1.2. Problématique
Le XXIème siècle est
caractérisé par un accroissement de l'insécurité
qui prévaut dans plusieurs pays du monde. Plusieurs personnes se
déplacent à cause d'un conflit, d'une extrême violence ou
à cause d'une grave instabilité économique et politique
dans leur pays. C'est pourquoi tout au long de ce siècle, des hommes et
des femmes ont dû abandonner leur foyer et chercher refuge ailleurs. Les
flux de réfugiés et les mouvements migratoires occupent
désormais une place de premier choix à l'ordre du jour de
l'agenda international.
La question sur les migrations demeure une
problématique assez intéressante. Elle est au centre des
débats politiques et scientifiques ces dernières années.
Dans un monde qui se globalise, les migrations ne cessent de prendre de
l'ampleur et deviennent de plus en plus diversifiées et complexes, les
mouvements massifs de populations restent de ce fait les
caractéristiques saillantes du monde contemporain. (ALI M., 2016).
La région du Sahel fait aujourd'hui face à un
défi sécuritaire et de déplacements forcés de la
population. La crise sahélienne, saisie à la fois au travers par
deux crises majeures qui l'affectent depuis le début des années
2010 :d'une part la crise déclenchée par les violences
perpétrées par la secte Boko Haram dans les pays bordant le
bassin du Lac Tchad et d'autre part, la crise apparue en 2012 au Mali. Toutes
ces crises ont engendré des déplacements massifs des populations
(BAGAYOKO N, 2019). Le conflit malien est responsable du déplacement
interne ou transfrontalier de plus de 350 000 personnes, (OCDE, idem).
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Le Niger, comme d'autres pays du monde, fait face à un
flux de réfugiés sans précédent. Il compte 233.308
réfugiés de toute provenance confondue2. En effet,
avec l'insécurité qui règne dans les pays voisins
notamment le Mali, un nombre important de déplacés forcés
se dirigent au Niger pour chercher refuge et assistance, le Niger reste
fortement touché par l'insécurité du fait de sa position
géographique. Cette situation a fragilisé particulièrement
les régions frontalières notamment Tillabéry, Diffa et
Tahoua qui accueillent plusieurs réfugiés et
déplacés internes. Ainsi la région de Tillabéry,
regorge plus de 120.000 réfugiés et déplacés
internes dont 40.411 réfugiés, repartis dans le camp d'Abala, et
dans les sites urbanisés d'Ayorou et de Ouallam (HCR, 2021)
L'intégration et la protection de ces
réfugiés sont un véritable problème dans les
milieux d'accueil pour lesquels la présence de réfugiés
peut avoir des impacts sur la vie socioéconomique de la population
hôte dès lors où beaucoup de pays d'accueil sont
économiquement faibles. (HCR, 1997).L'installation de
réfugiés se traduit par l'appauvrissement intense de ceux qui les
accueillent, car souvent les populations locales sont plus démunies que
les réfugiés qu'elles accueillent (LASSAILLY JACOB V, ibid.).Il
faut noter qu'au Niger, l'intégration socioéconomique des
réfugiés n'a pas fait l'objet des recherches scientifiques
d'où la pertinence de notre sujet de recherche.
La ville d'Ayorou ne fait pas exception par rapport à
ce phénomène car est située à 45 km de la
frontière avec le Mali, elle accueille depuis 2012 des
réfugiés maliens. Le HCR en collaboration avec le gouvernement
nigérien a mis en place un projet permettant de ne plus appeler les
zones des réfugiés des « camps » mais
plutôt des «sites d'inclusion » pour faciliter leur
intégration. L'objectif visé par les acteurs humanitaires
à travers cette politique de « site d'inclusion » est de
renforcer les services socioéconomiques des réfugiés et
des populations hôtes afin d'harmoniser leur cohabitation et de favoriser
l'intégration de ces réfugiés. Cependant, cette politique
n'est pas sans conséquence sur les lieux d'accueil qui ont des
ressources limitées. C'est pourquoi en 2017 le camp de Tabarey-Barey et
de Mangayzé ont été fermés et les
réfugiés délocalisés dans des sites
urbanisés notamment dans la ville d'Ayorou et de Ouallam. Cette
délocalisation vient amplifier la situation de l'accueil, la
cohabitation, la protection et l'accès aux ressources dans la ville
d'Ayorou, une ville déjà fragilisée par les crises
frontalières. Selon le HCR la ville d'Ayorou compte 11999
réfugiés maliens en juillet 2021, et elle continue aussi
d'enregistrer des nouvelles arrivées des réfugiés suite
aux attaques terroristes dans la commune de Ouattagouna (Mali) en Août
2021. Ainsi, cette situation suscite plusieurs questions par rapport à
la protection et l'intégration des réfugiés dans la ville
d'Ayorou, c'est pourquoi nous formulons nos questions de recherche comme
suit:
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