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Intégration socio-économique des réfugiés maliens à  Ayorou (Niger)


par Hassane Abdoullaye Boureima
Université de Niamey  - Master 2019
  

Disponible en mode multipage

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II

 

République du Niger

Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

 

Département de Géographie

Milieux et sociétés des espaces arides et semi-arides : Aménagement - Développement Option : Aménagement et gestion des espaces ruraux

Intégration socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Mémoire de Master

Présenté et soutenu par :

ABDOULAYE BOUREIMA Hassane

Directeur : Pr MOUNKAILA Harouna President: Dr ABDOU YONLIHINZA Issa

Professeur titulaire Maitre des conférences Géo/FLHS/UAM

Assesseur : Dr ALI Nouhou Assistant Géo/FLSH/UAM

Année académique 2021-2022

III

Dédicaces

À

Ma mère Zélika Ali

Et

Mon père Abdoulaye Boureima

II

Remerciements

Nous ne pouvons pas mentionner toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail, Néanmoins de prime à bord, nous exprimons notre reconnaissance et notre gratitude à l'endroit du Pr Mounkaila Harouna, professeur titulaire à l'Ecole Normale Supérieure(ENS) de l'Université Abdou Moumouni pour la qualité de son encadrement et surtout pour sa rigueur et sa disponibilité tout au long de ce travail. Je remercie Dr Florence Boyer, chercheure à l'Institut de Recherche pour le Développement(IRD) pour les conseils et orientations

Nous tenons à remercier OXFAM-Niger à travers le projet COMIS (Comprendre la Migration au Sahel) pour nous avoir accordé une allocation de recherche pendant neuf(9) mois dans le cadre de l'élaboration de ce mémoire. Nous remercions particulièrement le Groupe d'Etudes et de Recherche Migrations, Espaces et Sociétés(GERMES) pour les multiples formations et pour nous avoir fourni un cadre idéal de travail.

Nous remercions Dr Abdourazak Niandou Abassa, assistant de recherche au GERMES, Dr Moussa Yayé, chargé de recherche à l'IRSH, Dr Kassoum. Qu'ils trouvent ici toute notre reconnaissance et notre gratitude pour leurs observations et leurs conseils tout au long de ce travail.

Nos remerciements vont aussi à l'endroit de tout le corps professoral de la FLSH et du département de géographie particulièrement pour la qualité de la formation et à l'endroit des autorités administratives, coutumières de la ville d'Ayorou et des représentants du Haut-Commissariat pour les Réfugiés(HCR) et de la Commission Nationale d'Eligibilité(CNE) pour leur disponibilité pendant nos entretiens. Enfin, nous remercions le comité des réfugiés et l'ensemble de tous les réfugiés pour le temps qu'ils n'ont accordé.

III

Sigles et Abréviations

ACTED Agence d'aide à la Coopération Technique et au Développement

ADES Agence de Développement Economique et Social

AGR Activités Génératrices de Revenu

AHA Aménagement Hydro-Agricole

APBE Action Pour le Bien Être

BM Banque Mondiale

CCFN Centre Culturel Français du Niger

CNE Commission Nationale d'Eligibilité

COOPI Organisme de coopération internationale italienne

CSI Centre de Santé Intégré

DIT Direction Internationale du Travail

DRC Conseil Danois pour les Réfugiés

FCFA Franc des Communautés Françaises d'Afrique

FLSH Faculté des Lettres et Sciences Humaines

HCR Haut-Commissariat pour les Réfugiés

IRC Intertional Rescue Comitee

IRSH Institut de Recherche en Sciences Humaines

KM Kilomètre

LASDEL Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le

Développement Local

MNLA Mouvement Nationale de la Libération de l'Azawak

MSF Médecin Sans Frontière

OIM Organisation Internationale pour la Migration

OCDE Organisation de Coopération et du Développement Economique

OCHA Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies

ONG Organisation Non Gouvernementale

IV

OUA Organisation de l'Union Africaine

PAM Programme Alimentaire Mondiale

PARCA Projet d'Appui aux Réfugiés et aux Communautés d'Accueil

PDC Plan de Développement Communautaire

RGP/H Recensement Général de la Population et de l'Habitat

VBG Violence Basée sur le Genre

V

Table de matières

DEDICACES III

REMERCIEMENTS II

SIGLES ET ABREVIATIONS III

RESUME VIII

TABLE DES FIGURES IX

TABLE DES PHOTOS X

TABLE DES TABLEAUX XI

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 2

1.1. REVUE DE LA LITTERATURE 2

1.1.1. Déplacements forcés 2

1.1.2. De l'insécurité à la migration 3

1.1.3. Protection des réfugiés, une responsabilité partagée 5

1.1.4. Intégration socioéconomique des refugiés 7

1.1.5. Définition des concepts clés 10

1.2. PROBLEMATIQUE 11

1.2.1. Questions de recherches 12

1.2.2. Hypothèses : 13

1.2.3. Objectifs 13

1.3. CADRE METHODOLOGIQUE 13

1.3.1. Recherche documentaire 13

1.3.2. Travaux de terrain 14

1.3.2.1. Observation 14

1.3.2.2. Entretiens 14

1.3.2.3. Enquête ménage 14

1.3.2.4. Déroulement de l'enquête 14

1.3.2.5. Traitement et analyse des donnés 15

1.3.3. Difficultés rencontrées 15

CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA VILLE D'AYOROU 17

2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 17

2.2. HISTORIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 0

2.3. CADRE PHYSIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 0

2.3.2. Ressources en eau 26

2.3.2.1. Eaux de surface 26

2.3.2.2. Eaux souterraines 20

2.4. PROFIL DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION DE LA VILLE D'AYOROU 20

2.5. ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES DE LA POPULATION DE LA VILLE D'AYOROU 21

2.5.1. Agriculture 21

2.5.2. Elevage 22

2.5.3. Pêche 22

2.5.4. Commerce 23

VI

2.5.5. Artisanat 23

2.6. SECTEURS SOCIAUX DE BASE 23

2.7. AMPLEUR DES MIGRATIONS DANS LA VILLE D'AYOROU 24

CHAPITRE 3 : CARACTERISTIQUES, PROVENANCE ET ACCUEIL DES REFUGIES

MALIENS 26

3.1. CARACTERISTIQUES DES CHEFS DE MENAGES REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE 26

3.1.1. Profil démographique des chefs de ménages réfugiés maliens à Ayorou 26

3.1.2. Faible scolarisation des réfugiés 26

3.1.3. Activités économiques des chefs de ménages réfugiés au Mali, une prédominance des agriculteurs

et des commerçants 27

3.1.4. Taille de ménage des refugiés 27

3.2. PROVENANCE DES REFUGIES MALIENS 28

3.3. ACCUEIL ET LOCALISATION DES REFUGIES DANS LA VILLE D'AYOROU 30

3.3.1. Choix d'Ayorou comme destination 30

3.3.2. Accueil des réfugiés dans la ville d'Ayorou et les acteurs 31

3.3.3. Localisation des réfugiés dans la ville d'Ayorou 32

3.3.4. Dispersion des réfugiés dans la ville, un défi pour les acteurs humanitaires 33

3.4. PARCOURS DES REFUGIES MALIENS 34

3.4.1. Délocalisation des réfugiés du camp de Tabarey-barey vers le site urbanisé 34

3.4.2. Réfugiés, du site urbanisé à la ville d'Ayorou 35

3.4.3. Modes de transport utilisés par les réfugiés pendant le déplacement 37

3.5. ACCES DES REFUGIES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA VILLE D'AYOROU 37

3.5.1. Fleuve, principale source d'eau des réfugiés dans la ville 37

3.5.2. Accès à l'eau dans la ville, une difficulté pour les réfugiés 38

3.5.3. Modes d'éclairage des réfugiés dans la ville d'Ayorou 39

3.5.4. Accès au logement des réfugiés dans la ville d'Ayorou 39

3.5.5. Accès des réfugiés aux soins de santé 41

CHAPITRE 4 : INTEGRATION SOCIOECONOMIQUES ET PROTECTION DES

REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE D'AYOROU 43

4.1. ETAT NIGERIEN DANS L'ACCUEIL ET LA PROTECTION DES REFUGIES DANS LA VILLE D'AYOROU 43

4.1.1. De l'enregistrement à l'attribution de statut de réfugiés 43

4.1.2. CNE et les autres acteurs humanitaires, quel rapport dans l'assistance et la protection des réfugiés

dans la ville d'Ayorou 44

4.2. Action du HCR 45

4.2.1. ONG partenaires du HCR 46

4.2.2. ONG opérationnelles 46

4.3. INTEGRATION SOCIALE DES REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE D'AYOROU 46

4.3.1. Intégration des réfugiés à travers le lien de solidarités locales et parentales 46

4.3.2. Mariage entre les réfugiés et les autochtones, comme facteur d'intégration 47

4.3.3. Cohabitation entre les réfugiés et la population de la ville 48

4.3.4. Réfugiés maliens et les habitants d'Ayorou, une communauté réunie 49

4.3.5. Fleuve et route nationale, deux facteurs d'interactions transfrontalières 50

4.4. INTEGRATION ECONOMIQUE DES REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE D'AYOROU 50

4.4.1. Stratégies développées par les réfugiés dans la ville d'Ayorou 50

4.4.1.1. Activités exercées par les réfugiés dans la ville, une stratégie d'adaptation et d'intégration 50

4.4.1.2. Organisation des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou 52

4.4.1.2.1. Comité des réfugiés rôle et rapport avec les acteurs humanitaires 52

4.4.1.2.2. Associations des réfugiés dans la ville d'Ayorou 53

4.4.1.3. Formation des réfugiés par les acteurs humanitaires 54

4.4.1.5. Distribution mensuelle des vivres aux réfugiés et la vente de l'aide alimentaire 55

4.5. ASPIRATIONS DES REFUGIES 56

VII

4.5.1. Réfugiés entre retour au Mali et intégration définitive dans la ville d'Ayorou 56

4.5.2. Réfugiés dans la ville d'Ayorou, quel enjeu? 57

CONCLUSION GENERALE 59

BIBLIOGRAPHIE 60

ANNEXES : 64

VIII

Résumé

Ce travail de recherche traite des réfugiés maliens et de leur intégration socioéconomique dans la ville d'Ayorou. Il vise à comprendre les facteurs qui facilitent l'intégration des réfugiés dans la ville. Les données de terrain collectées au niveau de la ville d'Ayorou à travers l'observation in situ, les entretiens et les enquêtes ménages auprès de 100 ménages ont permis d'appréhender l'intégration socioéconomique de ces réfugiés dans la ville d'Ayorou et d'identifier les différents facteurs qui la facilitent. Les réfugiés maliens s'appuient sur des réseaux sociaux déjà existants, constitués sur la base de liens familiaux qui existent entre eux et les habitants pour s'intégrer dans la ville. Ces réfugiés s'adonnent à plusieurs activités commerciales (vente des articles) et à d'autres activités leur générant de revenu (colportage ou portefaix, maçonnerie) pour répondre à leurs besoins. Effet 27% de réfugiés développent des activités commerciales dans la ville et 23% font de la vente du bois mort. L'Etat nigérien et les acteurs humanitaires accompagnent les réfugiés maliens dans leur processus d'intégration à travers l'assistance dans le domaine alimentaire, sanitaire, éducatif et les Activités Génératrices de Revenu(AGR).

Mots-clés : Réfugié, Intégration socioéconomique, migration, Ayorou

Summary

This research work deals with Malian refugees and their socio-economic integration in the city of Ayorou. It aims to understand the factors that facilitate the integration of refugees in the city. The field data collected at the city of Ayorou through the in situations, investigations and surveys in households with 100 households have apprehended the socio-economic integration of these refugees in the city of Ayorou and to identify the different factors that facilitate it. Malian refugees are based on existing social networks, made on the basis of family ties that exist between them and the inhabitants to integrate into the city. These refugees are responsible for several business activities (sale of items) and other activities generating them with income (storage or bulletin, masonry) to meet their needs. The Nigerian State and humanitarian actors accompany Malian refugees in their integration process through assistance in the food, health, educational and income-generating activities (AGR).

Keywords: Refugee, Socioeconomic, integration, migration, Ayorou

IX

Table des figures

Figure 1 : Commune d'Ayorou 17

Figure 2 : Repartition par tranche d'age et par sexe des refugies maliens dans la ville

d'ayorou. 25

Figure 3 : Situation matrimoniale des refugies 26

Figure 4 : Profession des refugies dans les villages d'origine 27

Figure 5 : Les communes de provenance des refugies enquetes 29

Figure 4: Raison du choix d'ayorou comme lieu d'accueil 31

Figure 6 : Localisation des refugies dans la ville 33

Figure 9 : Camp de refugies de tabarey-barey en 2015, acted 36

Figure 10 : Mode d'eclairage utilise par les refugies dans la ville 39

Figure 11 : Acces au logement des refugies dans la ville d'Ayorou 40

Figure 12: Activites exercees par les refugies dans la ville 51

Figue 13: Type d'associations des refugies 54

Figure 14 et 15 : Intention de retour au mali et localite enviee dans 10ans 57

X

Table des photos

photo 3 : la tente d'un refugie installee dans la cour de son parent dans la ville d'ayorou : 41

photo 4: tente d'un refugie installee dans le champ d'un habitant de la ville 41

photo 5: une tente au sein du csi de la ville d'ayorou pour le traitement des refugies 42

photo 7: plaque de projet de la croix rouge nigerienne intervenant dans le cadre de la cohabitation

entre les refugies et la population de la ville d'ayorou 49

photo 9 : une vielle femme faisant de l'artisanat dans la ville d'ayorou 51

source : abdoulaye boureima h, 2021. 51

photo 10:des refugies vendant du bois mort au marche et une femme et sa fille transportant du bois a

vendre dans la ville 52

photo 11: le chef du comite passe une information aux refugies 53

photo 12 : un enseignant dispensant une formation d'alphabetisation a un groupe de refugies 55

photo 13 : distribution des vivres aux refugies maliens dans la ville d'ayorou 56

XI

Table des tableaux

Tableau 1 : Evolution de la population de la ville d'Ayorou 21

tableau 2: Repartition des menages refugies par taille .... ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.

tableau 3 : Communes de provenance des refugies maliens 29

tableau 4: Mode de transport utilise par les refugies 37

tableau 5 : Types d'AGR 55

1

Introduction générale

La question des migrations est au coeur de l'histoire de l'humanité. Elle prend surtout de l'ampleur à cause de l'intensification des crises sécuritaires (HAMIT KESSELY B, 2020). La migration est aujourd'hui au coeur des débats politiques et de recherches scientifiques. Les migrations internationales y tiennent une place importante et suscitent un engouement au sein de la sphère internationale en raison de leur particularité.

L'Afrique est une terre de migration depuis des décennies, toutes les formes de mobilités, volontaires ou forcées se superposent dans toute l'histoire du continent (LASSAILLY JACOB V, 2010).Le nombre des réfugiés et des déplacés internes augmente dans les pays africains notamment ceux de l'Afrique de l'ouest où prévaut depuis les années 2010 une intensification des crises sécuritaires.

Le Niger, pays de transit et d'accueil des migrants se trouve au coeur des enjeux de la migration internationale. Depuis quelques années, le Niger est devenu un pays de mobilités sous contraintes. En effet, en plus de déplacés internes qui sont de 82 604 DPIs, le Niger enregistre depuis 2012, 283 318 réfugiés toutes nationalités confondues dont 60.862 réfugiés maliens installés dans la région de Tillabéry, Tahoua et Niamey. La région de Tillabéry, compte à elle seule 67% de l'ensemble des refugiés maliens au Niger soit 40.411réfugiés résidant dans le camp d'Abala(40,10%) et les sites urbanisés d'Ayorou(30%) et de Ouallam(20,07%) (HCR, 2021).

La ville d'Ayorou avec 7371 habitants, accueille 11999 réfugiés maliens (CNE, 2021) soit 30% des réfugiés maliens au Niger. En plus de ces réfugiés, la ville d'Ayorou accueille aussi 6883 déplacés internes. Malgré ses faibles ressources, cette petite ville fait face à une forte demande en services sociaux qu'expriment les réfugiés, les déplacés et les autochtones. Quels sont les effets de la présence des réfugiés et des déplacés internes dans la ville par rapport à l'accès aux services sociaux ? Comment cohabitent ces réfugiés, avec les autochtones dans cette petite ville ? Ce travail interroge l'intégration socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il interroge également les différentes activités auxquelles s'adonnent les réfugiés dans la ville malgré le manque d'opportunités économiques qui la caractérise. Pour traiter ce sujet nous avons structuré le travail en quatre (4) chapitres. Le premier chapitre traite de la littérature sur la question des réfugiés, la protection, les conditions de vie et leur intégration dans le milieu d'accueil. Ce chapitre aborde aussi la problématique et la méthodologie utilisée dans le cadre de ce travail. Le second chapitre porte sur les aspects physiques et démographiques de la ville d'Ayorou. Le troisième chapitre présente les caractéristiques démographiques de réfugiés maliens réinstallés à Ayorou, leurs localités de provenance et leurs conditions d'accueil. Le quatrième chapitre élucide l'intégration socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.

2

Chapitre1 : Cadre théorique et méthodologique

Ce chapitre aborde l'état de la connaissance sur les déplacements forcés et la question de l'intégration socioéconomique des réfugiés dans le milieu d'accueil notamment les réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il propose ensuite des définitions des différents concepts et expose la problématique, les questions, les hypothèses ainsi que les objectifs de recherche. La méthodologie utilisée pour mener cette étude sera le dernier aspect traité dans ce chapitre.

1.1. Revue de la littérature

La revue de la littérature s'articule autour de thèmes clés du sujet notamment les déplacements forcés, l'insécurité comme facteur de migration, la protection des réfugiés et enfin l'intégration socioéconomique des réfugiés.

1.1.1. Déplacements forcés

Il est important d'abord de faire une typologie des déplacés forcés. Il y'a une différence entre un migrant économique qui opère rationnellement et librement son choix de départ et de retour, et un migrant forcé qui agit dans un contexte contraignant lui empêchant ou lui réduisant la possibilité d'un choix rationnel (LASSAILLY JACOB V,idem). La migration forcée qui fait l'objet de ce travail s'explique par un contexte de crise aiguë, de multiples ruptures et d'exils collectifs. Toutefois, ces crises font référence à des divers types de mouvements. Les termes de « réfugiés », « déplacés », « dispersés », « évacués », «expulsés », « refoulés », «chassés », « regroupés », « sinistrés » ou « victimes » s'appliquent aux individus ou aux groupes qui, tous, quittent leur lieu de résidence sous une contrainte externe impérative (LASSAILLY JACOB V, ibid.).

Ainsi pour cet auteur, il existe quatre catégories de migrations forcées. La première catégorie est induite par la violence, la persécution et la répression. La deuxième regroupe les mouvements survenus à la suite d'une catastrophe naturelle, la troisième catégorie concerne les déplacements liés aux travaux d'aménagement de territoire. La dernière catégorie concerne les populations déplacées pour des considérations politiques et stratégiques.

En effet, c'est dans la première catégorie que sont inscrits les réfugiés et les déplacés. Mais ce qui différencie les deux est que les réfugiés contrairement aux déplacés franchissent les frontières de leur pays de résidence. Ils ont en commun le caractère contraignant des déplacements. Cependant, les migrations contraintes ont des origines multiples. (LASSAILLY JACOB V, ibid.). À travers le monde, plusieurs personnes sont persécutées à cause de leur race, leur religion, leur nationalité, leur opinion politique et/ou leur appartenance à un groupe social. Ces personnes se retrouvent dans une situation où la fuite de leurs foyers et le refuge ailleurs restent la seule solution (LAMBERT E, 2014).

3

Depuis les années 1900, le monde anglo-saxon s'y intéresse. Ainsi deux centres de recherches se sont spécialisés sur la thématique. C'est le cas d'Oxford, en 1982, les «Refugee Studies1 », et le Centre « for Refugee Studies » en 1988, à Toronto.

