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La contribution de l'énergie solaire au développement local dans la commune de Ngwei (département de la Sanaga-maritime)


par Samuel BOM
Universite de Yaoundé I  - Master 2022
  

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VI- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Au regard de nos questions et de nos hypothèses de recherche nous avons défini un (01) objectif principal et quatre (04) objectifs de secondaires.

1- L'objectif principal

La présente réflexion vise principalement à démontrer que le projet d'électrification rurale par énergie solaire participe au rayonnement socioéconomique des villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé.

2- Les objectifs spécifiques

O-S- 1 : Il vise à présenter les différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du projet d'énergie solaire.

O-S-2 : Cet objectif vise à comprendre et à expliquer les logiques d'actions des divers intervenant au de ce projet.

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O-S-3 : Le troisième objectif a pour but de connaitre les avis des populations des villages de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé autour du projet dans leurs localités.

O-S-4 Son objectif est de présenter les atouts des énergies solaires dans les localités de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé.

VII- METHODOLOGIE

Dans le cadre de notre recherche, nous avons mobilisé trois modèles théoriques. Il s'agit de la théorie du conflit social, la théorie de la sociologie dynamiste et critique et la théorie de la durabilité faible. Par ailleurs, trois principaux outils de collecte de données à savoir : l'observation directe structurée, l'entretien semi directif et le questionnaire ont été manipulés. 1- Approche théorique

Pour P. ANSART (1990 :56), le cadre théorique permet au chercheur de préciser son « réseau d'influence ou d'appartenance ». Dans le cadre de notre recherche, trois modèles théoriques ont été mobilisés pour comprendre les enjeux autour du projet d'énergie solaire dans l'arrondissement de Ngwei. Il s'agit d'abord de la théorie du conflit social, ensuite la théorie sociologique dynamiste et critique et enfin, la théorie de la durabilité faible.

1-1 La théorie du conflit social

Les premiers travaux en anthropologie qui ont abordé la réalité sociale par le biais des conflits sont ceux de l'école de Manchester au début des années 19508. Cependant les usages qui ont été faits de la notion de conflit restent ambigus, et renvoient au moins à trois niveaux différents d'analyse.

Dans la perspective empire, les conflits sont inhérents à toutes les sociétés. Cette idée est le leitmotiv de l'oeuvre de M. GLUCKMAN (1956), le fondateur de l'école de Manchester, et dans celle de ses disciples9. Pour M. GLUCKMAN, les conflits sont l'expression de contradictions structurelles. Autrement dit les sociétés, aussi petites soient-elles, et aussi dépourvues soient-elles de formes institutionnalisées de gouvernement, sont divisées et clivées par des conflits. Ces divisions et ces clivages sont l'expression des coutumes, c'est-à-dire des normes, des règles morales, des conventions (on pourrait aussi dire des codes culturels). Ensuite, les conflits expriment donc des intérêts différents liés à des positions sociales différentes et sont culturellement structurés. Enfin, un postulat fonctionnaliste : pour les

8 La notion de conflit était déjà au coeur du paradigme marxiste. Mais divers auteurs extérieurs à cette tradition ont mis en évidence l'importance des conflits, comme Dahrendorf (1959), en macro sociologie, ou Crozier (1964) en sociologie des organisations.

9 Le conflit est déjà un thème d'un des premiers ouvrages de Gluckman (1940), mais prend plus d'importance dans des publications ultérieures comme : Custom and conflict in Africa (Gluckman, 1956).

10 Le darwinisme social, est un terme englobant qui désigne toute doctrine ou théorie prétendant pouvoir appliquer la théorie évolutionniste aux sociétés humaines.

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fonctionnalistes, les conflits, qui semblent vouer les sociétés à l'émiettement ou à l'anarchie, concourent au contraire à la reproduction sociale et au renforcement en dernière analyse de la cohésion sociale : ils permettent de maintenir le lien social.

En sociologie, la théorie du conflit social apparait en 1908 dans l'ouvrage de SIMMEL intitulé Soziologie. Dans cet ouvrage, il met en exergue les acquis de son étude sur la grande ville et assimile la société à un organisme et le conflit à la maladie : tout comme l'organisme fait sa maladie pour guérir, la société se donne ses conflits pour pouvoir exister. Pour G. SIMMEL, le conflit vise le rétablissement de l'état d'équilibre de la société, il permet la résolution des tensions entre les classes sociales. Il soutient la thèse selon laquelle, le conflit est un facteur d'équilibre sans lequel la société ne serait même pas envisageable et met en évidence le rapport positif des conflits dans la vie sociale. Loin d'être un dysfonctionnement, le conflit fait partie intégrante de la société et contribue activement à la reproduction des rapports sociaux. En d'autres termes, le conflit défait et tisse les liens entre les individus. Sur le même ordre d'idées, le darwinisme social10 soutient que la lutte pour la vie entre humains est l'état naturel des relations sociales et que les conflits sont aussi la source fondamentale du progrès et de l'amélioration de l'être humain et donc, de la société. La théorie du conflit social postule que la société ou l'organisation fonctionne de manière antagoniste du fait que chaque participant et ses groupes d'individus luttent pour maximiser leurs avantages. Celui-ci contribue aux changements sociaux comme les évolutions politiques ou les révolutions. Cette théorie est utilisée pour expliquer le conflit entre les classes sociales, notamment entre le prolétariat et la bourgeoisie. L'essence de la théorie du conflit est mieux résumée par la structure de la pyramide classique dans ce sens où une élite dicte sa manière de penser aux masses plus grandes. Selon cette théorie, les normes et les valeurs sont conçues pour soutenir ceux qui ont la puissance, ou les groupes qui sont perçus pour être supérieurs dans la société. La théorie du conflit social cherche à cataloguer les manières dont ceux qui ont de la puissance travaillent pour rester dans la puissance.

Cette théorie prend en compte deux concepts pour expliquer la réalité sociale à savoir « l'acteur » et « l'arène ». M. LUSSAULT (2009 : 137) considère l'acteur comme « pourvu d'une intériorité subjective, d'une intentionnalité, d'une capacité stratégique autonome et d'une compétence énonciative ». L'arène selon F.G BAILEY (1969) renvoie à l'espace social où prennent place des confrontations et affrontements. À ce titre, l'arène évoque à la fois, chez les acteurs eux-mêmes, une échelle plus restreinte et une conscience plus claire des affrontements.

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Au sens où nous l'entendons, l'arène est un lieu de confrontations concrètes d'acteurs sociaux en interactions autour d'enjeux communs. Pour JP Olivier de SARDAN (1998), un projet de développement est une arène et le pouvoir villageois est un acteur. De manière opérationnelle, ces deux concepts (acteur et arène) sont en interrelation. En effet, les acteurs se mobilisent et se déploient au sein de l'arène en fonction de leurs intérêts.

La théorie du conflit social que nous avons mobilisé dans le cadre de ce travail nous a particulièrement semblé pertinente dans la mesure où elle nous a permis de saisir les luttes d'intérêts qui opposent les différents acteurs locaux impliqués dans le cadre de la mise en oeuvre du projet d'électrification par énergie solaire. En réalité, les élites locales s'opposent les unes aux autres parce qu'elles souhaitent non seulement voir leur localité éclairée mais aussi pour des intérêts économiques. Il s'agit des élites qui s'investissent dans la production d'huile de palme. Bénéficier de ce projet aurait donc un impact sur la production des huileries locales. 1-2 La théorie de la sociologie dynamiste et critique

La théorie dynamiste et critique est une théorie qui émerge au cours des années soixante ayant pour des pères fondateurs : G. BALANDIER. Elle nait dans un contexte de critique contre le structuralisme génétique et ethnologique11 qui traitent certaines sociétés comme étant perpétuellement fixes, établies dans un perpétuel présent. Il s'agit de restituer à ces types de sociétés une dynamique permanente. La société est définie par le model des figures qui marquent une coupure par rapport aux représentations classiques. Ce sont des agencements vulnérables et problématiques des systèmes de relations réjouissants l'activité collective, l'ordre et le désordre y sont ensemble. La sociologie dynamiste et critique met au centre de sa réflexion l'étude des changements, des mutations, des mouvements sociaux, du devenir des sociétés. Par ailleurs, la théorie de la sociologie dynamiste recommande au chercheur en général et au sociologue en particulier d'être investi d'une attitude critique en rupture avec les catégories de l'ordre social.

Pour G. BALANDIER (1971), les sociétés humaines sont construites par une double dynamique à savoir les « dynamiques du dedans » qui correspondent aux facteurs endogènes et les « dynamiques du dehors » qui sont les influences exogènes du changement social. Pour ce dernier, le chercheur doit tenir compte de trois facteurs pour étudier les sociétés : premièrement,

11 Le structuralisme génétique est une forme particulière de structuralisme qui se distingue par sa prise en compte de la dimension diachronique (historique) et son intérêt pour la formation (« genèse ») et l'évolution des structures étudiées. Il s'identifie largement à l'oeuvre de Jean PIAGET et de Lucien GOLDMANN qui en furent les initiateurs dans les années 1950 en épistémologie, ainsi qu'à l'oeuvre de Pierre BOURDIEU qui en reprit et modifia le concept en sociologie à partir des années 1970. Chez PIAGET et GOLDMANN, le structuralisme génétique est synonyme d'épistémologie génétique, tandis qu'il s'identifie plus tard chez BOURDIEU au structuralisme constructiviste.

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les sociétés inscrites dans la dépendance sont affectées par leurs rapports avec les sociétés qui leur sont externes et cela au niveau de leurs structures sociales, politique, culturelles et économique. Deuxièmement, ces sociétés doivent par conséquent être analysées après repérage des « dynamique du dedans » et les « dynamismes du dehors ». Troisièmement, le chercheur doit tenir compte des interrelations entre ces dynamiques.

Par ailleurs, il s'intéresse au phénomène de production et de reproduction d'une société ; pour lui la société se produit continuellement dans la mesure où chaque individu est un acteur social qui contribue au changement de la société. D'après l'auteur, l'objet de la sociologie dynamiste et critique est de démasquer ce qui est caché dans les faits sociaux pour étudier les sociétés humaines en profondeur. En outre, il s'agit de présenter des réalités, « officielles et officieuses » car les sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent être.

L'objectif des interventions de développement est d'apporter des changements sur des plans prédéfinis, il peut être social, économique ou politique. Dans une vision techniciste, où les sociétés sont relativement figées, et où c'est le changement technique qui induit le changement social : le développement coïncide avec l'intervention. Pour ELWERT et BIERSCHENK (1988 : 99), « un projet de développement est une intervention dans des systèmes dynamiques constitués d'acteurs hétérogènes, engagés dans des rapports sociaux qui sont porteurs d'inégalité et de domination en même temps que solidarité, soumis à des processus plus larges de changement économique et politique, en compétition pour des ressources et/ou du pouvoir ». Dans le cadre de notre étude, la théorie de la sociologie dynamiste et critique nous a permis de comprendre les logiques d'intervention des acteurs locaux dans l'arène locale lors d'un projet d'électrification par énergie solaire, leurs influences par rapport à la mise en place du projet d'électrisation dans la commune de Ngwei. Et enfin, les formes de réappropriation du projet d'électrification solaire par ces acteurs locaux, lesquels ont un sens et une puissance qu'il faut chercher à et à comprendre expliquer.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe