AVERTISSEMENT
Les opinions exprimées ici, autres que celles
rapportées et référenciées, sont le seul fait de
l'auteur du mémoire et ne pourraient en aucun cas engager la
responsabilité de l'université de Yaoundé2-Soa.
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à ma très
chère maman ABOMO MVONDO Germaine.
REMERCIEMENTS
L'effectivité de ce modeste travail n'a
été rendu possible que par l'appui et le soutien
généreux de certaines personnes. Qu'il me soit permis de
témoigner ici ma profonde gratitude à mon directeur de
mémoire le Professeur AKONO ATANGANE Eustache, qui n'a
ménagé ni son temps, ni son expertise pour rendre ce travail
effectif malgré ses multiples engagements. Nos remerciements vont
également à l'endroit ;
Du Général de Brigade EZO'O MVONDO Simon, pour
son soutien multiforme ;
Au Lieutenant-colonel MVONDO James pour son soutien
indéfectible ;
Au Lieutenant-colonel CHEMBOU Guy qui a bien voulu nous
accueillir comme un père durant notre voyage d'étude à
l'Extrême-Nord du Cameroun ;
Au Lieutenant-colonel MOUAHA-BELL Stans pour les conseils et
son soutien indéfectible ;
A SIMONET Eric pour son soutien financier ;
A tous mes frères et soeurs, nièces et neveux
pour, leur attention, leur soutien multiforme leurs encouragements et leur
amour indéfectible qu'ils n'ont jamais cessé de manifester envers
nous, même dans les moments les plus difficiles, qu'ils trouvent dans
leurs efforts consentis ;
A ma grande famille pour les efforts consentis ;
A tous mes camarades promotionnaires pour leurs
encouragements ;
A tous mes amis pour leur dévouement en particulier,
ATEBA Esaie, NKOLO Rodrigue, KAMDEM Julio et Ewane André.
SIGLES
ET ABREVIATIONS
ACADIR : Association Camerounaise pour
le Dialogue Interreligieux
ACM: Actions Civilo-militaires
AFP : Agence France Presse
AFRICOM : Commandement Militaire
Américain pour l'Afrique
ALPC : Armes Légères et de
Petits Calibres
AQMI : Al-Qaïda au Maghreb
Islamique
BAFUMAR : Bataillon des Fusiliers
Marins
BLI : Bataillon Leger d'Intervention
BIR : Bataillon d'Intervention Rapide
BRIM : Brigade d'Infanterie
Motorisée
BSA : Bataillon Spécial
Amphibie
BSS : Bande Sahélo-Saharienne
BTAP : Bataillon des Troupes
Aéroportées
CAT : Centre Anti-terroriste
CBLT : Commission du Bassin du Lac
Tchad
CEDEAO : Communauté Economique
pour le Développement des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique Centrale
CENTOM : Central Command
CIDIMUC : Conseil des Imams et des
Dignitaires Musulmans du Cameroun
COIN : Contre Insurrection
COPALCO : Compagnie des Palmeurs de
Combat
CPS : Conseil de Paix et de
Sécurité
CS : Conseil de
Sécurité
DOMP : Département des
Opérations de Maintien de la Paix
EEI : Engin Explosif Improvisé
EI : Etat Islamique
EIFORCES : Ecole Internationale des
Forces de Sécurité
EMIA : Ecole Militaire
Interarmées
ENVR : Ecole Nationale à Vocation
Régionale
ESIG : Ecole Supérieure
Internationale de Guerre
FAC : Forces Armées
Camerounaises
FAMA : Forces Armées Maliennes
FATIC : Forces Armées Tchadiennes
d'Intervention au Cameroun
FMM : Force Multinationale Mixte
GSPC : Groupe Salafiste pour la
Prédication et le Combat
IRIS : Institut des Relations
Internationales et Stratégiques
ISAF: International Security Assistance
Force
MNJTF : Multinational Joint Task
Force
MNLA : Mouvement National pour la
Libération de l'Azawad
MUJAO : Mouvement pour l'Unicité
et le Jihad en Afrique de l'Ouest
G5 SAHEL : Groupe des 5 du Sahel
ONU : Organisation des Nations Unies
OPEX : Opération
Extérieure
OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PSI : Initiative
Pan-Sahélienne
RCA : République
Centrafricaine
RECAMP : Renforcement des
Capacités Africaines en matière de Maintien de la Paix
RMIA : Région Militaire
Interarmées
TSCTP : Partenariat Transsaharien Contre
le Terrorisme
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
USA: United States of America
US: United States
VBCI: Véhicule Blindé de Combat
d'Infanterie
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Figure n°1 : Carte territoriale de
l'Afghanistan.....................................................35
Figure n°2 : Poste de combat de
soldats américains en
Afghanistan.............................40
Figure n°3 : Projection de deux
VBCI français en
Afghanistan..................................44
Figure n°4 : Les marsouins
français en mode de guerre dans l'Adrar des
Ifoghas.............53
Figure n°5 : Carte territoriale de
région de l'extrême-nord du
Cameroun.......................63
Figure n°6 : Un VBCI camerounais
avec dispositif anti-mines en
opération....................81
Figure n°7 : Les soldats du
BIR-Alpha en opération à l'extrême-nord du
Cameroun..........93
Figure n°8 : Image de propagande du
leader de Boko Haram Abubakar Shekau..............101
Figure n°9 : Les membres d'un
comité de vigilance à l'extrême-nord du
Cameroun..........123
RESUME
Le monde post-bipolaire au lendemain de la guerre froide
augure un nouvel ordre international, marqué par une résurgence
des conflits infra-étatiques et une réduction considérable
des conflits interétatiques. Cette réapparition des conflits
intra-étatiques laisse apparaitre de nouvelles formes de menaces
à la sécurité collective, à l'instar de la
piraterie maritime, le trafic de la drogue, du crime organisé et le
terrorisme transnational, pour ne citer que celles-là. La
particularité avec ses nouvelles formes de menaces est qu'elles sont
difficiles à combattre au sens conventionnel de la guerre par les
Armées Nationales. Elles mettent en présence les armées
régulières, face à des acteurs irréguliers non
traditionnels utilisant des méthodes de combats asymétriques. La
mutation de l'espace international par une prolifération de nouveaux
conflits a des répercussions dans tout le monde entier, en Afrique et
notamment au Cameroun.
En effet, le Cameroun, pays de l'espace géopolitique de
la CBLT fait face à un pic de la dégradation sécuritaire
dans sa partie septentrionale à cause de la contagion des
activités terroristes de Boko Haram. La porosité aggravée
des frontières, les faiblesses des régimes politiques, les
faiblesses opérationnelles des armées nationales et le
caractère irrégulier de la menace terroriste, favorisent la
montée en puissance des activités terroristes dans le monde,
notamment au Cameroun. Cette situation explique l'intérêt que
portent les acteurs en charge de la défense pour palier à cette
menace. Pour mieux appréhender la problématique des
difficultés des armées nationales à lutter contre les
groupes terroristes, il faut opérer une double rupture
épistémologique. En effet, notre étude se donne pour
ambition de dépasser le pessimisme affiché par certains acteurs
dont les travaux recensés ont montré que les stratégies
mises en oeuvre par les armées nationales, notamment l'armée
camerounaise ne sont pas adaptées pour lutter efficacement contre les
groupes terroristes ; d'une part, et d'autre part, les considérations
optimistes qui promeuvent de nouvelles stratégies pour rendre efficace
l'action des armées nationales face aux terroristes. Il est donc
question de déconstruire les modèles figés qui ont
été faits jusqu'ici sur l'antiterrorisme pour parvenir à
une reconstruction des stratégies nouvelles par une valorisation des
capacités opérationnelles des armées nationales face
à des acteurs transverses, et sur un contrôle durable de
l'initiative.
ABSTRACT
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
SOMMAIRE
x
INTRODUCTION GENERALE
1
1.6. PROBLEMATIQUE
24
1.7. METHOLOGIE DE RECHERCHE ET DE COLLECTE DES
DONNEES
26
PREMIERE PARTIE
31
L'ACTION DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE
CONTRE LES GROUPES TERRORISTES
31
CHAPITRE 1
33
LES DIFFICULTES DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS
LES THEATRES D'OPERATIONS DE LUTTE ANTITERRORISTE
33
SECTION 1 : LES MANOEUVRES DES ARMEES
AMERICAINE ET FRANCAISE EN AFGHANISTAN
34
SECTION 2 : LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU
SAHEL ET DANS LE BASSIN DU LAC TCHAD : CAS DES ARMEES MALIENNE ET
NIGERIANE
47
CHAPITRE 2
62
L'ARMEE CAMEROUNAISE FACE AU GROUPE TERRORISTE BOKO
HARAM
62
SECTION 1 : LE MAILLAGE STRATEGIQUE DES FORCES
ARMEES CAMEROUNAISES POUR PARER AU TERRORISME DE BOKO HARAM
64
SECTION 2 : LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE DANS UNE ACTION COALISEE DE LUTTE CONTRE BOKO HARAM
73
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
86
DEUXIEME PARTIE
87
L'INSUFISANCE DE L'ACTION DES FORCES ARMEES DANS LA
LUTTE CONTRE LES GROUPES TERRORISTES
87
CHAPITRE 3
89
LES DIFFICULTES DE L'ARMEE CAMEROUNAISE A COMBATTRE
LE GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM
89
SECTION 1 : UNE STERATEGIE ANTITERRORITE
DIFFICILE A METTRE EN OEUVRE FACE A LA COMPLEXITE DE LA MENACE TERRORISTE
91
SECTION 2 : LES DIFFICULTES POUR L'ARMEE
CAMEROUNAISE A REMPORTER LA VICTOIRE DECISIVE SUR LE PLAN OPERATIONNEL
104
CHAPITRE 4
113
LES DEFIS POUR UN RECADRAGE DE L'ACTION DES ARMEES
NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE
113
SECTION 1 : LES DEFIS POUR L'ARMEE
CAMEROUNAISE DE METTRE EN OEUVRE UNE STRATEGIE CLAIRE ET PRECISE DE LA MENACE
TERRORISTE
114
SECTION 2 : LA NECESSITE D'UNE MUTUALISATION
DES MOYENS DANS L'ANTI-TERRORISME
122
CONCLUSION GENERALE
133
PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT DES CAPACITES
OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE
133
BIBLIOGRAPHIE
139
TABLE DES MATIERES
x
INTRODUCTION GENERALE
1.1. CONTEXTE D'ETUDE
La fin de la guerre froide en
1990-1991 marque un tournant majeur dans l'évolution des relations
internationales. La dislocation de l'Union Soviétique en 1991 a
donné naissance à un nouvel ordre mondial, marqué par une
réduction considérable des guerres classiques
interétatiques et une résurgence de nouvelles formes de menaces
diffuses, hybrides plus proches d'une guérilla que d'un conflit
conventionnel. Ainsi, le monde post-bipolaire1(*) a conduit à l'irruption des conflits
infra-étatiques absolument déstructurés. Ceux-ci mettent
en présence, les armées nationales disposant des technologies
militaires sophistiquées à des acteurs non-étatiques
organisés en réseaux disposant, un armement primitif qui se
mêlent à la population civile.
Ces nouvelles formes de menaces2(*) sont portées par une prolifération
d'armes légères et de petit calibre (ALPC), le crime
organisé3(*), les
mouvements insurrectionnels et surtout le terrorisme international. Celles-ci
ont bouleversé toutes les doctrines militaro-stratégiques de la
communauté internationale en matière de défense et de
sécurité. Depuis les célèbres attentats du World
Trade Center et du Pentagone aux USA le 11 septembre 2001 (attentats
perpétrés par la figure de proue du jihadisme international
Al-Qaïda, aujourd'hui devancé par l'organisation de l'Etat
Islamique (EI) encore appelé Daesh4(*)), le monde est devenu plus instable et la
violence s'est globalisée par les entrepreneurs privés de la
terreur. Cette situation a été confirmée par, les
attentats de Londres, de Madrid et les attentats manqués de la France.
Le continent africain quant à lui entre dans ce cycle de violence en
1998, par les attentats perpétrés contre les
représentations diplomatiques américaines de Dar es Salam
(Tanzanie) et de Nairobi (Kenya) qui avaient fait plus de 200 morts.
Par ailleurs, depuis les attentats de 2001
aux USA, le monde est plongé dans un régime de terreur sans
précédent qui n'épargne aucune couche sociale, ni une
partie du monde. En effet, l'Etat au sens Wébérien n'est plus le
seul détenteur du monopole de la violence. Il est concurrencé
dans ce domaine par des acteurs non-étatiques organisés en
réseaux notamment, les organisations terroristes. Avec des moyens
modestes, les terroristes n'hésitent pas à prendre l'initiative
contre l'Etat et à le mettre sérieusement en difficulté.
C'est ce qui a été vécu au Mali en 2012, où les
organisations terroristes avec le soutien des mouvements séparatistes
sont allés jusqu'à occuper tout le nord du pays tout en mettant
l'Etat malien hors service5(*). C'est dans cette logique que Cyrille Caron souligne
que, « le terrorisme neutralise l'Etat à défaut de
le détruire»6(*).
Avec l'avènement de la lutte globale contre le
terrorisme international à l'aube du 11 septembre 2001, une nouvelle
aire a vu le jour dans les conflits contemporains. Ceux-ci ne reflètent
plus celles que le monde avait connues avant 1945. Le paradigme de la guerre
conventionnelle au sens clausewitzien a changé. L'on parle maintenant du
« paradigme de la guerre au sein de la population » ou de
guerres irrégulières. C'est dans cette logique que Jean-Paul
Joubert confirme qu'il y a « les transformations de la
guerre »7(*).
Quant à Dario Battistella, « le terme de guerre est
devenu polysémique »8(*). Dans le même ordre d'idées, le
général Vincent Desportes affirme que : « la
guerre est en mutation profonde, elle change de visage avec l'apparition de
nouveaux acteurs, elle revient en force, mais elle n'a pas changé de
nature elle a change de visage »9(*). Il est toujours question de vie ou de mort pour les
peuples et les nations. Il y a une désinstitutionalisation de la guerre.
Les fronts, les campagnes, l'organisation, les tactiques, les uniformes
disparaissent de plus en plus dans les combats modernes. Les enjeux de ces
conflits sont également multiples et ambigus. A cet effet, les
conditions de l'efficacité militaire ne sont plus les mêmes. Qu'il
s'agisse de la guerre d'Afghanistan, menée par les américains au
nom de la lutte contre le terrorisme, ou de la lutte que mène la
coalition internationale contre l'EI en Iraq et en Syrie, ou bien de celle que
mène l'armée camerounaise contre Boko Haram. Il se dégage
un constat alarmant, celui de l'insuffisance de l'action des armées
dans la lutte contre les groupes terroristes. En effet, les forces
armées nationales peinent à remporter la décision dans les
combats qui les opposent aux organisations terroristes. Cette situation a pour
corolaire, la montée en puissance des activités terroristes dans
le monde. Les doctrines10(*) originelles qui fondent l'action des forces
armées nationales ne sont pas adaptées dans les combats modernes.
Il est évident de nos jours que toute force ne garantit plus
l'efficacité de l'action militaire. L'excès de puissance conduit
même à des pratiques pour la contester et là contourner.
En outre, d'après la logique réaliste, les
forces armées nationales sont entrainées et
préparées à la guerre conventionnelle. Ainsi,
« les armées ne sauraient vaincre un adversaire pour qui
la victoire n'est pas synonyme de contrôle du terrain ou de destruction
des troupes, mais s'inscrit dans des logiques psychologiques et
sociétales »11(*). D'autant plus que, la menace terroriste
défavorisée par le rapport de force, utilise la violence non pas
pour vaincre ou gagner la guerre12(*), mais, pour déstabiliser, faire vaciller.
Les principes qui s'appliquaient aux guerres classiques ne
trouvent plus leur champ d'expression aujourd'hui. Dans ce schéma
anachronique, désuet et obsolète, il était légitime
de penser quel victoire décisive appartiendrait au plus fort, ou
à force égale, au plus déterminé, ou encore
à détermination égale, à celui qui saisirait
l'initiative et la surprise. Dans cette logique, les lois s'appliquaient
invariablement à tous les protagonistes, ce qui n'est plus le cas
aujourd'hui. Car, nos forces armées sont engagées dans
« les guerres contre-insurrection »13(*) (COIN). Ces nouveaux conflits
sont rendus complexes par leur caractère irrégulier, l'immixtion
du fait religieux ou ethnique et culturel, l'omniprésence des
organisations criminelles, les manoeuvres des entrepreneurs politiques.
C'est dans la logique des développements
précédents que s'inscrit l'objet de notre étude.
L'objectif est la recherche de nouvelles stratégies pour rendre plus
efficace l'action des forces armées nationales dans les conflits
modernes d'une manière générale, dans la lutte contre les
groupes terroristes d'une manière particulière.
1.2.
DELIMITATION DE L'ETUDE
Construire un objet de recherche en sciences sociales stipule
de faire une délimitation au préalable du champ d'étude.
Cette opération permet au chercheur non seulement de ne pas
s'égarer dans un océan de recherches, mais, elle offre aussi une
possibilité de vérification des hypothèses de recherche.
Ainsi, dans le cas d'espèce, la délimitation du cadre de notre
étude nous permet de fixer les bornes spatiales (a) et temporelles (b)
à l'intérieur desquelles va se mobiliser notre
réflexion.
a -
Délimitation spatiale
L'espace dans lequel nous proposons
d'étudier les difficultés des armées nationales à
lutter contre le terrorisme est, les théâtres majeurs de lutte
contre le terrorisme (l'Afghanistan, le Sahel, le bassin du lac Tchad, etc.).
Notre étude sera focalisée d'une manière
particulière, sur le conflit que mène l'armée camerounaise
contre le groupe terroriste Boko Haram. Cette délimitation nous permet
de voir et de comprendre, les difficultés que rencontrent les forces
armées nationales dans les combats antiterroristes. Dans ce sens, elle
nous permet d'envisager de nouvelles stratégies pour améliorer
l'efficacité de l'action militaire dans les conflits modernes.
b - La
délimitation temporelle
La délimitation temporelle est
nécessaire pour se situer dans un espace-temps bien
déterminé. Etant donné qu'il est difficile, voire,
impossible, d'étudier un objet ou un fait social dans une période
indéfinie. Il convient de circonscrire son objet d'étude dans un
espace-temps. C'est dans cette logique que les hypothèses peuvent
être vérifiées. Par conséquent, dans le cas
d'espèce, la délimitation temporelle s'articule autour de deux
bornes principales à savoir : la borne inférieure 2001 et la
borne supérieure 2016.
Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le monde est
entré dans un cycle de violence sans précédent,
marqué par, une globalisation des activités terroristes et une
vaste campagne de lutte anti-terroriste. Elle marque également un
tournant majeur dans les conflits modernes, notamment dans la lutte contre les
organisations terroristes par les armées nationales. Dans ce sens, cette
année marque le début d'une intense activité terroriste
dans le monde, et une forte mobilisation internationale dans le contre
terrorisme.
Le choix de l'année 2016, comme borne
supérieure dans le cadre de notre étude, se justifie par le fait,
qu'elle nous permet d'observer les dynamiques de la lutte antiterroriste par
les forces armées nationales dans le monde. Cette observation sera
accentuée d'une manière particulière sur les dynamiques de
la lutte contre Boko Haram par l'armée camerounaise. En effet, cette
année marque également une certaine diminution de
l'intensité des activités terroristes de Boko Haram dans le
bassin du lac Tchad, notamment au Cameroun.
1.3. INTERET
S'il est évident que la science se veut d'abord
cumulative. Il reste que tout travail scientifique doit être singulier et
particulier. Ainsi, il doit contribuer au progrès et au
développement de la science. A ce titre, notre travail est porteur d'un
intérêt à plusieurs volets justifiant ainsi le
crédit à lui apporter.
1.3.1.
Intérêt scientifique
L'intérêt scientifique d'un travail de recherche
peut-être considéré comme, l'apport qu'un fait social
étudié, ajoute à la science. Dans le cas de notre
étude, l'intérêt scientifique réside dans le fait
qu'il se veut une contribution à la problématique portant sur
l'efficacité de l'action des forces l'action militaire dans la lutte
contre les acteurs irréguliers en général, les
organisation terroristes en particulier. La menace terroriste dans le monde,
est devenue très préoccupante. Il se pose donc, l'enjeu et le
défi de trouver de nouvelles stratégies pour rendre efficace
l'action des forces armées dans les combats qui les opposent aux
organisations terroristes. Dans cette logique, notre étude entend se
focaliser sur l'analyse des difficultés que rencontrent les forces
armées nationales, dans la conduite des opérations militaires
antiterroristes. Cette étude nous permet donc de comprendre et de saisir
les obstacles qui ne favorisent pas aux forces armées de remporter
facilement la décision dans ces nouveaux conflits irréguliers.
Dans le même sens, faire une étude prospective pour un
renforcement des capacités opérationnelles des armées
nationales à lutter efficacement contre ces mouvements terroristes.
1.3.2.
Intérêt stratégico-politique
Partant de la prise en compte des enjeux et des défis
des autorités politique et militaire, pour la définition d'une
politique de défense et de sécurité efficace face aux
nouveaux engagements auxquels les forces armées nationales sont
appelées à faire face, afin de garantir la paix, la
défense et la sécurité de leur nation. Le monde est
confronté aux différents éléments
déstabilisateurs, des rivalités entre acteurs dont les
intérêts divergent les uns des autres, les régimes
dictatoriaux, la pauvreté endémique dans certains coins du monde,
l'insatisfaction économico-sociale et les faiblesses
opérationnelles des forces armées nationales dans certains pays.
Si les acteurs majeurs de la scène internationale ont des ambitions
géopolitiques dans la lutte contre le terrorisme international. Les
puissances mineures de la scène internationale, participent
également à ce jeu d'influence et de positionnement dans le cadre
de la lutte globale contre le terrorisme. Les groupes terroristes participent
aussi à ce jeu d'intérêts et de positionnement. Cette
étude nous permet donc, de comprendre l'intérêt
porté par la lutte globale contre le terrorisme, et de ce fait,
comprendre les difficultés que rencontrent les forces armées
nationales dans la lutte contre les organisations terroristes.
1.3.3.
Intérêt social
L'intérêt social de ce travail réside sur
le fondement et la construction multidimensionnelle du retour à la paix,
à la sécurité et à un développement
intégré et inclusif dans les pays confrontés aux
activités terroristes. Ceci, à travers,
l'opérationnalisation et l'efficacité de l'action des forces
armées nationales des pays engagés dans l'antiterrorisme en
général, au Cameroun en particulier. Il permet donc de comprendre
les déterminants sociaux en vue d'opérer un réel
changement dans la conduite des opérations militaires antiterroristes.
Ainsi, la viabilité et la prospérité suivront dans ces
pays, ainsi que la stabilité globale sera une donnée
réelle pour les Etats confrontés aux activités
terroristes.
1.4. CLARIFICATION
CONCEPTUELLE
Dans le cadre de ce travail de recherche, nous nous limiterons
à la clarification des termes-clés de notre recherche à
savoir : Difficultés, Armée Nationale, Lutte, Terrorisme.
1- Difficultés
Selon le Grand Larousse Illustré 2016, une
difficulté est le caractère de ce qui est difficile ; chose
qui embarrasse ; empêchement ; un obstacle. Dans le cas
d'espèce les difficultés ici sont un ensemble d'obstacles que
rencontrent les acteurs en charge de la défense des Etats dans la lutte
contre cette nouvelle forme de menace qu'est le terrorisme islamiste. Les
difficultés peuvent également être comprises ici comme tout
empêchement qui réduit l'efficacité de l'action des forces
armées dans la lutte contre les mouvements terroristes.
2-Armées Nationales
Le terme « Armée » vient du latin
« armada ». A l'origine, il signifie l'armement des
navires, d'où le nom espagnol armada : flotte, armée de mer.
Par analogie et par dérogation, on la désigné, sous le
vocable d'armée, l'armée de terre, la marine prenant le nom de
flotte de guerre, flotte de commerce, etc. Tout Etat indépendant et
souverain, à l'exception de certains au statut particulier (Vatican,
Suisse etc.), dispose des Forces Armées. Ainsi, celles-ci sont
restées pendant longtemps le symbole premier de la
souveraineté.
L'armée est un ensemble des forces militaires d'un
pays, rassemblées entrainées, structurées de façon
à entreprendre des manoeuvres guerrières à
caractère offensif (conquête de territoire ennemi) ou
défensif. Selon le lexique de science politique, une armée se
définit comme étant « l'ensemble des forces
militaires d'un Etat destinées à la défense du territoire
et à la mobilisation dans les conflits externes (guerres,
opérations de maintien de la paix, soutiens à certains
régimes alliés...). L'armée peut également
être mobilisée dans le cadre des opérations internes de
maintien de l'ordre ou de répression, en particulier dans les
régimes militaires où la sécurité civile est sous
la dépendance des militaires »14(*).
Marc Frontier15(*) définit une armée comme un
rassemblement de corps de troupe prêt à faire la guerre.
Aujourd'hui elle est comprise comme un service public, qui a pour mission
d'assurer la protection des intérêts d'un Etat. Dès lors,
les armées comme forces de défense en générale,
considérées comme force à politique dirigée par le
pouvoir civil. Dans cette perspective, un militaire est un membre d'une
« armée régulière »,
c'est-à-dire, instituée officiellement au sein d'un Etat.
Dominique Bangoura16(*), toute armée se conçoit comme une
organisation d'hommes élaborée conjointement à un
système d'armes en vue d'assurer la défense de
l'intégrité territoriale, des institutions librement choisies
ainsi que la vie et la survie des populations. En général,
l'armée participe également à la mise en oeuvre de l'ordre
politique, publique : politique étrangère,
sécurité intérieure, sécurité civile,
santé publique, sauvegarde maritime, protection de l'environnement
etc.
Dans son sens plus général, le terme
« Armée » s'applique aux moyens dont dispose un
Etat, un peuple, une collectivité sociale, politique, religieuse ou
économique. Ces moyens comprennent des effectifs organisés,
hiérarchisés, armés, équipés,
administrés et militairement instruits. Leur fin est d'imposer la
volonté de l'autorité supérieure par la force ou la menace
de son exercice, soit à l'extérieur des territoires mouvants ou
fixés, de la collectivité considérée17(*). Dans un sens plus restrictif,
le terme d'armée s'applique aussi à une fraction importante de
l'ensemble des moyens militaires destinés à la défense,
d'une frontière, d'une région, ou à l'exécution
d'une mission stratégique sur un théâtre d'opération
déterminé.
Dans certains pays, l'armée regroupe les forces
spécialement ayant pour mission la sécurité
intérieure ou la police. Elle comprend alors des forces de gendarmerie
ou des forces paramilitaires (garde-frontières, garde-côtes,
sapeurs-pompiers...).
Les structures de l'armée, son volume et son
évolution ont varié au cours des périodes historiques. On
distingue plusieurs types d'armées (les armées nationales,
les milices, les armées fédérales, les armées
permanentes, les armées des mercenaires ou de métier,
armée du salut). En clair ces appellations ne s'excluent pas les
unes des autres : les mercenaires sont des gens de métier, mais une
armée de métier peut être nationale par son
recrutement ; une certaine organisation des milices constitue parfois une
armée semi-permanente ; (l'armée Suisse au cours des deux
guerres mondiales), alors que les armées féodales par nature, ne
sont pas permanentes, mais rassemblées occasionnellement, pour de
courtes périodes.
Le type d'armée qui nous intéresse ici est
l' « Armée nationale ». Par la
notion d'armée nationale on sous-entend le recrutement des nationaux au
niveau national et la participation consciente du peuple à
l'égard de l'armée. Le terme : Armée
nationale est repris aux temps modernes lorsque le recrutement fait
appel aux citoyens d'un même Etat. C'est surtout la révolution
française de 1789 qui instaura avec le service militaire obligatoire, la
mise en oeuvre des Armées nationales qui connaîtront leur
apogée lors des deux grandes guerres18(*).
