MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DE
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DE L'INNOVATION
|
BURKINA FASO Unité - Progrès -
Justice
|
UNIVERSITÉ OUAGA I
PROFESSEUR JOSEPH KI-ZERBO
|
|
UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES (UFR/SH)
DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE
FORMATION DOCTORALE EN DYNAMIQUE DES ESPACES ET
SOCIÉTÉS
OPTION : AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
|
MÉMOIRE DE MASTER DE RECHERCHE
LES CONSÉQUENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES
DES ACCIDENTS DE LA ROUTE ET LEUR PRISE EN CHARGE AU BURKINA FASO: CAS
DE OUAGADOUGOU
Présenté par :
KABRE Théophile 2ème J.
Sous la Direction de : Emmanuel BONNET
Maître de conférences à l'Université
de Caen, Basse-Normandie
Et la Codirection de : Aude
NIKIÈMA
Chargée de recherche à l'INstitut des Sciences des
Sociétés (INSS)
Année académique 2015-2016
i
TABLE DES MATIÈRES
Dédicace iii
Remerciements iv
Liste des abréviations v
Résumé vii
INTRODUCTION GÉNÉRALE 8
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 10
CHAPITRE 1: LE CADRE THÉORIQUE 12
1.1. La problématique 12
1.2. La revue de littérature 14
1.2.1. Transport urbain et mobilité 14
1.2.2. Les caractéristiques et les causes des accidents de
la route 16
1.2.3. Les conséquences des accidents de la route 17
1.2.3.1. Les conséquences pour les victimes 17
1.2.3.2. Les conséquences pour les familles et
l'entourage 18
1.3. La formulation des objectifs et des
hypothèses de l'étude 18
1.3.1. Les objectifs de l'étude 18
1.3.2. Les hypothèses de recherche 19
1.4. La clarification et la précision des concepts 19
CHAPITRE II : LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 25
2.1. Le contexte de l'étude 25
2.2. La délimitation du cadre géographique 25
2.2.1. La Présentation de la ville de Ouagadougou et du
secteur sanitaire 25
2.2.2. Le Centre Hospitalier Universitaire Yalgado
Ouédraogo 28
2.2.2.1. L'historique du CHU-YO 28
2.2.2.2. L'évolution du CHU-YO 28
2.2.2.3. Les missions assignées au CHU-YO 29
2.3. L'état des lieux des accidents de la
route 29
2.3.1. L'ampleur des accidents de la route à
Ouagadougou 29
2.3.2. Le cadre législatif et règlementaire des
accidents de la route 31
2.3.3. Le cadre institutionnel 33
2.3.3.1. La Direction Générale des Transports
Terrestres et Maritimes (DGTTM) 34
2.3.3.2. Le Conseil National de la Sécurité
Routière (CNSR) 34
2.3.3.3. L'Office National de la Sécurité
Routière (ONASER) 34
2.3.3.4. La Police Nationale 34
2.3.3.5. La Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers (BNSP) 35
2.3.3.6. La Commune de Ouagadougou 36
2.3.3.7. Le Centre de Contrôle des Véhicules
Automobiles (CCVA) 36
2.4. Le cadre de prise en charge de l'accident
36
2.4.1. Les assurances et les associations 36
2.5. Le cadre opératoire 38
ii
2.6. Les outils et la méthode de collecte et de traitement
des données 40
2.6.1. La recherche documentaire 40
2.6.2. L'enquête de terrain 40
2.6.3. La population cible et l'échantillonnage 41
DEUXIME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION
44
CHAPITRE III : LE PROFIL DES VICTIMES DES ACCIDENTS DE LA ROUTE
46
3.1. Les caractéristiques sociodémographiques des
victimes 46
3.1.1. Le sexe et l'âge des victimes 46
3.1.2. La situation matrimoniale des victimes 47
3.1.3. Le niveau d'instruction des victimes 48
3.1.4. Les secteurs d'origine des victimes et les lieux des
accidents 48
3.2. Les caractéristiques socio-économiques des
victimes 51
3.2.1. La situation professionnelle des victimes 51
3.2.2. Les catégories d'usager 52
3.2.3. Le rôle de la victime dans le ménage et le
nombre de personnes à charge 53
3.2.4. Les dépenses mensuelles du ménage 54
CHAPITRE IV : LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES 55
4.1. Les caractéristiques cliniques des victimes 55
4.1.1. Les traumatismes des victimes 55
4.1.2. Le niveau de gravité des blessures des victimes
57
4.1.3. La durée d'hospitalisation des victimes 58
4.1.4. Le mode de prise en charge des victimes 59
4.1.5. Le mode de sortie de l'hôpital 61
4.1.6. Les itinéraires thérapeutiques 64
4.1.6.1. Le premier itinéraire thérapeutique : la
biomédecine 64
4.1.6.2. Le deuxième itinéraire
thérapeutique : biomédecine-tradipraticien 65
4.1.6.3. Le troisième itinéraire
thérapeutique : tradipraticien-biomédecine-tradipraticien 66
4.2. Les conséquences des accidents de la route sur les
conditions de vie des victimes 67
4.2.1. Les coûts économiques 67
4.2.2. La perte de la productivité 69
4.2.3. Les conséquences sur la santé des victimes
71
4.2.3.1. L'état général de santé des
victimes 71
4.2.3.2. Les conséquences sur l'état physique des
victimes 72
4.2.4. Les limites de l'étude 73
CONCLUSION GÉNÉRALE 75
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 77
ANNEXES viii
iii
Dédicace
Je dédie ce mémoire à mon
oncle, feu KAFANDO Jérôme qui a été
arraché à notre affection par un accident de la voie
publique Ce travail aurait été pour lui une
fierté
iv
Remerciements
Au terme de la rédaction de ce mémoire, je
voudrais exprimer ma profonde gratitude et mes remerciements à tous ceux
qui, par leur enseignement, leur soutien et leur conseil, m'ont aidé
dans sa réalisation.
Mes remerciements vont tout d'abord à l'endroit de tous
les enseignants du département de géographie pour l'enseignement
reçu. Je remercie mon directeur de mémoire, monsieur Emmanuel
BONNET, maître de conférences à l'Université de Caen
en Basse- Normandie, UMR IDEES 6266 du CNRS-Équipe IDEES Caen et ma
codirectrice de mémoire madame Aude NIKIÈMA, Chargée de
recherche à l'institut des sciences des sociétés
(INSS/CNSRT).
Vous avez bien voulu m'accepter comme stagiaire au sein de
l'UMI RÉSILIENCES (l'Unité Mixte Internationale
Résiliences) de l'IRD. Je vous remercie pour la confiance que vous avez
placée en ma personne. Malgré vos multiples occupations, vous
avez su trouver le temps pour m'encadrer. Sans vos suivis et vos conseils
méthodologiques et organisationnels, je n'aurais pas pu réaliser
ce travail. J'ai appris de vous une rigueur scientifique indispensable dans la
recherche.
Mes remerciements vont également à Lucie LECHAT
et Amandine FILLOL pour leur patience, leur disponibilité et surtout
pour leurs nombreux conseils qui ont contribué à améliorer
mon sens de la réflexion et de l'organisation.
Je dis merci à mes camarades et amis Manhamady
OUÉDRAOGO, Salifou SIDBEGA, Amadou DJIGEMDÉ, YAMÉOGO A.
Latif pour leur encouragement et leur accompagnement. Je remercie enfin ma
mère, mes frères et soeurs, qui m'ont apporté un soutien
inestimable.
Liste des abréviations
AIS Abbreviated Injury Scale
AR Accidents de la Route
AVP Accidents de la voie publique
BAAC Bulletin d'Analyse des Accidents de la Circulation
BJVSER La Brigade des Jeunes Volontaires pour la
Sécurité et l'Éducation
Routière
BM Banque Mondiale
BNSP Brigade Nationale de Sapeur-Pompier
CARFO Caisse Autonome de Retraite des FOnctionnaires
CHL Contact Hors Limite
CHU-SS Centre Hospitalier Universitaire Sourou Sanou
CHU-YO Centre Hospitalier Universitaire Yalgado
Ouédraogo
CMA Centre Médical avec Antenne Chirurgicale
CNSR Conseil National de Sécurité
Routière
CNSS Caisse Nationale de Sécurité Sociale
CSI Cabinet de Soins Infirmiers
CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale
DGTTM Direction Générale des Transports
Terrestres et Maritimes
FAPSER-BF
Fédération des Associations pour la Promotion de
la Sécurité Routière au Burkina Faso
V
INSD Institut National de la Statistique et de la
Démographie
INSS INstitut des Sciences et des Sociétés
IPP Incapacité Permanente Partielle
IRD IRSC
|
Institut de Recherche pour le Développement
Recherches et Interventions communautaires pour
l'équité en santé
|
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONASER Office National de Sécurité
Routière
ONSER Organisme National de Sécurité
Routière
OSCO Observatoire de Sécurité de la Commune de
Ouagadougou
PIGéO PN
|
Plate-forme d'Information Géographique Police Nationale
|
PNVB Programme National des Volontaires du Burkina
vi
RGPH Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
SCADD Stratégie de Croissance
Accélérée et du Développement Durable
SDS Sciences De la Santé
UT Urgences Traumatologiques
VADS Volontaire Adjoint De Sécurité
VCSR Volontaire Communauté de Sécurité
Routière
WHO World Health Organisation
vii
Résumé
Les accidents de la route provoquent plus d'1,2 millions de
morts et près de 50 millions de blessés par an ; ils constituent
de ce fait un problème de santé publique (OMS 2015). Ce fardeau
pèse plus lourdement sur les pays à faibles et moyens revenus
dont fait partie le Burkina Faso. En effet, le nombre d'accidents, de
blessés et de tués connait une augmentation depuis 2004 au
Burkina Faso. Au regard de ces constats, notre étude,
réalisée à l'hôpital Yalgado Ouédraogo de
Ouagadougou, Burkina Faso, s'est fixée pour objectif principal de mettre
en évidence l'importance des coûts liés à l'accident
de la route et sa prise en charge par les victimes et leurs familles. Elle a
été menée dans le cadre du programme « Accidents et
traumatismes de la circulation routière à Ouagadougou» avec
la collaboration de l'IRD/IRSC, durant la période allant du 02
février au 31 août 2015. Sur un total de 1867
enquêtées, 994 victimes ont été
sélectionnées.
L'étude révèle que dans la
majorité des cas, les jeunes de 25 à 34 ans sont les plus
représentés parmi les victimes, avec une nette
prédominance des hommes. Les usagers des engins à deux roues
motorisées sont plus impliqués par rapport aux autres usagers de
la route. La plupart des victimes relèvent essentiellement du niveau
secondaire et habitent dans les quartiers périphériques de
Ouagadougou. Le bilan lésionnel montre que les victimes de 25 à
34 ans souffrent le plus de multiples lésions mineures. Les
dépenses pour les soins des victimes sont payées dans la plupart
des cas par les familles des victimes et leur entourage. L'analyse des
données montre que les choix thérapeutiques des victimes
dépendent de leur niveau de revenu, de leur niveau d'instruction et de
leur méconnaissance du degré de gravité des
lésions. Outre le coût économique estimé par les
victimes en moyenne à 159 849 francs CFA au bout de 30 jours, les
accidents de la route engendrent des pertes productives par l'arrêt de
travail et des handicaps physiques et psychologiques.
Mots clés : Accident, route,
conséquences, socio-économiques, Ouagadougou
INTRODUCTION GÉNÉRALE
8
Au cours des décennies, le nombre de véhicules
motorisés n'a cessé d'augmenter, notamment à partir de la
libéralisation des économies au début des années
1990 (LOMBART J. et NINOT O., 2012). Cette politique de libéralisation a
favorisé l'importation des véhicules d'occasion en Afrique dans
le but de pallier l'insuffisance des moyens de transport urbains. C'est ainsi
que les transports urbains se sont développés en Afrique. La
dynamique urbaine occasionnée par ce développement des transports
se traduit par une extension spatiale remarquable (KASSI I., 2007). La ville
pédestre traditionnelle, très dense, s'étend pour donner
la ville radiale, avec l'avènement des transports en commun. Par la
suite, le gain de vitesse, la souplesse et la flexibilité du mode
automobile ont permis d'aboutir à la ville automobile1. Cette
dynamique engendre ainsi un besoin croissant en mobilité. Dans de
nombreuses villes africaines, le nombre de moyens de transport,
particulièrement les deux roues, ne cesse de croître. Cette
croissance des moyens de transport apparaît à la fois comme une
cause et une conséquence de l'extension urbaine et vice versa. Dans les
pays du Sud, la croissance du nombre des transports individuels correspond aux
besoins de déplacement des jeunes en quête d'une activité
rémunératrice et à une demande des populations
désireuses de disposer d'un transport peu onéreux pour se
déplacer des périphéries vers le centre.
L'impact des transports sur l'environnement urbain n'est plus
à démontrer. Il se manifeste par la pollution
atmosphérique. Sur la santé, il se traduit par des nuisances
sonores, et surtout par des traumatismes dus aux accidents de la route. Si les
accidents de la circulation ont débuté avant l'avènement
de l'automobile, la multiplication de ce mode de déplacement a
entraîné un nombre croissant de décès
prématurés et de handicaps physiques et psychologiques. Les
autorités occidentales ont adopté des lois qui ont
contribué à ralentir considérablement la mortalité
routière. Les dispositions prises dans la plupart des pays
européens, au travers de la création des directions de la
sécurité routière, ou de l'adoption de lois sur la
circulation, ont permis de réduire la fréquence et la
gravité des accidents. Malgré les efforts entrepris, les
traumatismes routiers restent assez nombreux pour convaincre l'Organisation
Mondiale de la Santé de placer la question comme une
1 POUYANNE G., 2004. Théorie des trois
âges de la ville.
9
priorité dans l'intérêt de la santé
publique depuis 2004. Préoccupée par la gravité du
phénomène, l'OMS propose, entre autres, de planifier et
construire les routes dans une optique de sécurité, de fixer des
règles de sécurité routière et les faire respecter,
d'améliorer la visibilité des véhicules et celle des
usagers de la route vulnérables. L'un des objectifs du
développement durable à l'horizon 2030 est de diviser le nombre
de décès et de traumatismes dus aux accidents de la circulation
par deux d'ici 2020 (OMS, 2015).
Si les pays du Nord tentent de juguler les accidents de la
route par des politiques d'aménagement urbain, d'indemnisation des
victimes et une répression plus importante que l'éducation
routière, dans les pays du sud, ces aspects sont peu pris en compte. Les
statistiques peu précises sur le sujet viennent renforcer l'idée
que cette question de santé publique ne constitue pas une
priorité pour les autorités de ces pays. Pourtant, bien que non
exhaustives, les statistiques des traumatismes routiers dans les pays du sud
montrent une croissance du phénomène en milieu urbain. Fournies
par les services d'intervention, elles sont destinées à fournir
un dénombrement des blessés et des décès
liés aux accidents de la route. Mais elles ne renseignent en aucun cas
sur l'impact économique des traumatismes routiers. La présente
étude intitulée «Les conséquences
socio-économiques des accidents de la route et leur prise en charge au
Burkina Faso: cas de Ouagadougou» a pour objectif d'éclairer sur la
question. Elle est structurée en deux parties : la première porte
sur le cadre conceptuel et méthodologique et la deuxième est
consacrée à la présentation des résultats et
à la discussion.
10
11
Introduction partielle
Deux chapitres composent cette première partie de
l'étude. Le premier, consacré au cadre théorique, expose
la problématique de recherche, montre les objectifs et les
hypothèses, et définit les concepts clés.
Le second chapitre présente le cadre
géographique de l'étude, l'état des lieux des accidents de
la route à Ouagadougou. Il expose également les outils et les
méthodes que nous avons utilisés pour collecter et traiter les
données afin d'élaborer notre document.
CHAPITRE 1: LE CADRE THÉORIQUE
12
Ce chapitre présente les différentes
données des études déjà menées au Burkina
Faso et ailleurs dans le monde relatives à la problématique des
accidents de la route. Il donne également les objectifs, les
hypothèses et la définition de certains concepts.
1.1. La problématique
Le rapport mondial de l'Organisation Mondiale de la
Santé de 2009 sur la prévention des traumatismes dus aux
Accidents de la Voie Publique (AVP), montre que chaque année, ils
provoquent plus d'1,2 millions de morts et 20 à 50 millions de
blessés dans le monde. Selon les données de l'OMS, en 2012, les
traumatismes routiers étaient la huitième cause de
décès dans le monde et la première cause de
décès chez les jeunes de 15 à 29 ans (OMS, 2013). En
outre, la moitié des décès imputables aux traumatismes
routiers concernent les piétons, les cyclistes et les motocyclistes. Si
aucune mesure n'est prise rapidement, les accidents de la route passeront au
cinquième rang des causes de décès à l'horizon
2030. Ce fardeau pèse plus lourdement sur les pays à faible
revenu et les pays à revenu intermédiaire qui représentent
aujourd'hui 90% des décès par accident de la route. L'OMS estime
en 2013 que 60% des décès par suite d'accident de la route dans
le monde concernent la tranche d'âge de 15 à 44 ans. L'Afrique
subit les taux les plus élevés avec 24,1 pour 100 000 habitants
(OMS, 2011) et possède les routes les plus dangereuses. Les AVP
constituent, de ce fait, un problème de santé publique aussi bien
pour les pays développés que pour les pays à faible
revenu, dont fait partie le Burkina Faso.
Pays sahélien enclavé, le Burkina Faso a un taux
de croissance démographique annuel moyen de 3%. Sa population
estimée à 4 349 600 habitants en 1960, est évaluée
à 14 017 262 au dernier recensement en 2006. L'une des
caractéristiques fondamentales de cette population est sa jeunesse. En
effet, 46,4% avaient moins de 15 ans et 59,1% avaient moins de 20 ans en 2006.
La population urbaine, bien que faible au regard des pays limitrophes, s'est
accrue à un rythme soutenu passant de 2,5% en 1960 à 22,7% en
2006 (INSD, 2009). Ce rythme s'explique également par l'évolution
de la définition de la ville dans le recensement démographique.
Toutefois, contrairement aux villes des pays du nord marquées par une
concentration démographique, il n'existe pas de réelle
densification au sein du
13
territoire urbain. Ouagadougou en est l'exemple le plus
illustratif puisque son territoire ne cesse de s'étendre en surface ; sa
superficie est passée de 30 000 ha en 2000 à 54 400 ha en 2010
(FOURNET F. et al, 2008). En l'absence d'une politique de transport en commun,
les modes et les moyens de déplacement se multiplient (GUEZERE A.,
2013). Le nombre de véhicules a connu une augmentation rapide sur des
routes fréquentées par une diversité d'usagers. Selon les
statistiques du Ministère des Transports Terrestres et Maritimes, le
parc de véhicules automobiles de la ville de Ouagadougou a
été multiplié par deux entre 2004 et 2012. Le nombre de
véhicules automobiles est passé de 77 607 à 178 910;
tandis que celui des engins à deux roues est passé de 79 463
à 495 143.2
Les études montrent pourtant que l'inadéquation
du système de transport aux besoins de la mobilité entraîne
une augmentation excessive des accidents de la voie publique et des victimes
(MUHLRAD N., 2002). La prise en charge de ces victimes de la route
nécessite le plus souvent l'intervention de la famille ou de
l'entourage. Or, la modernisation, la dynamique démographique et
l'urbanisation ont entraîné une profonde mutation des
systèmes et des rapports socio-économiques des populations. En
effet, les programmes d'ajustements structurels et des difficultés
financières consécutives à la dévaluation du franc
CFA sont toujours perceptibles (MOUVAGHA-SOW M., 2009). Ils se
caractérisent par une forte progression de la pauvreté, la
montée du chômage, l'expansion du secteur informel qui s'apparente
plus à une logique de survie qu'à une forme d'activité
productive (RAZAFINDRAKOTO M. et ROUBAUD F., 2001). Le changement social
entraîne une recomposition des structures familiales suivant une logique
individuelle au détriment de la famille étendue. En milieu
urbain, la coexistence entre la traditionnelle famille de parenté
étendue et l'adaptation à de nouvelles exigences de modernisation
se traduit par la primauté de la famille restreinte (MAÏGA A. et
BAYA B., 2014). Nous assistons de nos jours à l'émergence de deux
formes de solidarité, l'une mécanique basée sur le respect
des valeurs traditionnelles et l'autre organique, conforme à la nouvelle
organisation imposée par la division du travail (AKINDÈS F.,
2003).
2 Source : DGTTM/DISD/SIS
14
Notre étude s'intéresse à l'impact de ces
changements et vise à identifier les conséquences
socio-économiques pour les victimes qui survivent à l'accident de
la route à Ouagadougou. Plus spécifiquement, il s'agit de
répondre aux questions suivantes :
? quelles sont les principales caractéristiques des
victimes d'accident de la route?
? quels sont les facteurs qui expliquent le choix
thérapeutique des victimes ?
? Quelles sont les conséquences de l'accident de la
route sur les conditions de vie des victimes et de leur entourage?
1.2. La revue de littérature
Nous avons constaté au cours de notre recherche
documentaire qu'il existe peu de documents qui traitent des accidents de la
route en Afrique et particulièrement au Burkina Faso. La plupart des
publications relèvent des pays du Nord. Les différents auteurs
ont abordé la problématique des accidents de la route avec
plusieurs approches : sociologique, psychologique, géographique et
médicale. Notre revue documentaire, principalement basée sur des
recherches sur internet, a consisté d'abord à trouver les
documents qui traitent de façon générale des
thématiques liées aux accidents de la route. Nous avons ensuite
circonscrit notre recherche dans le cadre géographique du Burkina Faso
et celui de Ouagadougou de façon spécifique. En outre, les
documents que nous avons consultés traitent des questions liées
au transport urbain et à la mobilité des populations, aux causes
des accidents de la route. D'autres auteurs focalisent leurs études sur
les conséquences des accidents pour les victimes et leur entourage.
1.2.1. Transport urbain et mobilité
L'étude réalisée par KAFANDO Y. (2006)
sur le « Transport urbain et la santé des populations à
Ouagadougou (Burkina Faso) » révèle que la mobilité
quotidienne en milieu urbain est marquée par une forte densité
des mouvements sur les différents axes. Selon l'auteur, la ville de
Ouagadougou connait une extension rapide et horizontale avec l'augmentation de
la population. Les déplacements à l'intérieur de la
capitale se font essentiellement des périphéries vers le centre
aux heures d'ouverture des services, et du centre vers les
périphéries aux heures de fermeture. Cette migration pendulaire
de la population
15
s'explique par le fait que le centre-ville concentre la
majorité des services administratifs, des infrastructures scolaires,
secondaires et des établissements commerciaux. BÉNARD C. (2007)
estime que l'aménagement de la capitale exerce une influence importante
sur les déplacements.
La mobilité à Ouagadougou est
caractérisée par une gamme variée de modes de transport.
Les plus fréquents sont les deux roues motorisés, les
vélos, les voitures, les camions et camionnettes, les bus. D'autres
modes, plus caractéristiques des pays du sud sont également
présents comme les charrettes à ânes, qui font peu à
peu place aux tricycles motorisés. KAFANDO Y (2006) indique que les
« deux roues » représentaient environ 80% du total des
déplacements urbains (marche à pied exclue) en 1992 et en 2009.
Cette domination des deux roues dans le système de transport urbain est
une spécificité de la capitale burkinabè. Ouagadougou est
la capitale où la marche à pied est la moins répandue
(DIAZ OLVERA L., 2010). CUSSET
J-M. et al (1995) analysent l'importance des
déplacements urbains au Burkina Faso. Ils estiment que l'accès
physique, dans des conditions acceptables, aux équipements urbains est
un moyen pour améliorer les conditions de vie et entretenir les liens
sociaux dans les différentes sphères de la vie collective. Pour
eux, la mobilité est importante pour toutes les classes d'âge mais
elle demeure très élevée pour la tranche d'âge de 19
à 35 ans. Les résultats de leurs travaux révèlent
que les hommes font en moyenne 4,2 déplacements par jour contre 3,2
déplacements pour les femmes. Selon CUSSET et al, les « deux roues
» sont choisis par les populations modestes car ils leur assurent une
autonomie des déplacements à un coût relativement
maîtrisé que ne leur procurent pas les transports collectifs. Ces
auteurs montrent que l'utilisation des voitures particulières dans les
modes de déplacement au Burkina Faso connait une croissance depuis les
années 1990. Bien que la voiture soit de moins en moins perçue
comme un bien de luxe, elle demeure un mode de déplacement
réservé aux personnes aisées. Elle ne représente
qu'un quart des modes de déplacements utilisés par les
citadins.
16
1.2.2. Les caractéristiques et les causes des
accidents de la route
VAN ELSLANDE P. (2000) analyse la place de l'erreur humaine
dans les mécanismes de dysfonctionnement qui conduisent à
l'accident. Il souligne que l'erreur n'est pas la cause première de
l'accident mais plutôt la conséquence d'un ensemble de
dysfonctionnements. L'erreur manifeste une mauvaise interférence entre
l'homme et l'environnement. C'est pourquoi il estime que « toute
erreur peut à la fois être considérée comme humaine,
qu'elle soit en amont celle du concepteur ou en aval celle de
l'opérateur » (p. 9). Il ajoute que les facteurs humains et
environnementaux se combinent pour générer la défaillance
qui est à l'origine de l'accident. Dans la ville de Ouagadougou, les
comportements des usagers de la voie publique, l'inadaptation de la voirie
urbaine, l'accroissement numérique des voitures de seconde main et des
véhicules à deux roues expliquent l'importance des accidents de
la circulation (KAFANDO Y., 2006). BATALA M. et al (2014) montrent que la non
utilisation de la ceinture de sécurité, le non respect des
panneaux de signalisation, la fatigue, l'utilisation du téléphone
au volant provoquent également les accidents de la route. BÉNARD
C. (2007) précise que les travaux entrepris dans le cadre de la
sécurité routière n'ont pas pris en compte la
diversité des modes de transport et l'explosion des déplacements
dans la capitale. L'auteur montre dans ses travaux que les accidents de la
route résultent des dysfonctionnements de la politique des
transports.
ALLODE A. et al (2008) identifient les facteurs et les
véhicules qui sont à l'origine de l'accroissement des accidents
de la route. Ils donnent les caractéristiques des victimes les plus
touchées, répertorient les différentes lésions et
les modalités de leur prise en charge. Pour eux, les accidents de la
route sont dus à l'excès de vitesse, la dégradation
avancée des routes, l'état défectueux des moyens de
déplacement. Ils signalent également que les victimes des
accidents de route ne connaissent pas le code de la route. Ils concluent que
les hommes sont plus impliqués dans des accidents corporels que les
femmes.
SOW A. (2005) analyse des paramètres
sociodémographiques des patients victimes d'accidents de la route
à Bamako au Mali. Ses résultats révèlent que la
majorité des victimes d'accidents corporels ont un âge compris
entre 15 et 19 ans. MAÏGA O., (2007) a également souligné le
jeune âge des victimes dans la ville de Bamako. Il montre que les
ouvriers sont les plus impliqués dans les accidents corporels. Ils sont
respectivement suivis par les élèves et étudiants et les
sans emploi.
17
LENGUERRAND E., (2008) met un accent particulier sur le
rôle du statut social dans la survenue des accidents de la route en
France. Il note que les véhicules deux roues (motorisés ou non)
ne sont pas capables d'assurer une bonne protection en cas de choc. Il
démontre enfin dans cette étude que les accidents corporels sont
les résultantes d'une insuffisance de protection des véhicules,
des comportements à risque et de la fragilité des usagers. SOW A.
(2005) ajoute que l'hyperactivité des jeunes hommes explique leur nombre
élevé parmi les victimes. Seules les caractéristiques
sociales sont utilisées mais le profil économique reste inconnu.
Le niveau de vie des victimes ou le niveau de pauvreté peut être
un facteur explicatif dans la survenue des accidents de la route.
En outre, la distance qui sépare le domicile du
conducteur et le lieu de l'accident a un impact sur la survenue de l'accident.
Ainsi, THIRAN, P. et THOMAS I. (1997) montrent que la distance au domicile et
le type d'environnement dans lequel s'inscrit l'accident sont deux variables
spatiales qui interagissent. Plus le conducteur s'éloigne de son
domicile, plus la probabilité d'être impliqué dans un
accident augmente et plus cet accident est grave. Ils montrent qu'en
s'éloignant de son domicile, le conducteur traverse un milieu
hétérogène propice à la survenue d'un accident. Les
distances parcourues sont variables d'un mode de déplacement à
l'autre. Une étude effectuée en 2010 en France montre que la
marche à pied est utilisée pour les trajets inférieurs
à 1 km, le vélo est surtout utilisé pour les trajets de 1
à 5 km. La voiture, les transports en commun et les deux roues
motorisées répondent à une plage d'utilisation plus large
allant des parcours de 2 à 20 km (CERTU, 2010).
1.2.3. Les conséquences des accidents de la route
1.2.3.1. Les conséquences pour les victimes
FILLOL A. (2014) fait cas du parcours d'une victime d'un
accident de la route depuis l'hôpital jusqu'à sa sortie. Elle
apprécie son état de santé après la prise en
charge, l'impact économique pour le patient, sa famille et sur la
société. Elle estime que les accidents de la route constituent un
problème de santé publique non seulement par leur nombre et leur
fréquence importants, mais aussi par les lourdes conséquences
tant au niveau individuel que collectif. Pour l'auteur, les séquelles
des traumatismes dus aux accidents de la route engendrent de nombreuses
dépenses dont la charge repose sur les victimes elles-mêmes, leur
famille, leur entourage. Or, les accidents de la route touchent le plus souvent
les usagers les plus à risque
18
d'accident grave (piéton, cycliste et motocycliste).
Elle fait ressortir la nécessité d'une étude visant
à déterminer les conséquences socio-économiques et
sanitaires des accidents de la route à Ouagadougou.
Les recherches de FERRAND J. et PEYRONNIE K. (2006) montrent
que les traumatismes dus aux accidents de la route représentent une part
importante des consultations dans les hôpitaux. D'autres recherches
conduites par YACOUBOVITH J. et al (1994) révèlent que les
victimes des accidents de la route portent des séquelles graves à
vie et que la majorité reste handicapée. Ils soutiennent,
à travers leurs analyses statistiques, que les conducteurs des deux
roues motorisées sans casque sont les premières victimes des
traumatismes crâniens. Ils ajoutent que les séquelles dues aux
accidents de la route provoquent des ralentissements dans la vie quotidienne
des adolescents et génèrent une consommation médicale
élevée.
1.2.3.2. Les conséquences pour les familles et
l'entourage
FRANÇOIS C. et VAN LANDEGHEM N., (2002) montrent la
place des familles des victimes après la prise en charge
hospitalière. Pour ces deux auteurs, les familles jouent à la
fois un rôle de soignant et de patient. D'une part, elles assurent la
rééducation physique et mentale des victimes ; d'autre part,
elles souffrent de voir les malades en incapacité physique ou mentale et
doivent assurer leur prise en charge. SUZANO M. N. (2010) montre l'impact des
accidents de la route sur l'organisation et le fonctionnement des entreprises.
Ses résultats révèlent qu'ils entraînent une baisse
de la production et une désorganisation des entreprises.
1.3. La formulation des objectifs et des hypothèses
de l'étude
1.3.1. Les objectifs de l'étude
L'objectif principal de la présente étude est de
mettre en évidence l'importance des coûts liés à
l'accident de la route et sa prise en charge par les familles des victimes. De
cet objectif principal découlent les objectifs secondaires suivants :
1. déterminer les caractéristiques
socio-démographiques et économiques des victimes d'accident de la
route à Ouagadougou ;
2. identifier les facteurs qui expliquent les choix
thérapeutiques des victimes des accidents de la route ;
3. analyser les conséquences des accidents sur les
conditions de vie des victimes et de leur entourage.
19
1.3.2. Les hypothèses de recherche
L'hypothèse principale est que les coûts
liés aux accidents de la route constituent un lourd fardeau pour les
victimes et la société. De façon spécifique, nous
avançons les hypothèses secondaires suivantes :
1. les victimes sont plus vulnérables par leur
situation sociodémographique et économique ;
2. les plus pauvres, qui ne bénéficient pas
d'un soutien social, sont incapables de payer leurs soins hospitaliers ;
3. l'accident de la route constitue un facteur de
dégradation des conditions de vie des victimes et de leur entourage.
1.4. La clarification et la précision des
concepts
La clarification de certains termes tient une place
prépondérante dans la compréhension et l'analyse du
thème choisi. En effet, étudier les conséquences des
accidents de la route nécessite la définition des concepts
clés.
? Accidentologie
L'accidentologie est la discipline scientifique qui
étudie les accidents. Le terme a été créé en
France en 1968 par des chercheurs de l'Organisme National de
Sécurité Routière (ONSER). Il ne doit pas être
confondu avec l'accidentalité qui s'applique à des
quantités ou à des types d'accidents.
? Accident de la route
Un accident de la route (AR) est considéré comme
un événement malheureux ou dommageable survenu sur une route, un
chemin ouvert à la circulation et appartenant au domaine public. Souvent
désigné sous le terme accident de la voie publique (AVP),
l'accident de la route doit impliquer au moins un véhicule ou un animal
et provoquer un traumatisme corporel nécessitant un traitement
médical avec ou sans hospitalisation (JORYS et OUADAR, 2009). Les
mêmes auteurs précisent que l'accident arrive lorsqu'il se
crée un déséquilibre entre le potentiel de l'organisme et
les exigences de l'environnement. Ils estiment que l'accident est un choc qui a
lieu sur le réseau routier entre un engin roulant (automobile, moto,
vélo, etc.) et tout autre chose ou personne et qui engendre des
blessures humaines et/ou des dégâts matériels, que ces
dégâts soient occasionnés par des véhicules, par un
élément de la route (chaussée, panneaux, barrières
de protection, etc.) ou un élément extérieur à
celle-ci.
20
Ce potentiel peut être insuffisant par rapport à
l'environnement normal ou exceptionnel ou une situation inhabituelle. Pour
l'OMS (2004) il s'agit d'une collision impliquant au moins un véhicule
roulant sur une voie publique ou privée, et dans laquelle une personne
au moins est blessée ou tuée.
Ces définitions se complètent. Néanmoins
pour notre étude, nous retenons la définition de DJIEPMO (2008)
selon laquelle « un accident de la voie publique est un choc survenu de
façon inopinée entre les différents usagers de la route ou
entre les usagers et les riverains au trafic routier, pouvant entraîner
des dégâts matériel, corporel ou la mort ».
? Accident du travail
Dans le cadre de la présente étude, nous
retenons la définition donnée par l'article 51 de la loi n°
15-2006 portant code de sécurité sociale et l'article 4 de la loi
n°022-2006/AN portant régime de prévention et de
réparation des risques professionnels applicable aux agents de la
fonction publique, aux militaires et aux magistrats. Ces articles stipulent
qu'un accident de travail est tout accident survenu à un travailleur par
le fait ou à l'occasion de son travail, quelle qu'en soit la cause. Ces
articles précisent que l'accident du travail désigne l'accident
survenu à un travailleur pendant le trajet d'aller et de retour, entre
sa résidence ou le lieu où il prend ordinairement ses repas et le
lieu où il effectue son travail ou perçoit sa
rémunération, dans la mesure où le parcours n'a pas
été interrompu ou détourné par un motif
dicté par l'intérêt personnel ou indépendant de
l'emploi. Il s'agit également d'un accident survenu pendant les voyages
et missions autorisés par l'employeur.
? Accident mortel
Un accident est dit mortel lorsqu'il fait au moins un
tué.
? Personnes tuées par accident
La notion de personnes tuées par accident varie d'un
pays à l'autre. Certains pays font intervenir un laps de temps durant
lequel le décès survenu est considéré comme
dû à l'accident ; après ce délai, l'accident n'est
plus considéré par le médecin certificateur comme cause
initiale du décès mais un état morbide. Ce délai
varie de 3 à 30 jours selon les pays. Pour l'ONU et la Commission
Économique Européenne, il s'agit de« toute personne
tuée sur le coup ou mourant dans un délai de 30 jours des suites
d'un accident ». Au Belize (Guatemala), c'est la personne qui
décède sur le coup ou durant les 12 mois après l'accident
(OMS 2013). Au Burkina Faso, est
21
considérée comme tuée par suite
d'accident de la route, la victime qui décède sur le coup
après l'accident ou au cours de son évacuation vers
l'hôpital. Dans le contexte de notre étude, les personnes
tuées par accident sont les personnes qui meurent sur le coup ou dans un
délai de 30 jours à cause de l'accident.
· Le blessé grave
Est considérée comme blessé grave la
personne qui est hospitalisée pendant une durée excédant
six (06) jours, des suites d'un accident de la route.
· Le blessé léger
Une personne qui est hospitalisée pendant une
durée n'excédant pas six (06) jours, des suites d'un accident de
la route est considérée comme un blessé léger
· Traumatisme dû à un accident de la
circulation
Étymologiquement, le mot « traumatisme
» est issu du grec « traumatismo », qui signifie
« action de blesser ». Le terme traumatisme était
utilisé en chirurgie pour désigner les lésions physiques
provoquées par un agent extérieur mais de nos jours, il englobe
les aspects psychologiques (LOUCIF L., 2009).
Dans le contexte de notre étude, le traumatisme
dû à un accident de la route, comme le montre BAID K., (2010), est
un dommage de la structure, du fonctionnement du corps humain ou du psychisme,
provoqué par l'accident de la circulation.
· Usager de la route
L'usager de la route est toute personne utilisant une partie
du réseau routier, comme un usager des transports motorisé ou non
motorisé.
· Trafic routier
Cette expression désigne l'ensemble des transports de
marchandises ou de voyageurs, ou de circulations de véhicules, qui
s'effectuent pendant une durée définie (jour, mois, année)
sur une voie de communication (Grand Usuel Larousse, 1997).
· Infrastructure routière
Une infrastructure routière est un ensemble
d'installations et d'équipements routiers, y compris le réseau,
les places de stationnement, le système d'écoulement des eaux,
les ponts et les trottoirs (OMS, 2004).
22
? La sécurité routière
La sécurité routière est l'ensemble des
pratiques visant à réduire l'impact des accidents de la
circulation (OMS, 2004). La sécurité routière,
dans le sens de ce travail, représente l'ensemble des normes, des
mécanismes et des mesures prises par les différents acteurs en
charge de la construction des infrastructures routières et de la gestion
du trafic routier afin d'assurer la protection des usagers de la route, et
aussi de leurs biens (MUHLRAD, 2006).
? La sécurité publique
La sécurité publique est définie comme
étant une situation dans laquelle quelqu'un, quelque chose, n'est
exposé à aucun danger, aucun risque d'agression physique,
d'accident, de vol, de détérioration.
? Le handicap
La notion de handicap varie suivant les pays, les groupes
sociaux, les coutumes, le niveau de développement du pays et prête
parfois à confusion. Le handicap s'apparente aux concepts de «
déficience », d'« infirmité », d'«
incapacité » (OMS, 2008). ? La déficience est une anomalie
de la structure ou de l'apparence du corps humain et du fonctionnement d'un
organe quel que soit la cause. Elle représente une perturbation de type
organique.
? L'infirmité quant à elle est une perte ou
anomalie structurelle ou fonctionnelle permanente ou transitoire, de
caractère psychologique, physionomique ou anatomique. Prise sous cet
angle, l'infirmité est donc une déficience.
? L'incapacité concerne les conséquences de la
déficience au plan du rendement fonctionnel et de l'activité du
sujet.
Au Burkina Faso, le handicap est défini par l'article
2 de la loi N°012-2010/AN portant protection et promotion des droits des
personnes handicapées adoptée en juin 2010. Selon cette loi,
« une personne handicapée est toute personne qui présente
une ou des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou
sensorielles durables dont l'interaction avec diverses barrières peut
faire obstacle à sa pleine et effective participation à la vie de
la société sur la base de l'égalité avec les autres
».
Selon GILBERT P. (2008), le Code de l'action sociale et des
familles de la France définit le handicap comme « toute
limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne en
23
raison d'une altération substantielle, durable ou
définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de
santé invalidant » ( p. 23).
La définition de BAGBILA E. (1991) est celle retenue
dans le cadre de nos travaux. Pour l'auteur, le handicap est une
incapacité qui constitue un désavantage social pour un individu
dans la mesure où elle limite ou empêche l'individu en question de
remplir son rôle qui est normalement le sien compte tenu de son sexe, de
son âge, et des facteurs sociaux et culturels. Nous retenons de son
étude que les formes de handicap généralement
rencontrées sont physiques ou mentales selon le siège ou la cause
du handicap. Les différents types couramment rencontrés sont :
? les handicaps moteurs : membres inférieurs ou
supérieurs
? les handicaps sensoriels : aveugles, borgnes, malvoyant,
sourds, sourds-muets ? les handicaps mentaux : insuffisances mentales,
perturbations psychiques
? La solidarité
Selon le Nouveau Petit Robert, la solidarité est la
relation entre des personnes ayant conscience d'une communauté
d'intérêts, qui entraîne, pour les unes l'obligation morale
de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance. Elle est
également considérée comme l'ensemble des actes qui
traduisent le dévouement des individus les uns en faveur des autres. La
solidarité peut être appréhendée sous l'angle du
lien social qui est un ensemble de conventions sociales et de codes qui
permettent aux individus socialisés de vivre ensemble (AKINDÈS
F., 2003). Les indicateurs de solidarité sont les suivantes :
? l'assistance lors des évènements : lorsqu'un
évènement important survient dans la vie d'un individu, ce
dernier est naturellement assisté par ses voisins, voire le quartier.
Ceci est observé lors des mariages, des baptêmes, des
décès, des manifestations à l'origine d'importantes
concentrations humaines.
? l'aide matérielle : elle permet à des
individus de compter sur des parents, des amis et des connaissances en cas de
maladie, de décès ou dans l'organisation des mariages, des
baptêmes et toute autre manifestation qui drainent des foules immenses.
Elle permet la survie des individus les plus démunis.
? le soutien moral : Il a surtout lieu lors des
évènements douloureux tels que le décès ou une
maladie grave.
24
? les fréquentations quotidiennes : lorsqu'il y a la
solidarité au sein d'une
population d'une ville ou d'un quartier, les individus
n'attendent pas des circonstances particulières pour se rendre chez les
parents, les voisins les amis et connaissances. Les visites quotidiennes sont
permanentes et chacun y trouve son compte.
? Conséquences sociales
Le social désigne tout ce qui se rapporte à une
société, une collectivité humaine ou encore à un
groupe d'individus considéré comme une entité propre. Le
social concerne également les relations entre les membres de la
société, à l'organisation de ses membres en groupes ou en
classes. Ainsi, les conséquences sociales représentent les
dysfonctionnements de la société, engendrés par l'accident
de la route. Ces dysfonctionnements sont à l'origine d'un bouleversement
des conditions de vie et de travail des victimes et de leur entourage, des
rôles des individus dans la société. En effet, les
conséquences des accidents de la route ne sont pas identiques pour tous
ceux qu'ils frappent. Certains se retrouvent dans un cycle d'appauvrissement
difficilement réversible tandis que d'autres parviennent à
prendre le dessus. En outre, dans une situation de handicap du chef de famille,
c'est l'avenir de tous les membres de la famille qui se trouve
hypothéqué.
25
CHAPITRE II : LA MÉTHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
Ce chapitre situe le contexte général et le
cadre géographique de l'étude. Il présente
également le cadre règlementaire et institutionnel relatif aux
accidents de la route au Burkina Faso.
2.1. Le contexte de l'étude
Notre étude a été réalisée
dans le cadre d'un programme de recherche intitulé « Accidents et
traumatismes de la circulation routière à Ouagadougou». Ce
programme est mené avec la collaboration de plusieurs structures dont
l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l'Université
de Montréal, l'Université de Caen, l'Université Ouaga I
JOSEPH KI-ZERBO, le CHU-YO, sous la direction de RIDDE V. et de BONNET E. Les
objectifs du projet sont répartis en cinq volets : (i) identifier les
traumatismes des accidentés de la route ; (ii) étudier les
différentes étapes du système de prise en charge ; (iii)
étudier la perception de la qualité des soins par les victimes ;
(iv) déterminer les conséquences de l'accident et de la prise en
charge sur l'état de santé de la victime ; (v) déterminer
les conséquences socio-économiques de l'accident et de la prise
en charge pour la victime et son entourage. Notre étude s'inscrit dans
ce dernier volet et vise à évaluer les conséquences
économiques et l'impact social des accidents de la route.
2.2. La délimitation du cadre
géographique
2.2.1. La Présentation de la ville de
Ouagadougou et du secteur sanitaire
Ouagadougou, la capitale administrative et politique du
Burkina Faso, est située au centre du pays. La ville compte
cinquante-cinq (55) secteurs et douze (12) arrondissements depuis le
découpage administratif adopté en décembre 2009. Les onze
(11) premiers secteurs constituent le noyau administratif et commercial de la
ville. Les quarante quatre (44) secteurs périphériques (Cf. carte
1) sont des quartiers populaires servant principalement de quartiers
d'habitation. Sa population qui était estimée à 59 000
habitants en 1960, a été multipliée par 25 en 2006 pour
atteindre
1 ,5 millions d'habitants, soit 46,4%3 de la
population urbaine du pays.
3 GUENGANT J., P. , 2008-2009, « Évolution
passée et future de la ville de Ouagadougou» in «
Peuplement
de Ouagadougou et Développement urbain », p.42
26
Carte 1 : Le découpage administratif de Ouagadougou
En 2012, la Banque Mondiale l'estimait à environ 2
millions d'habitants4. Cette évolution spectaculaire de la
population urbaine au cours des décennies est liée à la
forte croissance démographique et à l'urbanisation très
rapide qu'a connue le Burkina Faso. Les retours de migrants depuis la
Côte d'Ivoire expliquent en partie ce phénomène. La
croissance naturelle et les migrations depuis le milieu rural contribuent
également à favoriser une croissance rapide de la ville. La
population ouagalaise est jeune à l'image de la population du pays. En
2006, les moins de 15 ans représentaient 35% de la population et les 15
à 24 ans, 25%.
Le dispositif sanitaire est organisé selon une
hiérarchie à trois niveaux qui assurent les soins primaires
à la base et réfèrent vers les établissements de
niveaux secondaire et tertiaire. Pour le secteur public, le premier niveau de
soins est représenté par les dispensaires, les CSPS, tandis que
les centres médicaux, et les Centres Médicaux avec Antenne
chirurgicale (CMA) constituent le premier niveau de
4 INSD : Annuaire statistique 2012, Edition 2013
27
référence. En ce qui concerne le secteur
privé, il comprend : les Cabinet de Soins Infirmiers (CSI), les cabinets
de soins dentaires et les cabinets de soins médicaux. Ces structures de
soins sont organisées au sein des districts sanitaires (Cf. Carte 2). Le
deuxième niveau de référence renvoie au CHR et est
représenté dans le secteur privé par les polycliniques,
les cliniques et les soins spécialisés. Enfin, le
troisième niveau de référence est celui des Centres
Hospitaliers Universitaires (CHU), au nombre de trois : le Centre Hospitalier
Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), le Centre Hospitalier
Universitaire Pédiatrique Charles de Gaulle (CHUP-CD), l'Hôpital
National (HN) Blaise Compaoré. Le secteur privé représente
une part importante de l'ensemble de l'offre de soins de la ville. Le nombre de
formations sanitaires privées était estimé à 347
toutes catégories confondues en 2013, dont 87 établissements
publics (PIGéO, 2014). Les Cabinets de Soins Infirmiers (CSI),
établissements privés et structures de soins de base
représentaient la majorité des établissements, suivis
respectivement par les centres médicaux, les cliniques, les cabinets
médicaux.
Carte 2 : Situation géographique de Ouagadougou et ses
structures de soins
28
2.2.2. Le Centre Hospitalier Universitaire Yalgado
Ouédraogo
2.2.2.1. L'historique du CHU-YO
A la veille de son indépendance, la Haute-Volta
(actuel Burkina Faso) disposait à Ouagadougou d'un hôpital assez
vétuste et exigu. Les autorités de l'époque
décidèrent de la construction d'un nouvel hôpital. C'est
ainsi que la première pierre de ce qui allait être,
l'Hôpital Yalgado Ouédraogo fut posée le 15 juin 1958. Le
11 décembre 1961, le complexe fut inauguré soit 3 ans
après la pose de la première pierre et un an après
l'Indépendance du Burkina Faso. Son ouverture effective eut lieu en
janvier 1962. C'était un modeste hôpital qui répondait aux
ambitions d'une population estimée à 200 000 habitants. Son nom
fait référence au président de l'Assemblée
Nationale de l'époque, et président de l'Assemblée
Territoriale Française en 1958, un des premiers cadres de santé
du pays. De nos jours, le CHU-YO est le premier complexe hospitalier
burkinabé. Il est également le plus fréquenté
compte tenu de son accessibilité géographique, puisqu'il est
situé en centre-ville, dans le secteur urbain n°10 et le district
sanitaire de Baskuy (Cf. Carte 2). Il représente le niveau de
référence le plus élevé pour les soins
spécialisés. En 2013 sa capacité d'accueil était de
716 lits, et 23 413 malades y avaient été hospitalisés
(Annuaire statistique, 2014). Le CHU-YO constitue le principal lieu
d'évacuation des accidentés pris en charge par la BNSP.
L'hôpital Blaise Compaoré, depuis son ouverture en 2011,
reçoit certaines victimes d'accident de la route, mais sa situation
géographique périphérique, à la sortie Sud de la
ville, et le coût élevé de la prise en charge, en font un
hôpital moins fréquenté (Cf. Carte 2). Les
accidentés sont admis au service des urgences traumatologiques du CHU YO
quand ils sont pris en charge par la BNSP, mais lorsqu'ils arrivent par
d'autres moyens, ils peuvent avoir recours à d'autres services.
2.2.2.2. L'évolution du CHU-YO
Depuis sa création, l'hôpital Yalgado
Ouédraogo a fonctionné comme une structure
déconcentrée du Ministère de la santé. Au premier
bâtiment initial de l'établissement constitué par le
bâtiment central à deux étages, se sont progressivement
ajoutés d'autres, qui ont permis d'accroître la capacité
d'accueil de l'établissement. Son changement de statut est intervenu en
1990 en application du Kiti n°AN-VII-323/FP/SAN-AS du 18 Mai
1990 portant statuts particuliers des centres hospitaliers nationaux.
Après l'adoption de ce texte, l'hôpital Yalgado Ouédraogo
est
29
devenu, pour compter du 1er janvier 1991, un
Établissement Public à caractère Administratif (EPA) ; ce
qui lui donne une autonomie administrative et financière. Ce n'est qu'en
2003 que le décret n°2003-161/PRES/PM/MS est intervenu
pour transformer le Centre Hospitalier National Yalgado Ouédraogo en
Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).
2.2.2.3. Les missions assignées au CHU-YO
Aux termes de l'arrêté conjoint
N° 2012/MS/MESS, le CHU-YO poursuit trois missions : les soins,
l'enseignement et la recherche.
En ce qui concerne la mission de soins, elle consiste en la
prise en charge des urgences, à l'accueil en priorité des malades
évacués sanitaires ou de leur trouver un lieu adapté pour
leur état. Le CHU-YO assure le diagnostic, le traitement et la
surveillance des malades, des blessés et des femmes enceintes en tenant
compte des aspects psychologiques des patients et leur hébergement. A
travers cette mission, l'hôpital assure aussi l'organisation et la prise
en charge des transports sanitaires, l'élaboration et la mise en oeuvre
du plan de secours en cas de catastrophe. Enfin, il s'occupe de la maintenance
des infrastructures et des équipements et participe aux actions de
santé publique, notamment aux actions d'éducation pour la
santé et de prévention et à toutes actions
médico-sociales coordonnées. L'hôpital représente
également un cadre de formation et d'enseignement universitaire et
postuniversitaire; il assure les recherches médicale, odontologique,
pharmaceutique et la recherche appliquée en matière de
santé. Le CHU-YO joue un rôle de structure de
référence pour les autres structures sanitaires du pays et
même de la sous-région. Pour remplir ses missions, le CHU-YO
dispose de ressources humaines et matérielles que l'État met
à sa disposition. Il dispose également de ressources
financières issues du recouvrement partiel des coûts, ainsi que de
ressources humaines recrutées et payées à partir de ses
ressources propres.
2.3. L'état des lieux des accidents de la route
2.3.1. L'ampleur des accidents de la route à
Ouagadougou
Dans la ville de Ouagadougou, les accidents de la route sont
recensés par plusieurs acteurs. Les sections accidents des commissariats
de la Police Nationale, lorsqu'elle est contactée à la demande
des victimes, font le constat de l'accident. La Brigade Nationale des Sapeurs
Pompiers (BNSP) intervient seulement quand il y a des
30
dommages corporels, et la Gendarmerie Nationale lorsque des
militaires sont impliqués dans les accidents. Le nombre et la
gravité des accidents de la route connaissent une forte augmentation. En
effet, le nombre d'accidents constatés par le Commissariat central de
police de Ouagadougou a presque doublé en l'espace d'une
décennie, passant de 3 812 cas en 2001 à 6 5985 en
2010. Durant la même période, le nombre de blessés est
passé respectivement de 2 186 à 3 861 personnes.
Parallèlement, nous constatons une augmentation exponentielle du parc de
véhicules dans la ville. Le nombre de véhicules à deux
roues est passé de 79 463 en 2004 à 447 955 en 2012, tandis que
celui des véhicules automobiles est passé de 77 607 à 178
910 véhicules durant la même période (PN, 2014). La ville
de Ouagadougou concentre à elle seule plus de la moitié des
accidents du pays (Cf. Carte 3).
Les engins à deux roues sont les modes de
déplacement les plus impliqués dans les accidents de la route.
Les statistiques de la BNSP montrent qu'ils sont impliqués dans plus de
la moitié des accidents de la route avec blessés
enregistrés en 2014, soit dans 63% des cas. Les travaux de BENARD C.
(2007) ont montré qu'ils sont plus fréquents aux alentours du
marché central de Ouagadougou ; sur l'avenue Yatenga à
côté du mur de l'église de Kologh-Naaba et le long du
barrage de Baskuy. Le nombre d'accidents est également important au
niveau du rond point de la Patte d'Oie, sur l'avenue Kadiogo à
proximité du marché de Gounghin et sur l'avenue Bassawarga. Les
usagers dont l'âge est compris entre 16 et 35 ans sont les plus
représentés parmi les victimes. Les intersections sont les lieux
de concentration des accidents (Bonnet et al, 2015).
Malgré les chiffres avancés, les données
sur les accidents de la route à Ouagadougou sont sous-estimées et
peu organisées en raison du manque de concertation entre les
différents acteurs et de la diversité des sources de collecte. Il
est fréquent que des accrochages soient réglés à
l'amiable pour éviter les frais de constats ou les poursuites
liées au défaut d'assurance. Un certain nombre d'accidents
échappe donc aux statistiques. Cette situation est également due
à l'absence d'adaptation et d'utilisation du Bulletin d'Analyse des
Accidents de la Circulation (BAAC). La fiche BAAC implique plusieurs acteurs
dans la collecte et l'analyse des données. Elle permettrait de
centraliser les données de la police, de
5 Direction Régionale de la Police Nationale du Centre
31
la gendarmerie et des sapeurs pompiers au niveau de la DGTTM,
pourvue qu'elle soit adaptée au contexte burkinabè.
Carte 3 : Répartition des accidents de la route par
région en 2014
2.3.2. Le cadre législatif et règlementaire
des accidents de la route
Selon le document de politique nationale de
sécurité routière (2008), au Burkina Faso, le code de la
route représente l'ensemble des dispositions législatives et
règlementaires régissant la circulation sur la voie publique. Il
regroupe l'ensemble des textes suivants :
? l'arrêté N° 6138/M du 24/07/1956, portant
réglementation de l'usage des voies routières ouvertes à
la circulation publique ;
? l'ordonnance N°41/PRES/TP du 16 septembre 1966 portant
organisation de transports routiers en Haute Volta ;
32
- l'Ordonnance n°05/PRES du 18 janvier 1967 fixant les
conditions d'établissement, de délivrance et de validité
des permis de conduire ;
- l'Ordonnance n°71-010/PRES du 23 janvier 1971 relative
à la répression de certaines infractions en matière de
circulation routière ;
- le Décret N° 73-308-PM-MTP du 31
décembre 1973 portant réglementation de l'usage des voies
routières ouvertes à la circulation publique ;
- le décret N° 78-107/PRES/TPTU rendant
obligatoire le port d'un casque de protection pour les conducteurs et les
passagers de cyclomoteurs, vélomoteurs et motocyclettes
- l'arrêté N° 0044/ CNR/MTC du 6 mai 1985
portant composition de la Commission Technique Spéciale de Retrait de
Permis de Conduire ;
- le Raabo N° AN VI 77/FP/MAT/PKAD/ du 13 mars 1989
portant réglementation de la circulation et du stationnement des
véhicules poids lourds dans la ville de Ouagadougou ;
- l'arrêté interministériel
N°00090/MD/MT/MAT/MTHU du 20/12/94, portant organisation et fonctionnement
du Comité National pour la Sécurité Routière ;
- l'Arrêté n°2002-0033/MTT/SG/DGTTM du 03
avril 2002, portant conditions d'ouverture et d'exploitation des
établissements d'enseignement de la conduite des véhicules
terrestres à moteur ;
- le Décret
N°2003-418/PRES/PM/MITH/SECU/MJ/DEF/MATD du 12 août 2003 portant
définition et répression de contraventions en matière de
circulation routière ;
- le Décret
N°2005-196/PRES/PM/MITH/SECU/MJ/DEF/MATD du 4 avril 2005
rectifiant les articles 13, 15, 44 du décret
N°2003- 418/PRES/PM/MITH/SECU/MJ/DEF/MATD du 12 août 2003 portant
définition et répression de contraventions en matière de
circulation routière ;
- le décret 2005-231/PRES/PM/MCPEA du 20 avril 2005
portant obligation d'intégrer le casque aux équipements
d'accompagnement des véhicules motorisés à deux roues lors
de la vente.
- Décret n°2009-055/ PRES/ PM/ MT/ MEF/ SECU du
17 février 2009 portant adoption du document de politique nationale de
sécurité routière (DPNSR) ;
33
? Décret n°2012-559/ PRES/ PM/ MTPEN/ MEF/ MICA/
MATDS/ MID du 05 juillet 2012 portant conditions et modalités
d'exploitation à titre onéreux et pour compte
propre des vélomoteurs, motocyclettes, tricycles et
quadricycles à moteur.
? Décret n°
2013-1296/PRES/PM/MIDT/MEF/MATS/MDNAC/MJ du 31 décembre 2013 portant
port obligatoire de la ceinture de sécurité.
CISSÉ A., (2011) précise que le Burkina Faso a
également signé de nombreux textes avec l'Union Économique
et Monétaire Ouest Africain (UEMOA). Ces accords sont conformes à
la directive N°12/2009/CM/UEMOA du 25 septembre 2009 portant institution
d'un schéma harmonisé de gestion de la sécurité
routière dans les États membres de l'UEMOA.
2.3.3. Le cadre institutionnel
De nombreux acteurs interviennent directement ou
indirectement dans la gestion de la sécurité routière au
Burkina Faso. Ces acteurs relèvent aussi bien du public que du
privé. Les acteurs publics sont composés du Ministère des
Infrastructures, du Désenclavement et des Transports, du
Ministère de la défense, du Ministère de la justice,
Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation, du Ministère de la santé. Les acteurs
privés sont composés des assurances, des auto-écoles et
des associations (CISSÉ A., 2011).
Le Ministère des Infrastructures, du
Désenclavement et des Transports est chargé de la planification,
de la réglementation et de la gestion de la sécurité
routière. Ses actions sont mises en application par les services
techniques tels que la Direction Générale des Transports
Terrestres et Maritimes (DGTTM) et l'Office National de la
Sécurité Routière (ONASER).
Le Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Sécurité est chargé de l'application de la
réglementation sur la sécurité routière à
travers la répression des infractions au code la route et la
réalisation des constats d'accidents de la circulation. Il intervient
également dans la sensibilisation des usagers de la route et la
protection civile. Toutes ces actions sont réalisées par le biais
de la Police Nationale (PN), la Brigade Nationale des Sapeurs Pompiers (BNSP),
les Volontaires Adjoints de Sécurité (VADS).
34
2.3.3.1. La Direction Générale des Transports
Terrestres et Maritimes (DGTTM)
La Direction Générale des Transports Terrestres
et Maritimes assure, de façon générale, la
réglementation, la planification et le contrôle en matière
de transports terrestres, maritimes et fluviaux. La DGTTM comprend plusieurs
directions chargées de la réglementation de la
sécurité routière. La Direction de la Législation,
des Études et d'Analyse Statistique (DLEAS) a pour mission de concevoir
et de planifier les projets, programmes et réformes de la DGTTM, la
Direction de la Normalisation et de la Circulation Routière est
chargée entre autres, du contrôle, de l'application des normes de
dimensionnement, de sécurité, d'émission et de la mise en
exploitation des véhicules de transports terrestres, maritimes et
fluviaux.
La Direction Générale des Routes est
responsable de la conception, l'aménagement et la gestion du
réseau routier national. Elle est chargée de contribuer au
financement de la sécurité routière.
2.3.3.2. Le Conseil National de la Sécurité
Routière (CNSR)
Le Conseil National de la Sécurité
Routière (CNSR) est un cadre de concertation des acteurs de la
sécurité routière, créé par décret
n° 2008-928/PRES/PM/MT/MEF/MID/SECU/DEF du 31 octobre 2008. Le CNSR est
une structure consultative placée sous la présidence du Premier
Ministre. Il est chargé entre autres de contribuer à la
formulation globale de la sécurité routière, de proposer
des stratégies appropriées de lutte contre les accidents de la
route.
2.3.3.3. L'Office National de la Sécurité
Routière (ONASER)
L'ONASER est un établissement public d'État
créé par décret N°2008-741
bis/PRES/PM/MT/MEF/MID/SECU/DEF du 17 novembre 2008. L'ONASER a pour mission la
promotion de la sécurité routière et la contribution
à l'amélioration des conditions d'exploitation du réseau
routier et la fluidité du trafic. Il est chargé de veiller au
respect des règles de la circulation et de la sécurité
routière, d'entreprendre toutes les actions de formation, d'information,
de communiquer et de sensibiliser les usagers de la route.
2.3.3.4. La Police Nationale
La Police Nationale a été créée
en 1949, par un arrêté local N°498/SU du 28/12/49, portant
organisation de service de police du territoire de la Haute-Volta. Depuis
longtemps rattachée au Ministère chargé de
l'intérieur, elle formait, avec les autres corps militaires, le
Ministère de la défense populaire et de la sécurité
sous le
35
régime du front populaire en 1987. A partir de 1991,
elle a été rattachée au Ministère de
l'Administration du Territoire, l'actuel Ministère de l'Administration
du Territoire et de la Sécurité. De nos jours, la Police
Nationale assure entre autres la préservation de l'ordre et de la
sécurité publique, l'exécution des mesures relatives
à la sécurité des personnes et des biens, le suivi des
activités et d'application de la de prévention communautaire.
Elle est subdivisée en plusieurs unités : les unités
piétonnes sont celles qui, habituellement, interviennent au niveau des
feux tricolores, des voies, pour pouvoir amener les usagers à respecter
le code de la route. Les unités motorisées sont chargées
d'appliquer la réglementation en matière de circulation des poids
lourds dans la ville. La Police Nationale partage ces missions avec d'autres
services de sécurité du Burkina Faso, notamment la Gendarmerie
Nationale et la Police Municipale.
Dans le but de renforcer les missions de la police, des
volontaires adjoints de sécurité (VADS) ont été
recrutés pour les grands centres urbains du Burkina Faso. Placés
sous la tutelle de la Police Nationale, les VADS ont pour objectifs de
contribuer à prévenir l'insécurité routière.
Ainsi, ils renforcent la surveillance de la circulation dans les zones à
risque, sensibilisent les usagers et contrôlent l'éclairage et
l'immatriculation des véhicules.
2.3.3.5. La Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers
(BNSP)
La Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers est une composante
des Forces Armées Nationales mise à la disposition du
Ministère chargé de l'administration du territoire pour emploi
dans le cadre de la sécurité civile. La Brigade Nationale des
Sapeurs-Pompiers relève de l'État Major Général
pour toutes les questions d'ordre militaire. L'organisation des
différentes structures de la Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers est
précisée par arrêté conjoint du ministre
chargé de la défense et du ministre chargé de
l'administration du territoire. Le corps des sapeurs-pompiers a
été crée au Burkina Faso en 1979 sous le nom «
Bataillon des Sapeurs Pompiers de Haute-Volta » avant d'avoir leur
appellation actuelle en 1995. Ils viennent au secours des personnes victimes
d'incendie, de noyade, d'électrocution, mais ils sont beaucoup plus
sollicités dans le cas des accidents de la route. Ils apportent les
premiers soins sur les lieux de l'accident avant de transporter les victimes au
niveau des CMA, du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo ou
à l'Hôpital Blaise Compaoré selon le lieu de l'accident et
la gravité des blessures
36
2.3.3.6. La Commune de Ouagadougou
La Commune de Ouagadougou, à l'instar des autres
collectivités territoriales, occupe une place importante en
matière de sécurité routière. La Commune exerce ses
compétences à travers la Direction de la Police Municipale et la
Direction Générale des Services Municipaux. La Police Municipale,
crée depuis 1995, joue un rôle de police administrative qui est
chargée de gérer l'ordre public. La Police Municipale peut
être saisie lorsqu'il y a embouteillage dans les carrefours et la
circulation devient difficile, lorsque des véhicules sont mal
stationnés et perturbent la circulation, ou quand des gens s'installent
de façon anarchique sur le domaine public et constituent des risques
d'insécurité. La police Municipale de Ouagadougou compte plus de
1 200 personnes dont 700 jeunes volontaires communaux pour la
sécurité routière qui constitue un personnel d'appoint.
2.3.3.7. Le Centre de Contrôle des Véhicules
Automobiles (CCVA)
Le Centre de Contrôle des Véhicules Automobiles,
qui est un organe du Ministère des Transports, est chargé de la
définition des normes et caractéristiques techniques des
véhicules automobiles, de la mise en oeuvre des mécanismes de
contrôle en vue d'assurer le maximum de sécurité aux
usagers.
2.4. Le cadre de prise en charge de l'accident
2.4.1. Les assurances et les associations
Il est exigé à tout propriétaire de
véhicule terrestre à moteur de souscrire à une assurance
auprès des sociétés d'assurances. Les assurances sont
chargées de fournir une compensation monétaire en
réparation des dommages constatés à la suite d'un accident
de la circulation.
Dans le cadre de la promotion de la sécurité
routière, certaines associations ont vu le jour pour la sensibilisation
et la formation des usagers de la route. Nous pouvons citer quelques-unes de
ces associations les plus actives sur le terrain.
? La Brigade des Jeunes Volontaires pour la
Sécurité et l'Éducation Routière (BJVSER) Elle est
une association de jeunes, créée en 1996 et reconnue
officiellement en 1999. et présente dans trois communes, Ouagadougou,
Bobo-Dioulasso et Boromo. Elle a pour but de vulgariser les textes et lois en
matière de sécurité routière à travers des
sensibilisations, de protéger des vies humaines dans les villes de
Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Boromo.
37
? Les Volontaires Communaux pour la Sécurité
Routière (VCSR) du Programme National des Volontaires du Burkina (PNVB),
interviennent dans la Commune de Ouagadougou Sous la responsabilité de
la Direction de la régulation de la Police Municipale. Ils sensibilisent
les usagers au respect du code de la route, renseignent et orientent les
usagers de la voie publique. En outre, ils assistent les élèves
devant les entrées des établissements préscolaires,
primaires et secondaires. Ils renseignent également la mairie sur
l'état des lampadaires et de la voirie.
