwandais par l'AFDL et les troupes du Rwanda, les massacres perpétrés par les miliciens Interahamwe depuis 1996, les crimes contre l'humanité imputables à l'AFDL et à ses alliés Rwandais depuis 1998 jusqu'en 2000. Il a souligné aussi que, depuis le déclanchement des hostilités en RD Congo en 1996, on a enregistré des violations massives des droits de l'homme que l'on peut qualifier, selon le cas, des crimes des guerres, des crimes contre l'humanité, voire des génocides. Toutes ces violations des droits de l'homme, bien qu'elles constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales, n'ont jamais été prises au sérieux par la communauté internationale. Elles sont restées anonymes ; sans nom malgré le fait que tous ces éléments constitutifs des crimes des guerres, des crimes contre l'humanité, des génocides soient réunis. Ainsi, vingt-deux mois après le déclanchement de la « deuxième libération », le 02 août 1998, l'on a dénombré plus d'un million de personnes massacrées, sans compter le massacre des réfugiés pendant la campagne de l'AFDL et de l'APR (1996-1997). Il dit enfin que, plus de cent massacres ont été systématiquement commis au Congo/Zaïre depuis 1996 jusqu'en 2001. Les plus connus sont : le massacre des réfugiés Hutu rwandais en 1996, de Bukavu et Goma en 1996-1997, de Kasika le 24 août 1998 et de Makobola en 19993(*). Bob Kabamba et A. Muholongo Malumalu ont présenté un ouvrage intitulé « cadastre des infrastructures : problèmes et recommandations » où ils ont étudié cette chefferie dans plusieurs aspects pour essayer d'amener une solution à la crise conflictuelle de « bwami » et d'autres problèmes de cette chefferie. Ils ont aussi démontré les problèmes qui se posent dans cette entité suite au massacre d'août 1998 et aux guerres à répétition. Et ils ont proposé des recommandations aux autorités politico-administratives de la RDC dans le but d'améliorer la situation sociopolitique des habitants de cette entité4(*). Chishugi Mastaki Trish, dans son mémoire de licence à l'ISDR/Bukavu intitulé «Application des mécanismes de la justice traditionnelle, une alternative pour la stabilité locale dans la chefferie de Luindi dans le territoire de Mwenga de 1998-2010 », explique la manière dont la justice traditionnelle maintenait la stabilité sociale où les différentes guerres ont eu des effets néfastes sur la vie sociale et le développement intégral de cette entité politico-administrative du territoire de Mwenga5(*). Pas clair, à compléter. Miyali Mubeza Stanislas, dont le travail s'intitule «Histoire socio-politique de la chefferie de Luindi (1923-2007) », a exploré les origines des nyindu. Il s'est appesanti sur l'organisation sociale et politique de ceux-ci pendant les périodes coloniale et postcoloniale6(*). Mubuto Kuzindamolo Wasolela a présenté, en 2003, un mémoire de licence intitulé « dynamique sociopolitique dans les collectivités-chefferies de Basile, Luindi et Wamuzimu de 1998 à 2003 ». Le contexte dans lequel il avait étudié la chefferie de Luindi a beaucoup changé. Son étude met plus l'accent sur l'aspect purement socio-politique. Les résultats de son travail ont montré que l'évolution de cette chefferie jalonnée de conflits, crises et résistances a eu des conséquences incalculables sur la population et sur l'entité elle-même. Le chef de la chefferie de Luindi fut assassiné dans un massacre indescriptible opéré par les forces de l'APR au compte du RCD/Goma dans sa juridiction7(*). Mutiki Lutala Jonas a, dans son « Essai sur l'exercice du pouvoir politique chez les Banyindu dans la collectivité chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1976-1977), fait l'analyse de la succession au pouvoir dans la chefferie de Luindi8(*). Mwavita Kishago montre, dans son mémoire de licence en Développement rural qui porte sur les effets des guerres sur l'environnement naturel de la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, comment les guerres qu'a connues la chefferie de Luindi ont détruit le tissu économique de cette entité. Et pour survivre, la population s'est livrée aux activités de fabrication de la braise et de la scierie jugées plus bénéfiques que celles de champs qualifiées de moins rentables par cette population meurtrie par les guerres9(*). Wilondja Mwati a travaillé sur « les incidences socio-culturelles de la déscolarisation des jeunes filles âgées de 6 à 17 ans dans le groupement d'Ihanga en chefferie de Luindi (2006-2007) ». L'auteur analyse la problématique de la