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évaluation du niveau d’exposition professionnelle et de la fonction ventilatoire d’agents chargés du recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (deee).


par Fatimata Sall
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master en Biotoxicologie appliquée à  l'industrie,à  l'environnement et à  la santé 2019
  

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INTRODUCTION

Ces dernières décennies, le monde fait face à une course effrénée en technologies dans tous les domaines. Les équipements électriques et électroniques (EEE) deviennent plus sophistiqués avec une technologie en constante amélioration. Les entreprises de fabrication de matériels électriques et électroniques misent sur des techniques de diffusion d'informations beaucoup plus rapides, sur des supports beaucoup plus petits et moins encombrants. Ainsi, nous sommes passés du téléphone manuel au téléphone intelligent, du téléviseur à écran cathodique vers l'écran numérique à haute définition, des gigantesques premiers ordinateurs de recherche au MacBook Air, etc. La technologie évolue rapidement et chaque marque lance méthodiquement et régulièrement de nouvelles versions de ses produits ou plus simplement de nouveaux produits. Ces technologies se succèdent inondant ainsi les magasins, ce qui représente une tentation pour les consommateurs qui sont en quête permanente de matériels de dernière génération. Cette évolution les oblige à acheter de nouveaux produits ou à mettre à jour leurs anciens systèmes qui sont devenus inadaptés, incompatibles ou qui ne peuvent simplement plus être réparés (Lefèvre T., 2014). A cela s'ajoute la courte durée de vie de la plupart des appareils électriques ou électroniques. L'obsolescence programmée devient le meilleur moyen pour les entreprises d'augmenter leur chiffre d'affaire en poussant le consommateur à acheter de nouveaux matériels et mettre au rebut les anciens. Ces derniers deviennent des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) encore appelés e-déchets ou e-waste. Les DEEE constituent une quantité impressionnante de 44,7 millions de tonnes métriques (Mt) à travers le monde, soit l'équivalent de 6,1 kilogrammes par habitant (kg / hab), de déchets électroniques par an en 2016, contre 5,8 kg / hab en 2014. La quantité de déchets électroniques sera estimée à 52,2 millions de tonnes métriques, ou 6,8 kg / hab, d'ici 2021(BaldéC.P. et al, 2017).

La récupération et le recyclage des métaux précieux et d'autres ressources contenues dans les équipements électriques et électroniques, peuvent réduire la demande en matière mais aussi créer des emplois et générer des revenus. En effet, le marché des DEEE mondiaux est estimé à410 milliards $ US par an, à l'exclusion d'un très important secteur informel. Un trafic international autour de l'exportation de ces déchets voit le jour. Environ 15% d'entre eux ont été traités dans une filière agréée. Entre 60 et 90% des tonnages produits sont illégalement vendus ou enfouis, soit l'équivalent de 62.000 à 95.000 Probo Koala en un an. Parfois déguisés sous forme de dons « humanitaires », ces DEEE proviennent principalement des pays de l'UE (Royaume-Uni, France et Allemagne en tête) et inondent l'Afrique. Les DEEE européens envoyés en Afrique occidentale en 2009 sont estimés à 220000 tonnes. Les exportations de l'Allemagne vers les pays non européens en 2008 varient entre 93 000 et 216 000 tonnes d'équipements électroniques usagés (UNEP, 2015). Les experts sont unanimes,

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l'Afrique est sur le point de devenir le continent-poubelle des ordures toxiques des pays développés (Wane S.S et Rochat D., 2009).

Pour la plupart des pays ouest africains comme le Sénégal, il n'existe pas encore de réglementations spécifiques aux DEEE ce qui augmente leur flux (Grippa C., 2004). Certains équipements ont une durée de vie très courte ou sont en fin de vie, pour d'autres il n'y a pas moyen de les réutiliser ou réparer, ils se retrouvent à la poubelle, destinés à être démantelés. La composition des DEEE étant très variée, il est difficile de définir une typologie exhaustive. Ils contiennent des substances valorisables comme : les métaux précieux (or, argent, platine...), les métaux ferreux (acier, fer, inox...), les métaux non ferreux (aluminium, cuivre, bronze, plomb...), les plastiques et certains composants dangereux nécessitant un traitement particulier (Flipot F. et al, 2006). Ces derniers sont toxiques ou connus pour être dangereux pour l'environnement et pour la santé (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens...). Parmi eux, nous avons : le mercure, le plomb, le cadmium, le chrome, l'amiante, les retardateurs de flammes bromés (RFB), le polychlorure de vinyle (PVC), le baryum, le béryllium, le phosphore... (Miserey Y., 2009).

Dans la plupart des pays en voie de développement, le recyclage des DEEE est principalement assuré par le secteur informel avec des méthodes rudimentaires dans des décharges sauvages qui les exposent à des risques. Ce système d'exploitation nécessite des mesures de protection individuelle mais aussi dans de bonnes conditions pour éviter une pollution de l'environnement et une exposition des travailleurs et de la population environnante aux substances toxiques. Les professionnels sont les premiers exposés à la poussière du matériel démantelé susceptible de renfermer des particules de substances toxiques. Ces dernières émises lors du stockage et du traitement des DEEE, pourraient être à l'origine d'affections diverses chez des professionnels exposés à des concentrations élevées sur une courte période (intoxication aigue ou subaigüe) ou à des concentrations faibles mais sur une longue période (intoxication chronique). Cette exposition peut conduire à des maladies professionnelles telles que la dermatite, l'asthme professionnel, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), divers cancers... (SPLF, 2003)

Afin de prendre des mesures préventives contre les maladies professionnelles qui sont très fréquentes dans la filière de traitement des déchets, il est important d'évaluer le niveau d'exposition des travailleurs aussi bien dans le secteur informel que formel afin de réduire les risques de maladie professionnelles.

C'est dans cette logique que nous nous sommes fixés comme objectif principal d'évaluer le niveau d'exposition professionnelle et la fonction ventilatoire des agents chargés du recyclage des déchets

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d'équipements électriques et électroniques (DEEE) dans le secteur formel. Il s'agissait plus spécifiquement de procéder à :

· Analyser les conditions de travail des agents chargés du recyclage des D3E et identifier les potentielles substances libérées lors du recyclage de ces déchets

· Evaluer les différents niveaux d'exposition des agents chargés du recyclage des DEEE.

· Explorer la fonction ventilatoire des agents par la mesure des paramètres
spirométriques.

Pour mener à bien cette étude, nous avons commencé par une revue de la littérature portant sur les DEEE, le cadre réglementaire et les risques liés à leur recyclage. Pour terminer, nous avons fait une étude de cas qui portait sur l'évaluation du niveau d'exposition professionnelle et de la fonction ventilatoire des agents chargés du recyclage des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) de l'Agence de l'Informatique de l'Etat (ADIE)à travers un questionnaire et une exploration des fonctions respiratoires par la spirométrie.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984