Selon Alain Didier Olinga, considère que l'armée
a pour mission première la défense de la patrie contre les
atteintes à son indépendance et à sa patrie19(*). Le rôle fondamental
d'une armée dans un Etat est de prévenir le corps social de
toutes les menaces qui pourraient porter atteintes non-seulement à
l'intégrité territoriale et au patrimoine reçu et aussi
d'extirper de la nation les menaces susceptibles de porter atteintes à
la volonté du vivre ensemble. Toutefois, l'atteinte de ses missions
passe par une bonne identification des pesanteurs en termes de
vulnérabilités susceptibles de mettre la nation en
péril.
Dans notre analyse, les armées nationales auront un
double sens : celui d'un outil de défense, préparé
à la guerre conventionnelle pour la défense des
intérêts de l'Etat ; et celui d'un outil de maintien et de
sanctuarisation de l'espace national contre tout ennemi extérieur ou
intérieur.
3-Lutte
Le Grand Larousse Illustré 2016,
définit la lutte comme un affrontement entre deux personnes, deux
groupes dont chacun cherche, s'efforce à faire triompher sa cause.
Dans le cas d'espèce, la lutte est un choc entre deux volontés
opposées (les entités étatiques contre les mouvements
terroristes) cherchant à imposer à l'autre sa volonté.
Elle peut également être considérée ici comme, une
confrontation qui oppose les forces armées et les organisations
terroristes.
4-Terrorisme
Le terrorisme est considéré comme l'une des plus
grandes menaces du 21ème siècle20(*). Mais, il faut relever que le
terrorisme n'est pas un phénomène nouveau, il est tout aussi
ancien que la guerre. Il a été attesté en 1792 pour
désigner la doctrine des partisans de la terreur remontant
à la révolution française. Celui-ci remonte au
11e siècle par la « sacralisation de la
violence » causé la mort pour la cause de Dieu (la
terreur sacrée). Autrefois, la terreur faisait peur on tuait des gens en
raison de leur insoumission à un régime autoritaire établi
et sans leur consentement. On a ensuite utilisé le terrorisme pour
manifester son rejet du colonialisme, afin d'oeuvrer pour l'indépendance
de son pays (le cas de l'Afrique du Sud dans les années 80 dans la lutte
contre le régime d'Apartheid).
C'est à la suite de cet épisode historique que
le terrorisme a été forgé pour désigner un
régime de terreur, pour la plupart des auteurs étudiant le
phénomène terroriste, entre autre Armand Blin et Gérard
Challiand, Bruce Hoffman et Walter Laqueur etc. L'usage de la terreur à
des fins politiques existait déjà. Pourtant, depuis les
années 70, la problématique « terroriste » a
vu une ample littérature et se hisse de nos jours au sommet des
préoccupations mondiales. De par l'abondante littérature
consacrée à la notion du terrorisme, les auteurs ne s'accordent
pas sur une définition universelle du terrorisme. Il est donc
extrêmement compliqué de trouver une définition qui fait
consensus entre les acteurs.
La définition du terrorisme donne bien à des
désaccords. Cela parait lorsqu'une personne est qualifiée de
terroriste par certains et honorée par d'autres comme étant un
combattant de la liberté. Les efforts en vue de trouver une
définition universellement acceptable pour tous se heurtent toujours
à deux points de vue : l'inclusion du «terrorisme d'Etat
et la demande d'exclusion du recours à la force visant à la
libération nationale effectué dans le cadre du droit à
l'auto-détermination »21(*). C'est dans ce sens que Brian Jenskins
souligne que : « ce qu'on appelle terrorisme semble donc
dépendre du point de vue de celui qui emploie le terme. L'usage du terme
implique un jugement moral, et si une partie réussit à attacher
le label terroriste à la partie opposée, c'est qu'elle est
directement parvenue à persuader les autres d'adopter son point de
vue »22(*).
Isabelle Soumier quant à elle affirme que : «
l'étiquette terroriste jette l'anathème, elle renvoie
à l'inacceptable »23(*). Le concept reste encore flou du fait de la
nature des actions terroristes, les mobiles, les moyens utilisés et les
cibles pluriels et divers. En plus, il pose la question entre l'acte politique
(le but recherché) et la terreur (le moyen), celle de la violence
légitime (supposée exercée par les Etats) et
illégitime (exercée par les individus organisés en
réseaux ou solitaire, ou des organisations non étatiques
sub-nationales) et celle du comportement éthique (le lâchage de la
bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki est-il plus éthique que les
attentats terroristes du septembre 2011 ?), et celle du public principal
(la cible de l'acte terroriste est-elle la véritable cible ? La
véritable cible n'est-elle pas un gouvernement, une Organisation
Internationale, ou l'opinion internationale que l'on cherche souvent à
atteindre, à informer ou à influencer ?)24(*). Cet ensemble
d'incompréhensions sur la notion du terrorisme pour autant ne nous fait
dire qu'il n'y a aucune définition du terrorisme ? Les auteurs
n'ont-ils pas essayé de définir cette notion ? N'existe-t-il
pas des définitions sur la notion du terrorisme ?
En effet, ce que nous considérons comme terrorisme
n'est rien d'autre qu'une tactique de combat. L'arme du
« faible » contre le « fort »25(*), dans le cadre d'une
conflictualité asymétrique, où le faible fait usage de
cette tactique de combat pour contourner la force arsenalisée du fort.
Le terrorisme a donc pour but de conférer la puissance et les avantages
tactiques à des acteurs qui en seraient dépourvus s'ils entraient
en confrontation directe de nature symétrique avec une armée
régulière26(*). Le terrorisme apparait donc comme une approche, une
technique guerrière, une catégorie conflictuelle qui
relève des stratégies indirectes, irrégulières ou
des stratégies alternatives.
C'est en tant que méthode de combat qu'Alex Smitt et
Albert Jongman le définissent comme, « une méthode
rejetée d'actions violentes inspirant l'anxiété, la peur
et qui est employée par des individus, des groupes (semi) clandestins ou
des acteurs étatiques pour des raisons particulières,
criminelles ou politiques ou au contraire de l'assassinat. La cible initiale de
l'acte de violence est généralement choisie au hasard
(opportunité) ou de manière sélective (symbolisme), parmi
une population donnée et sert à propager le
message...»27(*). Cette définition recoupe largement celle
de Marie Balancier, pour elle, le terrorisme est « une
séquence d'actes de violence dument planifiés et fortement
médiatisés, en prenant délibérément pour
cible les objectifs non-militaires afin de créer un climat de peur et
d'insécurité, d'impressionner une population et d'influencer ses
décideurs, dans le but de modifier les processus décisionnels
(céder, négocier, payer, libérer, réprimer) et
satisfaire des objectifs (politiques, économiques, criminels)
préalablement définies »28(*).
Pour Arnaud Blin, « un acte de terroriste est un
acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un
appareil politique, où les effets psychologiques recherchés sont
inversement proportionnels, mais non exclusifs à la population
civile »29(*).
L'Union Européenne (UE) à travers la loi européenne
adoptée le 06 décembre 2001 s'accorde sur une définition
commune sur le délit de terrorisme. Ainsi, sont qualifiés de
terroristes, les actes commis « dans le but de gravement intimider une
population ou de contraindre indument les pouvoirs publics ou une organisation
internationale à accomplir un acte quelconque ou gravement
déstabiliser ou détruire les structures fondamentales,
politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d'un pays ou
d'une organisation internationale ».
Ainsi, comme nous l'avons souligné plus haut, l'examen
de cette abondante littérature sur la notion du terrorisme illustre
à suffisance la grande difficulté qu'il y'a à asseoir une
définition consensuelle de la notion du terrorisme. Par
conséquent, elle illustre l'urgence et le défi de s'accorder sur
une définition universelle du terrorisme. Afin que les nations puissent
adresser et appliquer les mesures de contre terrorisme et d'antiterrorisme.
1.5. REVUE DE LITTERATURE
La montée en puissance des mouvements terroristes ces
dernières années dans le Proche et le Moyen Orient sous
l'impulsion d'Al-Qaïda et de l'EI ont étendu leur influence dans
l'ensemble des groupes terroristes qui pullulent dans le reste du monde entier
notamment dans le continent africains. Les groupes terroristes impulsés
par un islamisme messianique, ont déporté la violence dans le
monde en bouleversant les doctrines militaro-stratégiques en
matière de défense et de sécurité. Cette situation
est à l'origine de l'émergence d'une abondance littérature
ayant une relation directe avec les questions de défense et de
sécurité nationale des Etats à l'aune de la
prolifération du terrorisme.
Le point d'ancrage de ces travaux repose sur la
problématique liée à la menace terroriste sus
évoquée, et surtout sur les politiques de défense
déployées pour y faire face. La porosité aggravée
des frontières nationales des Etats, les fragilités des
systèmes politiques des Etats, les faiblesses opérationnelles des
armées nationales, la montée en puissance de l'extrémisme
religieux, l'inadaptation de la force militaire dans la conduite des
opérations antiterroristes, la lutte pour les intérêts
géopolitiques entre les grandes puissances occidentales favorisent la
montée en puissance et de la contagion terroriste dans le monde. Les
stratégies prises sur le plan national, régional et international
pour contenir le terrorisme transnational restent insuffisantes et inefficaces.
Se sont là le centre de gravité des travaux émergents
liés à la problématique sur les difficultés des
forces armées nationales à lutter contre les groupes terroristes.
L'évaluation des stratégies déployées sur le plan
militaire pour juguler cette menace terroriste est le point d'orgue de ces
travaux.
