Analyse géographique de l'offre et du recours aux soins de santé primaires dans une commune rurale: cas de Diofiorpar Boucar DIOUF Université Cheikh Anta DIOP - Master 2012 |
2 CHAPITRE I : PROCESSUS D'OCCUPATION DEL'ESPACEL'histoire de Diofior est indissociable de celle de Faoye. En effet, les habitants de la localité sont originaires de ce village très ancien dont l'origine remonte à l'arrivée des migrants mandingues, selon le père Henry Gravrand dans Coosan, dans la zone qui sera le territoire du futur Royaume du Sine. Le village de Faoye est donc la matrice qui a vu naître de ses flancs plusieurs localités dont Diofior. 2.1.1 I-1/ HISTORIQUEIl est difficile d'avancer une date exacte pour situer dans le temps la fondation de Diofior car les sources sont essentiellement orales, souvent divergentes et potentiellement subjectives. Toutefois, un recoupement des sources nous permet d'avancer qu'il y a eu des vagues successives d'installations dans les territoires proches du site actuel (Thiabourane, Mbamna...) avant la fixation définitive sur le périmètre qui représente le territoire de la commune de Diofior. Nous pouvons également retenir que l'histoire de la fondation de Diofior est sans doute liée à l'implantation du pionnier NDiomboThiang, originaire de Faoye, en quête de terres cultivables compte tenu de la pression foncière dans sa localité d'origine. Outre la quête absolue de terres, cette installation semble être motivée par la volonté de se réapproprier les terres qui appartinrent à son ancêtre mythique NdongoNiane dont le sanctuaire du Pangool se trouve à l'entrée de la commune. Dans les années 1920, à la faveur de l'instauration définitive de l'ordre colonial, du développement de l'agriculture et de la très forte croissance démographique, le petit village de Diofior va connaître un développement fulgurant. Sur le plan administratif, les réformes territoriales de l'administration coloniale (1925) feront de l'ancien village de la province du Khirena (province du royaume du Sine) une composante du canton de Ndangane. En 1972, le village de Diofior sera érigé en chef-lieu de communauté rurale et en 1990, il devient une commune. 2.1.2 I-2/ DYNAMIQUE D'OCCUPATION DE L'ESPACEAvant 1960, Diofior faisait partie du Canton de Ndangane. A la suite de la réforme administrative de 1972 portant la loi 72-25 du 19 Avril 1972 qui a constitué les communautés rurales, Diofior devient alors chef-lieu de communauté rurale tout en portant ce nom. Elle regroupait les villages suivants : Faoye, Djilass, SoudianeDimlé, SoudianeThiéléme et Soudiane Bala, Ndimbiding, Sorobougou, Soumbel et Diofior lui-même. Par décret 90-1135 du 08 Octobre 1990, le village de Diofior est érigé en commune. Le siège de la communauté rurale est transféré à Djilass qui a donné le nom à celle-ci. Depuis son érection en commune en 1990, Diofior ne cesse de s'agrandir. Traditionnellement constituée de deux quartiers : Diongfa et Sindianeka, la commune connaît aujourd'hui une extension spatiale telle qu'on note d'autres quartiers secondaires, faisant ainsi naître « des quartiers dans des quartiers ». Ainsi, dans DIONGFA, on note les sous-quartiers de Darou, Médina, Nimzatt et Sicap et dans celui de SINDIANEKA il y a Garage, Ndougue, Centre, et Diamaguène. Ces sous quartiers se trouvent à environ 500 à 1,5 km du premier habitat de NdiomboThiang fondateur du village. Les deux quartiers traditionnels sont nés d'un rassemblement ordonné par le Bour Sine CoumbaNdoffène DIOUF, de plusieurs maisons jadis dispersées, en un seul lieu suite à une épidémie de peste en 1925. Ces maisons réunies, ont conservé le mode d'habitat sérère c'est-à-dire une grande place publique au milieu des maisons et au centre de laquelle se trouve un arbre à palabre qui est généralement un fromager ou un Cailcédrat. Tout autour des maisons se trouvent les champs de mil « Pompod » appartenant aux « Yalmbines », chefs de maison, et en brousse, les champs secondaires qui sont pour les autres membres de la famille. Ainsi, on a dans la grande place publique traditionnelle, un grand fromager et un ensemble de manguiers qui l'entourent et qui servent de palabres et de manifestations. Il y a aussi une autre place publique moins ancienne mais plus étendue appelée « Ngarigne na », le Cailcédrat, qui fait, elle aussi, office des grandes manifestations et d'autres activités traditionnelles. Avec l'urbanisation, ce mode d'habitation traditionnel a disparu, mais quelques stigmates de la vie traditionnelle persistent. L'essor économique de Diofior, basé sur le développement de certaines activités ainsi que l'apport de ses cadres installés à l'intérieur comme à l'extérieur du pays à fortement contribué à la modification de l'habitat traditionnel. Ainsi, en dehors de quelques concessions encore en mode traditionnel avec des palissades et des cases en pailles, les constructions en durs sont les plus en vue. On y retrouve des maisons très bien construites qui donnent l'image même d'une grande ville à la commune. Cette explication trouve bien son illustration, car les concessions à plus de 90% sont en dur (ciment). Mais ces toitures sont en matériaux durs (mur en brique, en ardoise, tuile ou zinc, toits, tôles ou en dalles soit (80%) et (10%) en béton. Ces dernières années, avec l'allure du phénomène d'urbanisation de la commune, avoir une parcelle de terre à usage d'habitation par demande adressée à la mairie devient un véritable casse-tête. La commune a quasiment épuisé ses terres. Il existerait plus de deux mille demandes de parcelles qui attendent d'être attribuées. La commune ayant épuisé ses terres négocie avec la Communauté Rurale de Djilass qui la cerne au Nord et au Sud dans ses zones habitables. En effet pour avoir une parcelle il faut débourser une somme allant de (500) cinq cent mille à (2) deux millions de francs. L'électrification touche tous les quartiers de la commune mais seules quelques parties des nouveaux quartiers n'y ont pas encore bénéficié. Malgré le côté traditionaliste des populations de Diofior, ainsi que ces quelques défaillances notées du point de vue de l'hygiène, le statut d'occupation est régulier avec un bon lotissement. Ce fait laisse apparaître des quartiers bien définis et des rues très larges et propres. Cette image est le fruit d'une éducation sanitaire de la population de Diofior instruite par une politique de soins de santé primaires. En effet les populations avec cette culture ont gardé une commune propre, ce qui lui a value à plusieurs reprises le rang de ville la plus propre du pays. Après l'érection du village en commune, des structures socio-économiques se réalisent. Ces réalisations sont les infrastructures construites dans le domaine de la santé, l'éducation et les autres activités pouvant contribuer au développement de la commune. Cependant, l'esprit d'initiative, tant prouvé dans le passé a entrainé un développement progressive de plusieurs activités. |
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