REPUBLIQUE DU BENIN
******
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
******
UNIVERSITE D'ABOMEY
CALAVI
******
ECOLE NATIONALE
D'ADMINISTRATION
******
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION AU CYCLE
II
OPTION : Administration des Finances
FILIERE : Administration des Finances
etTrésor
PROMOTION : 2019 - 2021
OPTIMISATION DU SUIVI DU PORTEFEUILLE DES ENTREPRISES
PUBLIQUES ET DES PARTICIPATIONS DE L'ÉTAT BÉNINOIS
THEME
Réalisé par :Kao Kueshi
Légende SODEGLA
Tuteur de stage :
M. Jacques ATCHEDE
Chef Service des Études et de la Réglementation /
DGPED
Sous la supervision de :
Directeur de mémoire :
Dr. Errol TONI
Enseignant à l'ENA
Année académique 2020-2021
IDENTIFICATION DUJURY
PRESIDENT : M. GOUNOU Zimé Kora
VICE-PRESIDENT : M. HOUEHA Alexis
MEMBRE : M. MENSAH
Arnaud
CERTIFICATION
« Nous soussignés, Errol M. TONI et Jacques
ATCHEDE respectivement Directeur demémoire et Tuteur de stage,
certifions que le présent mémoire a été
effectivement réaliséparK. K. LégendeSODEGLA à la
suite d'un stage académique effectué à la Direction
Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation. Ledit mémoire est arrivé à terme
et peut être soutenu devant un jury ».
Cotonou, le 7 décembre 2021
Ont signé
Tuteur de stageDirecteur de
mémoire
M. Jacques ATCHEDEDr. Errol M. TONI
AVERTISSEMENT
L'ÉCOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
ET DE MAGISTRATURE N'ENTEND DONNER
AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION
AUX OPINIONS ÉMISES DANS CE
MÉMOIRE.
CES OPINIONS DOIVENT ÊTRE
CONSIDÉRÉES
COMME PROPRES À LEUR AUTEUR.
DEDICACE
Àma chère mère, Honorine SOGLOHOUN pour
son amour, ses sacrifices et les efforts consentis pour que j'aie la meilleure
éducation possible.
IN
MEMORIAM
- À mon cher père, feu Dieudonné SODEGLA
pour les valeurs qu'il a su me transmettre et pour m'avoir donné les
armes nécessaires pour réussir dans la vie, repose en
paix !
- Àma soeur défunte Amessouwé SODEGLA,
toi qui as été pour moi comme une seconde mère, repose en
paix !
REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre profonde gratitude à :
- Monsieur Errol M. TONI, notre Directeur de mémoire,
pour le suivi, ses conseils, ses orientations et sa totale disponibilité
en dépit de ses nombreusesoccupations ;
- Monsieur Jacques ATCHEDE, notre Tuteur de stage, pour son
suivi constant et ses richesapports;
- Madame Christel Gnundéwé YEBE, Directrice
Générale de la DGPED pour son précieux soutien ;
- Monsieur Epiphane AHOGLE, Directeur Général
Adjoint de la DGPED, pour ses conseils, orientations et son précieux
soutien ;
- Monsieur Horace AFADJINOU, Directeur de la Gestion des
Participations de l'État, pour ses riches apports ;
- Madame Reine Fleur CHEFFA, Chef Service de la Monnaie et du
Portefeuille de l'État / DAMF et à toute son équipe pour
leurs précieux apports ;
- Monsieur Epiphane SOHOUENOU, Directeur de l'École
Nationale d'Administration (ENA) et au personnel administratif et technique,
pour la qualité de laformation et les riches expériences
partagées ;
- tout le personnel de la DGPED pour leur accessibilité
et leur disponibilité ;
- ma soeur Florence et mon frère Pascal pour leur
soutien inconditionnel ;
- Madame Marie-Joëlle HOUNGBO pour son soutien
inestimable ;
- nos amis Boris GNAHOUI, Roméo HOUNDETON, Edouard
DANNOUDO, nos camarades de promotion et toutes les personnes qui ont
contribué d'une manière ou d'une autre à la
réalisation de ce travail.
LISTE DES
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
AOF
|
:
|
Attributions, Organisation et Fonctionnement
|
AUDCIF
|
:
|
Acte Uniforme Relatif au Droit Comptable et à
l'Information Financière
|
AUSC-GIE
|
:
|
Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés
Commerciales et du Groupement d'Intérêt Économique
|
DAMF
|
:
|
Direction des Affaires Monétaires et
Financières
|
DGAE
|
:
|
Direction Générale des Affaires Economiques
|
DGPE
|
:
|
Direction Générale du Portefeuille de
l'État
|
DGPED
|
:
|
Direction Générale des Participations de
l'État et de la Dénationalisation
|
EPIC
|
:
|
Etablissement Public à caractère Industriel et
Commercial
|
FMI
|
:
|
Fonds Monétaire International
|
LOLF
|
:
|
Loi Organique relative aux Lois de Finances
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economique
|
OHADA
|
:
|
Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
|
SIGFiP
|
:
|
Système Intégré de Gestion des Finances
Publiques
|
SMPE
|
:
|
Service de la Monnaie et du Portefeuille de l'État
|
TGE
|
:
|
Trésorerie Générale de l'État
|
UMOA
|
:
|
Union Monétaire Ouest Africaine
|
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Point des entreprises publiques
béninoises
2
Tableau 2 : Tableau des ressources humaines de
la DGPED
19
Tableau 3 : Performances des
Sociétés d'État
22
Tableau 4 : Tableau d'identification des
problèmes à résoudre
31
Tableau 5 : Tableau de bord de
l'étude
42
Tableau 6 : Synthèse de l'étude
« Optimisation du suivi du portefeuille des entreprises publiques et des
participations de l'État Béninois »
67
GLOSSAIRE
Actifs financiers : titresou contrats,
généralement transmissibles et négociables, qui sont
susceptibles de produire à leur détenteur des revenus ou un gain
en capital, en contrepartie d'une certaine prise de risque. Il peut s'agir
d'immobilisations financières (actions, parts sociales, créances
rattachées à des participations, etc.) ou de valeurs
mobilières.
Action : titre de
propriété délivré par une société de
capitaux. Elle confère à son détenteur la
propriété d'une partie du capital, avec les droits qui y sont
associés : intervenir dans la gestion de l'entreprise et en retirer
un revenu.
Actionnaire : personne physique ou
morale qui détient des parts sociales (actions) d'une entreprise. Ces
actions lui sont conférées après un apport en
numéraire (argent) ou en nature (bien matériel ou
immatériel) au capital de l'entreprise.
Administrateur : personne physique
siégeant au conseil d'administration (CA) d'une entreprise ou
organisation.Il régit les affaires d'une société. La
fonction d'administrateur de société est très souvent
collégiale et partagée par l'ensemble des membres du conseil
d'administration de la société.
Assemblée
Générale :vocable par lequel, en droit des
sociétés, on désigne la réunion des actionnaires
d'une société de capitaux ou encore, la réunion des
porteurs de parts des sociétés de personnes lorsqu'ils sont
conviés à débattre et à voter sur un "ordre du
jour" préparé par leurs organes de gestion.
Commissaire aux comptes :auditeur
légal et externe à l'entreprise, qui intervient pour
vérifier la sincérité, la fiabilité et la
conformité aux normes en vigueur, des données financières
produites par l'entreprise. Aux termes de l'article 54 de la loi 2020-20 du 02
septembre 2020 portant création, organisation et fonctionnement des
entreprises publiques en République du Bénin, chaque entreprise
publique est contrôlée par un ou plusieurs commissaires aux
comptes. Le commissaire aux comptes des sociétés d'État et
des établissements publics est nommé par l'État,
actionnaire unique, représenté par le ministre chargé de
l'Economie et des Finances pour un mandat de six (06) exercices sociaux,
renouvelable une fois.
Conseil d'Administration : groupe de
personnes physiques ou morales, chargé de diriger une institution, comme
une association, une entreprise ou un établissement public. Il a pour
mission de définir la stratégie de l'entreprise et est
composé d'administrateurs et d'un président du Conseil
d'Administration.
Dénationalisation : aux termes de
l'article 71 de la loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin, la dénationalisation consiste
pour l'État, ou toute personne morale de droit public à
céder partiellement ou intégralement au secteur privé les
participations majoritaires qu'il détient dans une entreprise publique
de sorte à perdre son influence dominante dans la gestion de
l'entité concernée.
Dividende :part des
bénéfices attribuée à chaque actionnaire.
Entreprise publique : entreprisesur
laquelle l'État ou toute personne morale de droit public peuvent exercer
directement ou indirectement une influence dominante du fait de la
propriété, de la participation financière ou des
règles qui la régissent. Il s'agit aux termes de la loi n°
2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et
fonctionnement des entreprises publiques en République du Bénin,
des établissements publics et des sociétés
(sociétés d'État et sociétés à
participation publique majoritaire).
Etablissements publics :aux termes de
l'article 5 de la loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin, ce sont des entreprises publiques
crées par l'État ou les collectivités territoriales pour
gérer une ou des activités de service public à des fins
essentiellement d'intérêt général. Ils sont
dotés de la personnalité morale et de l'autonomie
financière. Ils sont encore appelés
« offices » ou « agences ».
États financiers :
conformément à l'article 7 de l'acte uniforme relatif au droit
comptable et à l'information financière (AUDCIF), les
états financiers de synthèse regroupent les informations
financières au moins une fois par an sur une période de douze
mois, appelée exercice ; ils sont dénommés
états financiers annuels. L'exercice coïncide avec l'année
civile. L'article 8 de l'AUDCIF précise qu' « un jeu
complet d'états financiers annuels comprend le Bilan, le Compte de
résultat, le Tableau des flux de trésorerie ainsi que les Notes
annexes. Les états financiers forment un tout indissociable et
décrivent de façon régulière et sincère les
évènements, opérations et situations de l'exercice pour
donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière
et du patrimoine de l'entité. ».
Gouvernance d'entreprise :
système par lequel une organisation prend des décisions et les
applique en vue d'atteindre ses objectifs.
Participation publique : part du capital
d'une entreprise détenue par l'État ou par une ou plusieurs
personnes de droit public.
Portefeuille de l'État : regroupe
les actifs financiers détenus par l'État et les personnes morales
de droit public.
Privatisation :transfert de la
propriété d'une grosse partie, voire de la totalité, du
capital d'une entreprise du secteur public au secteur privé.
Société d'État :
société par actions dont le capital est entièrement
détenu directement ou indirectement par l'État ou par une ou
plusieurs personnes morales de droit public.
RÉSUMÉ
L'État béninois à l'instar d'autres pays,
est détenteur d'un portefeuille assez important d'entreprises publiques.
Il a également acquis des participations dans le capital de diverses
entreprises privées et auprès d'entités sous
régionales, régionales et internationales.
Pour gérer ce portefeuille des participations, il
fût créé en 2016, la Direction Générale des
Participations de l'État (DGPED) dont la mission principale est
d'incarner l'État actionnaire à travers la surveillance
financière des entreprises publiques et la gestion des participations de
l'État. Cependant, après cinq années d'existence de ladite
structure,peut-on vraiment affirmer que l'État assure une gestion
efficace et responsable de son portefeuille ?
La recherche d'une réponse à cette interrogation
nous a amené à nous intéresser aux activités de la
DGPED et à réaliser notre étude sur l'optimisation
du suivi du portefeuille des entreprises publiques et des participations de
l'État béninois.
En effet, l'état des lieux réalisé a
révélé des insuffisances qui traduisent un suivi non
satisfaisant du portefeuille de l'État. De façon plus
spécifique, nous avons retenu deux problèmes ci-après
cités :
- le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux;
- la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques.
Le diagnostic établit après l'identification des
causes, nous a permis de proposer les solutions suivantes :
- le recours à une expertise externe pour la
réalisation de l'inventaire des actifs financiers de l'État ainsi
que leur valorisation ;
- la conception et la mise en production d'une application de
suivi des participations de l'État à mettre à la
disposition du SMPE et de la DGPED ;
- la transformation structurelle de la DGPED en une
Autorité ou une Agence spécialisée indépendante
afin d'accroître son pouvoir d'action ;
- l'insertion d'un objectif relatif à la production et
la transmission à la DGPED dans les délais, des documents
comptables et autres informations sollicitées, dans les contrats
d'objectifs des directeurs d'entreprises publiques ;
- la vérification par le Secrétariat de
Direction de la DGPED, de la documentation transmise par les entreprises
publiques et le rejet à la réception, de toute documentation
incomplète ou non conforme.
ABSTRACT
The State of Benin, like other countries, has a fairly large
portfolio of public enterprises. It has also acquired equity stakes in various
private companies and with sub-regional, regional and international
entities.
To manage this portfolio of holdings, the General Directorate
of State Holdings (DGPED) was created in 2016, whose main mission is to embody
the State as a shareholder through the financial supervision of public
enterprises and the management of holdings of State. However, after five years
of existence of the said structure, can we really say that the State ensures
efficient and responsible management of its portfolio?
The search for an answer to this question led us to take an
interest in the activities of the DGPED and to carry out our study on the
optimization of the monitoring of the portfolio of public enterprises
and of the investments of the State of Benin.
Indeed, the inventory carried out revealed shortcomings which
reflect unsatisfactory monitoring of the State portfolio. More specifically, we
have retained two problems cited below:
- the lack of effective monitoring of all financial assets
held by the Beninese State in private companies, sub-regional, regional and
international organizations;
- the low efficiency of the financial supervision system of
public enterprises.
The diagnosis, established after identifying the causes,
enabled us to propose the following solutions:
- recourse to external expertise for carrying out an inventory
of the State's financial assets as well as their valuation ;
- the design and production of an application for monitoring
State holdings to be made available to the SMPE and the DGPED ;
- the structural transformation of the DGPED into an Authority
or an independent specialized agency in order to increase its power of action
;
- the inclusion of an objective relating to the production and
transmission to the DGPED on time, of accounting documents and other
information requested, in the objective contracts of directors of public
enterprises ;
- the verification by the Directorate General of the DGPED of
the documentation sent by the public enterprises and the rejection on receipt
of any incomplete or non-compliant documentation.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
2
CHAPITRE 1 : LA GESTION DES PARTICIPATIONS DE
L'ÉTAT AU BENIN
4
Section 1 : Évolution de l'État
actionnaire dans le contexte béninois
5
Section 2 : Gestion du portefeuille des
entreprises publiques et des participations de l'État
11
CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE D'UN SUIVI OPTIMAL
DU PORTEFEUILLE DE L'ÉTAT BÉNINOIS
28
Section 1 : Cadre conceptuel de la
problématique
29
Section 2 : Recherche documentaire et cadre
méthodologique de vérification des hypothèses
43
CHAPITRE 3 : VERS UNE OPTIMISATION DU SUIVI DU
PORTEFEUILLE DE L'ÉTAT
54
Section 1 : Diagnostic de la problématique de
l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État
55
Section 2 : Conditions pour un meilleur suivi du
portefeuille de l'État
60
CONCLUSION
69
INTRODUCTION
L'État dans la poursuite de ses objectifs
économiques et sociaux et en vue de satisfaire l'intérêt
général, est amené à prendre des participations
dans le capital d'entreprises privées. Dans la poursuite des mêmes
objectifs, il crée des entreprises publiques, qui se
révèlent être de véritables instruments de
politiques économiques et sociales. Ces entreprises publiques ainsi que
les participations financières de l'État dans les entreprises
privées font de ce dernier un actionnaire.
En effet, c'est au lendemain de leurs indépendances
dans les années 60, que les pays africains, pour répondre aux
besoins socio-économiques urgents de leurs populations, ont
procédé à une vague de nationalisations et de
création d'entreprises publiques. Cette politique ainsi mise en oeuvre
visait alors à relancer leurs économies respectives et à
créer les infrastructures nécessaires pour assurer un
développement économique et social mais surtout un
mieux-être de leurs populations.
La même tendance a été observée au
Bénin avec la création d'une multitude d'entreprises publiques au
cours de la période révolutionnaire, mais en dépit des
vagues de dénationalisation qui ont suivi dans les années 90,
l'État béninois reste encore propriétaire d'un nombre
relativement important d'entreprises et est demeuré dans le capital de
plusieurs entreprises privées.
Dans une optique de rationalisation de son patrimoine et afin
d'assurer la performance de son portefeuille, l'État béninois a
confié en 2016, la gestion de ce dernier à la Direction
Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation (DGPED). Placée sous la tutelle du
Ministère de l'Economie et des Finances, la DGPED dont la mission
principale est d'incarner l'État actionnaire, est chargée de la
mise en oeuvre de la politique actionnariale de l'État à travers
la surveillance financière des entreprises publiques et une gestion
active de ses participations financières. Les activités de la
DGPED sont dirigées et coordonnées par un Directeur
Général et un Directeur Adjoint. Ils sont assistés par des
structures et personnes qui leur sont directement rattachées, à
savoir : l'Assistant du Directeur Général, le
Secrétariat de Direction, la Cellule d'Appui au Directeur
Général (CA/DG), le Secrétaire Particulier du Directeur
Général. Enfin, pour l'exécution des tâches
opérationnelles, la DGPED dispose de trois (03) directions techniques,
à savoir :
- la Direction de la Gestion des Participations de
l'État : en charge des études et de la
règlementation, du contrôle de gestion et du suivi des
participations de l'État ;
- la Direction de la Dénationalisation : en charge
du suivi des programmes de dénationalisation et du suivi des
engagements ;
- la Direction de la gestion des Ressources : en charge
de la gestion des ressources humaines, du matériel et des affaires
financières, de l'informatique et des archives.
Si les efforts du gouvernement béninois dans le cadre
de la rationalisation de son portefeuille sont à saluer,
l'actualité liée aux dérives de certaines entreprises
publiques ainsi que lesrésultats déficitaires
réalisés par d'autres, telles que la Société
Nationale deCommercialisation des Produits Pétroliers (SONACOP), la
Société Béninoise d'EnergieElectrique (SBEE)...,laissent
entrevoir des insuffisances et nous amène à nous interroger sur
l'efficacité du mécanisme de suivi mis en place. Ainsi,
avons-nous choisi de porter nos réflexions sur le thème :
Optimisation du suivi du portefeuille des entreprises publiques et des
Participations de l'État béninois afin d'identifier les goulots
d'étranglement et de proposer des approches de solutions pour un
meilleur suivi du portefeuille de l'État.
Pour traiter du sujet, nous avons adopté un plan
tripartite de trois chapitres. Le premier est consacré aux
généralités et à l'état des lieux de la
gestion du portefeuille de l'État béninois. Dans le
2ème chapitre nous présenterons le cadre conceptuel de
la problématique, la revue de littérature ainsi que le cadre
méthodologique de vérification des hypothèses. Enfin, dans
le 3èmechapitre, nous exposerons les résultats de
notre étude avant de déboucher sur nos propositions d'approches
de solutions.
CHAPITRE 1 :LA GESTION DES PARTICIPATIONS DE L'ÉTAT AU
BENIN
Dans ce chapitre, nous aborderons les
généralités sur l'État actionnaire et son
évolution dans le contexte béninois puis, nous procéderons
à un état des lieux sur la gestion du portefeuille de
l'État béninois.
Section 1 : Évolution de l'État actionnaire
dans le contexte béninois
Cette section est consacrée aux
généralités sur l'État actionnaire et à
l'évolution de ce concept au Bénin.
Paragraphe 1 : Généralités sur l'État actionnaire
Nous allons présenter ici, successivement, l'historique
de l'apparition de l'État actionnaire et des entreprises publiques, la
définition du concept, l'organisation de l'État actionnaire
à travers le monde et les objectifs poursuivis.
1.1
Naissance de l'État actionnaire et des entreprises publiques
L'État actionnaire repose sur la doctrine de
l'interventionnisme étatique prônée par John Maynard
Keynes1(*),qui estime
que l'économie doit être soutenue par le monde politique,
notamment en matière de création d'emplois. Opposé
à l'État gendarme et au libéralisme2(*), l'interventionnisme est un
courant préconisant l'intervention des pouvoirs publics dans la vie
économique d'un pays afin d'assurer le bien-être des citoyens et
réduire les inégalités sociales. Il est mis en
oeuvreà travers différentes politiques de finances publiques
à savoir: l'augmentation des dépenses publiques et l'extension de
leurs domaines d'intervention, la redistribution des richesses et une politique
fiscale plus incitative, l'intervention directe de l'État dans
l'économie, par la détention d'entreprisespubliques, la mise en
place de monopoles publics etc...
L'interventionnisme étatique connaitra un essor
après la crise économique de 19293(*) et la Seconde Guerre mondiale4(*), notamment pour le financement
de l'économie à travers de vastes programmes de nationalisation
et grands projets industriels. Ainsi, l'État pour réguler
l'économie, conserver son influence dans des secteurs jugés
stratégiques et satisfaire les besoins d'intérêt
général est-il amené à créer des entreprises
publiques et prendre des participations dans des entreprises privées.
Les États modernes utilisent l'actionnariat public
comme un instrument d'action et d'orientation stratégique des
entreprises publiques et semi-privées afin qu'elles remplissent les
objectifs de développement. Le Brésil met ainsi en place un
actionnariat public dans les années 1990. La Chine fait de même et
inscrit dans le droit des affaires chinoisles dispositions relatives à
l'actionnariat public. Ce mouvement d'actionnariat public apparaîtra en
France à travers une première vague de nationalisation
d'entreprises, déclenchée en 1944 pour sanctionner des
entreprises soupçonnées d'avoir collaboré avec l'occupant
allemand durant la guerre. En Afrique, la dynamique de création
d'entreprises publiques et d'actionnariat public apparaîtra seulement
dans les années 60 suite à l'indépendance des anciennes
colonies.
1.2.
Définition
L'État actionnaire fait référence
à l'exercice par un État de responsabilités multiples
vis-à-vis des entreprises publiques. L'État actionnaire cherche
àrèglementer et à réguler les secteurs
d'activité de ces différentes entreprises à
l'intérieur desquelles il est, à la fois, l'actionnaire, mais
également, très souvent, le client.5(*)L'État actionnaire renvoie, à la fois,
à un instrument de politique publique spécifique (la
participation au capital d'entreprises) et à un ensemble d'acteurs et
d'institutions.Il regroupe des pratiques et des techniques de gouvernement de
l'économie qui reposent in fine sur une participation
au capital de sociétés commerciales ou financières. Ces
prises de participation qui se traduisent par un apport de fonds propres au
bilan des sociétés, permettent à l'État d'une part,
d'exercer un contrôle sur les entreprises via notamment le conseil
d'administration, et d'autre part de générer un revenu, via le
versement de dividendes ou les plus-values de cession.6(*)L'État actionnaire peut
également désigner l'organe de l'État chargé
d'exercer les droits d'actionnaire de l'État au sein des entreprises
publiques et celles à participations financières publiques. Il
peut s'agir d'un organisme unique, d'un organisme de coordination ou d'un
ministère chargé d'exercer la fonction actionnariale de
l'État.
Il convient de distinguer "l'État actionnaire" de
la"nationalisation", en ce sens que la nationalisation est une opération
juridique consistant à transférer la propriété
d'une entreprise privéedans le patrimoine de l'État. Le concept
d'État actionnaire recouvre quant à lui, au-delà des
entreprises publiques, les participations publiques (majoritaires ou
minoritaires) dans des entreprises privées.
1.3.
Organisation
Dans les États modernes, il est souvent
créé une structure publique qui a pour mission de gérer
les participations de l'État et de fixer la politique actionnariale
publique.
En France, il a été créé, en 2006,
l'Agence des Participations de l'État chargée de contribuer
à une bonne valorisation des participations de l'État dans les
entreprises publiques en vertu de la LOLF française de 2006.
Au Royaume-Uni, l'organisme de l'État qui gère
les participations est leShareholder Executive. Il doit s'assurer que les
participations de l'État génèrent des rendements et une
rentabilité positifs soutenus et restituent le coût de leur
capital au fil du temps dans le cadre des paramètres de la
stratégie, de la réglementation et de la clientèle
fixés par les pouvoirs publics, en agissant comme un actionnaire
intelligent et efficace.
En Côte d'Ivoire, la gestion des participations de
l'État est confiée à la Direction Générale
du Portefeuille de l'État (DGPE). Placée sous la tutelle du
Secrétariat d'État auprès du Premier Ministre
chargé du Budget et du Portefeuille de l'État, la DGPE assure le
suivi performant du portefeuille de l'État ivoirien, à travers la
maîtrise de l'information, la maîtrise des problèmes
clés des entreprises du Portefeuille, le développement des
compétences, le développement de la communication, etc.
Au Bénin, c'est la Direction Générale des
Participations et de la Dénationalisation (DGPED) du Ministère de
l'Economie et des Finances qui est chargée d'incarner l'État
actionnaire et d'assurer le contrôle et la surveillance financière
des entreprises publiques. Elle assure la professionnalisation et
l'efficacité des organes de gestion des entreprises publiques, la
valorisation du patrimoine de l'État et ses prises de participations et
la contribution des entreprises publiques à la réalisation des
objectifs économiques et sociaux.
1.4.
Objectifs
Rendre l'État actionnaire permet de réaliser
plusieurs objectifs :
- objectif de régulation de l'économie
et de service public : dans le cas où l'État est
l'actionnaire majoritaire, il est libre de mettre en place une politique
actionnariale publique. Les entreprises à participations publiques sont
souvent des entreprises stratégiques etles plus stratégiques
sont souvent nationalisées pour remplir des missions de service
public.
- objectifsocial : Il arrive que
l'État devienne actionnaire dans des entreprises proches de la
banqueroute afin de les sauver. Ce financement public permet aussi à
l'État de soutenir des innovations quand bien même celles-ci ne
sont pas rentables sur le court terme pour des actionnaires privés.
- objectif de création de
richesses : l'actionnariat d'État permet également
à l'État, quoique cela ne soit pas l'objectif premier,
d'engranger des recettes grâce au versement de dividendes.
Paragraphe 2 : L'État actionnaire au
Bénin
Dans cette partie, nous avons présenté
l'historique de l'État actionnaire au Bénin et avons
présenté le cadre de gestion des participations de l'État
béninois.
2.1.
Historique
En Afrique,la dynamique d'actionnariat public et le mouvement
de création des entreprises publiques sont apparus dans les
années soixante, dans un contexte de décolonisation. En effet,
les pays africains au lendemain de leurs indépendances, ne disposant pas
d'infrastructures suffisantes et pour répondre aux besoins
socio-économiques de leurs populations respectives, ont
procédé à une vague de nationalisations et de
création d'entreprises publiques dans divers secteurs de la vie
économique (activités portuaires, brasserie,
cimenterie,sucreries, hydrocarbure, sucrerie, banque...). L'objectif
visé était d'impulser et accélérer le processus de
développement. Au Congo par exemple, nous avons connu la «
zaïrianisation »7(*) c'est-à-dire le transfert aux zaïrois de
l'époque de la gestion de certaines entreprises appartenant aux
étrangers. Certaines de ces entreprises se sont ainsi vues
octroyées le statut d'entreprises publiques, d'autres sont
restées aux privés nationaux.
Le même mouvement de nationalisation et de
création d'entreprises publiques a été observé au
Bénin à la suite de son accession à l'indépendance.
En effet, c'est à partir de 1974, que l'État béninois,
dans le cadre de la mise en oeuvre d'une politique socialiste, procéda
à une série de nationalisation et de création
d'entreprises publiques aboutissant à une centralisation de l'appareil
économique. La politique économique ainsimise en oeuvre est alors
orientée vers un vaste programme d'industrialisation qui a
engendré des investissements massifs que le pays n'avait pas toujours la
capacité de gérer.
Au fil des années, ces entreprises ont
été confrontées à une mauvaise gestion
économique et financière de la part de leurs dirigeants. Elles
ont réalisé d'énormes pertes financières et sont
tombées en faillite. Cette situation a conduit à une vague de
dénationalisation et de privatisation des entreprises publiques dans les
années 90 réaliséesous l'égide du Fonds
Monétaire International (FMI)àtravers un programme drastique de
stabilisation et d'ajustement structurel.
Le mouvement de dénationalisation s'observe encore de
nos jours au Bénin. Cependant, en dépit des vagues de
privatisation, dissolutions et de liquidation d'entreprises publiques, le
Bénin reste encore propriétaire d'un nombre assez important
d'entrepriseset est demeuré dans le capital de certaines
sociétés privatisées pour des raisons stratégiques.
Par ailleurs, l'État béninois a acquis des participations dans le
capital de diverses entreprises privées ainsi qu'au niveau
d'entités sous régionales, régionales et
internationales ; ce qui fait de lui le détenteur d'un portefeuille
non négligeable de participations. En 2016, alors qu'il se posait la
problématique d'une bonne gouvernance des entreprises publiques et du
suivi effectif des participations de l'État béninois, ce dernier
a procédé à la création d'une structure en charge
de la surveillance financière des entreprises publiques, de la gestion
des participations et de la réalisation des opérations de
dénationalisation.
2.2.
Cadre de la gestion des participations de l'État
La gestion du portefeuille des entreprises publiques et des
participations de l'État est confiée à la Direction
Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation (DGPED). En effet, c'est à l'issue d'une
mission du Fonds Monétaire International (FMI) que des écarts
portant sur l'absence d'une vision consolidée de la situation
financière des entreprises publiques, un suivi limité par
l'État des décisions relatives à la gestion
financière de ces entités et une faible transparence de leurs
relations financières avec l'État ont été
relevés. La mise en oeuvre des recommandations formulées à
l'issue de ladite mission a conduit, en 2016, à une revue du cadre
institutionnel de la gestion du portefeuille de l'État. Ainsi, au
lendemain des élections présidentielles de 2016, le gouvernement
béninois a-ilprocédé à la création de la
Direction Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation (DGPED)au sein du Ministère chargé des
finances. Cette création visait à renforcer la surveillance
financière des entreprises publiques, le suivi des participations et le
cadre des opérations de dénationalisation. Cette nouvelle
direction résulte d'une fusion de la Direction de la Gestion et du
Contrôle du Portefeuille de l'État (DGCPE) issue de la Direction
Générale des Affaires Economiques et du Secrétariat
Permanent de la Commission Technique de Dénationalisation (SP/CTD).La
DGPED incarne ainsi l'État actionnaire au Bénin.
Conformément à ses attributions8(*), le Service Monnaie et
Portefeuille de l'État de la Direction des Affaires Monétaires et
Financières du Trésor assure également le suivi du
portefeuille de l'État à travers : la réalisation de
l'inventaire permanent du portefeuille des titres et participations de
l'État et de la transmission des résultats comptables et
financiers à la Trésorerie Générale de
l'État ; l'examen des dossiers relatifs au portefeuille de
l'État ; l'exécution en liaison avec la DGPED des programmes
de création d'entreprises, de privatisations, de restructuration, de
liquidations et le suivi extracomptable du portefeuille de l'État.
Section 2 : Gestion du portefeuille des entreprises
publiques et des participations de l'État
Les entreprises publiques ainsi que les prises de
participation de l'Étatsont soumises à une législation et
une réglementation en application desquelles divers mécanismes
sont institués au sein de la structure en charge des participations de
l'État : la Direction Générale des Participations de
l'État et de la Dénationalisation.
Paragraphe 1 : Cadre juridique et structure du
portefeuille de l'État
Dans cette partie, il sera présenté
l'état des lieux du cadre juridique de la gouvernance des entreprises
publiques et de la structure du portefeuille de l'État.
1.1. Cadre juridique de la gouvernance des entreprises
publiques
Les entreprises publiques sont particulières. Le cadre
juridique de leur gouvernance se caractérise par l'existence de
règles de nature et d'origine diverses. Elles proviennent à la
fois, du droit public et du droit privé, du droit national et du droit
communautaire. Dans l'espace OHADA, la gouvernance des entreprises publiques
est encadrée par l'Acte Uniforme relatif au droit des
Sociétés Commerciales et du Groupement d'Intérêt
Économique (AUSC-GIE) et les dispositions nationales non
contraires9(*). L'AUSC-GIE
du 30 janvier 2014 détermine les dispositions générales
applicables à l'ensemble des sociétés
commerciales10(*) ainsi
que celles particulières liées à chaque type de
sociétés, clarifie notamment les rôles des acteurs de la
gouvernance, améliore le fonctionnement du Conseil d'administration,
institue un cadre de performance du Conseil avec l'admission expresse de la
création des Comités11(*).
Tous les États membres de l'OHADA ont un dispositif
spécifique national qui leur est applicable. Au Bénin, c'est
fondamentalement la loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin qui organise la gouvernance des entreprises
publiques. Elle définit les entreprises publiques, fixe les
différentes formes en fonction de leur statut juridique, les
modalités de création d'entreprises et de prise de participations
ainsi que les dispositions relatives à :
- leur administration (composition du conseil
d'administration, nomination, mandat et responsabilités des
administrateurs, les pouvoirs du Conseil d'Administration,
rémunération des administrateurs), leur direction (nomination et
durée du mandat du directeur général, attributions et
rémunération du directeur général...) ;
- leur régime juridique, social, comptable et
financier ;
- aux conventions règlementées ou
interdites ;
- leur contrôle ;
- les dispositions pénales...
Elle dispose notamment à son article 10, que
« Les sociétés d'État et les
sociétés à participation publique majoritaire sont
constituées sous forme de société anonyme avec Conseil
d'administration. Elles sont soumises aux dispositions de l'Acte uniforme de
l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires relatif au
droit des sociétés commerciales et du Groupement
d'Intérêt Economique, notamment en ce qui concerne les
règles relatives à leur constitution, leur fonctionnement,
l'élaboration et le contrôle de leurs états financiers de
synthèse annuels. ».
Il est à noter que la loi n°2020-20 du 02
septembre 2020 portant création, organisation et fonctionnement des
entreprises publiques en République du Bénin est venue abroger la
loi n°88-05 du 26 avril 1998 relative à la création,
à l'organisation et au fonctionnement des entreprises publiques et
semi-publiques, la loi n°94-009 du 20 juillet 1994 portant
création, organisation et fonctionnement des offices à
caractère social, culturel et scientifique, et celle n°92-023 du 06
août 1992portant détermination des principes fondamentaux des
dénationalisationset des transferts de propriété
d'entreprise du secteur public au secteur privé. Lesprincipales
innovations de la nouvelle loi de 2020 ont pour objectif la recherche d'une
plus grande efficacité dans la gouvernance des entreprises publiques. Il
en est ainsi notamment de la clarification de la répartition des
pouvoirs entre le Conseil d'Administration et le Directeur
Général mais aussi, de la mise en place de divers
contrôles, notamment celui du Ministère de l'Economie et des
Finances, du Ministère de tutelle de l'entreprise, du contrôle
interne, du commissariat aux comptes, les audits externes, contrôle de la
Cour des Comptes, contrôle parlementaire.
Ainsi, le cadre juridique des entreprises publiques se
particularise par une complémentarité de ses composantes et
l'homogénéité du système qui en
résulte.Cette combinaison législative, fondée sur le fait
que les entreprises publiques sont des « sociétés
à régime particulier »12(*), fait de leur gouvernance un système
spécifique. En effet, par dérogation accordée par
l'AUSC-GIE lui-même, les entreprises publiques sont soumises à un
régime particulier auquel elles sont assujetties13(*).
Il convient d'ajouter à ces textes (l'AUSC-GIE et la
loi 2020-20) :
- la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant
constitution de la République du Bénin, telle que modifiée
par la loi n°2019-40 du 7 novembre 2019 qui prévoit en son article
98 « Sont du domaine de la loi les règles concernant :
...la création des catégories d'établissements
publiques... » et en son article 134-3 que« la Cour des
comptes est la plus haute juridiction de l'État en matière de
contrôle des comptes publics. Elle vérifie les comptes et
contrôle la gestion des entreprises publiques et organismes à
participation financière ou bénéficiant des fonds publics.
Elle est l'institution supérieure de contrôle des
financespubliques... » ;
- la loi organique n°2013-14 du 27 septembre 2013
relative aux lois de finances qui prévoit au titre des recettes
budgétaires de l'État, « ...les revenus courants des
activités industrielles et commerciales de l'État ; les
revenus des domaines et des participations financières... »
(article 10) et au titre des dépenses budgétaires de
l'État, « ...les dépenses d'investissement de
l'État... » (article 13). Elle prévoit
également à son article 49 que : « Le projet de
loi de finances est accompagné : ...des annexes explicatives
qui...développent, pour chaque budget annexe et chaque compte
spécial, le montant des recettes et des dépenses ventilées
par nature. Dans le cas des comptes de prêts et d'avances, les annexes
contiennent un état de l'encours des échéances des
prêts et avances octroyés... » ;
- le décret n°2O14-571 du 07 octobre 2014 portant
règlement général sur la comptabilité publique qui
« ...fixe les règles fondamentales régissant
l'exécution des budgets publics, la comptabilité, le
contrôle des opérations financières, la gestion des
deniers, valeurs et biens appartenant ou confiés à l'État
et à ses établissements publics à caractère
administratif... » (article 1er) ;
- l'Acte uniforme relatif au droit comptable et à
l'information financière (AUDCIF) qui s'applique aux entreprises
publiques tel que précisé à son article 1er
« Toute entité au sens de l'article 2 ci-dessous est soumise
aux dispositions du présent Acte Uniforme et doit mettre en place, pour
l'information externe et pour son propre usage une comptabilité
générale conformément audit acte uniforme... »
et son article 2 « Sont astreintes à la mise en place d'une
comptabilité, dite comptabilité financière, les
entités soumises aux dispositions de l'Acte uniforme portant sur le
droit commercial général, de l'Acte uniforme relatif au droit des
sociétés commerciales et du groupement d'intérêt
économique et l'acte uniforme relatif au droit des
sociétés coopératives, les entités publiques,
parapubliques, d'économie mixte et, plus généralement, les
entités produisant des biens et des services marchands ou non marchands,
dans la mesure où elles exercent, dans un but lucratif ou non, des
activités économiques à titre principal ou accessoire qui
se fondent sur des actes répétitifs, à l'exception de
celles soumises aux règles de la comptabilité
publique. » ;
- la circulaire n°01-2017/CB/C relative à la
gouvernance des établissements de crédit et des compagnies
financières de l'UMOA, qui « ...fixe les règles
minimales en matière de gouvernance devant être observées
par les établissements en activité dans l'UMOA, tels que
définis à l'article 2. »14(*) ;
- la loi n°2019-11 du 25 février 2019 portant
renforcement juridique et judiciaire de la gouvernance publique qui
établit notamment la responsabilité civile des agents publics
ainsi que les infractions relatives à la direction, à
l'administration et au contrôle des entreprises publiques et
semi-publiques ;
-
l'arrêtén°1150/MEF/DC/SGM/DGPED/SA/113SGG18 du 09 avril 2018
portant attributions, organisation et fonctionnement de la Direction
Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation ;
- les statuts des différentes entreprises publiques
approuvés par décrets en Conseil des Ministres.
Conclusion séquentielle
n°1 : Existence d'un ensemble de textes
législatifs et règlementaires qui encadrent la gouvernance et la
surveillance financière des entreprises publiques (atout).
