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Les instruments de précision dans la fiabilité des données topographiques


par Lucien Mujinga
ENACTI  - Diplôme d'arpenteur topographe 2021
  

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Section I : PRECISION DU THODOLITE OPTICO-MECANIQUE

La mécanique de base des stations électroniques est souvent la même que celle des théodolites classiques. Par exemple, le modèle T2000 de Leica est une station électronique de précision bâtie sur la base du T2 mécanique. Les précisions de lecture angulaire sont donc comparables : l'écart type constructeur pour une mesure angulaire sur une direction est de #177; 2,5 dmgon sur un T2 et de #177; 1,5 dmgon sur un T2000.69

Le clisimètre permet la mesure directe de pentes avec une précision de 0,5 %. Le tachéomètre est un théodolite couplé à un système de mesure de distances (du grec tachéo, qui signifie rapide).70 On distingue :

? le tachéomètre à diagramme est un ancien modèle mécanique à utiliser avec des mires spéciales. La précision espérée sur une mesure de distance est de l'ordre de #177; 14 cm pour une distance de 50 m.

§1. PRÉCISION DES MESURES ANGULAIRES

1.1. Erreurs systématiques dues à un défaut de l'appareil

1.1.1. Graduation et géométrie des cercles

L'irrégularité des graduations des cercles et le défaut de perpendicularité du cercle horizontal avec l'axe principal sont minimisés par la réitération des lectures effectuées, c'est-à-dire plusieurs lectures du même angle sur des parties différentes de la graduation, décalées de 100 gon.

1.1.2. Défauts d'excentricité

Concernant le défaut d'excentricité de l'axe principal, l'axe principal ne passe pas par le centre du cercle horizontal.

Concernant le défaut d'excentricité de l'axe secondaire, l'axe secondaire ne passe pas par le centre du cercle vertical.

Les appareils les plus précis sont munis d'un système permettant d'éliminer ces défauts d'excentricité (lecture dite « par double vernier » et de lire sur deux parties diamétralement opposées du cercle et d'en faire une moyenne optique. Ce système est utilisé dans le micromètre du théodolite T2.71

Le point O', point de passage de l'axe de rotation (axe P ou T) dans le plan du cercle, est différent du centre du cercle : il existe une excentricité e. L'opérateur lit donc l'angle (á + å) sur un point P quelconque alors qu'il désire lire l'angle á. S'il fait une lecture simultanée sur la partie du cercle diamétralement opposée par rapport à O', il lit l'angle (200 + á - å) ; la moyenne des deux valeurs (l'une diminuée de 200) permet d'obtenir l'angle á exact.72

69 Cours de Topographie générale, Tome I, UNILU, 2020-2021.

70 Idem.

71 CB. MUKONKOLE K. Joseph, notes de cours de Topographie, ENACTI, 2021-2022.

72 Idem.

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Dans le triangle OO'P, l'erreur d'excentricité å est telle que :

sing = siná

e

 

R

R est le rayon du cercle (pour R 2,5 cm, une excentricité de e = 0,001 mm provoque au maximum une erreur angulaire de å = 25 dmgon pour á = 100 gon).

1.1.3. Tourillonnement

L'axe secondaire (T) n'est pas perpendiculaire à l'axe principal (P). Le défaut de tourillonnement t entraîne un déplacement de l'axe de visée OP dans un plan Oxz non vertical incliné de l'angle t.

L'axe secondaire (T) n'est pas perpendiculaire à l'axe principal (P). Le défaut de tourillonnement t entraîne un déplacement de l'axe de visée OP dans un plan Oxz non vertical incliné de l'angle t.73

Le calcul de l'erreur å s'effectue comme suit :

hh' = Oh' . tanå = nh'. Sin t

nh' = Oh'. tan i'

Donc : tanå = sint . tani'

L'erreur sur l'angle de site i est calculée ainsi :

nh = On . sini = nh'. cost

nh' = On . sini' donc sini = sini'. Cost

Ce défaut est aussi appelé collimation verticale.

