CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre sur la pratique du maintien de la paix de la
CEDEAO, nous avons essayé de voir par rapport à ces
écrits dans le traité si la CEDEAO avait fait des apprentissages
de ces interventions. Appliquée à la CEDEAO, ces
premières interventions intervenaient,après l'adoption du
Protocole portant création du nouveau mécanisme sur la
prévention, la gestion et le règlement des conflits, le
maintien de la paix et de la sécurité de 1999, la CEDEAO semble
tout de même prendre en compte la complexité qui peut se mesurer
par la gestion de l'interdépendance.
Ainsi, après 1999, avec l'intervention en Côte
d'Ivoire à partir de 2002, on a noté quelques
améliorations, comme l'existence désormais d'un
représentant spécial de la CEDEAO qui est le chef de la mission
à qui les autorités militaires rendent compte et qui fait
remonter les informations à ses supérieurs au siège de
l'organisation. Mais le problème du financement demeure entier, la
Côte d'Ivoire a pris en charge les dépenses de logement et de
déplacement du personnel de la CEDEAO au début de la mission
à charge pour l'organisation de payer après.
Le Nigéria, critiqué pour son mutisme dans le
conflit ivoirien, acceptera par la suite de prendre en charge
financièrement la mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire dont le
poste de représentant spécial revient de droit à un
ressortissant de ce pays. Avec l'intervention au Libéria en 2003, les
mêmes problèmes logistiques se sont posés. Ce sont les
Américains qui fourniront l'appui logistique et les renseignements
stratégiques à la force de la CEDEAO pour son déploiement.
Le représentant spécial de la CEDEAO a été
envoyé bien après l'arrivée des soldats ouest africains.
Il n'a devancé la mission de l'ONU au Libéria que de trois
semaines.
Seulement, depuis janvier 2007, avec la réforme des
institutions de la CEDEAO notamment le passage du Secrétariat
exécutif à la Commission, les choses semblent évoluer,
les institutions prévues par le protocole de 1999 sont en train
d'être mises en place. Mais il se pose toujours la question
récurrente de la viabilité de ses structures qui même si
elles sont statutaires, sont financées par les bailleurs de fonds
extérieurs. Ainsi, les conditions pour une bonne intervention sont
réunies mais peut-être pas les moyens. Ce qui doit pousser
à une réflexion approfondie sur l'autonomie financière
de la CEDEAO.
En conclusion à ce chapitre, on ne peut que confirmer
partiellement notre hypothèse qui avançait l'argument que la
CEDEAO avait comme tendance de vouloir résoudre les crises au cas par
cas sans s'interroger sur la racine de celles-ci. Car depuis l'adoption du
Protocole de 1999, la CEDEAO semble tenir compte de la dimension complexe des
conflits en intégrant le triptyque,
prévention/gestion/règlement des crises et d'élargir sa
conception de la sécurité qui ne se limite plus à la seule
dimension militaire.
Toutefois, la CEDEAO, quels que soient sa volonté et
son dévouement, ne fera pas de miracle si les États qui la
composent ne croient pas aux idéaux de l'organisation en se
déstabilisent mutuellement et en se lançant dans des défis
belliqueux. En effet la CEDEAO à mener encore une fois les interventions
en 2020 et 2021 mais ces interventions sont marquées par l'impuissance
de l'organisation si elle n'est pas absente soit elle est en retard. Ainsi,
derrière ces difficultés intrinsèques de pratique de
maintien de la paix se cachent les jeux de puissance et la défense
d'intérêts catégoriels des élites qui
contrôlent ces États.
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