ANNEXES
Retranscription des interviews
Renaud Durussel, programmateur pour Transform Festival
(28/04/2022)
Pourquoi faire une édition du Tremplin
réservée aux femmes et aux personnes faisant partie des
minorités de genre ?
- Suite à un constat après les éditions 2019
et 2020, où il y avait très peu de candidatures féminines
(environ 1 sur 10). L'édition 2021 a eu le même nombre de
candidatures que les anciennes, avec uniquement des femmes cette fois.
Pourquoi les rappeuses ont osé candidater à
cette édition spéciale et pas les années
précédentes ?
- Ça leur garantit une sorte de «safe place»
pour présenter leurs projets. Elles sont prudentes au début de
leur carrière, et osent moins se mélanger aux rappeurs masculins.
Elles se sont apparemment senties plus à l'aise d'être en
compétition avec uniquement des femmes. Mais grâce à
l'impact médiatique qu'à eu cette édition, on a
reçu 10 fois plus de candidatures féminines pour l'édition
2022, qui est mixte, par rapport à celles de 2019 et 2020.
Comment expliquer qu'il y a peu de femmes qui ont le
branding de rappeuse ?
- Le rap subit encore beaucoup de stéréotypes.
On associe les femmes à quelque chose de plus mélodique, qui peut
se réfugier dans la pop. Pourtant il y a des rappeuses comme LeJuiice,
Davinor, Darkqueen, Lagale, Doria qui kickent. Ça va aussi avec
l'évolution du rap qui devient de plus en plus mélodique.
Pourquoi on considère qu'il n'y a pas de rappeuse
après Diam's ?
- Diam's avait une image peu féminine. Ça a
aussi marché pour ça. Les rappeuses qui kickent revendiquent une
certaine puissance, virilité, qu'elles travaillent à leur sauce.
C'est moins accepté pour une femme. J'ai l'impression que ça
change petit à petit. Le Juiice par exemple incarne quelque chose de
féminin, avec un discours de rapport aux hommes et à la
séduction assez «traditionnel», mais avec beaucoup de kick
derrière.
Pourtant, aux États-Unis, ça n'a pas
l'air d'être un souci d'assumer une image séductrice tout en
kickant fort comme Nicky Minaj, Cardi B, Doja Cat... Pourquoi le même
schéma marche moins pour les rappeuses françaises ?
- Il y a un rapport à la féminité et aux
valeurs que la femme est censée incarner en France qui est
différent de ce qu'on retrouve dans le mainstream américain.
C'est probablement une question de
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culture qui dépasse le cadre de la musique. Une fille
qui chante avec une voix douce et une guitare acoustique ça marche
très bien, mais si elle veut être lead singer d'un groupe de metal
on considère que y' a pas de place pour ça.
Le rap est misogyne ?
- Oui mais pas plus que Johnny Hallyday. Il faudrait
défendre la légitimité des cultures urbaines pour aider
les rappeuses.
Quelles solutions pour aider les rappeuses à se
populariser ?
- Garantir la parité sur les scènes. Leur offrir
de la visibilité. Faire en sorte que les structures s'intéressent
aux femmes rappeuses. Il y a un manque de labels en suisse. Les structures qui
ne sont pas très solides (ex : assos, petits labels), vont plus
capitaliser sur des projets de rappeurs, qui ont un plus gros potentiel de
vente. Surtout après deux années de covid, il faut remplir les
caisses. À cachet égal, il y a de fortes chances qu'on remplisse
plus avec un rappeur, qu'une rappeuse. On pourrait créer des labels pour
ça. Avoir plus de femmes dans le reste de l'industrie (productrices,
journalistes, dans les jurys...). Augmenter les subventions pour les projets de
rappeuses. Il faudrait aussi simplifier les demandes de subvention car pour les
artistes qui débutent c'est difficile. Utiliser des images de femmes sur
les supports de communication rap peut aussi aider à les visibiliser.
Tu es optimiste quant à la popularité des
rappeuses dans les années à venir ? - Carrément,
rien que le tremplin de cette année est un méga bon signe !
Des rappeuses suisses à recommander ?
- Badnaiy, VVS Panthere, Dark Queen, Lagale, Naomie Lareine
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Éloïse Bouton, Fondatrice de Madame Rap
(04/05/2022)
Pourquoi avoir créé le média Madame
Rap ?
- Pour plusieurs raisons. D'abord parce que j'ai toujours
écouté du rap et des rappeuses, et je trouvais dommage qu'elles
ne soient pas plus mises en avant dans les médias grands publics et
spécialisés. Ensuite, j'étais investie dans plusieurs
associations féministes et à l'époque, dans certains
milieux féministes, c'était mal perçu d'écouter du
rap. Les arguments étaient les mêmes qu'aujourd'hui : paroles
affreuses, musique sexiste, mise en scène dégradante dans les
clips... Je ne comprenais pas pourquoi le rap cristallisait cette
idée-là plus que d'autres courants artistiques. Je voulais
montrer que ce n'est pas incompatible et que c'est au contraire un bon moyen
d'expression. Enfin j'étais pigiste et on refusait souvent mes articles
en me disant que c'était un sujet de niche. J'ai voulu créer un
espace où je peux écrire librement sur ce sujet, qui ne me
paraît pas être de niche.
Comment se fait le travail de recensement chez Madame Rap
?
- C'est moi qui m'occupe du listing, c'est beaucoup de
recherche sur les réseaux, sur soundcloud et sur BandCamp, C'est
passionnant. Il y a presque 2800 rappeuses que j'ai recensé dans le
monde aujourd'hui.
Vous avez eu l'impression que les médias
étaient réticents à donner de la visibilité aux
rappeuses ?
- Oui, dans les médias rap comme grands publics. Il y a
des grands noms du journaliste rap qui ne mettent pas suffisamment les
rappeuses en avant. On voit des top de l'année sans aucunes femmes
dedans, c'est pénible.
Pourquoi à votre avis ?
- C'est pratiquement que des hommes à la tête de
ces structures. Ils reproduisent un entre soi. Plus on mettra des personnes de
genres, milieux différents dans des postes à
responsabilité, plus on apportera de la diversité dans
l'industrie et au public. S'il y a peu de femmes DA dans les majors, ça
veut dire que les artistes que l'on voit sont choisis par des hommes. On
retrouve le fameux «male gaze».
Le manque de femmes à des postes de
décisions dans l'industrie musicale joue-t-il un rôle dans
l'invisibilisation des rappeuses ?
- Oui clairement et ça impact aussi la manière
dont elles sont marketées, présentées, promues. Elles
dépendent d'un regard masculin.
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Vous pensez que le public aussi est réticent
à accepter les rappeuses ?
- Pour moi pas du tout. C'est un discours piège
véhiculé par les hommes. On sait que ce qui marche c'est la
promo. Si les moyens sont mis, le public s'y intéressera
forcément.
Est-ce qu'une rappeuse devrait viser un public
plutôt féminin ?
- Je pense qu'il ne faut pas s'intéresser au genre.
C'est avant tout du rap. C'est évident qu'une Cardi B n'est pas
écoutée que par des femmes. Comme on est dans un pays globalement
sexiste, «rap de fille» est synonyme de «moins bien».
Même les algorithmes des plateformes sont étranges par rapport
à ça. Quand j'écoute des rappeurs, on me propose que des
rappeurs par la suite. Quand j'écoute des rappeuses, on me propose
uniquement des femmes, même si ça n'a rien à voir comme
Angèle, Shakira etc... Le public masculin a aussi besoin d'une sorte de
validation de leurs goûts par d'autres hommes. Shay par exemple a
été validée par Booba. C'est pour ça que les
journalistes masculins ont peur de perdre leur public en parlant de
rappeuses.
Justement on écoute beaucoup de rappeuses
américaines en France, pourquoi le public ne suit pas les rappeuses
francophones ?
- Je pense que c'est dû à un manque
d'accès à ces artistes. Le décalage est énorme
entre les rappeuses qui existent et celles qui sont visibles. C'est plus facile
d'être découvert pour un rappeur. Il y a environ 350 rappeuses
actives aujourd'hui en France. Le grand public doit en connaître 3 ou 4
maximum.
Les femmes ont peur de se lancer dans le rap
?
- Oui, il y a beaucoup de pression sociale à cause des
clichés du rap de la part des proches. Elles se prennent aussi beaucoup
de réflexions sexistes. Ça en décourage certaines. J'ai
fait beaucoup d'open mics test, mixte et non mixte. Les filles avant tendances
à beaucoup plus se lâcher et moins se censurer devant un public
non mixte. Les textes et les tenues étaient différents. C'est
sûrement moins difficile une fois que c'est une artiste confirmée
que pour les artistes émergentes qui doivent faire leurs preuves. Une
rappeuse qui assume de se sexualiser, si y a pas d'homme qui l'a couverte
derrière, est vite slutshamée. Je pense que c'est difficile pour
des artistes comme Davinhor et LeJuiice qui traitent de sujets comme le
patriarcat et les hommes, et qui sont féministes même si elles ne
se définissent pas comme ça. Quand il y a un manque de
féminité ou dans des modèles de genre différents,
le public s'y intéresse moins.
Est-ce que c'est gênant pour les rappeuses
d'aujourd'hui de toujours leur rappeler le succès de Diam's
?
- Si elles n'ont pas cité Diam's comme une de leur
référence, je ne vois pas pourquoi les comparer. On oublie qu'il
y a eu des rappeuses avant en plus. Elle n'est même plus présente
musicalement. Elle a arrêté sa carrière. Les médias
ont créé une nostalgie autour d'elle. En France on aime bien
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les exemplaires uniques. Comme s'il n'y avait de la place que
pour une personne. Il y a eu une grande rappeuse et on dit aux nouvelles
qu'elles n'auront jamais son succès. En plus elle allait très mal
durant sa carrière. Les nouvelles générations de rappeuses
de 16/17 ans pour la plupart n'ont même pas grandi avec elle et font de
la musique très différente. On pousse les femmes à
être en compétition entre elles comme s' il y avait peu de
places.
Quelles solutions existent aujourd'hui pour donner de la
visibilité aux rappeuses ?
- Il y a pleins de choses. J'essaye d'encourager les artistes
à se structurer. Il y a beaucoup de dispositifs de
révélation/accompagnement qui existent mais sont montés
par des hommes blancs cisgenres. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas
une bonne chose, mais j'ai peur qu'à terme le business se fasse à
leur dépens. Donc plus d'initiatives faites par les femmes. Même
si c'est difficile de trouver les ressources, l'argent etc... Les médias
grand publics doivent arrêter de parler des rappeuses à travers le
genre. Il n'y a pas de rap féminin/masculin. Diversifier l'industrie.
Mettre en place des quotas pour les programmations. On sait que ce
système fonctionne.
Il y a une réticence à signer des
rappeuses, par ce que ça «marche moins» ?
- Le métier de DA c'est un métier de prise de
risque. Aujourd'hui on peut signer ou programmer juste au nombre de vues.
Surtout après le covid, personne ne veut prendre de risque.
Dénicher de nouveaux talents c'est pas attendre que le public mette des
likes.
On en attend plus d'une artiste que d'un artiste
?
- Clairement. Après on le sait, comme dans tous les
domaines de la société les femmes doivent en faire 25 fois plus.
Certains mecs qui rap à peu près correctement ou qui font un son
un peu fun, et qui ont quelques vus seront plus facilement signés. Les
femmes elles vont se faire insulter plus facilement. Quand un rappeur à
souvent besoin d'un seul titre, on va attendre qu'une rappeuse nous convainque
avant de dire qu'on aime bien. On connaît les injonctions contradictoires
«trop grosse», «trop maigre», «trop vieille»,
«trop jeune», «vulgaire», «pas assez
féminine». Il vaut mieux s'en amuser, et certaines en jouent, sinon
on ne s'en sort pas. Je pense encore une fois que ça peut se
régler avec plus de diversité dans les instances de
décision.
Vous êtes optimistes sur la popularité des
rappeuses dans les années à venir ?
- Oui je trouve que les choses évoluent. Je vois via
Madame Rap qu'il y a tout le temps des nouvelles artistes. Il y a plus de
solidarité, sûrement grâce aux réseaux sociaux.
J'espère juste qu'elles resteront libres dans leur succès et que
ce ne sera pas approprié par des hommes. On a besoin de sortir de ce
male gaze.
C'est important d'apporter un point de vue féminin
sur ces artistes ?
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- Oui. Il y a des initiatives pour mettre en lumière
les rappeuses qui ont été prises récemment qui sont
à côté de la plaque. C'est en partie dû au fait que
ce soit des projets portés par des hommes. Par exemple, dans le
documentaire Reines de Canal +, il n'y aucune beatmakeuse. Ce
n'était pourtant pas compliqué d'en trouver. De plus, Bianca
Costa ne se définit même pas comme rappeuse. Sur les centaines
existantes, ils n'ont pas fait l'effort de trouver 5 artistes qui se
définissent comme rappeuse. Quelle image ça renvoie ? Au lieu de
les mettre en lumière, on fait croire qu'il n'y en a quasiment aucune.
Même le titre Reines pose un problème. C'est pour
ça qu'il faut plus de femmes à la tête de ces projets,
sinon ça sonne faux et on le sent. Peut-être que ce n'est pas
fini, mais c'est choquant de voir aussi peu de parité sur des compiles
à 30 voir 150 rappeurs. C'est agaçant qu'on m'appelle pour
ça, sans regarder que je ne parle pratiquement pas d'hommes.
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Mekolo Biligui, journaliste spécialisée rap
(10/05/2022)
C'est plus difficile pour une femme de se lancer dans le
rap ?
- Oui mais ce n'est pas spécifique au rap. Le rap
n'échappe pas à la misogynie, comme les corps de métiers
d'expertise aussi. Il y a forcément un ratio plus faibles de personnes
qui s'identifient comme féminines. C'est un métier d'exposition
donc il y a plus de critiques sur les réseaux. On peut voir sur le
dernier clip de Shay beaucoup de commentaires misogynes.
On a reproché à Shay de s'inspirer de
Cardi B, pourtant il y a un public français pour les rappeuses
américaines qui ne suit pas les rappeuses françaises, qu'est ce
que tu en penses ?
- Les rappeuses américaines ont une autre façon
de considérer le corps, je pense qu'en France on a un souci avec
ça. On le met à distance en se disant que c'est une autre
culture, mais quand c'est la nôtre ça ne passe pas. Je pense que
les américains ne seraient pas du tout choqués par Shay.
Après les rappeuses américaines subissent aussi des critiques,
mais ça a l'air de prendre moins d'ampleur qu'en France.
On a du mal à trouver un public pour les rappeuses
?
- Typiquement Shay est très suivie par le public, mais
je pense qu'on ne considère pas le bon public. Les femmes sont bien
présentes dans l'écoute du rap mais ne s'expriment pas beaucoup.
On les voit en concert mais ce ne sont pas elles qui donnent leur avis sur les
réseaux. Finalement le «public twitter» n'est pas si
représentatif du public des artistes. Les gars parlent beaucoup, donc on
a l'impression que le public masculin drive les goûts musicaux. En
réalité, beaucoup d'artistes savent très bien que s'ils
ramènent un maximum de femmes dans leur public, un public masculin va
suivre.
Le public masculin attend-il une validation masculine
?
- Le Juiice où une Zinée, elles sont
arrivées avec leur voix, leurs prods et leur univers et je pense que
c'est ça qu'on a vu en premier. Après c'est vrai que souvent on
attend qu'un journaliste masculin les «valide» avant d'avoir un
engouement des médias. Mais je pense aussi qu' une artiste
féminine va amener un public plus large et plus représentatif de
la jeunesse. Par exemple, dans quelque chose de plus pop, le public d'Aya
Nakamura est sûrement plus représentatif de la jeunesse
d'aujourd'hui, avec des femmes, des hommes, des personnes queers. Peu de
personnes ont compris ça et ont commencé à capitaliser
dessus. Il y a des populations qui ont du mal à trouver des artistes qui
leur parlent et à qui ils s'identifient, et les artistes
féminines ont ce pouvoir d'amener un public plus large.
Les médias sont-ils réticents à
donner de la visibilité aux rappeuses ?
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- Forcément j'écris sur moins de filles mais
j'essaye d'en mentionner dès qu'on peut. La question aussi c'est la
parité dans les journalistes, sur les plateaux etc... Quand il y a des
gros médias qui citent les sorties d'album et qu'il y a une femme qui
sort un album et qu'on ne la cite pas, c'est un manque d'effort. Il y a moins
de rappeuses, on peut se permettre de les mettre en avant quand on peut. On
donne un accès difficile à ces rappeuses, donc le public en
connaît 3,4 sur les centaines qui existent. Même les journalistes
du milieu n'arrivent pas à citer des noms.
Est-ce que c'est embêtant pour les rappeuses de
leur rappeler le succès de Diam's ?
- Oui. On ne ramène pas les rappeurs à Booba. On
parlera d'inspiration à la limite, mais dans le cas de Diam's on
l'oppose aux autres rappeuses.
Est-ce que ça bloque du côté des
labels ?
- Ouais, il y a une impression de prendre des risques en
signant une rappeuse. Parfois il y a des directions artistiques un peu
bizarres, on les pousse peut-être trop vers la pop alors qu'elles n'en
ont pas toutes envie. On les signe souvent quand elles ont déjà
un public ou qu'elles sont vraiment excellentes. On est plus exigeants envers
les femmes, mais ça c'est un problème de
société.
Qu'est ce qu'on peut faire pour aider les rappeuses
à se visibiliser ?
- Dans notre profession en tant que média, il faudrait
qu'on essaye d'être plus équitable dans les propositions qu'on
fait. Chaque média à sa communauté, si tout le monde s'y
met on aurait vraiment un impact. En fait, il faudrait surtout qu'on vive dans
une société moins misogyne. C'est pareil dans pleins d'autres
milieux. Regarde, il y a peu de guitaristes femmes, ou de femmes dans
l'électro. Si on voit plus de femmes visibles sur les plateaux, dans les
labels, ça va amener un public féminin qui va se dire qu' elles
aussi elles peuvent avoir et donner un avis sur le rap. La mentalité
vient aussi du public, ce sera difficile de la changer si la
société reste la même.
Qu'est-ce que tu penses des représentations
grand public des rappeuses comme la série Validé, Diana Boss, le
documentaire Reines ?
- Pour Validé, j'espérais qu'ils parlent d'une
rappeuse dans la saison 2 justement, mais je trouve que ça n'a pas
été bien exploité, le rap est devenu secondaire. Je n'ai
pas vu la série avec Moona mais ça m'a l'air pas mal. On voit
dans le jury de la nouvelle émission de Netflix qu'il y a Shay. De toute
façon avec les réseaux on ne peut plus ignorer qu'il y a des
femmes qui rappent. Reines il y a beaucoup de trucs qui vont, tout le monde n'a
pas un portrait, le planète rap c'est un faux, dès le
générique c'est Diam's, ils auraient pu choisir quelqu'un
d'autre, ou mettre le son d'une des rappeuses du documentaire.
Qu'est ce que tu penses des initiatives de tremplins 100%
féminins ?
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- C'est très bien comme initiatives. Je comprends que
les femmes soient plus à l'aise dans ces événements. J'ai
eu un cas l'année dernière lors d'un BuzzBooster régional.
Il y a une artiste qui est montée sur scène et des jeunes dans le
public qui lui ont crié «les femmes c'est à la
cuisine». Ça va à l'encontre des valeurs de la culture
hip-hop. Les organisations doivent être intransigeantes sur ce genre de
comportement. La seule artiste féminine va se prendre des
réflexions sexistes avant même de commencer.
Tu es optimiste quant à la popularité des
rappeuses dans les années à venir ?
- Oui, il y a des filles qui tracent leur route. À
force de travail ça marchera. LeJuiice, par exemple, est hyper forte,
ça ira pour elle. Eesah Yasuke aussi, je la suis de près et je
pense que ça va marcher pour elle, même si c'est fastidieux.
Après il faut revoir la notion de popularité. Certains artistes
moins exposés vivent très bien et ont trouvé leur public.
J'insiste aussi sur le fait qu'on ignore le public féminin et LGBTQ+
alors qu'il est bien présent.
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Gauthier Benoît, Fondateur de Rappeuz (10/05/2022)
Pourquoi avoir voulu monter un tremplin de rap
spécialement féminin ?
- À la base on est une structure qui s'appelle
CallMeFemcee, on accompagne des artistes émergentes internationales dans
leur développement. On avait des rappeuses anglaises, tunisiennes,
italiennes...dans notre collectif. On s'est rendu compte qu'il y a un
véritable besoin d'accompagnement, certaines font des rencontres
malveillantes.
Comment se passent les candidatures ?
- C'est en ligne. Il y a une présélection.
Ensuite elles viennent passer les castings sur les lieux partenaires (Paris,
Ivry, Lilles, Marseille). 2 finalistes par villes donc une finale avec une
dizaine de candidates. On est très accessibles par les candidates. On
est proche d'elles, on fait pas mal d'accompagnement et de rencontres. C'est
très humain, à partir du moment où tu candidates tu peux
bénéficier de nos conseils. C'est important pour nous de donner
un vrai feedback aux rappeuses et surtout de les rencontrer chez elles. On veut
leur permettre d'avancer dans leur projet.
En quoi consiste l'accompagnement que vous proposez aux
participantes ?
- L'accompagnement s'adapte à leurs besoins. On va
discuter avec elle, si elle a besoin de studio ou d'instrus on va les
présenter à des pros bienveillants et si c'est de la
stratégie ou du développement scénique on va travailler
dessus.
Les artistes que vous rencontrez sont-elles
déjà structurées ?
- Un des critères de participation est de ne pas avoir
plus d'un partenaire pro (exemple: label ou distributeur). Après on a de
plus en plus de candidates qui rappent depuis longtemps et qui n'arrivent pas
à s'entourer.
Comment le tremplin a évolué au fur et
à mesure des éditions ?
- La 1ère édition était en 2019, on a eu
plus de 150 candidatures, les castings étaient en live mais pas la
finale. La 2e édition était spéciale puisque
c'était pendant le COVID, donc 100% en ligne. On a pu reprendre le live
l'année dernière, il y avait une énergie de ouf. Cette
année, pour la 4e édition, il y a une salle partenaire en plus,
le Hangar à Ivry. On a fait Lilles le 5 mai, La Place le 10 mai,
Bordeaux le 15 mai au Rock School Barbey et le 19 mai, Marseille. En plus il y
a eu une présélection à Brest, et la gagnante est prise en
charge pour passer le casting à Paris. On monte en level et on est super
contents.
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Quels freins empêchent les rappeuses de se
développer ?
- C'est un mélange de plein de choses. C'est
déjà difficile pour un artiste homme de se faire une place, alors
une femme c'est pire. Surtout de se faire un réseau. Elles peuvent
tomber sur beaucoup de gens malveillants, qui font tomber leur projet à
l'eau.
Il y a une réticence à leur donner de la
visibilité ?
- La réalité c'est qu'en France on s'enferme
beaucoup dans un style «qui marche». Sur le tremplin on voit plein de
profils et de propositions différentes. Il y a une diversité
d'images, de textes... Le rap est une industrie, il y a des codes, et un manque
de prise de risque.
Comment les rappeuses peuvent-elles gagner en
visibilité ?
- La plupart des artistes qui viennent ne savent pas par
exemple que dans beaucoup de villes il y a des structures d'accompagnement
comme les SMAC. Il y a aussi cette image du rap qui doit marcher à
grande échelle, «je dois faire du buzz». Alors qu'une bonne
stratégie est de d'abord s'implanter localement, identifier les pros
autour d'elles, fidéliser un premier public... Souvent les projets des
rappeuses stagnent dans le processus de professionnalisation. Elles ont
dû mal à intégrer un réseau.
On écoute beaucoup de rappeuses
américaines en France, pourquoi le public ne suit pas les rappeuses
francophones ?
- L'industrie essaye de copier les codes américains.
Ducoup, le public préfère écouter les américains.
Alors que dans le rap français y a des textes, Il y a plein de choses
à mettre en avant. Mais c'est un problème de
société. Comme le dernier titre de Shay, les gens ont
l'impression que ça fait pareil en moins bien. Le public français
a du mal à soutenir. C'est fou ce qui passe à la radio en
comparaison de la diversité énorme de profils et de projets qu'on
voit ici.
Qu'est ce que vous pensez du fait qu'on ramène
souvent les rappeuses à Diam's ?
- C'est chiant. «Alors c'est vous la nouvelle
Diam's» ? Des fois tu accompagnes une rappeuse et on te dit «j'aime
bien Chilla», le rapport ? Au début, nos partenaires
s'inquiétaient du niveau de la finale. Alors qu'attend, on a 150
candidates, des castings avec des pros, le niveau sera forcément
là.
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Josué Bananier, manager de Liouba et cofondateur de
RekYou (27/05/2022)
Comment en es-tu venu à manager Liouba
?
- Avant Liouba je manageais un autre artiste, c'est là
que j'ai fait mes premières armes. J'avais décidé
d'arrêter les missions de manager car ça prenait beaucoup de
temps. J'ai rencontré Liouba à l'issue d'un Rekord Live où
elle performait. Ça a été un coup de coeur musical et
humain. Ça m'a donné envie de reprendre cette casquette que
j'aime beaucoup. Quand je l'ai vu je me suis dit que c'est une pépite,
j'ai envie de l'aider à se polir et devenir l'artiste qu'elle souhaite
être. Je ne suis pas fan d'artistes mais de ceux qui les entourent. J'ai
passé beaucoup de temps à étudier les stratégies
mises en place par les équipes des artistes que je suivais.
Il y a une différence entre l'analyse et la
pratique du métier de manager ?
- Carrément. Déjà on avait changé
de période, il n'y avait pas YouTube, Twitter, Instagram avant... Les
codes ont changé. Je me suis rendu compte que le travail est
énorme, surtout qu'il faut prendre en compte la vie perso de l'artiste.
Il y a beaucoup d'humain dans ce métier.
Quel est le public de Liouba ?
- Liouba est écoutée par une majorité
d'hommes. J'aimerais équilibrer son public. Déjà parce que
le public féminin achète plus facilement des places de concert.
J'aimerais aussi qu'elle ait une communauté féminine plus forte,
qui s'identifie à elle. J'aimerais qu'elle soit un role model. Voir des
rappeuses sur scène, ça fait aussi passer le message aux autres
femmes que c'est possible, et petit à petit continuer à faire
monter la scène féminine rap. Le public masculin est important
aussi, pour mettre en place des featurings rappeuse/rappeur, où la
rappeuse à l'espace de montrer qu'elle sait kicker, au lieu du
traditionnel rappeur/chanteuse.
Les publics masculin/féminins sont attirés
par des critères différents ?
- Dans le cas de Liouba, la plupart du public qui la voit en
concert ne la connaît pas. Après on a eu des filles qui se sont
déplacées de Belgique pour la voir, parce qu'elles ont
accroché à son univers. Il y a aussi des hommes qui se
reconnaissent dans son discours. Un homme qui va voir Cardi B va venir passer
un bon moment parce qu'il kiffe ses sons, mais aussi parce qu'elle joue sur ses
attributs et que visuellement ça va leur plaire. S'il va voir un
rappeur, le physique il s'en moque, il vient participer à un concert
pour la musique. Une femme peut aussi apprécier une rappeuse qui joue
sur ses attributs par ce qu'elle s'assume et décomplexe. Pour moi, si tu
veux atteindre un public mainstream, tu joues sur l'image et la
sexualité,si tu veux toucher ta niche, tu restes toi même. Le
public masculin qui viendra voir une rappeuse avec une image plus masculine,
viendra pour son flow, sa personnalité, son show. Finalement, on a
l'impression qu'elles plaisent moins, alors qu'elles ont un public de niche, et
le ce public est bien plus fidèle
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donc ce n'est pas négatif. On a trop cette image du
succès comme étant grand public. Un artiste qui ne passe pas sur
des médias mainstream peut très bien vivre et remplir des
zéniths. Lala&ce par exemple, elle a son public. Elle a su
récupérer un public LGBT qui n'avait pas assez de profils
auxquels ils s'identifient.
Quelle stratégie tu adoptes pour Liouba
?
- Les sujets qui animent Liouba ne sont pas des sujets qui
touchent trop le public mainstream, le vegan, l'humain, le bien être...
Ces thèmes-là vont la porter vers son public, de niche. Dans un
deuxième temps, elle a des titres qui ont un potentiel mainstream, mais
ce n'est pas l'objectif absolu car le public mainstream est de toute
façon très instable. Mon but est qu'elle puisse vivre de sa
musique.
C'est différent de manager un rappeur et une
rappeuse ?
- Un artiste est un artiste. Après, un homme peut
aborder tous les sujets, une femme risque plus en parlant de certains sujets.
Il faut prendre ça en compte dans le management, voir avec l'artiste si
elle est prête et à l'aise de développer une image qui
pourrait être sensible auprès du public, et qui pourrait lui
apporter de la haine. Aujourd'hui tu n'as plus besoin de venir de cité
pour faire du rap. Il y a un plafond de verre pour les filles qui reste dans
les esprits. La parade qui a été trouvée, à mon
avis, c'est de pousser la sexualisation. Et là les rappeurs veulent des
feats avec la go. Les valeurs du hip hop, c'est l'entraide et faire avec les
moyens du bord. Même la soeur, si tu la trouves forte, tu la portes.
Même si elle te fera de l'ombre parce qu'elle est plus forte, tu la
portes. Il y a des schémas qu'il faut qu'on casse. Travailler avec une
rappeuse c'est un combat, faut pousser, faut arriver avec toujours plus de
créativité. Il faut faire des feats avec des rappeurs, où
elles montrent qu'elles kickent. Une rappeuse doit pouvoir s'imposer sans se
sexualiser si ce n'est pas ce qu'elle souhaite.
Pourquoi on a pas le même engouement en France
pour les rappeuses francophones que pour les rappeuses américaines
?
- Parce que les États-Unis ont réussi à
se construire un imaginaire dans le public français. C'est plus
acceptable dans la tête des gens parce qu'ils sont habitués
à voir des rappeuses américaines. C'est une question de culture
aussi. En France on joue avec les mots, on a la chanson française. Dans
l'imaginaire français, la femme n'est pas censé avoir des mots
crus ou se sexualiser. On les a jamais trop médiatisées les
femmes du rap, à part Diam's. Donc le public n'est toujours pas
habitué.
Il y a une réticence de la part de l'industrie
musicale française à leur donner de la visibilité
?
- Il ne faut pas oublier que c'est une industrie. Les labels
n'ont pas d'intérêt à miser sur un projet qui ne rapporte
pas. Si tu te positionnes en tant que chef d'entreprise, ton but c'est de faire
de l'argent. Depuis la crise du disque, les rémunérations sont
plus compliquées. Les grands labels ne
70
font pas du développement d'artistes comme avant. Le
travail est fait par les artistes eux-mêmes ou des labels indés.
Si ça marche, les majors arrivent et signent derrière. Je ne peux
pas blâmer l'industrie à 100%. Par contre, il faut avoir plus de
personnes en interne qui ont l'envie de faire monter la scène des
rappeuses. Malheureusement il y a aussi un problème de
compétition pour certains rappeurs ou DA qui n'ont pas envie qu'une
femme soit considérée comme «plus forte» qu'eux, par ce
qu'ils pourraient vendre moins. Il est temps que des structures et
médias s'imposent avec de nouvelles lignes éditoriales et mettent
en valeur des rappeuses. Je pense que vu tous les collectifs qui se montent il
y a un engouement qui se crée et le public sera au rendez-vous.
Quelles solutions existent pour aider les rappeuses
à se visibiliser ?
- Tout le digital. Les réseaux YouTube, TikTok, Insta,
et des nouvelles plateformes qui se créent. Ça leur permet de
s'exprimer comme elles veulent et de toucher le public qui leur correspond. Le
tout est de produire du contenu. Il y a beaucoup de vu et revu chez les
rappeurs. Faut amener quelque chose de plus. Plus de violence ? Plus de douceur
? Plus conscient? Il faut être créatif, au niveau du marketing
c'est une erreur de se calquer sur le modèle des autres rappeurs. Parle
de ce que t'as vécu. J'aimerais bien entendre parler de la cité
à travers les yeux d'une fille. Arriver avec un autre regard, quelque
chose qu'on a jamais entendu. Liouba par exemple, qui avant elle s'est
présenté comme rappeuse vegan. Faut que le projet soit unique
niveau image, DA, musique. C'est comme ça qu'elles pourront plaires aux
médias mainstream. Les outils comme RekYou, Groover, Base4music etc...
faut qu'elles s'en saisissent. Les NFTs pareils.
Tu es optimiste pour la suite ?
- Au début personne ne regardait le foot
féminin, maintenant elles remplissent des stades, les médias s'y
intéressent parce qu'ils savent que ça va être rentable.
C'est pareil pour les rappeuses, ça prend du temps mais ça va
venir. Faut s'y intéresser et se battre, et si c'est pas cette
génération là ce sera la prochaine qui en
bénéficiera. J'y crois fort. Quand je vois Liouba, Lazuli,
Lala&ce sur scène c'est juste lourd.
71
Ekloz, rappeuse (08/06/2022)
Est-ce que tu peux rapidement me raconter comment t'as
décidé de te lancer dans le rap ?
- J'étais en spécialité danse au
lycée, mon but était de devenir prof de danse. Le rap m'est
tombé dessus comme ça pendant mes années de lycée
et je me suis concentrée dessus à fond après le bac.
Quelle place à la scène dans ta
carrière ?
- La scène pour moi c'est le centre, c'est de là
que tout part. J'avais l'habitude de créer mes morceaux en pensant
à la scène, à l'énergie, à la foule. Quand
il y a eu le COVID j'ai dû me recentrer, j'ai perdu mon premier centre de
motivation. Comme la scène c'était ma plus grosse perspective
d'évolution, j'ai eu peur d'avoir loupé le coche. Quand c'est
reparti je m'attendais pas à tourner autant. J'ai dû avoir 25
dates depuis le début de l'année sans démarcher. J'ai
réussi à être crédible professionnellement, je ne
fais plus de dates payées par exemple. En tout cas la scène c'est
ça qui me parle et qui me rappelle pourquoi je fais de la musique.
Le texte est important pour toi ?
- Oui je fais du rap, c'est la base. J'ai besoin qu'il y ait
du sens partout, dans ma musique, dans mes clips... Je ne vais pas faire des
choix purement esthétiques que je n'arrive pas à justifier.
Quels artistes t'ont influencés ?
- J'ai découvert le rap par la scène, les
événements donc la scène indé locale. Je trouve
qu'aujourd'hui ça se branle beaucoup sur scène. Surtout des gros
artistes qui sont décevants. Le rap indé tel que je l'ai connu
était beaucoup plus brut, féroce. Celui qui m'a mis une claque en
terme scénique et d'écriture c'est Furax Barbarossa. J'ai compris
via lui ce que c'était vraiment le rap. Ça m'a parlé.
L'avantage du rap par rapport à la danse c'est que tu peux en faire
partout, avec n'importe qui, t'as pas besoin de conditions
particulières.
C'est qui ton public ?
- J'ai un public hyper hétéroclite. Je pense que
j'ai gardé le rap d'où je viens, dans l'écriture, le rap
plus à l'ancienne, old school dans le fond de ce que je fais, mais que
la forme. J'arrive à toucher un public hyper large. L'énergie
tout le monde est capable de la percevoir. De ce que je peux voir, les gens
sont limite surpris de kiffer ce que je fais. Il y a un peu une image
posée sur les rappeuses. On me dit «d'habitude j'aime pas les
rappeuses, j'aime pas le rap féminin mais toi tu amènes quelque
chose». J'ai pas mal de personnes qui me disent d'habitude «j'aime
pas le rap mais toi». Après je pense que j'arrive à un bon
moment, où ça devient la mode de pas rapper sur
72
du rap, ce créneau d'esthétique musical est en
train de s'ouvrir et je rentre dans la brèche, je ne me limite pas. Je
sais que les plus anciens vont kiffer l'écriture, les plus jeunes sont
moins attentifs à l'écriture mais il y a des rimes et ils turn
up.
Y a des gens qui avaient des préjugés parce
que t'es une rappeuse ?
- Ouais ça y en a toujours. Il y a une espèce de
norme sur les rappeuses. Soit t'es le cliché du petit mec, soit t'es la
meuf méga sexualisée. Moi je reste moi-même et j'assume
autant ma sexualité, j'ai pas peur d'en jouer, que le fait de vraiment
rapper, c'est la culture qui me parle. Je vois que les gens
s'intéressent et c'est trop cool.
On t'as vu sur le Cypher de KT Gorique, tu cherches
à t'entourer d'autres rappeuses/femmes dans l'industrie ?
- Ce n'est pas quelque chose que je cherche. Je ne suis pas
là pour me faire des copines. Y un truc de pseudo solidarité sur
les rappeuses. On a pas besoin de se tenir la main entre meufs. Après
m'entourer de femmes dans le business évidemment. J'ai eu besoin
à un moment donné de rajouter des femmes dans mon équipe.
Niveau rigueur désolée, il y a plus de professionnalisme chez les
nanas. Après je vais pas aller copiner avec des artistes femme, si je
kiffe je kiffe, comme pour les mecs.
Est-ce que parfois on te rattache à d'autres
rappeuses par ce que t'es une femme ?
- Oui tout le temps. Le «ah tu me fais penser à
Keny Arkana, Diam's, Lala&ce...» je l'ai eu pas mal de fois. Ça
tourne autour des 5 mêmes blazes.
J'ai vu que t'as été
sélectionnée à pleins de tremplins, notamment les
Inouïs. Qu'est ce que ça t'a apporté ?
- Ça m'a apporté de croire en moi. Je suis une
meuf du Sud, j'arrive à Paris et tu sais ça va vite Paris. Tu te
permets de rêver un peu plus grand. J'ai des objectifs très
précis, toujours dans une optique de progression mais je ne me mets pas
trop en danger. Quand j'arrive dans ce genre de dispositif je me dis que j'ai
de la chance. Ça me permet de me rendre compte que je ne suis pas
larguée et que je suis légitime d'être là. Ça
confirme et renforce tout le travail que je faisais déjà en
fait.
C'est quoi tes prochains projets ?
- J'ai sorti un EP il y a un mois, c'était un gros
projet, on a travaillé longuement dessus. Donc là c'est prendre
des vacances.
73
Liouba, rappeuse (14/06/2022)
Est-ce que tu peux rapidement me raconter comment t'as
décidé de te lancer dans le rap ?
- Au début, j'étais plus
intéressée pour travailler avec les chevaux. C'est mes
premières histoires de coeur qui m'ont poussé à
écrire un rap. J'étais très en colère contre un
garçon, et c'était le seul moyen de lui dire d'aller niquer sa
mère. Ça m'a trop fait du bien donc j'ai continué à
écrire du rap pour le plaisir. L'été suivant mon bac, je
ne savais pas trop ce que je voulais faire. C'est ma meilleure amie qui m'a
fait comprendre que je voulais faire de la musique. Je suis donc partie
à Londres faire des études de songwriting. Je suis revenue
à Paris et j'ai rencontré mon manager en 2019 pendant un
showcase.
C'était évident pour toi de te tourner vers
le rap comme style musical ?
- J'ai une famille qui a une vraie relation avec la musique,
donc j'en ai toujours beaucoup consommé mais quand j'étais petite
c'était plutôt Mickael Jackson, AC/DC et Missy Elliott. J'ai
découvert le rap à 11 ans grâce au copain de ma grande
soeur. Disiz, Kendrick Lamar, Kanye West, Kid Cudi et Jay Z. Ça a
changé ma vie. J'écoutais ça matin midi et soir. Je
connaissais tout Disiz par coeur. Y a pas grand monde qui écoutait du
rap dans le milieu où je vivais, classe moyenne, école à
la maison. J'ai continué à écouter du rap en grandissant,
c'était un peu punk pour moi. Ça me permet d'exprimer des
émotions fortes, comme la colère. J'ai aussi toujours aimé
l'écriture et la poésie. Je trouve que le rap est un bon format
pour l'écriture.
Pourquoi tu choisis de rapper aussi en anglais
?
- Jusqu'à mes 16 ans, à part Disiz et mon
père, j'écoutais que des artistes anglophones. C'est aussi une
forme de protection, parce que les gens vont faire moins attention à ce
que tu dis, et j'ai toujours beaucoup aimé cette langue. Ça m'est
venu naturellement, la première chanson que j'ai écrite à
12 ans je l'ai écrite en anglais. C'est plus tard, quand j'étais
à Londres que j'ai voulu tester le français, voir comment
ça sonnait avec moi. Aujourd'hui je préfère écrire
en français, même si je garde les deux. Rien ne pourra remplacer
ta langue maternelle.
C'est quoi la Vegan Trap ?
- J'ai toujours aimé le rap et la trap, mais les textes
tournent souvent autour de choses violentes et insignifiantes, qui ne me
parlent pas trop. Il y avait besoin de ramener autre chose. C'est l'attitude
trap avec une intention de partage et de bienveillance, qui sont des valeurs
importantes pour moi. Je ne correspond pas à l'archétype du/de la
rappeur/rappeuse. Je médite, je fais du cheval, je suis dans la
bienveillance. Donc créer mon propre style ça me permet de me
sentir légitime de faire de la trap.
74
Tu connais ton public ?
- Pas encore vraiment, mais j'ai l'impression qu'il peut
être éclectique. Je me rends compte que je touche un public de mon
âge comme un public de 40-50 ans. On me dit souvent «j'aime pas
forcément le rap mais toi j'aime bien ce que tu fais, ton
énergie».
Tu penses que c'est plus dur pour une femme de se lancer
dans le rap ?
- Je pense que c'est surtout au niveau individuel. Un jour
j'ai fait une scène et on m'a demandé si ça ne me faisait
pas peur d'être la seule fille. Forcément ton genre joue sur ton
expérience. Faut savoir quelle place tu veux avoir et t'en tenir
à ça. Il y a souvent plus de mecs dans les
événements rap mais quand y a une meuf qui passe et qui
déchire tout le monde s'en rappelle. Je pense que c'est dommage de s'en
sentir victime, parce que c'est toi qui décide si tu es victime et
ça peut être une force aussi. Je pense que les filles qui veulent
rapper doivent simplement rapper et si elles se retrouvent face à un
connard soit elles font pas attention soit elles le remettent à sa
place. En tout cas j'ai l'impression qu'aujourd'hui le monde est avec nous.
