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Intégration socio-économique des réfugiés maliens à  Ayorou (Niger)


par Hassane Abdoullaye Boureima
Université de Niamey  - Master 2019
  

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1.2. Problématique

Le XXIème siècle est caractérisé par un accroissement de l'insécurité qui prévaut dans plusieurs pays du monde. Plusieurs personnes se déplacent à cause d'un conflit, d'une extrême violence ou à cause d'une grave instabilité économique et politique dans leur pays. C'est pourquoi tout au long de ce siècle, des hommes et des femmes ont dû abandonner leur foyer et chercher refuge ailleurs. Les flux de réfugiés et les mouvements migratoires occupent désormais une place de premier choix à l'ordre du jour de l'agenda international.

La question sur les migrations demeure une problématique assez intéressante. Elle est au centre des débats politiques et scientifiques ces dernières années. Dans un monde qui se globalise, les migrations ne cessent de prendre de l'ampleur et deviennent de plus en plus diversifiées et complexes, les mouvements massifs de populations restent de ce fait les caractéristiques saillantes du monde contemporain. (ALI M., 2016).

La région du Sahel fait aujourd'hui face à un défi sécuritaire et de déplacements forcés de la population. La crise sahélienne, saisie à la fois au travers par deux crises majeures qui l'affectent depuis le début des années 2010 :d'une part la crise déclenchée par les violences perpétrées par la secte Boko Haram dans les pays bordant le bassin du Lac Tchad et d'autre part, la crise apparue en 2012 au Mali. Toutes ces crises ont engendré des déplacements massifs des populations (BAGAYOKO N, 2019). Le conflit malien est responsable du déplacement interne ou transfrontalier de plus de 350 000 personnes, (OCDE, idem).

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Le Niger, comme d'autres pays du monde, fait face à un flux de réfugiés sans précédent. Il compte 233.308 réfugiés de toute provenance confondue2. En effet, avec l'insécurité qui règne dans les pays voisins notamment le Mali, un nombre important de déplacés forcés se dirigent au Niger pour chercher refuge et assistance, le Niger reste fortement touché par l'insécurité du fait de sa position géographique. Cette situation a fragilisé particulièrement les régions frontalières notamment Tillabéry, Diffa et Tahoua qui accueillent plusieurs réfugiés et déplacés internes. Ainsi la région de Tillabéry, regorge plus de 120.000 réfugiés et déplacés internes dont 40.411 réfugiés, repartis dans le camp d'Abala, et dans les sites urbanisés d'Ayorou et de Ouallam (HCR, 2021)

L'intégration et la protection de ces réfugiés sont un véritable problème dans les milieux d'accueil pour lesquels la présence de réfugiés peut avoir des impacts sur la vie socioéconomique de la population hôte dès lors où beaucoup de pays d'accueil sont économiquement faibles. (HCR, 1997).L'installation de réfugiés se traduit par l'appauvrissement intense de ceux qui les accueillent, car souvent les populations locales sont plus démunies que les réfugiés qu'elles accueillent (LASSAILLY JACOB V, ibid.).Il faut noter qu'au Niger, l'intégration socioéconomique des réfugiés n'a pas fait l'objet des recherches scientifiques d'où la pertinence de notre sujet de recherche.

La ville d'Ayorou ne fait pas exception par rapport à ce phénomène car est située à 45 km de la frontière avec le Mali, elle accueille depuis 2012 des réfugiés maliens. Le HCR en collaboration avec le gouvernement nigérien a mis en place un projet permettant de ne plus appeler les zones des réfugiés des « camps » mais plutôt des «sites d'inclusion » pour faciliter leur intégration. L'objectif visé par les acteurs humanitaires à travers cette politique de « site d'inclusion » est de renforcer les services socioéconomiques des réfugiés et des populations hôtes afin d'harmoniser leur cohabitation et de favoriser l'intégration de ces réfugiés. Cependant, cette politique n'est pas sans conséquence sur les lieux d'accueil qui ont des ressources limitées. C'est pourquoi en 2017 le camp de Tabarey-Barey et de Mangayzé ont été fermés et les réfugiés délocalisés dans des sites urbanisés notamment dans la ville d'Ayorou et de Ouallam. Cette délocalisation vient amplifier la situation de l'accueil, la cohabitation, la protection et l'accès aux ressources dans la ville d'Ayorou, une ville déjà fragilisée par les crises frontalières. Selon le HCR la ville d'Ayorou compte 11999 réfugiés maliens en juillet 2021, et elle continue aussi d'enregistrer des nouvelles arrivées des réfugiés suite aux attaques terroristes dans la commune de Ouattagouna (Mali) en Août 2021. Ainsi, cette situation suscite plusieurs questions par rapport à la protection et l'intégration des réfugiés dans la ville d'Ayorou, c'est pourquoi nous formulons nos questions de recherche comme suit:

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld