DEPARTMENT OF SOCIOLOGY
***********
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
*******
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
*********
FACULTE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
****
CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES
HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES *********
UNITE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES
HUMAINES ET SOCIALES ***********
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
*********
FACULTY OF ARTS, LETTERS AND SOCIALS SCIENCES
********
POSTGRADUATE SCHOOL FOR SOCIAL AND
EDUCATIONAL SCIENCES *********** DOCTORAL RESEARCH
UNIT FOR SOCIAL SCIENCES
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du diplôme
de Master en Sociologie
Option : Population et Développement
Par :
Pierre Samuel BOM MBOUA Licence en
Sociologie
Sous la direction de
Solange ESSOMBA EBELA, CC
Mai 2022
i
A
Mes grands-parents Samuel BOM et David BOM II
ii
REMERCIEMENTS
Nous ne saurions commencer la rédaction de ce
mémoire sans toutefois remercier ceux qui de loin ou de près, ont
contribué à la mise en oeuvre de ce document. Ainsi, nous
voudrions remercier :
· Nos enseignants de sociologie à
l'université de Yaoundé I, particulièrement le chef de
département, le Pr Armand LEKA ESSOMBA et le Pr Samuel-Béni ELLA
ELLA, pour leur suivi durant notre parcours universitaire.
· Notre directeur de mémoire, Dr Solange ESSOMBA
EBELA pour le suivi de qualité et la rigueur tout au long de ce
travail.
· Le Dr Jean Roger ONAH pour les relectures et les
corrections apportées dans le cadre de la rédaction de notre
travail.
· Les responsables des structures enquêtées
: messieurs le Maire de la commune de Ngwei, le Sous-Préfet de Ngwei, le
Délégué du Ministère de l'Eau et de l'Energie de la
Sanaga maritime, Uriel NGOULA EWOUKI (chef service études
réseaux, Mini-hydro et Thermique à l'Agence d'Electrification
Rural) pour les entretiens et informations qu'ils ont mis à notre
disposition dans le cadre de cette recherche.
· Les chefs de villages et élites traditionnelles
de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé en particulier sa
Majesté monsieur André ISOLA, pour leur disponibilité, et
pour avoir facilité et orienté notre enquête de terrain
auprès des populations de Ngwei.
· Les différentes élites de la commune de
Ngwei : messieurs Fidèle Ernesto MAHOP, Martial NGUE et Paul LIBI pour
leurs collaborations et les informations qu'ils ont mis à notre
disposition.
· Notre famille nommément, mes mamans
Mélanie Rachel NGO BOM, Astarie Laure NTSA BOM, Vicky NGO YEBGA et
Miréne HANDY NGO BOM, mes grandes mères Jacqueline NGO TONG BOM
et Eveline NGO ELOUGA BOM, mon oncle Michel NLEND BOM, ma soeur Jeanne
Françoise ENG, pour leurs différents appuis.
· Nos amis Richard Marius WASHNYO, Vincent Claude MVOGO,
Ibrahim MOUMENI CHOUAT, Levis TEGUE TCHUENTE, Vincent Paul MVOUDI ELANGA, et
Johannes TACHE KAMBOU pour leurs contributions intellectuelles.
· Nos collaborateurs de l'entreprise High-Tech Services
spécifiquement monsieur Ernest TSAGUE et Michel TCHOUYA pour leurs
soutiens multiformes.
iii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Catégories de personnes
interrogées 20
Tableau 2 : l'état des lieux des
services sociaux de base et infrastructures par secteur dans la
commune de Ngwei. 29
Tableau 3 : Production agricole et superficie
par années 36
Tableau 4 : Le nombre de personnes qui
utilisaient la lampe à pétrole 40
Tableau 5 : Le nombre de personnes qui
utilise la lampe torche 40
Tableau 6 : Le nombre de personnes qui
utilise la lampe solaire à Ngwei 42
Tableau 7 : Statistique sur l'impact d'Eneo
à Ngwei 47
Tableau 8 : Quelques indicateurs
énergétiques en 2010 et leurs perspectives en 2020 52
Tableau 9 : Quelques instruments
internationaux ratifiés par le Cameroun 56
Tableau 10 : Principaux indicateurs
économiques du projet 72
Tableau 11 : Site de distribution par
région phase 1 75
Tableau 12 : nombre de buvettes, restaurants
et salles de jeux dans certaines localités de la
commune de Ngwei 93
Tableau 13 : Les types et total d'emplois
générés 95
Tableau 14 : Le cout
énergétique dans la localité de Ngwei 96
Tableau 15 : La satisfaction autour
l'énergie solaire 99
LISTE DES GRAPHIQUES, CARTES ET PHOTOS
iv
I- GRAPHIQUES
|
|
Graphique 1 : Evolution ventes de lanternes
solaires domestiques Janv 2017-Déc 2018
|
41
|
Graphique 2 : Statistique sur l'impact
négatif des lampes à pétrole et des bougies.
45
|
|
Graphique 3 : Statistique sur l'impact des
groupes électrogènes.
46
|
|
Graphique 4 : Statistique sur les personnes
ayant été consultées
|
84
|
Graphique 5 : Observation des conflits entre
élite
|
87
|
Graphique 6 : Les effets induits par
l'électrification sur la transformation
socioéconomique
|
.91
|
Graphique 7 : Les Principales utilisations de
l'électricité solaire
|
98
|
Graphique 8 : Les atouts de l'énergie
solaire
|
99
|
II- CARTES
|
|
Carte 1 : la Commune de Ngwei
|
28
|
Carte 2 : le réseau hydrographique de la
commune de Ngwei
|
32
|
Carte 3 : La carte d'électrification de
la commune de Ngwei
|
43
|
Carte 4 : Estimation du nombre de ménages
sans accès à l'électricité au Cameroun en
2019 63
Photo 1 : Centrale solaire de
Ndjockloumbé 139
III- PHOTOS
LISTE DES ABREVIATION, ACRONYMES ET SIGLES
v
AEF AER AIE ALUCAM AOF ARSEL BIP BM BT
CE
CFA CO2 COP COPPER DERME DSCE DSRP ECAM EDC
: Afrique Équatoriale Française
: Agence d'Electrification Rurale
: Agence Internationale de l'Énergie
: Alumineries du Cameroun
: Afrique Occidentale Française
: Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité
: Produit Intérieur Brut
: Banque Mondiale
: Basse Tension
: Commission Européenne
: Colonies Françaises d'Afrique
: Dioxyde de Carbone
: Conference Of Parties
: Comité de Planification et de Programmation
D'énergie Rurale
: Direction des Energies Renouvelables et de la Maitrise de
l'Energie
: Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi
: Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
: Enquête Camerounaise auprès Des Ménages
: Electricité du Cameroun
ENELCAM : Energie Electrique du Cameroun
ER ERD FEICOM FER FIDES GES GIZ GVC HT
: Energie Renouvelable
: Electrification Rurale Décentralisée
: Fonds Spécial d'Equipements et d'Intervention
Intercommunal
: Fonds d'Energie Rurale
: Fond d'Investissement pour le Développement
Économique et Social
: Gaz à Effet de Serre
: Gesellschaft Fur Internationale Zusammenarbeit
: Global Village Cameroon
: Haute Tension
vi
INS
|
: Institut National de la Statistique
|
KV : Kilo Volt
KVA : Kilo Volt Ampere
KWC
KWH
MBtu
: Kilo Watt Crete
: Kilo Watt Heure
: British Thermal Unit,
MINADER : Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
MINEE : Ministère de l'Eau et de l'Energie
MT
MVA NTIC ODD OMD ONU OSC PANERP PAS PDC PDER PDSE PILER PNIASE
PNUD
: Moyenne Tension
: Méga Volt Ampère
: Nouvelles Technologie de l'Information et de la
Communication
: Objectif du Développement Durable
: Objectifs du Millénaire pour le Développement
: Organisation des Nations Unies
: Organisations de la Société Civile
: Plan National Energie de Réduction de la
Pauvreté
: Programmes d'Ajustement Structurel
: Plan de Développement Communal
: Plan Directeur D'électrification Rurale
: Plan de Développement du Secteur de L'énergie
: Projets d'Initiatives Locales D'Electrification Rurale
: Programme National d'Investissement Agricole et de la
Sécurité Alimentaire
: Programme des Nations Unies pour le Développement
PV : Photo Voltaïque
SEforALL : Sustainable Energy for All
SONATREL : Société Nationale de Transport de
l'Electricité
SONEL : Société Nationale Electricité
TIC
|
: Technologie de l'Information et de la Communication
|
VA : Volt Ampère
vii
RÉSUMÉ
Ce travail analyse la contribution de l'énergie solaire
au développement local dans la commune de Ngwei (département de
la Sanaga-Maritime). Le choix de notre thème de recherche est lié
à la problématique de l'électrification en milieu rural
camerounais qui apparaît aujourd'hui comme un enjeu pour le Cameroun. En
effet, l'énergie est un facteur essentiel du développement
socio-économique d'un pays car elle est nécessaire à toute
activité humaine et indispensable à la satisfaction des besoins
quotidiens. Selon Light4 all Cameroun, 76,6% des ménages vivant dans des
villages isolés ne sont pas connectés au réseau
électrique. Pourtant, d'après la loi sur l'électrification
au Cameroun, l'accès à l'énergie moderne
dédiée aux besoins tel que l'éclairage constitue une
priorité sociale, économique et environnementale et un droit pour
les populations rurales. Selon l'AIE (2016), la consommation mondiale
d'énergie, a fortement augmenté ces dernières
années. Elle va passer de 549 milliards de MBtu en 2012 à 629
milliards de MBtu en 2020 et à 815 milliards de MBtu en 2040. Cette
augmentation de la consommation s'explique partiellement par la croissance
démographique et la croissance économique ainsi que
l'augmentation du niveau de vie sur la planète. Ainsi, l'énergie
est devenue aujourd'hui une problématique majeure à
l'échelle mondiale à laquelle les Etats doivent apporter des
solutions durables. La présente étude pose le problème de
l'apport de l'énergie solaire au bien-être des populations locales
dans l'arrondissement de Ngwei. En outre, ce travail se propose de comprendre
d'une part, comment les énergies électriques solaires contribuent
au développement local des populations de Ngwei et d'autre part,
d'analyser les enjeux et les logiques des acteurs autour du projet
d'énergie solaire dans la commune de Ngwei. Notre question principale
est de savoir comment rendre compte du projet de l'électrification
solaire dans la circonscription administrative de Ngwei ? Comme
hypothèse principale, nous dirons que le projet d'électrification
solaire dans la circonscription administrative de Ngwei participe de
l'amélioration des conditions de vie des populations. Pour ce faire,
trois modèles théoriques ont été mobilisés.
Il s'agit de la théorie du conflit social, la théorie sociologie
dynamiste et critique et enfin la théorie de la durabilité
faible. Par ailleurs, pour recueillir les informations, nous avons
utilisé comme outils de collectes de données l'observation
directe, l'entretien semi-directif et le questionnaire.
Au terme de notre travail, il en est ressorti que
l'énergie solaire participe à l'amélioration de la
qualité de vie des bénéficiaires. Elle permet non
seulement d'accroitre la production d'huile de palme, mais aussi, sort les
populations riveraines des ténèbres et fait fleurir le petit
commerce (bar-restaurant), les espaces de loisirs et de détentes. En
outre, le projet d'électrification par énergie solaire est un
pilier pour l'atteinte des objectifs du développement durable dans la
localité.
Mots clé : Développement local,
Energie solaire.
viii
ABSTRACT
This work analyzes the contribution of solar energy to local
development in the municipality of Ngwei (department of Sanaga-Maritime). The
choice of our research theme is linked to the problem of electrification in
rural Cameroon which appears today as an issue for Cameroon. Indeed, energy is
an essential factor in the socio-economic development of a country because it
is necessary for all human activity and essential for the satisfaction of daily
needs. According to Light4 all Cameroon, 76.6% of households living in isolated
villages are not connected to the electricity grid. However, according to the
law on electrification in Cameroon, access to modern energy dedicated to needs
such as lighting is a social, economic and environmental priority and a right
for rural populations. According to the IEA (2016), global energy consumption
has increased sharply in recent years. It will increase from 549 billion MBtu
in 2012 to 629 billion MBtu in 2020 and to 815 billion MBtu in 2040. This
increase in consumption is partly explained by population growth and economic
growth as well as the increase in the level of life on the planet. Thus, energy
has today become a major problem on a global scale to which States must provide
sustainable solutions. This study raises the problem of the contribution of
solar energy to the well-being of local populations in the district of Ngwei.
In addition, this work proposes to understand on the one hand, how solar
electric energies contribute to the local development of the populations of
Ngwei and on the other hand, to analyze the stakes and the logics of the actors
around the solar energy project. in Ngwei township. Our main question is how to
account for the solar electrification project in the administrative district of
Ngwei? As a main hypothesis, we will say that the solar electrification project
in the administrative district of Ngwei contributes to the improvement of the
living conditions of the populations. To do this, three theoretical models were
used. These are the social conflict theory, the dynamist and critical sociology
theory and finally the weak sustainability theory. In addition, to collect
information, we used direct observation, semi-directive interview and
questionnaire as data collection tools.
At the end of our work, it emerged that solar energy
contributes to improving the quality of life of the beneficiaries. It not only
increases the production of palm oil, but also brings the local populations out
of darkness and makes small businesses (bar-restaurant), leisure and relaxation
areas flourish. In addition, the solar energy electrification project is a
pillar for achieving the objectives of sustainable development in the
locality.
Keywords: Local development, Solar energy.
ix
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES TABLEAUX iii
LISTE DES GRAPHIQUES, CARTES ET PHOTOS iv
LISTE DES ABREVIATION, ACRONYMES ET SIGLES
v
RÉSUMÉ vii
ABSTRACT viii
SOMMAIRE ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
I- LE CONTEXTE ET LA JUSTIFICATION DE L'ETUDE
2
II- LE PROBLEME 5
III- LA PROBLEMATIQUE 6
IV- QUESTIONS DE RECHERCHE 11
V- LES HYPOTHESES DE RECHERCHE 12
VI- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 12
VII- METHODOLOGIE 13
VIII- DEFINITION DES CONCEPTS 20
IX- LE PLAN DE TRAVAIL 22
PREMIERE PARTIE : L'ELECTRIFICATION EN MILIEU RURAL
AU
CAMEROUN 24
CHAPITRE I : MONOGRAPHIE DE L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
26
I- L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI : DES ORIGINES A SON
DECOUPAGE
ADMINISTRATIF 26
II- L'ORGANISATION SOCIAL ET ECONOMIQUE DES
PEUPLEMENTS DE
NGWEI 33
III- L'ENERGIE ELECTRIQUE DANS LA COMMUNE DE NGWEI
38
CHAPITRE 2 : LES ENERGIES RENOUVELABLES AU CAMEROUN
:
POLITIQUES, ORGANES, MISSIONS ET FAIBLESSES
49
I- LES POLITIQUES D'ELECTRIFICATION RURALE AU
CAMEROUN 50
II- LES ORGANES EN CHARGE DE L'ELECTRIFICATION RURALE
AU
CAMEROUN ET LEURS MISSIONS 57
III- LA PROBLEMATIQUE DE L'ELECTRIFICATION RURALE AU
CAMEOUN 61
X
DEUXIEME PARTIE II : LES DYNAMIQUES LOCALES AUTOUR DU
PROJET
D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSMENT DE NGWEI
69
CHAPITRE 3 : LES ACTEURS ET JEUX DE POUVOIR AUTOUR DU
PROJET
D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
71
I- LE PROJET D'ELECTRIFICATION PAR ENERGIE SOLAIRE
DANS LA
LOCALITE DE NGWEI 71
II- LES ROLES ET LES LOGIQUES D'ACTION DES ACTEURS
AUTOUR DU
PROJET D'ENERGIE SOLAIRE DANS LA LOCALITE DE NGWEI
79
III- LES TENSIONS ENTRE LES ACTEURS AUTOUR DU PROJET
85
CHAPITRE 4: L'ELECTRIFICATION SOLAIRE ET LE
DEVELOPPEMENT
LOCAL A NGWEI 90
I- LES ATOUTS DE L'ELECTRIFICATION SOLAIRE DANS LA
COMMUNE DE
NGWEI 90
II- L'ELECTRIFICATION SOLAIRE : UN ATOUT POUR LE
DEVELOPPEMENT
DURABLE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
100
III- LES INCIDENCES NEGATIVES DES ENERGIES SOLAIRES
DANS LA
COMMUNAUTE DE NGWEI 105
CONCLUSION GÉNÉRALE 110
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 123
ANNEXES 130
TABLE DES MATIÈRES 140
INTRODUCTION GÉNÉRALE
2
I- LE CONTEXTE ET LA JUSTIFICATION DE L'ETUDE
L'ancien Secrétaire général de l'ONU, BAN
KI-MOON et l'ancien vice-président américain, AL GORE avaient
plaidé dans une tribune du Financial Times1 (2009),
pour le lancement de l'économie verte mondiale en parallèle aux
mesures visant à stimuler l'économie, sans oublier celles en
faveur des plus pauvres. Il s'agit de développer des énergies
renouvelables, l'agriculture biologique, les emplois verts,
l'écotourisme, lutter contre le changement climatique. En outre, des
mesures de stimulation de la croissance alliée à des
investissements à long terme de nature à répondre aux
besoins économiques et sociaux urgents et à lancer une nouvelle
économie mondiale. « En résumé, il faut que la
croissance verte devienne notre mantra », affirment-ils dans le
bulletin quotidien de l'ONU.
Pour ce qui est du contexte international, nous pouvons dire
que les grands enjeux liés aux changements climatiques
préoccupent aujourd'hui l'agenda des décideurs sur l'avenir de
notre planète qui se meurt progressivement sous l'effet de
l'élévation continue de la température, conséquence
de la production croissante des gaz à effet de serre (GES) dont
l'origine communément admise relève principalement des
activités humaines IPCC,(2013). Il est en effet urgent de trouver des
solutions optimales pour réduire les émissions de GES, et de ce
fait, stabiliser, voire mettre un frein à l'élévation de
la température à travers les énergies renouvelables qui
sont un pilier du développement durable. Pour ce qui est du
développement durable, il apparait pour la première fois dans le
rapport Brundtland (1987). Il est défini comme « s'efforcer de
répondre aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de satisfaire les leurs
». C'est au début du 20ème siècle que
le monde prend conscience de sa consommation des ressources naturelles et de sa
consommation en énergie, ainsi que ses conséquences sur
l'environnement. Comme le montre S. ALLEMAND (2007 :191), dès les
années 80, émerge le constat de la dégradation de
l"environnement par les activités humaines (déforestation, fonte
des glaciers, pluies acides) et cette dégradation prend de l'ampleur.)
En effet, Il s'appuie sur le rapport du WWF (2000), qui déclare que
« les hommes ont, entre 1970 et 1999, consommé un tiers des
richesses naturelles de la planète » ce qui pousse à
remettre en cause notre système de développement. Il faut
attendre Rio 1992, à l'occasion du sommet sur la terre pour que le monde
s'attèle à réaliser le développement durable. Ce
sommet de la terre
1 Financial Times est un quotidien
économique et financier Britannique.
3
initie les Agenda 212, qui à
l'échelon local, permettent aux communes de mettre en place des mesures
en faveur du développement durable.
En ce qui concerne le cadre institutionnel, il faut savoir
qu'au Cameroun, l'énergie est un bien de première
nécessité dont l'accès est reconnu comme un droit, selon
la loi n°022 /2011du 14 décembre 2011, régissant le secteur
de l'électricité. Elle est devenue indispensable à la vie
courante et constitue une composante essentielle de la
compétitivité des entreprises. Il n'y a ni développement
économique, ni de progrès social sans une énergie
électrique disponible et accessible en quantité et en
qualité. Considérant cette réalité, le gouvernement
camerounais fait de l'électrification rurale l'une des priorités
de son action en multipliant ses organes de gestion et en diversifiant les
sources de production, de transport et de distribution.
Dans le cadre de notre étude qui porte sur la
contribution de l'énergie solaire au développement local dans la
commune de Ngwei (département de la Sanaga-maritime), le choix de notre
thème repose sur deux motivations à savoir : des motivations
factuelles et des motivations épistémologiques.
1- Les motivations factuelles
Parlant du milieu rural camerounais, nous pouvons dire que la
question d'approvisionnement en énergie électrique s'est toujours
posée. En effet, de nombreux villages sont dépourvus
d'énergie électrique : sur un total de près de 14 207
localités moins de 3 700 sont électrifiées, malgré
l'existence des institutions telles que l'Agence d'Electrification Rurale
(AER), la SONATREL et Eneo3 ; sur le plan juridique, nous avons la
loi de 2011, délibérée et adoptée, en sa
séance plénière du 15 novembre 20114, lors de
la 8ème législature qui régit le secteur de
l'électricité en milieu rural au Cameroun. En son article 58,
alinéa 1 elle cite : « L'Etat assure la promotion et le
développement de l'électrification rurale sur l'ensemble du
territoire national ».
Pour ce qui est de l'arrondissement de Ngwei, nous sommes
partis du constat selon lequel la localité de Ngwei qui est
située dans le département de la Sanaga Maritime et
ceinturé par les barrages hydro électriques de Song Lou Lou et
d'Edéa se caractérise par une faible couverture en énergie
électrique. En effet, les populations de cet arrondissement ne sont pas
totalement connectées au réseau électrique malgré
leur proximité d'avec les deux barrages.
2 L'Agenda 21 est un plan d'action pour le XXIe
siècle adopté par 182 chefs d'État lors du sommet de la
Terre à Rio de Janeiro en juin 1992. Il concerne les
collectivités territoriales : régions, départements,
communes, ainsi que les établissements publics comme les
communautés de communes et les communautés
d'agglomération.
3 Eneo est une entreprise privée
Américaine qui s'occupe de l'électricité au Cameroun.
4 Le projet de loi n° 896/PJL/AN.
4
Parlant de l'impact social, il faut noter l'exode rural des
jeunes qui désertent les campagnes pour la ville à la recherche
de meilleures conditions de vie. Sur le plan économique, on observe un
faible développement du tissu économique et de la croissance
dû au manque d'énergie. Un faible niveau d'implantation des
petites et moyennes entreprises de production et de transformation des produits
de base dans les localités rurales de l'arrondissement de Ngwei qui
entraînent une paupérisation de sa population.
Face à ces difficultés, l'Etat camerounais,
à travers un accord de partenariat avec l'entreprise Chinoise Huawei, a
mis sur pied un projet d'électrification rurale par énergie
solaire dans neuf régions sur les dix que compte le Cameroun. Ainsi,
certains villages de la commune de Ngwei dans la Sanaga Maritime ont
bénéficié du projet d'électrification par
systèmes solaires photovoltaïques. Dans le cadre de la
réalisation de ce projet, l'interaction entre plusieurs acteurs tels que
le Sous-Préfet, le Maire les Chefs de villages et les élites
locales a été à l'origine de nombreuses tensions entre ces
derniers ; ce qui constitue l'une des motivations dans le cadre de notre
étude.
2- Les motivations épistémologiques
Les motivations épistémologiques reposent sur la
faiblesse numérique des travaux antérieurs. C. KAPSEU et al
(2012), Moïse W. POKAM (2016), KAMDEM NKUE et NJOMO (2009), M. DJUIKOM,
(2004) et (2008) sont quelques ouvrages que nous avons trouvés sur le
plan national. Il en ressort selon une étude faite par le PNUD en 2012,
sur l'investissement pour l'accès aux services
énergétiques que, près de deux milliards de personnes dans
le monde, principalement dans les zones rurales et périurbaines des pays
en voie de développement5, n'ont pas accès aux
services énergétiques modernes pour leur vie quotidienne. En
plus, l'accès à l'électricité pour
l'éclairage et les autres usages domestiques reste assez
dérisoire pour des centaines de millions de personnes PNIASA, (2012). En
outre, le rapport ENEA Consulting (2014), montre clairement que les pays les
plus touchés par les problématiques d'accès à
l'énergie sont les pays en développement et les pays les moins
avancés notamment le Cameroun. En 2010, l'Afrique subsaharienne
représentait à elle seule la moitié de la population
mondiale n'ayant pas accès à l'énergie, notamment à
l'électricité.
Christian Bouchard (2014), rappelle que plus de 80% de la
production d'énergie primaire proviennent des énergies fossiles
ce qui a un impact négatif sur l'environnement à travers des
rejets de gaz à effet de serre, ce qui implique la
nécessité de trouver des alternatives. Il insiste sur le fait que
la transition énergétique est aujourd'hui une
nécessité afin de réduire le
5 Pays en voie de développement renvoie aux
pays du sud qui sont moins développés économiquement que
les pays du nord ou pays développés.
6 L'annuaire statistique du Cameroun est une
publication de référence en matière d'information
statistique générale dans le domaine économique et
social.
5
changement climatique et aller vers une démarche de
développement durable. C'est dans cette optique que plusieurs rencontres
internationales ont été et sont organisées au niveau
planétaire.
Le très peu d'ouvrages exploités nous ont permis
de constater que la question de l'électrification en zones rurales
camerounaises et qui plus est l'électrification par énergie
solaire reste très peu explorée. C'est dans ce sens que C.
COQUERY-VIDROVITCH, (2000), déclarait : « la question autour de
l'électrification en milieu rural reste encore plus obscure que
l'électrification rurale elle-même ».
II- LE PROBLEME
Pour C. COQUERY-VIDROVITCH (2000), les populations d'Afrique
noire, tout comme celles du Cameroun sont insuffisamment approvisionnées
en énergie électrique. L'annuaire statistique6 du
Cameroun de 2011, fait état de ce que sur plus de 14 000
localités que compte-le Cameroun, moins de 3700 sont
électrifiées. Pourtant, le Cameroun est le deuxième pays
producteur d'énergie électrique en Afrique subsaharienne
après la République Démocratique du Congo. Il totalise
neuf barrages sur toute l'étendue du territoire. Le département
de la Sanaga Maritime compte à lui seul deux grands barrages
hydroélectriques à savoir : le barrage d'Edéa dont la
puissance électrique s'élève à 274 méga
watts (MW) et le barrage de Song Loulou dont la puissance s'élève
à 384 méga watts (MW). Cependant, on observe que les populations
rurales de la Sanaga Maritime bénéficient très peu de
l'énergie électrique. C'est dans ce sens que le géographe
A. FRANQUEVILLE (1987 : 109), s'interrogeait ainsi : « Comment ne pas
s'étonner que la ligne électrique Edéa-Yaoundé
« survole » les villages du Pays bassa sans que ceux-ci puissent
l'utiliser ? ».
Pourtant, lors de la construction de ces barrages, les
populations avaient soumis leurs doléances pour être les
premières bénéficiaires des retombées de
l'électricité et bien d'autres commodités qui devraient
améliorer leurs conditions de vie.
Créée par la loi n° 98/022 du 24
décembre 1998, l'Agence d'Electrification Rurale (AER) est un
établissement public administratif, doté de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière dont
l'organisation et le fonctionnement sont régis par le décret
n° 99/193 du 08 Septembre 1999. Ainsi dans son article 3, alinéa 1,
il est dit que :
L'agence assure la promotion et le développement de
l'électrification rurale
sur l'ensemble du territoire national ; l'un de ses objectifs
est de s'approprier et de vulgariser, en relation avec les administrations et
organismes
6
concernés, les technologies nouvelles
d'électrification rurale, notamment les énergies
renouvelables.
Cette initiative du Chef de l'Etat camerounais a
apporté peu de changement à la situation
énergétique en milieu rural camerounais et surtout dans le
département de la Sanaga Maritime, et plus encore dans la commune de
Ngwei. Sur le plan socio-économique, on observe l'enclavement, l'exode
rural des jeunes pour la ville à la recherche des meilleures conditions
de vie. Sur le plan sanitaire, les services sociaux tels que les centres de
santé pouvant servir à l'amélioration des conditions de
vie des populations ne satisfaient pas l'ensemble des besoins des populations
à cause du manque d'électrification. Compte tenu de cette
réalité, l'Assemblée Nationale en 2011, avait
délibérée et adoptée, en sa séance
plénière du 15 novembre 2011, le projet de loi n°
896/PJL/AN, lors de la 8ème législature qui régit le
secteur de l'électricité en milieu rural camerounais. En son
article 58, alinéa 1 elle cite : « L'Etat assure la promotion
et le développement de l'électrification rurale sur l'ensemble du
territoire national. » Eu égard les précédents
propos, nous constatons que la situation n'a pas totalement
évoluée en milieu rural camerounais et spécifiquement dans
la commune de Ngwei. Face à cette réalité, l'Etat
camerounais par le biais de l'entreprise chinoise Huawei a
procédé à la construction des centrales solaires dans les
zones rurales camerounaise. Grâce à cette mesure, certaines
localités de la commune de Ngwei ont pu bénéficier de
l'installation de ces centrales solaires afin de permettre aux populations
locales de bénéficier de l'énergie électrique.
Au regard de ce qui précède, la présente
étude pose le problème de l'apport de l'énergie solaire au
bien-être des populations locales de l'arrondissement de Ngwei. Autrement
dit, comment l'énergie solaire contribue-t-elle à
l'amélioration de la qualité de vie des populations de
l'arrondissement de Ngwei ?
III- LA PROBLEMATIQUE
Dans le cadre de notre étude, nous ferons d'abord une
revue de la littérature des ouvrages qui abordent la
problématique de l'électrification rurale. Par la suite, nous
présenterons la problématique qui est la nôtre.
1- La revue de la littérature
M.W POKAM KAMDEM, (2016), dans ses recherches, tente de faire
une sociohistoire de l'électrification en milieu rural camerounais. Dans
son ouvrage, il essaie d'apporter une réponse à la question :
Comment s'est faite l'électrification rurale au
Cameroun ? De Cette
question, en découle d'autres : quelle
périodisation affecter à cette initiative
7
? Qui en sont les acteurs et quelles sont les interactions
entre eux ? Comment cette initiative est-elle financée ? Quels choix
technologiques sont-ils opérés pour la mettre en oeuvre ?
Ses recherches permettent de déterminer les acteurs du
processus d'électrification, les
étapes du processus d'électrification rurale au
Cameroun et d'établir un bilan. De ces travaux, il en ressort que le
niveau de l'électrification rurale au Cameroun est encore faible
malgré que le processus semble avoir été relancé
depuis le milieu des années 2000. En outre, M.W POKAM KAMDEM, pose trois
problèmes qui sont aujourd'hui discutés, à savoir : le
problème du financement, les choix techniques appropriés et celui
des options décentralisées qui tardent à s'imposer.
L'auteur soutient que tous ces changements pourraient permettre une
augmentation du taux d'accès à l'électricité en
milieu rural à condition de s'inscrire dans la durée.
Par ailleurs, C. KAPSEU et al, (2012), abordent une
réflexion sur les énergies renouvelables en Afrique
subsaharienne. Ils soutiennent que le développement et l'appropriation
des énergies renouvelables constituent une préoccupation majeure
de notre époque et ce domaine suscite actuellement de nombreux
intérêts du fait de la hausse du prix de l'énergie et de
l'impérieuse nécessité de trouver de nouvelles sources
d'énergie. Ces travaux présentent l'ensemble des énergies
renouvelables à savoir : les énergies éoliennes, terrestre
ou offshore, les énergies solaires thermiques ou photovoltaïques,
les énergies hydrauliques, la biomasse. Ces auteurs répondent
à toutes les questions que pourraient se poser les spécialistes
et les chercheurs en la matière des énergies solaires mais
également les étudiants et le grand public en quête de
connaissances. C'est dans ce sens qu'ils soulignent :
Les obstacles au développement du secteur des
énergies renouvelables sont d'ordres politique, technique,
institutionnel et financier. Pour dynamiser le développement du secteur
des énergies renouvelables. Il s'agit notamment d'établir une
coopération étroite entre les partenaires financiers,
institutionnels et gouvernementaux pour soutenir les projets d'énergie
renouvelable; d'intensifier la coopération internationale; une attention
particulière devrait également être portée au
renforcement des capacités techniques qui permettront de produire
localement les équipements nécessaires pour assurer un
approvisionnement énergétique durable; d'encourager les cadres
politiques, juridiques et institutionnels consacrés aux énergies
renouvelables; de mettre en place des politiques et programmes à long
terme sur les énergies renouvelables, y compris le secteur privé;
de réorganiser et créer des structures financières
spéciales pour les agences de contrôle des énergies
renouvelables.(2012 : 132)
Pour YAO ASSOGBA, (2000 :36), les africains ne peuvent
réaliser un développement durable véritable en qu'en
tirant des enseignements de la pensée de l'histoire économique de
Braudel. Il faut qu'ils prennent en compte les réalités du
continent, les politiques et les programmes de développement doivent
assurer d'abord, le passage de l'économie de subsistance
8
à l'économie locale. Ensuite, ils doivent
consolider celle-ci et progressivement l'inscrire dans des économies
plus vastes aux niveaux régional, national et international. Sur le plan
idéologique, YAO ASSOGBA propose aux africains de mettre de
côté les idées de rattrapage des pays
développés. L'essentiel pour l'Afrique est de se rattraper par
rapport à elle-même d'abord en matière de
développement durable avant de chercher à rattraper l'Occident.
En outre, il oeuvre pour une économie verte propre au milieu rural
africain. Pour lui, le développement durable est un processus qui est
lié de façon intrinsèque à la capacité de
consolider les liens sociaux dans des collectivités d'un territoire bien
défini. Il est également lié à la capacité
des populations de gérer leur environnement naturel d'une manière
viable, à travers l'élaboration d'un cadre institutionnel
approprié et d'une identité culturelle qui a sa base
matérielle dans la construction même du territoire.
Quant aux travaux de G. DESARNAUD (2016), il en ressort que
l'enjeu des investissements ne porte pas fondamentalement sur les montants
envisagés, mais plutôt sur le type d'investissement à
réaliser. Privilégier l'extension des réseaux dans les
zones reculées et faibles en densité de population et où
les habitants ont des capacités de financement très faibles,
rendent les projets d'électrification difficilement rentables. Les
enjeux de gouvernance et le manque de structures compétentes sur place
font peser un risque supplémentaire sur les investisseurs potentiels,
malgré des perspectives économiques encourageantes, notamment
dans le secteur naissant des énergies décentralisées
renouvelables. Pour l'auteur, les obstacles ne semblent pas liés au
montant des financements à engager. Il soutient que les énergies
renouvelables sont peut-être l'occasion de maximiser les
bénéfices de l'électrification en milieu rural à
travers la création des systèmes hors réseau et les
mini-réseaux ; cela permet d'agir en faveur d'un développement
sain et durable sur du long terme. L'auteur pense par ailleurs que cela permet
de contourner les dérives institutionnelles de certains pays, qui minent
les projets d'électrification par la corruption et une volonté
politique qui ne sert pas toujours les plus vulnérables.
En outre, l'éco-sociologue Samuel-Beni ELLA ELLA
(2016), dans ses travaux pose le problème de l'implémentation
d'un véritable développement durable dans la boucle du Dja.
D'après l'auteur, le milieu rural camerounais notamment la boucle du Dja
dispose de nombreux atouts pour le développement durable ceci à
travers l'éco-agriculture et l'éco-tourisme. En effet, il s'agit
de démontrer que le milieu rural camerounais notamment la boucle du Dja
dispose de nombreux atouts pour l'implémentation d'une véritable
économie verte mais ce potentiel reste encore sous exploité.
9
MÜLLER-PLANTENBERG (2005 :230), auteur de la
théorie de l'économie solidaire montre que celle-ci « se
présente comme une réponse sociale à une globalisation
néo-libérale ».
P. JURGENSEN (2009), dans ses travaux embrasse un vaste
domaine à savoir: l'écologie, la survie de la planète, le
développement durable, le respect de l'environnement, la pollution,
toutes ces questions qui sont d'actualité aujourd'hui. Dans ses travaux,
plusieurs questions sont au centre de sa recherche : « Est-ce possible
? Et comment ? Faut-il casser la croissance ou la réinventer ? Faut-il
taxer les pollueurs ? La protection de l'environnement développe-t-elle
des marchés ? Les entreprises deviennent-elles socialement responsables
? ». Il dresse par ailleurs un bilan de la situation actuelle de la
planète, et montre que l'on peut et l'on doit «
réconcilier économie et environnement » lesquels
doivent être mis au service de la nature et de la planète. En
plus, il présente les moyens de résoudre certains grands
problèmes, notamment : combattre l'effet de serre, changer de
stratégie énergétique, protéger les ressources
naturelles, dépolluer ce qui coûte plus cher que polluer et
d'autres encore.
J-M CHEVALIER, (2013), dans ses analyses, présente la
problématique de la croissance verte en termes de contradiction
énergie-climat. Pour elle, la diminution des émissions de gaz
à effet de serre doit progressivement s'imposer comme une
nécessité pour sauver la planète : ceci par de nouvelles
formes de croissance, plus vertes, plus responsables, plus
décentralisées. Elle prend pour exemple certains pays, comme
l'Allemagne qui illustre son développement économique à
travers les énergies renouvelables, l'agriculture biologique,
l'écotourisme etc. Ses travaux tournent autour de la question suivante :
« De quels outils de politique économique disposons-nous pour
accélérer une transition qui est à la fois
énergétique, écologique, économique et
financière ? ». Par ailleurs, l'auteure dresse un bilan sur
les avantages des énergies renouvelables en Allemagne, et estime que la
croissance verte est l'un des piliers de son économie.
N. GIROUARD et B. LABUHN, (2013), dans leurs réflexions
évoquent le cas de l'Allemagne qui a fait de la croissance verte un
objectif majeur de sa politique économique et sociale, notamment dans le
secteur des industries des énergies renouvelables. En
réalité, l'Allemagne fait d'importants efforts en matière
de réduction des émissions de carbone et d'intensité
d'utilisation de ses ressources. Pour ces auteurs, l'énergie est un
secteur de première importance pour l'économie.
Avec le développement des énergies renouvelables, on
observe ces dernières années une nette augmentation des emplois
dans ce domaine notamment en Allemagne.
10
Ces auteurs présentent par ailleurs le bilan de la
croissance verte pour les pays de l'OCDE7. Elles soutiennent que le
modèle de croissance qu'ont historiquement porté les pays
développés est trop risqué et est à l'origine de
l'épuisement des ressources naturelles et d'une pollution
environnementale. Par ailleurs, le réchauffement climatique et la
réduction de la biodiversité nécessitent de
réfléchir à une croissance plus inclusive. La
stratégie pour une croissance verte lancée par l'OCDE en 2011, a
ainsi décrit un certain nombre de leviers sur lesquels les politiques
publiques pourraient agir pour concilier la croissance et le respect de
l'environnement. L'idée centrale est que la stratégie de
croissance verte doit s'insérer dans le cadre global de la politique
économique et de la planification du développement, mais
s'adapter au contexte institutionnel de chaque pays. Un premier bilan de l'OCDE
montre que les pays utilisent de manière diversifiée l'action sur
les règles de la concurrence, les mesures incitatives en matière
d'innovation, les systèmes de permis négociables pour
réduire les émissions de GES, les taxes et les subventions. Sur
la base de groupe d'indicateurs qui restent à perfectionner comme la
productivité de l'environnement et des ressources, la base d'actifs
naturels, la dimension environnementale de la qualité de la vie, et les
opportunités économiques des technologies vertes, l'OCDE constate
que la productivité de l'environnement et des ressources augmentent,
mais sans baisse absolue des pressions environnementales ou avec une
utilisation plus durable de certains actifs naturels.
C. STOFFAËS (2013), quant à lui aborde la question
de l'électrification durable au sein des pays pauvres et principalement
l'engagement personnel de l'ancien secrétaire général de
l'ONU BAN-KI-MOON, qui soutenait une économie verte en faveur des pays
sous-développés. Pour lui, l'économie verte constitue un
facteur de développement durable pour les pays pauvres qui n'ont pas de
moyens technologiques et d'investissements coûteux contrairement aux pays
développés. Il soutient la thèse selon laquelle,
l'électrification durable des zones rurales de l'Afrique subsaharienne
pourrait permettre d'avancer dans l'éradication de l'extrême
pauvreté en milieu rural et promouvoir un développement
énergétique durable qui permettra l'accès à
l'éclairage, les moyens de communication électroniques, la
recharge des téléphones portables, l'eau potable par forage, la
modernisation agricole, etc. Selon cet auteur, c'est le continent africain qui
doit être ciblé dans l'effort de solidarité internationale,
notamment en comblant l'écart en matière de financements et de
compétences techniques et entrepreneuriales.
En outre, M. DJUIKOM (2008), attire
l'attention sur un certain nombre de constats du champ de développement,
notamment en milieu rural africain. D'une part, elle s'interroge dans
7 Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE). En 1961, succédé
à l'organisation européenne de coopération
économique (OECE), fondé en 1948 pour gérer l'aide
américaine d'après-guerre.
11
quelle mesure et avec quel type d'organisation la promotion
des énergies nouvelles et renouvelables pourraient contribuer à
améliorer le bien-être et les conditions de vie des populations en
milieu rural. Son travail se veut interpellateur sur les schémas de
développement qui ont conduit à la pauvreté et la
misère en milieu rural, particulièrement en Afrique
subsaharienne. Pour l'auteur, parler de développement durable
intègre logiquement les dimensions tant économiques que
techniques, sociales, écologiques et environnementales. Le
développement des énergies renouvelables en milieu rural pourrait
générer de nombreux changements, des atouts économiques et
le développement local.
2- La problématique proprement dite
Au regard des précédents travaux, la
problématique qui est la nôtre vise à examiner les apports
du projet d'électrification par énergie solaire sur la vie des
populations bénéficiaires des villages Ndjockloumbé, Seppe
et Mbamblé. Pour ce faire, il nous parait également judicieux de
questionner les logiques d'actions et les enjeux des acteurs locaux
impliqués dans la mise en place de ce projet où la
disponibilité en énergie électrique constitue un
problème crucial pour ces populations. En outre, ce travail essaie
d'expliquer que la mise en place du projet par énergie solaire dans la
commune de Ngwei interpelle de nombreux acteurs aux enjeux diversifiés
qui participent du processus de développement local.
IV- QUESTIONS DE RECHERCHE
M. BEAUD (2006 :58), déclare que : « la
question de recherche est aussi indispensable pour l'auteur d'un mémoire
ou d'une thèse que la connaissance du cap à suivre par un
navigateur sans question principale, pas de bon mémoire ou thèse
». En effet, il s'agit pour lui de montrer la valeur de la question
de recherche dans tout travail scientifique. La question de recherche sert de
fil conducteur de toute recherche scientifique. Ainsi, notre travail s'articule
autour d'une question principale et quatre questions secondaires.
1- Question principale
Elle est formulée comme suit : Comment rendre compte du
projet de l'électrification solaire dans la circonscription
administrative de Ngwei ?
2- Les questions secondaires
La question principale a été éclatée
en quatre (04) questions secondaires ci-dessous
énoncées :
Q.S.1 : Quels sont les acteurs impliqués
dans la mise en oeuvre de ce projet ?
Q.S.2 : Quels sont les enjeux et les logiques
d'actions des différents acteurs autour de ce projet ?
12
Q.S.3 : Quelles sont les perceptions et les
représentations locales des populations bénéficiaires dans
le cadre de la réalisation de ce projet ?
Q.S.4 : Quelles sont les incidences du projet
d'énergie solaire sur la localité de Ngwei ?
V- LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
Notre travail s'articule d'abord autour d'une hypothèse
principale, et de quatre (04) hypothèses secondaires.
1- L'hypothèse principale
Le projet d'électrification solaire dans la
circonscription administrative de Ngwei participe de l'amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires.
2- Les hypothèses secondaires
H.S.1: Les différents acteurs
impliqués dans la mise en oeuvre de ce projet sont les autorités
administratives et municipales de la localité de Ngwei, les
élites politiques locales, la société Huawei.
H.S.2: La mise en place du présent projet
engendre des contradictions multiformes qui opposent les acteurs en
présence.
H.S.3: Le projet d'électrification en
énergie solaire est perçu par les populations rurales comme une
source d'enrichissement et d'amélioration des conditions de vie de la
communauté toute entière.
H.S.4 : le projet d'électrification en
énergie solaire dans l'arrondissement de Ngwei participe au rayonnement
socio-économique et améliore le confort des populations
locales.
VI- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Au regard de nos questions et de nos hypothèses de
recherche nous avons défini un (01) objectif principal et quatre (04)
objectifs de secondaires.
1- L'objectif principal
La présente réflexion vise principalement à
démontrer que le projet d'électrification rurale par
énergie solaire participe au rayonnement socioéconomique des
villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé.
2- Les objectifs spécifiques
O-S- 1 : Il vise à présenter les
différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du projet
d'énergie solaire.
O-S-2 : Cet objectif vise à comprendre et
à expliquer les logiques d'actions des divers intervenant au de ce
projet.
13
O-S-3 : Le troisième objectif a pour
but de connaitre les avis des populations des villages de Ndjockloumbé,
Seppe et Mbamblé autour du projet dans leurs localités.
O-S-4 Son objectif est de présenter
les atouts des énergies solaires dans les localités de
Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé.
VII- METHODOLOGIE
Dans le cadre de notre recherche, nous avons mobilisé
trois modèles théoriques. Il s'agit de la théorie du
conflit social, la théorie de la sociologie dynamiste et critique et la
théorie de la durabilité faible. Par ailleurs, trois principaux
outils de collecte de données à savoir : l'observation directe
structurée, l'entretien semi directif et le questionnaire ont
été manipulés. 1- Approche
théorique
Pour P. ANSART (1990 :56), le cadre théorique permet au
chercheur de préciser son « réseau d'influence ou
d'appartenance ». Dans le cadre de notre recherche, trois
modèles théoriques ont été mobilisés pour
comprendre les enjeux autour du projet d'énergie solaire dans
l'arrondissement de Ngwei. Il s'agit d'abord de la théorie du conflit
social, ensuite la théorie sociologique dynamiste et critique et enfin,
la théorie de la durabilité faible.
1-1 La théorie du conflit social
Les premiers travaux en anthropologie qui ont abordé la
réalité sociale par le biais des conflits sont ceux de
l'école de Manchester au début des années
19508. Cependant les usages qui ont été faits de la
notion de conflit restent ambigus, et renvoient au moins à trois niveaux
différents d'analyse.
Dans la perspective empire, les conflits sont inhérents
à toutes les sociétés. Cette idée est le leitmotiv
de l'oeuvre de M. GLUCKMAN (1956), le fondateur de l'école de
Manchester, et dans celle de ses disciples9. Pour M. GLUCKMAN, les
conflits sont l'expression de contradictions structurelles. Autrement dit les
sociétés, aussi petites soient-elles, et aussi dépourvues
soient-elles de formes institutionnalisées de gouvernement, sont
divisées et clivées par des conflits. Ces divisions et ces
clivages sont l'expression des coutumes, c'est-à-dire des normes, des
règles morales, des conventions (on pourrait aussi dire des codes
culturels). Ensuite, les conflits expriment donc des intérêts
différents liés à des positions sociales
différentes et sont culturellement structurés. Enfin, un postulat
fonctionnaliste : pour les
8 La notion de conflit était
déjà au coeur du paradigme marxiste. Mais divers auteurs
extérieurs à cette tradition ont mis en évidence
l'importance des conflits, comme Dahrendorf (1959), en macro sociologie, ou
Crozier (1964) en sociologie des organisations.
9 Le conflit est déjà un thème
d'un des premiers ouvrages de Gluckman (1940), mais prend plus d'importance
dans des publications ultérieures comme : Custom and conflict in
Africa (Gluckman, 1956).
10 Le darwinisme social, est un terme englobant qui
désigne toute doctrine ou théorie prétendant pouvoir
appliquer la théorie évolutionniste aux sociétés
humaines.
14
fonctionnalistes, les conflits, qui semblent vouer les
sociétés à l'émiettement ou à l'anarchie,
concourent au contraire à la reproduction sociale et au renforcement en
dernière analyse de la cohésion sociale : ils permettent de
maintenir le lien social.
En sociologie, la théorie du conflit social apparait en
1908 dans l'ouvrage de SIMMEL intitulé Soziologie. Dans cet
ouvrage, il met en exergue les acquis de son étude sur la grande ville
et assimile la société à un organisme et le conflit
à la maladie : tout comme l'organisme fait sa maladie pour
guérir, la société se donne ses conflits pour pouvoir
exister. Pour G. SIMMEL, le conflit vise le rétablissement de
l'état d'équilibre de la société, il permet la
résolution des tensions entre les classes sociales. Il soutient la
thèse selon laquelle, le conflit est un facteur d'équilibre sans
lequel la société ne serait même pas envisageable et met en
évidence le rapport positif des conflits dans la vie sociale. Loin
d'être un dysfonctionnement, le conflit fait partie intégrante de
la société et contribue activement à la reproduction des
rapports sociaux. En d'autres termes, le conflit défait et tisse les
liens entre les individus. Sur le même ordre d'idées, le
darwinisme social10 soutient que la lutte pour la vie entre humains
est l'état naturel des relations sociales et que les conflits sont aussi
la source fondamentale du progrès et de l'amélioration de
l'être humain et donc, de la société. La théorie du
conflit social postule que la société ou l'organisation
fonctionne de manière antagoniste du fait que chaque participant et ses
groupes d'individus luttent pour maximiser leurs avantages. Celui-ci contribue
aux changements sociaux comme les évolutions politiques ou les
révolutions. Cette théorie est utilisée pour expliquer le
conflit entre les classes sociales, notamment entre le prolétariat et la
bourgeoisie. L'essence de la théorie du conflit est mieux
résumée par la structure de la pyramide classique dans ce sens
où une élite dicte sa manière de penser aux masses plus
grandes. Selon cette théorie, les normes et les valeurs sont
conçues pour soutenir ceux qui ont la puissance, ou les groupes qui sont
perçus pour être supérieurs dans la société.
La théorie du conflit social cherche à cataloguer les
manières dont ceux qui ont de la puissance travaillent pour rester dans
la puissance.
Cette théorie prend en compte deux concepts pour
expliquer la réalité sociale à savoir « l'acteur
» et « l'arène ». M. LUSSAULT
(2009 : 137) considère l'acteur comme « pourvu d'une
intériorité subjective, d'une intentionnalité, d'une
capacité stratégique autonome et d'une compétence
énonciative ». L'arène selon F.G BAILEY (1969)
renvoie à l'espace social où prennent place des confrontations et
affrontements. À ce titre, l'arène évoque
à la fois, chez les acteurs eux-mêmes, une échelle plus
restreinte et une conscience plus claire des affrontements.
15
Au sens où nous l'entendons, l'arène est un lieu
de confrontations concrètes d'acteurs sociaux en interactions autour
d'enjeux communs. Pour JP Olivier de SARDAN (1998), un projet de
développement est une arène et le pouvoir villageois est un
acteur. De manière opérationnelle, ces deux concepts
(acteur et arène) sont en interrelation. En effet, les acteurs se
mobilisent et se déploient au sein de l'arène en fonction de
leurs intérêts.
La théorie du conflit social que nous avons
mobilisé dans le cadre de ce travail nous a particulièrement
semblé pertinente dans la mesure où elle nous a permis de saisir
les luttes d'intérêts qui opposent les différents acteurs
locaux impliqués dans le cadre de la mise en oeuvre du projet
d'électrification par énergie solaire. En réalité,
les élites locales s'opposent les unes aux autres parce qu'elles
souhaitent non seulement voir leur localité éclairée mais
aussi pour des intérêts économiques. Il s'agit des
élites qui s'investissent dans la production d'huile de palme.
Bénéficier de ce projet aurait donc un impact sur la production
des huileries locales. 1-2 La théorie de la
sociologie dynamiste et critique
La théorie dynamiste et critique est une théorie
qui émerge au cours des années soixante ayant pour des
pères fondateurs : G. BALANDIER. Elle nait dans un contexte de critique
contre le structuralisme génétique et ethnologique11
qui traitent certaines sociétés comme étant
perpétuellement fixes, établies dans un perpétuel
présent. Il s'agit de restituer à ces types de
sociétés une dynamique permanente. La société est
définie par le model des figures qui marquent une coupure par rapport
aux représentations classiques. Ce sont des agencements
vulnérables et problématiques des systèmes de relations
réjouissants l'activité collective, l'ordre et le désordre
y sont ensemble. La sociologie dynamiste et critique met au centre de sa
réflexion l'étude des changements, des mutations, des mouvements
sociaux, du devenir des sociétés. Par ailleurs, la théorie
de la sociologie dynamiste recommande au chercheur en général et
au sociologue en particulier d'être investi d'une attitude critique en
rupture avec les catégories de l'ordre social.
Pour G. BALANDIER (1971), les sociétés humaines
sont construites par une double dynamique à savoir les «
dynamiques du dedans » qui correspondent aux facteurs
endogènes et les « dynamiques du dehors » qui sont
les influences exogènes du changement social. Pour ce dernier, le
chercheur doit tenir compte de trois facteurs pour étudier les
sociétés : premièrement,
11 Le structuralisme génétique est
une forme particulière de structuralisme qui se distingue par sa prise
en compte de la dimension diachronique (historique) et son intérêt
pour la formation (« genèse ») et l'évolution des
structures étudiées. Il s'identifie largement à l'oeuvre
de Jean PIAGET et de Lucien GOLDMANN qui en furent les initiateurs dans les
années 1950 en épistémologie, ainsi qu'à l'oeuvre
de Pierre BOURDIEU qui en reprit et modifia le concept en sociologie à
partir des années 1970. Chez PIAGET et GOLDMANN, le structuralisme
génétique est synonyme d'épistémologie
génétique, tandis qu'il s'identifie plus tard chez BOURDIEU au
structuralisme constructiviste.
16
les sociétés inscrites dans la dépendance
sont affectées par leurs rapports avec les sociétés qui
leur sont externes et cela au niveau de leurs structures sociales, politique,
culturelles et économique. Deuxièmement, ces
sociétés doivent par conséquent être
analysées après repérage des « dynamique du
dedans » et les « dynamismes du dehors ».
Troisièmement, le chercheur doit tenir compte des interrelations
entre ces dynamiques.
Par ailleurs, il s'intéresse au phénomène
de production et de reproduction d'une société ; pour lui la
société se produit continuellement dans la mesure où
chaque individu est un acteur social qui contribue au changement de la
société. D'après l'auteur, l'objet de la sociologie
dynamiste et critique est de démasquer ce qui est caché dans les
faits sociaux pour étudier les sociétés humaines en
profondeur. En outre, il s'agit de présenter des réalités,
« officielles et officieuses » car les
sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent être.
L'objectif des interventions de développement est
d'apporter des changements sur des plans prédéfinis, il peut
être social, économique ou politique. Dans une vision techniciste,
où les sociétés sont relativement figées, et
où c'est le changement technique qui induit le changement social : le
développement coïncide avec l'intervention. Pour ELWERT et
BIERSCHENK (1988 : 99), « un projet de développement est une
intervention dans des systèmes dynamiques constitués d'acteurs
hétérogènes, engagés dans des rapports sociaux qui
sont porteurs d'inégalité et de domination en même temps
que solidarité, soumis à des processus plus larges de changement
économique et politique, en compétition pour des ressources et/ou
du pouvoir ». Dans le cadre de notre étude, la théorie
de la sociologie dynamiste et critique nous a permis de comprendre les logiques
d'intervention des acteurs locaux dans l'arène locale lors d'un projet
d'électrification par énergie solaire, leurs influences par
rapport à la mise en place du projet d'électrisation dans la
commune de Ngwei. Et enfin, les formes de réappropriation du projet
d'électrification solaire par ces acteurs locaux, lesquels ont un sens
et une puissance qu'il faut chercher à et à comprendre
expliquer.
1-3 La théorie de la durabilité faible
La théorie de la durabilité faible
apparaît en 1970, en Europe dans un contexte sur les questions
environnementales et l'accès aux ressources naturelles qui constituent
depuis cette année avec les chocs pétroliers et la pollution, une
préoccupation pour les sociétés occidentales.
D'après le rapport Brundtland (1987)12, l'empreinte
écologique de l'humanité dépasse depuis le milieu des
années 1970, la capacité de la terre à
régénérer de nouvelles ressources naturelles et
12 Le Rapport Brundtland est le nom communément
donné à une publication, officiellement intitulée Notre
avenir à tous, rédigée en 1987 par la Commission mondiale
sur l'environnement et le développement de l'Organisation des Nations
unies, présidée par la Norvégienne Gro Harlem
Brundtland.
17
à absorber les déchets de toutes sortes de
l'activité économique. Le phénomène de changement
climatique n'est que l'un des aspects de ce problème dont l'origine est
en partie une tendance à une plus grande concentration de gaz à
effet de serre dans l'atmosphère. Les ressources halieutiques et
l'énergie sont les deux domaines où l'épuisement des
ressources est le plus à craindre.
Selon la théorie de durabilité faible, il est
possible de détruire le stock de capital environnemental si on le
remplace par des technologies qui fournissent les mêmes services. Cette
théorie est défendue par les économistes
néoclassiques tels que S. HARTWICK (1977), F. MANCEBO (2010), L.
ABDELMALK et al (2010), et B. SEVERINE (2011). Pour ces derniers, les acteurs
doivent penser à substituer le capital artificiel (richesse
créée) avec le capital naturel (ressource naturelle). S. HARTWICK
énonce une règle de compensation
intergénérationnelle selon laquelle les rentes
prélevées au fur et à mesure de l'épuisement des
ressources naturelles doivent être réinvesties pour produire du
capital qui puisse remplacer les ressources naturelles
épuisées.
En effet, les acteurs de théorie de la
durabilité faible à l'instar de L. ABDELMALK, et al, (2010 :219),
soutiennent que « les facteurs de production sont totalement
substituables ». Par ailleurs, pour F. MANCEBO (2010 : 132), la
règle de la durabilité faible veut que « la somme du
capital naturel et du capital construit doit être maintenue constante
afin de permettre le remplacement du capital naturel par le capital
construit». Ainsi, la génération actuelle doit faire
preuve de rationalité et d'efficacité économique pour
valoriser les ressources disponibles et réinvestir la rente
réalisée dans un «capital reproductible profitable pour
les générations futures » F. MANCEBO (2010 : 132).
D'après cette théorie, il n'est pas question d'épuisement
des ressources naturelles et de dégradation de l'environnement car, les
acquis du progrès technologique accompagnés par les
investissements sont susceptibles de produire des substituts. Sur ce, il
importe de mettre l'accent sur la recherche et le développement ainsi
que sur la croissance de l'efficacité.
Dans le cadre de notre recherche, la théorie de la
durabilité faible nous a permis d'appréhender l'apport des
énergies solaires dans la vie des populations de la commune de Ngwei.
Par ailleurs, elle a permis de comprendre que les actions menées dans le
cadre du projet d'énergie solaire participe au développement
local.
2- Les outils de collecte des
données
Dans le cadre de notre recherche, nous avons manipulé
trois principaux outils de collecte des données à savoir
l'observation directe, l'entretien semi-directif et le questionnaire.
18
2-1 L'observation directe
Il s'agit d'un outil qui met l'enquêteur en situation
d'interaction immédiate avec son terrain, il l'oblige à avoir
« accès au terrain » Jean-Marc ELA, (2001 :61). Pour
T. CAPLOW, (1970 :149), « il est difficile d'imaginer une étude
de comportement sérieuse ou l'observation ne jouerait aucun rôle
». Cette technique de collecte de données qui s'est
appuyée principalement sur la vue et donc notre regard nous a permis
d'enregistrer tous les moindres détails susceptibles de nous
éclairer dans le cadre de notre analyse. Nous avons jeté un
regard attentif sur le mode de fonctionnement des huileries locales, les
différentes sources d'éclairage, les petits commerces, les
espaces de loisir et de détente, etc.
Pour cela, nous avons séjourné pendant une
période de 30 jours, allant du 01 février au 02 mars 2021 au sein
des villages Seppe, Ndjockloumbé, et Mbamblé13. Ces
villages ont été choisi principalement parce qu'ils ont
bénéficié du projet. L'objectif était de comprendre
au sens Durkheimien : « les manières de penser, de faire et
d'agir » des populations des villages bénéficiaires du
projet. Par ailleurs, l'observation directe nous a permis de voir et de saisir
la portée des énergies solaires sur le développement des
localités ciblées.
2-2 L'entretien semi directif
Pour M GRAWITZ (2001 :643), l'entretien semi directif est une
technique qualitative fréquemment utilisée ; c'est un «
tête à tête, un rapport oral entre deux personnes, dont l'un
transmet à l'autre des informations, un procédé
d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale,
pour recueillir des informations, en relation à un but fixé
».
Dans le cadre de notre enquête de terrain, les
entretiens se sont effectués en deux
phases.
La première phase d'entretien s'est faite à
l'annexe de l'AER au mois de mars à Yaoundé, plus
précisément au quartier Omnisport. Au cours de celle-ci, nous
avons échangé avec les personnes ressources notamment monsieur U.
NGOULA EWOUKI, chef service études réseaux, Mini-hydro et
Thermique à l'Agence d'Electrification Rurale. Nous avons
échangé d'abord sur la problématique de l'énergie
électrique en milieu rural camerounais en général et la
localité de Ngwei en particulier et enfin sur les sources de financement
du projet d'énergie solaire dans la localité de Ngwei, les
difficultés rencontrées et les atouts du projet pour les
populations locales.
13 Voir la carte de l'arrondissement de Ngwei
matérialisant ces différents sites à la page...
19
La deuxième partie de nos entretiens s'est
déroulée à Edéa et à Makondo durant une
période de15 jours, allant du 28 février 2021 au 14 mars 2021.
Celle-ci s'est fait avec le Délégué départemental
du Ministère de l'Eau et de l'Energie de la Sanaga Maritime, les
élites de la commune de Ngwei, les autorités administratives,
municipales et traditionnelles de l'arrondissement de Ngwei. Notre objectif
était de connaitre l'apport de chacun de ces acteurs dans la
réalisation du projet d'électrification par énergie
solaire. Nous avions échangé sur la problématique de
l'électrification dans la localité de Ngwei. En outre, il
s'agissait de connaitre des acteurs qui ont contribué à
l'implémentation du projet dans la localité de Ngwei, les
logiques d'actions de ces derniers ainsi que les problèmes
rencontrés par ces acteurs.
2-3 Le questionnaire
Muni d'un questionnaire que nous avons préalablement
élaboré, nous avons interrogé un total de 297 personnes
issues des trois villages échantillonnés. Cette population a
été repartie de la manière suivante : 100 personnes dans
le village Ndjockloumbé, 100 autres dans le village Seppe et 97 autres
du village Mbamblé. Cette répartition du nombre
d'enquêtés par village n'obéissant à aucune exigence
méthodologique ; le principal objectif était d'avoir l'avis du
plus grand nombre et de faire participer le maximum de personnes à cette
enquête. Cette phase de collecte d'information s'est étendue sur
une période d'un mois allant du 01 février au 02 mars de l'an
2021.
2-4 L'échantillonnage
Il s'agit ici de déterminer la taille de
l'échantillon mais aussi de préciser la technique
d'échantillonnage mobilisée.
2-4-1 La détermination de la taille de
l'échantillon
Comme mentionné plus haut, la taille de la population
échantillonnée est de 297 personnes. Le choix de cet
échantillon s'est fait de manière aléatoire. Et c'est
même d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons mobilisé la
technique d'échantillonnage aléatoire simple.
2-4-2 La technique d'échantillonnage
aléatoire simple
En faisant recours à la technique
d'échantillonnage aléatoire simple, nous ambitionnons donner la
chance à la population de notre échantillon de prendre part
à l'enquête. Cependant, il est également important de
préciser que les villages enquêtés présentent la
morphologie des villages ruelles c'est-à-dire que les habitations sont
situées aux extrémités des rues. Ainsi, nous avions
interrogé au hasard une personne sur deux à
l'extrémité droite de la ruelle puis une autre sur deux de
l'extrémité gauche. Donc le pas de sondage était d'un
individu sur deux.
Le tableau ci-dessous présente la catégorie et
le nombre de personne que nous avons interrogé.
20
Tableau 1 : Catégories de personnes
interrogées
No
|
Catégories de
personnes questionnées
|
Nombre
|
Pourcentage
|
1
|
Agriculteur
|
147
|
49,49
|
2
|
Chef
|
03
|
1,01
|
3
|
Coiffeur/coiffeuse
|
9
|
3,1
|
4
|
Commençant
|
23
|
7,74
|
5
|
Conseiller municipal
|
21
|
7,1
|
6
|
Elevés
|
46
|
15,48
|
7
|
Mbombog
|
03
|
1,01
|
8
|
Pasteur
|
02
|
0,67
|
9
|
Travailleur
|
43
|
14,47
|
Total
|
|
297
|
100
|
Source : enquêtes, mars 2021
VIII- DEFINITION DES CONCEPTS
- L'économie verte :
Pour le PNUE, (rapport 2011 : 1-2), l'économie verte
est « une économie qui entraîne une amélioration
du bien-être humain et de l'équité sociale tout en
réduisant de manière significative les risques environnementaux
et la pénurie de ressources. » Sous sa forme la plus simple,
elle se caractérise par un faible taux d'émission de carbone,
l'utilisation rationnelle des ressources et l'inclusion sociale. LACARRIER,
(2011 :183-188) la définit comme « un modèle de
développement moins dépendant des énergies
carbonées, mais sans pour autant renoncer aux modes de vie et habitudes
de consommation qui les caractérisent ». Ce type
d'économie traduit une parfaite conciliation de la durabilité
environnementale et de la croissance économique pour former ce que
JURGENSEN (2009), appelle « l'éconologie ». Selon
PERRET (2010), l'économie verte repose sur six principaux principes :
privilégier les ressources renouvelables, utiliser les ressources rares
de manière efficiente, réutiliser, réparer, recycler,
utiliser en priorité les ressources locales pour éviter les
dépenses d'énergie associées au transport, maintenir la
diversité en évitant « du one best way, la
spécialisation et la standardisation », tenir compte des
interdépendances et favoriser la coopération. Ce concept, promu
par le PNUE, est aujourd'hui présenté comme une stratégie
de mise en oeuvre du
21
développement durable la plus adéquate pour
répondre aux défis de nourrir 9 milliards de personnes à
l'horizon 2050 et de stabiliser d'urgence le climat d'après le PNUE,
(2011).
Selon l'encyclopédie
universalis.fr, Les
énergies renouvelables encore appelées «
énergies vertes » ou « énergies propres »
désignent un ensemble de moyens de production de l'énergie
électrique à partir de ressources naturelles disponibles. On
parle généralement des énergies renouvelables par
opposition aux énergies tirées des combustibles fossiles dont les
stocks sont limités et non renouvelables à l'échelle du
temps humain : charbon, pétrole, gaz naturel, les énergies
renouvelables sont produites à partir de sources comme les rayons du
soleil, ou le vent, qui sont théoriquement illimitées à
l'échelle humaine.
L'énergie solaire : comme son nom
l'indique, c'est une source d'énergie qui dépend du soleil. Cette
énergie permet de fabriquer de l'électricité à
partir de panneaux photovoltaïques ou des centrales solaires thermiques
grâce à la lumière du soleil captée par des panneaux
solaires. Issue du soleil, l'énergie solaire est une source
d'énergie renouvelable et totalement non polluante. D'après le
site
techno-science.net,
l'énergie solaire est l'énergie que dispense le soleil par son
rayonnement, directement ou de manière diffuse à travers
l'atmosphère. Sur terre, l'énergie solaire est à l'origine
du cycle de l'eau et du vent. On peut distinguer le solaire
photovoltaïque, le solaire passif, et le solaire thermique.
L'énergie solaire photovoltaïque :
elle désigne l'électricité produite par
transformation d'une partie du rayonnement solaire avec une cellule
photovoltaïque. Plusieurs cellules sont reliées entre-elles sur un
module solaire photovoltaïque. Plusieurs modules sont regroupés
pour former une installation solaire chez un particulier ou dans une centrale
solaire photovoltaïque qui alimente un réseau de distribution
électrique.
Le solaire thermique : consiste à
utiliser la chaleur du rayonnement solaire. Il se décline de
différentes façons : centrales solaires thermodynamiques,
chauffe-eau et chauffages solaires, rafraîchissement solaire,
cuisinières et sécheurs solaires. Le solaire thermodynamique est
une technique solaire qui utilise le solaire thermique pour produire de
l'électricité.
Énergie solaire passive : est la plus
ancienne utilisation de l'énergie solaire. Elle consiste à
bénéficier de l'apport direct du rayonnement solaire,
c'est-à-dire l'énergie solaire passive. Par exemple, pour qu'un
bâtiment bénéficie au mieux des rayons du soleil, on doit
tenir compte de l'énergie solaire lors de la conception architecturale
(façades doubles, orientation vers le sud, surfaces vitrées,
etc.). L'isolation thermique joue un rôle
22
important pour optimiser la proportion de l'apport solaire
passif dans le chauffage et l'éclairage d'un bâtiment.
L'électrification rurale selon
YAMEGUEU (2013 :23), définit l'électrification rurale comme
« un processus qui consiste à fournir ou à
approvisionner en électricité les zones rurales
éloignées du réseau électrique ».
Le développement local selon J.
MERCOIRET (2006), est « un processus dynamique de mobilisation des
ressources et énergies locales visant une amélioration des
conditions de vie, des ressources et des potentialités par
création, accumulation et distribution des richesses sur un territoire
progressivement contrôlé par ensemble de ses habitants
». Le concept de développement local naît de la prise de
conscience de ce que les politiques d'aménagement du territoire (logique
d'État) mises en oeuvre pour corriger les grands
déséquilibres géographiques et socioéconomiques
(logiques du marché) ne peuvent trouver leur pleine efficacité
qu'en s'appuyant sur une organisation des volontés locales (logique de
territoire).
Ce processus de développement s'articule autour de
trois dimensions (l'espace, le temps, les acteurs). Il permet à la
population du territoire concerné de résoudre progressivement ses
problèmes et de réaliser ses ambitions dans les domaines
économique, social, culturel et environnemental par la participation
active, individuelle et collective de l'ensemble des citoyens. Processus
dynamique et incertain plutôt que réalité figée, le
développement local est ainsi à la fois un problème de
consolidation territoriale et de coordination entre les différents
acteurs qui interpellent les contextes institutionnels locaux. Par ailleurs,
cette notion comporte une dimension endogène qui insiste sur la
mobilisation et la valorisation productive des ressources, des énergies,
des forces sur un espace ou un territoire sans que ce dernier ne désigne
a priori une aire donnée aux délimitations physiques
précises, fixes et aisément repérables. Il est essentiel
de souligner que ce qui peut être local ici est régional, voire
national ailleurs.
IX- LE PLAN DE TRAVAIL
Notre travail s'articule autour de deux grandes parties,
constituée chacune de deux chapitres.
La première partie est consacrée à
l'électrification en milieu rural au Cameroun en général
et dans la commune de Ngwei en particulier. Le chapitre qui constitue
l'entrée en matière présente l'arrondissement dans lequel
nous avons mené notre recherche à savoir Ngwei. Le
deuxième chapitre s'intéresse à la question de
l'électrification rurale au Cameroun en général et
spécifiquement dans l'arrondissement de Ngwei.
23
Dans la deuxième partie de cette étude, il est
question dans le premier chapitre de présenter non seulement les
différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de ce projet,
mais aussi leur jeu d'intérêt. C'est également dans cette
partie que nous examinons l'ensemble des dynamiques mises en place par les
bénéficiaires du projet d'électrification par
énergie solaire. Le quatrième chapitre consiste à rendre
compte des atouts de l'électrification par énergie solaire dans
les villages de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé.
PREMIERE PARTIE : L'ELECTRIFICATION EN
MILIEU
RURAL AU CAMEROUN
25
Les premières initiatives d'électrification
rurale date de 1971, le projet consistait au raccordement par la
société Electricité Du Cameroun (EDC) des villages Manjo,
Nlohe, Loum, Penja et Jombé à la ligne de 30 KV en construction
entre Nkongsamba et Mbanga14. En ce qui concerne la commune de
Ngwei, celle-ci fut électrifiée à partir de 1998 nous
révèle Paul LIBI ancien conseiller municipal à ladite
commune. En 2010, le pays se lance dans un vaste programme de
développement visant l'atteinte de l'émergence du pays à
l'horizon 2035, car sur le plan de l'électrification, l'extension du
réseau électrique national ne permet pas d'atteindre toutes les
zones rurales du pays, mais pourtant riches en ressources d'énergies
renouvelables.
Avant d'étudier la contribution de l'énergie
solaire au développement local à Ngwei, il parait
nécessaire d'aborder la question de l'électrification en milieu
rural au Cameroun en général et dans la localité Ngwei en
particulier. La première partie qui ouvre cette réflexion est
constituée de deux grands mouvements, dont le premier est
consacré à l'analyse sociologique de la circonscription
administrative de Ngwei. Le second abonde l'histoire de
l'électrification rurale au Cameroun et Spécifiquement à
Ngwei.
14 Electricité Du Cameroun, Rapport de
l'Assemblée générale ordinaire du 15 décembre
1971, Boîte 925891, Archives EDF.
26
CHAPITRE I : MONOGRAPHIE DE
L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
Le premier chapitre de notre travail s'articule autour de
trois parties : la première partie porte sur l'arrondissement de Ngwei,
c'est-à-dire de ses origines à son découpage
administratif. Il s'agit tout d'abord de reconstituer l'histoire du nom que
porte aujourd'hui cet arrondissement. Par la suite, il nous échoit de
situer géographiquement l'arrondissement. Par ailleurs, cette partie
explore les atouts hydrographiques. En ce qui concerne la deuxième
section, elle présente l'organisation sociale et économique des
peuplements de Ngwei ; il s'agit de montrer dans cette partie comment est
structuré l'arrondissement de Ngwei, les principales sources de revenus
et enfin présenter l'organisation sociale du travail. Quant à la
troisième section, elle expose les différentes sources
d'éclairages utilisées par les populations locales ainsi que les
incidences négatives de celles-ci dans la vie de ces populations
locales.
I- L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI : DES ORIGINES A SON
DECOUPAGE ADMINISTRATIF
Il s'agit ici de reconstruire l'histoire de cette
localité notamment d'où vient le nom Ngwei ses premiers
occupants, la conquête même de cette espace etc.
1- Aux origines de Ngwei
L'histoire de la commune de Ngweï est fortement
liée à celle de son chef-lieu qui est Makondo. Les aïeux des
populations de Ngweï sont arrivés à Makondo en 1711, et ont
donné le nom de « Sooh Masseng » qui signifie la
route des palmiers aujourd'hui appelé Seppe. Les tribus existantes dans
cette localité sont : les Bakoko (Yabï), les Bassa'a (Ndog Ndjee),
les Béti, les Yambassa. Les Yabï de racine Mpo'o, descendants de la
Grotte Ngock Litouba comme d'autres tribus Mpoo, arrivèrent en amont de
la Sanaga à Edéa. Ils vont trouver sur place d'autres tribus plus
anciennes telles que les Batibano et les Nyal Ngoo. C'est alors qu'une guerre
oppose Yabï aux Batibano. Suite à cette guerre, les Yabi sortent
vainqueurs et repoussent les Batibaòo vers l'océan (Kribi) loin
au-delà des chaines de montagnes de Bipindi. Toujours dans la
conquête de l'espace, une seconde guerre les oppose aux Bakoko
d'Edéa ; guerre qui sera très vite stoppée avec
l'arrivée des colonisateurs. Les colonisateurs contraignaient par la
suite les uns et les autres d'occuper chacun leurs territoires respectifs. Les
Ndog Ndjee sont
27
partis de l'arrondissement de Dibang dans le Nyong et
Kellé à la quête du sel de cuisine et débarquent au
bord de la Kellé vers 1884, dans la zone de Boomabong qui était
jadis occupée par les Yabï. Par la suite, une guerre sanglante les
oppose alors aux Yabï. Les Ndog Ndjee sortirent vainqueurs et conquirent
Boomabong, Mandjab, Mbamble, Seppe et une partie de Sooh Masseng. Vers 1906, il
eut l'avènement du chemin de fer. A cette même période, le
nom Sooh Masseng fut changé en « Sooh Makondo » qui
signifie l'excès de plantains. Avec l'implantation de la gare
ferroviaire, et l'arrivée des colonisateurs dans cette localité
le nom de Sooh Makondo s'est transformé en Makondo qui signifie plantain
et devient alors un des pôles économiques les plus importants de
la zone du fait de la culture abondante de la banane plantain et de l'huile de
palme. Les Béti, les populations du nord-ouest et celles du grand nord
arrivent bien après comme ouvriers dans les chantiers forestiers et dans
les plantations agricoles. Très nombreux au départ, tous sont
presque morts et il n'en reste plus que quelques familles ouvrières dans
les vastes champs de palmier à huile et de cacao de la zone.
2- La localisation géographique de la commune de
Ngwei
Le territoire qu'occupe l'arrondissement de Ngweï faisait
partie de la commune rurale d'Edéa avant sa création. Elle voit
le jour par décret n° 2007/11 du 24 Avril 2007, portant
création des communes. Elle est située dans le département
de la Sanaga Maritime, région du littoral à 90 km de Douala et
170 km de Yaoundé. Elle est limitée au Nord par la commune de
Pouma, au Sud par la commune d'Edéa 1er, à l'Est par
la Commune de Messondo et la commune de Lokundjé, à l'Ouest par
la commune de Massock et Edéa 2. La commune de Ngweï s'étend
sur une superficie d'environ 800 km2. Sa population
évaluée à près de 15 000 habitants est
composée des Bassa'a et des Mpo'o. Cette population est
administrativement regroupée en vingt-neuf (29) villages constituant la
zone rurale de la commune et en deux (02) quartiers (Makondo I et Makondo II),
qui constituent l'espace urbain communal. La carte ci-dessous présente
un plan de localisation de la commune de Ngwei.
28
Carte 1 : La commune de Ngwei
Source : INC, Fonds topo Ngwei ; juillet 2017, ONG
PAARD
29
3- L'organisation administrative de la commune de
Ngwei
Le chef-lieu de l'arrondissement de Ngwei est Makondo, c'est
le siège de toutes les institutions administratives et les services
déconcentrés de l'Etat. L'arrondissement dispose de vingt-cinq
élus locaux qui forment le conseil municipal de la mairie,
composé de dix-huit hommes et sept femmes. Pour ce qui est de
l'administration territoriale, un sous-préfet assure et veille au
maintien de l'ordre, à l'exécution des lois, des
règlements et décisions du gouvernement ainsi qu'à
l'exécution des programmes de développement économique et
social dans la commune. Par ailleurs, la population de Ngwei est repartie en
deux cantons (chefferie de 2eme degré) : nous avons le canton Bassa
Ipouha qui est composé de 20 villages, le canton Yabii Ndog Bessol
composé de 09 villages. Ces deux cantons comptent ensemble 29 villages
qui sont administrés chacun par un chef de 3e degré. Le tableau
ci-dessous présente l'état des lieux des infrastructures et des
services sociaux de base par secteur dans la commune de Ngwei. Tableau
2 : l'état des lieux des services sociaux de base et infrastructures par
secteur dans la commune de Ngwei.
Secteur
|
Description
|
Localisation (village)
|
État
infrastructure
|
Agriculture
|
Présence d'une usine d'extraction de l'huile de palme,
Présence de 04 postes agricoles.
|
Mbandjock Solopa, Dingombi, Ebombe, Makek
|
Bon Passable
|
Commerce
|
Présence de 03 hangars de marché.
|
Makondo, Mandjab, Njockloumbe
|
Passable
|
Éducation de Base
|
Présence de :
-13 écoles publiques
- 04 écoles maternelles
|
Disséminées dans les villages Seppe, Makondo,
Mandjap, Mbamble-Mayamba
|
Passable
|
Eau et énergie
|
Présence de 16 transformateurs d'AES/SONEL Présence
de 04 châteaux d'eau, 18 puits, 46 forages.
|
Disséminés dans certains villages de la Commune
|
Passable et mauvais
|
30
Forêt et Faune
|
Présence 02 postes de protection de la faune.
|
Makondo et Njockloumbe
|
Mauvais
|
Enseignement secondaire
|
- 01 Lycée d'Enseignement
Général ;
- 03Collèges d'Enseignement Secondaire
général
- 01 Collège
d'Enseignement Technique Industriel et Commercial - 03 SAR/SM
|
Makondo, Makondo Ebombe, Ndjockloumbe. Makondo ; Makondo,
Mapoubi, Dingombi;
|
Bon
|
Santé Publique
|
- 05 Centres de Santé Intégrées
- 01 Centre de Santé Catholique
|
Makondo, Ebombe, Song Ndong, Dingombi, Solopa, Mbamble,
|
Passable
|
Sécurité
|
- 01 brigade de gendarmerie
|
Makondo
|
Bon
|
Sport et Éducation Physique
|
Présence des aires de jeux non aménagés dans
certains villages municipaux.
|
Disséminés dans certains villages
|
Mauvais
|
Source : auteur, mars 2021.
Le tableau ci-dessus présente les différents
services sociaux et infrastructures dans l'arrondissement de Ngwei.
D'après nos observations de terrain, il en est ressorti que, les
localités de l'arrondissement de Ngwei disposent des services sociaux de
base à savoir des centres de santé et des écoles. En
effet, chaque village de l'arrondissement dispose d'une école primaire.
Ensuite, des services déconcentrés de l'Etat notamment, une
brigade de la Faune et de la Flore et une sous-préfecture. Sur le plan
économique, on note aussi la présence des espaces de commerce,
une industrie d'extraction d'huile de palme. En ce qui concerne les loisirs, il
y a la présence un stade de football dans chaque village. Et enfin, sur
le plan sécuritaire, nous avons la présence d'une brigade de
gendarmerie.
15 PCD Ngwei 2017.
31
4- Les atouts géographiques de Ngwei
Cette section intéresse au climat, au relief, au
réseau hydrographique, à la flore et à la faune de la
localité de Ngwei.
4-1 Le climat et ses caractéristiques
L'arrondissement de Ngwei est soumis à un climat
équatorial de type guinéen à quatre saisons. Il correspond
à la grande saison de pluie de septembre à novembre, octobre est
le mois le plus pluvieux. La saison sèche la plus longue va de
décembre à mars. La petite saison des pluies s'étend
d'avril à juin, et la petite saison sèche de juillet à
août. La hauteur moyenne annuelle des précipitations est de 2000
mm, tandis que la température moyenne annuelle est de 25°C environ.
Ce qui est favorable à l'agriculture, car permet d'envisager deux cycles
de culture par an.
4-2 Le relief
La commune de Ngwei appartient au plateau Sud camerounais qui
se présente comme une vaste pénéplaine mollement
ondulée. Les interfluves ont des altitudes comprises entre 500 et 700
mètres15 les principaux se retrouvent à
Ndjockloumbé. Ils laissent apparaitre les vallées qui constituent
des zones où on rencontre des sources et des points d'eau
nécessaires à l'alimentation en eau des ménages
4-3 Le réseau hydrographique
Le milieu biophysique, encore appelé milieu de vie ou
environnement biophysique de l'arrondissement de Ngwei est composé de
l'hydrographie, la faune, la flore, le relief et le climat. La commune de Ngwei
est arrosée par un dense réseau hydrographique dont l'ensemble
des cours d'eau font partie du bassin de la Sanaga. L'on y rencontre entre
autres les rivières Ngwei, Nkanla, Mbandjock et bien d'autres cours
d'eau qui se jettent dans la Kéllé et dans le Nyong
(confère carte hydrographique de Ngwei). Il faut aussi noter la
présence de plusieurs sources d'eau naturelles non
aménagées et très souvent intarissables. Tous ces cours
d'eaux constituent les sites de pêche artisanale pour les riverains qui y
vivent. La carte qui suit présente le milieu hydraulique de la commune
de Ngwei.
32
Carte 2 : le réseau hydrographique de la commune
de Ngwei
Source : INC. Fonds topo Ngwei, juillet 2017,
ONG PAARDIC, PDC de Ngwei.
La carte ci-dessus montre que chaque village de
l'arrondissement de Ngwei dispose au moins des forages qui sont soit des
propriétés privées, soit un don de la mairie ou un don de
la société ALUCAM.
33
4-4 Les essences fauniques et floristiques
Les espèces fauniques les plus récurrentes sont
en zone de forêt tropicale dense humide telles que les céphalophes
et les athérures (chimpanzés, gorilles, buffles, antilopes...).
On y retrouve également dans la savane et aux alentours des plantations,
la présence de quelques espèces de rongeurs tels que les
rats-palmistes, les porcs épics et les hérissons. La faune
domestique quoique négligeable, est constituée de la volaille,
des moutons, des chèvres et des porcs.
En ce qui concerne la flore, la commune de Ngwei appartient au
domaine de la forêt dense équatoriale. L'écologie de cette
forêt dépend essentiellement des influences climatiques,
altitudinales et anthropiques. Les influences édaphiques (substratum,
sol, topographie) ne jouent qu'un rôle secondaire. La forêt sert au
développement des cultures de rente telles le palmier à huile, le
cacao et à l'exploitation du bois de chauffage et des meubles. Les
arbres que l'on y trouve sont de type secondaire, néanmoins cette
forêt regorge encore des espèces ligneuses telles que le Moabi,
l'Iroko, l'Acajou, l'Ebène, l'Azobé et non ligneuses à
l'exemple du Jong, d'Okok et du Ndjangsang... Les bambous de Chine sont
communément observés dans les bas-fonds marécageux et
bordure de route.
II- L'organisation social et économique des
peuplements de Ngwei
Dans cette section il est question de présenter la
population, l'organisation des familles, les différentes
activités économiques et l'organisation sociale du travail.
1- La population
La population de Ngwei est évaluée à
près de 15 000 habitants d'après le Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2015. Cette
population est repartie en part inégale dans l'ensemble des 29 villages
que compte l'arrondissement.
L'âge de la population au sein de l'arrondissement de Ngwei
varie entre 0 et 90 ans. Le graphique ci-dessous est un aperçu des
différentes tranches de la population qu'on retrouve dans les villages
de l'arrondissement.
34
Graphique 1: Pyramide des âges de la
commune de Ngwei en 2017.
2500 2000 1500 1000 500
0
|
|
Total personnel
|
0 à 15 14 à 30 30 à 45 45 à 60 60
à 75 75 à 90
Source : DPNV 2017, PCD juillet 2017, Mairie de
Ngwei.
A l'observation de cette pyramide des âges, il apparait
que la population de la commune de Ngwei est essentiellement constituée
de jeune et celle en âge scolaire occupe une place importante.
Les différents groupes ethniques dominant de la commune
de Ngwei sont les Bassas Mpo'o-Bati. On y retrouve également des
populations allogènes, notamment les Beti, les populations du grand Nord
et celle du Nord-ouest et Sud-Ouest. Cependant, plusieurs religions se
côtoient dans l'arrondissement. Il s'agit notamment des protestants, des
catholiques, des pentecôtistes et des musulmans.
Pour ce qui est de la mobilité de la population, la
carte communale montre que les populations ont trois principales destinations.
La ville d'Edéa, chef-lieu du département où les services
administratifs sont sollicités notamment, la justice, la
préfecture ; la ville de Douala pour la commercialisation des produits
agricoles, l'approvisionnement en produits de première
nécessité, l'accès aux infrastructures sanitaires,
éducationnelles et de loisirs. En outre, la ville de Yaoundé sert
aussi de commercialisation des produits agricoles, l'approvisionnement en
produits de première nécessité et autres biens de luxe,
les soins médicaux, les loisirs et l'enseignement supérieur.
35
Quant aux populations vulnérables, on en distingue 06
principales catégories à savoir: les handicapés mentaux,
les handicapés physiques, les orphelins, les personnes
âgées, les mal voyants et les veuves/veufs.
2- L'organisation sociale
L'organisation sociale des populations de la commune de Ngwei
est faite autour du chef traditionnel qui est en effet le gardien des
traditions ancestrales et représente l'administration. Les familles sont
reparties en LOG qui représente un ensemble de familles ayant un lien de
parenté au sein de la localité. On retrouve également un
chef de famille dans chaque famille qui est généralement le doyen
d'âge de cette famille. Dans l'ensemble de la Commune c'est le
système patrilinéaire qui prévaut. L'habitat des
populations se retrouve généralement le long des pistes et se
fait autour du chef de famille. Au centre urbain, les habitations sont
reparties en quartier. On note cependant l'absence de lotissements pour les
habitations au centre la ville de Makondo et l'installation des familles semble
encore se faire en désordre.
En ce qui concerne les relations interethniques, il en est
ressorti que et le climat social entre les différents groupes ethniques
est harmonieux. Les populations locales et allogènes vivent dans
l'harmonie. En effet, les échanges entre ces dernières sont
fructueux et celles-ci participent au développement économique de
la localité.
3- Les principales activités
économiques
Les principales activités économiques de la
commune de Ngwei sont l'agriculture, l'élevage, la pèche, le
transport, le petit commerce, la chasse, l'exploitation forestière et
collecte de produits forestiers non ligneux.
Dans la commune de Ngwei, l'activité économique
dominante est l'agriculture avec une prépondérance de la culture
du palmier à huile qui est la principale source de revenu des
populations. Le palmier à huile est une culture ancrée dans la
tradition (on note la présence d'une usine de production d'huile de
palme appelée Browser). Les cultures telles que celle la banane plantain
et du cacao sont aussi cultivées mais en grande quantités par les
élites des villages de Ngwei. On y retrouve aussi des cultures
vivrières et maraîchères (manioc, macabo, l'arachide, le
maïs, le taro, gombo, tomate, piment...).
36
Tableau 3 : Production agricole et superficie par
années
Spéculations
|
Bassin de production
|
année 2015
|
année 2016
|
Production (en t)
|
Superficie en ha
|
Production (en t)
|
Superficie en ha
|
Huile de palme
|
commune
|
100.000
|
2700
|
150.000
|
3000
|
Manioc
|
Toute la commune
|
300
|
70
|
450
|
90
|
Banane plantain
|
Toute la commune
|
100
|
50
|
125
|
54
|
Macabo
|
Toute la commune
|
20
|
10
|
21
|
10.5
|
igname
|
Toute la commune
|
ND
|
/
|
/
|
/
|
Maïs
|
Toute la commune
|
90
|
10
|
96
|
12
|
Cacao
|
Toute la commune
|
9000
|
60
|
11000
|
63
|
Source : DAADER - Ngwei, 2017.
D'après ce tableau que la culture la plus
développée dans la commune de Ngwei est celle du palmier à
huile qui est d'ailleurs considérée dans cette localité
comme un héritage ancestral. L'exploitation du palmier par les
populations constitue la principale source de revenus. Par ailleurs, cette
production a augmenté avec l'éclairage des huileries ce qui
permet aux populations de presser de l'huile le jour comme la nuit. Celle-ci
est suivie de la banane plantain, du cacao et du manioc, pour l'exportation et
l'alimentation. Le macabo, igname et le maïs sont cultivés
principalement pour les besoins alimentaires.
La pêche, activité très peu
pratiquée et destinée d'une part à la consommation
domestique, et d'autre part, constitue une source de revenus pour ceux qui la
pratiquent à l'instar des allogènes au bord du fleuve Sanaga.
La chasse quant à elle est une activité
très pratiquée au sein des villages de la commune de Ngwei. On y
rencontre de grands chasseurs professionnels. Les produits de la chasse sont
destinés à l'autoconsommation des familles (80%) et à la
commercialisation (20%).
37
S'agissant de la collecte des produits non ligneux des
forêts de la commune, il se fait généralement par le
ramassage et la cueillette. Les produits non ligneux rencontrés se
présentent sous diverses formes. On peut citer : les fruits, les
écorces, les feuilles, les insectes. D'après monsieur TONG,
Les forêts de la commune sont riches en produits
forestiers non ligneux, et sont destinés non seulement à l'auto
consommation, mais aussi à la commercialisation et à la
pharmacopée traditionnelle la plupart sont commercialisés dans
les villes d'Edéa, Douala et Yaoundé.
4- L'organisation sociale du travail
Comme partout ailleurs les hommes s'investissent
généralement dans les cultures de rente notamment celle du
palmier à huile, banane plantain et le cacao... Les femmes par contre,
Sont confinées au rôle de nutrition et d'éducation du
groupe domestique. Par ailleurs, celle-ci interviennent dans le domaine de
l'agriculture de subsistance et les activités commerciales tels la
restauration, le commerce des vivres frais, la couture et la coiffure...
Quant à la jeunesse, elle est le plus souvent
sollicitée comme main d'oeuvre familiale. Tantôt dans les grandes
plantations familiales qui sont la propriété du père ou du
chef de famille tantôt comme petit commerçant ambulant de viande
de brousse, arachide grillé etc. Par ailleurs, le transport est
effectué essentiellement par les jeunes à travers les
motos taxi qui servent de relai entre la ville d'Edéa et les
différents villages de la commune de Ngwei.
Cette répartition spontanée des tâches
pourrait être l'une des explications justificatives du patriarcat
prépondérant dans nos sociétés. En
réalité, au-delà du pouvoir de domination que l'homme a
sur la femme, ce pouvoir peut également être
appréhendé au niveau économique ; En s'investissant dans
les cultures rentières, l'homme est prédisposé à
avoir plus d'argent que la femme. Argent qui constitue également l'un
des instruments de domination au sein des rapports du genre.
Les allogènes quant à eux, on les retrouve
beaucoup plus dans les grandes plantations de palmier à huile et
cacaoyères pour l'entretien, la presse de l'huile de palme et la
cueillette du cacao.
Parlant des alimentations, celles sont
principalement gérées par les populations du Nord Cameroun. En
effet, ces derniers possèdent la majorité des boutiques.
D'après les populations locales :
Les allogènes de la localité de Ngwei
participent beaucoup au développement local et économique
à travers le commerce en effet, plus de 95% des boutiques appartiennent
aux populations du Nord Cameroun et la gestion des plantations des natifs est
faite par celles du Nord-Ouest et celles du centre.
38
III- L'ENERGIE ELECTRIQUE DANS LA COMMUNE DE NGWEI
Après la deuxième guerre mondiale, le Cameroun
va être placé sous tutelle de la France et de l'Angleterre. Ce
processus marque la mise en valeur du territoire camerounais et plus
particulièrement des localités camerounaises. Ce processus
débuta avec la promulgation par la France de la loi N° 46-860 du 30
avril 1946, qui jetait les bases de la planification pour l'équipement
et le développement des territoires d'Outre-mer et de leur financement
par le Fond d'Investissement pour le Développement Économique et
Social (FIDES). Ces plans concernaient l'ensemble des territoires de l'Afrique
Occidentale Française (AOF), de l'Afrique Équatoriale
Française (AEF) et du Cameroun qui était alors sous tutelle
franco-britannique, tout en prenant en compte les spécificités de
chaque territoire. Il s'agissait de la construction des infrastructures telles
que les écoles, les hôpitaux et des industries pour le
développement socio-économique. C'est dans ce contexte que l'on
assiste à la réalisation des premiers projets d'énergie
électrique. Il s'agit dans le cadre de cette partie de présenter
le potentiel hydroélectrique de l'arrondissement de Ngwei.
1- Les barrages hydroélectriques
La localité de Ngwei est l'une des rares
localités du Cameroun qui regorge d'un grand avantage en terme
d'hydroélectricité du fait de sa proximité avec les deux
grands barrages hydroélectriques que compte le Cameroun à savoir,
le barrage d'Edéa et celui de Song Lou Lou. En ce qui concerne le
barrage hydroélectrique d'Edéa, il fut entamé dans les
années 1950 avant l'indépendance du Cameroun et fut
inauguré le 5 février 1954. La centrale d'Édéa I,
inaugurée en 1954 en même temps que le barrage comportait à
l'origine deux groupes électrogènes de 11 MW ; elle a
été complétée de 1955 à 1958 par la centrale
d'Edéa II qui avait 6 groupes électrogènes de 20,8 MW
chacun. Cependant, un troisième groupe électrogène de 11
MW fut installé à Edéa I, pour permettre l'alimentation en
énergie électrique des installations d'électrochimie que
la société ALUCAM venait de mettre en service à
Edéa. Ultérieurement, la centrale d'Edéa a
été étendue grâce à l'équipement par
étape entre 1966 et 1976 d'abord par ENELCAM et par la suite la SONEL
par la centrale d'Edéa III avec cinq groupes de 20,8 MW chacun.
Quant au barrage hydroélectrique de Song Lou Lou ses
travaux de construction furent lancés en 1976, sous l'impulsion du
président Amadou AHIDJO. L'inauguration s'en suit le 14 novembre 1981
par le même président de l'époque. Lors de la construction
de ces barrages, les promesses avaient été faites aux populations
locales d'Edéa d'être les premières
bénéficiaires de ces projets de construction, mais l'accord
n'avait pas été respecté laissant ainsi les
localités de la Sanaga Maritime et celle de Ngwei en particulier sans
énergie électrique.
39
2- Les politiques d'aménagement du
territoire
Lorsqu'on parcourt les travaux de M.W POKAM KAMDEM (2016),
sur l'origine de l'électrification rurale au Cameroun, l'on constate que
celle-ci a été faite de manière méthodique. En
effet, il était question pour la France de servir d'abord ses
intérêts au détriment de celles des populations locales.
C'est dans ce sens que le barrage d'Edéa sera construit pour alimenter
l'usine d'ALUCAM et les localités rurales où la France avait ses
intérêts notamment dans les localités du Mungo dans la
région du littoral. Il s'agissait des localités de Manjo, Nlohe,
Loum, Penja et Jombé.
L'objectif était de satisfaire aux besoins des
populations autochtones et généraliser les conditions les plus
favorables à leur progrès économique et social tout en
drainant le maximum de bénéfices vers la France POKAM KAMDEM
(2007). C'est dans ce contexte que les premières infrastructures
électriques au Cameroun furent construites. Elles correspondaient
à un certain nombre de critères décisifs, notamment par
rapport au potentiel économique et politique de la localité et la
présence de populations européennes.
Lorsqu'on consulte les travaux antérieurs sur
l'histoire de la décolonisation, notamment ceux de M. DOMERGUE et J.
TATSITSA (2011), il en ressort que les populations bassa et
bamiléké étaient les pionniers de celle-ci ; ceci du fait
que ces dernières ont bataillé pour l'indépendance du
Cameroun et l'unification du Cameroun à savoir le Cameroun anglophone
géré par l'Angleterre et le Cameroun francophone
géré par la France. Ainsi, l'on peut comprendre la raison pour
laquelle la France ne pouvait pas investir dans cette partie du territoire.
C'est dans ce contexte que le géographe André FRANQUEVILLE, (1987
:146) s'interrogeait : « Comment ne pas s'étonner que la ligne
électrique Edéa-Yaoundé « survole » les villages
du Pays bassa sans que ceux-ci puissent l'utiliser ?». Il a fallu
attendre plus de 40 ans pour que les populations locales
particulièrement celles de Ngwei puissent bénéficier de
l'énergie électrique ceci grâce aux actions menées
par son élite politique.
3- Les différentes sources d'éclairage et
d'énergie dans la commune de Ngwei
Il convient de préciser que lorsqu'on parle de source
d'éclairage, il s'agit des moyens qu'utilisent les populations de Ngwei
pour pouvoir s'éclairer. D'après les données issues de
notre enquête de terrain, les populations de Ngwei pour s'éclairer
utilisent la lampe à pétrole, la bougie, la lampe torche, le
groupe électrogène, l'électricité courante :
Eneo.
3-1 La lampe à pétrole
Après avoir parcouru les villages de
Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé, il nous a été
donné de constater que sur 297 personnes interrogées, 284
utilisaient et ont une lampe tempête. Comme vous pouvez d'ailleurs le
constater dans le tableau ci-après.
40
Tableau 4 : Le nombre de personnes qui utilisaient la
lampe à pétrole
lampe à pétrole
|
Fréquence
|
Localité
|
Total
|
Pourcentage
|
Ndjockloumbé, Mbamblé Seppe
|
Oui
|
284
|
95,6
|
Non
|
13
|
4,4
|
Total
|
297
|
100
|
Source : Auteur, mars 2021
Le tableau ci-dessus représente des données
chiffrées sur le nombre de personnes qui utilisaient et qui ont une
lampe à pétrole dans les villages Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé où nous avions mené notre recherche.
D'après ce tableau, on constate que près de 95,6% de population
utilise une lampe à pétrole contre 4,4% qui utilise une autre
source d'éclairage.
3-2 La lampe torche
Présente dans la plupart des foyers, la lampe de poche
peut être utilisée occasionnellement lors d'une coupure
d'électricité par exemple. Il ressort de notre enquête de
terrain que la lampe torche est utilisée par 61,6 % des ménages
non raccordés à l'énergie électrique dans la
localité de Ngwei. Les lampes à torches présentes dans les
commerces, sont utilisées le plus souvent pour se déplacer
à l'extérieur dans la nuit ou en cas de coupure d'énergie
électrique.
Tableau 5 : Le nombre de personnes qui utilise la
lampe torche
Torche à pile
|
Fréquence
|
Localités
|
Total
|
pourcentage
|
Ndjockloumbé, Mbamblé
Seppe
|
oui
|
183
|
61,6
|
non
|
114
|
38,4
|
total
|
297
|
100
|
Source : Auteur, mars 2021
Le tableau ci-dessus indique le nombre de personnes qui
utilisent une lampe torche dans les villages de Ndjockloumbé, Seppe, et
Mbamblé. D'après ce tableau, on constate que près de 61,6%
de la population utilisent une lampe troche pour s'éclairer.
3-3 La bougie
Les bougies sont faiblement utilisées comme moyen
d'éclairage dans les ménages n'ayant pas accès à
l'électricité relève le rapport du DPP, (2013), ou il en
ressort que 20,5% des ménages électrifiés au Cameroun ont
recourt aux bougies. Dans l'arrondissement de Ngwei plus
précisément dans les villages de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé, l'on note que les
41
bougies servaient de moyen d'éclairage en cas de
coupure d'énergie électrique. Au cours de notre entretien, M.
BATOUM nous a fait savoir que : « les bougies ont un faible pouvoir
éclairant et il faudrait une quantité assez importante pour
suffisamment éclairer une pièce. Peu appréciées,
les bougies sont utilisées comme moyens de substitution à la
lampe tempête. »
3-4 Les lampes solaires
Les lampes solaires sont des lampes qui renferment des
batteries de stockage, rechargeables à partir du soleil. Les torches et
lanternes solaires dont l'énergie provient du soleil ont convenablement
remplacé les lampes à pétrole, lesquelles lampes ont un
impact négatif sur l'environnement. Ces lanternes solaires fournissent
une meilleure qualité d'éclairage à une large proportion
de ménages pauvres dans les pays en voie de développement pour
s'éclairer. Elles sont largement sollicitées en milieu rural et
surtout dans la commune de Ngwei, dans les ménages et dans les espaces
de commerce, ainsi que pour la chasse et la pêche nocturnes.
Graphique 1 : Evolution ventes de lanternes solaires
domestiques Janv 2017-Déc 2018
Source: Power Africa Geospatial Analisis,
2019
D'après ce graphique, on constate que de janvier
à juin 2017, 30.886 et de juillet à décembre 2017, 1.967
de lampes solaires ont été vendus au Cameroun. De janvier
à juin 2018, 49.715 et de juillet à décembre 2018, 54.649
de lampes solaires ont été vendus.
Après la coupure d'électricité par Eneo
due au manque d'entretien du réseau électrique existant, les
populations sont passées des lampes à pétrole, aux lampes
solaires. Celles-ci paraissent plus économiques par rapport à la
lampe à pétrole car son circuit d'alimentation en énergie
n'impacte aucune dépense au consommateur ; en effet, il suffit juste de
l'exposer au rayon du soleil pour les recharger.
42
Tableau 6 : Le nombre de personnes qui utilise la lampe
solaire à Ngwei
lampe solaire
|
Fréquence
|
localitéss
|
Total
|
Pourcentage
|
Ndjockloumbé Seppe
Mbamblé
|
Oui
|
239
|
80,5
|
non
|
58
|
19,5
|
total
|
297
|
100
|
Source : Auteur, mars 2021
Dans les villages de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé, il en ressort que 80,5% des populations locales
possèdent une lampe solaire. Celle-ci est très sollicitée
au point où certains en vendent sur place.
3-5 Le groupe électrogène
Les groupes électrogènes sont des technologies
simples permettant d'alimenter les ménages en énergie
électrique. Cependant, ce moyen d'approvisionnement nécessite des
moyens financiers élevés pour son usage étant donné
qu'il consomme de l'essence. Cette solution est très peu adoptée
par des personnes ayant un revenu bas. En outre, l'usage du groupe
électrogène est pour la plupart des cas réservé aux
ménages les plus aisés, lesquels sont peu
représentés dans notre zone d'étude. En effet, seulement
3% des ménages non raccordés dans les villages que nous avions
enquêtés se servent des groupes électrogènes pour
répondre à leurs besoins d'éclairage. Les groupes
électrogènes sont aussi retrouvés dans beaucoup de
commerces. L'usage de ces générateurs permet parfois d'alimenter
les voisins contre une petite somme d'argent.
3-6 Electricité courante/Eneo
La carte ci-après est un plan d'électrification
de la commune de Ngwei avant le projet d'énergie solaire dans la commune
de Ngwei.
43
Carte 3 : La carte d'électrification de la commune
de Ngwei
Source : PDC de Ngwei, 2017.
44
D'après cette carte, nous constatons que sur 29
villages que compte la commune de Ngwei, 21 villages étaient
électrifiés et 08 villages n'avaient pas accès à
l'énergie électrique. Mais à cause du manque d'entretien
de ce réseau électrique par la société Eneo, les
populations de la localité de Ngwei n'ont pas
bénéficié de l'énergie électrique à
long terme.
Au cours de notre entretien avec le Maire de la commune de
Ngwei il en est ressorti que :
Bon nombres des villages de la Sanaga Maritime en
général et de Ngwei en particulier avaient accès à
l'énergie électrique, mais à cause du manque d'entretien
du réseau électrique existant par la société Eneo,
de nombreux villages de la commune de Ngwei se sont retrouvés sans
énergie électrique.
Pour tenter de remédier à cette situation, le
Maire de la commune de Ngwei avait déposé plusieurs
requêtes auprès de la société Enéo de la
Sanaga Maritime afin de rétablir l'énergie électrique,
mais ce dernier n'a pas obtenu de suite favorable.
4- Les effets induits par quelques sources
d'éclairage et d'énergies
L'utilisation de certaines sources traditionnelles
d'éclairage à l'instar des lampes à pétrole, des
bougies, les lampes à piles et les groupes électrogènes
ont des impacts dans la vie des populations.
4-1 Les lampes à pétrole et les bougies
Les lampes tempêtes et les bougies représentent
un risque réel d'incendie et contribuent à la pollution de l'air.
Elles émettent aussi des gaz à effet de serre qui augmentent le
réchauffement climatique et les modifient. Selon une publication du
journal scientifique américain SCIENCE (2005), 77 milliards de litres de
pétrole sont brûlés dans les lampes à pétrole
chaque jour. Ces lampes traditionnelles relativement moins chères, sont
responsables d'une émission de 190 millions de tonnes de CO2 par an,
ainsi que d'autres émissions qui sont dangereuses pour la santé.
Dans la localité de Ngwei, les populations nous font savoir que : le
pétrole est très coûteux et quelquefois manque dans le
village. Parfois, il faut parcourir un long trajet jusqu'au marché pour
l'acquérir.
Dans un entretien avec monsieur TEGEL, il déclare que
:
Les éleveurs de volaille ont connu des pertes
énormes avec les lampes à pétrole qui ont brulé
leur poulailler. En dehors de ces derniers, certains boutiquiers ont perdu leur
business dans les incendies à cause de lampe à pétrole ou
de la bougie. De même pour les élèves qui ne sont pas
satisfaits de la qualité de l'éclairage pour les
études.
45
Graphique 2 : Statistique sur l'impact négatif des
lampes à pétrole et des bougies.
297
158
139
100
46,8
53,2
Total oui non
fréquence Total fréquence pourcentage
350
300
250
200
150
100
50
0
Source : Auteur, mars 2021
Le graphique ci-dessus nous pésente un pourcentage des
personnes qui vivent dans la localité de Ngwei avec lesquelles nous nous
sommes entretenues. En effet, il en ressort que l'usage des lampes à
prétrole et des bourgies ont un impact sur la qualité de vie.
46,8% soit 139 personnes sur 297 que nous avons intérogées nous
déclare que, l'utilisation des lampes à pétrole et des
bougies ont des incidences négatives sur le bien-etre des
populations.
4-2 Les lampes à piles
D'après nos recherches, il apparaît que les
torches à piles sont simples à l'utilisation mais d'une puissance
faible en terme de qualité d'éclairage. Par ailleurs, les
batteries qui permettent de les alimenter sont très couteuses en milieu
rural. D'après les populations rurales, « il faut
dépenser en moyenne six mille par mois pour l'achat des piles et cela a
un impact sur leur revenu économique ; une fois qu'elles ont
été utilisées, il reste le problème de leur
élimination. »
46
4-3 Les groupes électrogènes
Les groupes électrogènes produisent d'une part,
du dioxyde de carbone et du monoxyde de carbone qui sont des gaz toxiques en
plus ces gaz sont presque indétectables. Même en bon état
et placés dans une pièce aérée, ils peuvent
toujours être la cause d'intoxications mortelles. En effet, les groupes
électrogènes qui fonctionnent avec un moteur diesel produisent
des particules qui sont nocives pour les voies respiratoires. Le fonctionnement
d'un groupe électrogène peut poser des problèmes sur la
qualité de l'eau et de l'air, et des nuisances sonores qui peuvent
dégrader les conditions de vie aux alentours.
Graphique 3 : Statistique sur l'impact
des groupes électrogènes.
297
350
Total oui non
fréquence Total
fréquence pourcentage
250
200
300
150
100
50
0
100
70
23,6
227
76,4
Source : Auteur, mars 2021
Le graphique ci-dessus représente le nombre de
personnes interrogées lors de notre enquête de terrain à
savoir 297 personnes, on constate que 23,6% des populations
enquêtées pensent que les groupes électrogènes sont
dangereux pour la santé dans la mesure où l'énergie qui
provient de ceux-ci est instable et peut parfois endommager les appareils
électroménagers qui sont connectés.
4-4 Eneo
Les conséquences du manque d'électrification en
milieu rural sont les mêmes en milieu urbain. Les coupures intempestives
d'électricité ont des incidences négatives sur le
bien-être des populations locales de Ngwei. Ce qui entraîne des
pertes, notamment les réserves d'aliments qui se décomposent dans
les réfrigérateurs et sur le plan social, nous avons l'exode
rural. En
47
outre, le manque d'électricité a pour
conséquence le vol et les agressions ; certains jeunes profitent de
cette situation pour s'introduire subitement dans les domiciles privés
en l'absence des propriétaires. Cette situation favorise le
sous-développement, un ralentissement et des pertes économiques,
pour les commerçants. C'est ainsi que M. BIBOUM, déclare que :
« L'obscurité entraîne les ténèbres et
favorise la sorcellerie dans notre village ».
Pour les élèves et les enseignants, le manque
d'énergie électrique est l'une des principales causes de
l'échec en milieu scolaire et de l'exode rural dans la localité
de Ngwei. Tableau 7 : Statistique sur l'impact d'Eneo à
Ngwei
|
Eneo
|
|
Fréquence
|
Localités
|
|
Total
|
Fréquence en pourcentage
|
Ndjockloumbé Seppe
Mbamblé
|
Négatif
|
|
230
|
|
77,4 %
|
positif
|
|
67
|
|
22,6%
|
Total
|
|
297
|
|
100%
|
Source : auteur, mars 2021.
La conclusion est la même, en effet, les populations de
Ngwei ne trouvent pas totale satisfaction avec Eneo ; ceci au travers des
coupures d'énergie électrique très
répétitives. Au cours de nos entretiens avec 297 personnes dans
les villages de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé, 230 personnes
soit 77,4% pensent que le manque d'entretien des lignes électrique par
Eneo est la principale cause du manque d'énergie dans les
localités de Ngwei.
48
Nous pouvons retenir du chapitre qui précède que
l'arrondissement de Ngwei est un jeune arrondissement qui est né suite
au décret du président de la république portant
création des communes ; par ailleurs, ce dernier se trouve dans le
département de la Sanaga Maritime. Celle-ci sur le plan administratif
est gérée par un Sous-Préfet et des élus locaux qui
forment le conseil municipal ayant à leur tête un Maire et deux
adjoints. Il est composé de 29 villages repartis en deux grands cantons.
Outre les populations locales, on y retrouve d'autres groupes ethniques
à savoir les populations du Nord, celles du Centre et du Nord-ouest
Cameroun. En effet, la commune de Ngwei disposent de nombreux atouts
économiques à savoir : l'agriculture principalement celle de
l'huile de palme, du cacao et de la banane plantain ; le commerce avec la
présence des épiceries et débits de boisson ; en ce qui
concerne l'élevage, il s'agit de la volaille et des porcs ; la
pêche se pratique dans les cours d'eau au sein des localités par
les populations locales et exogènes. Quant au transport, il est
effectué par les jeunes des localités, le moyen de transport le
plus utilisé est la moto. Malgré ces nombreuses
potentialités économiques et agricoles, le développement
local peine encore à s'accélérer ceci est dû au
manque d'énergie électrique ; pour s'éclairer, les
populations utilisaient la lampe à pétrole, la torche, la lampe
solaire, le groupe électrogène pour les plus riches et Eneo ;
nonobstant le fait que certaines de ces sources d'éclairage à
l'instar de la lampe à pétrole, la bougie, le groupe
électrogène et Eneo avaient des incidences négatives dans
leur vie ce qui constitué un frein sur le développement local
ceci du fait que des arrêts inopinés de l'énergie
électrique.
Le chapitre qui suit a pour objectif de faire une socio
histoire de l'électrification rurale au Cameroun. Il sera question dans
le cadre de cette partie de présenter d'abord les politiques
d'électrification rurale, ensuite les organes et enfin de
présenter les défis de l'électrification rurale au
Cameroun en général.
49
CHAPITRE 2 : LES ENERGIES RENOUVELABLES AU
CAMEROUN : POLITIQUES, ORGANES, MISSIONS ET
FAIBLESSES
D'après les travaux de M.W. POKAM KADEM, nous pouvons
retenir que l'électrification rurale du Cameroun a d'abord
été rendue possible par l'effort colonial à savoir celle
de l'Allemagne et de la France. En effet, l'Allemagne est le premier pays
à arriver au Cameroun, suite à la signature du traité
germano-douala du 12 juillet 1884, elle engage alors des réalisations
dans le pays dans le domaine de l'électrification, la construction des
écoles et des hôpitaux. Après la première guerre
mondiale, le Cameroun est mis sous protectorat français, qui fait de
l'électrification l'une de ses oeuvres notamment dans les plantations en
milieu rural. L'introduction de celle-ci s'est faite lentement, se limitant
à des territoires ayant une importance politique et économique
avérée, et/ou disposant d'une population européenne
nombreuse. C'est ainsi que Douala, Yaoundé et dans une certaine mesure
Dschang ont été les premiers foyers d'électricité
au Cameroun. Il convient de retenir que la première la construction de
la centrale hydroélectrique fut celle d'Edéa : elle avait
été entamée dans les années 1950 avant
l'indépendance du Cameroun en 1960 et fut inauguré le 5
février 1954. Ceci témoigne de l'intérêt que l'on
portait déjà à l'électricité d'origine
hydraulique, à peine un demi-siècle après ses
débuts, même dans les colonies.
Le secteur de l'énergie électrique au Cameroun
évolue dans un contexte économique, organisationnel et
institutionnel comportant de nombreuses opportunités et quelques
contraintes. Ce chapitre est composé de trois parties, la
première partie porte sur les politiques d'électrification au
Cameroun ; dans le cadre de cette partie, nous allons présenter les
options politico-juridiques qui encadrent l'électrification rurale au
Cameroun. En ce qui concerne la deuxième partie, il s'agit de
présenter les organes en charge de l'énergie électrique en
milieu rural camerounais, c'est-à-dire présenter les organes en
charge des questions d'électrification rurale au Cameroun et leurs
missions. La troisième partie a pour but d'expliquer les
problèmes qui minent l'électrification rurale au Cameroun.
50
I- LES POLITIQUES D'ELECTRIFICATION RURALE AU CAMEROUN
Les dispositifs mis en place par l'Etat du Cameroun en
matière d'électrification rurale commencent avec les plans
quinquennaux, plus précisément le cinquième plan. Ensuite,
nous avons la création de tout un ensemble d'organes en charge de
l'énergie électrique il s'agit : du Fond d'Energie Rurale, la
Société Nationale de Transport de l'Electricité, l'ARSEL.
Pour ce qui est du cadre institutionnel et politique, nous avons : le Document
de Stratégie pour la Croissance et de l'Emploi, le Plan Directeur
d'Electrification Rurale, le Plan d'Action National Energie pour la
Réduction de la Pauvreté, le Projet de Développement du
Secteur de l'Energie, le Plan Energétique National, le Plan de
Développement du Secteur de l'Electricité 2030 mis à jour
pour 2035 et le Programme National de Développement Participatif qui
accompagnent ces structures.
1- Les plans quinquennaux et leurs missions
Pour amorcer le développement du Cameroun, le
président Ahmadou Ahidjo avait lancé des plans quinquennaux de
1960 à 1986 dont l'objectif était d'impulser le
développement du Cameroun, notamment avec la construction des
infrastructures et le développement du milieu rural.
L'élaboration du cinquième plan quinquennal de
développement (1981-1986) marque le début d'une autre
étape de l'électrification rurale au Cameroun qui s'achève
avec l'application des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Au cours de
cette période, l'État fait de l'électrification rurale un
moyen pour combattre l'exode rural et une nouvelle modalité de promotion
du développement rural. Mais cet intérêt tardif se solde
par des résultats peu satisfaisants et on aboutit dans certains cas
à des situations insolites. C'est dans le sixième plan,
publié en 1986, que la finalité des programmes
d'électrification rurale est indiquée : il s'agit pour les
pouvoirs publics de créer un équilibre entre les villes et les
campagnes à travers l'amélioration des conditions de vie de ces
dernières afin de contenir l'exode rural.
2- Le Plan Energétique National (PEN)
Le PEN a été élaboré en 1990, et
constitue à ce jour le seul document qui fait le diagnostic global de
toutes les formes d'énergies exploitables au Cameroun en
déployant une vision politique à long terme. Les énergies
renouvelables y sont traitées dans toutes leurs diversités et
inscrites dans un plan de développement cohérent.
Malheureusement, le PEN n'a jamais été adopté
officiellement.
3- La réforme des années 2000 en
matière d'électrification rurale au Cameroun : Le cadre
politique, juridique et institutionnel
A la faveur du Décret n° 2012/501 du 07 novembre
2012, portant organisation du Ministère de l'Eau et de l'Energie, le
gouvernement a créé la Direction des Energies
51
Renouvelables et de la Maîtrise de l'Energie (DERME).
Ainsi, l'AER a été réorganisée par décret
n°2013/204 du 28 juin 2013. En 2011, L'Assemblée Nationale a
délibéré et adopté, en sa séance
plénière du 15 novembre 2011, le projet de loi n° 896/PJL/AN
lors de la 8ème législature la loi qui régit le secteur de
l'électricité en milieu rural au Cameroun. En son article 58,
alinéa 1 elle cite : « L'Etat assure la promotion et le
développement de l'électrification rurale sur l'ensemble du
territoire national » ; mais la situation n'avait pas totalement
évolué. Le cadre politique, juridique et institutionnel est
soutenu par un ensemble de plans et programmes sur lesquels il convient de
s'appesantir :
- Le Document de Stratégie pour la Croissance
et de l'Emploi (DSCE)
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi
est le cadre de développement à moyen terme au Cameroun. Il est
le document de référence de l'action gouvernementale pour la
période 2010-2020. Elaboré dans un contexte de crise
énergétique au niveau mondial, le secteur de l'énergie y
est fortement interpellé. Le DSCE a pour objectif d'implémenter
la vision 2035 pour la première décennie (2010-2020). Pour ce
faire, il s'appuie sur le scenario de référence qui analyse les
implications chiffrées des orientations retenues dans la
stratégie de croissance du Cameroun. Le scénario de
référence vise notamment à réconcilier à
moyen terme la réalisation d'une croissance soutenue et la relance de la
production dans les secteurs porteurs de croissance. L'hypothèse
formulée sur l'énergie stipule que : « les
développements importants programmés doivent permettre
d'anticiper une amélioration considérable de la capacité
de production d'énergie électrique du pays. Ces
développements doivent impulser la croissance de la production
énergétique au rythme annuel de 2,9% et 13% respectivement dans
les périodes 2009-2011 et 2012-2020 »16.
Le défi à relever sur le plan énergétique est donc
d'accroître significativement la production d'énergie par une
valorisation du potentiel hydraulique, gazier, des énergies alternatives
et l'extension et la modernisation des réseaux de distribution. Ce qui
aura pour résultat l'amélioration de l'offre d'énergie.
Ce document traduit les termes de la politique
économique nationale qui se définit par « la
réduction de la pauvreté à moins de 10 %, l'admission du
Cameroun au statut de pays à revenus intermédiaires, et
l'admission du Cameroun au statut de pays industrialisé
»17.
L'un des axes majeurs de cette politique est l'accroissement
massif du parc électrique national à partir des sources
conventionnelles en s'appuyant notamment sur le Plan de Développement du
Secteur Electrique horizon 2035. La promotion de l'utilisation des sources
d'énergies renouvelables pour l'amélioration de l'offre
énergétique en milieu urbain et rural est l'une des
16 DSCE 2020
17 Plan de Développement du Secteur Electrique
horizon 2035.
52
orientations du DSCE qui traduit la ferme volonté du
gouvernement pour le développement de ce secteur.
Le tableau ci-après présente les évolutions
attendues au terme de la première phase décennale en
matière de puissance installée d'énergie
électrique.
Tableau 8 : Quelques indicateurs
énergétiques en 2010 et leurs perspectives en 2020
Indicateurs
|
Valeur de 2010
|
Valeur attendue en
2020
|
|
Gap
|
Puissance installée d'énergie
électrique (en MW)
|
1 009
|
3
|
000
|
|
1
|
991
|
Source : DSCE 2020
D'après ce tableau, on constate que la puissance
électrique du Cameroun devrait passée en 2010 de 1009 MW pour
3000 MW soit un gap de 1991 MW. C'est dans le cadre du DSCE que va naitre les
barrages hydroélectriques de Lom-Pangar, Mevelé, Mekin et le
barrage de Batchenga sur le fleuve Nachtigal.
4- Plan Directeur d'Electrification Rurale
(PDER)
Le Plan Directeur d'Electrification Rurale, a
été conçu et mis en oeuvre par le gouvernement. Il a pour
objectif d'atteindre à l'horizon 2035, un taux d'électrification
de 98% de toutes les 14 207 localités camerounaises. Ce plan vise
l'aboutissement de la connexion de la quasi-totalité des ménages
camerounais au réseau électrique national. Pour les populations
éloignées du réseau, des solutions « off-grid
»18 sont proposées à l'instar des centrales
solaires photovoltaïques. En effet, c'est dans ce plan que les sources
renouvelables sont davantage promues du fait de leur disponibilité et
leur exploitabilité sur l'ensemble du territoire national. Le PDER avait
pour objectif, l'introduction des énergies renouvelables dans le
développement des projets d'électrification en milieu rural. Ces
objectifs actualisés en 2016 portent principalement sur :
- le niveau d'accès aux différentes formes
d'énergie moderne dans les zones rurales ;
- le découpage du pays en zones d'énergie rurale
;
- l'identification des programmes prioritaires
d'énergie rurale basés sur la demande à satisfaire dans
chacune des zones rurales ;
- l'estimation des investissements nécessaires pour
réaliser ces programmes ; - la fixation des priorités
d'approvisionnement en énergie à moindre coût ;
18 Les solutions « off-grid » porte
sur l'électrification décentralisée.
53
- la demande d'énergie électrique.
Ce plan compte quatre phases d'une durée de cinq
années chacune, chaque phase comporte quatre programmes
d'électrification rurale et un programme d'établissement de la
carte électrique rurale du Cameroun. Le PDER porte sur
l'approvisionnement en électricité des régions rurales
isolées, non raccordées au réseau national
interconnecté. Pour un million de branchements, soit 50 000 annuellement
sur une période de 20 ans.
5- Le Plan d'Action National Energie pour la
Réduction de la Pauvreté (PANERP)
La Plan d'Action National Energie pour la Réduction de
la Pauvreté (PANERP), quant à lui vise l'accès aux
services énergétiques comme moteur du développement
économique et social du Cameroun. Cette vision a été
conçue en phase avec les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). En effet, il était question d'atteindre une
partie des OMD à travers les énergies renouvelables. Le PANERP
avait six axes principaux stratégiques : le premier axe vise le
renforcement des capacités des acteurs publics et privés dans la
planification, la gestion, l'exploitation et l'entretien de systèmes
énergétiques. Le second met un accent particulier à
l'électrification rurale décentralisée dans les
collectivités territoriales en prévision à la
décentralisation. Le troisième vise un meilleur accès des
populations pauvres des zones rurales et périurbaines aux
énergies modernes de cuisson (foyers améliorés et gaz
domestique) ; une amélioration de la quantité et de la
qualité d'approvisionnement des établissements sociaux et
communautaires (établissements scolaires, centres de santé,
systèmes d'adduction d'eau potable, centres de promotion de la femme,
centres des handicapés, centres sociaux, structures de
développement rural et d'encadrement des populations à la base,
etc.). Le quatrième a pour objectif d'améliorer le cadre de vie
des populations et de leur bien-être social. Le cinquième axe vise
un meilleur accès aux usages productifs des services
énergétiques pour accroître la productivité des
populations pauvres des zones rurales et périurbaines (force motrice,
commerces, conserveries, pêche, réduction des pertes après
capture ou récolte, etc.). Et enfin, le sixième vise la promotion
de la production locale d'équipements et matériels d'alimentation
des services énergétiques, y compris des économies
d'énergie.
La mise en oeuvre de ces axes nécessite l'exploitation
des sources d'énergies renouvelables qui sont disponibles sur l'ensemble
du territoire national, notamment dans les zones rurales isolées.
Elaboré en 2005, le PANERP apparaît comme un avatar du PDER.
L'unique différence entre ces deux plans se trouve dans leur
déploiement, tandis que le PDER visait à offrir de
l'énergie électrique aux populations de manière
individuelle, le PANERP quant à lui se focalise sur un accès
communautaire à l'énergie en ambitionnant de fournir des services
énergétiques modernes dans des secteurs considérés
comme prioritaires (éducation, santé et
54
approvisionnement en eau) et de contribuer à la
réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural. Ainsi le
PANERP avait prévu l'approvisionnement en services
énergétiques de 1153 structures éducatives (écoles
primaires, lycées et collèges), 110 collèges et
lycées d'enseignement technique, 923 centres de santé et 191
adductions d'eau potable.
Depuis le lancement du PANERP en 2005, le taux d'accès
à l'électricité a connu une croissance réelle en
milieu rural, bien que le Fonds d'Energie Rurale qui était prévu
à cet effet, n'ait pas fonctionné à sa juste mesure. Les
fonds publics et d'autres moyens ont été les principales sources
de contribution. Toutefois, elles sont désormais prises en compte, non
seulement dans le PANERP, mais également dans d'autres plateformes
telles que le PDER ou les engagements du Cameroun à la COP 21. Il serait
souhaitable d'arrimer le PANERP au PDER par souci d'efficacité sur le
terrain et d'économie des ressources financières et humaines.
6- Le Projet de développement du secteur de
l'énergie (PDSEN)
Le Projet de Développement du Secteur de l'Energie est
lancé en 2006, sur initiative de la Banque Mondiale. Son objectif
principal était d'assurer un meilleur accès à
l'énergie moderne dans des zones rurales au Cameroun en
général et dans la commune de Ngwei en particulier et
d'améliorer la planification et la gestion des ressources du secteur par
tous les établissements du secteur de l'énergie. C'est de ce
projet que va naitre la création d'un Fond pour l'Energie Rurale
prévu dans le PANERP et le décret portant création de
l'Agence d'Electrification Rurale. Ensuite, le renforcement des
capacités et la fourniture d'une assistance technique au MINEE pour
l'atteinte des objectifs suivants : primo, l'amélioration de la
planification des investissements au moindre coût en prenant en compte
les données du Plan de Développement du Secteur de
l'Electricité horizon 2035 (PDSE 2035). Secundo, finaliser le cadre
juridique et institutionnel du secteur de l'énergie et tertio, assurer
la communication en matière d'énergie rurale au Cameroun. Et
enfin la composante 3 du projet a trait à la préparation des
projets, notamment la préparation du projet de construction de la
centrale hydroélectrique de Lom Pangar.
7- Le Plan de Développement du Secteur de
l'Electricité 2030 mis à jour pour 2035 (PDSE 2035)
Le PDSE 2035, est un plan produit en 2006, pour être
atteint en 2030, mais il a été mis à jour en 2014 pour
s'arrimer à l'année 2035, qui est l'année projetée
pour l'émergence du Cameroun. L'un de ses principaux axes consiste
à mettre en valeur la grande hydroélectricité du Cameroun.
Ce plan a par ailleurs servi comme l'une des références pour
l'élaboration du volet énergie dans le cadre de la
rédaction du DSCE et du PDSEN. C'est à travers ce plan qu'on
verra la construction des barrages hydroélectriques de Mekin, de
Memve'ele et de Lom Pangar.
55
8- Programme National de Développement
Participatif (PNDP)
Créé en 2004, le PNDP est un programme
multi-bailleurs permettant d'assister le gouvernement camerounais dans ses
missions de promotion de la croissance et de création d'emplois pour un
développement durable des communautés rurales. Il vise à
définir et à mettre en oeuvre des mécanismes pour
responsabiliser les communes et leurs communautés à la base afin
de les rendre actrices de leur propre développement. Ce mécanisme
est opéré dans le cadre du processus progressif de
décentralisation. Le PNDP est conçu en trois phases de quatre ans
chacune. Il promeut les projets communaux et contribue au développement
des sources locales d'énergies renouvelables pour satisfaire les besoins
énergétiques des Collectivités Territoriales
Décentralisées.
9- Quelques instruments Juridiques internationaux
signés ou ratifiés et exploités par le
Cameroun
Les sommets mondiaux successifs organisés notamment par
les Nations Unies dans le cadre de la recherche de solutions pour une lutte
efficace contre les changements climatiques et pour mettre en place des
processus viables de développement durable ont abouti pour une bonne
part à la construction de régimes juridiques internationaux, et
pour certains, des instruments de financement destinés à soutenir
ou à promouvoir le développement de projets verts dans divers
pays du monde. Ainsi, le Cameroun va ratifier ces instruments juridiques pour
pallier à cette problématique de l'énergie
électrique durable.
56
Tableau 9 : Quelques instruments internationaux ratifiés
par le Cameroun
Instruments juridiques internationaux
|
Objectifs
|
Instruments juridiques de financements de
projets verts et observations
|
Conseil Mondial de l'Energie
(World Energy Council, WEC), créé 1923
|
Promotion de la fourniture et de l'utilisation durable de
l'énergie
|
Activités de promotion menées par le Conseil
|
Protocole de Montréal (1987)
|
Réduction et à terme élimination
complète des substances qui réduisent la couche d'ozone.
|
RAS
|
Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) (1992)
|
Réduction à l'échelle
planétaire des émissions des Gaz à effet de
serre
|
- Fonds Vert sur le Climat (FVC) créé en 2009
- La BAD (Banque Africaine de Développement) a
été accréditée en 2016 au FVC pour opérer en
tant qu'entité internationale de mise en oeuvre
|
Protocole de Kyoto (1997)
|
- Recherche, mise en valeur, Promotion de l'accroissement de
l'utilisation de sources d'énergies renouvelables, de technologies de
piégeage du dioxyde de carbone et de technologies écologiquement
rationnelles et innovantes
|
Fonds MDP (Mécanisme de développement propre)
|
Convention sur la lutte contre la désertification
(1994)
|
Vise la mobilisation des moyens de lutte adaptée contre la
dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides
sèches causée par des phénomènes divers dont les
variations climatiques et les activités humaines »
|
Instrument international spécifique
|
57
Conférence des Parties 21
|
Maîtriser l'augmentation des
|
Instrument de la CCNUCC
|
(COP21) (2015)
|
gaz à effet de serre causée par l'homme dans le but
d'éviter un dérèglement dangereux du climat, et contenir
le réchauffement climatique en dessous de
|
|
|
2°C
|
|
Source : Données collectées sur
internet
II- LES ORGANES EN CHARGE DE L'ELECTRIFICATION RURALE
AU CAMEROUN ET LEURS MISSIONS
Lorsqu'on observe le secteur énergétique au
Cameroun, on constate que sa politique a beaucoup évoluée entre
le Plan Energétique Nationale de 1990, et la Vision Cameroun Horizon
2035, en passant par le Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE). Malgré le fait que ces derniers documents traitent
très globalement du développement au Cameroun, on note une place
accordée au déploiement des énergies renouvelables. Par
ailleurs, la vision politique du Cameroun sur la décentralisation de
l'énergie électrique est apparue comme un facteur stimulant pour
le développement des énergies renouvelables dont la
disponibilité est probante dans chaque région ou localité.
Les populations pourront bénéficier de l'approvisionnement en
électricité selon l'organisation régionale, communale ou
communautaire d'ailleurs la loi du 14 décembre 2011, régissant le
secteur de l'électricité, a consacré plusieurs de ses
dispositions à la promotion des énergies renouvelables.
Au Cameroun, l'électrification rurale est
gérée par un ensemble de structures : le Ministère de
l'Eau et de l'Energie, la Direction des Energies Renouvelables, l'Agence
d'Electrification Rurale, le Fond d'Energie Rurale, la Société
Nationale de Transport de l'Electricité et l'Agence de Régulation
du Secteur de l'Electricité.
1- Le Ministère de l'Eau et de l'Energie
(MINEE)
Le MINEE est institutionnellement le premier organe
responsable de l'élaboration et du développement des politiques
et des programmes en matière d'énergie électrique au
Cameroun. D'après l'article 71 de la loi du 14 décembre 2011,
régissant le secteur de l'électricité, il est
l'administration qui veille à la conception, à la mise en oeuvre
et au suivi de la politique gouvernementale en matière d'énergie
sur l'ensemble du territoire national, en tenant compte de l'évolution
technologique dans ce secteur, des besoins de développement et des
priorités définies par le gouvernement. Il est notamment
responsable de la planification
58
générale, de la conduite des études
stratégiques sectorielles et de la signature des concessions et
licences, de l'approbation des programmes d'investissements des
opérateurs et de la politique tarifaire dans le secteur de
l'électricité. De manière opérationnelle, le MINEE
déploie son action dans les énergies renouvelables à
travers l'Agence de Promotion des Energies Renouvelables.
2- La Direction des Energies Renouvelables
(DER)
Le décret no 2012/501 du 07 Novembre 2012,
porte organisation au sein du MINEE une Direction dédiée aux
Energies Renouvelables. Cette structure a pour charge la prospection et
l'inventaire des ressources disponibles en matière d'énergies
renouvelables au Cameroun. En outre, elle est chargée de la recherche et
le transfert de technologies, la conception et la mise en oeuvre des programmes
de développement et des projets pilotes, le suivi des opérations
dans le secteur, la vulgarisation des meilleures techniques d'utilisation des
ressources énergétiques renouvelables, etc. Pour mener à
bien ces attributions, cette institution a été dotée d'un
service d'études et de la normalisation dédié à
l'élaboration d'une stratégie nationale des énergies
renouvelables, d'une carte de développement des énergies
renouvelables, de la mise à jour de la base de données sur leur
consommation, au suivi des meilleures pratiques dans leur développement
et au suivi des organismes et des opérateurs dans le domaine.
Au sein de cette direction, se trouve également un
service du développement des énergies renouvelables. Celle-ci est
chargée d'identifier et de vulgariser les mesures incitatives à
la consommation des énergies renouvelables, de motiver les
opérateurs dans le secteur, de mettre en oeuvre les meilleures pratiques
et techniques d'utilisation optimale des sources d'énergie
renouvelables, de suivre les projets pilotes et d'appliquer les mesures de
sécurité sur les installations et matériels de production
et d'utilisation des énergies renouvelables.
3- L'Agence d'Electrification Rurale (AER)
Créée par la loi n° 98/022 du 24
Décembre 1998, l'Agence d'Electrification Rurale (AER) est un
établissement public administratif doté de la personnalité
juridique et de l'autonomie financière dont l'organisation et le
fonctionnement sont régis par le décret n° 99/193 du 08
Septembre 1999. L'AER est placée sous la tutelle technique du
Ministère de de l'Eau et l'Energie, et sous la tutelle financière
du Ministère des Finances.
En 2013, le Président de la république Son
Excellence Monsieur Paul BIYA, fixe par décret no 2013/204 du
28 juin 2013, l'organisation et fonctionnement de l'Agence de l'Electrification
Rurale. Dans l'article 3, l'alinéa 1 déclare d'une part que :
« L'AER assure la promotion et le développement de
l'électrification rurale sur l'ensemble du territoire national.
» D'autre part, dans l'alinéa 2, « elle est chargée
en liaison avec les administrations, organismes publics et privés
concernés de contribuer à l'élaboration et à la
mise en oeuvre de la politique
59
du Gouvernement dans le domaine de
l'électrification rurale au Cameroun ». A ce titre, l'AER a
pour mission : d'approuver les plans et les projets d'électrification
rurale initiés par les collectivités territoriales
décentralisées, de négocier auprès des bailleurs de
fonds, en liaison avec les administrations compétentes les financements
nécessaires à l'électrification rurale. Par ailleurs, le
rôle de L'AER est d'assister les opérateurs en matière
d'électrification rurale dans la préparation des dossiers
relatifs à la production à la distribution et à la vente
d'électricité dans les conditions fixées par 1a
légis1ation en vigueur. Cependant, elle doit élaborer les
mécanismes de gestion communautaire et de maintenance des installations
d'électrification en milieu rural, d'encadrer les communautés
rurales bénéficiaires des installations d'électrification
en zone rurale dans la gestion de la maintenance de celles-ci. Par ailleurs,
elle est chargée de préparer et proposer des projets
d'électrification rurale à soumettre au Comité de
Planification et de Programmation d'Energie Rurale (COPPER) pour
l'éligibilité au Fonds d'Energie Rurale avant leur transmission
au Ministre chargé de l'électricité pour approbation
préalable, ainsi que les subventions destinées au financement de
ces projets. En effet, c'est L'AER qui élabore les dossiers d'appels
d'offres pour la réalisation des travaux d'électrification des
zones rurales ou pour la mise en gestion de l'électrification rurale ;
il assure la sélection des opérateurs de l'électrification
rurale en concertation avec l'Agence de Régulation du Secteur de
l'électricité.
L'AER a pour but de s'approprier et de vulgariser, en relation
avec les administrations et les organismes concernés, les technologies
nouvelles d'électrification rurale, notamment : les énergies
renouvelables, les services d'électrification rurale
décentralisée et d'exercer toute mission d'intérêt
général que pourrait lui confier le gouvernement dans le cadre de
l'électrification rurale.
4- Le Fond d'Energie Rurale (FER)
Le FER a été créé par
décret n° 2009/409 du 10 décembre 2009. L'organe apporte un
instrument nouveau dans l'accroissement de l'accès à
l'énergie dans les zones rurales. Le FER, vise la mise en place des
financements des programmes et projets de développement des
infrastructures de transport et fourniture d'énergie aux populations
sont visés, grâce au mécanisme de subvention, notamment en
milieu rural. S'inspirant de la pratique des pays comme le Mali ou le
Sénégal, où les résultats sont palpables, le FER a
pour objectif d'apporter un réel coup de pouce aux investissements dans
le secteur de l'énergie rurale. Ainsi, les communes
intéressées y ont accès par le canal des Projets
d'Initiatives Locales d'Electrification Rurale (PILER) ; il a un guichet
permettant de financer jusqu'à 70 % des investissements à
l'échelle de leurs territoires respectifs. Le FER étant par
définition axé sur les zones rurales où il est possible
à moindre coût de développer des sources autonomes et
renouvelables d'énergie
60
électrique qui constitue un outil important pour la
promotion des énergies renouvelables au Cameroun.
5- La Société Nationale de Transport de
l'Electricité (SONATREL)
Créée par le décret présidentiel
n° 2015/454 du 08 octobre 2015, la Société Nationale de
Transport de l'Electricité (SONATREL) est à capital public et
placée sous la tutelle technique du MINEE et du Ministère des
Finances. Elle a été instituée par la loi n° 2011/022
du 14 décembre 2011, en son article 23, sa fonction principale est de
gérer le réseau de transport de l'électricité. Le
réseau de transport camerounais relie 24 postes et comprend 1944,29 km
de lignes HT, 15 081,48 km de lignes MT et 15 209,25 km de lignes BT. Comme le
prévoit le décret présidentiel, la SONATREL est l'organe
responsable du transport de l'énergie électrique au Cameroun sur
l'ensemble du territoire camerounais, ainsi que de la gestion des flux
d'énergie qui y transitent. A ce titre, elle a le devoir d'assurer la
maintenance, le renouvellement et la mise en conformité des ouvrages de
transport de l'électricité sur toute l'étendue du
territoire national notamment en milieu rural. Par ailleurs, elle veille
à ce que les hypothèses ayant sous-tendu l'élaboration du
schéma de développement des programmes d'électrification
en milieu rural et à l'équilibre et à la stabilité
du système électrique.
6- L'Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité (ARSEL)
L'ARSEL est l'un des organes important dans le domaine de
l'électrification au Cameroun. Par ailleurs, c'est un
établissement public dont le statut juridique et administratif est
régi par la loi n° 99/016 du 22 décembre 1999, portant
statut général des établissements publics et des
entreprises du secteur public et parapublic. Celle-ci est placée sous la
tutelle technique du MINEE et du ministère chargé des finances.
Sur le plan administratif, elle dispose d'une autonomie fonctionnelle et
décisionnelle, qui est dirigée par un conseil d'administration de
9 membres nommés par décret présidentiel. A sa tête,
nous avons un directeur général assisté d'un directeur
adjoint. Sur le plan économique, son financement est assuré par
le budget de l'état et par les redevances perçues sur les revenus
des activités des opérateurs des secteurs concernés. Sur
le plan de la communication, les décisions de l'ARSEL sont rendues
publiques dans son journal ou par toutes autres voies appropriées et
peuvent faire l'objet de recours juridictionnels par des tierces parties ayant
intérêt à agir. Celle-ci a pour missions de participer
à la promotion du développement rationnel de l'offre
d'énergie électrique. Elle veille aux intérêts des
consommateurs et assure la protection de leurs droits pour ce qui est du prix
de la fourniture et de la qualité de l'énergie électrique
et à l'application des sanctions prévues par la loi.
61
III- LA PROBLEMATIQUE DE L'ELECTRIFICATION RURALE AU
CAMEOUN
Les raisons qui expliquent les faibles taux
d'électrification en milieu rurale au Cameroun sont connues.
Malgré les volontés politiques mises en place par le chef de
l'Etat, la question de l'électrification rurale reste encore
problématique ceci à travers la faiblesse des acteurs en
présence, le caractère rural de l'habitat c'est-à-dire, sa
dispersion rend la distribution difficile et coûteuse, les revenus trop
modestes et la très faible consommation par habitant. La plupart de ces
obstacles sont recensées dans le sixième plan quinquennal de
développement élaboré en 1986. Elles sont à la fois
juridico-politique, géographiques et économiques.
1- Les faiblesses des organes en présence
Malgré les avancées observées dans le
développement du secteur des énergies renouvelables au Cameroun,
des zones d'ombre persistent pour permettre l'envol
accéléré de ce secteur ainsi que l'accroissement de la
production électrique tant attendue sur le plan national. Notre analyse
se penchera sur les faiblesses du développement du secteur des
énergies
renouvelables au Cameroun.
1-1 L'Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité
Dans le secteur spécifique des énergies
renouvelables, le rôle de l'ARSEL ressort du pouvoir qui lui est
octroyé par l'article 11 de la loi de 2011 sur
l'électricité et qui lui donne compétence pour accorder
les autorisations d'exercices d'activités dans le secteur de
l'électricité sous les régimes de l'autorisation et de la
déclaration. Le développement des centrales électriques
à partir de sources d'énergies renouvelables. A l'ARSEL, les
informations recueillies révèlent que les demandes de ce type
sont nombreuses sur la table, mais que les textes d'application de ce pouvoir
sont encore attendus ; autrement dit, elle ne dispose pas de base de
réglementation claire pour étudier et se prononcer sur les
demandes formulées. De plus, c'est à l'ARSEL que revient le
pouvoir de déterminer les montants de rachat de
l'électricité, en accord toutefois avec les dispositions
légales notamment celles produites par les sources renouvelables en
garantissant l'équilibre financier de l'opérateur. En l'absence
d'une traduction détaillée des dispositions de la loi 2011/022 en
textes d'applications simples sur les tarifs de rachat ou des conditions de
raccordement de l'électricité produite par les énergies
renouvelables aux réseaux existants, l'ARSEL ne pourra pas jouer
pleinement son rôle de régulateur.
1-2 L'Agence d'Electrification Rurale
Elle souffre d'une faible maîtrise technologique et
d'une insuffisance en ressources humaines, maîtrise nécessaire
pour conduire à bien le développement des sources
d'énergies renouvelables sur le terrain. Compte tenu du rôle de
Electricity Development Corporation
62
comme principal gestionnaire du patrimoine de production
électrique au Cameroun, il faudrait déterminer ou encadrer, dans
un texte de loi, les capacités de production de l'AER pour éviter
les conflits de compétence et faciliter l'injection du surplus de
production électrique dans le plus proche le réseau existant.
1-3 Enéo Cameroon
La société créée par substitution
à AES-SONEL le 12 septembre 2014, avait plusieurs missions :
- Répondre à la demande croissante en
électricité, en fournissant une énergie fiable et
sécurisée ;
- Offrir un service de qualité et faciliter l'accès
à l'électricité au plus grand nombre ; - Protéger
le public par la sensibilisation sur les dangers du courant électrique ;
- Dynamiser la relation client par des innovations et des expériences
positives ; - Rechercher en permanence l'excellence en tirant les leçons
des expériences faites ; - Mener les activités dans une
démarche socialement responsable ;
- Enéo est chargée de la distribution et de la
commercialisation de l'électricité.
Malgré toutes ces promesses, la situation n'a pas
totalement évolué en milieu rural camerounais en
général et en particulier dans la commune de Ngwei. Compte tenu
des enjeux économiques des énergies renouvelables au Cameroun,
elle s'est lancée dans un projet de construction des centrales solaires
photovoltaïques évalué à environ 14 milliards de
francs CFA sans suite favorable pour les populations rurales. En effet, de
nombreuses localités camerounaises vivent encore dans la
pénombre. Certaines personnes avec qui nous nous sommes entretenues
déclarent que : « contrairement à Eneo, la sonel avait
bien travaillé ».
D'après l'analyse faite par l'agence power Africa
géospatial, nous constatons que de nombreuses localités
camerounaises n'ont pas encore accès à l'énergie
électrique comme l'illustre la carte suivante.
63
Carte 4 : Estimation du nombre de ménages sans
accès à l'électricité au Cameroun en
2019
Source: Power Africa Geospatial Analysis,
2019.
2- La situation géographique du milieu rural au
Cameroun
Compte tenu de l'accroissement de la population, il est
très difficile pour la SONATREL de satisfaire l'ensemble du territoire
national car le transport et l'entretien des lignes électriques sont
très coûteuses à l'état du Cameroun. En effet, le
transport et la distribution d'énergie requièrent la mise en
place de ligne de différentes tensions selon l'usage. Selon les
informations obtenues à ce jour, le réseau de transport et de
distribution d'électricité comprend environ: 480km de lignes de
225kv, auxquelles il faut ajouter la ligne de Kribi ; 337km de ligne de 110kV ;
1067km de ligne de 90kV, avec un périmètre de distribution
reparti en quatre régions électriques (Littoral, Centre, Ouest et
Nord) et composé de 11450km de lignes de 5,5 à 33kV. Les lignes
d'énergie électrique doivent parfois traverser de vastes
territoires pour relier les sites d'exploitation aux pôles de
distribution ou pour alimenter les secteurs éloignés. La SONATREL
ne dispose pas assez de moyen pour satisfaire l'ensemble des localités
rurales du Cameroun ceci à cause du transport d'énergie
électrique.
3- Les problèmes économiques
Avec l'avènement de la crise économique au
Cameroun en en 1987, les réformes économiques, sociales et
administratives se multiplient. Sous la pression des institutions
financières internationales, le pays se lance dans l'application de
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) entre 1988 et 2003. En effet,
l'objectif était de faciliter la fin des monopoles
64
publics, mais de garantir aussi la concurrence dans les
différents secteurs de l'économie. Le rôle entrepreneurial
de l'État est profondément remis en cause. L'une des
conséquences de ces programmes est alors la fin de la planification du
développement dès le premier PAS en 1988. La troisième
période de l'électrification rurale au Cameroun s'est ainsi
marquée par le recul du gouvernement dans le contrôle des
initiatives d'électrification rurale. L'application des PAS a mis
à mal les programmes de développement rural et par
conséquent, d'électrification. Le Fonds d'Energie Rurale, dont
l'un des axes était de financer le déficit des projets
d'énergies renouvelables, n'était toujours pas
véritablement activé.
Par ailleurs, les pertes techniques et non techniques dans les
réseaux de transport et de distribution de l'énergie
électrique engendrent des anomalies. En effet, Ces anomalies causent
chaque année d'énormes manques à gagner pour le
distributeur Enéo.
4- Des politiques et cadres juridiques de
développement des énergies renouvelables multiples,
éparses, peu coordonnées et insuffisantes
Malgré les efforts perceptibles du gouvernement, la
prise en compte des énergies renouvelables dans la politique
énergétique nationale est lente, du moins éparse par
rapport au progrès connu dans le développement des
énergies conventionnelles. Il existe une multitude de plans et
programmes énergétiques qui nécessitent d'être
actualisés et harmonisés en vue des actions coordonnées
pour intégrer de manière substantielle les énergies
renouvelables dans la politique énergétique du Cameroun.
Pour cerner la politique énergétique du Cameroun
à la base, il faut consulter le Plan Energétique National (1990)
qui es le seul document de référence qui, depuis des
années, présente une vision globale, intégrant les
énergies renouvelables et les énergies conventionnelles. Par la
suite, plusieurs autres documents de politique et dispositions juridiques aussi
bien nationales qu'internationales ont été élaborés
de manière générale, non seulement les cadres de
procédures relevant du secteur des énergies renouvelables sont
rares, mais lorsqu'ils existent, ils ne sont pas suffisamment
vulgarisés. Ce retard dans la traduction des dispositions de la loi en
texte d'application simple alourdit davantage les procédures
administratives. Il faut cependant relever qu'à travers le
mécanisme SEforALL19, le MINEE est en train d'élaborer
des manuels de procédures pour accompagner certaines dispositions de la
loi de 2011.
19 SEForAll (Énergie durable pour tous) est
une organisation internationale qui travaille en partenariat avec les Nations
unies, les gouvernements, le secteur privé, les institutions
financières, et la société civile pour renforcer et
stimuler les actions en faveur de la réalisation de l'Objectif de
développement durable 7 (ODD 7) qui appelle à un accès
universel aux énergies renouvelables d'ici 2030, et à l'Accord de
Paris sur le climat qui appelle à réduire les émissions de
gaz à effets de serre afin de limiter le réchauffement climatique
en dessous de deux degrés Celsius.
65
5- La faible maitrise des technologies
d'énergies renouvelables
Au regard de l'expérience de terrain, plusieurs
initiatives ont été entreprises pour le développement des
énergies renouvelables au Cameroun aussi bien par les
universités, les grandes écoles de formation, les administrations
publiques à travers les ministères et les communes, que par les
entreprises privées et les Organisations de la Société
Civile. Ces expériences variées, qui touchent surtout
l'énergie solaire photovoltaïque, la biomasse, la petite
hydraulique et l'éolien, constituent des portes d'entrée pour les
nouvelles technologies d'énergie au Cameroun. Elles ont un double
objectif, à savoir démonstratif ou palliatif au déficit
énergétique dans une localité donnée. Dans les
universités, on note plusieurs types de technologies enseignées
aux étudiants (éolienne, micro et pico barrages
hydroélectriques, solaire thermique et photovoltaïque, bio
digesteur et biocarburant). Les initiatives publiques concernent plus le
développement des micro-barrages hydroélectriques et les
installations photovoltaïques dans plusieurs régions du pays. Les
communes quant à elles excellent dans l'approvisionnement des services
communaux et l'éclairage public par les installations solaires
photovoltaïques. Les Organisations de la société civile sont
plus focalisées sur des projets démonstratifs couvrant le
micro-barrage, la mini-centrale solaire et le foyer amélioré.
Enfin, les entreprises privées abondent plus sur les centrales solaires
et les biocarburants.
Le constat que nous faisons est que, la formation et la
recherche dans les universités et les grandes écoles, souffre
d'un manque d'infrastructures et d'équipements appropriés. Il
faut noter que malgré l'existence d'un service public de normalisation,
les équipements de formation ou d'exploitation des énergies
renouvelables qu'on trouve sur le marché ne sont pas adaptés
à notre environnement ou sont de mauvaise qualité. Une visite de
certains projets a montré que les équipements ne durent pas ou
sont régulièrement en panne, mettant ainsi les consommateurs dans
une situation de doute quant à l'efficacité des énergies
renouvelables à combler le déficit énergétique. La
qualité des équipements impacte donc sur la qualité de la
formation, créant de ce fait un cercle vicieux. Les étudiants
ayant choisi ces options, ne peuvent pas approfondir leur formation et sont
parfois peu opérationnels sur le terrain à la fin de leur
cursus.
Compte tenu des difficultés soulevées, le
gouvernement doit faciliter le transfert des nouvelles technologies
d'énergie, améliorer les capacités du service des normes
dans le domaine des énergies renouvelables, veiller aux importations des
équipements de qualité, renforcer la formation des formateurs,
financer la recherche et les équipements des laboratoires dans les
universités et les grandes écoles, définir le niveau de
collaboration entre le service public de normalisation et le Laboratoire de
Recherche Energétique (LRE).
66
6- La problématique de la
décentralisation
Lors de notre entretien avec le Maire de la commune de Ngwei,
il est apparu que de nombreux facteurs sont liés au partage du pouvoir
et peuvent empêcher la réalisation du développement local.
Au nombre de ces facteurs, nous pouvons citer : Une coopération
difficile entre l'État et les collectivités locales qui peuvent
freiner toute dynamique d'actions communes. A cet effet, la lourdeur du cadre
unitaire et la fragmentation territoriale qui ont tendance à induire des
interventions moins complémentaires, des chevauchements de
compétences et la dispersion des initiatives, ainsi qu'un cloisonnement
des institutions et des budgets ; Une médiation difficile du
gouvernement local qui ne cherche pas à coordonner les actions des
différents acteurs locaux au risque de créer la communalisation,
c'est-à-dire le fait de considérer la commune comme étant
le but de la décentralisation et du développement local. Pour le
Maire, « Le rôle du gouvernement local devrait s'apparenter
à celui d'un stimulateur et facilitateur du développement, qui
créerait un espace de concertation où les différents
acteurs locaux se retrouveraient et discuteraient de la promotion du territoire
».
67
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
retenir que le Cameroun dispose de nombreuses politiques, des programmes et de
nombreuses organes en charge de l'électrification en milieu rural, mais
ces derniers présentent de nombreuses limites. Il est important de
rappeler, que l'électricité est un bien de première
nécessité dont l'accès au Cameroun est reconnu comme un
droit. Par ailleurs, celle-ci est indispensable à la vie courante et
constitue une composante essentielle pour le développement local. Il
incombe aussi de retenir que les problèmes dus au manque
d'énergie électrique en milieu rural camerounais en
général et dans les localités de Ngwei en particulier sont
d'ordres géographiques, économiques, politiques. En plus, nous
avons des cadres juridiques de développement des énergies
renouvelables multiples, éparses, peu coordonnés, insuffisants,
la faible maîtrise des technologies des énergies renouvelables et
la problématique de la décentralisation qui constituent les
causes du manque d'énergie électrique dans certaines
localités rurales du Cameroun notamment dans la localité de
Ngwei. D'où un déficit énergétique
évalué à 65% pour les zones rurales et 38% pour les zones
urbaines selon l'AER.
68
La première partie de notre travail était
consacrée à l'électrification rurale au Cameroun ; dans
cette partie, nous avons deux chapitres. Le premier chapitre avait pour
objectif de faire une monographie de la commune de Ngwei. D'après nos
recherches, il en est ressorti que, l'arrondissement de Ngwei est situé
dans la région du littoral plus précisément dans le
département de la Sanaga-Maritime et celui-ci est composé d'une
mixité de populations. Pour s'éclairer, les populations des
villages de Ngwei utilisent des bougies ou des lampes à pétrole,
dans une moindre mesure, elles utilisent la torche à pile, des groupes
électrogènes ou des lampes solaires. Nonobstant le fait que
certaines de ces sources traditionnelles d'éclairages ont des impacts
négatifs. Le deuxième chapitre quant à lui était
centré sur les énergies renouvelables au Cameroun. En effet, il
s'agissait dans le cadre de cette partie de présenter d'une part les
programmes, les organes en charge de l'électrification rurale au
Cameroun ainsi que leurs missions. En outre, nous avons présenté
les problèmes qui minent l'électrification rurale au Cameroun. Au
travers de nos recherches, il en est ressorti que les causes liées au
manque d'énergie en milieu rural sont à la fois techniques,
économiques et géographiques.
69
DEUXIEME PARTIE II : LES DYNAMIQUES LOCALES AUTOUR DU
PROJET D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSMENT DE
NGWEI
70
L'analyse des dynamiques de développement local montre
qu'il existe plusieurs logiques de développement. Bernard PECQUEUR
(1996), soutient que les acteurs locaux poursuivent un même objectif dans
le but de développer leur communauté ce qui correspond à
la transformation du terroir local en territoire productif. Par ailleurs, le
processus de développement est aussi endogène, car il est conduit
par les acteurs locaux, orienté vers les intérêts de la
communauté ; mais peut rester soumis à un ensemble de contraintes
et de conflits dans la mesure où les acteurs locaux ne partagent pas les
mêmes idées.
Depuis les années 2000, le monde entier avait
déjà pris conscience de l'importance des énergies
renouvelables, qui sont devenues une priorité pour l'avenir de la
planète. En Europe, nous pouvons citer l'Allemagne, en Amérique,
nous avons le Canada ; pour ce qui est de l'Afrique, le Maroc est le premier
pays à avoir introduit les ER dans sa politique
d'électrification. Le Cameroun ne fait pas exception ; surtout qu'il
dispose d'un grand potentiel en ER, essentiellement en énergie solaire.
C'est pour cette raison qu'un grand engouement pour la promotion des ER se fait
ressentir depuis quelque temps au Cameroun. L'intérêt que le pays
porte au développement des énergies vertes provient de sa
volonté de réduire sa dépendance des ressources
énergétiques fossiles et de contribuer à la lutte contre
les changements climatiques et atteindre les ODD afin d'améliorer le
bien-être des populations en général et les zones rurales
en particulier.
La deuxième partie de notre travail vise à
analyser les enjeux autour du projet d'électrification solaire dans la
localité de Ngwei et de rendre compte des atouts de
l'électrification solaire sur le développement local. Il est
constitué de deux chapitres, le chapitre trois a pour objectifs de
Présenter le projet d'énergie solaire au Cameroun en
générale et dans la localité de Ngwei en particulier.
Ensuite, il s'agira de comprendre les rôles et les logiques d'action des
acteurs autour du projet d'énergie solaire. Et enfin, expliquer les
différentes tensions entre ces différents acteurs. Quant au
quatrième chapitre, ce dernier est composé de deux sections. La
première vise à rendre compte des atouts des énergies
solaires dans la localité de Ngwei. Bref, il s'agira dans le cadre de
cette partie de montrer comment le projet d'énergie solaire contribue au
bien-être des populations locales de l'arrondissement de Ngwei. Quant
à la deuxième partie, elle consiste à comprendre dans
quelle mesure le projet d'énergie solaire est un atout pour les ODD.
71
CHAPITRE 3 : LES ACTEURS ET JEUX DE POUVOIR AUTOUR
DU PROJET D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
En milieu rural camerounais en général et dans
l'arrondissement de Ngwei en particulier, l'élite occupe un statut
social très particulier dans la mesure où ce dernier rend service
à sa communauté, décide d'entreprendre un projet ou
solliciter une aide extérieur pour la réalisation d'un projet au
sein de la localité grâce à sa position sociale au groupe
social auquel il appartient. Ce chapitre est composé de trois parties.
La première a pour objectif de présenter le projet
d'énergie solaire dans la commune de Ngwei : il s'agira de
présenter le projet, ses objectifs, le contexte du projet et ses enjeux.
Quant à la deuxième partie, elle vise à présenter
le rôle des acteurs locaux autour du projet d'énergie solaire dans
la commune de Ngwei, leurs contributions autour du projet, ainsi que leurs
logiques d'actions. En ce qui concerne la troisième partie : il s'agit
de rendre compte de la nature des relations entre les différents acteurs
autour du projet ; cette partie a pour finalité de comprendre l'origine
des tensions entre les différents acteurs autour du projet.
I- LE PROJET D'ELECTRIFICATION PAR ENERGIE SOLAIRE
DANS LA LOCALITE DE NGWEI
L'une des principales priorités du gouvernement
camerounais est de stimuler la production d'énergie électrique et
de réduire la tension de l'approvisionnement en
électricité. Ces dernières années, le MINEE a
cherché tous les moyens de développer l'infrastructure
électrique, l'introduction de capitaux et de technologies
étrangères pour construire des systèmes d'énergie
hydroélectrique et la recherche d'une aide financière de la
Banque Mondiale et de la Commission Européenne pour fournir de
l'électricité dans les zones rurales éloignées. Au
final, c'est la chine à travers l'entreprise Huawei qui avait finalement
répondu à cet appel d'offre. Cette section a pour objectif de
répondre aux questions suivantes : c'est quoi le projet
d'électrification par énergie solaire ? Quels sont ses objectifs
? Comment est-il financé ? Quels sont les enjeux du projet ?
72
1- Présentation du projet d'énergie
solaire
Le projet d'électrification par énergie solaire
est le fruit de la coopération sino-camerounaise mené par
l'entreprise chinoise Huawei. Il vise à fournir de
l'électricité en milieu rurales camerounais, mais en raison des
problèmes de sécurité dans la région de
l'Extrême-Nord, cette phase s'est limitée à neuf
régions sur les dix régions que compte le Cameroun. Il a connu
l'achèvement des travaux de construction et la mise en service pour une
première phase de 166 centrales solaires en milieu rural et une
deuxième phase qui concerne 184 localités, ainsi que les
réseaux de distribution dans 166 localités rurales reparties dans
certaines localités que compte le Cameroun. Le nombre d'abonnés
de ces centrales s'élève au 30 septembre 2018, à 6159
indique le MINEE. Ainsi, l'énergie électrique est
commercialisée dans toutes ces localités. Les fonds
mobilisés pour sa réalisation ont été obtenus
grâce à un emprunt crédit-acheteur chez le partenaire
chinois Huawei.
Tableau 10 : Principaux indicateurs économiques du
projet
Numéro
|
Article
|
Quantité
|
Unité
|
1
|
Investissement dans la construction
|
204,000
|
Mille dollars
|
2
|
Intérêts et frais de gestion pendant la
construction
|
12,137.99
|
Mille dollars
|
3
|
Période de remboursement
|
8.88
|
Année
|
4
|
Valeur actuelle nette financière
|
139,326.88
|
Mille dollars
|
Source : journal du projet phase 1, novembre 2019,
AER.
2- Les objectifs
Le projet d'électrification par énergie solaire
comporte un objectif principal et des objectifs spécifiques.
- L'objectif principal : L'objectif principal
du projet vise à promouvoir et à développer les
énergies renouvelables au Cameroun en général et en milieu
rural en particulier. En outre, il s'agit d'améliorer remarquablement
l'infrastructure électrique dans les zones reculées du Cameroun
et de combler le fossé de l'alimentation électrique entre le
Cameroun et les autres pays africains.
- Les objectifs spécifiques : Les
objectifs spécifiques du projet quant à eux visent :
A améliorer la qualité des systèmes
d'alimentation électrique actuels. C'est-à-dire qu'il s'agit pour
le projet d'améliorer les normes d'alimentation électrique dans
les régions éloignées et réduire la fracture
d'alimentation électrique, pour rendre fiable la stabilité et la
fiabilité des
73
systèmes électriques nationaux, afin de
réduire les coûts d'exploitation et de service, d'élever la
qualité du service électrique, le niveau de vie et de promouvoir
la productivité nationale. Il est également
bénéfique à la construction d'infrastructures
électriques à l'échelle nationale et à la
capacité d'approvisionnement en électricité dans les zones
rurales éloignées.
Ensuite, à travers ce projet, il s'agit de stimuler le
développement économique, social et national. En effet,
l'approvisionnement en électricité a une incidence directe sur le
bien-être national et les moyens de subsistance des populations. Elle est
également l'une des principales priorités de la stratégie
de développement économique de chaque pays. En outre,
l'approvisionnement en électricité joue un rôle important
dans le développement économique et le progrès social d'un
pays, qui est étroitement lié à l'économie
nationale et au développement social. L'approvisionnement en
électricité concerne non seulement les stratégies
économiques et de sécurité nationale, mais aussi la vie
quotidienne des gens et la stabilité sociale. La mise en oeuvre
réussie de ce projet profite au Cameroun sous divers aspects. Tout
d'abord, la pénurie d'électricité dans les zones
reculées sera résolue, ce qui favorisera ensuite
l'efficacité de la production locale ainsi que l'exploration et
l'utilisation des ressources locales. Deuxièmement, d'autres secteurs
tels que l'éducation, les soins médicaux, les transports,
l'électronique et l'industrie manufacturière
bénéficieront d'améliorations collatérales.
Troisièmement, le projet va permettre l'accélération des
progrès de la modernisation nationale, et augmentera le taux de
croissance du PIB qui contribue de manière substantielle au
développement social, économique, politique et culturel du
Cameroun.
3- Contexte et conditions d'intervention du projet
d'énergie solaire
Le Cameroun est un pays africain doté d'abondantes
ressources et d'un énorme potentiel de développement
économique. Cependant, le développement économique et
social est au ralenti. L'absence d'un système d'alimentation
électrique fiable, en particulier, entrave gravement le progrès
économique du Cameroun. En outre, la pénurie
d'électricité gêne la vie quotidienne des habitants qui est
un frein pour les progrès de l'industrialisation, voire la croissance
économique en milieu rural camerounais.
En effet, le développement de l'électrification
au Cameroun est lent, la couverture électrique est faible dans les zones
rurales et cela un problème urgent à résoudre. Selon un
rapport d'analyse de la Banque Mondiale, l'accès restreint à
l'électricité est le principal obstacle à l'investissement
au Cameroun. Un rapport du gouvernement camerounais montre que la
pénurie d'électricité représente près de 2 %
de la croissance du PIB du pays. À l'heure actuelle, en raison de
l'écart entre les investissements dans la fourniture
d'électricité et l'augmentation de la demande, les
systèmes électriques des zones rurales du Cameroun sont
perturbés par
20 Rapport seforAll
74
l'instabilité, la restriction de l'utilisation de
l'électricité dans certaines régions et même la
sous-alimentation en électricité. L'approvisionnement en
électricité actuel prévu au Cameroun provient de
l'énergie hydroélectrique. La construction du système
électrique urbain est inadéquate et la couverture
électrique en zone rurale est encore plus faible. Seul 11 % des
localités rurales du Cameroun sont alimentés en
électricité par les systèmes électriques urbains,
tandis que plus de 80 % de la population rurale utilisent le bois et le charbon
de bois comme principales sources d'énergie20.
A travers ce projet, il s'agit pour l'Etat du Cameroun
d'électrifier 1000 localités par système d'énergie
solaire hors réseau qui seront construits pour fournir des
infrastructures électriques et de l'électricité courante
aux habitants des zones rurales isolées du Cameroun. En effet, le projet
est à sa phase pilote ; cependant il doit être
réalisé en deux étapes par l'entrepreneur du projet Huawei
Technologies. La première étape est subdivisée en deux
phases, la phase 1 qui consiste à l'électrification de 166
localités et la phase 2 qui comporte 184 localités pour un total
de 350 localités.
En outre, il convient de retenir que le projet s'autofinance,
c'est-à-dire que l'argent récolté par le système de
comptage des compteurs servira à rembourser la dette mise à
disposition pour la réalisation du projet.
4- Le choix des localités
Au cours de notre entretien avec le chargé du projet
à l'AER, nous retenons que les critères de choix des
localités qui ont bénéficié du projet
d'électrification par énergie solaire sont les suivants : le
manque d'énergie électrique, leur distance par rapport au
réseau national de distribution, la forte ampleur des activités
économiques et sociales.
- Le manque d'énergie électrique :
il s'agit des villages qui n'avaient accès à
l'énergie électrique, ou disposaient déjà d'un
branchement électrique de la part de Enéo mais celle-ci
était déjà défectueuse dû au manque
d'entretien. Alors il fallait remplacer avec de l'énergie solaire.
- La distance par rapport au réseau national de
distribution de l'énergie électrique : au Cameroun,
presque toutes les localités rurales ne sont pas proches du
réseau national de distribution de l'énergie électrique. A
travers le projet, il était question de permettre à ses
localités d'avoir de l'énergie électrique.
- Le potentiel économique et social :
les villages ayant une forte activité économique et
sociale telle que l'agriculture, l'élevage, la pêche et le
commerce ont été privilégiés. Pour
75
l'AER, il était question à travers ce projet qui
est à sa phase pilote de fournir de l'énergie électrique
aux localités n'ayant pas accès à
l'électricité afin d'améliorer les conditions de vie des
populations en milieu rural. Par ailleurs, les villages de l'arrondissement de
Ngwei qui ont bénéficié du projet à savoir
Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé disposent de nombreux atouts
économiques, ils sont les principales unités de productions
d'huile de palme dans cette localité. Malgré ces atouts
économiques ; celles-ci ne disposaient pas d'énergie
électrique, c'était un calvaire ; il était donc question
de remédier à ce problème afin d'améliorer le
bien-être des populations.
Tableau 11 : Site de distribution par région
phase 1
Numéro
|
Regions
|
Nombre de localités
|
1
|
Adamaoua
|
25
|
2
|
Centre
|
48
|
3
|
Est
|
11
|
4
|
Extreme Nord
|
N/A
|
5
|
Littoral
|
9
|
6
|
Nord
|
15
|
7
|
Nord-ouest
|
16
|
8
|
Sud
|
24
|
9
|
Sud-ouest
|
8
|
10
|
Ouest
|
10
|
Total:
|
166
|
Source : Journal du projet phase 1, novembre 2019,
AER
Le tableau ci-dessus présente le nombre de
localités par régions ayant bénéficiées du
projet d'énergie solaire au Cameroun. D'après ce tableau, il
apparait que sur les 10 régions que compte le Cameroun, 166
localités rurales dans 09 régions ont
bénéficié du projet d'énergie solaire. Dans la
région du littoral, neuf localités ont
bénéficié du projet, dans ces localités, on
retrouve les localités de Seppe, Mbamblé et
Ndjockloumbé.
76
5- Les enjeux du projet d'électrification
solaire à Ngwei
La décentralisation en Afrique centrale et plus
précisément au Cameroun est un phénomène qui se
construit petit à petit. Mais le problème auquel la plupart des
Etats africains sont confrontés est bien celui de la gouvernance des
collectivités territoriales décentralisées, notamment en
termes d'infrastructures de base (eau, électricité, écoles
et services sociaux). Dans le cadre de cette partie, il est de montrer dans
quelle mesure l'électrification par énergie solaire est un atout
pour le Cameroun en termes de développement local.
5-1 La mise en oeuvre de l'électrification rurale
décentralisée
L'indisponibilité du réseau de distribution de
l'énergie électrique dans certains villages au Cameroun en
général et celui de la commune de Ngwei en particulier, n'est pas
toujours synonyme de délestages prévus ou programmés par
le distributeur d'énergie électrique. Les causes du
dysfonctionnement d'un réseau public de distribution dans les zones
rurales peuvent être multiples et complexes au Cameroun comme dans les
autres pays d'Afrique subsaharienne. Les conséquences des perturbations
des réseaux de distribution et des interruptions inattendues
brèves ou prolongées des fournitures d'énergie
électrique dans les villages au Cameroun sont nombreuses, on peut citer
par exemple les coûts de gestion du réseau urbain relativement
très élevés, la facturation par le distributeur d'une
énergie pas normalement consommée par les usagers, l'exposition
des usagers et autres populations aux risques et dangers du courant
électrique. Face à ce problème, l'Etat camerounais a
opté pour une électrification rurale décentralisée
à travers les énergies solaires en milieu rural afin de
résoudre ce problème.
En effet, l'enjeu majeur de la décentralisation de
l'énergie électrique dans la commune de Ngwei est de promouvoir
le développement durable en impliquant les populations de base à
la gestion de leurs affaires. En outre, la décentralisation de
l'énergie électrique est la recherche d'une démocratie du
développement local, la prise en charge par les populations de la
gestion de leurs affaires propres est au centre du processus de
décentralisation.
Dans le Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi (DSCE), le Cameroun présente sa stratégie de
développement d'ici 2035. Elle a pour objectif la croissance
économique du pays. En effet, il s'agit de la réduction de la
pauvreté qui se structure en trois grandes parties principales, la
première consacrée aux infrastructures et à
l'énergie, la deuxième au transport et communications puis la
troisième à la production agricole. En outre, la politique
énergétique nationale du Cameroun définit dans le PDSE
à l'horizon 2030 représente une vision générale du
potentiel de production électrique du Cameroun ainsi que la consommation
des grandes entreprises installées sur l'ensemble du territoire. Dans ce
plan, il ressort la nécessité de la mise
77
en place des stratégies conduisant à
l'élaboration d'un plan de développement
énergétique spécifique à chaque commune.
En ce qui concerne le processus de décentralisation en
cours au Cameroun en général et dans l'arrondissement de Ngwei en
particulier, il nous a été révélé lors de
nos entretiens avec le Maire que le gouvernement camerounais pour
résoudre les problèmes liés au manque d'énergie en
zone rurale, a opté d'électrifier certaines collectivités
territoriales décentralisées avec des centrales solaires
indépendamment du réseau national de distribution
d'énergie électrique afin d'améliorer le bien-être
des populations locales. En effet, ces infrastructures contribueront au
développement des zones rurales dans le cadre de la politique globale
d'aménagement du territoire notamment dans l'arrondissement de Ngwei
ceci dans le cadre de plans d'investissements pluriannuels, des plans de
développement des infrastructures de services, dont
l'électricité.
5-2 Les enjeux sociaux de l'électrification rurale
décentralisée
Il est important de savoir qu'aujourd'hui, environ un tiers de
l'humanité n'a pas accès à des services modernes dans le
domaine de l'énergie électrique et cette situation est la
même au Cameroun. Dans le souci d'accroitre la fourniture
électrique de la commune de Ngwei, il convient de rappeler que l'Etat
camerounais a opté pour l'électrification par énergie
solaire ceci par la construction des centrales solaires dans les
localités rurales afin de favoriser une croissance économique et
le développement local. Le projet d'électrification par
énergie solaire dans la commune de Ngwei, a pour enjeux sociaux de
diminuer la dépendance au réseau national de distribution
d'énergie électrique. Il s'agit par ailleurs de renforcer la
sécurité énergétique afin de contribuer à la
lutte contre la pauvreté notamment dans le cas où les populations
rurales sont isolées.
L'énergie solaire produite par des panneaux solaires
est exploitée de multiples façons dans les villages de
Ndjockloumbé, Seppe et Mblamblé des centrales solaires de
production d'énergie électrique ont été
installées afin de permettre à ces zones locales d'avoir de
l'énergie électrique. Cette mesure vise à rendre ces
villages autonomes en termes de production d'énergie électrique
pour éclairage public, électrification des écoles, centres
de santé et ménages.
5-3 Les enjeux économiques de
l'électrification rurale décentralisée
Au cours de notre entretien avec le
délégué départemental du MINEE, il apparait que le
concessionnaire du service de distribution de l'électricité au
Cameroun, enregistre des pertes sur l'ensemble du réseau
électrique qui se chiffre à près de 47 milliards FCFA par
an. La fraude fait perdre au Cameroun 25 MW l'équivalent de deux
centrales solaires chaque année. C'est ainsi qu'il s'exprime en ces
propres termes
78
C'est largement supérieur au budget
d'investissement d'Eneo pour 2020 (45,7 milliards FCFA), couvrant les besoins
dans la production, la distribution, le commercial, et autres. C'est aussi
l'équivalent d'au moins deux centrales solaires de 25 mégawatts,
ou du raccordement au réseau électrique de plusieurs centaines de
localités, ou encore plus de 1 800 000 nouveaux compteurs
prépayés, etc. Ces 12 derniers mois par exemple, environ
60 barons de la fraude ont été mis à la disposition de la
justice; un baron étant un acteur qui entretient, de manière
illégale, un réseau électrique pouvant avoir
jusqu'à une centaine de ménages
En effet, l'électrification décentralisée
par énergie solaire est une solution pour le gouvernement contre le vol
d'énergie électrique. Pour lutter contre cette fraude, l'Etat
camerounais a mis en place à travers le projet des systèmes de
compteurs prépayés. Dans ce cas, les populations ne se
déplacent plus du village pour la ville pour payer les factures
d'électricité, elles ont la possibilité d'effectuer les
paiements via l'opérateur téléphonique MTN money ou ORANGE
money à travers leur téléphone. Il faut aussi
préciser que ces compteurs fonctionnent par réseaux
interconnectés c'est-à-dire que lorsqu'il est
déplacé de sa position initialement fixée ce dernier
s'arrête automatiquement, le propriétaire n'a plus accès
à l'énergie électrique et ce dernier est obligé de
fournir une demande d'explication et des frais de réabonnement. Cette
mesure vise à éviter la fraude en matière d'énergie
électrique, c'est dans cette mesure que le projet représente des
enjeux économiques dans la mesure où il permet à l'Etat de
lutter contre le vol d'énergie électrique et de faire des
économies en matière de transport d'énergie
électrique.
5-4 Les enjeux techniques de l'électrification
D'après le journal Investir au Cameroun,
(2013), le déficit énergétique que connaît le
Cameroun n'est pas seulement le fait de l'insuffisance de la production
énergétique. En effet, il est aussi dû en partie aux
multiples pertes occasionnées par le processus de transport et de
distribution d'énergie électrique. C'est ainsi que le chef de la
délégation de l'union Européenne au Cameroun, a
révélé au cours d'une conférence débat
organisé avec l'association France-Afrique à Yaoundé
autour du thème « Quelle énergie pour un Cameroun
émergent ?», que 6,5% de l'énergie produite au Cameroun
est perdu dans le processus du transport, tandis que 29% de cette
énergie s'évapore dans les circuits de distribution, du fait
notamment de fraudes multiformes et de la qualité des
équipements.
La production de l'électrification rurale
décentralisée se justifie en particulier pour une densité
de population faible, très dispersée et à faible
consommation pour lesquels le coût de l'extension du réseau serait
couteux. En effet, Les solutions décentralisées sont plus
rentables que les solutions centralisées notamment lorsque la distance
entre le milieu rural et le réseau
79
national de distribution. De plus, ces dispositifs permettent
une plus grande autonomie pour remédier aux problèmes de pannes
sur le réseau. D'un point de vue économique, la
rentabilité reste toutefois généralement plus faible que
des solutions centralisées urbaines, et des dispositifs d'aide et de
subventions sont bien souvent indispensables. Le coût de l'extension du
réseau pour un site donné, et par conséquent le choix
entre solution centralisée ou décentralisée, est fonction
de la distance au réseau en place le plus proche, de la densité
de population et de leur capacité à payer. Pour le cas de la
commune de Ngwei, composée de plusieurs villages peu habitées,
éloignées les uns des autres, et une densité de population
de 44 habitants/km221, la distance moyenne au réseau
électrique central en dessous de laquelle une extension du réseau
devient avantageuse économiquement est estimée à 5 km.
L'enjeu de l'électrification rurale
décentralisée par énergie solaire a cet avantage de
permettre aux localités rurales de Ngwei de ne plus dépendre du
réseau national de distribution ; ce qui leur évitent des
coupures d'électricité et des délestages dans ce sens
où l'énergie solaire est une énergie en plein temps. La
décentralisation de l'énergie solaire dans les villages de
Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé permet d'éviter les
problèmes de relève, de facturation, de mauvais recouvrement, de
compteurs trafiqués, de corruption, de dette non collectée,
d'inadéquation entre coûts et tarifs, de connexions
illégales et branchement frauduleux etc. En effet, les compteurs
installés sont des « Smart meters »22,
difficilement piratable. Pour l'Etat, ils sont d'une aide précieuse pour
le recouvrement et la gestion de la consommation car les agents d'Eneo ne sont
plus obligés d'aller sur le terrain pour relever les compteurs.
II- LES ROLES ET LES LOGIQUES D'ACTION DES ACTEURS
AUTOUR DU PROJET D'ENERGIE SOLAIRE DANS LA LOCALITE DE NGWEI
Plusieurs sortes de décideurs, dont les
intérêts sont parfois divergents peuvent être appelés
à intervenir chacun dans le cadre de la réalisation d'un projet.
Il peut s'agir du gouvernement, les administrations, des institutions
étrangères (notamment lorsqu'elles participent au financement des
projets), des experts et des partenaires divers (appelés à jouer
un rôle dans la réalisation ou l'exploitation du projet). La
plupart des centres de décisions restent en fait relativement anonymes
et les populations directement concernées ne participent que rarement
aux prises de décisions, des objectifs des plans et des projets concrets
de développement.
21 Rapport SONATREL 2015.
22 Les smart meters sont des compteurs de type
prépayé c'est-à-dire qu'il se recherche avant la
consommation.
80
D'après les personnes avec lesquelles nous nous sommes
entretenues, la présence de plusieurs acteurs autour du projet dans la
l'arrondissement de Ngwei a été bénéfique mais
aussi source de nombreux conflits dans la mesure où chaque acteur visait
prioritairement la satisfaction de ses intérêts au mépris
de ceux de la communauté. C'est ainsi qu'au cours d'un entretien, un
enquêté anonyme déclarait : « le projet
d'énergie solaire dans la commune de Ngwei a fait de nombreux
de bruits et de luttes par-ci par-là, entre les élites et les
populations, les chefs politiques qui ont trompé les populations
». Ce qui justifie par ailleurs l'utilisation de la théorie du
conflit social dans le cadre de notre étude.
Dans le cadre de la réalisation du projet
d'énergie solaire dans les zones rurales de Ndjockloumbé, Seppe
et Mbamblé, les acteurs étaient : la société
chinoise Huawei, le MINEE qui était le maitre d'ouvrage du projet, l'AER
qui est le maitre d'ouvrage délégué du projet. Les
autorités administratives locales et municipales à savoir, le
Sous-Préfet et le Maire qui étaient les coordonnateurs du projet
dans la localité de Ngwei, les chefs de villages, les élites
locales et les populations locales.
1- L'entreprise Huawei
Il ressorti de notre entretien avec le représentant du
directeur des énergies renouvelables et de la maitrise de
l'énergie au ministère de l'eau et de l'énergie en charge
du projet que l'accord et l'exécution du projet d'électrification
par énergie solaire dans les localités rurales au Cameroun
survient en mars 2018, lors de la visite officielle du chef de l'Etat
camerounais son excellence Paul BIYA en république de Chine. Au cours de
cette visite, il se rendra au siège de l'entreprise Huawei Technologie
où il signera un accord de partenariat sur le financement et la
construction de 1000 centrales solaires dans les zones rurales du Cameroun.
Cette dernière avait pour principale mission de
construire les centrales solaires dans différents villages de la commune
de Ngwei pour permettre aux populations de bénéficier de
l'énergie électrique. Le projet a été
réalisé en trois mois et demi soit 107 jours ; malgré le
fait que les populations locales n'ont pas été impliquées
dans la réalisation du projet en dehors du Sous-Préfet et du
Maire.
Cette implication de la chine dans le cadre de ce projet nous
amène à nous interroger sur les motivations de la Chine à
entreprendre ce type de projet. En effet, l'objectif de la Chine est de se
faire leader dans le domaine des énergies renouvelables
particulièrement les énergies solaires. En outre, la Chine veut
consolider et élargir ses relations d'amitié et de
coopération avec le Cameroun, qui constitue un atout important pour la
politique économique extérieure. Par ailleurs, nous pouvons
retenir de cet entretien avec le représentant du directeur des
énergies renouvelables et de la maitrise de l'énergie au
ministère de l'eau et de l'énergie en charge du
81
projet que les principales motivations de la politique
chinoise vis-à-vis du Cameroun s'établissent d'une part sur le
bénéfice mutuel c'est-à-dire que la Chine et le Cameroun
font des efforts pour une coopération multiforme et mutuellement
bénéfique pour apporter, directement et réellement des
avantages à leurs peuples. L'aide de la Chine au Cameroun a pour but de
l'aider à renforcer leur capacité d'auto-développement et
à créer des conditions favorables à son
développement économique. En plus cette aide est essentiellement
destinée aux secteurs liés au bien-être du peuple
camerounais et où le Cameroun a des besoins urgents à donner des
résultats réels et visibles et de permettre à la chine de
s'imposer comme un leader.
2- Les autorités locales
Le Maire et le Sous-Préfet sont chargés du suivi
et du contrôle des projets de développement au sein des
collectivités territoriales décentralisées, à
l'application de la législation et de la réglementation sur
l'état civil sous l'autorité du Président de la
République. Par ailleurs, ils ont pour missions la promotion du
développement socio-économique de leurs communautés
c'est-à-dire, de transformer leur localité en un territoire
productif et la promotion de la bonne gouvernance. En outre, les
autorités locales à savoir le Maire et le Sous-Préfet sont
responsables du suivi, de la mise en oeuvre et de l'évaluation de la
politique du gouvernement en matière de décentralisation ainsi
que de la promotion du développement local. Leurs missions sont : de
s'assurer de la réglementation relative à l'organisation et au
fonctionnement des collectivités territoriales
décentralisées, à l'évaluation et au suivi de la
mise en oeuvre de la décentralisation.
Dans le cadre de la réalisation du projet
d'énergie solaire dans l'arrondissement de Ngwei, le Maire et le
Sous-Préfet avaient pour missions de veiller à la bonne
exécution du projet. D'après le Maire, c'est le
Sous-Préfet qui l'avait instruit d'informer certains chefs de villages
que leurs localités avaient bénéficié d'un projet
qui avait pour objectif d'électrifier leurs localités en
énergie solaire. Au cours nos recherches, nous avions appris au travers
de certaines élites avec la participation du Maire que les villages qui
n'avaient bénéficié du projet ont pu être
électrifiés à l'énergie solaire23 ; ceci
grâce à l'implication du Maire. Néanmoins, cette initiative
de monsieur le Maire a été appréciée par les
populations bénéficiaires.
De manière plus précise, il était
question pour le Maire et le Sous-Préfet de mobiliser d'abord les
populations locales afin de les préparer pour le projet, ensuite de
négocier et conclure des arrangements notamment sur les
différents sites d'implantation des centrales solaires au sein des
localités bénéficiaires du projet et enfin il était
question de mettre en place
23 Jl s'agissait des localités de
Ndjockloumbé et Digombi.
82
des règles encadrant la mise en exécution du
projet au sein de l'arrondissement. C'est dans cette mesure que le Maire et
Sous-Préfet ont participé au projet d'énergie solaire dans
la commune de Ngwei.
3- Les élites traditionnelles et locales
L'ambiance générale dans laquelle évolue
le processus de développement en Afrique a fini par installer les
acteurs de développement en milieu rural dans une confusion et un jeu de
ruse où chacun cherche ses intérêts personnels, notamment
lorsqu'il s'agit de questions stratégiques comme la participation ou
l'accès équitable aux ressources naturelles. Dans cette partie,
il est question d'expliciter le concept d'élites pour mettre en
lumière leurs rôles joués autour du projet d'énergie
solaire dans le village de Ndjockloumbé.
3-1 La notion d'élite
Pour Max Weber (1920), les individus ont des ressources et des
chances différentes, c'est-à-dire que, le pouvoir des
élites repose sur trois facteurs : d'abord le facteur économique
par l'accès aux ressources et moyens de production; ensuite le facteur
social ou statutaire c'est-à-dire par le prestige au sein d'une
société et enfin le facteur politique par la compétition
pour le contrôle de l'Etat. Pour lui, l'élite renvoie à une
autorité charismatique. Par ailleurs, il explique l'importance de la
fonction charismatique dans l'évolution historique, le charisme
étant l'une des bases sur laquelle s'appuie l'action des élites
novatrices, surtout en période de changement rapide. V. Pareto (1916 :
61), va dans le même sens en disant que « ce sont les
minorités dirigeantes et donc les élites qui mènent
l'histoire. L'histoire ressemble ainsi à un cimetière
d'aristocraties et les élites sont les agents de la transformation des
sociétés », Il établit une sorte
d'échelle permettant de mesurer les différences sociales : les
élites correspondent aux classes qui obtiennent la note la plus
élevée. Pareto caractérise donc les élites par leur
« supériorité » : qualités
d'intelligence, de caractère, d'adresse... Il distingue les
élites gouvernementales des non-gouvernementales. Il souligne des
prédispositions à appartenir à l'élite, notamment
l'hérédité, mais admet une circulation des élites
au sein d'une même structure de pouvoir. Les élites se distingue
en effet par leur éminence sociale, c'est-à-dire leur
renommée, leur réussite sociale, leur proximité avec
d'autres élites ; leur compétence et donc leurs talents, leurs
connaissances, leurs aptitudes ; leur exemplarité et le respect qu'elles
ont des valeurs partagées ; leur fortune et leur
générosité, le partage et la redistribution qu'elles
effectuent ; un ensemble de signes extérieurs comme : leur habillement,
leur logement, leurs véhicules, leur apparence physique, la distinction
de leurs manières (langue, accent, gestuelle.), leur entourage, certains
rituels et protocoles...
83
3-2 Le rôle de l'élite
En Afrique subsaharienne, les élites locales sont les
acteurs décisifs pour le développement de leur communauté
; elles peuvent intervenir dans un projet de développement local en
identifiant, en valorisant les ressources territoriales, en mettant en place
des règles du jeu, en faisant émerger des entreprises locales et
en construisant l'économie de marché sans détruire les
communautés. En outre, les élites fournissent des contributions
majeures pour le développement économique local, ils oeuvrent
pour la création ou le maintien de dispositif institutionnel
préservant leurs intérêts malgré les critiques. Par
ailleurs, le développement économique local peut prendre la forme
d'un processus de négociation continu entre les acteurs locaux qui
identifient et exploitent les opportunités lorsqu'elles se
présentent.
Nous avons appris au cours de nos enquêtes que,
contrairement aux villages Seppe et Mbamblé où il s'agit d'une
initiative du gouvernement ; pour le village de Ndjockloumbé, il s'agit
de l'intervention de certaines élites à l'instar de monsieur M.
NGUE entrepreneur agronome et du chef de village de troisième
degré sa majesté André ISOLA.
D'après nos entretiens avec sa majesté ISOLA, ce
dernier affirme être l'initiateur du projet dans au sein du village
Ndjockloumbé ; en effet, il était question pour lui de mettre
à la disposition de l'entreprise Huawei en accord avec les populations,
le site d'implantation à Ndjockloumbé. C'est en ces mots qu'il
s'était Déclaré : « mes intentions étaient
claires, il fallait que tous les ménages puissent
bénéficier de l'énergie solaire ».
Dans un autre entretien avec une élite locale au nom de
monsieur M. NGUE, celui-ci nous déclarait être aussi l'initiateur
du projet au sein de son village dans la mesure où s'est lui qui avait
adressé une doléance auprès du MINEPAT pour que sa
localité bénéficie du projet d'énergie solaire.
D'après ce dernier, c'est grâce à sa demande auprès
du MINEPAT que le village Ndjockloumbé a pu bénéficier de
l'électrification solaire et cette demande s'est appuyée par le
projet agropole qui consistait à apporter un soutien aux entrepreneurs
agronomes.
4- Les populations locales
La participation des populations aux projets de
développement est une étape clé pour l'exécution de
tout projet, car celle-ci permet d'abord de satisfaire le désir
légitime des populations locales de prendre part à des
décisions qui influent sur leur existence et leur mode de vie. En outre,
Celle-ci permet aussi d'identifier, de satisfaire les besoins qui sont
prioritaires, de mobiliser les ressources disponibles et de les répartir
de manière à satisfaire leurs besoins.
Dans l'arrondissement de Ngwei, il nous avait
été révélé par le Maire que certains acteurs
inconnus, après avoir constaté les besoins d'une
communauté en énergie électrique, ont
84
vite fait de réaliser des projets sans au
préalable procéder aux consultations des populations
bénéficiaires afin de prendre en compte leurs avis et
d'opérer des choix pour des solutions appropriées il s'agit des
villages Seppe et Mbamblé. En d'autres termes, la prise de
décision s'est faite uniquement par les experts gouvernementaux. Pour ce
qui concerne les populations, la majorité d'entre elles déclarent
n'avoir pas été consultées ou impliquées ni avant,
ni pendant, ni convient à ce projet d'électrification, mais
plutôt après le projet au moment de l'installation des
compteurs.
La seule fois où les populations avaient
été interpelées au moment où il était
question de mettre à la disposition de l'entreprise Huawei qui devait
réaliser le projet les sites pour la construction des centrales
solaires. Les personnes consultées étaient
généralement les autorités traditionnelles, élites
locales, et chefs de villages. Il faut noter que ce manque d'implications des
populations a suscité des conflits avec les autorités.
Le tableau ci-dessus résume les données
chiffrées de l'ensemble des populations ayant été
consultées avant, pendant et après le projet.
Graphique 4 : Statistique sur les personnes ayant
été consultées
Avant pendant après jamais
Total pourcentage
200
|
|
|
|
|
180
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
160
|
|
|
|
|
140
|
|
|
|
|
120
|
|
|
|
|
100
|
|
|
|
|
80
|
|
|
|
|
60
|
|
|
|
|
40
|
|
|
|
|
20
|
22
|
7,4
|
13
|
|
0
|
|
|
|
4,4
|
|
|
|
|
|
172
90
57,9
30,3
Source : Auteur, mars 2021.
D'après les données récoltées au
cours de notre recherche, il apparait que sur 297 personnes avec lesquelles
nous nous sommes entretenues dans les villages de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé 7,4% ont été consultées avant, 4,4% pendant
le projet notamment lors des conflits entre différents les acteurs, 57,9
% à un stade avancé de l'exécution des travaux pour les
modalités de branchement des compteurs, 30,3% n'ont jamais
été consultées il s'agit pour la plus part des jeunes et
des personnes du troisième âge. Il convient de noter certaines
personnes ont été consultées avant, pendant et
après.
85
III- LES TENSIONS ENTRE LES ACTEURS AUTOUR DU PROJET
Nous avons utilisé dans le cadre de notre recherche la
théorie du conflit social développée par Max GLUCKMAN,
Vilfredo PARETO et Georg SIMMEL pour expliquer le conflit entre les
différents acteurs autour du projet dans l'arrondissement de Ngwei, les
tensions entre les différentes classes sociales notamment les
élites locales contre les populations. Celle-ci a été
fructueuse dans la mesure où, elle nous a permis de comprendre au sens
Durkheimien, « les manières de penser, d'agir et de sentir
» des différents acteurs locaux. En outre, il s'agit dans le
cadre de cette partie, de comprendre les logiques d'actions, les tensions et
les enjeux des acteurs locaux autour du projet d'énergie solaire dans la
commune de Ngwei.
1- Les tensions liées aux indemnisations
Le problème que pose la construction des centrales
solaires dans la localité de Ngwei plus précisément les
villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé est lié à
la non prise en compte des réalités locales. Dans le cadre de nos
travaux de terrain, nous avons enregistré deux types de conflits
à savoir, les tensions relatives aux indemnisations et des conflits
sectoriels qui portaient sur l'attribution du site du projet.
Les camerounais qui vivent en milieu rural sont dans une
situation extrêmement précaire en termes de régime foncier.
Leurs terres non enregistrées peuvent être cédées en
propriété ou à un bail à des étrangers pour
exploitation forestière ou agricole. Dans le cadre de la
réalisation d'un projet de développement, le gouvernement peut
agir de la sorte dans la mesure où le droit camerounais ne
reconnaît pas la propriété foncière
coutumière comme équivalente aux droits réels de
propriété immobilière, avec les obligations légales
que cela comporterait comme par exemple, celle de verser aux
propriétaires coutumiers la valeur marchande des terres que le
gouvernement s'approprie.
Dans le cadre de l'exécution des travaux liés au
projet d'énergie solaire dans la localité de Ngwei, les
populations bénéficiaires avaient cédé leurs terres
pour l'implantation des poteaux devant servir de conducteur de fil de courant
électrique. Il en est ressorti de nos enquêtes que pendant ces
travaux, des palmiers à huile, des arbres fruitiers, de petite
plantation de bananes plantains, de macabo et manioc situé au bord de la
route avaient été détruits. Face à cette situation,
les populations croyaient qu'elles devaient percevoir des indemnités
pour régler le préjudice causé ; d'où les tensions
dans les villages de Seppe et Mbamblé, entre Sous-Préfet et les
chefs de villages contre populations locales. En effet, les tensions naissent
d'une rumeur selon laquelle les populations dont les plantations avaient
été détruites devraient être indemnisées
chose que l'entreprise Huawei n'avait pas fait. N'ayant pas fait des
réponses
86
favorables auprès des autorités locales,
celles-ci sont descendues sur le site de construction des centrales solaires ;
ce qui avait eu pour conséquence l'arrêt des travaux de la part
l'entreprise Huawei. D'autres part, les populations de ces villages accusaient
le Sous-Préfet et les chefs des villages Seppe et Mbamblé d'avoir
détourné l'argent du dédommagement qui leur était
dû. Il a fallu que cette information soit démentie par le chef des
travaux de l'entreprise Huawei afin que les travaux continuent. L'origine du
problème lors de la construction des centrales solaires dans les
villages de Mbamblé et Seppe d'après les chefs du village de
Seppe est dû au fait que les populations n'étaient pas totalement
informées car celles-ci ont eu un sentiment de trahison et d'abandon,
d'après elles les autorités locales ne défendaient pas
leurs intérêts.
2- Les tensions sectorielles
Lorsque nous parlons de tensions sectorielles, il s'agit
précisément des tensions qui ont opposé les populations du
village Ndjockloumbé entre elles notamment sur le site de la
construction de la centrale solaire. Il en ressort de notre entretien avec
monsieur P. MBOM que les conflits et les diverses rivalités entre les
différents acteurs ont débouché sur le site de
construction de la centrale solaire. Lorsque les agents de
l'entreprise Huawei sont arrivés à Ndjockloumbé pour la
construction de la centrale solaire, il s'est posé le problème du
site. Il était question de savoir où devrait être construit
la centrale solaire ceci du fait que le village Ndjockloumbé est
divisé en cinq quartiers. Nous avons le quartier Dingombi vers Makondo,
Bethania vers Bitoutouck, Song Kwang, chefferie et Boga vers le
Nyong-Kellé. En effet, chacun de ces quartiers voulaient s'approprier le
site de construction de la centrale solaire pour le motif selon lequel les
autres quartiers ont bénéficié des sites de construction
des infrastructures de l'état. La thèse développée
est qu'il devrait avoir un équilibre dans le partage des sites abritant
les infrastructures dans cette localité. Par ailleurs, certains
quartiers disposaient déjà des infrastructures comme le
collège d'enseignement secondaire pour quartier Bethania, l'école
primaire vers la chefferie et l'école maternelle au quartier Song kwang
et centre de santé vers Dingombi. Dès lors, il était
question que la centrale solaire soit installée dans un autre terroir ;
ce qui était à l'origine des tensions autour du projet dans la
localité de Ndjockloumbé.
3- Les tensions entre les élites
Sa majesté A. ISOLA est le chef de village de
Ndjockloumbé et un brillant homme d'affaire. Quant à M. NGUE, il
est une élite locale, homme d'affaire et propriétaire de l'usine
à huile de palme dénommé Browers. Tous deux ont une grande
image et une influence au sein de la localité de Ndjockloumbé.
Source : Auteur, mars 2021.
87
Lors de nos entretiens avec les populations, celles-ci nous
ont fait part des tensions entre ces deux élites dans le village de
Ndjockloumbé dans le cadre de la réalisation du projet
d'énergie solaire dans la commune de Ngwei ; ces luttes portaient
principalement sur le site d'implantation de la centrale solaire et
l'utilité de la centrale solaire. D'après le chef de village,
monsieur M. NGUE s'était approprié le projet pour son
bénéfice, dans le but de satisfaire ses intérêts
personnels, il a cru bon de rapprocher la centrale solaire prêt de son
usine de production d'huile de palme pour l'alimenter en permanence en
énergie solaire ainsi que ses travailleurs laissant une partie de la
population sans énergie électrique ; ce qui a indigné le
chef du village et l'ensemble des populations bénéficiaires ;
pourtant l'objectif principal du projet était d'électrifier les
ménages et non les usines. Le mécontentement des populations et
le rapport que le chef du village de Ndjockloumbé avait adressé
au Sous-Préfet de l'arrondissement de Ngwei avait conduit à un
arrêt momentané des travaux jusqu'à ce que les populations
et les élites puissent s'accorder autour du projet. En fin de compte,
monsieur M. NGUE avait bénéficié d'un appui multiforme des
autorités administratives locales grâce sa position au sein du
parti politique au pouvoir et ses multiples relations qui lui ont donné
raison. Par conséquent, la centrale solaire avait été
implantée proche de son usine de production à huile de palme au
mépris du mécontentement des populations locales ce qui a
poussé le chef a se révolté contre ce dernier. Comme le
révèle un enquêté anonyme, « les deux
élites ont failli bagarrer, au cours d'une réunion si ce
n'était pas notre intervention ».
Le graphique ci-dessous présente les données
recueillies auprès des personnes ayant assisté à ces
conflits.
Graphique 5 : Observation des conflits entre
élite
350
|
286
300
|
250
|
|
|
|
200
|
|
150
|
|
100
|
96,3
|
50
|
|
|
|
11 3,7
|
0
|
OUI NON
88
Sur 297 personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenues
dans la localité de Ndjockloumbé, il apparait que 286 soit 96,3%
ont été témoins de nombreuses disputes entre le chef du
village de Ngwei et monsieur M. NGUE autour du projet et elles ont n'ont pas
été d'accord avec le fait que la centrale solaire soit
implantée près de l'usine de monsieur NGUE. Il faut aussi noter
que le manque d'information sur le projet et la cause de ces tensions ; en
effet, le projet consistait à électrifier les ménages en
milieu rural du Cameroun. Mais comme n'ayant pas été
consulté ni informé de l'objet de ce projet leur ignorance a
été bénéfique à cette élite qui a
fait installer la centrale solaire à quelque mettre de son usine.
Dans le cadre du projet d'électrification solaire dans
la localité de Ngwei, nous pouvons dire que monsieur M. NGUE a
bénéficié d'un pouvoir symbolique à priori
basé sur de fortes capacités relationnelles et son statut social
au sein de la localité de Ndjockloumbé. C'est-à-dire de
mobilisation des parties prenantes (autorités administratives et
élites politique). Par ailleurs, il est entré en interaction avec
les populations de son terroir, a tenté de négocier et de les
convaincre à sa cause. En outre, il a mobilisé les connaissances,
permis l'étude du territoire aux agents de l'entreprise Huawei, les
investigations, les diagnostiques afin que ces derniers identifient les
ressources territoriales, élaborent des plans d'actions. Ce a
suscité un conflit avec le chef du village de Ndjockloumbé qui
cherchait également à mobiliser autour de lui les populations, et
permettre la coordination des acteurs autour de leurs intérêts
personnels.
89
Le chapitre qui précède avait pour objectif de
rendre compte des logiques d'actions des acteurs autour du projet
d'énergie solaire dans l'arrondissement de Ngwei.
Pour répondre aux attentes des populations rurales, le
gouvernement a lancé en 2019 un projet d'électrification par
énergie solaire pour les localités rurales dans neuf
régions sur les dix régions que compte le Cameroun. Ce projet est
mis en oeuvre en deux phases : la phase une consiste à
électrifier 166 localités et la phase deux 184 localités.
Pour un système d'alimentation en énergie solaire de 350 watts
construit au cours de la phase un, et de 650 watts au cours de la phase deux.
L'objectif principal de ce projet consiste à améliorer le
bien-être des populations rurales notamment en termes d'énergies
électrique ; ceci du fait que l'énergie électrique
constitue l'un des piliers principaux pour le développement durable en
milieu rural.
En effet, l'énergie solaire couvre les besoins des
villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamble et constitues-en ce sens une
solution entre les solutions centralisées et
décentralisés. Les ressources renouvelables contribuent à
une meilleure adéquation entre les besoins et la production au niveau
local, évitant ainsi les pertes lors du transport d'énergie sur
de grandes distances dans la mesure où les centrales solaires
installées fournissent de l'électricité au travers d'un
mini-réseau électrique basse tension. Il requiert une certaine
capacité de stockage (batteries) et permet, outre
l'électrification individuelle, d'alimenter des installations telles que
l'éclairage public. Par ailleurs, il faut retenir que le projet
d'électrification par énergie solaire a mis en interaction de
nombreux acteurs à savoir l'entreprise Huawei, les autorités
locales et municipales à l'instar du Sous-Préfet et du Maire, les
élites traditionnelles et locales ainsi que les populations locales. Par
ailleurs, Dans le cadre de la réalisation de ce projet, nous pouvons
retenir qu'il y'avait deux catégories d'acteurs ; on avait d'une part le
chef de village de Ndjockloumbé pour qui il était question que le
projet profite à l'ensemble des populations locales et une élite
locale au nom de M. NGUE qui avait des intérêts individuels au
détriment de celles de la communauté en général, ce
dernier avait atteint ses objectifs nonobstant le fait que le chef du village
et les populations se sont opposés à lui ; il apparait que
monsieur M. NGUE avait bénéficié du pouvoir symbolique
basé sur de fortes capacités relationnelles et son statut social
au sein de la localité de Ndjockloumbé. Par ailleurs, on note que
le projet a été source de nombreuses tensions entre les acteurs.
Ainsi, on enregistre des tensions liées aux indemnisations ; ceci du
fait que certaines populations réclamaient des réparations suite
au dommage que le projet avait entrainé dans leur plantation, des
tensions sectorielles et des tensions entre les élites qui portaient sur
le site d'implantation de la centrale et son utilité
90
CHAPITRE 4 : L'ELECTRIFICATION SOLAIRE ET LE
DEVELOPPEMENT LOCAL A NGWEI
L'électrification solaire n'est pas un fait
étranger dans les localités de Ngwei. Bien avant le projet
d'électrification solaire, certaines personnes avaient
déjà des installions solaires indépendantes ainsi que des
lampes solaires pour s'éclairer, charger les téléphones et
pour quelques petits appareils électroniques. Ce chapitre qui porte sur
l'électrification solaire et le développement local dans
l'arrondissement de Ngwei est composé de trois sections. La
première section a pour objectif de rendre compte des atouts de
l'électrification solaire dans la localité de Ngwei sur le plan
économique, social et technique ; c'est-à-dire de comprendre
comment les énergies solaires participent à l'amélioration
du bien-être des populations locales et du développement local,
ainsi que les incidences négatives des énergies solaires. Quant
à la deuxième partie il s'agira d'expliquer dans quelle mesure le
projet d'énergie solaire est un atout pour les objectifs du
développement durable dans la localité de Ngwei. Il entend, plus
précisément de répondre à la question suivante :
quels avantages peut-on attendre des énergies renouvelables dans la
localité de Ngwei ? Pour ce qui de la troisième section, il
s'agit d'exposer les incidences négatives du projet dans les villages
ayant bénéficiés du projet d'énergie solaire.
I- LES ATOUTS DE L'ELECTRIFICATION SOLAIRE DANS LA
COMMUNE DE NGWEI
Lors de son discours d'inauguration de l'unité de
traitement de gaz naturel de Ndogpassi, prononcé le 15 novembre 2013, le
Chef de l'Etat avait souligné que « L'énergie se situe
au coeur de tout processus de développement. Sans elle, il ne peut y
avoir d'industrie, ni de transformation de matières premières, et
donc, pas d'économie ». En d'autres termes, l'énergie
électrique est un atout important pour le développement
économique. L'approvisionnement en électricité a une
incidence directe sur le bien-être national et les moyens de subsistance
des populations. Elle est également l'une des principales
priorités de la stratégie de développement
économique de chaque pays. En outre, l'approvisionnement en
électricité est un type de force de production de base qui joue
un rôle important dans le développement économique et le
progrès social d'un pays. Si étroitement lié à
l'économie nationale et au développement social,
l'approvisionnement en électricité concerne non
91
Sources : Auteur, enquêtes de mars 2021
(Inspiré de Blimpo et Cosgroves-Davies, 2020).
seulement les stratégies économiques et de
sécurité nationale, mais aussi la vie quotidienne des gens et la
stabilité sociale. La mise en oeuvre réussie de ce projet profite
au Cameroun sous divers aspects. Tout d'abord, la pénurie
d'électricité dans les zones reculées sera résolue,
ce qui favorisera ensuite l'efficacité de la production locale ainsi que
l'exploration et l'utilisation des ressources locales. Deuxièmement,
d'autres secteurs tels que l'éducation, les soins médicaux, les
transports, l'électronique et l'industrie manufacturière
bénéficieront d'améliorations collatérales.
Troisièmement, le projet accélère les progrès de la
modernisation nationale, augmente le taux de croissance du PIB et contribue de
manière substantielle au développement social, économique,
politique et culturel du Cameroun comme le démontre le graphique ci
Graphique 6 : Les effets induits par l'électrification sur la
transformation socioéconomique desous.
Électrification
Commerce
Accroissement et diversification des revenus
|
Ménages
Développement des activités
génératrices de revenus
Infrastructures socio-collectifs
Amélioration des conditions de vie
Création d'emplois
Amélioration du capital humain et la promotion du genre
Transformation socio-économique
|
Dynamisme local
Réduction de l'exode rural
Développement local
92
1- Les avantages économiques
Face aux enjeux de développement, les énergies
renouvelables jouent un rôle important, surtout dans les zones rurales
où l'accès au courant électrique est un calvaire pour les
populations. Dans le cadre de notre entretien avec les populations locales,
nous avons décelé trois types d'avantages de
l'électrification solaire dans la localité de Ngwei. D'abord des
avantages économiques tels que le commerce, Ensuite nous avons
l'augmentation de la production d'huile de palme, et enfin la promotion de
l'auto emploi et le cout énergétique.
1-1 Le commerce
Au cours de nos recherches dans l'arrondissement de Ngwei,
nous avons observé des avantages économiques tels que le
développement des espaces de loisir, l'accroissement de la production
d'huile de palme et la promotion de l'auto-emploi.
Avec l'installation des panneaux solaires dans les villages de
Ngwei, l'électrification solaire a permis la création et le
développement de nombreux espaces de loisir tels que les débits
de boisson, les alimentations et les salles de jeux.
Au cours de notre entretien au mois de mars 2021, dans
l'arrondissement de Ngwei, nous avons constaté que la vente des boissons
fraîches est une activée florissante. D'ailleurs, un
commerçant nous a fait savoir au cours d'un entretien que : «
les buvettes à elles seules rapportent près 75.000 FCFA de
bénéfice par mois à raison de 750 la bières, c'est
l'activité commerciale dont le chiffre d'affaires est très
élevé par rapport autres activités telles que la
restauration et les salons de beauté ». Cela se justifie par
le fait les populations ont un revenu moyen. En effet, la localité
dispose de nombreux atouts économiques principalement la culture de
l'huile de palme, certains travaillent dans les grandes plantations de palmiers
à huile et de cacao, tandis que les autochtones sont
propriétaires de plusieurs plantations.
L'électrification solaire dans la commune de Ngwei a
permis l'essor des restaurants. Par exemple dans le village
Ndjockloumbé, on retrouve au moins deux restaurants par quartier, ceci
se justifie par la demande des populations. En plus, les restaurants sont des
activités génératrices de revenu. Mama Sarah vendeuse de
viande de brousse nous déclare au cours de notre entretien faire un
bénéfice mensuel de près de 50.000 FCFA, ce qui lui permet
de satisfaire ses besoins et de faire des épargnes à travers des
cotisations ; mais ce chiffre peut croitre ou décroitre ceci en fonction
de la saison de cacao et d'huile de palme.
En ce qui concerne les salles de jeux, nous pouvons dire ce
sont essentiellement des salles de jeux vidéo. Malgré qu'elles
sont beaucoup contestées par les parents d'élèves car
celle-ci ont un impact négatif sur derniers qui fuient l'école et
se retrouvent à des heures de cours dans ces salles de jeux. Par
ailleurs, celles-ci sont une source de revenu pour les promoteurs.
93
Tableau 12 : nombre de buvettes, restaurants et salles de
jeux dans certaines localités de la commune de Ngwei
Villages
|
Bars
|
Restaurants
|
Salles de jeux
|
Total
|
Mbamblé
|
3
|
4
|
0
|
7
|
Ndjockloumbé
|
05
|
07
|
01
|
13
|
Seppe
|
6
|
6
|
3
|
15
|
Source : auteur, enquête mars 2021.
1-2 L'augmentation de la production d'huile de
palme
Dans la commune de Ngwei, la principale source de revenu est
la culture du palmier à huile, d'ailleurs celle-ci est
considérée par la communauté Bassa Mpo'o-Bati comme un
héritage ancestral. Avec l'installation de l'énergie
électrique solaire, les populations de Seppe, Mbamblé et
Ndjockloumbé ont amélioré leur production en huile de
palme, dans la mesure où le projet a permis aux populations locales
d'éclairer leur huilerie avec l'énergie solaire ce qui leurs
permets dorénavant de travailler en plein temps ; Pareil pour la grande
usine Browser où les machines de l'usine fonctionnent grâce
à un générateur mais le reste de l'usine à savoirs
les bureaux et l'éclairage autour de l'usine sont alimentés avec
l'énergie solaire. Lors d'un entretien avec M. NGUE, ce dernier
déclare la bonté salvatrice des énergies solaires en ces
termes : « L'électrification solaire permet dorénavant
de travailler aussi la nuit afin d'éviter les pertes en temps et en noix
palmiste.».
1-3 La promotion de l'auto emploi
L'auto emploi ou travail indépendant, selon des
études récentes, se conçoit aujourd'hui comme alternative
au travail civil et permet de résoudre à la fois la question de
l'autonomie financière et celle du chômage. Le travail
indépendant demande de redéfinir la notion de chômage et de
l'insécurité. L'IRENA24 (2016), dans son
rapport fait état de 8,1 millions d'emplois créés par le
secteur des énergies renouvelables en 2016 dans le monde, avec une forte
prédominance de l'énergie solaire photovoltaïque. A ce
chiffre peut s'ajouter 1,3 million de travailleurs du secteur de la grande
hydraulique, c'est-à-dire dans les installations ayant une puissance
moyenne supérieure à 10 mégawatts (base de
référence internationale).
24 L'Agence internationale pour les énergies
renouvelables est une organisation intergouvernementale fondée en 2009,
dont la mission est la promotion des énergies renouvelables à
l'échelle mondiale. Son siège se situe à Abou Dabi et son
directeur général est l'italien Mr. Francesco La
94
Dans la commune de Ngwei, les énergies solaires ont
permis à certaines personnes de créer des emplois dans les
villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé. Nous avons
observé dans ces localités le développement de plusieurs
activités génératrices de revenus qui permettent aux
populations locales de travailler à leur compte personnel.
Au-delà des métiers qu'on retrouve généralement
dans la commune de Ngwei notamment, l'agriculture, l'élevage, le
commerce général, la petite quincaillerie et le transport par
moto-taxi. L'électrification solaire a permis de contribuer à
l'auto emploi. C'est ainsi que pendant nos recherches, nous avons
observés les types de métiers ci-après.
1-3-1 Les métiers de coiffeurs/coiffeuse
L'énergie solaire contribue au bien-être des
populations locales de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé dans la
mesure où grâce à elle, certaines personnes se travaillent
à leur compte personnel dans les métiers tels que la coiffure
bien que ceux-ci exercent dans les domiciles privés. L'objectif pour
celles-ci est d'avoir un revenu afin de subvenir à leurs besoins et de
celui de leur famille. Par ailleurs, ces salons de coiffures permettent de
satisfaire les besoins des populations locales qui ne sont plus obligées
de se rendre en ville pour se procurer des soins esthétiques.
Désormais, celles-ci peuvent s'en procurer dans leurs
localités.
1-3-2 La couture
Nous notons que l'électrification par énergie
solaire a permis à de nombreuses couturières qui avaient mis un
terme à leur activité de reprendre du service. En effet,
celles-ci utilisaient les machines à coudre non moderne et ne pouvaient
pas travailler la nuit à cause du manque d'électricité.
Grâce à l'énergie solaire, elles peuvent travailler
à n'importe quelle heure et certaines se sont dotées de machine
à coudre électrique qui sont plus rapides. Ce métier de
couture leur permet de gagner des bénéfices et les populations
locales ne sont plus obligées de se rendre en ville pour coudre leur
tissu pagne. Cependant il faut noter que cette action permet aux populations de
faire des économies, dans la mesure où avant, il fallait
prévoir environs 4000 FCFA de transport aller et retour pour la ville
d'Edéa.
1-3-3 L'électronique
Grace à l'énergie solaire, certains jeunes de
retours en ville se sont installés au village et ces derniers ont mis en
place des ateliers de dépannage d'appareils
électro-ménagers. Il s'agit des frigoristes, des
électroniciens, pour des appareils tels que les
téléviseurs, poste radio, fer à repasser, ventilateur et
autres. Les garages et la vente des pièces de rechange pour les motos
taximan.
95
1-3-4 Le domaine des NTIC
Dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et
de la communication, les emplois créés sont les suivants : La
réparation des téléphones et les call-box qui servent de
moyen pour les transferts d'argent à travers Orange money et MTN
money.
Ces activités génératrices de revenus
permettent non seulement aux promoteurs de subvenir à leurs besoins
financiers grâce au bénéfice qui en tire mais aussi de
satisfaire à celles des populations locales. Au cours de nos recherches,
nous avons dénombré 10 emplois dans la localité de
Seppe.
Dans les jours qui ont précédé le projet,
les populations étaient obligées de se rendre à
Edéa afin de trouver des solutions à leurs problèmes et
cela était très couteux. Ces petits métiers permettent non
seulement aux promoteurs de tirer des bénéfices mais de
satisfaire aux besoins des populations locales. Malgré que la plupart de
ces personnes exercent leurs activées au sein de leur domicile
privé. Lorsque nous nous sommes entretenus avec le Maire de la commune
de Ngwei sur les incidences économiques de ces petites entreprises, ce
dernier nous a fait savoir que les principaux bénéficiaires sont
les populations car les responsables de ces entreprises ne payaient pas
d'impôts ceci du fait qu'ils exercent leurs activités à
l'intérieur de leurs domiciles privés. Le tableau suivant fait
état du type et du nombre d'emploi généré.
Tableau 13: Les types et total d'emplois
générés
Types d'emplois
Villages
|
|
Coiffeurs/ Coiffeuse
|
couture
|
Electronicien
|
NTIC
|
Total D'emplois
|
Ndjockloumbé
|
5
|
|
3
|
1
|
2
|
11
|
Seppe
|
4
|
|
2
|
1
|
3
|
10
|
Mbamblé
|
2
|
|
1
|
0
|
1
|
5
|
Source : auteur, mars 2021.
Au total 25 emplois ont été créés
par les populations de Seppe, Mbamblé et Ndjockloumbé au travers
des énergies. Ce qui constitue un avantage non seulement pour les
populations locales qui trouve satisfaction de leur problème dans leur
localité mais aussi pour les promoteurs qui en tirent des profits.
96
1-4 Le cout énergétique
Notre enquête auprès des populations locales de
Ngwei nous a révélé que la facturation de la consommation
d'énergie est moyenne par rapport à la facturation d'Eneo. En
effet, la consommation est prépayée ; c'est-à-dire que les
compteurs fonctionnent comme du crédit téléphonique. Les
populations nous disent qu'elles peuvent charger 2000 FCFA et les utilise
pendant 30 jours ce qui n'était pas le cas avec Eneo ceci du fait de ses
factures très élevées. En plus de cela, il fallait
dépenser de l'argent pour aller payer ses factures à Edéa
au siège commercial d'Eneo. Outre les frais de factures, il fallait
prévoir les frais de transport aller-retour de 3000 à 4000 FCFA
selon la zone de résidence ou payer 1000 FCFA de frais de commission
chez les moto-taximen. « C'est largement inférieur par rapport
aux fausses factures de Eneo, je dépense en moyenne 1500 francs par mois
pour la lumière ce qui est très avantageux car nous sommes
soulagés », nous déclare monsieur NDJEMBE.
Tableau 14 : Le cout énergétique dans la
localité de Ngwei
Cout énergétique
|
Total
|
Pourcentage
|
Faible
|
130
|
43,8
|
Moyen
|
151
|
50,8
|
Même cout par rapport à Eneo
|
16
|
5,4
|
Elevé
|
0
|
0
|
Total
|
297
|
100
|
Source : auteur, mars 2021.
En effet, 43,8% des populations trouvent le cout
énergétique faible par rapport à 50,8% qui le trouvent
moyen. Ces populations trouvent ce cout très favorable par rapport
à leurs revenus économiques.
2- Les atouts techniques de l'énergie solaire
Dans le cadre de nos recherches, nos entretiens auprès
des autorités locales et des populations de Ndjockloumbé; Seppe
et Mbamblé il en ressort que les énergies solaires ont des
avantages techniques à savoir les moyens d'utilisation et
l'éclairage continue.
2-1 Les principales utilités de l'énergie
dans l'arrondissement de Ngwei
Au cours de notre enquête, d'après les 297
personnes dans la localité de Ngwei qui ont constitué notre
échantillon, nous constatons que l'énergie solaire est
principalement utilisée pour l'éclairage domestique,
éclairage du lieu de commerce, espaces de loisir, l'élevage, les
travaux de dépannage, les électroniciens et l'éclairage
des rues ; ce qui a permis de réduire les morsures de serpent. Les
populations nous font savoir que le temps de loisirs passe de 20 heures
97
à 23 heures. Ainsi, les personnes âgées de
45 ans à 70 ans dorment entre 19 heures et 21 heures tandis que les
jeunes de 20 ans à 35 ans se couchent entre 21 heures et 00 heures. Ce
qui n'était pas possible avant l'électrification ; les
populations étaient contraintes à se coucher tôt parce
qu'elles n'avaient pas les moyens pour se distraire. L'électrification
par énergie solaire a amené les populations locales de Ngwei,
Seppe et Mbamble à se procurer des équipements High-tech. Les
plus utilisés par les ruraux de Ngwei sont le téléphone
portable et la télévision. Le fort taux de
téléphone portable enregistré au cours de notre
enquête s'explique par la diversité des agences de la
téléphonie mobile installées à Ngwei à
savoir MTN, Orange et Nextel. Cela est aussi dû au fait que les ruraux
veulent toujours avoir les nouvelles de leurs parents résidant en ville
ou hors du pays. Il est suivi par ceux qui ont à la fois la radio, la
télévision et le ventilateur et de ceux qui possèdent
exclusivement un poste radio et de téléviseur. Il ressort de
notre enquête que les populations locales sont plus connectées au
réseau de la communication par l'entremise du développement des
nouvelles technologies de la communication. Le climatiseur et le fer à
repasser font aussi leur apparition dans le milieu rural ; ils sont
utilisés dans les hauts standings. La disponibilité de
l'électricité facilite l'accès aux équipements
domestiques. Ces équipements participent à l'animation des
villages et changent les habitudes des ruraux. Ainsi, les ruraux de la
localité de Ndjockloumbé font de l'électrification un
facteur de progrès social. Cette opinion est diversement partagée
par les 297 individus avec lesquels nous nous sommes entretenus selon leur
âge.
Comme le relève le graphique suivant, les
énergies solaires sont utilisées pour l'éclairage
domestique, espace commercial, élevage, conservation des aliments,
travaux de dépannage et éclairage des rues. D'après les
populations, les énergies solaires sont d'une utilité multiple et
salvatrice en milieu rural. « Le village n'avait jamais brillé
de cette manière » nous déclare monsieur Paul LIBI.
98
Graphique 7 : Les Principales utilisations de
l'électricité solaire
120
eclairage domestique
eclairage du lieu de commerce
etude
travaux champetre
élevage
eclairage des rues
travaux de dépannage
espace de loisir
100
20,9
22,6
80
pourcentage
60
40
20
0
15,5
6,4
2,7
2,7
16,2
99,3
Source : Auteur, mars 2021.
Dans ce graphique présente les données
statistiques sur les principales utilisations des énergies solaires dans
la commune de Ngwei. Cependant nous constatons que plus 99,3% des populations
ont un branchement solaire pour l'éclairage domestique. En plus,
celle-ci sert aussi dans l'éclairage de nombreuses activités au
village.
2-2 L'éclairage continue
L'électrification solaire a de nombreux avantage en
milieu dans la localité : car elle permet d'avoir l'énergie
à moindre coût et régulièrement ; d'après les
populations de Ngwei, depuis l'installation des centrales solaires, il n'y a
pas eu coupure de courant, excepté lors des travaux de maintenance
effectués par les agents de Huawei qui sont contraints à
suspendre temporairement l'éclairage pour travailler en
sécurité. Avec l'éclairage public et domestique, le temps
d'activités des populations se prolongent selon l'âge.
L'électrification solaire offre de nouvelles opportunités
commerciales, permet l'amélioration des services au sein des
écoles et hôpitaux.
99
Graphique 8 : Les atouts de l'énergie
solaire
augmentation des heures de travail
permet d'avoir l'énergie en moindre cou et
regulierement
nouvelles opportunité commerciale
augmentation des ventes
amélioration de la qualité de service
pourcentage
120
100
40
20
60
80
0
96,6
57,6
42,4
15,5 15,5
Source : Auteur, mars 2021.
D'après ce graphique, nous pouvons conclure sur la base
des données recueillies auprès des populations de
Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé que les énergies solaires
permettent d'avoir l'électricité à moindre coût et
sans rupture, elle augmente les heures de travail et permet de nouvelles
opportunités commerciales.
Plus la moitié des personnes enquêtées
dont l'âge est compris entre 12 et 69 ans déclarent trouver
satisfaction dans l'électrification solaire. 93,6% de cette tranche
d'âge la trouve comme un apport au bien-être. D'après
certaines personnes, l'énergie électrique solaire a permis de
diminuer la sorcellerie. En effet, un proverbe africain affirme : « la
lumière chasse les ténèbres ». Les populations
disent être satisfaites de cette initiative du gouvernement car elle
retrouve presque le même confort qu'en ville.
Le tableau qui suit présente de manière claire
sur la base des réponses de nos enquêtés leurs opinons en
ce qui concerne les atouts de l'énergie solaire.
Tableau 15 : La satisfaction autour l'énergie
solaire
Satisfait
|
|
Fréquence
|
|
|
Total
|
|
Pourcentage
|
Oui
|
278
|
|
93,6
|
|
Non
|
19
|
|
6.4
|
|
Total
|
100
|
|
297
|
|
Source : Auteur, mars 2021.
25 PNUD.
100
Sur la base des données recueillies sur le terrain,
nous constatons 93,6% des populations des villages Ndjockloumbé, Seppe
et Mbamblé sont satisfaites de l'électrification solaire.
II- L'ELECTRIFICATION SOLAIRE : UN ATOUT POUR LE
DEVELOPPEMENT DURABLE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
Électrifier, c'est offrir une gamme de services
améliorant les conditions de vie et les services sociaux de base mais
aussi lutter contre la pauvreté. Au-delà de l'amélioration
du bien-être proposé par un éclairage de qualité,
l'arrivée de l'énergie solaire en zone rurale est un pilier pour
parvenir au développement durable. Dans le cadre de nos travaux, nous
avons décelé un autre enjeu qui est celui de l'atteinte des ODD
à travers ce projet, il s'agit pour le Cameroun de parvenir aux ODD plus
précisément l'ODD 7 qui vise à « Garantir
l'accès de tous à des services énergétiques
fiables, durables et modernes, à un coût abordable.
»25.
L'accès à l'énergie électrique est
un enjeu clé pour améliorer la satisfaction des besoins
fondamentaux des populations en milieu rural. En effet, celle-ci permet le
développement local, l'accès à l'électricité
constitue également un progrès car elle permet
l'amélioration de l'hygiène alimentaire (préservation des
aliments par la réfrigération), une meilleure
disponibilité des équipements médicaux. En outre,
L'accès à l'électricité influe également sur
les modes de vie en déchargeant femmes et enfants de certaines
tâches - comme par exemple la collecte du bois et permet ainsi le
développement de l'accès à l'éducation pour les
populations les plus défavorisées.
Cette partie a pour but d'expliquer le contexte de
développement durable et ensuite montrer dans quelle mesure, le projet
d'énergie solaire dans l'arrondissement de Ngwei est un atout pour le
développement durable.
1- Le contexte des Objectifs du Développement
Durable
Tenant compte des succès comme des insuffisances des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ; le 25
septembre 2015, lors du sommet de l'assemblée générale des
Nations Unies, 193 dirigeants de la planète se sont engagés
à atteindre entre 2015 et 2030 sur 17 objectifs mondiaux inscrite dans
la résolution A/RES/70/1 intitulée « Transformer notre
monde : le Programme de développement durable à l'horizon 2030
». Ils mettent l'accent sur de nouveaux domaines à savoir :
mettre fin à l'extrême pauvreté, lutter contre les
inégalités et l'injustice et enfin régler le
problème du dérèglement climatique,
l'inégalité économique et l'innovation. En outre, Les ODD
sont universels, inclusifs, et représentent un engagement
26 Idem
101
ambitieux envers l'humanité et la planète.
L'expression « objectifs mondiaux» pour le
développement durable est également utilisée pour faire
référence aux ODD. Les ODD sont universels, inclusifs, et
représentent un engagement ambitieux envers l'humanité et la
planète. L'expression « objectifs mondiaux » pour le
développement durable est également utilisée pour faire
référence aux ODD.
Les ODD représentent un programme porteur pour un
changement, axé sur l'être humain, ils sont fondés sur les
principes de transparence, de participation, et d'inclusion. Les ODD sont
importants pour nous tous car il nous incombe à chacun une part de
responsabilité pour notre avenir et celui de notre planète. Sans
objectifs précis et sans cibles mesurables, et en l'absence d'un
ensemble de données nous permettant d'analyser la situation, notamment
au niveau local, nous risquons de laisser les plus vulnérables de
côté et de ne pas répondre efficacement aux
difficultés qui entravent le développement et fragilisent notre
planète. La réalisation des ODD dépendra, entre autres, du
degré d'appropriation et de mobilisation des citoyens
2- Energie solaire et développement durable dans
l'arrondissement de Ngwei
Le projet d'électrification par système solaire
photovoltaïque au Cameroun en général et dans
localité de Ngwei en particulier s'inscrit principalement dans
l'atteinte de l'ODD7 qui vise à Garantir
l'accès de tous à des services énergétiques
fiables, durables et modernes, à un coût abordable
26 par le recours aux énergies renouvelables. Car
électrifier, c'est offrir toute une gamme de services améliorant
leurs conditions de vie et les services sociaux de base, mais aussi lutter
contre la pauvreté. Ainsi l'électrification de la commune de
Ngwei permet au Cameroun et aux villages bénéficiaires
d'améliorer les conditions de vie. En plus de cet ODD, les
résultats attendus de ce projet convergent vers la réalisation de
plusieurs autres objectifs du développement durable. Parmi les 17
Objectifs de développement durable établis par les Nations Unies
pour éradiquer la pauvreté, protéger la Planète et
garantir la prospérité pour tous à l'horizon 2030, qui est
au centre des défis majeurs du développement durable mais
d'atteindre les objectifs du développement durable à savoir :
dans le cadre de nos recherches, nous pouvons dire que le projet
d'énergie permet d'atteindre :
- L'ODD 1 qui est «
l'éradication de la pauvreté : dans la localité
de Ngwei, le projet par énergie solaire permet l'augmentation de la
production agricole par l'usage des machines qui augmentent les rendements
agricoles. Il est aussi à l'origine de la multiplication des
activités génératrices de revenus et des emplois qui
conduisent à accroître les revenus des ménages
102
ruraux. Cette augmentation des revenus et de la production
agricole concourent à l'amélioration des conditions de vie, et
donc de la réduction de la pauvreté et de la faim.
En suscitant de nouvelles activités
génératrices de revenus, électrifier les foyers permet de
lutter contre la pauvreté. Pour les artisans, c'est par exemple la
possibilité de travailler au-delà des heures de la journée
et d'améliorer leur productivité grâce à la
mécanisation et à la transformation. Pour les commerçants,
celle-ci permet d'offrir des produits frais et de rester ouverts plus tard le
soir. Recourir aux opérateurs locaux pour exploiter les systèmes
électriques installés participe également au
développement économique local. Électrifier les campagnes,
c'est donc contribuer au premier pilier du développement durable qui est
le développement économique et le progrès social.
D'après nos entretiens avec les populations locales, il
en ressort d'une part que l'énergie solaire qui est une source fiable
d'électricité, permet de lancer de nouvelles activités
génératrices de revenus comme la conservation ou la
transformation de produits agricoles par le froid grâce à des
appareils électriques adaptés et les activités domestiques
et les revenus complémentaires générés contribuent
à réduire la pauvreté. D'autre part, la facture
énergétique des foyers est réduite grâce à la
baisse des coûts d'accès à l'énergie. Comme nous
l'avons relevé dans le chapitre précédent plus de 50,8%
des populations de Ngwei avec lesquelles nous nous sommes entretenus disent que
la facture d'électricité est moyenne par rapport à celle
d'Enéo et 43,8% des personnes enquêtées déclare
qu'elle est faible.
- Dans le domaine de la nutrition, L'ODD 2 consiste à
« éliminer la faim et la famine ; assurer la
sécurité alimentaire; améliorer la nutrition ; et
promouvoir une agriculture durable » : l'électrification par
énergie solaire permet aux populations de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé d'irriguer les cultures et de multiplier les récoltes,
mais aussi de réfrigérer les produits alimentaires issus de la
transformation donc de diminuer les pertes, tout en augmentant les
possibilités de commercialisation. Quant à l'éclairage, il
réduit l'insécurité, en particulier le vol de
bétail.
- L'ODD 3 vise « l'accès à la
santé » : les services énergétiques
améliorent la santé maternelle en favorisant une meilleure
couverture vaccinale (conservation des vaccins à proximité des
populations). Dans l'arrondissement de Ngwei, le projet d'énergie
solaire contribue à l'amélioration les conditions d'accouchement
par l'éclairage des salles et l'usage des appareils modernes. Il a
favorisé l'affectation des médecins spécialistes à
l'hôpital de Ngwei car les conditions de travail dans les centres de
santé ont été améliorées. En effet, les
services énergétiques favorisent la sensibilisation (radio et
télévision), ainsi que la prise en charge des malades à
proximité de leurs lieux de résidence. Les services
énergétiques favorisent l'hygiène
103
de la mère et de l'enfant, ainsi que
l'efficacité des services de santé de proximité pour les
enfants de jeune âge, permettent la conservation des vaccins et des
médicaments. L'amélioration des conditions de travail et prolonge
le temps de travail des agents de santé qui permet de faire face
à toutes les urgences, notamment les accouchements nocturnes. Dans les
foyers, l'électricité réduit les risques d'accidents
domestiques liés au pétrole ou aux bougies, et permet
d'éviter les infections respiratoires des enfants résultant de
l'inhalation des fumées des combustibles causés à leur
tour par l'utilisation des lampes à pétrole.
L'électricité offre d'autre part aux familles la
possibilité d'accéder aux médias et aux informations sur
la santé par exemple sur le cas de la covid 19 à travers la
communication par média audio-visuel, le développement et
l'égalité des droits.
- Dans le domaine de l'éducation, L'ODD 4 vise un
accès à « une éducation de qualité »
: L'électrification par énergie solaire a permis que les
écoles puissent être éclairées. Car l'énergie
solaire contribue à l'amélioration du niveau d'éducation
des enfants, les conditions d'étude, la scolarisation des filles, les
conditions de vie des enseignants, l'alphabétisation des adultes. En
effet, Il s'agit de donner à tous les enfants, garçons et filles,
la possibilité d'achever un cycle complet d'études primaires et
secondaires. L'énergie électrique à l'école
favorise les enseignements, améliore les conditions de vie des
enseignants et des élèves (éclairage, radio,
télévision, étude le soir), et permet l'accès aux
TIC, dont les équipements ont besoin d'électricité. Etant
donné qu'avant l'électrification par énergie solaire, 95%
d'établissements scolaires publics n'avaient pas
d'électricité à travers l'énergie solaire,
aujourd'hui à travers celle-ci, près de 50%
d'établissements scolaires ont pu avoir accès à
l'énergie électrique. En bref, l'électrification des
écoles offrent des meilleures conditions d'étude aux
élèves et de travail aux enseignants. L'électrification
permet la poursuite des études après la tombée du jour,
l'utilisation des outils modernes audiovisuels éducatifs comme
ordinateur, projecteur, imprimante est rendue possible et la qualité de
l'enseignement est améliorée, favorisant de meilleurs taux de
fréquentation et de réussite scolaire. Un meilleur
éclairage permet aux enfants de faire leurs devoirs chez eux dans de
bonnes conditions.
- L'ODD 5 vise « l'égalité entre les
sexes » : Les services énergétiques favorisent dans les
villages de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé une plus grande
éducation des filles ; ils permettent enfin de multiplier les
activités génératrices de revenus par les femmes.
L'objectif visé en termes d'éducation au Cameroun était
d'éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements
primaires et secondaires en 2005, et si possible à tous les niveaux
d'ici à 2015. L'électrification de ces villages libère les
petites filles des corvées d'eau, recherche du bois de
104
cuisine et toutes autres tâches qui les empêchent
d'aller à l'école aux mêmes titres que les
garçons.
? L'électricité à domicile permet aux
femmes de devenir plus autonomes. Outre la facilitation des tâches
ménagères, elle a rendu possible de nombreuses activités
commerciales et artisanales à domicile et a favorisé
l'éclosion de petits commerces comme celui de produits frais (boissons,
poissons etc.)
? Le confort domestique et les conditions de vie sont
largement améliorés, notamment pour les femmes.
- L'ODD 6 quant à lui vise à « garantir
l'accès de tous à des services d'approvisionnement en eau et
d'assainissement ; et assurer une gestion durable des ressources en eau »
: deux cibles principales sont visées ici : la réduction de
moitié d'ici à 2030, du pourcentage de la population qui n'a pas
accès de façon durable à un approvisionnement en eau
potable et l'amélioration d'ici 2020 de l'habitat des camerounais. Pour
ce qui concerne les villages Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé, les
services énergétiques sont essentiels pour un approvisionnement
continu en qualité et en quantité de l'eau potable, par l'usage
des pompes électriques. Dans la commune de Ngwei, nous avions
dénombré 2 forages d'eau potable dans le village Seppe qui
fonctionnent avec de l'énergie solaire.
- ODD 7 vise à garantir « l'accès de
tous à des services énergétiques fiables, durables et
modernes, à un coût abordable », l'ODD 7.2 quant
à lui vise à mettre en service des énergies renouvelables
Depuis 2010, la consommation d'énergie renouvelable a augmenté
deux fois plus vite que la consommation globale d'énergie, tirée
par l'expansion rapide des énergies renouvelables modernes, tandis que
les utilisations traditionnelles de la biomasse sont restées stables.
Cependant, les progrès doivent encore s'accélérer à
la faveur de mesures publiques stables et à long terme applicables
à toutes les utilisations finales (électricité, chauffage
et transports) et tenant compte des spécificités et des objectifs
de développement de chaque pays. Selon le rapport de l'ONU, (2016), la
part des énergies renouvelables dans la consommation finale totale
d'énergie a augmenté au rythme le plus rapide depuis 2012,
atteignant pratiquement 17,5%. Les énergies renouvelables modernes
(biocarburants, hydroélectricité, éolien et solaire, par
exemple) représentaient 10,2 %, le reste étant constitué
d'utilisations traditionnelles de la biomasse, qui sont associées
à des effets néfastes importants sur la santé. Dès
lors, il s'agit pour l'Etat camerounais d'adopter des ressources
énergétiques nouvelles afin de réduire la pollution de
l'environnement. A travers ce projet, l'on comprend que le Cameroun veut tenir
à ses engagements qui sont de fournir une énergie propre aux
populations notamment les populations des zones reculées à
l'exemple de celles de Ngwei.
105
- ODD 8 : « accès à des emplois
décents » Promouvoir une croissance économique
soutenue, partagée et durable ; le plein emploi productif et un travail
décent pour tous. Le grand effet de l'électrification rurale sur
l'homme est l'amélioration de son niveau de vie. Elle suscite une
floraison d'activités économiques. Ces activités procurent
aux ruraux d'énormes revenus monétaires supplémentaires
non négligeables. Dans les villages de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé, les personnes interrogées déclarent que :
L'électrification crée des emplois locaux,
que ce soit pour l'installation des équipements, ou pour l'exploitation,
la gestion et la maintenance. Par cette électrification des
microentreprises rurales ont vu le jour comme (les postes de soudures, les
garages, les ateliers de menuiseries, les boulangeries, et les
savonneries).
- ODD 13 consiste à « lutter contre le
changement climatique », Le recours à des sources locales
d'énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles
permet de réduire les pollutions dues aux piles et aux utilisations des
hydrocarbures. Avec ce projet, il est attendu que l'émission de
plusieurs tonnes de CO2 soit évitée durant les vingt
premières années de fonctionnement des systèmes
électriques (des études confirmerons les valeurs exactes des CO2
évité).
- ODD 17 consiste à « Revitaliser le
partenariat mondial au service du développement durable ». En
effet, il s'agit pour le gouvernement de faciliter la mise en place d'une
politique de maîtrise de l'énergie comprenant au moins un volet
efficacité énergétique, un volet énergies
renouvelables, un volet social (tarification), un volet réglementaire de
facilitation des partenariats publics privés, dans une optique de
convergence des politiques et de renforcement des capacités. C'est le
cas de ce projet entre le gouvernement camerounais et l'entreprise Huawe.
III- LES INCIDENCES NEGATIVES DES ENERGIES SOLAIRES
DANS LA COMMUNAUTE DE NGWEI
Si a priori, les énergies renouvelables ne semblent pas
véritablement, avoir d'incidences négatives sur l'environnement,
il convient de retenir que l'avènement de celle-ci en milieu rural a des
impacts négatifs qui se manifestent par le comportement de certains
individus. En effet, l'électrification en énergie solaire a
amené certaines personnes à rentrer au village, parmi lesquels
des jeunes déviants qui ont quitté la ville pour le village. Ceci
dit, les villages de Ndjockloumbé, Seppe et de Mbamblé ne sont
plus exempt des réalités du milieu urbain dans cet épineux
problème tels que le vol et la violence. « Il ne se passe un
mois sans que des jeunes
106
soient présentés comme étant des
responsables des actes malsains et répréhensibles »
déclare le commandant de la brigade de gendarmerie de Ngwei.
1- La notion de déviance
La déviance est définie
généralement comme : un comportement qui échappe aux
règles admises par la société. Le déviant quant
à lui désigne une personne dont le comportement s'écarte
de la norme sociale admise. Par ailleurs, le sociologue américain E.
LEMERT (1967), a montré qu'il existe deux grands types de
déviance : la déviance primaire qui est relative à la
transgression de la norme et la déviance secondaire qui concerne la
reconnaissance et la qualification de cette déviance par une instance de
contrôle social. Si la déviance existe, c'est qu'elle se rapporte
alors directement à des normes qui désignent elles-mêmes
des principes normatifs. Ainsi, pour qu'il y ait une situation de
déviance, trois éléments doivent être réunis
: l'existence d'une norme ; le comportement de transgression de cette norme et
le processus de stigmatisation de cette transgression.
2- Les acteurs de la déviance dans
l'arrondissement de Ngwei
Il convient de rappeler qu'avant l'électrification par
énergie solaire, l'on observait quelques actes de grand banditisme mais
le phénomène a pris de l'ampleur après l'arrivée de
certains jeunes. En effet, il s'agit de jeunes désoeuvrés sans
perspective d'avenir, consommateurs de drogues et alcool frelaté qui
sont revenus au village. Dans les villages où nous avons fait nos
recherches, il en est ressorti que le problème de la déviance se
pose avec acuité. Les jeunes, emportés par l'agitation, le
plaisir d'être vite satisfaits se transforme en bandit. Pour atteindre
leurs objectifs, ils se laissent dans la facilité, par
conséquent, ils se livrent à des pratiques peu honorables.
Les critères que nous avons considérés
pour établir le profil du déviant à Ndjockloumbé,
Seppe et Mbamblé sont l'âge, le sexe, le milieu d'origine, le
niveau de scolarisation De manière générale, les causes de
la délinquance sont dues au chômage en d'autres termes, le niveau
de vie d'un individu peut lui pousser à poser des actes déviants.
Sur le plan éducationnel nous avons une mauvaise socialisation et la
camaraderie.
- L'âge, le sexe et le milieu d'origine :
Les délinquants sont pour la plupart des jeunes dont
l'âge varie de 10 à 25 ans27. On note une grande
proportion de délinquants masculins, ces jeunes sont à
majorité des déscolarisés. Ils sont issus de familles
pauvres et analphabètes. A la suite à notre entretien avec le
commandant de la brigade de gendarmerie de Makondo, il en est
27 Entretien avec le commandant de brigade de
Ngwei.
107
ressorti les actes déviants s'inscrivent dans une
logique de se procurer des ressources pour la consommation de l'alcool et des
stupéfiants.
- Niveau de scolarisation : On note une
grande proportion d'analphabètes et de déscolarisés 70 %
(selon le Maire de Ngwei). En effet, le niveau scolaire ne dépasse pas
la classe de 3ème pour la plupart de ces jeunes
déviants. Pour beaucoup, aller à l'école est une
obligation, mais ce n'est pas crucial pour l'avenir. D'autres pour la plupart
sont livrés à eux-mêmes ce qui les conduits à
manifester des comportements qui s'opposent aux normes et valeurs admises par
le groupe social.
3- Les manifestations de la déviance dans la commune
de Ngwei
La délinquance vécue revêt plusieurs
formes à Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé, nous avons d'une
part la déviance verbale (injures publiques, incivilité des
jeunes) et d'autre part, la délinquance physique (bagarres au sein des
bars, extorsion des biens etc). Le vol est plus fréquent à
Ndjockloumbé, il se manifeste par l'introduction clandestine dans les
domiciles privés, des plantations et les magasins à l'absence des
propriétaires pour dérober des biens. Au cours du mois de juin
2020 à décembre 2021, On dénombre 7 voleurs qui ont
été arrêtés et présentés chez le chef
puis ont subi une bastonnade populaire. Il s'agit des individus qui
s'introduisent dans les plantations pour dérober des rejetons de bananes
plantains ainsi que les régimes de plantains, des fruits de palmiers
à huile et des bidons d'huile rouge. Le commandant de brigade nous
déclare que « Ces derniers entrent dans les maisons des gens
à leur absence pour voler des appareils électro-ménagers
à l'instar des machines à écraser, fer à repasser,
bouteilles à gaz, des téléviseurs et des
téléphones portables, au cours de l'année 2020 plus de 25
voleurs ont été arrêté ». En effet, les
moments des infractions sont aux heures des travaux champêtres c'est
à dire de 7H30 ou à 18H30 lorsque certains individus sont
occupés aux travaux champêtres et la nuit de 0h à 4h du
matin dans les domiciles privés à l'absence des
propriétaires.
Il faut dire qu'avec l'avènement de l'énergie
électrique, la nature des objets volés a changé. En outre,
le vol d'aliments fait progressivement place à la subtilisation des
produits tels que l'argent, appareils ménagers et électroniques.
La prédominance des infractions se fait selon une répartition par
classe d'âge, les plus jeunes dont l'âge est compris de 16 à
21 ans volent de l'argent et autre bien tel que les téléphones
portables. Quant aux voleurs dont l'âge est compris de 23 à 35 ans
ces derniers volent des motos, de l'argent et autre objet de valeur. La
consommation et la vente de drogues s'intensifient aussi dans la
localité.
L'impact négatif de l'électrification solaire se
manifeste dans les manières d'agir et de penser de certaines
populations. Des personnes ont déclaré qu'avant, il était
possible d'aller aux
108
champs en laissant les portes des domiciles ouverts. Cependant,
depuis l'arrivée de ces jeunes délinquants cela n'est plus
possible.
109
Nous pouvons retenir dans le cadre de ce chapitre que
l'électrification est considérée comme une condition
préalable à tout développement économique et social
d'une localité. Le chapitre qui précède était
composé de trois sections, dans la première section, il
s'agissait de rendre compte des atouts de l'énergie solaire dans
l'arrondissement de Ngwei. Il en ressorti que les activités domestiques,
commerciales et artisanales sont poursuivies après la tombée du
jour grâce à l'éclairage. En outre, l'accès à
une source fiable d'électricité a permis de lancer de nouvelles
activités économiques à l'exemple des bars et restaurants
et la conservation des produits agricoles par le froid grâce à des
appareils électriques adaptés ; ainsi les revenus
complémentaires générés contribuent à
réduire la pauvreté. L'éclairage public a favorisé
la lutte contre l'insécurité, notamment en réduisant le
nombre de vols. Outre cet avantage, l'énergie solaire favorise
l'auto-emploi dans les villages de Ngwei où le projet a
été implémenté. Nous avons la promotion de l'auto
emploi au travers des métiers de l'esthétique, de la couture, de
l'électronique et dans le domaine des NTIC.
Dans la deuxième section, il est apparu que
l'énergie solaire est un atout pour le développement durable dans
l'arrondissement de Ngwei. A travers notre recherche, il ressort que
l'électrification par énergie solaire dans la localité de
Ngwei permet au Cameroun d'atteindre les objectifs de développement
durable dans ses ensembles, par ailleurs, il constitue un véritable
atout pour le développement local.
La troisième partie avait pour but de montrer que le
projet a favorisé le retour de certaines personnes au village parmi
lesquelles des jeunes délinquants qui sont venus poursuivre leur
activité de grand banditisme en milieu rural créant des psychoses
au sein des populations qui ne peuvent plus vaquer à leurs
différentes occupations sans toutefois avoir la crainte de voir leurs
domiciles cambriolés.
CONCLUSION GÉNÉRALE
110
111
Parvenu au terme de cette recherche portant sur le
thème : « la contribution de l'énergie solaire au
développement local dans la commune de Ngwei (département de la
Sanaga-Maritime) ». Sur le plan empirique, nous sommes partis du
constat selon lequel la commune de Ngwei qui est ceinturée ou
entourée par les barrages hydroélectriques de Song Lou-Lou et
Edéa reste encore peu connectée au réseau
hydroélectrique. Au plan épistémologique, une revue
critique des travaux antérieurs montre que la thématique de
l'énergie solaire en milieu rural africain en général et
camerounais en particulier reste encore peu explorée en sciences
sociales. Au-delà de ce qu'il est apparu comme étant nos
principales motivations, nous avons formulés la question principale
ci-après comment comprendre et expliquer que l'approvisionnement en
énergie solaire par l'entreprise Huawei dans l'arrondissement de Ngwei
participe à son rayonnement socio-économique ? De cette question
principale découle quatre autres questions secondaires à savoir :
Quels sont les acteurs impliqués dans la mise en oeuvre de ce projet ?
Quels sont les enjeux et les logiques d'actions des différents acteurs
autour de ce projet ? Quels sont les perceptions et les représentations
locales des populations bénéficiaires dans le cadre de la
réalisation de ce projet ? Quelles sont les incidences sociales du
projet d'énergie solaire sur la localité de Ngwei ? Pour
répondre à cette question, nous avons postulé que le
projet d'énergie solaire sort les populations locales de
l'obscurité ou de «l'état ténébreux»,
accroit la production en huile de palme et développe l'économie
locale grâce aux petits commerces. De cette hypothèse de
recherche, nous avons formulé quatre hypothèses secondaires
à savoir : (i) Les différents acteurs impliqués dans la
mise en oeuvre de ce projet sont les autorités administratives et
municipales de la localité de Ngwei, les élites politiques
locales, la société Huawei. (ii) La mise en place du
présent projet engendre des contradictions qui opposent les acteurs en
présence. (iii) Le projet d'électrification en énergie
solaire est perçu comme une source d'enrichissement pour d'aucuns tandis
que d'autres par contre le saisissent comme un atout pour l'amélioration
des conditions de vie de la communauté toute entière. (iv) le
projet d'électrification en énergie solaire dans l'arrondissement
de Ngwei participe non seulement au développement des activités
commerciales mais aussi améliore le confort des populations locales.
Pour mener à bien notre travail, nous nous sommes
principalement adossés sur la théorie des conflits sociaux, la
théorie sociologique dynamiste et critique et enfin la théorie de
la
112
durabilité faible. La première nous a
particulièrement été fructueuse dans le cadre ce travail,
parce qu'elle nous a permis de saisir les oppositions des différents
acteurs locaux impliqués dans le projet d'électrification par
énergie solaire dans la commune de Ngwei. La seconde théorie nous
a permis de dévoiler le jeu d'intérêt de ces acteurs locaux
autour du projet. La troisième a été d'un apport
incommensurable dans la mesure où elle nous a permis de comprendre de
quelles manières les énergies solaires contribuent au
développement local et au bien-être des populations rurales. En
effet, les initiatives économiques et solidaires se fondent sur les
valeurs suivantes : l'éthique dans les relations humaines
c'est-à-dire que ces initiatives agissent pour une économie qui
place l'humain, et non le profit, au centre de sa démarche ; par
ailleurs, la théorie de la durabilité forte nous a permis
d'expliquer dans quel mesure le projet d'énergie solaire n'a aucune
incidence sur l'environnement. Car les ressources naturelles (forets) qui ont
été détruites ont été remplacées par
les centrales solaires qui fournissent de l'énergie électrique
aux populations et contribuent au développement local des villages de
Ngwei qui ont bénéficié du projet.
Dans le cadre de notre étude, nous avons eu recours
à une méthodologie combinant à la fois les outils de
collecte de données qualitative à travers l'observation directe
pendant notre enquête auprès des populations pour comprendre leur
manière de penser, d'agir et de sentir et de faire des populations de
Ngwei. Une analyse quantitative à travers le questionnaire qui a
été administré aux populations de l'arrondissement de
Ngwei (Ndjockloumbé, Seppe et Mbamblé). L'enjeu était de
comprendre comment les énergies solaires contribuent au
développement local. La population d'étude était de 297
personnes constituées de 147 agriculteurs et éleveurs, 23
commerçants, 46 élèves, 02 pasteurs, 03 Mbombogs, 03 chefs
de village, 21 conseillers municipaux, 43 travailleurs et 09 coiffeurs et
coiffeuses.
La commune qui nous a servi de cadre de recherche avait
été créée le 24 avril 2007, aujourd'hui, elle n'a
que 15 ans d'âge. Comme toutes les communes du Cameroun, celle-ci est
composée de plusieurs ethnies ; il s'agit des populations du Sud, du
Centre, celles du grand Nord et enfin celles de l'Ouest. La présence de
celles-ci dernière se justifie par trois raisons, la première
raison est économique en effet, les populations du grand Nord Cameroun
ont migré vers les villages de la commune de Ngwei pour le commerce. La
seconde raison est la culture du palmier à huile et le cacao qui sont
les principales activités agricoles qui dominent dans cette partie du
territoire ; le manque de mains d'oeuvre locale oblige les propriétaires
des plantations à importer la main d'oeuvre. La troisième raison
se sont des femmes venues en mariage. Les principales activées
économiques sont les cultures du palmier à huile, du cacao, celle
du plantain et du manioc. Pour s'éclairer, les populations utilisent les
lampes à pétrole, les bougies,
113
les lampes solaires, les groupes électrogènes et
dans certaines parties de la commune l'énergie électrique,
malgré le fait que certaines ont des conséquences
négatives. D'après nous recherches, il convient de retenir d'une
part que, depuis de nombreuses années il y a sous-exploitation et sous-
valorisation du potentiel naturel existant dans l'arrondissement de Ngwei. En
effet, le problème que pose l'écosociologue Samuel-Beni ELLA
(2017), est le même dans l'arrondissement de Ngwei. D'autre part, on
constate la politique énergétique du Cameroun met en oeuvre de
nombreux programmes, organes et acteurs en matière
d'électrification cependant, cette politique souffre d'un manque de
coordination entre ces acteurs et un manque de moyens économiques.
Il est à relever que la commune de Ngwei disposait
déjà des installations électriques mais une grande
majorité de ces installations ne fonctionnaient pas à plein
régime à cause de leur vétusté, l'insuffisance de
la maintenance, la surcharge des installations et la mauvaise protection
électrique entrainant des délestages fréquents. Le
délabrement des canalisations, le manque de pièces de rechange,
le remplacement par des pièces non conformes, la mauvaise manipulation
des équipements crée également des avaries sur le
réseau. Ces différents problèmes soulevés
entraînent une réticence de la clientèle quant aux
paiements des factures. Par conséquent, la société en
charge de la distribution de l'énergie électrique ne peut pas
générer suffisamment de recettes pour la réalisation de
certaines actions de développement (électrification rurale par
exemple) d'après le Maire. En outre, certains ménages n'avaient
pas des compteurs ; ce qui engendre des facturations forfaitaires qui ne
permettent pas de couvrir l'ensemble des coûts d'exploitation par
Enéo.
D'après l'analyse documentaire sur le secteur
énergétique au Cameroun, on constate que sa politique a beaucoup
évolué entre le Plan Energétique National de 1990 et la
Vision Cameroun Horizon 2035, en passant par le Document de Stratégie
pour la Croissance et l'Emploi (DSCE). Malgré le fait que ces derniers
documents traitent très globalement du développement au Cameroun,
cependant on note une place accordée au déploiement des
énergies renouvelables, un signe que le gouvernement dans sa politique a
intégré ce secteur d'activités dans son programme. Par
ailleurs, la vision politique du Cameroun sur la décentralisation est un
facteur stimulant pour le développement des énergies
renouvelables dont les disponibilités sont probantes dans chaque
région ou localité. Les populations bénéficient de
l'approvisionnement en électricité selon l'organisation
régionale communale ou communautaire. La loi du 14 décembre 2011,
régissant le secteur de l'électricité a consacré
plusieurs de ses dispositions à la promotion des énergies
renouvelables, institutionnellement l'on peut noter la création d'une
direction chargée de la maîtrise de l'énergie et de la
promotion
114
des énergies renouvelables au MINEE dont le
siège est situé à la nouvelle route Omnisport. A cela
s'ajoute le projet de création d'une Agence de Promotion des Energies
Renouvelables ; même si cela est évoqué au conditionnel
dans la loi. Des mesures ont été également prises dans la
loi de finance de 2012 (article 128, alinéa 17) pour exonérer de
la taxe sur la valeur ajoutée, les matériels et
équipements d'exploitation des énergies solaire et
éolienne. En 2009, sur les 13634 localités rurales que compte le
Cameroun, moins 3000 étaient électrifiées V. NKUE et D.
NJOMO (2009). C'est ainsi que quelques années plus tard, l'Agence
d'Électrification Rurale verra le jour : l'une de ses principales
missions vise à réduire la pauvreté et améliorer la
qualité de vie des populations locales à travers
l'électrification rurale, car l'électrification rurale est un
enjeu crucial pour l'émergence du territoire.
Comme il a bien été analysé dans le
document de politique du secteur de l'électricité, les principaux
problèmes auxquels le pays est confronté dans ce domaine peuvent
être résumés de la manière suivante : Le cadre
légal et institutionnel actuel est inadapté à
l'évolution du secteur (absence de régulation, de règles
sur la concurrence dans le secteur, définitions claires des droits et
obligations de chacun etc.). Cette inadéquation rend difficile
l'intégration des stratégies sectorielles de développement
et cause également une coordination insuffisante des activités.
En outre, les programmes et le faible pouvoir d'achat des populations rurales
qui rend difficile le retour sur investissement et tend donc à maintenir
le faible taux d'électrification en milieu rural. Ce dernier constitue
un handicap majeur au développement économique et social du pays
et à la réduction de la pauvreté. La vétusté
des infrastructures électriques (production, transport, distribution) et
l'obsolescence de certains équipements rendent une faible qualité
de service. Un écart important existe également entre les
capacités installées et exploitées, et l'évolution
de la demande résultant de la croissance démographique.
Notre réflexion dans cette recherche s'est
recentrée autour du jeu entre les acteurs locaux dans la commune de
Ngwei et des enjeux socio-économiques induits par
l'électrification par énergie solaire, principalement dans les
localités rurales de Ndjockloumbé, Seppe et Mbamble.
L'expérience de terrain, dans des régions qui
regroupent une très grande part de la population mondiale, l'Afrique
sub- saharienne et l'Asie du Sud, montre que la vision centralisatrice
optimiste qui a conduit à donner la priorité à la
construction des grands réseaux électriques interconnectés
ne fonctionne pas de manière satisfaisante. Cette situation est un
échec fois parce que les compagnies électriques se
révèlent être incapables de recouvrer leurs couts et parce
qu'elles ne parviennent pas à faire face de manière satisfaisante
à la demande qui Leur est adressée or une majorité de la
population rurale vit encore dans des localités non
électrifiées ; ce qui est une contrainte majeure pour atteindre
les objectifs du développement
115
durable ; à savoir réduire les
inégalités d'accès à l'électricité et
la pauvreté dans les milieux ruraux afin d'accéder à une
croissance économique. Comme tous les pays subsahariens, le Cameroun se
caractérise par une faible consommation d'énergie par habitant,
du fait notamment de l'absence d'accès à
l'électricité dans les régions rurales mais
également de l'insuffisance des infrastructures
énergétiques. On note par ailleurs que la demande en
énergie est en forte hausse, en particulier dans le secteur de
l'électricité ; cela conduit l'État camerounais à
faire appel aux producteurs indépendants pour développer la
production électrique à partir des barrages
hydro-électrique. Au lendemain de la COP 21, le gouvernement camerounais
mis en place des projets pilotes de construction des centrales solaires dans
1000 localités rurales au Cameroun à travers un accord de
partenariat économique entre le gouvernement chinois et camerounais
piloté par la société Huawei, ceci a permis au plus grand
nombre de ménages d'avoir accès à
l'électricité. L'ensemble de ces initiatives constituent de
véritables outils de redynamisation territoriale et de
développement local rural. Même si la politique
énergétique a suscité la mise en oeuvre de programmes
d'électrification sur le territoire, il semble que cette politique
souffre d'un manque de coordination entre les acteurs locaux. Malgré
l'important potentiel énergétique du pays. L'accès
à l'énergie électrique demeure un problème
sévère en milieu rural camerounais. Au Cameroun, 76,6% des
ménages ruraux n'ont pas accès à
l'électricité. Pourtant, l'électricité est
perçue comme une ressource essentielle et vitale pour l'homme. Sans
elle, les individus et communautés se voient privés d'un grand
nombre de services et conforts, considérés comme
élémentaires dans le monde développé. Ainsi,
l'accès à l'énergie électrique est à ne
point douter un facteur clé du développement
socioéconomique local. Une autre raison essentielle qui justifie la
faiblesse du taux d'électrification dans certaines zones rurales du
Cameroun est le coût élevé de la mise en oeuvre des
infrastructures. En effet, les extensions de réseau pour les
agglomérations de faible densité de populations (densité
d'abonnés potentiels inférieurs à 20 habitants/km)
éloignées des points de distribution (distances
supérieures à 10 km), représentent de lourds
investissements et ne sont pas rentables pour la compagnie nationale
d'électricité ENEO. En effet, le déploiement des
technologies solaires photovoltaïques a été
présenté comme une alternative plausible pour
l'électrification des localités rurales camerounaises non
électrifiées. L'accès à un meilleur
éclairage est la première manifestation d'accès à
l'électricité. L'éclairage impacte directement les
performances dans les domaines de l'éducation, la santé, les
activités socio-économiques et culturelles, contribuant ainsi au
bien-être de la population et au combat contre la pauvreté. Il est
donc indispensable de réfléchir sur de nouvelles technologies
d'électrification rurale décentralisées, à moindre
coûts, compatibles avec le développement durable ; ceci pour la
116
satisfaction des besoins en lumière des populations
rurales, afin qu'elles ne soient plus dépendantes du pétrole
lampant. C'est dans cette optique que le projet d'électrification
solaire sera mis sur pied dans les localités rurales camerounaises pour
les ménages ruraux n'ayant pas accès à
l'électricité ou comme système palliatif des
délestages récurrents que vivent les populations rurales. Il
s'agit d'un projet pilote financer par Bank Of China un accord de prêt
d'un montant de 123,3 millions de dollars US environ 73,95 milliards de francs
CFA. Dans notre démarche, nous avons tenté de mettre en
évidence les succès et limites de l'électrification en
milieu rural.
La deuxième partie de notre travail consiste à
l'étude des dynamiques locales autour du projet d'énergie solaire
dans les localités de Ngwei qui ont bénéficié du
projet. Il en ressort de nos analyses au travers des acteurs intervenant dans
le projet d'électrification dans la commune de Ngwei que le projet a
été à l'origine de nombreuses tensions en raison de
l'implication de ces acteurs ayant des intérêts particuliers
poursuivis par chacune des parties avec des logiques et des enjeux divergents.
Les relations entre ces acteurs s'inscrivent dans des jeux complexes et de
conflits dans la mesure où, pour certains acteurs,
l'intérêt individuel passe avant celui de la communauté
toute entière. L'arrivée de nouveaux pouvoirs locaux
(élites) sur la scène du projet a créé une
situation de tension entre eux et les chefs traditionnels qui se sont
placés en situation de compétition et de rivalité pour le
contrôle et le pouvoir de décision, notamment celui relatif
à la gestion de la centrale solaire.
Par ailleurs dans le domaine de l'énergie
électrique, nous avons par ailleurs montré que, si
l'électricité jouait les premiers rôles dans la
réduction de la pauvreté et donc dans le développement
humain, le contexte spécifique du Cameroun imposait également de
reconsidérer le modèle décentralisé et de
rapprocher les centres de production des sites de consommation. En gardant
à l'esprit l'idée préalablement établie d'une
perception des énergies renouvelables sur le plan strictement
énergétique et non politique, nous avons confirmé que ces
ressources et les systèmes associés pouvaient représenter,
au sein d'un paradigme décentralisé, une solution technique et
économique pertinente, paramètres semblant les plus essentiels
à l'heure actuelle dans des pays où la pauvreté
multidimensionnelle est très importante. Cependant, la solution
renouvelable semble a priori appropriée au cadre rural.
Au terme du chapitre quatre, nous pouvons dire que l'impact de
l'électrification sur les populations étudiées est visible
en termes de progrès économique et social puisqu'elle contribue
à l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est un puissant
vecteur de lutte contre la pauvreté qui sévit actuellement dans
les localités de Ngwei dans la mesure où elle permet de
créer la richesse et l'emploi à travers l'entrepreneuriat et les
activités génératrices de revenus. Un autre
117
aspect aussi important de l'accès à
l'électricité est la promotion du genre se traduisant par
l'amélioration du niveau de vie des femmes et des enfants surtout par
une meilleure condition éducative et sanitaire ainsi que
l'éclairage domestique. En termes d'impacts, cette étude
révèle que l'électrification a permis de freiner l'exode
rural dans les localités enquêtées. La plupart des
personnes investissent dans des activités économiques comme les
buvettes, les boutiques qui leur procurent des revenus, ce qui contribue
également à valoriser le village et donc favoriser le
développement local. Désormais, on dispose de plus de temps
à travers la suppression des déplacements pour le rechargement
des batteries des téléphones portables en ville et le maintien de
la jeunesse non scolarisée par un confort domestique couplé
à de nouvelles opportunités économiques.
Ce schéma résume de manière brève
la manière dont l'accès à l'électricité
semble être un outil efficace en vue d'améliorer les services de
santé. Il permet d'approvisionner les villages en eau potable, ou encore
d'améliorer les moyens de communication permettant de lutter plus
efficacement contre les pandémies. A l'heure actuelle, les centres de
santés ruraux ont accès à l'électricité.
L'énergie solaire permet d'améliorer les conditions de traitement
des patients, notamment les conditions sanitaires, la stérilisation des
instruments ou la conservation des vaccins à l'aide de
réfrigérateurs. Le confort lié à
l'électricité a permis également d'attirer des docteurs
plus qualifiés et plus expérimentés. On note aussi des
effets indirects de l'électrification, liés par exemple à
un niveau d'éducation accru : plusieurs études montrent ainsi un
lien étroit entre le niveau d'alphabétisation des femmes et la
mortalité infantile, la mortalité maternelle, et la
prévalence du SIDA ; une femme éduquée étant plus
à même de prendre soin de son enfant. Plusieurs études
menées aux Philippines et au Vietnam ont montré que les enfants
provenant de ménages électrifiés gagnent environ deux ans
d'éducation par rapport aux enfants provenant de familles non
électrifiées (Cabral, 2005). On constate donc une
corrélation importante entre accès à
l'électricité et le niveau d'éducation. La demande pour
l'électricité est davantage tirée par le désir
d'une qualité de vie accrue plutôt que par des
considérations économiques.
D'après les données recueillies à travers
notre enquête dans la localité de Ngwei, plus
précisément les villages de Ndjockloumbé, Seppe et
Mbamblé on retient que :
- Le niveau d'éducation semble être
influencé favorablement par l'accès à l'énergie
;
- L'électricité permet de réduire de
manière importante le temps consacré aux tâches
ménagères permettant d'améliorer le niveau
d'égalité homme-femme. Les femmes étant les
premières concernées, leur participation aux projets
d'électrification est nécessaire ;
118
- L'électrification rurale est une condition
nécessaire mais pas suffisante pour l'émergence d'une
activité économique locale ;
- L'électrification entraîne un meilleur
accès à l'éducation et une amélioration des
conditions de vie sanitaires.
En outre, Il ressort que l'adoption des systèmes
solaires photovoltaïques offre plusieurs avantages pour le pays et les
populations rurales. On peut citer : La renaissance ou la redynamisation des
activités culturelles autour de points lumineux publics dans les zones
rurales, l'éducation par la création de conditions
adéquates à l'apprentissage des enfants dans les familles,
l'information par la présence de moyens de communication de
connaissances techniques et d'appui à la production à moindre
coût (films documentaires, émissions radio...). En effet, les
activités économiques des villages électrifiés
diffèrent de celles des localités non électrifiées.
Ainsi, grâce à l'électrification en milieu rural,
apparaissent de nouveaux appareils électroménagers
(réfrigérateurs, ventilateurs, etc), des équipements
électriques de transformation agricole, des structures de
conditionnements agricoles, des dépôts frigorifiques et des
réseaux d'adduction d'eau courante ; la santé par
l'amélioration du service des centres de santé de base
(conditions de travail, conditions séjour des patients, accroissement de
la couverture vaccinale dans les périmètres de santé).
Dans les zones rurales, les besoins énergétiques
de l'éclairage étaient assurés par du pétrole dans
les lampes à pétrole et des piles dans les lampes-torches. Ceux
des équipements audio étaient assurés à l'aide des
piles. L'adoption des systèmes solaires dans ce contexte permet
d'éviter l'achat de ces produits et entraîner des économies
familiales. En effet, selon notre étude menée auprès des
ménages ruraux, quatre à six litres de pétrole sont
mensuellement consommées par les ménages utilisant les lampes
pour leur éclairage; neuf à dix-huit d'unités de piles
sont nécessaires au fonctionnement des équipements. Les
dépenses mensuelles occasionnées par ses besoins
s'échelonnent entre environ 2 000 à 3000 FCFA pour le
pétrole, 3500 à 4000 FCFA pour les piles.
En effet, un meilleur accès à la recharge de
téléphones participe à l'accroissement de
l'activité économique des villages par le développement de
petits business tels que les call-box. En termes d'impacts, cette étude
révèle que l'électrification a permis de freiner l'exode
rural dans les localités enquêtées. Dans les
localités non électrifiées, on assiste à une
émergence de nouveaux moyens d'accès à
l'électricité. Les populations rurales se tournent vers les
technologies solaires photovoltaïques qui constituent une solution de
pré- électrification. Cette solution décentralisée
rencontre actuellement un succès incontestable au Cameroun et
particulièrement dans les milieux ruraux. Ce type de solutions solaires
en leasing est très
119
répandu en Afrique où le paiement mobile est
l'un des plus développés au monde. Ce modèle permet aux
familles de payer leur facture grâce au porte-monnaie électronique
sans se déplacer. Ainsi, l'utilisation des systèmes solaires
constitue une alternative pour renforcer la consommation électrique sur
le territoire camerounais et surtout en milieu rural ; ce qui nous amène
à conclure que l'électrification des localités rurales de
Ngwei aboutie pour le moment avec de bons résultats est fortement
entravé par les comportements déviant de la part de certains
individus.
Sur le plan environnemental, le projet d'énergie
solaire contribue à la réduction des émissions de CO2 par
substitution de l'éclairage traditionnel basé sur la combustion
directe de pétrole. L'accès à l'électricité
solaire permet également l'accès aux équipements modernes
dont l'usage contribue à l'amélioration des conditions de vie de
ses bénéficiaires. Les énergies solaires, notamment celles
qui jouissent du caractère d'« énergie propre »,
viennent en général en substitution aux sources polluantes
telles que le bois, le charbon, les énergies fossiles, et fournissent
dans ce contexte de meilleures conditions sanitaires, ou de confort. Les
sources renouvelables sont de plus en plus recherchées non seulement
pour l'atteinte des objectifs économiques, mais également pour la
lutte contre le réchauffement climatique. Les énergies solaires
contribuent de manière significative à la croissance
socio-économique en milieu rural. L'énergie est le support
central du développement et du fonctionnement des chaines de valeur dans
les unités modernes de transformation, créatrices des richesses.
Dans un contexte mondial désormais dominé par le
développement durable et la transition énergétique, les
sources d'énergies renouvelables constituent un ancrage dont la
croissance connaît une accélération de plus en plus forte,
grâce au développement technologique dont l'impact immédiat
est la réduction des coûts de développement et
d'exploitation
Les énergies solaires sont une passerelle pour
l'atteinte de tous les ODD. Dans son initiative visant à rendre
l'énergie universellement accessible, les Nations Unies ont
défini comme objectif pour 2030, à travers l'ODD 7, de faciliter
l'accès universel aux services énergétiques modernes, de
doubler le taux d'amélioration de l'efficacité
énergétique et de multiplier par deux la partie renouvelable dans
le bouquet énergétique mondial. Dans le cadre de cette
initiative, chaque pays devra prendre des engagements forts et établir
des partenariats public-privés pour encourager les investissements
privés.
La prise en compte par les autorités, des enjeux du
développement des sources d'énergies renouvelables
démontre que l'importance de la question de leur exploitation est
fondamentale pour assurer l'atteinte des objectifs de développement
durable, mais également de l'émergence du Cameroun en 2035. En
effet, il est démontré qu'un accès à
l'énergie moderne
120
permettrait d'assurer l'atteinte directe et indirecte de tous
les autres ODD. La place des énergies renouvelables est importante dans
cette vision.
Pour finir, il convient d'attirer l'attention sur certains
manquements observés durant cette étude. Une critique peut
être formulée à l'endroit des acteurs du secteur de
l'énergie qui ont été très réticents du fait
de la confidentialité des informations, données et documents ; ce
qui nous a amené à modifier légèrement notre sujet
autour de la question de l'électrification en milieu rural. Cette
réorientation a permis de surmonter l'obstacle de la réticence
des acteurs à l'achèvement de ce travail de recherche. Cela se
traduit par le fait qu'il y a encore des détails dans leurs
stratégies qui ont échappé à notre
réflexion. La méthodologie demeure centrée sur les
utilisateurs/consommateurs et sur les données transmises par l'AER. Les
méthodes de traitements utilisées ont quelques fois montré
des limites et les résultats escomptés n'ont pas toujours
été obtenus notamment sur la notion d'enjeu qui a fait l'objet
d'un développement partiel. Il serait donc objectif et fiable de pousser
plus loin nos réflexions. Malgré les faiblesses liées
à de nombreuses contraintes, cette réflexion sociologique sur la
problématique de l'accès à l'électrification pour
le développement des localités rurales, est une contribution qui
apporte un éclairage à la connaissance des enjeux
socio-économiques et pour l'amélioration des conditions de vie
des populations par l'électrification dans les localités
éloignées du réseau électrique.
L'énergie est le poumon de l'économie, et sans
énergie, il n'y a point d'activités. Plus il y a des
activités, plus la demande énergétique pour la
satisfaction des besoins est grande. Le Cameroun se trouve dans une phase
importante de sa croissance dans un contexte mondial dominé par le
développement durable. Pour soutenir cette croissance, le pays s'appuie
sur son vaste potentiel énergétique, riche et varié.
Au Cameroun en général et dans la
localité de Ngwei en particulier, des échanges mutuels existent
entre les entrepreneurs économiques qui font la politique et les
populations locales. Après avoir accumulé de nombreuses
ressources, les entrepreneurs les redistribuent sous forme de dons en direction
de leur localité et établissent ainsi des rapports de
clientèles auprès de leurs populations et s'assurent le patronage
ou l'amitié des autorités traditionnelles. Tout don appelant un
contre-don, les bénéficiaires offrent dans l'immédiat au
donateur des remerciements, tout en lui assurant leur soutien plus tard
à travers les suffrages qu'ils lui accorderont lors des
compétitions politiques locales. Cette stratégie d'échange
a permis à des entrepreneurs d'accéder à des postes
politiques de maires ou de députés dans leur localité et
de devenir ainsi des entrepreneurs-politiciens ; tel est le cas de nombreux
hommes politiques camerounais qui font des promesses de réalisation de
projet. En effet, de nombreux hommes
121
politiques sont élus sur la base de leurs projets par
exemple avec le Président de la République en 2007,
c'était « le Cameroun des grandes ambitions » en 2011
« le Cameroun des grandes réalisations ». C'est aussi
le cas des élus locaux qui font des promesses de route, forages d'eau
potable, électrification, et la construction des infrastructures telles
que les hôpitaux, les écoles et autres. En d'autres termes, le
clientélisme politique s'entend ici comme une faveur justifiée
accordée aux populations en échange de leur vote. J-L BRIQUET et
F. SAWICKI, (1998 :5) « Le clientélisme politique fait partie
de pratiques informelles et illégales et sont largement
considérées comme antidémocratiques, faussant le jeu
d'élections libres ». Les populations locales sont souvent
parfois accusées de client politique en faveur de leurs
administrés locaux, en faisant pression sur le gouvernement pour
l'obtention de crédits en faveur de leur circonscription. Dans bien des
régions, les liens de clientèle politique basés sur le
service rendu passent d'une génération à l'autre.
Dans le cadre du projet d'énergie solaire dans
l'arrondissement de Ngwei, on ne parle pas de clientélisme politique
dans la mesure où aucune élite politique ne s'est
présentée comme étant celui qui a apporté le projet
dans les localités. Il s'agit d'une action du gouvernement qui vise
à améliorer le bien-être des populations locales de
l'arrondissement de Ngwei.
Notre enquête du projet d'approvisionnement en
électricité solaire photovoltaïque dans localité de
Ngwei, présentée ci-dessus permet de tirer quelques leçons
d'après les entretiens faits avec le chef de village Seppe :
- Les communautés bénéficiaires,
malgré les besoins manifestés, doivent prendre conscience de leur
problème et accepter les nouvelles solutions qu'on leur propose.
- Les communautés bénéficiaires doivent
être sensibilisées avant et après une étude de
faisabilité, sur les implications du projet, sur les aspects culturels,
économiques et les transformations sociales que le projet est
susceptible de générer dans la localité.
- Le manque de personnes maîtrisant la technologie
solaire photovoltaïque dans la localité est un obstacle à la
pérennisation du projet. Il faut pouvoir former les représentants
des populations pour intervenir régulièrement en cas de panne de
compteur ou autres ; car cela constitue un facteur d'appropriation du projet
par les populations bénéficiaires.
- Il faudrait prendre en considération le fait que,
compte tenu de la croissance de la population et des besoins
économiques, la demande dépasse très vite la puissance
installée lorsque le projet d'énergie renouvelable commence
à être opérationnel. Une étude de la demande
prévisionnelle doit être menée au préalable.
122
- La décentralisation de ce projet, car tout se
gère au niveau du MINEE par exemple lors des branchements solaires, il
faut voyager jusqu'à Yaoundé et faire une demande de
branchement.
123
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1- Ouvrages généraux
ANSART Pierre, 1990, les sociologies contemporaines,
Seuil, 3§e édition, Paris.
BAILEY Frederick George, 1969, Les Règles du jeu
politique. Étude anthropologique, traduit en français par
COPANS Jean, 1971, Presses Universitaires de France, Paris.
BALANDIER Georges, 1971, Sens et puissance, les
dynamiques sociales, Presse Universitaire de France, Paris.
BEAUD Michel, 2006, L'art de la thèse. Comment
préparer et rédiger un mémoire de master,
une thèse de doctorat ou tout autre travail
universitaire à l'ère du net, Ed. La Découverte.
BONTEMS Philippe, ROTILLON Gilles, 2007, L'économie de
l'environnement, La
Découverte, Paris.
BOURDIEU Pierre, 1980, Le sens pratique, Paris
Minuit, Paris.
BOURDIEU Pierre, 1987, Espace social et pouvoir
symbolique, dans Choses dites, Minuit, Paris. CAPLOW Théodore,
1970, l'enquête sociologique, Armand colin, Paris.
DURKHEIM Emile, 1894, Les Règles de la
méthode sociologique, Presses Universitaire de France, Paris.
ELLA Jean Marc, 2001, Guide de formation
pédagogique de formation à la recherche pour le
développement en Afrique, l'Harmattan, Paris.
FRANQUEVILLE André, 1987, Une Afrique entre le
village et la ville : les migrations dans le sud du Cameroun, ORSTOM.
Paris
GLUCKMAN Max, 1956, Custom and conflict in Africa,
Blackwell, Oxford.
GRAWITZ Madeleine, 2001, Méthodes en science
sociales, Dalloz, 11é éditions, Paris.
TOURAINE Alain, 1976, Les Sociétés
dépendantes. Essai sur l'Amérique Latine, Duculot, Paris.
124
2- Ouvrages spécifiques
ABDELMALK Lahsen et MUNDLER Patrick, 2010, Économie
de l'environnement et du développement durable, Fe Boeck
université, Bruxelles.
ALLEMAND Sylvain, 2007, Les paradoxes du
développement durable, Cavalier bleu, Paris. AYUK MBI EGBE Daniel,
2012, «énergies renouvelables en Afrique subsaharienne
»,
BRIQUET Jean-Louis, SAWICKI Fréderic, 1998 Le
clientélisme politique dans les sociétés
contemporaines, Presses Universitaire de France,
Paris.
CHEVALIER Jean-Marie, 2013, La croissance verte : une
solution d'avenir, Collection Cahiers du Cercle des économistes
Éditeur : Presses Universitaires de France.
DOMERGUE Manuel et TATSITSA Jacob, 2011, Kamerun ! Une
guerre cachée aux origines de la Françafrique. 1948-1971, La
Découverte, Paris.
DONATELLA DELLA Porta, 1995, Démocratie et
corruption en Europe, la Découverte, Paris. ELLA ELLA Samuel-Beni,
2017, Pour un véritable développement durable de la boucle
du
Dja : Contribution à l'enracinement de
l'écosociologie, Presses Universitaires de Yaoundé en
coédition avec NENA, Yaoundé.
GIROUARD Nathalie, LABUHN Britta, 2013, OCDE : le cas de
la croissance verte en Allemagne in Jean.M. CHEVALIER « La
croissance verte : une solution d'avenir », PUF, Paris.
JURGENSEN Philippe 2009, L'économie verte Comment
sauver notre planète ? Odile Jacob, Paris
KAPSEU César et al, 2012, énergies
renouvelables en Afrique subsaharienne, l'Harmattan, Cameroun.
LUSSAULT Michel, 2009, de la lutte des classes à la
lutte des places, Grasset Mondes vécus, Paris.
MANCEBO François, 2008, Développement
durable, Ed : Armand Colin, Paris.
MÜLLER-PLANTENBERG Clarita, NTISCH et al, 2005,
Solidarity Economy in Brazil and Germany because of to the concret Utopia,
International Summer School à Imshausen, Press Universitäat
Kassel, Allemagne.
PECQUEUR Bernard et NADOU Fabien, 2018, Dynamiques
territoriales et mutations économiques transition, intermédiaire,
innovation, l'Harmattan, Paris.
TURNER Victor 1957, Schism and Continuity in an African
Society, Manchester University Press, Manchester.
VALLÉE Annie, 2002, Économie de
l'environnement, Seuil, Paris.
125
3- Articles
BARON Catherine. 2003, « La gouvernance :
débats autour d'un concept polysémique », in
Droit et Société No 54.
BENNY Hjern, 1982, « implementation research the link
gone missing », in Journal of Public
Policy Volume 2, No 3, Cambridge University Press.
https://www.jstor.org/stable/3998186 COLLARD
Fabienne, 2015. « Les énergies renouvelables », in
courrier hebdomadaire du
CRISP 2252 - 2253.
COQUERY-VIDROVITCH Catherine, 2002, « La politique de
réseaux d'électrification en Afrique. Comparaison Afrique de
l'Ouest, Afrique du Sud. Ou comment faire de l'histoire sociale à partir
de sources économiques », in BARJOT Dominique et al, 2002,
L'électrification outre-mer de la fin du XIXe
siècle aux premières décolonisations, Publications de
la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris.
ELWERT Georg et BIERSCHENK Thomas, 1988, « Development Aid
as An Intervention in Dynamics Systems », in Sociologia Ruralis,
vol 28 No. 2/3.
FENSTER Tuner. 1993, « Settlement planning and
participation under principles of pluralism», Progress in
planning, No. 39.
FLEMING Stephen. 1991, « between the household:
researching community organization and networks », IDS
Bulletin.
Journal de l'ONU numéro PPQ/5339, du 17 février
2009.
KAMDEM KAMDEM Maxime, 2012, « La Contribution de
l'Energie à la Réduction de la Pauvreté en Milieu Rural au
Cameroun » No. 08/12.
KOHLER-KOCH, LARAT Fabrice, 2001, « La
dissémination du modèle communautaire de gouvernance comme
processus d'adoption et d'adaptation, Politique européenne »,
Politique européenne, No. 2.
LACARRIÈRE Sarah, 2011, « La croissance verte : un
mythe salutaire pour un monde solidaire ? », Revue internationale et
stratégique, No 81.
LEMERT Edwin, 1967« Human Deviance, Social Problems and
Social Control », in the British journal of
crimonologie, vol.7 No.4, Oxford University Press,
MEDARD Jean-François, 2000. « Clientélisme
politique et corruption, Revue Tiers Monde », Programme National
Persée, vol. 41(161).
NGUESSEU André, THANG Dieudonné et NDJEUDJA
Ranece Jovial, 2019, « options politico-juridiques pour un envol durable
des énergies renouvelables au Cameroun » In NKUE Valérie et
NJOMO Donatien, 2009, Analyse du système énergétique
camerounais dans une perspective de développement soutenable, revue de
L'énergie 588.
126
NYOTH HIOL Michel, 2018, « le droit camerounais
de l'énergie », in Droit et politique de
l'environnement au Cameroun - Afin de faire de l'Afrique
l'arbre de vie, NOMOS, Allemagne. PARETO Vilfredo, 1916, « Les
élites, un fait sociologique presque », in GENIEYS William
parfait, Sociologie politique des élites,
Armand Colin, Paris.
PERRET Bernard, 2010, « Croissance verte ou
développement humain ? », Projet, 4/2010 n° 317. POKAM KAMDEM
Moise Williams, 2016, « Origine et perspectives de
l'électrification rurale
au Cameroun », in BELTRAN A et al, Electric
Worlds/Mondes électriques. Créations,
Circulations, Tensions, Transitions (19th-21st C.)
P.I.E. Peter Lang, Bruxelles.
SEVERINE Blaise, 2011, « L'après-Kyoto : quelle
approche face au changement climatique ? , Mondes en
développement, n°154.
STOFFAËS Christian, 2013, « Une stratégie
d'économie verte pour les pays pauvres : l'accès à
l'électrification durable », in La croissance verte : une
solution d'avenir ? Une coédition Descartes & Cie, PUF,
Paris.
TSANA NGUEGANG Ramsès, 2015, «
Entrepreneurs-politiciens et populations locales au
Cameroun Entre clientélisme et échanges mutuels
», cahiers d'études africaines p. 811-836. YAMEGUEU, 2012,
« l'impact de l'électrification en milieu rural dans la
région de l'Agneby». YAO ASSOGBA, 2000, «
Gouvernance, économie sociale et développement durable en
Afrique », in Cahiers de la Chaire de recherche en
développement communautaire, No 16.
Une copublication CRISES et CRD.
4- Thèses
DJUIKOM Marthe, Novembre 2008, « Énergies
durables pour le développement rural en Afrique subsaharienne : Approche
interdisciplinaire et défi organisationnel », Thèse de
Doctorat en Sciences Sociales, département Sociologie de
Développement, Université de Kassel, Allemagne.
FRISA Laure, septembre 2019 « Les élites du
développement économique local Le cas de Foumban au Cameroun
», Département de gestion et management, université de
Paris-Saclay, Paris.
5- Mémoires
DJOUMESSI NKEMZEM Yves Armand, Novembre 2011, « Etude
et conception d'une mini centrale hybride photovoltaïque/Diesel pour
l'électrification rurale décentralisée du village «
NZO'OH » de la Commune rurale de FONGO - TONGO dans la région de
l'Ouest Cameroun », Département de l'eau et de
l'énergie, Ouagadougou.
127
DJUIKOM Marthe, 2004, « L'énergie solaire dans
la province de l'Extrême - nord du Cameroun : situation et perspective de
sa promotion pour le développement des activités
socio-économiques », Faculté Universitaire des Sciences
Agronomiques de Gembloux (FUSAGX), Allemagne.
JETTEUR Claire, 2018, « Etude comparative des
différents modes d'alimentation en électricité en Afrique
rurale », Département de sciences et gestion de
l'environnement, université de Liège,
Liège.
NKOUAGA TOMTA Sophie Blandine, 2016, «
amélioration de la flotte de systèmes solaires upowa installes
dans l'ouest du Cameroun et étude comparative avec d'autres
systèmes pico photovoltaïques », Département du
génie électrique et énergétique, Ouagadougou.
6- Rapports
AER, 2017, Plan Directeur d'Electrification Rurale.
Yaoundé : MINEE,
AER, 2018, Projet d'électrification de 350
localités au Cameroun Phase 1 Rapport d'étude de
faisabilité
ARSEL, rapport d'activité, 2015
BUCREP, 2010, 3ème RGPH, La population du Cameroun en
2010.
COVINDASSAMY, 2003, « La pauvreté
énergétique en Afrique ».
DPP GIZ-TATS, 13 Mai 2013, Improving access to solar energy
through a bottom of the
pyramid approach, Etude sur l'état des lieux du
secteur, Rapport final,
GLOBAL VILLAGE, 2004, Energy Partnership Energie et
réduction de la pauvreté : Compte-
rendu de l'atelier multisectoriel et
multi-bénéficiaire. Comment les services de
l'énergie
moderne contribuent-ils à la réduction de la
pauvreté ?
INS, 2011, Annuaire Statistiques du Cameroun,
La résolution 2015, A/RES/70/1 intitulée «
Transformer notre monde : le Programme de
développement durable à l'horizon 2030
».
LIGHTING AFRICA 2012, Policy Report Note - Cameroon.
MEADOWS Dennis, « Halte à la croissance »
(rapport dit du MIT au club de Rome), Paris,
Fayard, 1972.
MINEE, 1995, Régime de l'électricité au
Cameroun. Yaoundé.
MINEE, 2005, Plan d'Action National Energie pour la
Réduction de la Pauvreté.
MINEE, 2015, Situation énergétique du
Cameroun.
MINEE, 2035 Plan de Développement du Secteur
Electrique horizon.
128
MINEE-REMP, 2017, Etude de mise en place d'un Plan de
développement du secteur des
énergies renouvelables au Cameroun,
MINEPAT, 2009, Document de stratégie pour la
croissance et l'emploi du Cameroun.
Yaoundé.
NATIONS UNIES, 2012. « L'avenir que nous voulons »,
Résolution adoptée par l'Assemblée
générale, Soixante-sixième session,
Rio de Janeiro,
NGNIKAM, 2006. Énergie et
écodéveloppement.
NGOULA EWOUKI URIEL, 2019, les énergies renouvelables
et les défis d'électrification des
zones rurales au Cameroun.
RAPPORT D'EVALUATION DU MARCHE SOLAIRE HORS RESEAU DE POWER
AFRICA, Marché de l'énergie solaire hors
réseau au Cameroun, 2019.
RAPPORT du BUCREP, 3é RGPH.
RAPPORT du PCD de Ngwei, 2017.
RAPPORT du PCD de Ngwei, 2019
RAPPORT DU PNIASA, 2012.
RAPPORT PNUD, 2012.
7- Webographie
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html,
consulté le 20 mars 2021.
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html,
consulté le 24 mars 2021.
https://www.agenceecofin.com/ consulté le 10/09/2021
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/.
Consulté le 02 avril 2021.
http://unep.org/greeneconomy/
PNUE, 2011, vers une économie verte. Pour une éradication de
la pauvreté synthèse à l'intention des décideurs,
consultés 08 avril 2021.
http://journals.openedition.org/apad/2473
; SARDAN Jean-Pierre Olivier, Le développement comme champ politique
local », Bulletin de l'APAD, mis en ligne le 10 mars 2008, consulté
le 07 septembre 2021.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/weber-max-1864-1920/
[archive] consulté le 07 octobre 2021.
129
https://www.memoireonline.com/01/19/10502/m_lectrification-rurale-decentralisee-par-les-systemes-photovoltaques-individuels-Cas-de-la
localité de Ntui-Essong.html consulté le 09 novembre 2021.
BLIMPO, MOUSSA, Davies COSGROVE, Malcolm. 2019.
Electricity Access in Sub-Saharan Africa: Uptake, Reliability, and
Complementary Factors for Economic Impact. Africa Development Forum;
Washington, DC: World Bank. (c) World Bank.
https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/31333
License: CC BY 3.0 IGO. Consulté le 07 septembre 2021.
130
ANNEXES
1- LE GUIDE D'ENTRETIEN
Guide d'entretien numéro 1 au Directeur des
énergies renouvelables et de la maitrise de l'énergie au
ministère de l'eau et de l'énergie.
1. Identification
Noms de l'enquêté
Fonction
2. Présentation du projet
3. Les enjeux du projet
4. Le financement du projet
5. Couverture du programme
6. Impact du projet
7. L'électrification de la localité de Ngwei
8. Avez-vous quelque chose d'autre à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez dit ?
Guide d'entretien numéro 2 adressé aux
autorités administratives en charge de l'électrification au
Cameroun : le Directeur l'Agence d'Electrification Rurale, le
Délégué départemental du Ministère de l'Eau
et de l'Energie de la Sanaga maritime.
1. Identification
Noms de l'enquêté
Fonction
2. Présentation du projet
3. L'électrification rurale au Cameroun
4. L'électrification de la localité de Ngwei
5. Votre rôle
6. Implication des populations dans le projet
7. Les problèmes rencontrés
8. Avez-vous quelque chose d'autre à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez dit ?
131
Guide d'entretien numéro 3 adressé aux
Elites locales, autorités Administratives, Municipales et
Traditionnelles de la localité de Ngwei.
Noms de l'enquêté
Fonction
1. Sociographie de l'arrondissement de Ngwei
2. Nature des rapports entre les peuplements dans la commune de
Ngwei
3. Avez-vous entendu parler du projet Huawei
d'électrification rurale
4. Contribution de l'élite dans la mise en oeuvre du
projet
5. Rapport entre élite et population locales autour du
projet
6. Rapport entre élites
7. Apport du projet au développement local
8. Avez-vous quelque chose d'autre à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez dit ?
132
2- QUESTIONNAIRE
Questionnaire adressé aux populations locales de
Ngwei
1. Identification
Noms de l'enquêté
Sexe
Occupation
Statut matrimonial
Age
2. Sources d'éclairage
Quelles sont les sources d'éclairage que vous utilisez :
1- La lampe à pétrole lampe solaire
2- La torche à piles Le bois
3- Groupe électrogène Electricité
courante/Eneo
4- Autres
Quelles sont celles que vous trouvez néfastes
3. Que pensez -vous du coût des services
énergétiques rendus par l'énergie solaire par rapport
à ceux rendus par ces les autres sources ?
Faible moyen même coût élevé
4. Etes-vous satisfait de la qualité de cette
énergie ?
Oui non
5. Principales utilisations de l'électricité
solaire A quelle fin utilisez-vous cette énergie ?
Éclairage du lieu de commerce éclairage
domestique
Éclairage de rues travaux champêtre
Travaux de dépannage espace de loisir
6. Quels sont les effets bénéfiques liés
à l'énergie solaire en milieu rural
Augmentation des heures de travail / d'ouverture permet d'avoir
l'énergie à moindre cout
Amélioration de la qualité du service augmentation
des ventes Nouvelles opportunités commerciales
Autres
7. Quels sont les incidences de l'énergie solaire
dans votre vie
Positif négatifs
8. Avez-vous été consultés lors de
l'exécution du projet huawei
133
Oui non
Comment A quel stade du projet ?
Avant pendant après
9. Energies solaire et changement social
L'électrification solaire a-t-elle produit le changement
social de la localité
Oui non
Si oui comment ?
10. Rapport entre élites
5- Avez observés des conflits entres élites par
rapport au projet ?
Oui non
134
3- LOI REGISSANT LE SECTEUR DE L'ELECTRICITE AU
CAMEROUN
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON
Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland
LOI N° 2011/022 DU 14 DECEMBRE 2011 REGISSANT
LE SECTEUR DE L'ELECTRICITE AU CAMEROUN
L'Assemblée Nationale a délibéré et
adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont
la teneur suit:
TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES
ARTICLE 1er : - (1) La présente loi
régit le secteur de l'électricité en vue de sa
modernisation et de son développement.
(2) Elle s'applique aux activités de production
à partir de toute source primaire ou secondaire d'énergie, de
transport, de distribution, de fourniture, d'importation, d'exportation et de
vente de l'électricité, réalisées par toute
personne physique ou morale sur le territoire camerounais. A ce titre:
- fixe les modalités de stockage d'eau en vue de la
production d'électricité, de production, de transport de
distribution, d'importation, d'exportation et de vente
d'électricité;
- établit les bases d'une saine concurrence dans le
secteur de l'électricité en vue d'en accroître
l'efficacité économique;
- fixe les modalités de contrôle de
l'exécution des obligations spécifiques mises à la charge
des opérateurs des activités non concurrentielles;
- précise les règles de protection de
l'environnement, dans le secteur de l'électricité; -
précise les règles de protection des intérêts des
consommateurs sur le plan des tarifs, des conditions de fourniture
d'électricité et de sécurité des services;
- garantit la continuité et la qualité des
prestations.
ARTICLE 2.- L'électricité est
considérée comme un bien meuble par nature, consomptible et
fongible.
135
SECTION IV DES DISPOSITIONS PARTICULIERES SPECIFIQUES A
LA
GESTION DU SURPLUS D'ELECTRICITE
ARTICLE 57.- (1) Le titulaire d'une
concession de production d'électricité à des fins
industrielles met à la disposition,-' du concessionnaire gestionnaire du
réseau de transport une quantité convenue
d'électricité produite conformément à sa
concession, pour l'approvisionnement des acheteurs publics ou privés.
(2) Le prix de l'électricité ainsi mise à
la disposition du concessionnaire gestionnaire du réseau de transport
est approuvé par l'Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité, sur la base du coût du service.
TITRE IV DE L'ELECTRIFICATION RURALE, DES ENERGIES
RENOUVELABLES ET DE LA MAITRISE DE L'ENERGIE ELECTRIQUE CHAPITRE 1 DE
L'ELECTRIFICATION RURALE
ARTICLE 58.- (1) L'Etat assure la promotion
et le développement de l'électrification rurale sur l'ensemble du
territoire national.
(2) Les autorités locales participent, en tant que de
besoin, à la mise en oeuvre de la politique d'électrification
rurale dans les conditions fixées par voie réglementaire.
(3) Elles sont assujetties au respect des dispositions de la
présente loi.
ARTICLE 59.- (1) L'électrification
rurale se fait soit par raccordement aux réseaux interconnectés,
soit par production décentralisée.
(2) Dans le cadre de l'électrification rurale
décentralisée, et compte tenu des contraintes liées
à la protection de l'environnement, la priorité est donnée
à la production décentralisée à partir des sources
d'énergies renouvelables, sauf en cas de carence, de coûts
prohibitifs ou d'insuffisance de celles-ci.
(3) Les excédents d'énergie électrique
des installations de production à partir des sources d'énergies
renouvelables bénéficient de l'obligation d'achat par le
gestionnaire du réseau de transport ou par tout distributeur de
proximité, selon les conditions fixées par voie
réglementaire.
ARTICLE 60.- (1) Dans le cadre de
l'électrification rurale, et dans les limites définies par voie
règlementaire, la production, notamment de centrales
hydroélectriques de puissance inférieure ou égale à
5MW, la distribution et la vente d'électricité sont
assurées par simple autorisation de l'Agence de Régulation du
Secteur de l'Electricité, sans exigence particulière
136
d'appel d'offres, de publicité, dans le respect de la
réglementation en vigueur et notamment les règles de
sécurité et de protection de l'environnement.
(2) Le décret visé à l'alinéa 1
ci-dessus détermine les conditions dans lesquelles les autoproducteurs
vendent en zone rurale, la production ne pouvant pas être affectée
à leurs besoins.
ARTICLE 61.- (1) Nonobstant les dispositions
des articles 11 et 24 de' la présente loi, l'exercice d'une
activité de distribution d'électricité en vue de fournir
en zone rurale, directement ou indirectement, une puissance inférieure
ou égale à 1 MW, est autorisée par l'Agence de
Régulation du Secteur de l'Electricité, dans des conditions
fixées par voie règlementaire.
(2) Ces autorisations ne peuvent en aucun cas porter atteinte
aux droits acquis par les concessionnaires tels que définis dans leur
contrat de concession.
ARTICLE 62.- Un décret du
Président de la République précise les missions,
l'organisation et le fonctionnement de l'Agence chargée de promouvoir
l'électrification rurale.
CHAPITRE II
DES ENERGIES RENOUVELABLES ET DE LA MAITRISE DE
L'ENERGIE ELECTRIQUE SECTION I DES ENERGIES RENOUVELABLES
ARTICLE 63.- Sont considérées
comme énergies renouvelables, les énergies suivantes:
- énergie solaire thermique et photovoltaïque;
- énergie éolienne;
- énergie hydraulique des cours d'eau de puissance
exploitable inférieure ou égale à
5MW ;
- énergie de la biomasse;
- énergie géothermique;
- énergies d'origine marine.
ARTICLE 64.- Les énergies renouvelables
contribuent à la satisfaction des besoins
énergétiques des consommateurs. Elles concourent
à la protection de l'environnement et à la
sécurité de l'approvisionnement.
ARTICLE 65.- (1) L'Etat assure la promotion et
le développement des énergies
renouvelables.
(2) Le développement des énergies renouvelables
vise l'introduction et la promotion des
filières de transformation des énergies
renouvelables exploitables.'
137
(3) Les conditions, les modalités et les
mécanismes de la recherche-développement, de la production locale
des matériels et du financement des projets sont fixés par voie
règlementaire.
(4) L'Etat fixe les avantages fiscaux et douaniers pour les
produits, les biens et les services destinés à l'exploitation des
énergies· renouvelables.
ARTICLE 66.- (1) Tout opérateur de
service public d'électricité à l'obligation de raccorder
au réseau tout producteur d'électricité issue des
énergies renouvelables qui en fait la demande. Les frais de raccordement
sont à la charge du demandeur.
(2) Les modalités d'achat de l'énergie par
l'opérateur de service public, le volume et le prix d'achat de cette
énergie sont fixées par voie règlementaire.
ARTICLE 67.- Une agence en charge de la
promotion et du développement des énergies renouvelables
peut-être créée en tant que de besoin.
SECTION II
DE LA MAITRISE DE L'ENERGIE ELECTRIQUE
ARTICLE 68.- L'utilisation rationnelle
d'énergie électrique porte sur l'optimisation de sa consommation
aux différents niveaux de production et de sa transformation, ainsi que
de la consommation finale dans les secteurs de l'industrie, du transport,
tertiaire et résidentiel.
ARTICLE 69.- La mise en oeuvre de la
maîtrise d'énergie électrique repose sur des obligations,
les conditions et les ressources nécessaires, notamment des normes et
des exigences d'efficacité énergétique, du contrôle
d'efficacité énergétique, des audits
énergétiques obligatoires et périodiques, des mesures
d'encouragement et d'incitation de l'amélioration de la connaissance du
système énergétique et de la sensibilisation des
utilisateurs.
138
4- AUTORISATION DE RECHERCHE
RI P1JBL1QUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
PatrEe
*s**s
1ffiIVERSITËDE YAOUNDÉ I
est##
FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
**g**
|
|
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace - Work - Fatherland ***Ya
THE UNIVERSITY OF YAOUNIE I
FACULTY OF ARTS. LETTERS
AND SOCIAL SCIENCES
*****
|
DÉPARTE M ENT DE SOCIOLOGIE *:***
|
DEPARTMENT OF SOCIOLOGY
· a***
|
HP : 755 Yaoundé
Sikgcents : !Rimant Annexe FAL UTI, $. côte
AUF
E ·rna11: d dep,nt.weloahOgrtual
cool
ATTESTATION DE RECHERCHE
Je soussigné, Professeur LEKA ESSOMBA Armand, Chef de
Département de Sociologie de l'Université de Yaoundé
I, atteste que l'étudiant BUM MBOUA Pierre
Samuel, Matricule 13GG44, est inscrit en Master Il, option Population
et développement. [1 effectue, sous la direction du Docteur ESSOMBA
EMELA Solange, un travail de recherche sur le theme : u
Électrification rurale au Cameroun. Contribution de
l'énergie solaire au développement local dans la localité
de 11[gwel. (cas du projet Huawei d'énergie
solaire)».
Je vous serais reconnaissant de lui fournir toute information
non confidentielle, susceptible de raider dans cette recherche.
En foi de quoi, la présente attestation lui est
délivrée pour servir et valoir ce que de droit.
f de Département
et
and LEKA £SSO S .
Maitre de Conférences
Fait â Yaoundé, le ii 8 JAN
2a21
139
5- PHOTO DE LA CENTRALE SOLAIRE DE
NDJOCKLOUMBE
Photo 1 : Centrale solaire de
Ndjockloumbé
Source : Auteur, mars 2021.
140
TABLE DES MATIÈRES
2- Les outils de collecte des données
17
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
LISTE DES TABLEAUX iii
LISTE DES GRAPHIQUES, CARTES ET PHOTOS iv
LISTE DES ABREVIATION, ACRONYMES ET SIGLES v
RÉSUMÉ vii
ABSTRACT viii
SOMMAIRE ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
I- LE CONTEXTE ET LA JUSTIFICATION DE L'ETUDE
2
1- Les motivations factuelles 3
2- Les motivations épistémologiques
4
II- LE PROBLEME 5
III- LA PROBLEMATIQUE 6
1- La revue de la littérature 6
2- La problématique proprement dite
11
IV- QUESTIONS DE RECHERCHE 11
1- Question principale 11
2- Les questions secondaires 11
V- LES HYPOTHESES DE RECHERCHE 12
1- L'hypothèse principale 12
2- Les hypothèses secondaires 12
VI- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 12
1- L'objectif principal 12
2- Les objectifs spécifiques 12
VII- METHODOLOGIE 13
1- Approche théorique 13
1-1 La théorie du conflit social 13
1-2 La théorie de la sociologie dynamiste et
critique 15
1-3 La théorie de la durabilité faible
16
141
CHAPITRE 2 : LES ENERGIES RENOUVELABLES AU CAMEROUN
:
POLITIQUES, ORGANES, MISSIONS ET FAIBLESSES
49
2-1 L'observation directe 18
2-2 L'entretien semi directif 18
2-3 Le questionnaire 19
2-4 L'échantillonnage 19
2-4-1 La détermination de la taille de
l'échantillon 19
2-4-2 La technique d'échantillonnage
aléatoire simple 19
VIII- DEFINITION DES CONCEPTS 20
IX- LE PLAN DE TRAVAIL 22
PREMIERE PARTIE : L'ELECTRIFICATION EN MILIEU RURAL
AU
CAMEROUN 24
CHAPITRE I : MONOGRAPHIE DE L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
26
I- L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI : DES ORIGINES A SON
DECOUPAGE
ADMINISTRATIF 26
1- Aux origines de Ngwei 26
2- La localisation géographique de la commune de
Ngwei 27
3- L'organisation administrative de la commune de Ngwei
29
4- Les atouts géographiques de Ngwei
31
4-1 Le climat et ses caractéristiques
31
4-2 Le relief 31
4-3 Le réseau hydrographique 31
4-4 Les essences fauniques et floristiques 33
II- L'organisation social et économique des
peuplements de Ngwei 33
1- La population 33
2- L'organisation sociale 35
3- Les principales activités économiques
35
4- L'organisation sociale du travail 37
III- L'ENERGIE ELECTRIQUE DANS LA COMMUNE DE NGWEI
38
1- Les barrages hydroélectriques 38
2- Les politiques d'aménagement du territoire
39
3- Les différentes sources d'éclairage et
d'énergie dans la commune de Ngwei 39
3-1 La lampe à pétrole 39
3-2 La lampe torche 40
3-3 La bougie 40
3-4 Les lampes solaires 41
3-5 Le groupe électrogène 42
3-6 Electricité courante/Eneo 42
4- Les effets induits par quelques sources
d'éclairage et d'énergies 44
4-1 Les lampes à pétrole et les bougies
44
4-2 Les lampes à piles 45
4-4 Eneo 46
142
I- LES POLITIQUES D'ELECTRIFICATION RURALE AU CAMEROUN
50
1- Les plans quinquennaux et leurs missions
50
2- Le Plan Energétique National (PEN)
50
3- La réforme des années 2000 en
matière d'électrification rurale au Cameroun : Le
cadre politique, juridique et institutionnel
50
4- Plan Directeur d'Electrification Rurale (PDER)
52
5- Le Plan d'Action National Energie pour la
Réduction de la Pauvreté (PANERP) 53
6- Le Projet de développement du secteur de
l'énergie (PDSEN) 54
7- Le Plan de Développement du Secteur de
l'Electricité 2030 mis à jour pour 2035
(PDSE 2035) 54
8- Programme National de Développement
Participatif (PNDP) 55
9- Quelques instruments Juridiques internationaux
signés ou ratifiés et exploités par
le Cameroun 55
II- LES ORGANES EN CHARGE DE L'ELECTRIFICATION RURALE
AU
CAMEROUN ET LEURS MISSIONS 57
1- Le Ministère de l'Eau et de l'Energie (MINEE)
57
2- La Direction des Energies Renouvelables (DER)
58
3- L'Agence d'Electrification Rurale (AER)
58
4- Le Fond d'Energie Rurale (FER) 59
5- La Société Nationale de Transport de
l'Electricité (SONATREL) 60
6- L'Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité (ARSEL) 60
III- LA PROBLEMATIQUE DE L'ELECTRIFICATION RURALE AU
CAMEOUN 61
1- Les faiblesses des organes en présence
61
1-1 L'Agence de Régulation du Secteur de
l'Electricité (ARSEL) 61
1-2 L'Agence d'Electrification Rurale 61
1-3 Enéo Cameroon 62
2- La situation géographique du milieu rural au
Cameroun 63
3- Les problèmes économiques
63
4- Des politiques et cadres juridiques de
développement des énergies renouvelables
multiples, éparses, peu coordonnées et
insuffisantes 64
5- La faible maitrise des technologies d'énergies
renouvelables 65
6- La problématique de la décentralisation
66
DEUXIEME PARTIE II : LES DYNAMIQUES LOCALES AUTOUR DU
PROJET
D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSMENT DE NGWEI
69
CHAPITRE 3 : LES ACTEURS ET JEUX DE POUVOIR AUTOUR DU
PROJET
D'ENERGIE SOLAIRE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI
71
I- LE PROJET D'ELECTRIFICATION PAR ENERGIE SOLAIRE DANS
LA
LOCALITE DE NGWEI 71
1- Présentation du projet d'énergie solaire
72
2-
143
Les objectifs 72
3- Contexte et conditions d'intervention du projet
d'énergie solaire 73
4- Le choix des localités 74
5- Les enjeux du projet d'électrification solaire
à Ngwei 76
5-1 La mise en oeuvre de l'électrification rurale
décentralisée 76
5-2 Les enjeux sociaux de l'électrification rurale
décentralisée 77
5-3 Les enjeux économiques de
l'électrification rurale décentralisée 77
5-4 Les enjeux techniques de l'électrification
78
II- LES ROLES ET LES LOGIQUES D'ACTION DES ACTEURS AUTOUR
DU
PROJET D'ENERGIE SOLAIRE DANS LA LOCALITE DE NGWEI
79
1- L'entreprise Huawei 80
2- Les autorités locales 81
3- Les élites traditionnelles et locales
82
3-1 La notion d'élite 82
3-2 Le rôle de l'élite 83
4- Les populations locales 83
III- LES TENSIONS ENTRE LES ACTEURS AUTOUR DU PROJET
85
1- Les tensions liées aux indemnisations
85
2- Les tensions sectorielles 86
3- Les tensions entre les élites 86
CHAPITRE 4: L'ELECTRIFICATION SOLAIRE ET LE
DEVELOPPEMENT
LOCAL A NGWEI 90
I- LES ATOUTS DE L'ELECTRIFICATION SOLAIRE DANS LA COMMUNE
DE
NGWEI 90
1- Les avantages économiques 92
1-1 Le commerce 92
1-2 L'augmentation de la production d'huile de palme
93
1-3 La promotion de l'auto emploi 93
1-3-1 Les métiers de coiffeurs/coiffeuse
94
1-3-2 La couture 94
1-3-3 L'électronique 94
1-3-4 Le domaine des NTIC 95
1-3-6 Le cout énergétique 96
2- Les atouts techniques de l'énergie solaire
96
2-1 Les principales utilités de l'énergie
dans l'arrondissement de Ngwei 96
2-2 L'éclairage continue 98
II- L'ELECTRIFICATION SOLAIRE : UN ATOUT POUR LE
DEVELOPPEMENT
DURABLE DANS L'ARRONDISSEMENT DE NGWEI 100
1- Le contexte des Objectifs du Développement
Durable 100
2- Energie solaire et développement durable dans
l'arrondissement de Ngwei 101
III- LES INCIDENCES NEGATIVES DES ENERGIES SOLAIRES DANS
LA
COMMUNAUTE DE NGWEI 105
1-
144
La notion de déviance 106
2- Les acteurs de la déviance dans
l'arrondissement de Ngwei 106
3- Les manifestations de la déviance dans la
commune de Ngwei 107
CONCLUSION GÉNÉRALE 110
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 123
1- Ouvrages généraux 123
2- Ouvrages spécifiques 124
3- Articles 125
4- Thèses 126
5- Mémoires 126
6- Rapports 127
7- Webographie 128
ANNEXES 130
1- LE GUIDE D'ENTRETIEN 130
2- QUESTIONNAIRE 132
3- LOI REGISSANT LE SECTEUR DE L'ELECTRICITE AU
CAMEROUN 134
4- AUTORISATION DE RECHERCHE 138
5- PHOTO DE LA CENTRALE SOLAIRE DE NDJOCKLOUMBE
139
TABLE DES MATIÈRES 140
|