Le principe de la hiérarchie des normes postule que les
dispositions d'une norme inférieure doivent être conformes
à celles de la norme supérieure. Même si aucun écart
majeur n'a été relevé entre les dispositions de
l'arrêté n° 1150/MEF/DC/SGM/DGPED/SA/113SGG18 du 09 avril
2018 portant AOF de la DGPEDet celles des normes qui lui sont
supérieures, nous constatons que la plupart des textes qui y sont
visés, ont fait l'objet de modifications postérieures à la
prise de l'arrêté. Il s'agit notamment :
- de la constitution béninoise, modifiée le 07
novembre 2019 ;
- de la loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin qui est venue abroger comme nous l'avons dit
plus haut, la loi n°88-05 du 26 avril 1998 relative à la
création, à l'organisation et au fonctionnement des entreprises
publiques et semi-publiques, la loi n°94-009 du 20 juillet 1994 portant
création, organisation et fonctionnement des offices à
caractère social, culturel et scientifique, et celle n°92-023 du 06
août 1992 portant détermination des principes fondamentaux des
dénationalisations et des transferts de propriété
d'entreprise du secteur public au secteur privé ;
- du décret de 2017 portant AOF du Ministère de
l'Economie et des Finances, remplacé par un autre en date du 09 juin
2021.
Conclusion séquentielle
n°2 :Défaut d'actualisation de l'arrêté portant
AOF de la DGPED par rapport aux dispositions légales et
règlementaires postérieures (faiblesse).
Toute organisation doit disposer d'un manuel de
procédures qui encadre ses activités. Un manuel de
procédures sert à établir et détailler sous forme
d'instructions claires et précises, les étapes, les intervenants
impliqués et les outils utilisés pour mener à bien chaque
activité au sein d'une structure. L'existence d'un manuel de
procédures permet également de capitaliser les savoir-faire
individuels et collectifs, ce qui favorise, de facto, l'assimilation rapide des
techniques spécifiques de réalisation des tâches pour le
personnel nouvellement affecté à un poste de travail. Il permet
enfin de maîtriser les risques et facilite les contrôles.
Bien que le personnel de la DGEPD ait connaissance, à
travers la loi 2020-20 et l'arrêté portant AOF de la structure,
des différentes activités à réaliser, il faut noter
que les techniques de réalisation de celles-ci sont mises en place sur
le tas par les différents acteurs. Il n'existe aucun support formalisant
ces pratiques et décrivant le processus de réalisation des
tâches affectées à chaque poste. Cet état de chose
ne favorise pas la capitalisation des savoir-faire individuels, la
maîtrise des risques, les contrôles. Aussi, les performances de la
DGPED peuvent-elles être fortement impactées par l'absence ou le
départ d'un employé clé.
Conclusion séquentielle n°3 :
Inexistence d'un manuel de procédures encadrant les activités de
la DGPED (faiblesse).
La loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin dispose en son article 77, que :
« les statuts régissant les entreprises publiques
constituées antérieurement, sont mis en conformité avec
les dispositions de la présente loi, dans un délai d'un (01) an
à compter de son entrée en vigueur... ». Pour s'assurer
de la conformité à cette exigence de la loi, la DGPED a
engagée, à travers une assistance et un suivi,le processus
d'harmonisation des statuts des entreprises publiques. Mais force est de
constater qu'à l'expiration du délai fixé par la loi,
toutes les entreprises publiques ne se sont pas conformées à
cette exigence. En effet, sur le total de 23sociétés
d'État existantes, 13n'ont pas encore procédé à
l'actualisation de leurs statuts par rapport à la loi 2020-2015(*). Le même constat est
fait au niveau des établissements publics. Les travaux d'assistance se
poursuivent à la DGPED et un modèle de statuts type a
été proposé aux entreprises publiques afin
d'accélérer le processus de mise en conformité.
Conclusion séquentielle n°4 : Retard
dans l'actualisation des statuts des entreprises publiques par rapport à
la loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création,
organisation et fonctionnement des entreprises publiques en République
du Bénin (Faiblesse).
1.2. Structure du portefeuille de
l'État
Aux termes de l'article 4 de la loi 2020-20 du 02 septembre
2020 portant création, organisation et fonctionnement des entreprises
publiques en république du Bénin, les entreprises publiques
peuvent prendre les formes suivantes :
- la forme d'établissement public composé des
offices ou agences ;
- la forme de société.
Les établissements publics sont des structures
créées par l'État ou les collectivités
territoriales pour gérer une ou des activités de service public
à des fins essentiellement d'intérêt général.
Ils sont dotés de la personnalité morale et de l'autonomie
financière16(*).Les
entreprises publiques organisées sous la forme de sociétés
quant à elles, sont celles dont les activités sont menées
à des fins essentiellement commerciales. Il peut s'agir des
sociétés d'État ou des sociétés à
participation publique majoritaire.17(*)
Les sociétés d'État sont des
sociétés par actions dont le capital est entièrement
détenu directement ou indirectement par l'État ou par une ou
plusieurs personnes morales de droit public béninois.18(*) Les sociétés
à participation publique majoritaire sont,quant à elles, des
sociétés d'économie mixte dont le capital est
majoritairement détenu par l'État ou par une ou plusieurs
personnes morales de droit public béninois.19(*)
A ce jour, le portefeuille de l'État compte au
totaldeux-cent (200) entreprises publiques dont cent soixante-dix-sept (177)
établissements Publicset vingt et trois (23) sociétés
d'État. Ci-après le point des entreprises publiques
béninoises :
Tableau 1 : Point des
entreprises publiques béninoises
N°
|
Structures de rattachement
|
Nombre d'Etablissements Publics
|
Nombre de Sociétés
d'État
|
1
|
Présidence de la République
|
13
|
-
|
2
|
Ministère du Développement et de la Coordination de
l'Action Gouvernementale
|
02
|
-
|
3
|
Ministère de la Justice et de la Législation
|
05
|
-
|
4
|
Ministère des Affaires Etrangères et de la
Coopération
|
02
|
-
|
5
|
Ministère de l'Economie et des Finances
|
02
|
05
|
6
|
Ministère de l'Intérieur et de la
Sécurité
|
02
|
-
|
7
|
Ministère du Cadre de Vie et du Développement
Durable
|
13
|
02
|
8
|
Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
|
11
|
01
|
9
|
Ministère de la Décentralisation et de la
GouvernanceLocale
|
01
|
01
|
10
|
Ministère du Travail et de la Fonction Publique
|
05
|
-
|
11
|
Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance
|
04
|
-
|
12
|
Ministère de la Santé
|
55*
|
01
|
13
|
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
|
12
|
-
|
14
|
Ministère de l'Enseignement Secondaire, Technique et de la
Formation Professionnelle
|
03
|
-
|
15
|
Ministère de l'Enseignement Maternel et Primaire
|
03
|
-
|
16
|
Ministère de l'Economie Numérique et de la
Digitalisation
|
06
|
02
|
18
|
Ministère des Infrastructures et des Transports
|
05
|
07
|
19
|
Ministère de l'Industrie et du Commerce
|
05
|
-
|
20
|
Ministère de l'Energie
|
02
|
03
|
21
|
Ministère de l'Eau et des Mines
|
01
|
01
|
22
|
Ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de
laPromotion de l'Emploi
|
09
|
-
|
23
|
Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme
|
08
|
-
|
24
|
Ministère des Sports
|
06
|
-
|
25
|
Ministère de la Défense Nationale
|
02
|
-
|
Total
|
177
|
23
|
*Nombre prenant en compte les 34 hôpitaux de
zone
Source : réalisé sur la base
des données de la DGPED
L'État, toujours dans une logique fondée sur
l'intérêt général et afin de conserver son influence
et un certain contrôle sur des secteurs clés de la vie
économique, est amené à prendre des participations
minoritaires au capital d'entreprises privées, d'organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux. Les derniers travaux
réalisés en 2021, conjointement par la DGPED et le Service de la
Monnaie et du Portefeuille de l'État de la DAMF, font état de
vingt-huit (28) structures dans lesquelles l'État béninois
détient des participations minoritaires. Mais cette liste, selon les
acteurs, présente l'insuffisance de ne pas être exhaustive, ces
derniers ayant des difficultés à répertorier la
totalité des actifs financiers détenus par l'État
béninois.
Conclusion séquentielle n°5 :
- Existence d'un répertoire exhaustif des
entreprises publiques de l'État béninois
(Atout) ;
- Inexistence d'un état exhaustif des actifs
financiers détenus parl'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux (Faiblesse).
Paragraphe 2 : Observations relatives à
l'organisation et au suivi du portefeuille de l'État
Dans cette partie nous faisons le point de nos observations
sur les ressources de la DGPED (structure qui incarne l'État
actionnaire), sur la gouvernance et le contrôle des entreprises publiques
et celles notées sur le suivi des participations de l'État.
2.1.
Observations relatives aux ressources de la DGPED
La Direction Générale des Participations de
l'État et de la Dénationalisation (DGPED) exerce la tutelle
financière des établissements publics nationaux, des
sociétés d'État et des sociétés à
participation financière publique ; elle gère le
portefeuille de l'État et le représente dans les
assemblées constitutives, les assemblées générales
et les conseils d'administration des sociétés à
participation financière publique. Elle conduit également les
opérations de dénationalisation.
Pour mener à bien sa mission, la DGPED est dotée
de ressources humaines dont l'effectif et les fonctions sont
récapitulés dans le tableau ci-après.
Tableau 2 : Tableau des
ressources humaines de la DGPED
Fonctions
|
Nombre
|
Directrice Générale
|
01
|
Directeur Général Adjoint
|
01
|
Directeur de la Gestion des Participations de l'État
|
01
|
Directeur de la Dénationalisation
|
01
|
Directeur de la Gestion des Ressources
|
01
|
Chef du Secrétariat de Direction
|
01
|
Chef Cellule d'Appui au Directeur Général
|
01
|
Assistant de la Directrice Générale
|
01
|
Secrétaire Particulière de la Directrice
Générale
|
01
|
Secrétaire du Directeur de la Gestion des
Participations de l'État
|
01
|
Secrétaire du Directeur de la Dénationalisation
|
01
|
Secrétaire du Directeur de la Gestion des Ressources
|
01
|
Chef Service des Etudes et de la Réglementation
|
01
|
Chef Service Contrôle de Gestion
|
01
|
Chef Service Suivi des Participations de l'État
|
Vacant
|
Chargés de programmes
|
03
|
Chef Service Suivi des Engagements
|
01
|
Chef Service Ressources Humaines
|
Vacant
|
Chef Service du Matériel et des Affaires
Financières
|
01
|
Chef Service de l'Informatique et des Archives
|
Vacant
|
Total
|
19
|
Source : élaboré sur la
base des données recueillies à la DGPED
A la lecture du tableau ci-dessus, nous retenons que la DGPED
dispose d'un effectif total de 19 agents pour la réalisation de sa
mission. Il est à noter la vacance de certains postes conduisant
à un cumul de fonctions par certains agents. C'est le cas notamment des
postes de Chef Service Suivi des Participations de l'État, Chef Service
Ressources Humaines et de Chef Service de l'Informatique et des Archives dont
les tâches sont assurées de façon tacite, respectivement
par le Directeur de la Gestion des Participations de l'État, la
Secrétaire Particulière de la Directrice Généraleet
le Chef Service du Matériel et des Affaires Financières.
Nous avons également remarqué au cours de notre
stage, la vacance de certains postes prévus par l'arrêté
n° 1150/MEF/DC/SGM/DGPED/SA/113SGG18 du 09 avril 2018portant attributions,
organisation et fonctionnement de la DGPED mais non pourvus au sein de la
structure. En effet, l'arrêté cité prévoit
l'existence de 03 employés de bureau et de 02 agents de liaison pour
assister le Chef du Secrétariat de Direction (article 9). Mais pour
l'heure, les tâches du Secrétariat de Direction sont
assurées par un seul employé, le Chef du Secrétariat de
Direction. L'article 11 de l'arrêté portant AOF de la DGPED
dispose que la Cellule d'Appui au Directeur Général est
animée par une dizaine de cadres de profils divers (économistes,
juristes, planificateurs, statisticiens, financiers etc.),mais les
différentes tâches dévolues à la cellule sont
actuellement assurées uniquement par le Chef de ladite Cellule, les
membres n'étant pas encore recrutés.
De plus, il nous a été donné de constater
qu'aucun Chef de Service ne dispose de collaborateurs (Chef Section, Chef
Division etc...) pour les assister dans la réalisation de leurs
tâches, ce qui conduit à une concentration de la charge de travail
à certains postes et au recours à des stagiaires.
Conclusion séquentielle n°6 : Manque
de personnel pour assurer l'exécution efficiente des
activités(Faiblesse)
Au plan géographique, la DGPED est située dans
le quartier Joncquet à Cotonou. L'immeuble abritant ses locaux est vieux
de plus d'une dizained'années. Il présente un aspect peu
attrayant,avec un dysfonctionnement fréquent de l'ascenseur. Aussi,
observe-on des fuites d'eau dans certains bureaux en période de pluie.
Pour assurer le bon fonctionnement de ses services, la DGPED
dispose de matériels roulant, de mobiliers de bureau, de
matériels informatiques (ordinateurs, imprimantes, appareils
copieurs...), de fournitures de bureau.
Etant une Direction Technique du Ministère de
l'Economie et des Finances, les dépenses de fonctionnement de la DGPED
sont financées par le Budget Général de l'État.
Conclusion séquentielle n°7 :
- Inadaptation du cadre de travail
(Faiblesse) ;
- Disponibilité des ressources
matérielles et financières nécessaires pour la
réalisation des activités de la DGPED (Atout).
2.2.
Observations relatives à la gouvernance des entreprises publiques
La gouvernance d'entreprise fait référence
à la répartition des pouvoirs et des rôles entre les
actionnaires, le conseil d'administration et la direction
générale d'une entreprise. Elle renvoie aussi aux
mécanismes organisationnels de prise de décision de
fonctionnement, de contrôle et d'imputabilité qui régissent
l'entreprise. La gouvernance des entreprises publiques joue un rôle
fondamental dans la contribution positive que celles-ci apportent à la
croissance économique du pays et à la satisfaction de
l'intérêt général.
Au Bénin, la gouvernance des entreprises publiques est
organisée et encadrée par la loi n°2020-20 du 02 septembre
2020 portant création, organisation et fonctionnement des entreprises
publiques en République du Bénin et l'Acte Uniforme de l'OHADA
relatif au droit des sociétés commerciales et au groupement
d'intérêt économique. Les entreprises publiques sont
administrées par un conseil d'administration dont les membres sont
nommés par décret pris en Conseil des ministres
(représentant l'Assemblée Générale)pour une
durée maximale de trois (3) ans renouvelable.
Les missions du conseil d'administration d'une entreprise sont
de définir sa stratégie, de déterminer son mode
d'organisation, en procédant à la nomination de son directeur
général par exemple, de contrôler l'action du directeur
général en s'assurant qu'elle concorde avec la stratégie
définie. D'ailleurs, à la lecture des dispositions du
traité de l'Acte Uniforme de l'OHADA relatif au droit des
sociétés commerciales et au groupement d'intérêt
économique, le conseil d'administration apparaîtcomme un organe de
contrôle des dirigeants et de management.
Depuis 2016, le Bénin s'est engagé dans un
processus de renforcement de la gouvernance des entreprises publiques. Les
différentes actions menées par le gouvernement depuis lors dans
ce sens nous permettent aujourd'hui de constater que les Conseils
d'Administration des entreprises publiques sont régulièrement
installés et renouvelés à l'expiration des mandats. Nous
constatons également une tenue régulière des
différentes sessions du Conseil d'Administration.
Conclusion séquentielle n°8 :
Existence et fonctionnement des organes de gouvernance des entreprises
publiques (Atout).
Mais l'efficacité des mécanismes de gouvernance
des entreprises publiques est souvent remise en cause en raison de la faible
performance de celles-ci, notamment des sociétés d'État.
Pour appuyer ce constat, il est possible d'examiner le point des performances
réalisées par les sociétés d'État sur les
quatre dernières années (2017 à 2020).
Tableau 3 : Performances
des Sociétés d'État
En milliards de F CFA
|
Année
|
Chiffres d'Affaires (CA)
|
Résultat Net (RN)
|
Ratio RN / CA
|
2017
|
268,9
|
22,6
|
8,40%
|
2018
|
286,8
|
22,6
|
7,88%
|
2019
|
316,7
|
60,4
|
19,07%
|
2020
|
369,8
|
31,6
|
8,55%
|
Source : produit sur la base des
données de la DGPED (Revue DGPED 2020)
L'analyse du tableau des performances des
sociétés d'État montre que celles-ci réalisent un
chiffres d'affaires relativement important mais avec une rentabilité
commerciale (ratio RN/CA)généralement
inférieur à 10%, alors qu'elles sont pour la plupart en situation
de monopole. Ce niveau de rentabilité révèle l'importance
des charges supportées par les sociétés d'État.
Ce constat sur le niveau de charges des sociétés
d'État traduirait également une faible capacité des
organes de gouvernance (Conseil d'Administration et Direction
Générale) à aider à la performance des entreprises
publiques.
Conclusion séquentielle n° 9 :
- Niveau élevé de charges des
sociétés d'État (Faiblesse) ;
- Faible capacité des organes de gouvernance
à aider à la performance des entreprises publiques
(Faiblesse).
Dans le but de renforcer la professionnalisation des conseils
d'administration, la DGPED a élaboré un guide de
l'administrateur. Il s'agit d'un document de référence pour tout
représentant de l'État appelé à assumer le
rôle d'administrateur. Paru en 2019, ce guide qui sert de base pour le
renforcement des capacités des membres des conseils
d'administration,apporte les éclairages nécessaires sur la
mission, les rôles, les responsabilités, les principes et valeurs
d'administration d'entreprise.
Conclusion séquentielle n°10 :
Existence d'un guide pratique de l'administrateur (Atout).
Pour mieux exercer lafonction actionnariale de l'État,
la DGPED a instauré un dialogue de gestion traduit par l'organisation
d'une revue annuelle sur la situation économique et financière
ainsi que l'état de la gouvernance des entreprises publiques au
Bénin. Il s'agit d'un cadre d'échanges qui rassemble tous les
acteurs de la chaîne de gestion des entreprises publiques ainsi que les
Partenaires Techniques et Financiers. L'organisation de cette revue qui se
tient chaque année depuis 2018 est sanctionnée par
l'élaboration d'un rapport annuel agrégé qui prend la
forme d'un magazine d'information intitulé «Revue des entreprises
publiques » afin d'éclairer la prise de décision.
Conclusion séquentielle n° 11 :
Organisation d'une revue annuelle des entreprises publiques et
élaboration d'un rapport annuel sur la situation économique et
financière des entreprises publiques (Atout).
2.3.
Observations relatives au contrôle des entreprises publiques
Les entreprises publiques sont soumis au contrôle du
Ministère de l'Economie et des Finances, à celui leurs
ministères de tutelle respectifs, à un contrôle interne et
celui du commissariat aux comptes, au contrôle de l'organe
délibérant (l'assemblée générale), au
contrôle de la Cour des Comptes et à un contrôle
parlementaire.
Le contrôle du Ministère de l'Economie et des
Finances est assuré par la DGPED et L'Inspection Générale
des Finances. Il s'exerce sur la gestion des entreprises publiques, les
documents budgétaires des entreprises publiques et sur leurs
états financiers.
Conformément à l'article 43 de la loi 2020-20,
la DGPED effectue un contrôle permanent de la gestion des entreprises
publiques à travers des demandes d'informations périodiques
visant à recueillir des données sur leurs performances
financières, leurs organisations ainsi que leur cadre de gouvernance.
Nous avons d'ailleurs pu participer au cours de notre stage au
dépouillement des questionnaires renseignés par les entreprises
publiques dans ce cadre. A la suite du dépouillement des questionnaires
renseignés, une analyse des données est effectuée par les
agents de la DGPED et les dirigeants des entreprises publiques peuvent ensuite
être interpellés sur les éventuels écarts
relevés.Au titre du contrôle permanent, la DGPED effectue
également des missions de terrain dans les entreprises publiques afin de
vérifier la mise en place et le fonctionnement régulier des
organes de gouvernance et de contrôle interne, vérifier
l'organisation du système comptable des entreprises et la production
à bonne date de l'information financière. Ces missions
constituent également un cadre idéal pour la sensibilisation des
acteurs sur la bonne gouvernance. Ce contrôle permanent permet de
prévenir les entreprises publiques contre les risques financiers, les
actes de mauvaise gestion et de s'assurer de la mise en place en leur sein d'un
système de gouvernance de qualité.
Conclusion séquentielle 12 :
Réalisation des activités de surveillance financière
permanente des entreprises publiques (Atout).
Au titre du contrôle des documents budgétaires,
la loi 2020-20 prévoit en son article 44 que les entreprises publiques
doivent transmettre au Ministère de l'Economie et des Finances,
notamment à la DGPED leurs budgets de l'exercice N+1 approuvés
par les conseils d'administration respectifs au plus tard le 15 octobre de
l'exercice N. Les budgets reçus font l'objet d'une étude par la
DGPED qui demande, en cas d'insuffisances majeures relevés, au conseil
d'administration d'introduire les modifications nécessaires pour assurer
l'équilibre financier de l'entreprise et le respect de ses engagements
contractuels éventuels à l'égard de l'État.
Malheureusement, le constat est que la majorité des entreprises
publiques ne transmettent pas leurs budgets dans le délai fixé
par loi. En effet, à la date du 15 octobre 2021, seule une entreprise
sur les 200 que compte le portefeuille de l'État a transmis son budget
au titre de l'année 2022, soit un taux de transmission dans les
délais de 0,5%. Ce faible taux de transmission constitue une
difficulté majeure dans l'exercice du contrôle à effectuer
par la DGPED sur les documents budgétaires des entreprises publiques.
Conclusion séquentielle 13 : Faible taux
de transmission des budgets des entreprises publiques à la DGPED
(Faiblesse).
LaDGPED a la charge de réaliser l'examen des
états financiers des entreprises publiques. A ce titre, les entreprises
publiques sont tenues de transmettre leurs états financiers annuels
ainsi que les rapports des commissaires aux comptes à la DGPED au plus
tard le 30 avrilde l'exercice suivant celui écoulé.20(*) A la réception des
états financiers, la DGPED procède aux vérifications
nécessaires et élabore une note d'examen comportant les analyses
sur les indicateurs financiers du bilan et du compte d'exploitation, le
résumé du contenu du rapport du commissaire aux comptes ainsi les
observations diverses de la DGPED. La note d'examen ainsi
élaborée est ensuite transmise au ministère de tutelle
pour préparation de la communication à introduire en conseil des
ministres en vue de l'approbation des états financiers de l'entreprise.
L'approbation des états financiers des entreprises
publiques conformément aux dispositions de l'AUSC-GIE et de la loi
n°2020-20, doit intervenir au plus tard six(06) mois après la
clôture de l'exercice concerné. Mais ce délai n'est pas
souvent respecté carles états financiers des entreprises
publiques ne sont généralement pas transmis à la DGPED
dans les délais (04 mois après la clôture de l'exercice
concerné). En effet, à la date du 31 août 2021, la DGPED
n'a reçu au titre de l'exercice 2020, que les états financiersde
16 entreprises publiques sur le total de 200 qui compose le portefeuille de
l'État, soit un taux de transmission de 8%.Notons que tous les
états financiers reçus au titre de l'exercice 2020 l'ont
été après le 30 avril 2021, date limite légale.
Aussi, la DGPED reçoit-elle encore les états financiers des
exercices antérieurs à l'année 2020. Quatre-vingt-quatre
(84) états financiers des exercices antérieurs ont notamment
été reçus par la DGPED sur la période allant du 01
janvier 2021 au 31 août 2021.
Ces retardsobservés ne favorisent pas le respect du
délai légal défini pour l'examen des états
financiers et par ricochet le respect du délai légal retenu pour
l'approbation des états financiers par l'organe délibérant
(le Conseil des Ministres).
Conclusion séquentielle 14 :
- Effectivité de l'étude des
états financiers des entreprises publiques par la DGPED
(Atout) ;
- Non-respect du délai de transmission des
états financiers à la DGPED (Faiblesse) ;
- Non-respect du délai légal
d'approbation des états financiers des entreprises publiques
(Faiblesse).
Comme mentionné plus haut, les entreprises publiques
sont soumises à plusieurs types de contrôles effectués par
divers organes. Dans le but de clarifier et de mieux gérer les relations
entre les entreprises publiques et ces différents organes de
contrôle et de surveillance, un guide de dialogue de gestion a
été élaboré. Ce guide destiné aux
entreprises publiques et aux organes de contrôle, vise à aider
à la maîtrise des exigences légales et
règlementaires par les parties prenantes à la gestion des
entreprises publiques.
Conclusion séquentielle n°15 :
Existence d'un guide de dialogue de gestion entre les entreprises publiques et
les organes de contrôle et de surveillance financière
(Atout).
2.4.
Observations relatives au suivi des participations
Aux termes de l'article 22 de l'arrêté
n°1551/MEF/CAB/SGM/DGTCP/DCP/SP du 22 juin 2020 portant AOF de la DGTCP,
le Service de la Monnaie et du Portefeuille de l'État(SMPE) assure en
collaboration avec la Trésorerie Générale de l'État
(TGE), les services compétents de la Direction Générale
des Affaires Economiques (DGAE) et la Direction Générale des
Participations de l'État et de la Dénationalisation, le suivi de
la gestion des titres et participations de l'État aux niveau national et
international. A ce titre, il a la charge du suivi régulier des revenus
des titres et participations détenus par l'État. Dans la
pratique, ce suivi se heurte à une difficulté liée
à l'indisponibilité des données relatives aux versements
des dividendes. En effet, de nos échanges avec les acteurs du SMPE, il
ressort que les dividendes versés par les entreprises publiques et
sociétés à participation financière de
l'État sont enregistrées par la TGE comme des recettes non
fiscales, ce qui ne permet pas d'extraire le point des dividendes effectivement
versés à l'État sur une période.
Conclusion séquentielle n° 16 :
Non-effectivité du suivi régulier des revenus des participations
détenues par l'État (Faiblesse).
CHAPITRE 2 :PROBLEMATIQUE D'UN SUIVI OPTIMAL DU
PORTEFEUILLEDE L'ÉTAT BÉNINOIS
Ce chapitre abordera successivement le cadre conceptuel de la
problématique et les enquêtes (documentaire et sur le terrain)
réalisées pour solutionner la problématique.
Section 1 : Cadre conceptuel de la
problématique
Dans cette section, nous nous attellerons d'une part, à
choisir entre autres problématiques, celle sur laquelle portera notre
étude (paragraphe 1) et, d'autre part, à définir les
objectifs et hypothèses de recherche (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Identification de la
problématique
Nous présenterons d'abord une synthèse de
l'état des lieux, avant d'aboutir au choix et à la
spécification de la problématique.
1.1. Synthèse de l'état des lieux et
regroupement des problèmes par centre d'intérêt
Il sera procédé ici, à l'inventaire des
atouts et faiblesses identifiés dans l'état des lieux et à
leur regroupement par centre d'intérêt.
1.1.1. Inventaire des atouts et faiblesses
Le point des atouts et faiblesses se présente comme
suit :
Ø Inventaire des atouts
Au nombre des atouts identifiés, nous avons :
1- Existence d'un ensemble de textes législatifs et
règlementaires qui encadrent la gouvernance et la surveillance
financière des entreprises publiques ;
2- Existence d'un répertoire exhaustif des entreprises
publiques de l'État béninois ;
3- Disponibilité des ressources matérielles et
financières nécessaires pour la réalisation des
activités de la DGPED ;
4- Existence et fonctionnement des organes de gouvernance des
entreprises publiques ;
5- Existence d'un guide pratique de l'administrateur ;
6- Organisation d'une revue annuelle des entreprises publiques
et élaboration d'un rapport annuel sur la situation économique et
financière des entreprises publiques ;
7- Réalisation des activités de surveillance
financière permanente des entreprises publiques ;
8- Effectivité de l'étude des états
financiers des entreprises publiques par la DGPED ;
9- Existence d'un guide de dialogue de gestion entre les
entreprises publiques et les organes de contrôle et de surveillance
financière.
Ø Inventaire des faiblesses
Au nombre des faiblesses identifiées, nous
avons :
1- Défaut d'actualisation de l'arrêté
portant AOF de la DGPED par rapport aux dispositions légales et
règlementaires postérieures ;
2- Inexistence d'un manuel de procédures encadrant les
activités de la DGPED ;
3- Retard dans l'actualisation des statuts des entreprises
publiques par rapport à la loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020
portant création, organisation et fonctionnement des entreprises
publiques en République du Bénin ;
4- Inexistence d'un état exhaustif des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux ;
5- Manque de personnel pour assurer l'exécution
efficiente des activités ;
6- Inadaptation du cadre de travail ;
7- Niveau élevé de charges des
sociétés d'État ;
8- Faible capacité des organes de gouvernance à
aider à la performance des entreprises publiques ;
9- Faible taux de transmission des budgets des entreprises
publiques à la DGPED ;
10- Non-respect du délai de transmission des
états financiers à la DGPED ;
11- Non-respect du délai légal d'approbation des
états financiers des entreprises publiques;
12- Non-effectivité du suivi régulier des
revenus des participations détenues par l'État.
1.1.2. Regroupement des problèmes par centre
d'intérêt
Nous allons procéder ici, à un regroupement par
centre d'intérêt des problèmes spécifiques
relevés pendant notre stage. Le but est de dégager les
différentes problématiques possibles qu'offre l'état des
lieux réalisé. Le tableau ci-dessous nous servira pour la
synthèse.
Tableau 4 : Tableau
d'identification des problèmes à résoudre
Centres d'intérêt
|
Problèmes spécifiques
|
Problèmes généraux
|
Problématiques
|
Règlementation
|
- Défaut d'actualisation de l'arrêté
portant AOF de la DGPED par rapport aux dispositions légales et
règlementaires postérieures ;
- Inexistence d'un manuel de procédures encadrant les
activités de la DGPED ;
- Retard dans l'actualisation des statuts des entreprises
publiques par rapport à la loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020
portant création, organisation et fonctionnement des entreprises
publiques en République du Bénin ;
|
Défaut d'actualisation de la complétude du cadre
juridique de la gestion du portefeuille de l'État
|
Problématique de l'amélioration du cadre
juridique de la gestion du portefeuille de l'État
|
Organisation et fonctionnement de la DGPED
|
- Manque de personnel pour assurer l'exécution
efficiente des activités ;
- Inadaptation du cadre de travail.
|
Faible adéquation des ressources disponibles pour la
réalisation de la mission assignée
|
Problématique d'optimisation des ressources de la
DGPED
|
Gouvernance des entreprises publiques
|
- Niveau élevé de charges des
sociétés d'État ;
- Faible capacité des organes de gouvernance à
aider à la performance des entreprises publiques.
|
Faible efficacité de la gouvernance des entreprises
publiques
|
Problématique de l'amélioration de la
gouvernance des entreprises publiques
|
Suivi du portefeuille de l'État
|
- Inexistence d'un état exhaustif des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux;
- Non-effectivité du suivi régulier des revenus
des participations détenues par l'État ;
- Faible taux de transmission des budgets des entreprises
publiques à la DGPED ;
- Non-respect du délai de transmission des états
financiers à la DGPED ;
- Non-respect du délai légal d'approbation des
états financiers des entreprises publiques.
|
Suivi non satisfaisant du portefeuillede l'État
|
Problématique de l'optimisation du suivi du
portefeuillede l'État
|
1.2. Choix et spécification de la
problématique
Nous procéderons ici, au choix et à la
spécification de la problématique de notre étude.
1.2.1. Choix de la problématique
L'état des lieux nous a permis d'identifier un certain
nombre de problèmes regroupés par centre d'intérêt.
L'analyse de ces problèmes nous ont permis de dégager, par centre
d'intérêt, les problématiques auxquelles doit faire face la
DGPED pour une meilleure efficacité dans la gestion des participations
de l'État.Il s'agit de :
- la problématique de l'amélioration du cadre
juridique de la gestion du portefeuille de l'État ;
- la problématique d'optimisation des ressources de la
DGPED ;
- la problématique de l'amélioration de la
gouvernance des entreprises publiques ;
- la problématique de l'optimisation du suivi du
portefeuille de l'État.
Ces différentes problématiques
représentent des obstacles auxquels la DGPED doit faire face pour
remplir avec plus d'efficacité, les missions qui lui sont
assignées. Cependant, nous sommes amenés dans le cadre de notre
étude, à retenir une seule problématique. Le choix sera
opéré d'une part, en considération des enjeux actuels
auxquels est confrontée la DGPED dans le cadre de la gestion des
participations, et d'autres part, au regard des connaissances théoriques
acquises au cours de notre formation déterminant notre capacité
à véritablement traiter la problématique.
La problématique de l'amélioration du cadre
juridique de la gestion du portefeuille de l'État constitue une
préoccupation importante mais dont la résolution dépend
surtout de la volonté des autorités politico-administratives. Les
problèmes spécifiques liés à cette
problématique, peuvent logiquement être résolus juste par
une prise de conscience des acteurs intervenant dans la gestion des
participations de l'État et l'adoption des différents textes qui
garantissent l'efficacité du cadre juridique de la gestion du
portefeuille de l'État. Au regard de ce qui précède, la
problématique de l'amélioration du cadre juridique de la gestion
du portefeuille de l'Étatne fera pas l'objet de notre étude.
En ce qui concerne la problématique d'optimisation des
ressources de la DGPED, il n'est plus à démontrer que la
disponibilité de ressources suffisantes est nécessaire pour
l'atteinte des objectifs assignés. Face à cette
problématique, il faudra renforcer l'effectif de la DGPEDpour pourvoir
aux différents postes vacants et garantir l'efficience dans
l'exécution des tâches en recrutant des assistants. Aussi,
faudra-il améliorer le cadre de travail en dotant la DGPED d'un
bâtiment plus attrayant qui rehausse son image. Cette
problématique ne sera pas non plus retenue.
La problématique de l'amélioration de la
gouvernance des entreprises publiques est un sujet préoccupant et
pertinent qui est débattu à chaque revue annuelle des entreprises
publiques et a fait l'objet de plusieurs études nationales,
régionales et même internationales. En exemple, nous pouvons citer
la récente étude21(*)qui traite convenablement du sujet et qui a pour titre
« LA GOUVERNANCE, LEVIER DE LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES
PUBLIQUES BÉNINOISES »,réalisée par
Zinsou Daniel Nakou et Serge Francis Simen, respectivement Doctorant en
Sciences de Gestion et Professeur, Agrégé des Universités
en Sciences de gestion à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar
(Sénégal). Cette problématique ne sera donc pas retenue,
puisque suffisamment développée.
Les entreprises publiques ainsi que les prises de
participations sont des instruments de politiques publiques. Leur importance
dans les finances publiques et dans la vie économique et sociale d'un
pays n'est donc plus à démontrer. Les entreprises publiques sont
gérées avec des fonds publics et les participations de
l'État sont acquises également avec des fonds publics, l'argent
du contribuable. Elles constituent le portefeuille de l'État et sont
donc naturellement intégrées à son patrimoine. En asseoir
une bonne gestion et un bon suivi répond à une logique de rigueur
visant la valorisation et la rationalisation du patrimoine de l'État
afin de faire contribuer efficacement le portefeuille de l'Étatà
la réalisation desobjectifs économiques et sociaux.
Aussi, la population étant de plus en plus exigeante
sur l'utilisation qui est faite des fonds publics, avons-nous noté un
intérêt accru à la gestion du portefeuille de
l'État. Cet intérêt s'est davantage manifesté
à la suite des scandales de mauvaise gouvernance de certaines
entreprises publiques ces dernières années, suivis de leur
liquidation.
La capacité contributive du portefeuille de
l'État au budget national et à la réalisation des
objectifs économiques et sociaux, dépend de la manière
dont le portefeuille est surveillé et contrôlé.C'est ainsi
que le dispositif de contrôle et de suivi des sociétés et
offices d'État par le Ministère de l'Economie et des Finances
s'est vu renforcé par la création en avril 2016 de la Direction
Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation (DGPED). Dès lors, la surveillance
financière des entreprises publiques ainsi que le suivi des
participations de l'État sont assurés par la DGPED, qui incarne
l'État actionnaire, appuyée dans ce rôle par le Service de
la Monnaie et du Portefeuille de l'État de la DAMF, qui assure
notamment, le suivi régulier des revenus des titres et participations
détenus par l'État. Cependant, l'état des lieux
réalisé sur le portefeuille de l'État,
révèle des défaillances dans le suivi qui ne favorisent
pas une bonne performance dudit portefeuille. En effet, même si
l'objectif principal visé par l'État n'est pas la
rentabilité financière, il importe de s'assurer que le
portefeuille de l'État génère des revenus convenables pour
permettre d'aider durablement au développement socio-économique.
Au regard de ce qui précède, le suivi du
portefeuille se révèle être d'un enjeu majeur pour
l'État tant du point de vue de l'ampleur du portefeuille que de
l'importance de ce dernier dans l'économie. Nous avons donc jugé
utile et plus pertinent, de réaliser notre étude sur la
problématique de l'optimisation du suivi du portefeuille de
l'État. Traiter de cette problématique permettra de mener des
réflexions sur les différents problèmes qui constituent
des goulots d'étranglement au suivi efficace du portefeuille de
l'État afin d'aboutir à des approches de solutions qui pourront
être exploitées par les différents acteurs
impliqués. Aussi, notre étude participera-elle à enrichir
la littérature en la matière, jusque-là peu
documentée.
1.2.2. Spécification de la
problématique
Nous nous attèlerons ici, à préciser les
contours de la problématique choisie en indiquant les problèmes
spécifiques retenus ainsi que ceux qui, pour certaines raisons, doivent
être éliminés.
En effet, la problématique de l'optimisation du suivi
du portefeuille de l'État comporte cinq (05) problèmes
spécifiques à savoir :
- inexistence d'un état exhaustif des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux ;
- non-effectivité du suivi régulier des revenus
des participations détenues par l'État ;
- faible taux de transmission des budgets des entreprises
publiques à la DGPED ;
- non-respect du délai de transmission des états
financiers à la DGPED (Faiblesse) ;
- non-respect du délai légal d'approbation des
états financiers des entreprises publiques.
La résolution de ces problèmes permettra celle
du problème général duquel ils découlent et
l'amélioration du suivi du portefeuille de l'État. Cependant, en
toute objectivité, il ne serait pas pertinent d'aborder tous les
problèmes spécifiques en lien avec la problématique. De ce
fait, nous nous contenterons de sélectionner les plus importantes.
Les problèmes spécifiques
« inexistence d'un état exhaustif des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux »et « non-effectivité du suivi
régulier des revenus des participations détenues par
l'État » traduisent en effet une même
réalité, celle d'un manque de suivi effectif de l'ensembledes
actifs financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux. Ces deux problèmes seront donc regroupés en un
seul formulé comme suit : manque de suivi effectif de
l'ensembledes actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux.
S'agissant des problèmes spécifiques
« faible taux de transmission des budgets des entreprises publiques
à la DGPED », « non-respect du délai de
transmission des états financiers à la DGPED » et
« non-respect du délai légal d'approbation des
états financiers des entreprises publiques », nous allons pour
la suite de notre étude, les regrouper en seul problème
libellé comme suit : faible efficacité du dispositif
de surveillance financière des entreprises publiques.
En définitive, la problématique de
l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État sera résolue
à travers deux (02) problèmes spécifiques, à
savoir :
- Problème spécifique n°
1 : Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux;
- Problème spécifique n°
2 : Faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques.
La problématique objet de notre étude
étant ainsi identifiée et spécifiée, passons
ensuite à la détermination des objectifs et des hypothèses
de notre étude.
Paragraphe 2 : Détermination des objectifs et
formulation des hypothèses
Dans cette partie, nous procéderons à la
détermination des objectifs de notre étude et à la
formulation des hypothèses, pour pouvoir élaborer le tableau de
bord de l'étude.
2.1.
Objectifs de l'étude
Il s'agit des objectifs poursuivis par notre étude. Ils
se déclinent en objectif général et en objectifs
spécifiques.
Ø Objectif Général
Avant de fixer les objectifs de l'étude, rappelons que
le problème général en résolution est le
suivi non satisfaisant du portefeuille de l'État. Ce
problème général se décline en deux (02)
problèmes spécifiques à savoir :
- le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux;
- la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques.
Ainsi, en tenant compte du problème
général lié à notre problématique,
l'objectif général de notre étude est de
contribuer à l'optimisation du suivi du portefeuille de
l'État.
Ø Objectifs Spécifiques
Les objectifs spécifiques de notre étude sont
formulés en liaison avec les problèmes spécifiques
caractérisant le problème général. Ils se
présentent ainsi qu'il suit :
- objectif spécifique n° 1 :
déterminer les conditions permettant d'assurer un suivi effectif de
l'exhaustivité des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux;
- objectif spécifique n° 2 :
identifier les axes d'amélioration garantissant l'efficacité du
dispositif de surveillance financière des entreprises publiques.
Ainsi, à l'issue de la présente étude,
les mesures susceptibles d'optimiser le suivi du portefeuille de l'État
seront déterminées et suggérées. De façon
spécifique, les résultats attendus de notre étude se
présentent ainsi qu'il suit :
- par rapport au problème spécifique n°
1 : à la fin de notre étude, les conditions
permettant d'assurer un suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'Étatbéninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux seront déterminées ;
- par rapport au problème spécifique n°
2 : à l'issue de notre étude, les axes
d'amélioration garantissant l'efficacité du dispositif de
surveillance financière des entreprises publiques seront
identifiés.
2.2.
Hypothèses de l'étude
Les hypothèses sont construites à partir des
causes les plus probables. Elles sont des réponses provisoires
apportées à une question par le chercheur. Ainsi convient-il,
avant de formuler les hypothèses de l'étude, de déterminer
en amont, les causes supposées être à la base des
différents problèmes spécifiques identifiées, puis,
par un raisonnement cohérent, nous choisirons la cause la plus
crédible pour enfin formuler l'hypothèse en reliant le
problème spécifique à sa cause la plus indiquée.
Ø Hypothèse liée au
problème spécifique n° 1 :
Sur la base de nos observations liées au
problème spécifique n° 1 relatif au manque de suivi effectif
de l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux, nous avons
identifié trois (03) causes possibles que sont :
- inexistence d'un applicatif de suivi des
participations ;
- inadéquation de l'organisation comptable pour assurer
un suivi efficace des revenus des participations de l'État ;
- difficile recensement de l'exhaustivité des
participations minoritaires de l'État.
L'inexistence d'un applicatif de suivi des participations
paraît pertinent en ce sens que l'existence d'un tel dispositif
faciliterait les interactions entre les différents acteurs
impliqués dans la gestion de participations mais aussi la
disponibilité immédiate des données sur le portefeuille
des participations de l'État. Cependant, de nos constats de stage nous
retenons qu'il existe une bonne collaboration entre les différents
acteurs, facilitant ainsi les échanges d'informations et de
données. De plus, l'applicatif ne serait profitable et optimal pour un
bon suivi des participations que si les données disponibles
sontexhaustives et fiables. De ce fait, nous sommes amenés à
écarter cette cause et à avoir un intérêt plus
poussée les causes suivantes.
L'organisation comptable inadéquate est une cause qui
pourrait valablement justifier le manque de suivi effectif de
l'exhaustivité des actifs financiers détenus par l'État.
En effet, le Service de la Monnaie et du Portefeuille de l'État a la
charge du suivi régulier des revenus des titres et participations de
l'État. Dans ce cadre, il doit se tenir informé des versements de
dividendes effectués par les différentes sociétés
à participation financière de l'État, ceci, afin de
s'assurer du recouvrement effectif et intégral des revenus
générés par les actifs financiers détenus
auprès desdites sociétés. Ce suivi se heurte à une
difficulté majeure relative à l'organisation comptable actuelle
de l'État qui ne permet pas de dégager des recettes non fiscales
encaissées par la Trésorerie Générale de
l'État (TGE), les versements effectués au titre des revenus des
participations. D'ailleurs, cette insuffisance observée dans la
comptabilisation des recettes non fiscales de l'État est l'une des
motivations ayant poussé à l'élaboration du nouveau plan
comptable de l'État qui devrait contribuer à une meilleure
maîtrise du patrimoine de l'État. Notons cependant, que le SMPE
malgré ces difficultés, a développé des
mécanismes visant à assurer tant bien que mal le suivi des
revenus des participations. Ceci se matérialise par le biais d'envoi des
courriers de relance et de renseignement visant à confirmer
auprès des sociétés à participation
financière de l'État, les versements de dividendes
effectués auprès de la TGE ; des séances de travail
avec les agents de la TGE afin de les sensibiliser sur la
nécessité de renseigner plus de détails dans le
libellé des opérations d'encaissement des dividendes
enregistrées. Aussi, certaines sociétés envoient-elles
spontanément des courriers au Trésor Public, informant des
dividendes dus à l'État et de la possibilité de les
reconvertir en actions supplémentaires. Même si ces
procédés semblent peu efficients, nous pensons qu'un renforcement
de ces mécanismes permettra d'assurer le suivi des revenus des
participations en attendant la mise en vigueur du nouveau plan comptable. Si le
suivi des revenus des actifs financiers détenus par l'État peut
être effectué, encore faut-il que ceux-ci soient tous
répertoriés et connus de l'État... Ce qui n'est pas le cas
de toutes les participations minoritaires de l'État. Nous abandonnons
donc également la cause relative à l'organisation comptable
inadéquate pour retenir le difficile recensement de
l'exhaustivité des participations minoritaires de l'État comme
étant à l'origine du problème relatif aumanque de suivi
effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux.
L'hypothèse n° 1 est donc
formulée comme suit : le manque de suivi effectif de
l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux est dû au difficile
recensement de l'exhaustivité des participations minoritaires de
l'État.
Ø Hypothèse liée au
problème spécifique n° 2 :
En vue de la résolution du problèmerelatif
à la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques (problème
spécifique n° 2), nous avons identifié quatre (04)
causes susceptibles d'être à son origine. Elles sont citées
ci-après :
- inexistence d'une application de surveillance
financière des entreprises publiques ;
- transmission tardive des états
financiers à la DGPED ;
- irrégularité d'un nombre important de
documentation transmise par les entreprises publiques ;
- manque d'autorité suffisante de la DGPED pour
incarner efficacement la fonction d'actionnaire.
L'inexistence d'une application de surveillance
financière des entreprises publiques pourrait probablement
être à l'origine de la faible efficacité du dispositif de
surveillance financière des entreprises publiques. En effet, à
l'heure actuelle, l'étude des états financiers, l'analyse et la
production des rapports demeure une activité essentiellement manuelle
qui repose sur les connaissances intellectuelles et la capacité
analytique du seul agent en charge de cette activité. Il est
évident, au regard de la taille du portefeuille des entreprises
publiques de l'État, que l'inexistence d'un outil d'aide à
l'analyse et à la synthèse de l'information financière des
entreprises publiques a un impact négatif sur l'efficience du dispositif
de surveillance financière des entreprises publiques. Cependant,
l'existence d'une telle application ne saurait soustraire à la
responsabilité de l'agent en charge de l'examen des états
financiers, une analyse personnelle et plus pointue de l'information
financière et comptable communiquée par les entreprises
publiques. Aussi, faut-il noter que dans la pratique actuelle des choses,
plusieurs niveaux de vérification (supérieurs N+1, N+2 et N+3)
sont mis en place pour garantir la qualité et la pertinence des analyses
effectuées. Au regard de ce qui précède, nous abandons
cette cause car elle ne nous semble pas être la plus pertinente pour
justifier le problème identifié.
La transmission tardive des états financiers nous
paraît pertinente pour expliquer l'observation du problème
identifié non seulement au regard de nos développements
précédents mais aussi, simplement parce que pour réaliser
une surveillance financière efficace, il faudrait d'abord disposer des
données... Mais au-delà de la transmission tardive des
états financiers à la DGPED, il se pose le problème de la
qualité de l'information financière et comptable
communiquée. En effet, certaines entreprises publiques transmettent une
documentation incomplète ou présentant des
irrégularités à la DGPED, ne permettant pas l'étude
de leurs états financiers. La DGPED se retrouve ainsi à la date
du 31 août 2021, avec 40 états financiers en souffrance pour
diverses raisons : états financiers transmis sans le rapport du
commissaire aux comptes, états financiers non arrêtés par
le conseil d'administration, états financiers certifiés par un
cabinet autre que celui du Commissaire aux comptes de l'entreprise,
états financiers transmis avec le rapport provisoire du commissaire aux
comptes au lieu du rapport définitif, rapport du commissaire aux comptes
transmis sans les états financiers etc... Pour pallier ces
difficultés, la DGPED envoie, par le biais du Secrétaire
Général du Ministère en charge de l'Economie et des
Finances, des courriers aux ministères de tutelle des entreprises
concernées afin d'exiger la transmission des états financiers
ainsi que la régularisation de la documentation incomplète ou
irrégulière envoyée par certaines entreprises publiques.
Mais on constate malheureusement une faible réactivité des
ministères et des entreprises publiques concernées à la
suite de l'envoi de ces courriers. De plus, les recommandations de la DGPED
issues de l'examen des états financiers sont-elles peu mises en oeuvre.
De ce qui précède, bien que les causes relatives
à la transmission tardive des états financiers à la
DGPED et l'irrégularité d'un nombre important de
documentation transmise par les entreprises publiques soient pertinentes, nous
pensons que la cause majeure étant à l'origine du problème
de faible efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques est le manqued'autorité suffisante de la DGPED
pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire.
Notre hypothèse n°2 est donc
formulée comme suit : la faible efficacité du
dispositif de surveillance financière des entreprises publiques est due
au manque d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner efficacement
la fonction d'actionnaire.
2.3.
Présentation du tableau de bord de l'étude
Tableau 5 : Tableau de
bord de l'étude
Niveau d'analyse
|
Problématiques
|
Objectifs
|
Causes supposées
|
Hypothèses
|
Niveau général
|
Problème général
Suivi non satisfaisant du portefeuille de l'État
|
Objectif général
Contribuer à l'optimisation du suivi du portefeuille de
l'État
|
-
|
-
|
Niveaux spécifiques
|
1
|
Problème spécifique n°
1
Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux
|
Objectif spécifique n° 1
Déterminer les conditions permettant d'assurer un suivi
effectif de l'exhaustivité des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux
|
Cause spécifique n° 1
Difficile recensement de l'exhaustivité des
participations minoritaires de l'État
|
Hypothèse spécifique n°
1
Le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'Étatbéninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux est dû au difficile recensement de l'exhaustivité
des participations minoritaires de l'État.
|
2
|
Problème spécifique n°
2
Faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques
|
Objectif spécifique n° 2
Identifier les axes d'amélioration garantissant
l'efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques
|
Cause spécifique n° 2
Manque d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner
efficacement la fonction d'actionnaire
|
Hypothèse spécifique n°
2
La faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques est due au manque d'autorité
suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire
|
Source : résultats de nos
investigations
Section 2 : Recherche documentaire et cadre
méthodologique de vérification des hypothèses
Cette section est consacrée dans un premier temps
à la revue de littérature et dans un second temps à la
méthodologie de recherche adoptée pour la résolution de la
problématique.
Paragraphe 1 : Revue de littérature
La revue de littérature permet dans le cadre d'une
étude, de prendre connaissance des travaux et recherches
antérieurs effectués sur le sujet abordé. Il convient de
notifier que la recherche des travaux antérieurs n'a pas
été une tâche aisée, essentiellement due
àl'inexistence dans la littérature actuelle, d'un nombre
conséquent de documents qui abordent les problèmes
spécifiques de notre étude, du moins, pas sous les mêmes
angles.En effet, malgré la place importante qu'occupe le sujet dans le
débat public, l'État actionnaire reste encore peu
étudié et conceptualisé par les sciences sociales.Les
travaux existants en sciences sociales se concentrent surtout sur les vagues de
nationalisations et de privatisations (Clarke & Pitelis, 1993 ;
Lawton-Smith, 1995 ; Clifton et al., 2006 ; Toninelli, 2000) et plus
récemment sur la gouvernance des entreprises publiques (NAKOU Z. D.
& SIMEN S. F., 2021 ; Aziz El Idrissi, Lille 1, 2017...).
Parler de suivi du portefeuille de l'État, revient
à d'abord envisager ce dernier dans une logique d'État
actionnaire.
Pour BOUCHIKHI et BENDIABDELLAH (2008), La notion d'«
État actionnaire » est une notion récente. Elle
apparaît liée à la notion d'« entreprises publiques
» et évoque de grandes formes d'entités telles que la forme
EPIC (établissement public industriel et commercial, pas de capital
réparti en actions, fonds propres dotation) et la forme de
sociétés commerciales (Sociétés anonymes, pour la
plupart, capital réparti en action, régies par le code de
commerce). L'État actionnaire est par nature une notion ambiguë
puisque l'État n'est pas détenteur d'action dans les EPIC,
n'ayant pas de capital au sens du code de commerce. Mais même si elle
recouvre des réalités juridiques différentes, cette notion
renvoie à la relation de propriété totale ou partielle des
entreprises publiques.
Ainsi, ajoutent-ils, la spécificité de
l'État en tant qu'actionnaire est de veiller
àgérer au mieux etfaire prospérer le patrimoine collectif
représenté par les entreprises publiques.
Dans la revue « les figures de l'État
actionnaire » deHadrien Coutant (CSO), Antoine Ducastel (ARTDev, CIRAD)
etScott Viallet-Thévenin (LISST et CSO), 2019, on peut retenir que
l'« État actionnaire » renvoie à la fois
à un instrument de politique publique spécifique, la
participation au capital d'entreprises, à un ensemble disparate
d'acteurs et d'institutions et à un « mythe » politique.
Premièrement, l'État-actionnaire regroupe des
pratiques et des techniques de gouvernement de l'économie qui reposent
in fine sur une participation au capital de sociétés
commerciales ou financières. Ces prises de participation qui se
traduisent par un apport de fonds propres au bilan de ces
sociétés, permettent d'une part d'exercer un contrôle sur
l'entreprise via notamment le conseil d'administration, et d'autre part de
générer un revenu, via le versement de dividendes ou les
plus-values de cession...
Deuxièmement, l'État-actionnaire est
incarné par une pluralité d'agences et d'administrationspubliques
en charge de la gestion quotidienne des participations de l'État...
Troisièmement, les mutations historiques de la forme
des entreprises publiques, de leurs modesde contrôle, de leur rapport de
tutelle avec les administrations sont liées à la
légitimité del'intervention de l'État dans
l'économie et aux imaginaires politiques afférents.
CARTIER-BRESSON (2010, p.1) apporte sa contribution au sujet
en ces termes : ... l'État a acquis des participations, majoritaires ou
minoritaires, dans de nombreuses sociétés anonymes. Il a
lui-même constitué des sociétés, seul ou avec
d'autres actionnaires ? Ces initiatives ont obéi à des
objectifs d'intérêt général distincts de ceux qui
animent ordinairement les actionnaires privés, tels que le soutien
d'activités de service public, l'appropriation d'entreprises en vue
d'orienter leur gestion vers des fins de politique économique et
sociale, le sauvetage ou le contrôle d'entreprises stratégiques.
Elles n'en n'ont pas moins fait de lui le détenteur d'importantes
prérogatives politiques et financières dans une multitude de
sociétés anonymes, en même temps que le propriétaire
d'un immense portefeuille d'actions.
Denis Samuel-Lajeunesse, Directeur Général de
l'Agence des participations de l'État, et Eric Preiss, Secrétaire
général, dans un article titré « l'agence des
participations de l'État - l'État actionnaire » paru
dans la revue française du Trésor n° 7, juillet 2005,
affirment que : « Traiter du thème de l'État
actionnaire c'est faire un double bilan : celui de la récurrence des
constatsde carences et des voies d'amélioration proposées, celui
de réformes conduites aux forceps sur les décombres de sinistres
industriels et/ou financiers. La faible capacité à
réformer l'État sur ce sujet apparemment technique a longtemps
résulté de la faible conscience que l'État pouvait
être un actionnaire au sens où on l'entend dans le secteur
privé mais aussi d'enjeux institutionnels liés aux nombreux liens
que les entreprises publiques entretiennent avec l'État. ».
Nous ne saurions non plus aborder la thématique du
suivi du portefeuille de l'État sans clarifier la notion
d'« entreprise publique ».
L'expression « entreprise publique » désigne
dans les Lignes Directrices de l'OCDE22(*) « ...toute entité juridique reconnue
comme entreprise en vertu de la législation nationale et dans laquelle
l'État exerce des droits d'actionnaire... Sont donc inclues dans cette
catégorie les sociétés par actions, les
sociétés à responsabilité limitée et les
sociétés en commandite par actions. Par ailleurs, les
sociétés de service public dotées de la
personnalité juridique en vertu d'une législation
spécifique devraient être considérées comme des
entreprises publiques dès lors que leur objet et leurs activités,
ou certains segments de leurs activités, présentent un
caractère économique.». Ainsi, les entreprises publiques
recouvrent des formes juridiques très diverses tant sur le plan
international que national.
La loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
république du Bénin en son article 1er, défini
les entreprises publiques comme étant des « entités
dans lesquelles l'État détient directement ou indirectement une
participation majoritaire dans le capital social. ». Elle regroupe,
en son article 4, les entreprises publiques sous différentes formes que
sont : la forme d'établissement public encore appelé
office ou agence et la forme de
société(sociétés d'État et
sociétés à participation publique majoritaire). Les
entreprises publiques se distingueraientdonc des entreprises privées de
parle contrôle que l'État exerce sur ces entreprises.
Enfin, l'ordonnance n° 2014-948 du 20 août 2014
relative à la gouvernance et aux opérations sur le capital des
sociétés à participation publique en France,
définit les « sociétés à participation
publique » comme des « sociétés commerciales dans
lesquelles l'État ou ses établissements publics détiennent
seuls ou conjointement, directement ou indirectement,une participation au
capital ».
Après ces contributions d'ordre général
sur le sujet en étude, nous nous intéresserons aux
réflexions antérieures relatives aux problèmes
spécifiques liés à la problématique de
l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État.
1.1. Sur le problème spécifique n°1
(Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus
par l'État béninois dans les entreprises privées,
organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux)
Pendant une cinquantaine d'années, l'organisation de la
direction du Trésor a ainsi mêlé étroitement les
fonctions d'actionnariat, de financement, de réglementation, de
régulation et de tutelle. Outre le fait qu'il est devenu de plus en plus
problématique au regard du droit communautaire, ce mélange des
genres a nui à l'efficacité du contrôle de l'État
actionnaire. La volonté de remédier à ces
inconvénients a conduit à la prise de conscience d'une
nécessité d'autonomiser la fonction d'État
actionnaire.23(*)
(CARTIER-BRESSON, 2010, p.294)
C'est ainsi qu'en 1998, suite à une
réorganisation de la direction du Trésor en France, la fonction
d'État actionnaire a été confiée à un
service à part entière, le « service des participations
», qui s'est vu chargé « du suivi de l'ensemble des
entreprises publiques et des entreprises dans lesquelles l'État
détient une participation, ainsi que des relations entre ces entreprises
et l'Étatactionnaire ».
Cette première réforme de l'État
actionnaire n'a cependant pas rassemblé l'intégralité des
fonctions de l'État actionnaire au sein du service des participations...
En outre, cette réforme n'a pas fourni au service des participations des
moyens à la hauteur de sa vocation à incarner
l'Étatactionnaire tant sur le plan du contrôle des entreprises que
sur celui de la gestion des participations... Enfin et surtout, cette
réforme n'a pas mis fin aux dysfonctionnements du contrôle de
l'État sur les entreprises publiques... (CARTIER-BRESSON, 2010,
p.296)
Pour BARBIER de LA SERRE et al. (2003, p.8), l'État
actionnaire doit être incarné par une entité
entièrement dédiée à ce rôle, capable
d'adapter ses interventions au secteur de l'entreprise, au taux de
participation de l'État à son capital et au degré
d'ouverture à la concurrence de ses marchés. C'est alors que
naît en France, l'Agence des Participations de l'État (APE) pour
« améliorer l'efficacité de la fonction d'actionnaire de
l'État en renforçant son individualisation ». L'APE est
constitué « des compétences de management dans les
entreprises publiques et privées, des compétencesadministratives
exercées au sein du ministère des finances ou dans les
départements assurant traditionnellement la tutelle technique des
entreprises, ainsi que des compétences plus spécialisées
(comptabilité, audit, techniques financières...) ».
Forte de ces atouts, l'APE a pu contribuer à une
amélioration des performances de l'État actionnaire, non
seulement dans la gestion de son portefeuille de valeurs, mais plus largement
dans la gouvernance des entreprises relevant de sa compétence.
(CARTIER-BRESSON, 2010, p.300)
Mais selon la Cour des Comptes française (2008), bien
qu'ayant produit des effets positifs, l'Agence des Participations de
l'État a montré certaines limites. Par exemple, « les
intérêts de l'État actionnaire minoritaire ne sont pas
efficacement défendus » et « les fonctions patrimoniales ne
sont pas toujours exercées efficacement ».
Dans une annexe du projet de loi de finances 2020 de la
France, titré « PARTICIPATIONS FINANCIERES DE
L'ÉTAT »24(*), il est indiqué que les participations
financières de l'État peuvent être définies comme
les droits qu'il détient sur d'autres entités,
matérialisés ou non par des titres, qui créent un lien
durable avec celles-ci et comportent une contrepartie figurant au bilan de
l'État. Ces droits peuvent découler de la détention de
parts de capital ou de l'existence d'un contrôle exercé sur elles.
Il est ensuite précisé qu'une liste indicative de ces
entités figure en annexe dudit projet de loi de finances.
Pour Martin VIAl, commissaire aux participations de
l'État à l'Agence des Participations de de l'État (APE) en
France, l'APE exerce les missions de l'État actionnaire dans un souci de
préservation de ses intérêts patrimoniaux.Face à
l'impératif d'une gestion rigoureuse de la dépense publique et de
la mission d'accompagner les entreprises dans leurs transitions
économiques, industrielles, technologiques et écologiques,
l'objectif majeur que poursuit désormais l'État consiste en la
mise en oeuvre d'une politique plus sélective de l'actionnariat
public.... L'action de l'APE consiste dès lors à mettre en oeuvre
la feuille de route fixée par le Gouvernement en matière de
politique actionnariale, selon les priorités qui lui sont
assignées.... Dans ce but, l'État actionnaire poursuit plus
précisément deux objectifs : veiller à
l'augmentation de la valeur de ses participations financières
et assurer le succès des opérations de cession de
certaines de ses participations financières. Outre ces
objectifs, l'APE assure un suivi renforcé des résultats
et des perspectives des entreprises, de leur stratégie, et notamment de
leurs opérations de croissance externe sous des aspects
économiques, industriels et sociaux.
Wadoud M. LAWANI, dans son mémoire intitulé
« APPROCHES POUR L'AMELIORATION DE LA GESTION ET DU SUIVI DES
PARTICIPATIONS DE L'ÉTAT EN REPUBLIQUE DU BENIN » a
diagnostiqué que le manque de suivi effectif de l'ensemble des
participations de l'État est imputable à l'absence d'une
organisation adéquate. Il propose pour y remédier,
« de concevoir et d'asseoir un dispositif approprié
pour l'enregistrement et le suivi de toutes les participations étatiques
(majoritaires et minoritaires, à l'intérieur comme dans les
organismes internationaux) dans une base de données unique.
Cette base doit renseigner sur les valeurs d'acquisition de chaque composante
du portefeuille, la proportion du capital détenue par l'État, la
date d'acquisition, les représentants de l'État dans les organes
de gestion. ».
En côte d'Ivoire, c'est la Direction
Générale du Portefeuille de l'État, placée sous la
tutelle du Secrétariat d'État auprès du Premier Ministre
chargé du Budget et du Portefeuille de l'État, qui a la
charge :
- du suivi de toutes les opérations relatives à
la gestion économique, financière, administrative et juridique
des sociétés d'État, des sociétés à
participation financière publique de droit national et international et
des personnes morales de droit privé, bénéficiant du
concours financier ou de la garantie de l'État ;
- du suivi des opérations de privatisation en liaison
avec le comité de privatisation et de la mise en oeuvre des engagements
souscrits par l'État et les repreneurs des actifs de l'État ;
- de la préparation, la centralisation, la coordination
et le suivi des opérations relatives à la passation des
marchés publics dans les sociétés d'État et les
sociétés à participation financière publique
majoritaire ou des personnes de droit privé lorsque ces marchés
bénéficient du concours financier, de la garantie de
l'État, d'une personne morale de droit public, d'une
société d'État ou des personnes de droit privé
agissant pour le compte de l'État ou d'une personne morale de droit
public ou d'une société d'État ;
- de la coordination des interventions des Ministères
de tutelle technique dans les entreprises publiques ;
- du suivi des opérations relatives aux
créations, transformations, fusions et liquidations de
sociétés du portefeuille de l'État ;
- de l'information de la tutelle financière sur la
gestion et sur les résultats des entreprises publiques, et la
proposition de mesures visant à améliorer leurs performances.
Au Bénin, conformément à l'article 22 de
l'arrêté n° 1551/MEF/CAB/SGM/DGTCP/DCP/SPdu 22 juin 2020
portant AOF de la DGTCP, le Service de la Monnaie et du Portefeuille de
l'État (SMPE) doit assurer en collaboration avec la Trésorerie
Générale de l'État (TGE), les services compétents
de la Direction Générale desAffaires Economiques (DGAE) et la
Direction Générale des Participations de l'État et de la
Dénationalisation (DGPE), le suivi de la gestion des titres et
participations de l'État aux niveau national et international.
1.2. Sur le problème spécifique n° 2
(Faible efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques)
Les entreprises publiques sont des prolongements de personnes
publiques, chargés de la gestion d'activités économiques
revêtant parfois les traits d'activités de service public. Elles
sont souvent présentées comme des entreprises appartenant au
secteur public. Leur essor traduit la volonté des personnes publiques
d'intervenir directement dans le secteur économique, en prenant en
charge un certain nombre d'activités marchandes et poursuivant,
éventuellement, un but lucratif. (Brameret Sébastien, «
Entreprise publique », 2014, p. 197-198).
Le contrôle économique et financier de
l'État est un contrôle externe portant sur l'activité
économique et la gestion financière des entreprises et organismes
qui en relèvent. Il a pour objet d'analyser les risques et
d'évaluer les performances de ces entreprises et organismes en veillant
aux intérêts patrimoniaux de l'État.25(*)
Au Bénin le contrôle des entreprises publiques et
organisé par la loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises en
République du Bénin, qui prévoit en son article 42,
que : « les entreprises publiques sont sous la surveillance
économique et financière du ministère en charge de
l'Economie et des Finances. Dans ce cadre, les responsabilités
dévolues au ministère sont assumées à travers
notamment sa structure en charge de la gestion des participations de
l'État.
La structure en charge de la gestion des participations de
l'État exerce une mission de surveillance des entreprises publiques. A
ce titre, elle apporte un appui technique pour l'élaboration et la mise
en oeuvre de la politique de gestion et de suivi du portefeuille de
l'État et des opérations de
dénationalisation. ».
Le texte cité en supra prévoit au titre du
contrôle des entreprises publiques, un contrôle permanent de leur
gestion, un contrôle de leurs documents budgétaires et un
contrôle de leurs états financiers.
Au titre du contrôle permanent de leur gestion, la loi
2020-20, prévoit que : « les entreprises
publiques :
- reçoivent du ministère en charge de
l'Économie et des Finances, des demandes d'informations
périodiques ou des missions visant le contrôle des données
sur les performances techniques, la rentabilité de la gestion
économique et financière, le contrôle de la
soutenabilité des engagements financiers, et l'équilibre de leur
trésorerie :
- doivent se soumettre au contrôle relatif aux
dispositifs prudentiels permettant d'anticiper et de prévenir les
difficultés financières ou les éventuels risques de
banqueroute ou de dépôt de bilan. ».
Au titre du contrôle des documents budgétaires,
la loi 2020-20 indique en son article 44 que : «
- les structures qui sollicitent des subventions de
l'État doivent soumettre une demande motivée au ministère
en charge de l'Économie et des Finances avant d'intégrer le
montant dans leur compte prévisionnel ;
- le directeur général de l'entreprise a
l'obligation de transmettre au ministre chargé de l'Économie et
des Finances, au plus tard le 15 octobre de l'exercice en cours, les budgets
approuvés par le conseil d'administration de l'entreprise au titre de
l'exercice budgétaire suivant ;
- le ministre chargé de l'Économie et des
Finances peut, lorsque des insuffisances majeures sont notées dans les
documents budgétaires qui lui sont soumis, dans un délai d'un
mois à compter de la date de réception desdits documents,
demander au Conseil d'Administration, d'y introduire le cas
échéant, toute modification tendant au respect de
l'équilibre financier de l'entreprise et au respect de ses engagements
contractuels à l'égard de l'État. ».
Enfin, au titre du contrôle des états financiers,
la loi 2020-20 prévoit que : «
- les états financiers annuels des entreprises
publiques accompagnés des rapports des commissaires aux comptes sont
transmis dans les délais réglementaires au ministre chargé
de l'Economie et des Finances, au ministre de tutelle de l'entreprise publique
et à l'approbation de l'organe délibérant ;
- à l'initiative du ministre chargé de
l'Economie et des Finances ou du ministre de tutelle, certains problèmes
stratégiques liés à la gestion de l'entreprise publique
peuvent, suite à leur examen par le Conseil d'administration, faire
l'objet de communication en Conseil des ministres.
Paragraphe 2 : Cadre méthodologique de
vérification des hypothèses
Il s'agit de définir ici, la méthodologie
adoptée pour la vérification des hypothèses.
2.1.
Approches théoriques
Notre étude repose essentiellement sur la
théorie de l'État actionnaire. Le terme « État
actionnaire », qui a fait l'objet selon CARTIER-BRESSON (2010), de
nombreuses thèses et études, connaît sa renaissance dans
les années 1990 à la suite de la crise du Crédit
Lyonnais.
Les diverses réflexions autour du sujet et dont
certaines sont reprises plus haut dans la revue de littérature,
permettent largement d'expliquer les problèmes liés à
notre problématique.
2.2.
Approches empiriques
Il s'agira ici, de décrire le déroulement de
l'enquête réalisé en vue de la vérification de nos
hypothèses.
2.2.1.
Mobilisation des données
La collecte des données nécessaires aux
analyses, s'est effectuée au moyen d'un guide d'entretien (annexe 1) et
d'un questionnaire (annexe 2) que nous avons élaboré et
administré aux acteurs impliqués dans la gestion et le suivi du
portefeuille de l'État.
Ø Réalisation de l'enquête :
le questionnaire
Nous avons retenu une enquête au sein des deux
principales structures impliquées dans la gestion et le suivi du
portefeuille de l'État mais aussi auprès des parties prenantes.
Le but est de pouvoir réunir les éléments
nécessaires à la vérification des hypothèses
préalablement formulées.
Ainsi, les données recueillies nous permettront de
savoir si :
- Le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux est dû au difficile recensement de
l'exhaustivité des participations minoritaires de
l'État ;
- La faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques est due à la faible
autorité de la DGPED pour incarner efficacement la fonction
d'actionnaire.
Compte tenu de la spécificité de la
thématique abordée, la population cible de notre enquête
est constituée d'une part, des cadres de la DGPED et agents du SMPE et
d'autre part, des autres parties prenantes (les dirigeants d'entreprises
publiques). L'effectif total de l'échantillon est fixé à
trente (30) individus réparti comme suit :
- dix agents (10) agents de la DGED (Directeurs, Chefs
Services, Assistant de la Directrice Générale, Chef cellule
d'appui au Directeur Général, Chargés de
programmes) ;
- trois (03) agents du SMPE (Chef Service et
collaborateurs) ;
- cinq (05) Directeurs d'entreprises publiques ;
- sept (07) Directeurs Financier d'entreprises
publiques ;
- cinq (05) Administrateurs.
Le choix de l'échantillon repose sur le critère
de la capacité des enquêtés à fournir des
informations pertinentes.
Le dépouillement des données recueillies
à l'aide du questionnaire s'est fait de façon manuelle et les
résultats obtenus seront présentés et analysés pour
chaque problème spécifique.
Ø Difficultés
rencontrées
Les difficultés rencontrées sont
liéesà la réticence des acteurs, en l'occurrence les
dirigeants d'entreprises publiques, à participer à
l'enquête. Mais la difficulté majeure était liée
à l'indisponibilité du personnel de la DGPED, ceux-ci
étant, dans la période de l'enquête,
régulièrement en mission de terrain dans le cadre des
contrôles sur la place.
2.2.2.
Choix des seuils de décision
Des seuils de décision sont retenus par rapport
à chaque problème spécifique.
Ainsi :
- ayant identifié trois (03) causes plausibles pour le
problème spécifique n° 1, la cause à retenir est
celle qui obtiendra une fréquence d'au moins à 33,33% des
opinions exprimés par les enquêtés ;
- ayant identifié quatre (04) causes possibles pour le
problème spécifique n° 2, la cause à retenir est
celle qui obtiendra une fréquence d'au moins 25% des opinions
exprimés par les enquêtés.
Au cas où aucune n'atteindrait le seuil de
décision défini, la cause que l'on retiendra sera celle qui
obtiendra le score le plus élevé.
Par ailleurs, dans nos propositions de solution, nous
tiendrons également compte de toute cause ayant été
retenue par au moins 20% des enquêtés puisqu'une telle cause est
susceptible d'avoir un impact sur la solution convenable au problème
examiné.
CHAPITRE 3 : VERS UNE OPTIMISATION DU SUIVI DU PORTEFEUILLE DE
L'ÉTAT
Dans ce chapitre, nous établirons le diagnostic de la
problématique objet de notre étude pour aboutir sur nos
propositions de solutions visant à pallier aux problèmes
spécifiques identifiés.
Section 1 : Diagnostic de la problématique de
l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État
Dans cette partie, nous tâcherons de présenter
les résultats de notre enquête, que nous analyserons afin de poser
un diagnostic.
Paragraphe 1 : Présentation et analyse des
données
1.1. Présentation des données
d'enquête relatives au problème spécifique n°
1
Le premier problème spécifique issu de la
problématique de notre étude est le manque de suivi effectif de
l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux. Face à ce
problème, nous avons formulé l'hypothèse selon laquelle le
manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux est dû au
difficile recensement de l'exhaustivité des participations minoritaires
de l'État.
Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons
demandé à nos enquêtés de répondre à
la question suivante : « Selon vous, qu'est-ce qui explique le
manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux? ».
Le graphique ci-après illustre les résultats
d'enquête liés au problème spécifique n° 1.
Graphique 1 : Opinions des enquêtés sur
les causes du problème spécifique n° 1
Source : Tableau n° 6 de l'annexe n° 3
Interprétation :
L'analyse du graphique n° 1 révèle
que :
- 23,33% des enquêtés pense que le manque de
suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux est dû à
l'inexistence d'un applicatif de suivi des participations ;
- 10% de notre échantillon estime que c'est
l'inadéquation de l'organisation comptable pour assurer un suivi
efficace des revenus des participations de l'État qui est à
l'origine du problème spécifique n° 1 ;
- Pour 66,67% des enquêtés, lemanque de suivi
effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux serait plutôt
dû au difficile recensement des participations minoritaires de
l'État.
1.2. Présentation des données
d'enquête relatives au problème spécifique n°
1
Le second problème spécifique issu de la
problématique de notre étude est la faible efficacité du
dispositif de surveillance financière des entreprises publiques. Face
à ce problème, nous avons formulé l'hypothèse selon
laquelle la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques est due au manque d'autorité
suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire.
Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons
demandé à nos enquêtés de répondre à
la question suivante : «A votre avis, quelle est la cause de la faible
efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques ?».
Le graphique ci-après illustre les résultats
d'enquête liés au problème spécifique n° 2.
Graphique 2 : Opinions de enquêtés sur
les causes du problème spécifique n° 2
Source : Tableau n° 7, Annexe n° 3
Interprétation :
L'analyse du graphique n° 2 révèle
que :
- 6,67% des enquêtés pense que la faible
efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques est due à l'inexistence d'un applicatif de suivi
des participations ;
- 20% de notre échantillon estime que c'est la
transmission tardive des états financiers à la DGPED qui est
à l'origine du problème spécifique n° 2 ;
- 20% des enquêtés pense plutôt que le
problème spécifique n° 2 est dû à
l'irrégularité d'un nombre important de documentation transmise
par les entreprises publiques ;
- Par contre, 53,33% de notre échantillon estime que la
faible efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques est dueau manque d'autorité suffisante de la DGPED
pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire.
Paragraphe 2 : Diagnostic lié à la
problématique
Cette partie est consacrée à la
vérification des hypothèses en vue de dégager le
diagnostic de notre étude.
2.1. Vérification des
hypothèses
La vérification des hypothèses consiste à
apprécier la validité des hypothèses, en se basant sur
l'analyse des données issues de l'enquête.
2.1.1. Vérification de l'hypothèse
spécifique n° 1
L'analyse des données recueillies par rapport au
problème spécifique n°1 montre que le manque de suivi
effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux est dû à :
- l'inexistence d'un applicatif de suivi des participations
(23,33%) ;
- l'inadéquation de l'organisation comptable pour
assurer un suivi efficace des revenus des participations de l'État
(10%) ;
- le difficile recensement de l'exhaustivité des
participations minoritaires de l'État (66,67%).
Nous constatons que l'item n°3 est celui qui a pu obtenir
un poids supérieur au seuil de décision défini
(33,33%).
Par conséquent, l'hypothèse spécifique
n° 1 selon laquelle le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux est dû au difficile recensement de
l'exhaustivité des participations minoritaires de l'État est
confirmée.
2.1.2. Vérification de l'hypothèse
spécifique n° 2
L'analyse des données recueillies par rapport au
problème spécifique n°2 montre que la faible
efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques est due à :
- l'inexistence d'une application de surveillance
financière des entreprises publiques (6,67%) ;
- la transmission tardive des états financiers à
la DGPED (20%) ;
- l'irrégularité d'un nombre important de
documentation transmise par les entreprises publiques (20%) ;
- manque d'autorité suffisante de la DGPED pour
incarner efficacement la fonction d'actionnaire (53,33%).
Nous constatons que l'item n°4 est celui qui a pu obtenir
un poids supérieur au seuil de décision défini (25%).
Par conséquent, l'hypothèse spécifique
n° 2 selon laquelle La faible efficacité du dispositif de
surveillance financière des entreprises publiques est due au manque
d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction
d'actionnaire est confirmée.
2.2. Synthèse du diagnostic
La vérification de l'hypothèse spécifique
n°1 nous conduit à retenir définitivement que le
manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux est dû au
difficile recensement de l'exhaustivité des participations minoritaires
de l'État (élément de diagnostic n°1).
Quant à la vérification de l'hypothèse
spécifique n°2, le diagnostic réalisé nous conduit
à maintenir que la faible efficacité du dispositif de
surveillance financière des entreprises publiques est due au manque
d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction
d'actionnaire(élément diagnostic n°2).
Maintenant que le diagnostic est établi par rapport
à chaque problème spécifique, nous nous attèlerons
à proposer les solutions adéquates pour leur
résolution.
Section 2 : Conditions pour un meilleur suivi du portefeuille
de l'État
Rappelons que notre objectif général est de
contribuer à l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État.
De cet objectif, découle des objectifs spécifiques liés
aux problèmes spécifiques pour lesquels, les causes
supposées nous ont conduits à formuler des hypothèses.La
vérification de ces hypothèses au travers de l'analyse des
données mobilisées sur le terrain nous a permis de retenir des
éléments de diagnostic. À partir de ces derniers, nous
proposons des approches de solutions et envisageons les conditions de leur mise
en oeuvre pour une optimisation du suivi du portefeuille de l'État.
Paragraphe 1 : Approches de solution pour un suivi optimal du
portefeuille de l'État
Apporter des solutions à un problème, c'est
proposer des mesures à mettre à oeuvre pour le traitement des
causes de son existence tout en tenant compte des objectifs
préalablement fixés. C'est sur cette base que des solutions sont
proposées dans cette partie.
1.1. Approches de solution au problème
spécifique n° 1
A l'issu de notre diagnostic, nous avons pu déterminer
que le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux est dû au difficile recensement des participations
minoritaires de l'État. Cette situation déjà connue des
acteurs, mais aussi des autorités politiques, est une conséquence
de la gestion pendant plusieurs années du portefeuille de
l'Étatpar différentes structures peu collaboratives, avant la
création de la DGPED en avril 2016.En effet, cette multiplicité
d'acteurs ne favorisait pas un suivi efficace du portefeuille de l'État,
en ce que les informations sur les actifs financiers détenus par
l'État étaient finalement dispersées au niveau des
différentes structures impliquées ou simplement indisponibles et
l'inexistence d'une comptabilité patrimoniale de l'État ne
facilite pas non plus les choses. Pour pallier ce problème, Wadoud M.
LAWANI proposait dans son mémoire « APPROCHES POUR
L'AMELIORATION DE LA GESTION ET DU SUIVI DES PARTICIPATIONS DE L'ÉTAT EN
REPUBLIQUE DU BENIN » que : « toutes les
fonctions liées à la tenue et au suivi du portefeuille des
participations de l'État soient confiées à une structure
unique ». Il ajoute également que : « pour bien
assurer sa mission, la structure devra procéder dès son
installation au recensement de l'ensemble des participations détenues
par l'État avec à l'appui tous les renseignements
nécessaires à la tenue d'une base de données. ».
Nous pouvons constater qu'à ce jour, la première recommandation
de l'auteur a été mise en oeuvre à travers la
création en 2016 de la DGPED. La seconde recommandation a
également été mise en oeuvre en 2021 grâce aux
travaux de recensement réalisés conjointement par la DGPED et le
SMPE de la DAMF. Mais la liste constituée, présente
l'insuffisance de ne pas être exhaustive en raison des difficultés
rencontrées par les acteurs à répertorier les
participations minoritaires de l'État. La méthodologie mise en
oeuvre par les acteurs pour le recensement s'est ainsi montrée peu
efficace. Cette dernière ayant simplement consisté en un envoi de
courriers à des entreprises qui selon les acteurs, pourraient
probablement détenir des participations de l'État. Les
réponses obtenues ont permis de constituer la base de données
actuelle sur les participations de l'État. Notons que certains courriers
sont restés sans réponse.
Nous recommandons pour un recensement plus exhaustif des
participations de l'État, lerecours, à l'instar de
l'État guinéen, à une expertise externe.
L'expert recruté, devra réaliser l'inventaire des actifs
financiers de l'État ainsi que leur valorisation.
L'expert devra s'appuyer sur les travaux d'inventaire
déjà réalisés par l'administration et devra
travailler en collaboration avec la DGPED et le SMPE.
Une fois l'inventaire réalisé, la DGPED et le
SMPE devront assurer l'actualisation régulière de la base de
données constituée pour tenir compte des nouvelles
opérations de prise de participations, de cession de participations, de
revalorisation d'actifs financiers etc.
Comme indiqué plus haut (voir le point 2.2.2), nous
tenons également à formuler des approches de solution pour les
causes ayant obtenu au moins une fréquence de 20% à l'issue de
l'enquête réalisée. Nous pensons en effet, qu'une telle
cause risque d'avoir un impact sur la solution convenable à mettre en
oeuvre face au problème examiné.
L'analyse des résultats de l'enquête
réalisée a révélé que 23,33% des
enquêtés estime que le manque de suivi effectif de l'ensemble des
actifs financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux est dû à l'inexistence d'une application de
suivi des participations.
Ainsi, convient-il au-delà de la connaissance de
l'ensemble des actifs financiersdétenus par l'État, de mettre en
place un dispositif pour assurer efficacement le suivi de ce portefeuille. Dans
ce cadre, nous proposons la conception et la mise en production d'une
application de suivi des participations de l'État à mettre
à la disposition du SMPE et de la DGPED.
Cette application, reliée au SIGFIP permettra de
réaliser un monitoring des données sur les participations de
l'État et permettra au SMPE ainsi qu'à la DGPED d'extraire les
différents points, notamment sur la valeur et la date d'acquisition de
chaque composante du portefeuille, les revenus des participations (produits des
participations financières, dividendes), la valeur net comptable des
actifs financiers détenus par l'État. De façon globale,
elle permettra aux différents acteurs de disposer en temps réel
de toutes les informations nécessaires pour une gestion active des
actifs financiers de l'État.
1.2. Approches de solution au problème
spécifique n° 2
Le diagnostic posé à l'issu de notre
enquête nous a permis d'établir que la faible efficacité du
dispositif de surveillance financière des entreprises publiques est due
au manque d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner efficacement
la fonction d'actionnaire. En effet, la mission de représentant de
l'État actionnaire assurée par la DGPED implique des actions de
propositions de sanctions en cas de mauvaise gouvernance des dirigeants des
entreprises publiques. Or, dans notre contexte institutionnel, une structure
qui ne dispose pas d'une certaine autorité a du mal à faire des
propositions conséquentes de sanctions. Il convient donc de
transformer la DGPED en une autorité ou une agence
spécialisée indépendante afin d'accroître son
pouvoir d'action.
Selon M. René Barbier de La Serre, M. Jacques-Henri
David, M. Alain Joly et M. Philippe Rouvillois dans un rapport intitulé
« L'ÉTAT ACTIONNAIRE ET LE GOUVERNEMENT DES ENTREPRISES PUBLIQUES
» à M. Francis Mer, Ministre de l'économie, des finances et
de l'industrie français, « l'enjeu en confiant cette mission
exclusive à une entité dont les responsables disposeraient de la
visibilité, de l'expérience, de la stabilité, de la
hauteur de vue et des pouvoirs requis, serait de mettre en ligne les
préoccupations de l'État et celles des entreprises dont il est
actionnaire et d'obtenir en retour que ces dernières la
considèrent comme leur interlocuteur naturel et régulier. Le
groupe estime que la formule d'une agence directement rattachée au
ministre est la plus adaptée. ».
Concrètement, la transformation structurelle de la
DGPED, devrait conduire à ce qu'elle puisse rendre compte directement au
Ministre en charge de l'Economie et des Finances. Le lien fonctionnel existant
entre la DGPED et le Secrétaire Général du
Ministère de l'Economie et des Finances devrait donc être
supprimé.
Cette organisation est celle adoptée notamment en
France, où, avec la nomination d'un Commissaire aux participations de
l'État, l'Agence des Participations de l'État rend compte
directement au Ministre chargé de l'Economie26(*).
Comme nous l'avons précisé plus haut, des
approches de solutions seront proposées également pour le
traitement des causes ayant obtenu un poids supérieur ou égal
à 20%, même si le seuil de décision fixé n'est pas
atteint.
L'enquête réalisée dans le cadre de notre
étude a révélé que 20% des enquêtés
attribue la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques àla transmission tardive des
états financiers à la DGPED. Notre proposition de solution pour
le traitement de cette cause consiste essentiellement à
l'insertion dans les contrats d'objectifs des directeurs d'entreprises
publiques, d'un objectif relatif à la production et la transmission
à la DGPED dans les délais, des documents comptables et autres
informations sollicitées.
20% des enquêtés ont également retenu
comme cause de la faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques à la transmission tardive
des états financiers à la DGPED, l'irrégularité
d'un nombre important de documentation transmise par les entreprises publiques.
En effet, comme nous l'avons relevé plus haut, plusieurs états
financiers sont en souffrance à la DGPED pour motif de documentation
incomplète ou non conforme. L'étude des états financiers
ne pouvant être menée qu'en présence d'informations
complètes et fiables, nous recommandons que des
vérifications soient effectuées par le Secrétariat de
Direction au moment du dépôt des états financiers par les
entreprises publiques et que les documents non conformes soient
rejetés. L'entreprise concernée devra alors
procéder aux corrections nécessaires et revenir vers la DGPED
pour le dépôt effectif de ses états financiers. Le
Secrétariat de Direction devra vérifier à la
réception des états financiers des entreprises publiques la
complétude de la documentation nécessaire à l'examen des
comptes ainsi que leur conformité (états financiers
certifiés, le rapport du commissaire aux comptes signé par ce
dernier et daté, le rapport de gestion, le compte rendu des
séances du conseil d'administration approuvant les comptes).Cette mesure
évitera l'accumulation des dossiers en souffrance au niveau de la DGPED.
Paragraphe 2 : Conditions de mise en oeuvre des solutions
proposées
Les actions spécifiques ci-après devront
être mises en oeuvre pour garantir l'efficacité des solutions
proposées plus haut.
2.1. Dans le cadre de la résolution du
problème spécifique n° 1
Pour garantir l'efficacité des solutions
proposées pour un meilleur suivi de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux, nous recommandons :
Ø l'instauration d'une véritable
comptabilité patrimoniale de l'État à travers la mise
en vigueur en 2022, comme prévu, du nouveau plan comptable de
l'État. Le nouveau plan comptable de l'État prévoit en
effet des comptes patrimoniaux (classes 1, 2, 6, 7) qui seront
mouvementés en cours de gestion au fur et à mesure de
l'exécution de opérations. Ceci facilitera le suivi des
opérations financières effectuées sur le portefeuille de
l'État ;
Ø l'organisation de séances de formation
à l'endroit des agents de la Trésorerie Générale de
l'État pour une meilleure comptabilisation des opérations
relatives aux participations de l'État. Pour le cas spécifique de
la comptabilisation des produits des participations financières et des
dividendes, il faudra systématiquement en exemple, apporter des
précisions sur l'identité du déposant (la structure
déposante). Ce qui permettra au SMPE d'effectuer convenablement le suivi
des versements de dividendes effectués au profit de l'État.
2.2. Dans le cadre de la résolution du
problème spécifique n° 2
Pour garantir l'efficacité des solutions
proposées pour améliorer le dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques, nous recommandons :
Ø la professionnalisation des membres des conseils
d'administration à travers l'instauration d'un programme de
Certification des Administrateurs des Sociétés Publiques. Le but
de ce programme est de constituer un répertoire d'administrateurs
potentiels et d'apporter des réponses appropriées aux
difficultés liées à la gouvernance des entreprises
publiques, à la gestion des risques et à l'évaluation de
leur performance ;
Ø le recours à des administrateurs
indépendants choisis pour leur qualification et leur expertise. A cette
fin, il est préférable qu'au moins le tiers des membres du
conseil d'administration soient indépendants ;
Ø la généralisation des contrats plans
afin de faciliter l'évaluation des dirigeants ;
Ø l'instauration d'un Prix d'Excellence de la
Gouvernance et de la Performance des Entreprises Publiques afin de promouvoir
l'excellence dans la gestion des entreprises publiques ;
Ø la rationalisation du choix des dirigeants à
travers la dépolitisation du processus. Dans ce cadre, nous recommandons
que les directeurs d'entreprises soient recrutés à l'issu d'un
processus d'appel à candidatures transparent auquel la DGPED devra
être associé ;
Ø la mise en place d'un reporting trimestriel des
entreprises publiques : l'étude des états financiers annuels
des entreprises publiques bien qu'il permette d'évaluer la
qualité de gestion au cours d'une année, nous paraît assez
faible face à l'ambition de gestion proactive des participations
souhaitée par l'État actionnaire. Il est indispensable pour un
bon suivi, que l'État actionnaire dispose des indicateurs clés
sur le niveau de performance de chaque entreprise. A cet effet, les entreprises
publiques devront transmettre trimestriellement, les états
d'exécution budgétaire ainsi qu'un un tableau de bord contenant
les principaux indicateurs financiers et opérationnels,
représentatifs de l'activité et de la performance de
l'entreprise. Les tableaux de bord transmis à la DGPPED devront faire
l'objet d'analyse par celle-ci. En cas de sous-performance, la DGPED devra
exiger de l'entreprise l'élaboration d'un plan d'actions pour l'atteinte
des objectifs fixés.
Ø l'élaboration et la tenue d'un tableau de
suivi des recommandations par la DGPED pour s'assurer de la mise en oeuvre
effective des recommandations formulées à l'issu de
l'étude de leurs états financiers par les entreprises
publiques ;
Ø Engager les entreprises publiques dans une
démarche qualité ;
Ø le renforcement de l'effectif de la DGPED par le
recrutement d'assistants et autres agents pour occuper postes vacants ;
Le tableau n° 4 ci-après fait la synthèse
de notre étude.
Tableau 6 :
Synthèse de l'étude « Optimisation du suivi du portefeuille
des entreprises publiques et des participations de
l'État Béninois »
Niveau d'analyse
|
Problématiques
|
Objectifs
|
Hypothèses
|
Eléments de diagnostic
|
Approches de solution
|
Niveau général
|
Suivi non satisfaisant du portefeuille de l'État
|
Contribuer à l'optimisation du suivi du portefeuille de
l'État
|
-
|
-
|
-
|
Niveaux spécifiques
|
1
|
Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux
|
Déterminer les conditions permettant d'assurer un suivi
effectif de l'exhaustivité des actifs financiers détenus par
l'État béninois dans les entreprises privées, organismes
sous régionaux, régionaux et internationaux
|
Le Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux est dû au difficile recensement de
l'exhaustivité des participations minoritaires de l'État.
|
Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux est dû au difficile recensement de l'exhaustivité
des participations minoritaires de l'État.
|
- Recourir à une expertise externe pour la
réalisation de l'inventaire des actifs financiers de l'État ainsi
que leur valorisation :
- Concevoir et mettre en production une application de suivi
des participations de l'Étatau profit du SMPE et de la DGPED.
|
2
|
Faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques
|
Identifier les axes d'amélioration garantissant
l'efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques
|
La faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques est due au manque d'autorité
suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire
|
La faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques est due au manque d'autorité
suffisante de la DGPED pour incarner efficacement la fonction d'actionnaire
|
- Effectuer une transformation structurelle de la DGPED en une
autorité ou une agence spécialisée indépendante
afin d'accroître son pouvoir d'action ;
- Insérer un objectif relatif à la production et
la transmission à la DGPED dans les délais, des documents
comptables et autres informations sollicitées, dans les contrats
d'objectifs des directeurs d'entreprises publiques ;
- Vérifier au Secrétariat de Direction de la
DGPED, la documentation transmise par les entreprises publiques et rejeter
à la réception, toute documentation incomplète ou non
conforme.
|
Source : Réalisé par
nous-même, 2021
CONCLUSION
L'État est détenteur d'entreprises publiques et
de participations dans le capital de sociétés
privées.Aussi, parce qu'elles mettent en jeu des fonds publics,
l'État béninois en vue de rationaliser son portefeuille a
créé en 2016, le Direction Générale des
Participations de l'État, dont la mission principale est d'incarner
l'État actionnaire. Cependant, l'état des lieux
réalisé, révèle des insuffisances dans le suivi du
portefeuille de l'État auxquelles il convient d'apporter des solutions.
En suivant une méthodologie
hypothético-déductive, nous avons tout d'abord identifié
les causes se trouvant à la base des problèmes relevés.
Sur la base de causes identifiées, nous avons réalisé une
enquête statistique dont les résultats ont servi à
vérifier les hypothèses formulées dans le cadre de notre
étude et à poser un diagnostic.
A l'issu de l'établissement du diagnostic
réalisé sur les causes des problèmes spécifiques
identifiés, la présente étude propose des axes
d'amélioration qui portent notamment sur :
- le recours à une expertise externe pour la
réalisation de l'inventaire des actifs financiers de l'État ainsi
que leur valorisation ;
- la conception et la mise en production d'une application de
suivi des participations de l'État à mettre à la
disposition du SMPE et de la DGPED ;
- la transformation structurelle de la DGPED en une
Autorité ou une Agence spécialisée indépendante
afin d'accroître son pouvoir d'action ;
- l'insertion d'un objectif relatif à la production et
la transmission à la DGPED dans les délais, des documents
comptables et autres informations sollicitées, dans les contrats
d'objectifs des directeurs d'entreprises publiques ;
- la vérification par le Secrétariat de
Direction de la DGPED, de la documentation transmise par les entreprises
publiques et le rejet à la réception, de toute documentation
incomplète ou non conforme.
Ces approches de solutions visent à permettre à
la DGPED, d'assurer convenablement le rôle d'actionnaire à travers
un bon suivi du portefeuille, en vue de garantir une bonne rentabilité
de ce dernier.
Une bonne performance du portefeuille de l'État
réside cependant, également dans la qualité de la
gouvernance de ses entreprises publiques.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ø OUVRAGES
1- CARTIER-BRESSON, A. (2010), L'État
actionnaire, Paris, LGDJ, 495 pages.
Ø ARTICLES
2- BOUCHIKHI A. et BENDIABDELLAH A. (2008), « Gouvernance
des entreprises publiques : quel rôle pour l'État actionnaire
?», Revue d'économie et de management, volume 7,
numéro 1, pp. 70-81.
3- COUR DES COMPTES (2017), « L'État
actionnaire », La documentation française,
272 pages.
4- KALFLECHEG. (2015), « Les sociétés
à participation publique et l'État actionnaire après la
loi Macron », Colloque « La loi Macron et l'activité
économique », Université Toulouse 1 Capitole, France,
11 pages.
5- BARBIER de LA SERRE R. et al. (2003), « L'État
actionnaire et le gouvernement des entreprises publiques »,
www.ladocumentationfrancaise.fr Rapports publics, 22 pages.
6- BEZARDB. et PREISSE. (2007), « L'agence des
participations de l'État », Revue française
d'administration publique, n°124, pp. 601-613.
7- DELION A. G.(2007), « de l'État tuteur
à l'état actionnaire »,Revue française
d'administration publique, n°124,pp. 537-572.
8- PICHET E. (2005),« Le patrimoine de l'État
: une évaluation au 1er janvier 2004 », in Politiques et
management public, vol. 23, n° 2, , pp. 119-146.
9- SIGMA (2001), « Gestion et contrôle financier des
agences publiques », document SIGMA n°32, 137 pages.
10- NAKOU Z. D. etSIMEN S. F. (2021), « La
gouvernance, levier de la performance des entreprises publiques
béninoises »,Revue Française d'Economie et
de Gestion, Vol. 2, n°3, 2021, pp.13-37.
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03231344
.
11- DURUPTYM. (2007), « Les ouvertures de capital
des entreprises publiques », Regards croisés sur
l'économie, n°2, pp. 108-115.
12- OCDE, « Lignes directrices de l'OCDE sur la
gouvernance des entreprises publiques », édition 2015.
Ø MEMOIRES ET THESES
13- LAWANI W. M. (2012), Approches pour
l'amélioration de la gestion et du suivi des participations de
l'État en République du Bénin, ENAM-UAC,
Bénin, 59 pages.
14- BOILLON C. (2014), La gouvernance des entreprises
à participations publiques : L'État comme actionnaire
privé, Université Paris-Sud, 85 pages.
15- EL IDRISSI A. (2017), la gouvernance des entreprises
publiques : perspective comparative Maroc-Europe, Université
de Lille 1 - IAE de Lille, 266 pages.
Ø TEXTES LEGISLATIFS ET
REGLEMENTAIRES
16- Loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant
constitution de la République du Bénin, telle que modifiée
par la loi n° 2019-40 du 7 novembre 2019 ;
17- L'acte uniforme relatif au droit des
sociétés commerciales et du Groupement d'Intérêt
Economique adopté à Ouagadougou (Burkina-Faso) le 30/01/2014 et
publié au journal officiel de l'OHADA n0spécial du 04/02/2014
18- L'acte uniforme relatif au droit comptable et à
l'information financière adopté à Brazzaville (Congo) le
26/01/2017 et publié au journal officiel de l'OHADA n°
spécial du 15/02/2017 ;
19- Loi organique n° 2013-14 du 27 septembre 2013
relative aux lois de finances
20- Loi n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant
création, organisation et fonctionnement des entreprises publiques en
République du Bénin ;
21- Loi n° 2019-11 du 25 février 2019 portant
renforcement juridique et judiciaire de la gouvernance publique;
22- Circulaire n° 01-2017/CB/C relative à la
gouvernance des établissements de crédit et des compagnies
financières de l'UMOA
23- Décret n°2021-307 du 09 juin 2021 portant
attribution, organisation et fonctionnement du Ministère de l'Economie
et des Finances, Bénin ;
24- Décret n°2020-601 du 05février 2020
portant régime indemnitaire des membres des conseils d'administration
des établissements publics et des sociétés
d'État ;
25- Décret n°2005-437 du 9 mai 2005 modifiant le
décret n° 55-733 du 26 mai 1955 relatif au contrôle
économique et financier de l'État, France ;
26- Décret n° 2021-29 du 20 janvier 2021
définissant les règles de représentation de la
participation financière publique, de gouvernance et de contrôle
des sociétés à participation financière publique,
Côte d'Ivoire ;
27- Décret n° 2O14-571 du 07 octobre 2014 portant
règlement général sur la comptabilité publique
28- l'arrêté n°
1150/MEF/DC/SGM/DGPED/SA/113SGG18 du 09 avril 2018 portant attributions,
organisation et fonctionnement de la Direction Générale des
Participations de l'État et de la Dénationalisation.
Ø AUTRES DOCUMENTS
29- Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement : Examen de la politique de l'investissement
Bénin, New York et Genève, 2005, 131 pages.
30- Projet de suivi de la gouvernance en Afrique de
l'ouest :État de la gouvernance en Afrique de l'ouest :
Bénin, CODESRIA-Osiwa, 2011, 174 pages.
31- Troisième conférence des nations unies sur les
pays les moins avancés :programme d'actions pour le
développement du Bénin 2001 - 2010, Bruxelles, 2001 ;
32- Magazine de l'État actionnaire, Revue des
entreprises publiques,DGPED, Bénin, n°03, 2020, 39 pages.
33- Magazine de l'État actionnaire, Revue des
entreprises publiques, DGPED, Bénin, n°02, 2019, 39 pages.
34- Magazine de l'État actionnaire, Revue des
entreprises publiques, DGPED, Bénin, n°02, 2018, 55 pages.
ANNEXES
Liste des annexes
Annexe 1 : Guide d'entretien
xix
Annexe 2 : Questionnaire
xx
Annexe 3 : Présentation des
données d'enquête
xxii
Annexe 4 : Organigramme de la DGPED
xxiii
Annexe 1 : Guide
d'entretien
GUIDE D'ENTRETIEN
Bonjour Madame/Monsieur,
Dans le cadre de la rédaction de notre mémoire
de fin de formation du cycle II à l'Ecole Nationale d'Administration
(ENA), nous avons choisi réfléchir sur le thème : «
Optimisation du suivi du portefeuille des entreprises publiques et des
participations de l'État béninois ». À ce
titre, nous venons solliciter votre apport pour mieux comprendre certaines
notions et interrogations que soulève le thème de notre
étude s'il vous plaît. Merci du temps que vous voudrez bien nous
consacrer pour cet entretien.
1- Quelle compréhension avez-vous de la notion
d'État actionnaire ?
2- Quel rôle joue votre structure dans la gestion et le
suivi du portefeuille de l'État ?
3- Que pensez-vous du dispositif actuel de suivi du
portefeuille de l'État ?
4- Quelles sont les mesures que vous préconisez pour
une efficacité du suivi du portefeuille de l'État ?
Merci de votre disponibilité !
Annexe 2 :
Questionnaire
QUESTIONNAIRE
Bonjour Madame/Monsieur,
Dans le cadre de la rédaction de notre mémoire
de fin de formation du cycle II à l'Ecole Nationale d'Administration
(ENA), nous avons choisi réfléchir sur le thème : «
Optimisation du suivi du portefeuille des entreprises publiques et des
participations de l'État béninois ». A cet effet,
nous vous prions de bien vouloir nous éclairer en répondant au
questionnaire ci-dessous s'il vous plaît.
Nous vous remercions d'avance des réponses que vous
voudrez bien apporter à nos différentes questions.
Nom et prénom (s) :
............................................................................
(facultatif)
Poste occupé :
...................................................................................
(facultatif)
Contacts :
..............................................................................................
(facultatif)
I. Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux
A- Selon vous, qu'est ce qui explique le manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs
financiers détenus par l'État béninois dans les
entreprises privées, organismes sous régionaux, régionaux
et internationaux?
1- l'inexistence d'un applicatif de suivi des
participations ;
l'inadéquation de l'organisation comptable pour
assurer un suivi efficace des revenus des participations de l'État;
le difficile recensement de l'exhaustivité des participations
minoritaires de l'État ;
autres avis (à préciser)
......................................................................................................................................................................................................
B- Que proposez-vous pour le suivi effectif de l'ensemble des
actifs financiers détenus par l'État ?
........................................................................................................................................................................................................................
II. Faible efficacité du dispositif de
surveillance financière des entreprises publiques
A- A votre avis, quelle est la cause de la faible
efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques ?
l'inexistence d'une application de surveillance financière des
entreprises publiques ;
la transmission tardive des états financiers à la
DGPED ;
l'irrégularité d'un nombre important de documentation
transmise par les entreprises publiques ;
manque d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner
efficacement la fonction d'actionnaire ;
autres avis (à préciser)
........................................................................................................................................................................................................................
B- Que préconisez-vous pour renforcer efficacité
du dispositif de surveillance financière des entreprises publiques ?
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci pour votre
disponibilité !
Annexe 3 :
Présentation des données d'enquête
Tableau n° 6 : Présentation des
données d'enquête relative au problème spécifique
n°1
Q1
|
Causes supposées
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Selon vous, qu'est ce qui explique le manque de suivi effectif
de l'ensemble des actifs financiers détenus par l'État
béninois dans les entreprises privées, organismes sous
régionaux, régionaux et internationaux?
|
L'inexistence d'un applicatif de suivi des participations
|
7
|
23,33%
|
L'inadéquation de l'organisation comptable pour assurer
un suivi efficace des revenus des participations de l'État
|
3
|
10%
|
Le difficile recensement de l'exhaustivité des
participations minoritaires de l'État
|
20
|
66,67%
|
Total
|
30
|
100%
|
Source : Données d'enquête
Tableau n° 7 : Présentation des
données d'enquête relative au problème spécifique
n°1
Q2
|
Causes supposées
|
Effectif
|
Pourcentage
|
A votre avis, quelle est la cause de la faible
efficacité du dispositif de surveillance financière des
entreprises publiques ?
|
L'inexistence d'une application de surveillance
financière des entreprises publiques
|
2
|
6,67%
|
La transmission tardive des états financiers à
la DGPED
|
6
|
20%
|
L'irrégularité d'un nombre important de
documentation transmise par les entreprises publiques
|
6
|
20%
|
Manque d'autorité suffisante de la DGPED pour incarner
efficacement la fonction d'actionnaire
|
16
|
53,33%
|
Total
|
30
|
100%
|
Source : Données d'enquête
Annexe 4 : Organigramme
de la DGPED
TABLE
DES MATIERES
IDENTIFICATION DU JURY
ii
CERTIFICATION
iii
AVERTISSEMENT
iv
DEDICACE
v
IN MEMORIAM
vi
REMERCIEMENTS
vii
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
viii
LISTE DES TABLEAUX
ix
GLOSSAIRE
x
RÉSUMÉ
xiii
ABSTRACT
xiv
SOMMAIRE
xv
INTRODUCTION
1
4
CHAPITRE 1 : LA GESTION DES PARTICIPATIONS DE
L'ÉTAT AU BENIN
4
Section 1 : Évolution de l'État
actionnaire dans le contexte béninois
5
Paragraphe 1 : Généralités
sur l'État actionnaire
5
1.1 Naissance de l'État actionnaire et des
entreprises publiques
5
1.2. Définition
6
1.3. Organisation
7
1.4. Objectifs
8
Paragraphe 2 : L'État actionnaire au
Bénin
8
2.1. Historique
8
2.2. Cadre de la gestion des participations de
l'État
10
Section 2 : Gestion du portefeuille des
entreprises publiques et des participations de l'État
11
Paragraphe 1 : Cadre juridique et structure du
portefeuille de l'État
11
1.1. Cadre juridique de la gouvernance des
entreprises publiques
11
1.2. Structure du portefeuille de
l'État
16
Paragraphe 2 : Observations relatives à
l'organisation et au suivi du portefeuille de l'État
19
2.1. Observations relatives aux ressources de la
DGPED
19
2.2. Observations relatives à la gouvernance
des entreprises publiques
21
2.3. Observations relatives au contrôle des
entreprises publiques
24
2.4. Observations relatives au suivi des
participations
26
28
CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE D'UN SUIVI OPTIMAL
DU PORTEFEUILLE DE L'ÉTAT BÉNINOIS
28
Section 1 : Cadre conceptuel de la
problématique
29
Paragraphe 1 : Identification de la
problématique
29
1.1. Synthèse de l'état des
lieux et regroupement des problèmes par centre
d'intérêt
29
1.1.1. Inventaire des atouts et
faiblesses
29
1.1.2. Regroupement des problèmes par
centre d'intérêt
30
1.2. Choix et spécification de la
problématique
32
1.2.1. Choix de la problématique
32
1.2.2. Spécification de la
problématique
34
Paragraphe 2 : Détermination des
objectifs et formulation des hypothèses
36
2.1. Objectifs de l'étude
36
2.2. Hypothèses de l'étude
37
2.3. Présentation du tableau de bord
de l'étude
41
Section 2 : Recherche documentaire et cadre
méthodologique de vérification des hypothèses
43
Paragraphe 1 : Revue de littérature
43
1.1. Sur le problème spécifique
n°1 (Manque de suivi effectif de l'ensemble des actifs financiers
détenus par l'État béninois dans les entreprises
privées, organismes sous régionaux, régionaux et
internationaux)
46
1.2. Sur le problème spécifique
n° 2 (Faible efficacité du dispositif de surveillance
financière des entreprises publiques)
49
Paragraphe 2 : Cadre méthodologique de
vérification des hypothèses
51
2.1. Approches théoriques
51
2.2. Approches empiriques
51
2.2.1. Mobilisation des données
51
2.2.2. Choix des seuils de
décision
53
CHAPITRE 3 : VERS UNE OPTIMISATION DU SUIVI DU
PORTEFEUILLE DE L'ÉTAT
54
Section 1 : Diagnostic de la problématique de
l'optimisation du suivi du portefeuille de l'État
55
Paragraphe 1 : Présentation et analyse des
données
55
1.1. Présentation des données
d'enquête relatives au problème spécifique n° 1
55
1.2. Présentation des données
d'enquête relatives au problème spécifique n° 1
57
Paragraphe 2 : Diagnostic lié à la
problématique
58
2.1. Vérification des
hypothèses
58
2.1.1. Vérification de
l'hypothèse spécifique n° 1
58
2.1.2. Vérification de
l'hypothèse spécifique n° 2
59
2.2. Synthèse du diagnostic
59
Section 2 : Conditions pour un meilleur suivi du
portefeuille de l'État
60
Paragraphe 1 : Approches de solution pour un suivi
optimal du portefeuille de l'État
60
1.1. Approches de solution au problème
spécifique n° 1
60
1.2. Approches de solution au problème
spécifique n° 2
62
Paragraphe 2 : Conditions de mise en oeuvre des
solutions proposées
64
2.1. Dans le cadre de la résolution du
problème spécifique n° 1
64
2.2. Dans le cadre de la résolution du
problème spécifique n° 2
64
CONCLUSION
69
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
xiv
ANNEXES
xvii
TABLE DES MATIERES
xxiv
* 1 John Maynard Keynes
(1883-1946), économiste et financier britannique influent du XXe
siècle, auteur du courant keynésien.
* 2Idéologie
(doctrine) politique qui s'est développée en Angleterre et en
France au XVIIe et XVIIIe siècle dans le cadre général de
la philosophie des Lumières: John Locke, Montesquieu (Charles Louis de
Secondat) et Adam Smith. On distingue le libéralisme économique
et le libéralisme politique. Le libéralisme économique
(capitalisme) considère que la recherche du profit et de
l'intérêt personnel constitue le moteur du progrès. Il doit
s'accompagner de libertés fondamentales: liberté de vendre et
d'acheter des biens, liberté d'entreprendre et liberté de
propriété...
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1507,
consulté le 31 octobre 2021.
* 3 La plus grave crise
économique du XXe siècle, qui, provoquée par le
krach boursier de Wall Street aux États-Unis le 24 octobre 1929, se
propagea au monde entier, l'entraînant dans une décennie de
récession marquée une augmentation massive du chômage et de
la misère, mais également par de profondes transformations
sociales et politiques.
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/la_crise_de_1929/187370,
consulté le 31 octobre 2021.
* 4La Seconde Guerre
mondiale, ou Deuxième Guerre mondiale, est un conflit armé
à l'échelle planétaire qui dure du 1 septembre 1939 au 2
septembre 1945
https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Guerre_mondiale.
* 5
https://www.mataf.net/fr/edu/glossaire/etat-actionnaire,
consulté le 31 octobre 2021.
* 6Les figures de l'Etat
actionnaire
https://journals.openedition.org/regulation/14418?file=1
* 7 La zaïrianisation
(appelé aussi « zaïrisation ») est un mouvement politique
lancé en 1965 par Mobutu Sese Seko en République du Zaïre
(actuelle République démocratique du Congo). Il consistait
à revenir à une « authenticité » africaine des
toponymes et des patronymes en supprimant tout ce qui était à
consonance occidentale.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zaïrianisation#:~:text=La%20zaïrianisation%20(appelé%20aussi%20«%20zaïrisation,actuelle%20République%20démocratique%20du%20Congo).
* 8Voir l'article 22 de
l'arrêté n° 1551/MEF/CAB/SGM/DGTCP/DCP/SP du 22 juin 2020
portant AOF de la DGTCP.
* 9 Article 1er de l'Acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d'intérêt économique.
* 10 Il s'agit de la
société anonyme (SA), de la société par actions
simplifiée (SAS), de la société à
responsabilité limitée (SARL), de la société en nom
collectif (SNC) et de la société en commandite simple (SCS).
Mais, dans la pratique, la société anonyme est la principale
forme sociale choisie pour les entreprises publiques.
* 11 Art 437 AUSC-GIE.
* 12C'est-à-dire des
structures juridiques revêtant une des formes prévues par
l'AUSC-GIE qui, en raison de leurs activités ou de la mission
d'intérêt général qu'elles accomplissent, sont
soumises à des règles de droit dérogatoires du droit
commun des sociétés commerciales de l'OHADA.
* 13 Le droit national n'a
de place dans un domaine pris en charge par un Acte uniforme que la place que
l'Acte uniforme lui-même lui accorde de façon expresse et non
équivoque. Voir CCJA, Avis n° 002/2017 du 16 février 2017
* 14 L'article 2 de la
circulaire, qui définit son champ d'application, retient comme
établissements auxquels s'applique ladite circulaire, les banques et
établissements financiers à caractère bancaire, au sens de
la loi portant réglementation bancaire ainsi que les compagnies
financières et établissements de crédit
maisons-mères tels que définis par la réglementation
relative à la supervision sur base consolidée des
établissements de crédit maisons-mères et des compagnies
financières dans l'UMOA.
* 15Point extrait de la base
de dépouillement du questionnaire sur l'organisation et le
système d'informations des sociétés
d'État(septembre 2021).
* 16 Article 5 de la loi
n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et
fonctionnement des entreprises publiques en Républiques du
Bénin
* 17 Article 6 de la loi
n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et
fonctionnement des entreprises publiques en Républiques du
Bénin
* 18Article 7 de la loi
n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et
fonctionnement des entreprises publiques en Républiques du
Bénin
* 19 Article 8 de la loi
n° 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et
fonctionnement des entreprises publiques en Républiques du
Bénin
* 20 Voir article 45 et 51 de
la loi n°2020-20 du 02 septembre 2020 portant création,
organisation et fonctionnement des entreprises publiques en Républiques
du Bénin
* 21 Zinsou Daniel Nakou,
Serge Francis Simen. LA GOUVERNANCE, LEVIER DE LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES
PUBLIQUES BÉNINOISES. Revue Française d'Economie et de Gestion,
Revue Française d'Economie et de Gestion 2021, 2 (3), pp.13-37.
?10.5281/zenodo.4610408?. ?hal-03231344?
* 22 OCDE (2015), Lignes
directrices de l'OCDE sur la gouvernance des entreprises publiques,
Édition 2015, Editions OCDE, Paris.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264244221-fr
* 23 Il s'agit ici, de
l'exemple français.
* 24
https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2020/pap/pdf/PAP2020_CS_CAS_Participations_financieres_Etat.pdf
* 25Article 5 du Décret
n°55-733 du 26 mai 1955 relatif au contrôle économique et
financier de l'État, modifié par décret n°2005-437 du
9 mai 2005 (France).
* 26 Décret n°
2019-160 du 1er mars 2019 modifiant le décret n° 2004-963 du 9
septembre 2004 modifié portant création du service à
compétence nationale Agence des participations de l'État
|