déscolarisation des filles, la dégradation des conditions de vie ayant entrainé la pauvreté qui a rongé toutes les bases sur lesquelles reposait l'éducation des enfants, en général, et celle des filles en, particulier10(*). Zamukulu Milenge Héritier, dans son travail sur l'impact des massacres de Kasika sur le développement socio-politique dans la chefferie de Luindi (1998-2013), a démontré qu'avant ces massacres, le développement socio-politique de cette entité se manifestait par un pouvoir coutumier fort et stable, une production agricole forte accompagnée d'une main-d'oeuvre qualifiée, un système éducatif et sanitaire efficace et adapté et une politique gouvernementale stable et forte. Les conséquences socio-politiques des massacres sont l'affaiblissement du pouvoir coutumier, le dépeuplement de la chefferie, des pertes en vies humaines, la baisse de la production essentiellement agricole et commerciale, la dégradation du système éducatif et sanitaire, l'incendie des maisons, les pillages, l'abandon des activités champêtres, la désorganisation du tissu social, l'arrêt du fonctionnement du poste de santé de Kashindaba, le manque d'enseignants qualifiés dans les écoles secondaires, l'exode rural, la famine, la malnutrition, la sous-alimentation, la dégradation de coût de vie, l'insécurité alimentaire, la rareté des produits, les arrestations arbitraires et les accusations mutuelles, la fracture sociale et l'absence de la décentralisation du pouvoir. Bref, le sous-développement serait le principal effet de ces massacres11(*). Par rapport aux travaux ci-haut présentés, le nôtre se distingue par le fait qu'il met l'accent sur l'histoire du groupement de Mukangala, l'une des entités politico-administratives qui composent la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga (1930-2019) ». L'approche diachronique nous permettra de voir les permanences etles changements intervenus dans l'évolution de ce groupement au cours de cette longue période d'environ quatre-vingt-neuf ans. Notre objectif est d'apporter la lumière sur l'histoire de cette entité politico-administrative à travers les réponses données aux questions de notre problématique. Cela nous permet de jeter un pont entre le passé et l'avenir en transmettant aux générations futures les connaissances sur la manière dont a fonctionné ce groupement pendant la période sous étude. * 1M.Grawitz, cité par P. Kaganda Mulumeo-Derhwa, Cours d'initiation à la recherche scientifique, inédit, UOB, FSSPA, G1SPA, 2009-2010, p.2. * 2Ahadi Lukogo, Evolution sociale et économique de la chefferie de Lwindi (1996-2015), mémoire de licence en Histoire, inédit, ISP/Bukavu, 2016. * 3Bulambo Katambu, A., Mourir au Kivu : du génocide Tutsi aux massacres dans l'Est du Congo, Paris, Ed. Le Harmattan, 2001. * 4 Bob Kabamba et A Muholongo Malumalu, Cadastre des infrastructures : problèmes et recommandations/Provinces du Nord et du Sud-Kivu, Belgique (ULG-Liège), CAPAC, 2010, pp.444-446. * 5Chishugi Mastaki, T., Application des mécanismes de la justice traditionnelle, une alternative pour la stabilité locale dans la chefferie de Luindi dans le territoire de Mwenga de 1998-2010, mémoire de licence en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2010. * 6 Miyali Mubeza, S., Histoire socio-politique de la chefferie de Luindi (1923-2007), TFE en Histoire-Sciences Sociales, inédit, ISP/Bukavu, 2008. * 7Mubuto Kuzindamolo, W., Dynamique sociopolitique dans les collectivités-chefferies de Basile, Lwindi et Wamuzimu de 1998 à 2003, mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2003. * 8 Mutiki Lutala, J., Essai sur l'exercice du pouvoir politique chez les Banyindu dans la collectivité chefferie de Luindi en territoire de Mwenga : 1976-1977 », TFE en Histoire-Sciences Sociales, inédit, ISP/Bukavu, 1977. * 9Mwavita, K., Effets des guerres sur l'environnement naturel de la chefferie de Luindi en territoire de Mwenga, mémoire de licence en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2011. * 10 Wilondja Mwati, E., Les incidences socio-culturelles de la déscolarisation des jeunes filles âgées de 6 à 17 ans dans le groupement d'Ihanga en chefferie de Luindi (2006-2007) », TFC en Développement rural, inédit, ISDR/Bukavu, 2007. * 11Zamukulu Milenge, H., L'impact des massacres de Kasika sur le développement socio-politique dans la chefferie de Luindi » (1998-2013), mémoire de licence en SPA, inédit, UOB, 2014, p67, . |
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