Selon SIDIBE M(2020), les réfugiés sont scindés en deux parties: d'abord les réfugiés statutaires notamment ceux vivant dans des camps ou sur des sites urbanisés (urbains), et qui sont sous la responsabilité du HCR et d'un pays hôte. Ensuite, les « réfugiés de fait », c'est-à-dire ceux qui vivent une situation de réfugiés sans être reconnus comme tels par le droit international. Ils franchissent une frontière et se fondent dans le milieu rural ou urbain, vivant de manière clandestine dans le pays d'accueil. En ce qui concerne la première sous-catégorie (qui constitue la population cible dans le cadre de ce travail) l'appellation « réfugiés urbains » tient au fait que, ce sont des réfugiés installés en milieu urbain parmi les autochtones. Mais cette notion ne fait pas l'unanimité car d'autres chercheurs comme BAUJARD J (2009) les appellent « réfugié vivant en milieu urbain ».Dans cette catégorisation non exhaustive, cette étude s'appuie sur la catégorie des réfugiés vivant en ville qui constituent la population cible dans le cadre de notre recherche.

Des nombreuses études montrent une omniprésence de la question de mobilité forcée tout au long de l'histoire du continent africain. C'est pourquoi HAMIT KESSELY B(idem) montre que depuis les temps immémoriaux des hommes et des femmes ont été contraintes de fuir leur pays à cause des conflits armés et des violations de droit de l'homme. Par ailleurs tous les déplacements forcés s'expliquent par des crises sécuritaires. La question des réfugiés est aujourd'hui au coeur des préoccupations des chercheurs et des acteurs institutionnels car elle continue de s'amplifier.

1.1.2. De l'insécurité à la migration

Depuis plusieurs décennies, le monde est bouleversé par une crise sécuritaire qui provoque une forte mobilité des réfugiés et un déplacement massif des populations.

L'une des grandes caractéristiques de nos jours est la visibilité de l'intensification de crises de tout genre (ADAMOU MOUSSA I, 2019), selon le même auteur les crises sécuritaires sont conséquence de plusieurs facteurs notamment le fonctionnement et le comportement des Etats, des sociétés voire des rapports socioculturels, socioéconomiques.

L'Afrique n'est pas épargnée des conflits armés. Des indépendances au début des années 1990, un nombre impressionnant de pays africains ont été touchés par des conflits. De ce fait ces derniers sont la résultante de plusieurs facteurs.

Les facteurs démographiques, la pauvreté, les calamités naturelles et l'instabilité politique sont les principales causes qui amplifient la migration en Afrique (CAMBREZY L et LASSAILLY JACOB V, 2005)

Ainsi depuis les années 60 l'Afrique est plongée dans un cycle d'instabilité chronique. A titre illustratif en Afrique l'ouest entre 1967 et 1970 une guerre civile bouleversa la république fédérale du Nigéria. Elle est suivie par celle du Liberia et de la Sierra Léone respectivement

1 Refugee studies sont un champ de recherche en langue anglais crée en 1981 centré sur l'étude des réfugiés et de leurs déplacements.

4

entre 1989-1996 et1991-2001. En plus, il eut le déclenchement de la rébellion au Niger et au Mali dans les années 1990 et enfin une guerre civile a vu le jour en Guinée-Bissau en 1999. La liste n'est pas exhaustive mais toutes ces guerres ont généré un déplacement forcé de plusieurs couches sociales (LUNTUMBUE M, 2012).Les autres régions du continent ne sont pas exemptées par des crises sécuritaires violentes.

Selon la Banque Mondiale la situation de déplacements forcés en Afrique de l'ouest se caractérise non seulement par une intensification des conflits et de violence tout au long de l'année 2018, mais aussi par des sécheresses, des inondations et des tempêtes qui ont contraint des millions de personnes à fuir leur domicile. Cette situation a entrainé environ 7,4 millions de nouveaux déplacements liés aux conflits et violence et 2,6 millions liés aux catastrophes naturelles, un total représentant 36 % des déplacements globaux (BM,2019).

Selon plusieurs auteurs comme LUNTUMBUE M (idem) les conflits armés en Afrique peuvent être idéologiques, ethniques et interétatiques. En Afrique de l'ouest les foyers de conflits sont surtout animés par des groupes armés qui sont de trois ordres :

? Ceux qui visent la conquête du pouvoir de l'État ou le changement radical du modèle institutionnel et social (Al-Qaïda au Maghreb islamique, Boko-Haram);

? Ceux qui revendiquent une autonomie politique pour des motifs identitaires et ou pour un partage de ressources (Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger, MEND dans le Delta du Niger);

? Ceux qui luttent pour une plus large autonomie de type indépendantiste(AQMI).

Tous ces conflits s'inscrivent dans un système chronique et interétatique, se produisant pratiquement comme un égrainage de chapelet, comme l'a montré LUNTUMBUE M (ibid.). Pour cet auteur les conflits transfrontaliers naissent et perdurent en raison de liens transnationaux de nature économique, sociale et culturelle entre les pays.

« Les systèmes de conflits de la zone sahélo-saharienne englobe les frontalières qui vont de la Mauritanie à l'Algérie et du Mali au Niger. Son épicentre se situe sur la frontière entre l'Algérie, le Mali et le Niger et correspond à la poussée vers le sud des djihadistes algériens(AQMI) » (LUNTUMBUE M, ibid).

La question de l'insécurité est aujourd'hui d'actualité et sa présence provoque une forte mobilité forcée des populations. Cet état de fait confère à la question un caractère omniprésent dans la vie quotidienne « rares sont les sujets évoqués dans lesquels elle n'est pas mentionnée, ne serait-ce qu'une seule fois. Il y est fait allusion tant dans les discussions quotidiennes que dans les débats politiques. Elle-même est devenue l'un des enjeux sociaux les plus importants dans le monde actuel » (BOUTELLIER H(2008).

Les intenses mobilités des réfugiés causées par des crises, transforment la région africaine en un pôle régional d'intervention humanitaire internationale. GUICHAOUA A(1999) affirme qu'entre 1994 et 1996 en Afrique centrale une juxtaposition de conflit régional a débouché sur plus de deux(2) millions de réfugiés et déplacés internes impliquant une dizaine des pays.

En Afrique de l'Ouest, la question de mobilités forcées des populations est au coeur de l'actualité. Les violences placent la zone sahélienne en tête du classement international, pour

5

avoir affecté des milliers de populations les obligeant à se réfugier à la quête des espaces apaisés et calmes, (VOISIN E, 2018).

De façon particulière, le Niger, de par sa situation géographique, se trouve au coeur des foyers de tension dans cet espace. Depuis 2011 avec la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye, la crise sécuritaire au Mali et au Burkina Faso, et le Boko-Haram au Nigeria, sa situation sécuritaire s'est détériorée. Aux problèmes sécuritaires s'ajoutent la pauvreté et la vulnérabilité des populations. En effet, les facteurs socioéconomiques sont les premiers facteurs conditionnant les membres de la communauté à l'insécurité. Ce sont les facteurs qui prédisposent les individus à la radicalisation et à la violence (HD idem) compliquant davantage la situation sécuritaire du Niger.

Plusieurs groupes terroristes comme Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dans la région sahélo-saharienne, Boko haram dans la région du lac Tchad, Al-Shabaab dans la corne de l'Afrique, Ansar al-Sharia et l'Etat islamique(EI) dans la région du Maghreb, ont mené de nombreuses attaques qui ont mis plusieurs personnes dans une situation de migration forcée (ADAMOU MOUSSA I, idem).

Ces crises ont engendré plusieurs déplacements forcés à travers les pays. En effet, la crise du Mali et celle de Boko haram au Nigeria ont poussé des milliers de réfugiés à s'installer sur le territoire nigérien, notamment dans les trois régions frontalières à savoir Tillabéry, Tahoua et Diffa. (PARCA, 2018)

Ces réfugiés sont accueillis soit dans des camps, soit sur des sites d'accueil. Les régions qui accueillent ces réfugiés ont dû faire face à une dégradation de leur propre situation sécuritaire, à cause d'attaques terroristes qui ont visé les forces de défense et de sécurité chargées de la protection des camps et de la population (PARCA, 2018, idem). La question de protection des réfugiés constitue une préoccupation majeure pour les pays d'accueil et les acteurs humanitaires.

1.1.3. Protection des réfugiés, une responsabilité partagée

Le principal accord international permettant la protection des réfugiés est la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, qui fut complétée par un protocole lui offrant une application universelle en 1967. La convention de Genève est par ailleurs complétée par des instruments internationaux et régionaux de protection des droits humains. Les 193 pays signataires de la convention de Genève, se sont engagés à garantir la protection des réfugiés. En plus, des accords régionaux tels que la convention sur les réfugiés de 1969 de l'organisation de l'unité africaine ont eu lieu.

C'est dans ce cadre que le Haut-Commissariat pour les Réfugiés(HCR) a été créé en 1950 pour assurer la protection des réfugiés. Á sa création son statut lui confère deux fonctions principales : la première est d'assurer la protection de réfugiés, en travaillant avec les Etats afin qu'ils garantissent à ceux ayant une crainte raisonnable d'être persécuté, et la deuxième fonction est la recherche de solutions durables pour les réfugiés, que ce soit le rapatriement librement consenti dans le pays d'origine ou l'intégration dans le pays de première asile (WALI WALI C, 2010).

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Le HCR est considéré comme le gardien du régime de protection internationale des réfugiés, comprenant les normes, les règles et les principes de la convention de Genève. La question des réfugiés fait l'objet de textes et d'activités de la part de la communauté internationale. Les réfugiés sont au même titre que les autres hommes et femmes titulaires de droit de l'homme et de liberté en vertu du droit international (WALI WALI C, idem).

Les déplacements forcés ne se font pas de plein gré, les personnes fuient une menace ou une situation dans laquelle leur existence est menacée ou leurs droits bafoués. Ces personnes une fois dans les zones d'accueil doivent être protégées et assistées. Ainsi la convention de Genève et son protocole additionnel de 1967 se présentent alors comme source de droits sur lesquelles les réfugiés peuvent s'appuyer pour demander protection, (WALI WALI C, ibid.).

Les personnes qui ne sont pas protégées par leur pays d'origine, bénéficient d'un mécanisme important et particulier du droit international, qui leur permet de demander la protection d'un autre État (MARYLIE R, 2013). En effet ce mécanisme est conçu pour offrir une protection aux réfugiés qui ne peuvent plus compter sur la protection de leur pays d'origine. Ce sont alors la communauté internationale et les pays signataires de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 qui deviennent responsables de protéger ces personnes. Ces obligations visent l'admission des réfugiés dans un pays d'asile, qu'ils soient protégés du refoulement vers leur pays d'origine et traités selon certains normes et standards, dont évidemment le plus fondamental est le respect des droits de la personne.

Cependant, la protection internationale accordée aux réfugiés n'est pas une fin en soi. Son objectif ultime est de mener à une solution durable où le statut de réfugié prend fin, soit par le rapatriement dans le pays d'origine, par l'intégration dans le pays de premier asile, ou par la réinstallation en pays tiers (MARYLIE R, idem). Tl s'agit d'une forme de protection essentiellement temporaire et transitoire, entre le moment où le lien entre le citoyen et son État se rompt, et le moment où cette personne acquiert la protection complète d'un autre État ou réacquiert la protection de son État d'origine.

En 1979, les pays membres de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont mis en place un protocole dans l'optique de permettre la libre circulation des personnes au sein de la région. Ce protocole prévoit pour tous les citoyens le droit d'entrer et de résider dans l'espace ; autrement dit les citoyens peuvent séjourner librement jusqu'à 90 jours dans tous les pays membres de la CEDEAO et ont également droit à une résidence à des fins de recherche et d'occupation d'emploi. Ce droit implique également une égalité de traitement entre les citoyens de la communauté et les nationaux des États membres.

Le Niger a ratifié la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole additionnel de 1967 ; il a aussi ratifié, la convention de l'Organisation de l'Union Africaine(OUA) en 1969 régissant les aspects spécifiques aux problèmes des réfugiés en Afrique adopté à Addis Abeba (Ethiopie).

Au plan national, en plus de ce dispositif juridique s'ajoute la loi n° 97016 du 20 juin 1997 relative au statut des réfugiés et son décret d'application n° 98-382/PRN/MI/AT du 24 décembre 1998. Ces instruments juridiques règlent principalement les droits et devoirs des réfugiés au Niger. En plus, l'arrêté N° 142/MT/SP/D/AR/DEC-R, accorde le statut « prima-

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facie » aux ressortissants du Mali victimes du conflit armé déclenché depuis 2012. Cet arrêté implique que les Maliens sont reconnus comme réfugiés, sans devoir suivre une procédure individuelle de détermination du statut du réfugié.

Le Niger a ensuite mis en place la Commission Nationale d'Eligibilité au Statut de Réfugié (CNE) qui est chargée d'attribuer ou non le statut de réfugié aux demandeurs d'asile leur permettant de bénéficier d'un certain nombre de droits et également d'avoir accès aux services de bases notamment le logement, la santé, l'éducation, etc. (MOUNKAILA H et ISSAKA MAGA H, 2019). Á l'instar de la protection, l'intégration socioéconomique pose également de problèmes dans les milieux d'accueil.

1.1.4. Intégration socioéconomique des refugiés

Aujourd'hui, l'intégration des réfugiés est au coeur des préoccupations des États et des organismes internationaux. En effet, le terme « intégration » résume les différents processus d'inclusion économique, spatiale et culturelle des individus dans la société d'accueil, malgré qu'elle soit une lourde charge pour les zones d'accueil.

Pour WALI WALI C (ibid.) le terme intégration est utilisé pour l'incorporation progressive des étrangers dans une société d'accueil sans que cela soit une fusion, c'est un accompagnement pour que la personne qui arrive puisse trouver sa place dans la société d'accueil en vue de parvenir à une cohabitation et une acceptation mutuelle entre lui et les populations autochtones.

C'est entre 1960 et 1990 que la solution de l'installation sur place ou l'intégration a été largement adoptée par le HCR pour promouvoir l'autonomie de réfugiés sur le plan économique et social, car leur intégration dans le pays d'accueil permet au HCR de mettre fin à ses activités (BEIGBEDER Y, 1999),

Pour faciliter l'intégration des réfugiés et leur protection internationale et pour rechercher des solutions durables à leurs problèmes, plusieurs institutions ont vu le jour. Tout d'abord à la fin de la seconde guerre mondiale, l'Organisations des Nations Unies (ONU) met en place l'Organisation International des Réfugiés(OIR) en 1947 pour apporter aide et assistances aux personnes qui fuient les guerres (BELLO AMADOU M, 2018).

En 1951 s'en est suivie la convention de Genève et son protocole additionnel en 1967, à New York, qui a été élaboré et signé afin de corriger les limites de la Convention de 1951 (idem).

Á l'échelle de l'Afrique plusieurs conférences régionales ont été convoquées par rapport à l'afflux de réfugiés et de leur installation sur place :

- En 1967 s'est tenue à Addis-Abeba une conférence internationale qui souligne les aspects légaux, économiques et sociaux du problème de réfugiés en Afrique ;

- En 1969, a eu lieu l'assemblée de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA) régissant

les aspects propres aux problèmes de réfugiés et de leur installation en Afrique ;

- En 1979, s'est tenu la conférence d'Arusha(Tanzanie) pour évoquer également la question de l'intégration et de l'autonomie de réfugiés ;

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- En 1981 et 1984 se sont tenues respectivement deux conférences à Ciara (Genève) pour débattre sur l'assistance aux réfugiés et aux pays d'accueil pour faciliter l'intégration.

En outre, conformément à la convention de Genève de 1951, le HCR propose trois solutions durables pour les réfugiés. Ces solutions sont le rapatriement librement consenti : qui consiste à faire retourner les réfugiés dans leurs pays d'origine avec leur consentement, dans la sécurité et la dignité ; ensuite l'intégration sur place : il s'agit d'aider les réfugiés à s'intégrer dans le premier pays d'accueil ; et enfin la réinstallation qui consiste à orienter les réfugiés vers un autre pays qui accepte de les accueillir à titre permanent. Cependant, en réponse aux inquiétudes des pays du Nord (bailleurs du HCR) qui ne sont plus prêts à envisager la réinstallation en masse de population refugiée, le HCR propose que le rapatriement soit désormais la solution durable privilégiée,(FRESIA M, idem ).

Et selon toujours le même auteur, pour s'intégrer les réfugiés utilisent les liens de solidarités locales et parentales et aussi les liens de solidarités conventionnelles nationales et internationales.

Pour VATZ LAAROUSSI M (2009), plusieurs opportunités peuvent faciliter l'intégration des réfugiés au sein de la population locale notamment l'emploi, le contact social, le logement l'accès aux services de santé et l'éducation. Le réseau social est particulièrement le facteur important dans le cadre de leur intégration, il peut être organisé ou non et les relations à l'intérieur des réseaux sont diversifiés, (LEMIEUX V, 1999).

Les réseaux se forment dès l'arrivée des immigrants, lors des premiers contacts avec les résidents de la collectivité d'accueil et avec les organismes d'accueil. La formation continue tout au long de leurs parcours migratoires. Ces réseaux sont constitués de cinq groupes : la famille, les amis, les parrains, l'hôte et les nouveaux amis du même groupe culturel (VATZ LAAROUSSI M, idem.).

Plusieurs chercheurs notamment LASSAILLY JACOB V (ibid.), montrent que l'intégration est relative aux réfugiés selon leur temps d'arrivée, leur ethnicité et l'espace d'accueil. Il est plus facile pour les réfugiés qui arrivent en premier dans le lieu d'accueil de s'intégrer que ceux qui viennent par la suite.

DAROIS J (1989) montre dans ses recherches comment les réfugiés d'Asie au Québec se sont intégrés en fonction de leur date d'arrivée dans la population hôte. Par contre pour CHARLAND M(2006) les réfugiés s'intègrent à travers l'intervention des organismes humanitaires dans leur processus d'intégration, c'est via ces organismes que les réfugiés tissent des relations avec la population locale.

Lorsque les réfugiés traversent une frontière, ils se dirigent vers les villages et les villes où se trouvent leurs familles. Quelle qu'en soit la destination, le choix du lieu ne se fait pas au hasard car les réfugiés empruntent des itinéraires familiers (COLEMAN L, 2014), l'acceptation des refugiés par les autochtones dépendent des proximités culturelles et linguistiques.

D'après VATZ LAAROUSSI M (ibid.), la possibilité d'emplois et de revenus satisfaisants, le sentiment d'être reconnu professionnellement et socialement, la présence d'un réseau de

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soutien, la proximité d'un milieu scolaire, l'accès à des services de santé, la présence d'organismes d'accueil et d'intégration disponibles et efficaces, l'ouverture des organismes ou instances locales à la participation des migrants représentent des facteurs d'intégration et de rétention.

Ainsi, derrière l'intégration formelle recommandée par les institutions nationales et internationales, se forme un autre type qui se fait de manière informelle à travers des liens sociaux ou familiaux. Il est important de soutenir les pays qui choisissent de régler la situation des réfugiés au plan local à travers l'intégration qui est une décision souveraine et une option devant être prise par les États d'accueil sur la base de leurs obligations en vertu des traités et des principes relatifs aux droits humains (BEIGBEDER Y, 1999).

C'est pourquoi depuis quelques années le HCR en collaboration avec le Niger met en oeuvre une politique tournée vers l'installation sur place comme solution d'accueil de longue durée. Cette forme d'assistance est décrite par BEIGBEDER Y (idem), en ces termes : « Dans la mesure du possible, l'aide à l'installation sur place prend la forme de projet visant à promouvoir l'autonomie des réfugiés sur le plan socioéconomique et leur intégration dans le pays d'asile »

En effet, l'intégration locale comporte plusieurs dimensions notamment économique, sociale, politique et culturelle...etc. Cependant, selon COLEMAN L (idem) les facteurs socioéconomiques sont indispensables à l'intégration des immigrants, donc ce qu'il faut comprendre à ce niveau est que la question de l'emploi et la présence de personnes issues du même groupe (familles, amis et membres de la communauté) sont les facteurs principaux d'intégration.

Le «capital d'employabilité » est la principale dimension économique de l'intégration. Elle se réfère à toute l'infrastructure qui permet d'accéder à l'emploi, que ce soit la présence d'établissement postsecondaire, de l'accès au logement et au service de santé, du transport en commun et de tous les programmes offerts par les organismes gouvernementaux. Ce sont aussi les possibilités d'emploi, le coût de la vie, le niveau de compétence qu'un individu possède par rapport au marché de l'emploi ainsi que l'ouverture des employeurs envers l'immigration (LAMBERT E 2014).

En fait, les facteurs socioéconomiques permettent de faire le lien entre le travail et l'appartenance à sa propre communauté. Par contre pour d'autres organisations humanitaires qui accueillent les réfugiés les dimensions économiques et sociales ne sont pas forcément liés. Et elles ne sont pas aussi à sens unique, c'est-à-dire que l'intégration ne concerne pas seulement les réfugiés mais y compris la société d'accueil.

Les réfugiés et les populations d'accueil nouent des relations souvent conflictuelles et bénéfiques. En effet, selon FRESIA M (ibid) les réfugiés pratiquent des activités commerciales qui sont souvent bénéfiques aux autochtones, l'auteur montre aussi la vente des produits alimentaires distribués par les organismes humanitaires aux réfugiés dans les localités d'accueil. Cette dernière profite aussi à la population d'accueil.

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1.1.5. Définition des concepts clés

Migrant : Le terme « migrant » est un terme générique qui désigne toute personne s'installant dans une autre localité de son pays ou dans un autre pays avec l'intention d'y rester un certain temps à l'exception des touristes et des visiteurs d'affaires. Il englobe à la fois les migrants permanents et temporaires possédant un permis de séjour ou un visa, les demandeurs d'asile et les migrants en situation irrégulière n'appartenant à aucun de ces trois groupes (OIM, 2007).

L'ONU définit un migrant à long terme comme une personne qui va s'établir dans un pays autre que celui de sa résidence habituelle pour une période d'au moins un an (12 mois), de sorte que le pays de destination devient effectivement son nouveau pays de résidence habituelle. L'OCDE(2006) définit les migrants permanents comme des personnes dont le statut leur permet de rester dans le pays d'accueil en vertu des conditions qui prévalaient au moment de leur arrivée.

La migration est définie comme un déplacement d'une zone de référence à une autre qui est le changement de résidence. C'est aussi l'ensemble de déplacements ayant pour effet le transfert de résidence des intéressés d'un certain lieu d'origine ou de départ à un lieu de destination ou lieu d'arrivé ( DANIEL C cité par HAMIT KESSELY B,2020).

Refugié :« L'article premier de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés donnent une définition juridique mondiale du terme réfugié, est refugié, toute personne qui craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner ».

Selon la loi au Niger portant statuts de réfugiés le terme "réfugié", s'applique également à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité.

Protection : La protection est définie comme l'ensemble des activités visant à obtenir le respect intégral des droits de la personne conformément à la lettre et à l'esprit des droits pertinents à savoir les droits de l'homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés. (OIM, 2007). Les Etats sont par principe responsables de la protection de leurs citoyens, lorsqu'ils ne sont pas en mesure de le faire les personnes concernées ont besoin de la protection d'un autre pays. Le droit relatif aux réfugiés protège dans ce cadre les personnes menacées de persécutions dans leur pays d'origine.

Intégration : Selon ABOU S (1986) le concept d'intégration est défini comme étant une insertion des nouveaux venus dans les structures économiques, sociales et politiques du milieu

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d'accueil (1988). Selon l'auteur, l'intégration se distingue à trois niveaux : celui du fonctionnement (communiquer, gagner sa vie), de la participation (rôle actif dans la société), et celui de l'aspiration (comme membre à part entière de la société dans un projet d'avenir du milieu d'accueil). Dans ce cas-ci, l'insertion est plutôt un élément du concept d'intégration. Et Selon SCHNAPPER D (2007.), l'utilisation du vocable « intégration » suggère la participation à la vie collective. C'est le « faire société », le « vivre ensemble », « le lien social».

Lorsqu'on parle d'intégration, on doit « insister sur le rôle actif des individus, sur les processus, les échanges et les négociations entre les individus et les divers groupes qui conduisent à élaborer de nouvelles règles. En fait, C'est comme un processus de régulation, car c'est à la fois l'intégration des individus et l'intégration de la société dans son ensemble. L'intégration, en contexte d'immigration, se présente comme « le processus qui conduit le migrant à se « placer » dans la société d'accueil, à y devenir sujet et acteur » (VATZ-LAAROUSSI M, 2012). L'intégration devient un processus qui se situe entre l'attraction des immigrants et leur rétention sur un territoire donné et dans une collectivité ciblée et qui se poursuit tout au long du processus de rétention.

D'après LASSAILLY JACOB V (ibid), l'intégration est une situation dans laquelle la communauté d'accueil et la communauté refugiée cohabitent, partagent les mêmes ressources à la fois économiques et sociales sans que se développe un niveau de conflit mutuel supérieur à celui qui existait à l'intérieur de la communauté d'accueil.

1.2. Problématique

Le XXIème siècle est caractérisé par un accroissement de l'insécurité qui prévaut dans plusieurs pays du monde. Plusieurs personnes se déplacent à cause d'un conflit, d'une extrême violence ou à cause d'une grave instabilité économique et politique dans leur pays. C'est pourquoi tout au long de ce siècle, des hommes et des femmes ont dû abandonner leur foyer et chercher refuge ailleurs. Les flux de réfugiés et les mouvements migratoires occupent désormais une place de premier choix à l'ordre du jour de l'agenda international.

La question sur les migrations demeure une problématique assez intéressante. Elle est au centre des débats politiques et scientifiques ces dernières années. Dans un monde qui se globalise, les migrations ne cessent de prendre de l'ampleur et deviennent de plus en plus diversifiées et complexes, les mouvements massifs de populations restent de ce fait les caractéristiques saillantes du monde contemporain. (ALI M., 2016).

La région du Sahel fait aujourd'hui face à un défi sécuritaire et de déplacements forcés de la population. La crise sahélienne, saisie à la fois au travers par deux crises majeures qui l'affectent depuis le début des années 2010 :d'une part la crise déclenchée par les violences perpétrées par la secte Boko Haram dans les pays bordant le bassin du Lac Tchad et d'autre part, la crise apparue en 2012 au Mali. Toutes ces crises ont engendré des déplacements massifs des populations (BAGAYOKO N, 2019). Le conflit malien est responsable du déplacement interne ou transfrontalier de plus de 350 000 personnes, (OCDE, idem).

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Le Niger, comme d'autres pays du monde, fait face à un flux de réfugiés sans précédent. Il compte 233.308 réfugiés de toute provenance confondue2. En effet, avec l'insécurité qui règne dans les pays voisins notamment le Mali, un nombre important de déplacés forcés se dirigent au Niger pour chercher refuge et assistance, le Niger reste fortement touché par l'insécurité du fait de sa position géographique. Cette situation a fragilisé particulièrement les régions frontalières notamment Tillabéry, Diffa et Tahoua qui accueillent plusieurs réfugiés et déplacés internes. Ainsi la région de Tillabéry, regorge plus de 120.000 réfugiés et déplacés internes dont 40.411 réfugiés, repartis dans le camp d'Abala, et dans les sites urbanisés d'Ayorou et de Ouallam (HCR, 2021)

L'intégration et la protection de ces réfugiés sont un véritable problème dans les milieux d'accueil pour lesquels la présence de réfugiés peut avoir des impacts sur la vie socioéconomique de la population hôte dès lors où beaucoup de pays d'accueil sont économiquement faibles. (HCR, 1997).L'installation de réfugiés se traduit par l'appauvrissement intense de ceux qui les accueillent, car souvent les populations locales sont plus démunies que les réfugiés qu'elles accueillent (LASSAILLY JACOB V, ibid.).Il faut noter qu'au Niger, l'intégration socioéconomique des réfugiés n'a pas fait l'objet des recherches scientifiques d'où la pertinence de notre sujet de recherche.

La ville d'Ayorou ne fait pas exception par rapport à ce phénomène car est située à 45 km de la frontière avec le Mali, elle accueille depuis 2012 des réfugiés maliens. Le HCR en collaboration avec le gouvernement nigérien a mis en place un projet permettant de ne plus appeler les zones des réfugiés des « camps » mais plutôt des «sites d'inclusion » pour faciliter leur intégration. L'objectif visé par les acteurs humanitaires à travers cette politique de « site d'inclusion » est de renforcer les services socioéconomiques des réfugiés et des populations hôtes afin d'harmoniser leur cohabitation et de favoriser l'intégration de ces réfugiés. Cependant, cette politique n'est pas sans conséquence sur les lieux d'accueil qui ont des ressources limitées. C'est pourquoi en 2017 le camp de Tabarey-Barey et de Mangayzé ont été fermés et les réfugiés délocalisés dans des sites urbanisés notamment dans la ville d'Ayorou et de Ouallam. Cette délocalisation vient amplifier la situation de l'accueil, la cohabitation, la protection et l'accès aux ressources dans la ville d'Ayorou, une ville déjà fragilisée par les crises frontalières. Selon le HCR la ville d'Ayorou compte 11999 réfugiés maliens en juillet 2021, et elle continue aussi d'enregistrer des nouvelles arrivées des réfugiés suite aux attaques terroristes dans la commune de Ouattagouna (Mali) en Août 2021. Ainsi, cette situation suscite plusieurs questions par rapport à la protection et l'intégration des réfugiés dans la ville d'Ayorou, c'est pourquoi nous formulons nos questions de recherche comme suit:

1.2.1. Questions de recherches

Notre travail s'articule autour des questions suivantes :

- en quoi les liens sociaux facilitent l'intégration socioéconomique des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

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https://googleweblight.com/i?u:https%3A%2Fdonnes.banquemondiale.orgindicator%2FSM.POP.REFG&geid=N SINR

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- quelles stratégies les réfugiés maliens adoptent-ils pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ?

- quel sont les effets des actions de l'État et des acteurs humanitaires dans l'intégration des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou ?

1.2.2. Hypothèses :

Pour répondre à ces questions nous avons formulé les hypothèses suivantes :

- les liens de parenté et les connaissances facilitent l'intégration socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou ;

- les réfugiés maliens exercent plusieurs activités pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ;

- les actions de l'État et des acteurs humanitaires facilitent l'intégration des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.

1.2.3. Objectifs

Pour vérifier nos hypothèses, les objectifs suivants sont ainsi formulés :

Il s'agit de :

- analyser les liens sociaux qui facilite l'intégration socioéconomique des réfugiés

maliens dans la ville d'Ayorou ;

- identifier les stratégies développées par les réfugiés maliens pour s'intégrer dans la

ville d'Ayorou ;

- analyser les effets des actions de l'État et des acteurs humanitaires dans l'intégration des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.

1.3. Cadre méthodologique

L'approche méthodologique développée dans le cadre de ce travail s'articule autour de la recherche documentaire et des travaux de terrain.

1.3.1. Recherche documentaire

Il a été question à ce niveau d'exploiter la documentation qui traite de la question des réfugiés liée à l'insécurité et de leur protection et intégration socioéconomique dans les zones d'accueil. Cette recherche documentaire a été menée dans plusieurs centres de documentation notamment les bibliothèques de la Faculté des Lettres et Sciences Humaine (FLSH), celle du département de Géographie, celle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH),celle du Groupe d'Etude et de Recherche en Migration Espace et Société et enfin la bibliothèque du Laboratoire d'Etude et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL).Cette recherche documentaire a été enrichie avec des recherches sur des sites scientifiques et auprès des personnes ressources. Ce travail de recherche a été complété par des travaux de terrain.

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1.3.2. Travaux de terrain 1.3.2.1. Observation

Une première visite exploratoire a été effectuée sur le terrain. Au cours de cette étape, l'accent a été mis sur l'observation directe qui a permis d'une part de collecter les données perceptibles sur le terrain et d'autre part de percevoir la cohabitation entre les réfugiés et les autochtones. C'était aussi l'occasion pour nous d'échanger avec les acteurs locaux concernés par la question des réfugiés. On a également observé la localisation des réfugiés dans la ville.

1.3.2.2. Entretiens

Nous avons réalisé des entretiens auprès les autorités locales et des acteurs humanitaires. Nous nous sommes entretenu avec le chef de canton d'Ayorou, le maire de la cille d'Ayorou, le président du comité des réfugiés maliens, le responsable régional et le responsable départemental de la commission nationale d'éligibilité au statut de réfugiés(CNE) et le responsable régional de la protection des réfugiés du bureau du haut-commissariat pour les réfugiés(HCR) de Tillabéry. Le but visé à travers ces entretiens est de savoir comment les réfugiés s'intègrent dans les tissus sociaux et économiques de la ville. Comment se fait leur cohabitation avec la population et enfin de connaitre les actions de l'Etat et des acteurs humanitaires pour faciliter cette intégration des refugiés. Ces entretiens ont été suivis d'une enquête ménage faite auprès des réfugiés pour avoir plus d'informations sur leur intégration dans la ville d'Ayorou.

1.3.2.3. Enquête ménage

Nous avons utilisé l'échantillonnage aléatoire simple pour déterminer la taille de notre échantillon sur une population constituée de 2200 ménages refugiés.

t : niveau de confiance de 95% avec une valeur type de 1,96.

P : proportion est de 50%=0,5

m : la marge d'erreur avec une valeur type de 5%= 0,05.

N=2200 ménages de réfugiés au total dans la ville d'Ayorou (CNE Ayorou)

t2*P(1-P) 1,962*0,5(1-0,5)

??1 = m2 donc ??1 = 0,052 =96

n1*N

??2 = N+n1

= 91,98 =92 donc n2=92

La taille de notre échantillon initial est de 92. Nous avons réalisé un ajustement en tenant compte de 10% de non réponse conformément à la formule de l'échantillonnage aléatoire simple ainsi : n3=n2*(1+0,1) = 92*(1+0,1)=100

Après le calcul nous avons obtenu 100 ménages refugiés à enquêter.

1.3.2.4. Déroulement de l'enquête

Nous avons adressé un questionnaire à l'endroit des chefs de ménages des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou sur les conditions du déplacement. Le questionnaire a aussi abordé les facteurs d'intégration des réfugiés dans la ville, les stratégies qu'ils développent pour faciliter

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leur intégration, la cohabitation entre les réfugiés et la population, les actions de l'Etat et des acteurs humanitaires dans le processus de l'intégration socioéconomique ont été abordées.

Pour administrer le questionnaire au niveau des réfugiés, le principal problème qui s'est posé est le ciblage de ces réfugiés. En fait, l'installation des réfugiés dans la ville d'Ayorou s'est faite de façon spontanée et aucune cartographie n'a été faite par l'État ou par les institutions internationales en charge de la gestion des réfugiés pour montrer leur répartition dans la ville. Nous avons utilisé la technique de boule de neige qui consiste à identifier un premier réfugié qui va nous conduire à un autre ainsi de suite jusqu'à atteindre notre échantillon. Ainsi donc après avoir administré le questionnaire, nous avions passé au traitement et à l'analyse des données.

1.3.2.5. Traitement et analyse des donnés

Pour traiter nos données nous avons utilisé les logiciels suivants : Google earth Pro pour la digitalisation de la limite de la ville, arc gis pour la cartographie des données de l'enquête. La cartographie a permis de présenter les communes de provenance des réfugiés et leur localisation dans la ville d'Ayorou.

Pour saisir les données, nous avons utilisé Word, et sphinx plus pour la conception du questionnaire, la collecte et le traitement des données quantitatives et enfin nous avons utilisé le tableur Excel pour la réalisation des graphiques. Ce travail de traitement et d'analyse nous a permis de cartographier certains aspects du sujet étudié.

En ce qui concerne la cartographie plusieurs phénomènes relatifs à notre sujet ont été cartographiés. En effet, les cartes suivantes ont été réalisées : la carte de géolocalisation de la zone d'étude, la carte de la répartition spatiale des réfugiés maliens dans la ville, la carte de la provenance des réfugiés et la carte de localisation de l'ancien camp de réfugiés (Tabarey-barey)

Ainsi nous avons utilisé les logiciels suivants: Adobe Illustrator, Philcarto-Phildigit, et ArcGis pour les systèmes d'information géographique.

1.3.3. Difficultés rencontrées

La principale difficulté rencontrée sur le terrain est la réticence des acteurs humanitaires par rapport à certaines informations relatives à notre sujet. Ensuite l'indisponibilité de certains responsables sur le terrain a été une autre difficulté. Heureusement, cette difficulté a été surmontée grâce aux rendez-vous négociés avec ces acteurs.

La seconde difficulté est l'administration du questionnaire en langue Tamasheq à l'endroit de certains chefs de ménages réfugiés. II a fallu trouver un traducteur qui a servi d'intermédiaire entre ces réfugiés et nous pour pouvoir administrer le questionnaire.

Troisièmement, la ville d'Ayorou accueille aussi des déplacés internes en plus des réfugiés maliens, Ce qui constitue pour nous une autre difficulté car nous ne pouvons pas distinguer les réfugiés des déplacés internes et de certains habitants de la ville.

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Conclusion partielle

Dans ce premier chapitre, la revue de la littérature sur la question des réfugiés et à leur intégration dans les zones d'accueil a été présentée, ensuite les questions et les hypothèses de recherche ont été posées, et enfin les objectifs ont été déclinés et la méthodologie permettant de conduire ce travail a été expliqué. Le chapitre suivant présentera la zone d'étude.

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Chapitre 2 : Présentation de la ville d'Ayorou

Ce chapitre présente d'abord la situation géographique de la ville ainsi que son historique. Il présente ensuite le cadre physique (climat, végétation, hydrologie) et les caractéristiques démographiques de la ville d'Ayorou. Et enfin le chapitre aborde l'ampleur de l'accueil des déplacés forcés.

2.1. Situation géographique de la ville d'Ayorou

La ville d'Ayorou est située entre les coordonnées 14°44',103 et 14°44',103 de la lattititude Nord et 0°55',180 et 0°55',180 de la longitude Est. La ville est située sur la rive gauche du fleuve Niger, à 82 km de Tillabéry qui est le chef-lieu de la région, et à 200km au Nord de Niamey (la capitale du Niger). Elle est limitée au nord par le village de Firgoune Goungou et la commune de Watagouna (République du Mali), à l'Est par la commune d'Inatès, au sud par la commune de Dessa. La ville est limitée à l'ouest par le fleuve Niger et le village d'Ayorou Goungou. La figure 1 présente la localisation de la commune.

Source : AGRHYMET,2017

Figure 1 : Localisation de la commune d'Ayorou

Réalisateur : Abdoulaye B HASSANE,2021

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2.2. Historique de la ville d'Ayorou

Les premiers habitants du village d'Ayorou seraient en partie les descendants d'un certain Issaka Maman. Celui-ci venait seul de Djenné au Mali, qu'il avait quitté suite à des guerres intestines qui sévissaient en cette période au sein de sa communauté d'appartenance .Il s'installa en premier lieu dans l'île appelée Ayorou Goungou, qui servait de refuge et cadre propice de protection contre les envahisseurs et les attaques d'ennemis.

Il est cependant rapporté qu'Issaka Maman trouva sur les lieux Tchelli, père de Nana qui a d'ailleurs été le premier chef de village. La collaboration entre les deux personnalités a été bonne et Ayorou s'appelait au départ Koirakoré. L'appellation Ayorou serait issue d'une mauvaise prononciation des termes « où se trouvent les gens de l'Air ? » que prononçait un guerrier Touareg à la recherche des siens venus de l'Air. Le village d'Ayorou Haoussa fut fondé vers 1914 sous le règne du chef de canton Aliou Elhadj afin d'implanter un marché. A cet effet, il fit sortir de l'île d'Ayorou Goungou ses neveux Zourkaleyni, Anifa et Amadou, les enfants de son grand frère pour la rive gauche actuelle où est implanté le village d'Ayorou Haoussa. Certaines versions rapportent que c'est dans un souci de protéger l'ile habitée qu'Ayorou Haoussa fut fondé en installant ses esclaves. Une autre source fait état de représentation du chef de canton à l'époque dans l'île par ses neveux qui agissaient sous ses

ordres. La localité n'avait alors pas de chef local en cette période marquée par une grande famine. La mauvaise récolte a occasionné une implantation des habitants de l'ile à la rive gauche. D'autres groupes de migrants rejoignirent la localité ; il s'agit des Peuhls, Bellas et Touaregs3 que l'on retrouve aussi bien sur les sols dunaires que sur les plateaux avec pour vocation initiale l'élevage, mais de plus en plus se rapprochant du fleuve pour le pâturage dans les iles et les abords du fleuve. Des groupes haoussa parvinrent également sur les lieux pour la pêche et pour le commerce. De nos jours plusieurs vagues de populations se retrouvent notamment dans les centres pour le commerce et pour la pèche. C'est le cas de la forte communauté Sonraï du Mali renforcée par les réfugiés fuyant la guerre et appuyés par les partenaires au développement (MAIRIE, 2021).Après avoir présenté l'histoire de la ville, le point suivant abordera le profil démographique de la population.

2.3. Cadre physique de la ville d'Ayorou

Les aspects physiques sont des éléments qui déterminent les conditions de vie des humains. Les facteurs liés au climat, à la végétation, à l'hydrographie, ainsi qu'aux sols peuvent influer

sur les milieux des humains et déterminer les opportunités et les contraintes. L'accès à ces 2.3.1. Climat

La ville d'Ayorou présente un climat de type sahélien avec des précipitations moyennes annuelles variant de 300 à 400 mm et deux saisons partageant l'année :

3 En raison de leur statut social méprisé chez les touaregs, les bella(Iklan) sont les moins valorisés, ils sont un groupe ethnique issu du statut servile dans la société touareg.

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La saison sèche qui dure 9 à 10 mois allant d'octobre à juin. Elle comporte deux périodes à savoir une saison froide et une saison chaude. Quant à La saison des pluies elle dure 2 à 3 mois allant de juillet à septembre. Les températures moyennes varient de 17°C en janvier à plus de 42°C en avril. Les vents dominants dans cette zone sont : L'harmattan, vent chaud et sec, soufflant du Nord-est vers le Sud-ouest pendant toute la saison sèche et la mousson, vent chargé d'humidité et annonciateur des pluies, soufflant du Sud-ouest vers le Nord-est.

Le climat ne génère pas des précipitations importantes, cela impacte les productions agricoles qui représentent la principale activité de la population. Cela n'est pas sans conséquence pour une petite ville comme Ayorou qui, en plus de sa population accueille des réfugiés maliens et des déplacés internes. La présence de ces réfugiés constitue un problème pour cette ville qui a des faibles opportunités économiques importantes.

2.3.2. Ressources en eau 2.3.2.1. Eaux de surface

Le réseau hydrographique est composé des eaux de surface comprenant le fleuve Niger dans la partie ouest sur une distance de 45 km, des mares semi-permanentes, et des eaux souterraines peu profondes au bord du fleuve et assez profondes dans la zone des plateaux. Les mares sont situées dans la zone dunaire et de plateaux et sont essentiellement destinées à l'usage d'abreuvement des animaux ou servent de carrières pour la confection des briques en banco. Elles étaient pour la plupart permanentes mais suite à l'ensablement et la baisse

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de la pluviométrie, elles s'assèchent aussitôt après l'hivernage. Les koris émanent des eaux de ruissellement qui convergent vers le fleuve et les mares. Ces eaux causent de dégâts sur les champs des cultures, les aires de pâturage et menacent même les habitations. Les propositions d'amélioration sont le faucardage des mares et leur empoissonnement pour celles qui ne seront pas envahies par le futur Lac découlant de la construction du Barrage de Kandadji (MAIRIE, 2021).

2.3.2.2. Eaux souterraines

La ville d'Ayorou dispose des eaux souterraines dont la situation est donnée lors des ateliers zonaux. La nappe phréatique est profonde le plus souvent comme dans toute la zone ouest du Niger. Pour accéder à la nappe à forte potentialité, un socle pas facile à percer fait obstacle. Les forages et puits en usage tirent leur source de nappe à faible débit. De là les politiques hydrauliques actuelles qui font la promotion de stations de traitement de l'eau du fleuve et son extension par la SPEN. Les puits et les forages construits sont utilisés pour la consommation humaine et l'abreuvage des animaux de la population de la ville d'Ayorou.

L'accès à l'eau potable dans la ville d'Ayorou est difficile car en dehors du fleuve, il y'a un manque d'infrastructures hydrauliques (borne fontaine, château). Cette situation s'est

aggravée avec l'arrivée massive des réfugiés maliens et des déplacés internes dans la ville car il y `a une forte pression sur les ressources. Après avoir présenté le cadre physique de la ville, il sera question dans le pont suivant des activités socioéconomiques de la population.

2.4. Profil démographique de la population de la ville d'Ayorou

La population de la ville d'Ayorou compte 11528 habitants dont 5551 hommes et 5977 femmes, d'après les résultats du recensement RGPH- 2012. La population est passée à 12576 habitants en 2016 puis à 14022 habitants en 2021 avec un taux d'accroissement annuel de 2,2%. À l'instar de la population nationale, la ville d'Ayorou présente un nombre de femmes qui dépasse celui des hommes, ainsi les femmes représentent 7270 de la population de la ville alors que les hommes sont 6751.En outre, toujours dans le cadre de la présentation de la ville d'Ayorou, il sera question dans le point suivant des aspects physiques de cette ville.

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Tableau 1 : Évolution de la population de la ville d'Ayorou

Années

Population

Hommes

Femmes

2016

12576

6056

6520

2017

12853

6189

6664

2018

13136

6325

6810

2019

13425

6464

6960

2020

13720

6604

7113

2021

14022

6751

7270

Source : MAIRIE Ayorou, 2021

2.5. Activités socioéconomiques de la population de la ville d'Ayorou

Il s'agit à ce niveau de présenter les différentes activités que pratiquent les habitants et les enjeux qui se nouent autour de ces dernières avec la présence massive de déplacés forcés.

2.5.1. Agriculture

L'agriculture constitue la première activité économique de la population de la ville. Les cultures pluviales (mil, sorgho, niébé, maïs, patate douce, arachide, piment, sésame, oseille...etc.) sont pratiquées par la majorité de la population.

Sous les effets conjugués de la surexploitation des terres, du changement climatique, les populations à travers leurs délégués notent que les productions agricoles ont considérablement chuté ces dernières années. Les paysans ne parviennent plus à se prendre en charge sur la base de leurs productions (MAIRIE, 2021).

Les rendements des cultures sous pluie ont baissé de l'ordre de 50 à 75%. La commune présente quelques potentialités notamment les terres de cultures, les banques céréalières, les magasins, les bras-valides et les partenaires d'appui. Cependant, cela n'exclut pas certaines contraintes qui entravent la pratique des cultures pluviales. Il s'agit entre autres du caractère rudimentaire des outils agricoles, de l'appauvrissement des terres, de l'insuffisance d'intrants agricoles et de produits phytosanitaires, de l'érosion hydrique et éolienne, les ennemis de cultures, de la pression foncière et de l'insuffisance de personnel d'encadrement et de moyens d'actions. A tous ces problèmes vient s'ajouter l'insécurité qui empêche certains agriculteurs de cultiver leur champ et même d'y accéder (MAIRIE, 2021).

En plus de l'agriculture pluviale, la population s'adonne à des cultures de contre saison. Le Fleuve est la principale ressource pour la production irriguée au sein de la ville. Un aménagement hydro agricole est construit depuis 1950 puis réhabilité en 1982 et en 1989 ; les populations s'y activent dans l'exploitation à des fins de production de riz notamment. Les berges du fleuve sont également des espaces traditionnellement aménagés pour non seulement

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le riz mais aussi d'autres spéculations qui font la renommée de la ville et ses alentours (la tomate, la pomme de terre, le poivron, l'oignon, la patate douce, le manioc, les laitues etc.) La production de riz est d'un apport important dans l'alimentation et les revenus importants en sont tirés à travers notamment l'AHA. Les contraintes liées aux cultures irriguées sont les ennemis de cultures, insuffisance de clôtures et matériels agricoles, les dégâts causés par les hippopotames sur les cultures, le problème de débouchés à la récolte, la non maitrise des techniques de conservation , l'insuffisance d'encadrement, la surcharge des femmes par les travaux domestiques.

Les propositions d'amélioration des cultures irriguées sont l'encadrement technique des producteurs, l'accès aux matériels agricoles modernes, l'appui en produits phytosanitaires, l'appui pour une commercialisation rentable des produits, le désenclavement des sites de production et la dotation en moulins à grain, batteuses et décortiqueuses. Pour la prise en compte des travaux de barrage, il convient de préparer les producteurs dans le sens d'acquérir les aptitudes à profiter plus tard des ouvrages qui en sont issus.

2.5.2. Elevage

Le système d'élevage pratiqué est surtout l'élevage sédentaire (élevage de proximité et embouche). Cependant, les Peuls et les Touaregs continuent de pratiquer la transhumance en s'éloignant des terres agricoles pendant l'hivernage. Ces éleveurs nomades regagnent les abords du fleuve pour l'abreuvement et le pâturage sur les terres agricoles aussitôt après les récoltes des cultures pluviales.

Les villages de Beibatane et de Gaoudel par vocation d'éleveurs, présentent des effectifs plus élevés de cheptel que les autres villages. Tout de même, il faut noter que l'effectif du cheptel a connu une baisse des suites des sécheresses et les effets néfastes continus du changement climatique (baisse de la quantité et de la qualité du fourrage avec la tendance à la disparition de certaines espèces d'herbes, ainsi que les maladies). Les gros ruminants sont essentiellement détenus par les hommes alors que les femmes détiennent le monopole des petits ruminants et de la volaille.

2.5.3. Pêche

Elle est une activité exercée par les riverains du fleuve Niger. Elle peut relever de professionnels que sont les pécheurs haoussa ou sonrai. Les productions sont destinées à la vente (de grandes quantités de poissons fumés sont orientées vers les villes proches et même le Nigéria).

De nos jours, les ressources halieutiques se raréfient à cause de l'ensablement et de la disparition des espèces végétales pour leur alimentation et leur abri. Malgré tout, une importante partie de la population continue de dépendre de cette activité. Eu égard à l'importance de la pèche dans le milieu, une coopérative de pêcheurs est en place et bénéficie d'ailleurs de l'encadrement et de l'appui du service de l'environnement et des partenaires au développement (formations en techniques de pêche, dotation en matériels etc.). Ensuite, plusieurs organismes interviennent dans ce domaine pour financer des projets mixtes visant à autonomiser les réfugiés et les habitants de la ville.

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2.5.4. Commerce

Les activités commerciales sont peu développées malgré la notoriété du marché du chef-lieu de la commune qui jadis attirent les touristes occidentaux et les marchands du Nigéria en grand nombre (produits artisanaux, cheptel..). De nos jours l'insécurité dans la zone et la chute du cours de la Naira ont porté un coup dur à l'activité. La commune compte deux marchés hebdomadaires non aménagés (Ayorou et Koutougou) et un marché de bétail d'Ayorou. Ces marchés sont animés aussi bien par les autochtones, que par les vendeurs et acheteurs des autres communes, des autres régions et surtout les commerçants en provenance de Niamey pour les transactions concernant les produits de consommation, les produits manufacturés, etc. Les produits importés sont ceux de première nécessité : maïs, sorgho, farine de manioc, thé, sucre, savon, habits, condiments, etc. Les femmes s'intéressent beaucoup plus au petit commerce et principalement à la revente de produits maraichers et les fruits, la vente des beignets et de galettes etc. Cependant, ce secteur est de plus en plus menacé par la crainte de l'insécurité, les effets néfastes du changement climatique notamment les épizooties, les inondations, la mauvaise pluviométrie rendant du coup faible la productivité issue de l'élevage et de l'agriculture et abaissant le pouvoir d'achat des populations. Plusieurs réfugiés ayant des expériences dans le domaine du commerce bien longtemps, ont entrepris des initiatives commerciales dans la ville d'Ayorou pour s'adapter et pour ne pas dépendre uniquement de l'aide humanitaire.

2.5.5. Artisanat

Les principales activités menées sont : la vannerie (1788 personnes), la tannerie (371 personnes), la poterie (320 personnes), la maroquinerie (290 personnes), la couture (271personnes) (MAIRIE, 2021). La forge et la poterie sont des activités dont la pratique est liée au sexe, la première pour les hommes et la seconde pour les femmes. On remarque que la vannerie et la poterie perdent de plus en plus de leur poids au détriment de l'importation des nattes, des bidons et des seaux en plastiques industriels modernes. La matière première utilisée dans la vannerie se raréfie avec la diminution et la gestion contrôlée des arbres et arbustes. Les tailleurs voient quand même leur nombre croitre et presque dans chaque gros village au moins un tailleur assure des prestations en la matière. Les forgerons continuent de fabriquer et d'entretenir les matériels agricoles rudimentaires que sont les hilaires et les dabas toujours en usage. Les propositions d'amélioration sont l'organisation des artisans, leur formation et encadrement à des fins de modernisation et d'adaptation au contexte climatique et environnemental.

2.6. Secteurs sociaux de base

Les services sociaux concernent la fourniture de services de l'éducation et de la santé. Les services sociaux sont à caractère exclusivement social. Nous mettons l'accent sur les services sanitaires, éducatifs et les opportunités d'emploi qu'offre la ville.

En ce qui concerne l'éducation, Il est important de présenter l'ensemble des infrastructures scolaires de la ville et d'analyser le besoin au tour de cette question. La ville d'Ayorou dispose ainsi un (1) Complexe d'Enseignement Secondaire pour l'enseignement du cycle de base 2; un Collège d'Enseignement franco-arabe, un Collège d'enseignement technique, un

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collège d'enseignement général privé, un Centre de formation aux métiers et trois écoles primaires (MAIRIE, 2021). Les enfants de réfugiés et de déplacés internes partagent ces écoles au même titre que ceux des habitants de la ville. Malgré les différents appuis du HCR et des ONG en matière des infrastructures éducatives (salles de cours, latrines...) pour la ville d'Ayorou, le besoin reste encore.

Par rapport aux services sanitaires, l'arrivée des réfugiés a créé un défi majeur, car la ville d'Ayorou dispose seulement d'un centre de santé intégré(CSI) de type 2. Il y'a un véritable problème à ce niveau car en plus des réfugiés, des déplacés internes viennent aussi se greffer à la population par rapport à l'accès au centre de santé. Par conséquent le CSI ne peut pas répondre à la demande de toutes ces populations.

Enfin, pour ce qui est de l'emploi, la plupart des jeunes accèdent à des emplois temporaires à travers la main d'oeuvre salariée agricole notamment celle sur les sites de récupération de terres, les chantiers de construction des infrastructures éducatives, de santé (classes, cases de santé, infrastructures hydrauliques) (MAIRIE, 2021). Le projet barrage de Kandaji emploie aussi plusieurs jeunes dans le cadre de ses opérations. Il faut aussi noter que dans le cadre de l'intégration des réfugiés dans la ville, plusieurs acteurs financent des projets mixtes (activités génératrice de revenu, pisciculture) qui prennent en compte les habitants et les réfugiés. La présence de ces réfugiés a créé des opportunités de l'emploi dans la ville d'Ayorou car plusieurs ONG et organismes humanitaires se sont implantés au tour de ces réfugiés. Ensuite avec l'intervention des ONG dans la ville d'Ayorou à l'endroit des réfugiés et des déplacés plusieurs jeunes de la ville surtout diplômés arrivent à être recrutés. Ainsi les services sociaux de base, il sera question de l'ampleur des migrants forcés dans la ville d'Ayorou.

2.7. Ampleur des migrations dans la ville d'Ayorou

L'insécurité qui caractérise plusieurs pays sahéliens a engendré un déplacement massif des populations à l'intérieur de leurs propres pays ou dans d'autres pays. C'est le cas des Maliens réfugiés au Niger et au Burkina. Les localités frontalières sont les premières à accueillir ces réfugiés notamment la ville d'Ayorou qui accueille plus de 11999 réfugiés maliens dont 6817 femmes et 5182 hommes répartis dans 2200 ménages (CNE, 2021). Ce nombre continue d'accroitre du faite de l'instabilité de la situation sécuritaire qui prévaut dans les lieux de provenance des réfugiés. De ce fait en aout 2021 la commune de Ouattagouna a enregistré une attaque terroriste qui a mis en fuite des populations vers la ville d'Ayorou

En dehors des réfugiés, la ville d'Ayorou accueille aussi des déplacés internes venant des villages de la commune d'Ayorou et de la commune d'Inates. Ainsi, 6883 déplacés et 1137 ménages sont installés dans la ville d'Ayorou (HCR, 2021). Cela est lié à la crise sécuritaire qui sévit dans tout le nord Tillabéry et particulièrement dans les localités transfrontalières. La présence de tous ces migrants n'est pas sans conséquences sur les services socioéconomiques de cette ville qui compte aussi 7371 habitants. La figure 2 nous montre la répartition par âge et par sexe des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.

11999

ans

ans

ans

ans

6817

5182

2590

3426

682

779

1411

1941

641

289 226515 205

203408

0 à 4 ans 5 à 11 ans 12 à 17

18 à 24

25 à 49

50 à 59

60+ ans Total

Femmes Hommes Total

1687

1739

2254

1173 1081

1395

840555

25

Figure 2 : Répartition par tranche d'âge et par sexe des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.

Source : CNE, bureau d'Ayorou, 2021

On constate que les enfants et les adolescents compris entre 0 à 17 ans représentent plus de la moitié de l'ensemble des réfugiés dans la ville d'Ayorou. Ainsi ils représentent respectivement 30 à 40% du nombre global des réfugiés par contre les adultes et les personnes âgées sont moins nombreuses. Cela s'explique par la composition démographique de la population malienne qui est majoritairement jeunes. Cependant pour ce qui est des adultes, les deux conjoints peuvent se séparer. Par exemple le mari peut aller en exode laissant ses enfants sous la responsabilité de la conjointe. C'est le cas des réfugiés maliens qui sont dans la ville d'Ayorou où lorsque la crise a commencé en 2012, plusieurs chefs de famille étaient à l'exode.

Conclusion partielle

Ce chapitre a permis de présenter le cadre géographique de la ville d'Ayorou. Il a aussi permis de mettre en relief les composantes du milieu physique(le climat, le relief, les ressources en eau), les activités socioéconomiques de la population d'Ayorou et l'ampleur de l'afflux des migrants forcés (réfugiés et déplacés internes) dans la ville d'Ayorou.

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Chapitre 3 : Caractéristiques, provenance et accueil des réfugiés maliens

Ce !chapitre présente les caractéristiques sociodémographiques de réfugiés, leur parcours et leur provenance géographique. Il aborde également l'accueil des réfugiés dans la ville, et l'accès aux services sociaux de base. Enfin, il explique le motif du choix de la ville d'Ayorou comme destination.

3.1. Caractéristiques des chefs de ménages réfugiés maliens dans la ville

Le niveau d'instruction, le profil démographique et la profession des réfugiés sont présentés à ce niveau.

3.1.1. Profil démographique des chefs de ménages réfugiés maliens à Ayorou

Il ressort de notre enquête que la majorité de nos enquêtés sont monogames (72%). La plupart s'est mariée avant même le déclenchement de la crise du Mali. Par ailleurs 17% de nos enquêtes ont plus d'une femme et 10% autres sont veufs (ves) (figure 3).

72%

7%

10%

1%

Figure 3 : Situation matrimoniale des chefs de ménages réfugiés Source : Enquête terrain, 2021

On remarque que les mariés et les veufs (ves) représentent un nombre significatif dans notre échantillon. Cependant, les célibataires sont moins représentés. Cela est dû au fait que notre échantillon a pour cible les chefs de ménages et rares sont les chefs de ménage appartenant à cette catégories d'âge, c'est pourquoi seulement 1% de nos enquêtés sont célibataires.

3.1.2. Faible scolarisation des réfugiés

La majorité des personnes enquêtées n'ont pas fréquenté l'école d'où leur faible niveau d'instruction. En effet, sur les cent(100) chefs de ménage enquêtés seulement sept (7) ont affirmé avoir fréquenté l'école. Cela montre qu'à l'instar de la population d'accueil, les réfugiés aussi présentent un faible niveau de scolarisation. Il faut noter que cela est lié à l'histoire de la zone de provenance en matière de scolarisation. La région de Gao et le nord du Mali de façon générale requiert depuis les années 90 d'un retard significatif sur le plan

27

éducatif par aux autres régions. Par contre certains réfugiés instruits sont engagés comme bénévoles au compte du HCR moyennant une certaine rémunération. Le point qui suit va porter sur les activités économiques des réfugiés au Mali.

3.1.3. Activités économiques des chefs de ménages réfugiés au Mali, une prédominance des agriculteurs et des commerçants

Les activités exercées par les réfugiés enquêtés au niveau de leurs localités d'origine sont l'agriculture, l'élevage, le commerce, la pêche, l'artisanat et les cultures maraichères. Cependant le commerce et l'agriculture constituent les activités les plus exercées par les réfugiés au Mali (figure 4).

3%

1%

21%

14%

32%

29%

Figure 4 : Profession des chefs de ménages réfugiés dans les villages d'origine Source : Enquête terrain, 2021.

On constate que l'agriculture est la principale activité qu'exerçaient les réfugiés au Mali avec une proportion de 32%. Ensuite vient le commerce qui est la seconde activité (29%). L'élevage et l'artisanat ne sont pas aussi négligeables dont respectivement 21% et 14% de chefs de ménage pratiquaient ces activités.

3.1.4. Taille de ménage des refugiés

Nos résultats montrent que les ménages de réfugiés maliens vivant dans la ville d'Ayorou sont de tailles relativement importantes (Tableau 2). En effet, 4% de nos enquêtés ont jusqu'à 14 membres dans leurs ménages et 36% ont des tailles qui varient de 6 à 8 membres. L'importance de la taille de ménage s'explique surtout par le nombre considérable des enfants au sein des ménages réfugiés.

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Tableau 2: Répartition des ménages réfugiés par taille

Répartition des
ménages par taille

Effectifs

Fréquence(%)

Moins de 6

27

27

De 6 à 8

36

36

De 8 0 10

17

17

De 10 à 12

8

8

De 12 à 14

13

13

De 14 à plus

4

4

Total

100

100

Source : Enquête terrain, 2021

Le tableau 2 montre aussi que 27% de ménages ont seulement 6 membres et 17%,8% et 13% ont jusqu'à 10 à 14 membre. On remarque que la majorité des ménages de réfugiés qui sont dans la ville d'Ayorou sont des tailles importantes.

3.2. Provenance des réfugiés maliens

Les réfugiés dans la ville d'Ayorou sont majoritairement originaires de la région de Gao. En effet ils viennent pratiquement de cinq(5) communes du cercle d'Ansongo dont Ansongo ; Bourra, Ouattagouna, Tessit et Tin-hama avec des pourcentages relativement importants (Tableau 3). Il faut noter que toutes ces quatre communes font partie administrativement de la région de Gao. Les résultats montrent que la plupart de réfugiés viennent de la commune de Ouattagouna et Ansongo avec respectivement 42 et 20% de nos enquêtés. Ensuite vient la commune de Bourra avec 14% et une faible partie de nos enquêtés proviennent de la commune de Tessit avec 11% et Tin-hama avec 13%.

29

Commune de provenance

Effectifs

Fréquence(%)

Ansongo

20

20

Bourra

14

14

Ouattagouna

42

42

Tessit

11

11

Tin hama

13

13

Total

100

100

Tableau 3 : Communes de provenance des réfugiés Maliens

Source : Enquête terrain, 2021

On remarque que la région de Gao est la principale provenance de nos enquêtés. En plus de la proximité entre la région de Gao et la commune d'Ayorou, ces deux localités partagent des liens sociaux et des réseaux commerciaux. C'est ce que confirment ces propos du chef de canton d'Ayorou, « Gao est la principale région de provenance des réfugiés car nous sommes frontaliers et beaucoup de facteurs nous lient comme le commerce et le lien de parenté ». Ainsi la figure 5 présente les communes de provenance des réfugiés maliens. Il sera question ensuite de montrer le contexte de ces communes.

Figure 5 : les communes de provenance des réfugiés enquêtés Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

30

On remarque que la majorité des refugiés viennent des communes de Ouattagouna(42%) et de Ansongo(20%). Le reste des réfugiés sont originaires des communes de Tessit(11%), Tin-hama(13%) et de Bourra(14%).

Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, la région de Gao constitue la principale provenance de réfugiés qui se trouvent dans la ville d'Ayorou. Cette région couvre une superficie de 170572 Km2 avec 544120 habitants. Elle fait partie de la zone de l'Azaouad, une zone qui est sous contrôle terroriste depuis 2012 où le MNLA (mouvement national de la libération de l'Azaouad s'attaqua à l'armée malienne. En dehors de la proximité géographique entre la région de Gao et notre zone d'étude, Il convient de souligner que ces deux zones partagent plusieurs réalités. Car la région de Tillabéry de manière générale, en plus de la continuité géographique avec le Mali, présente les mêmes communautés ethniques dont les Touaregs et les Sonraïs qui peuplent la zone de part et d'autre de la frontière. Les populations de part et d'autre des deux frontières ont été divisées depuis le temps de la colonisation. Les Touaregs ou les Sonraïs de Gao sont les mêmes que ceux d'Ayorou.

3.3. Accueil et localisation des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Cette section présente les conditions dans lesquels les réfugiés ont été accueillis dans la ville et les acteurs ayant intervenu dans cet accueil.

3.3.1. Choix d'Ayorou comme destination

Dans l'analyse de la migration forcée, le choix de la destination est très important. Ce choix laisse voir les facteurs ayant poussé les migrants vers la localité d'accueil.

Plusieurs raisons ont été avancées par les réfugiés pour avoir choisi Ayorou comme lieu d'accueil (Figure 4). En effet, 72% de nos enquêtés ont avancé la connaissance de la localité et le lien de parenté et 28% de réfugiés, ont avancé la proximité géographique qui serait le motif du choix de la ville d'Ayorou. A ces facteurs déterminants dans le choix, notons également le rôle de la route nationale et du fleuve qui relient facilement les deux pays. Elle est d'une importance dans les échanges entre les populations de deux pays. C'est pourquoi, il y'a des fortes interactions entre les communes frontalières du Mali et du Niger notamment Ansongo, Labzanga, Ouattagouna, Ayorou,Inates et Abala.

proximité
géographique

; 28%

lien de
parente; 30%

connaissance de la localite;

42%

31

Figure 4: Raisons du choix d'Ayorou comme lieu d'accueil Source : Enquête terrain, 2021

3.3.2. Accueil des réfugiés dans la ville d'Ayorou et les acteurs

Plusieurs acteurs ont participé à l'accueil des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. En effet, il ressort de nos résultats que les réfugiés sont accueillis par l'Etat, les acteurs humanitaires, les chefs coutumiers, les autorités municipales et les associations de jeunes. L'Etat du Niger fut le premier à réagir face à l'arrivée des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou à travers le renforcement de la sécurité dans la zone pour la population et les réfugiés. L'accueil et surtout la gestion des réfugiés imposent à tout Etat une organisation et un aménagement particulier. De ce fait l'accueil des réfugiés au Niger est soumis à la commission nationale d'éligibilité au statut de réfugiés(CNE). Cette commission avait pour rôle de recenser les réfugiés et de leur distribuer des tickets (token) qui leur serviront des cartes de ration lors des distributions alimentaires avant qu'ils aient l'attestation de réfugié.

Comme les réfugiés nigérians dans la ville de Diffa (BELLO AMADOU M, idem) accueillis dès leur arrivée par le gouvernement nigérien, il en est de même pour les réfugiés maliens qui depuis leur arrivée dans la ville d'Ayorou sont accompagnés par la CNE. Elle accompagne les réfugiés de l'enregistrement jusqu'à l'attribution du statut de réfugié. Ce statut est attribué de façon collective (« prima faciès ») c'est-à-dire sans passer par une procédure individuelle en vertu de l'arrêté pris par l'Etat nigérien. Ce statut leur donne droit à l'aide humanitaire et à la protection. Il faut préciser que ces réfugiés ont majoritairement obtenu le statut avant même d'arriver dans la ville d'Ayorou. Les autorités coutumières ont aussi participé à l'accueil des réfugiés. En effet dès l'arrivée des réfugiés dans les villes les chefs de quartiers se sont mobilisés pour solliciter la population à héberger les réfugiés chez eux, dans les champs ou dans des parcelles non loties. Par contre d'autres réfugiés ont été par leurs parents ou leurs connaissances dans la ville. Ensuite les associations des jeunes aussi ont mené des campagnes de sensibilisations auprès de la population pour qu'elle autorise les réfugiés à s'installer chez elle. Ces sensibilisations sont organisées dans tous les quartiers par les structures de jeunes. Quant à la mairie, avec l'arrivée massive des réfugiés dans la ville, elle a cherché des partenaires pour renforcer les services sociaux afin d'alléger la pression. Ces propos du maire d'Ayorou confirment cela « Quand les réfugiés étaient venus dans la ville d'Ayorou, nous

32

avons renforcé les services sociaux (service d'eau, écoles, services sanitaires), et d'autres partenaires comme le HCR, la CICR et le MSF nous assistent dans ce domaine »(Entretien 15/O8/2021)

La mairie a aussi fait des ventes à prix modérés des produits alimentaires aux réfugiés et à la population hôte. Il faut noter que c'est surtout les solidarités parentales qui ont favorisé l'accueil de ces réfugiés dans la ville. Car la population hôte et les réfugiés sont liés par plusieurs facteurs notamment la langue, le mariage...etc.

En effet les Touaregs, les Peuls et les Sonraïs d'Ayorou parlant la même langue et partagent les mêmes traditions et coutumes que ceux de la région de Gao. C'est le même peuple séparé par les frontières héritées de la colonisation (SIDIBE M (2019).La plupart de nos enquêtés sont accueillis par leurs parents (46%) et par des connaissances (26%), cela témoigne de la solidarité parentale et locale qu'a fait preuve la population hôte vis-à-vis des réfugiés.

3.3.3. Localisation des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Les réfugiés maliens se trouvant dans la ville d'Ayorou à l'exception de quelques-uns ont d'abord séjourné dans le camp de Tabarey-barey et ensuite sur un site urbanisé situé à 3 kilomètres de la ville. Cependant, en 2020 les attaques des groupes armés ont conduit à une réinstallation de ces réfugiés dans la ville. Il faut noter que le déplacement des réfugiés du site vers la ville s'est fait suite à un ultimatum donné par les djihadistes pour quitter le site. Les travaux de terrain (observation, entretien...) menées au cours de cette étude nous montrent que les réfugiés s'installent majoritairement à la périphérie, au Sud-est de la ville de manière anarchique. D'autres s'installent dans les champs et dans les parcelles vides des autochtones et le reste de réfugiés vivent en location ou sont logés gratuitement.

Ils sont dispersés dans la ville et se sont mélangés avec les déplacés internes venant des villages environnants et de la commune d'Inates, ce qui constitue un véritable problème pour les acteurs humanitaires (CNE, HCR) par rapport à leur protection et leur suivi dans la ville. Les réfugiés sont dans tous les quartiers de la ville mais avec des proportions différentes (figure 6). De ce fait ils sont majoritairement installés dans les quartiers périphériques notamment les quartiers Tarrarak et Baktadouf où il y'a une concentration importante des réfugiés. Par ailleurs, en dehors même de la position de ces quartiers qui sont à la périphérie de la ville, Ils sont pratiquement occupés par les Touaregs, ce qui explique en partie le choix de ces quartiers par les réfugiés qui sont aussi en majorité des Touaregs. Ces réfugiés sont majoritairement installés dans des champs ou dans des parcelles sous forme des squatteurs ou des logés gratuits. Néanmoins d'autres sont hébergés par leurs parents comme les réfugiés qui sont installés dans le noyau villageois (Kourey tegui, Kadey koura, Zongo). On remarque un nombre réduit des réfugiés dans certains quartiers (Hondobon ; Lazaret ; Faisceau...). Cela s'explique par le manque d'affinités ethniques et par le choix de ces réfugiés à ne pas s'y installer. Il faut noter que les déplacés internes sont majoritairement installés dans ces quartiers avant même l'arrivée des réfugiés dans la ville. Cela explique l'absence de ces derniers dans ces quartiers car tous les réfugiés n'ayant pas été accueilli par des parents, se sont concentrés dans les quartiers périphériques notamment Tarrarak et Baktadouf car ils y trouvent des champs et des parcelles non bâties pour s'installer.

33

Figure 6 : Localisation des réfugiés dans la ville Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

La majorité des réfugiés sont installés dans les champs et dans les parcelles non loties. C'est pourquoi ils sont nombreux dans les quartiers périphériques(Tarrarak). Les autres sont soit hébergés gratuitement, soit locataires ou squattent dans des espaces publics (rue) de la ville. La répartition des nos enquêtés dans la ville (Figure 6) s'explique par le fait nous avons utilisé la technique de boule de neige. Elle consiste à identifier un premier enquêté qui nous conduira à un autre jusqu'à atteindre l'échantillon.

3.3.4. Dispersion des réfugiés dans la ville, un défi pour les acteurs humanitaires

L'installation des réfugiés dans la ville s'est faite par affinité c'est-à-dire à travers les réseaux sociaux. Ce qui expliquerait leur dispersion dans tous les quartiers de la ville, cependant cela constitue un véritable problème pour les acteurs humanitaires surtout en ce qui concerne « le monitoring » c'est-à-dire le suivi et la protection des réfugiés comme nous l'avons déjà mentionné plus haut. Le problème est qu'en dehors des réfugiés, la ville d'Ayorou accueille aussi des déplacés internes qui sont aussi installés dans la ville sans aucune cartographie.

34

La non maitrise du nombre des réfugiés et le manque de suivi régulier sont les principales difficultés liées à cette dispersion. Pour pallier à ce problème le HCR a entamé une conception cartographique pour avoir la couverture spatiale des réfugiés dans la ville.

3.4. Parcours des réfugiés maliens

Les réfugiés maliens se sont premièrement installés dans des villages frontaliers du Niger notamment Gaoudel, M'beidou et N'dabdab. Cependant avec le temps leur nombre a considérablement augmenté. C'est ce qui a poussé le gouvernement du Niger et le HCR à décider de l'ouverture d'un certain nombre de camps dans les régions de Tillabéry et Tahoua. En effet, les camps sont la forme d'accueil la plus fréquente. La construction et l'organisation des camps dépendent des organisations spécialisées, notamment le HCR, des ONG, et aussi l'État nigérien. Comme l'observe LASSAILLY JACOB V (ibid.) : « les camps sont la forme d'accueil la plus fréquemment adoptée par des autorités pour assister et contrôler des populations étrangères qu'elles soient munies d'un titre de séjour où à la recherche d'une protection ». Trop souvent, les camps sont présentés comme un modèle unique d'univers clos, alors qu'ils revêtent des réalités multiples. Ainsi, depuis 2012, dans la commune d'Ayorou les réfugiés ont été installés sur le camp de Tabarey-barey. L'option d'installer le camp à Tabarey-barey a été retenue par les autorités du Niger en tant que solution pour garantir la protection des réfugiés suivant les normes nationales et internationales. Mais depuis ce temps certains réfugiés sont installés dans la ville d'Ayorou. Ainsi, 96% de nos enquêtés ont répondu avoir séjourné dans le camp de Tabarey-barey ainsi que dans le site.

A partir de l'an 2019, le camp de Tabarey-barey a été fermé en raison des attaques terroristes perpétrées par les groupes armés. Cette situation a donné lieu à la délocalisation des réfugiés vers un site aménagé à 3km de la ville d'Ayorou. Ce site est équipé d'infrastructures sociales notamment des écoles, un centre de santé, des logements et des bornes fontaines pour l'alimentation en eau. En 2020 les réfugiés ont abandonné ledit site à cause des attaques terroristes pour se réfugier dans la ville d'Ayorou.

3.4.1. Délocalisation des réfugiés du camp de Tabarey-barey vers le site urbanisé

Le camp de Tabey-barey qui comptait 10690 réfugiés a été fermé en 2018 après avoir fait l'objet de plusieurs attaques terroristes qui ciblent un certain nombre des réfugiés. Cette fermeture rentre aussi dans le cadre d'un projet du HCR et du gouvernement qui consiste à favoriser l'intégration des réfugiés dans les milieux d'accueil. Comme l'a dit le représentant du HCR à Ayorou Le camp de Tabareybarey n'a pas été abandonné, il s'agit d'une nouvelle stratégie du HCR qui consiste à intégrer les réfugiés dans la ville d'Ayorou à travers le projet d'urbanisation (Entretien, 16/08/2021).

Suite aux attaques perpétrées dans le nord-Tillabery et dans les lieux d'accueil des réfugiés maliens, le HCR et l'Etat nigérien ont fermé les camps de Tabarey-barey et de Mangayzé et délocalisé les réfugiés afin de les intégrer dans la vie sociale et économique (HCR, 2020). Cette délocalisation des réfugiés met fin à toutes les interventions humanitaires au niveau du camp de Tabarey-barey.

35

3.4.2. Réfugiés, du site urbanisé à la ville d'Ayorou

Le site urbanisé est un espace aménagé avec un équipement des services sociaux (centre de santé, école, forage...). C'est comme l'a dit le représentant du HCR, ce site est comme un quartier de la ville d'Ayorou dans lequel vivent les réfugiés et des personnes vulnérables de la ville. Le site urbanisé s'inscrit dans le cadre d'une stratégie du HCR et du gouvernement du Niger visant à faciliter l'intégration des réfugiés. Le site a été aménagé par le HCR en collaboration avec la mairie, les chefs coutumiers et les propriétaires terriens. Il présente des infrastructures scolaires, sanitaires, administratives et des logements pour les réfugiés et les autochtones vulnérables. Il faut noter qu'en dehors des réfugiés, 50 ménages vulnérables de la ville d'Ayorou ont bénéficié de logements sur le site et ont accès à tous les services au même titre que les réfugiés. Cependant après juste un an d'existence sur le site, les réfugiés se sont déplacés à nouveau vers la ville. Le déplacement des réfugiés s'est fait suite à un ultimatum donné par les bandits armés pour avertir les réfugiés à quitter le site au prix de leur vie.

36

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- Camp de réfugiés de Tabareybarey (Septembre 2015}

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Figure 9 : Le camp de réfugiés de Tabarey-barey en 2015

Source : ONG ACTED

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3.4.3. Modes de transport utilisés par les réfugiés pendant le déplacement

Cette section présente les conditions dans lesquelles les réfugiés ont effectué le déplacement et les moyens de transport qu'ils ont utilisé.

En 2012 quand la crise a éclaté au nord-Mali, les réfugiés ont utilisé divers modes de transport pour se réfugier au Niger (Tableau n°4). 54% de nos enquêtés sont venus à dos d'âne, 29% ont marché à pied et seulement 16% ont effectué leur déplacement en voiture. Il s'agit à ce niveau des voitures en commun notamment les minus bus qui font la navette entre Ayorou et le Mali. On remarque que la majorité de réfugiés a effectué le déplacement dans des conditions difficiles. Ces propos du chef du comité de réfugiés maliens confirme cela « Nous avons quitté le Mali dans des conditions très difficiles, c'était la panique totale car chacun se cherchait, d'autres ont fui sans emporter même une aiguille et d'autres se sont déplacés à dos d'ânes jusqu'au Niger.la majorité des réfugiés sont les femmes et les enfants car la plupart des jeunes sont à l'exode pendant la crise, d'autres nous ont rejoint ici à Ayorou »(Entretien,13/08/2021).

Tableau 4: Mode de transport utilisé par les réfugiés

Mode de transport

Effectifs

Fréquence(%)

Ane

54

54

Moto

1

1

Pied

29

29

Voiture

16

16

Total général

100

100

Source : Enquête terrain, 2021

Les biens emportés par les réfugiés sont entre autres des habits, des outils de cuisine et quelques provisions. Cela a été possible en majorité pour ceux ayant effectué le déplacement en voiture. Cependant plusieurs réfugiés n'ont pas eu l'occasion d'emporter leurs affaires et d'autres à la limite n'ont rien emporté comme biens. C'est pourquoi la plupart des biens qu'ils possèdent lors de notre enquête, ont été obtenus soit à travers des achats, des dons ou auprès de certaines ONG.

3.5. Accès des réfugiés aux services sociaux de base dans la ville d'Ayorou

L'accès des réfugiés aux services sociaux de base est très important dans le cadre de cette étude. C'est pourquoi cette partie met l'accent sur les conditions dans lesquelles ils accèdent à l'eau, aux soins de santé et au logement dans la ville d'Ayorou.

3.5.1. Fleuve, principale source d'eau des réfugiés dans la ville

Les réfugiés maliens comme la population de la ville d'Ayorou s'approvisionnent principalement au fleuve et une minorité utilise les bornes fontaines. Ainsi, 28% de nos enquêtés utilisent les bornes fontaines pour leur alimentation en eau, contre 72% qui utilisent l'eau du fleuve. Même si cette eau de fleuve n'est pas potable comme le souligne beaucoup de

nos enquêtés, c'est le manque d'argent qui fait qu'ils l'utilisent, car ne pouvant pas s'approvisionner quotidiennement de l'eau des bornes fontaines bidon dont les 25 litres est vendu à 25FCFA. Les réfugiés rencontrent des véritables difficultés par rapport à l'accès à l'eau dans la ville, en ce qui concerne l'eau du fleuve c'est surtout la distance à parcourir pour y accéder qui constitue une difficulté pour les réfugiés et pour les bornes fontaines il y'a des faibles débits et même des coupures d'eau importantes.

38

Photos 1 : une borne fontaine dans la ville Photo 2: Des enfants réfugiés en provenance du fleuve

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.

3.5.2. Accès à l'eau dans la ville, une difficulté pour les réfugiés

Les villes font face à des défis de desserte en eau potable car leurs réseaux d'alimentation en eau ne peuvent pas répondre aux besoins du fait de la croissance démographique. La ville d'Ayorou, à l'instar des certaines villes du Niger, rencontre des difficultés d'accessibilités d'eau potable. Cette situation s'explique en partie par sa position géographique. La commune d'Ayorou se situant dans la région du Liptako Gourma qui présente des difficultés majeures d'accès à l'eau potable (YAYE M, 2018).

Dans la ville d'Ayorou les principales sources d'eau sont le fleuve et les bonnes fontaines. La ville compte 9 forages, 1 puits moderne, 1 mini AEP et 1poste d'eau autonome (MAIRIE, 2021). Cependant ces ressources hydrauliques ne permettent pas d'alimenter toute la ville. En plus de la population, l'arrivée massive des réfugiés maliens et des déplacés internes intensifient le besoin en eau potable dans la ville.

L'eau du fleuve est utilisée majoritairement par les réfugiés pour la consommation et pour d'autres besoins (lessive). Concernant les bornes fontaines et les autres infrastructures hydrauliques, elles fonctionnent de façon temporaire autrement dit la disponibilité de l'eau n'est pas régulière car les réfugiés s'y approvisionnent seulement dans les matinées. Une autre difficulté soulevée par les réfugiés est la distance à parcourir pour avoir accès au fleuve surtout pour ceux n'ayant pas de moyens de transport comme l'âne ou la charrette. Certains réfugiés parcourent une distance d'1 à 2km pour avoir accès au fleuve en fonction du quartier où ils résident (figure 6).

39

3.5.3. Modes d'éclairage des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Le principal mode d'éclairage des réfugiés dans la ville reste la lampe rechargeable (Figure 10), il s'agit des lampes qu'ils rechargent à partir des piles (100FCFA par unité) ou des lampes électriques qu'ils rechargent dans la ville. Les 22% de réfugiés utilisent le panneau solaire pour leur éclairage et un faible pourcentage utilise l'électricité (9%). Cela s'explique par le manque de moyens des réfugiés à y accéder. Cependant, parmi les questions prises en charge par les acteurs humanitaires, la question de l'électricité n'est pas prise en compte.

La figure 10 présente les différents modes d'éclairage utilisés par les réfugiés. Le point qui suit abordera les conditions d'accès au logement dans la ville.

40%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

9%

22%

69%

Figure 10 : Mode d'éclairage utilisé par les réfugiés dans la ville Source : Enquête terrain, 2021

La plupart de réfugiés qui utilise l'électricité partage le même compteur avec les familles d'accueil à l'exception de quelques-uns qui louent des maisons qui ont leurs propres compteurs.

3.5.4. Accès au logement des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Cette partie traite de l'accès au logement des réfugiés dans la ville d'Ayorou et les types de logement auxquels ils ont accès. Selon WALT WALT C (ibid) l'obtention des logements est le second aspect que les réfugiés estiment être source de leur meilleure intégration dans la localité d'accueil. Donc l'acquisition d'un terrain ou d'une maison est un élément important d'intégration pour les réfugiés.

En ce qui concerne la ville d'Ayorou, les réfugiés maliens ont accès au logement de plusieurs manières (figure 11). En effet 36% de chefs de ménages sont logés gratuitement, ils sont dans les quartiers, ils vivent avec les habitants et partagent le même logement. Ces réfugiés sont en grande partie logés gratuitement dans la ville à travers les liens solidarités locales et parentales. Ceux qui les logent sont leurs parents, amis et connaissances. C'est le cas par exemple d'un chef de ménage de réfugiés qui loge chez son beau parent. Ensuite, 30% autres squattent dans la ville. On trouve cette deuxième catégorie à côté des écoles, au bord des rues, sur des espaces publics ou à côté des services administratifs. Certains réfugiés (23%) ont eu

leurs logements à travers de prêt. Ils sont installés dans les champs et dans les parcelles non bâties de la population hôte. Ceux qui leur ont prêté sont les habitants de la ville ayant des champs ou des parcelles qui n'ont pas mis en valeur et certains sont des natifs (fonctionnaires, acteurs économiques) d'Ayorou mais qui vivent à Niamey.

 
 
 

36%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

30%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

23%

 
 
 
 
 
 
 
 

11%

 
 

Figure 11 : Accès au logement des réfugiés dans la ville d'Ayorou Source : Enquête terrain, 2021

On constate que l'accès au logement des réfugiés dans la ville est dominé par le logement gratuit. Il faut préciser qu'il n'y a pas eu de cas de conflit entre les habitants et les réfugiés par rapport à cette question. Les propriétaires terriens n'ont jamais réclamé leurs champs grâce aux sensibilisations, plaidoiries et cadres de concertation qu'organisent les acteurs humanitaires et la CNE. Ces propos du chef de canton « Les habitants de la ville ont fait preuve de solidarités envers ces réfugiés car comme selon l'adage zarma, « ay kanka bon kana gna ga koul gaka bon fouta gna mo ga4 » (Entretien, 14/08/2021).

Enfin, 11% des enquêtés louent des maisons en banco ou en dur dans la ville, ces réfugiés qui louent ont en majorité des revenus importants et préfèrent être dans des maisons confortables et avoir leur autonomie résidentielle que d'être sous des tentes. C'est des maisons qu'ils louent entre 5000 FCFA et 7000 FCFA par mois en fonction de l'état de la maison. Ces réfugiés ont majoritairement du travail (maçonnerie, artisanat...), ils exercent des activités génératrice de revenus (commerce...).

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4 Ce proverbe zarma signifie « lorsque le feu brûle dans la maison du voisin, il vaut mieux l'aider à l'éteindre avant qu'il n'arrive chez toi ».

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Photo 3 : La tente d'un réfugié installée dans la cour de son parent dans la ville d'Ayorou :

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

Selon les résultats de ce travail, les réfugiés vivent dans trois types de logement à savoir la tente ou bâche, la maison en banco et la maison en dur. Par ailleurs le 3/4 de nos enquêtés vivent sous des tentes. En effet, elles constituent le type de logement privilégié par le HCR pour loger les réfugiés où qu'ils soient. La majorité de réfugiés gardent toujours les bâches que les acteurs humanitaires les ont offertes depuis qu'ils étaient dans le camp. Quelques années après, ces tentes étaient plus que vétustes.

Photo 4: Tente d'un réfugié installée dans le champ d'un habitant de la ville

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021 3.5.5. Accès des réfugiés aux soins de santé

L'accès de réfugiés au CSI se fait au même titre que les habitants de la ville. Mais pour faciliter l'accès et le traitement des réfugiés, le HCR a aménagé un petit bloc au sein du CSI de la ville d'Ayorou. Selon les réfugiés les consultations et traitement sont gratuits. Malgré les efforts de l'État et des ONG dans le cadre de l'accès aux services sociaux, le besoin reste encore supérieur à l'offre. Puisque, non seulement le nombre de réfugiés augmente dans la ville mais aussi viennent se greffer des déplacés internes qui se font aussi soigner dans le même CSI. Selon le représentant du HCR, un centre de santé de type 2 a été construit sur le

42

site. Mais, puisqu'il a été abandonné il va falloir reprendre ça dans la ville pour alléger la pression sur le CSI d'Ayorou.

Photo 5: Une tente au sein du CSI de la ville d'Ayorou pour le traitement des réfugiés

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

Il faut noter que dans le cadre des soins des réfugiés, le nombre du personnel du CSI d'Ayorou a été renforcé et des médecins spécifiques sont déployés par l'ONG MSF pour les soins de ces réfugiés.

Conclusion partielle

En définitive, il a été mis en exergue dans ce chapitre les localités de provenance des réfugiés maliens, les moyens de transport utilisés pour effectuer le déplacement, les raisons du choix de la localité d'accueil, les conditions dans lesquelles les réfugiés ont été accueillis à Ayorou et leur répartition spatiale dans la ville. Il a été aussi présenté dans ce chapitre les conditions dans lesquelles les réfugiés ont accès à l'eau dans la ville, leurs modes d'éclairage, et enfin les activités qu'ils exercent au niveau de leurs villages d'origine.

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Chapitre 4 : Intégration socioéconomiques et protection des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Ce chapitre aborde l'intervention de l'Etat du Niger et ses partenaires et leurs actions auprès des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou pour faciliter leur intégration. Ensuite il mettra l'accent sur les facteurs socioéconomiques de l'intégration de ces derniers.

4.1. Etat nigérien dans l'accueil et la protection des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Cette partie présente les actions de l'Etat nigérien dans le cadre de la protection et de l'assistance des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou et le rapport qu'il entretient avec les acteurs humanitaires.

4.1.1. De l'enregistrement à l'attribution de statut de réfugiés

L'État du Niger à travers le bureau départemental de la CNE assure la protection des réfugiés maliens dans la ville à travers l'enregistrement, la reconnaissance, l'attribution du statut de réfugié et la délivrance des pièces d'identité (carte d'identité de réfugiés).

L'attestation de réfugié est un acte premier de leur insertion. C'est un document qui atteste l'attribution du statut de réfugié aux demandeurs d'asile. Il leur donne le droit de résider et circuler. Ainsi dans le processus d'insertion de tout réfugié l'obtention d'un document lui accordant les droits et l'autorisation de vivre sur le territoire du pays d'accueil se présente comme élément de ce processus (WALI WALI C, ibid).

Tous les réfugiés maliens se trouvant dans la ville d'Ayorou sont enregistrés au niveau du bureau de la CNE. Cet enregistrement leur permet d'avoir le statut de réfugié et d'avoir accès à toutes les aides humanitaires. L'enregistrement contribue à les protéger du refoulement non consenti dans leur pays d'origine. Les réfugiés sont enregistrés en ménage sur un document appelé « progress » qui est actualisé en fonction de l'évolution de la taille de ménage du réfugié. Ce document est un registre qui contient toutes les informations relatives à l'état civil de tous les réfugiés maliens qui sont dans la ville d'Ayorou.

Avant même cette procédure d'enregistrement les réfugiés doivent passer par un processus d'identification à travers un entretien approfondi appelé « scrining » entre le réfugié et un agent de la CNE. L'identification des réfugiés dans la population hôte, demeure difficile pour la CNE. C'est pourquoi certains autochtones développent des stratégies de se faire passer pour réfugiés afin de bénéficier de cette aide.

Selon le représentant de la CNE d'Ayorou : «L'identification des réfugiés se fait de deux façons, d'abord ceux qui sont victimes de la crise de 2012 du Mali bénéficient automatiquement du statut de réfugiés selon le principe du « Prima-facie ». Par contre tout celui qui avance une raison autre que celle mentionnée ci-dessus devrait suivre une procédure individuelle pour pouvoir bénéficier du statut » (Entretien, 17/08/2021).

La CNE donne aux demandeurs d'asile une petite fiche dénommée « Token » qui leur donne accès à certaines aides humanitaires comme les vivres et les soins de santé. En plus, tous les réfugiés âgés de 18 ans et plus ont droit à une carte d'identité qui leur donnera le droit de voyager de circuler librement.

44

Photo 6 : Une attestation de réfugié et une carte d'identité de réfugié

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

4.1.2. CNE et les autres acteurs humanitaires, quel rapport dans l'assistance et la protection des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Plusieurs organismes accompagnent l'Etat nigérien en général et la CNE en particulier dans l'assistance aux réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Cette partie vise à comprendre les domaines d'intervention de ces organismes et le rapport qu'ils entretiennent avec la CNE dans la ville d'Ayorou.

En effet, l'assistance humanitaire est mise en oeuvre par différents acteurs humanitaires. Ces acteurs ont en commun d'agir en faveur du bien-être des réfugiés et d'apporter des réponses concrètes aux besoins des réfugiés dans leur nouvel environnement. La satisfaction de leurs besoins primaires, tels que le logement, l'alimentation, la santé et la scolarisation sont indispensables.

Les acteurs humanitaires jouent un rôle important dans le processus de l'intégration des réfugiés. Comme le souligne FRESIA M (ibid) ils s'intègrent non seulement à travers les solidarités locales et parentales mais aussi à travers l'aide des acteurs humanitaires. De ce fait le premier acteur qui accompagne les réfugiés c'est l'Etat du Niger qui a fourni refuge et protection aux Maliens à travers des dispositifs juridiques. Á travers la CNE, l'Etat leur délivre de pièces administratives (attestation de réfugié, carte d'identité) pour circuler librement au même titre que les nationaux. En outre, l'État se fait accompagner par le HCR qui est la première institution internationale sur la question des réfugiés. Son mandat initial est d'offrir une protection et une assistance aux réfugiés. Pour cela le HCR s'appuie sur d'autres organisations non gouvernementales nationales ou internationales afin de mettre en oeuvre ses interventions.

Pour la gestion des questions de réfugiés, le HCR fait une gestion déléguée à l'APBE (Action Pour le Bien Etre) qui s'assure la coordination de toutes les interventions au niveau du site.

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Le HCR alloue des fonds à certaines ONG qui interviennent dans des domaines différents, notamment l'ADES dans le domaine de l'éducation, le MSF dans le domaine sanitaire, la CROIX ROUGE pour la réalisation des abris aux réfugiés. D'autres ONG qui viennent avec leurs propres fonds comme ACTED, DRC, DIT, COOPI mais, toutefois elles collaborent toujours avec le HCR par rapport à leur intervention au niveau des réfugiés dans la ville d'Ayorou.

L'aide humanitaire concerne toutes les actions que mènent les ONG et le HCR envers les réfugiés. Il s'agit de la distribution des vivres aux réfugiés, des soins sanitaires gratuits, de la distribution des biens non alimentaires, des formations et des AGR pour les réfugiés.

97%

non oui

3%

Tableau 5 : Accès à l'aide humanitaire Source : Enquête terrain, 2021

Il ressort de notre enquête que 97% de chefs de ménages bénéficient de l'aide humanitaire dans la ville d'Ayorou. Cependant 3% de nos enquêtés disent qu'ils ne bénéficient pas de l'aide humanitaire. Selon le comité des réfugiés, en 2019, le HCR en partenariat avec la CNE ont effectué une étude auprès des refugiés pour évaluer leur niveau de vie et leur situation économique. Suite à cela certains réfugiés se sont vus exclus des bénéficiaires de l'aide humanitaire. Selon les responsables de la CNE et du HCR, ces réfugiés exclus ont un niveau de de vie décent, leur permettant au moins de s'autonourrir et d'être autonomes vis-à-vis de l'aide humanitaire.

4.2. Action du HCR

Le mandat du HCR est d'offrir une protection et une assistance aux réfugiés. En ce sens, son objectif fondamental est de fournir un cadre de vie dans la sécurité et la dignité à ces derniers. Le HCR intervient de la phase d'installation à celle de l'entretien et du maintien du cadre de vie des réfugiés. Des compétences opérationnelles en matière de services humanitaires tels que la santé, la logistique, l'eau, l'éducation, les services communautaires et l'assainissement de l'environnement sont nécessaires dans l'amélioration des conditions de vie des réfugiés (SIDIBE M, idem).Le HCR collabore avec d'autres ONG pour mener ses actions.

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4.2.1. ONG partenaires du HCR

Les partenaires sont des contractuels ponctuels du HCR et leur nombre peut varier d'une année à l'autre. Chaque année, ils doivent répondre à un appel à projet lancé par le HCR. Ce dernier définit les contours de leur partenariat. Les partenaires d'exécution ne sont pas obligés de travailler exclusivement pour le HCR. Cependant, dans d'autres pays le HCR est l'unique bailleur de ces organismes, c'est le cas du Congo où selon COLEMAN L(ibid) dans le domaine des réfugiés. Par ailleurs, chacun des partenaires à un secteur d'intervention spécifique. En effet, l'Agence de Développement Economique et Social(ADES) intervient dans le domaine de l'éducation, l'organisation International rescue committee (IRC) intervient sur le camp dans deux domaines : l'appui aux jeunes refugiés à travers des activités génératrices de revenus afin de les rendre autonomes financièrement et l'appui à l'éducation des enfants, l'Action pour le bien-être (APBE) assure actuellement l'administration, la supervision des réfugiés et intervient aussi dans le domaine de la santé et de la protection de l'enfant, la Croix Rouge nigérienne apporte son appui pour la réalisation des abris, PLAN Niger intervient dans la protection de l'environnement, et l'ONG Médecin Sans Frontière (MSF) intervient dans le domaine sanitaire et Action et Programme d'Impact au Sahel(APIS) assurent la sécurité alimentaire des réfugiés et OCHA assure la coordination des acteurs humanitaires. La liste des ONG partenaires du HCR n'est pas exhaustive. Parmi ces ONG d'autres viennent avec leurs propres fonds, elles sont qualifiées d'ONG opérationnelles.

4.2.2. ONG opérationnelles

L'arrivée massive des réfugiés maliens dans la ville a engendré une crise humanitaire. A cet effet le HCR et ses partenaires d'exécution qui viennent en aide aux réfugiés ne peuvent pas répondre à toutes leurs demandes. C'est pourquoi des ONG de solidarité internationale se sont alors greffées au HCR dans la mise en oeuvre d'infrastructures, telles que des latrines, ainsi que dans le secteur de la santé. Ces organisations n'ont pas de sous-contrat avec le HCR, elles viennent avec leurs propres fonds. Dans la ville d'Ayorou ces ONG sont entre autre l'agence d'aide à la coopération technique et au développement(ACTED), le conseil danois pour les réfugiés (DRC), la division internationale du travail (DIT), et comprazione internazionale (COOPI) qui viennent avec leurs propres fonds mais collaborent avec le HCR avant d'intervenir dans secteurs où le besoin y est. Il y'a également le programme d'appui aux réfugiés et aux communautés d'accueil(PARCA).

4.3. Intégration sociale des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Cette section vise à analyser l'apport du lien social existant entre les autochtones et les réfugiés comme un facteur d'insertion de ces derniers dans leur nouveau milieu.

4.3.1. Intégration des réfugiés à travers le lien de solidarités locales et parentales

Cette section vise à analyser l'apport du lien social existant entre les autochtones et les réfugiés comme un facteur d'intégration de ces derniers dans la ville d'Ayorou. La présence de la famille, d'amis et des connaissances dans la zone d'accueil constitue un facteur important d'intégration pour les réfugiés. En d'autres termes les liens sociaux qui existent entre les réfugiés et les sociétés d'accueil sont des facteurs importants à l'intégration des réfugiés. Cela est soutenu par LASSAILLY JACOB V (2003) qui pense que les réfugiés

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installés clandestinement dans les zones d'accueil en utilisant les liens ethniques ou les liens de parenté s'intègrent rapidement. Ainsi, l'insertion se dessine progressivement par l'implication des réfugiés à la vie sociale de la zone d'accueil. A l'instar des réfugiés Erythrée au Congo (BAZENGUISSO GANGO cité par COLEMAN L, ibid), des réfugiés soudaniens au Tchad (LAGRANGE MARC A, 2006) et des réfugiés libériens en Guinée (AGIER M. (2008) qui s'intègrent à travers les liens sociaux, les réfugiés maliens aussi utilisent le lien de parenté pour s'intégrer dans la vie sociale et économique de la ville d'Ayorou.

Plus de 56% de nos enquêtés ont répondu avoir été accueillis par des parents dans la ville d'Ayorou. Selon COLEMAN L(ibid), «Le lien social renvoyait alors à une vision historique à la fois du rapport entre l'individu et ses groupes d'appartenance, d'un côté et de ses conditions du changement social de longue durée de l'autre». Selon DURKHEIM E. (1893), le lien social est « l'ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d'une même société»

Ces liens ont permis aux réfugiés maliens d'être en harmonie avec la population, de se sentir comme chez eux. Comme le notifie le chef du comité des réfugiés « Niger et Mali c'est la même chose, c'est les mêmes populations, même pratiques, même coutume et tradition. Nous maitrisons plus le Niger que notre pays parce que avant même la crise nous développons nos activités commerciales au Niger et nous nous sommes mariés avec les nigériens, nous avons des liens de parenté qui datent pas d'aujourd'hui » (Entretien, 14/08/2021). Les relations entre les deux pays sont historiques. Elles remontent de l'époque coloniale, et reposent sur les contrastes territoriaux fixés par les colonisateurs marquant ainsi les limites des pays. La frontière est selon ADAMOU MOUSSA I (ibid) « une rupture, et en même temps une interface propice aux échanges. En effet plusieurs réfugiés sont hébergés dans la ville, d'autres accèdent à des lopins de terres agricoles grâce aux liens de parenté.

4.3.2. Mariage entre les réfugiés et les autochtones, comme facteur d'intégration

La `'bonne» cohabitation entre les réfugiés et la population de la ville d'Ayorou se manifeste par des mariages entre ces deux populations. Nombreux sont des habitants de la ville d'Ayorou qui se sont mariés avec des réfugiés. Cela a été également montré dans d'autres études notamment BELLO AMADOU M (ibid) pour le cas des réfugiés nigérians dans la ville de Diffa. En effet, comme le souligne le chef de canton d'Ayorou, plusieurs habitants se sont mariés avec les réfugiés et vice versa. MALKKI cité par WALI WALI C (ibid) sur les réfugiés Burundais à Kigama montre comment les réfugiés parviennent à s'intégrer autour du mariage mixte entre eux et la population hôte.

Selon COLEMAN L (ibid) ces mariages mixtes sont sources d'une bonne cohabitation entre les réfugiés et les locaux et renforcent le lien social entre les deux communautés. En plus, le mariage constitue une protection sociale, voire une stratégie de construction sociale pour les réfugiés qui se marient avec des autochtones. C'est en ce sens que WALI WALI C cité par BELLO AMADOU M (ibid) souligne que « le mariage, au-delà de sa valeur sentimentale, peut être utilisé comme levier d'insertion par les réfugiés au sein de leur espace d'accueil».

Dans la ville d'Ayorou, plusieurs réfugiés ont donné leurs filles en mariage à la population et vice versa. Ce dernier favorise la cohabitation et l'intégration des réfugiés dans la ville. Ce

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mariage mixte n'a pas commencé avec l'arrivée des réfugiés dans ville, cela date de plusieurs siècles.

4.3.3. Cohabitation entre les réfugiés et la population de la ville

Selon COLEMAN L(ibid), La cohabitation des réfugiés est conditionnée par les liens sociaux qui unissent les réfugiés et les autochtones. Contrairement aux réfugiés nigérians dans la ville de Diffa (BELLO AMADOU M, ibid) qui cohabitent difficilement avec les habitants surtout les enfants et les femmes qui sont toujours en conflit avec ceux de la ville de Diffa à cause de la différence d'éducation et de culture, les réfugiés maliens grâce aux liens et aux affinités qui les lient avec la population, cohabitaient dans ville d'Ayorou. En effet en dehors de l'entraide entre les deux populations, il y'a eu aussi des mariages entre eux. Plusieurs réfugiés nous ont confirmé d'avoir épousé une femme dans la ville ou de donner leurs filles en mariage. En plus, 92% de nos enquêtés affirment participer à des cérémonies (mariages et baptêmes) dans la ville d'Ayorou, « Il y'a une bonne cohabitation entre nous et la population depuis notre arrivée, il y'a jamais eu de conflit entre nous à propos de quoi que ce soit.il y'a même des réfugiés qui vivent dans la ville avec les habitants d'Ayorou ».(Entretien avec un réfugié malien,05/09/2021). Par ailleurs, tous les trois mois les chefs de quartiers de la ville d'Ayorou se réunissent avec le comité des réfugiés pour débattre de la cohabitation entre les réfugiés et les habitants de la ville. Il s'agit aussi de réfléchir sur les mesures à prendre pour harmoniser cette cohabitation.

Cette cohabitation entre les réfugiés et la population est favorisée par des autorités locales à travers les matchs de football entre les jeunes de la ville et les jeunes réfugiés qu'organisent la mairie et ses partenaires. Ensuite dans toute intervention du HCR ou des ONG, les habitants de la ville sont pris en compte, ce qui favorise davantage cette cohabitation. Le chef de canton d'Ayorou nous confirme cela à travers ces propos « Grace à ces réfugiés les acteurs humanitaires nous fait beaucoup de choses, ils nous ont renforcé les services de dispensaires, ils ont fait des sensibilisations, ils ont amené des projets mixtes qui prennent en compte les réfugiés et les habitants de la ville. Par exemple il y'a une formation en pisciculture financé par le BIT où c'est 50% des réfugiés et 50% du côté des habitants d'Ayorou qui en bénéficient. Dans toutes les actions que mènent les ONG ou le HCR envers les réfugiés, il y'a la part de la population d'Ayorou » (Entretien, 14/08/2021).

En outre la croix rouge nigérienne organise des femmes de la ville et des femmes de réfugiées en clubs des mères pour non seulement améliorer leur cohabitation à travers des sensibilisations mais aussi à travers des sensibilisations sur l'hygiène et l'assainissement.

En cas de conflit entre les réfugiés et la population, la victime fait appel au chef du village, si elle ne trouve pas satisfaction elle ira se plaindre chez le chef de canton puis au niveau de la police ou de la gendarmerie jusqu'à être mis dans ses droits. Pendant la saison pluviale, les habitants se plaignent au niveau des autorités coutumières pour alerter les réfugiés à ne pas laisser leurs animaux pâturer dans les champs. Il faut noter que cela n'a jamais l'objet d'un conflit entre les réfugiés et les cultivateurs de la ville. A chaque fois qu'il y'a ces genres des problèmes tous chefs de quartiers se regroupent pour alerter le comité des réfugiés qui passera le message à tous les réfugiés.

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Pour éviter ces genres de conflits, le HCR et ses partenaires aussi ont mis en place un cadre de concertation qui a lieu tous les mois. Ce cadre regroupe les chefs de différents quartiers, le comité des réfugiés, quelques femmes de la ville et les jeunes leaders. L'objectif assigné est de créer des dialogues entre ces acteurs au tour des questions liées à la cohabitation entre les réfugiés et les habitants pour qu'ensemble ils trouvent une solution.

Photo 7: Plaque de projet de la croix rouge nigérienne intervenant dans le cadre de la cohabitation entre les réfugiés et la population de la ville d'Ayorou

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.

4.3.4. Réfugiés maliens et les habitants d'Ayorou, une communauté réunie

Les réfugiés maliens et les habitants de la ville d'Ayorou sont deux communautés qui malgré la frontière ont toujours partagé des bonnes relations en terme de commerce et de relation sociale. En ce sens qu'on peut dire que les frontières africaines sont considérées comme des lignes artificielles, et constituent un frein pour le développement économique et la mobilité des populations qui bordent ces frontières (ADAMOU MOUSSA I, ibid). Les communautés de part et d'autre les frontières étatiques continuent leurs échanges et leur brassage qui existaient entre eux bien avant la colonisation. Comme l'a montré ADAMOU MOUSSA I (ibid) pour le cas des populations du sud du Niger et du Nigeria où le poids important de la migration de proximité fondée sur la géographie, l'unité culturelle et les traditions circulatoires reste très actuel. Il en est de même pour les populations du nord-Tillabéry où au-delà de la proximité géographique et des ramifications des populations de part et d'autre au Mali et au Niger, s'ajoute le commerce qui a fortement contribué à l'interaction et à la mobilité de ces populations. En effet, le marché historique d'Ayorou était animé par des gens qui venaient de toutes les contrées du pays et même des pays voisins notamment le Mali, la navigation fluviale et la route nationale n°1 sont les facteurs favorisant ces échanges inter-populations.

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4.3.5. Fleuve et route nationale, deux facteurs d'interactions transfrontalières

Si les interactions et les échanges entre les populations des localités frontalières étaient favorables c'est parce qu'il y'a des facteurs qui facilitent ces échanges. Ainsi pour les populations d'Ayorou et celles du Mali, bien avant la crise sécuritaire, la route nationale n°1 et le fleuve sont deux facteurs de communication entre elles. En effet, pour la navigation fluviale les moyens sont les pirogues motorisés et manuels qui font la navette entre Ayorou et certaines communes du Mali. Ce moyen de transport est en grande partie négligé par les autorités administratives et la population (YAYE SEYDOU H, 2014). La route nationale et le fleuve ont beaucoup contribué dans les échanges et les transactions de populations et des biens entre ces zones frontalières. Ces propos du Chef de canton viennent en appui, « ......plusieurs facteurs nous lient comme la route nationale et la navigation fluviale » (Entretien, 14/08/21).

4.4. Intégration économique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Cette section traite l'intégration des réfugiés à travers les dimensions économiques. Il s'agit de l'ensemble des opportunités d'emploi qu'offrent la ville et les stratégies que les réfugiés développent pour y accéder.

4.4.1. Stratégies développées par les réfugiés dans la ville d'Ayorou

Dans un contexte où l'assistance humanitaire tend à décroitre et est, d'une manière générale, insuffisante, la construction d'un capital économique est une stratégie d'adaptation indispensable pour permettre aux réfugiés de survivre dans leur nouveau milieu. Les réfugiés maliens développent plusieurs activités dans la ville d'Ayorou.

4.4.1.1. Activités exercées par les réfugiés dans la ville, une stratégie d'adaptation et d'intégration

En dehors de l'assistance humanitaire, les réfugiés maliens exercent plusieurs activités dans la ville pour subvenir à leurs besoins car pour plusieurs réfugiés l'aide humanitaire ne couvre pas tous leurs besoins familiaux. C'est pourquoi ils exercent plusieurs stratégies dans la ville. Les activités qu'ils pratiquent sont entre autres l'artisanat, l'agriculture, le commerce, la vente de bois, l'embouche des animaux, la maçonnerie, portefaix...etc.

Commerce

Vente de bois morts Aucune Artisanat Portefaix Embouche

Agriculture Moçonnerie

Pêche

Réparation des appareils

Couture Coiffure

27%

23%

12%

11%

10%

8%

7%

5%

3%

2%

2%

1%

51

Figure 12: Activités exercées par les réfugiés dans la ville Source : Enquête terrain, 2021

Selon nos résultats seulement 12% de nos enquêtés dépendent uniquement de l'aide humanitaire (Figure 12).C'est-à-dire qu'ils n'exercent aucune activité en dehors de l'assistance humanitaire. On a aussi constaté que le commerce et la vente du bois mort sont les deux activités les plus pratiquées par les réfugiés dans la ville d'Ayorou et 10% font des activités de colportage le jour du marché d'Ayorou. Une autre stratégie pour certains réfugiés est la vente de l'aide alimentaire au marché ou dans la ville pour répondre à certains besoins financiers. Cette forme de stratégie pour certains chercheurs comme SIDIBE M (ibid) permet aux réfugiés de se procurer d'autres produits de nécessité tels que des produits non alimentaires. Il est important de noter que dans le marché d'Ayorou, un endroit a été aménagé au sein du marché pour les réfugiés où ils exercent leurs activités commerciales. Ils vendent plusieurs objets notamment des produits de l'aide humanitaire (riz, haricot, huile), du bois mort et d'autres articles.

Photo 8 : Un jeune réfugié confectionnant des Photo 9 : une vielle femme faisant de

outils artisanaux l'artisanat dans la ville d'Ayorou

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.

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Par ailleurs la vente du bois mort est une activité très développée chez les réfugiés dans la ville d'Ayorou. Ce sont en général les femmes qui exercent cette activité en grande partie. Elle constitue une stratégie d'adaptation et d'intégration pour les réfugiés et elle procure assez de revenu. Les femmes se déplacent à quelques kilomètres de la ville à dos d'âne ou sur des charrettes pour ramasser du bois mort qu'ils vont par la suite vendre dans la ville et dans le marché d'Ayorou ou des localités environnantes. Elles vendent ces bois sous forme de bottes à des prix forfaitaires qui varient de 200FCFA à 500FCFA. C'est surtout le jour du marché que ces réfugiés gagnent une somme importante d'argent.

Photo 10:Des réfugiés vendant du bois mort au marché et une femme et sa fille transportant du bois à vendre dans la ville

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.

4.4.1.2. Organisation des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Le camp de Tabrey-barey était subdivisé sous forme de quartiers et le nom de chaque quartier est donné en fonction de la provenance des réfugiés c'est-à-dire les noms de leurs localités d'origine. Ainsi, plusieurs comités ont été créés au sein des réfugiés. Ces derniers ont l'obligation de prendre en charge les rôles qui leur sont assignés. Les comités principaux sont: le comité central, le comité hygiène et assainissement, le comité de sensibilisation et communication ; le comité de protection et le comité de violences basées sur le genre « VBG» (SIDIBE M, ibid). Au niveau de la ville d'Ayorou, seul le comité central prend en charge toutes les questions de réfugiés. Le comité a été mis en place par la CNE pour éviter des conflits interethniques au sein des réfugiés qui sont composés en grande partie des Touaregs, des Sonraïs, et des Peuls.

4.4.1.2.1. Comité des réfugiés rôle et rapport avec les acteurs humanitaires

Le comité joue le rôle de médiateur entre les réfugiés et les acteurs humanitaires, ainsi il tient ces acteurs au courant de tout ce qui se passe au niveau des réfugiés, il participe à certaines réunions de la CNE et du HCR et tache d'informer les réfugiés de ce qui a été débattu. Lorsque les réfugiés étaient sur le camp de Tabarey-barey, ils sont organisés en plusieurs

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comités dont un comité central et des petits comités notamment le comité de protection, le comité en charge de violences basées sur le genre qui rendent compte au comité central. Cependant depuis qu'ils sont arrivés dans la ville d'Ayorou, il n'y a que le comité central qui s'occupe de toutes les questions de réfugiés auprès des acteurs humanitaires.

Le chef de comité des réfugiés explique le rôle du comité en ces termes : « Nous mobilisons les réfugiés en cas de distributions des vivres ou des biens, cela pour faciliter aux acteurs humanitaires de mener à bien leurs activités. Nous faisons des plaidoiries auprès de ces acteurs pour l'amélioration des conditions de vie des réfugiés. En cas de difficultés ou en cas de l'arrivée des nouveaux réfugiés nous mettons automatiquement au courant le HCR et la CNE pour lancer les procédures d'enregistrement et d'attribution du statut de réfugié » (Entretien, 13/08/2021).

Photo 11: le chef du comité passe une information aux réfugiés Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

En ce qui concerne le rapport entre le comité et les acteurs humanitaires, il faut dire que la CNE, le HCR ou les ONG passent toujours par ce comité pour des questions d'informations et des actions humanitaires aux réfugiés. Le comité est permanemment en contact avec ces acteurs pour des éventuelles informations. Le chef du comité est souvent convoqué jusqu'à Tillabéry ou Niamey à des réunions du HCR ou de la CNE. Le comité est une représentation des réfugiés et facilite les interventions pour les acteurs humanitaires.

4.4.1.2.2. Associations des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Les réfugiés s'associent dans la ville d'Ayorou pour s'adapter à travers l'entre-aide. En effet 71% de nos enquêtés sont membres d'une association avec des habitants ou entre réfugiés eux-mêmes. Les associations sont de plusieurs types, il s'agit des « fadas » qui sont surtout animés par les jeunes, leur rôle est de se rencontrer pour parler de tout et de rien au tour du thé. Ce type d'association contribue à la cohésion sociale entre les réfugiés eux-mêmes et entre les réfugiés et les habitants. Ensuite vient les « foyendis » auxquels les réfugiés

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participent pour l'organisation d'une cérémonie (mariage, baptême), l'objectif est d'aider financièrement un réfugié qui a eu un mariage ou un baptême. Les réfugiés font aussi des tontines dans la ville soit entre eux-mêmes ou avec les habitants de la ville d'Ayorou. Cette stratégie développée surtout par les femmes permet de soutenir financièrement un réfugié en lui donnant une somme d'argent collectée par les membres de l'association.

38%

21% 22%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

Figue 13: Type d'associations des réfugiés Source : Enquête terrain, 2021

Par ailleurs lorsqu'un réfugié n'a pas accès à l'aide humanitaire ou lorsqu'il est dans une difficulté quelconque, les autres lui viennent en aide pour le soutenir : « En cas d'activités, les réfugiés s'associent en équipe pour s'entraider et pour des cérémonies (mariages ou baptêmes) ils font des cotisations pour s'entre-aider. Les réfugiés ne bénéficiant pas de l'aide alimentaire sont aussi aidés par les autres » (Entretien, 13/08/2021).

Ces soutiens se font surtout par affinité entre les réfugiés autrement dit ceux qui viennent de la même localité ou qui ont des liens de parenté. Cela est confirmé par ces propos du chef du comité des réfugiés

4.4.1.3. Formation des réfugiés par les acteurs humanitaires

Dans le cadre de l'intégration des réfugiés, des ONG financent des formations professionnelles pour les réfugiés afin de les inciter à développer des activités économiques comme des petits commerces, de l'embouche ou de la couture. Les réfugiés qui bénéficient de ces formations sont payés chaque jour de formation.

Ces formations sont pour les acteurs humanitaires une stratégie d'autonomisation des réfugiés. Deux objectifs sont visés à travers cette formation. Il s'agit d'abord d'alphabétiser les réfugiés (savoir lire et écrire) et de les initier à l'entreprenariat. .

Cependant, tous les réfugiés ne bénéficient pas de cette formation, c'est seulement quelques-uns qui en bénéficient et ceux qui n'en ont jamais bénéficié pensent que c'est du favoritisme de la part du comité vis-à-vis de certains.

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Photo 12 : Un enseignant dispensant une formation d'alphabétisation à un groupe de réfugiés

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021

4.4.1.4. AGR, source d'autosuffisance des réfugiés maliens

Les acteurs humanitaires donnent des micro-crédits aux réfugiés pour les appuyer dans leurs projets économiques. Cet accompagnement consiste à apprendre aux réfugiés à se prendre en charge et donc à être autonomes. Ainsi dans ce cadre, les réfugiés maliens sont accompagnés dans la ville d'Ayorou à travers des activités génératrices des revenus. En effet, 21% de nos enquêtés bénéficient des AGR (Tableau 6), dont 14% en petit commerce, 6% et 1% en embouche et en couture.

Type d'AGR

Effectifs

Fréquence(%)

Couture

1

1

Embouche

6

6

Petit commerce

14

14

Total

26

26

Tableau 5 : Types d'AGR

Source : Enquête terrain, 2021

L'objectif visé par les acteurs humanitaires à travers ces AGR est d'autonomiser les réfugiés et de les amener à être indépendants vis-à-vis de l'aide humanitaire, car selon le représentant de le CNE : « Ils ne demeurent pas réfugié éternellement et ils ne peuvent pas bénéficier de l'aide humanitaire à vie » (Entretien, 17/08/2021).

4.4.1.5. Distribution mensuelle des vivres aux réfugiés et la vente de l'aide alimentaire

Á la fin de chaque mois, une gamme de vivres est distribuée aux réfugiés par le programme alimentaire mondial (PAM) en collaboration avec la CNE et le HCR. La distribution est assurée par les agents de l'APBE. Ces vivres sont composés du riz, du haricot, d'huile, du mil

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et des condiments. 97% de nos enquêtés bénéficient de l'aide alimentaire dans la ville et le 3% restant ont été exclus de l'obtention de cette aide suite à une évaluation du niveau économique des réfugiés menée par la CNE et le HCR. Par ailleurs, plusieurs réfugiés vendent cette aide alimentaire dans la ville pour pouvoir répondre à certains besoins non alimentaires. Ainsi le marché d'Ayorou a connu un regain conséquent grâce à la revente des vivres et autres denrées non alimentaires par les réfugiés. Il est ressorti de nos enquêtes de terrain que les réfugiés, afin de se procurer un peu d'argent liquide, revendent sur le marché ou auprès des habitants de la ville d'Ayorou, une partie des vivres qu'ils reçoivent. Certains commerçants locaux achètent ces vivres et les revendent aux populations des autres villages avoisinants.

Cette vente des vivres constitue pour certains réfugiés un moyen d'avoir un capital pour débuter une activité génératrice de revenu. BELLO AMADOU M(ibid) a observé cette stratégie auprès des réfugiés mauritaniens qui transforment l'aide alimentaire en capital générateur d'activité économique. En effet, certains réfugiés, en revendant cette partie de l'aide, acquièrent, de quoi pouvoir démarrer une activité génératrice de revenu ou acheter un autre produit alimentaire qui correspond à leurs besoins.

Photo 13 : Distribution des vivres aux réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou

Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021 4.5. Aspirations des réfugiés

Les réfugiés maliens n'ont pas les mêmes aspirations, si certains aspirent de rester dans la ville d'Ayorou toute leur vie, d'autres ne l'envient pas.

4.5.1. Réfugiés entre retour au Mali et intégration définitive dans la ville d'Ayorou

La plupart des réfugiés sont retissant par rapport au retour au Mali et préfèrent rester au Niger jusqu'à la mort. En effet, 78% de nos enquêtés ne désirent pas retourner au Mali même si la situation sécuritaire s'améliore.

22%

non oui

78%

2% 1%

6%

3%

88%

Ayorou Canada France Niamey Tillabery

57

Figure 14 : Intention de retour au Mali Figure 15: Localité enviée dans 10ans

Source : Enquête terrain, 2021

La figure 15 nous montre que 88% de réfugiés désirent rester dans la ville d'Ayorou dans 10 ans. Cela a plusieurs implications en termes d'accès aux services sociaux notamment l'eau, l'école et la santé. Les autorités administratives (mairie et préfecture) doivent faire des planifications en tenant en compte de ces réfugiés qui n'envisagent pas un retour au Mali.

Cependant le premier problème qui se posera à ce niveau est le conflit générationnel entre les deux populations (autochtone et réfugiée). Les jeunes de la ville réclameront leurs champs ou de leurs parcelles qu'occupent les réfugiés, cela est appuyé par ces propos du chef de canton d'Ayorou : « Quand nous les vieux nous quittons ce bas monde nos enfants ne vont pas se lancer dans la même logique que nous envers ces réfugiés, ils vont réclamer le retour des réfugiés et quand ce moment viendra ça serait une bombe à retardement entre les habitants et les réfugiés dans la ville. Nous fermons les yeux sur beaucoup des choses que les générations futures n'accepteront pas » (Entretien, 14/08/2021).

Le second problème est lié à la délocalisation de la ville d'Ayorou inscrit dans le programme du barrage de Kandadji, parce que les réfugiés ne sont pas pris en compte dans l'aménagement du nouveau site de la ville. Il y'aura également à cette allure un problème de gouvernance urbaine lié à l'accès aux services urbains des habitants de la ville, des réfugiés et même des déplacés internes.

4.5.2. Réfugiés dans la ville d'Ayorou, quel enjeu?

La présence des réfugiés suscite un certains nombres de problèmes. En effet, elle se traduit par des enjeux qui se nouent autour d'eux. Au cours de nos observations sur le terrain, nous avons identifié quelques enjeux liés à leur présence dans la ville. D'abord il y'a une cartographie importante des ONG autour de ces réfugiés, ces dernières mènent plusieurs activités auxquelles la ville bénéficie notamment avec les projets mixtes. Les autorités de la ville en charge des services sociaux de base (éducation, santé, eau...) enregistrent une assistance importante de la part des acteurs humanitaires.

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Cependant, la présence de réfugiés maliens provoque des difficultés en termes d'accès aux services sociaux de base. Ainsi, quel qu'en soient les moyens que les autorités investissent dans ce secteur, beaucoup reste à faire car la demande s'accroit à un rythme élevé. Cette situation est principalement liée à l'arrivée de plus en plus important des réfugiés et des déplacés internes. Cela constitue une problématique majeure dans le cadre de la gestion urbaine de la ville.

Conclusion partielle

En définitive plusieurs facteurs facilitent l'intégration des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il s'agit des liens de parenté, des actions de l'Etat et des agences humanitaires (attestation et carte de réfugié, octroi des micros projets) et des stratégies d'adaptation. Enfin la plupart des réfugiés n'aspirent pas retourner au Mali même si la situation sécuritaire se stabilise.

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Conclusion générale

Cette étude a permis d'appréhender les caractéristiques, la provenance, l'accueil de ces réfugiés et les facteurs qui facilitent leur intégration.

Il ressort de ce travail que les réfugiés maliens sont majoritairement originaires de la région de Gao notamment des communes d'Asongo, de Bourra, de Tin-hama, de Tessit et de Ouattagouna. A leur arrivée dans la ville d'Ayorou, plusieurs acteurs interviennent dans l'accueil de ces réfugiés, il s'agit de l'Etat, de la population hôte et des acteurs humanitaires.

Les réfugiés s'intègrent dans la ville d'Ayorou à travers les liens sociaux qu'ils tissent avec la population hôte. Ils sont majoritairement hébergés par leurs parents ou par des connaissances. Les conditions dans lesquelles ils vivent avec les habitants de la ville sont favorables car comme le souligne COLEMAN L (ibid) la cohabitation entre les réfugiés et les autochtones est conditionnée par les liens sociaux qui les unissent « les liens de parenté et les connaissances facilitent l'intégration socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou ».

L'étude a démontré par ailleurs que les réfugiés maliens exercent plusieurs activités génératrices de revenu à Ayorou pour s'intégrer, Il s'agit de petit commerce, de la vente du bois mort, de l'artisanat, de porte-faix (kaya kaya)...etc. Ces activités procurent aux réfugiés des revenus leur permettant de subvenir à certains besoins (location, habillement) et à faciliter leur intégration. Ce qui confirme notre deuxième hypothèse « les réfugiés maliens exercent plusieurs activités pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ».

Ensuite l'Etat et les acteurs humanitaires accompagnent les réfugiés maliens dans leur processus d'intégration dans la ville. En dehors de l'aide alimentaire les réfugiés ont accès aux services étatiques (attribution des pièces d'état civil) au même titre que les autochtones. Ces acteurs accompagnent les réfugiés à travers des formations et des activités génératrices de revenu(AGR) afin d'améliorer leur niveau de vie économique. Cela confirme notre troisième hypothèse « Les actions de l'Etat et des acteurs humanitaires facilitent l'intégration des réfugiés dans la ville d'Ayorou ».

En termes de perspective, nous envisageons de faire une thèse de doctorat sur la dynamique des réfugiés maliens et de déplacés internes dans une petite ville comme Ouallam et les reconfigurations urbaines. Il s'agit d'analyser les effets de l'installation des réfugiés et des déplacés internes dans la ville de Ouallam en terme de reconfigurations urbaines.

60

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62

.

ANNEXES

63

64

Annexe 1 : Guide d'entretien adressé au représentant de la CNE

Date de l'entretien

Lieu de l'entretien

Position du répondant

Accueil, identification et protection des réfugiés dans la ville

Quelles dispositions l'Etat a prises pour accueillir les réfugiés ?

Comment se fait l'identification et la reconnaissance des réfugiés maliens ?

Quelles sont les actions entreprises l'Etat nigérien et les acteurs humanitaires pour faciliter l'assistance et la protection des réfugiés ?

Quelle amélioration les actions de l'Etat ont-elles amené dans la protection des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les difficultés rencontrées par les autorités à l'arrivée des réfugiés ? Intégration socioéconomique des réfugiés

Comment se fait l'intégration socioéconomique des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les actions menées par l'Etat pour faciliter l'intégration socioéconomique des refugiés ?

Quelle évolution les actions de l''Etat ont-elles amené dans le processus d'intégration des réfugiés ?

Que pensez-vous de l'intégration socioéconomique des réfugiés dans la ville d'Ayorou ? Cohabitation entre les réfugiés et la population

Comment les réfugiés vivent-ils avec la population dans la ville d'Ayorou ?

Comment les réfugiés ont-ils accès aux services sociaux de base (eau, centre de santé, école) dans la ville ?

Quelles sont les actions de l'Etat pour améliorer l'accès à ces services ?

Comment les réfugiés participent-ils aux activités collectives (mariages, baptêmes ) de la

ville d'Ayorou ?

65

Les stratégies d'adaptation des réfugiés

Quels sont les problèmes auxquels les réfugiés font face dans la ville d'Ayorou ? Quelles stratégies les réfugiés développent-ils pour y faire face?

Comment les réfugiés maliens s'associent ou s'entraident-ils dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les solutions envisagées par l'Etat pour améliorer les conditions de vie des réfugiés?

Quelles difficultés la CNE rencontre avec les autres acteurs humanitaires ?

66

Annexe 2 : Guide d'entretien adressé au représentant du HCR à Ayorou

L'accueil des réfugiés et leur intégration socioéconomique dans la ville d'Ayorou Quelles sont les actions menées par le HCR dans l'accueil des réfugiés ?

Quelles sont les actions entreprises par le HCR pour faciliter l'intégration socioéconomique des réfugiés ?

Comment les réfugiés ont-ils accès aux services sociaux (eau, centre de santé, école) ?

Quels sont les différents volets d'intervention du HCR en faveur des réfugiés ?

Comment le HCR gère-t-il le site des réfugiés à Ayorou ?

Comment le HCR assure la protection des réfugiés ?

Le HCR collabore-t-il avec d'autres acteurs humanitaires pour assister les réfugiés ?

Si oui, avec quels acteurs collabore-t-il ?

Sur quel plan ces acteurs assistent-ils ces réfugiés ?

Cohabitation entre les réfugiés et la population

Comment les réfugiés cohabitent-ils avec la population dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les difficultés qui se nouent au tour de l'accès aux services sociaux entre les réfugiés et la population dans la ville ?

Quels autres problèmes les réfugiés font-ils face dans la ville ? Quelles sont les actions du HCR face aux problèmes de réfugiés ?

En dehors de l'assistance du HCR, comment les réfugiés font-ils pour s'adapter dans la ville d'Ayorou ?

67

Annexe 3 : Guide d'entretien adressé au chef du village d'Ayorou

Présentation de la ville : historique du peuplement ; population ; activités socioéconomiques des habitants.

Accueil et protection des réfugiés dans la ville d'Ayorou

Depuis quand accueillez-vous les réfugiés dans votre canton ?

Quelles sont leurs principales provenances ?

Qui accueille les réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Comment se fait l'accueil des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Comment les réfugiés sont-ils protégés ?

Stratégies d'adaptation des réfugiés

Quels sont les problèmes que rencontrent les réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les stratégies que les réfugiés entreprennent pour y faire face dans la ville d'Ayorou ?

Quelles sont les actions entreprises par les autochtones pour les aider à s'adapter ? Cohabitation entre les réfugiés et les autochtones

Quelles sont les difficultés rencontrées par les réfugiés dans la cohabitation ?

Quels sont les liens entre les réfugiés et la population ? Comment la population vit-elle avec les réfugiés ?

Comment les réfugiés et la population partagent-ils les services sociaux de base (eau, centre de santé, écoles) ?

Y'a-t-il des conflits (litiges) entre la population et les réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Comment tranchez-vous ces litiges ?

Les aspirations de la population par rapport à la présence des refugiés

Que pensez-vous de la présence des réfugiés dans votre ville ?

La population voudrait-elle continuer à vivre avec les réfugiés ?

68

Annexe 4 : Guide d'entretien adressé au maire de la ville d'Ayorou

Présentation de la ville : historique du peuplement ; population ; activités socioéconomiques des habitants.

Comment s'est fait l'arrivée et l'installation des réfugiés Maliens dans la ville d'Ayorou ? Comment les réfugiés vivent dans la ville d'Ayorou ?

Comment se fait leur cohabitation avec la population autochtone ?

Comment est-ce qu'ils accèdent aux services sociaux dans la ville ?

Quelles sont les difficultés auxquelles font face les réfugiés dans la ville d'Ayorou ? Comment les réfugiés s'intègrent-ils dans la vie socioéconomique de la ville d'Ayorou ? Quels sont les acteurs qui assistent les réfugiés à s'adapter et à s'intégrer dans la ville ?

En dehors de l'assistance humanitaire, quelles sont les stratégies que les réfugiés développent pour s'adapter ?

Comment les réfugiés sont-ils protégés dans la ville d'Ayorou ?

Que pensez-vous de la présence des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?

Annexe 5 : Questionnaire adressé aux chefs de ménages réfugiés dans la ville d'Ayorou

1.Identific tion du réfugie

 

1. Nom et prénom

2.

3.

4.

5. Est-ce que vous etes scolarisés?

m 1.Oui O 2. Non

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6. Si oui quel est le niveau de aeolarisation?

m 1. Primaire 0 2. Collège 0 3. Lycée 0 4. Superieur

La quesriarr esr perririeur? gare si Esr-ce gare vous tries scolar isës? - ~Dur

 
 

5. Age

6.

7.

8.

 

9. Se=

m I. Masculin O 2_ Feminin

m

m

7. Avra-vous 11.4uent l'école coranique?

m 1.Oui O 2. Non

 

4. Situation matrimoniale

m I. cclibarlaire 0 2. marie. munogame 0 3. marié polygarrrrr.

m 4. veuf4.e) 0 5. Divorcé(e)

m

8. Quel est la taille tie vutre menage?

Conditions de déplacement et Accueil des r fugiés

 
 
 
 
 
 
 
 
 

{1. Depuis quelle armee cie% -tuuy itï

10. Depuis quelle année 'avez vous quitté -votre reays';

IL Ai -icrus s jturnes dans d'autres lieux rr-talnw d -tenir ici?

m I.Oui O 2_Non

12. Si oui quelles sont les localités dais lesquelles vous sejuurnes a-tont rie venir ici?.

q I. Cita d Tabavey-barey Cl 2_ Site utbarsisé4'Ayoriiu

q 3. Autres â préciser

Voies poivrez cacher. plusieurs cases (2 art maximum).

La guesriore n'est pertinente que si Avez-vous 5ejor4:71és clappa dâurres lieux "Our

13. De quelle localité estes-Mn originaire?

14. De cercle du Mali ete4-vous originaire?

m I. Meneka

m 3. Niono

m 5. Ciao

m 7. Autres â préciser

m 9. Mopti

m 11. Dite'

m I3, Abeibarar

m I5_ Htiurem

m I7_ Douentza

m 2_ Ansongo

m 4. Koro

m 6, Segou

m 8_ Kïdal

m 10_ Tombouctou

m 12. Tessalit

m 14. Niari.inlce

m 16. Ck undarrs

i 5, De quelle région élu Mali +4 tes-vous originaire?

· I. Coo O 2, Kidall

m 4. Mopti O 5_ Segou

m 7. Koulikoro O 8. Bair iko

m 3, Tombouctou

m Ei_ Sikasso

Q 9. Kayes

l6, Quelle3 sont les raisons de votre dOplacemcnt?

m 1_ ( tttlit armé,E:onflit inter- t rnmunautaire

m 2. Pauvreté

m 3. Crise politique

m 4. Tcrrorisrric

m 5. Autres fl préciser

17. Quels sont les moyens de transport utilisés pendant luire déplacement ?

m I. Voit Lie 0 2. Moto

m 3_ Vein 0 4. A pied

m 5. Charette O 6. Ane

m 7. Charmeau 0 S. Cheval

m 9. Autre a9 préciser

11€. Quels mine les Miens que vous irez emportés cone vous iir votre arrivée?

I. Mouton 2. Cal cvrc

3.

Vache 4, Ane

5. Poulaille 6. Argent

7.Outils de cousine S_ Habits

9. Couvertures 10. Bidons

11, Boches en plastiques 12, Autres

t rt1olrne2 1G raeporlsev.

19. Quels cunt ks biens clue "mus dispdr CZ maintenant"

q 1_ Charette 2_ mouton

q 3. Âne 4_ Vache

q 5. Argent 6. Habits

Cl 7. Outils dc cuisine 8. aiches en plastiqués

q 9_ Bidons 10- Couverture

n 1 I. Autres 6. préciser

VOUSporrre2 rocher plusieurs eases (1Ù air maxrnarm).

69

43.

42. Etcs-nous mariés?

Q I. {lui Q 2. nein

Si oui quelle Oit la nationalité- de wtre 4onjcrint.

La question n'est pertinente que si Eres-rens maries ? _ 'ôur°

44. AVEZ-VOMI den enfanta 7

m I. oui O 2, non

45. Si oui sont-lis tnuJnuri scolarisés ?

m 1, oui O 2. non

La question n'est pertinerate que si Avez-vous des srf rrta?- 'i}Jr r"

44. Si non pourquoi ?

La question ra estpertinerrte que si Si oui sont-ils toujours scalarrais - 'irarr'r

47. Qui premien charge la ycularité d< vtol eofaots'

q 1. Bat D 2. HCR

q 3.ONCi D 4. Membre de la famille

q 5_ Moi rnrierrle El 6_ Autres a préciser

r' rrsporrwrsci c-hrFpirrri urc L c a vu npasmrrrm?.

InLë aratiou économique

413. ucllc aetJritc 1:54.et'1 e7_ uuu! CLIII * ]irtalltc d'r}rIgithe r

q 1. Agricul[urr D 2_ Elevagc

D 3. Peche D 4. Commerce

q 5. Travauxjournaliers 6. Cultures mnraicheres

q 7. Sa Larié de [Etat g_ Salarié en secteur prive

q 9. Artisanat

Gon, poNS'es cocherp{r.r5rem., ca eA:

49. Quelle actiwitc exercer vous ici?

q I, Coimxtxc D 2, Travaux journaliers

Cl 3. Agriculture 4. Élevage

q 5. Cultures ntiaraiheres 6_ Aucun

q 7. Autres n preciser R. Artisanat/Forge
rbuspam'ss cocker plusieurs cases (2 au maximum).

59. Si agriculture comment awrz vous acres â la terre?

m 1. Don Ce 2. Prot O 3. Pmprictaire O 4. Autres La question n'est penizerrie que si Quelle activité exercer vans cri? =

u4saic'rrJrrrr'e"

51. Quelle est votre source de révenu ici? Cl I. Assistance humanitaire

q 2. Dons

D 3. Fond envoyé par La fairille

q 4, Petits commerces

q 5. Travail journalier

q 6. Vente de produits agricraLS

q 7. Vente dc produits animaliers

q S. Salarié

q 9. Produits artisanaux VoJrs p0ir+'k7 cocher pfrlsiwrrr ' et es

52. B6néliclkY-vrwm d'Une gide Lumain talre?

m 1, Oui O 2, Non

53. Si oui quel genre d'aide Itïnïflciez sous?

Cl 1_ Aide alirncntairc D Cira ILLILL` xanitaire 3. A.

D 4, Formations D 5. Autres

Paris pouvez cocher plusieurs cases.

La lJrex tirrrrJi est prrtrrrrrrte que Sr RAIl4ficte2-5 r}Ws d,u,l aide hJrmurriraih ? - Na"

54. Si A Rale 4ptcl type hënéikiex onus?

La question n'est pertinente Ive ai Sr oar t gjref gear e diode labtéfiniez you = "rl GR'r

55. Quelle est ]s souree de votre nourriture lei?

El I . Production agricole D 2_ Pcchc et chasse

D 3. Produits animaliers D 4. Échange de travail/biens

q 5. Achat sur le marché 6_ Aide humanitaire
.rodr.i.p.02
·1422 Cocher pilrsder/rs t'aies (5 eer maximum)_

56. Quels smilles acteurs qui vus fournissent ces services ?

q 1_ Etat 2. HCR El 3. ONU 4_ Autres

kborspotn.ta .tes ': aN mrrsvm rem.)_

()habitation entre les réfugiés et la population et strategies d'adaptation

70

57. Eaâste-t-il un lien entre tous et un autochtone de la ville dAyorou I

m I. oui O2,.non

58. Si oui quel genre die lien existe-t-il entre sous ?

La question Nest pertinente que si Existe-Pif area lieu entre vous et u - 'ParrR

59. Amr.- c'aN lune Foix 4t #n conflit awes un habitant pie la'ills JA)orou :!

m I. oui O 2. non

60. Si oui quelles sont les raisons ?

l a gra 'tirrn ra est pertrarerrie que .sr,i+es-Parc.' nese foir cfé err [rrrr rr! a - otr ë°

61. Comment VINVT-VOM awe Is population de La ville d'Ayorou ?

62 . Quelles sont les stratégies que vous développez pour subvenir à leurs besoins

Relations entre les réfugiés et leurs localités d'origine

63 . Depuis votre arrivée ici êtes-vous une fois retournés à votre Localité d'origine?

1 . Oui 2 . Non

64 . Si oui à quelles occasions?

1 . Visite 2 . Mariage

3 . Baptême 4 . Décès

5 . Commerce 6 . Autres à préciser

Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).

La question n'est pertinente que si Depuis votre arrivée ici êtes-vo = "Oui"

65 . Est-ce que vous recevez de l'argent de l'extérieur?

1 . Oui 2 . Non

66 . Depuis votre arrivée ici, avez-vous une envoyé de biens à votre Localité d'origine?

1 . Oui 2 . Non

67 . Si oui, quel genre de biens avez-vous envoyé?

1 . Argent 2 . Céréales 3 . Autres à préciser
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).

Aspirations des réfugiés

71

68 . Souhaiterez-vous retourner définitivement dans votre lieu D'origine si la situation sécuritaire s'améliore ?

1 . Oui 2 . Non

69 . Si la situation sécuritaire ne s'améliore pas au Mali, Où Pensez-vous vivre dans 5ans?

70 . Si la situation sécuritaire ne s'améliore pas, Où pensez-vous vivre dans 10ans?






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