3.3.1.3. Impacts sur les eaux de surface et les eaux
souterraines
Les effets sur la qualité et la quantité de
l'eau dans la zone du projet constituent peut-être l'impact le plus
important d'un projet minier. Les questions clés sont de savoir si les
fournitures en eau de surface et en eaux souterraines resteront
appropriées à la consommation humaine, et si la qualité
des eaux de surface dans la zone du projet restera adéquate pour
supporter la vie aquatique et la faune terrestre native
Selon notre étude, la population utilise les eaux de
surface de la localité pour divers besoins. Les cours d'eau constituent
des sources d'approvisionnements des villageois pour des besoins domestiques
(construction des maisons, linges, etc.) En plus, ils font l'objet de
pêche par les bozos. Les eaux de surface sont aussi des lieux
d'abreuvoirs des animaux.
Le site du projet se trouve à 22 km du fleuve
Bagoé d'où la SOMISY prélève l'eau pour le
traitement du minerai. Ce fleuve est un élément très
important pour les activités des populations de la commune. Le
Bagoé est complété par le Bafining qui joue aussi un
rôle non négligeable pour les villages installés sur le
long de ces cours d'eau. Signalons que la commune rurale se trouve parmi les
parties du pays les plus arrosées.
L'extraction, le transport et le stockage du minerai favorise
également le déversement des particules par les agents de
l'érosion. Notons que la commune enregistre une quantité annuelle
de pluie très importante. Les particules et sédiments du sol sont
ensuite transportés et déposés dans les cours d'eau
situés à la proximité des activités de la mine
notamment le Bagoé et d'autres rivières. Il est important de
rappeler que la mise en place des infrastructures
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du projet a provoqué l'occupation du lit de certaines
rivières. De plus, les dragues occupent anarchiquement les cours
d'eau.
Les impacts sur les eaux souterraines sont deux ordres
à savoir les impacts quantitatifs et qualitatifs. Certains
éléments du projet peuvent atteindre la qualité physique
et chimique des eaux souterraines.
Les polluants potentiels sont les hydrocarbures, les
détergents, les produits chimiques utilisés dans le traitement du
minerai (le cyanure, l'acide, la chaux, etc.). Ces polluants s'infiltrent pour
atteindre les nappes souterraines. La nappe la plus concernée est la
nappe phréatique, elle fait partie des principales sources
d'approvisionnement des communautés à travers les puits. La
composante du projet qui présente le plus de risque sur ce plan est le
bassin des résidus. La boue qui est déposée peut contenir
des produits chimiques tels que le cyanure, cela est possible malgré les
traitements préalables. Et les risques d'infiltration sont
enregistrables.
La mine a également des impacts sur la quantité
d'eaux souterraines disponibles. L'assurance des besoins en eau à partir
des puits à grand diamètre, le pompage de l'eau,
l'assèchement des carrières pour les opérations
d'excavation du minerai ont des conséquences sur l'approvisionnement en
eau des populations. Ce sont des facteurs qui provoquent une baisse ou un
assèchement des nappes, car selon le rapport de l'EIES, «
toutes les carrières auront plus de 100m de profondeur alors que la
pompe la plus profonde a moins de 100m de profondeur ».
Il est alors évident que toutes les pompes et tous les
puits environnants connaissent l'absence d'eau ou le tarissement
précoce. Selon notre enquête, 83% des enquêtés
expriment leur besoin ardent en eau potable à partir des pompes.
Le manque d'eau souterraine est donc évident dans la
commune de Fourou. Partout où nous sommes passés (Syama, Fourou,
Bananso, Tembléni) les populations ont décrié le manque
d'eau dans les forages, dans les puits. Le tarissement précoce des puits
et le manque d'eau dans les pompes sont maintenant constatés, ce qui
n'était pas habituel. « Avant, le tarissement se produisait
uniquement au mois d'Avril, maintenant il se produit tout le temps. Les puits
qui étaient considérés comme intarissables le connaissent
aussi aujourd'hui » dit Amadou Sogodogo, notable à
Syama.
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