L'erreur å est éliminée par double retournement : en effet, après avoir effectué cette manipulation, le plan incliné de déplacement de la lunette occupe une position symétrique par rapport au plan vertical comprenant la ligne de visée OP, et l'erreur commise å' est aussi symétrique ; la moyenne des deux lectures élimine ce défaut.74

Le défaut sur i n'est éliminé par aucune manipulation. Il est négligeable pour des angles de site courants : en effet, même avec un angle de site extrême (i = 50 gon), il faudrait un défaut t = 0,1 gon (très important) pour obtenir une erreur négligeable de 1 dmgon sur i.

1.1.4. Collimation horizontale

La collimation horizontale est notée c. L'axe de visée OP n'est pas perpendiculaire à l'axe secondaire (T). Ce défaut de perpendicularité c induit une erreur å sur l'angle horizontal. L'angle i n'est pas affecté par cette erreur : la projection de i sur le plan vertical xOz reste inchangée.

73 CB. MUKONKOLE K. Joseph, Op.cit.

74 Idem.

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La ligne de visée décrit un cône d'axe (T) et d'angle au sommet (200 - 2c). Les angles horizontaux et verticaux sont lus dans le plan vertical OPh alors qu'ils devraient être lus dans le plan vertical Oxz.75

Le calcul de l'erreur å
Oh = OM . cosi = ON

s'effectue comme suit : . cosi

Oh' = ON . sinc = Oh

. sinå Donc sinå=

sin??

cos??

Ce défaut est éliminé par le double retournement pour les même raisons que la collimation verticale. On remarque que pour une visée horizontale sinc = sinå, puisque i = 0, et que l'erreur due au défaut de tourillonnement est nulle puisque tani' = 0 ; c'est donc un procédé pour mettre en évidence l'erreur de collimation horizontale.76

1.1.5. Erreur d'index de cercle vertical

L'index du cercle vertical n'est pas situé sur la verticale du centre du cercle. Cette erreur peut être éliminée par double retournement ou par l'utilisation d'une nivelle d'index. Sur les appareils récents, un automatisme utilisant l'action de la pesanteur minimise ce défaut.77

1.1.6. Erreur d'excentricité du viseur

L'axe de visée ne coupe pas l'axe principal ou l'axe secondaire. Cette erreur est éliminée par double retournement.78

1.1.7. Jeux de fonctionnement

La variation de la position des axes de rotation (P) et (T) est due à la présence obligatoire de jeux de fonctionnement dans les mécanismes de guidage en rotation. Cette erreur peut être minimisée par l'inversion du sens de rotation lors des mesures par paire de séquence. Cette inversion provoque un changement de sens du rattrapage de jeux. Il faut également veiller à ne pas entraîner brusquement un élément en rotation et à toujours effectuer les rotations en manipulant l'alidade de manière symétrique (avec les deux mains en même temps).79

1.2. Erreurs systématiques dues à une cause extérieure

Il s'agit essentiellement des erreurs dues à la réfraction atmosphérique qui incurve le trajet de tout rayon lumineux. Les réfractions sont de deux types :

? réfraction latérale : elle est due à la présence d'une paroi exposée au soleil. Elle est impossible à évaluer ;

? réfraction verticale : elle est due aux variations de densité de l'atmosphère, elle peut être évaluée et corrigée.

Il faut éviter les visées rasantes près d'obstacles importants, au-dessus d'un cours d'eau, trop près du sol par temps chaud à cause du flamboiement1 de l'air.

75 Cours de la pratique professionnelle, ENACTI, 2021-2022.

76 Idem.

77 CB. MUKONKOLE K. Joseph, notes de cours de Topographie, ENACTI, 2021-2022.

78 Idem.

79 Ibidem.

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1.3. Erreurs accidentelles

1.3.1. Erreur de calage de l'axe principal

1. Le calage parfait de l'axe principal est très difficile à réaliser : il n'est jamais parfaitement vertical. Ceci entraîne un défaut d'horizontalité t' de l'axe secondaire, défaut qui ressemble à un défaut de tourillonnement80, entraînant sur l'angle horizontal une erreur å dans la mesure des angles horizontaux de la forme : sinå = sint'. tani, comme pour le tourillonnement.

2. L'incidence de cette erreur sur les angles horizontaux ne peut pas être éliminée par des méthodes de mesure. En revanche, elle peut être mesurée, pour les manipulations de haute précision, au moyen d'une nivelle cavalière : il s'agit d'une nivelle que l'opérateur pose sur les montants de l'alidade et qui permet d'obtenir l'angle d'inclinaison de l'axe secondaire. Cela permet de souligner l'importance de la mise en station et du réglage de la nivelle torique.81

1.3.2. Erreurs de lecture

Pour éviter ce type d'erreur, il faut soigner la lecture sur vernier et effectuer des doubles lectures. Les appareils électroniques à affichage digital limitent les erreurs de lecture et les erreurs de retranscription (en particulier s'ils sont munis d'une interface informatique).82

1.3.3. Erreur de dérive du zéro

Cette erreur est due à la torsion du trépied : les trépieds en bois (ou en métal) étant peu massifs (pour faciliter leur transport) et relativement peu rigides, il existe des phénomènes de torsion du trépied dus aux passages et aux manipulations de l'opérateur, aux dilatations différentielles des pieds sous l'effet du soleil, etc. Ces phénomènes entraînent une dérive du zéro qui peut affecter des mesures de très grande précision (dmgon). Pour les minimiser, il est donc recommandé :

? de rester en station le moins longtemps possible sur un point ;

? d'effectuer les observations à l'ombre d'un parasol ;

? ou bien d'utiliser comme en métrologie des trépieds très massifs et stables.

En mesurage de précision, il est possible de contrôler cette dérive en pointant régulièrement un signal fixe (ou mire de torsion) et en tenant compte de l'évolution des lectures.

1.3.4. Déplacement accidentel de l'appareil

C'est par exemple un déplacement dû à un choc sur un pied. Le contrôle s'effectue en refermant chaque série de lectures angulaires sur le point de départ (fermeture d'un tour d'horizon. Cette manipulation permet aussi de contrôler la dérive du zéro traitée.83

80 Le flamboiement est le tremblement de l'image vue dans la lunette, dû aux effluves de l'atmosphère provoquées par des couches d'air à températures différentes.

81 CB. MUKONKOLE K. Joseph, notes de cours de Topographie, ENACTI, 2021-2022.

82 Idem.

83 Ibidem.

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§.2. LES ANGLES HORIZONTAUX 2.1. Le double retournement

C'est une manipulation consistant en un demi-tour simultané de la lunette et de l'alidade. Cette technique de mesure permet d'éliminer certaines erreurs systématiques et de limiter les fautes de lecture. Lors d'une mesure d'angle horizontal, cela permet :

> de doubler les lectures et donc de diminuer le risque de faute de lecture ;

> de ne pas toujours lire sur la même zone du limbe, donc de limiter l'erreur due aux défauts de graduation du limbe ;

> d'éliminer les défauts de collimation horizontale et de tourillonnement.

L'erreur de centrage sur le point de station et l'erreur de calage de l'axe vertical ne sont pas éliminées par cette manipulation. Il convient donc de soigner ces opérations.84

Pratiquement, on effectue :

> une lecture en cercle gauche (cercle vertical de l'appareil à gauche de l'opérateur, plus généralement en position de référence) ;

> un double retournement ;

> une nouvelle lecture du même angle en cercle droite (cercle vertical à droite).

Si l'on appelle HzCG la valeur lue en cercle gauche, et HzCD celle lue en cercle droit, on doit observer :

HZCD Hz CG + 200

En effet, le double retournement décale le zéro de la graduation de 200 gon ; ceci permet un contrôle simple et immédiat des lectures sur le terrain.

La différence entre les valeurs HzCG et (HzCD - 200) représente la combinaison des erreurs de collimation, de mise en station, de lecture, etc.85

HzCG + (Hz CD - 200 )

Hz=2

si HzCD > 200 gon

HzCG + (Hz CD - 200+400 )

Hz=2

= HzCG + (Hz CD - 200 )

2

si HzCD < 200 gon

L'angle horizontal Hz mesuré vaut alors :

§3. LE CERCLE VERTICAL : LECTURE D'ANGLES VERTICAUX

3.1. Conventions, notations

La lecture d'un angle vertical z, noté aussi V, est réalisée de la manière suivante.

Il est représenté une vue en élévation du cercle vertical d'un théodolite en position de référence (cercle gauche).

84 CB. MUKONKOLE K. Joseph, Op.cit.

85 Cours de Topographie générale, Idem.

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Ce cercle est solidaire de la lunette. Son zéro est placé sur l'axe de la lunette (visée). L'index de lecture est fixe et positionné à la verticale (zénith) du centre optique (t) de l'appareil, lui-même stationné à la verticale du point S. Lorsque la ligne de visée passe par un point M, l'index donne alors la lecture de l'angle z (ou V) intercepté sur le cercle vertical :

z = angle ( t M , t I ) ; z est appelé « angle zénithal » : c'est un angle projeté dans le plan vertical du point de station.86

Pour simplifier le schéma de lecture d'un angle zénithal, on considère que le zéro de la graduation est au zénith lorsque l'appareil est en station.

On considère alors que tout se passe comme si le cercle vertical était fixe et que l'index de lecture se déplaçait avec la visée.

Ceci permet de faire apparaître plus clairement :

> l'angle de site i entre l'horizon et la visée ;

> l'angle nadiral n entre le nadir et la visée.

La configuration du cercle correspond à la position de référence de l'appareil utilisé : dans cette position (cercle à gauche ou bien à droite), l'angle z vaut 100 gon sur l'horizontale.

En position de référence, une rotation de la lunette de haut en bas donne une augmentation de l'angle z de 0 à 200 gon.

Après un double retournement, la même rotation donne une évolution inversée : les angles diminuent de 399 gon à 200 gon.87

Le cercle à gauche de l'opérateur (CG) est la position de référence de la plupart des appareils optico-mécaniques classiques. Soit un point M visé au théodolite, on note généralement :

> V tout angle mesuré dans un plan vertical ; > z angle zénithal ;

> i angle de site (par rapport à l'horizon) ;

> n angle nadiral (par rapport au nadir).

Pour la suite, nous avons préféré la notation V pour les angles zénithaux car l'angle V mesuré par les appareils modernes est toujours l'angle zénithal z. De plus, cela permet d'éviter la confusion avec les coordonnées notées Z.

Les relations entre ces angles sont :

 
 

100 = n i

n = 200 - V

i = 100 - V

 
 

L'angle i est compté positif dans le sens inverse horaire de manière à obtenir un angle de site positif pour une visée au-dessus de l'horizon et un angle de site négatif pour une visée en dessous de l'horizon.

L'angle n est compté positif en sens inverse horaire ; il vaut 0 au nadir et 200 au zénith.88

86 Cours de Topographie générale, Op.cit.

87 Idem.

88 Cours de Topographie générale, Op.cit.

89 Idem.

90 Ibidem.

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2.3. Valeur moyenne d'un angle vertical par double retournement

Pour la suite, nous admettrons que la position de référence de notre appareil mécanique est le cercle à gauche (CG).

Après un double retournement le sens d'évolution de la graduation du cercle vertical est inversé. L'angle lu en cercle droit VCD n'est donc pas « directement comparable » avec l'angle lu en cercle gauche VCG, comme c'était le cas avec les angles horizontaux.89

La relation entre les deux lectures est : VCG = 400 - VCD.

L'angle final moyen déduit des deux lectures est : V= ??CG + (400 - ??CD )

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon