L'exposition aux produits chimiques dans tous les secteurs
industriels, artisanaux, agricoles peut être à l'origine d'une
toxicité aigüe ou chronique, par voie respiratoire, cutanée
ou digestive chez les travailleurs. Qu'il s'agisse de solides, de
poussières, de liquides, de gaz, de vapeurs ou de fumées,
beaucoup de ces produits sont corrosifs, irritants, allergisants, asphyxiants,
fibrogènes, cancérogènes, reprotoxiques ... et parfois
à des doses et des durées d'exposition faibles. La
toxicité est déterminée par les propriétés
physico-chimiques du produit et les voies de pénétration dans
l'organisme. La composition chimique de la substance est souvent
déterminante, mais son action ne dépend pas seulement de la
structure moléculaire du produit. La silice, par exemple, est inerte et
ne devient dangereuse que lorsqu'elle est inhalée en fines particules ;
dans ce cas, c'est la granulométrie et la façon de
pénétrer dans le corps qui déterminent la toxicité.
De même, pour les fibres comme l'amiante, le danger est davantage
lié à la structure physique de la fibre qu'à sa structure
chimique. L'absorption est surtout respiratoire en milieu professionnel, mais
les contacts cutanés avec certains solides peuvent aussi provoquer des
allergies et des irritations. L'absorption digestive, par ingestion de
particules (par exemple composés de plomb) ou de poudres, souillant les
aliments et par défaut d'hygiène des mains et du visage est
également possible. Le produit toxique ou ses métabolites peuvent
se fixer de manière
14
réversible ou irréversible sur des organes
cibles. La réversibilité dépend du paramètre temps,
mais généralement la toxicité réversible est
liée aux toxiques d'effets aigus et à court terme
(CHSCT, 2012). Chez l'homme, l'exposition chronique
aux terres rares contenues dans les écrans CRT est associée
à un risque de pneumoconiose. Il existerait également un
phénomène de biopersistance dans le tractus respiratoire
expliquant leur accumulation à ce niveau en cas d'exposition chronique
(Lecler M.T. et al., 2012).
Figure 2 : Conséquences de
l'exposition aux particules fines (AFP, 2016)
Une étude dans les lieux de recyclage artisanal des
batteries au Sénégal (Médina et Colobane) a
démontré un niveau d'exposition très élevé
aussi bien chez les travailleurs que chez la population environnante. La
plombémie moyenne était de 131,08 #177; 32,87 ìg/L
chez les non exposés et de 546,55 #177; 185,24
ìg/L chez les exposés, sujets pour lesquels la valeur
dépasse nettement la norme de 300 ìg/L
fixée pour les professionnels (Cabral M. et al., 2012).
A l'instar du plomb, d'autres substances peuvent induire des
affections diverses selon la voie d'exposition, la dose et les
caractères physico-chimiques. (Tableau VII)
15
Tableau VII : Quelques substances dans
les DEEE et leurs effets sur la santé (FDS INRS ; CHSCT,
2014 ; Barbieux J.P. et al, 2008)