C'est important de faire des collaborations
rappeurs/rappeuses ?
- J'aime autant rapper que chanter même si je
présente plutôt du rap. C'est important de faire des
collaborations avec des mecs et montrer que t'as pas besoin d'avoir des
couilles pour découper une prod. Faut pas se retenir d'être plus
forte qu'un mec. J'ai déjà été en présence
de rappeurs que je trouvais moins forts que moi, mais en général
ils sont plus arrogants que les meufs. Enfin, ils ont une confiance
disproportionnée quand les meufs vont avoir tendance, de manière
générale, à plus se remettre en question et à
douter. On va se poser plus de questions parce qu'on sait qu'on est plus
scruté par la société. Mais c'est valable dans tous les
domaines. Je pense que c'est notre rôle en tant que femme de prendre
notre liberté et et d'être maitres de notre bonheur. Ce ne sont
pas les mecs qui vont nous le donner. Par contre, ça ne veut pas dire
que all men are trash. Les femmes et les hommes c'est génial,
il faut juste que tout le monde se respecte.
C'est quoi tes projets pour la suite ?
- Cet été il y a des Super Liouba
Friday, qui sont des freestyles, qui sortiront tous les vendredis. Un
vendredi sur trois il y aura un vrai single avec potentiellement un clip.
À partir de la rentrée j'aurais des sorties de single une fois
par mois. Donc plein de choses qui arrivent, j'ai beaucoup de titres en stock.
Faire un max de concerts aussi. J'en ai deux de prévu pour la fête
de la musique, un au Cargo l'aprem et un à Vitry le soir. Le 2 juillet
j'ai un concert dans le 14e arrondissement. Objectif : plus de live et plus de
contenu !
SONDAGE
Mené dans le cadre de recherches pour ce mémoire,
sur une population aléatoire (78 participants).
La place des femmes dans le rap français
78 responses Publish analytics Sexe
|
|
L Copy
|
77 responses
|
· Femme
· Homme Autre
|
·
|
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Âge L Copy
76 responses
75
Le style musical que tu écoutes le +
77 responses
· -18
· 18-24
· 25-34
· 35-44
· 45-54
· 55-64
· 65ou+
Q Copy
· Pop
· Rap
· Rnt3
· becta
· Rock
· Metal
· Classique
· Jazz
· Autre
E
76
Les artistes de rap français que tu écoutes le +
(1 à 3) :
69 responses
Plk, Laylow, nekfeu
Marwa / ninho
Hugo tsr I nekfeu f kenny arkana
Nekfeu
Aucun
Laylow, Alpha Wann, Népal
Nekfeu, orelsan, damso
Booba - Jul - Damso
Nekfeu, Jok'air, Chilla
1) Bigflo et Dli (vos grands mères avec les jugements
ils ont des ptn de texte) 2 Diam's / 3 Nekfeu
sch, jul,
Alpha Wann, Josman, Laylow Orelsan
Ninho, Timal, DA Llzy Ninho / Vald / orelsan Nekfeu, Damso,
Josman Nekfeu orelsan vald Abd al Malik MC Solar Damso Lomepal Hamza Damso,
Nekfeu, 4keus Bigflo et Oli I scylla
PLK ninho laylow
Nekfeu, Jul, Naps
Ninho, laylow, josman
Vald, Luv Resval, Leto
Josman, Laylow, Hamza
Laylow Vald Guizmo
La feve, sopico et kekra
Nekfeu / Damso / vald
Ninho, PLK, Niska
damso, pnl, lomepal
Aucune
Pnl mhd
Alpha wann, sch, ninho
Georgia, Naps et Damso
laylow
Damso
jwles, rx nephew, hook
Green Montana, bakari, Luidji
Pnl, so la lune, django
0
1. Nekfeu 2. Orelsan 3. LauCarré
Damso, Orel San
Laylow - Green Montana - Dinos
Nekfeu Lord Esperanza
laylow niro ninho
slimka, timal, kaza
Laylow, Josman, Hamza
Jul, Kekra, Makala
nekfeu, IAM
Ninho Booba Damso
Sopico, Laylow,
Orelsan, Damso, Lomepal
maitre girns, black m (j'ai honte)
Orelsan
Orelsan. Vald. Damso
Booba, Dinos, Laylow
Nekfeu Dinos alpha wann
Nek le fennek / Makala / Hamza
Lesram, alpha wan, disiz
Laylow ninho pnl
Base 221 / ZKR 1 Dinos
Chilla, shy, riles
1. Georgia 2. Plk 3. Lefa
Mister y tayc leto
Ninho - Booba - Jul
Orelsan, Stupeflip, Alpha Wann
|
|
|
Lamepal, Orelsan et Nekfeu
Écoutes-tu des artistes de rap féminines
(rappeuses) ? Q Copy
77 responses
Si oui qui ? L Copy
39 responses
3
3 (7.7%)
2 (5.1%)
2
1 (2.61t(A.(1.$1':p..:
.:p,,,,o,:,:0!.
1.:Gt :1':(1' ·(:1i(1.'(;1
o!{1!(1.'(:1?(:1'o-(1.'(p.Ti!{2!61i(:1.(:1' ·( ·`s1:'f( ·l*..:g(..-t(ep
0
Arnelygram Chilla, candi Diams' Lala &Ce Marwa Shay
chilla
Chilla, LeJui... Diam's / Chil... Doria, Baby... Le juiice,
sh... Shay le juiice, meryl
39 responses
· Je suis ouvert(e) à en écouter mais je n'en
connais pas
·
Lot]
J'en connais quelques une mais je n'aime pas leur musique Je
préfère quand elles chantent
· Je n'écoute pas de rap
81
82
 ton avis pourquoi il y a moins de femmes dans le rap ?
55 responses
Peur de se lancer dans ce milieu, ne pense pas avoir la voix
adaptée Car c'est un milieu assez jeune, il faut le tps que ça se
mette en place
Parce que c'est un milieu qui s'est construit avec des hommes
avec des sujets écoutés par les hommes et qu'on a du mal à
laisser la place aux femmes et bien qu'il y en ai les gens
préfèrent entendre ce genre de musique cru venant d'un homme (pq
jsp)
Question de culture je pense,mais elles vont trouver leur place
...... Milieu très misogyne
C'est un milieu très masculin qui peut être
intimidant pour une femme. De plus, même si elles ont le talent pour
rapper on va plus les pousser à rester sur un style pop/r&b
Cf : Validé saison 2
Parce que c'est un milieu historiquement masculin, et que comme
dans de nombreux domaines, malgré leur talent, les femmes doivent se
battre 2 fois plus pour être prises au sérieux et se faire une
place.
Parce que ce monde a été catégorisé
comme un monde masculin de gros connards qui jouent au jeu de "qui a la plus
grosse bite" Les femmes étant plus subtiles et valant mieux que
ça ne trouve pas leur place. Elles sont mieux que les autres
voilà tout. Malheureusement ajd les gens aiment bien les connards. (Et
je dis ça en tant qu'homme)
Selon moi, que peu (de rappeuses) réussissent à
faire du rap sans emprunter les codes misogyne des rappeurs mais qui, pour moi,
sonnent faux chez elles. Je trouve ça dommage que peu arrivent a
vraiment recréer de nouveaux codes.
Parce que depuis Diams, elles ont peur de ne pas être
à son niveau
Je pense que cela pourrait être du pour la simple et bonne
raison que pour la grande majorité de l'univers du rap .. le rap est
masculin
Parce qu'on ne leur laisse pas assez de place alors qu'elle
valent toutes autant que les hommes sur beaucoup de points
milieu vulgaire machiste Gangsta qui prône le chouf le fric
et la frime
Je pense que l'image d'une femme dans le rap français
n'est pas assez crédible aux yeux des gens comparé aux US par
exemple
Parce qu'elle serait automatiquement jugée masculine. Une
femme qui rappe est accompagnée de beaucoup de clichés. Sachant
que le rap est souvent misogyne, on est
|
|
Pas assez de diversité dans les artistes féminines
artistiquement parlant Ce n'est pas très valorisé
Je pense que le rap a été perçu dès
le début comme un style de musique masculin car c'est un style à
l'origine « violent », engagé, revendicateur. Dans la
société dans laquelle nous vivons nous sommes malheureusement
encré dans des clichés stupide. La femme ne peut être en
colère ou avoir des combats sinon elle serait traité
d'hystérique ou de folle. Elle doit rester discrète,
féminine, gentille. Et le rap est tout l'inverse. C'est bien sûr
complètement misogyne de penser comme ça et cela rentre dans une
société archaïque et très machiste.
Vu la misogynie de ce monde, ça donne pas trop envie de
s'y lancer je pense
Trop masculin centré elles ont peur de karim
Bizarrement, ce serait peut être l'image du rap qui est
plus adapté à l'homme. (Je ne suis pas d'accord avec
ça)
Sans offence je trouve qu'il y a très peu de femmes qui
ont un très bon niveau. Mais aussi trop d'hommes qui ont un niveau moyen
et qui percent plus que des femmes du même niveau
parce que c'est un milieu extrêmement misogyne (comme toute
l'industrie de la musique d'ailleurs)
Le milieu a l'air très fermé, il faut souvent
être bien entouré et le rap vient moins naturellement chez les
femmes lorsqu'elle commence à chanter
Aucune idée
Le patriarcat ! Je pense que on considère que c'est un
milieu d'hommes et que du coup, les femmes qui veulent faire du rap doivent
rencontrer énormément d'obstacles !
Milieu plus masculin
Parce que
Les hommes sont meilleures dans le milieu. Leur voix est plus
faite pour ça
Manque de visibilité (dans les feats...)
Manque de reconnaissance
Pas de représentante forte comme à l'époque
(Diams)
Beaucoup moins crédible malheureusement au vue de leur
sexe (pas mon avis personnel)
La culture rap est plutôt masculin de base même si
ça a tendance à s'équilibrer avec le temp
l'évolution des moeurs, la place de la femme dans la
société de manière globale etc.
|
|
conditionné à ce que femme et rap ne fonctionnent
pas ensemble.
C'est un milieu trop fermé, comme beaucoup de
métier en France où la femme n'est pas assez reconnu
Parce que la culture du rap est misogyne et sexiste, et je pense
que beaucoup de femmes rappeuses sont découragées et/ou
invisibilisées
Secteur majoritairement masculin, difficile de s'y faire une
place Le stéréotype que le rap est un milieu masculin
Plus dur à découvrir que Gazo par exemple
Surement due au « milieu » mysogine + «industrie
» surement retissante a introduire des femmes dans le rap....
La visibilité est surtout portée sur les hommes
Cela reste un milieu assez machiste mais pas fermé pour
autant
A cause des origines même du RAP, musique quartiers
populaires souvent associée à des propos violents dans les
années B0.
peut-être parce que le rap est une musique issue de milieux
populaires dans lesquels les moeurs sont moins progressistes, les femmes sont
donc beaucoup moins poussées à créer que les hommes qui
ont un quotidien compliqué et qui ont trouvé l'envie de
l'exprimer
Leurs textes ne diffusent sur les chansons pas la même
sujet que les garçons
C'est un milieu tellement misogyne qui se fonde quasiment (et
c'est bien dommage) sur un discours violent et discriminatoire pour les femmes,
ce doit être extrêmement difficile, d'abord de se lancer et ensuite
de tenir le cap
Je pense que malheureusement dans l'opinion publique et comme
beaucoup de domaines, le monde du rap est dominé par une
représentation et quasi total d'artistes masculins et qu'on ne donne pas
assez de place aux femmes
Je pense que c'est un milieu très masculin et qui est plus
écouté par des garçons que par des filles. C'est donc +
difficile pour une femme de s'y faire une place, l'audience n'étant pas
aussi ouverte
parce que le rap reste un milieu masculin et sexiste,
considéré dans la culture populaire comme vulgaire et les femmes
ne sont pas autorisés à l'être, elles sont aussi
malheureusement considérées comme des personnes qui n'ont rien
n'a revendiqué, le but du rap étant à mon avis de
revendiquer des idées et aspects sous un angle plus
démocratisé
C'est en train de changer tranquillou
Penses-tu que les rappeuses vont se populariser dans les
années a venir ?
60 responses
Oui
oui
Oui
Je trouve que plus en plus de femme sont écouter et
ça ne peut allez qu'en s'améliorant
Certainement
Je pense que oui mais va falloir charbonner et changer les
mindsets
Absolument
Malheureusement non
Je l'espère et j'ai hâte de voir ça!
Graaaave
J'espère
Probablement
Elle le commence déjà avec aya nakamura
Je pense et j'espère sincèrement
Yes
pourquoi pas ?
C'est possible mais ça restera compliqué
J'espère bien
J'espère
je l'espère !!
Totalement!
Oui sûrement mais lentement
Sûrement
Oui, en esperant que sa ne soit pas que marketings et qu'elles
puissent si installer durablement !
Oui je pense que beaucoup on du potentiel et que ce n'est qu'une
question de temps. Oui si elles trouvent un moyen de renouveler le genre
peut-être avec le temps mais étant donné que
ça n'a pas l'air d'être la priorité de la cause
féministe je pense qu'il faudra plus de temps
Non
Peut être si elles suivent le chemin de diam's
Je l'espère, on voit des hommes rappeurs tenir de plus en
plus un discours relativement éveillé, ils sont encore rares mais
ça apparaît par rapport à il y a quelques années ou
c'était carrément inexistant, j'espère que ça peut
ouvrir l'auditoire à l'idée qu'il n'y a aucune raison de ne pas
écouter de rappeuse
Je l'espère oui
Je pense que ça peut arriver car les rappeurs misogynes
comme tu l'évoquais sont moins nombreux qu'avant et cela change les
codes du milieu et laisse la porte ouverte aux femmes !!
je l'espère et je pense que oui !
Ouep
J'espère.. car de ce fait il yen aura plus qui seront plus
talentueuse
Oui, parce que le rap évolue mais surtout parce que les
mentalités changent. Avec les mouvements comme Me too ou autre, ils
peuvent être moteur de changement. Il y a encore beaucoup à faire
et cela reste très bouché mais j'ai de l'espoir.
Je ne sais pas mais je l'espère
Inshallah
Oui ! J'espère !!
Sûrement oui
j'espère !!
Je pense que oui progressivement
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Le]
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88
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