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Menaces anthropiques sur milicia exelsa. (welw) c.c berg dans la plaine du Litime (sud-ouest Togo)


par Hala MAGBENGA
Université de Lomé - Master 2016
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE LOME


FACULTE DES SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE (FSHS)

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

LABORATOIRE DE RECHERCHES BIOGEOGRAPHIQUES ET D'ETUDES ENVIRONNEMENTALES

MENACES ANTHROPIQUES SUR MILICIAEXELSA. (welw) C.C Berg DANS LA PLAINE DU LITIME (Sud-Ouest Togo)

(LaRBE)

Mémoire : .... /SHS en vue de l'obtention duGrade de Master Recherche

Domaine : Sciences de l'Homme et de la Société

Mention : Géographie

Spécialité : Géosciences et Dynamique des Milieux

Présenté par :

Hala MAGBENGA

Sous la codirection de :

Prof. Thiou T. K. TCHAMIE

Et

Ama-Edi KOUYA, Maître-assistant

Décembre 2016

DEDICACE

A ma mère REDAH Noélie

A mon père MAGBENGA Koltaba

A tous mes oncles et tantes

Remerciements

Au terme de cette étude, nous avons un agréable plaisir de remercier certaines personnalités qui ont contribué à la réalisation de ce mémoire. Ainsi, c'est avec une profonde gratitude que nous remercions :

Le Professeur Thiou Tanzidani Komlan TCHAMIE, Responsable du Laboratoire de Recherches Biogéographiques et d'études Environnementales (LaRBE). Nous lui sommes infiniment redevable pour l'encadrement et tout le bien qu'il nous a fait à travers sa rigueur dans le travail ;

Professeur Yendoukoa Lalle LARE, Responsable pédagogique du Laboratoire de Recherches Biogéographiques et d'études Environnementales (LaRBE) ;

Monsieur Ama-Edi KOUYA codirecteur du mémoire, pour sa disponibilité et sa volonté manifestede nous diriger. Nous lui sommes reconnaissant pour ses conseils et orientation qui nous ont été très utiles ;

Messieurs Tchaa BOUKPESSI et Minkilabe DJANGBEDJA, Maîtres Assistants,qui nous ont suivi et orienté depuis notre inscription en Master jusqu'à l'élaboration de ce travail, ils ont su surmonter toutes nos caprices et être toujours à notre écoute pour toutes nos préoccupations. Nous leur exprimons notre profonde reconnaissance pour leur simplicité d'homme.

Messieurs Abdourazakou ALASSANE, Faya LEMOU et Tchilabalo BANASSIM, Assistants, pour leurs conseils et leurs soutiens multiformes. La proximité qui a existé entre nous a permis de bénéficier de leurs expériences.

Docteurs Wiyao TAKOU et Zakari KOUMOI qui ont été pour nous non seulement des aînés mais des modèles de réussites à suivre.

A tous les doctorants du Laboratoire particulièrement à Pèhèzounam AHE, Labité SANLA, TinguedameLAMBONI,Laounta AKAME et Nafiou ADRIKA pour leurs diverses contributions à l'aboutissement de ce mémoire.

Nous tenons à remercier très sincèrement Monsieur P. MYNDAMOUN qui nous a accompagné sur le terrain et beaucoup aidé dans la réalisation de ce document.

Aux ainés de Master de la deuxième promotion pour leurs conseils.

A notre oncle Kambi REDAH pour tout ce qu'il a fait et continue de faire pour nous.

Nos remerciements vont également à tous nos promotionnaires à savoir Zibril ANDOU, Abdoulaye TAIROU, Eyou-Edeou TCHADEI, Samsahatou TOUREY, Paguidame TAMPALI, Tchagnirou Abdel-Nazif ZIMARI, Yobire DOUTE et Essossinam KABIE pour la confraternité et le soutien mutuel.

Au préfet de la préfecture de Wawa, Monsieur Yao AMEDJENOU, au conseiller de l'inspection du 1erdegré de Badou et au chef d'antenne de la direction préfectorale de l'environnement et des ressources forestières pour leur soutien et affection portées à notre égard lors de notre séjour dans le Litimé.

A Monsieur Apla de l'ODEF de Davié pour le soutien moral et financier.

Et enfin à tous les chefs cantons, de villages et à toute la population du Litimé pour leur hospitalité.

Résumé

Milicia excelsa est une ressource végétale spontanée qui fait objet de produits commerciaux dans la plaine du Litimé (Préfecture de Wawa) au sud-ouest du Togo. En raison de la qualité de son bois, elle subit une surexploitation. Cette surexploitation entraine sa vulnérabilité. L'étude a pour objectif d'évaluer le potentiel du Milicia excelsa et ensuite déterminer les formes de pression humaines sur l'espèce afin d'identifier les principales mesures de gestion de l'espèce dans la localité. A travers la méthode de transects, 43 relevés itinérants de 20m x 20 m (400 m2) ont été effectués.Les classes de diamètres et de hauteurs ont été réalisées à l'aide du ruban métrique pour les diamètres et l'observation visuelle pour les hauteurs. Les densités et les surfaces terrières par formation végétale et par canton ont été également calculées. Pour estimer la densité de la régénération, des sous placettes de 5 m x 5 m ont été effectuées. En ce qui concerne la détermination des principaux facteurs de dégradation du Milicia excelsa et les stratégies de gestion mises en place par les populations locales,deux types de questionnaires ont été administrés aux paysans et aux exploitants.Les résultats de cette étude ont permis de recenser84 pieds adultes de Milicia excelsa. La majorité des arbres comptés ont un diamètre compris entre (20-50) cm et une hauteur comprise entre (20-25) m. Les agroforêts sont les plus représentés avec une densité de 5,5 pieds/hectare et 0,002007 m2de surface terrière. Quant aux cantons, la densité la plus élevée est située dans le canton de Tomégbé (5,4 pieds/hectare) tandis que la surface terrière la plus importante est localisée dans le canton de Kpete- Bena (0,0023 m2/hectare). La densité la plus importante de la régénération se retrouve dans les recrus forestiers avec 3,2 Pieds/ hectare. Les différentes formes de pressions humaines sur Milicia excelsa ont montrées que l'abattage est le facteur principal (75 %) suivi des feux de végétations (20 %) et des défrichements culturaux (5 %). Les mesures de gestion durable sont limitées. Elles se résument à la protection et reboisement des jeunes plants et à la mise en place des dispositions réglementant l'exploitation du bois d'oeuvre. Les différents usages de l'iroko témoignent de l'urgence et de la nécessité de renforcer des plans de gestion des espaces colonisés par l'espèce en vue de sa sauvegarde dans le Litimé.

Mots clés : Milicia excelsa, Menaces anthropiques, Litimé, Togo

Abstract

Milicia excelsa is a spontaneous plant resource that is the subject of commercial products in the plain of Litimé (Prefecture of Wawa) in the south-west of Togo. Due to its commercial value and the quality of its timber, it is over-exploited. This overexploitation causes its rarefaction. The objective of the study is to evaluate the potential of Milicia excelsa and then to determine the forms of human pressure on the species and to identify the main management measures for the species in the locality. Through the transect method, 43 itinerant 20m x 20m (400m2) surveys were carried out. The classes of diameters and heights were made using the metric tape for diameters and visual observation for the heights. Densities and land areas by vegetation and canton were also calculated. To estimate the density of the regeneration, sub-plots of 5 m × 5 m were carried out. Regarding the determination of the main degradation factors of Milicia excelsa and the management strategies put in the place by local populations, two types of questionnaires were administered to farmers and operators. The results of the study identified 84 adult feet of Milicia excelsa. The majority of the trees counted have a diameter between (20-50) cm and a height between (20-25) m. Agroforests are the most represented with a density of 5.5 feet / hectare and 0.002007 m2 of basal area. The highest density is found in the Township of Tomégbé (5.4 feet / hectare), while the largest basal area is in the Kpete-Bena Township (0.0023 m2 / hectare). The greatest density of regeneration is found in forest recruits with 3.2 Feet / hectare. The different forms of human pressure on Milicia excelsahave shown that culling is the main factor (75%) followed by vegetation fires (20%) and crop clearing (5%). Sustainable management measures are limited. The boil down to the protection and reforestation of seedling and implementation of the regulations goveming the exploitation of timbers. The various uses of iroko reflect the urgency and the need to reinforce management plans for the areas colonized by the species with a view to its safeguarding in the Litimé.

Keywords:Milicia excelsa, Litimé, Anthropogenic threats, Togo

Sigles et acronymes

FAO : Fond des Nations Unis pour l'Alimentation et l'Agriculture

ATIBT : Association Technique Internationale des Bois Tropicaux

ODEF : Office de Développement et l'Exploitation des Forêts

APAF : Association pour la Promotion des Arbres Fertiliaires.

ICAT : Institut de Conseil et d'Appui Technique.

ITRA : Institut Togolaise de Recherche Agronomique

SRCC : Société pour la Rénovation de la Caféière et de la Cacaoyère

ONG : Organisation Non Gouvernementale

LaRBE : Laboratoire de Recherches Biogéographiques et d'Etudes Environnementales

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

IAWA: The International Association of Wood Anatomists.

GPS : Global Positioning System

INSEED : Institut National de la Statistique et de Etudes Economiques et Démographiques

Sommaire

Introduction 1

Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE METHODOLOGIQUE 11

1.1 Problématique 11

1.2 Hypothèses 14

1.3 Objectifs de recherche 14

Chapitre 2. MATERIEL ET METHODE 21

2.1 Matériel 21

2.2 Méthodes 28

Chapitre 3 : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN 34

3.1 Milieu Physique 34

3.2 Milieu humain 42

Chapitre 4 RESULTATS 49

Chapitre 5. DISCUSSION 78

Conclusion et suggestions 82

Références bibliographiques 85

ANNEXES 89

Introduction

Dans les pays sous-développés, la dégradation de la flore forestière est l'un des défis environnementaux majeur. Les facteurs explicatifs sont entre autres l'exploitation du bois d'oeuvre et de chauffe, les incendies, la sécheresse, le surpâturage, le développement des infrastructures, l'expansion des terres agricoles. A cause de la croissance démographique, les reliques forestières des zones difficiles d'accès sont aussi entamées tandis que les forêts riveraines sont encore relativement épargnées par les populations locales pour des raisons culturelles. La disparition de ces écosystèmes forestiers, sous l'effet des activités humaines, réduit drastiquement la diversité biologique (Adjossou et al. 2007 ; Adjossou et Kokou 2008).

Les écosystèmes forestiers sont caractérisés par la prépondérance des formations ligneuses. Ces ligneux sont essentiellement exploitées comme bois d'oeuvre et de service. Le bois d'oeuvre a longtemps constitué la première richesse des Etats africains. L'exploitation des bois africains est relativement ancienne et s'est intensifiée d'abord dans l'entre-deux guerres, puis surtout dans les années 60 (Kolgma ;2010). Au Togo, l'exploitation du bois d'oeuvre a commencé dans les massifs forestiers du sud-ouest où la production était plus rentable cecià cause de la richesse de la forêt, de la présence des infrastructures de communication. Cependant depuis environ deux décennies, les essences de bois d'oeuvre sont de plus en plus rare suite à une exploitation anarchique de celles-ci. Milicia excelsa (Iroko), une espèce ligneuse, essentiellement utilisée comme bois d'oeuvre est menacéeaujourd'hui dans la zone écologie IV et en particulier dans la plaine du Litimé. Cette zone forestière du sud-ouest du Togo au climat subéquatorial et au relief contrasté était la principale pourvoyeuse d'iroko. Mais aujourd'hui elle subit une dégradation continue à cause d'une diversité de facteurs naturels et surtout anthropiques. Selon (Gnongbo, 2003) l'augmentation de la population dans la plaine du Litimé et l'extension considérable des superficies de cultures commerciales ont déséquilibré le système traditionnel de mise en valeur des terres. De ce fait la satisfaction des besoins ne peut être réalisée qu'au prix d'une destruction abusive des ressources naturelles.L'abattage anarchique des grands arbres utiles pour la production du bois de chauffe et du bois d'oeuvre tels que l'iroko (Milicia excelsa), l'acajou (Khaya grandifoliola) constitue un véritable handicap pour la flore de cette plaine. La présente étude intitulée « menaces anthropiques sur Milicia excelsa dans la plaine du Litimé (Sud-ouest Togo) » permettra d'identifier les menaces qui pèsent sur cette espèce très sollicitée pour ses nombreux services.

Ce travail est subdivisé en deux parties :

ü Cadre conceptuel, approche méthodologique et présentation du secteur d'étude ;

ü Présentation des résultats et discussion.

.

1ère PARTIE : CADRE CONCEPTUEL, APPROCHE METHODOLOGIQUE ET PRESENTATION DU SECTEUR D'ETUDE

Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

Ce chapitre présente la problématique, les hypothèses de recherche, les objectifs de l'étude. En outre, il passe en revue les travaux antérieurs touchant la thématique de la vulnérabilité des espèces ligneuses et clarifie les concepts clés utilisés dans ce mémoire. Il ressort également le matériel d'étude, le matériel utilisé et la démarche méthodologique élaborée en vue d'atteindre les objectifs.

1 Cadre conceptuel

1.1 Problématique

Les sociétés rurales des régions tropicales ontentretenu des relations privilégiées avec l'environnement et particulièrement avec l'arbre. Selon Houngbédji, (2008), l'arbre est une partie intégrante et intégrée du paysage au sein duquel il se retrouve. L'arbre assure des fonctions multiples et diversifiées au bénéfice des populations : fonctions environnementales et agroécologiques, fonctionséconomiques, fonctions de structuration de l'espace, dimensions sociales, culturelles et religieuses. L'explosion démographique et l'évolution sociale, économique, écologique vécues par le milieu dans de nombreuses régions tropicales ont progressivement modifié ces équilibres dynamiques entrainant la perte de la biodiversité. Les populations sont obligées de tout tirer de la nature ; ce qui conduit à une exploitation abusive des ressources naturelles.

L'exploitation de Milicia excelsa se fait anarchiquement par des exploitants qui ne se soucient même pas de la capacité de régénération de l'espèce. Dans les années 1980, le rythme d'exploitation du bois d'iroko au Ghana était estimé à environ 173 000 m par an, alors que la régénération des peuplements était estimée à seulement 29 000 m par an(Ofori, 2007). Milicia excelsa est classé dans la liste rouge des espèces menacées selon l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature 2006). Les principales menaces sont la perte et la dégradation de son habitat du fait de l'expansion de l'agriculture, de la surexploitation de son bois.

Les études d'Ofori, (2007) ont montré que Milicia excelsa est un bois d'oeuvre important dans le commerce international. Au cours des années 1960, la Côte d'Ivoire a exporté 61000 m 3 de Milicia excelsa par an, et le Ghana 28 000 m. En 1994, le Cameroun a exporté 77000 m3, le Congo 10 000 m de grumes, et le Ghana 47 000 m. Au cours de la période1998-1999, on a estimé à 133 400 m le volume de bois de Milicia excelsa abattu au Cameroun. De 1998 à 2003, le Gabon a exporté environ 28 500 m de grumes par an. Ces bois d'Iroko exportés témoignent de la forte pression qu'exercent les hommes sur l'espèce en Afrique.

Au Togo, on estime à 1000 m3le volume d'exportation de Milicia excelsaen 2003 (Dainou, 2012) et la principale zone d'exploitationest le sud-ouest du pays. En effet les conditions climatiques et écologiques de la région sont favorables à son développement, cependant depuis quelques décennies la modification de ces conditions climatiques et écologiques couplé à l'action humaine entraine sa raréfaction. L'exploitation du bois est l'une des grandes causes de la déforestation du Litimé ;ce phénomène est accentué par l'usage de la tronçonneuse qui met moins de tempsque la scie jadis utilisée. Cette dégradation de l'iroko dans le Litimé devient un phénomène inquiétant et mérite donc une attention particulière. Quels sont les formes de pression anthropiques sur l'espèce dans la plaine du Litimé ?

Les études de Berg, (1977) ont montré que l'iroko a une large distribution sur le continent africain, allant de la Guinée à l'Ethiopie et de l'Angolaau Zimbabwe. L'arbre atteint une hauteur maximale de 45 à 50 m pour un diamètre de l'ordre de 2,5 m.). Pour Kouwamé, (2005), la formation à Terminalia superba et à Milicia excelsa occupe essentiellement les plaines bien drainées et les collines centrales de la plaine du Litimé, elle occupe aussi la plaine étroite qui sépare le grand escarpement des monts Togo et le mont Ichi. Cette formation se retrouve plus dans la strate arborée supérieure d'une hauteur comprise entre 20 et 35 m avec un taux de recouvrement estimé entre 15 à 30 % (Kouwamé, 2005). Les études de Soussou, (2009) et Kouya, (2009) ont montré un recul important des espèces ligneuses dans cette même plaine. Les plantations de certaines espèces exotiques comme Tectona grandiss'étendent aujourd'hui dans la plaine du Litimé. Il estreconnu pour son pouvoir envahissant surtout quand les conditions écologiques sont favorables comme celles de la plaine du Litimé. Cela entraine ainsi la raréfaction des espèces locales à bois d'oeuvre, en l'occurrence Milicia excelsa.Quel est le potentiel de l'Iroko aujourd'hui dans la plaine du Litimé ?

Plusieurs facteurs concourent à la dégradation de Milicia excelsa.En plus des défrichements culturaux et des feux de végétation, l'extraction de bois d'oeuvre constitue un puissant facteur de dégradation de Milicia excelsa dans le sud-ouest du Togo (Kouya 2009). Restée entre les mains des exploitants locaux, l'exploitation de l'iroko a toujours alimenté un marché intérieur aux besoins croissants. Quant aux défrichements culturaux et feux de végétation, ils détruisent plus les jeunes plants. Le système traditionnel de mise en place des cultures vivrières et de rente utilise encore les techniques d'abattis-brûlis qui sont destructrices des essences, principalement les jeunes pieds de Milicia excelsa. Autrefois, lorsque la durée de la jachère était longue, les jeunes pieds se reconstituaient très rapidement en quantité importante. Aujourd'hui, la récurrence des feux de végétation agit sur la restauration de l'iroko. Quelle est le niveau d'implication des principaux facteurs de vulnérabilité du Miliciaexcelsa dans le Litimé ?

Dans la plaine du Litimé, il existe plusieurs espèces locales qui peuvent contribuer significativement à la restauration des forêts. Cependant, les organes chargés de la protection des ressources forestières dans la plaine du Litimé n'encouragent que le reboisement des essences à croissance rapide au détriment du Milicia excelsa qui est une espèce à croissance lente et dont l'écologie, la sylviculture et la capacité de régénération de l'espèce sont mal connus. Mais face à une baisse drastique des essences locales suite à un usage exagéré et à la forte demande des espèces locales sur le marché du bois, les populations locales et organes chargés de la protection de l'environnement essaient tant bien que mal d'endiguerla vulnérabilité du Milicia excelsa. Quelles sont les efforts entrepris pour une gestion durable du Milicia excelsa dans le Litimé ?

Au regard de tout ce qui précède, la présente étude répondra à toutes ces questions évoquées plus haut pour une connaissance des différentes menaces qui pèsent sur Milicia excelsa.

1.2Hypothèses

Pour une étude scientifique, la formulation des hypothèses s'avère indispensable. En effet, il s'agit de les définir, ensuite, les confirmer ou les infirmer au terme de l'étude.

1.2.1 Hypothèse principale

La valeur marchande de l'iroko et la destruction de son habitat constituent les facteurs de sa rareté dans la plaine du Litimé.

1.2.2 Hypothèses secondaires

H1 : Le potentiel de la plaine du Litimé en essences de Milicia excelsa est faible

H2 : L'exploitation du bois d'oeuvre, les feux de végétation et les défrichements culturaux constituent les principaux facteurs menaçant Milicia excelsa.

H3 : Les efforts de gestion durable du Milicia excelsa sont peu efficaces et très limités.

1.3 Objectifs de recherche

Les objectifs de recherches sont déclinés en objectif général et en objectifs spécifiques.

1.3.1 Objectif général

L'objectif général de cette recherche consiste à analyser les formes de pression sur Milicia excelsadans la Plaine du Litimé.

1.3.2 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de l'étude visent à :

OS1 : Evaluer le potentiel de Milicia excelsa dans la plaine du Litimé.

OS2 : Déterminer la part des principaux facteurs dans la dégradation de Milicia excelsadans le Litimé

OS3 : Identifier les mesures de gestion du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé

1.4 Intérêt du sujet

Ce sujet à un double intérêt, un intérêt scientifique et un intérêt pratique. Du point de vue scientifique, cette étude est une contribution à la connaissance du Milicia excelsa et les formes de pression dont il est victime.

L'intérêt pratique de l'étude consiste à proposer une bonne stratégie de gestion du Milicia excelsa pour une conservation durable. Les décideurs (ODEF, ministère de l'environnement) peuvent également se servir des résultats de l'étude pour élaborer des programmes de restauration du Milicia excelsa.

1.5 Clarification des concepts

Agroforêt : une agroforêt est aussi appelée système agroforestier. Il s'agit d'une forêt dont la composition faunistique et floristique est le fruit d'une gestion par la population locale. Ce concept désigne dans ce travail les formations contenant les espèces ligneuses cultivées comme le café et le cacao

Espèce menacée : la notion d'espèce menacée dans cette étude désigne une espèce potentiellement en danger sur un territoire donné.

Espèce rare : la notion d'espèce rare dans cette étude est comprise comme une espèce de faible fréquence dans un milieu à cause des facteurs internes ou aux facteurs externes tels que la surexploitation, la modification des conditions d'existence du milieu

Espèce vulnérable : le terme espèce vulnérable est compris dans ce travail comme une espèce en déclin sur un territoire donné et dont le nombre diminue progressivement.

Menace anthropique : Menace anthropiquedésigne dans ce présent travail une menace qui est liée à l'être humain ou aux activités humaines.

Plantation : une plantation désigne dans ce travail une exploitation agricole en monoculture à forte valeur économique destiné à la vente vers les marchés internationaux

Recrus forestiers : la présente étude entend par recrus forestiers des formations secondaires qui se développent après l'exploitation partielle ou total des forêts semi-décidues.

Surexploitation : Dans le cadre de cette recherche, la surexploitation est le résultat d'une grande pression ou charge exercé sur une espèce donnée.

1.6 Revue de littérature

Afin de mener à bien cette étude, il est opportun de faire l'état de l'art sur les questions relatives à la dégradation de la flore ligneuse et sur les stratégies de gestion durable de ces espèces. Les écrits sur ce sujet sont diversifiés à travers le monde. Mais très peu sont spécifiques au secteur d'étude.Quand bien toute cette littérature n'aborde pas le sujet de la même façon, nombre d'entre elles sont unanimessur l'ampleur de la surexploitation des formations ligneuses et les stratégies de gestions durable que ce phénomène suscite.

1.6.1 Facteurs anthropiques de dégradation de la flore ligneuses

Gnongbo(2008)  a montré que depuis l'époque coloniale, l'agriculture dans la plaine du Litimé est passée d'une agriculture traditionnelle qui était en équilibre avec le milieu naturel à une agriculture de rente dans le milieu ( café cacao).L'avènement de l'agriculture de rente couplé d'une augmentation considérable de la population a entrainé une profonde modification du massif forestier de la plaine du Litimé qui est sous la menace d'un bouleversement écologique en raison du déboisement, de la dégradation et de l'érosion du sol. N'ayant étudié que la dégradation du milieu naturel en rapport avec l'agriculture, la présente étude s'intéressera également à d'autres facteurs anthropiques de vulnérabilitéde l'iroko dans le même secteur d'étude.

Soussou (2009)a identifié les impacts des activités humaines sur l'évolution de l'écosystème forestier du Litimé. Ce qui lui a permis de ressortir l'extension spatiale des zones habitées et des espaces affectés aux cultures vivrières au détriment des surfaces couvertes. Les relevés floristiques ont permis de montrer les changements diachroniques dans les modes d'occupation du sol. Les principales espèces forestières comme Khaya grandifoliola, Albizia zygia, Cola nitida, Antiaris toxicaria, Milicia excelsa sont fréquemment utilisées pour la production du bois d'oeuvre, de chauffage, du charbon de bois, l'anti érosion, les agréments, l'alimentation et la pharmacopée. Ces multiples usages ont conduit au recul de la forêt, à la baisse de la productivité des terres cultivables ; à la diminution de la pluviométrie, et à des conséquences écologiques graves telles que l'érosion des bassins versants et les glissements de terrain dans le Litimé. L'auteur n'ayant abordé la dynamique forestière de la plaine du Litimé sous l'emprise humaine dans son ensemble, la présente étude fera cas de la dégradation du Milicia excelsa.

Kouya (2009) à travers une approche pédoanthracologiques a renseigné sur la distribution du charbon de bois dans les stations sondées. Selon l'auteur, l'action anthropique associée à l'action climatique imprime un nouveau visage aux ressources biologiques et aux paysages végétaux. La surexploitation des ressources et la destruction des habitats naturels conduisent à mettre en péril la biodiversité. N'ayant qu'étudié l'action anthropique sur les ressources biologiques dans leur globalité, cette étude a pour spécificité de relever les actions anthropiques sur Milicia excelsa dans la plaine du Litimé.

Adigbli (2007) stipule que le facteur principal de la déforestation est la pauvreté. Selon l'auteur, la préfecture d'Agou est considérée comme la zone la plus humide de la région où les dernières reliques des îlots de forêts sont en voie de disparition. Les forêts autrefois sempervirentes font aujourd'hui l'objet de plusieurs attaques anthropiques et sont remplacées par les savanes. Les raisons qui contribuent à cette dégradation sont entre autres, l'accroissement démographique qui se traduit par le doublement de la population d'Agou yiboe entre 1970 et 2003. Cet accroissement démographique a entrainé une augmentation des exploitations agricoles causant ainsi des dommages sur l'espace agricole. La seconde raison est économique. La surexploitation des terres agricoles entraine l'appauvrissement des sols et par ricochet l'appauvrissement des populations. Ceux-ci sont obligés de se tourner vers l'exploitation de la forêt qui devient ainsi une source de revenu complémentaire. L'auteur relevant la pauvreté comme seul facteur responsable de la déforestation, la présente étude explorera d'autres facteurs qui affectent la dégradation de l'Iroko dans le Litimé.

Koutchika et al (2013) ont indiqué dans leur étude que 47% des bois sacrés sont sous pression pastorale. Dans ces bois sacrés, 7 espèces (Afzelia africana,Borassus aethiopum, Khaya senegalensis, Milicia excelsa, Ptereocarpuserinaceus, Vitellaria paradoxa et Zanthoxylum zanthozyloides) sont sur la liste rouge de l'UICN. Le statut des espèces au Bénin montre que 4 espèces sont en danger et 3 espèces sont vulnérables. Dans ces bois sacrés, 12 espèces animales et 25 espèces floristiques sont citées dans le traitement de certaines maladies. Notre étude ira dans le même sens cependant, elle se limitera que sur les menaces anthropiques auxquelles sont confrontés l'Iroko dans le Litimé.

Le rapport « Plan forestier du BENIN »révèle que la végétation est fortement altérée par les actions anthropiques néfastes et de grandes surfaces de forêts de hautes futaies ont été défrichées. L'exploitation forestière sélective conduit à la raréfaction de certaines espèces. Ces espèces fortement recherchées et menacées sont : Milicia excelsa, Afzelia africana, Khaya senegalensis et Pterocarpus erinaceus. La recherche effrénée de bois de service et de feu et de fabrication de charbon est préjudiciable à la survie des populations et des espèces elles -mêmes. C'est le cas des Manilkaraobovota, Rhizophora racemosa et des Avicennia africana pour le chauffage du sel dans la vallée du Mono. Selon ce même rapport la non application de la législation forestière favorise la déforestation rapide et anarchique. La corruption est la plus pernicieuse et la plus profonde cause de la dégradation des forêts. La corruption dans le secteur forestier a plusieurs manifestions : coupe illégale de bois, fraude dans l'exploitation forestière et falsification de taxe. Ces formes de corruption sont le reflet du manque de comptabilité et de transparence des entreprises d'exploitation forestières, du gouvernement et d'autres acteurs du secteur forestier.

Kouwame (2005) a montré les différentes phases d'évolution du couvert végétale de la plaine du Litimé. Il y a environ 6500 ans les conditions climatiques et édaphiques ont été favorables à l'installation de la forêt, cependant l'accentuation des activités humaines dans le milieu a permis une profonde dégradation qui s'est opérée en deux phases. La première phase fut l'installation des premières plantations de cacaoyers. La seconde phase était marquée par la rénovation des plantations et l'introduction de nouvelles variétés de cacaoyers qui ont conduit à l'abatage systématique de la forêt. Ainsi, il a évalué l'aire perdue par la forêt au profit de la savane. Les forêts qui couvraient 79 % de la Zone en 1954, ne s'étendent plus que sur une surface de 29,05 % en 2002, soit une diminution de 50,15%. Par ailleurs, il a observé la perte d'une grande partie de leur composante floristique dans la strate arborée et arbustive comme Milicia excelsa, Khaya grandifoliola, Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon, Cola nitida.

1.6.2Stratégies de gestion durable des espèces ligneuses

Kokou (2012) a fait une étude sur l'inventaire des plantations privées de teck (Tectonagrandis) dans la préfecture de Kloto. Son étude affirme que les plantations forestières notamment celle du teck constituent l'une des solutions pour la restauration des formations végétales. Son étude a contribué à la gestion durable des plantations privées de teck dans le Kloto par la mise en place des systèmes de stumps constituant le matériel de reboisement et le système taungya qui est caractérisé par une association des cultures agricoles aux plantations de teck constitue le principal mode de reboisement. Cette étude ne considérant que le reboisement comme stratégie de gestion, notre étude en dehors du reboisement explorera d'autres pistes.

En ce qui concerne les stratégies de gestion de Milicia excelsa, Sokpon (2003) a montré qu'au Bénin, l'espèce est conservée sous forme de bois sacré. Cette étude a ressorti que 38,5 % des pieds recensés sont sacrés tandis que 61,5 % des pieds recensés peuvent recevoir des sacrifices sans forcément suivre un processus de sacralisation. Cette sacralisation des pieds de Milicia excelsa et de certaines forêts abritant l'essence constitue un moyen fondamental de leur protection par les populations locales. La sacralisation constituant une stratégie endogène de conservation de Milicia excelsa. Notre étude va prendre en compte des stratégies de gestion plus large.

Kokou (2014) dans son étude sur les caractéristiques écologiques du bambou et sa gestion dans le sous bassin de la rivière Amou a identifié les stratégies de conservation de l'espèce des populations locales à travers la protection des bourgeons, la conservation de quelques touffes de bambou dans les rizicultures et jardins potagers, le bouturage ou bourgeonnage volontaire des touffes. Notre étude ira dans le même sens en identifiant les efforts de gestion locale de Milicia dans le Litimé.

Chapitre 2. MATERIEL ET METHODE

Cette partie explore les différents matériels utilisés et la démarche méthodologique adoptée pour atteindre les objectifs de la présente étude.

2.1 Matériel

On distingue à ce niveau, le matériel d'étude et matériel utilisé pour la collecte des données.

2.1.1Matériel d'étude

photo 1photo montrant un pied de Milicia excelsa

Cliché Magbenga ,23/Septembre/2016

Milicia excelsaconstitue le matériel d'étude. Il s'agit d'une espèce végétale de la famille des moraceae (angiosperme). C'est un mégaphanérophyte de la zone tropicale avec une taille pouvant atteindre 40 ou 50 m de hauteur à l'âge adulte. Il domine les arbres de la forêt mésophile et se retrouve aussi en milieu de savane avec des conditions écologiques particulières

2..1.1.1 Historique du Milicia excelsa

Les travaux de Dainou (2012) ont montré que le genre Milicia fut proposé pour la première fois par Sim (1909) pour deux espèces : Miliciaafricana et Miliciaspinosa. Rendle (1916) puis Berg (1977) confirme qu'il s'agissait de Chlorophora. En 1982, berg publia une analyse critique des genres Maclura, Chlorophora et Milicia. Il y concluait d'une part que le genre Chlorophora pouvait être inclus dans le vaste genre Maclura et d'autre part, que les deux espèces africaines de Chlorophora différaient notablement de Chlorophoratinctoria (américain). L'auteur proposa alors que les Chlorophora africains (Chlorophora regia et Chlorophora excelsa) soient placés dans le genre Milicia. Les dénominations Milicia excelsa et Milicia regia sont actuellement les plus répandues et aucune autre analyse critique des liens phylogénétiques au sein des genres Chlorophora et Milicia n'a plus été menée. À noter que Sim n'ayant jamais fourni ou désigné un lectotype des Milicia qu'il avait décrits, ce nom a pu être approprié par, (Berg ,1982). Par ailleurs, l'un des spécimens décrits par Chevalier (1912) comme étant Chlorophora regia provient du Nord du Bénin, pays qui n'abriterait que Milicia excelsa (White, 1966). Ofori (2007) signale aussi que Milicia regia est présente au Nigeria. Dans les régions où sont présentes les deux espèces, les forestiers ne font aucune distinction entre elles, leurs bois étant très similaires (White, 1966 ; Ofori, 2007). La similitude morphologique est telle que si une spéciation du genre s'avérait exacte, elle serait d'origine assez récente et des hybrides existeraient, compliquant la tâche des botanistes (Joker, 2002).

Les premières traces décrites de l'utilisation de l'iroko en Europe datent du début du 20e siècle (Mauriès, 1970) : alors dénommé African oak, l'iroko était importé par les Anglais et servait dans la construction navale. L'importation de ce bois ne prit toutefois de l'ampleur en Europe que vers 1913. Une monographie lui fut consacrée au cours de la première moitié du 20e siècle (Tondeur, 1939). Très vite, l'iroko s'est toutefois avéré sensible aux rythmes d'exploitation pratiqués dans certains pays, au point qu'une réduction sensible de ses effectifs ait été signalée localement (Hawthorne, 1995 ; Joker, 2002), provoquant l'instauration de mesures particulières d'exploitation ou de commercialisation de ce bois.

Bien que l'importance économique de l'iroko ait suscité de nombreuses études scientifiques, celles-ci demeurent fragmentaires et n'ont principalement été menées que dans des pays d'Afrique de l'Ouest et de l'Est (Ebert, 2004 ; Ofori, 2007).

2.1.1.2 Ecologie du Milicia excelsa

Les travaux de Daînou (2012) ont révélé que Milicia excelsa se rencontre dans la forêt décidue, semi-décidue ou sempervirente, primaire ou secondaire. On le trouve souvent dans des forêts galeries et des îlots de forêt ou à l'état isolé dans les régions de savane, et il subsiste parfois à l'état isolé dans les anciennes zones cultivées. On le trouve généralement jusqu'à 1200-1500 m d'altitude, mais on l'a trouvé jusqu'à 4500 m d'altitude sur le mont Kilimandjaro en Tanzanie. En Afrique de l'Ouest, Milicia excelsa pousse dans des régions ayant une température moyenne annuelle de 25-35°C et une pluviométrie annuelle moyenne de 1150-1900 mm Il est considéré comme une essence pionnière exigeant une lumière intense et incapable de supporter une ombre épaisse. Le caractère héliophile strict de Milicia excelsa devrait être toutefois nuancé, Agyeman et al, (1994) rapportent que les meilleurs rythmes de croissance des juvéniles d'iroko s'observent à 42 % de la radiation solaire maximale, durant les quatre premiers mois de vie des plantules. Par ailleurs, la survie des juvéniles de 13 mois d'âge ne serait pas affectée par des taux de radiation solaire compris entre 2 et 37 % (Nichols et al., 1999). On peut ainsi supposer que des plantules d'iroko puissent persister pendant un certain temps dans les sous-bois forestiers peu denses. Néanmoins, le fait que la régénération naturelle semble plus abondante en milieux ouverts que sous canopée (Tondeur, 1939) et que la structure diamétrique soit mieux équilibrée en zones peu fermées tend à attester d'un besoin important en lumière à un stade donné. La période seuil de sa tolérance à l'ombrage demeure toutefois inconnue à l'heure actuelle. Dans une jeune forêt secondaire, par exemple, il ne supporte pas la concurrence des lianes et des arbustes.

Bien que Milicia excelsa pousse sur une large variété de sols, il est exigeant en la fertilité du sol, surtout en ce qui concerne la présence de Potassium et du Phosphore (Dainou, 2003). Il est considéré comme un indicateur de sol fertile convenant à la culture. Il préfère des sols bien drainés, et ne tolère pas les sols engorgés.

2.1.1.3 Anatomie du Milicia excelsa

Milicia excelsa a une anatomie complexe. Plusieurs éléments concourent à l'organisation de l'anatomie de l'espèce. Selon la description anatomique du bois par le code (IAWA): les cernes de croissance sont composés de deux limites de cernes indistinctes ou absentes , 5 vaisseaux à pores disséminés; 13 perforations simples; 22 ponctuations intervasculaires en quinconce; 23 ponctuations alternes en quinconce de forme polygonale; 27 ponctuations intervasculaires grandes (= 10 ìm); 30 ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes; 31 ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparence simples. Les ponctuations rondes ou anguleuses sont regroupées en 32 ponctuations radiovasculaires avec des aréoles très réduites à apparence simple. Les ponctuations horizontales (scalariformes) à verticales ont un diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux = 200 ìm.

Les Trachéides et fibres regroupent 61 fibres avec des ponctuations simples ou finement aréolées ; 66 fibres non cloisonnées ; 69 fibres à parois fines.

Parenchyme axial sont regroupés en 80 parenchyme axial circumvasculaire étiré ; 81 parenchyme axial en losange ; 82 parenchyme axial aliforme ; 83 parenchyme axial anastomosé ; 84 parenchyme axial paratrachéal unilatéral ; 85 parenchyme axial en bandes larges de plus de trois cellules ; 86 parenchyme axial en lignes minces, au maximum larges de trois cellules. Les inclusions minérales quant à elles sont représentées par 136 cristaux prismatiques ; 137 cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons ; 141cristaux prismatiques dans les cellules non cloisonnées du parenchyme axial ; 154 cristal approximativement de même taille par cellule ou par loge (dans les cellules cloisonnées)) ; 155 cristaux de deux tailles différentes par cellule ou par loge.

2.1.1.4 Caractéristiques botaniques

Milicia excelsa, nom scientifique de l'Iroko en français a une classification botanique qui se présente comme suit :

Règne : Végétal

Embrachement : Tracheobionta,

Ordre : Urticales

Famille : Moraceae

Genre : Milicia

Espèce : excelsa

Les travaux de Dainou (2012) ont montré que les feuilles ont des couronnes petites avec des sommets aplatit alternés verts clairs, longues et assez étroites (longueur/largeur = 1,7/1), limbe oblongue ou à peine cordé avec une pubescence très fine à la face intérieure, à l'aspect velouté, douce au toucher y compris les vieilles feuilles, 12 à 22 paires de nervures secondaires, nervation sur la face inférieure avec des aréoles rondes, crevassés et présentant de nombreux petits poils, les pétioles sont longs de 3 à 5 cm. La particularité foliaire des jeunes juvéniles est caractérisée par la croissance sympodiale et les feuilles disposées en deux rangées, la nervure principale est jaune. Le bois a un duramen jaune brun avec une densité comprise entre 550 et 750 kg/m3. Les inflorescences mâles sont longues de 17 cm en moyenne et les calices des fleurs femelles sont entourées à la base d'une collerette dense de longs poils raides, 4 sépales charnus oblong, concave très épais vers le sommet, garnis de poils courts et raide sur la moitié supérieure. Ovaire glabre, atténué à la base, supsitipité, surmonté d'un style inséré et peu obliquement. Les infructescences ont des dimensions comprises entre 3 à 5 cm multipliées par 1,5 cm.

Dainou (2012) dans sa thèse a relevé les caractéristiques botaniques de l'Iroko. L'arbre atteint une hauteur maximale de 45 à 50 m pour un diamètre de l'ordre de 2,5 m (Ofori, 2007). L'écorce a une teinte allant du gris au brun foncé et présente des lenticelles jaunâtres. Le tronc cylindrique et généralement droit est dépourvu de branches sur une hauteur de 15 à 30 m. Il possède parfois de faibles empattements à sa base et exsude abondamment un latex blanc jaunâtre lorsqu'il est entaillé. Chez les arbres adultes, les racines sont souvent superficielles et proéminentes. La cime a une forme étalée, avec des branches obliquement ascendantes. Les feuilles, simples et alternes, sont de forme elliptique à oblongue, mesurant 6 à 20 cm de long pour 4 à 10 cm de large.

2.1.1.5 Reproduction et régénération naturelle du Milicia excelsa

Grâce aux travaux menés par Dainou (2012) sur la production et la régénération du Miliciaexcelsa, il ressort que l'espèce se multiplie principalement par graines. Le poids de 1000 graines est de 1 à 4 g. Il faut environ 40 kg de fruits pour obtenir 1 kg de graines. Etant donné que la couleur des infructescences ne change pas au cours du mûrissement, la maturité doit être déterminée en coupant l'infrutcescence pour voir si la pulpe s'est ramollie. Si l'on a récolté sur l'arbre des infructescences non mûres, il faut les laisser à l'ombre pendant quelques jours pour qu'elles mûrissent. Il est plus facile de les récolter sur le sol, mais les graines doivent être extraites avant que les infructescences commencent à fermenter. On peut séparer les graines en écrasant les infructescences après les avoir immergées dans l'eau pendant une journée environ. Les graines viables coulent dans l'eau et peuvent être aisément séparées des graines vaines qui flottent. Les graines fraîches germent normalement bien ; le taux de germination peut être de plus de 90 % en 4 semaines. Il vaut mieux semer dans les 3 mois suivant la récolte, car la viabilité des graines décroît rapidement. Des graines séchées jusqu'à 8 % de teneur en humidité peuvent être entreposées pendant au moins un an à 0-5°C.

Les graines sont semées sur une planche de semis, et les semis sont repiqués dans des pots ou sur des planches de pépinière 3 semaines après la germination. Environ 4 mois après le semis les jeunes plants ont environ 30 cm de haut, et sont prêts à êtrereplanter sur le terrain. Les jeunes plants supportent bien la transplantation. Au Ghana, des jeunes plants transplantés durant la longue saison des pluies ont montré une meilleure croissance que ceux transplantés durant la petite saison des pluies. Cette croissance meilleure a persisté pendant au moins 9 ans. Une plantation en peuplement mixte avec Terminalia superba a fourni une meilleure croissance qu'une plantation en peuplements purs.

Milicia excelsa peut être multiplié végétativement par boutures de tige et de racine, greffage, marcottage et culture de tissus in vitro. On a obtenu une multiplication réussie en employant des boutures provenant d'arbres de 1 et 2 ans.

Du fait de la grande largeur de l'aubier de Milicia excelsa, les produits d'éclaircie des plantations ont peu de valeur, c'est pourquoi il est recommandé de planter à larges écartements. Les perturbations de la voûte forestière surviennent de manière imprévisible et la disponibilité des diaspores sur de larges étendues et à tout moment de l'année est une stratégie reproductive typique des espèces pionnières (Dalling et al. 2009). Le premier travail décrivant la phénologie reproductive de l'iroko est celui de Nyong'o et al. (1994), bien que d'autres indices des phénophases puissent provenir de l'analyse des herbiers et descriptions botaniques (Aubréville, 1959 ; Berg, 1977 ; Berg et al., 1984) ou d'observations ponctuelles (Tondeur, 1939 ; Osmaston, 1965 ; Ebert, 2004). Globalement, il en ressort que l'iroko tend à fructifier une fois par an vers la fin de la principale saison sèche, et pour une durée n'excédant guère un mois. La production de graines peut être très abondante, même si elle varie fortement d'un arbre à l'autre (Nyong'o et al., 1994). Les paramètres influençant les variations de cette production ne sont pas connus, bien qu'on puisse supposer qu'elle soit régie principalement par :

- les caractères génétiques intrinsèques de l'arbre (White et al., 2007) ;

- la date de floraison et la synchronisation de la floraison entre pieds mâles et femelles (Freitas et al., 2008) ;

- la densité de population et l'isolement des individus (Ricklefs et al., 2005).

2.1.2 Matériel utilisé

Le matériel utilisé pour la collecte des données est constitué de :

Ø Un ruban métrique pour mesurer la circonférence des arbres ;

Ø Un coupe- coupe pour se frayer le chemin ;

Ø Un récepteur GPS pour prendre les coordonnées géographiques des relevés ;

Ø La carte topographique de la zone d'étude pour se repérer ;

Ø L'appareil photographique pour prendre des photos ;

Ø La population riveraine pour mener des enquêtes.

2.2 Méthodes

Il s'agit de la collecte des données de terrain à travers les relevés floristique, du choix des sites, des enquêtes de terrain et enfin le traitement des données.

2.2.1 Collecte et traitements des données

Cette partie consiste à recenser tous les données documentaires et de terrain, puis de les traiter à travers des formules et logiciels appropriés en vue d'interpréter les résultats.

2.2.1.1 Collecte des données

2.2.1.1.1 Données documentaires

Dans le but de mieux cerner les contours du sujet, un recensement et une exploitation des ouvrages généraux, méthodologiques et spécifiques existants sur le thème et sur la plaine du Litimé ont été faits à travers les sites internet, les bibliothèques et les centres de documentation.La plus grande partie de cette recherche documentaire est élaborée au LaRBE (Laboratoire de Recherches Biogéographiques et d'Etudes Environnementales) de l'Université de Lomé. Les autres bibliothèques de l'Université de Lomé notamment la bibliothèque centrale, la bibliothèque de la FLESH.

2.2.1.1.2 Choix des sites

Plusieurs sites ont été choisis dans le compte de cette étude, ceci en fonction des différentes formations végétales, de la position topographique (plaine, bas-versant, mi- versant, sommet), des activités anthropiques et de l'accessibilité du milieu. Ainsi les sites ont été prospectés autour des villages : Kpete-bena, Kpete-bibi, Kpete-Maflo, Akloa ; Tomégbé, Adomi-Abra, Badou, Tadikom, Badou-Djindji, Agbo-kopé, Kessibo, Kessibo-Wawa.

2.2.1.1.3 Relevés floristiques

Sur ces sites choisis, des transects sont parcourus d'Est vers l'Ouest sur une longueur d'environ trois à cinq kilomètres pour relever les pieds d'Iroko. Tout au long des transects, des relevés itinérants de 20 m x 20 m (400 m2) ont été effectués pour recensés les pieds adultes de Milicia excelsa. Des sous placettes de 5m x 5 m ont été placées pour recenser les jeunes pieds. Les pieds juvéniles de diamètre inférieur à 10 cm et de hauteur inférieur à 1,5 m sont estimés comme régénération. On distingue la régénération par rejet de souches et la régénération par semis. Cette méthode a été utilisé dans les travaux de Atakpama (2010), Issa (2012), Kokou et al (2006). L'Observation visuelle a permis d'estimer la hauteur fût et la hauteur totale de chaque arbre de Milicia excelsa. Dans chaque relevé, une fiche de descripteur forestier et écologique a été remplie. Les descripteurs forestiers pris en compte sont la hauteur totale, la hauteur fût et le DBH de chaque pied de Milicia excelsa. Quant au descripteur écologique, les paramètres pris en compte sont : le type de végétation, la nature du sol, la topographie, la pente, l'altitude et les différentes menaces.

2.2.1.1.4 Observations dendrométriques

Les mesures dendrométriques sont effectuées sur les pieds adultes du Milicia excelsa. Ce qui a permis d'analyser les structures diamétriques et de calculer les surfaces terrières. Il s'agit de prendre les mesures des circonférences à hauteur de poitrine (dbh à 1,30 cm au-dessus du sol) ou à 30 cm au-dessus des contreforts pour des arbres qui ont des contreforts.

2.2.1.2 Traitement des données

Le traitement des données a permis de calculer la densité, le diamètre moyen et la surface terrière du Milicia excelsa par formation végétale et par canton et le volume de Milicia excelsa exploité à travers les formules suivantes :

2.2.1.2.1 Densité

Connaissant le nombre moyen d'arbres (n) d'un relevé, la densité D sera évalué à l'hectare à travers la relation D = x 0,0001 . Ce traitement a été effectué par Atakpama (2010), Issa (2012).

2.2.1.2.2 Diamètre moyen

C'est la moyenne des diamètres mesurés dans un groupement, c'est-à-dire la somme des diamètres des arbres sur l'effectif des arbres.

Dm=Ód/n

Dm = diamètre moyen

d = diamètre d'un arbre ; n = effectif des arbres mesurés

2.2.1.2.3 Surface terrière (G)

Ð ? 0,0001 di2

C'est la somme des sections transversales à 1,30 m du sol de tous les arbres. Elle s'exprime en mètre carré par hectare à travers la formulesuivante :

4S

G=

Avecdi = le diamètre à 1,30 m du sol. Cette méthode a été utilisé par Atakpama (2010), Issa (2012).

2.2.1.2.4volume

Le volume des arbres d'iroko exploité sera déterminé par la formule

V = avec C = à la circonférence de l'arbre et H la hauteur. Cette méthode a été utilisé par Gbedjangni (2012).

Les résultats des enquêtes sont dépouillés à l'aide du logiciel Sphinx 4.5. Ce logiciel permet de saisir les différentes réponses obtenues à travers l'administration des questionnaires et d'analyser les résultats à partir des tableaux et graphiques. Le logiciel QGIS est utilisé pour l'élaboration des cartes de la zone. Ainsi les données relevées sur le terrain à l'aide du GPS sont exportées dans le logiciel pour faire une cartographie complète de la zone d'étude et des sites parcourus. Quant au tableur Excel, il a servi à illustrer des graphiques et figurés pour l'interprétation des données de terrain. Et enfin le logiciel Word a permis de produire le document final.

2.2.1.3 Enquêtes de terrain

Les enquêtes de terrain sonteffectuées à travers l'administration des questionnaires pour recueillir des informations auprès de la population. Les questions ont porté sur les principaux facteurs de dégradation, les multiples usages de l'Iroko par les habitants et des mesures pour sauvegarder l'espèce dans la localité. A cet effet les questionnaires furent orientésvers les paysans et les exploitants ou tronçonneurs connus sous le nom de « Opérator » à travers un échantillonnage aléatoire. Le questionnaire contient à la fois des questions fermés et ouvertes. Les questions fermées ont permis d'avoir des informations quantitatives alors que les questions ouvertes ont donné des informations qualitatives. Les quatre cantons qui composent la plaine du Litimé ont été enquêtés. Le Tableau I montre les localités enquêtées par canton.

Tableau I: Localités Enquêtées par canton

cantons

localités

Kessibo

Kessibo, Kessibo-Wawa

Badou

Badou, Badou-Dzindzi

Tomégbé

Tomégbé, Adomi-Abra

Kpete-Bena

Kpete- Bena, Mangoassi

Source : Travaux de Terrain

Deux villages ont été choisis par canton en vue de l'administration du questionnaire ; ceci en fonction de l'importance des localités en terme de populations (Tableau I). Deux questionnaires sont conçus, un questionnaire destiné aux exploitants et le second à l'endroit des paysans. Un total de 152 personnes a été enquêté dont 126 paysans et 26 exploitants.

En dehors du questionnaire, des entretiens ont été menés auprès des agents forestiers, les représentants des organismes de protection des forêts. Il s'agit de l'ODEF, de la direction de l'environnement et des ressources forestières de la préfecture de Wawa. Au niveau de l'ODEF et de la Direction de l'Environnement et des Ressources Forestières de la préfecture de Wawa, il s'agit d'obtenir des données sur les quantités d'Iroko exploitées ces dernières années ainsi que les autres espèces de bois d'oeuvre.

Figure 1: Carte des sites d'enquêtes et relevés

Source : INSEED 2010

Chapitre 3 : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN

Dans le souci de mieux connaitre les caractéristiques de la plaine du Litimé, une présentation physique et humaine est faite dans ce chapitre pour appréhender les réalités sur lesquelles le Milicia excelsa est menacé.

3.1 Milieu Physique

3.1.1 Cadre géographique

Le Litimé est situé entre 7° 20' et 7° 43' de latitude Nord et 0° 30' et 0° 40' longitude Est. Il a une superficie d'environ 450 km2. Il est limité au Nord par la préfecture d'Akebou, au Sud et à l'ouest par le Ghana et à l'est par le rebord du plateau Akposso. Cette zone est située à l'extrême Ouest de la Préfecture de Wawa dans la Région des Plateaux. Le Litimé est composé de 4 cantons qui sont : Badou ; Kpete- Bena ; Kessibo et Tomégbé (Figure 2).

Ce territoire résulte du jeu de compensation territoriale entre la France et la Grande Bretagne lors de la première guerre mondiale.

3.1.2Relief

La plaine du Litimé s'installe sur le bassin schisteux de la Volta. Avec une altitude faible située entre 200 et 300 m. Elle se rattache au plateau Akposso à l'Est par un important escarpement d'une puissance de 400 m. Dans la zone de contact entre la plaine et le plateau appartenant à la dorsale atakorienne se développe un moutonnement de basses collines (400 à 500 m) s'alignant parallèlement à l'escarpement (Gnongbo, 2003).A l'aplanissement mi-tertiaire formant la surface atacorienne que manifeste ici le plateau Akposso dont certaines crêtes culminent à plus de 950 m, succède en contrebas vers 300 m la plaine du Litimé qui appartient au bassin moyen de la Volta.

Le relief contrasté du Litimé est l'héritage des changements climatiques du quaternaire. Les oscillations climatiques ont légué à ce secteur des formes et formations superficielles variées.

Figure 2: Carte de la situation géographique du Litimé

Source : INSEED, 2010

3.1.3 Géologie

Les formations géologiques de la plaine du Litimé font partie des plus anciennes formations issues des mouvements tectoniques des phases de pénéplanation qui daterait du paléozoïque inférieur. Ces formations sont essentiellement constituées de schistes. Elles s'insèrent entre le Buem au Ghana et l'unité structurale de l'Atakora. Les collines qui traversent la plaine du Litimé sont lithologiquement dominées par des quartzites para autochtones Boateng, (2009). L'ensemble du substrat est fait de schistes métamorphiques à faciès de Kandé qui se définissent par une couleur brun-rouge et un plissement serré à caractère isoclinal (Sylvain et al. 1986 ; Affaton, 1987). La plaine du Litimé présente des pentes relativement faibles qui n'empêchent pas le déplacement des particules vers le fond du lit. Les talwegs présentent par endroit une topographie plane qui est mise en valeur pour la riziculture. L'ensemble des processus qui concourent à la modification ou à l'évolution actuelle du relief du Litimé, constitue les systèmes morphogénétiques marqués par les facteurs thermiques et hydriques. L'érosion dans le milieu est diversifiée et est fonction des différents facteurs dont elle dépend. Ainsi l'érosion pluviale, les ruissellements et les mouvements de masse sont les formes majeures les plus fréquentes (Boateng, 2009).

Figure 3: Carte géologique de la plaine du Litimé

Source : extrait de la carte géologique de la feuille d'Atakpamé 1986

3.1.4Sols

Les sols sont des matériaux meubles qui s'interposent à l'interface atmosphère-roche mère. Ils résultent de la décomposition d'éléments minéraux et organiques sous l'action des processus physique, chimique ou biologique. Les sols du Litimé demeurent humides la plus grande partie de l'année et dépendent des conditions climatiques, géologiques et végétales. On distingue trois grands types de sols dans la plaine du Litimé à savoir, les sols ferralitiques, les sols hydromorphes peu humifères à pseudogley et des sols peu évolués d'origine non climatique d'érosion rigosolique sur schiste (ITRA, 2008) cité par (Boateng,2009).

Les sols ferralitiques sont les plus importants. En effet les conditions bioclimatiques favorables (pluviométrie abondante, couvert végétal important) ont permis, à l'échelle géologique, la mise en place des sols ferralitiques propices pour le développement des formations ligneuses. Ceci grâce à l'altération profonde des schistes, à leur perméabilité et à la pénétration radiculaire. Parmi ces sols, on peut distinguer, les sols remaniés peu rajeunis ou pénévolus, des sols hydromorphes, des sols faiblement rajeunis et pénevolus, des sols appauvris indurés et sols remaniés indurés.

Les sols hydromorphes peu humifères à pseudogley se localisent dans les bas- fonds. Ils ont une texture limono argileuse devenant argileuse par endroit et de couleur beige ou brun jaune et ont une capacité de drainage imparfait. Ils sont submergés d'eau pendant la saison pluvieuse et ont un faible taux de matière organique.

Les sols peu évolués d'origine non climatique d'érosion rigosolique sur schiste se retrouvent sur les flancs ou au sommet des collines à pente inférieur à 8 %. Ils ont une texture limono sableuse et une couleur brune. Ce sont des sols à capacité de drainage normal. Ils présentent des risques d'érosion très élevé et sont aussi favorables à la culture du riz ITRA, (2008) cité par (Boateng, 2009).

3.1.5 Données climatiques

La plaine du Litimé est caractérisée par un climat subéquatorial ou climat guinéen de montagne. Ce climat est favorable au développement de la forêt. Le Litimé appartient à la zone écologique IV et est considéré comme la zone forestière du pays. Ce climat est caractérisé par un régime bimodal marqué d'une alternance de deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches à l'instar de toute la partie méridionale du pays. La saison des pluies commence en mars et se termine vers Novembre marquée par une baisse des précipitations entre mi-juillet et Août considéré comme la petite saison sèche mais qui en réalité ne l'est pas puisque les précipitations sont toujours supérieures au double de la température selon la formule de Gaussen (P = 2T). La grande saison sèche va de mi-novembre à Février qui sont les mois écologiquement secs avec des précipitations à hauteur 20 mm. Mais aujourd'hui avec les aléas climatiques ce schéma annuel subit quelques fois des perturbations.

Figure 4: Diagramme Ombrothermique

Source : données météorologique de la station d'Atakpamé de 2000 à 2013

Selon Boateng, (2009) la hauteur annuelle des précipitations se situe entre 1400 et 1800 mm avec une moyenne tournant autour de 1463 mm. Les mois de juin et septembre sont souvent les mois les plus arrosés. Cette pluviosité importante dans le Litimé peut s'expliquer par la présence de la retombée du plateau Akposso qui provoque des pluies orographiques. Elle s'explique aussi par des pluies frontales (rencontres des masses d'air chaud et froid). Cependant le plateau Akposso voisin est plus arrosé que la plaine. Selon (Gnongbo, 2003), la station de Badou qui sert de référence pour la plaine litiméenne a enregistré un total pluviométrique de 1660 mm tandis que celui de la station d'Atilakoutsè sur le plateau voisin est nettement plus élevé (1935 mm). Cette forte pluviométrie entretient une humidité relativement élevée, d'une valeur comprise entre 49 et 86 %, l'hygrométrie est permanente à cause de la faiblesse de l'évapotranspiration. Ces conditions pluviométriques sont favorables à un bon développement des formations végétales.

3.1.6 Température et insolation

Le Litimé et ses environs présentent des températures relativement élevées et constantes tout au long de l'année. L'amplitude thermique varie peu avec des températures moyennes mensuelles de 25°C. Les maximas atteignent parfois 32°C en février, alors que les minimas tournent autour de 20°C entre Décembre et Janvier qui coïncide avec la période de l'harmattan. La variation de la Température est également influencée par l'insolation. Cette insolation relativement faible s'explique par les conditions pluviométriques de la zone. Cela se traduit par la présence de couverts nuageux. Mais aujourd'hui suite à la déforestation accélérée de ces dernières années, le milieu devient de plus en plus ensoleillé que par le passé.

3.1.7 Hydrographie

La plaine du Litimé est essentiellement drainée par les rivières Wawa, Menou et leurs affluents. Le Wawa couleau nord tandis que le Menou draine le sud. Elles servent de frontière entre le Togo et le Ghana. Les affluents de la rivière Wawa sont Djindji et Gonobé, tandis que ceux du Menou sont Mangbé, Bibi, Domi, Boufoubè et Béna. La plupart de ces cours d'eau prennent leur source sur le plateau Akposso et ont un sens d'écoulement Est-Ouest. Les deux principales rivières se jettent dans l'Assoukoko une autre rivière du Ghana qui à son tour rejoint la Volta pour enfin aboutir à l'Océan Atlantique.

3.1.8 Vents

A l'instar de l'ensemble du pays, deux types de vents soufflent dans la plaine du Litimé. Il s'agit de la Mousson et de l'harmattan. La mousson encore appelée Alizé du sud, souffle du Sud-ouest vers le Nord-est du pays, il s'agit d'un vent pluvieux qui apporte d'énormes quantités d'eau pour le développement de la végétation. L'Harmattan quant à lui souffle du Nord vers le sud à partir du mois de Décembre jusqu'à février. C'est un vent sec et froid caractérisant ainsi la grande saison sèche avec d'énormes brouillards matinaux qui affaiblissent l'intensité du rayonnement solaire. Son passage dans la plaine du Litimé est préjudiciable pour les arbres à causede la limitation de la photosynthèse suite à la perte des feuilles. Les arbres éprouvent également des difficultés en ce qui concerne les besoins hydriques pour leur croissance.

3.1.9 Végétation

Le Togo est situé dans le couloir du Dahomey qui est l'interruption du bloc forestierOuest-africain par la savane qui descend jusqu'à la côte. La plaine du Litimé situé dans la zone écologique IV se présente comme le prolongement des forets humides et semi-caducifoliées du Ghana (Hall et Swaine 1981). Selon Akpagana (1989) la végétation de la zone montagneuse sub-humide du Togo est de type forets semi-décidues humides. Ce qui se justifie par la présence dans la zone de grandes étendues de savanes guinéennes (Brunel et al. 1984 ; Guelly 1994) mais aussi par la pluviométrie (1300-1500 mm). L'une des caractéristiques de la végétationforestière de la zone est sa grande variabilité, liée sans doute à la diversité des conditions du milieu. Selon Akpagana (1981) cité par Adjossou (2009), 8 types de forets ont été reconnues dans la zone écologique IV à savoir : foret a Sterculiaceae et Sapotaceae ; foret a Celtis mildbraedii dominant ; foret a Terminalia superba dominant ; foret a Ricinodendron heudelotii ; foret a Meliaceae et Moraceae ; forets a Parinari excelsa ; forets riveraines et marécageuses. Ces formations ligneuses ont régressé. Les quelques rares qui existent encore aujourd'hui cohabitent avec les formations de savanes. Cette dégradation est liée aux aléas climatiques de ces dernières décennies et surtout à un accroissement démographique qui a eu pour corollaire l'exploitation massive des ressources forestières et l'extension considérable des champs de cacao et de café. Les forêts denses ont aujourd'hui énormément pris du recul pour laisser place aux forêts sèches et aux savanes. Les espèces de forêts ne représentent que 31% de la végétation tandis que la forêt sèche et la savane tournent autour de 57 à 69,5% (Tchamiè, 1998). La pénétration de l'harmattan dont les effets desséchants contribuent au recul du massif forestier dans la plaine a accentué sa savanisation. Ainsi les espèces caractéristiques des régions soudaniennes telles que Afzelia africana, Lophira lenceolata, Anogeissus leiocarpus, Andropogan gayanus, Hymenocardia acida, etc...font de plus en plus leur apparition dans le milieu. Les espèces envahissantes comme Setaria megaphylla, Pteridium aquilium et Chromolaena odoratacommunément appelé `'Acheampong''sont également en plein essor. Ces espèces contrôlent la réinstallation timide de la forêt à cause de leur capacité à régénérer les sols par leur système radiculaire très dense. Cependant elles résistent bien au défrichement, même les paysans les plus chevronnés ont du mal à se débarrasser de ces espèces conquérantes sur leurs parcelles.

3.2 Milieu humain

3.2.1 Historique du peuplement

La plaine du Litimé est constituée majoritairement d'Akposso qui constitue le peuple autochtone du milieu. L'origine de ce peuple est controversée et plusieurs sources s'affrontent dans sa reconstitution. Il s'agit de la version de l'autochtonie et de celle de la migration. Selon la première version, les Akposso seraient descendus du ciel ou sortis d'une grotte. Pour d'autres les Akposso seraient venus du Ghana à Agbogboli lieu d'origine d'Ida ancêtre des Akposso suite à une migration à partir de Notsè. La seconde version, explique que les Akposso seraient venus de la Nubie pour s'installer dans un premier temps à Agbogbomé une localité à proximité de Notsè ce qui explique la compréhension de la langue Ewe par les Akposso considérée comme leur seconde langue (Nyassogbo et al,1995). Ensuite ces Akposso furent obligés de quitter le territoire de Notsè à cause des exactions du roi Agokoli chef des Adja-ewé pour rejoindre la plaine occidentale du Togo-britannique (l'actuel Akposso koumbi). Après une rude bataille avec les Akwamous remportée par les Akposso, une partie du peuple Akposso décide de migrer vers le plateau Atakorien pour être à l'abri des envahisseurs et échapper à la traite négrière qui sévissait sur la côte de l'or au 18e siècle. Ainsi cette migration s'est effectuée par vagues successives. La première vague était constituée du clan logbo qui aurait fondé des localités comme Témédja, Ebéva,Adogli. La seconde vague aurait été conduite par l'ancêtre Tchokli pour fonder des localités comme Amou oblo, Sodo, Agadji, Ezimé et la dernière vague est celle qui a peuplé la plaine du Litimé conduite par l'ancêtre Yalou dialecte Ikpana dont beaucoup de mots sont empruntés de la langue Ashanti (Gayibor, 1997). Au 20e siècle avec le développement de l'économie de traite d'autres peuples d'horizon diverses viendront se joindre aux Akposso entrainant une mixité de la plaine. Litimé signifie lieu des Bambous en Ewé (Kokou,2014).

3.2.2 Evolution de la population

Depuis la période coloniale,la population de la plaine du Litimé a eu un accroissement démographique très accéléré. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cet accroissement démographique. La première raison est l'instauration de l'économie de traite dans le milieu par les Français à la fin de la première guerre mondiale. En effet le Litimé étant un milieu favorable à la culture du café et du cacao. Les colonisateurs (Français) ont encouragé une forte implantation humaine afin de mettre en valeur les terres fertiles de la plaine. Cette politique s'est traduite par des vagues de migrations des populations du Nord-Togo à l'instar des Kabyè et Losso qui sont considérés comme des peuples redoutables en agriculture. Mettant en valeur les sols latéritiques et pauvres de la Région de la Kara, ces peuples ont été encouragés à migrer vers le sud- ouest du Togo qui regorge les sols fertiles du pays. A ces peuples, viendront plus tard s'ajouter d'autresdans le cadre de certaines activités comme le commerce, la fonction publique, l'élevage. C'est le cas des Ewé du sud du pays, des Moba, les Kotokoli, les Bassar et d'autres peuples étrangers au Togo comme les peuhles, les Ibo.

La population du Litimé était de 4900 habitants en 1949. En 1959, 10 ans après la population de la plaine a plus que quintuplé passant à 26000, puis à 37000 habitants en 1970 soit une densité de 80 hbt/km2 (Antheaume ,1982). Ce chiffre évoluera encore pour atteindre 47622 habitants au recensement de 1981. Le denier recensement de 2010 a donné une population de 51073 habitants. On remarque une évolution lente de la population entre 1981 et 2010. Ce phénomène s'explique par l'importante émigration qu'a connue la zone et continue jusqu'aujourd'hui. Le Litimé qui était une zone d'immigration subit aujourd'hui le phénomène contraire.

La population du Litimé à connue deux phases d'évolution. La première phase qui va de 1949 à 1981 marquée par une évolution très rapide. La deuxième phase qui va des années 2000 jusqu'aujourd'hui est marquée par une évolution lente. Cette évolution lente depuis les années 2000 s'explique par la dégradation des essences forestières et à la crise liée à l'économie de plantation. Cette crise se traduit par la chute des cours mondiaux des cultures de rente qui sont le café et le cacao entrainant un départ massif des populations de la plaine.

3.2.3 Caractéristiques de la population

A l'image de la plupart des populations des pays sous-développés, la population de la plaine du Litimé est une population extrêmement jeune. D'après Kokou (2014), les moins de 15 ans représentent 50,61% de la population totale. Tandis que la population vieille de plus de 60 ans ne représente que 5,37 % de la population totale. La proportion importante des jeunes dans la plaine du Litimé s'explique par la polygamie, les mariages précoces, de l'analphabétisme féminin et des croyances religieuses (Kokou, 2014). Tous ces facteurs se traduisent par une forte natalité. Cependant il faut souligner que la proportion des jeunes d'âge compris entre 18 et 35 ans diminue à cause du phénomène de migration qui oblige ces jeunes à quitter le milieu en direction des grandes villes du pays comme Lomé, Kpalimé, Atakpamé et même au-delà des frontières du Togo à la recherche des meilleures conditions de vie et de travail. Le Litimé présente une répartition hétérogène de sa population. La plupart des habitants se retrouvent dans les fermes, hameaux et village. Badou est le seul centre urbain du milieu et concentre une population estimée à 20433 habitants en 2010.

3.2.4 Activités économiques

3.2.4.1Agriculture

L'agriculture est la principale activité du milieu, elle occupe plus de 80 % des actifs. Elle est marquée par l'exploitation des cultures de rentes qui sont le café et le cacao. Le cacao la première culture de rente a longtemps fait la renommée du peuple Akposso. Les planteurs ont immortalisé leur richesse tirée du cacao par la construction des biens immobiliers. Quant au café il se développe plus sur les versants et sur le plateau. La variété la plus cultivée est le café robusta. Ces cultures ayant longtemps bénéficiées des conditions favorables du milieu, sont en déclin depuis les deux dernières décennies pour plusieurs raisons :

- La grande saison sèche entre les années 1982-1983 ;

-Le départ des Kabyè métayers lors des troubles sociopolitiques des années 1990 ;

-La destruction des plantations imposées par le SRCC pour introduire de nouvelles variétés précoces ;

- L'état des plantations de plus en plus âgées et moins productives.

Aujourd'hui les cultures vivrières prennent de l'ampleur au profit de ces cultures de rentes.

3.2.4.2 Exploitation du bois d'oeuvre

L'abattage des arbres est l'une des grandes causes de la déforestation de la plaine du Litimé. Ce phénomène s'est accentué avec l'usage des tronçonneuses qui a succédé à la scie ordinaire utilisée auparavant. Selon Kouwamé, (2005) un groupe de bûcherons nécessitait plusieurs semaines pour exploiter une grume entière de Milicia excelsa, alors qu'un seul tronçonneur peut faire le même travail en une demi-journée. Cet abatage permet la fabrication de plusieurs types de planches comme les madriers, les planches simples, planches et demie (planche one and half), double planche, chevrons, grumes. Deux préalablesconditionnent l'exploitation du bois d'oeuvre, il s'agit de l'âge et du diamètre de l'arbre à abattre. Ces deux paramètres varient d'une espèce à une autre. A titre d'exemple, au moins un siècle d'âge pour l'iroko et 2 m de diamètre. Des lois régissent également l'exploitation du bois d'oeuvre. Il faut que l'exploitant se fasse délivrer un permis de coupe réglementaire délivré par le ministère de l'environnement et des ressources forestières. Cependant la plupart de cette exploitation est effectuée par des particuliers non agrées qui transgressent la loi malgré les sanctions en cas de délit. L'exploitation anarchique du bois d'oeuvre a pris de l'ampleur à cause des troubles socio-politiques qu'a connus le pays entre les années 1990-1993 entrainant un laisser-aller de la part de la police forestière et des différents organes chargés de la protection des forêts dans la localité et de la corruption des exploitants vis-à-vis des agents forestiers. Deux méthodes sont souvent utilisées dans l'exploitation de l'arbre, soit le propriétaire de l'arbre et l'exploitant se partagent les produits issus de l'exploitation, soit l'arbre est automatiquement vendu à l'exploitant. Pour l'abattage proprement dite de l'arbre, on procède à la section du tronc grâce à une tronçonneuse, l'arbre s'écroule emportant dans sa chute des lianes ou des jeunes arbres des alentours. Une fois étendu sur le sol, il est morcelé en troncs pour la fabrication des planches. Une partie de la production est utilisée par les populations locales, mais la majorité des produits sont convoyés vers les grandes villes comme Lomé, Kpalimé, Atakpamé ou au-delà même des frontières Togolaises.

3.2.4.3 Autres activités

En dehors de l'agriculture et de l'exploitation du bois d'oeuvre, d'autres activités sont aussi menées dans la plaine du Litimé. Il s'agit entre autres du commerce et de l'artisanat.

Les activités commerciales reposent essentiellement sur la distribution des biens d'équipement, des biens de consommation, des produits vivriers et la vente du bois d'oeuvre. Les femmes sont les principales actrices du commerce, elles sont spécialisées dans l'achat et la revente des produits vivriers comme les céréales, les tubercules, les produits fruitiers etc. Elles s'intéressent aussi à la vente des produits manufacturés alimentaires (lait, sucre, boite de conserve) et non alimentaires (produits pharmaceutiques, matériaux de constructions). Le commerce dans les localités de la plaine du Litimé est facilité par la mise en place des marchés servant de point de collecte des produits venant des champs.

L'artisanat occupe aussi une place importante parmi les types d'activités menées dans la plaine du Litimé. On distingue deux catégories d'artisanat : l'artisanat de service et l'artisanat de production. L'artisanat de service assure des services à partir des produits finis et semi-finis, il ne crée pas de biens, tandis que l'artisanat de production qui est composé des coiffeuses, tailleurs, menuisiers, forgerons crée des biens. Il faut cependant relever que la majorité des activités menées dans la plaine du Litimé est issue du secteur informel.

2e PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION

Chapitre 4 RESULTATS

L'élaboration d'une méthodologie convenable de collecte de données, des questionnaires sur Milicia excelsa dans la plaine du Litimé et leur traitement à partir des logiciels bien appropriés, ont permis d'obtenir les résultats. Ce chapitre présente ces résultats.

4.1 Potentiel du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé

Grâce aux traitements des données, la structure diamétrique, la structure verticale sont élaborés. Les surfaces terrières et les densités du Milicia excelsa sont calculés dans le but de vérifier l'importance du Milicia excelsaet ses caractéristiques biologiques dans la plaine du Litimé.Les relevés effectués dans les différentes formations végétales de la plaine du Litimé ont permis de compter un total de 84 pieds adultes de Milicia excelsa.

4.1.1 Structure diamétrique et verticale

Elles représentent la répartition des arbres adultes de Milicia excelsa par classes de diamètres et de hauteurs.

4.1.1.1 Structure diamétrique générale

La structure diamétrique générale présente la répartition des pieds de Milicia excelsa compter dans toutes les formations par classe de diamètre.

Cette répartition des pieds adultes par classe de diamètre s'ajuste à une fonction polynomiale. Elle présente une structure en cloche traduisant la forte densité des classes moyennes (30-50), (50-70) cm et la faible densité des grandes classes (> 110) cm. L'histogramme présente une allure décroissante (Figure 5).

Figure 5: Classe de diamètre du Milicia excelsa

Source : Travaux de terrain

4.1.1.2 Structure diamétrique par formation végétale

Les classes de diamètres sont effectuées par formation végétale. Il s'agit des agroforêts, des recrus forestiers, des galeries forestières ou formation riveraines et des savanes. Ces formations ont été choisies à cause de l'importance de ces formations dans le secteur d'étude.

Figure 6: classe des diamètres par formation végétale

Source : Travaux de terrain

Les graphiques de la figure (6) représentent les diamètres de Milicia excelsa par formation végétale. Les agroforêts présentent une structure en cloche se traduisant par la forte densité des petites et moyennes classes et la faible densité des grandes classes à l'instar de la structure diamétrique générale (10-30), (50-70) cm. Cette structure s'ajuste à une fonction polynomiale. Les recrus forestiers présentent une structure linéaire croissante et s'ajuste à une fonction logarithmique marqué par la croissance des petites et moyennes classes vers les grandes classes. Les formations riveraines présentent une structure linéaire décroissante caractérisé par la forte densité des petites classes et la faible densité des grandes classes. Quant aux savanes elles présentent une structure en cloche où les petites et fortes classes sont presque absentes. Au vu de ce qui précède il ressort que les gros pieds se retrouvent plus dans les agroforêts et dans les recrus forestiers, ceci à cause de l'importance de ces formations et de la conservation de quelques pieds d'iroko par certains paysans dans la plaine du Litimé. La fréquence des petits pieds dans les savanes et formationsriveraines s'explique par l'importance des activités humaines dans les deux formations qui entravent ainsi le bon développement del'espèce.

4.1.2 Structure verticale en classe de hauteur

La structure verticale représente la distribution des arbres adultes de Milicia excelsa par classes de hauteurs.

4.1.2.1 Structure globale en classe de hauteur

La structure globale en classe de hauteur représente la répartition des 84 arbres de Milicia excelsa par classes de hauteurs dans toutes les formations.

Figure 7: classes des hauteurs

Les classes de hauteurs présentent une structure en cloche qui s'ajuste à une fonction polynomiale. Cette structure traduit la forte densité des classes moyennes (20-25) m et la faible densité des petites classes (5-10) m et forte classe (> 30 m). La faible densité des petites classes s'explique par certaines activités humaines comme les feux de végétations et les défrichement culturaux qui empêchent le développement de l'espèce en hauteur. Quant à la faible densité des fortes classes, elle peut s'expliquer par l'abattage anarchique qui empêche également un bon développement de l'arbre en hauteur.

4.1.2.2 Structure verticale par formation végétale

Les classes de hauteurs sont également effectuées par formation végétales en ne prenant en compte que les formations les plus représentées.

Les graphiques de la (figure 8) présentent les classes de hauteurs du Milicia excelsa par formation végétale. Les agroforêts, les formations riveraines et les savanes présentent des structures qui s'ajustent à des fonctions polynomiales. Dans ces formations, les classes moyennes ont des densités fortes au détriment des classes de petites et grandes diamètres. Les recrus forestiers présentent une structure linéaire croissante qui s'ajuste à une fonction logarithmique, cette structure est marquée par la croissance des classes de hauteurs des classes les plus petites vers les classes les plus grandes. La faiblesse des petites et grandes classes dans les agroforêts, formations riveraines et savanes s'expliquent par l'impact des activités humaines comme les feux de végétation, des défrichement et l'abattage anarchique contrairement au recrus forestiers où ces activités sont moins poussées.

Figure 8: Structure verticale par formation végétale

Source : Travaux de terrain

4.1.2 Densité et surface terrière

4.1.2.1 Densité et surface terrière par formation végétale

Les densités et les surfaces terrières sont calculées par formation végétale. Ces deux paramètres permettent d'évaluer Milicia excelsa en nombres et en surface occupées.

Tableau II: Densité et surface terrière par formation

Formations

Nombres de relevés

Densité (pieds/hectare)

Surface terrière (m2/hectare)

Agroforêts

21

5,5

0,002007

Formations riveraines

5

5,0

0,001404

Savanes

4

3,1

0,001224

Plantations

3

3,3

0,001175

Recrus Forestiers

7

3,2

0,001975

Champs

2

2,5

0,00011

Source : Travaux de terrain

Dans l'ensemble, la densité du Milicia excelsa est plus élevée dans les agroforêts (5,5 pieds/hectare) et formations riveraines (5,0 pieds/hectare), elle est plus faible dans les savanes et les plantations. Cette forte présence de Milicia excelsa dans les agroforêts s'explique par l'importance de ces formations (agroforêts) dans le secteur d'étude. Certains paysans conservent également les pieds de Milicia excelsa dans leurs cacaoyers pour permettre un bon développement de ces derniers. La faible densité dans les autres formations (savanes, plantations, champs, recrus forestiers) est due à leur faible représentation (recrus forestiers) ou à l'importance des activités humaines qui réduisent considérablement le nombre de pieds. La surface terrièreest plus élevée dans les agroforêts (0,002007 m2/ hectare) etdans les recrus forestiers (0,001404 m2/ hectare) et très faible dans les champs (0,00011 m2/ hectare). L'importance de la surface terrière dans les agroforêts et recrus forestiers témoigne de la présence de gros pieds de Milicia excelsa dans ces formations (Tableau II).

4.1.2.2 Densité, diamètre moyen et surface terrière par canton

Les densités, les diamètres moyens et surface terrières ont été également calculé par canton. Il s'agit de montrer les cantons dans lesquels Milicia excelsa est plus important et ceux dans lesquels il est moins important.

Tableau III: Densité, Diamètre moyen et surface terrière du Milicia excelsa par canton

Cantons

Nombre de relevés

Densité( pied/hectare)

Diamètre moyen(m)

Surface terrière(m2/hectare)

KPETE-BENA

8

4,6

0,75

0,0023

TOMEGBE

11

5,4

0,53

0,0016

BADOU

12

4,5

0,53

0,0012

KESSIBO

12

4,7

0,61

0,0017

Source : travaux de terrain

En ce qui concerne les densités du Milicia excelsa, il faut noter que La densité moyenne est plus élevée dans le canton de Tomégbé (5,4 pied/ hectare) alors que la densité la plus faible se retrouve dans le canton de Badou (4,5 pied /hectare). Le diamètre moyen le plus élevé est localisé dans le canton de Kpete-Bena (0,75) alors que les plus faibles diamètres moyens sont délimités dans les cantons de Tomégbé et Badou (0,53 m). Quant à la surface terrière, la plus élevée se retrouve dans la station de Kpete- Bena (0,0023 m2/ hectare) et la plus faible dans le canton de Badou (0,0012 m2/ hectare). Cette situation est due à l'importance de gros pieds de Milicia excelsa dans le canton de Kpete-bena tandis que le canton de Badou est dominé par de petits pieds de Milicia excelsa. Tableau III

4.1.3 Régénération

La régénération comprend les pieds de Milicia excelsa dont le diamètre est inférieur à 10 cm et la hauteur inférieur à 1,5 m. Des sous placettes de 5m x 5m ont été effectuées dans chaque formation végétale pour estimer les densités de chacune.

Figure 9: Densité de la régénération par formation

Source : Travaux de terrain

La régénération du Milicia excelsa est plus élevée dans les recrus forestiers que dans les autres formations. Elle est de 3,2 pieds/ hectares dans recrus forestiers, 1,3 pieds/ hectare dans les agroforêts, 1,1 pieds par hectare dans les formations riveraines, 0,8 pieds/ hectare dans les savanes,0, 5 pieds/hectare dans les champs et 0,15 pieds/ hectare dans les plantations (Figure 11). A travers une observation visuelle il a été remarqué que la régénération par les souches est plus importante que la régénération par semis. Mais la régénération par semis est plus prononcée dans les recrus forestiers alors que la régénération par souche se retrouve plus dans les agroforêts, champs et plantations.

Les résultats précédents montrent une faible représentativité du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé. Les structures verticales et diamétriques illustrer sont dans l'ensemble faible ainsi que les densités et surfaces terrières calculées. Cette faible fréquence du Milicia excelsa est due à des facteurs naturels et anthropiques qui concourent à la dégradation de l'espèce. Parmi ces facteurs, la part des facteurs anthropiques est très importante dans la vulnérabilité du Miliciaexcelsa.

4.2 Les principaux facteurs de Vulnérabilité du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé

Les résultats de la première partie portant sur le potentiel du Milicia excelsamontrent un déclin de l'espèce. Cette baisse est due à une pression sans cesse croissante exercée par les hommes. La pression humaine s'explique par trois principaux facteurs qui sont l'exploitation des essences, les feux de végétation et les défrichements culturaux.

4.2.1 L'exploitation du Milicia excelsa

Dans la plaine du Litimé Milicia excelsa est surexploité à cause de la qualité de son bois et de sa valeur marchande. L'exploitation des produits de sciages est plus importante. Les exploitants opèrent légalement par la demande des permis de coupes au Ministère de l'environnement et des ressources forestières ou illégalement à travers une exploitation anarchique. D'autres formes d'exploitation s'observent par la fabrication du charbon du bois, le bois chauffe et la récolte des produits forestiers non ligneux.

4.2.1.1Part de l'exploitation de l'iroko par rapport aux autres bois d'oeuvres

Dans les années 1970 et 1980, Milicia excelsa était la principale espèce exploitée comme boisd'oeuvre, mais à partir des années 1985 une paupérisation suite à la baisse de la production des cacaoyers et l'introduction de la tronçonneuse venue du Ghana obligent les paysans à se tourner vers l'exploitation du bois d'oeuvre. Cette situation a provoqué une exploitation abusive de Milicia excelsa. Aujourd'hui, l'espèce est vulnérable et les exploitants sont obligés de se tourner vers d'autres essences comme Antiaris africana, Ceiba pentendra, Cola gigantea, Terminalia superba etc.

Figure 10: Essence de bois d'euvre les plus exploitées dans le Wawa

Source : Direction régionale de l'environnement et des ressources forestières d'Atakpamé ,2014

La figure 10 présente les essences de bois d'oeuvre les plus exploitées dans la préfecture de Wawa en 2014. Antiaris africana est l'essence la plus exploitée (162 pieds) suivi de Cola cordifolia (116 pieds), Milicia excelsa (35 pieds) ne vient qu'en quatrième position. Cette position de Milicia excelsa dans l'exploitation des essences de bois d'oeuvre s'explique par la vulnérabilité de l'espèce dans le milieu

4.2.1.2 Produits de bois d'oeuvre dérivés du Milicia excelsa

Le tronc de Milicia excelsa sert à produire toutes sortes de produits de sciages, il s'agit des planches, des chevrons à divers calibres et des madriers.

Figure 11: Les différentes formes de sciages dans le Litimé

Source : Travaux de terrain

D'après les enquêtes menées auprès des exploitants, les planches (90%) et les chevrons (80%) sont les formes les plus produites. Auparavant les grumes et les madriers était également produits et destinés à l'exportation à l'étranger, aujourd'hui à cause de la vulnérabilité de l'espèce ces deux formes ne sont plus produites (Figure 11).

Une partie de la production est utilisée par la population locale pour satisfaire leurs besoins en constructions et en bien mobiliers. Cette consommation locale se traduit par la présence de plusieurs ateliers de menuiserie dans les localités. Cependant la plus grande partie de la production est exportée vers l'intérieur du pays en direction des villes principales comme Kara, Atakpamé, surtout vers Lomé la capitale. L'explosion démographique de ces villes a entrainé une augmentation des besoins en bois d'oeuvre et service. Il faut souligner que le Limité qui est un secteur frontalier du Ghana reçoit une partie de la production des produits de Milicia excelsa.

L'iroko est l'essence la plus préférée parmi les bois d'oeuvres. Les enquêtes auprès des populations ont montré que l'iroko est un bois de qualité. Les chevrons d'iroko utilisés pour la toiture permettent à ces toits de perdurer dans le temps. Les habitants ont montré des toits couvert d'iroko depuis les années 1950 et qui reste encore dans un bon état jusqu' aujourd'hui. L'iroko a également des bois très jolis qui résistent aux termites.

photo 2: produit de sciage de l'iroko

Cliché Magbenga, 24 septembre 2016

Au-delà de l'exploitation du bois d'oeuvre, les résidus et les branches de l'iroko sont également utilisés pour la fabrication du charbon de bois et comme bois de chauffe. Le charbon de bois fait à base du Milicia excelsa est dur donc plus économique que le charbon d'autres espèces.

Figure 12: Forme d'utilisation du Milicia excelsa

Source : Travaux de terrain

La figure (12) montre que l'exploitation du bois d'oeuvre est la première forme d'utilisation du bois de Milicia excelsa (100 % des enquêtés). Ensuite viennent le bois de chauffe (95 % des enquêtés) et le charbon de bois (85 % des enquêtés) qui sont produits à travers les résidus.

4.2.1.3 Produits forestiers non ligneux issus du Milicia excelsa

L'essentiel de l'exploitation du Milicia excelsa est utilisé pour la production du bois d'oeuvre, cependant, une autre forme d'exploitation moins importante concerne la récolte des produits forestiers non ligneux issus du Milicia excelsa. Cette forme d'exploitation intervient dans le traitement de quelques maladies et dans les rites traditionnels. Les parties concernées dans la récolte des produits forestiers non ligneux sont : les écorces, la sève, les feuilles. Les racines (ligneuses) sont également utilisées dans le traitement des maladies.

Les enquêtes menées auprès des populations ont révélé que les racines d'iroko permettent de guérir certaines maladies de plaies. Les racines d'iroko associées à certaines plantes peuvent également provoquer l'avortement.

Les écorces de l'iroko sont reconnues par certains paysans dans le traitement des maux de ventre, du paludisme, contre l'infertilité féminine. Un mélange des écorces d'iroko et d'autres plantes permettent de produire des antibiotiques.

La sève d'iroko est utilisée pour traiter l'abcès, les cas de panaris, les blessures.

photo 3: un pied d'iroko écorcé pour prélever la sève à Tomégbé

Cliché Magbenga, 24 septembre 2016

La photo 3 montre un pied de Milicia excelsadont le tronc est écorcé dans le but de prélevé la sève.

Figure 13: Proportion d'utilisation dans le traitements des maladies

Source : Travaux de terrain

Parmi les produits forestiers non ligneux issus de l'iroko, la sève est la partie la plus utilisée (50,79 % des enquêtés), suivies des écorces (12, 70 %), les feuilles (4,76 %) et les racines (3,97 %) (Figure 13).

Ces faibles pourcentages témoignent de la méconnaissance de la population ou du non intérêt qu'elle accorde aux autres parties de l'Iroko. Seules quelques personnes ressources détiennent des connaissances sur les produits forestiers non ligneux, il s'agit des herboristes et des personnes de troisième âge. Pour la plupart des habitants l'utilisation la plus connue du Milicia excelsaest la production du bois d'oeuvre.

Un solide sous forme de cailloux se retrouve quelquefois dans l'aubier de l'iroko, il joue un rôle magico-religieux. Il permet de se protéger contre les mauvais esprits. Ce solide est mis dans l'eau pour laver les nouveaux nés, ceci permet une purification de ces derniers.

4.2.2 Feux de végétation

Avec la découverte du feu au paléolithique, l'homme est arrivé à mieux maitriser son environnement. Cependant le feu a été et demeure un facteur de destruction quand il échappe à tout contrôle. Lors de la préparation des champs, les paysans font brûler les branchages qui fertilisent le sol par leurs cendres. Le feu est aussi utilisé pour brûler les herbes sèches des savanes pour faciliter la mise en place du pâturage par la régénérescence des herbes fraiches. Les feux de végétation contribuent à la dégradation du Milicia excelsa. En saison sèche, les feux de végétation parcourent les formations de la plaine du Litimé, ils tuent principalement les jeunes plants et quelques adultes dont les troncs sont écorcés. Ces feux peuvent être volontaires ou involontaires, d'origine anthropique ou naturelle. Ils sont volontaires lorsqu'ils sont provoqués intentionnellement par les hommes dans le cas des défrichements culturaux. Les feux involontaires sont caractérisés par l'activité de certains animaux comme les phacochères. Les investigations menées auprès des paysans ont permis d'estimer les proportions de la dégradation des pieds juvéniles et adultes par les feux de végétation.

Figure 14: Proportion des feux de végétation sur la dégradation des adultes et jeunes plants d'iroko

L'impact des feux de végétation dans la dégradation des jeunes plants est de l'ordre de 87,30 % contre 12,70 % pour les adultes (Figure 14).

4.2.3 Défrichements culturaux

4.2.3.1 Agroforêts et plantations

La culture du café et du cacao a été introduite par les allemands dès 1888 (Gayibor, 1997) en créant un village expérimental à Zébé. Mais ces premiers essais au Nord du cercle d'Aného connurent un véritable échec. C'est sous la colonisation française que ces cultures connaitront un véritable essor. Ils ont atteint la plaine du Litimé dans les années 1914. L'avènement du café et du cacao dans le Litimé a entrainé l'aménagement de terrain qui consiste à défricher la forêt. Le sous-bois est nettoyé à l'aide des outils aratoires comme le coupe-coupe, la hache. Les troncs des arbustes sont généralement brulés. Les caféiers et les cacaoyers ne supportent pas l'ombrage. Les paysans sont obligés de réduire le nombre d'essence de la strate arborescente susceptible d'agir sur le développement des cacaoyers et des caféiers. Ainsi, l'iroko qui est une espèce à recouvrement très important est souvent défriché dans ces cultures pour permettre leur développement. La plupart des paysans expliquent les coupes et les défrichements de l'iroko par l'ombrage que ceux-ci provoquent. Le même phénomène s'observe dans les plantations de teck, de palmier à huile et de bananerais où les pieds d'iroko sont également défrichés car affectant le bon développement de ces plantations. Lors du nettoyage du sous- bois dans les formations à Agroforêts et plantations des herbacées, les jeunes individus de Milicia excelsa sont également défrichés involontairement par certains paysans.

photo 4: un pied d'iroko abattu dans une plantation de teck à Kessibo

Cliché Magbenga, 24 septembre 2016

La photo 4 montre un pied de Milicia excelsa abattu dans une plantation de teck àKessibo. Cette formation contient plusieurs pieds de Milicia excelsa qui empêchent le bon développement des tecks, raison pour laquelle le propriétaire procède à l'exploitation de certains pieds.

Il faut nuancer en disant que Milicia excelsa est considérée comme une essence qui favorise la fertilisation du sol et de ce fait favorable au développement des cacaoyers et caféiers. Lorsqu'ils sont parsemés, ils favorisent plutôt le développement de ces derniers.

4.2.3.2 Défrichement pour l'implantation des Cultures vivrières

Vers la fin de la saison sèche, le champ est préparé ; cette préparation consiste à couper les herbes, les arbustes et les arbrisseaux et à tuer les gros arbres soit en pratiquant de profondes entailles dans le tronc, soit en les brulant à feux. Ensuite on passe au brûlis des herbes et des branchages qui laissent sur le sol des cendres. Ces dernières serviront de fertilisant pour le champ. Ces pratiques entrainent la destruction du Milicia excelsa. Les défrichements pour l'implantation des cultures vivrières touchent plus les jeunes plants que les adultes car les adultes sont souvent conservés par les paysans.

En ce qui concerne les défrichements culturaux, il ressort que le défrichement pour l'implantation des cultures vivrières est plus prononcé que le défrichement dans les agroforêts et plantations.

Figure 15: Type de culture agissant sur la dégradation du Milicia excelsa

Source : Travaux de Terrain

La figure 15 montre que l'implication des cultures vivrières dans les défrichements culturaux est de l'ordre de 60 % contre 28 % pour les agroforêts à café-cacao et 12 % pour les plantations.

4.2.3.3 Part de chaque facteur dans la vulnérabilité du Milicia excelsa

Les principaux facteurs de la dégradation du Milicia excelsa identifiés précédemment sont l'exploitation, les feux de végétation et les défrichements culturaux. Ces trois facteurs n'ont pas les mêmes taux d'implication dans la vulnérabilité de Milicia excelsa. D'après les enquêtes menées auprès des paysans et exploitants, l'exploitation vient en premier, suivi des feux de végétation et enfin les défrichements culturaux.

Figure 16: Proportion des facteurs de Vulnérabilité du Milicia excelsa

Source : Travaux de terrain

Les résultats des enquêtes menées auprès des paysans et exploitants montrent que l'implication de l'exploitation dans vulnérabilité de Milicia excelsa est de l'ordre (75 %), il est à mettre sous la responsabilité des exploitants et dans une moindre mesure les paysans en ce qui concerne la récolte des produits forestiers non ligneux. Les feux de végétation viennent en seconde position (20 %), causés dans la plupart des cas par les paysans. Ensuite viennent les défrichements culturaux (5 %) causés également par les paysans.

La dégradation des jeunes plants et des adultes de Milicia excelsa diffèrent également d'un facteur à un autre. L'exploitation agit grande partie sur les adultes alors que les feux de végétation et les défrichements culturaux agissent plus sur les jeunes.

Figure 17: Impacts de la dégradation sur les adultes et jeunes iroko

Source : Travaux de terrain

L'exploitation agit à 99 % sur les adultes, marquée par l'abattage, contre 1 % sur les jeunes, marquée par la récolte des produits forestiers non ligneux. Les feux de végétations agissent à 95 % sur les jeunes plants et à 5 % sur les adultes. Quant aux défrichements culturaux, ils agissent à 90 % sur les jeunes plants et 10 % sur les adultes.

L'exploitation, les feux de végétations et les défrichements culturaux sont causés par les paysans et exploitants. Ils sont ainsi les principaux acteurs de la vulnérabilité de Milicia excelsa. Cependant il faut souligner que la plupart des exploitants pratiquent aussi l'agriculture ou sont des individus issus du secteur artisanal comme la soudure, la maçonnerie, reconvertis en exploitants.

Figure 18: Proportion des exploitants et paysans dans la dégradation de l'iroko

Source : Travaux de terrain

La figure (18) montre que les exploitants sont les principaux responsables de la dégradation de Milicia excelsa (57 %), ensuite viennent les paysans (43 %).

Les résultats de cette étude montrent que la vulnérabilité du Milicia excelsa est essentiellement due à l'action de l'homme dans le secteur. Cette action de l'homme se traduit par l'exploitation, les feux de végétation et les défrichements culturaux. L'action de l'exploitation est plus prononcée que les feux de végétation et les défrichement culturaux. Cette situation amène les paysans, exploitants, agents forestiers à mettre en place des stratégies de gestion de Milicia excelsa.

4.3 Gestion durable du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé

Milicia excelsa est une espèce prisée de la population.Il est important de mettre en place des stratégies pour favoriser une gestion durable de l'espèce. Ceci passera par l'implication de plusieurs acteurs : paysans, exploitants, agents forestiers et l'Etat à travers une gestion participative, une mobilisation importante des fonds, une application rigoureuse des règles qui régissent l'exploitation des essences à bois d'oeuvre.

4.3.1 Promotion des pépinières à Milicia excelsa

Aujourd'hui les pépinières de Milicia excelsa sont très rares ou presque inexistantes dans le Litimé. La difficulté qui réside dans l'élaboration des pépinières se trouve dans l'incapacité des populations locales à retrouver les graines de Milicia excelsa. En effet les graines d'iroko sont difficiles à trouver. Pour certains paysans les graines à maturité sur l'arbre s'explosent et s'envolent sur des kilomètres. Ce phénomène ne permet pas aux paysans d'avoir les graines à leur disposition pour en faire des pépinières. Mais les études scientifiques expliquent la dispersion lointaine des graines de Milicia excelsa par l'action de certains animaux comme les chauves-souris. Face à cette impossibilité de se procurer les graines, une stratégie plus ou moins adéquate s'opère pour recueillir quelques graines. Elle consiste à monter sur l'arbre puis à emballer les graines dans un sachet plastique afin d'éviter leur dispersion à maturité et d'en faire les pépinières. Il faut cependant souligner que cette méthode est très délicate à pratiquer. Pour d'autres les graines existent mais ce sont les techniques de vulgarisation de celles-ci qui ne sont pas connues.

Figure 19: Estimation de la disponibilité des graines d'iroko

Source : Travaux de Terrain.

La figure 19 indique que 11 % des paysans estiment que les graines existent et poussent d'elles- mêmes donc ils n'ont plus besoin de faire des pépinières alors que 89 % estiment que les graines sont indisponibles, ce qui ne permet pas l'élaboration des pépinières (Fig.19).Selon les investigations auprès des populations locales des pépinières d'iroko sont disponible au Ghana. Cependant les conditions et dispositions prises par ces derniers pour y arriver ne sont pas connues.

Un autre facteur qui explique la difficulté de la mise en place des pépinières de Milicia excelsa est la croissance lente de l'essence. Milicia excelsaest une essence qui met beaucoup de temps à grandir. Un pied de Milicia excelsaexploitableà un âge d'environ 70 à 100 ans. Cette situation démotive les paysans à s'adonner au reboisement étant donné qu'ils n'auront pas la chance de jouir des fruits de leur plantation. Les paysans et les ONG chargés des ressources forestières s'adonnent plutôt à la promotion des pépinières des plantes à croissance rapide comme le Teck (Tectona grandis), Terminalia superba,Khaya grandifoliola au détriment de Milicia excelsa.

4.3.2 Protection des jeunes plants

Face aux difficultés à se procurer les graines et d'en faire les pépinières, Milicia excelsapousse naturellement dans la plaine du Litimé. Cette régénération naturelle se fait à travers la régénération par souches et par semis. Ces jeunes pousses doivent être bien entretenus pour prendre la relève des adultes tant menacés par les hommes. Il est souvent difficile de reconnaître Milicia excelsaà un âge très jeune, ce qui amène parfois certains paysans à défricher les jeunes pieds sans s'en rendre compte. Par contre ceux qui ont beaucoup de connaissances sur l'espèce en défrichant des parcelles de terres laissent les jeunes poussent oules arrachent afin de les replanter à endroits plus sûrs et de les protéger.

4.3.3Contrôle des agents forestiers

Les agents forestiers ont pour rôle de régulier l'exploitation des ressources forestières, mais force est de constater un laisser aller dans ce secteur. Les bûcherons connus localement sous le nom «opérator» passent outre les règlements qui régissent l'exploitation du bois d'oeuvre pour dévaster plusieurs pieds de d'iroko. Il arrive parfois que les agents forestiers soient complices de ces actes par des pots de vin que ceux-ci perçoivent vis-à-vis des exploitants. En dépit dese laisser aller certaines mesures sont prises pour limiter l'abattage anarchique des essences naturelles. Un entretien avec le directeur préfectoral de l'environnement et des ressources forestières de la préfecture de Wawa a permis d'acquérir des informations par rapport aux sanctions infligées aux contrevenants ne disposant pas de permis de coupe ni de transport. Les produits sont saisis et un inventaire de tous les produits oblige le contrevenant à payer le triple de la production. Au lieu de 6500 F pour un volume de bois rouge exploité, le contrevenant est tenu de payer 19500 F, ensuite les produits sont confisqués au cas où le véhicule est déjà chargé, une amande de 500000 F doit être payée pour sortir celui-ci de la fourrière. Selon les déclarations du directeur de l'environnement et des ressources forestières de Badou, les permis de coupe ne sont plus délivrés aujourd'hui pour l'exploitation du Milicia excelsa, cependant lors de nos travaux de terrain des sites d'exploitation du Milicia excelsa ont été visités, ce qui témoigne de l'ampleur de l'exploitation illégale de cette espèce dans la plaine du Litimé.

photo 5: un site d'exploitation de l'iroko à Kessibo

Cliché Magbenga, 24 Septembre 2016

Il urge que les agents forestiers redoublent d'effort dans le contrôle de l'exploitation des ressources et de mettre en application les lois et les règlements. En fait les dispositions qui conditionnent l'exploitation du bois ne sont pas dans l'ensemble mauvaises, même si l'on estime qu'elles sont insuffisantes. Certes on pourrait les renforcer davantage afin de pallier aux besoins de la population en bois d'oeuvre dans un environnement forestier moins détruit et mieux géré. Les recettes provenant des autorisations d'exploitation et des sanctions en cas d'infraction doivent être utilisées pour mettre en oeuvre des programmes de reboisement.

4.3.4 Programmes de sensibilisation de la population locale

Les programmes de sensibilisation de la population de la plaine du Litimé sur la protection des arbres et en particulier sur Milicia excelsa sont très rares. Les ONG et organes chargés de la protection de l'environnement doivent être les éducateurs de la population locale. L'ICAT, l'APAF et de quelques groupements locaux essaient de sensibiliser la population sur la protection de l'environnement. C'est après une prise de conscience effective que la population pourra adhérer aux différents programmes de reboisement. La preuve est que ces programmes de reboisement sont souvent complexes avec des résultats mitigés en ce qui concerne la participation des populations aux actions proposées. Il est vrai que Milicia excelsa ne grandit pas vite mais bon nombre de personnes reconnaissent que son bois est de qualité et très durable.Il faut donc faire un choix entre la promotion des essences à croissance rapide comme le Terminalia macropta mais moins dure et la promotion d'une essence à croissance lente mais plus résistante. Dans un contexte de développement durable il serait alors judicieux de promouvoir de plus en plus Milicia excelsa. En plus cette espèce en dehors de la qualité de son bois est une espèce caractéristique de la plaine du Litimé. Il serait malheureux que les générations futures de cette localité un jour n'aient pas la chance de connaitre cet arbre appelé « Odum » qui avait tant fait la renommée et la richesse de leurs ancêtres.

4.3.5 Conservation du Milicia excelsa sous forme de bois sacré

L'utilisation de l'iroko comme bois sacré estrare dans la plaine du Litimé. Ces pratiques étaient récurrentes par le passé où des gros pieds de Milicia excelsaservaient à réaliser des sacrifices aux ancêtres, mais aujourd'hui avec l'avènement des religions monothéistes comme le christianisme et l'islam couplé à une raréfaction de l'espèce ces pratiques tendent à disparaitre. C'est dans la localité de Djigbodi qu'un important nombre de pieds de Milicia excelsa ont été retrouvés au cimetière de la localité, le caractère sacré expliquerait cette situation selon un paysan rencontré à proximité du site. Il faut souligner que l'utilisation de l'espèce comme bois sacré favorise une conservation de celle-ci car les coupes sont limitées ou interdites suites à des croyances ancestrales ou traditionnelles.

Les résultats de cette étude ont permis d'identifier les efforts de gestion de Milicia excelsa dans la plaine du Litimé. Ces stratégies de gestion sont dans l'ensemble insuffisantes et très limités à cause du manque de moyens financiers, techniques, matériels. Il va falloir approfondir les réflexions afin de les renforcer pour parvenir à une gestion durable.

Chapitre 5.DISCUSSION

Pour une recherche scientifique, l'explication des résultats obtenus et leurs rapports avec les travaux antérieurs font l'objet d'une discussion. A cet effet, le présent chapitre fait l'objet d'une discussion des résultats présentés.

5.1 Potentiel du Milicia excelsa

L'évaluation du Milicia excelsa dans le Litimé a permis de recenser 84 pieds adultes. Ce nombre témoigne de la faible présence de l'espèce dans le Litimé. Les structures diamétriques et verticales évaluer sont dans l'ensemble moins importantes. Les classes de diamètres sont comprises entre 10 et 110 cm alors que les classes de hauteurs sont comprises entre 5 et 30 m Elles sont inférieures aux diamètres et hauteurs recensés par Ofori (2007), qui a évalué dans ces études des diamètres de Milicia excelsa comprises entre 0,1 et 1, 5 m et la hauteur maximale entre 45 et 50 m. Les classes de diamètres et de hauteurs estimées par Ofori (2007) sont plus élevées que les notre. Cette situation serait probablement dû au fait que son étude a porté sur toute l'Afrique alors que notre secteur d'étude est plus restreint. L'exploitation des essences avant leur maturité dans le Litmé peut également expliquer cette situation car les essences n'ont pas eu le temps de se développer en hauteurs et en surface avant d'être abattues.

Milicia excelsase retrouve presque dans toutes les formations de la plaine du Litimé. Il se retrouve aussi bien dans les forêts, dans les formations riveraines et dans les savanes. Cependant il est plus important en milieu de forêt qu'en savane. Cette distribution est similaire à celle de (Nichols et al. 1998) pour qui l'iroko est rencontré dans les forêts sempervirentes et semi-décidues, voire dans des forêts galeries et en savanes.

La régénération du l'iroko reste faible, que ce soit par semis ou par rejets de souches. La densité la plus élevée est celle des recrus forestiers (3,2 pieds/ hectare) et la plus faible est celle des plantations (0,15 pieds/ hectare). La dynamique de la régénération n'est pas loin de celle étudiée par Nichols et al. (1999) qui ont montré que le nombre moyen de plantules par semencier est très faible (6,5 juvéniles par arbre mère).

5.2 Facteurs de vulnérabilité du Milicia excelsa

Trois principaux facteurs de vulnérabilité du Milicia excelsa ont été identifiés dans la plaine du Litimé, il s'agit de l'exploitation, les feux de végétation et les défrichements culturaux. Parmi ces facteurs, l'exploitation est le premier facteur dans la dégradation de l'iroko. L'étude de Soussou (2009) relève plus de facteurs intervenants dans la dégradation des essences forestières que notre étude. En fonction des paysans qu'il a enquêté, les résultats ont montré que l'abattage anarchique est impliqué à 30 %, la surexploitation du sol à 10 %, la sècheresse (3 %), les feux de brousse (2 %). Ceci est dû au fait que son étude a pris en compte toutes les essences forestières et également des facteurs naturels qui n'ont pas été prise en compte dans notre étude. Néanmoins le facteur abattage anarchique est plus important, ce qui est similaire à nos résultats où l'exploitation est également le facteur principal.Les facteurs identifiés ont été également identifiés par Kouwamé (2005) comme des phénomènes récurrents qui contribuent à réduire les formations forestières en savane. L'étude de Gnongbo (2003) désigne les défrichements culturaux et les feux de végétation couplé à une croissance démographique comme les principaux facteurs de dégradation du couvert végétal ; ce qui est contradictoireaux résultats de notre étude où l'exploitation est le principal facteur. Ceci est dû au fait que l'étude de Gnongbo (2003) a pris en compte la dégradation de toute la flore liée aux activités agricoles alors que notre étude prend en compte les facteurs de vulnérabilité d'une seul espèce (Miliciaexcelsa).

5.3 Gestion durable du Milicia excelsa

La gestion du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé est très limitée. Aucune stratégie adéquate n'est mise en place par la population locale, ni par les ONG chargées de la protection de l'environnement ainsi que des organes étatiques. Au Benin, les stratégies locales de conservation de l'Iroko sont basées sur son caractère sacré. Le statut sacré de l'iroko amène les populations locales à protéger les jeunes semis de cette espèce rencontrée dans la nature. De même certaines ethnies d'Afrique de l'Ouest et de l'Est comme en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Nigéria et en Ouganda considèrent l'iroko comme un arbre qui abrite des génies ou des sorciers (Mollet et al. 2000 ; Azonkponon 2001 ; Tabuti 2007). Ces croyances autour de l'iroko ont contribué à sa conservation dans la mesure où elles engendrent la sacralisation de nombreux arbres (Mollet et al. 2000). Au Benin le caractère sacré duMilicia excelsa est très répandu. Sokpon et al ont recensé un total de 38,5 % des pieds d'irokosacrés. Dans la plaine du Litimé seul 7,94 % de la population reconnaissent le caractère sacré duMilicia excelsa. Les perceptions locales et les croyances déterminent ce caractère sacré ou non de l'iroko. La plaine du Litimé dont les habitants sont en majorité des chrétiens se sont débarrassés de certaines pratiques traditionnelles qui existaient par le passé. Contrairement au Benin où des pratiques traditionnelles comme le vodou sont encore présentes. Ce caractère inhabituel dans la plaine du Litimé renforce une exploitation anarchique et abusive de l'iroko. Malgré l'absence des stratégies de gestion duMilicia excelsa, l'Etat togolais à travers les agents forestiers essaient de limiter les dégâts à travers des dispositions et sanctions qu'ils prennent vis à vis des exploitants qui n'ont pas de permis de coupe. Cependant l'application parfaite de ces sanctions reste limitée et il va falloir les renforcer comme en Gambie où il est légalement protégé (Ofori, 2007). Un permis spécial est exigé pour son exploitation au Ghana, en Tanzanie, en Côte d'Ivoire et en Mozambique (WCMC 1998 ; Ofori 2007). L'exploitation de l'iroko a été récemment interdite officiellement en Ouganda, bien qu'il continue de faire l'objet d'un commerce illégal entre ce pays et le Kenya (Ebert ; 2004). Les bois indigènes, dont fait partie l'iroko, sont interdits d'exploitation au Kenya par un décret présidentiel (WCMC 1998). L'Etat d'Oyo au Nigéria a instauré un moratoire de 10 ans sur l'exploitation de l'iroko (WCMC 1998).

Les conservations des essences passent par la vulgarisation des pépinières.Aucune pépinière ni plantation deMilicia excelsa n'a été identifiée dans la plaine du Litimé ; ceci à cause de la rareté et de la non maîtrise de la population sur la production des graines. Les résultats de cette étude rejoignent les études de (Nyong'o et al. 1994). Pour eux la production de graines peut être très abondante, même si elle varie fortement d'un arbre à l'autre mais les paramètres influençant les variations de cette production ne sont pas connus. A ce facteur il faut ajouter la capacité de dispersion de l'espèce sur une grande distance. Si la théorie d'une explosion des graines est très répandue par les populations de la plaine de Litimé, (Okon ,1975 ; Taylor et al. 1999) et en Ouganda (Osmaston, 1965) ont montré le principal rôle joué par la chauve-souris (Eidolonhelvum ;1792) dans la dispersion des graines. Aubréville (1959) et Nyong'o et al. (1994) désignent plutôt des oiseaux comme principaux disperseurs de l'iroko en Afrique de l'Ouest. White et Abernethy (1996) désignent les primates et les oiseaux comme principaux disperseurs au Gabon. Tondeur (1939) signalait l'implication d'antilopes et rongeurs enRépublique Démocratique du Congo. Le manque de concordance entre ces récits découle des observations limitées aussi bien dans le temps que dans l'espace. Il doit être également mis en relation avec la faune localement présente. L'identification des disperseurs demeure un élément écologique fondamental à déterminer dans la mesure où l'efficacité de la régénération naturelle et la structure génétique des populations de plantes sont influencées localement par la nature même des disperseurs (Howe et Smallwood 1982).

Conclusion et suggestions

Conclusion générale

Cette étude a permis de faire un inventaire du Milicia excelsa et d'identifier les formes de pression humaines ainsi que les efforts de gestion de l'espèce. En, effet au terme de cette étude 84 pieds adultes de Milicia excelsa ont été comptés. Les classes de diamètres et de hauteurs ont été effectuées par formation végétale, les classes moyennes sont dans l'ensemble les plus dominantes. Les densités et les surfaces terrières par formation végétale et par canton calculées sont également faibles. En somme l'hypothèse H1 selon laquelle le potentiel de Milicia excelsa est faible dans le Litimé trouve sa justification.

Les formes de pression humaines sont caractérisées par trois principaux facteurs. Il s'agit de l'exploitation, des feux de végétation et les défrichement culturaux. L'exploitation est le facteur principal de la dégradation de Milicia excelsa, il est impliqué à l'ordre de 75 % et est marqué par la production des formes de sciages. Les feux de végétation viennent en seconde position (20 %) et impactent essentiellement les jeunes individus, enfin les défrichements culturaux (5%). Ce qui confirme l'hypothèse H2 selon laquelle l'exploitation, les feux de végétation et les défrichement culturaux sont les principaux facteurs de vulnérabilité du Milicia excelsa.

Les efforts de gestion sont entrepris pour conserver Milicia excelsa dans le Litimé, mais ces efforts sont très limités et ne fournissent pas encore les résultats escomptés. Il s'agit entre autres de la protection des jeunes plants, du contrôle des agents forestiers, de la sensibilisation de la population et de la conservation de Milicia excelsa comme bois sacré. L'hypothèse H3 qui stipule que les efforts de gestion durable de Milicia excelsa sont peu efficaces et très limités trouve sa justification.

Les résultats auxquels l'étude a abouti restent en partie ouvert dans la mesure où les connaissances sur la génétique et sur la régénération de l'iroko sont incomplètes. Un champ d'étude reste ouvert surtout à l'endroit des botanistes afin de compléter les connaissances sur Milicia excelsa pour pérenniser l'existence de l'espèce. Il est également nécessaire de poursuivre les recherches afin de :

Ø Caractériser la dynamique du Milicia excelsa

Ø Evaluer la disponibilité de l'espèce à l'échelle nationale

Ø Quantifier les divers usages dans le pays et l'ampleur de son exploitation en bois d'oeuvre et de service ;

Ø Déterminer la possibilité d'installation des plantations de Milicia excelsa.

Suggestions

ü L'organisation des paysans pour le reboisement et la protection des jeunes plants.

L'organisation des paysans pour un reboisement réussi nécessite trois facteurs primordiaux : la terre, le capital et la stratégie. Les uns peuvent entreprendre des parcelles de reboisement individuel à condition qu'ils aient la terre, les moyens nécessaires et les stratégies adaptées. D'autres peuvent opter pour le reboisement collectif surtout si les facteurs sont individuellement limités. Dans ce cas la formation des groupements est d'une importance capitale et procure assez d'avantages (aides financières, matérielles, techniques). Les paysans doivent aussi protéger les jeunes plants dans les cacaoyers, les caféiers et les champs des produits vivriers et à les utiliser rationnellement (conservation, entretien, régénération, reboisement).

ü L'association des acteurs du marché du bois d'oeuvre aux prises de décisions relatives au Milicia excelsa.

Les acteurs du marché doivent être associés à la prise de décision touchant l'exploitation de l'iroko car quoiqu'on dise leur avenir en dépens. Les bûcherons doivent penser à une gestion plus rationnelle de la denrée qui se raréfie d'années en années. Quant aux commerçants, il serait souhaitable qu'ils s'organisent en association pour penser eux-mêmes à une éventualité de mise en place des plantations pour sécuriser leur activité dans l'avenir.

ü Redéfinir le rôle des agents forestiers

Les responsables forestiers doivent être des éducateurs et des organisateurs des collectivités plutôt que des policiers, ils doivent recevoir des formations en sociologie, en droit et en sylviculture. Ceci leur permettra d'être acceptés par les populations locales car les relations entre les populations et le département des forêts se ramènent souvent à des hostilités et à une méfiance réciproque.

ü Redéfinition de la politique de l'Etat en matière d'exploitation du Milicia excelsa

L'Etat togolais, par l'intermédiaire du ministère de l'environnement et des ressources forestières,doit renforcer les lois sur l'exploitation de Milicia excelsa. L'autorisation des permis de coupes surMilicia excelsa doit être extrêmement limitée. L'Etat peut décréter un moratoire de 10 ou 20 ans sur l'exploitation du Milicia excelsa et mettre des moyens financiers à la disposition de l'ODEF pour une recherche plus poussée sur la régénération de l'iroko afin de promouvoir son reboisement.

ü La sensibilisation de la population sur la conservation du Milicia excelsa

Les agents forestiers et les organes comme l'ODEF et autres intervenants dans la protection de l'environnement doivent sensibiliser la population sur le bien-fondé de la conservation de l'iroko.Une gestion participative doit être instaurée pour une meilleure protection et conservation de l'iroko.

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ANNEXES

Figure 1: Carte des sites d'enquêtes et relevés 1

Figure 2: Carte de la situation géographique du Litimé 35

Figure 3: Carte géologique de la plaine du Litimé 37

Figure 4: Diagramme Ombrothermique 39

Figure 5: Classe de diamètre du Milicia excelsa 50

Figure 6: classe des diamètres par formation végétale 51

Figure 7: classes des hauteurs 52

Figure 8: Structure verticale par formation végétale 54

Figure 9: Densité de la régénération par formation 57

Figure 10: Essence de bois d'euvre les plus exploitées dans le Wawa 59

Figure 11: Les différentes formes de sciages dans le Litimé 60

Figure 12: Forme d'utilisation du Milicia excelsa 62

Figure 13: Proportion d'utilisation dans le traitements des maladies 64

Figure 14: Proportion des feux de végétation sur la dégradation des adultes et jeunes plants d'iroko 65

Figure 15: Type de culture agissant sur la dégradation du Milicia excelsa 68

Figure 16: Proportion des facteurs de Vulnérabilité du Milicia excelsa 69

Figure 17: Impacts de la dégradation sur les adultes et jeunes iroko 70

Figure 18: Proportion des exploitants et paysans dans la dégradation de l'iroko 71

Figure 19: Estimation de la disponibilité des graines d'iroko 73

Tableau I: Localités Enquêtées par canton 1

Tableau II: Densité et surface terrière par formation 55

Tableau III: Densité, Diamètre moyen et surface terrière du Milicia excelsa par canton 56

photo 1 photo montrant un pied de Milicia excelsa 1

photo 2: produit de sciage de l'iroko 61

photo 3: un pied d'iroko écorcé pour prélever la sève à Tomégbé 63

photo 4: un pied d'iroko abattu dans une plantation de teck à Kessibo 67

photo 5: un pied d'iroko abattu à Kessibo 75

Table des matières

DEDICACE 1

Remerciements 2

Résumé 4

Abstract 5

Sigles et acronymes 6

Sommaire 7

Introduction 8

Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET APPROCHE METHODOLOGIQUE 11

1 Cadre conceptuel 11

1.1 Problématique 11

1.2 Hypothèses 14

1.2.1 Hypothèse principale 14

1.2.2 Hypothèses secondaires 14

1.3 Objectifs de recherche 14

1.3.1 Objectif général 14

1.3.2 Objectifs spécifiques 14

1.4 Intérêt du sujet 15

1.5 Clarification des concepts 15

1.6 Revue de littérature 16

1.6.1 Facteurs anthropiques de dégradation de la flore ligneuses 16

1.6.2 Stratégies de gestion durable des espèces ligneuses 19

Chapitre 2. MATERIEL ET METHODE 21

2.1 Matériel 21

2.1.1 Matériel d'étude 21

2..1.1.1 Historique du Milicia excelsa 22

2.1.1.2 Ecologie du Milicia excelsa 23

2.1.1.3 Anatomie du Milicia excelsa 24

2.1.1.4 Caractéristiques botaniques 25

2.1.1.5 Reproduction et régénération naturelle du Milicia excelsa 26

2.1.2 Matériel utilisé 28

2.2 Méthodes 28

2.2.1 Collecte et traitements des données 28

2.2.1.1 Collecte des données 28

2.2.1.1.1 Données documentaires 28

2.2.1.1.2 Choix des sites 29

2.2.1.1.3 Relevés floristiques 29

2.2.1.1.4 Observations dendrométriques 29

2.2.1.2 Traitement des données 30

2.2.1.2.1 Densité 30

2.2.1.2.2 Diamètre moyen 30

2.2.1.2.3 Surface terrière (G) 30

2.2.1.2.4 volume 31

2.2.1.3 Enquêtes de terrain 31

Chapitre 3 : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN 34

3.1 Milieu Physique 34

3.1.1 Cadre géographique 34

3.1.2 Relief 34

3.1.3 Géologie 36

3.1.4 Sols 38

3.1.5 Données climatiques 39

3.1.6 Température et insolation 40

3.1.7 Hydrographie 41

3.1.8 Vents 41

3.1.9 Végétation 41

3.2 Milieu humain 42

3.2.1 Historique du peuplement 42

3.2.2 Evolution de la population 43

3.2.3 Caractéristiques de la population 44

3.2.4 Activités économiques 45

3.2.4.1Agriculture 45

3.2.4.2 Exploitation du bois d'oeuvre 46

3.2.4.3 Autres activités 47

Chapitre 4 RESULTATS 49

4.1 Potentiel du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé 49

4.1.1 Structure diamétrique et verticale 49

4.1.1.1 Structure diamétrique générale 49

4.1.1.2 Structure diamétrique par formation végétale 50

4.1.2 Structure verticale en classe de hauteur 52

4.1.2.1 Structure globale en classe de hauteur 52

4.1.2.2 Structure verticale par formation végétale 53

4.1.2 Densité et surface terrière 55

4.1.2.1 Densité et surface terrière par formation végétale 55

4.1.2.2 Densité, diamètre moyen et surface terrière par canton 56

4.1.3 Régénération 57

4.2 Les principaux facteurs de Vulnérabilité du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé 58

4.2.1 L'exploitation du Milicia excelsa 58

4.2.1.1 Part de l'exploitation de l'iroko par rapport aux autres bois d'oeuvres 58

4.2.1.2 Produits de bois d'oeuvre dérivés du Milicia excelsa 59

4.2.1.3 Produits forestiers non ligneux issus du Milicia excelsa 62

4.2.2 Feux de végétation 65

4.2.3 Défrichements culturaux 66

4.2.3.1 Agroforêts et plantations 66

4.2.3.2 Défrichement pour l'implantation des Cultures vivrières 67

4.2.3.3 Part de chaque facteur dans la vulnérabilité du Milicia excelsa 69

4.3 Gestion durable du Milicia excelsa dans la plaine du Litimé 72

4.3.1 Promotion des pépinières à Milicia excelsa 72

4.3.2 Protection des jeunes plants 74

4.3.3 Contrôle des agents forestiers 74

4.3.4 Programmes de sensibilisation de la population locale 76

4.3.5 Conservation du Milicia excelsa sous forme de bois sacré 76

Chapitre 5. DISCUSSION 78

5.1 Potentiel du Milicia excelsa 78

5.2 Facteurs de vulnérabilité du Milicia excelsa 79

5.3 Gestion durable du Milicia excelsa 79

Conclusion et suggestions 82

Conclusion générale 82

Suggestions 83

Références bibliographiques 85

ANNEXES 89






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille