MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS
SECONDAIRE ET SUPERIEUR
BURKINA FASO Unité-Progrès-Justice
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHES
EN SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MAITRISE
OPTION SANTE
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Présenté par : KABRE
Théophile 2eme J.
Sous la direction de : Pr BAYA
Banza (Maître de conférences) Mme NIKIEMA
Aude (Chargée de recherche) Dr OUEDRAOGO Robert (Conseiller en
santé)
Année académique 2012-2013
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
TABLE DES MATIERES
DEDICACES iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DES ABREVIATIONS vi
RESUME viii
Introduction générale 1
PREMIERE PARTIE : LES APPROCHES THEORIQUE ET CONCEPTUELLE 3
Introduction 4
CHAPITRE I : LE CADRE THEORIQUE 5
1.1. La problématique 5
1.2. Les objectifs de l'étude 6
1.3. Les hypothèses de l'étude 7
1.4. Le cadre conceptuel 7
1.5. La définition des concepts 10
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 13
2.1. Contexte général 13
2.2. La présentation générale du district
14
2.3. L'hôpital du district de Bogodogo 20
2.4. La méthode de collecte des données 22
2.4.1. La recherche documentaire 22
2.4.2. L'enquête de terrain 30
2.5. La population cible et l'échantillonnage 31
2.6. Les outils de collecte et la méthode de traitement
des données 34
2.7. Les limites et les difficultés 35
Conclusion partielle 36
DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS 37
Introduction 38
CHAPITRE
III. LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX
39
3.1. La caractérisation des DBM 39
3.2. La production des DBM 40
3.3. La gestion des DBM dans le district sanitaire de Bogodogo
44
3.4. La gestion des DBM au sein de l'hôpital du district
46
II
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CHAPITRE IV : LES CONTRAINTES LIEES A LA GESTION DES DBM
SOURCES
D'UN RISQUE SANITAIRE POTENTIEL 53
4.1. Les contraintes ou dysfonctionnement 53
4.2. Les risques sanitaires liés à la gestion
des DBM 58
4.3. L'itinéraire des DBM solides 61
4.4. Les suggestions 66
Conclusion partielle 70
CONCLUSION GENERALE 71
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 73
ANNEXES ix
ANNEXE I : Questionnaire xi
ANNEXE II : Guide d'observation xvii
ANNEXE III : Données collectées au près
des différentes unités médicales xviii
ANNEXE IV : Données collectées au près du
service privé d'entretien des toilettes xix
ANNEXE V : Répartition des personnes
enquêtées par service xx
III
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Liste des tableaux
Tableau 1 : Répartition des dix principales infections du
district de 2008 à 2011 19
Tableau 2: Quantification des DBM par jour et par service 41
Tableau 3 : Les besoins des personnes enquêtées par
unité de soins 66
Tableau 4 : La répartition de l'échantillon par
service xix
Liste des photographies
Photo 1, 2 et 3 : Les incinérateurs Baeul, SH20 et De
Montfort, juillet 2012 48
Photo 4 : Un panier à ordures ménagères
48
Photo 5 : Une boîte de sécurité 48
Photo 6 : Un tas de déchets à risque potentiel et
de boîtes de sécurité au niveau de
l'incinérateur Baeul 49
Photo 7 : Récipient de collecte en plastique sans
couvercle 50
Photo 8 : Récipient de collecte en fer sans couvercle
50
Photo 9 : Récipient de collecte en plastique avec
couvercle 50
Photo 10 : L'incinération des DBM à ciel ouvert sur
le dépôt sauvage 52
Photo 11 : Un mélange d'ordures ménagères et
de déchets de soins 56
Liste des figures
Figure 1 : Le schéma conceptuel 9
Figure 2 : La répartition de la population du district en
2010 18
Figure 3: Une vue aérienne de l'hôpital du district
de Bogodogo, février 2012 21
Figure 4 : Les voies de transmission d'agents pathogènes
60
Liste des cartes
Carte 1 : Le district de Bogodogo et ses formations sanitaires
17
Carte 2 : La présentation générale de
l'hôpital du district 33
Carte 3 : L'itinéraire des DBM au sein de l'hôpital
du district de Bogodogo 63
iv
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Dédicace
? A mon défunt père qui a été
arraché brutalement à mon affection. Ce mémoire aurait
été pour lui une fierté.
? A ma mère
Par ton amour, ton ardeur au travail, tu as toujours su montrer
à tes enfants la voie à suivre. Je te dédie ce
mémoire en témoignage de toute l'affection, de l'attachement et
de la reconnaissance que j'ai pour toi.
? A mes frères et soeurs
Pour vos encouragements et votre solidarité ; retrouvez
à travers ce modeste travail le fruit de vos soutiens.
? A ma tante PARKOUDA
Votre soutien et votre encouragement m'ont été d'un
grand bien. Puisse le bon Dieu vous les rendre au centuple.
V
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Remerciements
La concrétisation de ce travail n'aurait pas
été possible sans l'aide multiforme des personnes de bonne
volonté. Ainsi, nous exprimons notre profonde gratitude :
- A tous les enseignants du département de
géographie, pour l'enseignement reçu ;
- A notre directeur de mémoire le Professeur BAYA Banza,
pour sa disponibilité et son encadrement ;
- A nos codirecteurs de mémoire M. OUEDRAOGO Robert et Mme
NIKIEMA Aude: pour leur disponibilité et leur encadrement ;
- Aux responsables du district de Bogodogo, à monsieur
David BAZIE, à madame Joséphine GUIGMA, à madame
Christiane COMPAORE, monsieur Hamel Harture YO, pour leur accueil et leur
collaboration ;
- A Madame SOME Diane, à monsieur Apollinaire OUEDRAOGO,
à monsieur Siaka BONO pour son soutien et sa collaboration ;
- A tout le personnel de soins de l'hôpital du district de
Bogodogo, pour sa collaboration ; - A tout le personnel de la
société de nettoyage : pour sa disponibilité et sa
collaboration ;
- A nos collègues, merci pour tout ;
- A nos amis, merci beaucoup pour le soutien que vous m'avez
apporté.
vi
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Liste des abréviations
AHSS Administrateurs des Hôpitaux et du Système
Sanitaire
AIS Agents Itinérants de Santé
BUC Bibliothèque Universitaire Centrale
CHN Centre Hospitalier National
CHU Centre Hospitalier Universitaire
CICR Comité International de la Croix-Rouge
CIRD Centre d'Information et de Recherche pour le
Développement
CM Centre Médical
CMA Centre Médical avec Antenne Chirurgicale
CSPS Centre de Santé et de la Promotion Sociale
DBM Déchets Biomédicaux
DGIEM Direction Générale des Infrastructures,
des Équipement et de la
Maintenance
DGISS Direction Générale de l'Information et des
Statistiques Sanitaires
DHPES Direction de l'Hygiène Publique et de
l'Éducation pour la Santé
DRS Direction Régionale de la Santé
ETYF Entreprise de Travaux Yasser et Frère
GDBM Gestion des Déchets Biomédicaux
GHSS Gestionnaires des Hôpitaux et du Système
Sanitaire
IB Infirmiers Brevetés
IDE Infirmiers Diplômés d'État
IGEDD Institut du Génie de l'Environnement et du
Développement
Durable
MS Ministère de la Santé
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ORL Oto-rhino-laryngologie
PADS Plan d'Appui au Développement Sanitaire
PCA Paquet Technique Complémentaire
PEP Préparateurs d'État en Pharmacie
PMA Paquet Minimum d'Activités
vii
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
PNDS Programme National de Développement Sanitaire
PSRDO-CER Projet Stratégie de Réduction des
Déchets de Ouagadougou
Création d'Emplois et de Revenus par des actions de
collecte, de tri et de valorisation
SFE/ME Sage Femme d'État / Maïeuticienne
d'État
SNGDB Stratégie Nationale de Gestion des Déchets
Biomédicaux
UFR / SDS Unité de Formation et de Recherche en Sciences
De la Santé
PVC Polychlorure de Vinyle
PCDD Polychlorodibenzo-para-dioxine
PCDF Polychlorodibenzo-furanes
VIII
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Résume
La plupart des activités menées dans les
hôpitaux sont à l'origine de la production des déchets dont
la gestion pose un problème de santé publique. Au Burkina Faso,
la gestion des déchets biomédicaux (DBM) engage la
responsabilité des formations sanitaires publiques et privées,
qui ne disposent pas, la plupart du temps, de moyens de gestion adéquats
pour assurer leur prise en charge.
Notre étude se propose de décrire la gestion des
DBM à l'hôpital du district de Bogodogo afin d'en comprendre les
insuffisances et de suggérer des axes de gestion durable des
déchets. La méthodologie adoptée est une
appréciation normative, utilisant comme démarche l'approche
systémique (prise en compte de l'ensemble des composantes en
interrelation). Dans un premier temps nous avons déterminé les
caractéristiques des DBM à l'hôpital du district et le
système de gestion qui y est utilisé. Dans un second temps, nous
avons comparé ce système aux normes nationales.
L'étude révèle que la gestion des
déchets biomédicaux à l'hôpital du district souffre,
dans son ensemble, d'un certain nombre de contraintes institutionnelles,
organisationnelles, humaines et matérielles. Les contraintes
institutionnelles se traduisent par l'insuffisance, au plan national, des lois
sur la gestion des DBM et particulièrement les mesures de contrôle
et de supervision, les méthodes d'élimination et l'application
effective des sanctions. Les contraintes organisationnelles se manifestent par
l'absence d'un plan de gestion des déchets et le manque d'implication
des responsables de l'hôpital du district de Bogodogo qui se traduit par
une insuffisance de supervision, de suivi et d'évaluation. Quant aux
contraintes humaines, elles se traduisent d'une part par un manque de personnel
de gestion des DBM au sein de l'hôpital et d'autre part par une
insuffisance de formation et de sensibilisation des différents acteurs
intervenant dans la filière de gestion des déchets. Les
contraintes matérielles se traduisent par une insuffisance en
matériel de protection (gants, vaccination, suivi médical) et en
matériel de conditionnement des déchets.
La mise en oeuvre effective de dispositions normatives, le
suivi, la formation et la sensibilisation à leur application ; le
recrutement d'un personnel qualifié pour l'entretien des
incinérateurs sont une nécessité pour l'hôpital du
district sanitaire de Bogodogo et, partant, pour les autres
établissements de soins du Burkina Faso.
Mots clés : Bogodogo, gestion,
déchets biomédicaux, hôpital du district, Ouagadougou.
1
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Introduction générale
Aujourd'hui, les concepts de développement durable et
les préoccupations liées à l'assainissement urbain posent
la question des déchets dans les hôpitaux avec acuité. Ils
constituent un risque aussi bien pour la santé de l'homme que pour son
environnement et génèrent différentes formes de pollution
(sol, air, eau). Diverses publications et enquêtes ont montré que,
dans la plupart des pays africains, les conditions actuelles
d'élimination des déchets médicaux solides et
pharmaceutiques ne sont pas toujours satisfaisantes (BRUNELLE, 2005 ; DOUCOURE,
2002 ; Ministère de la santé publique, République du
Niger, 2011). En matière de déchets, les établissements de
soins publics et privés sont concernés d'une part en tant que
producteurs de déchets et donc responsables de leur élimination
adéquate et d'autre part, en tant qu'acteurs de santé soucieux
d'une hygiène rigoureuse pour la protection de la population et de
l'environnement.
Les déchets produits dans les établissements de
soins ou déchets biomédicaux (DBM) sont composés de
déchets assimilables à des ordures ménagères et des
déchets issus des activités de vaccination, de diagnostics, de
traitement de patients et de recherches médicales (Direction
Générale de l'Hygiène Publique et de l'Éducation
pour la Santé, 2009). Bien que les DBM présentent plus de risques
pour la santé que les ordures ménagères, les règles
de sécurité qui leur sont appliquées sont identiques. Du
fait de leur spécificité, les déchets produits par les
établissements de soins entraînent des contraintes
particulières quant à leurs modalités de gestion.
Conscient de la nécessité et de l'obligation de
résoudre la situation engendrée par la problématique des
déchets biomédicaux au Burkina Faso, le Ministère de la
Santé a élaboré en 2002 une Stratégie Nationale de
Gestion des déchets biomédicaux. Cela rentre dans le cadre du
Projet d'Appui au Programme National Multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA
et les infections sexuellement transmissibles (PA-PMLS), financé par la
Banque Mondiale. Puis, compte tenu des mutations opérées dans le
secteur de la santé et à la faveur d'études
récentes et d'innovations technologiques en la matière, les
autorités sanitaires ont révisé et actualisé cette
stratégie en 2005 puis en 2010. En outre, des guides pratiques en
matière de gestion des DBM ont été
élaborés.
2
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Notre étude intitulée « La gestion des
déchets biomédicaux dans le district sanitaire de Bogodogo : cas
de l'hôpital du district » s'inscrit dans une perspective
d'état des lieux de la gestion des DBM à Ouagadougou et
particulièrement dans le district sanitaire de Bogodogo. Le document est
structuré en deux parties. La première partie présente le
cadre théorique et méthodologique de l'étude et la
deuxième est consacrée à l'analyse et à
l'interprétation des résultats de recherche.
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
3
Première Partie
Les approches théorique et
conceptuelle
4
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Introduction
La première partie de cette étude est
consacrée à l'approche théorique et à la
méthodologie de la recherche. Elle se compose de deux chapitres. Le
premier chapitre porte sur le cadre théorique et conceptuel. Il
présente les différentes données des études
déjà menées au Burkina Faso et ailleurs relatives à
la problématique de gestion des déchets biomédicaux. Ce
chapitre donne également les objectifs, les hypothèses, et la
définition de certains concepts.
Le second chapitre, consacré à la
méthodologie, explicite les différentes méthodes, les
techniques et les outils que nous avons utilisés pour collecter et
traiter les informations afin d'élaborer notre travail de recherche. En
outre, il définit la zone et la population d'étude. Il justifie
enfin le choix du thème tout en situant les limites et les
difficultés inhérentes au thème.
5
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CHAPITRE I : LE CADRE THEORIQUE 1.1. La
problématique
L'hôpital est un milieu complexe comparable à une
entreprise industrielle où sont menées des activités de
diverse nature (TRAORE, 1999). Certaines de ces activités sont à
l'origine de la production de déchets solides, liquides ou gazeux dont
la gestion est une préoccupation de santé publique. Dans les
services médicaux, il s'agit essentiellement de seringues, d'aiguilles,
de flacons de perfusion et de leurs perfuseurs, d'emballages de
médicaments. Dans les services de chirurgie et de maternité, il
s'agit des produits de pansements, des plâtres et des parties anatomiques
issues des interventions chirurgicales ou des accouchements qui
représentent une part importante des déchets produits. Dans les
autres services médicotechniques (laboratoire, imagerie médicale
et pharmacie), les produits chimiques entrant dans la réalisation
d'examens et les produits pharmaceutiques viennent s'ajouter aux déchets
communs. L'ensemble de ces déchets appelés déchets
biomédicaux (DBM) doit faire l'objet d'une gestion efficace. En effet,
mal traités, ces déchets représentent un danger pour les
malades, le personnel de santé, les visiteurs, la population et
l'environnement (TRAORE, 1999).
Dans les pays en développement, le danger est accru par
la fouille des décharges et le tri manuel des déchets
récupérés à la sortie des établissements de
soins. Les textes relatifs à la gestion des DBM sont récents et
leur application n'est pas du tout effective compte tenu de la pauvreté
et de l'instabilité politique des États africains. En effet, la
mise en oeuvre d'un système adéquat de gestion des DBM
nécessite des outils (incinérateurs) coûteux et un
personnel qualifié pour leur entretien. Dans une évaluation
réalisée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en
2002, dans 22 pays en développement, il ressort qu'environ 64% des
établissements de santé publics n'appliquent pas les
méthodes appropriées à l'élimination des DBM
(TRAORE, 2010). Par ailleurs, cette organisation estime que les déchets
d'environ 12 milliards d'injections administrées par an, dans le monde
entier, ne sont pas évacués de manière appropriée.
Ce qui constitue un risque considérable de blessures et d'infections
graves. L'élimination incorrecte des aiguilles et des seringues peut
être source de contamination des personnels hospitaliers et des usagers
de l'hôpital. Parfois les sites d'élimination inappropriés
exposent des populations non averties à des infections.
Des études épidémiologiques indiquent
qu'après une piqûre accidentelle avec une aiguille utilisée
par un patient malade, les risques d'être infecté par le Virus de
l'Immunodéficience
6
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Humaine (VIH), les Virus de l'Hépatite B et de
l'Hépatite C (VHB et VHC) sont respectivement de 0,3%, 30% et 1,8%
(TRAORE, 2010). L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu'en
2002, les injections au moyen de seringues contaminées ont
été responsables de :
- 21 millions d'infections à VHB soit 32% de toutes les
nouvelles infections ;
- 2 millions d'infections à VHC soit 40% de toutes les
nouvelles infections ;
- Au moins 260 000 infections à VIH soit 5% de toutes les
nouvelles infections.
Les déchets biomédicaux peuvent également
provoquer des traumatismes. L'intoxication et la pollution constituent d'autres
problèmes. Celles-ci proviennent de produits pharmaceutiques, des eaux
usées ou de décomposés toxiques comme le mercure ou les
dioxines contenus dans certains DBM. Selon l'OMS, 20% des DBM contiennent du
matériel qui peut être infectieux, toxique ou radioactif.
Le Burkina Faso, pays à ressources limitées,
n'est pas épargné par la problématique de la gestion des
DBM. L'ensemble de son système hospitalier connaît des
difficultés de collecte, de traitement et d'élimination des DBM.
Dans ce contexte, l'hôpital du district sanitaire de Bogodogo constitue
un cas intéressant à étudier, par sa taille, son
organisation et l'ampleur de son activité hospitalière. Les
constats exposés ci-dessus nous ont amené à nous poser les
questions de recherche suivantes :
? quel est le système de gestion des DBM mis en place
à l'hôpital du district ?
? quelles sont les défaillances de ce système?
? quelles sont les conséquences sanitaires qui en sont
liées ?
Ces interrogations nous ont conduit à formuler les
objectifs de travail.
7
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
1.2. Les objectifs de l'étude
· L'objectif général
L'objectif général de la présente
étude est de contribuer à améliorer la connaissance
relative à la gestion des DBM dans le district sanitaire de Bogodogo.
· Les objectifs spécifiques
Pour atteindre cet objectif général nous nous
sommes fixé les objectifs spécifiques suivants :
- décrire l'organisation du système de gestion des
DBM à l'hôpital du district de Bogodogo;
- identifier les défaillances du système de gestion
des DBM en lien avec les textes législatifs relatifs à la
question ;
- évaluer les conséquences sanitaires liées
au mode de gestion des DBM à l'hôpital du district de Bogodogo.
1.3. Les hypothèses de l'étude
· L'hypothèse principale
L'hypothèse principale est que l'absence d'un
système formel de gestion des DBM à l'hôpital du district
de Bogodogo constitue un obstacle à une gestion efficace desdits
déchets.
· Les hypothèses
spécifiques
De l'hypothèse principale, découlent les
hypothèses spécifiques suivantes :
- Il existe un système de gestion officiel des DBM mais
sa mise en oeuvre n'est pas complète ;
- la défaillance principale est liée au manque
d'implication du personnel
- le dysfonctionnement observé entraine des
possibilités de contact accru des populations avec les déchets et
constitue une source de risque sanitaire important.
1.4. Le cadre conceptuel
La gestion des déchets biomédicaux à
l'hôpital du district de Bogodogo fait intervenir plusieurs facteurs
appelés variables. On distingue les variables indépendantes, les
variables intermédiaires et la variable dépendante.
8
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Les variables indépendantes sont les variables qui
agissent indirectement ou par le biais des variables intermédiaires sur
la variable dépendante qui est la problématique de gestion des
DBM. Dans le cadre de notre étude, les variables indépendantes
sont :
i. le rôle et la place des différents acteurs de
gestion des DBM ;
ii. la disponibilité du matériel et des
équipements de gestion ;
iii. l'implication du secteur privé dans la gestion des
DBM.
Les variables intermédiaires liées à la
première variable indépendante sont : le rôle des
professionnels administratifs dans la gestion des DBM, le rôle des
professionnels de santé dans le tri, la collecte et le stockage des DBM
et enfin, la place des différents services de soins dans la production
des DBM.
Les variables intermédiaires inhérentes à
la seconde variable indépendante sont le matériel de collecte et
de stockage, le matériel de protection, les équipements de
traitements et d'élimination des DBM. La troisième variable
indépendante admet comme variables intermédiaires l'existence
d'un contrat formalisé et le mode de gestion utilisé.
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT SANITAIRE
DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU
DISTRICT
Figure 1 : Le schéma conceptuel
Matériel de collecte et de stockage
Rôle et place des différents acteurs
de gestion des DBM
Matériel de protection
dans la production des DBM
Place des différents services
La gestion des DBM à l'hôpital du
district de Bogodogo
Rôle des professionnels de santé dans la gestion des
DBM
La qualité professionnelle des agents (expériences,
connaissances)
Equipement de traitement des DBM
Disponibilité du matériel et
des équipements
Rôle du personnel administratif dans la gestion des DBM
Mode de gestion utilisé
Implication du secteur Privé dans la gestion Des DBM
Existence d'un contrat formalisé
9
Variable dépendante
Variable indépendante Variable
intermédiaire
10
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
1.5. La définition des concepts
1.5.1. Les déchets
? L'Organisation Mondiale de la Santé
(OMS)
Selon l'OMS, le déchet est tout résidu qui
résulte d'un processus d'extraction, d'exploitation, de transformation,
de production, de consommation, d'utilisation, de contrôle ou de
filtration, et, d'une manière générale, tout objet et
matière abandonnés que le détenteur doit éliminer
pour ne pas porter atteinte à la santé, à la
salubrité publique et à l'environnement;
? Le Ministère de la Santé
Le Ministère de la Santé définit le
déchet comme étant tout résidu de substance solide,
liquide ou gazeux, issu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation, destiné à être éliminé en
vertu des lois et règlements en vigueur1.
Selon le code de l'hygiène publique, le déchet
est tout résidu issu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation ; c'est aussi toute substance, matériau, produit ou
généralement tout bien meuble abandonné ou que son
détenteur destine à l'abandon ;
1.5.2. Les déchets Biomédicaux (DBM)
Souvent appelés déchets sanitaires (DS), ou
déchets d'activité de soins (DAS), ou déchets
médicaux (DM), ou déchets hospitaliers (DH), les déchets
biomédicaux (DBM) connaissent plusieurs définitions selon les
organismes mais désignent toujours les même déchets.
? L'organisation Mondiale de la Santé
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, les
déchets biomédicaux comprennent tous les déchets produits
par les activités médicales. Ils comprennent les déchets
issus des activités de diagnostics aussi bien que des traitements
préventifs, curatifs et palliatifs dans le domaine de la médecine
humaine et vétérinaire. En d'autres termes, sont
considérés comme déchets biomédicaux tous les
déchets produits par des institutions médicales (publiques,
privées), un établissement de recherche ou un laboratoire.
1 Selon les données de la Direction de
l'Hygiène Publique et de l'Education pour la Santé, 2009.
11
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
s Le Ministère de la Santé du Burkina
Faso
Les déchets biomédicaux sont constitués
des déchets solides et/ou liquides, à risque infectieux,
provenant des produits de diagnostics, de traitement, de prévention ou
de recherche en matière de santé. Les déchets issus des
soins de santé font partie des déchets biomédicaux. Ils se
composent des déchets liquides et des déchets solides.
Les déchets liquides sont constitués de
résidus issus de différentes sources. Ce peut être du sang,
des produits chimiques liquides, des liquides médicaux tels que les
liquides de lavage gastrique, de ponction pleurale et cardiaque ainsi que des
liquides de drainage postopératoire et les expirations bronchiques et
gastriques. Le sang constitue un effluent liquide à prendre en
considération en raison de son pouvoir de contamination
élevé. Les effluents incluent également les eaux de
rinçage de films radiologiques, comme les révélateurs et
fixateurs, les fixateurs, les produits chimiques en laboratoire comme les
réactifs et les solvants, mais aussi les eaux usées
ménagères en provenance des cuisines et celles des toilettes et
de la buanderie.
Quant aux déchets solides, ils peuvent être
répartis en deux catégories :
? les déchets assimilables aux ordures
ménagères produits par le personnel de santé ou par les
accompagnateurs des malades (restes des repas, papier et emballage non
souillés, serviettes hygiéniques non souillées,
déchets provenant des services administratifs, etc.) ;
? les déchets produits au niveau des services
spéciaux des établissements de soins de santé :
hôpitaux, centres de santé, cliniques, cabinets médicaux,
laboratoires d'analyses
médicales, centres de fabrique des produits
pharmaceutiques et cabinets vétérinaires.
s Définition générale
De façon globale, nous retenons que les déchets
biomédicaux sont les débris ou les restes sans valeur de toutes
substances solides, liquides ou gazeuses, issues des activités de soins
et destinées à être éliminés dans
l'environnement.
1.5.3. La gestion des Déchets
Nous entendons par « gestion des déchets »,
l'ensemble des dispositions permettant le tri, la collecte, le transport, le
stockage, le recyclage et l'élimination des déchets y compris la
surveillance des sites d'élimination. Cet ensemble de dispositions
constitue un schéma ou un système de gestion des
déchets.
12
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
1.5.4. La manipulation
La manipulation concerne les conditions de collecte, de pesage
et d'entreposage des DBM. En général, la durée maximale de
leur entreposage ne doit pas dépasser 24 heures.
1.5.5. Le traitement des déchets
Le traitement modifie les caractéristiques des
déchets. En effet, le traitement des déchets vise principalement
à diminuer l'exposition directe des déchets en les rendant moins
dangereux pour l'homme lorsqu'il récupère les matériaux
recyclables. Il protège ainsi l'environnement. Concernant les
déchets des Centres de Santé et de la Promotion Sociale (CSPS),
l'objectif principal est de désinfecter les déchets infectieux,
de détruire les dispositifs médicaux à usage unique, et en
particulier les aiguilles des seringues qui ne doivent pas être
réutilisées.
1.5.6. L'élimination
L'expression "élimination" se rapporte à la
destination finale des déchets traités, dans une décharge
contrôlée ou au moyen de toute autre méthode de stockage
définitif acceptable au plan environnemental et appropriée
à la situation locale.
1.5.7. L'environnement
L'environnement est l'ensemble des éléments
physiques, chimiques et biologiques, naturels ou artificiels et des facteurs
économiques, sociaux, politiques et culturels, qui ont un effet sur le
processus de maintien de la vie, la transformation et le développement
du milieu, les ressources naturelles ou non et les activités
humaines.
13
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CHAPITRE II : LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 2.1. Le
Contexte général
De nos jours, la gestion de l'environnement en particulier
l'amélioration du cadre de vie est une préoccupation unanimement
partagée tant par le décideur que le simple citoyen. La
rapidité de l'urbanisation des villes africaines n'épargne pas la
ville de Ouagadougou qui compte aujourd'hui plus de 1 596 657 habitants (INSD,
RGPH 2006). Cette explosion de la population urbaine ne s'accompagne pas
toujours de la mise à disposition des ouvrages et services
adéquats pour une gestion efficace des déchets solides. C'est
pourquoi on assiste à une augmentation incontrôlée de la
production des déchets solides, des dépotoirs anarchiques qui
jonchent les rues mettant les opérateurs de gestion des déchets
en difficulté. Soucieux de cet état de fait, le Burkina Faso,
à l'instar d'autres pays de la sous-région Ouest-Africaine, s'est
inscrit dans une politique de décentralisation économique et
administrative, pour un développement de proximité beaucoup plus
dynamique. La loi N°040/98/AN portant orientation de la
décentralisation au Burkina Faso a ainsi été votée
pour régir ce contexte. Cette politique vise la création
d'entités autonomes capables de s'autogérer et d'assurer un
développement à la base en fonction des
spécificités propres à chacune d'elles. Cette
décentralisation délègue désormais aux
municipalités la responsabilité et la gestion des services de
base que sont l'eau potable, l'assainissement, l'éducation, la
santé, bref, l'amélioration du cadre de vie des populations.
Toutefois, parmi ces services de base, le secteur de l'assainissement, et en
particulier celui de la gestion des déchets solides n'a pas toujours
été considéré par les autorités locales
comme un problème prioritaire au même titre que l'eau potable, la
santé, l'éducation, le lotissement, etc.
Durant de longues années, les déchets
ménagers ont été utilisés comme une richesse
notamment dans le compostage des terres cultivables. Cependant, la croissance
démographique, la densification de l'occupation du sol en milieu urbain,
le développement industriel et le développement de la technologie
médicale entraînent une augmentation de la production de
différents types de déchets et une promiscuité
responsables d'une menace sérieuse pour l'Homme. Parmi ces
déchets, figurent les déchets biomédicaux qui, dans la
plupart des formations sanitaires de la ville, sont mélangés aux
ordures ménagères. Compte tenu de la pauvreté de la
population, du manque d'emploi, certaines personnes (particulièrement
les enfants) à la recherche d'objets réutilisables,
côtoient les dépotoirs d'ordures, qui deviennent potentiellement
dangereux pour leur santé. En outre, la jeunesse de la population
urbaine et le
14
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
nombre croissant des formations sanitaires font que la gestion
inappropriée des déchets biomédicaux constitue un risque
accru dans certains quartiers de la ville.
Notre étude s'est intéressée à la
gestion des déchets biomédicaux solides dans l'hôpital du
district de Bogodogo, qui constitue un centre de référence pour
les autres formations sanitaires de base telles que les centres de santé
et de promotion sociale (CSPS), les centres médicaux (CM) publiques et
privés. Dans sa zone d'influence, il est le seul centre médical
avec antenne chirurgicale (CMA), cela signifie qu'il a la capacité
d'effectuer des interventions chirurgicales ; c'est pour cette raison qu'il
reçoit un nombre important de patients. Outre les lits
d'hospitalisation, l'hôpital du district est équipé
d'appareils et d'installations nécessaires liés aux
problèmes multiples que posent le diagnostic, le traitement des malades
et des blessures. Il comporte un personnel (médical et
paramédical) qualifié. Ont été exclus de
l'étude :
? les déchets radioactifs pour lesquels il existe une
réglementation particulière ;
? les corps et les grandes pièces anatomiques
destinés à la crémation ou à l'inhumation ;
? les déchets liquides admissibles dans le
réseau d'assainissement et les déchets qui font l'objet d'une
élimination particulière (déchets chimiques).
2.2. La présentation générale du
district
2.2.1. Les données administratives
Le District sanitaire de Bogodogo couvre l'arrondissement de
Bogodogo de la commune de Ouagadougou et les communes rurales de Saaba (23
villages) et Koubri (25 villages). L'arrondissement de Bogodogo compte cinq
secteurs urbains qui sont les secteurs 14, 15, 28, 29 et 30, et 2 villages
(Balkuy et Yamtenga). Il faut noter que la zone de l'Université de
Ouagadougou (une partie du secteur 13) est rattachée au District
sanitaire de Bogodogo.
2.2.2. Les données géographiques
? La situation géographique et la
superficie
Le District sanitaire de Bogodogo s'étend sur une
superficie de 1200 km2 répartie entre la commune rurale de
Koubri (555 km2), la commune rurale de Saaba (520 km2) et
l'arrondissement de Bogodogo (125 km2). Il est situé dans la
zone Sud-Est de la province du Kadiogo et est limité au Nord et au
Nord-Est par le district sanitaire de Ziniaré, au Nord-Ouest par celui
de Nongremassom, à l'Ouest par les districts de Baskuy et de
Boulmiougou, au Sud-Est par celui de Saponé et au Sud par celui de
Kombissiri (cf. carte 1 ; page 17).
15
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? Le climat et l'hydrographie
L'action combinée de la pluviométrie et des
vents peut contribuer à transporter les DBM et à les
déposer à proximité des maisons. Une fois en contact avec
la population qui, le plus souvent n'est pas consciente des dangers auxquels
elle est exposée, ces déchets peuvent contaminer les eaux de
surface et provoquer de façon directe ou indirecte des effets sur la
santé des populations.
Le district de Bogodogo, à l'image de la commune de
Ouagadougou, bénéficie de l'influence du climat nord soudanien.
Selon une moyenne annuelle calculée sur 30 ans (de 1970 à 1999),
la ville de Ouagadougou connaît deux saisons : une saison des pluies qui
s'étale de mai à septembre, et une saison sèche qui dure
d'octobre à avril (PSRDO-CER, 2010). Ces deux saisons s'alternent en
fonction du balancement du Front Intertropical (FIT), ligne de contact entre
deux masses d'air :
? la mousson, masse d'air océanique issue de
l'anticyclone de Sainte-Hélène qui balaie le pays du Sud-Ouest
vers le Nord-Est et apporte les précipitations ;
? l'Harmattan, masse d'air continentale née de
l'anticyclone saharien de direction nord-est, sud-ouest, qui
génère la chaleur et la sécheresse.
Le maximum pluviométrique s'observe en août, mois
qui enregistre en moyenne plus de 215 mm d'eau. Les précipitations sont
irrégulières dans le temps et dans l'espace. En effet, selon les
observations de la station météorologique de l'aéroport de
Ouagadougou, il est tombé en moyenne près de 811mm d'eau par an
durant la décennie 1970-1979, contre 697 mm entre 1980 et 1989, et 718
mm lors de la dernière décennie (1990 - 1999).La
température moyenne est d'environ 30°C avec un minimum de 18°C
observé entre décembre et janvier et une valeur maximale de
40°C entre avril et mai. Les températures varient en moyenne de
25°C en janvier à 32°C en avril. Une température
minimale de 15°C est généralement observée entre
décembre et janvier tandis que la température maximale atteint
parfois 40°c entre avril et mai (TRAORE, 1999). De telles
températures auront sans doute des répercussions sur la
santé des populations au regard des tas d'immondices qui
prolifèrent dans la plupart des formations sanitaires de la ville de
Ouagadougou. Cette situation ne laisse aucun citoyen indifférent dans la
mesure où chacun est amené à s'y rendre soit pour se faire
soigner, soit pour rendre visite à une connaissance hospitalisée.
En saison pluvieuse, l'action conjuguée des précipitations et du
vent sur les déchets entreposés à l'air libre facilite la
diffusion d'agents pathogènes,
16
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
sources de maladies infectieuses et première cause de
mortalité chez les jeunes enfants au Burkina Faso.
L'hydrographie du District sanitaire de Bogodogo est
constituée de retenues d'eau et de barrages. Le district est
également traversé par quelques bras de rivières dont
l'aménagement a donné lieu à des canaux : le canal de
Zogona qui traverse les secteurs 30 et 14 et le canal de Wemtenga qui passe par
les secteurs 28 et 29. En cas d'inondation, comme celles enregistrées le
1er septembre 2009, les retenues d'eau, les barrages et les rivières
constituent des voies de contamination qui acheminent les déchets
infectieux vers les grands barrages de Tanghin. Pourtant, c'est de là
que provient la majeure partie de l'eau de boisson de la ville ainsi que
certains poissons vendus aux abords des barrages.
17
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CARTE 1 : LE DISTRICT DE BOGODOGO ET SES FORMATIONS
SANITAIRES
Managsomb .r3onse
Leyelicie
B nsinguers
Peee
BcuIrmougou
Piki$kp
Txrlvn-Nakimlerlge
146pital du district Fnmmation sanitaire
Confessionnelle 4- Delense-securite }
P rivde
+l. Publique
· Chef lieu de commune
D~dn
Tarsa a'açv
KOUE RI Nagbar^gre
- Llmlte da cornrr igie
- Route diiparternenfale =s Route natronale
Limite du district Communia
KOUBRI
Urtain$ (BOGODOGO) SAABA
Zorgha
Ziniardt
Wend Fa
Gamp6la
Nongrernassornr
Baskuy
IKornkaga
Koala
Tanghin
Tanlarghln
Sapand
Kornbissiri
0 125 250 5O)Okm
RBe!eaikn. 1C MIRE T
|
Saume ENDT, Ine64rh Géagraphl4Und+r $whlre {1091
mors 2013
|
18
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
2.2.3. La population du district
La population du district sanitaire de Bogodogo connaît
une croissance rapide à l'exemple de l'arrondissement de Bogodogo. Avec
un taux d'accroissement naturel de 3,1% (RGPH, 2006), elle est passée de
615 481 habitants en 2010 à 643 038 habitants en 2011 (Plan sanitaire,
DS Bogodogo, 2012). Les femmes représentent 52% de la population. La
répartition de ces habitants par zone d'habitation confère
à l'arrondissement de Bogodogo le plus grand nombre d'individus (cf.
Figure 2 ci-après). Cette hausse de la population est favorisée
par le déguerpissement des quartiers populaires insalubres2
de Koulouba, Zangoétin, Kiendpologo, Peulghin, vers les années
2000, dans le cadre du projet de la zone d'activités commerciales et
administratives (projet ZACA).
Figure 2 : La répartition de la population du
district en 2010.
Source : Enquête de terrain, septembre 2011.
Pour l'année 2010, la population urbaine du district
est estimée à 74%, soit 454 261 habitants contre 161 220
habitants en zone rurale. En saison pluvieuse, on note la migration des
populations vers les hameaux de culture dans les communes rurales. En saison
sèche, le mouvement inverse se produit vers les zones
péri-urbaines (habitation spontanée).
2 Selon les propos recueillis par Sié Simplice
HIEN lors du lancement officiel du projet ZACA le 15 janvier 2010,
d'après le journal web Jeune Afrique
19
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? Le profil épidémiologique
Le profil épidémiologique, en 2010, du district est
illustré dans le tableau 1 suivant : Tableau 1 : Répartition des
dix (10) principales affections dans le district de 2008 à 2011
N°
|
Affections
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
1
|
Paludisme simple
|
183624
|
200 645
|
266974
|
233 810
|
2
|
Affections de peau
|
24437
24385
|
27468
|
55532
|
35 812
|
3
|
IRA basses (broncho-pneumonie)
|
23686
|
45235
|
31 102
|
4
|
IRA haute (rhino-pharyngites)
|
18107
|
21620
|
36477
|
24 099
|
5
|
Parasitoses intestinales
|
22513
|
24227
|
25558
|
25 401
|
6
|
Autres Affections digestives
|
21215
|
20410
|
23500
|
21 708
|
7
|
Plaies
|
17719
|
18709
|
23071
|
20 464
|
8
|
Diarrhées non sanguinaires
|
18930
|
19848
|
22615
|
19 833
|
9
|
Paludisme grave
|
16068
|
15504
|
18159
|
12 420
|
10
|
Conjonctivites
|
11822
|
12269
|
13168
|
16 577
|
Source : Enquête de terrain, septembre 2011.
Le paludisme demeure la première cause de
morbidité et de mortalité dans le district durant les trois
dernières années (2011, 2010 et 2009). Selon les indicateurs du
district, les enfants de moins de 5 ans constituent le plus grand nombre de cas
de paludisme grave (31,6%) avec une létalité à 0,45%. La
proportion du paludisme chez la femme enceinte est de 3,04% avec une
létalité de 0,07%. Cependant, nous notons une augmentation des
cas de maladies génétiques et métaboliques
(diabète, hypertension artérielle, drépanocytose) et
également une absence de données relatives aux maladies non
transmissibles (cancers, surdité, obésité, pathologies
mentales, cécité, goitre).
? Les infrastructures sanitaires publiques et
privées
En 2011, l'aire sanitaire du District comptait 47 formations
sanitaires du 1er échelon (29 CSPS dont quatre
confessionnels, deux (2) dispensaires isolés, cinq (5) centres
médicaux dont trois (3) confessionnels, dix (10) infirmeries, un (1)
centre jeune et médicoscolaire et un centre médical avec antenne
chirurgicale (CMA) actuellement appelé hôpital du district. Plus
de la moitié, 60%, des formations sanitaires (FS) se trouvent en zone
urbaine. La couverture en infrastructures sanitaires est plus faible dans le
département de Koubri (sept FS). En zone urbaine, seule la formation
sanitaire de Wemtenga ne dispose pas de maternité fonctionnelle.
20
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Par ailleurs, il existe un secteur sanitaire privé en
pleine croissance implanté essentiellement dans la partie urbaine du DS.
Il se compose de seize (16) cliniques médicales, trois (3)
polycliniques, deux (2) cabinets médicaux, un (1) centre médical
associatif (APM), une (1) clinique de référence d'une ONG (Marie
stopes international), quatre (4) cliniques d'accouchement, vingt et huit (28)
cabinets de soins infirmiers fonctionnels et officiellement reconnus, dix neuf
(19) officines et trois (3) dépôts privés de
médicaments (cf. carte 1, page 17 ).
2.3. L'hôpital du district de Bogodogo
Connu sous le nom de CMA du secteur 30, l'hôpital du
district de Bogodogo a reçu officiellement cette appellation lors de la
visite du Premier Ministre le 31 décembre 2011. Au Burkina Faso, les
soins primaires sont assurés par le district sanitaire qui comprend deux
échelons :
? le premier échelon de soins est le Centre de
Santé et de Promotion Sociale (CSPS), structure de base du
système de santé;
? le deuxième échelon de soins du district est
le Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA). II est le premier
niveau de référence pour les formations sanitaires du district.
C'est grâce à ce rôle qu'on l'appelle aussi hôpital de
district; il constitue le niveau de soins le plus élevé du
district sanitaire comme tous les autres CMA de la ville de Ouagadougou, chacun
dans son aire d'exercice. Cela signifie que chaque centre médical avec
antenne chirurgicale est aussi appelé hôpital du district.
Cette dénomination qualifie tout centre médical
avec antenne chirurgicale. Selon le responsable du service d'hygiène
hospitalière, ce changement de nom n'implique aucune modification du
statut et des fonctions du CMA, mais il lui donne plutôt une certaine
renommée.
Certains districts sanitaires sont centrés sur des
Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) qui assurent les soins secondaires
et qui servent de référence aux CMA. Le Centre Hospitalier
National (CHN) qui est le niveau de référence le plus
élevé pour les soins spécialisés prodigue les soins
tertiaires.
L'hôpital est situé au secteur 30 de Ouagadougou
(cf. Figure 3 ci-après). A son origine en 1947, un dispensaire et
service ORL/Ophtalmologie se partageaient les patients. Ce n'est qu'à
son inauguration officielle, en avril 2005, que de nouveaux bâtiments
offrant une
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
gamme de services élargie ont été mis
à la disposition de la population et lui a conféré le
statut de Centre médical avec antenne chirurgicale, avant de devenir
quelques années plus tard hôpital de district.
Il y a lieu de signaler que notre étude s'est
effectuée au moment où les autorités burkinabè
procédaient à un nouveau découpage de la ville de
Ouagadougou en douze (12) arrondissements et cinquante et cinq (55)
secteurs3. Compte tenu de sa mise en place effective en fin de
l'année 2012, nous n'avons pris en compte que le découpage en 30
secteurs en vigueur depuis 1983.
Figure 3 : Une vue aérienne de l'hôpital du
district, mars 2012.
21
3Selon le nouveau découpage, le district de
Bogodogo regroupe les arrondissements urbains 5 (secteurs 24, 23, 22,21) ; 10
(45, 44, 43, 42, 41) ; 11 (46,47, 48, 49,50, 51) et 12 (52, 53, 54, 55) et
l'hôpital du district est situé au secteur 51.
22
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
2.4. La méthode de collecte des données
2.4.1. La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté à consulter
des ouvrages, des textes législatifs et réglementaires, des
documents de politiques environnementales et sanitaires, des rapports
d'études, des mémoires, des thèses. Ces documents ont
été consultés dans des bibliothèques et des centres
de documentation de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)
; la Bibliothèque Universitaire Centrale (BUC) ; les
bibliothèques du département de Géographie, de
l'Unité de Formation et de Recherche en Science de la Santé
(UFR/SDS) et l'Institut du Génie de l'Environnement et du
Développement Durable (IGEDD) ; la Direction de l'Hygiène
Publique et de l'Éducation pour la Santé (DHPES), le siège
du district sanitaire de Bogodogo. Les documents qui traitent de la gestion des
DBM développent essentiellement trois approches ; il s'agit du cadre
législatif, du mode de gestion et des risques sanitaires. Ces trois
approches sont mises en avant par les différents auteurs.
? Les législations
La gestion des déchets de soins médicaux est une
question qui est en train d'être examinée à la fois d'un
point de vue médical et environnemental. Des perspectives aussi
différentes peuvent conduire à des écarts de visions, de
compréhensions, et même de définition. C'est dans ce
contexte que l'OMS a élaboré en 2004, conjointement avec le
Secrétariat de la Convention de Bâle (SCB), un manuel d'aide
à la décision intitulé « Préparation des Plans
Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en Afrique
Subsaharienne ». Cet ouvrage avait pour objectifs d'identifier des
pratiques appropriées de gestion des déchets de soins
médicaux par la mise en place d'outils d'évaluation et de
planification applicables dans la plupart des pays d'Afrique Subsaharienne. Le
document montre les principales orientations pour l'élaboration d'un
plan national de gestion des DBM tout en abordant les risques fondamentaux
associés à la gestion des DBM. L'OMS aborde de plus près
la question des DBM en proposant en 2005, à Genève, le document
de la gestion des déchets solides d'activités de soins dans les
centres de santé primaires. Ce manuel définit les risques
liés à la mauvaise gestion des DBM dans les centres de
santé primaires, donne les critères de choix des
différentes méthodes de traitement des déchets. Ainsi, des
lois visant la protection des populations sont votées par plusieurs pays
africains et européens aussi bien à l'échelle
23
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
internationale que nationale.
· Accords internationaux
Plusieurs accords internationaux énonçant des
principes fondamentaux relatifs à la santé publique, à la
protection de l'environnement et à la gestion sécurisée
des déchets dangereux ont été signés par plus d'une
centaine de pays à travers le monde. Ces principes et conventions
doivent être pris en considération lors de la planification de la
gestion des déchets biomédicaux dangereux (Comité
International de la Croix Rouge, 2011, cité par TRAORE, 2010). Il s'agit
entre autres de :
- la Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et leur
élimination (1992). La Convention de Bâle a pour objectifs
principaux de réduire au minimum la production de déchets
dangereux, de traiter ces déchets le plus près possible du lieu
de production et de réduire leurs mouvements. Elle stipule que le seul
passage transfrontalier qui soit légitime est l'exportation de
déchets depuis un pays qui manque d'infrastructure d'élimination
sûre et d'expertise vers un pays qui en dispose.
- la Convention de Bamako (1991). C'est un traité qui
a été signé par 12 nations africaines et qui interdit
l'importation en Afrique de tout déchet dangereux.
- la Convention de Stockholm sur les polluants organiques
persistant (2004). Cette convention vise à réduire la production
et l'utilisation de polluants organiques persistants (POP), ainsi qu'à
éliminer des émissions involontaires de POP comme les dioxines et
les furanes.
- Le principe du pollueur payeur. Tout producteur de
déchets est responsable légalement et financièrement de
l'élimination de ses déchets en toute sécurité pour
les personnes et l'environnement.
- Le principe de précaution. Quand le risque est
certain, il doit être considéré comme significatif, et des
mesures de protection doivent être prises en conséquence.
- Le principe de proximité. Le traitement et
l'élimination des déchets dangereux doivent se faire le plus
près possible de leur lieu de production.
- L'agenda 21 (plan d'action pour le XXIe
siècle adopté par 173 chefs d'Etat lors du sommet de la Terre qui
s'est tenu à Rio en 1992). L'agenda 21 a pour objectifs de
réduire au minimum la production de déchets, réutiliser
recycler, traiter et éliminer par des méthodes sûres et
respectueuses de l'environnement, déposer les résidus dans des
décharges contrôlées.
24
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? Les législations nationales
La législation nationale constitue une base sur
laquelle l'Etat doit se fonder pour améliorer les pratiques de
traitement des déchets. Des plans nationaux de gestion des
déchets médicaux sont en cours d'élaboration dans de
nombreux pays. A ce propos, un projet est financé depuis 2006 par
l'Alliance Mondiale pour les Vaccins et la Vaccination (GAVI) en collaboration
avec l'OMS. Le but de ce projet est d'aider 72 pays dont le Burkina Faso
à adopter une stratégie et un plan de gestion des déchets
d'activité de soins. Sur le plan national, les textes et lois qui
règlementent la gestion des DBM sont nombreux.
? La Politique Sanitaire Nationale (PSN)
Le droit à la santé est reconnu par la
Constitution du Burkina du 02 juin 1991 qui dispose en son article 18 que la
santé, la protection de la maternité et de l'enfance,
l'assistance aux personnes âgées ou handicapées et aux cas
sociaux, constituent des droits sociaux reconnus par la présente
constitution qui vise à les promouvoir. Le but de la Politique Sanitaire
Nationale est de contribuer au bien-être des populations. Ce but est
défini à partir de notre vision d'un système national de
santé qui doit être un système intégré,
garantissant la santé pour tous avec solidarité,
équité, éthique et offrant des soins promotionnels,
préventifs, curatifs et réadaptatifs de qualité,
accessibles géographiquement et financièrement, avec la
participation effective et responsable de tous les acteurs.
? Le Plan National de Développement Sanitaire
(PNDS)
L'objectif général du PNDS est de
réduire la morbidité et la mortalité au sein des
populations. Pour atteindre cet objectif, il a été fixé
des objectifs intermédiaires qui concourent tous à
l'amélioration de la performance du système national de
santé. Le PNDS ne fait pas référence de façon
explicite à la gestion des déchets de soins de santé.
Toutefois, au titre des axes stratégiques susceptibles de prendre en
compte les préoccupations d'hygiène et d'assainissement, on
notera les objectifs intermédiaires n°1 « accroître la
couverture sanitaire nationale »; n°3 « renforcer la lutte
contre les maladies transmissibles et les maladies non transmissibles » et
n°4 « réduire la transmission du VIH ».
? Le code de santé publique
Le texte est régi par la loi n° 23/94/ADP portant
Code de la Santé publique au Burkina Faso. Cette loi stipule que L'un
des principaux objectifs de la protection et de la promotion de la
santé
25
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
doit être de donner à l'individu et à la
collectivité un niveau de santé qui lui permette de mener une vie
socialement acceptable économiquement productive (article 2). La
protection et la promotion de la santé passe par la mise en place des
services de santé ; la lutte contre la maladie ; le développement
des personnels de santé ; le développement et le soutien des
programmes en matière de santé (article 3).
? Le code de l'hygiène publique
La résolution n° 001-2002/AN du 05 Juin 2002
portant validation du mandat des députés a institué la loi
n° 022-2005/AN portant code de l'hygiène publique au Burkina Faso.
Les dispositions de la loi régissent l'hygiène publique au
Burkina Faso notamment l'hygiène dans les établissements
sanitaires (article 1). Son objectif principal est de préserver et de
promouvoir la santé publique. En effet, cette loi stipule à son
article 101 que les déchets biomédicaux, notamment anatomiques,
doivent être détruits par voie d'incinération et les
déchets non anatomiques doivent être incinérés ou
désinfectés. Il interdit également l'incinération
en plein air des déchets combustibles pouvant engendrer des nuisances
(article 113).
? Le code de l'environnement
Le code de l'environnement a été adopté
conformément à la loi No 005/97/ADP portant code de
l'environnement au Burkina Faso et délibéré en
séance par l'Assemblée des députés et du peuple le
30 janvier 1997. Cette loi stipule que la nécessité
d'intégrer l'environnement et le développement implique outre la
responsabilité de l'Etat, celles des collectivités locales
décentralisées et des individus à tous les niveaux
à travers les options fondamentales suivantes : - la prise en compte de
l'interdépendance entre l'environnement, le développement
Socioéconomique et la qualité de vie dans tous
programmes et projets de développement ;
- la ratification des accords internationaux en
matière de préservation de l'environnement ;
- la préservation des générations
futures des calamités naturelles et artificielles liées à
la dégradation de l'environnement.
Dans ses dispositions générales, le Code vise
à établir les principes fondamentaux destinés à
préserver l'environnement et à améliorer le cadre de vie
au Burkina Faso, à savoir, la lutte contre la désertification,
l'assainissement, l'amélioration du cadre de vie des populations
urbaines et rurales, la mise en oeuvre des accords internationaux
ratifiés par le Burkina Faso en matière de préservation de
l'environnement et, la prévention et la gestion des catastrophes
(articles 1 et 2).
26
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? Décret sur l'organisation et la gestion des
DBM
Au Burkina Faso, la gestion des déchets
biomédicaux est définie par les dispositions du décret
n°2008-009/PRES/PM/MS/MECV du 10 janvier 2008 portant organisation de la
gestion des déchets biomédicaux et assimilés au Burkina
Faso, en application des articles 4, 106 et 120 de la loi N°022-2005/AN du
24 mai 2005 portant Code de l'Hygiène Publique. Les dispositions du
décret s'appliquent aux déchets solides et liquides produits au
niveau des établissements de santé publics et privés de
médecine humaine et vétérinaire, des établissements
de recherche et d'enseignement publics et privés de santé humaine
et animale, des laboratoires d'analyse médicale publics et privés
de santé humaine et animale, des pharmacies publiques et privées
de santé humaine et animale. Le producteur est responsable de la gestion
des déchets hospitaliers. Cette responsabilité peut être
déléguée à une entreprise publique ou privée
sous forme de convention qui précise les obligations réciproques
des deux parties relatives au tri, à la collecte sélective des
déchets , à la responsabilité de l'établissement
sanitaire en ce qui concerne les récipients contenant des déchets
contaminés, matériaux utilisés, marquage,
étanchéité, au double emballage de ces déchets,
à la décontamination après usage des récipients
utilisés à l'élimination des déchets.
? Mode de gestion des DBM
Les DBM produits dans les établissements sanitaires
doivent toujours suivre un circuit approprié et bien identifié de
leurs points de production à leur élimination finale (TRAORE,
1999, cité par ZONGO, 2009). Cet itinéraire est composé :
du tri, de la collecte sélective, du stockage, du transport, du
traitement et de l'élimination (Ministère de la Santé,
Burkina Faso, 2010).
? Le tri
Le tri à la source est la meilleure manière de
diminuer le volume des déchets dangereux qui nécessitent des
traitements particuliers (TRAORE, 1999). Chaque établissement sanitaire
doit installer dans tous les services, des récipients en nombre
suffisant pour la collecte des déchets hospitaliers qu'il produit et
doit procéder à la collecte sélective de ses
déchets assimilables aux ordures ménagères dans des
récipients rigides avec couvercle ou dans des sacs-poubelle. Ces
dernières doivent être évacuées et traitées
avec les ordures ménagères, conformément à la
réglementation en vigueur. Selon le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR, 2011), il est inutile de trier des déchets qui
suivent la même filière de traitement, exception faite pour les
27
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
piquants/tranchants qui seront de toute évidence
séparés des autres déchets. Chaque établissement
sanitaire doit procéder au tri sélectif de ses déchets
biomédicaux en fonction de leur nature dans des sacs-poubelle ou des
réceptacles de couleurs conventionnelles différentes :
- déchets infectieux, anatomiques et déchets
issus des activités de soins (gants, compresses, cotons, pansements,
champs opératoires...) : couleur jaune ;
- déchets piquants ou tranchants (aiguilles, lames de
bistouri, mandrins...) : boîtes de sécurité
- déchets de laboratoires (boîte de pétri,
pipettes...) et déchets spéciaux (médicaments
périmés, restes de produits, métaux lourds, produits
chimiques, déchets radioactifs...) : couleur rouge ;
- déchets assimilables aux ordures
ménagères : couleur noire.
Le tri s'effectue sur le lieu de production par les
prestataires en évitant le mélange des déchets de nature
différente. Il est supervisé par un cadre responsable des
déchets désigné par chaque établissement de soins
(DAOUDI, 2008). Un système de tri à trois conteneurs
(piquants/tranchants, déchets potentiellement infectieux et
déchets domestiques) est un premier pas efficace, facile à mettre
en oeuvre, et qui permet de réduire drastiquement les risques les plus
importants (CICR, 2011).
? La collecte
Chaque établissement sanitaire doit procéder
à la collecte des sacs poubelles selon leur couleur, dans des
récipients collecteurs dans le respect du tri réalisé. Des
contenants appropriés doivent ainsi être placés dans tous
les endroits où des déchets biomédicaux sont
générés. Ces endroits doivent posséder les
caractéristiques suivantes :
- avoir un accès limité et être bien
aérés ;
- être protégés des intempéries et
aléas climatiques ;
- avoir une surface imperméable ;
- être éloignés de sources de nourriture
;
28
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Ces récipients de stockage doivent être :
- étanches, insonores, munis d'un couvercle s'opposant
à l'accès des mouches, rongeurs et autres animaux ;
- installés en quantité suffisante de
manière à éviter leur surcharge et tout
éparpillement - identifiable grâce à un système de
marquage apparent (pictogramme).
? Le stockage
Tout déchet biomédical contaminé ou non,
ne peut faire l'objet de : - dépôt sauvage ;
- brûlage à l'air libre ;
- chiffonnage à tous les instants de la collecte ou du
stockage; - enfouissement sans traitement préalable.
Pour le stockage des déchets biomédicaux,
chaque établissement de santé doit disposer d'un local clos,
aéré, à même de mettre lesdits déchets
à l'abri des intempéries, des animaux et des insectes. Son
accès par les véhicules de collecte et de transport de
déchets doit être facile à partir de la voie publique. Il
doit être régulièrement désinfecté. La
durée de stockage des déchets à risque infectieux est de
quarante huit (48) heures durant la saison fraîche et de vingt quatre
(24) heures pendant la saison chaude (CICR, 2011).
? Le transport
Le transport des déchets hospitaliers doit se faire
dans des récipients de couleurs différentes en fonction de leur
nature. L'itinéraire de transport doit être précisé
par le comité d'hygiène et de sécurité et connu des
acteurs. Le transport des déchets contaminés et des
déchets assimilables aux ordures ménagères doit se faire
séparément dans les récipients facilement identifiables et
sécurisés (MS, Burkina Faso, 2009). Dans la mesure du possible,
les moyens utilisés pour le transport doivent être
réservés uniquement à cet effet.
? Le traitement/ élimination in situ
Les déchets contaminés doivent être
obligatoirement incinérés ou désinfectés. Si des
récipients à usage unique sont utilisés, ils doivent
être également incinérés. Tous les autres
récipients ayant été utilisés, tant pour la
collecte que pour le transport vers le lieu d'incinération, doivent
être nettoyés et décontaminés après vidage
(TRAORE, 2010). Tout incinérateur doit remplir les conditions
suivantes:
29
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
- atteindre les températures minimales de 800°c ;
- répondre aux normes en vigueur en matière
d'émission de fumées ; - subir un contrôle
périodique par les services compétents habilités.
L'incinération doit obéir à des principes
et caractéristiques techniques tels :
- la quantité de poussières ou cendres volantes
admissibles ;
- les teneurs en acide chlorhydrique admissibles ;
- l'absence d'odeurs ;
- le bruit très peu élevé.
Les déchets désinfectés, les cendres et
les imbrûlés doivent être récupérés
dans des fosses aménagées à cet effet ou sur des
décharges contrôlées. Les déchets spéciaux
tels que médicaments périmés, restes de produits,
métaux lourds, produits chimiques, déchets radioactifs doivent
être traités conformément à la réglementation
en vigueur en la matière ; à défaut, ils doivent
être enfouis (OMS, 2004).
? Les risques sanitaires
Dans la plupart des pays africains, la mauvaise gestion des
déchets d'activités de soins fait peser de graves menaces sur la
santé de plusieurs catégories d'acteurs, en particulier le
personnel travaillant dans les hôpitaux et les municipalités, les
familles et les enfants de la rue qui s'adonnent au recyclage des ordures. Au
cours de la manipulation des déchets, les piqûres sont possibles
lorsque les seringues/aiguilles ou d'autres objets tranchants n'ont pas
été collectés dans des conteneurs rigides imperforables.
L'exposition au risque est accrue par l'emploi de conteneurs
inappropriés et/ou qui débordent, et plus encore par le recours
à des fosses non protégées. Le risque d'exposition aux
effractions cutanées est accru pour le personnel soignant, les personnes
chargées de l'évacuation des déchets et la
communauté dans son ensemble (OMS, 2005).
Le constat majeur est que dans les structures sanitaires
publiques, le personnel soignant s'investit très faiblement dans la
gestion quotidienne des déchets sanitaires, alors qu'il devrait jouer un
rôle central dans le fonctionnement du système de gestion durable
des déchets. En réalité, la gestion rationnelle des
déchets et l'amélioration des systèmes de gestion actuels
sont perçues comme une priorité de second ordre par les
équipes de soins. Le grand public peut être infecté par des
déchets de soins médicaux directement ou indirectement par
plusieurs
30
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
voies de contamination. La transmission peut se faire par
contact direct du sang, des secrétions de l'organisme humain ou animal,
mais aussi à travers les déchets de soins ou des insectes
vecteurs de maladies (MS, Maroc, 2004). Déposer des déchets de
soins médicaux sur des espaces ouverts peut avoir de graves effets
négatifs sur les populations (OMS, 2004). Cependant,
l'incinération inadéquate ou la combustion de déchets non
incinérables (plastiques, produits radioactifs ou chimiques, mercure,
métaux lourds, etc.) peut générer des effets polluants
dans l'air, très nuisibles pour la santé (FAYE, 2003).
L'incinération des déchets peut également émettre
des agents contaminants tels que de la fumée noire, des cendres en
suspension, des gaz acides et d'autres émissions potentiellement
toxiques ; et entraîner des odeurs (BRUNELLE, 2005).
? 2.4.2. L'enquête de terrain
L'enquête de terrain s'est déroulée du
1er au 20 septembre 2011 et a consisté à
interroger la population cible à l'aide d'un
questionnaire, des guides d'entretien. Le questionnaire (joint en Annexe I) a
été adressé au personnel de soins des différents
services concernés par l'étude et au personnel d'entretien et de
nettoyage selon les effectifs précisés dans
l'échantillonnage. Le questionnaire aborde dans son ensemble des
questions relatives à la nature des déchets produits, au
matériel de protection, aux équipements de
récupération et aux problèmes liés à la
gestion des déchets biomédicaux.
Des entretiens ont été réalisés
auprès des différents acteurs dont les actions contribuent de
façon significative à la gestion des déchets
biomédicaux à l'hôpital du district. Nous avons
élaboré deux types de guide d'entretien (voir Annexe I, page x).
L'un a été soumis à la direction technique et les points
abordés sont les attributs de l'hôpital, le nombre d'agents
affectés dans les services concernés par l'étude et
l'organisation du service d'hygiène hospitalière. L'autre guide
d'entretien a été adressé aux majors de tous les services
retenus. L'utilité de l'entretien est qu'il permet d'analyser plus
efficacement le risque sanitaire lié à la gestion des DBM au sein
de l'hôpital, un petit espace densément fréquenté et
ouvert sur la ville. Lors de notre enquête, les entretiens nous ont
permis de voir d'autres perspectives en matière de gestion des DBM. Ces
guides abordent essentiellement des questions sur les infrastructures et les
équipements sanitaires.
Enfin, un guide d'observation a été
utilisé au cours du travail de terrain dans le but de constater
l'état des équipements de collecte la qualité du
matériel de protection utilisé par le
31
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
personnel de soins et celui de nettoyage, les méthodes
de traitement des déchets et le niveau d'assainissement de certains
espaces de l'hôpital. L'observation nous a permis de compléter les
déclarations des enquêtés par des informations sur les
comportements et les pratiques non exprimés lors des échanges
verbaux mais qui permettent d'identifier les manquements au règlement ou
les habitudes pouvant limiter l'efficacité d'une collecte
organisée. La façon dont la population cible se comporte a
montré son intérêt ou son désintérêt,
son implication ou son indifférence face à la gestion des DBM.
32
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
2.5. La population cible et l'échantillonnage
Pour mieux appréhender la problématique de la
gestion des DBM à l'hôpital du district de Bogodogo, nous avons
mené notre étude sur un échantillon aléatoire de
110 personnes sur un total de 293 agents, soit une proportion de 37,5%. Nous
avons questionné au hasard les agents que nous avons trouvés dans
les services concernés par l'étude sans tenir compte de leur
catégorie professionnelle. En effet au moment de notre enquête,
l'hôpital comptait 293 agents tous statuts confondus dont 186 agents de
santé, 82 agents administratifs et 25 agents de nettoyage (Enquête
de terrain, septembre 2011). Cet échantillon est représentatif
d'un point de vue qualitatif puisque chaque catégorie du personnel est
représentée (cf. Annexe V, page xix). Les acteurs
concernés par cette étude sont : le personnel de soins, le
personnel d'entretien et de nettoyage, l'équipe cadre du district. Les
patients ont été pris en compte lors de l'observation des
comportements, des pratiques et des déplacements au sein de
l'hôpital. Le personnel de soins, celui d'entretien et de nettoyage sont
plus exposés aux risques de contamination car ils sont
régulièrement en contact avec les DBM. Quant à
l'équipe cadre, elle est aussi impliquée dans la gestion des DBM
à travers son service d'hygiène hospitalière.
Les 110 enquêtés sont répartis dans
plusieurs services dont : médecine générale et chirurgie
générale, pédiatrie, maternité, urgences
médicaux-chirurgicales, laboratoire, imagerie médicale,
dépôt pharmaceutique (cf. Carte 2, page 33).
CARTE 2 : I,A PRESENTATION GENERALE 1)E I'HOPITAL DIT
BISTICT
4 Kiosque
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Source Fond de carte, Google Earth: données
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33
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
34
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
2.6. Les outils de collecte et la méthode de
traitement des données
Les données collectées sur le terrain ont
été dépouillées manuellement, puis, les
réponses ont été regroupées en fonction des
différentes rubriques définies dans le questionnaire avant
d'être analysées. En outre, nous avons procédé
à des croisements de différentes variables retenues dans le cadre
de l'analyse grâce au logiciel Microsoft Excel, pour réaliser des
calculs statistiques dans le but de faire ressortir les tendances de la gestion
des déchets et de construire des figures utiles à l'analyse et
à l'interprétation. Nous avons utilisé un GPS
(système de localisation mondiale) pour suivre les traces du collecteur
des DBM ; cela nous a permis de réaliser la carte de l'itinéraire
des déchets au sein de l'hôpital. De même, la saisie de
notre travail est rendue possible grâce au logiciel Microsoft Word qui
nous a également permis de construire les tableaux d'analyse. Nous avons
aussi utilisé le logiciel Google Earth pour dessiner le plan de
l'hôpital : la limite du périmètre hospitalier, les
contours des bâtiments afin de représenter plus clairement le
tracé les différents itinéraires empruntés par les
déchets. L'ensemble des éléments graphiques
dessinés disponibles sous format kilomètre (kml) dans Google
Earth a été transposé dans le Système d'information
géographique (SIG) ArcGIS 10 grâce à la fonction kml vers
fichier (shape). Ainsi, les itinéraires suivis par les collecteurs de
déchets dans l'enceinte de l'hôpital ont pu être
cartographiés. Sur le terrain, nous avons eu à peser la masse des
déchets produits dans certains services ; ce qui nous a permis d'estimer
la quantité des DBM produits au niveau de l'hôpital du
district.
Au cours de notre travail de terrain, nous avons essayé
de nous démarquer des méthodes classiques en privilégiant
une approche qualitative ; l'objectif étant de montrer le rôle de
la géographie sur ce sujet qui a été beaucoup
traité par les médecins. Cette approche est bien
appropriée car elle a permis de montrer les opinions, les comportements
et les pratiques des individus enquêtés sur la gestion des DBM.
Elle nous a également permis de décrire le système de
gestion des DBM et d'en comprendre les limites.
35
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
2.7. Les limites et les difficultés
Lors de notre étude, nous avons été
confrontés à un certain nombre d'obstacles qui ont entravé
d'une manière ou d'une autre le bon déroulement de notre
recherche. La première difficulté rencontrée a
été le choix du thème et du site plusieurs fois
modifiés. Sur le terrain, la réticence et
l'indisponibilité des agents de santé et du personnel de
nettoyage se sont posées, mais cela ne nous a pas empêché
de recueillir des données fiables. Nous n'avons pas pu enquêter
dans tous les services en raison de l'insuffisance de moyens financier et
matériel. La méfiance et l'indisponibilité des agents dans
certains services ont contribué à ralentir notre rythme de
travail. Enfin certains agents enquêtés, par manque de motivation
ou parce qu'ils n'aperçoivent pas l'intérêt de
l'étude pourraient avoir donné des réponses inexactes.
36
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Conclusion partielle
Au cours de notre recherche documentaire la
problématique de gestion des déchets biomédicaux s'est
révélée être un sujet très abordé.
Malgré tout, très peu d'auteurs se sont penchés sur les
raisons qui s'opposent à la mise en oeuvre des lois sur la santé
publique et sur la protection de l'environnement.
Même si TRAORE, 1999 estime qu'un environnement
hospitalier insalubre est source de prolifération de micro-organismes
divers et d'animaux nuisibles, il ne consacre pas une analyse
conséquente sur les raisons qui concourent à expliquer le non
respect des règles d'hygiène hospitalière. Par ailleurs,
l'approche géographique à une échelle aussi fine est
relativement rare, les études se consacrent davantage aux aspects
différentiels à l'échelle d'une ville ou d'un secteur
sanitaire, ce qui rend cette étude originale.
C'est donc le souci de compléter ces connaissances sur
la problématique de gestion des déchets biomédicaux
à l'échelle d'un hôpital de référence que
nous avons été amenés à élaborer quelques
hypothèses et à définir une grille conceptuelle. Afin de
collecter les données qui nous permettront de répondre à
nos questions, des guides d'entretien et un questionnaire ont été
conçus dans ce sens.
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
37
Deuxième Partie
La présentation et l'analyse des
résultats
38
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Introduction
La deuxième partie de l'étude est
consacrée à l'analyse et à l'interprétation des
résultats. Elle est structurée autour de deux chapitres. Le
premier chapitre fait un état des lieux des méthodes de gestion
des DBM utilisées à l'hôpital du district tout en les
comparant aux normes et aux textes législatifs nationaux cités
dans la première partie. Le second chapitre quant à lui,
énumère l'ensemble des difficultés qui entravent une
meilleure gestion des DBM dudit hôpital et propose des solutions pour une
gestion adéquate des DBM.
39
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CHAPITRE
III. LA GESTION DES
DECHETS BIOMEDICAUX AU SEIN DE L'ESPACE HOSPITALIER
3.1. La caractérisation des DBM
La caractérisation des DBM est importante car les
contraintes de gestion varient selon les types de déchets. Cette
typologie, lorsqu'elle est définie, constitue l'outil de base de la
gestion des DBM.
De façon générale, les déchets
biomédicaux produits au sein de l'hôpital du district peuvent
être regroupés en trois (3) catégories selon le risque
qu'ils représentent.
3.1.1. Les déchets courants
Ce sont les déchets biomédicaux sans risques
produits au sein de l'hôpital du district de Bogodogo et qui sont
assimilables aux ordures ménagères ou municipales courantes. Ils
peuvent être traités par les services municipaux de nettoyage.
Nous pouvons distinguer dans cette catégorie :
? les déchets recyclables qui comprennent les papiers, les
caisses en carton, les plastiques ou métaux non contaminés, les
canettes ou verres recyclables ;
? les déchets biodégradables (les restes
alimentaires, les déchets de jardin pouvant être
compostés).
3.1.2. Les déchets à risque potentiel
infectieux Cette catégorie de déchets biomédicaux comprend
:
? les déchets anatomiques humains (organes et tissus
des patients amputés, poches et caillots de sang, placentas, cheveux,
salive, crachats, pus, sucs gastriques, liquide amniotique, liquide
péritonéal, vomissements, selles et urines);
? les déchets tranchants et piquants (tous les types
d'aiguilles, de seringues, de verres cassés, d'ampoules, de lames, les
flacons cassés des sérums) ;
? les déchets pharmaceutiques (les médicaments
périmés, les restes de médicaments non utilisables, les
résidus liquides de concentrés cytotoxiques, les produits
pharmaceutiques et matériaux cytotoxiques) ;
40
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? les déchets sanguins et les fluides corporels
(bandes, compresses, cotons, sparadraps et gants souillés, seringues
sans aiguilles, bavettes et bonnets à usage unique, perfuseurs,
sondes).
3.1.3. Les déchets radioactifs
Les déchets radioactifs comprennent les liquides, les
gaz et les solides contaminés par des radionucléides4
dont les radiations ionisantes ont des effets
génotoxiques5. Le type de substances radioactives
utilisées dans l'hôpital du district de Bogodogo
génère des déchets à faible radioactivité.
Il concerne principalement les activités d'imagerie médicale. Il
s'agit des déchets solides, liquides et gazeux contaminés par des
radionucléides générées à partir d'analyses
de tissus et fluides corporels in vitro, d'imagerie d'organes corporels in vivo
et de dépistage de tumeurs.
3.2. La production des DBM
En règle générale, la production de
déchets sanitaires dépend de plusieurs facteurs, notamment les
méthodes de gestion, le type de formation sanitaire, le nombre de lits
et le taux d'occupation, le nombre de patients traités quotidiennement,
le degré de spécialisation des soins pratiqués. Le
district de Bogodogo ne dispose pas de données concernant la
quantité de déchets biomédicaux produits; la
société de collecte ne dispose pas davantage d'informations sur
les quantités collectées. Quelques rapports ou travaux
fournissent des données éparses sur le sujet. Ainsi,
l'hôpital étant le siège du district, il se charge de doter
les autres formations sanitaires en boîtes de sécurité, de
recevoir et d'incinérer les déchets de ces dernières. Dans
un rapport de 2012, les autorités de l'hôpital estimaient à
3184 le nombre de boîtes de sécurité utilisées par
l'ensemble du district au cours de l'année 2011, tandis que
l'hôpital, à lui seul, totalise 555 boîtes de
sécurité pour la même période (Enquête de
terrain, septembre 2011). Pour calculer la production journalière des
DBM générés par lit dans l'hôpital du district de
Bogodogo, il existe essentiellement deux méthodes.
La première consiste à peser toutes les
poubelles avant qu'elles ne soient vidées. Cette méthode est la
plus précise mais nous n'avons pas eu d'instruments de pesée
adéquats. C'est la raison pour laquelle nous avons utilisé un
pèse-personne pour peser la masse des poubelles de
4Ce sont des noyaux atomiques radioactifs,
caractérisés par le nombre de protons et de neutrons qu'ils
renferment.
5Étymologiquement formé des mots
grecques genos qui veut dire race et toxikon qui signifie toxique. Ce sont des
substances nocives pour les organismes humains.
41
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
quelques services. Ensuite nous avons fait la moyenne de ces
masses que nous avons multipliées par le nombre total de
récipients de l'ensemble de l'hôpital. La masse d'un
récipient de collecte contenant des déchets s'obtient en faisant
la différence entre sa masse lorsqu'il est vide et sa masse
journalière quand il est rempli. Pour obtenir la masse moyenne d'un
récipient, nous avons pesé cinq (05) récipients de
collecte : deux (2) pour le service d'urgences , deux (2) pour la
médecine générale ; et une (1) pour le bloc
opératoire (qui ne dispose d'ailleurs que d'un seul récipient de
collecte) ensuite, nous avons fait la somme de la masse des déchets
qu'ils contiennent et divisé le tout par cinq (5).
? La pesée des DBM
Masse du récipient vide (mv) = 0,10 kg
m1 = 0, 51 kg
m2 = 0, 37 kg
m3 = 0, 72 kg
m4 = 0, 43 kg
m5 = 0, 55 kg
? Le calcul de la masse des déchets contenus dans
chaque récipient
La masse des déchets s'obtient en soustrayant la masse
du récipient vide de la masse de l'ensemble.
M1 = 0,
|
51
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 41 kg
|
M2 = 0,
|
37
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 27 kg
|
M3 = 0,
|
72
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 62 kg
|
M4 = 0,
|
43
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 33 kg
|
M5 = 0,
|
55
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 45 kg
|
? Le calcul de la masse moyenne journalière de
DBM
La masse moyenne journalière de DBM contenus dans un
récipient est égale à la somme des masses de
déchets précédemment calculées divisée par
le nombre total de récipients considérés.
M = (0,41 + 0,27 + 0,62 + 0,33 + 0,45) / 5 = 0, 416 kg
Ainsi, on obtient la masse de déchets produits dans
chaque service en multipliant la masse moyenne des déchets contenus dans
un récipient par le nombre de récipients que l'on trouve dans le
service.
42
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Tableau 2 : La quantification de DBM par jour et par
service
Unités (services) de soins
|
Nombre de récipients
|
Production journalière en kg
|
Urgences
|
3
|
1,248
|
Pédiatrie
|
5
|
2,08
|
Maternité
|
8
|
3,328
|
Radiologie
|
1
|
0,416
|
Laboratoire
|
2
|
0,832
|
Médecine et Chirurgie
|
7
|
2,912
|
Bloc opératoire
|
1
|
0,416
|
Pharmacie
|
2
|
0,83
|
Centre de Dépistage
|
1
|
0,416
|
Cardiologie
|
1
|
0,416
|
ORL
|
1
|
0,416
|
Cuisine
|
1
|
0,416
|
Centre Jeunes
|
2
|
0,832
|
Direction administrative
|
2
|
0,832
|
Caisse
|
1
|
0,416
|
Poste de contrôle (guérite)
|
2
|
0,83
|
Dépôt répartiteur
|
1
|
0,416
|
Total
|
41
|
17,05
|
Source : Enquête de terrain, septembre 2011.
La production journalière des DBM dans l'hôpital
du district est estimée à 17,05 kg, soit une production annuelle
Q1 égale à la production journalière
multipliée par 365 jours :
Q1=17,05 kg x 365j Q1 = 6223,25 kg
Cette méthode de calcul a l'avantage de fournir des
valeurs approximatives sur la quantité des déchets
biomédicaux qui est produite. Cependant, les valeurs obtenues ne
reflètent pas toujours la réalité car non seulement la
taille des poubelles diffère d'un service à l'autre mais aussi le
nombre de poubelles est inégalement réparti dans les
différents services de l'hôpital ; les déchets du bloc
opératoire qui sont emballés dans les sachets plastiques sont
le
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SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
plus souvent entassés soit à l'intérieur
du service, soit à côté de la poubelle de collecte. En
outre, la quantité de DBM produite est plus importante durant les jours
ouvrables (du lundi au vendredi) que le week-end (samedi et dimanche). De plus,
certaines poubelles sont fixées au sol et il est difficile de peser les
déchets qu'elles contiennent.
Pour la deuxième méthode, nous nous sommes
inspirés du travail du ministère de la santé du
Maroc6 qui estime la quantité de déchets produits par
lit occupé et par jour à 3kg. Ainsi, nous pouvons estimer la
quantité annuelle de DBM produite en 2011 à l'hôpital de
district de Bogodogo, en nous appuyant sur les données de l'occupation
fournies par le service statistique de l'hôpital, soit une
capacité litière de 72 lits et un taux annuel d'occupation de
75%. La quantité de DBM produite Q2 s'obtient en
faisant le produit du taux d'occupation et de la masse moyenne de DBM par lit
par le nombre de lit et la période (mois ou année). Ainsi, en
2011, avec une capacité litière de 72 lits et un taux annuel
d'occupation de 75%, nous avons :
Q2 = 0,776 X 3 Kg X 72 lits X 365 j Q2
= 167,616 Kg X 365 j
Q2 = 61179,84 Kg
La production annuelle des déchets biomédicaux
au sein de l'hôpital du district est estimée à 61179,84 kg,
soit 61,18 tonnes. L'inconvénient de cette méthode de calcul est
qu'elle ne permet pas d'estimer la production de façon exhaustive, car
les déchets produits lors des soins des patients ambulatoires ne sont
pas pris en compte. En outre, la généralisation ne reflète
pas la réalité car la quantité de déchets produits
est plus importante dans certains services que dans d'autres.
A partir de ces deux valeurs, nous pouvons estimer la
production moyenne annuelle des DBM dans l'hôpital du district Q.
Q = (Q1 + Q2) /
2.
Q = (6 138 kg + 61179,84 kg) / 2 Q = 33 658,92
33 659 kg
D'une manière générale, l'hôpital
du district produit chaque année environ 33 659 kg de DBM. A cette
production, il faudrait ajouter la quantité de seringues usagées
chaque année.
6 Ministère de la Santé, République du
Maroc, décembre 2004.Gestion des déchets des
établissements de soin, Direction des Hôpitaux et des Soins
Ambulatoires
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LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
En tenant compte de la dotation de l'hôpital, nous
pouvons estimer à 555 le nombre de boîtes de
sécurité utilisés durant l'année 2011, soit 178,5
kg en raison de 0,70 kg par boîte se sécurité.
(Enquête de terrain, septembre 2011).
Chacune des deux méthodes comporte ainsi des limites
car les outils utilisés ne sont pas efficaces. Tout compte fait, la
première méthode nous semble la plus appropriée mais il
faudrait peser toutes les poubelles successivement chaque jour durant toute une
semaine afin d'obtenir une valeur acceptable au regard du nombre de poubelles
que dispose l'hôpital du district.
L'intérêt de quantifier la production des DBM
dans chaque établissement de soins réside dans la connaissance du
poids et des différents types de déchets. Ceci permettra de :
? prévoir les besoins en matériel de collecte,
de conditionnement et de traitement des déchets (sacs, conteneurs,
poubelles, équipement de traitement, etc.) ;
? surveiller la qualité du tri des déchets et
plus particulièrement sa sélectivité qui doit tendre vers
la diminution de la quantité des déchets de soins à
risque, sans nuire à l'efficacité du tri.
? Disposer des équipements adéquats pour
l'élimination et de prévoir les périodes d'entretien du
matériel
3.3. La gestion des DBM dans le district sanitaire de
Bogodogo
Dans chaque district sanitaire du Burkina Faso, il existe, en
théorie, un service qui organise et coordonne la gestion des
déchets produits dans les formations sanitaires de son aire
géographique. La gestion des DBM dans le district sanitaire de Bogodogo
est sous la responsabilité du Bureau d'Assainissement, d'Hygiène
et de la Communication en Santé (BAHCS) précédemment
appelé Service d'Information, d'Éducation, de Communication et
d'Assainissement (SIECA). Il se compose de deux Techniciens en Génie
Sanitaire, de deux Agents Itinérants de Santé et d'un
Maïeuticien d'État. Ce Bureau est dirigé par un des
Techniciens d'État en Génie Sanitaire et est implanté dans
l'enceinte de l'hôpital du district de Bogodogo. L'objectif principal du
BAHCS est de contribuer à l'atteinte des objectifs de l'Équipe
Cadre du District (ECD) dans le volet Hygiène, Assainissement et
Communication en Santé. Ces objectifs spécifiques sont :
? Organiser et exécuter des activités
d'assainissement ;
45
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SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? veiller à la vulgarisation des règles
d'hygiène en vigueur à travers des inspections sanitaires dans
les lieux publics (écoles, formations sanitaires, hôtels,
boulangerie), des supervisions bimestrielles, intégrées et
pluridisciplinaires dans les formations sanitaires dudit district. Cette
activité est dévolue au service d'assainissement de mairie de
Bogodogo en application de l'Arrêté conjoint n°
2008-006/MATD/MEF/MS portant transfert du patrimoine de l'État aux
communes urbaines dans le domaine de la santé. Elle réduit le
rôle du BAHCS à inciter les autres formations sanitaires à
créer des services d'hygiène communale;
? Promouvoir la lutte anti-vectorielle (mouches, bastes,
moustiques, punaises, puces, rats) ;
? participer à la formation des stagiaires et autres
groupes socioprofessionnels en matière d'hygiène,
d'assainissement et de communication.
Le BAHCS intervient dans le volet
Santé-Sécurité au Travail et rend des comptes à
l'ECD. Il collecte deux fois par mois les boîtes de
sécurité dans les formations sanitaires publiques du district qui
ne disposent pas d'incinérateur, lors des éventuelles missions et
lorsque le véhicule est adapté. Pour ce qui concerne les
formations sanitaires privées, elles doivent signer des conventions soit
avec l'hôpital du district, soit avec les autres formations sanitaires.
Quant aux autres types de déchets, ils sont incinérés
comme de simples ordures ménagères dans les différentes
formations sanitaires. Sur l'ensemble des quarante et sept (47) formations
sanitaires que compte le district, seulement neuf (9) d'entre elles ont des
incinérateurs ; il s'agit des CSPS de Guigimtenga, de Pikiéko, de
Dassasgho, du secteur 30, de Wemtenga ; celui de Koala ; du Centre
Médical Urbain (CMU) du secteur 15 ; du centre médical de Saint
Camille ; de l'hôpital du district7. Chaque formation
sanitaire, publique ou privée, devrait contribuer à la gestion de
ses boîtes de sécurité conformément au principe de
pollueur/payeur du décret N° 2008-009/PRES/PM/MS/MECV du 10 janvier
2008 portant organisation de la gestion des déchets biomédicaux
et assimilés, mais la modestie de certaines formations sanitaires fait
que le BAHCS n'exige pas cette contribution.
C'est dans ce cadre qu'en juin 2012, la clinique Marie stopes
international a signé une convention de six mois renouvelable avec le
centre médical urbain du secteur 15. A travers cette convention, Marie
stopes international s'est engagée à participer au frais
d'incinération comprenant le désintéressement du
préposé à l'incinération, l'achat de combustible et
de maintenance de l'incinérateur. Le CMU s'est engagé à
recevoir les boîtes de sécurité et à les
incinérer convenablement.
7Recensement des infrastructures de santé
rétrocédées, novembre 2011
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LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
3.4. L a gestion des DBM au sein de l'hôpital du
district 3.4.1. Les déterminants de la gestion des DBM
? Les ressources humaines
La gestion des déchets biomédicaux implique dans
son ensemble les chirurgiens, les pédiatres, les anesthésistes,
les garçons et filles de salles, les médecins
généralistes, les pédiatres, et tout le corps
médical. Ce personnel de soins est le premier à être en
contact avec les déchets biomédicaux et c'est lui qui doit faire
le tri, première étape de la gestion des DBM.
L'entretien et le nettoyage de la cour et des locaux de
l'hôpital du district de Bogodogo, sont assurés par l'Entreprise
de Travaux Yasser et Frère (ETYF). Elle a été
recrutée suite à un appel d'offre. Les prestations de cette
entreprise s'étendent à tous les bâtiments, aux terrasses,
aux hangars. Elles concernent : les installations administratives, les
unités d'urgences (Urgences médico-chirurgicales et
pédiatriques), l'imagerie médicale, les salles d'accouchement et
de soins, les salles d'hospitalisation. Ceux-ci sont nettoyés et
désinfectés quotidiennement. Les services d'urgence sont
nettoyés trois fois par jour (6h00, 12h00 et 18h00). En outre, cette
entreprise emploie à l'hôpital du district, un total de 27
personnes dont 25 femmes et deux hommes. Les femmes sont chargées,
chaque jour le matin, à midi et le soir, de nettoyer et de
désinfecter les locaux, de collecter et de conditionner les
déchets dans les différents services. Quant aux hommes, ils
s'occupent du transport des déchets des différents services
à l'incinérateur. L'enquête de terrain a
révélé que 80% des employés ont
bénéficié d'une formation en entretien du mobilier et des
locaux dans des services de nettoyage tels que SONAKOF, Environ Service,
société Amie, Endurant service. Par ailleurs, 12% des
employés ont une expérience de moins d'un an, 68% ont 1 à
5 ans d'ancienneté et 20% plus de 5ans. Au regard de ces chiffres et en
se référant au texte sur la promotion de l'hygiène dans
les structures sanitaires, nous notons que l'hôpital du district dispose
d'un nombre satisfaisant en personnel médical et paramédical ; en
personnel d'entretien mais la compétence de ce dernier est insuffisante.
En ce qui concerne les mesures de protection du personnel, l'OMS recommande de
protéger le personnel contre tout risque de traumatisme ou d'infection
en prenant des dispositions nécessaires. Ainsi, la société
ETYF a doté son personnel de bottes, de gants de ménage, de
blouses, de cache-nez. Mais il faut reconnaître que cet équipement
n'est pas complet car environ 11% des employés manquent de
matériel de protection. Cela augmente le risque d'infection du personnel
d'entretien et de nettoyage.
47
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
De façon générale, le personnel de soins
utilise des blouses, des babouches, des gants à usages uniques, des
bavettes, des bonnets, des champs opératoires. Dans certains services,
ce matériel de protection est spécifique ; c'est le cas du
service d'imagerie où on utilise des tabliers plombés, des
lunettes plombées, des cache-thyroïdes, des cache-gonades et des
dosimètres pour mesurer le degré de radioactivité. Ce
matériel de protection est adapté ; il permet de protéger
le personnel intervenant dans la gestion des DBM contre les souillures et les
micro-organismes, mais il y a fréquemment des ruptures de gants, de
masques.
? Les ressources matérielles
Elles concernent le matériel et les équipements
de conditionnement, de stockage, de transport et de traitement des DBM. Le
service d'entretien et de nettoyage utilise le matériel suivant :
raclettes, balais, râteaux, dabas, serpillières, machettes,
torchons, éponges, pelles, brosses. Il est mis à leur disposition
des brouettes pour le transport des déchets. En ce qui concerne le
conditionnement et le stockage, devant chaque unité de soins, sont
stationnés des fûts en plastique et/ou en fer munis de
sacs-poubelles de couleur noire. Dans certains services, on trouve des
poubelles de pré-collecte à pédales. Pour le traitement
des DBM, en l'occurrence leur incinération, l'hôpital est
doté de trois (3) sortes d'incinérateurs : l'incinérateur
De Montfort, l'incinérateur Baeul et l'incinérateur
semi-électrique SH20 (cf. Photo 1, 2 et 3 ci-après). En
théorie, l'incinérateur Baeul gère spécifiquement
les déchets courants car la chaleur qu'il produit est insuffisante pour
détruire les germes des déchets infectieux. L'incinérateur
De Montfort est conçu pour les déchets piquants et coupants.
Quant à l'incinérateur SH20, il traite les déchets
hautement infectieux car il peut produire une chaleur supérieure
à 900° C parce qu'il utilise à la fois du courant
électrique et un combustible (le gazole).
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Photo 1 : L'incinérateur Baeul Photo 2 :
L'incinérateur SH20 Photo 3 : L'incinérateur De
Montfort
(en panne)
3.4.2. Les étapes de la gestion des déchets
dans l'hôpital du district
Le processus de gestion des déchets biomédicaux
solides comprend 5 étapes: le tri et le conditionnement, la collecte, le
stockage, le transport, le traitement et l'élimination.
? Le tri et le conditionnement
Les déchets assimilables aux ordures
ménagères de l'hôpital du district sont collectés
dans des paniers ou des seaux plastiques (cf. Photo 2 ci-dessous). Ces
déchets proviennent des services administratifs (bureaux, caisse,
cuisine) et de la pharmacie. Dans certains endroits de l'hôpital, nous
observons des poubelles en fer contenant aussi des ordures
ménagères.
48
Photo 4 : Un panier à ordures
ménagères Photo 5 : Une boîte de
sécurité
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En outre, les objets piquants et coupants sont
collectés dans des récipients appelés boîtes de
sécurité ou boîtes à tranchants (cf. Photo
3ci-dessus). Ce sont des cartons de forme rectangulaire comportant une
ouverture à partir de laquelle on introduit les seringues, les aiguilles
et tout ce qui est pointu ou coupant après usage. Ces boîtes de
sécurité sont remplies au trois quarts (3/4) avant d'être
évacuées. Les déchets radioactifs comme les films
radiologiques sont collectés dans des cartons.
Les déchets à risque potentiel, quant à
eux, sont stockés dans des seaux plastiques comportant des
sacs-poubelles de couleur noire qui facilitent la collecte. Une fois le tri
terminé, les filles et les garçons de salle se chargent de
collecter les déchets produits et de les conditionner dans des poubelles
de collecte (fûts en plastique et/ou en fer) disposées devant
chaque unité de soins (Photo 5, page 49). Ils vident
régulièrement les déchets contenus qui se trouvent
à l'intérieur des salles d'hospitalisation, des salles de soins,
des bureaux. Ces déchets sont stockés dans les poubelles de
collecte qui sont de taille plus grande. Pour ce qui concerne les boîtes
de sécurité, elles sont disposées dans les salles de soins
et sont évacuées dès qu'elles sont remplies aux trois
quart.
? La collecte, le transport et le stockage
Les déchets biomédicaux solides sont
collectés presque tous les jours par le service d'entretien et de
nettoyage et stockés à l'intérieur de l'hôpital. En
effet, les déchets conditionnés dans les poubelles sont
collectés, chaque matin entre quatre heures (4h) et six heures (6h),
à l'aide d'une brouette par un préposé à
l'incinérateur et acheminés vers le site de traitement et
d'élimination. Les déchets à risque potentiel infectieux
contenus dans les sacs-poubelles noirs et provenant du service du bloc
opératoire sont stockés au niveau de l'incinérateur Baeul
(cf. photo 6 ci-dessous).
Photo 6 : Un tas de déchets à
côté de l'incinérateur Baeul
|
49
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LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Ces déchets comportent un risque d'infection plus
élevé car ils sont constitués d'organes humains. Les
boîtes de sécurité sont collectées et
stockées à côté de l'incinérateur Baeul par
le préposé à l'incinération qui est en
réalité un brancardier, embauché par l'équipe cadre
du district. Ces deux types de déchets y sont accumulés chaque
matin jusqu'à ce que leur quantité soit suffisante pour
être incinérée. Ces déchets accumulés sont
incinérés une fois par semaine ou une fois toutes les deux
semaines, en fonction de la disponibilité du brancardier.
Lors du transport, les déchets contaminés sont
mélangés aux déchets de type ordures
ménagères dans une seule brouette. Par ailleurs, ce site est
difficilement accessible par un véhicule de transport.
Photo 7 : Récipient de Photo 8 :
Récipient de Photo 9 : Récipient de collecte
collecte en plastique sans collecte en fer sans en plastique avec
couvercle
couvercle couvercle
? Le traitement et l'élimination
Le traitement des déchets biomédicaux se fait en
fonction des différentes catégories. Au niveau du service de la
maternité, les placentas sont désinfectés à l'eau
de javel et remis aux parents. Les déchets infectieux contenus dans les
sacs-poubelles en provenance du service du bloc opératoire sont
brûlés au niveau de l'incinérateur Baeul par le
brancardier; il s'agit spécifiquement des déchets anatomiques.
Toutes les boîtes de sécurité des différents
services de l'hôpital du district y sont également
incinérées car l'incinérateur De Montfort
spécifiquement destiné à incinérer ces types de
déchets n'est plus fonctionnel. Selon un des techniciens d'État
du génie sanitaire du bureau d'hygiène hospitalière, ce
dysfonctionnement serait dû au fait que des gens mal intentionnés
ont dérobé une des pièces maîtresse de
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LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
l'appareil, rendant impossible son utilisation.
L'incinération consiste à introduire tous les déchets,
puis à les mélanger avec un combustible qui est le gazole avant
de mettre le feu. Il y a une longue barre de fer qui permet de remuer les
déchets afin d'attiser le feu et lui permettre de bien consumer les
déchets. L'incinérateur de De Montfort a l'avantage d'avoir une
large chambre de combustion et peut contenir une quantité importante de
déchets de diverses natures mais sa gestion est très difficile.
Il faut à la fois une grande force physique et un savoir faire.
Les cendres des déchets incinérés sont
enfouies dans une fosse d'environ trois (3) mètres de profondeur par le
préposé à l'incinération. Quant à
l'incinérateur SH20, depuis son ouverture officielle au début de
l'année 2011, ce n'est que le 03 août 2012 qu'il a
été mis en fonction. Ce dernier vient remplacer
l'incinérateur De Montfort qui nécessite beaucoup plus de
combustibles et qui ne produit pas suffisamment de chaleur. Il est en mesure
d'incinérer une trentaine de sacs poubelles et plus de vingt
boîtes de sécurité par jour. Au regard du nombre de
boîtes de sécurité usagées chaque année dans
l'ensemble du district (3184 en 2011), il est impératif que chaque
formation sanitaire ait un incinérateur, ne serait-ce que pour
l'élimination de boîtes de sécurité. Tous les autres
types de déchets sont brûlés, à ciel ouvert à
l'intérieur de l'hôpital et les cendres sont accumulées
à l'air libre (cf. Photo 10 ci-après). Cette situation est
contraire à l'article 13 de la loi N° 022-2005/ AN portant code de
l'hygiène publique au Burkina Faso et à l'article 49 de la
section 7 de la loi N° 005/97/ADP portant code de l'environnement au
Burkina Faso. Si les responsables du service d'hygiène et de
l'entreprise de nettoyage pouvaient fournir suffisamment de sacs-poubelle, tous
les déchets allaient être brûlés au niveau des
incinérateurs. Selon l'OMS, il faut une température d'au moins
800° C pour détruire les germes pathogènes contenus dans les
DBM or, à ciel ouvert, on n'excède pas 100° C.
L'incinérateur SH20 est utilisé pour
incinérer les déchets à risque potentiel infectieux
particulièrement, ceux provenant du Bloc opératoire et les objets
piquants et coupants.
52
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Photo 10 : L'incinération des DBM à ciel
ouvert sur le dépôt sauvage.
? La gestion des déchets
pharmaceutiques
Les médicaments périmés, les
médicaments non utilisés et avariés sont stockés
dans l'entrepôt de chaque formation sanitaire du district. Leur collecte
et leur incinération sont organisées par la Direction
Régionale de Santé (DRS) du centre mais l'exécution des
taches est régie par un comité de gestion des déchets
pharmaceutiques. Les membres du comité sont issus de plusieurs services
dont la mairie de Bogodogo, de la police municipale, la commission de lutte
contre la drogue, le Ministère de l'environnement et du cadre de vie. Le
comité se rencontre une fois par an pour prendre les dispositions
relatives à la collecte et au transport des déchets
pharmaceutiques. Ces derniers sont ainsi collectés par un camion durant
le premier trimestre de chaque année et acheminés vers un
bas-fond situé sur la route de Saponé. C'est là qu'ils
sont incinérés sous la supervision des autorités
concernées et de la police municipale.
Actuellement, le comité est en concertation avec le
Centre d'Enfouissement Technique pour voir dans quelles mesures les cendres
peuvent y être transportées mais de nombreuses contraintes
budgétaires s'imposent.
D'une manière générale, la gestion des
DBM au niveau de l'hôpital du district est très complexe. Elle
nécessite de nombreux outils et fait intervenir plusieurs acteurs ;
cependant elle rencontre de nombreuses difficultés.
53
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CHAPITRE IV : LES CONTRAINTES LIEES A LA GESTION DES
DBM SOURCES D'UN RISQUE SANITAIRE POTENTIEL
4.1. Les contraintes ou dysfonctionnements
4.1.1. Les contraintes institutionnelles et
organisationnelles
L'ampleur du problème lié aux déchets
biomédicaux est déterminée non seulement par l'importance
de la production des déchets, mais aussi par le risque d'infection
qu'ils représentent pour la santé de l'homme et pour
l'environnement. Dans les établissements de soins où les
règles d'hygiène générales, individuelles ou
collectives, ne sont pas respectées, les professionnels de santé
et les patients peuvent être victimes d'infections nosocomiales.
Les textes législatifs et réglementaires
régissant des DBM au Burkina Faso sont suffisamment clairs sur les
dispositions à respecter aussi bien pour la pré-collecte, la
collecte, le stockage, le transport, l'évacuation, l'élimination
des DBM, que pour le personnel de gestion, les mesures de
sécurité et les équipements de protection. La section 1 du
chapitre 2 du décret N°2008-009/PRES/PM/MS/MECV du 10 janvier 2008
portant organisation de la gestion des déchets biomédicaux et
assimilés, stipule que les déchets infectieux, anatomiques et
déchets issus des activités de soins (gants, compresses, cotons,
pansements, champs opératoire) doivent être collectés dans
des sacs-poubelle; les déchets piquants ou tranchants (aiguilles, lames
de bistouri, mandrins) sont collectés dans des boîtes de
sécurité de couleur jaune ; les déchets de laboratoires
(boîte de pétri, pipette) et déchets spéciaux
(médicaments périmés, restes de produits, métaux
lourds, produits chimiques, déchets radioactifs) sont collectés
dans des sacs-poubelle de couleur rouge ; enfin, les déchets
assimilables aux ordures ménagères dans des sacs-poubelle de
couleur noire.
Cependant, il n'existe aucune structure chargée de
contrôler la mise en oeuvre de ces lois et l'application effective des
sanctions. Dans la pratique, les textes existants ne sont pas suffisamment
vulgarisés dans les formations sanitaires, ce qui limite leur
application. En effet, la dernière journée d'information sur la
politique sanitaire nationale et le code de l'hygiène publique au
district sanitaire de Bogodogo a eu lieu depuis le 10 mai 2007. Une autre
insuffisance réside dans l'absence de dispositions relatives aux
autorisations ou aux permis de créer des sociétés, des
associations ou des entreprises privées, chargées
spécifiquement du traitement des DBM à l'image
54
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
des services privés de collecte des déchets
ménagers. Pour une gestion efficace des DBM, chaque formation sanitaire
doit s'associer à une société de traitement des
déchets.
La gestion des DBM à l'hôpital du district
sanitaire de Bogodogo se situe à l'étape embryonnaire
malgré les efforts consentis par le bureau d'hygiène
hospitalière. Cette gestion présente de ce fait quelques
insuffisances : l'absence d'une structure de supervision impliquant l'ensemble
des acteurs de l'hôpital ; l'absence d'une réglementation interne
sur la gestion des DBM ; l'absence d'un budget spécifique alloué
à la gestion des DBM. Les autres contraintes majeures portent sur
l'absence de données sur les quantités des DBM produites. Le
bureau d'hygiène souffre d'une léthargie par manque de moyens
matériel et financier, de personnel, de motivation, de programme et de
soutien administratif. Au moment où l'enquête était
menée, le bureau d'hygiène était en train de mettre en
place un plan de gestion des DBM.
? Les contraintes humaines et
matérielles
A priori, le personnel soignant dispose d'un niveau de
connaissances dans la mesure où il bénéficie d'une
formation sur la prévention des infections (PI) au début de sa
carrière professionnelle, mais les attitudes et les pratiques ne
respectent pas les normes en matière de gestion des DBM. C'est le cas
par exemple du service du bloc opératoire où nous retrouvons
parfois des aiguilles, et même des seringues sur les bocaux d'aspiration
ou les champs opératoires. Les programmes de formation continue des
agents de santé de l'hôpital du district par le biais de cours de
perfectionnement ou de séminaires de recyclage sont rares, et, cela, du
fait de la baisse du budget réservé à cet effet ces deux
dernières années. Cela multiplie les possibilités
d'accident pour le personnel de soins, surtout pour les garçons et
filles de salles qui nettoient les salles d'opération. Nous avons aussi
constaté que le personnel de santé de l'hôpital consacre
peu de temps aux tâches de gestion des DBM comme l'affirme un
enquêté « Je ne m'occupe pas de la gestion des
déchets, il faut voir le personnel de nettoyage ». En 2010, les cas
d'accidents par exposition au sang et par piqûre à l'hôpital
du district de Bogodogo se chiffraient entre 12 et 16 personnes. Le personnel
d'entretien et de nettoyage qui dispose en général d'un niveau de
connaissances relativement bas a des comportements à risque lors de la
manipulation des DBM.
En ce qui concerne le public qui fréquente
l'hôpital du district de Bogodogo, notamment les accompagnants des
malades et les visiteurs, l'observation directe a montré qu'il n'est pas
conscient des dangers liés à la gestion des DBM. Cela s'explique
par le fait que des excrétas humains ont été
retrouvés, au cours de notre enquête, dans la cours de la morgue
et aux alentours des incinérateurs qui sont des endroits à fort
risque d'infection.
55
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Les responsables des services d'hygiène doivent prendre
en compte ces besoins car l'insuffisance du matériel de protection et
des équipements de conditionnement, le manque de formations du personnel
de gestion des DBM, les coupures d'eau et d'électricité sont de
véritables obstacles qui s'opposent au respect des règles
d'hygiène hospitalière, et partant, celui des normes de gestion
des DBM.
La plupart des services enquêtés réalisent
uniquement le tri entre les déchets piquants ou coupants et les autres
types de déchets. Cela peut s'expliquer par le fait que les
récipients de pré-collecte ne sont pas en nombre suffisant dans
les unités de soins et ne sont pas appropriés à la
manutention. En effet, les boîtes de sécurité
utilisées pour le tri des objets piquants ne sont pas adaptées
car le carton est perforable par les termites et est très sensible
à l'humidité. Le mélange de déchets courants et de
déchets infectieux augmente les risques d'infection (cf. Photo 8, page
56). De plus, nous notons une insuffisance de sacs-poubelles et de boîtes
de sécurité, ainsi qu'un manque d'équipements de
protection adéquats pour le personnel de gestion des DBM. Il n'existe ni
un système de code couleur à l'hôpital du district qui
puisse faciliter l'identification des déchets selon leur
catégorie, ni un symbole international du risque biologique ou du risque
des radiations ionisantes sur les poubelles.
Les boîtes de sécurité des
différents services de l'hôpital du district sont
incinérées par l'incinérateur Baeul car
l'incinérateur De Montfort spécifiquement destiné à
incinérer ces types de déchets n'est plus fonctionnel. Ce dernier
vient remplacer l'incinérateur De Montfort qui nécessite beaucoup
plus de combustibles et qui ne produit pas suffisamment de chaleur. Il est en
mesure d'incinérer une trentaine de sacs poubelles et plus de vingt
boîtes de sécurité par jour. Au regard du nombre de
boîtes de sécurité usagées chaque année dans
l'ensemble du district (3184 en 2011), il est impératif que chaque
formation sanitaire aie un incinérateur, ne serait-ce que pour
l'élimination de boîtes de sécurité. Tous les autres
types de déchets sont brûlés, à ciel ouvert à
l'intérieur de l'hôpital et les cendres sont accumulées
à l'air libre (cf. Photo 6, page 51). Cette situation est contraire
à l'article 13 de la loi N° 022-2005/ AN portant code de
l'hygiène publique au Burkina Faso et à l'article 49 de la
section 7 de la loi N° 005/97/ADP portant code de l'environnement au
Burkina Faso. Si les responsables du service d'hygiène et de
l'entreprise de nettoyage pouvaient fournir suffisamment de sacs-poubelle, tous
les déchets allaient être brûlés au niveau des
incinérateurs. Selon l'OMS, il faut une température d'au moins
800° C pour détruire les germes pathogènes contenus dans les
DBM or, à ciel ouvert, on n'excède pas 100° C.
56
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Il n'y a qu'un seul préposé à
l'incinération ; s''il tombe malade, il n'y a personne pour le remplacer
; les déchets peuvent alors demeurer au pied de l'incinérateur
jusqu'à trois semaines, voire un mois. Les déchets courants, les
déchets radioactifs et les autres types de déchets infectieux
sont collectés et entassés à l'intérieur de
l'hôpital, à ciel ouvert, constituant ainsi un dépôt
sauvage, mais les déchets courants peuvent parfois séjourner
pendant 48 à 72 heures avant d'être évacués ; ceci
par manque de personnel de collecte et à l'inadéquation du moyen
de transport. En effet, le moyen de transport utilisé n'est pas
adapté ; au lieu d'un chariot, il n'y a qu'une seule brouette pour
transporter tous les déchets des différents services jusqu'au
site de traitement qui se trouve à environ deux cent mètres de
ces derniers. Néanmoins, le site de dépôt des
déchets n'est pas accessible par les enfants compte tenu du fait que
l'hôpital est bien clôturé et que les habitations y sont un
peu distantes (Figure 3, page 21). Cependant, certaines personnes viennent
parfois couper les herbes dans la cour l'hôpital pour aller nourrir leurs
animaux domestiques. Elles rentrent par la porte principale sans aucune forme
d'interdiction car les responsables de l'hygiène ont du mal à
gérer les herbes qui poussent dans la cour, source de
prolifération de reptiles très dangereux (serpents); c'est la
raison pour laquelle ils autorisent les femmes du service de nettoyage à
cultiver des arachides ou du haricot dans l'enceinte de l'hôpital afin de
réduire la superficie à défricher. Ces faits sont
étayés par les propos du préposé à
l'incinérateur qui dit : « J'ai payé un jeune homme à
mes propres frais pour qu'il désherbe l'alentour des
incinérateurs ; on ne pouvait même pas y accéder ».
Ces pratiques vont à l'encontre des règles d'hygiène et de
sécurité en milieu hospitalier.
Les caractéristiques du site de stockage ne sont pas
conformes aux réglementations nationales. Les déchets
biomédicaux font l'objet d'un dépôt sauvage sur le site qui
ne dispose d'aucune clôture capable de restreindre l'accès aux
individus ou les mettre à l'abri des intempéries, de certains
animaux, oiseaux sauvages et des insectes. Des études déjà
effectuées montrent que ces êtres vivants peuvent transmettre des
germes pathogènes aux personnes qui les consommeront (KANKOUDRI,
1995-1996).
57
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Photo 8 : Un mélange d'ordures
ménagères et de déchets de soins.
4.2. Les risques sanitaires liés à la gestion
des DBM 4.2.1. Les risques pour le personnel de gestion des DBM
Nous entendons par risque sanitaire, le contact possible avec
le déchet entraînant une contamination sanitaire potentielle. Les
risques sanitaires, liés à la gestion inappropriée des DBM
à l'hôpital du district de Bogodogo, concernent globalement les
blessures accidentelles du personnel de soins. Les intoxications aiguës,
les infections et les nuisances guettent le personnel d'entretien et de
nettoyage. C'est le cas par exemple des odeurs nauséabondes dues au
manque d'équipements de protection et à la longue durée de
stockage des déchets au niveau de l'incinérateur De Montfort.
Pour ce qui concerne les infections, nous avons identifié trois
catégories. Il s'agit :
? des maladies virales telles que le HIV/SIDA. Sont
principalement exposés à ces pathologies le personnel de soins,
les gardes-malade, le personnel d'entretien et de nettoyage, et les ouvriers de
l'hôpital en construction;
? des maladies microbiennes ou bactériennes telles que la
tuberculose, la fièvre typhoïde ;
? des maladies parasitaires telles que la dysenterie, les
ascaris et les infections nosocomiales.
Certains déchets biomédicaux solides tels que
les boîtes de sécurité contenant les objets piquants et
coupants sont stockés à plusieurs endroits de l'hôpital
sans aucune sécurité.
58
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
D'abord entassés autour de l'incinérateur, nous
les retrouvons dans la cour de la morgue. Certaines boîtes de
sécurité, étant rongées par les termites, laissent
les seringues éparpillés sur le sol. Pourtant, nous retrouvons
également à ces endroits et autour du dépôt sauvage,
des excrétas humains, preuve que des gens y entrent pour faire leurs
besoins et plus particulièrement les ouvriers qui travaillent au niveau
de la construction du nouveau hôpital. Ce qui les expose à un
risque décontamination et surtout aux accidents par piqûre
d'aiguilles et autres objets tranchants.
? Les risques pour la population
De façon globale, la population du district sanitaire
de l'hôpital est doublement exposée aussi bien par les DBM
déversés dans le dépotoir sauvage que par les
comportements à risques. Les risques de blessures sont fortement accrus,
notamment avec les aiguilles qui traînent au sol au niveau du
dépotoir De Montfort et à l'intérieur de la Morgue.
Un autre type d'impact concerne la contamination potentielle
de la chaîne alimentaire. En effet, le niveau d'ignorance des
manipulateurs de déchets à la source ainsi que
l'inadéquation et la faiblesse des équipements de stockage, de
collecte et de disposition de déchets sanitaires se traduisent par un
mélange des déchets sanitaires avec les autres déchets
courants moins nocifs notamment au niveau du dépôt sauvage
très fréquenté par les animaux domestiques ou sauvages
(chats, souris) en quête de nourriture, les oiseaux et les insectes.
Cette situation peut entraîner une propagation potentielle de maladies et
de contaminants chimiques à travers la chaîne alimentaire. De la
même manière, les vents de poussière et l'eau de
ruissellement peuvent propager des germes pathogènes et les aiguilles
provenant du dépotoir.
En outre, le stockage à l'air libre des déchets
biomédicaux et leur incinération constituent une source de
pollutions environnementale et atmosphérique. C'est de toute
évidence la source la plus polluante pour l'air en raison des
émanations de gaz et de particules contenant des substances hautement
toxiques. La combustion des déchets sanitaires à l'air libre
entraîne des émissions riches en acide chlorhydrique, en azote et
en oxyde de soufre ainsi que des émissions de particules contenant des
substances organochlorées telles que d'autres gaz
cancérigènes comme les chlorobenzènes.
En résumé, les risques sur l'environnement
biophysique sont d'ordre divers et concernent la pollution de l'air et les
incommodités provoquées par la combustion des déchets
à ciel ouvert, ainsi que par les fumées des incinérateurs,
la contribution à la pollution des eaux de surface et des eaux
souterraines par les eaux de lixiviation des décharges. Les
excrétas renferment des
59
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
micro-organismes pathogènes vecteurs de nombreuses
maladies telles que la fièvre typhoïde, les dysenteries, le
paludisme, les parasitoses, la tuberculose. Le schéma suivant montre les
voies de transmission des agents pathogènes présents dans les
excrétas (cf. Figure 4, page 60).
Figure 4 : Les voies de transmission d'agents
pathogènes à l'homme
Loisir
Aliments
Agriculture
Eaux souterraines
Agents pathogènes
Mains
Déchets solides
Mouches
Eaux de surface
Sols
Réserve d'eau de Boisson
Transmission à l'homme
Source : KANKOUDRI, 1995-1996
Les agents pathogènes peuvent contaminer les aliments
à travers les mains, les insectes (mouches), les déchets. Les
eaux de surface sont contaminées par les déchets
entreposés à l'état sauvage et contamine à leur
tour les eaux souterraines. Certains déchets utilisés comme humus
dans les champs peuvent s'infiltrer et contaminer également la nappe
souterraine ; celle-ci constitue une source d'eau potable dans certains
endroits, particulièrement en milieu rural (puits, pompes, ...). Les
germes sont ainsi transmis à l'homme à travers l'eau de
boisson.
60
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
4.3. L'itinéraire des DBM solides
Le chemin suivi par les DBM depuis leurs lieux de production
jusqu'à leur lieu de destruction a une très grande influence dans
les possibles contacts avec les déchets dans la mesure où la
brouette utilisée à l'hôpital du district pour le transport
est très petite. Ceci est une source de morbidité importante
particulièrement pour le personnel en charge de l'acheminement. C'est
pour cette raison que ZONGO, 2009 dans son mémoire de fin de cycle,
estime que les déchets de soins produits dans les établissements
de soins doivent suivre un itinéraire approprié et bien
identifié. Son hypothèse est soutenue par TRAORE, 2010 dans sa
thèse de doctorat d'État, elle affirme que la mauvaise gestion
des DBM laisse la possibilité de récupérer le
matériel médical jetable.
Pour tenter de matérialiser ces itinéraires nous
nous sommes appuyés sur l'outil GPS et sur les travaux
réalisés par des géographes sur les déplacements
des piétons (BONNET, 2008 ; MAIGNANT, DUTOZIA, 2010) que nous avons
adaptés à notre problématique. Il s'agissait de mettre en
évidence, les lieux potentiels de contact entre les déchets et
les malades, les accompagnants ou les visiteurs.
Le service du Bloc opératoire comporte deux salles
d'opération, une salle de réveil, une salle de
stérilisation, deux salles de garde et le cabinet du major. Chaque salle
d'opération comporte deux poubelles de pré-collecte à
pédales, une poubelle contenant un sachet-poubelle, deux à trois
boîtes de sécurité, un vidoir. Des poubelles sont
également disposées dans le cabinet du major, dans la salle de
stérilisation et dans une des salles de garde. Le nombre d'agents de
santé affectés à ce service est de 39, toutes
catégories confondues. En 2011, le bloc opératoire a
effectué 1374 interventions ; ce qui équivaut à environ
quatre interventions par jour (enquête de terrain, juillet 2012). Lors de
chaque intervention, les déchets sont triés à la source
à l'aide des récipients suscités. A la fin des
interventions, les garçons et les filles de salle vident les poubelles
de pré-collecte dans les fûts situés à
l'entrée de chaque service. Les déchets anatomiques sont contenus
dans des sacs-poubelles de couleur noire, parfois bleu-claire. Les
déchets souillés par le sang et les déchets courants sont
simplement vidés dans les poubelles de collecte et
mélangés aux ordures ménagères.
Le bâtiment de la pédiatrie est composé
d'un cabinet du major, d'une salle de soins et de quatre salles
d'hospitalisation. La salle de soins dispose des poubelles de
pré-collecte et le cabinet du major d'un panier pour ordures
ménagères. Ce service totalise 42 agents composés entre
autres de Sages-Femmes et de Maïeuticiens d'État, d'infirmiers, de
médecins
61
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
gynécologues. Les déchets des salles
d'hospitalisation sont surtout produits et collectés lors de chaque
visite médicale. La table roulante de visite des médecins
comporte une poubelle qui est constamment vidée par les stagiaires dans
les récipients de collecte stationnés devant les salles et au
moins une boîte de sécurité.
Il n'y a pas d'itinéraire prédéfini pour
le transport des DBM, car toutes les poubelles ne sont pas vidées tous
les jours. En effet, les récipients de collecte de déchets
disposés au niveau des services administratifs ne comportent le plus
souvent que des ordures ménagères et ne se remplissent pas vite
ils sont donc vidés une fois tous les deux ou trois jours. Par contre,
les poubelles de collecte stationnées devant les unités
médicales sont vidées chaque matin par le préposé
à l'incinérateur (cf. Carte 3, page 63).
L'hôpital du district de Bogodogo reçoit chaque
année un nombre important de patients. Ces derniers viennent pour des
examens (Radiographie, Échographie, examen de sang, examen de selles),
pour des consultations ou pour des soins. Parmi tous les services de
l'hôpital du district, le service des Urgences est le premier à
recevoir plus de patients. C'est dans ce service que les ambulances
amènent les blessés accidentels ou les malades graves qui ont
été référés des CSPS, des centres
médicaux ou des cabinets privés. Ce service reçoit
également les patients qui viennent directement pour des consultations
tout en accordant la priorité aux malades référés.
Après les premières visites et les premiers soins, les malades
sont transférés à la pédiatrie pour les enfants, au
service d'hospitalisation chirurgicale pour les blessés ou
médecine pour les malades. Les femmes enceintes sont
transférées à la maternité qui constitue le second
service en quantité de patients reçus. Le service de la
maternité est constitué de la salle d'accouchement, de la
Santé Maternelle et Infantile (SMI), du service
Poste-opéré. C'est à la salle d'accouchement que se font
les accouchements, les consultations prénatales (CPN) et les
consultations gynécologiques. Les femmes enceintes qui ont des
complications nécessitant des interventions chirurgicales sont soit
transférées au bloc opératoire, soit
référées au Centre Hospitalier Universitaire Yalgado
Ouédraogo (CHU-YO). Le service postopératoire s'occupe des femmes
qui ont eu des complications après un accouchement par
césarienne. Les nouveau-nés qui sont atteints d'une quelconque
maladie nécessitant un suivi médical, sont
transférés à la pédiatrie. Les examens de sang, de
selles et autres sont effectués au laboratoire et, les radiographies et
échographies au service de l'imagerie médicale. Les
différentes unités de soins sont munies de bancs où les
patients s'assoient pendant les heures de service tandis que les accompagnants
et les visiteurs occupent les hangars.
62
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Nous avons constaté lors de notre enquête que les
déplacements des piétons dominent ceux des véhicules et
des motocyclettes car l'accès de ces derniers à
l'intérieur de l'hôpital était réservé soit
au personnel, soit aux cas d'urgences. En ce qui concerne les véhicules,
il s'agit principalement des ambulances de l'hôpital du district ou des
autres formations sanitaires, ou encore des taxis qui viennent déposer
les malades au niveau du service des urgences ou en hospitalisation
chirurgicale/médecine. Les motocyclistes déposent certains
malades au laboratoire, au service d'imagerie médicale ou en chirurgie.
Les engins du personnel médical et la majorité de leurs
véhicules sont garés au niveau du parking du personnel.
Cependant, certains responsables de service déposent leur
véhicule à côté de leurs cabinets (le centre de
dépistage volontaire, la salle d'accouchement, les cabinets de
consultation). Les piétons vont dans tous les services et ils empruntent
toutes les pistes.
Dans l'ensemble, les mouvements des patients et des visiteurs
au sein de l'hôpital se font selon des itinéraires
différents d'un individu à l'autre. Malgré l'existence des
couloirs à sol pavé ou terrassé, certains piétons,
pour se rendre dans les différents services de l'hôpital,
privilégient le chemin le plus court en temps mais avec un risque
élevé de contact et d'exposition aux odeurs nauséabondes
tandis que les automobilistes et les motocyclistes choisissent un chemin mieux
praticable. Les piétons passent le plus souvent à
proximité des poubelles autour desquelles sont entreposés
certains déchets.
63
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
20 0 20 40 m
Trajet des déchets
1er parcours
X( Incinérateur
s Poubelle de collecte
Limite de l'hôpital
2eme parcours
Trajet des boîtes de sécurité
Dépotoir
Parking
Kioque
Hangar
Bâtiment administratif
Unité de soins
3eme parcours
Toilette
Conteneur
Source: Fond de carte, Google Earth; données
personnelles Réalisation : KABRE T. Décembre
2012
Dépôt
pharmaceutique
5H30
s
Administration
s
ORL
s
Guérite
Cardiologie
s
s
Salle de réunion
s
s
Caisse
s
Ophtalmologie
s
Dépôt répartiteur
Maternité
Pharmacie
s
Imagerie médicale
s
Bloc opératoire
s s
s
Centre de dépistage
s
Laboratoire s
s
s
Kiosque
s
SMI
s
Post-opéré
s
s
s s
Cuisine
Médecine
s
4H00
s
Salle de consultation
s
s s
Centre jeunes
Buanderie
s
s s s s s
4H40
s
Entrepôt
Magasin Morgue
6H15
s
Pédiatrie
Dépôt sauvage
Incinérateur
N
(X(X (X
4H30
5H20
CARTE 3 : L'ITINERAIRE DE DBM AU SEIN DE L'HOPITAL DU
DISTRICT DE BOGODOGO
64
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
La matérialisation des itinéraires de collecte
des déchets montre les efforts évidents des responsables de
l'hôpital et de la société de collecte de maintenir un
contact le plus limité possible entre individu et déchets (carte
3, page 64). En effet, les heures indiquent une collecte effectuée
tôt le matin avant l'arrivée des patients et des visiteurs et
permettant au personnel d'entamer une journée de travail avec des
récipients de collecte vidés. Même si les
itinéraires peuvent varier au cours de la semaine en raison d'une
collecte moins régulière des déchets produits par les
services administratifs (et par définition sans conséquences
sanitaires), les déchets contenus dans les poubelles disposées
dans les unités médicales sont vidées chaque matin.
La division du circuit de ramassage en trois passages est
imposée par le matériel de transport des déchets : une
brouette de faible capacité de rétention. Ce moyen peu
conventionnel a conduit à définir des itinéraires qui
semblent davantage imposés par la disposition des bâtiments que
l'organisation fonctionnelle du site, ou le type de déchets produits. En
effet, le tracé, matérialisé en vert sur la carte,
collecte les déchets des salles de consultation, des services de
chirurgie, de médecine, de pédiatrie, puis collecte le contenu
des poubelles de la cuisine pour se diriger ensuite en maternité avant
de rejoindre sa destination finale. Or, on l'imagine aisément, les
déchets collectés ne sont pas de même nature mais, compte
tenu de l'insuffisance des sacs-poubelles et du matériel de transport
non approprié, tous les déchets sont mélangés lors
du transport sauf ceux contenus dans les sacs-poubelle et les boîtes de
sécurité. Il existe alors un risque évident de
mélange de déchets, particulièrement lorsque les sacs
plastiques ne sont pas disponibles au niveau des services. Par ailleurs, la
qualité du moyen d'acheminement jusqu'au lieu d'incinération
laisse supposer la possible perte de certains déchets au cours du
transport en des lieux susceptibles de diffuser plus facilement les germes.
Enfin, la carte montre la destination finale des DBM : un tas
de déchets sauvages, certes situé au fond de l'hôpital mais
qui reste à ciel ouvert et peut donc favoriser la diffusion des germes
de manière différente. Notons qu'à l'époque de
notre enquête les incinérateurs De Montfort et SH20
n'étaient pas fonctionnels. L'incinérateur SH20 a
été mis en marche en août dernier mais
l'incinérateur De Montfort reste inutilisé. Cette situation
illustre, un phénomène récurrent lorsque le
matériel tombe en panne puisqu'il n'existe généralement
aucune alternative pour évacuer les déchets en toute
sécurité et éviter les contacts possibles
65
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
entre les individus hôtes et les agents
pathogènes contenus dans ces matières. Toutefois des efforts sont
faits par le BAHCS pour que les déchets soient dans des
sacs-poubelles.
4.4. Les suggestions
Nous n'entendons pas proposer un plan approprié pour la
gestion des DBM à l'hôpital du district de Bogodogo mais,
plutôt, donner quelques lignes directrices permettant la mise en place
d'un système de gestion durable des DBM. Pour qu'un tel plan soit
viable, il faut une forte motivation et une implication de l'ensemble des
acteurs formels et informels. Pour assurer une meilleure gestion des DBM
à l'hôpital du district de Bogodogo, les responsables de la
gestion des déchets doivent collaborer avec la société
d'entretien et de nettoyage.
· Le médecin chef de district
- prévoir le budget spécifique à la
rubrique gestion des déchets.
- adapter les procédures du guide aux
spécificités et contraintes de l'établissement ; - mettre
à la disposition du personnel les moyens nécessaires (sacs et
poubelles de
couleurs différentes recommandées, conteneurs,
chariots...) ; - promouvoir la protection du personnel.
· Le responsable du BACHS
- assurer une supervision continue des opérations de
gestion des déchets (comme prévu par le plan de gestion des
déchets de l'établissement de soins, en collaboration avec le
responsable de la supervision ;
- assurer la sensibilisation et la formation du personnel en
matière de gestion des déchets et de protection contre les
risques avec le responsable de la formation continue ;
- développer des relations tant verticales
qu'horizontales et garder un contact étroit avec le personnel
concerné par la gestion des déchets dans l'établissement
;
- déterminer les besoins de l'établissement en
produits, moyens matériels et humains pour la gestion des déchets
;
- veiller à la protection du personnel et lui procurer
les moyens de protection (gants, tenue, bottes, lunettes, etc) ;
66
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
- tenir à jour les documents de gestion des
déchets (fiche journalière de collecte de déchets,
registre des conteneurs) ;
- préparer les bilans de l'activité et analyser
les résultats des opérations de gestion de déchets ;
- déterminer l'importance du gisement des
déchets en quantifiant les productions des différentes
unités ;
- collaborer avec les autorités municipales pour les
questions relatives à l'évacuation et l'enfouissement des
déchets d'activités de soins à risque.
· Le major de chaque service
- participer à l'encadrement du personnel du service et
veiller à leur bonne formation ;
- veiller à l'exécution des pratiques
prévues dans le plan de gestion des déchets de
l'établissement relatives à son service ;
- collaborer activement avec la personne responsable des
déchets pour tous les problèmes liés à la gestion
des déchets à risque dans le service.
- encadrer le personnel exerçant au service et
l'initier à respecter les règles de gestion des différents
types de déchets de soins ;
- s'assurer que le personnel soignant respecte les pratiques
du tri et du conditionnement des déchets dans leurs postes de travail
;
- veiller à la dotation régulière de
service en moyens matériels nécessaires pour la gestion des
déchets (sacs, poubelles, conteneurs, ficelles, et) ;
- veiller à l'inscription du nom du service sur
l'étiquette à mettre sur les sacs utilisés ; -
contrôler le stockage intermédiaire des sacs remplis avant leur
évacuation ;
- fermer et remettre au responsable de la collecte des
déchets d'activités de soins les
conteneurs des piquants et tranchants une fois remplis aux 3/4
de leur volume ;
· Le personnel soignant
- vérifier avant toute activité la
disponibilité en matériel nécessaire pour le tri, le
conditionnement et la collecte des déchets de soins (poubelles, sacs,
conteneurs) ;
- respecter le tri sélectif et le conditionnement correct
des déchets ;
- s'assurer que les sacs sont remplis aux 3/4 sont
convenablement fermés, portent des étiquettes avec le nom du
service et stockés au dépôt intermédiaire.
67
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
· Le personnel de collecte des
déchets
- respecter les horaires de collecte des déchets dans les
unités de production ;
- respecter les circuits d'évacuation établis ;
- remplir la fiche journalière de collecte et
d'évacuation des déchets ;
- peser les déchets d'activités de soins
évacués et porter le poids sur la fiche établie à
cet effet ;
- veiller au remplacement des sacs remplis.
Au regard des contraintes suscitées, les personnes
enquêtées ont exprimé leurs besoins en fonction des
unités médicales ou de soins (voir tableau 3 ci-après).
68
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Tableau 3 : Les besoins des personnes
enquêtées par unité de soins.
Unités de soins
|
Besoins
|
Radiologie
|
Fournir des poubelles à pédales en nombre
suffisant
|
Maternité
|
Superviser le stock de matériel afin d'en assurer un
approvisionnement régulier
|
Laboratoire
|
Former et recycler le personnel de soins Fournir des poubelles
adaptées
|
Pharmacie
|
Fournir des poubelles en plastique en
nombre suffisant
Évacuer régulièrement les déchets
|
Médecine générale et Chirurgie
générale
|
Fournir en quantité suffisante le matériel de
protection et les poubelles
Entretenir régulièrement les
installations sanitaires
|
Buanderie
|
Réparation du château d'eau
|
Cuisine
|
Entretenir régulièrement les installations
sanitaires
|
Bloc opératoire
|
Superviser le stock de matériel et fixer un seuil
d'alerte
Recycler le personnel de soins
Fournir des sacs plastiques
|
Urgences
|
Recycler le personnel dans le domaine de prévention des
infections (PI)
Rendre fonctionnel tous les incinérateurs
|
Source : Enquête de terrain, septembre 2011.
69
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Conclusion partielle
L'analyse des données issues de l'enquête de
terrain montre que le système de gestion des DBM appliqué
à l'hôpital du district de Bogodogo est à l'étape
embryonnaire. En effet, ce système de gestion est
caractérisé par l'insuffisance du matériel et des
équipements ; le manque de formation des acteurs qui y sont
impliqués ; le manque de collaboration entre les responsables du service
de l'hygiène hospitalière et la société d'entretien
et de nettoyage. En outre, l'hôpital du district n'arrive pas à
incinérer tous les DBM produits, malgré les trois
incinérateurs dont il dispose. Cette situation est due à
l'absence de personnel qualifié chargé de l'entretien des
incinérateurs et au manque de sacs-poubelle pour le tri des DBM à
la source. Ainsi, une grande partie des DBM est incinérée
à l'air libre avec toutes les conséquences sanitaires que cela
entraine.
70
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
CONCLUSION GENERALE
Les déchets issus des activités de soins doivent
faire l'objet, selon la loi, d'une gestion spécifique et rationnelle
visant à éviter toute atteinte à la santé de
l'homme et à l'environnement. C'est dans ce contexte que s'inscrit notre
travail de recherche intitulé « La gestion des DBM dans
l'hôpital du district de Bogodogo». Notre étude s'est
fixée pour objectifs de décrire l'organisation du système
de gestion des DBM à l`hôpital du district de Bogodogo,
d'identifier les défaillances de ce système de gestion et enfin
d'esquisser les risques sanitaires liés au mode de gestion actuel des
DBM.
L'étude a révélé que la gestion
des DBM au niveau de l'hôpital du district souffre dans son ensemble d'un
certain nombre de contraintes humaines, matérielles, financières
et organisationnelles.
Les contraintes humaines se traduisent par un manque de
qualification des agents de collecte et une insuffisance de personnel de
gestion des DBM. Elles se caractérisent également par une
insuffisance de la formation du personnel médical et paramédical
dans la filière de gestion des déchets, et une insuffisance en
outils de protection du personnel : gants, bottes, blouses, vaccination
préventive, suivi médical.
Les contraintes matérielles se traduisent par une
insuffisance en matériel de conditionnement des déchets, de
protection du personnel. Sur le plan financier, l'hôpital ne dispose pas
de budget spécifique pour la gestion des déchets. Les fonds
alloués à la gestion des DBM demeurent insuffisants.
Quant aux contraintes organisationnelles, elles se manifestent
par l'absence d'un plan de gestion de déchets au niveau de
l'hôpital conformément aux réglementations nationales et
par le manque d'implication des responsables hospitaliers qui se traduit par
une insuffisance de supervision, de suivi et d'évaluation, et une
insuffisance de coordination entre l'hôpital et la société
d'entretien et de nettoyage.
Toutes les contraintes suscitées aboutissent à
un processus de gestion des DBM à l'hôpital du district de
Bogodogo défaillant. Il demeure embryonnaire malgré les efforts
du gouvernement dans la promotion de la santé publique et la protection
de l'environnement.
Notre première hypothèse, qui stipule qu'il
existe un système de gestion officiel des DBM et que sa mise en oeuvre
n'est pas complète, est confirmée. En effet, d'une manière
générale, le cadre politique a évolué car de
nombreux documents stratégiques qui traitent plus ou moins des DBM sont
apparus ; il s'agit du Guide de bonnes pratiques et de procédures en
matière de
71
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
gestion des DBM et assimilés publié en 2009 et
revu en 2010, du document sur la promotion de l'hygiène
hospitalière. Malheureusement, ces textes sont peu vulgarisés et
le personnel médical ignore les règles de gestion des DBM.
Nous avons remarqué lors de notre étude qu'il
n'existe pas de plan de gestion des DBM à l'échelle de
l'hôpital de district précisant les différentes
étapes et le rôle des différents acteurs intervenant dans
la gestion des DBM. Le corollaire est que les objets piquants et coupants se
retrouvent éparpillés dans certains endroits de l'hôpital
et les déchets solides sont brûlés à ciel ouvert
avec toutes les conséquences sanitaires que cela peut provoquer. En
outre, le personnel de soins ignore son rôle dans la gestion des DBM ;
pour lui c'est seulement le service d'entretien et de nettoyage qui est
concerné. Ces constats confirment notre seconde hypothèse selon
laquelle la défaillance principale est liée au manque
d'implication du personnel et également notre troisième
hypothèse qui stipule que le dysfonctionnement observé
entraîne des possibilités de contact accru avec les déchets
et constitue une source de risque sanitaire important. La gestion des DBM
à l'hôpital du district de Bogodogo ne respecte pas les normes
nationales.
L'amélioration de la gestion des DBM passe
inévitablement par la levée de ces contraintes qui
nécessite une implication des responsables à tous les niveaux et
par la prise en compte de recommandations qui ont été
formulées. Cela requiert également une coordination et une
franche collaboration entre les responsables du Bureau d'Assainissement,
d'Hygiène et de Communication en Santé (BAHCS) et la
société de nettoyage afin de fournir suffisamment de poubelles,
de sacs-poubelles, de matériel de protection, de boîtes de
sécurité. Ensemble, ils doivent veiller à la formation du
personnel de soins et de nettoyage sur les bonnes pratiques et les
procédures en matière de gestion de DBM ; à la formation
de plusieurs préposés à l'incinération qui pourront
se relayer pour une incinération permanente et efficace des
déchets. Il est également impératif d'aménager une
fosse d'enfouissement des cendres et un lieu de stockage intermédiaire
des DBM à l'intérieur de l'hôpital.
72
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
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74
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SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
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LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
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ix
ANNEXES
X
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ANNEXE I : QUESTIONNAIRE
A- Guide d'entretien adressé a la direction technique I/
Présentation de l'hôpital du district de Bogodogo 1-En quelle
année le CMA a été construit ?
2-Quel est son statut ?
3-Quel est sa capacité d'accueil ?
4-Quelles sont les principales unités médicales qui
la composent ?
5-Quel sont le nombre et les catégories des personnes qui
y travaillent ?
6-Quelle sont ses principales fonctions ?
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II/Gestion des déchets
1-Existe-t-il un organe chargé de l'hygiène ?
a- Oui b-Non
2-Existe-t-il un service chargé de la gestion des DBM ?
a-Oui b-Non 3-Depuis quand existe t- il ?
4-Quelles sont les personnes qui la composent ?
5-Quels sont les moyens de travail ?
xi
6-Existe-t-il actuellement un plan de gestion des DBM ?
a-Oui b- Non
xii
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B- Guide d'entretien adressé aux majors des
différents services de soins
1. Service :
2. Nombre d'agents de santé :
3. Matériel de protection utilisé :
4-Nature des déchets générés : 5 -Nature
des équipements de récupération :
-Nombre : 6-Principaux problèmes rencontrés
dans la gestion des DBM :
7-Ya t-il souvent des accidents liés à la
manipulation des DBM dans votre service ?
a- Oui b-Non 8-Si oui, quelles sont les mesures à
prendre ?
XIII
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
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C- Questionnaire adressé au personnel de la
société ETYF 1-Identification
a- Nom de la structure :
a- Nature du service :
b- champ d'activité :
c- Matériel de protection :
d- Matériel de travail utilisé :
2-Moyen de transport des déchets collectés :
a-Chariot b- Brouette c- Véhicule
3-Lieu de décharge des déchets :
4- Fréquence d'évacuation des déchets :
5- Mode de transport des déchets :
a-Séparément b- Mélangés
6- Produits de désinfection utilisés :
7- Etes-vous déjà tombé malade depuis que
vous avez commencé le travail ?
a-Oui b- Non
8- Si oui de quelles maladies ?
9- Difficultés rencontrées :
10- Quelles solutions proposez-vous pour résoudre ces
problèmes :
xiv
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
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QUESTIONNAIRE ADRESSE AU PERSONNEL DES SERVICES MEDICAUX A/
Gestion de déchets solides
I- Les déchets solides issus des services
spéciaux
1-Service: 2-Caractéristiques des déchets
produits :
3-Récipients de collecte :
-Nombre :
4-Temps de séjour des déchets dans le service :
5- Lieu de traitement des déchets :
a- dans le service b- hors du service 6-Matériel de
protection utilisé :
7-Difficultés rencontrées :
8-Quelles solutions proposez-vous pour résoudre ces
problèmes ?
II- Les déchets assimilables aux ordures
ménagères
1-Service : 2-Récipients de collecte :
.
3-Type de traitement utilisé :
4-Mode d'élimination :
5-Difficultés rencontrées :
6-Quelles solutions proposez-vous pour résoudre ces
problèmes :
.
xv
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
xvi
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
ANNEXE II : GUIDE D'OBSERVATION 1. Service :
a- Nombre de poubelles :
b- Couleur des poubelles :
c- Code des poubelles : 2-Le traitement des
déchets
a. Désinfection Nature des déchets :
-Type de récipients de collecte : -Devenir des
récipients de collecte :
-lieu de traitement :
b. Stérilisation Nature des déchets :
-Type de récipient de collecte : -Devenir de ces
déchets : -Lieu de traitement :
c. Incinération Nature des déchets :
-Type de récipients de collecte : -Devenir de ces
déchets :
d. Enfouissement Nature des déchets
:
-Type de récipient de collecte : -Devenir des
récipients de collecte :
-Lieu d'enfouissement : -État de la fosse
:
xvii
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
ANNEXE III : DONNEES COLLECTEES AU PRES DES DIFFERENTES UNITES
MEDICALES
Description
|
Gants, cotons et compresses souillés ;
seringues ; flacons vides de solutés ; placentas
|
Récipients de pré-petites
collecte
|
bassines ; cartons et paniers couverts de sachets pastiques de
couleur noir.
|
Récipients de Collecte
|
boites de sécurité, Fûts en plastique et/ou
en fer
|
Matériel de protection
|
Blouses ; bottes ; bavettes ; bonnets ; tabliers ; gants ;
matériel plombé pour la Radiologie.
|
Fréquence d'évacuation des déchets
|
Tous les jours entre 4h et 7h du matin
|
Type de traitement
|
Incinération, désinfection
|
Lieu d'élimination
|
Dépotoir, placentas remis aux familles
|
Difficultés
|
Manque, d'eau de javel, de matériel de
protection (gants, bavettes, bonnets, bottes, lunettes), de
savon liquide
Poubelles insuffisantes et inadaptées
Faible pression et Coupure momentanée d'eau
|
Solutions
|
Superviser le stock de boites de sécurité et du
matériel de protection afin d'en assurer un approvisionnement
régulier
Fournir de des poubelles à pédales en nombre
suffisant
Former et recycler le personnel de soins
Réparer le château d'eau afin qu'il desserve tout
l'hôpital
|
xviii
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
ANNEXE IV : DONNEES COLLECTEES AU PRES DU SERVICE PRIVE
D'ENTRETIEN
DES TOILETTES
Outils de travail
|
Raclettes ; seaux ; balais ; râteaux ; dabas ;
serpillères ; tampon vert ; machette ; torchons ; chiffons ; pelles ;
brosses
|
Matériel de protection
|
Bottes ; gants ; blouses ; cache-nez ou bavette
|
Matériel de stérilisation
|
Eau de javel ; savon liquide, savon poudre
|
Difficultés rencontrées
|
Manque de suivi, d'outils ; retard dans le vidage des regards ;
refus des malades de payer les frais d'utilisation des toilettes, maladies
(paludisme ; rhume ; diarrhée ; angine ; toux)
|
Solutions proposées
|
Sensibiliser les patients et les accompagnants sur les
règles d'hygiène en occurrence l'utilisation des toilettes ;
assurer l'approvisionnement continu des produits de désinfection
|
xix
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
ANNEXE V : REPARTITION DES PERSONNES ENQUETEES PAR
SERVICE
Unités de soins
|
Personnes enquêtées
|
Bloc opératoire
|
23
|
Buanderie
|
02
|
Chirurgie générale
|
02
|
Cuisine
|
03
|
Laboratoire
|
06
|
Maternité
|
13
|
Médecine générale
|
06
|
Pédiatrie
|
09
|
Pharmacie
|
04
|
Radiologie
|
07
|
Service entretien- nettoyage
|
25
|
Urgences MPC
|
10
|
Total
|
110
|
|