? Contact Hors Limite (CHL) est une association crée
en 1997. Elle s'est installée au sein de plusieurs centres de
santé au Burkina Faso dont le Centre Hospitalier Universitaire Yalgado
Ouédraogo (CHU-YO) à Ouagadougou, le Centre Hospitalier
Universitaire Sourou Sanou (CHU-SS) à Bobo-Dioulasso et le Centre
Médical avec antenne Chirurgicale (CMA) de Pissy à Ouagadougou.
L'association CHL prend en charge les patients ayant subi des traumatismes ou
ayant été abandonnés au cours de leurs soins dans les
hôpitaux. Au niveau des CMA, elle prend en charge les patients
hospitalisés atteints de VIH/SIDA.
? La Fédération des Associations pour la
Promotion de la Sécurité Routière au Burkina Faso
(FAPSER-BF) a été créée à Ouagadougou,
conformément à la déclaration N°
2012-1732/MATD/SG/DGLPAP/DAOSOC du 31 décembre 2012 du Ministère
de l'Administration Territoriale, de la décentralisation et de la
sécurité. Elle vise les objectifs suivants :
V' favoriser la coordination des activités
des structures membres en vue d'une synergie d'action dans la lutte contre
l'insécurité routière ;
V' représenter les structures membres au niveau
national et international ;
V' cultiver chez la population un esprit citoyen par
le respect de la politique nationale de sécurité routière
;
V' renforcer les capacités des structures
membres ;
V' mobiliser les ressources pour soutenir les actions
des structures membres ; V' contribuer à la promotion de la
culture de la paix, de la tolérance, de la non-violence et de la
solidarité sur les routes ;
V' contribuer à la lutte contre la pollution
générée par les véhicules terrestres à
moteur ;
V' susciter la création de regroupements
thématiques au sein de la fédération ; V'
accompagner le gouvernement dans la mise en oeuvre de la politique
nationale de sécurité routière ;
38
V' du transport en parfaite collaboration avec le
Ministère du transport
? L'association « Union Nationale des accidentés
handicapés du Burkina Faso (UNAHBF) », créée en 2009
est une association regroupant des personnes handicapées par suite
d'accidents de la route. Les objectifs de l'association sont :
V' prévenir les accidents de travail et de la
circulation par des actions d'information, de formation et de sensibilisation
;
V' regrouper en son sein toutes les personnes
accidentées handicapées du Burkina Faso ;
V' apporter une assistance morale, psychologique et
matérielle à tous les accidentés handicapés membres
;
V' coordonner les activités des
accidentés handicapés et favoriser l'échange
d'informations et d'expériences tant sur le plan
national et international ; V' sensibiliser les personnes
accidentées afin qu'elles s'investissent dans le
travail en vue de leur autopromotion.
2.5. Le cadre opératoire
L'analyse des caractéristiques
sociodémographiques et économiques des victimes permet
d'identifier les principaux éléments liés au fait d'avoir
un accident de la route ou non. En outre, les caractéristiques
socio-économiques de la victime peuvent expliquer le niveau de
gravité de ses blessures et le choix thérapeutique adopté
par les victimes. Ces liens ne prennent pas en compte les comportements de la
victime en matière de sécurité routière.
Sur le plan humain, les accidents de la route peuvent
entraîner des séquelles peu importantes ayant peu de
retentissement à long terme sur la vie des victimes. Elles peuvent
également provoquer des séquelles d'une importance suffisamment
grande pour avoir une répercussion sur la victime et sur sa famille ou
son entourage. L'ensemble de ces séquelles, qu'elles soient
légères ou graves, représentent un coût
économique pour les soins médicaux et le suivi des victimes. En
plus de ces coûts, les victimes doivent faire face aux coûts de
réparation de leurs moyens de transport ou de l'achat d'autres engins en
cas de dégâts importants.
Le tableau ci-après représente les variables
correspondant à chaque objectif de l'étude ainsi que les
indicateurs qui permettent de vérifier les hypothèses
formulées.
39
Tableau 1 : Grille conceptuelle
HYPOTHÈSES
|
OBJECTIFS
|
|
VARIABLES
|
|
INDICATEURS
|
les victimes sont
davantage vulnérables
par leur situation
sociodémographique et géographique
|
analyser les
caractéristiques socio-
démographiques des victimes d'accident de la route
|
·
·
·
|
les caractéristiques socio-professionnelles de la victime
; le statut d'occupation du logement ; le secteur d'habitation
|
· · · ·
·
·
·
|
âge
sexe
niveau d'étude la situation professionnelle mode de
traitement secteur d'habitation moyen de transport de la victime
|
les plus pauvres qui ne
|
identifier les facteurs
|
·
|
les caractéristiques
|
·
|
situation matrimoniale de
|
bénéficient pas d'une
|
qui influencent le
|
|
socio-professionnelles
|
|
la victime
|
solidarité sociale
|
processus de prise en
|
·
|
le niveau de gravité des
|
·
|
situation professionnelle
|
adoptent des
|
charge des victimes
|
|
lésions
|
·
|
nombre de personnes en
|
comportements
|
|
·
|
le statut d'occupation
|
|
charge dans le ménage
|
thérapeutiques leur
|
|
|
du ménage ;
|
·
|
niveau de satisfaction
|
permettant de minimiser leurs dépenses de soins.
|
|
·
|
les dépenses du ménage
|
|
des besoins de base du ménage
|
|
|
·
|
les conditions de prise en charge des dépenses
|
·
|
mode de paiement des dépenses
|
l'accident de la route
|
estimer les différents
|
·
|
Le coût des soins;
|
·
|
dépenses pour les soins
|
constitue un facteur de
|
coûts liés à l'accident
|
·
|
le coût matériel de
|
·
|
frais de réparations des
|
dégradation des
|
de la route et la prise
|
|
l'accident ;
|
|
engins
|
conditions de vie des
|
en charge par les
|
·
|
les caractéristiques
|
·
|
frais d'achat des engins
|
victimes et de leurs
|
victimes et leurs
|
|
socio-professionnelles
|
·
|
niveau de réalisation des
|
familles
|
familles
|
|
de la victime ;
|
|
soins prescrits
|
|
|
·
|
le niveau d'équipement du ménage ;
|
·
·
·
·
·
·
|
mode de traitement lieu de traitement biens matériels du
ménage
amputation incapacité
paralysie
|
|
40
2.6. Les outils et la méthode de collecte et de
traitement des données 2.6.1. La recherche documentaire
Les documents utilisés dans le cadre de cette
étude sont des thèses, des mémoires, des rapports
d'études, des revues, des articles de journaux, des
résumés, des citations, la littérature grise. Ces
documents ont été exploités dans les centres de
documentation de l'Université de Ouagadougou et de l'IRD. Il faut noter
que les bibliographies de certains documents exploités nous ont servi de
guide dans la recherche documentaire. Ces méthodes de recherche ont
été efficaces grâce à des serveurs tels que : CAIRN,
HAL, GOOGLESCHOLAR, GOOGLE, SCIENCEDIRECT. Nous avons également
utilisé des bases documentaires telles que les BASES HORIZON IRD. Les
serveurs nous ont permis d'accéder gratuitement à des
ouvrages.
Les documents que nous avons trouvés ont
été sélectionnés en privilégiant la
pertinence de l'information en lien avec notre objet étude. Pour ce
faire, les critères suivants ont été utilisés: le
titre du document, le type de document, le type d'étude et la
méthodologie utilisée. Dans le but d'apprécier la
crédibilité et l'applicabilité des publications, nous
avons élaboré une grille de lecture. Il s'est agi d'identifier la
source des données, les dates de publication, les résultats des
différentes études, le cadre géographique de
l'étude. Les articles présélectionnés ont
été classés par thème et sous thème selon la
concordance des idées des différents auteurs.
2.6.2. L'enquête de terrain
Le travail de terrain s'est déroulé en trois
phases du 02 février au 31 août 2015, mais nous sommes intervenus
au cours des phases 2 et 3. Au cours de l'enquête, trois questionnaires
ont été utilisés.
Le premier questionnaire (Annexe I) a été
adressé directement aux victimes et à leurs accompagnants aux
urgences traumatologiques (UT) du CHU-YO lors de la première phase de
l'enquête. Elle a permis aux agents de santé internes de collecter
les informations sur les circonstances de l'accident, l'admission, la prise en
charge et la sortie des victimes. C'est grâce à cette
enquête que nous avons eu les contacts des victimes pour les joindre lors
des autres étapes.
La deuxième phase de l'enquête intervient 7
jours après l'accident, à l'aide du second questionnaire (Cf.
Annexe II). Celui-ci comporte des questions relatives à la situation
socioprofessionnelle, l'état de santé, les
caractéristiques de l'accident, les
41
différents coûts liés à l'accident.
Cette enquête réalisée par appels
téléphoniques, a été adressée aux victimes
d'accidents de la route admises aux urgences traumatologiques et qui ont
accepté de participer à cette étude.
La troisième phase s'est faite également par
appels téléphoniques 30 jours après la date de l'accident.
Le troisième questionnaire (Cf. Annexe III) utilisé pour cette
phase comporte les mêmes rubriques que le premier à quelques
exceptions près. L'objectif est d'apprécier l'évolution
des situations sanitaire, socioprofessionnelle et économique des
victimes après leur prise en charge hospitalière et
post-hospitalière. Cette troisième phase permet d'analyser les
conséquences de l'accident de la route sur le niveau de vie et la
santé des victimes et de leurs familles.
Une enquête pilote a été
réalisée au début de chaque étape de
l'étude. Cette phase test nous a permis de tester la
compréhension et la pertinence des questions, d'ajuster les
modalités des variables afin de faciliter la saisie des
réponses.
2.6.3. La population cible et l'échantillonnage
Au sein du service des Urgences Traumatologiques de
l'hôpital, 1 867 victimes ont été enregistrés au
cours de la période de l'enquête, dont 463 pour la phase test et 1
404 victimes enquêtées avec la version finale du questionnaire.
Dans le cadre de notre étude, nous nous intéressés aux
victimes ayant répondu aux questionnaires correspondant à toutes
les trois phases de l'enquête (entrée aux urgences, sept jours et
trente jours), le but étant de pouvoir analyser de manière
logique l'évolution de leur état de santé, leurs recours
thérapeutiques et leurs dépenses au cours de chacune des trois
étapes. En effet, durant les phases d'appels
téléphoniques, nous n'avons pas pu contacter toutes les victimes
car certaines sont décédées dès leur entrée
à l'hôpital, lors de leur prise en charge ou lors de leur
hospitalisation, d'autres après leur sortie de l'hôpital. Par
ailleurs, certaines victimes ont refusé de participer à
l'étude dès leur admission à l'hôpital, lors des
appels à sept ou trente jours et d'autres sont classées hors
protocole, car leur accident date de plus de sept ou trente jours. Enfin, des
contacts téléphoniques erronés n'ont pas permis de
contacter certaines victimes. Par conséquent, sur les 1404 victimes de
la phase finale, nous avons retenu 994 victimes, soit 70,8%. Cet
échantillon est constitué des victimes ayant survécu
à l'accident durant toute la période de l'étude et qui ont
participé aux trois phases de l'étude. Le tableau 2 ci-
42
dessous nous donne une situation des effectifs respectifs des
victimes et de la taille de notre échantillon.
Tableau 2 : Effectifs des enquêtés selon les
étapes et taille de l'échantillon
|
Entrée aux urgences
|
Sept jours
|
Trente jours
|
Total
|
Phase test
|
463
|
---
|
---
|
463
|
Contact non valide
|
|
30
|
---
|
30
|
Victime non disponible
|
----
|
68
|
61
|
129
|
Décès
|
38
|
7
|
9
|
54
|
Refus
|
132
|
11
|
17
|
160
|
Hors protocole
|
----
|
28
|
9
|
37
|
Total
|
633
|
144
|
96
|
873
|
Victimes enregistrées
|
|
|
|
1867
|
Effectif de l'échantillon
|
|
|
|
994
|
|
2.4.4. Le traitement des données
Les données collectées ont été
traitées grâce à des logiciels spécifiques. Le
logiciel Sphinx qui nous a permis de saisir les questionnaires ainsi que les
réponses. Il a également servi pour effectuer des croisements
entre les différentes variables. Les calculs statistiques ont
été réalisés grâce au logiciel Microsoft
Excel 2010 dans le but de faire ressortir les tendances et de construire des
graphiques et des tableaux nécessaires à l'analyse et à
l'interprétation. En outre, nous avons pu faire le traitement
cartographique des données grâce au logiciel ArcGis 10. Le
logiciel Word 2010 nous a permis de rédiger et de mettre en forme notre
document.
43
Conclusion partielle
La recherche documentaire que nous avons faite montre que de
nombreux auteurs ont analysé la question relative aux accidents de la
route dans les pays européens en général. Mais très
peu d'auteurs se sont penchés sur leurs conséquences
socio-économiques, particulièrement, dans les pays en
développement comme le Burkina Faso. Même si YACOUBOVITH J. et al
(1994) estiment que les accidents de la route provoquent des séquelles
graves à vie dont la charge repose sur les victimes elles-mêmes,
leur famille et l'entourage, ils ne consacrent pas une analyse au profil des
victimes et aux conséquences des accidents sur leurs conditions de
vie.
C'est donc dans le souci de compléter les
connaissances sur les conséquences des accidents de la route que nous
avons formulé des objectifs et élaboré quelques
hypothèses. La collecte des données s'est faite à l'aide
de questionnaires.
44
45
Introduction partielle
Cette partie se compose de deux chapitres. Dans le premier,
nous présentons les particularités sociodémographiques et
économiques des victimes. Le deuxième chapitre fait l'état
des caractéristiques cliniques de ces victimes, de leurs systèmes
de prise en charge et analyse les conséquences des accidents de la route
sur l'économie et la santé des victimes.
CHAPITRE III : LE PROFIL DES VICTIMES DES ACCIDENTS DE
LA ROUTE
Ce chapitre met l'accent sur l'étude des
caractéristiques sociodémographiques des victimes des accidents
de la route. Il traite également de la situation socio-économique
des victimes et leurs ménages.
3.1. Les caractéristiques
sociodémographiques des victimes
3.1.1. Le sexe et l'âge des victimes
Les données de l'enquête montrent que les
victimes sont majoritairement de sexe masculin avec 66,2% d'hommes contre 33,8%
de femmes. La forte proportion masculine serait due au fait que les hommes se
déplacent beaucoup plus que les femmes. Ils sont de ce fait les plus
présents dans la circulation.
La répartition des victimes selon l'âge, montre
que les jeunes adultes de 25-34 ans sont les plus touchés par les
accidents de la route. Cette tranche d'âge totalise 380 victimes, soit
une proportion de 38, 2% (Figure 1). Ensuite viennent les tranches d'âge
de 18 à 24 ans (21,7%) et de 35 à 49 ans (18,8%). Ces trois
groupes réunis représentent près de 78,77 % de l'ensemble
des victimes. Les personnes âgées sont les moins
représentées avec seulement 2,9%. Ce nombre élevé
des jeunes adultes s'expliquerait par la jeunesse de la population ouagalaise,
dont l'âge moyen est 23,1 ans6. Ce résultat
s'expliquerait aussi par le fait que les déplacements des jeunes sont
particulièrement plus élevés que ceux des personnes
âgées. Pour SOW A. (2005) qui a abouti aux mêmes
résultats, cette situation serait due à l'hyperactivité
des jeunes et à leur manque d'expérience dans la conduite.
46
6 INSD, « Monographie de Ouagadougou », 2012
47
Figure 1 : Répartition des victimes selon l'âge et
le sexe (en %)
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
3.1.2. La situation matrimoniale des
victimes
Les célibataires sont les plus
représentés parmi les victimes des accidents de la route, avec
une proportion de 47,8% contre 41,8% pour les mariés (Cf. Figure 2). Les
données du RGPH de 2006 ont montré en effet qu'ils
représentaient plus de la moitié de la population ouagalaise
(Monographie de Ouagadougou, 2009). Cette prépondérance des
célibataires serait due au fait qu'ils constituent la couche sociale la
plus importante et la plus active.
Figure 2 : Répartition des victimes selon la situation
matrimoniale
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
48
3.1.3. Le niveau d'instruction des victimes
Les données de l'enquête montrent que parmi les
victimes, le niveau d'instruction secondaire est le plus
représenté suivi par les non scolarisés (Cf. Figure 3).
Les proportions des victimes de niveau primaire et supérieur restent
relativement importantes. Au regard de ces résultats, il ressort que
même si l'analphabétisme est un facteur explicatif de la survenue
de l'accident de la route, il n'en demeure pas le premier. En effet, la
prépondérance des victimes de niveau secondaire et le nombre
élevé des victimes du niveau supérieur montrent que la
méconnaissance du code de la route et le mauvais comportement des
usagers seraient les principaux facteurs qui concourent à la survenue de
l'accident. Cependant, nous ne pouvons pas affirmer avec certitude la relation
entre le niveau d'instruction et l'accident de la route car cela
nécessite une étude plus approfondie.
Figure 3 : Répartition des victimes selon le niveau
d'instruction
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
3.1.4. Les secteurs d'origine des victimes et les lieux
des accidents
La plupart des victimes, soit 97,5%, sont des habitants de la
ville de Ouagadougou. Le reste des victimes provient des autres villes du
Burkina Faso (2% des cas) et des résidents d'autres villes des pays
voisins (1%). Ce résultat se justifierait par le fait que le CHU-YO
constitue pratiquement la seule structure de référence de la
ville qui assure la prise en charge des victimes des accidents de la route.
49
Dans la plupart des cas, les victimes habitent les secteurs
périphériques de la ville, soit environ 77%. La carte 4 montre
l'origine géographique des victimes des accidents de la route selon les
30 secteurs7 de la ville de Ouagadougou. La localisation des lieux
d'habitation à partir des 30 anciens secteurs est due au fait que la
plupart des victimes enquêtées n'arrivent pas à identifier
leur secteur dans le nouveau découpage mis en vigueur en décembre
2012. A la lumière de ce qui précède, les résultats
de BOYER F. et DELAUNAY D. (2008-2009) ont montré que les quartiers
périphériques de Ouagadougou sont caractérisés par
la faiblesse des revenus des populations et des conditions de vie
précaires. En outre, les individus de ces zones reculées
parcourent quotidiennement de longues distances pour rejoindre le centre-ville
où se concentrent les activités et les infrastructures (KAFANDO
Y., 2009).
La localisation des lieux des accidents de la route indique
également une concentration des accidents dans ces secteurs
périphériques, à l'exception du secteur 4 (Cf. Carte 5).
La forte mobilité des populations périphériques et
l'insuffisance de la signalisation sur les principaux axes routiers de la
ville, expliquerait la forte concentration des accidents dans les secteurs
périphériques. Ces résultats sont en conformité
avec ceux de THIRAN P. et al (1997), selon lesquels, la plupart des accidents
de la route se produisent à proximité du domicile et les
personnes qui parcourent les longues distances sont les plus
touchées.
7 La plupart des enquêtés n'arrivant
pas à situer leur lieu d'habitation à partir des nouveaux
secteurs, nous avons tenu compte des 30 anciens secteurs de la ville de
Ouagadougou.
Carte 4 : Secteur d'origine des victimes Carte 5 : Secteur de
survenue des accidents
50
51
3.2. Les caractéristiques socio-économiques
des victimes 3.2.1. La situation professionnelle des victimes
Les victimes des accidents de la route,
considérées dans le cadre de notre étude, sont issues de
toutes les catégories socioprofessionnelles (Cf. Figure 4). Cependant,
les élèves et les étudiants ainsi que les ouvriers et les
employés sont les plus représentatifs avec respectivement 21,9%
et 21,5% des cas. Ils sont suivis de près par les professions
intermédiaires, constituées des secrétaires, des
instituteurs, des fonctionnaires.
Figure 4 : Répartition des victimes en fonction de leur
profession
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Une analyse de l'heure de survenue des accidents de la route
montre que la plupart des accidents ont lieu dans la journée au moment
où la population active est en pleine mobilité (Cf. Tableau 2).
En effet, dans la journée, les fonctionnaires, les ouvriers, les
élèves et étudiants se déplacent beaucoup plus,
soit pour rejoindre leurs lieux de travail, soit leurs établissements
respectifs.
Tableau 3 : Répartition des victimes selon l'heure de
l'accident
Heure
|
Proportion
|
06h-12h
|
33,60%
|
12h-18h
|
36,2%
|
18h-06h
|
30,2%
|
Total
|
100%
|
|
Source : Enquêtes de terrain
52
3.2.2. Les catégories d'usager
Presque toutes les catégories de véhicule, sont
impliquées dans les accidents de la route ; allant des quatre roues aux
deux roues en passant par les tricycles (Cf. Figure 5). Cependant, les usagers
des engins à deux roues motorisées sont les plus
représentés, avec une proportion de 87,1%. Ce résultat
serait dû à la forte augmentation des engins à deux roues
dans la ville de Ouagadougou. Les piétons représentent 5,1% des
victimes devant les usagers des véhicules quatre roues (4,7%). Ce
résultat est assez surprenant car la marche à pied
représente moins du quart des modes de déplacement des ouagalais
(KAFANDO Y., 2006). Il s'expliquerait par l'insuffisance des trottoirs, la
méconnaissance et le non respect des passages pour piétons. Les
conducteurs des tricycles et autres types de véhicules, sont les moins
impliqués.
Les résultats de nombreux auteurs montrent cette
prépondérance des véhicules deux roues motorisés
parmi les accidents de la route, dans certaines villes africaines. SAW A. A.
(2003) et MAÏGA H. (2006) montrent qu'ils représentent près
de 45% des cas d'accidents de la route au Mali. Dans d'autres villes par
contre, ce sont les piétons qui sont les plus touchés par les
accidents de la route. Les études de LACHEHEB M. (2013) et NGABOYIRHU P.
(2010) montrent que les accidents de la route impliquent respectivement 54,1%
des piétons au Maroc et 61% au Congo RDC.
Figure 5 : Répartition des victimes par catégories
d'usager
Source : Enquêtes de terrain
53
3.2.3. Le rôle de la victime dans le ménage
et le nombre de personnes à charge Les résultats de
l'enquête montrent que 388 victimes, soit 39% de l'ensemble de notre
échantillon, se déclarent chefs de ménage. Parmi elles, le
nombre de femmes est d'environ 10% contre 90% pour les hommes.
Chaque victime chef de ménage assure la
responsabilité de cinq personnes, en moyenne. Une répartition de
celles-ci en fonction de la situation matrimoniale des victimes, montre que
dans la plupart des cas, les victimes mariées sont celles qui ont le
plus de personnes à leur charge (Cf. Figure 6). Les couples
divorcés ou séparés possèdent moins de personnes
à charge que les autres catégories. Ces personnes sont soit les
enfants des victimes, leurs conjoints/conjointes, leurs parents, leurs
frères et soeurs ou encore des autres membres de la famille. Nous
n'avons pas trouvé de lien entre le nombre de personnes à charge
et les caractéristiques socioprofessionnelles des victimes. Par contre,
la combinaison avec le mode de payement des soins une semaine après
l'accident, révèle que les victimes qui paient les soins avec
leurs économies personnelles ont plus de personnes à leur charge.
Il s'agit des personnes ayant un niveau de revenus stable qui leur permet de
s'occuper, en plus de leur propre famille, des autres membres.
Figure 6 : Répartition du nombre de personnes à
charge selon la situation
matrimoniale des victimes
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
54
3.2.4. Les dépenses mensuelles du ménage
En l'absence de données sur les revenus des victimes,
nous nous sommes intéressés aux dépenses mensuelles des
ménages. Les données collectées indiquent que plus de la
moitié des victimes chefs de ménage (51%) dépensent par
mois 30 000 à 79 000 francs CFA, ce qui équivaut à une
moyenne de 54 500 francs CFA, pour satisfaire les besoins de base de leurs
familles (eau, nourriture, électricité,...). Les dépenses
mensuelles variant entre 80 000 et 130 000 francs CFA concernent 23% des
victimes et 19% pour l'intervalle 130 000-300 000 francs CFA. Les
ménages qui dépensent plus de 300 000 francs CFA
représentent une faible proportion de notre échantillon (Cf.
Figure 7).
Figure 7 : Répartition des victimes en fonction des
dépenses mensuelles
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
CHAPITRE IV : LA PRISE EN CHARGE DES
VICTIMES
55
La prise en charge des victimes des accidents de la route
dépend de la gravité de leurs blessures, de leur niveau de revenu
et de celui de leur ménage et entourage. Il s'agit dans ce chapitre de
présenter les différents traumatismes subis par les victimes,
d'analyser les modes de prise en charge et de déterminer les
conséquences des accidents de la route pour les victimes et leur
entourage.
4.1. Les caractéristiques cliniques des victimes
4.1.1. Les traumatismes des victimes
Les accidents de la route engendrent plusieurs
catégories de lésions8 plus ou moins graves. Le nombre
moyen de lésions constatées est estimé à trois
lésions 9par victime. Cette moyenne cache cependant de
nombreuses disparités. Car, une répartition des lésions
par classes d'amplitude deux et selon les victimes, montre que la classe de 2
à 4 lésions concentre une proportion importante de victimes, soit
46,80%. Le nombre de victimes diminue progressivement au fur et à mesure
que les lésions augmentent. Ainsi, les classes de 8 à 10
lésions et plus concernent une faible proportion de victimes (0,2%). Une
confrontation des différentes classes de lésions avec le moyen de
transport des victimes permet de constater que les usagers des engins à
deux roues motorisées sont les plus nombreux à avoir plusieurs
lésions. Les données montrent que les classes de 8 à 10
lésions et plus concernent exclusivement les usagers des deux roues
motorisées (Cf. Tableau 4).
8 Un accident de la route peut provoquer plusieurs types de
lésions dont les plus fréquentes sont les plaies,
les fractures, les luxations, les entorses.
9 Une victime peut avoir, à elle seule, au
moins une lésion et au maximum 12 lésions et plus.
56
Tableau 4
|
: Répartition des lésions par victime selon le
mode de transport utilisé
|
|
Nombre de lésions/Type de
Véhicule
|
Camion
|
Camionnette
|
Voiture
|
Deux-roues motorisées
|
Tricycle (taxi- moto)
|
Bicyclette
|
Piéton
|
Charette
|
Autre
|
Moins de 2
|
1
|
0,6
|
1,6
|
84,2
|
1
|
5,4
|
6
|
0,3
|
0
|
De 2 à 4
|
0,4
|
0,2
|
0,9
|
88
|
0,9
|
4,7
|
4,5
|
0
|
0,4
|
De 4 à 6
|
0
|
0
|
0
|
89
|
0,7
|
4,5
|
5,8
|
0
|
0
|
De 6 à 8
|
0
|
0
|
2,3
|
90,9
|
2,3
|
2,3
|
2,3
|
0
|
0
|
De 8 à 10
|
0
|
0
|
0
|
88,9
|
0
|
0
|
11,1
|
0
|
0
|
De 10 à 12
|
0
|
0
|
0
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12 et plus
|
0
|
0
|
0
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TOTAL
|
0,5
|
0,3
|
1
|
87,1
|
0,9
|
4,7
|
5,1
|
0,1
|
0,2
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Les multiples lésions des usagers deux roues
motorisées s'expliqueraient d'une part, par le fait qu'ils subissent un
double impact lors de l'accident. Dans un premier temps, la collision de
l'usager de l'engin à deux roues avec d'autres véhicules (deux
roues ou pas), crée de nombreuses lésions, car presque toutes les
parties de son corps sont exposées au choc. Dans un second temps, le
contact entre la victime et le sol multiplie le nombre de lésions. La
victime retombe au sol où elle subit de nouvelles lésions en plus
de celles déjà créées par l'impact du
véhicule (LE COZ J-Y et al (2012). Enfin, la vitesse excessive de ces
usagers contribue à augmenter le nombre de lésions et leur
gravité.
La répartition du cumul des lésions en fonction
de l'âge montre une nette prédominance des lésions pour les
jeunes de 25 à 34 ans, soit 36% de l'ensemble des lésions (Cf.
Figure 8). Le nombre de lésions reste légèrement important
pour les tranches d'âge 18-24 ans et 35-49 ans, qui représentent
respectivement 22% et 20% des lésions. Les moins de 18 ans et la tranche
d'âge 50-64 ans totalisent chacune 10% de l'ensemble des lésions.
Les victimes âgées de 65 ans et plus subissent moins de
lésions avec seulement 3% et se déplaceraient moins que les
jeunes. La forte proportion des lésions chez les jeunes de 25-34 ans
s'expliquerait par leur surreprésentation parmi les victimes et leur
grande mobilité. En outre, les jeunes se déplacent beaucoup plus
que les autres victimes.
57
Figure 8 : Répartition du cumul des lésion des
victimes en fonction de l'âge
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015 4.1.2. Le niveau de gravité des
blessures des victimes
Le niveau de gravité est déterminé
grâce à l'échelle abrégée de la blessure
appelée AIS (Abbreviated Injury Scale). C'est une échelle
conventionnelle mondiale, utilisée pour déterminer le niveau
clinique des blessures. L'échelle AIS classe les blessures selon un
degré de sévérité allant de 1 à
610 (des blessures mineures aux blessures maximales).
Le niveau de gravité des victimes de notre
échantillon varie inversement avec le nombre de lésions
constatées aux urgences traumatologiques (Cf. Figure 9). En effet, la
plupart des lésions des victimes des accidents de la route, soit 40,62%,
sont des lésions mineures. Ensuite viennent respectivement les
lésions modérées, les lésions sérieuses, les
lésions sévères. Les lésions critiques et maximales
ne concernent qu'une infime partie des victimes. Les données ne nous
permettent pas d'établir une relation entre le niveau de gravité
et les caractéristiques socioprofessionnelles, le type de
véhicule ou encore l'âge des victimes.
10 CHIRON M. et al., 2004. « Description et gravité
des lésions traumatiques selon les classifications AIS
1998 et IIS 1994».
58
Figure 9 : Niveau de gravité par rapport au cumul des
lésions
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.1.3. La durée d'hospitalisation des victimes
Les victimes hospitalisées sont les victimes qui ont
passé au moins une nuit dans un des services des urgences
traumatologiques. Parmi les victimes de notre échantillon, après
l'accueil, la consultation et les premiers soins, 158 d'entre elles, soit 15,9%
ont été hospitalisées (Cf. Figure 10). Ces
hospitalisations concernent beaucoup plus les hommes (81,9%) que les femmes
(18,10%).
Figure 10 : Situation de l'hospitalisation des victimes selon le
sexe
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
59
Les jeunes de 25-34 ans représentent la proportion la
plus importante, soit 37,3% des victimes hospitalisées (Cf. Figure 11).
Elle demeure relativement importante pour les classes d'âge de 35-49 et
18-24 ans, avec respectivement 21,5% et 19,6%. La prépondérance
des jeunes de 25 à 34 ans parmi les hospitalisations s'expliquerait
d'une part, par le fait qu'ils sont les plus représentatifs parmi les
victimes des accidents de la route. D'autre part, ce sont les jeunes qui
possèdent les moyens de transport les plus impliqués dans les
accidents à savoir les engins à deux roues motorisées et
adoptent les comportements les plus à risque. Les personnes
âgées étant moins impliquées dans les accidents de
la route, sont peu représentées dans les hospitalisations.
Figure 11 : Répartition des victimes hospitalisées
par classe d'âge
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.1.4. Le mode de prise en charge des victimes
La prise en charge des victimes des accidents de la route
concerne d'une part l'assistance des accompagnants mais également les
paiements de différents frais et examens médicaux. Le rôle
de l'accompagnant est primordial durant le séjour de la victime à
l'hôpital. Il est chargé d'obtenir les kits d'urgence et les
médicaments à ses propres frais ou avec l'aide des autres membres
de la famille. Sur l'effectif total de notre échantillon, la
majorité des victimes (81,7%) a été transportée aux
UT du CHU-YO par la BNSP. Le reste des victimes a été
emmené soit par leurs proches ou leurs amis, soit
référé par un CMA, un CSPS ou une structure privée.
Au niveau des
60
urgences, 83,9% des victimes ont été
accompagnées tandis que les 16,1% étaient sans accompagnants.
La prise en charge financière des examens, des
analyses médicales et des hospitalisations est assurée, pour la
plupart des victimes (84,1%), avec l'aide de la famille ou de l'entourage. Il
s'agit des parents ou tuteurs, des frères et soeurs, des amis, des
camarades ou collègues de travail et des autres membres de la
famille.
En outre, un nombre important de victimes (soit 22,7%),
payent les soins avec leur réserve personnelle. Cette situation est due
au fait que ces victimes n'ont pas d'accompagnants ou que leurs blessures sont
légères. La prise en charge par les assurances et les mutuelles
est faible (2%) et serait due non seulement à la faible proportion des
affiliés à ces structures mais aussi à la lourdeur
administrative au regard des modalités de souscription. Tous ces
paramètres associés limitent les prestations immédiates en
cas d'accident de la route. C'est également ce qui expliquerait le fait
que les interventions du service social de l'hôpital, des ONG et
associations en faveur des victimes demeurent très faibles (0,1%).
Certaines victimes des accidents qui reconnaissent leur culpabilité, ou
tout simplement des témoins solidaires, prennent parfois en charge les
premiers soins des victimes gravement blessées.
Une semaine après l'accident, l'aide de la famille et
de l'entourage demeure le principal mode de prise en charge financière
observé chez les victimes. Cependant, elle connait une baisse
significative, en passant de 84,1% à 55,8%. Au cours de la même
période, la proportion de la prise en charge par les réserves
personnelles des victimes a augmenté. En outre, l'appui des mutuelles et
assurances diminue légèrement (Cf. Figure 12).
Ces chiffres connaissent une nouvelle évolution trente
jours après l'accident. Ils augmentent dans l'ensemble mais de
façon disproportionnée. En effet, un mois après
l'accident, nous remarquons une hausse significative de la prise en charge
à l'aide des réserves personnelles de la victime qui passe de
25,7% à 48,5% (Cf. Figure 12). Par contre, la contribution de la famille
et de l'entourage a baissé. Dans la plupart de ces cas, cette
contribution se manifeste sous la forme d'une aide des membres de la famille,
des proches ou des amis. Mais, dans certaines situations, la victime elle-
61
même ou un membre de sa famille ou de son entourage
emprunte de l'argent (10% des cas) ou vend des biens pour la prise en
charge.
Figure 12 : Répartition des victimes selon l'origine des
financements des soins
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Ces chiffres montrent l'importance de la solidarité de
la famille et de l'entourage à l'endroit des victimes des accidents de
la route. En effet, d'une manière générale, 64,3% comptent
sur l'aide de leur famille et de l'entourage alors que 55,2% des victimes
enquêtées affirment que d'une manière
générale, elles prennent en charge leurs dépenses de soins
avec leurs économies personnelles.
4.1.5. Le mode de sortie de l'hôpital
La majorité des victimes de notre échantillon
(74,7%) est sortie des urgences de l'hôpital avec avis médical
tandis que 10,8% sont sorties contre avis médical. Les transferts des
urgences vers les autres services traumatologiques concernent 13,6% des
victimes. Une faible proportion des victimes s'est évadée des
urgences (Cf. Figure 13).
Les sorties contre l'avis du médecin s'expliqueraient
dans la majorité des cas par le manque de moyens financiers pour
supporter les prescriptions des soins. Dans
62
certains cas, les victimes ont des perceptions
différentes des traumatismes dont elles souffrent. Certaines victimes
enquêtées, qui souffrent de fractures refusent la position du
plâtre, préférant aller consulter les rebouteurs. Pourtant
ces sorties contre avis médical ont des répercussions sur les
systèmes de santé et les résultats des victimes. Les
victimes qui quittent l'hôpital sont susceptibles de revenir pour
reprendre les soins prescrits, car leur état peut s'aggraver. Certaines
victimes doivent se faire casser l'os pour réparer.
Figure 13 : Mode de sortie de l'hôpital
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Après leur sortie de l'hôpital, certaines
victimes ont été soumises à des traitements
post-hospitaliers. Les prescriptions concernent, dans la plupart des cas, les
médicaments, soit 79,56% des victimes. Ensuite, viennent les pansements
qui représentent 31,2%, les radiographies et les autres soins, 18,78% ;
les rééducations sont sous représentées avec 0,1%
des cas. 15,56% des victimes n'ont reçu aucune prescription de soins ;
il s'agit des individus avec des blessures légères ou qui sont
sortis contre avis médical. Presque toutes les victimes qui ont
reçu les prescriptions de soins (95,28%) ont pu effectivement les
réaliser. Une infime proportion (0,99%) les a réalisées
partiellement, tandis que 3,73% n'ont pu réaliser aucune prescription de
soins. Selon les victimes enquêtées, la principale raison pour
laquelle les soins n'ont pas été réalisés ou l'ont
été partiellement, est le manque de moyens financiers. Une autre
raison serait le fait que certaines victimes ou leurs accompagnants (3,7%) ne
sont pas d'accord avec les prescriptions faites par les agents de santé
au CHU-YO.
63
Après leur sortie de l'hôpital, 18,6% des
victimes sont retournées aux urgences traumatologiques soit à la
demande du médecin (pour 68,7%% des cas), soit à causes des
douleurs (6,5%). D'autres raisons telles que la réalisation des examens
ou des radiologies prescrites, expliquent ce retour des victimes à
l'hôpital (Cf. Figure 14). Par ailleurs, 41,3% des victimes sont
allées se soigner ailleurs et parmi celles-ci, 42,1% se sont
soignées dans les structures de soins publics (CSPS, les CM, CMA),
tandis que 30,4% des victimes se sont soignées chez les tradipraticiens
(rebouteurs). L'analyse des caractéristiques socioprofessionnelles de
ces dernières, montre qu'il s'agit essentiellement des employés
ou des ouvriers (29,6%) et des commerçants (20%). Une proportion
importante de ces victimes (86,4) bénéficie de l'aide de la
famille ou de l'entourage contre 38,4% pour les victimes qui se soignent avec
leurs réserves personnelles.
En outre, 20,9% des victimes se sont soignées en
clinique après leur sortie de l'hôpital. Cette catégorie de
victimes compte moins sur la famille et l'entourage que la
précédente, même si c'est la famille qui prend en charge
les soins dans la majorité des cas. En effet, 41,9% des victimes
enquêtées payent elles-mêmes leurs soins contre 74,4% qui
comptent sur l'aide familiale et l'entourage.
Figure 14 : Motifs de retour des victimes à
l'hôpital
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
64
4.1.6. Les itinéraires thérapeutiques
La notion d'itinéraire thérapeutique, selon
WEDRAOGO A. (2004), désigne les étapes permettant à la
victime d'accéder à la guérison, en ayant recours parfois
à plusieurs systèmes médicaux différents de
façon successive ou simultanée. Le choix de cet itinéraire
dépend de l'environnement social et spirituel en oeuvre dans la
société ou de l'environnement de vie du malade.
Nous avons relevé trois principaux itinéraires
thérapeutiques adoptés par les victimes de notre
échantillon. Ces itinéraires thérapeutiques sont
modelés suivant trois recours thérapeutiques :
? l'automédication au moyen de produits
pharmaceutiques ou traditionnel ou base de plantes médicinales ;
? la médecine traditionnelle qui se traduit par le
recours aux tradipraticiens ;
? la biomédecine qui est le recours à la
médecine moderne à travers la consultation médicale
à l'hôpital ou dans d'autres structures de soins
médicaux.
4.1.6.1. Le premier itinéraire thérapeutique
: la biomédecine
Ici l'itinéraire thérapeutique s'apparente au
recours thérapeutique. La biomédecine11, nouvelle
appellation de la médecine moderne, est l'itinéraire
thérapeutique le plus utilisé. Elle concerne près de 87%
des victimes. Une partie de ces victimes (soit 35,5%) a eu recours à la
consultation médicale dans les CSPS, ou dans les CMA, avant d'être
conduite au CHU-YO. Les élèves et les étudiants sont les
plus représentés dans cet itinéraire thérapeutique
(Cf. Figure 15). La majorité des prescriptions réalisées
concerne les médicaments et les pansements. Ce résultat serait
dû au fait que les blessures des victimes ne sont pas graves dans la
plupart des cas. C'est pourquoi les traitements réalisés se
limitent le plus souvent à l'achat des médicaments et à la
réalisation des pansements, soit à domicile, soit dans une
structure de santé proche.
11 La biomédecine est une science
médicale qui implique une approche biologique de la médecine
soutenue par une technologie de plus en plus sophistiquée
(FERRONI S., 2009)
65
Figure 15: Profession des victimes ayant opté pour la
biomédecine
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.1.6.2. Le deuxième itinéraire
thérapeutique : biomédecine-tradipraticien
Selon l'OMS, le tradipraticien est « une personne
reconnue par la collectivité dans laquelle elle vit, comme
compétente pour dispenser les soins de santé, grâce
à l'emploi de substances végétales, animales et
minérales, et d'autres méthodes, basées aussi bien sur les
fondements socioculturels et religieux, que sur les connaissances, les
comportements et les croyances liées au bien-être physique, mental
et social ainsi qu'aux causes des maladies prévalant dans la
collectivité » (RWANGABO P.C., 1993). Il existe plusieurs
catégories de tradipraticiens mais les plus fréquentés par
les victimes des accidents de la route sont les rebouteurs. Le rebouteur est
une personne réputée pour son habileté à remettre
en place un membre foulé, déboité ou démis.
Ce second itinéraire thérapeutique concerne
12,4% des victimes. La plupart de ces victimes suivent les prescriptions de
soins faites par les agents de santé mais refusent l'application d'un
plâtre, prétextant son coût élevé. Dès
leur sortie de l'hôpital, elles vont se soigner chez le rebouteur.
D'autres acceptent la position du plâtre mais elles vont l'enlever
après leur sortie pour pouvoir aller chez le rebouteur. Leur bilan
lésionnel montre qu'elles souffrent dans la majorité des cas de
fractures fermées sévères. Ce type d'itinéraire
thérapeutique concerne principalement les victimes du secteur informel,
c'est-à-dire les ouvriers, les employés et les commerçants
(Cf.
66
Tableau 5). Les victimes relevant du cadre supérieur ne
sont pas concernées par ce type d'itinéraire. Ce résultat
s'expliquerait par le fait que les victimes du secteur informel ne disposent
pas de moyens financiers qui leur permettent de suivre tous les traitements
médicaux jusqu'à la guérison.
Tableau 5 : Profession des victimes ayant
fréquenté les rebouteurs
Profession
|
Nombre
|
Proportion
|
Agriculteur/Cultivateur/Éleveur
|
3
|
2,40%
|
Commerçant, Commerçant
ambulant
|
24
|
19,50%
|
Cadre supérieur (médecin, pharmacien, avocat,
chef d'entreprise, etc.)
|
0
|
0,00%
|
Profession intermédiaire (instituteur,
secrétaire, fonctionnaire, etc.)
|
20
|
16,30%
|
Employé/Ouvrier (mécanicien, garagiste,
serveur, etc.)
|
37
|
30,10%
|
Service domestique (servante, chauffeur pour un particulier,
etc.)
|
7
|
5,70%
|
Élève, Étudiant
|
13
|
10,60%
|
Sans profession (ne travaille pas, ménagère,
etc.)
|
8
|
6,50%
|
Autre
|
14
|
11,40%
|
TOTAL
|
123
|
100,00%
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.1.6.3. Le troisième itinéraire
thérapeutique : tradipraticien-biomédecine-tradipraticien
Cet itinéraire thérapeutique concerne seulement
7 accidentés sur les 994, soit 0,7% de l'échantillon. Ces
victimes optent d'abord pour la médecine traditionnelle dès le
premier jour de leur accident. Lorsque cette première initiative
n'aboutit pas à la guérison ou lorsqu'il y a des complications,
elles vont en consultation médicale. Cependant, après la
consultation médicale et en l'espace d'une semaine, deux victimes sur
les sept sont retournées chez le rebouteur. Au bout de trente jours, une
victime de plus est retournée chez le rebouteur. Ces résultats
indiquent que les victimes ont recours à différents types des
traitements thérapeutiques. L'analyse des lésions subies par ces
victimes montre qu'elles sont en majorité des fractures fermées
(71,4%). La plupart de ces victimes sont des jeunes de 25 à 34 ans (4
67
personnes sur 7) chefs de ménage de sexe masculin (5/7)
avec un niveau d'instruction relevant du primaire. D'une part, le choix de cet
itinéraire thérapeutique témoignerait non seulement de la
confiance que les victimes accordent à la médecine traditionnelle
mais aussi de leur manque de moyens financiers pour poursuivre les soins
médicaux. D'autre part, les victimes qui optent pour ce type
d'itinéraire thérapeutique ne seraient pas conscientes de la
gravité de leurs blessures. La plupart des blessures ne pouvant
être décelées qu'avec les examens médicaux et
radiologiques.
L'analyse des résultats ci-dessus révèle
que le choix de l'itinéraire thérapeutique dépend des
caractéristiques socio-professionnelles des victimes, et par
conséquent de leur niveau de revenu, de la nature de leurs blessures et
de leur niveau de connaissance de la gravité des blessures. Le recours
aux rebouteurs est principalement dû au manque de moyens financiers pour
payer les soins médicaux.
4.2. Les conséquences des accidents de la route sur
les conditions de vie des
victimes
4.2.1. Les coûts économiques
Les coûts économiques des accidents de la route
regroupent, dans le cadre de notre étude, les coûts
associés à la victime et les coûts des dommages
matériels.
Les coûts des dommages matériels sont
représentés par les coûts de réparation ou d'achat
des véhicules endommagés suite aux accidents. La plupart des
victimes ont été confrontées à ces coûts
entre 7 et 30 jours après leur accident. En effet, 36% des victimes ont
heurté d'autres véhicules au moment de leur accident et 8,1% de
ces victimes ont eu à payer chacune en moyenne 18 905 francs CFA pour la
réparation de l'engin de la personne avec laquelle elles ont eu
l'accident. La plupart des victimes enquêtées, (60%)
étaient propriétaires de l'engin impliqué dans l'accident
et plus de la moitié de ces propriétaires, soit 59,8% ont fait
des réparations sur leur propre engin. Le coût moyen de la
réparation est estimé à 30 836 francs CFA par victime.
Enfin, seulement 1% des propriétaires des engins impliqués dans
l'accident a eu à acheter un autre véhicule deux roues avec un
coût d'achat moyen d'environ 919 167 francs CFA (Tableau 6).
68
Tableau 6 : Les coûts matériels de l'accident de la
route
Motif des dépenses
|
Coût moyen partiel (F/CFA)
|
Effectif Partiel
|
Effectif total considéré
|
Proportion
|
Réparation autre engin
|
18 905
|
29
|
358
|
8%
|
Réparation engin de la victime
|
30 836
|
358
|
597
|
60%
|
Achat d'un autre engin
|
919 167
|
6
|
597
|
1%
|
Coût moyen total
|
43 518
|
|
|
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Ainsi, le coût moyen matériel d'un accident de
la route avec dommage matériel est estimé à 43 518 francs
CFA. En considérant la somme des dépenses effectuées pour
les soins de la victime depuis la date de l'accident jusqu'à 30 jours et
le coût moyen matériel, le coût total d'un accident de la
route peut être estimé à environ 159 849 francs CFA (Cf.
Tableau 7).
Quant aux coûts associés à la victime,
ils sont constitués par l'ensemble des dépenses liées aux
soins des victimes et les frais d'hospitalisation. Ces coûts liés
aux soins comprennent le coût des kits et des médicaments, les
frais des examens et des analyses médicales, le coût des
interventions chirurgicales. D'autres dépenses sont associées
à ces coûts, notamment, les frais de restauration des victimes et
de leurs accompagnants à l'hôpital, les frais de transport des
victimes pour se rendre à leurs domiciles à la sortie de
l'hôpital ou pour les soins ambulatoires. Les données de
l'enquête nous permettent d'estimer au bout de 7 jours, le coût
moyen de la prise en charge médicale d'une victime d'accident de la
route à environ 68 854 francs CFA. Les victimes ont
réalisé des traitements complémentaires entre 7 jours et
30 jours après leur accident ; elles ont dépensé en
moyenne 47 477 francs CFA de plus. Ainsi, le coût total des soins durant
les 30 premiers jours après l'accident est en moyenne de 116 331 francs
CFA par victime (Tableau 7).
69
Tableau 7 : Répartition des coûts liés
à l'accident (en F/CFA)
Sept jours
|
Trente jours
|
Total
|
Coût des soins
|
68 854 F
|
47 477 F
|
116 331 F
|
Coût matériel
|
|
43 518 F
|
43 518 F
|
Total
|
68 854
|
90 995 F
|
159 849 F
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Ce coût moyen total de l'accident de la route (159
849F) est largement au dessus des dépenses mensuelles des ménages
de la majorité des victimes de notre échantillon, estimées
en moyenne à 54 500 francs CFA. Au regard de ces résultats, il
ressort que la plupart des victimes sont incapables de payer la prise en charge
de leurs soins et de faire les réparations de leurs engins.
Ces chiffres demeurent sous-estimés car toutes les
victimes n'ont pas pu donner leurs dépenses. En effet, 65,2% des
victimes ont pu répondre à la question sur les dépenses
totales effectuées pour leurs soins à l'enquête 7 jours.
Les réponses à la même question 30 jours après
l'accident, représentent 49,5% des enquêtés.
4.2.2. La perte de la productivité
Les résultats de l'enquête montrent que les
accidents de la route ont une influence négative sur l'activité
professionnelle des victimes. En effet, une partie importante des victimes
(soit 34,8%), a arrêté leur travail durant au moins un mois en
raison de leur accident (Cf. Tableau 7). Les employés et les ouvriers
sont les plus représentés parmi ces victimes, avec une proportion
de 40,20%. Ils sont suivis par les commerçants avec 17,1%. L'arrêt
de travail a une répercussion plus importante pour ces deux
catégories socioprofessionnelles, car ces victimes relèvent du
secteur informel et leurs revenus dépendent fortement de leur travail
quotidien.
70
Tableau 8 : Profession des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident
Caractéristique socio-professionnelle
|
Nombre
|
Proportion
|
Agriculteur/Cultivateur/Éleveur
|
9
|
2,60%
|
Commerçant, Commerçant
ambulant
|
59
|
17,10%
|
Cadre supérieur (médecin, pharmacien, avocat, ,
etc.)
|
0
|
0,00%
|
Profession intermédiaire (instituteur,
secrétaire, fonctionnaire)
|
55
|
15,90%
|
Employé/Ouvrier (mécanicien, garagiste,
serveur, etc.)
|
139
|
40,20%
|
Service domestique (servante, chauffeur pour un particulier)
|
9
|
2,60%
|
Force armée
|
8
|
2,30%
|
Élève, Étudiant
|
45
|
13,00%
|
Autre
|
22
|
6,40%
|
TOTAL
|
346
|
100%
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Par conséquent, leur arrêt de travail
entraîne, le plus souvent, une rupture de la production des services et
des revenus, dont la durée dépend du niveau de gravité des
blessures. Dans la plupart des cas, les victimes qui ont arrêté
leur travail sont des chefs de ménages (Cf. Figure 16).
Figure 16 : Rôle des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
Les revenus des ménages étant essentiellement
basés sur le travail quotidien des chefs de ménage, leur absence
sur la structure productive implique une désorganisation de la situation
économique et sociale de ces ménages. Les conséquences
sont accrues, car, les données de l'enquête 7 jours montrent que
dans la majorité des cas (74,3%), au moins un membre de la famille ou de
l'entourage à arrêté son travail pour s'occuper de la
victime. Un mois après l'accident, ce chiffre est en baisse (Cf. Figure
17). Cette situation a un impact sur le niveau de vie des victimes et de leurs
familles, car l'insertion des individus sur le marché de l'emploi serait
un important indicateur de niveau de vie.
Figure 17 : Proportion des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident
71
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015 4.2.3. Les conséquences sur la
santé des victimes
4.2.3.1. L'état général de
santé des victimes
Plus de trois quarts des victimes enquêtées
(78,4%) estiment qu'avant leur accident elles étaient en bon état
de santé ; 12,5% pensent que leur état de santé
était excellent tandis que 8,8% des victimes affirment qu'elles
étaient malades avant la survenue de leur accident (Cf. Figure 18). Une
faible proportion (0,4%) des victimes n'a pas pu apprécier son
état de santé avant l'accident ; soit par méconnaissance,
soit par manque de diagnostic.
72
Un mois après la survenue de l'accident,
l'enquête révèle que la proportion des victimes qui se
déclarent en bonne santé est de 64,6%, soit une baisse de 13,8%.
Il y a également une baisse de la proportion des victimes qui se
déclarent avoir un état de santé excellent (7,3% contre
12,5%) et des victimes se déclarant être en mauvais état de
santé (0,6% contre 8,8%). En outre, une partie non négligeable
(27,5%) des victimes est en période de convalescence.
Figure 18 : État général de santé
des victimes
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.2.3.2. Les conséquences sur l'état
physique des victimes
Les conséquences des accidents de la route sur
l'état physique des victimes se traduisent, à 7 jours, par la
paralysie (15,1%) qui affecte plus les membres inférieurs (71,3%) que
les membres supérieurs (18%).
Les accidents de la route provoquent à la fois des
incapacités fonctionnelles et mentales dans la vie quotidienne des
victimes. En effet, la majorité des victimes (23,3%) déclarent
qu'elles ont des difficultés pour dormir. Les autres problèmes
sont entre autres, les vertiges, les difficultés de concentration, les
problèmes de vue. En outre, une semaine après la survenue de
leurs accidents, la plupart des victimes, soit 56%, ont besoin d'être
assistées pour pouvoir se lever, pour marcher ou pour faire les autres
besoins quotidiens. Une proportion importante des victimes (39,5%) est
incapable de se laver sans l'aide de quelqu'un ; certaines victimes (35,5%) ont
également besoin que quelqu'un les aide pour s'habiller. Un mois
après l'accident, ces
73
chiffres sont en baisse, mais demeurent significatifs, car
plusieurs mois après l'accident, les victimes souffrent toujours de
séquelles (Cf. Tableau 9).
Tableau 9 : Évolution de la proportion des handicaps
à 7 et 30 jours en %
|
7 jours
|
30 jours
|
Handicap fonctionnel :
|
|
|
Du mal à respirer
|
2
|
2
|
Parties du corps engourdies
|
16
|
9,2
|
De fréquents maux de tête
|
17,5
|
9,6
|
Handicap mental :
|
|
|
Du mal à entendre
|
0,6
|
1,6
|
Du mal à voir
|
1,7
|
2,6
|
Des vertiges
|
7,3
|
6,9
|
Du mal à vous concentrer
|
4,7
|
5,1
|
Des difficultés pour dormir
|
23,3
|
15,5
|
Incapacité :
|
|
|
Pour s'habiller
|
35,5
|
13,7
|
Pour se laver
|
39,5
|
19,1
|
Pour se déplacer
|
28,2
|
12,9
|
|
Source : Enquêtes traumatologiques,
février-septembre 2015
4.2.4. Les limites de l'étude
La portée de notre analyse reste limitée par
l'insuffisance des données dont nous disposons. En effet, le
caractère transversal du projet dans lequel s'inscrit notre
étude, ne nous a pas permis d'avoir suffisamment de données sur
le niveau de vie et de pauvreté des victimes. L'insuffisance des
données sur la durée de l'hospitalisation, les revenus des
victimes, l'arrêt de travail, les indemnités de réparation
des préjudices consécutifs à l'accident et la durée
de suivi très courte, constituent des limites pour le calcul des
coûts de l'accident.
Néanmoins, les résultats obtenus nous ont
permis d'identifier les populations les plus vulnérables sur les plans
socio-économiques et d'estimer le coût moyen général
de l'accident de la route. Ces résultats constituent une base riche en
données à laquelle peuvent se référer d'autres
auteurs.
74
Conclusion partielle
L'analyse des données montre que les accidents de la
route touchent dans la plupart des cas, les jeunes adultes de 25 à 34
ans. Ces derniers se déplacent le plus souvent à motos et
habitent dans les secteurs périphériques de la ville de
Ouagadougou. En outre, les victimes sont essentiellement des ouvriers, des
employés et des commerçants avec un niveau scolaire correspondant
au secondaire. De plus, la plupart des victimes estiment leurs dépenses
mensuelles pour les besoins de base à 54 500 francs CFA en moyenne. Les
usagers des deux roues souffrent de multiples lésions, mais il s'agit
essentiellement des lésions mineures.
En fonction des recours thérapeutiques des victimes,
nous avons identifié trois itinéraires thérapeutiques. La
biomédecine qui est le premier itinéraire thérapeutique
est la plus pratiquée. Le second itinéraire est
caractérisé par les recours Biomédecine ? tradipraticien.
Le troisième itinéraire thérapeutique qui consiste aux
recours tradipraticien ? consultation médicale ? tradipraticien, est le
moins utilisé par les victimes. Outre les pertes productives
engendrées par l'arrêt de travail, les victimes souffrent de
handicaps physique et psychologique. Le coût économique des
accidents de la route est estimé par les victimes à 159 849
francs CFA en moyenne.
75
CONCLUSION GÉNÉRALE
Lorsque les accidents de la route ne sont pas mortels, ils
ont de nombreuses répercussions sociales et économiques. Notre
travail de recherche vise à déterminer les
caractéristiques sociodémographiques et économiques des
victimes, à identifier les facteurs qui influencent le processus de leur
prise en charge et à analyser les conséquences de l'accident sur
leurs conditions de vie ainsi que celle de leur entourage.
Cette étude descriptive portant sur 994
accidentés de la route reçus au Centre Hospitalier Universitaire
Yalgado Ouédraogo, a permis de montrer que les victimes des accidents de
la route sont de diverses situations socioprofessionnelles. Sur le plan
démographique, l'étude révèle une
prédominance des hommes par rapport aux femmes tandis que les jeunes
adultes de 25-34 ans ont été les plus touchés. La plupart
des victimes ont un niveau d'instruction équivalant au secondaire. Les
usagers des véhicules deux roues motorisées constituent la
proportion des victimes la plus importante. La majorité des
enquêtés habitent dans les quartiers périphériques
de la ville de Ouagadougou, caractérisés par les conditions de
vie précaires et la pauvreté. Sur le plan matrimonial, les
célibataires sont les plus représentés parmi les victimes.
L'analyse de la situation professionnelle des victimes a
révélé qu'il s'agit essentiellement des employés du
secteur informel. En outre, environ deux victimes sur cinq se déclarent
chefs de ménage et prennent en charge cinq personnes en moyenne. Les
dépenses mensuelles des ménages de la plupart des victimes sont
estimées à environ 54 500 francs CFA.
Le bilan sanitaire montre que les jeunes adultes de 25-34 ans
souffrent le plus de multiples lésions mineures. Les types de
lésions dominantes sont des lésions traumatologiques
superficielles, les plaies ouvertes et les fractures fermées. Le taux
d'hospitalisation augmente de 16 à 27% entre 7 jours et 30 jours et
concerne généralement les jeunes adultes. Au regard de ces
résultats, notre première hypothèse selon laquelle, les
victimes sont plus vulnérables par leur situation
sociodémographique et économique, est confirmée.
La plupart des victimes admises au CHU-YO ont
été accompagnées par un membre de la famille ou un proche.
Dans la majorité des cas, les dépenses réalisées
pour les soins des victimes sont assurées par les familles et
l'entourage et parfois par les victimes elles-mêmes. Les recours
thérapeutiques des victimes nous ont permis
76
d'identifier trois itinéraires thérapeutiques.
Le premier itinéraire thérapeutique, caractérisé
par les recours à la biomédecine, est le plus utilisé avec
plus de 80% des victimes, en majorité des élèves et des
étudiants. Le deuxième itinéraire, Biomédecine -
tradipraticien, vient en seconde position parmi les choix thérapeutiques
des victimes et concerne surtout les employés/ouvriers et les
commerçants. Quant au troisième itinéraire
thérapeutique qui consiste au recours tradipraticien -
Biomédecine - tradipraticien, il est le moins utilisé par les
victimes. Ainsi, la deuxième hypothèse qui stipule que les plus
pauvres qui ne bénéficient pas d'une protection sociale sont
incapables de payer leurs soins hospitaliers est partiellement
confirmée. Car, le choix de l'itinéraire thérapeutique
dépend non seulement des caractéristiques socioprofessionnelles
des victimes et par conséquent du niveau de revenu, mais
également du niveau d'instruction et de la méconnaissance du
degré de gravité des lésions. Les employés du
secteur informel ne disposent pas suffisamment de ressources pour suivre tous
les traitements et ils ne bénéficient pas non plus d'une
protection sociale.
Le coût moyen de la prise en charge des soins d'une
victime d'un accident de la route, 7 jours après l'accident, est de 68
854 francs CFA. Pour les victimes qui ont eu à faire des traitements
complémentaires, le coût supplémentaire des soins 30 jours
après l'accident s'élève en moyenne à 43 518 francs
CFA, soit un coût moyen de soins estimé à 116 331 francs
CFA. Les victimes estiment leurs dépenses matérielles 30 jours en
moyenne à 43 518 francs CFA, soit un coût total de 159 549 francs
CFA. Au regard des dépenses mensuelles des ménages, il ressort
que les coûts occasionnés par les accidents de la route
constituent une lourde charge non seulement pour les victimes mais aussi pour
leurs familles et l'entourage. Car, en plus des paralysies et des
incapacités dont ils sont responsables, les accidents de la route
créent dans certains cas une dépendance des victimes
vis-à-vis des membres de la famille ou de l'entourage. Ceux-ci doivent
le plus souvent arrêter leur travail pour s'occuper des victimes. Cette
situation modifie les habitudes quotidiennes des victimes, tout en contribuant
à la baisse des revenus des ménages et par conséquent du
niveau de vie. Ainsi, notre troisième hypothèse selon laquelle,
les accidents de la route constituent un facteur de dégradation des
conditions de vie des victimes et de leur entourage est
vérifiée.
77
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viii
ix
Annexe I : Extrait du questionnaire Entrée
X
Annexe II : Extrait du questionnaire 7 jours
5. L'enquêté donne-t-il sen
cansentemesttpour la recherche ?
D 1. Oui 0 2. Non
Terminer le questionnaire si Accord
='Non"
6. Qui a répondu au questionnaire ?
o 1. Victime de l'accident 0 2. Conjoint/Conjointe
q 3. Père/Mère 0 4. Frere/Saur
q 5. Ami 6. Autre lien
15. Quelle langue saves-vous lire ?
q 1. Le français
m 2. La langue parlée
q 3. Le français et la langue parlée
q 4. Aucune langue
q S. Ne veut pas répondre
Vouspouvec cacher plusieurs cases (3 au
maximum).
10. Quelle est la dernière classe que vous aven
fréquentée ?
q 1. Aucun
q 2.CP1
m 3.CP2
q 4.CE1
Q 5. CE2
q 6. CM1
q 7. CM?
Q S. Collège
q 9. Lycée
q 111. Université/Ecole supérieure
D 11. Ne veut pas répondre
17. En général, commentpapez-vous vos soins
?
q 1. Avec vos économies
q 2. Avec laide de votre famille
m 3. Avec une assurance maladie 0 4. Avec une
mutuelle
q 5. Avec une carte pour bénéficier de soins
gratuits
q 6. Autre
m 7. Ne veut pas répondre Tous poilue; cocher
plusieurs cases. La réponse est obligataire.
2015 - IRD - CRCHUM - CNRST - AGIR
1. Numéro Identifiant
|
2.
|
3.
|
4.
|
La réponse est obligatoire.
|
|
|
|
5. Date d'appel
|
6.
|
7.
|
8.
|
|
3. Heure du début de l' eutr etien (heure à
la quelle MAIS commencez à échanger avec
l'enquêté)
4. La victime est-elle
décédée?
m 1 Oui O No::
Caractéristiques s ocio-démo graphique
s
7. Quel est nitre fige?
S. Vous êtes:
m 1 Un homme D 2 Une femme
9. Quelle est votre situation matrimoniale ?
m 1. Célibataire 0 2.
Mané(e)
q 3. En couple (Union libre) 4. Veuf(ve)
q 5. Sep are(e)/Divorce(e) Q 6. Ne veut pas
répondre
10. Hes-vous le chef de farnine ?
m 1. Oui 0 2. Non Q
3. Ne veut pas répondre Aller ü 12-A MENAGE
_PERM' si A IMISNAGS CHEF = 'Non"
11, Combien de per sonnes avez-vous à votre charge
(per sonnes vivent dans votre logement)?
La question n estpertinente que si A IftiliAGE CHEF
='Oui"
12. Si non, vivez-vous de manière permanente
(toutle temps) huts ce ménage ?
C) 1. Oui 2. Non 0 3. Ne veut pas
répondre La question n estpertinente que si A
MSNAGS CHEF = "Non"
13. Dans quel quartier habitez-vous ?
14. Quelle est votre religion?
q 1. Musulman 0 2_ Chrétien
q 3. Animiste D 4. Non croyant
q 5. Autre D 6. Ne veut pas répondre
Vouspouvec cocherplusieurs eases (2 au
maximum).
k
Perception et satisfaction de la plis e en
chargea conununication'Lûorination
18. Lu sque vous avez
été admis à l'hôpital vous-a-t m dit ce que
vous aviez ?
Q i. Oui 0 2. Non 3. Novent pas
répondre
19. Vous a-t-on explique les prescriptions des
sains?
Q 1. Oui Q 2. Non Q 3. Ne sait pas
Q 4. Ne veut pas répondre
Aller ù 22-I SATIS SCOUTE' si I INFO PRESCR7
='Non" ou I_INFO_PRESCRI = '2 e sait
pas"
xi
20. Fiiez-vous d'accid?
q 1. Oui D 2. Non
q 3. Sans opinion 0 4. Ne sait pas
o S. Ne veut pas répondre
La question n'est pertinente que si I INFO PRESCRI
='Oui"
xii
xiii
Annexe III : Extrait du questionnaire 30 jours
xiv
xv
Annexe VI : Liste des figures
Figure 1 : Répartition des victimes selon l'âge
et le sexe (en %) 47
Figure 2 : Répartition des victimes selon la situation
matrimoniale 47
Figure 3 : Répartition des victimes selon le niveau
d'instruction 48
Figure 4 : Répartition des victimes en fonction de leur
profession 51
Figure 5 : Répartition des victimes par
catégories d'usager 52
Figure 6 : Répartition du nombre de personnes à
charge selon la situation
matrimoniale des victimes 53
Figure 7 : Répartition des victimes en fonction des
dépenses mensuelles 54
Figure 8 : Répartition du cumul des lésion des
victimes en fonction de l'âge 57
Figure 9 : Niveau de gravité par rapport au cumul des
lésions 58
Figure 10 : Situation de l'hospitalisation des victimes selon
le sexe 58
Figure 11 : Répartition des victimes
hospitalisées par classe d'âge 59
Figure 12 : Répartition des victimes selon l'origine
des financements des soins 61
Figure 13 : Mode de sortie de l'hôpital 62
Figure 14 : Motifs de retour des victimes à
l'hôpital 63
Figure 15: Profession des victimes ayant opté pour la
biomédecine 65
Figure 16 : Rôle des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident 70
Figure 17 : Proportion des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident 71
Figure 18 : État général de santé
des victimes 72
Annexe VII : Liste des tableaux
Tableau 1 : Grille conceptuelle 39
Tableau 2 : Effectifs des enquêtés selon les
étapes et taille de l'échantillon 42
Tableau 3 : Répartition des victimes selon l'heure de
l'accident 51
Tableau 4 : Répartition des lésions par victimes
selon le mode de transport utilisé 56
Tableau 5 : Profession des victimes ayant
fréquenté les rebouteurs 66
Tableau 6 : Les coûts matériels de l'accident de
la route 68
xvi
Tableau 7 : Répartition des coûts liés
à l'accident (en F/CFA) 69
Tableau 8 : Profession des victimes ayant arrêté
leur travail en raison de l'accident 70
Tableau 9 : Évolution de la proportion des handicaps
à 7 et 30 jours en % 73
Annexe VIII : Liste des cartes
Carte 1 : Découpage administratif de ouagadougou 26
Carte 2 : Situation géographique de ouagadougou et ses
structures de soins 27
Carte 3 : Répartition des accidents de la route par
région en 2014 31
Carte 4 : Secteur d'origine des victimes 50
Carte 5 : Secteur de survenue des accidents 50
|