SECTION 2. LES PRATIQUES
ET LES STRATEGIES DES INTERACTIONS
2.1 LES PRATIQUES
Les pratiques que nous allons présenter ici sont
issues de l'observation et des entretiens effectués avec les agents de
la Police de l'ordre public lors du contrôle policier. Il s'agit, entre
autres de : la pratique de rapport, la
pratique « kifwakiyo » ou ballai le et de la
pratque « mayi ya sika » ou nouveau.
2.1.1. La pratique du Rapport
Le rapport dans ce contexte n'a pas le même sens que le
rapport ordinaire. Il s'agit d'une somme d'argent que les jeunes vendeurs
remettent auprès des agents de la police de l'ordre public. Cette somme
n'a pas de signification légale, c'est une aide que les jeunes vendeurs
leur font pour qu'ils les laissent faire bien leur travail.
L'argent à leur donner dépend de la
quantité ou la nature des marchandises. Quand il s'agit d'une petite
quantité des marchandises, il faut leur remettre 2000Fc. Mais quand
c'est une grande quantité de la marchandise, il faut donner 3000Fc.
Sur ce point le brigadier Mamadou nous explique :
« Vous savez comment nous vivons dans ce pays,
le salaire que nous recevons est vraiment insuffisant. 80 % de nos besoins ne
sont pas satisfaits. Et dans ces conditions, nous ne savons pas faire notre
travail comme il se doit. Rester debout toute la journée sous le Soleil
n'est pas chose facile. D'où nous avons instauré ce petit
« rapport » que nous prenons de la part de jeunes
vendeurs afin de combler ce vide. En soit, ce n'est pas une obligation. Les
jeunes vendeurs se sont rendu compte que le travail que nous effectuons est
vraiment dur. Et Ils ont décidé de faire cela».
Cet acteur présente le rapport comme une aide pour
pallier à l'insuffisance du salaire mensuelle. Ainsi donc, la pratique
rapport devient quelque chose d'indispensable pour les éléments
de la Police de l'ordre public. Et à la longue, ils ont fini par
l'imposer à tous les jeunes vendeurs. Le « rapport »
est ainsi passé de l'aide à une taxe officielle que ces
éléments perçoivent auprès des jeunes vendeurs. Il
est perçu quotidiennement.
Cependant, la perception de cette taxe pose des
problèmes. Il y a des jeunes vendeurs qui ne veulent plus payer et
montent des mécanismes de contournement.
Le brigadier Rambo nous en parle :
« Bon ! Ce n'est pas facile avec les
nouveaux jeunes vendeurs pour payer le « rapport ».Ils
sont s têtus et ne veulent plus s'exécuter comme leurs anciens
confrères. Ainsi, ils font le malin en changeant parfois
d'itinéraire ou de ligne. Nous aussi, de notre part nous savons comment
les avoir. Ici à Lubumbashi, tous doivent passer par le centre-ville .
Et nous les arrêtons. Nous leur faisons payer le double de ce qu'ils ne
voulaient pas payer».
Lieutenant Machocho renchérit en disant :
« Ce qui est vrai, c'est que la police de
l'ordre public et les jeunes vendeurs doivent vivre dans le partenariat.
Personne ne peut vivre indépendamment de l'autre. C'est le manque de
courtoisie de la part des jeunes vendeurs qui font fâcher les
éléments de la Police de l'ordre public .
Le « rapport » n'est pas reconnu par l'Etat. Et en
principe,on ne doit pas l'imposer. S'il y a des problèmes, c'est parce
qu'il y a de l'incompréhension de deux
côtés ».
Ici, le rapport est comme une somme d'argent perçue
indument par les agents de la police auprès des jeunes vendeurs et le
manque de courtoisie dans le langage qui crée ainsi les
mésententes et le manque de confiance entre les agents de la police et
les jeunes vendeurs .
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