II
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République du Niger
Ministère de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI
Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
|
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Département de Géographie
Milieux et sociétés des espaces arides et
semi-arides : Aménagement - Développement Option :
Aménagement et gestion des espaces ruraux
Intégration socioéconomique des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou
Mémoire de Master
Présenté et soutenu par :
ABDOULAYE BOUREIMA Hassane
Directeur : Pr MOUNKAILA Harouna President: Dr ABDOU
YONLIHINZA Issa
Professeur titulaire Maitre des conférences
Géo/FLHS/UAM
Assesseur : Dr ALI Nouhou Assistant
Géo/FLSH/UAM
Année académique
2021-2022
III
Dédicaces
À
Ma mère Zélika Ali
Et
Mon père Abdoulaye Boureima
II
Remerciements
Nous ne pouvons pas mentionner toutes les personnes qui ont
contribué à la réalisation de ce travail, Néanmoins
de prime à bord, nous exprimons notre reconnaissance et notre gratitude
à l'endroit du Pr Mounkaila Harouna, professeur titulaire à
l'Ecole Normale Supérieure(ENS) de l'Université Abdou Moumouni
pour la qualité de son encadrement et surtout pour sa rigueur et sa
disponibilité tout au long de ce travail. Je remercie Dr Florence Boyer,
chercheure à l'Institut de Recherche pour le Développement(IRD)
pour les conseils et orientations
Nous tenons à remercier OXFAM-Niger à travers le
projet COMIS (Comprendre la Migration au Sahel) pour nous avoir accordé
une allocation de recherche pendant neuf(9) mois dans le cadre de
l'élaboration de ce mémoire. Nous remercions
particulièrement le Groupe d'Etudes et de Recherche Migrations, Espaces
et Sociétés(GERMES) pour les multiples formations et pour nous
avoir fourni un cadre idéal de travail.
Nous remercions Dr Abdourazak Niandou Abassa, assistant de
recherche au GERMES, Dr Moussa Yayé, chargé de recherche à
l'IRSH, Dr Kassoum. Qu'ils trouvent ici toute notre reconnaissance et notre
gratitude pour leurs observations et leurs conseils tout au long de ce
travail.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit de tout le
corps professoral de la FLSH et du département de géographie
particulièrement pour la qualité de la formation et à
l'endroit des autorités administratives, coutumières de la ville
d'Ayorou et des représentants du Haut-Commissariat pour les
Réfugiés(HCR) et de la Commission Nationale
d'Eligibilité(CNE) pour leur disponibilité pendant nos
entretiens. Enfin, nous remercions le comité des réfugiés
et l'ensemble de tous les réfugiés pour le temps qu'ils n'ont
accordé.
III
Sigles et Abréviations
ACTED Agence d'aide à la Coopération Technique
et au Développement
ADES Agence de Développement Economique et Social
AGR Activités Génératrices de Revenu
AHA Aménagement Hydro-Agricole
APBE Action Pour le Bien Être
BM Banque Mondiale
CCFN Centre Culturel Français du Niger
CNE Commission Nationale d'Eligibilité
COOPI Organisme de coopération internationale
italienne
CSI Centre de Santé Intégré
DIT Direction Internationale du Travail
DRC Conseil Danois pour les Réfugiés
FCFA Franc des Communautés Françaises
d'Afrique
FLSH Faculté des Lettres et Sciences Humaines
HCR Haut-Commissariat pour les Réfugiés
IRC Intertional Rescue Comitee
IRSH Institut de Recherche en Sciences Humaines
KM Kilomètre
LASDEL Laboratoire d'Etudes et de Recherche sur les Dynamiques
Sociales et le
Développement Local
MNLA Mouvement Nationale de la Libération de
l'Azawak
MSF Médecin Sans Frontière
OIM Organisation Internationale pour la Migration
OCDE Organisation de Coopération et du
Développement Economique
OCHA Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des
Nations Unies
ONG Organisation Non Gouvernementale
IV
OUA Organisation de l'Union Africaine
PAM Programme Alimentaire Mondiale
PARCA Projet d'Appui aux Réfugiés et aux
Communautés d'Accueil
PDC Plan de Développement Communautaire
RGP/H Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
VBG Violence Basée sur le Genre
V
Table de matières
DEDICACES III
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ABREVIATIONS III
RESUME VIII
TABLE DES FIGURES IX
TABLE DES PHOTOS X
TABLE DES TABLEAUX XI
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
2
1.1. REVUE DE LA LITTERATURE 2
1.1.1. Déplacements forcés 2
1.1.2. De l'insécurité à la migration
3
1.1.3. Protection des réfugiés, une
responsabilité partagée 5
1.1.4. Intégration socioéconomique des
refugiés 7
1.1.5. Définition des concepts clés 10
1.2. PROBLEMATIQUE 11
1.2.1. Questions de recherches 12
1.2.2. Hypothèses : 13
1.2.3. Objectifs 13
1.3. CADRE METHODOLOGIQUE 13
1.3.1. Recherche documentaire 13
1.3.2. Travaux de terrain 14
1.3.2.1. Observation 14
1.3.2.2. Entretiens 14
1.3.2.3. Enquête ménage 14
1.3.2.4. Déroulement de l'enquête 14
1.3.2.5. Traitement et analyse des donnés 15
1.3.3. Difficultés rencontrées 15
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA VILLE D'AYOROU
17
2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 17
2.2. HISTORIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 0
2.3. CADRE PHYSIQUE DE LA VILLE D'AYOROU 0
2.3.2. Ressources en eau 26
2.3.2.1. Eaux de surface 26
2.3.2.2. Eaux souterraines 20
2.4. PROFIL DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION DE LA VILLE D'AYOROU
20
2.5. ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES DE LA POPULATION DE LA VILLE
D'AYOROU 21
2.5.1. Agriculture 21
2.5.2. Elevage 22
2.5.3. Pêche 22
2.5.4. Commerce 23
VI
2.5.5. Artisanat 23
2.6. SECTEURS SOCIAUX DE BASE 23
2.7. AMPLEUR DES MIGRATIONS DANS LA VILLE D'AYOROU 24
CHAPITRE 3 : CARACTERISTIQUES, PROVENANCE ET ACCUEIL DES
REFUGIES
MALIENS 26
3.1. CARACTERISTIQUES DES CHEFS DE MENAGES REFUGIES MALIENS DANS
LA VILLE 26
3.1.1. Profil démographique des chefs de
ménages réfugiés maliens à Ayorou 26
3.1.2. Faible scolarisation des réfugiés
26
3.1.3. Activités économiques des chefs de
ménages réfugiés au Mali, une prédominance des
agriculteurs
et des commerçants 27
3.1.4. Taille de ménage des refugiés 27
3.2. PROVENANCE DES REFUGIES MALIENS 28
3.3. ACCUEIL ET LOCALISATION DES REFUGIES DANS LA VILLE D'AYOROU
30
3.3.1. Choix d'Ayorou comme destination 30
3.3.2. Accueil des réfugiés dans la ville
d'Ayorou et les acteurs 31
3.3.3. Localisation des réfugiés dans la ville
d'Ayorou 32
3.3.4. Dispersion des réfugiés dans la ville,
un défi pour les acteurs humanitaires 33
3.4. PARCOURS DES REFUGIES MALIENS 34
3.4.1. Délocalisation des réfugiés du
camp de Tabarey-barey vers le site urbanisé 34
3.4.2. Réfugiés, du site urbanisé
à la ville d'Ayorou 35
3.4.3. Modes de transport utilisés par les
réfugiés pendant le déplacement 37
3.5. ACCES DES REFUGIES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA
VILLE D'AYOROU 37
3.5.1. Fleuve, principale source d'eau des
réfugiés dans la ville 37
3.5.2. Accès à l'eau dans la ville, une
difficulté pour les réfugiés 38
3.5.3. Modes d'éclairage des réfugiés
dans la ville d'Ayorou 39
3.5.4. Accès au logement des réfugiés
dans la ville d'Ayorou 39
3.5.5. Accès des réfugiés aux soins de
santé 41
CHAPITRE 4 : INTEGRATION SOCIOECONOMIQUES ET PROTECTION
DES
REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE D'AYOROU 43
4.1. ETAT NIGERIEN DANS L'ACCUEIL ET LA PROTECTION DES REFUGIES
DANS LA VILLE D'AYOROU 43
4.1.1. De l'enregistrement à l'attribution de statut
de réfugiés 43
4.1.2. CNE et les autres acteurs humanitaires, quel rapport
dans l'assistance et la protection des réfugiés
dans la ville d'Ayorou 44
4.2. Action du HCR 45
4.2.1. ONG partenaires du HCR 46
4.2.2. ONG opérationnelles 46
4.3. INTEGRATION SOCIALE DES REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE
D'AYOROU 46
4.3.1. Intégration des réfugiés à
travers le lien de solidarités locales et parentales 46
4.3.2. Mariage entre les réfugiés et les
autochtones, comme facteur d'intégration 47
4.3.3. Cohabitation entre les réfugiés et la
population de la ville 48
4.3.4. Réfugiés maliens et les habitants
d'Ayorou, une communauté réunie 49
4.3.5. Fleuve et route nationale, deux facteurs
d'interactions transfrontalières 50
4.4. INTEGRATION ECONOMIQUE DES REFUGIES MALIENS DANS LA VILLE
D'AYOROU 50
4.4.1. Stratégies développées par les
réfugiés dans la ville d'Ayorou 50
4.4.1.1. Activités exercées par les
réfugiés dans la ville, une stratégie d'adaptation et
d'intégration 50
4.4.1.2. Organisation des réfugiés maliens dans la
ville d'Ayorou 52
4.4.1.2.1. Comité des réfugiés rôle et
rapport avec les acteurs humanitaires 52
4.4.1.2.2. Associations des réfugiés dans la ville
d'Ayorou 53
4.4.1.3. Formation des réfugiés par les acteurs
humanitaires 54
4.4.1.5. Distribution mensuelle des vivres aux
réfugiés et la vente de l'aide alimentaire 55
4.5. ASPIRATIONS DES REFUGIES 56
VII
4.5.1. Réfugiés entre retour au Mali et
intégration définitive dans la ville d'Ayorou 56
4.5.2. Réfugiés dans la ville d'Ayorou, quel
enjeu? 57
CONCLUSION GENERALE 59
BIBLIOGRAPHIE 60
ANNEXES : 64
VIII
Résumé
Ce travail de recherche traite des réfugiés
maliens et de leur intégration socioéconomique dans la ville
d'Ayorou. Il vise à comprendre les facteurs qui facilitent
l'intégration des réfugiés dans la ville. Les
données de terrain collectées au niveau de la ville d'Ayorou
à travers l'observation in situ, les entretiens et les enquêtes
ménages auprès de 100 ménages ont permis
d'appréhender l'intégration socioéconomique de ces
réfugiés dans la ville d'Ayorou et d'identifier les
différents facteurs qui la facilitent. Les réfugiés
maliens s'appuient sur des réseaux sociaux déjà existants,
constitués sur la base de liens familiaux qui existent entre eux et les
habitants pour s'intégrer dans la ville. Ces réfugiés
s'adonnent à plusieurs activités commerciales (vente des
articles) et à d'autres activités leur générant de
revenu (colportage ou portefaix, maçonnerie) pour répondre
à leurs besoins. Effet 27% de réfugiés développent
des activités commerciales dans la ville et 23% font de la vente du bois
mort. L'Etat nigérien et les acteurs humanitaires accompagnent les
réfugiés maliens dans leur processus d'intégration
à travers l'assistance dans le domaine alimentaire, sanitaire,
éducatif et les Activités Génératrices de
Revenu(AGR).
Mots-clés : Réfugié,
Intégration socioéconomique, migration, Ayorou
Summary
This research work deals with Malian refugees and their
socio-economic integration in the city of Ayorou. It aims to understand the
factors that facilitate the integration of refugees in the city. The field data
collected at the city of Ayorou through the in situations, investigations and
surveys in households with 100 households have apprehended the socio-economic
integration of these refugees in the city of Ayorou and to identify the
different factors that facilitate it. Malian refugees are based on existing
social networks, made on the basis of family ties that exist between them and
the inhabitants to integrate into the city. These refugees are responsible for
several business activities (sale of items) and other activities generating
them with income (storage or bulletin, masonry) to meet their needs. The
Nigerian State and humanitarian actors accompany Malian refugees in their
integration process through assistance in the food, health, educational and
income-generating activities (AGR).
Keywords: Refugee, Socioeconomic, integration, migration,
Ayorou
IX
Table des figures
Figure 1 : Commune d'Ayorou 17
Figure 2 : Repartition par tranche d'age et par sexe des
refugies maliens dans la ville
d'ayorou. 25
Figure 3 : Situation matrimoniale des refugies 26
Figure 4 : Profession des refugies dans les villages d'origine
27
Figure 5 : Les communes de provenance des refugies enquetes
29
Figure 4: Raison du choix d'ayorou comme lieu d'accueil 31
Figure 6 : Localisation des refugies dans la ville 33
Figure 9 : Camp de refugies de tabarey-barey en 2015, acted
36
Figure 10 : Mode d'eclairage utilise par les refugies dans la
ville 39
Figure 11 : Acces au logement des refugies dans la ville
d'Ayorou 40
Figure 12: Activites exercees par les refugies dans la ville
51
Figue 13: Type d'associations des refugies 54
Figure 14 et 15 : Intention de retour au mali et localite
enviee dans 10ans 57
X
Table des photos
photo 3 : la tente d'un refugie installee
dans la cour de son parent dans la ville d'ayorou : 41
photo 4: tente d'un refugie installee dans le
champ d'un habitant de la ville 41
photo 5: une tente au sein du csi de la ville
d'ayorou pour le traitement des refugies 42
photo 7: plaque de projet de la croix rouge
nigerienne intervenant dans le cadre de la cohabitation
entre les refugies et la population de la ville d'ayorou 49
photo 9 : une vielle femme faisant de
l'artisanat dans la ville d'ayorou 51
source : abdoulaye boureima h, 2021. 51
photo 10:des refugies vendant du bois mort au
marche et une femme et sa fille transportant du bois a
vendre dans la ville 52
photo 11: le chef du comite passe une
information aux refugies 53
photo 12 : un enseignant dispensant une
formation d'alphabetisation a un groupe de refugies 55
photo 13 : distribution des vivres aux
refugies maliens dans la ville d'ayorou 56
XI
Table des tableaux
Tableau 1 : Evolution de la population de la ville d'Ayorou
21
tableau 2: Repartition des menages refugies par taille ....
ERREUR ! SIGNET NON DEFINI.
tableau 3 : Communes de provenance des refugies maliens 29
tableau 4: Mode de transport utilise par les refugies 37
tableau 5 : Types d'AGR 55
1
Introduction générale
La question des migrations est au coeur de l'histoire de
l'humanité. Elle prend surtout de l'ampleur à cause de
l'intensification des crises sécuritaires (HAMIT KESSELY B, 2020). La
migration est aujourd'hui au coeur des débats politiques et de
recherches scientifiques. Les migrations internationales y tiennent une place
importante et suscitent un engouement au sein de la sphère
internationale en raison de leur particularité.
L'Afrique est une terre de migration depuis des
décennies, toutes les formes de mobilités, volontaires ou
forcées se superposent dans toute l'histoire du continent (LASSAILLY
JACOB V, 2010).Le nombre des réfugiés et des
déplacés internes augmente dans les pays africains notamment ceux
de l'Afrique de l'ouest où prévaut depuis les années 2010
une intensification des crises sécuritaires.
Le Niger, pays de transit et d'accueil des migrants se trouve
au coeur des enjeux de la migration internationale. Depuis quelques
années, le Niger est devenu un pays de mobilités sous
contraintes. En effet, en plus de déplacés internes qui sont de
82 604 DPIs, le Niger enregistre depuis 2012, 283 318 réfugiés
toutes nationalités confondues dont 60.862 réfugiés
maliens installés dans la région de Tillabéry, Tahoua et
Niamey. La région de Tillabéry, compte à elle seule 67% de
l'ensemble des refugiés maliens au Niger soit
40.411réfugiés résidant dans le camp d'Abala(40,10%) et
les sites urbanisés d'Ayorou(30%) et de Ouallam(20,07%) (HCR, 2021).
La ville d'Ayorou avec 7371 habitants, accueille 11999
réfugiés maliens (CNE, 2021) soit 30% des réfugiés
maliens au Niger. En plus de ces réfugiés, la ville d'Ayorou
accueille aussi 6883 déplacés internes. Malgré ses faibles
ressources, cette petite ville fait face à une forte demande en services
sociaux qu'expriment les réfugiés, les déplacés et
les autochtones. Quels sont les effets de la présence des
réfugiés et des déplacés internes dans la ville par
rapport à l'accès aux services sociaux ? Comment cohabitent ces
réfugiés, avec les autochtones dans cette petite ville ? Ce
travail interroge l'intégration socioéconomique des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il interroge
également les différentes activités auxquelles s'adonnent
les réfugiés dans la ville malgré le manque
d'opportunités économiques qui la caractérise. Pour
traiter ce sujet nous avons structuré le travail en quatre (4)
chapitres. Le premier chapitre traite de la littérature sur la question
des réfugiés, la protection, les conditions de vie et leur
intégration dans le milieu d'accueil. Ce chapitre aborde aussi la
problématique et la méthodologie utilisée dans le cadre de
ce travail. Le second chapitre porte sur les aspects physiques et
démographiques de la ville d'Ayorou. Le troisième chapitre
présente les caractéristiques démographiques de
réfugiés maliens réinstallés à Ayorou, leurs
localités de provenance et leurs conditions d'accueil. Le
quatrième chapitre élucide l'intégration
socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville
d'Ayorou.
2
Chapitre1 : Cadre théorique et
méthodologique
Ce chapitre aborde l'état de la connaissance sur les
déplacements forcés et la question de l'intégration
socioéconomique des réfugiés dans le milieu d'accueil
notamment les réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il propose
ensuite des définitions des différents concepts et expose la
problématique, les questions, les hypothèses ainsi que les
objectifs de recherche. La méthodologie utilisée pour mener cette
étude sera le dernier aspect traité dans ce chapitre.
1.1. Revue de la littérature
La revue de la littérature s'articule autour de
thèmes clés du sujet notamment les déplacements
forcés, l'insécurité comme facteur de migration, la
protection des réfugiés et enfin l'intégration
socioéconomique des réfugiés.
1.1.1. Déplacements forcés
Il est important d'abord de faire une typologie des
déplacés forcés. Il y'a une différence entre un
migrant économique qui opère rationnellement et librement son
choix de départ et de retour, et un migrant forcé qui agit dans
un contexte contraignant lui empêchant ou lui réduisant la
possibilité d'un choix rationnel (LASSAILLY JACOB V,idem). La migration
forcée qui fait l'objet de ce travail s'explique par un contexte de
crise aiguë, de multiples ruptures et d'exils collectifs. Toutefois, ces
crises font référence à des divers types de mouvements.
Les termes de « réfugiés », «
déplacés », « dispersés », «
évacués », «expulsés », «
refoulés », «chassés », « regroupés
», « sinistrés » ou « victimes »
s'appliquent aux individus ou aux groupes qui, tous, quittent leur lieu de
résidence sous une contrainte externe impérative (LASSAILLY JACOB
V, ibid.).
Ainsi pour cet auteur, il existe quatre catégories de
migrations forcées. La première catégorie est induite par
la violence, la persécution et la répression. La deuxième
regroupe les mouvements survenus à la suite d'une catastrophe naturelle,
la troisième catégorie concerne les déplacements
liés aux travaux d'aménagement de territoire. La dernière
catégorie concerne les populations déplacées pour des
considérations politiques et stratégiques.
En effet, c'est dans la première catégorie que
sont inscrits les réfugiés et les déplacés. Mais ce
qui différencie les deux est que les réfugiés
contrairement aux déplacés franchissent les frontières de
leur pays de résidence. Ils ont en commun le caractère
contraignant des déplacements. Cependant, les migrations contraintes ont
des origines multiples. (LASSAILLY JACOB V, ibid.). À travers le monde,
plusieurs personnes sont persécutées à cause de leur race,
leur religion, leur nationalité, leur opinion politique et/ou leur
appartenance à un groupe social. Ces personnes se retrouvent dans une
situation où la fuite de leurs foyers et le refuge ailleurs restent la
seule solution (LAMBERT E, 2014).
3
Depuis les années 1900, le monde anglo-saxon s'y
intéresse. Ainsi deux centres de recherches se sont
spécialisés sur la thématique. C'est le cas d'Oxford, en
1982, les «Refugee Studies1 », et le Centre « for
Refugee Studies » en 1988, à Toronto.
Selon SIDIBE M(2020), les réfugiés sont
scindés en deux parties: d'abord les réfugiés statutaires
notamment ceux vivant dans des camps ou sur des sites urbanisés
(urbains), et qui sont sous la responsabilité du HCR et d'un pays
hôte. Ensuite, les « réfugiés de fait »,
c'est-à-dire ceux qui vivent une situation de réfugiés
sans être reconnus comme tels par le droit international. Ils
franchissent une frontière et se fondent dans le milieu rural ou urbain,
vivant de manière clandestine dans le pays d'accueil. En ce qui concerne
la première sous-catégorie (qui constitue la population cible
dans le cadre de ce travail) l'appellation « réfugiés
urbains » tient au fait que, ce sont des réfugiés
installés en milieu urbain parmi les autochtones. Mais cette notion ne
fait pas l'unanimité car d'autres chercheurs comme BAUJARD J (2009) les
appellent « réfugié vivant en milieu urbain ».Dans
cette catégorisation non exhaustive, cette étude s'appuie sur la
catégorie des réfugiés vivant en ville qui constituent la
population cible dans le cadre de notre recherche.
Des nombreuses études montrent une omniprésence
de la question de mobilité forcée tout au long de l'histoire du
continent africain. C'est pourquoi HAMIT KESSELY B(idem) montre que depuis les
temps immémoriaux des hommes et des femmes ont été
contraintes de fuir leur pays à cause des conflits armés et des
violations de droit de l'homme. Par ailleurs tous les déplacements
forcés s'expliquent par des crises sécuritaires. La question des
réfugiés est aujourd'hui au coeur des préoccupations des
chercheurs et des acteurs institutionnels car elle continue de s'amplifier.
1.1.2. De l'insécurité à la
migration
Depuis plusieurs décennies, le monde est
bouleversé par une crise sécuritaire qui provoque une forte
mobilité des réfugiés et un déplacement massif des
populations.
L'une des grandes caractéristiques de nos jours est la
visibilité de l'intensification de crises de tout genre (ADAMOU MOUSSA
I, 2019), selon le même auteur les crises sécuritaires sont
conséquence de plusieurs facteurs notamment le fonctionnement et le
comportement des Etats, des sociétés voire des rapports
socioculturels, socioéconomiques.
L'Afrique n'est pas épargnée des conflits
armés. Des indépendances au début des années 1990,
un nombre impressionnant de pays africains ont été touchés
par des conflits. De ce fait ces derniers sont la résultante de
plusieurs facteurs.
Les facteurs démographiques, la pauvreté, les
calamités naturelles et l'instabilité politique sont les
principales causes qui amplifient la migration en Afrique (CAMBREZY L et
LASSAILLY JACOB V, 2005)
Ainsi depuis les années 60 l'Afrique est plongée
dans un cycle d'instabilité chronique. A titre illustratif en Afrique
l'ouest entre 1967 et 1970 une guerre civile bouleversa la république
fédérale du Nigéria. Elle est suivie par celle du Liberia
et de la Sierra Léone respectivement
1 Refugee studies sont un champ de recherche en
langue anglais crée en 1981 centré sur l'étude des
réfugiés et de leurs déplacements.
4
entre 1989-1996 et1991-2001. En plus, il eut le
déclenchement de la rébellion au Niger et au Mali dans les
années 1990 et enfin une guerre civile a vu le jour en
Guinée-Bissau en 1999. La liste n'est pas exhaustive mais toutes ces
guerres ont généré un déplacement forcé de
plusieurs couches sociales (LUNTUMBUE M, 2012).Les autres régions du
continent ne sont pas exemptées par des crises sécuritaires
violentes.
Selon la Banque Mondiale la situation de déplacements
forcés en Afrique de l'ouest se caractérise non seulement par une
intensification des conflits et de violence tout au long de l'année
2018, mais aussi par des sécheresses, des inondations et des
tempêtes qui ont contraint des millions de personnes à fuir leur
domicile. Cette situation a entrainé environ 7,4 millions de nouveaux
déplacements liés aux conflits et violence et 2,6 millions
liés aux catastrophes naturelles, un total représentant 36 % des
déplacements globaux (BM,2019).
Selon plusieurs auteurs comme LUNTUMBUE M (idem) les conflits
armés en Afrique peuvent être idéologiques, ethniques et
interétatiques. En Afrique de l'ouest les foyers de conflits sont
surtout animés par des groupes armés qui sont de trois ordres
:
? Ceux qui visent la conquête du pouvoir de
l'État ou le changement radical du modèle institutionnel et
social (Al-Qaïda au Maghreb islamique, Boko-Haram);
? Ceux qui revendiquent une autonomie politique pour des
motifs identitaires et ou pour un partage de ressources (Mouvement pour
l'Emancipation du Delta du Niger, MEND dans le Delta du Niger);
? Ceux qui luttent pour une plus large autonomie de type
indépendantiste(AQMI).
Tous ces conflits s'inscrivent dans un système
chronique et interétatique, se produisant pratiquement comme un
égrainage de chapelet, comme l'a montré LUNTUMBUE M (ibid.). Pour
cet auteur les conflits transfrontaliers naissent et perdurent en raison de
liens transnationaux de nature économique, sociale et culturelle entre
les pays.
« Les systèmes de conflits de la zone
sahélo-saharienne englobe les frontalières qui vont de la
Mauritanie à l'Algérie et du Mali au Niger. Son épicentre
se situe sur la frontière entre l'Algérie, le Mali et le Niger et
correspond à la poussée vers le sud des djihadistes
algériens(AQMI) » (LUNTUMBUE M, ibid).
La question de l'insécurité est aujourd'hui
d'actualité et sa présence provoque une forte mobilité
forcée des populations. Cet état de fait confère à
la question un caractère omniprésent dans la vie quotidienne
« rares sont les sujets évoqués dans lesquels elle n'est
pas mentionnée, ne serait-ce qu'une seule fois. Il y est fait allusion
tant dans les discussions quotidiennes que dans les débats politiques.
Elle-même est devenue l'un des enjeux sociaux les plus importants dans le
monde actuel » (BOUTELLIER H(2008).
Les intenses mobilités des réfugiés
causées par des crises, transforment la région africaine en un
pôle régional d'intervention humanitaire internationale. GUICHAOUA
A(1999) affirme qu'entre 1994 et 1996 en Afrique centrale une juxtaposition de
conflit régional a débouché sur plus de deux(2) millions
de réfugiés et déplacés internes impliquant une
dizaine des pays.
En Afrique de l'Ouest, la question de mobilités
forcées des populations est au coeur de l'actualité. Les
violences placent la zone sahélienne en tête du classement
international, pour
5
avoir affecté des milliers de populations les obligeant
à se réfugier à la quête des espaces apaisés
et calmes, (VOISIN E, 2018).
De façon particulière, le Niger, de par sa
situation géographique, se trouve au coeur des foyers de tension dans
cet espace. Depuis 2011 avec la chute du régime de Mouammar Kadhafi en
Libye, la crise sécuritaire au Mali et au Burkina Faso, et le Boko-Haram
au Nigeria, sa situation sécuritaire s'est
détériorée. Aux problèmes sécuritaires
s'ajoutent la pauvreté et la vulnérabilité des
populations. En effet, les facteurs socioéconomiques sont les premiers
facteurs conditionnant les membres de la communauté à
l'insécurité. Ce sont les facteurs qui prédisposent les
individus à la radicalisation et à la violence (HD idem)
compliquant davantage la situation sécuritaire du Niger.
Plusieurs groupes terroristes comme Al-Qaida au Maghreb
islamique (AQMI) dans la région sahélo-saharienne, Boko haram
dans la région du lac Tchad, Al-Shabaab dans la corne de l'Afrique,
Ansar al-Sharia et l'Etat islamique(EI) dans la région du Maghreb, ont
mené de nombreuses attaques qui ont mis plusieurs personnes dans une
situation de migration forcée (ADAMOU MOUSSA I, idem).
Ces crises ont engendré plusieurs déplacements
forcés à travers les pays. En effet, la crise du Mali et celle de
Boko haram au Nigeria ont poussé des milliers de réfugiés
à s'installer sur le territoire nigérien, notamment dans les
trois régions frontalières à savoir Tillabéry,
Tahoua et Diffa. (PARCA, 2018)
Ces réfugiés sont accueillis soit dans des
camps, soit sur des sites d'accueil. Les régions qui accueillent ces
réfugiés ont dû faire face à une dégradation
de leur propre situation sécuritaire, à cause d'attaques
terroristes qui ont visé les forces de défense et de
sécurité chargées de la protection des camps et de la
population (PARCA, 2018, idem). La question de protection des
réfugiés constitue une préoccupation majeure pour les pays
d'accueil et les acteurs humanitaires.
1.1.3. Protection des réfugiés, une
responsabilité partagée
Le principal accord international permettant la protection des
réfugiés est la convention de Genève de 1951 relative au
statut des réfugiés, qui fut complétée par un
protocole lui offrant une application universelle en 1967. La convention de
Genève est par ailleurs complétée par des instruments
internationaux et régionaux de protection des droits humains. Les 193
pays signataires de la convention de Genève, se sont engagés
à garantir la protection des réfugiés. En plus, des
accords régionaux tels que la convention sur les réfugiés
de 1969 de l'organisation de l'unité africaine ont eu lieu.
C'est dans ce cadre que le Haut-Commissariat pour les
Réfugiés(HCR) a été créé en 1950 pour
assurer la protection des réfugiés. Á sa création
son statut lui confère deux fonctions principales : la première
est d'assurer la protection de réfugiés, en travaillant avec les
Etats afin qu'ils garantissent à ceux ayant une crainte raisonnable
d'être persécuté, et la deuxième fonction est la
recherche de solutions durables pour les réfugiés, que ce soit le
rapatriement librement consenti dans le pays d'origine ou l'intégration
dans le pays de première asile (WALI WALI C, 2010).
6
Le HCR est considéré comme le gardien du
régime de protection internationale des réfugiés,
comprenant les normes, les règles et les principes de la convention de
Genève. La question des réfugiés fait l'objet de textes et
d'activités de la part de la communauté internationale. Les
réfugiés sont au même titre que les autres hommes et femmes
titulaires de droit de l'homme et de liberté en vertu du droit
international (WALI WALI C, idem).
Les déplacements forcés ne se font pas de plein
gré, les personnes fuient une menace ou une situation dans laquelle leur
existence est menacée ou leurs droits bafoués. Ces personnes une
fois dans les zones d'accueil doivent être protégées et
assistées. Ainsi la convention de Genève et son protocole
additionnel de 1967 se présentent alors comme source de droits sur
lesquelles les réfugiés peuvent s'appuyer pour demander
protection, (WALI WALI C, ibid.).
Les personnes qui ne sont pas
protégées par leur pays d'origine, bénéficient d'un
mécanisme important et particulier du droit international, qui leur
permet de demander la protection d'un autre État (MARYLIE R, 2013). En
effet ce mécanisme est conçu pour offrir une protection aux
réfugiés qui ne peuvent plus compter sur la protection de leur
pays d'origine. Ce sont alors la communauté internationale et les pays
signataires de la Convention relative au statut des réfugiés de
1951 qui deviennent responsables de protéger ces personnes. Ces
obligations visent l'admission des réfugiés dans un pays d'asile,
qu'ils soient protégés du refoulement vers leur pays d'origine et
traités selon certains normes et standards, dont évidemment le
plus fondamental est le respect des droits de la personne.
Cependant, la protection internationale accordée aux
réfugiés n'est pas une fin en soi. Son objectif ultime est de
mener à une solution durable où le statut de
réfugié prend fin, soit par le rapatriement dans le pays
d'origine, par l'intégration dans le pays de premier asile, ou par la
réinstallation en pays tiers (MARYLIE R, idem). Tl s'agit d'une forme de
protection essentiellement temporaire et transitoire, entre le moment où
le lien entre le citoyen et son État se rompt, et le moment où
cette personne acquiert la protection complète d'un autre État ou
réacquiert la protection de son État d'origine.
En 1979, les pays membres de la Communauté
économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont mis en
place un protocole dans l'optique de permettre la libre circulation des
personnes au sein de la région. Ce protocole prévoit pour tous
les citoyens le droit d'entrer et de résider dans l'espace ; autrement
dit les citoyens peuvent séjourner librement jusqu'à 90 jours
dans tous les pays membres de la CEDEAO et ont également droit à
une résidence à des fins de recherche et d'occupation d'emploi.
Ce droit implique également une égalité de traitement
entre les citoyens de la communauté et les nationaux des États
membres.
Le Niger a ratifié la convention de Genève de
1951 relative au statut des réfugiés et son protocole additionnel
de 1967 ; il a aussi ratifié, la convention de l'Organisation de l'Union
Africaine(OUA) en 1969 régissant les aspects spécifiques aux
problèmes des réfugiés en Afrique adopté à
Addis Abeba (Ethiopie).
Au plan national, en plus de ce dispositif juridique s'ajoute
la loi n° 97016 du 20 juin 1997 relative au statut des
réfugiés et son décret d'application n°
98-382/PRN/MI/AT du 24 décembre 1998. Ces instruments juridiques
règlent principalement les droits et devoirs des réfugiés
au Niger. En plus, l'arrêté N° 142/MT/SP/D/AR/DEC-R, accorde
le statut « prima-
7
facie » aux ressortissants du Mali victimes du conflit
armé déclenché depuis 2012. Cet arrêté
implique que les Maliens sont reconnus comme réfugiés, sans
devoir suivre une procédure individuelle de détermination du
statut du réfugié.
Le Niger a ensuite mis en place la Commission Nationale
d'Eligibilité au Statut de Réfugié (CNE) qui est
chargée d'attribuer ou non le statut de réfugié aux
demandeurs d'asile leur permettant de bénéficier d'un certain
nombre de droits et également d'avoir accès aux services de bases
notamment le logement, la santé, l'éducation, etc. (MOUNKAILA H
et ISSAKA MAGA H, 2019). Á l'instar de la protection,
l'intégration socioéconomique pose également de
problèmes dans les milieux d'accueil.
1.1.4. Intégration socioéconomique des
refugiés
Aujourd'hui, l'intégration des réfugiés
est au coeur des préoccupations des États et des organismes
internationaux. En effet, le terme « intégration »
résume les différents processus d'inclusion économique,
spatiale et culturelle des individus dans la société d'accueil,
malgré qu'elle soit une lourde charge pour les zones d'accueil.
Pour WALI WALI C (ibid.) le terme intégration est
utilisé pour l'incorporation progressive des étrangers dans une
société d'accueil sans que cela soit une fusion, c'est un
accompagnement pour que la personne qui arrive puisse trouver sa place dans la
société d'accueil en vue de parvenir à une cohabitation et
une acceptation mutuelle entre lui et les populations autochtones.
C'est entre 1960 et 1990 que la solution de l'installation sur
place ou l'intégration a été largement adoptée par
le HCR pour promouvoir l'autonomie de réfugiés sur le plan
économique et social, car leur intégration dans le pays d'accueil
permet au HCR de mettre fin à ses activités (BEIGBEDER Y,
1999),
Pour faciliter l'intégration des réfugiés
et leur protection internationale et pour rechercher des solutions durables
à leurs problèmes, plusieurs institutions ont vu le jour. Tout
d'abord à la fin de la seconde guerre mondiale, l'Organisations des
Nations Unies (ONU) met en place l'Organisation International des
Réfugiés(OIR) en 1947 pour apporter aide et assistances aux
personnes qui fuient les guerres (BELLO AMADOU M, 2018).
En 1951 s'en est suivie la convention de Genève et son
protocole additionnel en 1967, à New York, qui a été
élaboré et signé afin de corriger les limites de la
Convention de 1951 (idem).
Á l'échelle de l'Afrique plusieurs
conférences régionales ont été convoquées
par rapport à l'afflux de réfugiés et de leur installation
sur place :
- En 1967 s'est tenue à Addis-Abeba une
conférence internationale qui souligne les aspects légaux,
économiques et sociaux du problème de réfugiés en
Afrique ;
- En 1969, a eu lieu l'assemblée de l'Organisation de
l'Unité Africaine(OUA) régissant
les aspects propres aux problèmes de
réfugiés et de leur installation en Afrique ;
- En 1979, s'est tenu la conférence d'Arusha(Tanzanie)
pour évoquer également la question de l'intégration et de
l'autonomie de réfugiés ;
8
- En 1981 et 1984 se sont tenues respectivement deux
conférences à Ciara (Genève) pour débattre sur
l'assistance aux réfugiés et aux pays d'accueil pour faciliter
l'intégration.
En outre, conformément à la convention de
Genève de 1951, le HCR propose trois solutions durables pour les
réfugiés. Ces solutions sont le rapatriement librement consenti :
qui consiste à faire retourner les réfugiés dans leurs
pays d'origine avec leur consentement, dans la sécurité et la
dignité ; ensuite l'intégration sur place : il s'agit d'aider les
réfugiés à s'intégrer dans le premier pays
d'accueil ; et enfin la réinstallation qui consiste à orienter
les réfugiés vers un autre pays qui accepte de les accueillir
à titre permanent. Cependant, en réponse aux inquiétudes
des pays du Nord (bailleurs du HCR) qui ne sont plus prêts à
envisager la réinstallation en masse de population refugiée, le
HCR propose que le rapatriement soit désormais la solution durable
privilégiée,(FRESIA M, idem ).
Et selon toujours le même auteur, pour s'intégrer
les réfugiés utilisent les liens de solidarités locales et
parentales et aussi les liens de solidarités conventionnelles nationales
et internationales.
Pour VATZ LAAROUSSI M (2009), plusieurs opportunités
peuvent faciliter l'intégration des réfugiés au sein de la
population locale notamment l'emploi, le contact social, le logement
l'accès aux services de santé et l'éducation. Le
réseau social est particulièrement le facteur important dans le
cadre de leur intégration, il peut être organisé ou non et
les relations à l'intérieur des réseaux sont
diversifiés, (LEMIEUX V, 1999).
Les réseaux se forment dès l'arrivée des
immigrants, lors des premiers contacts avec les résidents de la
collectivité d'accueil et avec les organismes d'accueil. La formation
continue tout au long de leurs parcours migratoires. Ces réseaux sont
constitués de cinq groupes : la famille, les amis, les parrains,
l'hôte et les nouveaux amis du même groupe culturel (VATZ LAAROUSSI
M, idem.).
Plusieurs chercheurs notamment LASSAILLY JACOB V (ibid.),
montrent que l'intégration est relative aux réfugiés selon
leur temps d'arrivée, leur ethnicité et l'espace d'accueil. Il
est plus facile pour les réfugiés qui arrivent en premier dans le
lieu d'accueil de s'intégrer que ceux qui viennent par la suite.
DAROIS J (1989) montre dans ses recherches comment les
réfugiés d'Asie au Québec se sont intégrés
en fonction de leur date d'arrivée dans la population hôte. Par
contre pour CHARLAND M(2006) les réfugiés s'intègrent
à travers l'intervention des organismes humanitaires dans leur processus
d'intégration, c'est via ces organismes que les réfugiés
tissent des relations avec la population locale.
Lorsque les réfugiés traversent une
frontière, ils se dirigent vers les villages et les villes où se
trouvent leurs familles. Quelle qu'en soit la destination, le choix du
lieu ne se fait pas au hasard car les réfugiés empruntent des
itinéraires familiers (COLEMAN L, 2014), l'acceptation des
refugiés par les autochtones dépendent des proximités
culturelles et linguistiques.
D'après VATZ LAAROUSSI M (ibid.), la possibilité
d'emplois et de revenus satisfaisants, le sentiment d'être reconnu
professionnellement et socialement, la présence d'un réseau de
9
soutien, la proximité d'un milieu scolaire,
l'accès à des services de santé, la présence
d'organismes d'accueil et d'intégration disponibles et efficaces,
l'ouverture des organismes ou instances locales à la participation des
migrants représentent des facteurs d'intégration et de
rétention.
Ainsi, derrière l'intégration formelle
recommandée par les institutions nationales et internationales, se forme
un autre type qui se fait de manière informelle à travers des
liens sociaux ou familiaux. Il est important de soutenir les pays qui
choisissent de régler la situation des réfugiés au plan
local à travers l'intégration qui est une décision
souveraine et une option devant être prise par les États d'accueil
sur la base de leurs obligations en vertu des traités et des principes
relatifs aux droits humains (BEIGBEDER Y, 1999).
C'est pourquoi depuis quelques années le HCR en
collaboration avec le Niger met en oeuvre une politique tournée vers
l'installation sur place comme solution d'accueil de longue durée. Cette
forme d'assistance est décrite par BEIGBEDER Y (idem), en ces
termes : « Dans la mesure du possible, l'aide à l'installation
sur place prend la forme de projet visant à promouvoir l'autonomie des
réfugiés sur le plan socioéconomique et leur
intégration dans le pays d'asile »
En effet, l'intégration locale comporte plusieurs
dimensions notamment économique, sociale, politique et culturelle...etc.
Cependant, selon COLEMAN L (idem) les facteurs socioéconomiques sont
indispensables à l'intégration des immigrants, donc ce qu'il faut
comprendre à ce niveau est que la question de l'emploi et la
présence de personnes issues du même groupe (familles, amis et
membres de la communauté) sont les facteurs principaux
d'intégration.
Le «capital d'employabilité » est la
principale dimension économique de l'intégration. Elle se
réfère à toute l'infrastructure qui permet
d'accéder à l'emploi, que ce soit la présence
d'établissement postsecondaire, de l'accès au logement et au
service de santé, du transport en commun et de tous les programmes
offerts par les organismes gouvernementaux. Ce sont aussi les
possibilités d'emploi, le coût de la vie, le niveau de
compétence qu'un individu possède par rapport au marché de
l'emploi ainsi que l'ouverture des employeurs envers l'immigration (LAMBERT E
2014).
En fait, les facteurs socioéconomiques permettent de
faire le lien entre le travail et l'appartenance à sa propre
communauté. Par contre pour d'autres organisations humanitaires qui
accueillent les réfugiés les dimensions économiques et
sociales ne sont pas forcément liés. Et elles ne sont pas aussi
à sens unique, c'est-à-dire que l'intégration ne concerne
pas seulement les réfugiés mais y compris la
société d'accueil.
Les réfugiés et les populations d'accueil nouent
des relations souvent conflictuelles et bénéfiques. En effet,
selon FRESIA M (ibid) les réfugiés pratiquent des
activités commerciales qui sont souvent bénéfiques aux
autochtones, l'auteur montre aussi la vente des produits alimentaires
distribués par les organismes humanitaires aux réfugiés
dans les localités d'accueil. Cette dernière profite aussi
à la population d'accueil.
10
1.1.5. Définition des concepts clés
Migrant : Le terme « migrant » est
un terme générique qui désigne toute personne s'installant
dans une autre localité de son pays ou dans un autre pays avec
l'intention d'y rester un certain temps à l'exception des touristes et
des visiteurs d'affaires. Il englobe à la fois les migrants permanents
et temporaires possédant un permis de séjour ou un visa, les
demandeurs d'asile et les migrants en situation irrégulière
n'appartenant à aucun de ces trois groupes (OIM, 2007).
L'ONU définit un migrant à long terme comme une
personne qui va s'établir dans un pays autre que celui de sa
résidence habituelle pour une période d'au moins un an (12 mois),
de sorte que le pays de destination devient effectivement son nouveau pays de
résidence habituelle. L'OCDE(2006) définit les migrants
permanents comme des personnes dont le statut leur permet de rester dans le
pays d'accueil en vertu des conditions qui prévalaient au moment de leur
arrivée.
La migration est définie comme un déplacement
d'une zone de référence à une autre qui est le changement
de résidence. C'est aussi l'ensemble de déplacements ayant pour
effet le transfert de résidence des intéressés d'un
certain lieu d'origine ou de départ à un lieu de destination ou
lieu d'arrivé ( DANIEL C cité par HAMIT KESSELY B,2020).
Refugié :« L'article premier de
la convention de Genève de 1951 relative au statut des
réfugiés et son protocole de 1967 relatif au statut des
réfugiés donnent une définition juridique mondiale du
terme réfugié, est refugié, toute personne qui
craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race,
de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un
certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays
dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte,
ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a
pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle à la suite de tels événements,
ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner ».
Selon la loi au Niger portant statuts de
réfugiés le terme "réfugié", s'applique
également à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une
occupation extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité.
Protection : La protection est définie
comme l'ensemble des activités visant à obtenir le respect
intégral des droits de la personne conformément à la
lettre et à l'esprit des droits pertinents à savoir les droits de
l'homme, le droit international humanitaire et le droit des
réfugiés. (OIM, 2007). Les Etats sont par principe responsables
de la protection de leurs citoyens, lorsqu'ils ne sont pas en mesure de le
faire les personnes concernées ont besoin de la protection d'un autre
pays. Le droit relatif aux réfugiés protège dans ce cadre
les personnes menacées de persécutions dans leur pays
d'origine.
Intégration : Selon ABOU S (1986) le
concept d'intégration est défini comme étant une insertion
des nouveaux venus dans les structures économiques, sociales et
politiques du milieu
11
d'accueil (1988). Selon l'auteur, l'intégration se
distingue à trois niveaux : celui du fonctionnement (communiquer, gagner
sa vie), de la participation (rôle actif dans la société),
et celui de l'aspiration (comme membre à part entière de la
société dans un projet d'avenir du milieu d'accueil). Dans ce
cas-ci, l'insertion est plutôt un élément du concept
d'intégration. Et Selon SCHNAPPER D (2007.), l'utilisation du vocable
« intégration » suggère la participation à la
vie collective. C'est le « faire société », le «
vivre ensemble », « le lien social».
Lorsqu'on parle d'intégration, on doit « insister
sur le rôle actif des individus, sur les processus, les échanges
et les négociations entre les individus et les divers groupes qui
conduisent à élaborer de nouvelles règles. En fait, C'est
comme un processus de régulation, car c'est à la fois
l'intégration des individus et l'intégration de la
société dans son ensemble. L'intégration, en contexte
d'immigration, se présente comme « le processus qui conduit le
migrant à se « placer » dans la société
d'accueil, à y devenir sujet et acteur » (VATZ-LAAROUSSI M, 2012).
L'intégration devient un processus qui se situe entre l'attraction des
immigrants et leur rétention sur un territoire donné et dans une
collectivité ciblée et qui se poursuit tout au long du processus
de rétention.
D'après LASSAILLY JACOB V (ibid), l'intégration
est une situation dans laquelle la communauté d'accueil et la
communauté refugiée cohabitent, partagent les mêmes
ressources à la fois économiques et sociales sans que se
développe un niveau de conflit mutuel supérieur à celui
qui existait à l'intérieur de la communauté d'accueil.
1.2. Problématique
Le XXIème siècle est
caractérisé par un accroissement de l'insécurité
qui prévaut dans plusieurs pays du monde. Plusieurs personnes se
déplacent à cause d'un conflit, d'une extrême violence ou
à cause d'une grave instabilité économique et politique
dans leur pays. C'est pourquoi tout au long de ce siècle, des hommes et
des femmes ont dû abandonner leur foyer et chercher refuge ailleurs. Les
flux de réfugiés et les mouvements migratoires occupent
désormais une place de premier choix à l'ordre du jour de
l'agenda international.
La question sur les migrations demeure une
problématique assez intéressante. Elle est au centre des
débats politiques et scientifiques ces dernières années.
Dans un monde qui se globalise, les migrations ne cessent de prendre de
l'ampleur et deviennent de plus en plus diversifiées et complexes, les
mouvements massifs de populations restent de ce fait les
caractéristiques saillantes du monde contemporain. (ALI M., 2016).
La région du Sahel fait aujourd'hui face à un
défi sécuritaire et de déplacements forcés de la
population. La crise sahélienne, saisie à la fois au travers par
deux crises majeures qui l'affectent depuis le début des années
2010 :d'une part la crise déclenchée par les violences
perpétrées par la secte Boko Haram dans les pays bordant le
bassin du Lac Tchad et d'autre part, la crise apparue en 2012 au Mali. Toutes
ces crises ont engendré des déplacements massifs des populations
(BAGAYOKO N, 2019). Le conflit malien est responsable du déplacement
interne ou transfrontalier de plus de 350 000 personnes, (OCDE, idem).
12
Le Niger, comme d'autres pays du monde, fait face à un
flux de réfugiés sans précédent. Il compte 233.308
réfugiés de toute provenance confondue2. En effet,
avec l'insécurité qui règne dans les pays voisins
notamment le Mali, un nombre important de déplacés forcés
se dirigent au Niger pour chercher refuge et assistance, le Niger reste
fortement touché par l'insécurité du fait de sa position
géographique. Cette situation a fragilisé particulièrement
les régions frontalières notamment Tillabéry, Diffa et
Tahoua qui accueillent plusieurs réfugiés et
déplacés internes. Ainsi la région de Tillabéry,
regorge plus de 120.000 réfugiés et déplacés
internes dont 40.411 réfugiés, repartis dans le camp d'Abala, et
dans les sites urbanisés d'Ayorou et de Ouallam (HCR, 2021)
L'intégration et la protection de ces
réfugiés sont un véritable problème dans les
milieux d'accueil pour lesquels la présence de réfugiés
peut avoir des impacts sur la vie socioéconomique de la population
hôte dès lors où beaucoup de pays d'accueil sont
économiquement faibles. (HCR, 1997).L'installation de
réfugiés se traduit par l'appauvrissement intense de ceux qui les
accueillent, car souvent les populations locales sont plus démunies que
les réfugiés qu'elles accueillent (LASSAILLY JACOB V, ibid.).Il
faut noter qu'au Niger, l'intégration socioéconomique des
réfugiés n'a pas fait l'objet des recherches scientifiques
d'où la pertinence de notre sujet de recherche.
La ville d'Ayorou ne fait pas exception par rapport à
ce phénomène car est située à 45 km de la
frontière avec le Mali, elle accueille depuis 2012 des
réfugiés maliens. Le HCR en collaboration avec le gouvernement
nigérien a mis en place un projet permettant de ne plus appeler les
zones des réfugiés des « camps » mais
plutôt des «sites d'inclusion » pour faciliter leur
intégration. L'objectif visé par les acteurs humanitaires
à travers cette politique de « site d'inclusion » est de
renforcer les services socioéconomiques des réfugiés et
des populations hôtes afin d'harmoniser leur cohabitation et de favoriser
l'intégration de ces réfugiés. Cependant, cette politique
n'est pas sans conséquence sur les lieux d'accueil qui ont des
ressources limitées. C'est pourquoi en 2017 le camp de Tabarey-Barey et
de Mangayzé ont été fermés et les
réfugiés délocalisés dans des sites
urbanisés notamment dans la ville d'Ayorou et de Ouallam. Cette
délocalisation vient amplifier la situation de l'accueil, la
cohabitation, la protection et l'accès aux ressources dans la ville
d'Ayorou, une ville déjà fragilisée par les crises
frontalières. Selon le HCR la ville d'Ayorou compte 11999
réfugiés maliens en juillet 2021, et elle continue aussi
d'enregistrer des nouvelles arrivées des réfugiés suite
aux attaques terroristes dans la commune de Ouattagouna (Mali) en Août
2021. Ainsi, cette situation suscite plusieurs questions par rapport à
la protection et l'intégration des réfugiés dans la ville
d'Ayorou, c'est pourquoi nous formulons nos questions de recherche comme
suit:
1.2.1. Questions de recherches
Notre travail s'articule autour des questions suivantes :
- en quoi les liens sociaux facilitent l'intégration
socioéconomique des réfugiés dans la ville d'Ayorou ?
2
https://googleweblight.com/i?u:https%3A%2Fdonnes.banquemondiale.orgindicator%2FSM.POP.REFG&geid=N
SINR
13
- quelles stratégies les réfugiés maliens
adoptent-ils pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ?
- quel sont les effets des actions de l'État et des
acteurs humanitaires dans l'intégration des réfugiés
maliens dans la ville d'Ayorou ?
1.2.2. Hypothèses :
Pour répondre à ces questions nous avons
formulé les hypothèses suivantes :
- les liens de parenté et les connaissances facilitent
l'intégration socioéconomique des réfugiés maliens
dans la ville d'Ayorou ;
- les réfugiés maliens exercent plusieurs
activités pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ;
- les actions de l'État et des acteurs humanitaires
facilitent l'intégration des réfugiés maliens dans la
ville d'Ayorou.
1.2.3. Objectifs
Pour vérifier nos hypothèses, les objectifs
suivants sont ainsi formulés :
Il s'agit de :
- analyser les liens sociaux qui facilite l'intégration
socioéconomique des réfugiés
maliens dans la ville d'Ayorou ;
- identifier les stratégies développées par
les réfugiés maliens pour s'intégrer dans la
ville d'Ayorou ;
- analyser les effets des actions de l'État et des
acteurs humanitaires dans l'intégration des réfugiés
maliens dans la ville d'Ayorou.
1.3. Cadre méthodologique
L'approche méthodologique développée dans
le cadre de ce travail s'articule autour de la recherche documentaire et des
travaux de terrain.
1.3.1. Recherche documentaire
Il a été question à ce niveau d'exploiter
la documentation qui traite de la question des réfugiés
liée à l'insécurité et de leur protection et
intégration socioéconomique dans les zones d'accueil. Cette
recherche documentaire a été menée dans plusieurs centres
de documentation notamment les bibliothèques de la Faculté des
Lettres et Sciences Humaine (FLSH), celle du département de
Géographie, celle de l'Institut de Recherche en Sciences Humaines
(IRSH),celle du Groupe d'Etude et de Recherche en Migration Espace et
Société et enfin la bibliothèque du Laboratoire d'Etude et
de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local
(LASDEL).Cette recherche documentaire a été enrichie avec des
recherches sur des sites scientifiques et auprès des personnes
ressources. Ce travail de recherche a été complété
par des travaux de terrain.
14
1.3.2. Travaux de terrain 1.3.2.1. Observation
Une première visite exploratoire a été
effectuée sur le terrain. Au cours de cette étape, l'accent a
été mis sur l'observation directe qui a permis d'une part de
collecter les données perceptibles sur le terrain et d'autre part de
percevoir la cohabitation entre les réfugiés et les autochtones.
C'était aussi l'occasion pour nous d'échanger avec les acteurs
locaux concernés par la question des réfugiés. On a
également observé la localisation des réfugiés dans
la ville.
1.3.2.2. Entretiens
Nous avons réalisé des entretiens auprès
les autorités locales et des acteurs humanitaires. Nous nous sommes
entretenu avec le chef de canton d'Ayorou, le maire de la cille d'Ayorou, le
président du comité des réfugiés maliens, le
responsable régional et le responsable départemental de la
commission nationale d'éligibilité au statut de
réfugiés(CNE) et le responsable régional de la protection
des réfugiés du bureau du haut-commissariat pour les
réfugiés(HCR) de Tillabéry. Le but visé à
travers ces entretiens est de savoir comment les réfugiés
s'intègrent dans les tissus sociaux et économiques de la ville.
Comment se fait leur cohabitation avec la population et enfin de connaitre les
actions de l'Etat et des acteurs humanitaires pour faciliter cette
intégration des refugiés. Ces entretiens ont été
suivis d'une enquête ménage faite auprès des
réfugiés pour avoir plus d'informations sur leur
intégration dans la ville d'Ayorou.
1.3.2.3. Enquête ménage
Nous avons utilisé l'échantillonnage
aléatoire simple pour déterminer la taille de notre
échantillon sur une population constituée de 2200 ménages
refugiés.
t : niveau de confiance de 95% avec une valeur type de 1,96.
P : proportion est de 50%=0,5
m : la marge d'erreur avec une valeur type de 5%= 0,05.
N=2200 ménages de réfugiés au total dans la
ville d'Ayorou (CNE Ayorou)
t2*P(1-P)
1,962*0,5(1-0,5)
??1 = m2 donc ??1 = 0,052
=96
n1*N
??2 = N+n1
|
= 91,98 =92 donc n2=92
|
La taille de notre échantillon initial est de 92. Nous
avons réalisé un ajustement en tenant compte de 10% de non
réponse conformément à la formule de
l'échantillonnage aléatoire simple ainsi : n3=n2*(1+0,1) =
92*(1+0,1)=100
Après le calcul nous avons obtenu 100 ménages
refugiés à enquêter.
1.3.2.4. Déroulement de l'enquête
Nous avons adressé un questionnaire à l'endroit
des chefs de ménages des réfugiés maliens dans la ville
d'Ayorou sur les conditions du déplacement. Le questionnaire a aussi
abordé les facteurs d'intégration des réfugiés dans
la ville, les stratégies qu'ils développent pour faciliter
15
leur intégration, la cohabitation entre les
réfugiés et la population, les actions de l'Etat et des acteurs
humanitaires dans le processus de l'intégration socioéconomique
ont été abordées.
Pour administrer le questionnaire au niveau des
réfugiés, le principal problème qui s'est posé est
le ciblage de ces réfugiés. En fait, l'installation des
réfugiés dans la ville d'Ayorou s'est faite de façon
spontanée et aucune cartographie n'a été faite par
l'État ou par les institutions internationales en charge de la gestion
des réfugiés pour montrer leur répartition dans la ville.
Nous avons utilisé la technique de boule de neige qui consiste à
identifier un premier réfugié qui va nous conduire à un
autre ainsi de suite jusqu'à atteindre notre échantillon. Ainsi
donc après avoir administré le questionnaire, nous avions
passé au traitement et à l'analyse des données.
1.3.2.5. Traitement et analyse des donnés
Pour traiter nos données nous avons utilisé les
logiciels suivants : Google earth Pro pour la digitalisation de la limite de la
ville, arc gis pour la cartographie des données de l'enquête. La
cartographie a permis de présenter les communes de provenance des
réfugiés et leur localisation dans la ville d'Ayorou.
Pour saisir les données, nous avons utilisé
Word, et sphinx plus pour la conception du questionnaire, la collecte et le
traitement des données quantitatives et enfin nous avons utilisé
le tableur Excel pour la réalisation des graphiques. Ce travail de
traitement et d'analyse nous a permis de cartographier certains aspects du
sujet étudié.
En ce qui concerne la cartographie plusieurs
phénomènes relatifs à notre sujet ont été
cartographiés. En effet, les cartes suivantes ont été
réalisées : la carte de géolocalisation de la zone
d'étude, la carte de la répartition spatiale des
réfugiés maliens dans la ville, la carte de la provenance des
réfugiés et la carte de localisation de l'ancien camp de
réfugiés (Tabarey-barey)
Ainsi nous avons utilisé les logiciels suivants: Adobe
Illustrator, Philcarto-Phildigit, et ArcGis pour les systèmes
d'information géographique.
1.3.3. Difficultés rencontrées
La principale difficulté rencontrée sur le
terrain est la réticence des acteurs humanitaires par rapport à
certaines informations relatives à notre sujet. Ensuite
l'indisponibilité de certains responsables sur le terrain a
été une autre difficulté. Heureusement, cette
difficulté a été surmontée grâce aux
rendez-vous négociés avec ces acteurs.
La seconde difficulté est l'administration du
questionnaire en langue Tamasheq à l'endroit de certains chefs de
ménages réfugiés. II a fallu trouver un traducteur qui a
servi d'intermédiaire entre ces réfugiés et nous pour
pouvoir administrer le questionnaire.
Troisièmement, la ville d'Ayorou accueille aussi des
déplacés internes en plus des réfugiés maliens, Ce
qui constitue pour nous une autre difficulté car nous ne pouvons pas
distinguer les réfugiés des déplacés internes et de
certains habitants de la ville.
16
Conclusion partielle
Dans ce premier chapitre, la revue de la littérature
sur la question des réfugiés et à leur intégration
dans les zones d'accueil a été présentée, ensuite
les questions et les hypothèses de recherche ont été
posées, et enfin les objectifs ont été
déclinés et la méthodologie permettant de conduire ce
travail a été expliqué. Le chapitre suivant
présentera la zone d'étude.
17
Chapitre 2 : Présentation de la ville
d'Ayorou
Ce chapitre présente d'abord la situation
géographique de la ville ainsi que son historique. Il présente
ensuite le cadre physique (climat, végétation, hydrologie) et les
caractéristiques démographiques de la ville d'Ayorou. Et enfin le
chapitre aborde l'ampleur de l'accueil des déplacés
forcés.
2.1. Situation géographique de la ville
d'Ayorou
La ville d'Ayorou est située entre les
coordonnées 14°44',103 et 14°44',103 de la lattititude Nord et
0°55',180 et 0°55',180 de la longitude Est. La ville est
située sur la rive gauche du fleuve Niger, à 82 km de
Tillabéry qui est le chef-lieu de la région, et à 200km au
Nord de Niamey (la capitale du Niger). Elle est limitée au nord par le
village de Firgoune Goungou et la commune de Watagouna (République du
Mali), à l'Est par la commune d'Inatès, au sud par la commune de
Dessa. La ville est limitée à l'ouest par le fleuve Niger et le
village d'Ayorou Goungou. La figure 1 présente la localisation de la
commune.
Source : AGRHYMET,2017
Figure 1 : Localisation de la commune d'Ayorou
|
Réalisateur : Abdoulaye B HASSANE,2021
|
0
2.2. Historique de la ville d'Ayorou
Les premiers habitants du village d'Ayorou seraient en partie
les descendants d'un certain Issaka Maman. Celui-ci venait seul de
Djenné au Mali, qu'il avait quitté suite à des guerres
intestines qui sévissaient en cette période au sein de sa
communauté d'appartenance .Il s'installa en premier lieu dans
l'île appelée Ayorou Goungou, qui servait de refuge et cadre
propice de protection contre les envahisseurs et les attaques d'ennemis.
Il est cependant rapporté qu'Issaka Maman trouva sur
les lieux Tchelli, père de Nana qui a d'ailleurs été le
premier chef de village. La collaboration entre les deux personnalités a
été bonne et Ayorou s'appelait au départ Koirakoré.
L'appellation Ayorou serait issue d'une mauvaise prononciation des termes
« où se trouvent les gens de l'Air ? » que prononçait
un guerrier Touareg à la recherche des siens venus de l'Air. Le village
d'Ayorou Haoussa fut fondé vers 1914 sous le règne du chef de
canton Aliou Elhadj afin d'implanter un marché. A cet effet, il fit
sortir de l'île d'Ayorou Goungou ses neveux Zourkaleyni, Anifa et Amadou,
les enfants de son grand frère pour la rive gauche actuelle où
est implanté le village d'Ayorou Haoussa. Certaines versions rapportent
que c'est dans un souci de protéger l'ile habitée qu'Ayorou
Haoussa fut fondé en installant ses esclaves. Une autre source fait
état de représentation du chef de canton à l'époque
dans l'île par ses neveux qui agissaient sous ses
ordres. La localité n'avait alors pas de chef local en
cette période marquée par une grande famine. La mauvaise
récolte a occasionné une implantation des habitants de l'ile
à la rive gauche. D'autres groupes de migrants rejoignirent la
localité ; il s'agit des Peuhls, Bellas et Touaregs3 que l'on
retrouve aussi bien sur les sols dunaires que sur les plateaux avec pour
vocation initiale l'élevage, mais de plus en plus se rapprochant du
fleuve pour le pâturage dans les iles et les abords du fleuve. Des
groupes haoussa parvinrent également sur les lieux pour la pêche
et pour le commerce. De nos jours plusieurs vagues de populations se retrouvent
notamment dans les centres pour le commerce et pour la pèche. C'est le
cas de la forte communauté Sonraï du Mali renforcée par les
réfugiés fuyant la guerre et appuyés par les partenaires
au développement (MAIRIE, 2021).Après avoir
présenté l'histoire de la ville, le point suivant abordera le
profil démographique de la population.
2.3. Cadre physique de la ville d'Ayorou
Les aspects physiques sont des éléments qui
déterminent les conditions de vie des humains. Les facteurs liés
au climat, à la végétation, à l'hydrographie, ainsi
qu'aux sols peuvent influer
sur les milieux des humains et déterminer les
opportunités et les contraintes. L'accès à ces
2.3.1. Climat
La ville d'Ayorou présente un climat de type
sahélien avec des précipitations moyennes annuelles variant de
300 à 400 mm et deux saisons partageant l'année :
3 En raison de leur statut social
méprisé chez les touaregs, les bella(Iklan) sont les moins
valorisés, ils sont un groupe ethnique issu du statut servile dans la
société touareg.
26
La saison sèche qui dure 9 à 10 mois allant
d'octobre à juin. Elle comporte deux périodes à savoir une
saison froide et une saison chaude. Quant à La saison des pluies elle
dure 2 à 3 mois allant de juillet à septembre. Les
températures moyennes varient de 17°C en janvier à plus de
42°C en avril. Les vents dominants dans cette zone sont : L'harmattan,
vent chaud et sec, soufflant du Nord-est vers le Sud-ouest pendant toute la
saison sèche et la mousson, vent chargé d'humidité et
annonciateur des pluies, soufflant du Sud-ouest vers le Nord-est.
Le climat ne génère pas des
précipitations importantes, cela impacte les productions agricoles qui
représentent la principale activité de la population. Cela n'est
pas sans conséquence pour une petite ville comme Ayorou qui, en plus de
sa population accueille des réfugiés maliens et des
déplacés internes. La présence de ces
réfugiés constitue un problème pour cette ville qui a des
faibles opportunités économiques importantes.
2.3.2. Ressources en eau 2.3.2.1. Eaux de
surface
Le réseau hydrographique est composé des eaux de
surface comprenant le fleuve Niger dans la partie ouest sur une distance de 45
km, des mares semi-permanentes, et des eaux souterraines peu profondes au bord
du fleuve et assez profondes dans la zone des plateaux. Les mares sont
situées dans la zone dunaire et de plateaux et sont essentiellement
destinées à l'usage d'abreuvement des animaux ou servent de
carrières pour la confection des briques en banco. Elles étaient
pour la plupart permanentes mais suite à l'ensablement et la baisse
20
de la pluviométrie, elles s'assèchent
aussitôt après l'hivernage. Les koris émanent des eaux de
ruissellement qui convergent vers le fleuve et les mares. Ces eaux causent de
dégâts sur les champs des cultures, les aires de pâturage et
menacent même les habitations. Les propositions d'amélioration
sont le faucardage des mares et leur empoissonnement pour celles qui ne seront
pas envahies par le futur Lac découlant de la construction du Barrage de
Kandadji (MAIRIE, 2021).
2.3.2.2. Eaux souterraines
La ville d'Ayorou dispose des eaux souterraines dont la
situation est donnée lors des ateliers zonaux. La nappe
phréatique est profonde le plus souvent comme dans toute la zone ouest
du Niger. Pour accéder à la nappe à forte
potentialité, un socle pas facile à percer fait obstacle. Les
forages et puits en usage tirent leur source de nappe à faible
débit. De là les politiques hydrauliques actuelles qui font la
promotion de stations de traitement de l'eau du fleuve et son extension par la
SPEN. Les puits et les forages construits sont utilisés pour la
consommation humaine et l'abreuvage des animaux de la population de la ville
d'Ayorou.
L'accès à l'eau potable dans la ville d'Ayorou
est difficile car en dehors du fleuve, il y'a un manque d'infrastructures
hydrauliques (borne fontaine, château). Cette situation s'est
aggravée avec l'arrivée massive des
réfugiés maliens et des déplacés internes dans la
ville car il y `a une forte pression sur les ressources. Après avoir
présenté le cadre physique de la ville, il sera question dans le
pont suivant des activités socioéconomiques de la population.
2.4. Profil démographique de la population de la
ville d'Ayorou
La population de la ville d'Ayorou compte 11528 habitants dont
5551 hommes et 5977 femmes, d'après les
résultats du recensement RGPH- 2012. La population est passée
à 12576 habitants en 2016 puis à 14022 habitants en 2021 avec un
taux d'accroissement annuel de 2,2%. À l'instar de la population
nationale, la ville d'Ayorou présente un nombre de femmes qui
dépasse celui des hommes, ainsi les femmes représentent 7270 de
la population de la ville alors que les hommes sont 6751.En outre, toujours
dans le cadre de la présentation de la ville d'Ayorou, il sera question
dans le point suivant des aspects physiques de cette ville.
21
Tableau 1 : Évolution de la population de la ville
d'Ayorou
Années
|
Population
|
Hommes
|
Femmes
|
2016
|
12576
|
6056
|
6520
|
2017
|
12853
|
6189
|
6664
|
2018
|
13136
|
6325
|
6810
|
2019
|
13425
|
6464
|
6960
|
2020
|
13720
|
6604
|
7113
|
2021
|
14022
|
6751
|
7270
|
Source : MAIRIE Ayorou, 2021
2.5. Activités socioéconomiques de la
population de la ville d'Ayorou
Il s'agit à ce niveau de présenter les
différentes activités que pratiquent les habitants et les enjeux
qui se nouent autour de ces dernières avec la présence massive de
déplacés forcés.
2.5.1. Agriculture
L'agriculture constitue la première activité
économique de la population de la ville. Les cultures pluviales (mil,
sorgho, niébé, maïs, patate douce, arachide, piment,
sésame, oseille...etc.) sont pratiquées par la majorité de
la population.
Sous les effets conjugués de la surexploitation des
terres, du changement climatique, les populations à travers leurs
délégués notent que les productions agricoles ont
considérablement chuté ces dernières années. Les
paysans ne parviennent plus à se prendre en charge sur la base de leurs
productions (MAIRIE, 2021).
Les rendements des cultures sous pluie ont baissé de
l'ordre de 50 à 75%. La commune présente quelques
potentialités notamment les terres de cultures, les banques
céréalières, les magasins, les bras-valides et les
partenaires d'appui. Cependant, cela n'exclut pas certaines contraintes qui
entravent la pratique des cultures pluviales. Il s'agit entre autres du
caractère rudimentaire des outils agricoles, de l'appauvrissement des
terres, de l'insuffisance d'intrants agricoles et de produits phytosanitaires,
de l'érosion hydrique et éolienne, les ennemis de cultures, de la
pression foncière et de l'insuffisance de personnel d'encadrement et de
moyens d'actions. A tous ces problèmes vient s'ajouter
l'insécurité qui empêche certains agriculteurs de cultiver
leur champ et même d'y accéder (MAIRIE, 2021).
En plus de l'agriculture pluviale, la population s'adonne
à des cultures de contre saison. Le Fleuve est la principale ressource
pour la production irriguée au sein de la ville. Un aménagement
hydro agricole est construit depuis 1950 puis réhabilité en 1982
et en 1989 ; les populations s'y activent dans l'exploitation à des fins
de production de riz notamment. Les berges du fleuve sont également des
espaces traditionnellement aménagés pour non seulement
22
le riz mais aussi d'autres spéculations qui font la
renommée de la ville et ses alentours (la tomate, la pomme de terre, le
poivron, l'oignon, la patate douce, le manioc, les laitues etc.) La production
de riz est d'un apport important dans l'alimentation et les revenus importants
en sont tirés à travers notamment l'AHA. Les contraintes
liées aux cultures irriguées sont les ennemis de cultures,
insuffisance de clôtures et matériels agricoles, les
dégâts causés par les hippopotames sur les cultures, le
problème de débouchés à la récolte, la non
maitrise des techniques de conservation , l'insuffisance d'encadrement, la
surcharge des femmes par les travaux domestiques.
Les propositions d'amélioration des cultures
irriguées sont l'encadrement technique des producteurs, l'accès
aux matériels agricoles modernes, l'appui en produits phytosanitaires,
l'appui pour une commercialisation rentable des produits, le
désenclavement des sites de production et la dotation en moulins
à grain, batteuses et décortiqueuses. Pour la prise en compte des
travaux de barrage, il convient de préparer les producteurs dans le sens
d'acquérir les aptitudes à profiter plus tard des ouvrages qui en
sont issus.
2.5.2. Elevage
Le système d'élevage pratiqué est surtout
l'élevage sédentaire (élevage de proximité et
embouche). Cependant, les Peuls et les Touaregs continuent de pratiquer la
transhumance en s'éloignant des terres agricoles pendant l'hivernage.
Ces éleveurs nomades regagnent les abords du fleuve pour l'abreuvement
et le pâturage sur les terres agricoles aussitôt après les
récoltes des cultures pluviales.
Les villages de Beibatane et de Gaoudel par vocation
d'éleveurs, présentent des effectifs plus élevés de
cheptel que les autres villages. Tout de même, il faut noter que
l'effectif du cheptel a connu une baisse des suites des sécheresses et
les effets néfastes continus du changement climatique (baisse de la
quantité et de la qualité du fourrage avec la tendance à
la disparition de certaines espèces d'herbes, ainsi que les maladies).
Les gros ruminants sont essentiellement détenus par les hommes alors que
les femmes détiennent le monopole des petits ruminants et de la
volaille.
2.5.3. Pêche
Elle est une activité exercée par les riverains
du fleuve Niger. Elle peut relever de professionnels que sont les
pécheurs haoussa ou sonrai. Les productions sont destinées
à la vente (de grandes quantités de poissons fumés sont
orientées vers les villes proches et même le Nigéria).
De nos jours, les ressources halieutiques se raréfient
à cause de l'ensablement et de la disparition des espèces
végétales pour leur alimentation et leur abri. Malgré
tout, une importante partie de la population continue de dépendre de
cette activité. Eu égard à l'importance de la pèche
dans le milieu, une coopérative de pêcheurs est en place et
bénéficie d'ailleurs de l'encadrement et de l'appui du service de
l'environnement et des partenaires au développement (formations en
techniques de pêche, dotation en matériels etc.). Ensuite,
plusieurs organismes interviennent dans ce domaine pour financer des projets
mixtes visant à autonomiser les réfugiés et les habitants
de la ville.
23
2.5.4. Commerce
Les activités commerciales sont peu
développées malgré la notoriété du
marché du chef-lieu de la commune qui jadis attirent les touristes
occidentaux et les marchands du Nigéria en grand nombre (produits
artisanaux, cheptel..). De nos jours l'insécurité dans la zone et
la chute du cours de la Naira ont porté un coup dur à
l'activité. La commune compte deux marchés hebdomadaires non
aménagés (Ayorou et Koutougou) et un marché de
bétail d'Ayorou. Ces marchés sont animés aussi bien par
les autochtones, que par les vendeurs et acheteurs des autres communes, des
autres régions et surtout les commerçants en provenance de Niamey
pour les transactions concernant les produits de consommation, les produits
manufacturés, etc. Les produits importés sont ceux de
première nécessité : maïs, sorgho, farine de manioc,
thé, sucre, savon, habits, condiments, etc. Les femmes
s'intéressent beaucoup plus au petit commerce et principalement à
la revente de produits maraichers et les fruits, la vente des beignets et de
galettes etc. Cependant, ce secteur est de plus en plus menacé par la
crainte de l'insécurité, les effets néfastes du changement
climatique notamment les épizooties, les inondations, la mauvaise
pluviométrie rendant du coup faible la productivité issue de
l'élevage et de l'agriculture et abaissant le pouvoir d'achat des
populations. Plusieurs réfugiés ayant des expériences dans
le domaine du commerce bien longtemps, ont entrepris des initiatives
commerciales dans la ville d'Ayorou pour s'adapter et pour ne pas
dépendre uniquement de l'aide humanitaire.
2.5.5. Artisanat
Les principales activités menées sont : la
vannerie (1788 personnes), la tannerie (371 personnes), la poterie (320
personnes), la maroquinerie (290 personnes), la couture (271personnes) (MAIRIE,
2021). La forge et la poterie sont des activités dont la pratique est
liée au sexe, la première pour les hommes et la seconde pour les
femmes. On remarque que la vannerie et la poterie perdent de plus en plus de
leur poids au détriment de l'importation des nattes, des bidons et des
seaux en plastiques industriels modernes. La matière première
utilisée dans la vannerie se raréfie avec la diminution et la
gestion contrôlée des arbres et arbustes. Les tailleurs voient
quand même leur nombre croitre et presque dans chaque gros village au
moins un tailleur assure des prestations en la matière. Les forgerons
continuent de fabriquer et d'entretenir les matériels agricoles
rudimentaires que sont les hilaires et les dabas toujours en usage. Les
propositions d'amélioration sont l'organisation des artisans, leur
formation et encadrement à des fins de modernisation et d'adaptation au
contexte climatique et environnemental.
2.6. Secteurs sociaux de base
Les services sociaux concernent la fourniture de services de
l'éducation et de la santé. Les services sociaux sont à
caractère exclusivement social. Nous mettons l'accent sur les services
sanitaires, éducatifs et les opportunités d'emploi qu'offre la
ville.
En ce qui concerne l'éducation, Il est important de
présenter l'ensemble des infrastructures scolaires de la ville et
d'analyser le besoin au tour de cette question. La ville d'Ayorou dispose ainsi
un (1) Complexe d'Enseignement Secondaire pour l'enseignement du cycle de base
2; un Collège d'Enseignement franco-arabe, un Collège
d'enseignement technique, un
24
collège d'enseignement général
privé, un Centre de formation aux métiers et trois écoles
primaires (MAIRIE, 2021). Les enfants de réfugiés et de
déplacés internes partagent ces écoles au même titre
que ceux des habitants de la ville. Malgré les différents appuis
du HCR et des ONG en matière des infrastructures éducatives
(salles de cours, latrines...) pour la ville d'Ayorou, le besoin reste
encore.
Par rapport aux services sanitaires, l'arrivée des
réfugiés a créé un défi majeur, car la ville
d'Ayorou dispose seulement d'un centre de santé
intégré(CSI) de type 2. Il y'a un véritable
problème à ce niveau car en plus des réfugiés, des
déplacés internes viennent aussi se greffer à la
population par rapport à l'accès au centre de santé. Par
conséquent le CSI ne peut pas répondre à la demande de
toutes ces populations.
Enfin, pour ce qui est de l'emploi, la plupart des jeunes
accèdent à des emplois temporaires à travers la main
d'oeuvre salariée agricole notamment celle sur les sites de
récupération de terres, les chantiers de construction des
infrastructures éducatives, de santé (classes, cases de
santé, infrastructures hydrauliques) (MAIRIE, 2021). Le projet barrage
de Kandaji emploie aussi plusieurs jeunes dans le cadre de ses
opérations. Il faut aussi noter que dans le cadre de
l'intégration des réfugiés dans la ville, plusieurs
acteurs financent des projets mixtes (activités
génératrice de revenu, pisciculture) qui prennent en compte les
habitants et les réfugiés. La présence de ces
réfugiés a créé des opportunités de l'emploi
dans la ville d'Ayorou car plusieurs ONG et organismes humanitaires se sont
implantés au tour de ces réfugiés. Ensuite avec
l'intervention des ONG dans la ville d'Ayorou à l'endroit des
réfugiés et des déplacés plusieurs jeunes de la
ville surtout diplômés arrivent à être
recrutés. Ainsi les services sociaux de base, il sera question de
l'ampleur des migrants forcés dans la ville d'Ayorou.
2.7. Ampleur des migrations dans la ville d'Ayorou
L'insécurité qui caractérise plusieurs
pays sahéliens a engendré un déplacement massif des
populations à l'intérieur de leurs propres pays ou dans d'autres
pays. C'est le cas des Maliens réfugiés au Niger et au Burkina.
Les localités frontalières sont les premières à
accueillir ces réfugiés notamment la ville d'Ayorou qui accueille
plus de 11999 réfugiés maliens dont 6817 femmes et 5182 hommes
répartis dans 2200 ménages (CNE, 2021). Ce nombre continue
d'accroitre du faite de l'instabilité de la situation sécuritaire
qui prévaut dans les lieux de provenance des réfugiés. De
ce fait en aout 2021 la commune de Ouattagouna a enregistré une attaque
terroriste qui a mis en fuite des populations vers la ville d'Ayorou
En dehors des réfugiés, la ville d'Ayorou
accueille aussi des déplacés internes venant des villages de la
commune d'Ayorou et de la commune d'Inates. Ainsi, 6883 déplacés
et 1137 ménages sont installés dans la ville d'Ayorou (HCR,
2021). Cela est lié à la crise sécuritaire qui
sévit dans tout le nord Tillabéry et particulièrement dans
les localités transfrontalières. La présence de tous ces
migrants n'est pas sans conséquences sur les services
socioéconomiques de cette ville qui compte aussi 7371 habitants. La
figure 2 nous montre la répartition par âge et par sexe des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.
11999
ans
ans
ans
ans
6817
5182
2590
3426
682
779
1411
1941
641
289 226515 205
203408
0 à 4 ans 5 à 11 ans 12 à
17
18 à 24
25 à 49
50 à 59
60+ ans Total
Femmes Hommes Total
1687
1739
2254
1173 1081
1395
840555
25
Figure 2 : Répartition par tranche d'âge et par
sexe des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.
Source : CNE, bureau d'Ayorou, 2021
On constate que les enfants et les adolescents compris entre 0
à 17 ans représentent plus de la moitié de l'ensemble des
réfugiés dans la ville d'Ayorou. Ainsi ils représentent
respectivement 30 à 40% du nombre global des réfugiés par
contre les adultes et les personnes âgées sont moins nombreuses.
Cela s'explique par la composition démographique de la population
malienne qui est majoritairement jeunes. Cependant pour ce qui est des adultes,
les deux conjoints peuvent se séparer. Par exemple le mari peut aller en
exode laissant ses enfants sous la responsabilité de la conjointe. C'est
le cas des réfugiés maliens qui sont dans la ville d'Ayorou
où lorsque la crise a commencé en 2012, plusieurs chefs de
famille étaient à l'exode.
Conclusion partielle
Ce chapitre a permis de présenter le cadre
géographique de la ville d'Ayorou. Il a aussi permis de mettre en relief
les composantes du milieu physique(le climat, le relief, les ressources en
eau), les activités socioéconomiques de la population d'Ayorou et
l'ampleur de l'afflux des migrants forcés (réfugiés et
déplacés internes) dans la ville d'Ayorou.
26
Chapitre 3 : Caractéristiques, provenance et
accueil des réfugiés maliens
Ce !chapitre présente les caractéristiques
sociodémographiques de réfugiés, leur parcours et leur
provenance géographique. Il aborde également l'accueil des
réfugiés dans la ville, et l'accès aux services sociaux de
base. Enfin, il explique le motif du choix de la ville d'Ayorou comme
destination.
3.1. Caractéristiques des chefs de ménages
réfugiés maliens dans la ville
Le niveau d'instruction, le profil démographique et la
profession des réfugiés sont présentés à ce
niveau.
3.1.1. Profil démographique des chefs de
ménages réfugiés maliens à Ayorou
Il ressort de notre enquête que la majorité de
nos enquêtés sont monogames (72%). La plupart s'est mariée
avant même le déclenchement de la crise du Mali. Par ailleurs 17%
de nos enquêtes ont plus d'une femme et 10% autres sont veufs (ves)
(figure 3).
72%
7%
10%
1%
Figure 3 : Situation matrimoniale des chefs de ménages
réfugiés Source : Enquête terrain, 2021
On remarque que les mariés et les veufs (ves)
représentent un nombre significatif dans notre échantillon.
Cependant, les célibataires sont moins représentés. Cela
est dû au fait que notre échantillon a pour cible les chefs de
ménages et rares sont les chefs de ménage appartenant à
cette catégories d'âge, c'est pourquoi seulement 1% de nos
enquêtés sont célibataires.
3.1.2. Faible scolarisation des
réfugiés
La majorité des personnes enquêtées n'ont
pas fréquenté l'école d'où leur faible niveau
d'instruction. En effet, sur les cent(100) chefs de ménage
enquêtés seulement sept (7) ont affirmé avoir
fréquenté l'école. Cela montre qu'à l'instar de la
population d'accueil, les réfugiés aussi présentent un
faible niveau de scolarisation. Il faut noter que cela est lié à
l'histoire de la zone de provenance en matière de scolarisation. La
région de Gao et le nord du Mali de façon générale
requiert depuis les années 90 d'un retard significatif sur le plan
27
éducatif par aux autres régions. Par contre
certains réfugiés instruits sont engagés comme
bénévoles au compte du HCR moyennant une certaine
rémunération. Le point qui suit va porter sur les
activités économiques des réfugiés au Mali.
3.1.3. Activités économiques des chefs de
ménages réfugiés au Mali, une prédominance des
agriculteurs et des commerçants
Les activités exercées par les
réfugiés enquêtés au niveau de leurs
localités d'origine sont l'agriculture, l'élevage, le commerce,
la pêche, l'artisanat et les cultures maraichères. Cependant le
commerce et l'agriculture constituent les activités les plus
exercées par les réfugiés au Mali (figure 4).
3%
1%
21%
14%
32%
29%
Figure 4 : Profession des chefs de ménages
réfugiés dans les villages d'origine Source : Enquête
terrain, 2021.
On constate que l'agriculture est la principale
activité qu'exerçaient les réfugiés au Mali avec
une proportion de 32%. Ensuite vient le commerce qui est la seconde
activité (29%). L'élevage et l'artisanat ne sont pas aussi
négligeables dont respectivement 21% et 14% de chefs de ménage
pratiquaient ces activités.
3.1.4. Taille de ménage des refugiés
Nos résultats montrent que les ménages de
réfugiés maliens vivant dans la ville d'Ayorou sont de tailles
relativement importantes (Tableau 2). En effet, 4% de nos enquêtés
ont jusqu'à 14 membres dans leurs ménages et 36% ont des tailles
qui varient de 6 à 8 membres. L'importance de la taille de ménage
s'explique surtout par le nombre considérable des enfants au sein des
ménages réfugiés.
28
Tableau 2: Répartition des ménages
réfugiés par taille
Répartition des ménages par taille
|
Effectifs
|
Fréquence(%)
|
Moins de 6
|
27
|
27
|
De 6 à 8
|
36
|
36
|
De 8 0 10
|
17
|
17
|
De 10 à 12
|
8
|
8
|
De 12 à 14
|
13
|
13
|
De 14 à plus
|
4
|
4
|
Total
|
100
|
100
|
Source : Enquête terrain, 2021
Le tableau 2 montre aussi que 27% de ménages ont
seulement 6 membres et 17%,8% et 13% ont jusqu'à 10 à 14 membre.
On remarque que la majorité des ménages de réfugiés
qui sont dans la ville d'Ayorou sont des tailles importantes.
3.2. Provenance des réfugiés maliens
Les réfugiés dans la ville d'Ayorou sont
majoritairement originaires de la région de Gao. En effet ils viennent
pratiquement de cinq(5) communes du cercle d'Ansongo dont Ansongo ; Bourra,
Ouattagouna, Tessit et Tin-hama avec des pourcentages relativement importants
(Tableau 3). Il faut noter que toutes ces quatre communes font partie
administrativement de la région de Gao. Les résultats montrent
que la plupart de réfugiés viennent de la commune de Ouattagouna
et Ansongo avec respectivement 42 et 20% de nos enquêtés. Ensuite
vient la commune de Bourra avec 14% et une faible partie de nos
enquêtés proviennent de la commune de Tessit avec 11% et Tin-hama
avec 13%.
29
Commune de provenance
|
Effectifs
|
Fréquence(%)
|
Ansongo
|
20
|
20
|
Bourra
|
14
|
14
|
Ouattagouna
|
42
|
42
|
Tessit
|
11
|
11
|
Tin hama
|
13
|
13
|
Total
|
100
|
100
|
Tableau 3 : Communes de provenance des
réfugiés Maliens
Source : Enquête terrain, 2021
On remarque que la région de Gao est la principale
provenance de nos enquêtés. En plus de la proximité entre
la région de Gao et la commune d'Ayorou, ces deux localités
partagent des liens sociaux et des réseaux commerciaux. C'est ce que
confirment ces propos du chef de canton d'Ayorou, « Gao est la
principale région de provenance des réfugiés car nous
sommes frontaliers et beaucoup de facteurs nous lient comme le commerce et le
lien de parenté ». Ainsi la figure 5 présente les
communes de provenance des réfugiés maliens. Il sera question
ensuite de montrer le contexte de ces communes.
Figure 5 : les communes de provenance des réfugiés
enquêtés Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
30
On remarque que la majorité des refugiés
viennent des communes de Ouattagouna(42%) et de Ansongo(20%). Le reste des
réfugiés sont originaires des communes de Tessit(11%),
Tin-hama(13%) et de Bourra(14%).
Comme nous l'avons déjà mentionné plus
haut, la région de Gao constitue la principale provenance de
réfugiés qui se trouvent dans la ville d'Ayorou. Cette
région couvre une superficie de 170572 Km2 avec 544120
habitants. Elle fait partie de la zone de l'Azaouad, une zone qui est sous
contrôle terroriste depuis 2012 où le MNLA (mouvement national de
la libération de l'Azaouad s'attaqua à l'armée malienne.
En dehors de la proximité géographique entre la région de
Gao et notre zone d'étude, Il convient de souligner que ces deux zones
partagent plusieurs réalités. Car la région de
Tillabéry de manière générale, en plus de la
continuité géographique avec le Mali, présente les
mêmes communautés ethniques dont les Touaregs et les Sonraïs
qui peuplent la zone de part et d'autre de la frontière. Les populations
de part et d'autre des deux frontières ont été
divisées depuis le temps de la colonisation. Les Touaregs ou les
Sonraïs de Gao sont les mêmes que ceux d'Ayorou.
3.3. Accueil et localisation des réfugiés
dans la ville d'Ayorou
Cette section présente les conditions dans lesquels les
réfugiés ont été accueillis dans la ville et les
acteurs ayant intervenu dans cet accueil.
3.3.1. Choix d'Ayorou comme destination
Dans l'analyse de la migration forcée, le choix de la
destination est très important. Ce choix laisse voir les facteurs ayant
poussé les migrants vers la localité d'accueil.
Plusieurs raisons ont été avancées par
les réfugiés pour avoir choisi Ayorou comme lieu d'accueil
(Figure 4). En effet, 72% de nos enquêtés ont avancé la
connaissance de la localité et le lien de parenté et 28% de
réfugiés, ont avancé la proximité
géographique qui serait le motif du choix de la ville d'Ayorou. A ces
facteurs déterminants dans le choix, notons également le
rôle de la route nationale et du fleuve qui relient facilement les deux
pays. Elle est d'une importance dans les échanges entre les populations
de deux pays. C'est pourquoi, il y'a des fortes interactions entre les communes
frontalières du Mali et du Niger notamment Ansongo, Labzanga,
Ouattagouna, Ayorou,Inates et Abala.
proximité géographique
; 28%
lien de parente; 30%
connaissance de la localite;
42%
31
Figure 4: Raisons du choix d'Ayorou comme lieu d'accueil
Source : Enquête terrain, 2021
3.3.2. Accueil des réfugiés dans la ville
d'Ayorou et les acteurs
Plusieurs acteurs ont participé à l'accueil des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. En effet, il ressort de
nos résultats que les réfugiés sont accueillis par l'Etat,
les acteurs humanitaires, les chefs coutumiers, les autorités
municipales et les associations de jeunes. L'Etat du Niger fut le premier
à réagir face à l'arrivée des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou à travers le
renforcement de la sécurité dans la zone pour la population et
les réfugiés. L'accueil et surtout la gestion des
réfugiés imposent à tout Etat une organisation et un
aménagement particulier. De ce fait l'accueil des réfugiés
au Niger est soumis à la commission nationale
d'éligibilité au statut de réfugiés(CNE). Cette
commission avait pour rôle de recenser les réfugiés et de
leur distribuer des tickets (token) qui leur serviront des cartes de ration
lors des distributions alimentaires avant qu'ils aient l'attestation de
réfugié.
Comme les réfugiés nigérians dans la
ville de Diffa (BELLO AMADOU M, idem) accueillis dès leur arrivée
par le gouvernement nigérien, il en est de même pour les
réfugiés maliens qui depuis leur arrivée dans la ville
d'Ayorou sont accompagnés par la CNE. Elle accompagne les
réfugiés de l'enregistrement jusqu'à l'attribution du
statut de réfugié. Ce statut est attribué de façon
collective (« prima faciès ») c'est-à-dire sans passer
par une procédure individuelle en vertu de l'arrêté pris
par l'Etat nigérien. Ce statut leur donne droit à l'aide
humanitaire et à la protection. Il faut préciser que ces
réfugiés ont majoritairement obtenu le statut avant même
d'arriver dans la ville d'Ayorou. Les autorités coutumières ont
aussi participé à l'accueil des réfugiés. En effet
dès l'arrivée des réfugiés dans les villes les
chefs de quartiers se sont mobilisés pour solliciter la population
à héberger les réfugiés chez eux, dans les champs
ou dans des parcelles non loties. Par contre d'autres réfugiés
ont été par leurs parents ou leurs connaissances dans la ville.
Ensuite les associations des jeunes aussi ont mené des campagnes de
sensibilisations auprès de la population pour qu'elle autorise les
réfugiés à s'installer chez elle. Ces sensibilisations
sont organisées dans tous les quartiers par les structures de jeunes.
Quant à la mairie, avec l'arrivée massive des
réfugiés dans la ville, elle a cherché des partenaires
pour renforcer les services sociaux afin d'alléger la pression. Ces
propos du maire d'Ayorou confirment cela « Quand les
réfugiés étaient venus dans la ville d'Ayorou,
nous
32
avons renforcé les services sociaux (service d'eau,
écoles, services sanitaires), et d'autres partenaires comme le HCR, la
CICR et le MSF nous assistent dans ce domaine »(Entretien
15/O8/2021)
La mairie a aussi fait des ventes à prix
modérés des produits alimentaires aux réfugiés et
à la population hôte. Il faut noter que c'est surtout les
solidarités parentales qui ont favorisé l'accueil de ces
réfugiés dans la ville. Car la population hôte et les
réfugiés sont liés par plusieurs facteurs notamment la
langue, le mariage...etc.
En effet les Touaregs, les Peuls et les Sonraïs d'Ayorou
parlant la même langue et partagent les mêmes traditions et
coutumes que ceux de la région de Gao. C'est le même peuple
séparé par les frontières héritées de la
colonisation (SIDIBE M (2019).La plupart de nos enquêtés
sont accueillis par leurs parents (46%) et par des connaissances (26%), cela
témoigne de la solidarité parentale et locale qu'a fait preuve la
population hôte vis-à-vis des réfugiés.
3.3.3. Localisation des réfugiés dans la
ville d'Ayorou
Les réfugiés maliens se trouvant dans la ville
d'Ayorou à l'exception de quelques-uns ont d'abord
séjourné dans le camp de Tabarey-barey et ensuite sur un site
urbanisé situé à 3 kilomètres de la ville.
Cependant, en 2020 les attaques des groupes armés ont conduit à
une réinstallation de ces réfugiés dans la ville. Il faut
noter que le déplacement des réfugiés du site vers la
ville s'est fait suite à un ultimatum donné par les djihadistes
pour quitter le site. Les travaux de terrain (observation, entretien...)
menées au cours de cette étude nous montrent que les
réfugiés s'installent majoritairement à la
périphérie, au Sud-est de la ville de manière anarchique.
D'autres s'installent dans les champs et dans les parcelles vides des
autochtones et le reste de réfugiés vivent en location ou sont
logés gratuitement.
Ils sont dispersés dans la ville et se sont
mélangés avec les déplacés internes venant des
villages environnants et de la commune d'Inates, ce qui constitue un
véritable problème pour les acteurs humanitaires (CNE, HCR) par
rapport à leur protection et leur suivi dans la ville. Les
réfugiés sont dans tous les quartiers de la ville mais avec des
proportions différentes (figure 6). De ce fait ils sont majoritairement
installés dans les quartiers périphériques notamment les
quartiers Tarrarak et Baktadouf où il y'a une concentration importante
des réfugiés. Par ailleurs, en dehors même de la position
de ces quartiers qui sont à la périphérie de la ville, Ils
sont pratiquement occupés par les Touaregs, ce qui explique en partie le
choix de ces quartiers par les réfugiés qui sont aussi en
majorité des Touaregs. Ces réfugiés sont majoritairement
installés dans des champs ou dans des parcelles sous forme des
squatteurs ou des logés gratuits. Néanmoins d'autres sont
hébergés par leurs parents comme les réfugiés qui
sont installés dans le noyau villageois (Kourey tegui, Kadey koura,
Zongo). On remarque un nombre réduit des réfugiés dans
certains quartiers (Hondobon ; Lazaret ; Faisceau...). Cela s'explique par le
manque d'affinités ethniques et par le choix de ces
réfugiés à ne pas s'y installer. Il faut noter que les
déplacés internes sont majoritairement installés dans ces
quartiers avant même l'arrivée des réfugiés dans la
ville. Cela explique l'absence de ces derniers dans ces quartiers car tous les
réfugiés n'ayant pas été accueilli par des parents,
se sont concentrés dans les quartiers périphériques
notamment Tarrarak et Baktadouf car ils y trouvent des champs et des parcelles
non bâties pour s'installer.
33
Figure 6 : Localisation des réfugiés dans la ville
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
La majorité des réfugiés sont
installés dans les champs et dans les parcelles non loties. C'est
pourquoi ils sont nombreux dans les quartiers
périphériques(Tarrarak). Les autres sont soit
hébergés gratuitement, soit locataires ou squattent dans des
espaces publics (rue) de la ville. La répartition des nos
enquêtés dans la ville (Figure 6) s'explique par le fait nous
avons utilisé la technique de boule de neige. Elle consiste à
identifier un premier enquêté qui nous conduira à un autre
jusqu'à atteindre l'échantillon.
3.3.4. Dispersion des réfugiés dans la ville,
un défi pour les acteurs humanitaires
L'installation des réfugiés dans la ville s'est
faite par affinité c'est-à-dire à travers les
réseaux sociaux. Ce qui expliquerait leur dispersion dans tous les
quartiers de la ville, cependant cela constitue un véritable
problème pour les acteurs humanitaires surtout en ce qui concerne «
le monitoring » c'est-à-dire le suivi et la protection des
réfugiés comme nous l'avons déjà mentionné
plus haut. Le problème est qu'en dehors des réfugiés, la
ville d'Ayorou accueille aussi des déplacés internes qui sont
aussi installés dans la ville sans aucune cartographie.
34
La non maitrise du nombre des réfugiés et le
manque de suivi régulier sont les principales difficultés
liées à cette dispersion. Pour pallier à ce
problème le HCR a entamé une conception cartographique pour avoir
la couverture spatiale des réfugiés dans la ville.
3.4. Parcours des réfugiés maliens
Les réfugiés maliens se sont premièrement
installés dans des villages frontaliers du Niger notamment Gaoudel,
M'beidou et N'dabdab. Cependant avec le temps leur nombre a
considérablement augmenté. C'est ce qui a poussé le
gouvernement du Niger et le HCR à décider de l'ouverture d'un
certain nombre de camps dans les régions de Tillabéry et Tahoua.
En effet, les camps sont la forme d'accueil la plus fréquente. La
construction et l'organisation des camps dépendent des organisations
spécialisées, notamment le HCR, des ONG, et aussi l'État
nigérien. Comme l'observe LASSAILLY JACOB V (ibid.) : « les camps
sont la forme d'accueil la plus fréquemment adoptée par des
autorités pour assister et contrôler des populations
étrangères qu'elles soient munies d'un titre de séjour
où à la recherche d'une protection ». Trop souvent, les
camps sont présentés comme un modèle unique d'univers
clos, alors qu'ils revêtent des réalités multiples. Ainsi,
depuis 2012, dans la commune d'Ayorou les réfugiés ont
été installés sur le camp de Tabarey-barey. L'option
d'installer le camp à Tabarey-barey a été retenue par les
autorités du Niger en tant que solution pour garantir la protection des
réfugiés suivant les normes nationales et internationales. Mais
depuis ce temps certains réfugiés sont installés dans la
ville d'Ayorou. Ainsi, 96% de nos enquêtés ont répondu
avoir séjourné dans le camp de Tabarey-barey ainsi que dans le
site.
A partir de l'an 2019, le camp de Tabarey-barey a
été fermé en raison des attaques terroristes
perpétrées par les groupes armés. Cette situation a
donné lieu à la délocalisation des réfugiés
vers un site aménagé à 3km de la ville d'Ayorou. Ce site
est équipé d'infrastructures sociales notamment des
écoles, un centre de santé, des logements et des bornes fontaines
pour l'alimentation en eau. En 2020 les réfugiés ont
abandonné ledit site à cause des attaques terroristes pour se
réfugier dans la ville d'Ayorou.
3.4.1. Délocalisation des réfugiés du
camp de Tabarey-barey vers le site urbanisé
Le camp de Tabey-barey qui comptait 10690
réfugiés a été fermé en 2018 après
avoir fait l'objet de plusieurs attaques terroristes qui ciblent un certain
nombre des réfugiés. Cette fermeture rentre aussi dans le cadre
d'un projet du HCR et du gouvernement qui consiste à favoriser
l'intégration des réfugiés dans les milieux d'accueil.
Comme l'a dit le représentant du HCR à Ayorou Le camp de
Tabareybarey n'a pas été abandonné, il s'agit d'une
nouvelle stratégie du HCR qui consiste à intégrer les
réfugiés dans la ville d'Ayorou à travers le projet
d'urbanisation (Entretien, 16/08/2021).
Suite aux attaques perpétrées dans le
nord-Tillabery et dans les lieux d'accueil des réfugiés maliens,
le HCR et l'Etat nigérien ont fermé les camps de Tabarey-barey et
de Mangayzé et délocalisé les réfugiés afin
de les intégrer dans la vie sociale et économique (HCR, 2020).
Cette délocalisation des réfugiés met fin à toutes
les interventions humanitaires au niveau du camp de Tabarey-barey.
35
3.4.2. Réfugiés, du site urbanisé
à la ville d'Ayorou
Le site urbanisé est un espace aménagé
avec un équipement des services sociaux (centre de santé,
école, forage...). C'est comme l'a dit le représentant du HCR, ce
site est comme un quartier de la ville d'Ayorou dans lequel vivent les
réfugiés et des personnes vulnérables de la ville. Le site
urbanisé s'inscrit dans le cadre d'une stratégie du HCR et du
gouvernement du Niger visant à faciliter l'intégration des
réfugiés. Le site a été aménagé par
le HCR en collaboration avec la mairie, les chefs coutumiers et les
propriétaires terriens. Il présente des infrastructures
scolaires, sanitaires, administratives et des logements pour les
réfugiés et les autochtones vulnérables. Il faut noter
qu'en dehors des réfugiés, 50 ménages vulnérables
de la ville d'Ayorou ont bénéficié de logements sur le
site et ont accès à tous les services au même titre que les
réfugiés. Cependant après juste un an d'existence sur le
site, les réfugiés se sont déplacés à
nouveau vers la ville. Le déplacement des réfugiés s'est
fait suite à un ultimatum donné par les bandits armés pour
avertir les réfugiés à quitter le site au prix de leur
vie.
36
,! VUN CR NIGER TheMilanVat& gexyr
Aménagement
|
- Camp de réfugiés de Tabareybarey
(Septembre 2015}
du camp de refugies: emplacement des latrines
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|
|
|
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Figure 9 : Le camp de réfugiés de
Tabarey-barey en 2015
Source : ONG ACTED
37
3.4.3. Modes de transport utilisés par les
réfugiés pendant le déplacement
Cette section présente les conditions dans lesquelles
les réfugiés ont effectué le déplacement et les
moyens de transport qu'ils ont utilisé.
En 2012 quand la crise a éclaté au nord-Mali,
les réfugiés ont utilisé divers modes de transport pour se
réfugier au Niger (Tableau n°4). 54% de nos enquêtés
sont venus à dos d'âne, 29% ont marché à pied et
seulement 16% ont effectué leur déplacement en voiture. Il s'agit
à ce niveau des voitures en commun notamment les minus bus qui font la
navette entre Ayorou et le Mali. On remarque que la majorité de
réfugiés a effectué le déplacement dans des
conditions difficiles. Ces propos du chef du comité de
réfugiés maliens confirme cela « Nous avons
quitté le Mali dans des conditions très difficiles,
c'était la panique totale car chacun se cherchait, d'autres ont fui sans
emporter même une aiguille et d'autres se sont déplacés
à dos d'ânes jusqu'au Niger.la majorité des
réfugiés sont les femmes et les enfants car la plupart des jeunes
sont à l'exode pendant la crise, d'autres nous ont rejoint ici à
Ayorou »(Entretien,13/08/2021).
Tableau 4: Mode de transport utilisé par les
réfugiés
Mode de transport
|
Effectifs
|
Fréquence(%)
|
Ane
|
54
|
54
|
Moto
|
1
|
1
|
Pied
|
29
|
29
|
Voiture
|
16
|
16
|
Total général
|
100
|
100
|
Source : Enquête terrain, 2021
Les biens emportés par les réfugiés sont
entre autres des habits, des outils de cuisine et quelques provisions. Cela a
été possible en majorité pour ceux ayant effectué
le déplacement en voiture. Cependant plusieurs réfugiés
n'ont pas eu l'occasion d'emporter leurs affaires et d'autres à la
limite n'ont rien emporté comme biens. C'est pourquoi la plupart des
biens qu'ils possèdent lors de notre enquête, ont
été obtenus soit à travers des achats, des dons ou
auprès de certaines ONG.
3.5. Accès des réfugiés aux services
sociaux de base dans la ville d'Ayorou
L'accès des réfugiés aux services sociaux
de base est très important dans le cadre de cette étude. C'est
pourquoi cette partie met l'accent sur les conditions dans lesquelles ils
accèdent à l'eau, aux soins de santé et au logement dans
la ville d'Ayorou.
3.5.1. Fleuve, principale source d'eau des
réfugiés dans la ville
Les réfugiés maliens comme la population de la
ville d'Ayorou s'approvisionnent principalement au fleuve et une
minorité utilise les bornes fontaines. Ainsi, 28% de nos
enquêtés utilisent les bornes fontaines pour leur alimentation en
eau, contre 72% qui utilisent l'eau du fleuve. Même si cette eau de
fleuve n'est pas potable comme le souligne beaucoup de
nos enquêtés, c'est le manque d'argent qui fait
qu'ils l'utilisent, car ne pouvant pas s'approvisionner quotidiennement de
l'eau des bornes fontaines bidon dont les 25 litres est vendu à 25FCFA.
Les réfugiés rencontrent des véritables difficultés
par rapport à l'accès à l'eau dans la ville, en ce qui
concerne l'eau du fleuve c'est surtout la distance à parcourir pour y
accéder qui constitue une difficulté pour les
réfugiés et pour les bornes fontaines il y'a des faibles
débits et même des coupures d'eau importantes.
38
Photos 1 : une borne fontaine dans la ville Photo 2: Des
enfants réfugiés en provenance du fleuve
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.
3.5.2. Accès à l'eau dans la ville, une
difficulté pour les réfugiés
Les villes font face à des défis de desserte en
eau potable car leurs réseaux d'alimentation en eau ne peuvent pas
répondre aux besoins du fait de la croissance démographique. La
ville d'Ayorou, à l'instar des certaines villes du Niger, rencontre des
difficultés d'accessibilités d'eau potable. Cette situation
s'explique en partie par sa position géographique. La commune d'Ayorou
se situant dans la région du Liptako Gourma qui présente des
difficultés majeures d'accès à l'eau potable (YAYE M,
2018).
Dans la ville d'Ayorou les principales sources d'eau sont le
fleuve et les bonnes fontaines. La ville compte 9 forages, 1 puits moderne, 1
mini AEP et 1poste d'eau autonome (MAIRIE, 2021). Cependant ces ressources
hydrauliques ne permettent pas d'alimenter toute la ville. En plus de la
population, l'arrivée massive des réfugiés maliens et des
déplacés internes intensifient le besoin en eau potable dans la
ville.
L'eau du fleuve est utilisée majoritairement par les
réfugiés pour la consommation et pour d'autres besoins (lessive).
Concernant les bornes fontaines et les autres infrastructures hydrauliques,
elles fonctionnent de façon temporaire autrement dit la
disponibilité de l'eau n'est pas régulière car les
réfugiés s'y approvisionnent seulement dans les matinées.
Une autre difficulté soulevée par les réfugiés est
la distance à parcourir pour avoir accès au fleuve surtout pour
ceux n'ayant pas de moyens de transport comme l'âne ou la charrette.
Certains réfugiés parcourent une distance d'1 à 2km pour
avoir accès au fleuve en fonction du quartier où ils
résident (figure 6).
39
3.5.3. Modes d'éclairage des réfugiés
dans la ville d'Ayorou
Le principal mode d'éclairage des
réfugiés dans la ville reste la lampe rechargeable (Figure 10),
il s'agit des lampes qu'ils rechargent à partir des piles (100FCFA par
unité) ou des lampes électriques qu'ils rechargent dans la ville.
Les 22% de réfugiés utilisent le panneau solaire pour leur
éclairage et un faible pourcentage utilise l'électricité
(9%). Cela s'explique par le manque de moyens des réfugiés
à y accéder. Cependant, parmi les questions prises en charge par
les acteurs humanitaires, la question de l'électricité n'est pas
prise en compte.
La figure 10 présente les différents modes
d'éclairage utilisés par les réfugiés. Le point qui
suit abordera les conditions d'accès au logement dans la ville.
40%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
9%
22%
69%
Figure 10 : Mode d'éclairage utilisé par les
réfugiés dans la ville Source : Enquête terrain,
2021
La plupart de réfugiés qui utilise
l'électricité partage le même compteur avec les familles
d'accueil à l'exception de quelques-uns qui louent des maisons qui ont
leurs propres compteurs.
3.5.4. Accès au logement des réfugiés
dans la ville d'Ayorou
Cette partie traite de l'accès au logement des
réfugiés dans la ville d'Ayorou et les types de logement auxquels
ils ont accès. Selon WALT WALT C (ibid) l'obtention des logements est le
second aspect que les réfugiés estiment être source de leur
meilleure intégration dans la localité d'accueil. Donc
l'acquisition d'un terrain ou d'une maison est un élément
important d'intégration pour les réfugiés.
En ce qui concerne la ville d'Ayorou, les
réfugiés maliens ont accès au logement de plusieurs
manières (figure 11). En effet 36% de chefs de ménages sont
logés gratuitement, ils sont dans les quartiers, ils vivent avec les
habitants et partagent le même logement. Ces réfugiés sont
en grande partie logés gratuitement dans la ville à travers les
liens solidarités locales et parentales. Ceux qui les logent sont leurs
parents, amis et connaissances. C'est le cas par exemple d'un chef de
ménage de réfugiés qui loge chez son beau parent. Ensuite,
30% autres squattent dans la ville. On trouve cette deuxième
catégorie à côté des écoles, au bord des
rues, sur des espaces publics ou à côté des services
administratifs. Certains réfugiés (23%) ont eu
leurs logements à travers de prêt. Ils sont
installés dans les champs et dans les parcelles non bâties de la
population hôte. Ceux qui leur ont prêté sont les habitants
de la ville ayant des champs ou des parcelles qui n'ont pas mis en valeur et
certains sont des natifs (fonctionnaires, acteurs économiques) d'Ayorou
mais qui vivent à Niamey.
Figure 11 : Accès au logement des réfugiés
dans la ville d'Ayorou Source : Enquête terrain, 2021
On constate que l'accès au logement des
réfugiés dans la ville est dominé par le logement gratuit.
Il faut préciser qu'il n'y a pas eu de cas de conflit entre les
habitants et les réfugiés par rapport à cette question.
Les propriétaires terriens n'ont jamais réclamé leurs
champs grâce aux sensibilisations, plaidoiries et cadres de concertation
qu'organisent les acteurs humanitaires et la CNE. Ces propos du chef de canton
« Les habitants de la ville ont fait preuve de solidarités
envers ces réfugiés car comme selon l'adage zarma, « ay
kanka bon kana gna ga koul gaka bon fouta gna mo ga4 »
(Entretien, 14/08/2021).
Enfin, 11% des enquêtés louent des maisons en
banco ou en dur dans la ville, ces réfugiés qui louent ont en
majorité des revenus importants et préfèrent être
dans des maisons confortables et avoir leur autonomie résidentielle que
d'être sous des tentes. C'est des maisons qu'ils louent entre 5000 FCFA
et 7000 FCFA par mois en fonction de l'état de la maison. Ces
réfugiés ont majoritairement du travail (maçonnerie,
artisanat...), ils exercent des activités génératrice de
revenus (commerce...).
40
4 Ce proverbe zarma signifie « lorsque le feu
brûle dans la maison du voisin, il vaut mieux l'aider à
l'éteindre avant qu'il n'arrive chez toi ».
41
Photo 3 : La tente d'un réfugié
installée dans la cour de son parent dans la ville d'Ayorou
:
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
Selon les résultats de ce travail, les
réfugiés vivent dans trois types de logement à savoir la
tente ou bâche, la maison en banco et la maison en dur. Par ailleurs le
3/4 de nos enquêtés vivent sous des tentes. En effet, elles
constituent le type de logement privilégié par le HCR pour loger
les réfugiés où qu'ils soient. La majorité de
réfugiés gardent toujours les bâches que les acteurs
humanitaires les ont offertes depuis qu'ils étaient dans le camp.
Quelques années après, ces tentes étaient plus que
vétustes.
Photo 4: Tente d'un réfugié
installée dans le champ d'un habitant de la ville
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021 3.5.5.
Accès des réfugiés aux soins de santé
L'accès de réfugiés au CSI se fait au
même titre que les habitants de la ville. Mais pour faciliter
l'accès et le traitement des réfugiés, le HCR a
aménagé un petit bloc au sein du CSI de la ville d'Ayorou. Selon
les réfugiés les consultations et traitement sont gratuits.
Malgré les efforts de l'État et des ONG dans le cadre de
l'accès aux services sociaux, le besoin reste encore supérieur
à l'offre. Puisque, non seulement le nombre de réfugiés
augmente dans la ville mais aussi viennent se greffer des
déplacés internes qui se font aussi soigner dans le même
CSI. Selon le représentant du HCR, un centre de santé de type 2 a
été construit sur le
42
site. Mais, puisqu'il a été abandonné il
va falloir reprendre ça dans la ville pour alléger la pression
sur le CSI d'Ayorou.
Photo 5: Une tente au sein du CSI de la ville
d'Ayorou pour le traitement des réfugiés
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
Il faut noter que dans le cadre des soins des
réfugiés, le nombre du personnel du CSI d'Ayorou a
été renforcé et des médecins spécifiques
sont déployés par l'ONG MSF pour les soins de ces
réfugiés.
Conclusion partielle
En définitive, il a été mis en exergue
dans ce chapitre les localités de provenance des réfugiés
maliens, les moyens de transport utilisés pour effectuer le
déplacement, les raisons du choix de la localité d'accueil, les
conditions dans lesquelles les réfugiés ont été
accueillis à Ayorou et leur répartition spatiale dans la ville.
Il a été aussi présenté dans ce chapitre les
conditions dans lesquelles les réfugiés ont accès à
l'eau dans la ville, leurs modes d'éclairage, et enfin les
activités qu'ils exercent au niveau de leurs villages d'origine.
43
Chapitre 4 : Intégration socioéconomiques
et protection des réfugiés maliens dans la ville
d'Ayorou
Ce chapitre aborde l'intervention de l'Etat du Niger et ses
partenaires et leurs actions auprès des réfugiés maliens
dans la ville d'Ayorou pour faciliter leur intégration. Ensuite il
mettra l'accent sur les facteurs socioéconomiques de
l'intégration de ces derniers.
4.1. Etat nigérien dans l'accueil et la protection
des réfugiés dans la ville d'Ayorou
Cette partie présente les actions de l'Etat
nigérien dans le cadre de la protection et de l'assistance des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou et le rapport qu'il
entretient avec les acteurs humanitaires.
4.1.1. De l'enregistrement à l'attribution de statut
de réfugiés
L'État du Niger à travers le bureau
départemental de la CNE assure la protection des réfugiés
maliens dans la ville à travers l'enregistrement, la reconnaissance,
l'attribution du statut de réfugié et la délivrance des
pièces d'identité (carte d'identité de
réfugiés).
L'attestation de réfugié est un acte premier de
leur insertion. C'est un document qui atteste l'attribution du statut de
réfugié aux demandeurs d'asile. Il leur donne le droit de
résider et circuler. Ainsi dans le processus d'insertion de tout
réfugié l'obtention d'un document lui accordant les droits et
l'autorisation de vivre sur le territoire du pays d'accueil se présente
comme élément de ce processus (WALI WALI C, ibid).
Tous les réfugiés maliens se trouvant dans la
ville d'Ayorou sont enregistrés au niveau du bureau de la CNE. Cet
enregistrement leur permet d'avoir le statut de réfugié et
d'avoir accès à toutes les aides humanitaires. L'enregistrement
contribue à les protéger du refoulement non consenti dans leur
pays d'origine. Les réfugiés sont enregistrés en
ménage sur un document appelé « progress » qui est
actualisé en fonction de l'évolution de la taille de
ménage du réfugié. Ce document est un registre qui
contient toutes les informations relatives à l'état civil de tous
les réfugiés maliens qui sont dans la ville d'Ayorou.
Avant même cette procédure d'enregistrement les
réfugiés doivent passer par un processus d'identification
à travers un entretien approfondi appelé « scrining »
entre le réfugié et un agent de la CNE. L'identification des
réfugiés dans la population hôte, demeure difficile pour la
CNE. C'est pourquoi certains autochtones développent des
stratégies de se faire passer pour réfugiés afin de
bénéficier de cette aide.
Selon le représentant de la CNE d'Ayorou :
«L'identification des réfugiés se fait de deux
façons, d'abord ceux qui sont victimes de la crise de 2012 du Mali
bénéficient automatiquement du statut de réfugiés
selon le principe du « Prima-facie ». Par contre tout celui qui
avance une raison autre que celle mentionnée ci-dessus devrait suivre
une procédure individuelle pour pouvoir bénéficier du
statut » (Entretien, 17/08/2021).
La CNE donne aux demandeurs d'asile une petite fiche
dénommée « Token » qui leur donne accès à
certaines aides humanitaires comme les vivres et les soins de santé. En
plus, tous les réfugiés âgés de 18 ans et plus ont
droit à une carte d'identité qui leur donnera le droit de voyager
de circuler librement.
44
Photo 6 : Une attestation de réfugié et une
carte d'identité de réfugié
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
4.1.2. CNE et les autres acteurs humanitaires, quel
rapport dans l'assistance et la protection des réfugiés dans la
ville d'Ayorou
Plusieurs organismes accompagnent l'Etat nigérien en
général et la CNE en particulier dans l'assistance aux
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Cette partie vise
à comprendre les domaines d'intervention de ces organismes et le rapport
qu'ils entretiennent avec la CNE dans la ville d'Ayorou.
En effet, l'assistance humanitaire est mise en oeuvre par
différents acteurs humanitaires. Ces acteurs ont en commun d'agir en
faveur du bien-être des réfugiés et d'apporter des
réponses concrètes aux besoins des réfugiés dans
leur nouvel environnement. La satisfaction de leurs besoins primaires, tels que
le logement, l'alimentation, la santé et la scolarisation sont
indispensables.
Les acteurs humanitaires jouent un rôle important dans
le processus de l'intégration des réfugiés. Comme le
souligne FRESIA M (ibid) ils s'intègrent non seulement à travers
les solidarités locales et parentales mais aussi à travers l'aide
des acteurs humanitaires. De ce fait le premier acteur qui accompagne les
réfugiés c'est l'Etat du Niger qui a fourni refuge et protection
aux Maliens à travers des dispositifs juridiques. Á travers la
CNE, l'Etat leur délivre de pièces administratives (attestation
de réfugié, carte d'identité) pour circuler librement au
même titre que les nationaux. En outre, l'État se fait accompagner
par le HCR qui est la première institution internationale sur la
question des réfugiés. Son mandat initial est d'offrir une
protection et une assistance aux réfugiés. Pour cela le HCR
s'appuie sur d'autres organisations non gouvernementales nationales ou
internationales afin de mettre en oeuvre ses interventions.
Pour la gestion des questions de réfugiés, le
HCR fait une gestion déléguée à l'APBE (Action Pour
le Bien Etre) qui s'assure la coordination de toutes les interventions au
niveau du site.
45
Le HCR alloue des fonds à certaines ONG qui
interviennent dans des domaines différents, notamment l'ADES dans le
domaine de l'éducation, le MSF dans le domaine sanitaire, la CROIX ROUGE
pour la réalisation des abris aux réfugiés. D'autres ONG
qui viennent avec leurs propres fonds comme ACTED, DRC, DIT, COOPI mais,
toutefois elles collaborent toujours avec le HCR par rapport à leur
intervention au niveau des réfugiés dans la ville d'Ayorou.
L'aide humanitaire concerne toutes les actions que
mènent les ONG et le HCR envers les réfugiés. Il s'agit de
la distribution des vivres aux réfugiés, des soins sanitaires
gratuits, de la distribution des biens non alimentaires, des formations et des
AGR pour les réfugiés.
97%
non oui
3%
Tableau 5 : Accès à l'aide humanitaire Source :
Enquête terrain, 2021
Il ressort de notre enquête que 97% de chefs de
ménages bénéficient de l'aide humanitaire dans la ville
d'Ayorou. Cependant 3% de nos enquêtés disent qu'ils ne
bénéficient pas de l'aide humanitaire. Selon le comité des
réfugiés, en 2019, le HCR en partenariat avec la CNE ont
effectué une étude auprès des refugiés pour
évaluer leur niveau de vie et leur situation économique. Suite
à cela certains réfugiés se sont vus exclus des
bénéficiaires de l'aide humanitaire. Selon les responsables de la
CNE et du HCR, ces réfugiés exclus ont un niveau de de vie
décent, leur permettant au moins de s'autonourrir et d'être
autonomes vis-à-vis de l'aide humanitaire.
4.2. Action du HCR
Le mandat du HCR est d'offrir une protection et une assistance
aux réfugiés. En ce sens, son objectif fondamental est de fournir
un cadre de vie dans la sécurité et la dignité à
ces derniers. Le HCR intervient de la phase d'installation à celle de
l'entretien et du maintien du cadre de vie des réfugiés. Des
compétences opérationnelles en matière de services
humanitaires tels que la santé, la logistique, l'eau,
l'éducation, les services communautaires et l'assainissement de
l'environnement sont nécessaires dans l'amélioration des
conditions de vie des réfugiés (SIDIBE M, idem).Le HCR collabore
avec d'autres ONG pour mener ses actions.
46
4.2.1. ONG partenaires du HCR
Les partenaires sont des contractuels ponctuels du HCR et leur
nombre peut varier d'une année à l'autre. Chaque année,
ils doivent répondre à un appel à projet lancé par
le HCR. Ce dernier définit les contours de leur partenariat. Les
partenaires d'exécution ne sont pas obligés de travailler
exclusivement pour le HCR. Cependant, dans d'autres pays le HCR est l'unique
bailleur de ces organismes, c'est le cas du Congo où selon COLEMAN
L(ibid) dans le domaine des réfugiés. Par ailleurs, chacun des
partenaires à un secteur d'intervention spécifique. En effet,
l'Agence de Développement Economique et Social(ADES) intervient dans le
domaine de l'éducation, l'organisation International rescue
committee (IRC) intervient sur le camp dans deux domaines : l'appui aux
jeunes refugiés à travers des activités
génératrices de revenus afin de les rendre autonomes
financièrement et l'appui à l'éducation des enfants,
l'Action pour le bien-être (APBE) assure actuellement l'administration,
la supervision des réfugiés et intervient aussi dans le domaine
de la santé et de la protection de l'enfant, la Croix Rouge
nigérienne apporte son appui pour la réalisation des abris, PLAN
Niger intervient dans la protection de l'environnement, et l'ONG Médecin
Sans Frontière (MSF) intervient dans le domaine sanitaire et Action et
Programme d'Impact au Sahel(APIS) assurent la sécurité
alimentaire des réfugiés et OCHA assure la coordination des
acteurs humanitaires. La liste des ONG partenaires du HCR n'est pas exhaustive.
Parmi ces ONG d'autres viennent avec leurs propres fonds, elles sont
qualifiées d'ONG opérationnelles.
4.2.2. ONG opérationnelles
L'arrivée massive des réfugiés maliens
dans la ville a engendré une crise humanitaire. A cet effet le HCR et
ses partenaires d'exécution qui viennent en aide aux
réfugiés ne peuvent pas répondre à toutes leurs
demandes. C'est pourquoi des ONG de solidarité internationale se sont
alors greffées au HCR dans la mise en oeuvre d'infrastructures, telles
que des latrines, ainsi que dans le secteur de la santé. Ces
organisations n'ont pas de sous-contrat avec le HCR, elles viennent avec leurs
propres fonds. Dans la ville d'Ayorou ces ONG sont entre autre l'agence d'aide
à la coopération technique et au développement(ACTED), le
conseil danois pour les réfugiés (DRC), la division
internationale du travail (DIT), et comprazione internazionale (COOPI) qui
viennent avec leurs propres fonds mais collaborent avec le HCR avant
d'intervenir dans secteurs où le besoin y est. Il y'a également
le programme d'appui aux réfugiés et aux communautés
d'accueil(PARCA).
4.3. Intégration sociale des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou
Cette section vise à analyser l'apport du lien social
existant entre les autochtones et les réfugiés comme un facteur
d'insertion de ces derniers dans leur nouveau milieu.
4.3.1. Intégration des réfugiés
à travers le lien de solidarités locales et parentales
Cette section vise à analyser l'apport du lien social
existant entre les autochtones et les réfugiés comme un facteur
d'intégration de ces derniers dans la ville d'Ayorou. La présence
de la famille, d'amis et des connaissances dans la zone d'accueil constitue un
facteur important d'intégration pour les réfugiés. En
d'autres termes les liens sociaux qui existent entre les réfugiés
et les sociétés d'accueil sont des facteurs importants à
l'intégration des réfugiés. Cela est soutenu par LASSAILLY
JACOB V (2003) qui pense que les réfugiés
47
installés clandestinement dans les zones d'accueil en
utilisant les liens ethniques ou les liens de parenté s'intègrent
rapidement. Ainsi, l'insertion se dessine progressivement par l'implication des
réfugiés à la vie sociale de la zone d'accueil. A l'instar
des réfugiés Erythrée au Congo (BAZENGUISSO GANGO
cité par COLEMAN L, ibid), des réfugiés soudaniens au
Tchad (LAGRANGE MARC A, 2006) et des réfugiés libériens en
Guinée (AGIER M. (2008) qui s'intègrent à travers les
liens sociaux, les réfugiés maliens aussi utilisent le lien de
parenté pour s'intégrer dans la vie sociale et économique
de la ville d'Ayorou.
Plus de 56% de nos enquêtés ont répondu
avoir été accueillis par des parents dans la ville d'Ayorou.
Selon COLEMAN L(ibid), «Le lien social renvoyait alors à une
vision historique à la fois du rapport entre l'individu et ses groupes
d'appartenance, d'un côté et de ses conditions du changement
social de longue durée de l'autre». Selon DURKHEIM E. (1893),
le lien social est « l'ensemble des croyances et des sentiments communs
à la moyenne des membres d'une même société»
Ces liens ont permis aux réfugiés maliens
d'être en harmonie avec la population, de se sentir comme chez eux. Comme
le notifie le chef du comité des réfugiés « Niger
et Mali c'est la même chose, c'est les mêmes populations,
même pratiques, même coutume et tradition. Nous maitrisons plus le
Niger que notre pays parce que avant même la crise nous
développons nos activités commerciales au Niger et nous nous
sommes mariés avec les nigériens, nous avons des liens de
parenté qui datent pas d'aujourd'hui » (Entretien,
14/08/2021). Les relations entre les deux pays sont historiques. Elles
remontent de l'époque coloniale, et reposent sur les contrastes
territoriaux fixés par les colonisateurs marquant ainsi les limites des
pays. La frontière est selon ADAMOU MOUSSA I (ibid) « une
rupture, et en même temps une interface propice aux échanges.
En effet plusieurs réfugiés sont hébergés dans la
ville, d'autres accèdent à des lopins de terres agricoles
grâce aux liens de parenté.
4.3.2. Mariage entre les réfugiés et les
autochtones, comme facteur d'intégration
La `'bonne» cohabitation entre les réfugiés
et la population de la ville d'Ayorou se manifeste par des mariages entre ces
deux populations. Nombreux sont des habitants de la ville d'Ayorou qui se sont
mariés avec des réfugiés. Cela a été
également montré dans d'autres études notamment BELLO
AMADOU M (ibid) pour le cas des réfugiés nigérians dans la
ville de Diffa. En effet, comme le souligne le chef de canton d'Ayorou,
plusieurs habitants se sont mariés avec les réfugiés et
vice versa. MALKKI cité par WALI WALI C (ibid) sur les
réfugiés Burundais à Kigama montre comment les
réfugiés parviennent à s'intégrer autour du mariage
mixte entre eux et la population hôte.
Selon COLEMAN L (ibid) ces mariages mixtes sont sources d'une
bonne cohabitation entre les réfugiés et les locaux et renforcent
le lien social entre les deux communautés. En plus, le mariage constitue
une protection sociale, voire une stratégie de construction sociale pour
les réfugiés qui se marient avec des autochtones. C'est en ce
sens que WALI WALI C cité par BELLO AMADOU M (ibid) souligne que «
le mariage, au-delà de sa valeur sentimentale, peut être
utilisé comme levier d'insertion par les réfugiés au sein
de leur espace d'accueil».
Dans la ville d'Ayorou, plusieurs réfugiés ont
donné leurs filles en mariage à la population et vice versa. Ce
dernier favorise la cohabitation et l'intégration des
réfugiés dans la ville. Ce
48
mariage mixte n'a pas commencé avec l'arrivée
des réfugiés dans ville, cela date de plusieurs
siècles.
4.3.3. Cohabitation entre les réfugiés et la
population de la ville
Selon COLEMAN L(ibid), La cohabitation des
réfugiés est conditionnée par les liens sociaux qui
unissent les réfugiés et les autochtones. Contrairement aux
réfugiés nigérians dans la ville de Diffa (BELLO AMADOU M,
ibid) qui cohabitent difficilement avec les habitants surtout les enfants et
les femmes qui sont toujours en conflit avec ceux de la ville de Diffa à
cause de la différence d'éducation et de culture, les
réfugiés maliens grâce aux liens et aux affinités
qui les lient avec la population, cohabitaient dans ville d'Ayorou. En effet en
dehors de l'entraide entre les deux populations, il y'a eu aussi des mariages
entre eux. Plusieurs réfugiés nous ont confirmé d'avoir
épousé une femme dans la ville ou de donner leurs filles en
mariage. En plus, 92% de nos enquêtés affirment participer
à des cérémonies (mariages et baptêmes) dans la
ville d'Ayorou, « Il y'a une bonne cohabitation entre nous et la
population depuis notre arrivée, il y'a jamais eu de conflit entre nous
à propos de quoi que ce
soit.il y'a même des
réfugiés qui vivent dans la ville avec les habitants d'Ayorou
».(Entretien avec un réfugié malien,05/09/2021). Par
ailleurs, tous les trois mois les chefs de quartiers de la ville d'Ayorou se
réunissent avec le comité des réfugiés pour
débattre de la cohabitation entre les réfugiés et les
habitants de la ville. Il s'agit aussi de réfléchir sur les
mesures à prendre pour harmoniser cette cohabitation.
Cette cohabitation entre les réfugiés et la
population est favorisée par des autorités locales à
travers les matchs de football entre les jeunes de la ville et les jeunes
réfugiés qu'organisent la mairie et ses partenaires. Ensuite dans
toute intervention du HCR ou des ONG, les habitants de la ville sont pris en
compte, ce qui favorise davantage cette cohabitation. Le chef de canton
d'Ayorou nous confirme cela à travers ces propos « Grace
à ces réfugiés les acteurs humanitaires nous fait beaucoup
de choses, ils nous ont renforcé les services de dispensaires, ils ont
fait des sensibilisations, ils ont amené des projets mixtes qui prennent
en compte les réfugiés et les habitants de la ville. Par exemple
il y'a une formation en pisciculture financé par le BIT où c'est
50% des réfugiés et 50% du côté des habitants
d'Ayorou qui en bénéficient. Dans toutes les actions que
mènent les ONG ou le HCR envers les réfugiés, il y'a la
part de la population d'Ayorou » (Entretien, 14/08/2021).
En outre la croix rouge nigérienne organise des femmes
de la ville et des femmes de réfugiées en clubs des mères
pour non seulement améliorer leur cohabitation à travers des
sensibilisations mais aussi à travers des sensibilisations sur
l'hygiène et l'assainissement.
En cas de conflit entre les réfugiés et la
population, la victime fait appel au chef du village, si elle ne trouve pas
satisfaction elle ira se plaindre chez le chef de canton puis au niveau de la
police ou de la gendarmerie jusqu'à être mis dans ses droits.
Pendant la saison pluviale, les habitants se plaignent au niveau des
autorités coutumières pour alerter les réfugiés
à ne pas laisser leurs animaux pâturer dans les champs. Il faut
noter que cela n'a jamais l'objet d'un conflit entre les réfugiés
et les cultivateurs de la ville. A chaque fois qu'il y'a ces genres des
problèmes tous chefs de quartiers se regroupent pour alerter le
comité des réfugiés qui passera le message à tous
les réfugiés.
49
Pour éviter ces genres de conflits, le HCR et ses
partenaires aussi ont mis en place un cadre de concertation qui a lieu tous les
mois. Ce cadre regroupe les chefs de différents quartiers, le
comité des réfugiés, quelques femmes de la ville et les
jeunes leaders. L'objectif assigné est de créer des dialogues
entre ces acteurs au tour des questions liées à la cohabitation
entre les réfugiés et les habitants pour qu'ensemble ils trouvent
une solution.
Photo 7: Plaque de projet de la croix rouge
nigérienne intervenant dans le cadre de la cohabitation entre les
réfugiés et la population de la ville d'Ayorou
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.
4.3.4. Réfugiés maliens et les habitants
d'Ayorou, une communauté réunie
Les réfugiés maliens et les habitants de la
ville d'Ayorou sont deux communautés qui malgré la
frontière ont toujours partagé des bonnes relations en terme de
commerce et de relation sociale. En ce sens qu'on peut dire que les
frontières africaines sont considérées comme des lignes
artificielles, et constituent un frein pour le développement
économique et la mobilité des populations qui bordent ces
frontières (ADAMOU MOUSSA I, ibid). Les communautés de part et
d'autre les frontières étatiques continuent leurs échanges
et leur brassage qui existaient entre eux bien avant la colonisation. Comme l'a
montré ADAMOU MOUSSA I (ibid) pour le cas des populations du sud du
Niger et du Nigeria où le poids important de la migration de
proximité fondée sur la géographie, l'unité
culturelle et les traditions circulatoires reste très actuel. Il en est
de même pour les populations du nord-Tillabéry où
au-delà de la proximité géographique et des ramifications
des populations de part et d'autre au Mali et au Niger, s'ajoute le commerce
qui a fortement contribué à l'interaction et à la
mobilité de ces populations. En effet, le marché historique
d'Ayorou était animé par des gens qui venaient de toutes les
contrées du pays et même des pays voisins notamment le Mali, la
navigation fluviale et la route nationale n°1 sont les facteurs favorisant
ces échanges inter-populations.
50
4.3.5. Fleuve et route nationale, deux facteurs
d'interactions transfrontalières
Si les interactions et les échanges entre les
populations des localités frontalières étaient favorables
c'est parce qu'il y'a des facteurs qui facilitent ces échanges. Ainsi
pour les populations d'Ayorou et celles du Mali, bien avant la crise
sécuritaire, la route nationale n°1 et le fleuve sont deux facteurs
de communication entre elles. En effet, pour la navigation fluviale les moyens
sont les pirogues motorisés et manuels qui font la navette entre Ayorou
et certaines communes du Mali. Ce moyen de transport est en grande partie
négligé par les autorités administratives et la population
(YAYE SEYDOU H, 2014). La route nationale et le fleuve ont beaucoup
contribué dans les échanges et les transactions de populations et
des biens entre ces zones frontalières. Ces propos du Chef de canton
viennent en appui, « ......plusieurs facteurs nous lient comme la
route nationale et la navigation fluviale » (Entretien,
14/08/21).
4.4. Intégration économique des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou
Cette section traite l'intégration des
réfugiés à travers les dimensions économiques. Il
s'agit de l'ensemble des opportunités d'emploi qu'offrent la ville et
les stratégies que les réfugiés développent pour y
accéder.
4.4.1. Stratégies développées par les
réfugiés dans la ville d'Ayorou
Dans un contexte où l'assistance humanitaire tend
à décroitre et est, d'une manière générale,
insuffisante, la construction d'un capital économique est une
stratégie d'adaptation indispensable pour permettre aux
réfugiés de survivre dans leur nouveau milieu. Les
réfugiés maliens développent plusieurs activités
dans la ville d'Ayorou.
4.4.1.1. Activités exercées par les
réfugiés dans la ville, une stratégie d'adaptation et
d'intégration
En dehors de l'assistance humanitaire, les
réfugiés maliens exercent plusieurs activités dans la
ville pour subvenir à leurs besoins car pour plusieurs
réfugiés l'aide humanitaire ne couvre pas tous leurs besoins
familiaux. C'est pourquoi ils exercent plusieurs stratégies dans la
ville. Les activités qu'ils pratiquent sont entre autres l'artisanat,
l'agriculture, le commerce, la vente de bois, l'embouche des animaux, la
maçonnerie, portefaix...etc.
Commerce
Vente de bois morts Aucune Artisanat Portefaix Embouche
Agriculture Moçonnerie
Pêche
Réparation des appareils
Couture Coiffure
27%
23%
12%
11%
10%
8%
7%
5%
3%
2%
2%
1%
51
Figure 12: Activités exercées par les
réfugiés dans la ville Source : Enquête terrain,
2021
Selon nos résultats seulement 12% de nos
enquêtés dépendent uniquement de l'aide humanitaire (Figure
12).C'est-à-dire qu'ils n'exercent aucune activité en dehors de
l'assistance humanitaire. On a aussi constaté que le commerce et la
vente du bois mort sont les deux activités les plus pratiquées
par les réfugiés dans la ville d'Ayorou et 10% font des
activités de colportage le jour du marché d'Ayorou. Une autre
stratégie pour certains réfugiés est la vente de l'aide
alimentaire au marché ou dans la ville pour répondre à
certains besoins financiers. Cette forme de stratégie pour certains
chercheurs comme SIDIBE M (ibid) permet aux réfugiés de se
procurer d'autres produits de nécessité tels que des produits non
alimentaires. Il est important de noter que dans le marché d'Ayorou, un
endroit a été aménagé au sein du marché pour
les réfugiés où ils exercent leurs activités
commerciales. Ils vendent plusieurs objets notamment des produits de l'aide
humanitaire (riz, haricot, huile), du bois mort et d'autres articles.
Photo 8 : Un jeune réfugié confectionnant
des Photo 9 : une vielle femme faisant de
outils artisanaux l'artisanat dans la ville
d'Ayorou
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.
52
Par ailleurs la vente du bois mort est une activité
très développée chez les réfugiés dans la
ville d'Ayorou. Ce sont en général les femmes qui exercent cette
activité en grande partie. Elle constitue une stratégie
d'adaptation et d'intégration pour les réfugiés et elle
procure assez de revenu. Les femmes se déplacent à quelques
kilomètres de la ville à dos d'âne ou sur des charrettes
pour ramasser du bois mort qu'ils vont par la suite vendre dans la ville et
dans le marché d'Ayorou ou des localités environnantes. Elles
vendent ces bois sous forme de bottes à des prix forfaitaires qui
varient de 200FCFA à 500FCFA. C'est surtout le jour du marché que
ces réfugiés gagnent une somme importante d'argent.
Photo 10:Des réfugiés vendant du bois
mort au marché et une femme et sa fille transportant du bois à
vendre dans la ville
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021.
4.4.1.2. Organisation des réfugiés maliens
dans la ville d'Ayorou
Le camp de Tabrey-barey était subdivisé sous
forme de quartiers et le nom de chaque quartier est donné en fonction de
la provenance des réfugiés c'est-à-dire les noms de leurs
localités d'origine. Ainsi, plusieurs comités ont
été créés au sein des réfugiés. Ces
derniers ont l'obligation de prendre en charge les rôles qui leur sont
assignés. Les comités principaux sont: le comité central,
le comité hygiène et assainissement, le comité de
sensibilisation et communication ; le comité de protection et le
comité de violences basées sur le genre « VBG» (SIDIBE
M, ibid). Au niveau de la ville d'Ayorou, seul le comité central prend
en charge toutes les questions de réfugiés. Le comité a
été mis en place par la CNE pour éviter des conflits
interethniques au sein des réfugiés qui sont composés en
grande partie des Touaregs, des Sonraïs, et des Peuls.
4.4.1.2.1. Comité des réfugiés
rôle et rapport avec les acteurs humanitaires
Le comité joue le rôle de médiateur entre
les réfugiés et les acteurs humanitaires, ainsi il tient ces
acteurs au courant de tout ce qui se passe au niveau des
réfugiés, il participe à certaines réunions de la
CNE et du HCR et tache d'informer les réfugiés de ce qui a
été débattu. Lorsque les réfugiés
étaient sur le camp de Tabarey-barey, ils sont organisés en
plusieurs
53
comités dont un comité central et des petits
comités notamment le comité de protection, le comité en
charge de violences basées sur le genre qui rendent compte au
comité central. Cependant depuis qu'ils sont arrivés dans la
ville d'Ayorou, il n'y a que le comité central qui s'occupe de toutes
les questions de réfugiés auprès des acteurs
humanitaires.
Le chef de comité des réfugiés explique
le rôle du comité en ces termes : « Nous mobilisons les
réfugiés en cas de distributions des vivres ou des biens, cela
pour faciliter aux acteurs humanitaires de mener à bien leurs
activités. Nous faisons des plaidoiries auprès de ces acteurs
pour l'amélioration des conditions de vie des réfugiés. En
cas de difficultés ou en cas de l'arrivée des nouveaux
réfugiés nous mettons automatiquement au courant le HCR et la CNE
pour lancer les procédures d'enregistrement et d'attribution du statut
de réfugié » (Entretien, 13/08/2021).
Photo 11: le chef du comité passe une
information aux réfugiés Source :
ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
En ce qui concerne le rapport entre le comité et les
acteurs humanitaires, il faut dire que la CNE, le HCR ou les ONG passent
toujours par ce comité pour des questions d'informations et des actions
humanitaires aux réfugiés. Le comité est permanemment en
contact avec ces acteurs pour des éventuelles informations. Le chef du
comité est souvent convoqué jusqu'à Tillabéry ou
Niamey à des réunions du HCR ou de la CNE. Le comité est
une représentation des réfugiés et facilite les
interventions pour les acteurs humanitaires.
4.4.1.2.2. Associations des réfugiés dans la
ville d'Ayorou
Les réfugiés s'associent dans la ville d'Ayorou
pour s'adapter à travers l'entre-aide. En effet 71% de nos
enquêtés sont membres d'une association avec des habitants ou
entre réfugiés eux-mêmes. Les associations sont de
plusieurs types, il s'agit des « fadas » qui sont surtout
animés par les jeunes, leur rôle est de se rencontrer pour parler
de tout et de rien au tour du thé. Ce type d'association contribue
à la cohésion sociale entre les réfugiés
eux-mêmes et entre les réfugiés et les habitants. Ensuite
vient les « foyendis » auxquels les réfugiés
54
participent pour l'organisation d'une cérémonie
(mariage, baptême), l'objectif est d'aider financièrement un
réfugié qui a eu un mariage ou un baptême. Les
réfugiés font aussi des tontines dans la ville soit entre
eux-mêmes ou avec les habitants de la ville d'Ayorou. Cette
stratégie développée surtout par les femmes permet de
soutenir financièrement un réfugié en lui donnant une
somme d'argent collectée par les membres de l'association.
38%
21% 22%
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
Figue 13: Type d'associations des réfugiés
Source : Enquête terrain, 2021
Par ailleurs lorsqu'un réfugié n'a pas
accès à l'aide humanitaire ou lorsqu'il est dans une
difficulté quelconque, les autres lui viennent en aide pour le soutenir
: « En cas d'activités, les réfugiés s'associent
en équipe pour s'entraider et pour des cérémonies
(mariages ou baptêmes) ils font des cotisations pour s'entre-aider. Les
réfugiés ne bénéficiant pas de l'aide alimentaire
sont aussi aidés par les autres » (Entretien, 13/08/2021).
Ces soutiens se font surtout par affinité entre les
réfugiés autrement dit ceux qui viennent de la même
localité ou qui ont des liens de parenté. Cela est
confirmé par ces propos du chef du comité des
réfugiés
4.4.1.3. Formation des réfugiés par les
acteurs humanitaires
Dans le cadre de l'intégration des
réfugiés, des ONG financent des formations professionnelles pour
les réfugiés afin de les inciter à développer des
activités économiques comme des petits commerces, de l'embouche
ou de la couture. Les réfugiés qui bénéficient de
ces formations sont payés chaque jour de formation.
Ces formations sont pour les acteurs humanitaires une
stratégie d'autonomisation des réfugiés. Deux objectifs
sont visés à travers cette formation. Il s'agit d'abord
d'alphabétiser les réfugiés (savoir lire et écrire)
et de les initier à l'entreprenariat. .
Cependant, tous les réfugiés ne
bénéficient pas de cette formation, c'est seulement quelques-uns
qui en bénéficient et ceux qui n'en ont jamais
bénéficié pensent que c'est du favoritisme de la part du
comité vis-à-vis de certains.
55
Photo 12 : Un enseignant dispensant une formation
d'alphabétisation à un groupe de
réfugiés
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021
4.4.1.4. AGR, source d'autosuffisance des
réfugiés maliens
Les acteurs humanitaires donnent des micro-crédits aux
réfugiés pour les appuyer dans leurs projets économiques.
Cet accompagnement consiste à apprendre aux réfugiés
à se prendre en charge et donc à être autonomes. Ainsi dans
ce cadre, les réfugiés maliens sont accompagnés dans la
ville d'Ayorou à travers des activités génératrices
des revenus. En effet, 21% de nos enquêtés
bénéficient des AGR (Tableau 6), dont 14% en petit commerce, 6%
et 1% en embouche et en couture.
Type d'AGR
|
Effectifs
|
Fréquence(%)
|
Couture
|
1
|
1
|
Embouche
|
6
|
6
|
Petit commerce
|
14
|
14
|
Total
|
26
|
26
|
Tableau 5 : Types d'AGR
Source : Enquête terrain, 2021
L'objectif visé par les acteurs humanitaires à
travers ces AGR est d'autonomiser les réfugiés et de les amener
à être indépendants vis-à-vis de l'aide humanitaire,
car selon le représentant de le CNE : « Ils ne demeurent pas
réfugié éternellement et ils ne peuvent pas
bénéficier de l'aide humanitaire à vie »
(Entretien, 17/08/2021).
4.4.1.5. Distribution mensuelle des vivres aux
réfugiés et la vente de l'aide alimentaire
Á la fin de chaque mois, une gamme de vivres est
distribuée aux réfugiés par le programme alimentaire
mondial (PAM) en collaboration avec la CNE et le HCR. La distribution est
assurée par les agents de l'APBE. Ces vivres sont composés du
riz, du haricot, d'huile, du mil
56
et des condiments. 97% de nos enquêtés
bénéficient de l'aide alimentaire dans la ville et le 3% restant
ont été exclus de l'obtention de cette aide suite à une
évaluation du niveau économique des réfugiés
menée par la CNE et le HCR. Par ailleurs, plusieurs
réfugiés vendent cette aide alimentaire dans la ville pour
pouvoir répondre à certains besoins non alimentaires. Ainsi le
marché d'Ayorou a connu un regain conséquent grâce à
la revente des vivres et autres denrées non alimentaires par les
réfugiés. Il est ressorti de nos enquêtes de terrain que
les réfugiés, afin de se procurer un peu d'argent liquide,
revendent sur le marché ou auprès des habitants de la ville
d'Ayorou, une partie des vivres qu'ils reçoivent. Certains
commerçants locaux achètent ces vivres et les revendent aux
populations des autres villages avoisinants.
Cette vente des vivres constitue pour certains
réfugiés un moyen d'avoir un capital pour débuter une
activité génératrice de revenu. BELLO AMADOU M(ibid) a
observé cette stratégie auprès des réfugiés
mauritaniens qui transforment l'aide alimentaire en capital
générateur d'activité économique. En effet,
certains réfugiés, en revendant cette partie de l'aide,
acquièrent, de quoi pouvoir démarrer une activité
génératrice de revenu ou acheter un autre produit alimentaire qui
correspond à leurs besoins.
Photo 13 : Distribution des vivres aux
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou
Source : ABDOULAYE BOUREIMA H, 2021 4.5.
Aspirations des réfugiés
Les réfugiés maliens n'ont pas les mêmes
aspirations, si certains aspirent de rester dans la ville d'Ayorou toute leur
vie, d'autres ne l'envient pas.
4.5.1. Réfugiés entre retour au Mali et
intégration définitive dans la ville d'Ayorou
La plupart des réfugiés sont retissant par
rapport au retour au Mali et préfèrent rester au Niger
jusqu'à la mort. En effet, 78% de nos enquêtés ne
désirent pas retourner au Mali même si la situation
sécuritaire s'améliore.
22%
non oui
78%
2% 1%
6%
3%
88%
Ayorou Canada France Niamey Tillabery
57
Figure 14 : Intention de retour au Mali Figure 15:
Localité enviée dans 10ans
Source : Enquête terrain, 2021
La figure 15 nous montre que 88% de réfugiés
désirent rester dans la ville d'Ayorou dans 10 ans. Cela a plusieurs
implications en termes d'accès aux services sociaux notamment l'eau,
l'école et la santé. Les autorités administratives (mairie
et préfecture) doivent faire des planifications en tenant en compte de
ces réfugiés qui n'envisagent pas un retour au Mali.
Cependant le premier problème qui se posera à ce
niveau est le conflit générationnel entre les deux populations
(autochtone et réfugiée). Les jeunes de la ville
réclameront leurs champs ou de leurs parcelles qu'occupent les
réfugiés, cela est appuyé par ces propos du chef de canton
d'Ayorou : « Quand nous les vieux nous quittons ce bas monde nos
enfants ne vont pas se lancer dans la même logique que nous envers ces
réfugiés, ils vont réclamer le retour des
réfugiés et quand ce moment viendra ça serait une bombe
à retardement entre les habitants et les réfugiés dans la
ville. Nous fermons les yeux sur beaucoup des choses que les
générations futures n'accepteront pas » (Entretien,
14/08/2021).
Le second problème est lié à la
délocalisation de la ville d'Ayorou inscrit dans le programme du barrage
de Kandadji, parce que les réfugiés ne sont pas pris en compte
dans l'aménagement du nouveau site de la ville. Il y'aura
également à cette allure un problème de gouvernance
urbaine lié à l'accès aux services urbains des habitants
de la ville, des réfugiés et même des
déplacés internes.
4.5.2. Réfugiés dans la ville d'Ayorou, quel
enjeu?
La présence des réfugiés suscite un
certains nombres de problèmes. En effet, elle se traduit par des enjeux
qui se nouent autour d'eux. Au cours de nos observations sur le terrain, nous
avons identifié quelques enjeux liés à leur
présence dans la ville. D'abord il y'a une cartographie importante des
ONG autour de ces réfugiés, ces dernières mènent
plusieurs activités auxquelles la ville bénéficie
notamment avec les projets mixtes. Les autorités de la ville en charge
des services sociaux de base (éducation, santé, eau...)
enregistrent une assistance importante de la part des acteurs humanitaires.
58
Cependant, la présence de réfugiés
maliens provoque des difficultés en termes d'accès aux services
sociaux de base. Ainsi, quel qu'en soient les moyens que les autorités
investissent dans ce secteur, beaucoup reste à faire car la demande
s'accroit à un rythme élevé. Cette situation est
principalement liée à l'arrivée de plus en plus important
des réfugiés et des déplacés internes. Cela
constitue une problématique majeure dans le cadre de la gestion urbaine
de la ville.
Conclusion partielle
En définitive plusieurs facteurs facilitent
l'intégration des réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou.
Il s'agit des liens de parenté, des actions de l'Etat et des agences
humanitaires (attestation et carte de réfugié, octroi des micros
projets) et des stratégies d'adaptation. Enfin la plupart des
réfugiés n'aspirent pas retourner au Mali même si la
situation sécuritaire se stabilise.
59
Conclusion générale
Cette étude a permis d'appréhender les
caractéristiques, la provenance, l'accueil de ces réfugiés
et les facteurs qui facilitent leur intégration.
Il ressort de ce travail que les réfugiés
maliens sont majoritairement originaires de la région de Gao notamment
des communes d'Asongo, de Bourra, de Tin-hama, de Tessit et de Ouattagouna. A
leur arrivée dans la ville d'Ayorou, plusieurs acteurs interviennent
dans l'accueil de ces réfugiés, il s'agit de l'Etat, de la
population hôte et des acteurs humanitaires.
Les réfugiés s'intègrent dans la ville
d'Ayorou à travers les liens sociaux qu'ils tissent avec la population
hôte. Ils sont majoritairement hébergés par leurs parents
ou par des connaissances. Les conditions dans lesquelles ils vivent avec les
habitants de la ville sont favorables car comme le souligne COLEMAN L (ibid) la
cohabitation entre les réfugiés et les autochtones est
conditionnée par les liens sociaux qui les unissent « les liens de
parenté et les connaissances facilitent l'intégration
socioéconomique des réfugiés maliens dans la ville
d'Ayorou ».
L'étude a démontré par ailleurs que les
réfugiés maliens exercent plusieurs activités
génératrices de revenu à Ayorou pour s'intégrer, Il
s'agit de petit commerce, de la vente du bois mort, de l'artisanat, de
porte-faix (kaya kaya)...etc. Ces activités procurent aux
réfugiés des revenus leur permettant de subvenir à
certains besoins (location, habillement) et à faciliter leur
intégration. Ce qui confirme notre deuxième hypothèse
« les réfugiés maliens exercent plusieurs activités
pour s'intégrer dans la ville d'Ayorou ».
Ensuite l'Etat et les acteurs humanitaires accompagnent les
réfugiés maliens dans leur processus d'intégration dans la
ville. En dehors de l'aide alimentaire les réfugiés ont
accès aux services étatiques (attribution des pièces
d'état civil) au même titre que les autochtones. Ces acteurs
accompagnent les réfugiés à travers des formations et des
activités génératrices de revenu(AGR) afin
d'améliorer leur niveau de vie économique. Cela confirme notre
troisième hypothèse « Les actions de l'Etat et des acteurs
humanitaires facilitent l'intégration des réfugiés dans la
ville d'Ayorou ».
En termes de perspective, nous envisageons de faire une
thèse de doctorat sur la dynamique des réfugiés maliens et
de déplacés internes dans une petite ville comme Ouallam et les
reconfigurations urbaines. Il s'agit d'analyser les effets de l'installation
des réfugiés et des déplacés internes dans la ville
de Ouallam en terme de reconfigurations urbaines.
60
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p.339.
62
.
ANNEXES
63
64
Annexe 1 : Guide d'entretien adressé au
représentant de la CNE
Date de l'entretien
Lieu de l'entretien
Position du répondant
Accueil, identification et protection des
réfugiés dans la ville
Quelles dispositions l'Etat a prises pour accueillir les
réfugiés ?
Comment se fait l'identification et la reconnaissance des
réfugiés maliens ?
Quelles sont les actions entreprises l'Etat nigérien et
les acteurs humanitaires pour faciliter l'assistance et la protection des
réfugiés ?
Quelle amélioration les actions de l'Etat ont-elles
amené dans la protection des réfugiés dans la ville
d'Ayorou ?
Quelles sont les difficultés rencontrées par les
autorités à l'arrivée des réfugiés ?
Intégration socioéconomique des
réfugiés
Comment se fait l'intégration socioéconomique des
réfugiés dans la ville d'Ayorou ?
Quelles sont les actions menées par l'Etat pour faciliter
l'intégration socioéconomique des refugiés ?
Quelle évolution les actions de l''Etat ont-elles
amené dans le processus d'intégration des réfugiés
?
Que pensez-vous de l'intégration socioéconomique
des réfugiés dans la ville d'Ayorou ? Cohabitation entre
les réfugiés et la population
Comment les réfugiés vivent-ils avec la population
dans la ville d'Ayorou ?
Comment les réfugiés ont-ils accès aux
services sociaux de base (eau, centre de santé, école) dans la
ville ?
Quelles sont les actions de l'Etat pour améliorer
l'accès à ces services ?
Comment les réfugiés participent-ils aux
activités collectives (mariages, baptêmes ) de la
ville d'Ayorou ?
65
Les stratégies d'adaptation des
réfugiés
Quels sont les problèmes auxquels les
réfugiés font face dans la ville d'Ayorou ? Quelles
stratégies les réfugiés développent-ils pour y
faire face?
Comment les réfugiés maliens s'associent ou
s'entraident-ils dans la ville d'Ayorou ?
Quelles sont les solutions envisagées par l'Etat pour
améliorer les conditions de vie des réfugiés?
Quelles difficultés la CNE rencontre avec les autres
acteurs humanitaires ?
66
Annexe 2 : Guide d'entretien adressé au
représentant du HCR à Ayorou
L'accueil des réfugiés et leur
intégration socioéconomique dans la ville d'Ayorou
Quelles sont les actions menées par le HCR dans l'accueil des
réfugiés ?
Quelles sont les actions entreprises par le HCR pour faciliter
l'intégration socioéconomique des réfugiés ?
Comment les réfugiés ont-ils accès aux
services sociaux (eau, centre de santé, école) ?
Quels sont les différents volets d'intervention du HCR en
faveur des réfugiés ?
Comment le HCR gère-t-il le site des
réfugiés à Ayorou ?
Comment le HCR assure la protection des réfugiés
?
Le HCR collabore-t-il avec d'autres acteurs humanitaires pour
assister les réfugiés ?
Si oui, avec quels acteurs collabore-t-il ?
Sur quel plan ces acteurs assistent-ils ces
réfugiés ?
Cohabitation entre les réfugiés et la
population
Comment les réfugiés cohabitent-ils avec la
population dans la ville d'Ayorou ?
Quelles sont les difficultés qui se nouent au tour de
l'accès aux services sociaux entre les réfugiés et la
population dans la ville ?
Quels autres problèmes les réfugiés font-ils
face dans la ville ? Quelles sont les actions du HCR face aux problèmes
de réfugiés ?
En dehors de l'assistance du HCR, comment les
réfugiés font-ils pour s'adapter dans la ville d'Ayorou ?
67
Annexe 3 : Guide d'entretien adressé au chef du
village d'Ayorou
Présentation de la ville : historique du
peuplement ; population ; activités socioéconomiques des
habitants.
Accueil et protection des réfugiés dans la
ville d'Ayorou
Depuis quand accueillez-vous les réfugiés dans
votre canton ?
Quelles sont leurs principales provenances ?
Qui accueille les réfugiés dans la ville d'Ayorou
?
Comment se fait l'accueil des réfugiés dans la
ville d'Ayorou ?
Comment les réfugiés sont-ils
protégés ?
Stratégies d'adaptation des
réfugiés
Quels sont les problèmes que rencontrent les
réfugiés dans la ville d'Ayorou ?
Quelles sont les stratégies que les réfugiés
entreprennent pour y faire face dans la ville d'Ayorou ?
Quelles sont les actions entreprises par les autochtones pour les
aider à s'adapter ? Cohabitation entre les
réfugiés et les autochtones
Quelles sont les difficultés rencontrées par les
réfugiés dans la cohabitation ?
Quels sont les liens entre les réfugiés et la
population ? Comment la population vit-elle avec les réfugiés
?
Comment les réfugiés et la population partagent-ils
les services sociaux de base (eau, centre de santé, écoles) ?
Y'a-t-il des conflits (litiges) entre la population et les
réfugiés dans la ville d'Ayorou ?
Comment tranchez-vous ces litiges ?
Les aspirations de la population par rapport à la
présence des refugiés
Que pensez-vous de la présence des réfugiés
dans votre ville ?
La population voudrait-elle continuer à vivre avec les
réfugiés ?
68
Annexe 4 : Guide d'entretien adressé au maire de
la ville d'Ayorou
Présentation de la ville : historique du
peuplement ; population ; activités socioéconomiques des
habitants.
Comment s'est fait l'arrivée et l'installation des
réfugiés Maliens dans la ville d'Ayorou ? Comment les
réfugiés vivent dans la ville d'Ayorou ?
Comment se fait leur cohabitation avec la population autochtone
?
Comment est-ce qu'ils accèdent aux services sociaux dans
la ville ?
Quelles sont les difficultés auxquelles font face les
réfugiés dans la ville d'Ayorou ? Comment les
réfugiés s'intègrent-ils dans la vie
socioéconomique de la ville d'Ayorou ? Quels sont les acteurs qui
assistent les réfugiés à s'adapter et à
s'intégrer dans la ville ?
En dehors de l'assistance humanitaire, quelles sont les
stratégies que les réfugiés développent pour
s'adapter ?
Comment les réfugiés sont-ils
protégés dans la ville d'Ayorou ?
Que pensez-vous de la présence des réfugiés
dans la ville d'Ayorou ?
Annexe 5 : Questionnaire adressé aux chefs de
ménages réfugiés dans la ville d'Ayorou
1.Identific tion du réfugie
|
1. Nom et prénom
|
2.
|
3.
|
4.
|
5. Est-ce que vous etes scolarisés?
m 1.Oui O 2. Non
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6. Si oui quel est le niveau de
aeolarisation?
m 1. Primaire 0 2. Collège 0 3. Lycée 0 4.
Superieur
La quesriarr esr perririeur? gare si Esr-ce gare vous tries
scolar isës? - ~Dur
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5. Age
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6.
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7.
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8.
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9. Se=
m I. Masculin O 2_ Feminin
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m
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m
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7. Avra-vous 11.4uent l'école
coranique?
m 1.Oui O 2. Non
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4. Situation matrimoniale
m I. cclibarlaire 0 2. marie. munogame 0 3. marié
polygarrrrr.
m 4. veuf4.e) 0 5. Divorcé(e)
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m
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8. Quel est la taille tie vutre menage?
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Conditions de déplacement et Accueil des r
fugiés
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{1. Depuis quelle armee cie%
-tuuy itï
10. Depuis quelle année 'avez vous quitté
-votre reays';
IL Ai -icrus s jturnes dans d'autres lieux rr-talnw
d -tenir ici?
m I.Oui O 2_Non
12. Si oui quelles sont les localités dais
lesquelles vous sejuurnes a-tont rie venir ici?.
q I. Cita d Tabavey-barey Cl
2_ Site utbarsisé4'Ayoriiu
q 3. Autres â préciser
Voies poivrez cacher. plusieurs cases (2 art
maximum).
La guesriore n'est pertinente que si Avez-vous
5ejor4:71és clappa dâurres lieux
"Our
13. De quelle localité estes-Mn
originaire?
14. De cercle du Mali ete4-vous originaire?
m I. Meneka
m 3. Niono
m 5. Ciao
m 7. Autres â préciser
m 9. Mopti
m 11. Dite'
m I3, Abeibarar
m I5_ Htiurem
m I7_ Douentza
m 2_ Ansongo
m 4. Koro
m 6, Segou
m 8_ Kïdal
m 10_ Tombouctou
m 12. Tessalit
m 14. Niari.inlce
m 16. Ck undarrs
i 5, De quelle région élu Mali +4 tes-vous
originaire?
· I. Coo O 2, Kidall
m 4. Mopti O 5_ Segou
m 7. Koulikoro O 8. Bair iko
m 3, Tombouctou
m Ei_ Sikasso
Q 9. Kayes
l6, Quelle3 sont les raisons de votre
dOplacemcnt?
m 1_ ( tttlit armé,E:onflit inter- t
rnmunautaire
m 2. Pauvreté
m 3. Crise politique
m 4. Tcrrorisrric
m 5. Autres fl préciser
17. Quels sont les moyens de transport utilisés
pendant luire déplacement ?
m I. Voit Lie 0 2. Moto
m 3_ Vein 0 4. A pied
m 5. Charette O 6. Ane
m 7. Charmeau 0 S. Cheval
m 9. Autre a9 préciser
11€. Quels mine les Miens que vous irez
emportés cone vous iir votre arrivée?
I. Mouton 2. Cal cvrc
3.
Vache 4, Ane
5. Poulaille 6. Argent
7.Outils de cousine S_ Habits
9. Couvertures 10. Bidons
11, Boches en plastiques 12, Autres
t rt1olrne2 1G raeporlsev.
19. Quels cunt ks biens clue "mus dispdr CZ
maintenant"
q 1_ Charette 2_ mouton
q 3. Âne 4_ Vache
q 5. Argent 6. Habits
Cl 7. Outils dc cuisine 8. aiches en
plastiqués
q 9_ Bidons 10- Couverture
n 1 I. Autres 6. préciser
VOUSporrre2 rocher plusieurs
eases (1Ù air maxrnarm).
69
43.
42. Etcs-nous mariés?
Q I. {lui Q 2. nein
Si oui quelle Oit la nationalité- de wtre
4onjcrint.
La question n'est pertinente que si Eres-rens
maries ? _ 'ôur°
44. AVEZ-VOMI den enfanta 7
m I. oui O 2, non
45. Si oui sont-lis tnuJnuri scolarisés
?
m 1, oui O 2. non
La question n'est pertinerate que si Avez-vous des
srf rrta?- 'i}Jr r"
44. Si non pourquoi ?
La question ra estpertinerrte que si Si oui
sont-ils toujours scalarrais - 'irarr'r
47. Qui premien charge la ycularité d< vtol
eofaots'
q 1. Bat D 2. HCR
q 3.ONCi D 4. Membre de la famille
q 5_ Moi rnrierrle El 6_ Autres a
préciser
r' rrsporrwrsci c-hrFpirrri urc L c a vu
npasmrrrm?.
InLë aratiou
économique
413. ucllc aetJritc 1:54.et'1 e7_ uuu! CLIII * ]irtalltc
d'r}rIgithe r
q 1. Agricul[urr D 2_ Elevagc
D 3. Peche D 4. Commerce
q 5. Travauxjournaliers 6. Cultures
mnraicheres
q 7. Sa Larié de [Etat g_
Salarié en secteur prive
q 9. Artisanat
Gon, poNS'es cocherp{r.r5rem., ca
eA:
49. Quelle actiwitc exercer vous ici?
q I, Coimxtxc D 2, Travaux journaliers
Cl 3. Agriculture 4. Élevage
q 5. Cultures ntiaraiheres 6_ Aucun
q 7. Autres n preciser R.
Artisanat/Forge rbuspam'ss cocker plusieurs cases (2 au
maximum).
59. Si agriculture comment awrz vous acres â la
terre?
m 1. Don Ce 2. Prot O 3. Pmprictaire O 4. Autres La
question n'est penizerrie que si Quelle activité exercer vans cri?
=
u4saic'rrJrrrr'e"
51. Quelle est votre source de révenu ici? Cl I.
Assistance humanitaire
q 2. Dons
D 3. Fond envoyé par La fairille
q 4, Petits commerces
q 5. Travail journalier
q 6. Vente de produits agricraLS
q 7. Vente dc produits animaliers
q S. Salarié
q 9. Produits artisanaux VoJrs p0ir+'k7 cocher
pfrlsiwrrr ' et es
52. B6néliclkY-vrwm d'Une gide Lumain
talre?
m 1, Oui O 2, Non
53. Si oui quel genre d'aide Itïnïflciez
sous?
Cl 1_ Aide alirncntairc D Cira ILLILL` xanitaire
3. A.
D 4, Formations D 5. Autres
Paris pouvez cocher plusieurs
cases.
La lJrex tirrrrJi est prrtrrrrrrte que
Sr RAIl4ficte2-5 r}Ws d,u,l aide hJrmurriraih ? -
Na"
54. Si A Rale 4ptcl type hënéikiex
onus?
La question n'est pertinente Ive ai Sr oar t
gjref gear e diode labtéfiniez you = "rl GR'r
55. Quelle est ]s souree de votre nourriture
lei?
El I . Production agricole D 2_ Pcchc et
chasse
D 3. Produits animaliers D 4. Échange de
travail/biens
q 5. Achat sur le marché 6_ Aide
humanitaire .rodr.i.p.02 ·1422 Cocher pilrsder/rs t'aies (5 eer
maximum)_
56. Quels smilles acteurs qui vus fournissent ces
services ?
q 1_ Etat 2. HCR El 3. ONU 4_ Autres
kborspotn.ta .tes ': aN mrrsvm
rem.)_
()habitation entre les réfugiés et la
population et strategies d'adaptation
70
57. Eaâste-t-il un lien entre tous et un autochtone
de la ville dAyorou I
m I. oui O2,.non
58. Si oui quel genre die lien existe-t-il entre sous
?
La question Nest pertinente que si Existe-Pif area
lieu entre vous et u - 'ParrR
59. Amr.- c'aN lune Foix 4t #n conflit awes
un habitant pie la'ills JA)orou :!
m I. oui O 2. non
60. Si oui quelles sont les raisons ?
l a gra 'tirrn
ra
est pertrarerrie que
.sr,i+es-Parc.' nese foir cfé err [rrrr rr! a - otr
ë°
61. Comment VINVT-VOM awe Is population de La ville
d'Ayorou ?
62 . Quelles sont les stratégies que vous
développez pour subvenir à leurs besoins
Relations entre les réfugiés et leurs
localités d'origine
63 . Depuis votre arrivée ici êtes-vous une fois
retournés à votre Localité d'origine?
1 . Oui 2 . Non
64 . Si oui à quelles occasions?
1 . Visite 2 . Mariage
3 . Baptême 4 . Décès
5 . Commerce 6 . Autres à préciser
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
La question n'est pertinente que si Depuis votre arrivée
ici êtes-vo = "Oui"
65 . Est-ce que vous recevez de l'argent de
l'extérieur?
1 . Oui 2 . Non
66 . Depuis votre arrivée ici, avez-vous une envoyé
de biens à votre Localité d'origine?
1 . Oui 2 . Non
67 . Si oui, quel genre de biens avez-vous envoyé?
1 . Argent 2 . Céréales 3 . Autres à
préciser Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
Aspirations des réfugiés
71
68 . Souhaiterez-vous retourner définitivement dans votre
lieu D'origine si la situation sécuritaire s'améliore ?
1 . Oui 2 . Non
69 . Si la situation sécuritaire ne s'améliore pas
au Mali, Où Pensez-vous vivre dans 5ans?
70 . Si la situation sécuritaire ne s'améliore pas,
Où pensez-vous vivre dans 10ans?
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