Intégration socio-économique des réfugiés maliens à Ayorou (Niger)par Hassane Abdoullaye Boureima Université de Niamey - Master 2019 |
4.3.3. Cohabitation entre les réfugiés et la population de la villeSelon COLEMAN L(ibid), La cohabitation des réfugiés est conditionnée par les liens sociaux qui unissent les réfugiés et les autochtones. Contrairement aux réfugiés nigérians dans la ville de Diffa (BELLO AMADOU M, ibid) qui cohabitent difficilement avec les habitants surtout les enfants et les femmes qui sont toujours en conflit avec ceux de la ville de Diffa à cause de la différence d'éducation et de culture, les réfugiés maliens grâce aux liens et aux affinités qui les lient avec la population, cohabitaient dans ville d'Ayorou. En effet en dehors de l'entraide entre les deux populations, il y'a eu aussi des mariages entre eux. Plusieurs réfugiés nous ont confirmé d'avoir épousé une femme dans la ville ou de donner leurs filles en mariage. En plus, 92% de nos enquêtés affirment participer à des cérémonies (mariages et baptêmes) dans la ville d'Ayorou, « Il y'a une bonne cohabitation entre nous et la population depuis notre arrivée, il y'a jamais eu de conflit entre nous à propos de quoi que ce soit.il y'a même des réfugiés qui vivent dans la ville avec les habitants d'Ayorou ».(Entretien avec un réfugié malien,05/09/2021). Par ailleurs, tous les trois mois les chefs de quartiers de la ville d'Ayorou se réunissent avec le comité des réfugiés pour débattre de la cohabitation entre les réfugiés et les habitants de la ville. Il s'agit aussi de réfléchir sur les mesures à prendre pour harmoniser cette cohabitation. Cette cohabitation entre les réfugiés et la population est favorisée par des autorités locales à travers les matchs de football entre les jeunes de la ville et les jeunes réfugiés qu'organisent la mairie et ses partenaires. Ensuite dans toute intervention du HCR ou des ONG, les habitants de la ville sont pris en compte, ce qui favorise davantage cette cohabitation. Le chef de canton d'Ayorou nous confirme cela à travers ces propos « Grace à ces réfugiés les acteurs humanitaires nous fait beaucoup de choses, ils nous ont renforcé les services de dispensaires, ils ont fait des sensibilisations, ils ont amené des projets mixtes qui prennent en compte les réfugiés et les habitants de la ville. Par exemple il y'a une formation en pisciculture financé par le BIT où c'est 50% des réfugiés et 50% du côté des habitants d'Ayorou qui en bénéficient. Dans toutes les actions que mènent les ONG ou le HCR envers les réfugiés, il y'a la part de la population d'Ayorou » (Entretien, 14/08/2021). En outre la croix rouge nigérienne organise des femmes de la ville et des femmes de réfugiées en clubs des mères pour non seulement améliorer leur cohabitation à travers des sensibilisations mais aussi à travers des sensibilisations sur l'hygiène et l'assainissement. En cas de conflit entre les réfugiés et la population, la victime fait appel au chef du village, si elle ne trouve pas satisfaction elle ira se plaindre chez le chef de canton puis au niveau de la police ou de la gendarmerie jusqu'à être mis dans ses droits. Pendant la saison pluviale, les habitants se plaignent au niveau des autorités coutumières pour alerter les réfugiés à ne pas laisser leurs animaux pâturer dans les champs. Il faut noter que cela n'a jamais l'objet d'un conflit entre les réfugiés et les cultivateurs de la ville. A chaque fois qu'il y'a ces genres des problèmes tous chefs de quartiers se regroupent pour alerter le comité des réfugiés qui passera le message à tous les réfugiés. 49 Pour éviter ces genres de conflits, le HCR et ses partenaires aussi ont mis en place un cadre de concertation qui a lieu tous les mois. Ce cadre regroupe les chefs de différents quartiers, le comité des réfugiés, quelques femmes de la ville et les jeunes leaders. L'objectif assigné est de créer des dialogues entre ces acteurs au tour des questions liées à la cohabitation entre les réfugiés et les habitants pour qu'ensemble ils trouvent une solution. Photo 7: Plaque de projet de la croix rouge nigérienne intervenant dans le cadre de la cohabitation entre les réfugiés et la population de la ville d'Ayorou Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021. |
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