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Profil clinique et épidemiologique de la coinfection tuberculose-VIH chez les enfants de moins de 10 ans


par Bède KASANGANA
Université Reverend Kim - Docteur En Medecine 2019
  

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2.2.4. Analyse statistique

Les données ont été saisies sur l'ordinateur portable de marque TOSHIBA en utilisant les logiciel SPSS version 20.0for Windows.

La statistique descriptive a présenté les fréquences et les pourcentages pour les variables qualitatives alors que les variablesquantitatives ont presenter des mesures de tendance central dont : les moyennes et medians et des mesures de dispersion dont : les ecart types.

Leurs résultats ont été présentés sous forme de tableaux et des figures. Nous avons utilisé le test Khi-deux de Pearson pour rechercher les facteurs influençant le décès. Le seuil de signification statistique était fixé à p=0,05.

CHAPITRE 3. RESULTATS

3.1. Données sociodémographiques

3.1.1. Age

Figure 2. Répartition des patients en fonction de l'âge

L'âge moyen de ces patients était de 8,1#177;1,9 ans, avec des extrêmes de 5 ans et 10 ans, et une fréquence plus élevée à 10 ans.

3.1.2. Sexe

Figure 3. Répartition des patients selon le sexe

Il ressort de cette figure que 53% de ces enfants co-infectés étaient des filles et 47% des garçons.

3.2. Paramètres du diagnostic

3.2.1. Determine et charge virale

Tableau IX. Répartition des patients en fonction des résultats du determine et la charge virale

PARAMETRE

n

%

DETERMINE

 

Positif

100,0

100,0

Négative

0

0

CHARGE

 

?50

13

13,0

<50

87

87,0

Il ressort de ce tableau que tous les résultats du determine étaient positifs ; par ailleurs, 13% des patients avaient une charge virale ?50.

3.2.2. Statut immunologique

Tableau X. Présentation du taux de CD4

TAUX DE CD4

n

%

<240

12

12,0

?240

88

88,0

Total

100

100,0

On constate par le tableau ci-dessus que 12% de ces patients avaient un taux de CD4 <240 cellules, alors que dans 88% des cas ce taux était?240.

3.2.2. Localisation de la tuberculose

Tableau XI. Répartition en fonction de la localisation de la tuberculose

Forme TBC

n

%

PULMONAIRE

87

87,0

EXTRA PULMONAIRE

13

13,0

Total

100

100,0

Lesformes pulmonaires de TBC étaient retrouvées dans 87%, alors que les formes extrapulmonaires ont représenté 13% des cas.

3.2.3. Etat nutritionnel

Tableau XII. Répartition des patients en fonction de leur état nutritionnel par l'indice P/T

INDICE P/T (en %)

n

%

<75

24

24,0

=75

76

76,0

Total

100

100,0

Il se dégage du tableau IV ci-dessus que 24% de ces patients avaient un indice P/T <75%, 76% d'eux en avaient à 75% et plus.

3.3. Profil thérapeutique

Figure 4.Présentation des différents traitements reçus par les patients

Dans cette population, tous les patients avaient reçu les ARV et les anti tuberculeux, alors que la prophylaxie au cotrimoxazole n'était administré que dans 93% descas.

3.4. Issue après traitement

3.4.1. Fréquence des décès

Tableau XIII. Présentation du profil évolutif des patients après traitement

ISSUE

n

%

MORT

23

23,0

VIVANT

77

77,0

Total

100

100,0

A l'issue de la prise en charge de ces enfants, nous avons enregistré 23 décès sur le total de 100 patients, soit un taux de décès de 23%.

3.4.2. Facteurs favorisants

3.4.2.1. Influence du sexe

Tableau XIV. Evaluation de l'impact du sexe sur le taux de décès

SEXE

ISSUE

MORT

VIVANT

Total

n

%

n

%

n

%

GARCON

8

8

39

39

47

47

FILLE

15

15

38

38

53

53

TOTAL

23

23,0%

77

77,0%

100

100,0%

p=0,18

Nous n'avons observé aucune influence du sexe sur le taux de décès (p=0,18), bien ce taux soit élevé chez les filles.

3.4.2.2. Influence de la charge virale

Tableau XV. Evaluation de l'influence de la charge virale sur le taux de décès

CHARGE VIRALE

ISSUE

MORT

VIVANT

Total

n

%

n

%

n

%

?50

12

12,0

1

1,0

13

13,0

<50

11

11,0

76

76,0

87

87,0

TOTAL

23

23,0

77

77,0

100

100,0

p=0,000

Il ressort de ce tableau que sur les 13 (13%) patients qui avaient une charge virale importante (?50), 12% sont décédés à l'issue du traitement.

3.4.2.3. Influence du taux de CD4

Tableau XVI. Evaluation de l'influence du taux de CD4 sur l'issue des patients après prise en charge.

TAUX DE CD4

ISSUE

MORT

VIVANT

Total

n

%

n

%

n

%

<240

10

10,0

2

2,0

12

12,0

?240

13

13,0

75

75,0

88

88,0

TOTAL

23

23,0

77

77,0

100

100,0

p=0,000

On constate par ce tableau que sur les 12 patients qui avaient un taux de CD4 <240 cellules, 10 sont décédés à l'issue de leur traitement.

3.4.2.4. Impact de la localisation de la tuberculose

Tableau XVII. Analyse de la relation entre localisation de la tuberculose et le taux de décès après traitement

LOCALISATION TUBERCULOSE

ISSUE

MORT

VIVANT

Total

n

%

n

%

n

%

PULMONAIRE

20

20,0

67

67,0

87

87,0

EXTRA PULMONAIRE

3

3,0

10

10,0

13

13,0

TOTAL

23

23,0

77

77,0

100

100,0

p=0,99

Nous n'avons observé aucune influence de la localisation de la tuberculose sur le décès après traitement (p=0,99).

3.4.2.5. Indice P/T et taux de décès

Tableau XVIII. Analyse de l'influence de l'état nutritionnel par l'indice P/T sur le taux de décès des patients

INDICE P/T (En %)

ISSUE

MORT

VIVANT

Total

n

%

n

%

n

%

<75

9

9,0

15

15,0

24

24,0

=75

14

14,0

62

62,0

76

76,0

TOTAL

23

23,0

77

77,0

100

100,0

p=0,05

Sur le total de 24 patients qui avaient un indice P/T inférieur à 75%, 9 sont décédés à l'issue du traitement (soit 9%), et pour ceux qui avaient un indice P/T =75%, 14 patients seulement sur 76 sont morts, avec une différence statistiquement significative entre les deux groupes de patients (p=0,05).

CHAPITRE 4. DISCUSSION

Cette étude était consacrée à faire une analyse rétrospective sur le profil sociodémographique, clinique et para clinique de la co-infection VIH-TB, ainsi que ses facteurs favorisants chez les enfants pris en charge à l'hôpital pédiatrique de Kalembe-lembe. Elle avait inclus 100 patients dont l'âge moyen était de 8,1#177;1,9 ans, avec une prédominance féminine (soit 53%).

Une tendance contraire trouvée dans la série de d'Ansari M. (19), avec un ratio H/F de 1,2 en faveur des garçons, il en était de même pour Bouskraoui Marrakech avec un sexe ratio de 1,5 (20), MAKOUGANG WAFFO Carole Stéphanie (21) avec un sex-ratio de 1,3, H.diallo(22) sex-ratio de 1,8, toujours en faveur des garçons. Cependant, dans une étude réalisée en Centre Afrique par G.BRETON et al. Ont rapporté un sex-ratio de 1,2 en faveur des filles (23). Ces différences peuvent être liées aux milieux d'étude qui sont différentes.

L'analyse de leur statut biologique nous a amené à trouver que la totalité des résultats du determine étaient positifs, et 13% des patients avaient une charge virale ?50. Nos résultats rejoignent ce qui est rapporté dans la littérature que le risque d'une charge virale importante est lié à l'immunodépression induite par le VIH, mais également par uneexposition plus importante à la tuberculose des patients séropositifs (24).

Quant aux données immunologiques, nous avons relevé dans notre série que 12% de ces patients avaient un taux de CD4 <240 cellules à l'admission, alors que dans 88% des cas ce taux était ?240. Ces résultats sont totalement différents de ceux d'Ansari (19) où le taux de CD4 était <200 dans 92,6%, de Modibo Doumbia(25) qui était de 80%. Cette disparité peut être liée au fait que ces deux études avaient inclus même les enfants de moins de 5 ans, alors dans notre série les enfants sont âgés de 5 à 10 ans ;ainsi compte tenu du fait que le diagnostic de la co-infection VIH-tuberculose n'est pas toujours facile à poser chez les tous petits enfants, cela fait que la plupart de ces enfants sont diagnostiqués avec une immunodépression avancée.

Ces co-infection VHI étaient dans 87%, des cas à la tuberculose pulmonaire et 13% des cas à aux formes extra pulmonaires de TBC ; Un taux supérieur à série d'Ansari, où la forme pulmonaire avait représenté 70,8 % des patients (26). Dans la série de Lou par contre la forme pulmonaire représentait 90% des cas (24). Bien qu'à des taux différents, toutes ces études plaident en faveur d'une fréquence plus élevé de la tuberculose pulmonaire lors d'une coïnfection VIH tuberculose.

Eu égard à l'évaluation de leur profil nutritionnel, nous avons observé 24% des patients dans un état de mal nutritionaigu sévère (soit un indice P/T <75%). Nos résultats vont dans le sens de l'étude de M'Pemba réalisée à Brazaville, où le couple tuberculose/malnutrition protéino-énergétique a été retrouvé chez 20 % des patients, alors que dans des études antérieures réalisées dans le même contexte (27), la malnutrition était observée dans 12,7 % des cas. Une augmentation de 7 % était donc notée (26).

Le profil thérapeutique de ces enfants était à notre avis adapté car ils étaient tous sous ARV et anti tuberculeux. Cependant, la prophylaxie au cotrimoxazolen'était pas administrée de façon systématique chez tous les patients. L'initiation du traitement s'est donc avéré être adapté, car il est dit que l'initiation du traitement antirétroviral après le début du traitement antituberculeux doit se faire dans un délai raisonnable et doit être poursuivie suivant les recommandations OMS (24).

Quant à l'issue vitale après la prise en charge de ces enfants, il s'est dégagé un taux de décès de 23 %. Dans une étude évaluant la mortalité imputable à la tuberculose, les décès ont été surtout observés chez les patients présentant une co-infection tuberculose-VIH/sida, et il a été conclu que l'association VIH-tuberculose grevée d'une mortalité plus élevée (28). Cependant, il avait était rapportée dans la même étude que l'efficacité du traitement sur ce terrain est également remarquable, 96,3% de guérison parmi la population d'enfants VIH positifs (26). Le taux de guérison parait donc inférieur à ce qui est rapporté ici, constat pouvant être lié à la population d'étude différente.

Par ailleurs, dans une étude réalisée par Mabiala à Brazaville sur la tuberculose multi focale chez l'enfant, l'évolution sous traitement (29) était le plussouventfavorable ; lesdécès enregistréssurvenaientpourlaplupartdansuncontextedecoinfection tuberculose-sida (30).

En analysant les facteurs pouvant être liés à cette mortalité, nous avons trouvé que cette dernière n'était pas liée au sexe (p=0,18), ni à l'âge (p=0,....) car aucune différence statistique n'était observée dans la mortalité entre filles et garçons, mais aussi entre les patients les plus jeunes et les plus âgés

La localisation de la tuberculose n'avait également aucune influence sur le taux de mortalité (p=0,99) malgré que ce taux était plus élevé parmi les patients avec co-infection VIH tuberculose pulmonaire. . Ceci rejoint l'étude de Mabiala(29) qui a dégagé que la surmortalité chez les tuberculeux séro positifs était due à l'évolutivité de l'infection à VIH elle-même, plus qu'à l'émergence de souches multirésistantes ou à des intolérances médicamenteuses à l'origine d'abandon du traitement.

Par contre l'influence de la charge virale et du statut immunologique était nettement observée. Parmi les patients qui avaient une charge virale ?50, 12 sur 13 (soit 92,3%) sont décédés à l'issue du traitement, avec une différence statistiquement significative (p=0,000).

Résultats allant dans le sens d'une cohorte Ivoirienne d'enfants infectés par le VIH, où l'incidence de la tuberculose et le décès ont été corrélés à la charge virale avec une incidence augmentée de 30 fois chez les enfants ayant une charge virale supérieure à 5 log10 copies/mL (31).

De même, le taux de mortalité était élevé parmi les patients avec un taux de CD4 <240 cellules, soit 10/12 patients (soit 83,3%), alors qu'il n'était que 13,7% parmi les patients avec taux de CD4 ?240, avec une différence statistiquement très significative (p=0,000). Ce qui s'explique par le fait d'une immunité réduite, à l'origine de plusieurs pathologies opportunistes pouvant mettre enjeu le pronostic vital de ces enfants.

Nous avons retrouvé également l'influence de la malnutrition sur la mortalité enregistrée dans notre série. Sur le total de 24 patients qui avaient une malnutritionaigu sévère (indice P/T <75%), 9 sont décédés à l'issue du traitement (soit 37,5%), et pour ceux qui avaient un indice P/T =75%, 14 patients seulement sur 76 sont morts (soit 18,4%), avec une différence statistiquement significative entre les deux groupes de patients (p=0,05). La même observation était faite par Mabiala à Brazaville (29), où la grande majorité des enfants séropositifs étaient malnutris avec un taux de mortalité plus élevé par rapport aux enfants séronégatifs pour le VIH. Toutefois, certains il est dit que la malnutrition joue également un rôle majeur dans l'évolution péjorative de la tuberculose, et certains auteurs qualifient l'association tuberculose-VIH-malnutrition de «trio infernal» (32,33).

CONCLUSION

A l'issue de cette étude, nous avons trouvé que la coïnfection VIH-TB est bel et bien présente chez les enfants dans notre milieu avec un taux de mortalité élevé.

Ces enfants avaient une charge virale élevée, un taux de CD4 réduite et un taux de mortalité élevée par rapport à ce qui rapporté dans d'autres études.

Le taux de mortalité élevé était lié à la charge virale, au taux de CD4 bas et à la malnutrition, tout ceci dû à la pauvreté et au manque d'une bonne prévention et un diagnostic précoce.


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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard