1.6 Revue de
littérature
Afin de mener à bien cette étude, il est
opportun de faire l'état de l'art sur les questions relatives à
la dégradation de la flore ligneuse et sur les stratégies de
gestion durable de ces espèces. Les écrits sur ce sujet sont
diversifiés à travers le monde. Mais très peu sont
spécifiques au secteur d'étude.Quand bien toute cette
littérature n'aborde pas le sujet de la même façon, nombre
d'entre elles sont unanimessur l'ampleur de la surexploitation des formations
ligneuses et les stratégies de gestions durable que ce
phénomène suscite.
1.6.1 Facteurs anthropiques de
dégradation de la flore ligneuses
Gnongbo(2008) a montré que depuis l'époque
coloniale, l'agriculture dans la plaine du Litimé est passée
d'une agriculture traditionnelle qui était en équilibre avec le
milieu naturel à une agriculture de rente dans le milieu ( café
cacao).L'avènement de l'agriculture de rente couplé d'une
augmentation considérable de la population a entrainé une
profonde modification du massif forestier de la plaine du Litimé qui est
sous la menace d'un bouleversement écologique en raison du
déboisement, de la dégradation et de l'érosion du sol.
N'ayant étudié que la dégradation du milieu naturel en
rapport avec l'agriculture, la présente étude
s'intéressera également à d'autres facteurs anthropiques
de vulnérabilitéde l'iroko dans le même secteur
d'étude.
Soussou (2009)a identifié les impacts des
activités humaines sur l'évolution de l'écosystème
forestier du Litimé. Ce qui lui a permis de ressortir l'extension
spatiale des zones habitées et des espaces affectés aux cultures
vivrières au détriment des surfaces couvertes. Les relevés
floristiques ont permis de montrer les changements diachroniques dans les modes
d'occupation du sol. Les principales espèces forestières comme
Khaya grandifoliola, Albizia zygia, Cola nitida, Antiaris toxicaria,
Milicia excelsa sont fréquemment utilisées pour la
production du bois d'oeuvre, de chauffage, du charbon de bois, l'anti
érosion, les agréments, l'alimentation et la pharmacopée.
Ces multiples usages ont conduit au recul de la forêt, à la baisse
de la productivité des terres cultivables ; à la diminution
de la pluviométrie, et à des conséquences
écologiques graves telles que l'érosion des bassins versants et
les glissements de terrain dans le Litimé. L'auteur n'ayant
abordé la dynamique forestière de la plaine du Litimé sous
l'emprise humaine dans son ensemble, la présente étude fera cas
de la dégradation du Milicia excelsa.
Kouya (2009) à travers une
approche pédoanthracologiques a renseigné sur la distribution du
charbon de bois dans les stations sondées. Selon l'auteur, l'action
anthropique associée à l'action climatique imprime un nouveau
visage aux ressources biologiques et aux paysages végétaux. La
surexploitation des ressources et la destruction des habitats naturels
conduisent à mettre en péril la biodiversité. N'ayant
qu'étudié l'action anthropique sur les ressources biologiques
dans leur globalité, cette étude a pour spécificité
de relever les actions anthropiques sur Milicia excelsa dans la plaine
du Litimé.
Adigbli (2007) stipule que le facteur principal de la
déforestation est la pauvreté. Selon l'auteur, la
préfecture d'Agou est considérée comme la zone la plus
humide de la région où les dernières reliques des
îlots de forêts sont en voie de disparition. Les forêts
autrefois sempervirentes font aujourd'hui l'objet de plusieurs attaques
anthropiques et sont remplacées par les savanes. Les raisons qui
contribuent à cette dégradation sont entre autres,
l'accroissement démographique qui se traduit par le doublement de la
population d'Agou yiboe entre 1970 et 2003. Cet accroissement
démographique a entrainé une augmentation des exploitations
agricoles causant ainsi des dommages sur l'espace agricole. La seconde raison
est économique. La surexploitation des terres agricoles entraine
l'appauvrissement des sols et par ricochet l'appauvrissement des populations.
Ceux-ci sont obligés de se tourner vers l'exploitation de la forêt
qui devient ainsi une source de revenu complémentaire. L'auteur relevant
la pauvreté comme seul facteur responsable de la déforestation,
la présente étude explorera d'autres facteurs qui affectent la
dégradation de l'Iroko dans le Litimé.
Koutchika et al (2013) ont indiqué dans
leur étude que 47% des bois sacrés sont sous pression pastorale.
Dans ces bois sacrés, 7 espèces (Afzelia africana,Borassus
aethiopum, Khaya senegalensis, Milicia excelsa,
Ptereocarpuserinaceus, Vitellaria paradoxa et Zanthoxylum
zanthozyloides) sont sur la liste rouge de l'UICN. Le statut des
espèces au Bénin montre que 4 espèces sont en danger et 3
espèces sont vulnérables. Dans ces bois sacrés, 12
espèces animales et 25 espèces floristiques sont citées
dans le traitement de certaines maladies. Notre étude ira dans le
même sens cependant, elle se limitera que sur les menaces anthropiques
auxquelles sont confrontés l'Iroko dans le Litimé.
Le rapport « Plan forestier du
BENIN »révèle que la végétation est
fortement altérée par les actions anthropiques néfastes et
de grandes surfaces de forêts de hautes futaies ont été
défrichées. L'exploitation forestière sélective
conduit à la raréfaction de certaines espèces. Ces
espèces fortement recherchées et menacées sont :
Milicia excelsa, Afzelia africana, Khaya senegalensis et
Pterocarpus erinaceus. La recherche effrénée de bois de
service et de feu et de fabrication de charbon est préjudiciable
à la survie des populations et des espèces elles -mêmes.
C'est le cas des Manilkaraobovota, Rhizophora racemosa et des
Avicennia africana pour le chauffage du sel dans la vallée du
Mono. Selon ce même rapport la non application de la législation
forestière favorise la déforestation rapide et anarchique. La
corruption est la plus pernicieuse et la plus profonde cause de la
dégradation des forêts. La corruption dans le secteur forestier a
plusieurs manifestions : coupe illégale de bois, fraude dans
l'exploitation forestière et falsification de taxe. Ces formes de
corruption sont le reflet du manque de comptabilité et de transparence
des entreprises d'exploitation forestières, du gouvernement et d'autres
acteurs du secteur forestier.
Kouwame (2005) a montré les différentes
phases d'évolution du couvert végétale de la plaine du
Litimé. Il y a environ 6500 ans les conditions climatiques et
édaphiques ont été favorables à l'installation de
la forêt, cependant l'accentuation des activités humaines dans le
milieu a permis une profonde dégradation qui s'est opérée
en deux phases. La première phase fut l'installation des
premières plantations de cacaoyers. La seconde phase était
marquée par la rénovation des plantations et l'introduction de
nouvelles variétés de cacaoyers qui ont conduit à
l'abatage systématique de la forêt. Ainsi, il a
évalué l'aire perdue par la forêt au profit de la savane.
Les forêts qui couvraient 79 % de la Zone en 1954, ne s'étendent
plus que sur une surface de 29,05 % en 2002, soit une diminution de 50,15%. Par
ailleurs, il a observé la perte d'une grande partie de leur composante
floristique dans la strate arborée et arbustive comme Milicia
excelsa, Khaya grandifoliola, Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon,
Cola nitida.
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