1.1 ANALYSE GEOGRAPHIQUE
DE L'OFFRE ET DU RECOURS AUX SOINS DE SANTE PRIMAIRES DANS UNE COMMUNE
RURALE : CAS DE DIOFIOR
sujet :
Présenté parSous la Direction de
BoucarDIOUF
Mme. Aminata NIANG DIENE
Maître assistant
Année universitaire 2012-2013
|
SOMMAIRE
SOMMAIRE
2
ACRONYMES
5
AVANT PROPOS
7
INTRODUCTION
9
I/ PROBLEMATIQUE
11
II/ METHODOLOGIE
23
PREMIERE PARTIE :
LA COMMUNE DE DIOFIOR
32
CHAPITRE I : PROCESSUS D'OCCUPATION DE
L'ESPACE
35
CHAPITRE II : SITUATION DEMOGRAPHIQUE,
SOCIO-ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE
38
CHAPITRE III : LES SERVICES SOCIAUX DE
BASE
47
DEUXIEME PARTIE : GEOGRAPHIE DE
L'OFFRE DE SOINS
51
CHAPITRE I : L'OFFRE DE SOINS
PUBLIQUE
54
CHAPITRE II :LES TYPES D'OFFRE DE
SOINS
59
TROISIEME PARTIE : LE RECOURS AUX
SOINS DE SANTE
63
CHAPITRE I : LES VOLUMES
D'ACTIVITES
65
CHAPITRE II : LA MORBIDITE
DIAGNOSTIQUEE
73
QUATRIEME PARTIE :LES TYPES DE RECOURS
AUX SOINS DE SANTE
85
CHAPITRE I : LES MODES DE
RECOURS
86
CHAPITRE II : LES MOTIFS DU CHOIX DE
RECOURS
92
CONCLUSION GENERALE
96
BIBLIOGRAPHIE
99
LISTE DES TABLEAUX
101
ANNEXE
102
T
ABLE DES MATIERE
103
ACRONYMES
TER : Travail d'Etude et de Recherche
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement
BM : Banque Mondiale
SSP : Soins de Santé Primaire
IRA : Infections Respiratoires Aigues
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
EEDS : Eclaireurs et Eclaireuses Du
Sénégal
RMA : Rayon Moyen d'Action
EM : Espace Médical
PIC : Plan d'Investissement Communal
PRODEL : Programme de
Développement Local
ARD : Agence Régionale de
Développement
RPGH : Recensement Général
de la Population et de l'Habitat
GIE : Groupement d'Investissement
Economique
GPF : Groupement de Promotion
Féminine
FAR : Femme en Age de Reproduction
APE : Association des Parents
d'Elèves
ASC : Association Sportive et
Culturelle
ASUFOR : Association des Usagers des
Forages
IASSP : Indicateur
d'Accessibilité aux Soins de Santé Primaires
RAA : Rhumatisme Articulaire Aigus
MST : Maladies Sexuellement
Transmissible
CSD : Centre de Santé de
Diofior
AVANT PROPOS
Ce Travail d'Etude et de Recherche (TER) porte sur l'offre et
le recours aux soins de santé primaires dans une commune rurale. Il vise
à mesurer le niveau de l'offre et du recours aux soins de santé,
l'impact des politiques de santé en matière de soins de
santé sur la morbidité et la mortalité de la population.
Le cadre d'étude est la commune de Diofior.
La commune connaît une extension spatiale et une
dynamique qui lui confère le statut d'une des plus grandes communes du
Sénégal. Cette situation associée à
l'endémisme de certaines pathologies liées à
l'environnement et aux comportements mérite une étude des mesures
sanitaires de premiers contacts mises sur place par le centre de santé
de Diofior pour répondre aux besoins sanitaires des populations.
Cette étude permettra de classifier d'avantage la
situation sanitaire au niveau de la commune. Ce qui permettra aux
décideurs, aux pouvoirs publics, aux ONG et aux bonnes volontés
de s'impliquer dans le domaine de la santé pour l'atteinte des Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD), d'apporter aussi une
contribution sur les faits de santé dans la commune.
Elle constitue en outre une modeste contribution à la
compréhension des mécanismes de fonctionnement du système
de soins dans ces agglomérations et du choix de la population face
à une offre de soins diversifiée. On espère ainsi
éclairer les décideurs pour la mise en oeuvre de politiques de
santé publique efficaces et fondées sur expertise.
En somme ces éléments cités ci-dessus
justifient amplement le choix d'un tel sujet.
A l'occasion de la réalisation et de l'aboutissement de
ce travail, je tiens à remercier tous ceux qui nous ont aidés,
d'une façon directe ou indirecte, à mener à bien cette
étude.
Nous pensons à Mme Aminata NIANG DIENE Maître
Assistant à l'Université Cheikh AntaDiop de Dakar pour ses
critiques conseils et orientations sans qui ce travail n'aurait pu se
réaliser.
C'est pour nous l'occasion de la remercier vivement pour avoir
accepté de diriger nos recherches.
A tout le corps professoral du Département de
Géographique, qui a contribué à notre formation.
- A mon père Guédji DIOUF
- A ma mère Fatou NDIAYE
- HOMMAGE à vous. Que DIEU, le Tout
Miséricordieux, vous accueille à Son plus haut paradis. Amen.
- A mon oncle Niokhor NGOM ;
- A ma très chère tante Fatou CISSE qui m'a
éduqué ;
- A tous mes frères et soeurs de même père
et de même mère :(Watew, Pape Latyr, Niokhor;
YandéFamak, Yandé et Fatou) ;
- A ma femme Téningue FAYE et à mes
enfants ;
- A Ousmane SENE;
- A El hadji Sémou DIOUF et à sa femme Rose FAYE
- A M. Bidij SENGHOR Principal du CEM deKandia
(Vélingara-Kolda) hommage à vous Yalmbine que la terre vous soit
légère. Amen.
- A mes amis : Sassy DIOUF; Babacar DIOUF ; Cheikh
DIOUF ; Caporal Adama NDAO ; Babacar NDIAYE ; le Procureur Biram
SENE ; Samba SENE ; Assana SENE ;
- A tous mes collègues du CEM de DIOFIOR I et du
Lycée de LoulSessène que je remercie vivement pour leur
participation active à la réussite de ce travail ;
- A Bineta FAYE pour son aide sans relâche ;
Dans le cadre de ce travail, nous avons eu à solliciter
l'aide de services techniques et des personnes ressources. Nous faisons
allusion :
- A tout le personnel du Centre de Santé de Diofior et
particulièrement au Médecin Chef Dr DIAO mention spéciale
à vous Docteur ;
- A Mama Séni LABOU secrétaire municipal
à la commune de Diofior.
A vous qui avez participé de près ou de loin
à la réalisation de ce travail, je vous remercie.
1 INTRODUCTION
La « santé pour tous » constitue
une préoccupation majeure dans le monde. Lors de la conférence
d'Alma-Ata en 1978, les décideurs s'étaient attelés par la
stratégie d'un système de Soins de Santé Primaires
à mettre en place cette nouvelle politique de santé. Cela devrait
permettre de faciliter à la population l'accès aux soins de
santé de base tant en termes de distances qu'en terme de
dépenses. Ainsi les politiques sanitaires menées dans les pays en
développement furent-elles, un temps, basées sur ce principe de
Soins de Santé Primaires. Ils sont définis par l'OMS comme
étant des soins de santé essentiels accessibles à tous les
individus et à toutes les familles par des moyens qui leur sont
acceptablesavec leur pleine participation et à un coût abordable
par la communauté.
Mais avec l'accroissement des inégalités,
l'accès aux soins modernes devient couteux, les structures sanitaires et
les centres sociaux voient leurs moyens réduits dans un environnement de
plus en plus favorable à l'émergence de différentes
maladies. « Le défis est grand pour les politiques car il faut
agir à différents niveaux : l'éducation,
l'amélioration de l'habitat, l'assainissement et les infrastructures
urbaines, la santé publique et la médecine préventive,
l'accès aux soins et aux médicaments(1). C'est ce qui fait dire
à HULOT1(*) (1989)
que :« De toutes inégalités,
l'inégalité devant la santé est la plus
inacceptable ». Les soins de santé étaient jadis
considérés comme le privilège de ceux qui avaient les
moyens de les payer tandis que les oeuvres charitables s'occupaient des
pauvres. Loin d'affirmer que cette tendance a connu au cours des jours un
renversement, il est certain qu'aujourd'hui la santé est
considérée comme condition essentielle des individus.
Cependant, l'adoption de la stratégie des soins de
santé primaires d'Alma ATA en 1978 ainsi que l'initiative de Bamako en
1989 n'a pas permis d'enrayer cette inégalité devant les soins de
santé même de premiers contacts.Les conséquences sont
nombreuses : faible qualification de la main d'oeuvre ; la
morbidité qui réduit la capacité de travail ; la
double nécessité des investissements productifs
(c'est-à-dire destinés à promouvoir l'économie) et
des investissements pèsent sur l'économie des pays en voie de
développement.
Le défis lancé par l'Etat du
Sénégal pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD) d'ici 2015 passe par une amélioration des
conditions sanitaires de la population et une
« réorganisation » du système de
santé. Ainsi, conformément aux suggestions de l'OMS, la nouvelle
politique de l'Etat du Sénégal s'engage sur la voie de la
restructuration complète du secteur de la santé en vue de mettre
en place des services de santé qui soient durables et plus rentables,
tout en répondant au mieux aux besoins de la
population. « Dispenser aux pauvres des soins de santé
d'un apport coût-efficacité est un moyen de lutter contre la
pauvreté et socialement acceptable » BM,(1995).
Les populations rurales, plus affectées par la
précarité et confrontées aux difficultés
d'accès aux soins essentiels sont aussi exposées à de
nombreuses pathologies qui deviennent de ce fait endémiques. A cet
effet, les soins de santé primaires qui présentent le premier
niveau de contact c'est-à-dire qu'ils constituent le niveau du
système de santé moderne (scientifiquement valable), le plus
proche du système de santé populaire doivent être
revalorisés.
Les soins de santé primaires mettent en oeuvre des
techniques simples et des technologies peu coûteuses, permettant de
diagnostiquer et de traiter les pathologies de première instance. Ces
soins reposent sur un esprit d'auto-responsabilité et
d'auto-détermination des individus. Ainsi, vue l'extension spatiale de
certaines communes rurales qui s'urbanisent de plus en plus et leur explosion
démographique, à l'image de Diofior, la mise en place d'un
système de santé efficace et répondant aux besoins des
plus démunis sera de faire des Soins de Santé Primaires (SSP) un
cheval de bataille.
Diofior, commune exemplaire du processus d'urbanisation au
Sénégal, donne lieu par sa croissance spatiale rapide et peu
contrôlée à un mode de production de l'espace
s'accompagnant du développement de quelques zones d'habitats
spontanés constitués en quartiers secondaires.
Cette urbanisation croissante ainsi que sa démographie
galopante,associées à un remarquable déficit d'eau
potable, le problème d'assainissement sont autant de
préoccupations qui contribuent à accroître les taux de
morbidité et de mortalité de la commune.
Cependant, bien qu'ayant un centre de santé
supposé couvrir l'ensemble de la population de la commune, le rapport
coût/efficacité ainsi que la qualité de l'accueil restent
une entrave au recours aux soins de santé. Ce qui pousse les populations
vers d'autres types d'offres moins coûteux tels que l'offre de soins
traditionnels. Ces problèmes de santé publique ainsi que les
stratégies de survie adoptées par les populations nous ont
conduit à mener cette étude dans la commune de Diofior afin
d'étaler toutes les pathologies qui gangrènent la santé
des populations ainsi que les difficultés à satisfaire leurs
besoins en santé.Ainsi, pour ce faire, il s'agira d'abord de
dégager la problématique de l'offre et du recours aux soins de
santé de Diofior ensuite élaborer une méthodologie de
travail et enfin analyser les résultats obtenus pour apporter des
solutions.
1.1.1 I/ PROBLEMATIQUE
1.1.2 I-1/ CONTEXTE GENERAL
Devant la faible efficacité d'un système de
soins de santé qui n'infléchissait que très lentement les
courbesde morbidité et de mortalité des populations, le
gouvernement du Sénégal a été conduit à
adopter une stratégie plus adaptée aux besoins du plus grand
nombre. Cette stratégie fut définie lors de la conférence
tenue à Alma-Ata en 1978 pour réaliser ce que l'assemblée
mondiale de la santé avait tracé comme objectif auparavant sous
la forme du slogan « la santé pour tous en l'an
2000 ».En effet, force est de constater que depuis longtemps le
Sénégal a mesuré cette dimension sanitaire. Une telle
affirmation peut aisément s'expliquer à travers les
différentes mesures prises et mises enoeuvre allant toutes dans ce
sens.
Les SSP avaient été définis à Alma
Ata comme « les soins de santé essentiels
universellement accessibles à tous les individus et à toutes les
familles de la communauté par des moyens qui leur sont acceptables, avec
leur pleine participation, et à un coût abordable pour la
communauté et pour le pays. Il était également
souligné que les soins de santé font partie
intégrante du système de santé du pays dont ils
constituent le noyau, ainsi que du développement social et
économique global de la communauté2(*) ».
Les SSP, en tant que base du système
sénégalais de santé, se sont renforcés par
l'adoption del'initiative de Bamako de 1992 qui, dès lors, constitue une
action à assise communautaireintégrant la politique des
médicaments, tendant de manière durable à la couverture
des soins notammentdes enfants et des femmes en âge de
procréer.
La volonté politique de l'État dans le domaine
de la santé se manifeste aussi dans l'organisationadministrative.
Eu égard à sa sensibilité et à sa
place dans l'environnement socio-économique, le secteur de
lasanté fait l'objet d'une considération certaine, doublée
d'une réelle prise en compte dans la politiquede gouvernement local
amorcée depuis 1972. Ainsi sur la base de la loi numéro 96-06 du
22 mars1996 portant Code des collectivités locales, l'Etat opère
un transfert de certaines compétences dont lasanté, aux
collectivités locales (Loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant
transfert de compétences).
Avec la décentralisation, les pouvoirs publics
entendent accroître les responsabilités des régions,
communes et communautés rurales pour efficacement répondre par
une offre de santé conséquente auxbesoins ressentis. L'allocation
des ressources place les élus locaux à la hauteur de leur mission
enmatière de santé.
Cependant, il faut reconnaître pour le regretter que le
système sénégalais de santé, dans sonambition de
haute noblesse, de faire accéder les populations aux soins, rencontre un
ensemble dedifficultés.Ce qui naturellement ne milite pas en faveur de
la couverture de soins.
Les décisions politiques ne prenant pas en compte le
côté environnemental et social. « Les pouvoirs publics
prennent rarement en compte l'influence des facteurs socio-spatiaux et
culturels sur l'accès aux soins »3(*).
1.1.3 I-2/ JUSTIFICATION DU SUJET
Dans un contexte où la demande en soins de santé
n'est pas satisfaite par l'offre de soins publique et officielle, la
communauté et les acteurs privés, caritatifs, et plus
particulièrement la société civile ont tendance à
mettre en place des stratégies visant la satisfaction des besoins de la
population mais qui ont aussi une logique commerciale. Ils tentent ainsi de
répondre aux besoins individuels immédiats.
Dès lors, l'analyse de l'offre et du recours des soins
de santé à une échelle plus fine pour mieux comprendre le
fonctionnement nous a mené dans la commune de Diofior.
La commune de Diofior qui est en pleine expansion spatiale et
démographique avec une urbanisation croissante n'échappe pas
à cette donne.
En effet, ses mutations démographiques et spatiales
sont caractéristiques d'une population qui aspire au
développement et consciente de l'essor économique et social de la
ville et de la multiplication des infrastructures attirant des populations qui
s'y installent. Ce fait est significatif d'autant plus que la commune est l'une
des localités les plus florissantes du département de Fatick avec
sa position de transition entre le domaine continental et les îles du
Saloum.
Cependant, la salinisation de l'eau du forage ces
dernières années fait qu'elle n'est plus consommable. Les
populations rencontrent un véritable problème d'eau potable suite
à une forte présence de sel et de fluor à des taux
élevés et supérieurs aux normes de l'OMS. Cette situation
les oblige à s'approvisionner à partir des puits traditionnels
forés à la périphérie de la commune au
détriment de l'eau du forage utilisée pour d'autres besoins
domestiques.
A cela s'ajoute le problème d'assainissement. La
commune rencontre d'énormes problèmes d'évacuation de ses
eaux de pluies, des ordures ménagères et des eaux
usées.
Diofior est dotée d'un centre de santé moderne
construit dans le quartier de Darou en 1993 avec le concours de l'ONG EEDS
(Eclaireurs et Eclaireuses Du Sénégal) et de son homologue
basée en Finlande. Il s'agit d'une infrastructure extrêmement
importante du fait qu'elle est la seule du genre existant dans la zone et
constitue avec le centre de santé de Fatick, les plus grandes structures
sanitaires du département. Sous ce rapport elle exerce une polarisation
totale de l'ensemble de l'hinterland pour l'offre de soins de santé en
termes de traitement, de suivi et d'hospitalisation.
Son personnel est en deçà de la norme
de l'OMS qui est de un médecin pour 10 000 habitants si l'on
considère le potentiel humain de l'ensemble de l'Arrondissement de
Fimelaqui est susceptible de fréquenter cette structure.
Malgrél'importance stratégique du Centre de
Santé, sa position trop excentrée rend l'accès quelque
fois difficile pour les populations de la commune notamment pour les cas
d'urgence à certaines heures de la nuit.
En outre, l'urbanisation fait apparaître des eaux
stagnantes dans certains quartiers de la ville. Ces eaux
mélangées au manque d'eau potable, à la
précarité et à l'ignorance créent des
problèmes de santé à la population. La croissance
démographique caractérisée par une population jeune,
l'urbanisation accélérée avec comme corollaire la
destruction du couvert végétal et l'empiètement sur les
surfaces cultivables, les lotissements sur des zones inondables et ses
conséquences, le problème d'approvisionnement en eau potable, la
pollution des nappes ont aussi causé ou aggravé les
problèmes de santé des populations. Les maladies dites
parasitaires trouvent en ces milieux des espaces favorables à leur
épanouissement. Leur transmission devient de plus en plus importante
grâce à l'ignorance. Les maladies hydriques s'y développent
et s'y propagent rapidement. Le paludisme y est devenu une maladie
endémique et sévit plus en saison des pluies. La consommation
d'eau devient alors un danger. Ces déterminants de la santé
cumulés aux facteurs étiologiques dans cet espace en
perpétuel expansion, contribuent à accentuer les problèmes
de santé des populations de Diofior alors que la ville ne dispose que
d'une seule structure de santé.
Ainsi, l'étude géographique de notre
thème de recherche vise à analyser tous les facteurs qu'ils
soient physiques, sociaux ou financiers de l'accès des populations aux
soins de santé.
Il s'agit à cet effet de voir si les populations
accèdent facilement aux soins de santé selon les normes
définies par l'OMS. Il s'agit aussi d'étudier les politiques de
santé publiques de l'Etat du Sénégal vis-à-vis des
couches vulnérables.
Ainsi, l'étude de l'offre et du recours aux soins de
santé primaires à Diofior pose-t-elle la problématique de
la conformité des couples qualité/prix ou
coût/efficacité et qualité/quantité ? Quelle
est l'influence de l'accessibilité physique, socioéconomique,
culturelle, de la mortalité, du besoin de soins et des
différences d'accès aux soins sur l'offre et le recours aux soins
de santé primaires des populations ?
Pour ce faire, il s'agira de voir par analyse si le Centre de
Santé est en mesure de satisfaire l'essentiel des besoins de
santé des populations desservies face à la concurrence d'autres
structures de santé confessionnelles et non lucratives telles celles de
Djilass et de Thiadiaye.
1.1.4 I-3/ OBJECTIFS DE RECHERCHE
Objectif Général
L'objectif de cette étude est d'analyser la situation
de l'offre et du recours aux soins de santé primaires dans un contexte
d'extension spatiale, de croissance démographique. Il s'agira
aussid'analyser le système développé par les populations
pour apporter des solutions aux problèmes de Santé auxquels ils
sont confrontés.
Objectifs Spécifiques
Cette étude se propose comme objectifs
spécifiques de :
- Evaluer la desserte et l'accessibilité au Centre de
Santé
- Déceler les problèmes rencontrés dans
la gestion du centre de santé pour mieux connaître les
problèmes liés à l'offre et au recours aux soins de
santé primaires.
- Sur la base d'enquêtes, d'entretiens avec la
population et le personnel du centre de santé, formuler des
recommandations par rapport aux problèmes soulevés dans le but
d'aider à la prise de décision.
I-4/ HYPOTHESES
Hypothèse Générale
A Diofior, l'offre des soins de santé primaires
n'assure pas la satisfaction de la population, car n'étant pas de
qualité. Cela est à l'origine du recours faible au Centre de
Santé. Les populations se dirigent ainsi vers d'autres types d'offres de
soins à leur portée.
Hypothèses Spécifiques
- Le plateau technique et la qualité de l'accueil sont
améliorés ;
- Les structures de santé de proximité attirent
une population soucieuse de la qualité, de la quantité et du
coût des soins ;
- A Diofior, l'offre de Soins est insuffisante et pose plus un
problème de soins de qualité qued'accessibilité
physique.
- La problématique de la conformité
coût/efficacité et quantité/qualité est
résolue.
1.1.5 I-5/ APPROCHE CONCEPTUELLE
L'approche conceptuelle est une étape importante de la
recherche. Elle permet de donner plus de cohérence au travail et de
faciliter la compréhension des informations qu'il contient.
Cependant l'analyse de l'offre et du recours aux soins de
santé exige la définition de certains concepts de base en
géographie de la santé tels :
Santé : Il n'est pas aisé
de définir la santé. Les définitions diffèrent
selon le regard que l'on adopte.
La santé est « l'état de quelqu'un dont
l'organisme fonctionne normalement » (dictionnaire Larousse en cinq
volumes).
Pour le docteur Leriche (chirurgien), en 1936, « La
santé, c'est la vie dans le silence des organes».
Et selon Georges Canguilhem, la santé « C'est la
capacité de surmonter les crises ». C'est une vision dynamique de
la santé.
En 1946, pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
: « La santé est un état de complet bien-être
physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de
maladie ou d'infimité ».
Offre de Soins : c'est un
termegénérique qui couvre tous les services de santé, les
professions médicales (médecins), les auxiliaires
médicaux, les établissements de soins publiques et/ou
privés et leurs équipements (clinique, hôpital). Elle
constitue l'ensemble des moyens d'un système soins au sein d'un
système de santé et donc est tributaire du niveau de
développement de la population d'un Etat, d'une région, d'une
ville ou d'une campagne données.
Plus ou moins abondante et diversifiée, plus ou moins
bien répartie (desserte médicale, concentration/dispersion,
diffusion, centralité) plus ou moins accessible (accessibilité),
l'offre de soins est jugé être responsable de la croissance de la
demande de soins et des dépenses de santé. Elle détermine
le degré de médicalisation d'une société et traduit
sa capacité d'investissement dans le secteur de la santé.
Selon Van Lerberghe W. il est défini
comme : « unensemble des infrastructures, des ressources et des
activités mobilisées pour assurer des prestations de soins et de
services en vue de répondre aux besoins de la population ».
Il existe plusieurs caractéristiques revêtues par
l'offre de service de santé, on peut retenir :
- Les soins de santé constituent le bien offert
à la fois par des producteurs individuels ou par des entreprises multi
produits. Au sein de ces dernières, on trouve des prestations
réalisées par plusieurs catégories (médecin,
infirmier) ;
- Les soins de santé peuvent être
réalisés grâce à une technologie traditionnelle ou
technologie moderne ;
- L'offre de santé, une certaine
complémentarité : dans plusieurs milieux, on observe la
dépendance entre plusieurs prestataires ;
- Cette offre présente des externalités
positives, il en est de même pour la demande de soins de santé.
- La structure de l'offre est fortement influencée par
l'importance géographique du milieu ; compte tenu de la nature du bien
ou service et surtout de la transférabilité limitée des
consommateurs en urgence ;
- Dans la plupart des pays en développement, l'offre de
santé est rationnée. En effet, les soins de santé ont
été pendant longtemps distribués presque gratuitement
étant donné les externalités positives qui en
découlent. Cependant, toutes les études montrent que cette
gratuité revient à un rationnement indirect à cause du
temps qu'on doit mettre pour être en contact avec les praticiens et la
mauvaise qualité d'accueil dans les hôpitaux publics.
Recours aux soins : le recours aux soins
est l'appel aux services de santé et au système de soins. Il est
l'expression et la manifestation de la morbidité ressentie et
diagnostiquée. Toutefois, le recours aux soins varie en fonction de
déterminants socio-économiques, socio-sanitaires, socioculturels,
et géographiques.
Il est définit par PICHERAL (I1. 985)
comme : « l'expression et la manifestation de la
morbidité ressentie et/ou diagnostiquée qui se traduit dans la
consommation médicale. Le recours aux soins est un acte social qui est
modulé par tout un système de soins qui est la somme des moyens
matériels et humains mis à la disposition des populations par une
politique de santé ».
Système de soins :Il est
définit en 1983 par San Martin comme « l'ensemble des
activitésofficielles ou non, publiques ou privés,
cohérentes interdépendantes qui organisent (agissent) de
façon continue suivant des objectifs communs et des programmes de
manière à produire un effet total souhaitable et évaluable
dans une population donnée».
L'OMS définit le système de soins comme «
toutes les activités officielles ou non qui portent sur les services de
santé qui sont mis à la disposition de la population et sur
l'utilisation de ces services par la population».
Santé Publique :L'OMS en 1952, en
donne la définitionsuivante : « La santé
publique est la science et l'art de prévenir les maladies, de prolonger
la vie et d'améliorer la santé et la vitalité mentale et
physique des individus, par le moyen d'une action collective concerté
visant à :
1- Assainir le milieu ;
2- Lutter contre les maladies ;
3- Enseigner les règles d'hygiène
personnelle ;
4- Organiser les services médicaux et infirmiers en vue
d'un diagnostic précoce et du traitement préventif des
maladies ;
5- Mettre en oeuvre des mesures sociales propres à
assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie
compatible avec le maintien de la santé ».
Soins de Santé Primaires : Ils
ont été définis à Alma Ata commeétant
« des soins de santé essentiels », fondés sur des
interventions scientifiquement éprouvées. Ces services devaient
être rendus universellement accessibles à tous les individus et
à toutes les familles à un coût que la communauté et
le pays puissent assumer. Les soins de santé primaires devaient
comprendre huit éléments : une éducation concernant les
problèmes de santé; une nutrition adéquate; des soins de
santé maternelle et infantile; des mesures d'assainissement de base; un
approvisionnement suffisant en eau salubre; la vaccination contre les grandes
maladies infectieuses, la prévention et le contrôle des
endémies locales; le traitement des maladies et blessures courantes; et
la fourniture de médicaments essentiels.
L'accès aux soins :C'est la
capacité matérielle d'accéder aux services
desanté ; l'accessibilité aux lieux de soins en fonction du
rapport distance/temps qui devient alors un indicateur social et de
santé.
L'Initiative de Bamako : C'est un
programme d'approvisionnement et de gestionautonome des soins de santé
primaires. Les communautés à travers des comités de
santé sont chargées de commercialiser les médicaments
essentiels et les tickets de consultation. Les fonds
générés servent ainsi à financer les programmes de
santé en vue d'assurer la pérennité des actions. Mais
surtout, ce système devait permettre aux populations dont le pouvoir
d'achat est assez faible d'acquérir les médicaments plus
facilement et à des prix abordables. Le nouveau système doit de
ce fait améliorer la rentabilité des services de santé,
car la disponibilité des médicaments est un élément
essentiel de la fréquentation des structures de soins.
Accessibilité aux soins : c'est
la capacité matérielle d'accéder aux ressources sanitaires
et services de santé. Elle présente au moins deux
dimensions : matériel et social ;
1-L'accessibilité traduit la possibilité de
recourir aux prestataires de soins et n'a donc qu'une valeur potentielle
(desserte). Elle est surtout fonction du couple distant/temps, donc de la
proximité ou de l'éloignement du cabinet médical, de
l'établissement de soins et de la longueur du trajet à parcourir.
Indicateur social (inégalités) et indicateur de santé
fréquemment utilité, l'accessibilité est une condition de
l'accès aux soins mais ne détermine pas à elle seule le
recours aux soins effectifs.
2-L'accessibilité se dit aussi de la possibilité
financière de recourir à des services de santé
(couverture, assurance sociale) ou une innovation médicale (pratique,
technique, équipement, diffusion). La plus grande accessibilité
est ainsi un des objectifs premiers de tout système de santé dans
sa dimension sociale (équité).
Dans les deux cas, l'accessibilité est maintenant
considérée comme un déterminant de santé et un
éventuel facteur de risque.
Activité :en économie de
la santé, l'activité est considérée comme un outil
de gestion et d'évaluation des professions de santé, d'un
cabinet, d'un laboratoire, d'un service hospitalier, d'un établissement
de soins, dispensaire ou hôpital.
L'activité sert alors d'indicateur de santé et
se mesure par le nombre absolu d'actes ou d'entrée, la file active ou
sous forme d'indices : actes par praticien, durée moyenne de
séjour (DMS), coefficient d'occupation (de rotation) des lits.
...On utilisera en particulier le taux d'attraction et de
fréquentation d'un établissement pour mesurer son champs
d'action, son territoire (espace hospitalier, espace médical, bassin de
santé).
Besoin de santé : il exprime des
carences effectives, un manque ou état nécessitant une
intervention médicale préventive ou curative : douleur,
maladie, handicap, incapacité (déficience)... Il traduit aussi la
perception d'un malaise, voire un sentiment d'inadaptation (ou mal adaptation)
et d'insatisfaction (absence ou manque de bien être).
Ressenti et exprimé, il en découle une demande
de soins (mais pas forcément un recours aux soins). Latent, muet, ou
inconnu de l'individu, de son entourage ou du service de santé, le
besoin de santé n'en est pas moins réel et ne se
révèle qu'après un diagnostic.
La satisfaction des besoins de santé individuels ou
collectifs reste un objectif théorique : son émergence
croît avec l'amélioration des niveaux de vie et l'augmentation du
niveau culturel (éducation, consommation de soins) mais aussi avec le
développement de l'offre de soins.
L'identification et la mesure des besoins de santé sont
donc complexes et se fondent sur de multiples indicateurs de santé.
Consommation médicale :c'est
l'utilisation de biens et services médicaux, marchands ou non,
proposés par le système de soins. Elle traduit les
dépenses de santé des individus et des ménages. La
consommation médicale constitue l'expression comptable de la
morbidité diagnostiquée et du recours aux soins. Sa part dans le
budget des ménages augmente avec le niveau de développement
à mesure que diminue celle de l'alimentation (« loi
d'Engels » 1853) (économie de la santé). Son volume et
sa nature varient avec des facteurs démographique (âge, sexe),
socio-économiques et socioculturels (revenu, niveau d'éducation,
chômage, comportements...) mais aussi selon le type (urbain ou rural) et
la région de résidence.
Desserte médicale :c'est la
mesure de la répartition spatiale du corps médical et
paramédical dont dispose une population ou un espace donné. Mieux
que la densité médicale, cet indicateur de santé concerne
à la fois le volume de la clientèle théorique et
médicale et exprime ainsi le niveau de médicalisation d'une
population dans un espace donné, son degré d'encadrement, et
répond mieux aux principes et objectifs de la santé
communautaire. Elle se calcule par le rapport de la population sur le nombre de
praticiens (par exemple : un médecin généraliste pour
400 habitants, une infirmière pour 300 habitants etc.).
Médecine traditionnelle : Selon
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la médecine
traditionnelle est définie comme « l'ensemble des
connaissances et pratiques, explicables ou non, utilisées pour
diagnostiquer, prévenir ou éliminer des maladies physiques,
mentales et sociales et qui peuvent se fonder exclusivement sur une
expérience et des observations passées transmises de
génération en génération, oralement ou par
écrit ».
Pour le Docteur Mamadou NGOM de l'OMS, « En Afrique,
la pratique de la médecine traditionnelle remonte aux temps
anciens ». Il ajoute « qu'elle emploie des
médicinale, alimentaires, l'eau, des pierres, des parties d'animaux, des
matières minérales, des incantations, des procédures
mystiques».
Cependant, il existe des tradipraticiens honnêtes, il
n'en existe pas moins des charlatans sans compétence aucune, qui, sans
scrupule, interviennent dans la pratique et cause plusieurs dommages aux
populations. C'est pourquoi l'OMS a mis sur pieds des critères pour
définir le vrai guérisseur. Ce sont notamment la
notoriété, la sédentarité et les
résultats.
Le guérisseur : le dictionnaire
HACHETTE définit le guérisseur comme « une personne qui
traite sans avoir le titre de médecin, par les méthodes extra
médicales ». « Il peut ainsi tomber sous le coup de
la loi punissant l'exercice illégale de la médecine ».
Il transparaît dans cette définition le fait selon lequel le
guérisseur n'a pas une reconnaissance officielle. Cependant, l'OMS le
définit de façon plus précise. Pour l'OMS en effet, le
guérisseur est toute personne reconnue compétente par la
collectivité dans laquelle il vit, pour diagnostiquer, pratiquer des
soins et/ou des activités selon des techniques et méthodes se
référant aux fondements socioculturels indigènes et
concourants à la santé et au bien être physique, mental et
spirituel des membres de ladite collectivité. Le guérisseur
appartient à plusieurs catégories de professionnels :
tradithérapeutes, phytothérapeutes, ritualistes,
kinésithérapeutes, accoucheuses traditionnelles, herboristes,
médico-droguistes, etc. Quiconque ne peut donc devenir
guérisseur. Le guérisseur est formé, reconnu et à
des compétences réelles.
Itinéraire thérapeutique :
Selon Pichéral, « C'est le recours successif à
plusieurs traitements pour un même épisode morbide ». En
d'autres termes, c'est le fait de ne pas suivre un seul type de cure pour se
faire traiter mais d'en recourir à plusieurs.
Le concept d'itinéraire thérapeutique met
plutôt en évidence la succession des types de recours. Ainsi le
premier recours peut être soit la médecine traditionnelle, soit la
médecine moderne. La perception que la famille a de la maladie, et le
critère de proximité motive le premier recours. Il fait souvent
l'objet d'une délibération de la part des membres de la famille
ou du malade.
1.1.6 II/ METHODOLOGIE
1.1.7 II-1/ REVUE DOCUMENTAIRE
Si certains auteurs ont porté leurs analyses sur les
facteurs étiologiques qu'ils soient socio-économiques,
environnementaux et géographiques concourant à l'aggravation de
la morbidité, d'autres pensent que l'inefficacité des politiques
de santé caractérisée par l'insuffisance de l'offre des
soins ainsi que les difficultés à y recourir sont les principales
raisons qui rendent les populations vulnérables face à certaines
pathologies.
Gérard SALEM, dans son ouvrage
publié en 1998 et intitulé : « La
santé dans la ville : géographie d'un petit espace dense
(Pikine) affirme que : « l'insuffisance des ressources allouées au
secteur de la santé, conjuguée à un environnement naturel
souvent défavorable a conduit à une situation
épidémiologique où cohabitent à la fois les
maladies infectieuses et parasitaires typiques des pays en développement
(paludisme, tuberculose, rougeole) et les maladies dites de civilisation
typiques des pays industrialisés (maladies cardiovasculaires,
pathologies psychiatriques, maladies dégénératives,
traumatisme liés aux accidents de travail et de la circulation)».
Il ajoute dans un autre registre que : « la faiblesse du
couvert végétal, la diminution des surfaces d'infiltration ;
corollaire obligé de l'urbanisation, les densités de population,
la présence de nombreux cimetières, l'usage de fertilisants pour
les cultures périurbaines constituent autant de facteurs de risques
additionnés sur de petits espaces».
Il évoque ainsi à travers cet ouvrage les
sérieux problèmes de santé publique dus à la
croissance brutale et imprévue des villes mais aussi à l'absence
de moyens. Il montre clairement les aspects essentiels des problèmes de
santé en milieu urbain.
En outre, le Rapport sur la santé dans le monde 2007
expliquant les menaces sur la santé publique mondiale au
21ème siècle montre que : « la mobilité,
l'interdépendance, l'interconnexion extrême du monde
d'aujourd'hui, créé une multitude de conditions favorables
à la propagation rapide des maladies infectieuses, [....]. L'extension
géographique des maladies infectieuses progresse désormais
à une allure plus soutenue que jamais. »
Dans le bulletin de santé : Population
Reference Bureau on note que : « le lien entre comportement et
santé ressort d'autant plus claire lorsqu'on examine les dix principaux
facteurs de risques identifiés par l'OMS pour les décès et
les maladies évitables à l'échelle mondiale : insuffisance
pondérale de la mère et de l'enfant, pratiques sexuelles à
risques, hypertension, tabagisme, alcoolisme, insuffisance des ressources en
eau potable, services d'hygiène et d'assainissement inadéquats,
niveaux élevés de cholestérol, fumées
émanant des combustibles solides à l'intérieur des foyers,
carences en fer et indice élevé de masse corporelle (IMC) ou
surcharge pondérale. Selon l'OMS 40% des décès à
l'échelle mondiale sont attribués à l'un de ces six
facteurs. L'espérance de vie pourrait augmenter de cinq à dix ans
si ces risques pouvaient être réduits par des décisions
plus saines qu'elles soient prises par les individus, les communautés,
les systèmes de santé ou les gouvernements».
Les différents auteurs du système de
santé ont leur conception de la qualité privilégiant les
dimensions qui sont à leurs yeux essentiels. Le système de soins
inclus dans le système de santé, comprend l'offre et le recours
des soins de santé. Cependant le système de soins est
définis par PICHERAL(1984)comme : « l'organisation
des soins d'un point de vue administratif, juridique, économique, social
et spatial».
DUSSAULTetal pensent que chaque
individu a ses motivations personnelles à fréquenter une
structure de santé. Pour eux : « si on se place dans l'optique du
patient, ce sera son niveau de satisfaction personnelle. Après
l'accès géographique à la formation sanitaire, le patient
sera surtout sensible à la qualité de l'accueil et de la relation
avec le prestataire (écoute et respect), aux délais d'attente
pour obtenir rendez-vous et soins, à la qualité du cadre et
l'agrément du cabinet de consultation, au caractère
adéquat de l'information fournie ; un professionnel privilégiera
la conformité du traitement aux indications de la science
généralement admise (évidence, base de la médecine)
et aux meilleures pratiques (le regard et la vision de ces paires), les
gestionnaires seront soucieux de la conformité des soins à des
standards définis pour la prestation de services ou le
traitement».
L'accès aux soins est soumis en premier lieu aux
facteurs géographiques. La distance physique et l'organisation
socio-spatiale du système de soins peuvent constituer une contrainte ou
un avantage séparant ou rapprochant le malade du service de soins auquel
il prétend. La distance est un indicateur de la qualité de la
desserte des populations et de leur accessibilité. Selon
Pichérall'accessibilité est fonction du couple
distance/temps donc l'éloignement d'établissements de soins et de
la longueur du trajet à parcourir.
JOSEPH et PHILLIPS affirment également
que l'accessibilité de situation relève directement de la
proximité physique et peut se mesurer à l'aide d'une unité
de longueur. Certains indicateurs comme l'indicateur d'accessibilité aux
soins de santé primaires, le rayon moyen d'action (RMA) ou l'espace
médical (EM) permettent généralement de mesurer
l'accessibilité physique des structures de soins.
« Le taux d'utilisation des services sert, avec les aires
de recrutement à mesurer « l'attractivité » des
différentes structures de santé» NIANG,
(1997).
On note que beaucoup d'auteurs ont axé leurs
études sur les facteurs socioéconomiques et environnementaux et
le déficit d'infrastructures sanitaires comme contraintes majeures
à la santé des populations. Mais l'accessibilité
géographique est sans commune mesure le facteur qui influe le plus sur
la fréquentation des services de soins. La distance est l'une des
raisons qui limite l'accès aux soins. Plus la distance que doit
parcourir une population pour ses besoins de santé est grande, moins le
recours est important.
Cette contrainte que constitue la distance est perçue
par Bryant(1972)dans le recours aux soins. Des calculs qu'il a
effectués en Ouganda ont montré que « la
fréquentation des hôpitaux diminue de moitié tous les 3,2
km ».
Le recours aux soins est corrélé à la
distance. Cette dernière influence positivement ou négativement
sur l'attractivité de la structure santé. Ce que Joseph
et al(1994)affirment à en ces termes «
l'accessibilité de la structure relève directement de la
proximité physique et peut se mesurer à l'aide d'une unité
de longueur» et queArreghini(1989)confirme en ces
propos : « l'accès aux soins est soumis en premier lieu aux
facteurs géographiques». Cependant, elle seule ne commande pas le
recours aux soins. La proximité du centre de santé par rapport au
lieu d'habitat pousse la population à recourir aux soins de
santé. Mais pour des raisons financières, la population s'oriente
vers les structures de santé où les coûts de prestations
sont de moins en moins élevés voire gratuits. D'autres facteurs
comme les facteurs économiques, socioculturels, psychologiques peuvent
être un avantage ou une contrainte pour le malade à recourir
à la structure de soins.
Selon les normes de l'OMS, le recours, donc l'accès aux
soins de santé est satisfaisant si la fréquentation atteint un
taux de 70%, soit un contact de 0,7 par an et par personne.
Le taux de fréquentation étant défini
comme le rapport entre le nombre total de consultants déclarés
d'un lieu sur la population totale de ce lieu durant une période
donnée.
Même si à première vue la densité
sanitaire paraît satisfaisante, il semble que les moyens de la rendre
efficace diminuent notamment les moyens matériels. De surcroît,
l'allocation des ressources se fait de plus en plus en faveur des
hôpitaux, aussi bien en ce qui concerne le personnel que les
médicaments, les services de santé de base et les services de
prévention reçoivent une part décroissante de
médicaments et de matériel. De plus fortes disparités
caractérisent l'allocation des ressources comme le personnel.
Cependant, la pauvreté reste la source principale de
toute vulnérabilité à certaines pathologies surtout celles
liées à l'environnement. Combattre les facteurs de risques
reviendrait avant tout à combattre la pauvreté. Ce que les
auteurs manquent de signaler. Le système de santé moderne exclu
les couches pauvres de la population, par une privation de plus en plus
marquée et la cherté des consultations et des prescriptions
médicales. Ainsi des réseaux de santé parallèles se
développent comme le commerce illicite de médicaments qui
constitue une réponse sociale des catégories
défavorisées aux difficultés d'accès aux
médicaments par les voies officielles. Ce système, que les
autorités tolèrent malgré elles, semble plus conforme aux
habitudes des ménages à faibles ressources. Par la pratique de la
vente à l'unité, les familles peuvent ainsi acheter leurs
médicaments en fonction de leurs bourses, mais ce système
favorise aussi l'automédication. La ville est donc le lieu d'une
pratique dualiste de santé : la consultation au dispensaire n'excluant
pas le recours aux thérapeutes traditionnels, ou le retour au
village.
En outre, les auteurs des ouvrages consultés se sont
appesantis sur le rapport distance/coût et l'organisation spatiale du
système de soins comme contraintes à l'offre et au recours aux
soins de santé ménageant un fait très important
très pris en compte par les populations en terme des soins de
santé : le rapport qualité/quantité.
S'il est vrai que les villes concentrent l'essentiel des
ressources sanitaires (médecins, hôpitaux, plateaux techniques de
qualité) l'offre de soins y est cependant géographiquement mal
répartie et socialement peu accessible. Le recours aux soins des
citadins est mal en point en quantité et en qualité, il est d'un
mauvais rapport qualité/prix tel que finalement, le coût
économique et social des soins de santé de la maladie est
élevé en ville, pénalisant ainsi les plus pauvres. L'offre
de soins ne détermine que peu la santé d'une population et toutes
les études montrent que les plus pauvres des citadins ont un état
de santé comparable, voire plus mauvais, que les ruraux les plus
défavorisés.
Le système de soins publics sénégalais
est inefficient : il faut diversifier l'offre de soins pour améliorer la
qualité de la prise en charge. On a longtemps considéré
que l'insuffisance de l'offre des soins expliquait la mauvaise couverture
sanitaire de la population. Il s'en suivit une multiplication des structures de
soins qui finalement sont très souvent sous utilisés. Les
patients sanctionnent en fait un système de soins au mauvais rapport
qualité/prix.
Dans la vague actuelle de libéralisation à tout
va, sous les pressions de grandes agences de financement, on a encouragé
le développement du secteur privé, arguant de l'ajustement
naturel entre l'offre et la demande de soins et les bienfaits de la
concurrence. Si la multiplication et la diversification de l'offre ne
garantissent pas un meilleur accès aux soins, elles ne garantissent
davantage une meilleure qualité des soins. La multiplication
d'officines, de cabinets d'infirmiers libéraux, de l'hospitalisation
privée se fait le plus souvent sans contrôle réel des
autorités qui tardent à organiser véritablement la
libéralisation des soins.
La santé est un droit inaliénable pour tout
être humain. Claude Le Pen Président des
économistes de la santé de Paris constate que c'est un paradoxe
que services de santé et couverture médicale des « biens
» de première nécessité, obéissent à la
loi des biens de luxe : plus on est riche, plus on en consomme !
La santé est un droit fondamental et un investissement
social. C'est pour cela qu'elle doit être prise en compte dans toutes les
stratégies de développement.
C'est ce même constat qu'on trouve dans un extrait de la
charte d'Ottawa de Novembre 1986 parrainée par l'OMS qui stipule que :
« La bonne santé est une source majeure pour le
développement social, économique et individuel et une importante
dimension de la qualité de vie. Divers facteurs économiques,
sociaux, culturels, environnementaux, comportementaux et biologiques-peuvent
tous la favoriser ou au contraire lui porter atteinte. La promotion de la
santé à précisément pour but de créer,
grâce à un effort de sensibilisation, les conditions favorables
indispensables à l'épanouissement de la santé.
L'effort de promotion de la santé vise à
l'équité en matière de santé. Le but est de
réduire les écarts actuels dans l'état de santé et
de donner à tous les individus les moyens et les occasions voulus pour
réaliser pleinement leur potentiel de santé. Cela suppose
notamment que ceux-ci puissent s'appuyer sur un environnement favorable, aient
accès à l'information, possèdent dans la vie les aptitudes
nécessaires pour faire des choix judicieux en matière de
santé et sachent tirer profit des occasions qui leurs sont offertes
d'adopter une vie saine.»
Auparavant la santé était
considérée comme étant l'état contraire à la
maladie. S'occuper à l'accès à la santé revenait
à lutter contre les maladies. Avec la définition de l'OMS la
prévention et les soins ne sont pas les seuls moyens au service de la
santé, il y a aussi les lois, les règlements, les orientations
politiques en environnement, aménagement du territoire. La santé
de la population devient une responsabilité collective. La santé
est un phénomène individuel et social. Les problèmes
d'accessibilité sociale freinent l'accès aux soins. Le recours
aux soins est d'abord fonction de la représentation que vous avez de la
maladie et la représentation de la maladie détermine le recours
aux soins.
Les soins de santé sont essentiels et doivent
être universellement accessibles à tous les individus et à
toutes les familles de la communauté par des moyens qui leur sont
acceptables avec leur pleine participation et à un coût abordable
pour la communauté et le pays.
A Alma-Ata la stratégie des soins de santé
primaires comprenait des actions médicales directes (vaccination contre
les grandes endémies infectieuses : diphtérie, coqueluche,
tétanos, rougeole, poliomyélite et la tuberculose ;
prévention et contrôle des maladies parasitaires par
élimination des vecteurs au niveau communautaire ; fourniture des
médicaments essentiels : soins prénataux ; assistance à
l'accouchement), des actions dans le domaine de la nutrition (promotion de
bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles) et des actions plus
indirectes, qui relèvent du domaine social global plutôt que
spécifiquement de la santé (éducation des populations en
matière de santé, d'hygiène et de prévention des
maladies ; approvisionnement en eau potable et assainissement du milieu ;
planification familiale). Les soins de santé qu'ils soient primaires ou
secondaires deviennent alors essentiels en milieu rural comme urbain d'autant
plus qu'ils prennent en charge des pathologies sévissant dans la
campagne et dans la ville.
Le paludisme constitue dans notre zone d'étude l'une
des principales causes de morbidité et de mortalité. Les
moustiques trouvent des espaces favorables à leur épanouissement
et à leur transmission.
En outre,Diofior connaît un problème
d'approvisionnement en eau potable. Pour parer à ceci les populations
utilisent l'eau des puits traditionnels. Les procédés techniques
de rendre cette eau potable n'étant pas totalement
maîtrisées, sa consommation dont son approvisionnement ne s'est
pas fait dans les règles d'hygiène engendre des risques de
contamination chimiques et bactériologiques (maladies gastriques, des
voies urinaires, parasitoses...) et est donc sources de problèmes de
santé.
Quant à la malnutrition, «sa question pose
l'épineux problème à une alimentation
équilibrée dans une société où la
rareté des ressources ne permet pas toujours de satisfaire l'essentiel
des besoins alimentaires de la population»TINE,
(1999).
Les pathologies traditionnelles telles que la malnutrition,
les maladies infectieuses liée à la pauvreté, à
l'ignorance, à l'insalubrité, affaiblissent l'organisme qui est
exposé à toutes sortes de maladies mêmes les plus
bénignes. Elles sont souvent mortelles. Ce que confirme ERIK
(1979) en ces termes : « là où règne la
sous-alimentation, les maladies infectieuses et la mortalité sont
courantes»
Les ouvrages consultés ont tous montré
l'importance des ressources économiques dans l'accès aux soins de
santé. Ils ont dans la même lancée souligné tous les
facteurs de risques qui concourent à l'apparition de pathologies qui
gangrènent la vie des populations ainsi que les causes
d'inégalités aux soins tels que les facteurs socioculturels,
géographiques, etc.
1.1.8 II-2/ COLLECTE DES DONNEES:
Elle s'est faite à plusieurs niveaux compte tenu de la
qualité de l'information attendue.
Ainsi nous avons procédé à :
-La collecte des données au niveau de
l'état civil ;
Cette collecte nous a permis d'avoir l'effectif de la
population de Diofior, son évolution et ses mouvements, le nombre de
décès enregistrés et le nombre de naissances
déclarées par année. Elle nous a permis aussi d'avoir la
répartition de la population par âge, par sexe et par lieu de
résidence.
- La collecte des données au niveau du poste de
santé de Diofior ;
Ce fait ànécessité la consultation de
tous les registres du Centre de Santé (registre de consultations,
d'hospitalisations...). Ce qui nous a permis d'avoir une idée
quantitative sur l'effectif de consultants global, la répartition de
l'effectif de consultants par âge, par quartier, le nombre de malades
hospitalisés...), ainsi que le taux de fréquentation du Centre de
Santé pour pouvoir élaborer un profil sanitaire de la
population.
- L'enquête auprès de la
population ;
Il s'est agi de constituer un questionnaire socio-sanitaire
porté sur un échantillon d'individus pris au hasard. Ce travail a
consisté à l'analyse de l'attitude de la population face à
la structure de soins de santé et sur la qualité de ses soins en
tenant compte des quartiers et des problèmes spécifiques à
chaque quartier. Ce questionnaire socio-sanitaire a porté sur 100
personnes prises au hasard. Sur les11 766 habitants que compte la commune de
Diofior, nous avons pris un échantillon de 100 personnes ce qui
représente environ 0,5% de l'effectif de la population totale.
Les opinions des populations sont aussi recueillies pour une
meilleure utilisation du système de soins.
1.1.9 II-3/ TRAITEMENT DES DONNEES
Le traitement des données consiste à
étudier et à classer les données par ordre d'importance
pour une exploitation facile de l'information. Ainsi, nous sommes parvenus
à déceler les imperfections du système de soins de
santé primaires et trouver des solutions pour réduire au mieux le
taux de morbidité et promouvoir l'accès facile à tous les
citoyens de la commune aux Soins Santé quel que soit leur niveau de
vie.
PREMIERE PARTIE
LA COMMUNE DE DIOFIOR
Carte 1 : Situation
géographique de la commune de Diofior
Administrativement, la commune de Diofiorrelève du
département de Fatick et de la région du même nom.
Avec l'avènement de la régionalisation,
l'année 1996 a marqué des progrès significatifs dans le
processus de décentralisation au Sénégal avec l'adoption
des nouveaux textes de lois.
L'objectif de la réforme était de donner un
pouvoir de décision plus large aux organes des collectivités
locales pour le développement de leur zone à partir d'une
planification participative qui permettrait d'identifier les besoins et les
contraintes des populations et de proposer des solutions sous forme de plans
d'action.C'est pourquoi, depuis février 2009, le PRODEL, en accord et
conjointement avec l'ARD et les services techniques déconcentrés,
appuie des processus pilotes d'élaboration du Plan d'Investissement
Communal (PIC) au niveau de quelques communes de la région de Fatick
dont Diofior.
Ainsi, à l'aide du récent Plan Local de
Développement élaboré au sein de la mairie, et du Plan
d'Investissement Communal (PIC) rédigé par le PRODDEL, des
entretiens auprès des personnes ressources mais aussi des observations
de terrain, nous avons pu faire une présentation sommaire de la commune
de Diofior. Cela nous a permis d'avoir une meilleure compréhension du
contexte du maillage de l'offre et du recours aux soins de santé.
2 CHAPITRE I :
PROCESSUS D'OCCUPATION DEL'ESPACE
L'histoire de Diofior est indissociable de celle de
Faoye. En effet, les habitants
de la localité sont originaires de ce village très ancien dont
l'origine remonte à l'arrivée des migrants
mandingues, selon le
père
Henry Gravrand dans
Coosan, dans la zone qui sera le territoire du futur
Royaume du Sine. Le
village de Faoye est donc la matrice qui a vu naître de ses flancs
plusieurs localités dont Diofior.
2.1.1 I-1/ HISTORIQUE
Il est difficile d'avancer une date exacte pour situer dans le
temps la fondation de Diofior car les sources sont essentiellement orales,
souvent divergentes et potentiellement subjectives. Toutefois, un recoupement
des sources nous permet d'avancer qu'il y a eu des vagues successives
d'installations dans les territoires proches du site actuel (Thiabourane,
Mbamna...) avant la fixation définitive sur le périmètre
qui représente le territoire de la commune de Diofior. Nous pouvons
également retenir que l'histoire de la fondation de Diofior est sans
doute liée à l'implantation du pionnier NDiomboThiang, originaire
de Faoye, en quête de terres cultivables compte tenu de la pression
foncière dans sa localité d'origine. Outre la quête absolue
de terres, cette installation semble être motivée par la
volonté de se réapproprier les terres qui appartinrent à
son ancêtre mythique NdongoNiane dont le
sanctuaire du
Pangool se trouve à l'entrée de la commune.
Dans les années 1920, à la faveur de
l'instauration définitive de l'ordre colonial, du développement
de l'agriculture et de la très forte croissance démographique, le
petit village de Diofior va connaître un développement fulgurant.
Sur le plan administratif, les réformes territoriales de
l'administration coloniale (1925) feront de l'ancien village de la province du
Khirena (province du royaume du Sine) une composante du canton de
Ndangane. En 1972, le
village de Diofior sera érigé en chef-lieu de communauté
rurale et en 1990, il devient une commune.
2.1.2 I-2/ DYNAMIQUE D'OCCUPATION DE L'ESPACE
Avant 1960, Diofior faisait partie du Canton de Ndangane.
A la suite de la réforme administrative de 1972 portant
la loi 72-25 du 19 Avril 1972 qui a constitué les communautés
rurales, Diofior devient alors chef-lieu de communauté rurale tout en
portant ce nom. Elle regroupait les villages suivants : Faoye, Djilass,
SoudianeDimlé, SoudianeThiéléme et Soudiane Bala,
Ndimbiding, Sorobougou, Soumbel et Diofior lui-même.
Par décret 90-1135 du 08 Octobre 1990, le village de
Diofior est érigé en commune. Le siège de la
communauté rurale est transféré à Djilass qui a
donné le nom à celle-ci.
Depuis son érection en commune en 1990, Diofior ne
cesse de s'agrandir. Traditionnellement constituée de deux
quartiers : Diongfa et Sindianeka, la commune connaît aujourd'hui
une extension spatiale telle qu'on note d'autres quartiers secondaires, faisant
ainsi naître « des quartiers dans des quartiers ».
Ainsi, dans DIONGFA, on note les sous-quartiers de
Darou, Médina,
Nimzatt et Sicap et dans celui de
SINDIANEKA il y a Garage,
Ndougue, Centre, et
Diamaguène. Ces sous quartiers se trouvent à
environ 500 à 1,5 km du premier habitat de NdiomboThiang fondateur du
village. Les deux quartiers traditionnels sont nés d'un rassemblement
ordonné par le Bour Sine CoumbaNdoffène DIOUF, de plusieurs
maisons jadis dispersées, en un seul lieu suite à une
épidémie de peste en 1925. Ces maisons réunies, ont
conservé le mode d'habitat sérère c'est-à-dire une
grande place publique au milieu des maisons et au centre de laquelle se trouve
un arbre à palabre qui est généralement un fromager ou un
Cailcédrat. Tout autour des maisons se trouvent les champs de mil
« Pompod » appartenant aux
« Yalmbines », chefs de maison, et en brousse, les champs
secondaires qui sont pour les autres membres de la famille. Ainsi, on a dans la
grande place publique traditionnelle, un grand fromager et un ensemble de
manguiers qui l'entourent et qui servent de palabres et de manifestations. Il y
a aussi une autre place publique moins ancienne mais plus étendue
appelée « Ngarigne na », le Cailcédrat, qui
fait, elle aussi, office des grandes manifestations et d'autres
activités traditionnelles.
Avec l'urbanisation, ce mode d'habitation traditionnel a
disparu, mais quelques stigmates de la vie traditionnelle persistent.
L'essor économique de Diofior, basé sur le
développement de certaines activités ainsi que l'apport de ses
cadres installés à l'intérieur comme à
l'extérieur du pays à fortement contribué à la
modification de l'habitat traditionnel. Ainsi, en dehors de quelques
concessions encore en mode traditionnel avec des palissades et des cases en
pailles, les constructions en durs sont les plus en vue. On y retrouve des
maisons très bien construites qui donnent l'image même d'une
grande ville à la commune. Cette explication trouve bien son
illustration, car les concessions à plus de 90% sont en dur (ciment).
Mais ces toitures sont en matériaux durs (mur en
brique, en ardoise, tuile ou zinc, toits, tôles ou en dalles soit (80%)
et (10%) en béton.
Ces dernières années, avec l'allure du
phénomène d'urbanisation de la commune, avoir une parcelle de
terre à usage d'habitation par demande adressée à la
mairie devient un véritable casse-tête. La commune a quasiment
épuisé ses terres. Il existerait plus de deux mille demandes de
parcelles qui attendent d'être attribuées.
La commune ayant épuisé ses terres
négocie avec la Communauté Rurale de Djilass qui la cerne au Nord
et au Sud dans ses zones habitables. En effet pour avoir une parcelle il faut
débourser une somme allant de (500) cinq cent mille à (2) deux
millions de francs.
L'électrification touche tous les quartiers de la
commune mais seules quelques parties des nouveaux quartiers n'y ont pas encore
bénéficié.
Malgré le côté traditionaliste des
populations de Diofior, ainsi que ces quelques défaillances
notées du point de vue de l'hygiène, le statut d'occupation est
régulier avec un bon lotissement. Ce fait laisse apparaître des
quartiers bien définis et des rues très larges et propres. Cette
image est le fruit d'une éducation sanitaire de la population de Diofior
instruite par une politique de soins de santé primaires. En effet les
populations avec cette culture ont gardé une commune propre, ce qui lui
a value à plusieurs reprises le rang de ville la plus propre du pays.
Après l'érection du village en commune, des
structures socio-économiques se réalisent. Ces
réalisations sont les infrastructures construites dans le domaine de la
santé, l'éducation et les autres activités pouvant
contribuer au développement de la commune.
Cependant, l'esprit d'initiative, tant prouvé dans le
passé a entrainé un développement progressive de plusieurs
activités.
3 CHAPITRE II :
SITUATION DEMOGRAPHIQUE, SOCIO-ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE
Officiellement la commune
de Diofior est constituée de deux quartiers traditionnels que
sont : Diongfa et Sindianeka.
Le périmètrecommunal couvre environ 1 050 ha et
s'étend le long et de part et d'autre de l'axe Ndiosmone-Ndagane.
Diofior reste la commune la plus grande du département de Fatick et par
delà, la région de Fatick.
3.1.1 II-1/ SITUATION DEMOGRAPHIQUE
Les appellations pour nommer Diofior sont, diverses :
village, ville et parfois même bourg rural. Cependant l'évolution
de cette collectivité rurale a donné une véritable
agglomération dans la zone de transition de la Réserve de la
Biosphère du Delta du Saloum (RBDS).
3.1.2 II-1-1/ LA POPULATION :
EVOLUTION ET REPARTITION
Selon le recensement général de la population et
de l'habitat (RGPH) de 1988 Diofior comptait 558 concessions, 648
ménages, 2645 Hommes, 2803 Femmes pour une population totale de 5448
habitants. En 2002, la commune de Diofior comptait 740 concessions, 957
ménages, 4408 Hommes, 4477 Femmes pour une population totale de 8885
habitants soit une augmentation de 3437 habitants. Les estimations pour
l'année 2009 du service régional de la statistique et de la
démographie se chiffrent à 11583 habitants répartis en 749
concessions et 951 ménages.
Le taux d'accroissement annuel entre 2002 et 2009 est de 5,1.
Cela démontre qu'au-delà de l'accroissement naturel, il y a un
afflux de populations dû à la fonction de centre administratif et
économique de la commune.
On retiendra pour Diofior d'autres données
démographiques. On estime en 2011 cette population
résidente à 12 000 habitants, répartis en 950
ménages ; l'accroissement annuel est de l'ordre de 3% ;
55% à 60% de la population a moins de 26 ans ; le taux de
fécondité est presque de 5 enfants par femme ; on
compte 2850 enfants entre 0 et 5ans. Ce qui démontre de la jeunesse de
la population. Une partie importante de la population jeune s'expatrie
temporairement ou de façon définitive sur DAKAR en raison de
l'absence à Diofior même d'activités
rémunératrices.
Cependant pour plus de fiabilité, nous avons
décidé de travailler avec les données des estimations pour
l'année 2009 du Service Régional de la Statistique et de la
Démographie qui se chiffrent à 11 766 habitants répartis
en 749 concessions et 951 ménages.
Carte 2 : Carte de la
Commune de Diofior
Tableau 1: Effectif par
sexe du recensement de la population
Nom du quartier/village rattaché
|
Nombre de concessions
|
Nombre de ménages
|
Pop. masculine
|
Pop. Féminine
|
Ensemble
|
%
|
Darou
|
71
|
100
|
592
|
600
|
1 192
|
10
|
Nimzatt
|
121
|
121
|
708
|
717
|
1 425
|
12
|
Médina
|
44
|
44
|
204
|
206
|
410
|
3
|
Sicap
|
76
|
159
|
939
|
950
|
1 889
|
16
|
Garage
|
227
|
250
|
1 785
|
1 806
|
3 591
|
31
|
Ndougue
|
125
|
148
|
803
|
813
|
1 616
|
14
|
Centre
|
85
|
129
|
817
|
826
|
1 643
|
14
|
Total
|
749
|
951
|
5 848
|
5 918
|
11 766
|
100
|
Sources : PIC Mars 2010
Sur les 749 concessions recensées, la commune compte
951 ménages et une population de 11 766 habitants en 2009, soit une
moyenne de 12 personnes par ménage. Le quartier de Garage enregistre 31%
de la population communale, suivi de Sicap 16% puis des quartiers de Ndougue et
de Centre avec 14% chacun.
3.1.3 II-1-2/ CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES
L'étude démographique de Diofior montre que la
population est constituée à presque 99% de musulmans. En effet,
ce constat se confirme, que même les données recueillies sur le
terrain, révèlent une très nette domination des
Sérères qui constituent 99,5% des ménages
interrogés.
De ce fait, parmi ces Sérères, il y a peu de
castes, et le 0,5% représente les Wolofs ainsi que les Diolas venus
s'implanter récemment.
Corrélativement, nous dirons donc, que plus de la
moitié de ces mêmes carrés sont des Tidianes contre peu de
mourides. Il convient de signaler que dans ces ménages mêmes, le
Tidianisme n'est pas partagé par tous les membres de la famille. En
effet, d'après les enquêtes, nous avons constaté que cette
situation a été provoquée par le fait que, certains jeunes
fortement influencés par leur voyage vers les autres régions,
aspiraient plutôt au mouridisme. On peut aussi noter que la
présence des Baol-Baol qui ont monopolisé le commerce a beaucoup
participé à la propagation de l'idéologie mouride.
Par ailleurs, un aperçu de la répartition par
sexe de la population de Diofior montre une nette domination des femmes avec 5
918 contre 5 848 hommes.
Le sexe masculin ne domine que dans les tranches 30-35 ans. En
effet, cette domination féminine est plus accrue chez les personnes
d'âge avancé ; où les femmes s'y trouvent avec plus de
60% de la population villageoise. A cet égard, deux situations
méritent une attention particulière.
D'abord, la population de Diofior est
caractérisée par une forte jeunesse (-35ans) ; ces jeunes
occupent 65% de la population.
Mais cette jeunesse est lourdement frappée par
l'émigration rurale surtout la tranche d'âge 25-35 ans. A
travers cet exode massif, les jeunes participent à
l'épanouissement de leur famille et le développement de la
commune.
Ainsi la majorité des jeunes qui quittent la commune
s'installe à Dakar, d'autres dans les villes secondaires.
Cet exode est causé par le manque d'activités
génératrices de revenus dans la commune autre que le commerce. La
principale activité étant l'agriculture, il faut attendre
généralement la deuxième pluie pour voir certains jeunes
revenir afin d'assurer les trois mois de l'hivernage pour ensuite repartir.
La population du troisième âge représente
plus de 10% de la population totale. Leur importance témoigne d'une
espérance de vie supérieure à la moyenne nationale.
Néanmoins, la commune se développe avec la prolifération
de ses constructions en dures ainsi que son extension spatiale.
3.1.4 II-1-3/ SITUATION MATRIMONIALE ET
ORGANISATION TRADITIONNELLE
Diofior conserve l'un des taux de nuptialité les plus
élevés du département. On peut compter jusqu'à 12
mariages dans la semaine en saison sèche approximativement de la fin des
récoltes au début de l'hivernage.La situation matrimoniale des
chefs de ménages joue un grand rôle dans la conservation de la
famille et de l'organisation traditionnelle du village par le choix des
alliances. La polygamie y est répandue mais tend à la baisse du
fait des difficultés économiques.
L'expansion de la polygamie résulte d'une part de la
religion musulmane dominante à presque 100%, permet aux hommes d'avoir
jusqu'à quatre femmes et d'autre part les pratiques socioculturelles
permises aussi par l'Islam tel que le sororat et le lévirat. Ces
pratiques tiennent à éviter la dislocation de la famille du
défunt ou de la défunte car à Diofior, tout le monde est
parent puisqu'ils sont issus du même ancêtre et viennent de la
même localité qu'est Faoye. De ce fait, le choix des alliances
dépend des lignées maternelles appelées « o
tim » en sérère qui sont très respectées
dans le village.
Ainsi, on constate que plus de 90% des mariages sont
endogames, témoignant de la forte solidarité qui animent les
habitants mais aussi du désir de conservation des liens parentaux
laissés par les ancêtres. Cette solidarité est plus visible
lors d'évènements comme les mariages, les baptêmes mais
surtout les décès. Dans ces cas de figure, la personne
concernée bénéficie d'une assistance de la
communauté toute entière et plus spécifiquement de sa
lignée qui est la membrane qui lui est plus proche.
Fidèles à leurs us et coutumes mais aussi
fervents pratiquants de l'islam, les diofiorois ont réussi à
conserver leur originalité sérère tout en s'ouvrant au
reste du pays et du monde. En somme, l'organisation traditionnelle de Diofior,
des systèmes de filiations et de lignages, est un bel exemple
d'éducation pour la jeune génération d'autant plus qu'elle
incarne l'enracinement et l'ouverture.
3.1.5 II-1-4/ REPARTITION ETHNIQUE ET
SOCIALE
A Diofior, la culture et la religion occupent une place
déterminante dans la vie des habitants. Les sérères
dominent à plus de 99% de la population, mais à
l'intérieur de ce groupe dominant, on y trouve des griots des forgerons
mais aussi des bucherons qui sont des allochtones venus s'installer dans la
commune. Les autochtones étant des « guers » des
descendants des Guéléwar du Sine. Quant au reste de la population
(-1%), constitué de Wolofs, de Diolas ils vivent avec les
sérères en symbiose, en parfaite harmonie et dans le respect
mutuel des coutumes, des moeurs et des valeurs intrinsèques propres
à chaque groupe.
3.1.6 II-2/ SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE
ET ENVIRONNEMENTALE
Le plan de
développement urbain de la commune de Diofior laisse apparaître
une urbanisation contrôlée. Les rues et les voiriessont
rectilignes et spacieuses. Tous les quartiers sont accessibles à
véhicule.
Cependant, les inondations
dans certains quartiers durant l'hivernage 2013 ont créé un
refoulement de la nappe phréatique. Ce phénomène est
perceptible au marché hebdomadaire, au terrain de football ainsi que
dans certains quartiers tels Ndougue, Garage, Centre.
3.1.7 II-2-1/ LES ASC, GIE ET
ASSOCIATIONS ET DEVELOPPEMENT
L'analyse des données relatives aux organisations
à partir des statistiques fournies par les Services Municipaux mais
aussi à partir de l'exploitation des fiches de collecte
administrées par les animateurs urbains, relève une forte
dynamique au niveau de la commune de Diofior. En effet, on note l'existence de
plusieurs types d'organisations dont :
- 32 organisations de jeunes allant des ASC aux troupes
folkloriques en passant par le
conseil communal de la jeunesse, les Ecuries et les
Comités d'Organisation de Lutte traditionnelle, les antennes des
Eclaireurs et des Eclaireuses du Sénégal ainsi que la Croix
Rouge, les Club de Basket et d'arts martiaux ;
- 15 organisations de femmes composées des structures
fédératives telles que la Cellule
FAFS (10 Associations), l'Union locale des GPF (22
groupements), l'Entente Muj Mos des GPF (36 groupements), l'Union pour le
Reboisement (42 groupements), le Réseau des Femmes Rurales (05
organisations). Le reste des organisations de femmes est composé
d'organisations socioprofessionnelles (éducation, teinture, mannequinat,
commerce, restauration, couture) ;
- 26 autres organisations sont recensées parmi
lesquelles le Comité de Santé, l'ASUFOR,
Coopératives Agricoles, les APE, des organisations
à orientation de développement dont la FIOD, le COFISC, le COGIV,
YOUNGAR, CARAF et le Cadre de Réflexion pour le Développement des
Initiatives dans le Terroir (CREDIT), ainsi que d'autres d'obédience
religieuse (les dahiras), à orientation économique (GIE) et enfin
à orientation culturelle (Fans Club). On peut citer dans ce registre,
les Comités de Gestion, l'Association des Personnes du Troisième
Age, etc.
- 04 Associations de Ressortissants de Diofior dont 02
à Dakar, une aux Emirats Arabes
Unis et une en France.
Cette densité organisationnelle est source de
stabilité, de cohésion et d'identité sociale. C'est dire
que les populations ont une forte propension à l'adhésion aux
organisations sociales et cela constitue un élément important
pour l'impulsion local endogène.
3.1.8 II-2-2/ LES
PROBLEMES SOCIAUX
L'implication des forces vives de la commune au
développement de la cité est une caractéristique de
Diofior qui ne date pas d'aujourd'hui, car avant d'être
érigée en commune, il était l'un des villages les plus
dynamiques du pays.
Face à cette situation favorable, il n'en demeure pas
moins que la commune est confrontée à des problèmes de
financement du développement local. Même si au cours des
décennies dernières, les programmes comme l'Agence de
Développement Municipal, le PADELU et le Programme Spécial
Indépendance 2005 ont permis la mise en place d'importantes
infrastructures, la commune doit régler des problèmes aussi aigus
liés à l'assainissement, à l'électrification,
à l'adduction d'eau potable, à la viabilisation des terres
habitables.
L'agriculture pluviale qui constitue l'activité
économique dominante qui occupe la quasi-totalité de la
population active, rencontre un lourd handicap lié à :
ü la perte de fertilité des sols pour la culture
du mil et de l'arachide ;
ü l'avancée des eaux salées dans les
rizières ;
ü l'exposition du périmètre maraîcher
à la divagation des animaux, la restriction des zones
de cultures périphériques loties par la
Communauté Rurale de Djilass pour usage d'habitation ;
ü difficultés d'approvisionnement en eau pour le
périmètre maraîcher ;
ü mauvaise qualité des semences
distribuées.
L'élevage rencontre aussi des contraintes que
sont :
ü la connaissance illimitée en techniques modernes
de stabulation ;
ü insuffisance de points d'abreuvement.
Le développement du commerce est gangréné
par :
ü un marché non fréquenté par les
commerçants et les vendeurs ;
ü l'insalubrité du marché ;
ü la faible capacité financière de
celui-ci.
Quant à l'artisanat les difficultés
rencontrées sont :
ü l'insuffisance des connaissances et de la
maîtrise des activités ;
ü l'absence de débouché ou de marché
pour les produits ;
ü l'accès difficile aux moyens de production.
Il faut noter aussi que les populations rencontrent un
véritable problème d'eau potable suite à une forte
présence de sel et de fluor à des taux élevés et
supérieurs aux normes de l'OMS. Cette situation oblige les populations
à s'approvisionner à partir des puits traditionnels forés
dans les maisons et à la périphérie du village au
détriment de l'eau du forage utilisée pour d'autres besoins
domestiques.
A cela s'ajoute le problème d'assainissement. La
commune rencontre d'énormes problèmes d'évacuation de ses
eaux de pluies, des ordures ménagères et des eaux
usées.
Le réseau électrique est bien existant mais
l'éclairage public fait défaut dans certains quartiers de la
commune surtout les plus récents.
4 CHAPITRE
III : LES SERVICESSOCIAUX DE BASE
La population de Diofior, qui était essentiellement
constituée d'agro-pasteurs et de pêcheurs, connaît
actuellement une mutation socio-économique profonde. En effet, la
pression foncière occasionnée par l'explosion
démographique et la salinisation des terres a considérablement
réduit les superficies cultivables. Cette situation est
accompagnée par de profondes mutations socio-économiques dues
à une diversification des activités. L'extension du réseau
électrique a entraîné des externalités positives
avec le développement de nombreuses activités de commerces et
d'artisanat.
III-1/ ACCES A L'EDUCATION, A L'EMPLOIET AUX SERVICES
SOCIAUX DE BASE
Avec la forte croissance démographique et
l'édification de nombreux établissements scolaires, la commune
connaît d'année en année de nouveaux flux de populations et
le développement croissant du commerce et des services.
4.1.1 III-1-1/
L'EDUCATION : LES INFRASTRUCTURES SCOLAIRES
La carte scolaire présente une bonne répartition
des infrastructures scolaires dans les différents quartiers de la
commune.
Au regard de ces statistiques importantes, il ressort que la
commune de Diofior est bien dotée sur le plan éducatif avec la
possibilité pour les élèves de faire un cycle complet
allant du préscolaire au lycée.
Le processus de création de ces infrastructures s'est
fait en trois grandes étapes :
- Première création 1949 (école
primaire) ;
- Deuxième étape 1980-1990 : deux
créations (école primaire et CEM) ;
- Troisième 1990-2008 : sept créations dont
01 Case des Tout Petits, 04 écoles primaires, 01 CEM et 01
Lycée.
Au regard de cette évolution, on note que la plus
grande partie des réalisations a été faite après
l'érection de Diofior en commune, soit à partir de 1990. A
l'heure actuelle, il convient de signaler que la commune polarise les
Communautés Rurales de Djilass, LoulSessène et l'ensemble des
localités de l'hinterland soit pour l'accès au cycle moyen (CEM),
soit pour l'accès au lycée. Cette richesse de la carte scolaire a
permis de renforcer la scolarisation des jeunes surtout celle des filles
notamment pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) en matière d'éducation et de faire de
la commune de Diofior l'une des localités les plus scolarisées de
la région et par-delà du Sénégal.
4.1.2 III-1-2/ LES
SERVICES FINANCIERS
On note dans la commune de Diofior l'existence et
l'établissement de plusieurs structures de financement.
Elles offrent des services financiers de proximité tels
que l'épargne et le crédit pour le soutien des activités
productives, notamment l'agriculture, l'élevage et le petit commerce
exercé pour l'essentiel par les femmes.
En effet, c'est un système financier assez dense qui
accompagne le développement de la commune dans le cadre de la
mobilisation des ressources pour la mise en oeuvre des projets et
opportunités de développement.
4.1.3 III-1-3/
L'ACCES A L'EAU POTABLE ET A L'ASSAINISSEMENT
La croissance démographique galopante ainsi que
l'habitat spontané et irrégulier ont entrainé, au fil des
années, l'augmentation vertigineuse de la demande en eau potable.
Diofior connait un véritable problème
d'approvisionnement en eau potable. Pour parer à ceci les populations
utilisent l'eau des puits traditionnels. Les procédés techniques
de rendre cette eau potable n'étant pas totalement
maîtrisées, sa consommation dont son approvisionnement ne s'est
pas fait dans les règles d'hygiène engendre des risques de
contamination chimiques et bactériologiques (maladies gastriques, des
voies urinaires, parasitoses...) et est donc sources de problèmes de
santé.
La propreté joue un rôle considérable pour
les populations de Diofior, on peut noter que plus de 90%, des habitants
disposent de toilettes collectives et 80% utilisent des fosses septiques.
L'usage de ces fosses et l'absence de moyens contraint certaines personnes
à enfouir les produits de vidange à proximité des maisons.
Egalement des ordures ménagères et d'autres déchets
solides sont déversées en quantité dans la zone de tanne,
au nord, sur la route de Soudiane près des habitations, sans se soucier
des multiples dangers qu'elles peuvent provoquer pour la santé et,
surtout des enfants qui sont les plus exposés.
En outre, il n'existe pas dans la commune un réseau
d'évacuation des eaux de pluie ni de système de gestion des
ordures ménagères. Aussi des dépôts sauvages
d'ordures ménagères sont enregistrés dans les quartiers de
Darou,Nimzat et Médina.
Pour les eaux usées, la population utilise des latrines
fixes pour la plupart ou des fosses septiques individuelles. Il n'existe que 03
édicules publics au niveau de la grande mosquée, du foyer des
jeunes et du marché. Pour l'évacuation des eaux issues des
latrines, les populations font appel aux camions de vidange de Fatick et
même de Mbour.
Pour les eaux pluviales, seuls les exutoires naturels
situés surtout à l'Est de la ville évacuent les eaux vers
les bas-fonds situés en dehors de la commune. A l'intérieur de la
commune par contre, se forment des stagnations d'eau qui, faute d'exutoire,
peuvent rester longtemps créant ainsi un problème de
santé. Ce phénomène est surtout noté au quartier
Centre.
Un important phénomène de ravinement est
noté dans les quartiers de Centre, Diamagueune, Ndougue et Garage en
période d'hivernage avec le ruissellement des eaux de pluies. Mais cette
situation provoque des nuisances sur la santé des populations et porte
gravement atteinte à l'environnement.
Ainsi, pour faire face aux conséquences sanitaires
pouvant résulter de cette situation alarmante, la commune de Diofior se
dote d'un centre de santé moderne construit dans le quartier de Darou en
1993 avec le concours de l'ONG EEDS (Eclaireurs et Eclaireuses Du
Sénégal) et de son homologue basée en Finlande. Il s'agit
d'une infrastructure extrêmement importante du fait qu'elle est la seule
du genre existante dans la zone et constitue avec le centre de santé de
Fatick, les plus grandes structures sanitaires du département. Sous ce
rapport elle exerce une polarisation totale de l'ensemble de l'hinterland pour
l'offre de soins de santé en termes de traitement, de suivi et
d'hospitalisation.
- Son personnel est en deçà de la norme OMS qui
est de un médecin pour 10 000 habitants
si l'on considère le potentiel humain de l'ensemble de
l'Arrondissement qui est susceptible de fréquenter cette structure.
Cependant, malgré l'importance stratégique du
Centre de Santé, sa position trop excentrée rend l'accès
quelque fois difficile pour les populations de la commune notamment pour les
cas d'urgence à certaines heures de la nuit. Ainsi la réalisation
d'une autre structure de relais dans l'un des quartiers situés au centre
et à l'entrée permettrait de rapprocher davantage l'offre de
santé des populations pour une première prise en charge.
L'autre infrastructure qu'il convient de citer dans le domaine
de la santé est le centre relais de la médecine traditionnelle
(Malango) eu égard à l'importance que les populations accordent
à la médecine traditionnelle. En effet, elle est souvent une
alternative au coût souvent élevé pour l'accès aux
soins modernes. D'autre part cette médecine fait partie du vécu
des populations et, sous ce rapport on peut contribuer à une meilleure
satisfaction des besoins sanitaires si son exercice est
contrôlé.
La commune dispose également d'une mutuelle de
santé qui compte plus de deux cent membres. Cette structure est aussi
importante dans le dispositif de santé puisqu'elle facilite la prise en
charge communautaire des besoins de santé.
Dans le domaine de l'action sociale, le Centre de Promotion et
de Réinsertion Sociale mène des activités d'appui et
d'assistance aux populations les plus démunies. La commune s'appuie sur
cette structure pour mener des actions de soutien aux groupes
vulnérables.
DEUXIEME PARTIE :
GEOGRAPHIE DE L'OFFRE DE SOINS
DEUXIEME PARTIE :GEOGRAPHIE DE L'OFFRE DE
SOINS
5 INTRODUCTION
PARTIELLE
L'étude de l'organisation du système de soins
à travers l'offre publique en services et en personnels sanitaires mais
aussi à travers les autres types d'offre de soins nous a permis
d'évaluer l'allocation des ressources sanitaires à Diofior. Pour
ce faire, nous avons étudié la desserte en soins de santé
publics, l'accessibilité à ces soins et les autres services de
soins existants. Cela nous a permis de voir si les ressources en soins de
santé sont suffisantes dans la commune et si elles sont accessibles
à toutes les couches sociales d'autant plus que notre étude porte
sur une commune rurale.
Carte 3: Carte des
infrastructures de santé de Diofior
6 CHAPITRE I :
L'OFFRE DE SOINS PUBLIQUE
L'étude de l'offre en soins de santé à
Diofior nous a permis d'apprécier l'accès des populations au
Centre de Santé. Pour vérifier si Diofior dispose d'une
couverture sanitaire suffisante, nous avons examiné la desserte suivant
deux volets : celui relatif au centre de santé et celui concernant
le personnel médical. On a pu évaluer la couverture sanitaire
dans la zone à travers des indicateurs comme le ratio population/centre
de santé et le ratio population/personnel sanitaire.
6.1.1 I-1/ LA
DESSERTE EN INFRASTRUCTURES ET EN PERSONNELDE SANTE
Pour mieux voir la situation en infrastructures sanitaires
à Diofior, il est intéressant de présenter la situation
globale du District.
L'étude de la répartition des infrastructures
sanitaires montre que le District abrite douze (12) postes de santé
complets, vingt et trois (23) Cases de santé, trois (3) Dispensaires
Privés Catholiques, un (1) Poste de santé privé. La
commune de Diofior qui nous concerne abrite le Centre de Santé.
Elle dispose d'un Centre de Santé qui desserve une
population estimée à 85 495 habitants en 2012. Cela nous
donne en moyenne le ratio d'un poste de santé pour 7125 habitants. Ce
chiffre respecte les normes de l'OMS car inférieur à 10 000
habitants. Reste à savoir si les structures disposent de ressources
suffisantes pouvant répondre aux besoins des populations.
Tableau 2: Desserte en personnel de santé au
Centre de Santé de Diofior
CS DIOFIOR
|
Complétude
|
Normes ajustées
|
Etat des lieux (déc 2012)
|
|
Besoins actuels
|
Médecin
|
OUI
|
1
|
1
|
0
|
Préparateur en pharmacie
|
NON
|
1
|
0
|
1
|
Technicien supérieur de santé
|
OUI
|
1
|
1
|
0
|
Technicien supérieur en odontologie
|
OUI
|
1
|
1
|
0
|
Techniciens d'assainissement
|
NON
|
1
|
0
|
1
|
Techniciens de maintenance
|
NON
|
1
|
0
|
1
|
Infirmier d'Etat
|
NON
|
7
|
3
|
6
|
Agent d'hygiène
|
OUI
|
3
|
3
|
0
|
Sage femme d'Etat
|
NON
|
3
|
3
|
1
|
Assistant infirmier
|
|
|
1
|
|
Agent sanitaire
|
|
|
1
|
|
Aide social
|
|
|
1
|
|
Agent préventionniste
|
|
|
2
|
|
Source : CS Diofior
Ce tableau montre un déficit de personnel eu
égard aux normes édictées par l'OMS.
Cependant, « l'évaluation globale de l'offre de soins ne
permet pas de ressortir les inégalités internes de la
zone » NIANG, (1997).Ainsi, nous avons procédé à
une analyse approfondie de la desserte dans la commune.
Tableau 3: Indice personnel soignant/population cible
du centre de santé dans la commune
Catégorie
Professionnel
|
Effectifs
|
Indice personnel soignant/population
|
Normes de l'OMS
|
Médecin
|
01
|
11766
|
10 000
|
Infirmier diplômé
|
03
|
6667
|
300
|
Sage femme d'Etat
|
03
|
1768
|
300
|
Sources : DIOUF enquêtes au CSD
2013
L'analyse de l'indice personnel soignant-population cible du
centre de santé dans la commune de Diofior montre une faiblesse de la
desserte en personnel sanitaire.En effet, un médecin dessert 11766
habitants soit un peu plus que les normes de l'OMS. De même on note un
infirmier pour 6667 habitants et une sage femme pour 1768 FAR.
La faiblesse de la couverture en personnel du centre est
apparente dans la commune. Il est ainsi difficile d'assurer des soins de
qualité à la population. Cela est d'autant plus difficile que le
personnel qualifié est rare et où le contexte
socioéconomique fait que l'Etat a tendance à recruter de moins en
moins.
Par ailleurs, à part le déficit dont souffre en
personnel de santé, celle-ci souffre aussi d'un manque de structures de
soins de santé primaires. Il n'existe aucun poste de santé au
sein de la commune alors qu'elle s'accroît du point de vue
démographique et spatial. Ceci est une préoccupation majeure des
populations de Diofior d'autant plus que le centre de santé est
implanté à la sortie, sur la route de Fimela alors que le
principal moyen de transportreste la charrette.
6.1.2 I-2/
L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE DU CENTRE DE SANTE
L'étude de l'accessibilité géographique
du centre de santé nous a permis d'évaluer le niveau de l'offre
de soins publique.
Tableau 4: Accessibilité au centre de
santé
Le temps mis pour accéder au centre de
santé
|
Fréquence (%)
|
Pas de réponse
|
6,5
|
-15 mn
|
1,6
|
15 à 30 mn
|
24,2
|
30 à 45 mn
|
62,9
|
Autres
|
4,8
|
TOTAL
|
100
|
Source :
Enquêtes sur le terrain 2013
L'accessibilité est définie par Picheral, (2001)
comme : « la capacité matérielle d'accéder
aux ressources sanitaires et aux services de soins ». Elle est
fonction du couple distance/temps et donc de l'éloignement de
l'établissement de soins et de la longueur du trajet à
parcourir.
Pour analyser l'accessibilité physique aux soins de
santé, nous nous sommes servi des indicateurs les mieux
utilisés : le Rayon Moyen d'Action (RMA) et l'indicateur
d'accessibilité aux soins de santé primaires (IASSP).
Selon l'IASSP adopté par le Ministère de la
Santé et de la Prévention Médicale, seule une population
vivant à une distance inférieure ou égale à 5km
bénéficie d'une accessibilité physique aux services
primaires. C'est le rapport de la population située à une
distance inférieure ou égale à 5km sur la population
cible.
Le Rayon Moyen d'Action est le rapport de la racine
carré de la superficie considérée sur le nombre de postes
de santé multiplié par 3,14.
Ainsi, nous n'avons pu calculer le RMA car nous travaillons
avec un centre de santé.
Cependant, en analysant l'accessibilité à
travers ces deux indicateurs, nous constatons que l'installation de
l'établissement de santé respecte les normes d'IASSP. Les
populations de Diofior disposent ainsi d'une bonne accessibilité aux
soins de santé primaires comparée à l'IASSP du
ministère qui est de 5km.
7 CHAPITRE
II :LES TYPES D'OFFRE DE SOINS
Le district sanitaire de Diofior compte trois dispensaires
privés catholiques dont un dans la Communauté Rurale de
Djilassqui se situe à 7km de Diofior. Ce poste de santé
confessionnel et non lucratif influe sur l'offre et le recours aux soins de
santé dans la commune de Diofior car il est très prisé par
les populations en matière de soins de santé primaires pour
plusieurs raisons.En effet, beaucoup de personnes choisissent cette structure
dans la mesure où le rapport qualité/efficacité et
quantité/coût est respecté de même que l'accueil. En
attestent 32,3% des personnes enquêtées disent avoir recours
à cette structure.
7.1.1 II-1/ L'OFFRE
DE SOINS TRADITIONNEL
Tableau 5: Analyse des relations
automédication/niveau d'instruction et type
d'activités
Automédication en %
|
Niveau d'instruction en %
|
Type d'activités en%
|
Moderne
|
45,2
|
Néant
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Formel
|
Informel
|
Traditionnelle
|
11,3
|
40,3
|
21,0
|
27,4
|
9,7
|
45,2
|
54,8
|
Source : Enquêtes de terrain
2013
Au Sénégal, l'offre de soins moderne est de plus
en plus diversifiée. A cette diversité de l'offre de soins
modernes s'ajoute une diversité plus grande encore de soins dits
traditionnels. Ainsi, nous ne pouvons parler de soins de santé sans pour
autant évoquer la médecine traditionnelle d'autant plus qu'on se
trouve dans une zone rurale bien qu'elle s'urbanise. En milieu rural, patients
et tradipraticiens évoluent le plus dans un système commun
d'interprétation de la maladie. A Diofior, 11,3% des personnes
enquêtées recourent à la médecine traditionnelle.
Celle-ci se positionne à la fois sur des pathologies liées au
corps, marchant ainsi sur le terrain de prédilectionde la
biomédecine.
Egalement elle se positionne sur des pathologies liées
à l'esprit, faisant d'elle une particularité.
La médecine traditionnelle s'est insérée
dans le système de soins dans un contexte économique difficile et
où la demande en médecine ne peut être satisfaite par les
services de santé. En effet, il existe une opposition globale entre les
voies des politiques de santé publique caractérisées par
des planifications souvent audacieuses et fantaisistes et qui passent à
côté des priorités et les besoins individuels
immédiats. En effet, les populations ont tendance à chercher la
solution à leurs problèmes de santé dans les moyens dont
ils disposent c'est-à-dire à hauteur de leur bourse, notamment la
médecine traditionnelle.
Le guérisseur, thérapeute traditionnel, est lui
au point d'observation et de concordance de tous les systèmes sociaux
empreint d'une dimension sacrée qui lui confère entre autres
pouvoirs sa position de lutte contre la douleur et la mort qui ne sont pas
seulement bactériologiques, parasitaires mais aussi psychologique,
sociale, économiques dont l'expression passe par le corps.
7.1.2 II-2/ LE
RECOURS AUX MEDICAMENTS DE LA RUE
Les pharmacies de la rue ou pharmacies populaires sont les
lieux de prédilection des faux médicaments. Au marché de
Diofior ces médicaments sont étalés comme de simples
denrées. Parfois, ce sont les ambulants qui font les portes à
portes qui les procurent aux populations. Ces médicaments sont de
provenances et de qualités douteuses. Par ailleurs, selon les chiffres
officiels de l'OMS, en Afrique subsaharienne, 2000 morts par jours sont
causés par les médicaments frauduleux et plus de 50% des
médicaments sont contrefaits.
Ces médicaments pseudo génériques
coûtent quinze fois moins chères. Ni le dosage, ni la
conservation ne sont bons. Le plus souvent ce sont des médicaments
périmés. Ils échappent au contrôle des
autorités. A Diofior les marchés, les marchands de la rue et les
boutiques sont les principaux relais auprès desquels les populations se
les procurent. 3,2% de la population sont concernés par cette vente
illicite.Les boutiques sont les lieux privilégiés de ce commerce
illicite qui se fait au vu et au su de tous. Les principaux médicaments
concernés par ce trafique sont les analgésiques, les mauvais
préservatifs, les paracétamols et aspirines.
Les dégâts causés sont très
coûteux sur la santé des populations mais aussi sur
l'économie du pays. En effet, il faut noter que ce ne sont pas des
denrées simples et qu'en matière de santé tout ce qui est
informel est nocif. Ces produits entrainent des échecs
thérapeutiques, des résistances. Selon les statistiques de l'OMS,
1/10 des morts du paludisme sont causés par ces médicaments. Ils
sont aussi à l'origine d'intoxications médicamenteuses. Par
ailleurs, ils comportent des stupéfiants emmenant à des
phénomènes de toxicomanie.
Ainsi avec la fermeture de la seule pharmacie de Diofior par
manque de rentabilité, la situation risque de s'aggraver davantage. De
ce fait par manque de sensibilisation sur les risques encourus, les populations
continuent à acheter des médicaments sans qu'on ne les leur
prescrive.
Il faut noter que l'Etat en a une grande part de
responsabilité due à la morosité des frontières,
l'insuffisance de contrôle dans les zones hors de la capitale.
Néanmoins, des efforts sont fournis par les autorités. Cependant
un plus grand contrôle devrait être mené sur l'ensemble du
territoire mais surtout dans les marchés locaux. En effet, cette
pratique ne doit pas être prise à la légère car
« les médicaments de la rue ça
tue. »
8 CONCLUSION
PARTIELLE
L'étude de la desserte et de l'accessibilité des
structures publiques de soins a révélé que l'offre de
soins n'assure pas la satisfaction des besoins des populations : ce qui
montre que ces dernières fréquentent moins qu'il faut le centre
de santé. Notre analyse a mis en évidence les insuffisances de
l'offre de soins, mais aussi les inégalités concernant la
répartition de cette offre.
En effet, les problèmes d'équipement et de
personnel qualifiés constituent un handicap pour la satisfaction des
besoins de la population en matière de soins de santé. Ainsi, les
populations ont de plus en plus tendance à délaisser le centre de
santé au profit du dispensaire catholique de Djilass et de la
médecine traditionnelle.
Par ailleurs, l'offre de soins publique et officielle
constituée d'un centre de santé est loin d'atteindre les
objectifs de satisfaction des besoins de la population. Cependant, une large
offre de soins privés, caritatifs et traditionnels s'est greffée
à ce système de soins public. En effet, en dehors du centre de
santé on ne trouve aucune autre structure de soins de santé
publique dans la commune de Diofior. La pharmacie étant fermée,
les populations se rabattent sur les médicaments vendus dans les
boutiques et les structures de santé confessionnelles hors de la
commune.Les populations ont ainsi le choix sur une large offre de soins et
opteront pour le ou les thérapeutes les plus accessibles sur le plan
financier, géographique et sociostructurel. Il n'empêche que cette
offre a encore de mal à atteindre ses objectifs de satisfaction des
besoins de la population, du fait d'un manque d'expertise et par
conséquent d'un plateau technique adéquat.
Cette situation met en évidence les contraintes
majeures qui entrainent une qualité de soins de santé peu
satisfaisante. Ceci, combiné au manque de moyens financiers de certains
influent largement sur le recours aux soins.
TROISIEME PARTIE :
TROISIEME
LE RECOURS AUXSOINS DE SANTE
TROISIEME PARTIE : LE RECOURS AUX SOINS DE
SANTE
Le recours aux soins de santé est défini par
Pichéral(1984) comme étant « l'expression de la
morbidité ressentie ou diagnostiquée ». Il se traduit
par l'utilisation des services de santé du système de soins
modernes ou traditionnels.
9 CHAPITRE I :
LES VOLUMES D'ACTIVITES
L'étude des volumes d'activités nous a
permis de mesurer l'utilisation, les aires de recrutement, la
fréquentation du centre de santé mais aussi de connaître la
morbidité diagnostiquée et ses variations. Il faut noter par
ailleurs que le volume d'activité d'une structure est le plus souvent
lié à la qualité des soins qui y sont dispensés.
Nous avons pu aussi étudier l'activité des autres services de
soins de la commune ainsi que les itinéraires thérapeutiques, qui
sont révélateurs des choix de la population.
9.1.1 I-1/ LES
VARIATIONS SPATIALES DE RECOURS AUX SOINS
Les variations spatiales du recours aux soins de santé
se caractérisent par le taux d'utilisation des services de santé
par la population, les aires de recrutement du centre de santé ainsi que
le taux de fréquentation.
9.1.2 I-1-1/ LES
VOLUMES D'ACTIVITES DES SERVICES DU CENTRE ET LES AIRES DE RECRUTEMENT
« Le taux d'utilisation des services sert, avec les
aires de recrutements à mesurer l'activité et
l'attractivité des différentes structures de
santé »NIANG, (1997). Le calcul du taux d'utilisation
étant le rapport entre le nombre de consultants déclarés
sur la population cible durant une période bien
déterminée. Celui du centre de santé de Difior donne le
tableau suivent :
Tableau 6: Taux
d'utilisation des services du centre de santé de Diofior
Effectif de consultants
|
Population cible
|
Taux d'utilisation en %
|
8351
|
11766
|
75,8
|
Source : DIOUF enquêtes CSD, 2013
Le taux d'utilisation des services de santé est de
(75,8 %).Cependant, l'analyse de ce taux ne peux être perçu qu'en
prenant en compte les raisons qui poussent la population à faire recours
des soins de santé du Centre. Ce qui a nécessité une
enquêté socio sanitaire.
Pour cela, nous avons pris un échantillon de (100)
patients au hasard pour déterminer les raisons qui les ont
motivés à faire ce choix.
Tableau 7:Choix de l'utilisation des services du
centre de santé
RAISONS
|
POURCENTAGE
|
Proximité
|
71
|
Efficacité
|
15
|
Apparenté
|
7
|
Moins cher
|
6
|
Recommandations
|
1
|
TOTAL
|
100
|
Source : Enquêtes sur le
terrain 2013
L'utilisation du centre de santé selon les personnes
interrogées dépend de plusieurs raisons :
v La première raison de ce choix révèle
de la distance (71% des enquêtés). En effet, la
proximité de la structure de santé par rapport
à leurs lieux d'habitat constitue un avantage pour leurs
déplacements. Le centre de santé se situe à plus ou moins
45 mn de marche des lieux les plus éloignés. Il est
implanté sur la voie menant à Fimela ce qui fait qu'à tout
moment la population peut avoir un accès à la structure en un
laps de temps.
Le couple distance/ temps très favorable à la
population semble justifier les raisons de ce choix.
v L'efficacité constitue la deuxième raison de
ce choix (15% des enquêtés). Le centre de
santé de Difior est l'un des structures de soins de
santé secondaires dans la région de Fatick qui dispose le plus de
soins de santé de qualité, d'un personnel qualifié et
d'infrastructures sanitaires modernes.
Le personnel soignant est composé de : un (1)
médecin généraliste et de son adjoint, trois (3)
infirmiers d'Etat, un (1) assistant infirmier, un (1) agent sanitaire, trois
(3) sages femmes d'Etat, trois (3) agents d'hygiène, un (1) aide social,
deux (2) agents prévisionnistes, un (1) techniciens supérieur en
santé, un (1) technicien supérieur en odontologie. La
diversité des prestataires de services de santé pousse la plupart
de la population à mieux faire recours aux soins du centre de
santé malgré la concurrence d'autres formes de soins et de
structures. Cependant, l'absence de pédiatre et de cardiologue est
inquiétante surtout avec la présence de plus en plus
constatée des maladies dégénératives et d'autres
types de pathologies alors inconnues des zones rurales.
v Les autres raisons qui ont motivé le choix du recours
résident dans le fait que certains
patients ont leurs membres de leur famille ou leurs amis qui
travaillent dans cette structure (7%). Ils jouissent de certains avantages pour
leur recours. Ils se sentent plus à l'aise dans la communication surtout
que beaucoup d'entre eux ne parlent pas parfaitement le Wolof. En outre, le
suivi médical est mieux assuré. Les frais médicaux soins
amoindris ou sont tout simplement gratuits.
v Pour d'autres, la tarification du système de soins
semble être à bon marché (6%). Les
patients n'éprouvent pas le besoins de faire recours
à d'autres structures si celui-ci ne dépasse pas le niveau
secondaire. Les frais de prestation de services sont à la portée
de leurs ressources économiques.
v (1%) des patients enquêtés déclarent
qu'ils ont fait recourent aux soins du centre de santé
sur conseil d'un parent ou d'un ami qui a traité avec
soins la maladie ou une maladie similaire à la leur. L'effet psychique a
tendance à orienter les malades vers ces structures de soins dans
l'espoir de voir leurs maladies complètement traitées.
L'objet des aires de provenance des malades est l'analyse des
zones où l'on enregistre les flux de malades en direction du centre de
santé.
Pichéral, (1989) définit « l'aire de
recrutement ou bassin sanitaire d'une structure de soins comme son aire
effective d'exercice ». Elle correspond à l'espace
polarisé par chaque structure de santé.
Il arrive très souvent que l'aire effective d'exercice
d'une structure sanitaire dépasse ou ne dépasse pas l'espace de
couverture que celle-ci s'est fixée pour plusieurs raisons.
La question à se poser est si l'aire théorique
de desserte du centre de santé est entièrement
polarisée ?
Pour cela, nous avons procédé à une
analyse des flux de malades par zone.
Le centre de santé de Diofior dispense des soins de
santé à la population de Diofior et celle du district englobant
douze postes de santé. Cependant, il est à noter que cette
couverture n'est pas effective dans la commune surtout en ce qui concerne les
soins de santé secondaires car il n'existe aucune autre structure de
soins.
Pour les soins de santé primaires certains patients
préfèrent le dispensaire catholique de Djilass. Ainsi la
population de la commune ne fréquente pas uniquement le centre de
santé. Il dessine des aires partagées entre les deux structures
de soins modernes.
Le dispensaire catholique de Djilass dessert une partie des
malades de cette circonscription même si cette desserte s'avère
faible. De ce fait, la cartographie de notre zone d'étude montre que le
pourcentage des flux est plus important dans les quartiers proches du centre de
santé à l'image de Darou, Centre, Médina.
Il faut aussi souligner que les soins dispensés par le
dispensaire catholique de Djilass sont du niveau primaire. Si les soins que
doit recourir un malade dépassent ce niveau, il est recommandé
à des structures dépassant le dispensaire.
L'aire de recrutement du centre de santé englobe tout
l'espace communal. Mais dans cette même aire existent des
disparités dans le recours aux soins de santé.
L'accessibilité géographique à elle seule
ne commande pas le recours aux soins. La proximité du centre de
santé par rapport à leur lieu d'habitation pousse la population
à recourir aux soins de santé secondaires. Mais pour des raisons
financières, la population s'oriente vers les structures où les
coûts de prestations sont de moins en moins élevés.
9.1.3 I-1-2/
L'ACCES AUX SOINS DE SANTE
Selon les normes de l'OMS, le recours donc l'accès aux
soins de santé est satisfaisant si la fréquentation atteint un
taux de 70% soit un contact de 0,7 fois par an et par personne.
Le taux de fréquentation est défini comme
étant le rapport entre le nombre total de consultants
déclarés d'un lieu sur la population totale de ce lieu durant une
période donnée.
Nous avons donc calculé le taux de fréquentation
global de la population. Le nombre total de consultants déclarés
est de 8351 selon les registres du centre de santé et la population
totale est estimée à 11766 d'après l'état civil de
mars 2010.
Le rapport donne un taux de fréquentation de 70,97%.
L'analyse du résultat obtenu montre un bon taux de
fréquentation de la population. Il est au dessus des normes
fixées par l'OMS (70%).
Le taux de fréquentation ne traduit qu'une partie de la
demande réelle en soins exprimée par la population ; celle
qui est mesurée par le système de soins. La localisation d'autres
structures de soins ainsi que le recours à des soins autres que modernes
n'entame en rien la bonne fréquentation de la population au centre de
santé.
Cependant, ce taux connaît des variations selon
l'âge, le sexe et selon le lieu de résidence.
Tableau 8: Taux de fréquentation selon
l'âge en 2009
Classes d'âge
|
Effectif de la population
|
Effectif de consultants
|
Taux de fréquentation %
|
0-10
|
4115
|
2837
|
69
|
11-20
|
4299
|
2898
|
67,4
|
21-30
|
2068
|
1743
|
84,2
|
31-40
|
712
|
508
|
71,3
|
41-50
|
320
|
197
|
61,5
|
51-60
|
160
|
92
|
57,5
|
+60 ans
|
92
|
76
|
82,6
|
Total
|
11766
|
8351
|
70,9
|
Source : DIOUF, enquêtes à
l'état civil et au CSD 2013
Le calcul du taux de fréquentation selon les classes
d'âges est effectué par le rapport entre l'effectif de consultants
par classe d'âgesur l'effectif de la population de cette même
classe. L'analyse de ce taux montre que toutes les classes d'âge sont
représentées.
Les plus forts taux sont obtenus au niveau des classes
d'âge 21 à 30 ans, de +60 ans et de 31 à 40 ans avec
respectivement 84%, 82% et 71,3 %.
Les tranches 21-30 ; 31-40 constituent la jeunesse de la
population en activité celle qui est confrontée aux
activités professionnelles et dont la majorité relève de
l'informel. Les risques du métier étant énormes, elle est
souvent sujette aux accidents et aux maladies.
La classe +60 ans consacre un taux de fréquentation de
82,6%. Ce pourcentage est surtout dû à la gratuité des
soins pour les personnes du troisième âge avec la mise en place
du plan sésame par l'ancien régime.
La classe d'âge des enfants a un taux de
fréquentation non négligeable (69%).
Diofior connaît d'importants problèmes
liés à l'assainissement (inondation et stagnation des eaux
pluviales) surtout pendant l'hivernage précédent. Cette situation
favorise le développement de certaines maladies. Les enfants en sont
ainsi les plus exposés du fait de la fragilité de leur
état de santé.
Les taux de fréquentation les plus faibles sont
enregistrés au niveau des classes d'âge suivantes et par ordre
d'importance :
- La classe d'âge 11-20 ans avec un taux de
fréquentation de 67,4% ;
- La classe d'âge 41-50 ans avec un taux
fréquentation de 61,5% ;
- La classe d'âge 51-60 ans avec un taux de
fréquentation de 57,5%.
Toutefois, nous constatons que le taux de fréquentation
relevé dans les différentes classes d'âge s'avère
satisfaisant.
Tableau 9: Taux de fréquentation selon le sexe
en 2009
Sexe
|
Effectif de la population cible
|
Effectif de consultants
|
Taux de fréquence %
|
Masculin
|
5848
|
3965
|
67,80
|
Féminin
|
5918
|
4386
|
74,11
|
Total
|
11766
|
8351
|
70,9
|
Source : DIOUF, Enquêtes au
CSD, 2013
Le calcul du taux de fréquentation par sexe est obtenu
par le rapport entre l'effectif de consultants d'un sexe sur la population
totale de ce même sexe.
L'étude du taux de fréquentation par sexe montre
une fréquentation plus importante de la population féminine que
masculine. Il est de 74,11% pour la population féminine contre 67,80%
pour celle masculine.
Cette disparité dans la fréquentation
réside dans le fait que la population féminine dispose de trois
sages femmes.
Certaines affections concernant uniquement la population
féminine comme celles liées à la grossesse
nécessite obligatoirement un recours aux soins. Tandis que pour d'autres
concernant l'ensemblede la population et considérées comme
bénignes, le recours n'est pas du tout obligatoire.
La variation du taux de fréquentation selon le sexe est
fortement corrélée au sexe de la population. La comparaison de ce
taux et des pourcentages de consultants enregistrés par sexe montre les
mêmes variations. Sur les affections les plus importantes
recensées, l'effectif de consultants est plus important chez la
population féminine que masculine.
Aussi, nous remarquons que le taux de fréquentation
demeure faible pour la population masculine que féminine. Il est
inférieur aux normes recommandées par l'OMS.
Tableau 10: Taux de fréquentation par
quartieren 2009
Quartiers
|
Effectif de la population
|
Effectif de consultants
|
Taux de fréquentation %
|
Darou
|
907
|
785
|
86,5
|
Nimzatt
|
875
|
616
|
70,4
|
Médina
|
915
|
723
|
79
|
Sicap
|
1694
|
1049
|
61,9
|
Garage
|
2214
|
1797
|
81,1
|
Ndougue
|
2041
|
1581
|
77,4
|
Centre
|
3120
|
1800
|
57,6
|
Total
|
11766
|
8351
|
70,9
|
Source : DIOUF, enquêtes
à l'état civil et au CSD 2013
Dans cette partie, le taux de fréquentation est
calculé en fonction du nombre de consultants en provenance de chaque
quartier sur l'effectif de la population habitant le même quartier. Il
est exprimé en pourcentage.
Il est ressorti de l'analyse deux types de quartiers où
l'on note des disparités dans la fréquentation.
- Les quartiers à fort taux de
fréquentation : il s'agit des quartiers dont le taux
est comprisentre 86,5% et 70,4%. Ce sont les quartiers respectifs de Darou
Garage, Médina, Ndougue et Nimzatt. Lestaux de ces quartiers sont dus
à leur proximité par rapport au Centre de Santé.
L'accès au Centre de Santé pour les populations de ces ne
nécessite nullement l'utilisation de véhicule de transport. Sauf
celui de Garage dont le taux 81,1% s'explique par sa proximité avec la
voie d'où la fluidité du transport.
Les quartiers à taux de fréquentation
moyen : ils concernent Sicapet Centre. Ces quartiers,
comparés aux autres,sont peu éloignés du Centre de
Santé atténuant ainsi l'affluence des populations.
Il semble donc que la fréquentation est fortement
influencée par l'accessibilité physique. En effet, l'aire
d'influence du centre de santé englobe tout l'espace communal.
Cependant, elle diminue avec la distance ; ce que Arreghini, (1989)
confirme en ces termes : « l'accès aux soins est
soumis en premier lieu aux facteurs géographiques ». Mais
cette distance à elle seule ne semble pas déterminer la forte ou
la faible fréquentation. Elle doit être accompagnée de la
fluidité des voies de communication et du niveau des soins.
10 CHAPITRE II : LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE
D'après,Arreghini, (1989) la morbidité peut
être définie comme étant « le nombre (absolu
ou relatif) des malades dans un groupe donné et pendant un temps
déterminé. C'est un concept désormais étendu aux
notions de défiance, d'incapacité et de handicap ».
10.1.1 II-1/ LA MORBIDITE SELON L'AGE ET LE SEXE
Dans ce chapitre, nous traiterons de la morbidité sous
ses différents angles. Il s'agit à partir d'une analyse
nosologique d'étudier la morbidité du point de vue de sa
répartition et de son évolution.
Quelles sont les affections les plus fréquentes ?
Comment évolue la morbidité ? Comment se
répartit-elle d'une part par âge et par sexe et d'autre part dans
le temps et dans l'espace ?
Nous avons retenu dans ce tableau des affections ayant des
motifs de consultations au centre de santé. Ces affections sont au
nombre de six (6).
10.1.2 II-1-1/ LA MORBIDITE SELON L'AGE
L'analyse de la morbidité selon l'âge consistera
à l'étude de l'ensemble des affections touchant les enfants, les
adultes ainsi que les personnes âgées.
Tableau
11:Morbidité proportionnelle en 2013
Affections
|
Effectifs de consultants
|
Effectifs de consultants (%)
|
Traumatismes +Plaies
|
2146
|
25,6
|
Paludisme
|
2690
|
32,2
|
Toux/Rhume
|
1867
|
22,3
|
IRA (Infections Respiratoires Aigues)
|
226
|
2,7
|
Gastriques+Parasitoses
|
375
|
4,4
|
Cardiovasculaires
|
120
|
1,4
|
Autres
|
927
|
11,1
|
Total
|
8351
|
100
|
Source : Registre de
consultations, CSD, 2013
D'après le tableau 11, les affections qui ont le plus
touché la population sont au nombre de trois (3). Ces affections
réunissent plus de 80% de l'effectif total des consultants. Elles
concernent :
- Le paludisme (2690 consultants sur 8351 soit 32,2% des
consultations) ;
- Les traumatismes et les plaies (2146 consultants sur les
8351 soit 25,6%) ;
- Les toux/Rhume (1867 consultants soit 22,3%).
Les dernières affections qui ont drainé le moins
de maladesson classées comme suit :
- Les maladies liées aux Infections Respiratoires
Aigues (2,7%) ;
- Les affections gastriques et les parasitoses
(4,4%) ;
- Les maladies cardiovasculaires (1,4%).
La mauvaise gestion de l'environnement
caractérisé par le fossé entre l'infrastructure et
l'hygiène crée toujours des problèmes de santé.
L'urbanisation accélérée ainsi que l'accroissement
démographique, associés au déficit d'assainissement expose
la santé des populations.
A l'absence de voiries, ce sont substituées des fosses
sceptiques construites sans mesures d'hygiène. A la suite de
l'hivernage précédent pendant lequel la moitié du village
a été envahi par les eaux, les eaux usées se sont
étalées partout à cause de l'inexistence de
canalisation.
A cela s'ajoute l'augmentation substantielle du volume de
déchets domestiques.
Ce problème lié à l'assainissement
concourt au développement des mouches, des moustiques, des poux et
autres parasites vecteurs de maladies. Ils débouchent ainsi sur des
problèmes de santé publique.
Le paludisme constitue l'une des principales causes de
morbidité (32,2% de l'effectif de consultants). Les moustiques trouvent
en cet espace un milieu favorable à leur épanouissement et
à leur transmission. Des saletés sont jetées à
l'extrémité du village au nord-est dans le quartier naissant de
Forage sur la route de Soudiane formant des monticules sur lesquels se sont
déversées les eaux de pluies. Ce qui favorise la propagation de
maladies dermatologiques pour les populations de cette partie.
En plus Diofior connaît un problème
d'approvisionnement en eau potable. Bien que l'adduction en eau potable du
projet Notto soit mise en place, il reste néanmoins son exécution
du fait du tarif jugé exorbitant par les habitants. De ce fait,la
population continue à se ravitaille à partir des puits. Les
procédés et techniques de rendre une eau potable n'étant
pas totalement pas maîtrisées, la consommation de cette eau dont
son approvisionnement ne s'est pas fait dans les règles d'hygiène
engendre des risques de contamination chimiques et bactériologiques
(maladies gastriques, des voies urinaires, parasitoses...) et est donc source
de problème de santé surtout concernant les enfants qui
constituent la couche sociale la plus fragile.
Tableau 12:Effectif de consultants selon
l'âge
Classe d'âge
|
Effectif de consultants (VA)
|
Effectif de consultants (VR)
|
0-10
|
2852
|
34,1
|
11-20
|
2901
|
34,7
|
21-30
|
1715
|
20,5
|
31-40
|
550
|
6,5
|
41-50
|
173
|
2
|
51-60
|
97
|
1,1
|
+60ans
|
63
|
0,7
|
Total
|
8351
|
100
|
Source : Registres de consultations.
CSD, 2013
L'analyse du tableau 12 montre une variation de la
morbidité selon l'âge. L'effectif de consultants est plus
important chez les jeunes. Il décroît au fur et à mesure
que l'on se rapproche de la classe d'âge des plus de 60 ans.
L'effectif de consultants selon l'âgeassocié
à l'effectif de consultants par affection donne les catégories
d'affections suivantes :
- Les affections des enfants :
les enfants souffrent plus de maladies dites parasitaires, de
maladies liées à la malnutrition.
Les affections les plus recensées concernent la
diarrhée, l'intoxication alimentaire, et les parasitoses. Nous notons
aussi l'existence de maladies infectieuses qui touchent uniquement les enfants.
Il s'agit de la varicelle et de la rougeole.
Un environnement malsain marqué par un manque
d'hygiène notoire concourt au développement d'animaux
parasites.
Les inondations du dernier hivernage avaient affecté de
nombreuses habitations faisant déborder des fosses dont les eaux
usées se sont mélangées avec celles de la rue. Cette
insalubrité crée les conditions optimales de développement
des parasites vecteurs de maladies. Les enfants en sont les plus exposés
du fait que la rue constitue leur principal lieu de distraction où ils
sont en contact direct avec ces parasites.
- Les affections des adultes : ce
groupe concerne les maladies fébriles, les troubles
artérielles (surtout chez les femmes). Ce sont les
céphalées, les vertiges et les maladies cardio-vasculaires. Dans
ce groupe, on rencontre surtout les affections dues à un travail
excessifcomme les travaux champêtres et domestiques et dont la valeur
n'est compensée par une alimentation ni en qualité ni en
quantité d'autant plus que nous sommes dans un milieu rural. On y
rencontre les affections riches en lipide et que Erik, (1979) confirme en ces
termes : « la consommation excessive de graisse, de sel et de
certaines substances minérales qui se trouvent dans l'eau potable
associée à certains ennuis de la vie professionnelle ou à
la sédentarité engendrent des troubles
artériels »
- Les affections des personnes
âgées : les maladies cardio-vasculaires
sont plus fréquentes
chez les personnes âgées. Au fur et à
mesure que l'âge augmente elles se manifestent avec plus
d'acuité.
Les maladies du système ostéo-musculaire
touchent aussi beaucoup les personnes âgées. Cependant, nous
distinguons d'une part les rhumatismes moins douloureux (arthrite, goutte,
lumbago) que nous retrouvons le plus souvent chez les vielles personnes et
d'autres part les rhumatismes articulaires aigus (RAA) ou maladie du coeur
très fréquente aussi chez les enfants.
- Les affections concernant l'ensemble de la
population :ce sont les maladies relatives à
l'état fébrile, aux infections, aux traumatismes
et aux plaies. Elles concernent le paludisme, l'angine, les fractures et les
brûlures, les blessures, les infections des voies urinaires.
Ces maladies découlent de l'environnement physique et
de l'environnement socioéconomique. L'insalubrité accroît
le risque d'infection et la malnutrition facilite la propagation des microbes
dans l'organisme.
Il faut préciserque les infections de l'appareil
urinaire, fréquentes chez les enfants, sont pour la plus part transmises
par les parasites en contact avec les voies sexuelles par
l'intermédiaire des mains, de l'eau... Elles sont souvent non
contagieuses. Par contre, chez les adultes, ces infections proviennent le plus
par contact direct de deux personnes surtout au plan sexuel. On les appelle les
maladies sexuellement transmissibles (MST). De nos jours, la terminologie de
ces maladies a changé ; on ne parle plus de maladies sexuellement
transmissibles mais d'infections sexuellement transmissibles (IST).
Le nombre de consultants est souvent influencé par
l'effectif de la population par classe d'âge comme le montre le tableau
suivant :
Tableau 13:Comparaison pourcentage de consultants/taux
de fréquentation par classe d'âge
Classes d'âge
|
Effectif de consultants (%)
|
Taux de fréquentation en%
|
0-10
|
34,1
|
69
|
11-20
|
34,7
|
67,4
|
21-30
|
20,5
|
84,2
|
31-40
|
6,5
|
71,3
|
41-50
|
2
|
61,5
|
51-60
|
1,1
|
57,5
|
+60ans
|
0,7
|
82,6
|
Total
|
100
|
70,9
|
Source : DIOUF, enquête
à l'état civil et CSD, 2013
Au regard du tableau 13, la comparaison entre le pourcentage
de l'effectif de consultant et le taux de fréquentation par classe
d'âge affiche certaines contradictions.
L'effectif de consultants montre une variation
régulière. Les classes d'âge 0-10 ans ; 11-20 ans
constitue celles qui ont enregistré le plus de malades. Elles ont aussi
les effectifs les plus importants de la population. La classe d'âge des
plus de 60 ans a obtenu le moins de malades. Elle est la tranche d'âge la
moins importante du point de vue numérique.
Les classes d'âge intermédiaires y sont bien
représentées avec une décroissance du nombre de malades au
fur et à mesure que l'on atteint la classe d'âge des plus
âgées. Aussi, nous soulignons que la distribution de la population
en classe d'âge obéit à la même logique de variation
que celle observée au niveau de l'effectif de consultants.
Par contre, le taux de fréquentation par classe
d'âge montre une variation irrégulière. En effet, la classe
d'âge de 21-30 ans a le plus fort taux suivie de celle des plus de 60
ans. La classe d'âge de 51-60 ans enregistre le taux le plus faible. Ce
qui se traduit par des besoins de santé plus importants au niveau de ces
deux classes et moins important au niveau de celle 51-60 ans.
Il ressort de l'analyse que l'importance en nombre d'un
effectif de la population influe fortement sur le recours aux soins. Plus
l'effectif est grand plus le nombre de malades est grand. Mais cet effectif ne
permet pas de mesurer l'accès aux soins.Par exemple la classe
d'âge 11-20 ans constitue la classe qui a enregistré le plus de
malades avec 34,7% des patients alors que son taux de fréquentation est
l'un des plus faibles (67,4%). Celle du troisième âge qui a le
plus faible effectif de consultants (0,7% des patients) a le deuxième
taux le plus important après celle de la classe 21-30 ans sur les sept
(7) classes avec 82,6%.
10.1.3 II-1-2/ LA MORBIDITE SELON LE SEXE
L'observation du tauxde fréquentation selon le sexe
montre une variation de la morbidité selon le sexe.
L'effectif de consultants est plus important chez la
population féminine que masculine. Nous avons recensé 3965
consultants de sexe masculin contre 4386 de sexe féminin ; soit
respectivement 47,5 % et 52,5%.
Cette disparité réside dans le fait que
certaines affections touchent uniquement la population féminine
particulièrement les femmes en âge de procréation (FAP). Il
s'agit de consultations prénatales, post natales et post avortum.
Dans les consultations prénatales, on y range les
grossesses, les complications de grossesses et les hospitalisations pour
complication de grossesse.
Les consultations post natales concernent les accouchements,
les consultations et hospitalisations après accouchement.
Les consultations post avortum touchent la mortalité
prénatale, les consultations après complication de grossesses qui
ont abouti à un avortement.
Certaines affections influent directement sur l'état de
santé desFAP(Femmes en Age de Procréer) lorsqu'elles sont en
grossesse. L'environnement malsain favorise la prolifération de maladies
dites parasitaires qui engendre très souvent des issues
défavorables à la grossesse.
D'autres affections telles que les traumatismes, les
brûlures, les plaies... relèvent de l'environnement
socioprofessionnel. Elles touchent aussi bien la population masculine que
féminine. Les activités professionnelles pour la plupart de type
informelles, des accidents de travail, l'excès de fatigue sont souvent
rencontrés chez les hommes.
Quant aux femmes, leur statut d'épouses et de
mères, les condamne à rester au foyer pour s'occuper des travaux
ménagers. L'environnement domestique reste alors leur principal lieu de
prédilection où elles sont souvent exposées aux risques
d'accidents tels que les brûlures, les blessures ou d'attraper une
quelconque maladie.
En plus leur statut d'infériorité social
réduit leur accès à l'instruction et aux ressources
économiques pour payer leurs prestations.
L'enquête socio sanitaire effectuée auprès
des ménages montre que la moitié des femmes interrogées ne
sont jamais scolarisées.
Ce manque d'éducation les conduit à être
insoucieuses, inconscientes de certains dangers qui les menacent
quotidiennement dans leur environnement domestique. Ce qui conduit de plus en
plus à la dégradation de leur état de santé.
La variation en nombre de l'effectif de consultants selon le
sexe est fortement corrélée à l'effectif de la population
par sexe. Numériquement, l'effectif de la population féminine est
plus important que celui de la population masculine. Il est de 5848 individus
de sexe masculins et 5918 de sexe féminin.
Cette variation de l'effectif en nombre selon le sexe se
répercute sur l'effectif de consultants par sexe. Nous avons
remarqué que la population féminine qui a le plus grand effectif
a enregistré le plus de malades. La population masculine qui a
l'effectif le plus petit a enregistré moins de consultants. Ce qui
nécessite l'analyse de l'effectif de consultants par sexe par rapport au
taux de fréquentation par sexe pour cerner l'impact de la
morbidité selon le sexe.
Tableau14 :
Comparaison pourcentage de consultants/taux de fréquentation par
sexe
Sexe
|
Effectif de consultants
|
Effectif de consultants (%)
|
Population
|
Taux de fréquentation
|
Masculin
|
3968
|
47,5
|
5848
|
67,80
|
Féminin
|
4386
|
52,5
|
5918
|
74,11
|
Total
|
8351
|
100
|
11766
|
70,9
|
Source : DIOUF, enquête
à l'état civil et au CSD, 2013
L'observation du tableau 14 montre que la variation des
pourcentages de consultants selon le sexe est la même que celle du taux
de fréquentation par sexe. En effet, le pourcentage de malades est plus
important chez la population de sexe féminin que celle de sexe masculin
avec respectivement 52,5 % et 47,5% du nombre total de malades.
Le taux de fréquentation s'avère peu
satisfaisant pour la population pour la population féminine par rapport
aux normes de l'OMS. Il est très faible pour la population masculine
avec 47,5%.
10.1.4 II-1-3/ LES VARIATIONS SPATIALES ET TEMPORELLES DE LA
MORBIDITE
Dans cette partie nous traiterons la morbidité sous
deux angles : temporel et spatial.
Nous allons ainsi traiter la question de la
morbidité.
10.1.5 II-1-3-1/ LES VARIATIONS
SPATIALES DE LA MORBIDITE
L'étude des variations de la morbidité sous
l'angle spatial portera sur l'analyser de la répartition de
l'effectif de consultantspar rapport à l'espace. En d'autres termes,
pourquoi certains quartiers ont-ils un effectif de consultants plus important
que d'autres ? Qu'est-ce qui est à l'origine de cette
répartition ?
L'analyse de la variation de l'effectif de consultants par
quartier laisse apparaître deux caractéristiques:
- La première caractéristique montre que les
flux de malades les plus forts se retrouvent
dans les quartiers à forte densité
(...) ;
- La deuxième caractéristique est que les
quartiers éloignés du centre de santé ont les plus
faibles effectifs de consultants.
En effet, l'utilisation des services de soins est fortement
influencée par la disponibilité et l'accessibilité de
l'offre de soins. La distance influe fortement sur le recours aux soins. Cette
accessibilité est perçue par Pichéral, (1984) comme
étant « la traduction d'une possibilité de recours
aux institutions de santé. Elle est fonction du couple distance/temps
donc de l'éloignement de l'établissement de soins et la longueur
du trajet à parcourir ».
Le recours aux soins est corrélé à la
distance. Cette dernière influence positivement ou négativement
sur l'attractivité du centre de santé. Ce que Joseph et Al
affirment en ces termes « l'accessibilité de la structure
relève directement de la proximité physique et peut se mesurer
à l'aide d'une unité de longueur ». Joseph et
al, (1984) et que Arrighini, (1989) confirme en ces propos
« l'accès aux soins est soumis en premier lieu aux facteurs
géographiques ».
Cependant, les facteurs géographiques ne constituent
pas à eux seuls les raisons qui poussent un patient à se
rapprocher d'une structure à laquelle il prétend. D'autres
facteurs comme les facteurs économiques, socioculturels, psychologiques
peuvent être un avantage ou une contrainte pour le malade à
recourir à la structure de soins.
10.1.6 II-1-3-2/ LES VARIATIONS
TEMPORELLES DE LA MORBIDITE
L'étude des variations de la morbidité sous
l'angle temporel nous conduira à étudier la
répartition de l'effectif deconsultants suivant une période bien
déterminée. Pourquoi le flux de malades est-il plus important
pour une période et plus faible pour une autre ?
Aussi nous allons analyser la répartition des
affections suivant une période. A quelle période se
manifestent-elles avec plus d'acuité ?
Tableau 15: Variations
mensuelles de la morbidité
MOIS
|
Effectifs de consultants en valeur absolue
|
Effectifs de consultants en valeur relative
|
Janvier
|
541
|
6,5
|
Février
|
236
|
2,8
|
Mars
|
143
|
1,7
|
Avril
|
105
|
1,3
|
Mai
|
356
|
4,3
|
Juin
|
502
|
6
|
Juillet
|
730
|
8,7
|
Août
|
895
|
10,7
|
Septembre
|
1034
|
12,4
|
Octobre
|
1567
|
18,7
|
Novembre
|
1290
|
15,4
|
Décembre
|
952
|
11,4
|
Total
|
8351
|
100
|
Source : DIOUF, enquêtes au CSD, 2013
L'analyse des variations mensuelles du nombre de malades
(Tableau 16), montre qu'il existe des différences significatives dans
les effectifs de consultants enregistrés. Nous constatons que le nombre
de consultants est plus élevé au mois d'octobre (1567 consultants
sur 8351 soit 18,7 % des consultations totales) avec de légers
écarts pour les mois de novembre (15,4 % des consultants) de septembre
(12,4 %) de décembre (11,4 %) et de août (10,7 %).
Le mois où l'on a enregistré le faible effectif
de consultants est celui du mois d'Avril avec 105 consultants commence à
accroître à partir du mois de juillet (730) jusqu'au mois
d'octobre où l'on atteint le maximum avec 1567. Le début de cette
période marque la transition entre la saison froide et chaude
c'est-à-dire entre l'hiver et l'été. La fin de cette
période correspond à l'inverse (la transition entre
l'été et l'hiver).
Cette période est surtout marquée par les
variations climatiques avec une saison chaude d'avril à juin et une
saison pluvieuse de juillet à octobre. Le mois correspondant à la
saison chaude et pluvieuse constitue la période où l'on a
enregistré le plus grand nombre de malades avec le maximum en octobre.
Les agents pathogènes trouvent en cette période les conditions
optimales à leur épanouissement et donc leur reproduction. La
température accentue le développement des microbes et les
eaux de pluies surtout durant le dernier hivernage a fait déborder les
fosses et éparpiller les ordures ménagères favorisant la
prolifération des moustiques.
C'est pendant cette période d'hivernage que les
activités du centre de santé atteignent leur paroxysme. La
demande de soins est largement supérieure à l'offre. Nous avons
recensé entre juillet et octobre 5516 consultants sur les 8351 soit un
taux de 50,5% de l'effectif total de consultants. Les autres périodes
ont enregistré un effectif de consultants moins important. Le
pourcentage de malades pour la période comprise entre novembre et
février est de 36,1% et celui de la période mars à juinest
de 13,4%.
Concernant la répartition mensuelle des affections,
elle est en forte corrélation avec la variation de l'effectif de
consultants selon les périodes. Deux types d'affections se
présentent :
10.1.7 II-1-4/ LES AFFECTIONS A PROGRESSION
SAISONNIERE
Il s'agit des affections qui se manifestent avec plus
d'intensité pendant une période bien définie de
l'année. Ainsi, on remarque que le nombre de consultants augmente
considérablement durant cette période.
Les maladies dites parasitaires connaissent un accroissement
en effectif durant la saison dite pluvieuse. Les changements climatiques et
écologiques favorisent le développement des agents
pathogènes responsables des maladies.
Par exemple le paludisme est devenu une maladie
endémique dans cette localité. Sa transmission est plus intense
pendant l'hivernage.
Les maladies liées à la malnutrition, les
maladies dermatologiques et gastriques se manifestent avec plus d'acuité
pendant cette même période.
Par contre, les microbes responsables des maladies
respiratoires et des urinaires présentent les conditions favorables
à leur épanouissement et leur développement pendant la
période froide c'est-à-dire de novembre à
février.
10.1.8 II-1-5/ LES AFFECTIONS A PROGRESSION
PONCTUELLE
Ce sont les affections dont leur évolution
dépend de certains évènements pour la plupart
catastrophiques (accident de la route, en mer, traumatisme et des plaies).
Il faut préciser que la plupart des affections
relèvent plus d'actions mécaniques que chimiques. Elles sont
souvent en rapport avec les activités socioprofessionnelles. Les
consultations natales et les maladies cardio-vasculaires sont rangées
dans les affections à progression ponctuelle. Leur évolution
dépend de facteurs particuliers et non des saisons.
QUATRIEME PARTIE :
LES TYPES DE RECOURS AUX SOINS DE SANTE
QUATRIEME PARTIE :LES TYPES DE RECOURS AUX SOINS
DE SANTE
11 CHAPITRE I : LES MODES DE RECOURS
Il s'agit des types de soins dont la population a recours. Les
soins concernant les pratiques empiriques et celles dites modernes.
L'aboutissement étant la guérison du malade.
11.1.1 I-1/ LE RECOURS A LA MEDECINE MODERNE ET A LA MEDECINE
TRADITIONNELLE
En Afrique, le recours des malades à un traitement
dépend de la nature de la maladie.
Selon leur perception, une maladie peut avoir diverses
origines : origine naturelle, origine surnaturelle. C'est cette perception
qu'ils font qui fait pour chaque maladie, la compétence revient à
tel mode de recours.
A travers ce tableau, nous allons expliquer les
différents modes auxquels la population a recours et déterminer
les motifs du choix du recours.
Tableau 16: Mode de
recours de la population dans la commune en 2013
Modes de recours
|
Effectif de la population en %
|
Médecine moderne
|
85
|
Médecine traditionnelle
|
70
|
Itinéraire thérapeutique
|
87
|
Automédication
|
64
|
Source : DIOUF, enquêtes sur le
terrain, 2013
11.1.2 I-1-1/ LE RECOURS A LA MEDECINE MODERNE
Elle est thérapeutiquement la plus utilisée. 85%
des interrogés avouent avoir effectué leur première
consultation pour l'épisode morbide au niveau des structures de soins
modernes. Ils affirment même que les structures de soins de santé
modernes constituent le lieu de recours le plus efficace et le plus garanti.
Les facteurs psychologiques influent fortement sur le recours
aux soins. Ce recours est précisé par les vertus et la
crédibilité du système de soins. Il implique aussi bien la
modernité de la technologie des équipements et infrastructures
sanitaires que de l'hétérogénéité et de
l'aptitude des praticiens à disposer des soins de santé.
Nous précisons que le centre de santé dispose
d'agents de santé qualifiés qui couvrent les besoins de
santé de la population à tous les niveaux de soins
(médecins, infirmier, sages-femmes).
Signalons que certaines situations d'urgence peuvent
constituer un facteur susceptible de favoriser le recours aux soins de
santé modernes.
En effet, si nous nous référons à la
typologie des catégories sociales, nous constatons que plus de 90% de la
population ont des activités de type informel.
Les facteurs physiques jouent bien sur le recours aux soins de
la population. En effet, la proximité des structures de soins modernes
constitue dans une localité le premier recours à la population.
Elle permet à cette dernière d'user le minimum de temps et
d'argent pour accéder au lieu de soins.
En rapport avec le taux d'utilisation du centre qui est
considéré comme un indicateur de l'efficacité du
système de soins, nous pouvons dire que le centre de santé est le
lieu de recours aux soins le plus proche et le plus sollicité de la
population.
11.1.3 I-1-2/ LE RECOURS A LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Beaucoup d'africains adhèrent encore aux croyances
animistes basées sur une vue mystique non scientifique du monde. Ce qui
montre « combien est grande la place qu'occupe la médecine
traditionnelle dans nos sociétés où la maladie revêt
plusieurs formes d'explications. Elle n'est plus d'origine naturelle,
résultat d'un déséquilibre quelconque au niveau de
l'organisme, mais relève du mauvais sort, du mauvais esprit, du mauvais
oeil et c'est là où le processus psychique joue un rôle
important expliquant ainsi le recours au guérisseur, au marabout
traditionnel, au sorcier lors de la maladie » Touré,(1997). Il
faut souligner que la médecine traditionnelle a bien et bien
existé en Afrique avant celle moderne. Elle use toujours de son
influence sur certains patients dont la maladie est incurable ou tarde à
guérir. C'est ce que Engelhand,(1989) a remarqué en
affirmant : « une attitude de profond mimétisme
coexiste entre avec une tendance persistante à consulter le
tradipraticien. Les populations sont attachées à la
médecine traditionnelle au moins comme une institution
culturelle ».
Aussi, il est à noter que l'équivoque n'est pas
levée autour des différents praticiens de la médecine
traditionnelle (tradipraticiens, marabouts, charlatans, sorciers...). Nous
avons tendance à les mettre dans un même sac car un praticien de
la médecine traditionnelle peut faire office en même temps de
tradipraticien, de marabout, de charlatan, de sorcier...
Toutefois, une série de définitions de
médecine traditionnelle est proposée par certains experts. Tous
sont convaincus de l'existence de ces pratiques empiriques.
D'après Pichéral, (1984) la médecine
traditionnelle est «l'ensemble des formes et modes de
représentation de signification des connaissances et pratiques
explicables ou non pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un
déséquilibre psychique, mental ou social en s'appuyant
exclusivement sur l'expérience vécue et l'observation transmises
de génération en génération ou oralement ou
écrit».
Ces définitions portent des limites dans la mesure
où certaines pratiques de la médecine traditionnelle sont
similaires à celles de la médecine moderne. C'est le niveau de
développement qui différencie le type de soins.
La médecine moderne a toujours usé de la flore
qu'utilise la médecine traditionnelle à travers la
pharmacopée pour traiter, soigner une quelconque maladie. Mais
l'utilisation de ces plantes entre en association avec d'autres composantes
pour une meilleure efficacité.
En plus, certaines maladies sont mieux traitées par la
médecine traditionnelle que moderne. C'est pourquoi nous assistons de
plus en plus à des échanges d'idées, à une
« symbiose » entre les deux médecines. Le but
étant de trouver des remèdes meilleurs contre les maladies.
Dans notre contexte, les praticiens de la médecine
traditionnelle sont disséqués en deux groupes :
- Le tradipraticien, le marabout, charlatan : ils sont
considérés comme des personnages qui
pratiques la médecine traditionnelle. Ils utilisent
comme moyens thérapeutiques pour le marabout et les sciences occultes ou
ésotériques pour le charlatan. Ils interviennent sous la demande
du patient qui peut faire appel à leurs services à n'importe quel
moment moyennant une compensation qui la plupart est inférieure aux
coûts de prestations des soins modernes.
- Le sorcier ou le Saltigui est un personnage mystique, il est
très redouté et considéré dansle
village. Il a hérité les dons de
guérisseurs et de prédicateurs de ses ancêtres. Cette
« fonction » suit une lignée patrilinéaire
qui se transmet de père en fils depuis l'avènement du village.
Le saltigui est le défenseur du village contre les
mauvais esprits. Le recours à ce personnage se fait à une
période sauf en cas d'évènements exceptionnels.
C'est le saltigui qui dirige le « xoy »
une sorte d'appel annuel pour scruter l'avenir et parler de l'hivernage
prochain.
Ici, il impose à la population un traitement unique qui
est appliqué à tous. Exemple au début de l'hivernage,
l'eau de la première pluie est distribuée dans toutes les maisons
laquelle chaque membre s'en baignera.
Vu que la croyance de ces systèmes ancestraux demeure
si persistante, le recours à la médecine traditionnelle s'est
avéré très importante.
11.1.4 I-1-3/ LES ITINERAIRES THERAPEUTIQUES
L'itinéraire thérapeutique est défini
comme le recours successif à plusieurs traitements pour un même
épisode morbide. S'il y a
hétérogénéité du recours, le but du patient
étant la satisfaction de ses besoins de santé. Les
itinéraires thérapeutiques occupent une proportion très
représentative dans la population 87 %.
- L'itinéraire soins modernes vers
traditionnels ;
- L'itinéraire soins traditionnels vers soins
modernes ;
- L'itinéraire soins modernes vers soins modernes
(soins modernes à toutes les étapes de la
pyramide sanitaire) ;
- L'itinéraire soins traditionnels vers soins
traditionnels (changement au niveau des
différents praticiens).
Tableau 18: recours
successif de la population aux différents types de soins en
pourcentage
1er
Recours
|
Soins modernes
|
45
|
17
|
Soins traditionnels
|
2ème
recours
|
Soins traditionnels
|
12
|
9
|
Soins modernes
|
Source : DIOUF, 2013
Nous constatons que l'itinéraire thérapeutique
soins modernes vers les soins modernes est le plus utilisé (% de la
population).
Il arrive que la qualité des soins modernes ne donne
pas entièrement satisfaction au malade. Celui-ci se détourne des
soins modernes pour une quête thérapeutique traditionnelle.
La perception de la nature de la maladie par le patient, il
repart à la recherche d'autres lieux jusqu'à la satisfaction
totale de ses besoins de santé.
Nous avons constaté que les patients atteints de
maladies telles que gastriques, pathologiques, des voies urinaires, les
fractures font en premier lieu recours à des praticiens traditionnels.
Devant leur incapacité à offrir des soins de qualité, ils
font recours à d'autres praticiens traditionnels (tradipraticiens) avant
de faire recours en dernier lieu aux soins de santé modernes.
Cependant certains patients font des recours simultanés
aux soins de santé modernes comme traditionnels pour un même
épisode morbide. La seule explication qu'ils ont donné est
que « nous sommes en Afrique et qu'il faut essayer toutes les
thérapies en cas de maladie ».
11.1.5 I-1-4/ LE RECOURS A L'AUTOMEDICATION
Par automédication, nous entendons l'utilisation par le
malade de médicaments sans prescription d'un praticien. Nous
distinguons :
- L'automédication moderne est la consommation de
médicaments agréés par la médecine
moderne sans l'avis d'un praticien en soins de santé
modernes ;
- L'automédication traditionnelle est l'utilisation de
médicament provenant de la
pharmacopée traditionnelle sans le recours des
tradipraticiens.
Le recours à l'automédication a
intéressé 93% de la population. Nous constatons que 56% utilisent
l'automédication traditionnelle et 37% l'automédication
moderne.
Pour mieux cerner les raisons qui poussent la
populationà s'adonner à l'automédication, nous avons
examiné en même temps deux variables
socioéconomiques : le niveau d'instruction et le type
d'activités effectuées.
Il est à noter que l'utilisation du type
d'automédication dépend étroitement du niveau
d'instruction. Plus une population connaît une instruction avancée
plus elle a tendance à s'affranchir de l'automédication
traditionnelle.
Cependant bien que Diofiorconnaît une instruction de
masse ces vingt dernières années, il n'en demeure pas moins que
les diofiorois sont de très grands conservateurs ce qui montre un
recours important à la médecine traditionnelle et surtout
à l'automédication.
12 CHAPITRE II : LES MOTIFS DU CHOIX DE RECOURS
La perception de la nature de la maladie par le
patient ou par son entourage, oriente le plus souvent son lieu de recours. Le
choix du mode de recours est spécifié par l'impression dont le
patient a de sa maladie.
12.1.1 II-1/ LES MOTIFS CULTURELS
Ici la conception de la maladie change, « elle n'est
plus d'origine naturelle, résultat d'un déséquilibre
quelconque au niveau de l'organisme, mais relève du mauvais sort, du
mauvais esprit, du mauvais oeil » Touré,(1997) « le
tradipraticien devient alors le recours le plus efficace ».
Ce choix est aussi spécifié par la
qualité et la confiance accordées aux lieux de soins, aux
praticiens soit par l'intermédiaire d'une tierce personne qui a
traité avec succès une maladie similaire soit par la
société qui influe fortement sur le vécu quotidien.
Le village de Diofior reste l'un des derniers bastions de la
culture sérère ce qui lui confère son caractère de
société traditionnaliste. Les habitants ont
développés et pérennisé pendant très
longtemps des pratiques culturelles, relevant des sciences occultes (les
pangols). Mais avec l'islamisation qui concerne plus de 98% de la population,
le recours à ces pratiques se fait de plus en plus de manière
discrète.
Ici, la maladie trouve une explication à travers une
vision non scientifique du monde. Elle est souvent d'origine surnaturelle. Le
traitement de certaines maladies n'est pas connu de la médecine moderne.
« C'est là où le processus psychique joue un rôle
important expliquant ainsi le recours au guérisseur, au marabout, au
sorcier lors de la maladie » Touré,(1997).
Le choix d'un type de recours est déterminé
certes par les critères de proximité mais beaucoup plus par son
aptitude à soigner efficacement la maladie selon sa nature et sa
gravité supposées. Les facteurs sociaux et culturels agissent
plus sur l'attitude du malade à recourir à tel ou tel type de
soins que les facteurs géographiques « l'utilisation des
structures de soins se situe à la rencontre de l'organisation du
système de soins et de la représentation que l'utilisateur se
fait de sa maladie » Thouez, (1987).
12.1.2 II-1-2/ LES MOTIFS SOCIOECONOMIQUES
Dans cette partie, nous allons étudier la
fréquentation de la population aux soins de santé et ensuite
analyser les raisons qui poussent la population à adopter certaines
attitudes.
Pour cela, une classification en catégories sociales de
quelques patients pris au hasard est proposée à travers le
tableau suivant :
Tableau 19: Typologie des
catégories sociales
Classe
|
Catégorie
Sociale
|
Professions
|
Revenus en (FCFA)
|
Effectif de patients en VA
|
Effectif de patients en VR
|
A
|
Catégorie sociale
PAUVRE
|
Sans profession, ménagère
|
<30 000
|
56
|
40
|
B
|
Catégorie sociale
INFERIEURE
|
Tailleur, teinteur, vendeur, tresseuse
|
30 000<R<50 000
|
36
|
25,7
|
C
|
Catégorie sociale
INTERMEDIAIRE
|
Petits commerçants, restaurateurs, maîtresse de
cuisine, couturier, mécanicien, ouvrier
|
50 000<R<100 000
|
29
|
20,7
|
D
|
Catégorie sociale
NANTIE
|
Instituteur, professeur, agent, infirmier, sage-femme
|
>100 000
|
19
|
13,6
|
Source : DIOUF, enquêtes sur le terrain,
2013
Cette classification est très relative. Les
catégories sociales ont été élaborées en
fonction des revenus.
Toutefois, il peut arriver qu'une des professions change de
catégorie dans une autre zone où le niveau économique est
soit plus élevé, soit moins élevé que celui de
notre zone d'étude. Par exemple est classé dans la
catégorie sociale inférieure.
Il peut être classé dans la catégorie
sociale intermédiaire puisque notre zone d'étude est une commune
rurale où la principale activité est l'agriculture.
La classification fait ressortir quatre (4) groupes de
catégories sociales :
- La classe A/ la catégorie sociale pauvre qui
constitue (40 %) des patients ;
- La classe B/ la catégorie sociale inférieure
(25,7%) des patients ;
- La classe C/ la classe sociale intermédiaire (20,7
%) ;
- La classe D/ la classe sociale nantie (13,6%).
Cette classification nous permet d'étudier à
travers le tableau les comportements sanitaires de la population par rapport
à la structure de santé.
L'insuffisance de revenus paralyse souvent l'accès aux
soins de santé. A mesure qu'un traitement touche à sa fin, les
coûts de consultations deviennent de plus en plus élevés du
fait du changement du niveau de consultations. En effet, les premières
consultations sont effectuées par des médecins, des infirmiers ou
des sages-femmes. Les traitements sont suivis par ces mêmes praticiens.
Mais les dernières consultations sont impérativement
contrôlées par des médecins. Ceci pour mieux statuer sur
l'évolution du malade.
Les coûts de prestation diffèrent alors en
fonction de la catégorie professionnelleet du niveau de soins. Ils sont
plus chers pours les médecins.
Pour Touré, (1996), le problème
d'accessibilité financière des structures modernes constitue un
obstacle à leur utilité ». Et pour La Rocque,(1996)
sachant « qu'on ne se présente pas dans une structure de soins
sans argent », les malades ont tendance à négliger de
plus en plus les soins modernes.
Ainsi, la population démunie ne disposant pas de moyens
suffisants pour accéder correctement aux soins de santé dont les
coûts leur paraissent élevés. Les importantes charges
qu'impose la maladie, les difficultés auxquelles elles sont
confrontées et les répercussions des dépenses
financières effectuées en soins de santé sur leur niveau
de vie font dire à Salem que la pauvreté a un
prix « povertyisexpensive ». Pour combler ce
déficit, elles y associent la médecine traditionnelle dont les
coûts de prestations, leur sont plus abordables.
Cette attitude irrégulière de la
fréquentation est perçue par Niang, (1997). Dans une étude
réalisée dans la vallée du fleuve Sénégal,
elle affirme que « les ménages aisés se
réfèrent le plus souvent aux structures de soins de santé
secondaires alors que les ménages à faible revenu
fréquentent plus la médecine traditionnelle, les structures
primaires et s'adonnent à l'automédication ».
13 CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, nous pouvons constater que
l'analyse du système de soins dans la commune rurale de Diofior est
fortement corrélée à l'étude de l'offre et du
recours aux soins de santé. Les problèmes rencontrés
relèvent plus de l'accessibilité financière que
géographique.
L'iniquité du système se traduit par une
inégalité dans le recours et dans la consommation médicale
et cela partout dans les pays en développement.
Les problèmes de santé coûtent très
chers en vies humaines, en frais médicaux et en journées de
travail perdues.
De nombreuses politiques sont mises en oeuvre, soit de
façon individuelle, soit de façon collective pour réduire
au mieux la disparité existant entre l'offre et la demande. Mais elles
demeurent modestes dans leur application. Nous pensons que « les
politiques de santé ont changé de langage mais ils n'ont pas
encore ou fort peu changé de pratiques ». Hours,(1989)
Ainsi, un niveau de vie satisfaisant est une composante
indissociable du développement. Le mauvais état des individus
réduit leur possibilité d'assurer une activité
génératrice de revenus et, en ce sens, constitue un obstacle
majeur à l'amélioration de leurs conditions de vie et affecte
l'économie du pays.
Un engagement plus consciencieux à tous les niveaux
politiques, économiques, sociales pallierait aux insuffisances du
système de santé (associer les communautés et les
décideurs à l'analyse régulière des
problèmes de santé spécifiques et favoriser la
délégation des responsabilités à l'échelon
local).
Une meilleure connaissance de la commune de Diofior nous a
éclairé sur son histoire, la dynamique de son occupation et
surtout sur les conditions géographiques, socioéconomiques et
environnementales du milieu.
En effet, on a pu prendre connaissance que le nom et
l'histoire de Diofior sont liés à des évènements
historiques particuliers, à des personnages héroïques qui
font qu'il n'est pas un village issue de néant.
La solidarité qui s'est installée entre les
familles est l'effet des liens de parenté qu'entretiennent les
habitants. Ainsi, les terres sont données, ce qui a accueilli de
nombreuses personnes venues des environs. Diofior finira par se
développer, devenir prospère pour ensuite être un grand
village et même l'une des plus grandes communes du
Sénégal.
Aujourd'hui avec son statut de commune, la vente des terres et
la forte natalité, Diofior consolide sa place de plus grande commune de
la région de Fatick.
La commune de Diofior renferme divers caractéristiques.
Elle est confrontée à un problème d'urbanisation alors que
les terres propres à la commune sont épuisées.
Cependant, avec sa position géographique presque
encerclée par la communauté rurale de Djilass, elle a
bénéficiée 5km2de terres de cette
dernière. Cet étalement spatial associé à la
croissance galopante dans un contexte de pauvreté, ont entrainé
des problèmes environnementaux qui ont des répercussions
négatives sur la santé publique.
Par ailleurs, il se pose aujourd'hui, l'acuité du
déficit d'équipements tel que l'eau, l'électricité,
les canaux d'évacuation des eaux usées surtout en période
de saison des pluies et en infrastructures de base et leurs corollaires.
Par ailleurs, l'offre de soins du centre de santé est
loin d'atteindre les objectifs de satisfaction des besoins de la population.
Une large offre de soins privés, extérieure à la commune,
et traditionnels s'est greffée à ce système de soins
public. Cette offre a du mal à atteindre sesobjectifs de satisfaction
des besoins de la population du fait de l'insuffisance d'un plateau technique
adéquat.
L'étude de la desserte et de l'activité du
centre de santé a révélé que l'offre de soins
n'assure pas la satisfaction des besoins des populations ce qui fait que ces
derniers fréquentent moins qu'il le faut le centre de santé. En
effet, les problèmes d'équipement et de personnels
qualifiés constituent un handicap pour la satisfaction des besoins des
populations en matière de santé. Ceci combiné au manque de
moyens financiers de certains, devient un problème inquiétant.
L'étude de l'activité montre que la
fréquentation du centre de santé qui est dans l'ensemble
circonscrite aux quartiers proches de ces derniers varie en fonction des
quartiers, de l'âge et du sexe des patients.
L'offre des soins traditionnels a un réel impact sur la
satisfaction des besoins de la population. Le recours aux tradipraticiens qui
compose la faible couverture sanitaire constitue un élément
important pour les populations qui y croient et tiennent à le
maintenir.
Cependant, l'automédication
révélée par la pharmacopée et les pharmacies de la
rue constitue un réel problème de santé publique qu'il
faut éradiquer. Par conséquent, toutes ces options à la
portée des populations font que ces derniers ont des itinéraires
diagnostiques et thérapeutiques très complexes.
Les résultats de notre travail d'étude et de
recherche nous amènent à dégager un certains nombre de
perspectives pouvant améliorer le système de soins :
- Renforcer le plateau infrastructurel et, par
conséquent, l'expertise médicale par la réalisation d'une
autre structure de santé ;
- Promouvoir l'hygiène préventive en
développant des stratégies de proximité en matière
d'éducation sanitaire, de sensibilisation ;
- Renforcer les capacités d'intervention des
comités et autres structures communautaires de santé ;
- Doter le centre de santé d'équipements
supplémentaires et de moyens d'évacuation des urgences avec
l'acquisition d'ambulances et de véhicules de service ;
- Promouvoir la collaboration entre l'offre de soins modernes
et la médecine traditionnelle pour une meilleure prise en charge des
populations ;
- Renforcer les mesures prises pour éradiquer la vente
de médicaments de la rue ;
- OEuvrer pour une réouverture de la pharmacie
privée.
De telles perspectives pour la promotion d'un système
plus efficace reposent sur une politique de communication, l'approche
participative et les stratégies intégratives.
14 BIBLIOGRAPHIE
BISCOE J. et al (1987)Evaluation de
l'effet sur la santé : Approvisionnement en eau assainissement et
hygiène. Centre National de Recherche pour le Développement
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1996.
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la définition d'une urgence de santé publique. Médecine
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Santé dans le Tiers-monde : Transition épidémique,
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TINE J. A. G (1999) : L'offre et le
recours aux soins hospitaliers dans la région de Thiès :
analyse géographique ; mémoire de maîtrise.
TOURE et
al (1987):
Thérapeutique traditionnelle et
kinésithérapeute : les motifs de premiers choix d'une
population de malades fréquentent le CNAOS à Dakar, UCAD.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Effectif par sexe du recensement
de la population
3
Tableau 2: Desserte en personnel de
santé au Centre de Santé de Diofior
53
Tableau 3: Indice personnel
soignant/population cible du centre de santé dans la commune
54
Tableau 4: Accessibilité au centre
de santé
55
Tableau 5: Analyse des relations
automédication/niveau d'instruction et type d'activités
57
Tableau 6: Taux d'utilisation des services
du centre de santé de Diofior
63
Tableau 7: Choix de l'utilisation des
services du centre de santé
64
Tableau 8: Taux de fréquentation
selon l'âge en 2009
67
Tableau 9: Taux de fréquentation
selon le sexe en 2009
68
Tableau 10: Taux de fréquentation
par quartier en 2009
69
Tableau 11: Morbidité
proportionnelle en 2013
72
Tableau 12: Effectif de consultants selon
l'âge
73
Tableau 13: Comparaison pourcentage de
consultants/taux de fréquentation par classe d'âge
75
Tableau 14 : Comparaison pourcentage
de consultants/taux de fréquentation par sexe
78
Tableau 15: Variations mensuelles de la
morbidité
80
Tableau 16: Mode de recours de la
population dans la commune en 2013
84
Liste des Cartes
Carte 1 : Situation
géographique de la commune de Diofior
3
Carte 2 : Carte de la Commune de
Diofior
38
Carte 3: Carte des infrastructures de
santé de Diofior
51
15 ANNEXE
ABLE DES MATIERE
SOMMAIRE
2
ACRONYMES
4
AVANT PROPOS
6
INTRODUCTION
8
I/ PROBLEMATIQUE
10
I-1/ CONTEXTE GENERAL
10
I-2/ JUSTIFICATION DU SUJET
11
I-3/ OBJECTIFS DE RECHERCHE
14
I-5/ APPROCHE CONCEPTUELLE
15
II/ METHODOLOGIE
22
II-1/ REVUE DOCUMENTAIRE
22
II-2/ COLLECTE DES DONNEES:
29
II-3/ TRAITEMENT DES DONNEES
30
PREMIERE PARTIE :
LA COMMUNE DE DIOFIOR
31
CHAPITRE I : PROCESSUS D'OCCUPATION DE
L'ESPACE
34
I-1/ HISTORIQUE
34
I-2/ DYNAMIQUE D'OCCUPATION DE
L'ESPACE
35
CHAPITRE II : SITUATION DEMOGRAPHIQUE,
SOCIO-ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE
37
II-1/ SITUATION DEMOGRAPHIQUE
37
II-1-1/ LA POPULATION : EVOLUTION ET
REPARTITION
37
II-1-2/ CARACTERISTIQUES
SOCIODEMOGRAPHIQUES
40
II-1-3/ SITUATION MATRIMONIALE ET
ORGANISATION TRADITIONNELLE
41
II-1-4/ REPARTITION ETHNIQUE ET
SOCIALE
42
II-2/ SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE ET
ENVIRONNEMENTALE
43
II-2-1/ LES ASC, GIE ET ASSOCIATIONS ET
DEVELOPPEMENT
43
II-2-2/ LES PROBLEMES SOCIAUX
44
CHAPITRE III : LES SERVICES SOCIAUX DE
BASE
46
III-1-1/ L'EDUCATION : LES
INFRASTRUCTURES SCOLAIRES
46
III-1-2/ LES SERVICES
FINANCIERS
47
III-1-3/ L'ACCES A L'EAU POTABLE ET A
L'ASSAINISSEMENT
47
DEUXIEME PARTIE : GEOGRAPHIE DE
L'OFFRE DE SOINS
50
GEOGRAPHIE
DE L'OFFRE DE SOINS
50
INTRODUCTION PARTIELLE
51
CHAPITRE I : L'OFFRE DE SOINS
PUBLIQUE
53
I-1/ LA DESSERTE EN INFRASTRUCTURES ET EN
PERSONNEL DE SANTE
53
I-2/ L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE DU CENTRE
DE SANTE
56
CHAPITRE II :LES TYPES D'OFFRE DE
SOINS
58
II-1/ L'OFFRE DE SOINS
TRADITIONNEL
58
II-2/ LE RECOURS AUX MEDICAMENTS DE LA
RUE
59
CONCLUSION PARTIELLE
60
TROISIEME PARTIE : LE RECOURS AUX
SOINS DE SANTE
62
LE
RECOURS AUX SOINS DE SANTE
62
CHAPITRE I : LES VOLUMES
D'ACTIVITES
64
I-1/ LES VARIATIONS SPATIALES DE RECOURS
AUX SOINS
64
I-1-1/ LES VOLUMES D'ACTIVITES DES SERVICES
DU CENTRE ET LES AIRES DE RECRUTEMENT
64
I-1-2/ L'ACCES AUX SOINS DE
SANTE
67
CHAPITRE II : LA MORBIDITE
DIAGNOSTIQUEE
72
II-1/ LA MORBIDITE SELON L'AGE ET LE
SEXE
72
II-1-1/ LA MORBIDITE SELON
L'AGE
72
II-1-2/ LA MORBIDITE SELON LE
SEXE
77
II-1-3/ LES VARIATIONS SPATIALES ET
TEMPORELLES DE LA MORBIDITE
79
II-1-4/ LES AFFECTIONS A PROGRESSION
SAISONNIERE
82
II-1-5/ LES AFFECTIONS A PROGRESSION
PONCTUELLE
83
QUATRIEME PARTIE :LES TYPES DE RECOURS
AUX SOINS DE SANTE
84
CHAPITRE I : LES MODES DE
RECOURS
85
I-1/ LE RECOURS A LA MEDECINE MODERNE ET A
LA MEDECINE TRADITIONNELLE
85
I-1-1/ LE RECOURS A LA MEDECINE
MODERNE
86
I-1-2/ LE RECOURS A LA MEDECINE
TRADITIONNELLE
86
I-1-3/ LES ITINERAIRES
THERAPEUTIQUES
88
I-1-4/ LE RECOURS A
L'AUTOMEDICATION
89
CHAPITRE II : LES MOTIFS DU CHOIX DE
RECOURS
91
II-1/ LES MOTIFS CULTURELS
91
II-1-2/ LES MOTIFS
SOCIOECONOMIQUES
92
CONCLUSION GENERALE
95
BIBLIOGRAPHIE
98
LISTE DES TABLEAUX
100
ANNEXE
101
ABLE DES MATIERE
102
* 1 HULOT J.P. in La lettre
du pharmacologue Janvier 1989
* 2 Conférence
internationale sur les soins de santé primaires Alma-Ata 6-12 septembre
1978. Rapport des DG de l'ONU et de l'UNICEF. 54 pages.
* 3 Aminata NIANG, (1997)
Evolution de la desserte médicale et du recours aux soins de
santé primaires dans le delta de la moyenne vallée du fleuve
Sénégal (1983, 1988, 1993) : Analyse géographique.
Thèse de Doctorat du 3ème cycle.
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