Au regard de cette situation inquiétante, l'on peut se
demander : comment faire pour lutter efficacement contre les groupes
terroristes ? Quelles stratégies adoptées pour rendre efficace
l'action des force armées nationales contre les mouvements
terroristes ? Comment utiliser avantageusement la force armée
contre les groupes armés terroristes qui pullulent dans le monde ?
C'est cet ensemble de questionnements que se posent les acteurs et les experts
s'intéressant à la problématique sur l'efficacité
de l'action des forces armées nationales dans la lutte contre le
terrorisme. Ces différents travaux illustrent une prise de conscience de
la communauté épistémique, et tend tant bien que mal
à trouver des réponses appropriées, sans toutefois
parvenir à une solution efficace et définitive.
Il ne faut donc pas s'étonner si
l'intérêt porté par la recherche sur l'efficacité de
l'action des forces armées nationales dans la lutte contre le terrorisme
en général, les forces armées camerounaises en particulier
n'est que dans une pente ascendante. Ce nouvel intérêt peut
d'abord s'expliquer par le fait que, la problématique sur
l'efficacité de l'action des forces armées contre les
organisations terroristes constitue l'un des aspects, sinon le plus important
sur lequel le monde est résolument tourné aujourd'hui. D'autre
part, la construction des politiques pour endiguer le phénomène
terroriste amène les Etats à accorder une importance de plus en
plus accrue à cette forme de menace.
De la littérature éparse et parcellaire
publiée sur la question des difficultés des armées
nationales à lutter contre les mouvements terroristes en
général, sur celles que rencontre l'armée camerounaise
dans la lutte contre Boko Haram en particulier. On retient deux principales
tendances dans cette problématique, quoique reparties de façon
inégale. La première tendance repose sur une approche
militaro-pessimiste.
Dans ce sens, Cyrille Caron dans ses travaux, présente
les défis des nouveaux engagements des forces armées
régulières occidentales dans les conflits dits
« asymétriques ». L'auteur fait une analyse sur les
difficultés auxquelles les armées régulières font
face dans les nouveaux conflits, notamment dans la lutte contre le
terrorisme30(*). Il
présente la supériorité technologique et militaire qui est
gage d'une victoire militaire certaine dans le cadre d'un conflit
conventionnel. Mais, dans un conflit irrégulier celle-ci peut constituer
un désavantage. Pour lui, « Les armements des
armées régulières sont conçus pour un emploi
coordonné, voire, groupé. Ils deviennent vulnérables
dès qu'ils sont isolés, particulièrement si les combats
ont lieu en milieu urbain, qui cloisonne les unités, leur fait perdre le
contact entre elles, donc désorganisent la coordination des actions et
les contraints à des engagements de courte portée
»31(*). La
nature ambigüe des enjeux entre les acteurs dans ces conflits
complexifient même l'action des forces armées
régulières. Ainsi, la guerre asymétrique
« nous montre désormais que nous sommes
désarmés et que nous pouvons perdre »32(*).
Le général Vincent Desportes quant à lui
dans ses travaux, construit son analyse sur les difficultés que les
armées occidentales ont rencontré sur les différents
théâtres où elles ont été engagées
depuis la fin des de la seconde guerre mondiale. Pour faire émerger une
problématique claire : est-il encore possible aujourd'hui pour
elles de gagner une guerre33(*) ? Vincent Desportes fait une observation, sur la
grande coalition des forces armées occidentales dans les guerres d'Iraq
et d'Afghanistan. De là, il se dégage un constat d'échec,
sur le fait que, ces forces, avec des moyens militaires colossaux, ne
parviennent dans la difficulté qu'à des résultats
tactiques ambigus face à quelques milliers d'insurgés. Pour lui,
« la lecture historique des deux siècles derniers de
conflictualité n'incite pas à l'optimisme. Quel que soit
l'habilité tactique de leurs forces armées, les Etats occidentaux
semblent progressivement perdre un de leurs avantages comparatifs essentiels,
celui de leur capacité à imposer leurs visions et valeurs, par la
force »34(*).
Cette situation est due à la faiblesse des
sociétés avancées. Ces conflits sont
caractérisés par, la dissymétrie des enjeux qui favorise
le faible, la dissymétrie des comportements dans la conduite des
opérations militaires et la dévalorisation des avantages
comparatifs des armées occidentales (dévalorisation de la
puissance, dévalorisation de la capacité de destruction,
dévalorisation de la technologie). Pour Desportes, dans les conflits
modernes, il y'a une émergence d'avantages nouveaux pour
l'adversaire à savoir : des rapports au temps et à
l'espace favorisent le faible, l'adversaire connait désormais
« l'Autre » et s'adapte de plus en plus vite. Pour lui, les
conflits contemporains seront toujours difficiles parce que, ces contraintes
permettront difficilement de respecter les principes classiques de la guerre.
Dans ce sens, gagner « les guerres probables »35(*) devient improbable.
Messinga Ernest Claude dans ses travaux sur les Forces
Armées Camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la
sécurité, s'interroge sur l'efficacité des mesures
mises en place pour parer aux nouvelles formes de menaces dont le pays fait
face. Ainsi, il fonde son analyse sur l'étude des systèmes de
défense à travers les performances de l'armée
camerounaise, et de sa capacité à pouvoir gérer ces
menaces. Selon lui, ces menaces plus difficiles à prévoir,
à parer et à évaluer, peuvent avoir des
conséquences graves dans la vie des Etats. En réalité, le
monde part d'une menace principale, conventionnelle et identifiée,
à une prolifération de menaces diffuses et hybrides36(*). Il s'interroge sur le fait de
savoir, si la politique de défense camerounaise est à mesure de
circonscrire avec pertinence les nouvelles menaces à la
sécurité et d'y réagir efficacement ? Pour l'auteur,
le dispositif camerounais de défense nationale semble avoir
été formulé pour répondre aux menaces
conventionnelles et ne parait pas, en conséquence, suffisamment
outillé pour riposter aux nouvelles menaces en dehors d'une modification
de ses cadres d'action. Il fait ainsi une évaluation de la politique de
défense camerounaise face à l'émergence de nouvelles
menaces transnationales. Pour Messinga, les forces armées camerounaises
devraient s'ajuster, pour s'adapter aux fortes évolutions
sociétales et géostratégiques relevant de la
conceptualisation institutionnelle et générale des menaces,
indispensable pour la définition de la doctrine d'emploi des forces et
son adéquation aux nouvelles menaces37(*).
Pour Mouaha-Bell Stans38(*), l'inefficacité apparente des forces
armées nationales africaines dans leurs nouveaux engagements doit
toutefois être relativisée. Car, les forces armées
africaines font désormais face à des organisations
non-étatiques, où les ressorts du conflit sont
asymétriques, et ceci renforce singulièrement le sentiment
d'inefficacité auprès des opinions publiques nationales et
internationales. L'auteur préconise par conséquent, une coalition
judicieusement articulée, par une meilleure définition des
objectifs dans le cadre d'une action coalisée de soutien à la
paix.
Pour Boubacar Diallo, « la dépendance
économique et politique des Etats de l'Afrique fragilise les
capacités opérationnelles des armées
nationales »39(*)et de ce fait, ces armées manquent
d'efficacité dans la lutte contre les acteurs sub-étatiques,
notamment les groupes armés terroristes. Laurence Aida Ammour, pour sa
part, la coopération sécuritaire entre les pays transfrontaliers
du Sahel reste éclatée et individualisée. Elle est
caractérisée par une méfiance réciproque qui
grève l'édification d'une stratégie commune allant dans le
sens de la lutte contre les groupes armés terroristes dans la
région40(*). C'est
dans ce même sens qu'aborde la pensée de Pauline Guibaud. Elle
déplore le cas défectueux de la coopération
sécuritaire entre les pays de la ligne de front engagés dans la
lutte contre Boko Haram41(*). Celle-ci est matérialisée par des
méfiances réciproques entre les forces engagées dans
l'anti-Boko Haram. Cette situation a pour corolaire, l'amenuisement des
performances des forces engagées sur le terrain.
Mbia Yebega Germain-Hervé quant à lui
présente le terrorisme comme un enjeu de sécurité majeur
dans la région Afrique Centrale. Cette menace terroriste est
véhiculée par le groupe terroriste Boko Haram. Cette menace met
particulièrement à l'épreuve le dispositif
sécuritaire du Tchad et du Cameroun dans leur double fonction de
préservation de la stabilité interne et de protection contre les
menaces externes42(*).
L'auteur fait donc une évaluation des mesures prises pour contenir la
menace terroriste de Boko Haram dans la sous-région en
générale, notamment au Cameroun et au Tchad. Au regard de ces
mesures prises sur le plan militaire, pour Mbia Yebega la menace terroriste
persiste, ceci à cause d'une différence de perception de la
menace par chacun des pays de la sous-région. Les contraintes et les
tensions de politiques intérieures et les dynamiques
d'intégration régionale, la corruption au sein des forces
armées nationales constituent un élément
révélateur du désengagement des militaires au front. A cet
effet, ces éléments rendent inefficace l'action des militaires
engagés dans la lutte contre Boko Haram.
Wulson Mvomo Ela, dans ses travaux, présente le
continent africain comme un théâtre pertinent dans la
géostratégie du terrorisme. A partir des attentats terroristes
survenus à Dar es Salam et à Nairobi dans les années 90 et
la montée en puissance des groupes terroristes à l'instar de l'ex
Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui devient
AQMI en 2007, sur le sol africain. Cette situation suscite une forte
réaction de contre terrorisme de la part de la communauté de
défense et de sécurité des Etats de l'Afrique
Subsaharienne et de leurs partenaires internationaux43(*). Pour l'auteur, les forces de
défense des pays d'Afrique Subsaharienne présentent des
avantages, mais, malgré ces avantages celles-ci ne gagnent pas en
efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi, le professeur
Mvomo Ela relève que cette situation est due à la conception, ou
à la création même des forces de défense. Celles-ci
ont été créées pour faire face aux menaces
conventionnelles interétatiques, aux guerres conventionnelles au sens
Clausewitzien du terme. De ce fait, le terrorisme lui relève des
conflits irréguliers et asymétriques.
Dans ce sens, les forces armées éprouvent des
difficultés dans le cadre de cette lutte. Ces difficultés sont
sur le plan stratégique, où il y'a un problème sur la
compréhension de l'ennemi, d'objectivation stratégique et la
complexité des enjeux. Ce qui pose donc un problème sur la
conception d'une stratégie adéquate de contre terrorisme. Elles
éprouvent également des difficultés sur le plan
opérationnel, face à un ennemi mobile et difficile à
cerner. Pour l'auteur, la supériorité des forces armées
d'Afrique Subsaharienne de loin, mieux équipées, mieux
organisées face à un ennemi insaisissable mobile, tombent
facilement sous le coup d'infériorité stratégique qui les
rend incapable d'assurer une victoire décisive. C'est dans le même
sens que Jean-Eudes Biem déplore les faiblesses institutionnelles et les
carences d'une stratégie globale entre les pays de la ligne de front
engagés dans la lutte contre le groupuscule Boko Haram44(*).
Georges Bergezan quant à lui dans son article sur
« Eradiquer Boko Haram : Acteurs multiples résultats
incertains »45(*), ressort les causes de la prolifération de
Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et les facteurs de revers subis par
l'armée nigériane face aux insurgés. Pour l'auteur, ces
revers sont dus à plusieurs facteurs, notamment, à une corruption
très rependue à divers échelons de l'appareil militaire
nigérian, l'impopularité de l'armée nigériane dans
le nord, des réalités au sein de la hiérarchie militaire,
des effectifs trop peu nombreux sur le terrain et leur infiltration par les
militants de la secte terroriste.
A ce niveau, nous pouvons dire que, les travaux de cette
tendance ont le mérite de relever le fait que les mesures militaires
mises en place pour pallier à la menace terroriste ne sont pas toujours
adaptées à la nature de la menace. Elle a aussi su relever la
nature des difficultés que rencontrent les forces armées
nationales dans les combats qui les opposent aux terroristes. Ces
difficultés sont d'ordre stratégique, tactique et
opérationnel. Mais à quelques égards, nous tenons ici
à souligner que, cette tendance relève certes certains points
importants sus élaborés. Mais, elle omet le fait que, les
difficultés des armées nationales à lutter contre le
terrorisme sont propres à chaque armée et spécifiques
à chaque théâtre d'opération. A cet effet, les
forces armées nationales tendent de plus en plus à se
professionnaliser pour mieux adapter leur cadre d'action dans les combats
irréguliers, par la création des unités
spécialisées dans les conflits de basses intensités et
dans la lutte contre le terrorisme. C'est dans ce sens que nous constatons que
le Cameroun s'implique de plus en plus dans la modernisation de son outil de
défense par la création des unités spéciales, pour
répondre à la nature hybride des conflits modernes. Étant
donné qu'une armée ne peut palier toute seule au terrorisme. Les
forces armées nationales s'investissent à combattre le terrorisme
dans des coalitions, avec une interopérabilité entre les
armées et les forces de sécurité et le soutien local. Car,
le terrorisme est une menace globale qui nécessite une riposte
globale.
La deuxième tendance repose sur une approche
militaro-optimiste dans la lutte contre le terrorisme par les forces
armées nationales, pour laquelle l'efficacité de celles-ci est un
enjeu majeur pour la sécurité globale. Cette approche vise
à implémenter de nouvelles stratégies pour les forces
armées nationales dans la lutte contre les terroristes, afin de
promouvoir la paix, la sécurité et le développement dans
le monde en général, en Afrique en particulier.
Ainsi, pour Honoré Lucien Nombre46(*), le terrorisme contemporain
est un phénomène qui fait peser de graves menaces sur la paix et
la sécurité collective, par le recours systématique
à la violence armée par celui-ci. De ce fait, il présente
« la guerre contre le terrorisme » comme faisant partie
« des guerres asymétriques ». A cet effet, Lucien
Nombre fait d'abord le distingo entre une guerre conventionnelle ou
symétrique (guerre opposant des adversaires qui sont comparables du
point de vue des moyens humains, des infrastructures et des équipements
militaires). Dans ce type de conflit, les forces en présence s'appuient
sur les raisonnements similaires pour atteindre les objectifs de même
nature. La victoire dans ce cas revient à celui qui obtient la
supériorité sur le terrain. La guerre asymétrique quant
à elle est une guerre qui oppose les adversaires qui ont des
organisations, des stratégies, des tactiques et des valeurs
différentes. Il fait donc une analyse prospective sur les défis
de l'option militaire dans la lutte contre le terrorisme sur le continent
africain. Pour lui, les défis de l'option militaire dans la lutte contre
le terrorisme sont liés à la planification et à la
conduite même de la guerre asymétrique dans le contexte africain.
Pour Nombre, il s'agit de relever quatre défis à savoir :
la vision commune, la formation, l'équipement et le soutien
logistique.
Jean-Eudes Biem47(*) quant à lui, dans ses travaux sur la lutte
contre le terrorisme de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, met en exergue
le défi de « comprendre la menace pour mieux la
combattre ». Pour lui, il s'agit d'une clarification
opérationnelle et de l'identification de la menace terroriste.
Jean-Eudes Biem souligne également que, la stratégie globale
n'est pas seulement militaire. Il faut prendre en compte le statut
polémologique et l'emprise territoriale du mouvement terroriste. A ce
titre, il préconise des perspectives d'une mise en oeuvre
renforcée et coordonnée de la stratégie globale contre le
terrorisme en Afrique Centrale. Ces perspectives se résument en quatre
piliers : les mesures pour adresser les conditions favorables à
l'expansion du terrorisme ; les mesures pour prévenir et combattre
le terrorisme ; le développement capacitaire et institutionnel de
l'Etat en collaboration avec les Nations Unies et le respect des Droits de
l'Homme dans la lutte contre le terrorisme. Cette approche globale dans la
lutte contre le terrorisme va en droite ligne avec le nouveau concept onusien
des gestions civiles et militaires appelé « théorie en
3D », associant,
« Défense-Développement-Démocratie »48(*).
Mfoula Edjomo Marie Thérèse Chantal49(*)pour sa part, met en exergue
sur le fait que, l'Afrique est le continent l'un des continents les plus
affectés par les crises et les conflits. Face à cette situation,
bon nombre d'initiatives de développement et de lutte contre la
pauvreté font face à la permanence des violences
socio-politiques, militaires. A ces menaces s'ajoutent d'autres menaces
transversales (piraterie maritime, trafic des stupéfiants, des
êtres humains, braconnage et autres actes de criminalité
transnationale...). Ces nouvelles formes de conflictualité, sources
d'insécurité plus insidieuses et moins prévisibles, ont
succédé aux conflits traditionnels et aux guerres civiles et sont
susceptibles de fragiliser encore les Etats africains. Cette situation est
l'oeuvre des groupes terroristes dont les plus actifs sont : AQMI, MUJAO,
El Shebab, EI, Boko Haram. Pour l'auteur, s'agissant du cas de Boko Haram, sa
montée en puissance au Nigéria, s'est étendu dans les pays
voisins, dont le Cameroun. Face à la régionalisation de cette
menace transversale, la construction d'une réponse adaptée,
donnant encore plus de place à la coordination, à la
complémentarité et à la cohérence des politiques et
des actions c'est avérée nécessaire50(*).
Ainsi, Mfoula Edjomo se propose de s'appesantir sur
l'évaluation de la mobilisation sous-régionale, continentale et
internationale dans la lutte contre le terrorisme de Boko Haram. Cette
mobilisation s'est résumée par une mutualisation des efforts
UA-UE-ONU contre Boko Haram. Pour l'auteur, cette mobilisation qui
relève d'une stratégie globale de la lutte contre Boko Haram, a
eu des résultats probants sur le théâtre
d'opérations. Et a permis dans une certaine mesure de circonscrire cette
menace terroriste. Le professeur Wullson Mvomo Ela51(*)pour sa part articule sa
pensée dans la lutte contre le terrorisme en Afrique Subsaharienne. Il
part d'un double questionnement sur la pertinence du continent africain comme
un théâtre pertinent dans la géostratégie du
terrorisme et du contre terrorisme ? Si oui, les forces de défense
et de sécurité des pays concernés ont-elles des
capacités stratégiques et tactiques nécessaires à
l'éradication d'un phénomène dont l'effet traumatique
serait à terme fatal pour la sécurité et le
développement d'une région aux potentialités humaines
incontestables ? Après avoir présenté les
défis à relever par les forces de défense et de
sécurité des pays concernés dans la lutte contre le
terrorisme, Mvomo Ela préconise une capacité africaine autonome
de lutte contre le terrorisme. Celle-ci s'articule autour, d'une vision globale
d'appréhension de la menace terroriste et de la capacité
proactive dans la lutte contre le terrorisme, et l'édification d'un
partenariat stratégique conséquent entre les pays
concernés par la menace terroriste.
Koungou Léon52(*)pour sa part, dans ses travaux, présente la
situation sécuritaire inquiétante du Cameroun à l'aune de
la montée en puissance des actions criminelles et terroristes de Boko
Haram dans la partie septentrionale du pays. De ce fait, il fait une analyse
sur l'efficacité des mesures sécuritaires prises par les
autorités de Yaoundé depuis que leurs forces armées sont
entrées dans une confrontation directe avec les terroristes de Boko
Haram. Pour se faire, l'auteur relève que le Cameroun face à Boko
Haram, peut compter dans cette entreprise sur son armée dont les
réformes sont amorcées depuis 2001. Les réformes
engagées depuis 2001 au sein de l'armée camerounaise constituent
un atout pour ce pays dans la lutte contre Boko Haram. Ces réformes
s'appuient sur la professionnalisation, le rajeunissement et
l'équipement des forces.
Le passage d'une armée des habitudes de défense
pour mener la guerre aux frontières, à une armée des
besoins de sécurité apte à contenir les menaces sans
cesses fluctuantes. La création des unités spéciales au
sein de l'armée camerounaise constitue pour l'auteur une réponse
appropriée à la nature de la menace. On peut citer le cas avec la
création en 2005 d'un Centre Anti-terroriste à Limbé
(CAT)53(*). L'organisation
à Rey Bouba en 2013 d'un programme dénommé
« Silent warrior »54(*) focalisé sur les méthodes
anti-terroristes. Koungou relève également que, la modification
partielle de la carte territoriale de commandement de l'armée
camerounaise face à la montée en puissance des activités
terroristes de Boko Haram au Cameroun est une réponse appropriée
à la menace. L'activation des unités tactiques de combat
prévues dans la réforme de 2001 entre également dans le
même sens. Pour l'auteur, certes l'armée est « le
marteau », mais, tous les problèmes ne sont pas
« des clous ». Par conséquent, la lutte contre le
terrorisme nécessite une approche militaire impliquant un maillage
sécuritaire, combinant les motivations des terroristes auxquelles
doivent se greffer les réponses d'ordre politique.
A ce niveau, nous constatons que cette tendance a su
intégrer les manquements de la première tendance. Ainsi, les
forces armées nationales s'investissent de plus en plus à
modifier leurs doctrines d'emploi de forces, pour les adapter aux
spécificités des combats modernes et dans la lutte contre le
terrorisme. On peut dès lors remarquer, la création des
unités spécialement conçues pour faire face aux combats
asymétriques, notamment dans la lutte contre le terrorisme. C'est le cas
de l'armée camerounaise avec la création du CAT au sein des BIR.
On peut également remarquer les réformes mises en oeuvre au sein
de l'armée camerounaise pour adapter son outil de défense
à la nature des combats modernes.
Il y a tout de même des efforts considérables
dans la communauté de défense, pour rendre efficace l'action des
forces armées contre la menace terroriste. La mutualisation des efforts
au niveau sous-régional, régional et international se fait sentir
avec l'implication des grandes puissances. Toutefois, nous tenons à
souligner ici que, l'implication des grandes puissances dans la lutte contre le
terrorisme doit être prise avec une mise en perspective dans la mesure
où, l'implication de celles-ci est souvent alimentée par la
recherche d'intérêts stratégique et géopolitique.
Les différentes stratégies prises sur le plan
militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en
général, au Cameroun en particulier, ont montré leurs
limites malgré quelques victoires tactiques ambigües. Rendre
efficace l'action des forces armées nationales dans la lutte contre le
terrorisme passe par, une redéfinition des doctrines d'emploi des forces
armées nationales.
De ce qui précède, notre approche consistera par
conséquent, à abandonner la tendance militaro-pessimiste sur les
difficultés des armées nationales à lutter contre le
terrorisme, au profit d'une démarche militaro-optimiste. Laquelle, les
modes de luttes nationales contre le terrorisme et communautaires
s'imbriqueraient les unes à les autres, au gré des
intérêts et des perceptions que les différents acteurs se
font de leurs relations. Et de l'ennemi qu'ils combattent. L'originalité
de notre étude se situe donc dans l'analyse des difficultés des
armées nationales à lutter contre le terrorisme d'une
manière générale, l'armée camerounaise d'une
manière particulière. L'objectif est de rechercher de nouvelles
stratégies pour un renforcement des capacités
opérationnelles des armées nationales dans la lutte contre les
groupes armés terroristes.
1.6. PROBLEMATIQUE
La problématique constitue l'élément
fondamental scientifique, qui se veut sérieuse et pertinente. Madeleine
Grawitz la définit comme étant, « l'ensemble des
hypothèses, des orientations des problèmes envisagés dans
la théorie, dans une recherche »55(*). Dans la même logique
Michel Baud affirme que : « la problématique est un
ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de
recherche, des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet
choisi »56(*).
Ainsi donc, la problématique permet de circonscrire la question en
l'orientant dans le sens où celle-ci sera examinée.
Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux USA ont
confirmé un nouvel ordre géopolitique marqué par la
montée aux extrêmes, des « réseaux
terroristes ». Cette situation s'est confirmée l'aube du
printemps arabe en 2011. Les activités terroristes sont montées
d'un cran au Moyen et au Proche Orient, dans le continent africain et en
l'Europe, en Asie et en Amérique. Cette menace terroriste se joue de la
volonté des Etats. Elle est plus difficile à prévoir,
à juguler, à évaluer et à combattre au sens
conventionnel de la guerre par les armées nationales. En effet, les
conflits et les violences ne sont plus uniquement de nature militaire. D'autres
convulsions ont lieu à l'échelle de la planète. Il s'agit
des forces transnationales, tirant profit de l'évolution de la
réalité internationale pour prospérer. Chaque pays vit sa
cohorte de menace terroriste qui fait appel à l'engament de leurs
armées. Tel est le cas de l'armée camerounaise. Après
avoir été confrontée depuis de longues années
à un conflit transfrontalier avec l'armée nigériane sur la
presqu'île de Bakassi, l'armée camerounaise fait face depuis
quelques années au groupe terroriste Boko Haram.
La montée en puissance des groupes terroristes dans le
monde illustre à suffisance l'incapacité des forces armées
nationales à combattre efficacement contre cette forme de menace. En
effet, qu'il s'agit de l'armée la plus puissante du monde, ou de
l'armement le plus sophistiqué du monde, les armées nationales
n'arrivent toujours pas à remporter la décision dans les combats
qui les opposent aux organisations terroristes. L'ampleur de la menace
terroriste dans le monde, dicte aux pays du monde entier, à revoir leur
politique de défense et leurs approches dans la conduite des
opérations militaires anti-terroristes. En effet, la guerre a subi une
mutation et le paradigme de la guerre qui prévaut maintenant est celui
de « la guerre au milieu des
populations »57(*). A cet effet, la lutte contre le terrorisme par les
forces armées nationales ne pourra trouver une efficacité
certaine, si et seulement si, les acteurs en charge de combattre cette menace
pensent autrement.
1.6.1. Question de recherche
A la lumière des développements qui
précèdent, la question centrale qui structure ce travail est la
suivante : Pourquoi les Armées Nationales
éprouvent-elles des difficultés à combattre efficacement
les groupes terroristes ?
De cette question principale, nous pouvons relever les deux
questions secondaires suivantes :
· Quelles sont les difficultés que rencontrent les
forces armées nationales dans la lutte antiterroriste ?
· Quelles sont les spécificités de la lutte
contre Boko Haram par l'armée camerounaise?
Après avoir présenté la question
principale, et les questions secondaires qui s'inscrivent au coeur de notre
analyse. Il importe à présent d'avancer des réponses
anticipées qui seront vérifiées au terme d'un travail
d'expérimentation.
1.6.2. Hypothèses de
recherche
Nous adhérons aux propos de
l'épistémologue français Claude Bernard pour qui,
« si l'on expérimentait sans idées
préconçues, on irait à
l'aventure »58(*). Dans le processus de la recherche scientifique, le
chercheur découvre en fait ce qu'il cherche59(*).
Ainsi, les forces armées nationales ont
été conçues et préparées à la guerre
conventionnelle interétatique, par conséquent, celles-ci ne
semblent pas être suffisamment outillées pour combattre
efficacement les groupes terroristes en dehors d'une réelle modification
de leur cadre d'action.
Hypothèse 1 : Les
difficultés que rencontrent les armées nationales dans la lutte
contre les groupes terroristes d'une manière générale,
l'armée camerounaise d'une manière particulière,
relèvent du caractère irrégulier et asymétrique des
combats antiterroristes.
Hypothèse 2 : La lutte
contre Boko Haram par l'armée camerounaise est une lutte
irrégulière, qui nécessite une approche globale avec un
format de forces adapté aux conflits irréguliers.
1.7. METHOLOGIE DE RECHERCHE ET DE
COLLECTE DES DONNEES
La rigueur scientifique d'un travail de recherche exige de
tenir compte et d'appliquer les méthodes d'analyse dans un fait social
étudié. Dans le cadre ce travail, nous n'avons pas
dérogé à cette exigence scientifique. Dans le cas
d'espèce l'on a fait usage de la théorie et de l'analyse
stratégique.
1.7.1.
La théorie et l'analyse stratégique
La stratégie est à la fois un art, en
tant que pratique du stratège, et une science (au sens large)
en tant que pratique du stratégiste. La stratégie remonte
à Sun Tsu : « L'art de la guerre »,
publié au 5ème siècle avant Jésus
Christ. Ensuite, viennent les stratégistes modernes : Carl Von
Clausewitz, « De la guerre » ; Mao Ze Dong,
« La stratégie de la guerre révolutionnaire en
Chine » ; Basil Liddell Hart, « La stratégie
indirecte » ; Colin Gray, « La guerre au
21e siècle : un nouveau siècle de feu et de
sang » ; le général Sir Rupert
Smith, « L'Utilité de la Force : l'art de la guerre
d'aujourd'hui » ; ou le général Vincent Desportes,
« La guerre probable : penser autrement ».
La stratégie peut être aussi
considérée comme la science des généraux. Elle
embrasse toutes les grandes parties de la guerre : mouvement
d'armée, ordre de marche, ordre de bataille. Elle est en un mot,
l'art de faire agir les troupes. Que l'on considère la
stratégie au sens strictement militaire comme, « L'art
d'utiliser les batailles comme moyen pour atteindre le but de la
guerre »60(*).
L'amiral Castex l'utilise dans ses théories stratégiques
(1937) : « la stratégie n'est que la conduite
générale des opérations (...) elle guide la tactique, lui
laissant la place libre dès que son heure est arrivée. La
stratégie en deçà et au-delà du combat, la tactique
pendant que les armes agissent et jusqu'à ce quelles cessent d'agir
». Ou qu'on la définisse au sens global, « le
rôle de la grande stratégie consiste en effet à coordonner
et diriger toutes les ressources de la nation ou d'une coalition afin
d'atteindre le but définit par la politique fondamentale :
l'évitement de la guerre ou la guerre »61(*). Il ressort que la
stratégie est l'art de combiner les ressources de la nation pour
atteindre les buts politiques.
La stratégie est une notion d'origine militaire, mais
qui dans son évolution a connu d'âpre succès dans d'autres
secteurs de la vie humaine notamment, en économie et dans la culture.
Dans le cadre de notre étude, nous utilisons la théorie
stratégique et l'analyse stratégique. Ceci pour mieux
appréhender l'action des forces armées sur les
théâtres d'opérations dans la lutte contre les
organisations terroristes.
Toutefois, il est désormais impossible d'isoler la
stratégie militaire, des stratégies économiques et
culturelles. Elles se combinent dans leurs buts et leurs moyens, de ce que l'on
peut nommer la stratégie intégrale, qui n'est que
« la politique en acte ». C'est dans ce sens que
le général André Beaufre affirme que :
« le but de la stratégie est, d'une manière
générale, d'atteindre les objectifs fixés par la politique
en utilisant au mieux les moyens dont on dispose»62(*). L'amiral Castex utilise
encore dans ses Théories stratégiques
(1937) : « La stratégie n'est que la conduite
générale des opérations (...) elle guide la tactique, lui
laissant la place libre dès que son heure est arrivée.
Stratégie en deçà et au-delà du combat, tactique
pendant le combat, dès que les armes agissent et jusqu'à ce
quelles cessent d'agir. »
Quels que soient nos efforts pour constituer une
théorie unitaire de la stratégie contemporaine, nous ne parvenons
guère qu'à construire des théories fragmentaires. Mal
reliées entre elles. La théorie stratégique ne peut
trouver ses fondements que dans une nouvelle philosophie politique et une
nouvelle philosophie de l'histoire.
La guerre de nos jours a subi de profondes mutations,
malgré comme elle reste toujours le choc des volontés
opposées cherchant à imposer à l'autre sa
volonté. La particularité avec les conflits modernes est
qu'ils se déroulent en milieu urbain, dans les milieux civils, dans les
agglomérations. Ceux-ci exigent du soldat, des aptitudes d'adaptation
plus vite que leurs adversaires s'ils veulent gagner ces guerres63(*). Dans les guerres modernes, la
notion de « victoire décisive » est
difficile à obtenir ou n'existe même pas, d'où l'enjeu et
le défi de repenser les conditions de l'efficacité militaire dans
les nouveaux engagements. C'est dans cette logique des combats modernes que
s'inscrit l'objet de notre étude. La théorie et l'analyse
stratégique sont intéressantes dans notre étude, dans la
mesure où, elles nous permettent de comprendre les stratégies
mobilisées par les forces armées nationales dans l'antiterrorisme
en général, celles mobilisées par l'armée
camerounaise en particulier. A cet effet, la théorie et l'analyse
stratégique nous permettent d'envisager des stratégies nouvelles
pour une amélioration de l'efficacité de l'action militaire dans
l'anti-terrorisme.
1.7.2.
Les instruments de collecte de données
Dans le cadre ce travail, nous adhérons à la
pensée de Bertrand De Jouvenel pour qui, « la connaissance
ne peut jamais se réduire à l'énumération de
simples faits, à moins qu'ils ne soient rassemblés et mis en
ordre »64(*). Parmi les instruments généralement
usités pour rassembler et mettre en ordre les données de terrain.
Nous utilisons l'observation combinée aux entretiens et la
documentation.
a - Les entretiens et l'observation (les sources de
première main)
L'une des techniques de collecte des données que nous
avons utilisées est l'observation directe. Elle permet d'avoir une
idée précise sur l'objet d'étude. Etant contemporains
à de nombreux faits, nous sommes par conséquent des
témoins privilégiés de ces faits. Dans le cas
d'espèce, nous avons pu observer le dispositif déployé par
l'armée camerounaise pour contenir la menace terroriste de Boko Haram
dans l'Extrême-Nord du Cameroun, et l'environnement dans lequel sont
conduites les opérations militaires dans ladite zone.
L'observation a été menée en combinaison
avec les entretiens. Pour la collecte des données de terrain, nous avons
procédés aux entretiens individuels directs avec certains acteurs
en charge de la lutte contre le terrorisme au Cameroun et dans d'autres pays
africains confrontés à cette menace terroriste. Ces entretiens se
sont révélés particulièrement fructueux. Toutefois,
la sensibilité du secteur de la défense et de la
sécurité ne nous a pas permis de mener nos observations et
entretiens en profondeur. L'observation et les entretiens seront pertinents
s'ils peuvent être authentifiés par la documentation.
b - Les documents (sources de première et seconde
main)
L'accumulation et l'exploitation des documents portant sur le
sujet, permettent d'assurer la pertinence de l'étude. Toutefois, il
faudra noter que, les questions de défense et de sécurité
revêtent beaucoup de discrétion et de sensibilité. Ainsi,
la documentation n'est pas toujours abondante et celle existante n'est pas
à la portée de tous.
Dans notre recherche nous avons recouru, à l'analyse
des documents « l'analyse des documents (observation indirecte),
c'est-à-dire l'examen de quelques travaux de (...) chercheurs d'ici et
d'ailleurs »65(*). Les documents obtenus sont de deux
catégories ; les sources de première main (les documents
écrites par les acteurs impliqués dans les nouveaux engagements
des forces armées) ; les sources de seconde main (documents
relatifs à notre objet d'étude).
Nous avons effectué nos recherches dans les
bibliothèques, de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun
(IRIC), de l'Ecole Supérieure Internationale de Guerre (ESIG) de
Yaoundé. Nous avons également effectué nos recherches dans
des Centres de documentation (Centre de documentation du CREPS66(*)/Université de
Yaoundé2-Soa, le centre de documentation de la Faculté des
Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l'Université de
Yaoundé2-Soa et à la Fondation Paul Ango Ela). Grâce
à ce fond documentaire, nous avons pu constituer une bibliographie assez
conséquente, afin de mieux traiter l'objet de notre recherche.
1.8. PLAN DE L'ETUDE
La présente analyse va s'articuler autour de deux
grandes parties. La première partie s'intitule «
l'action des forces armées nationales dans la lutte contre les groupes
terroristes ». Elle analyse les différents
théâtres majeurs de lutte contre les groupes terroristes
(l'Afghanistan, le Sahel et le bassin du lac Tchad). Elle se compose de deux
chapitres. Le premier chapitre mettra en exergue les difficultés des
forces armées nationales dans les théâtres
d'opérations de lutte antiterroriste, et le second va s'articuler d'une
manière spécifique sur, l'armée camerounaise face au
groupe terroriste Boko Haram.
La deuxième partie à savoir
« l'insuffisance de l'action des forces armées dans la
lutte contre les groupes terroristes », s'intéressera
sur les manquements de l'action des forces armées nationales dans la
lutte contre les groupes terroristes. Donc, le troisième chapitre
analysera les difficultés de l'armée camerounaise à
combattre le groupe terroriste Boko Haram. Le quatrième quant à
lui présentera les défis pour un recadrage de l'action des
armées nationales dans la lutte antiterroriste.
PREMIERE PARTIE
L'ACTION DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE CONTRE LES
GROUPES TERRORISTES
Que l'on soit dans la plage de Mombassa, à Bengazi,
à Orlando, à Kolofata, au Ba Ta Clan, à l'hôtel
Radisson Blue de Bamako ou dans le métro de Londres, nul n'est à
l'abri de la menace terroriste. Il ne passe un jour sans que l'on soit
interpellé par une action terroriste. Le monde fait l'objet aujourd'hui
d'une globalisation de la menace terroriste qui n'épargne personne. Que
l'on soit religieux ou athée, musulman, chrétien ou bouddhiste,
riche ou pauvre, jeune ou vieux, tout le monde est une victime potentielle du
terrorisme. Depuis les terribles attentats du 11 septembre 2001, le terrorisme
international est devenu la préoccupation majeure de tous les Etats, et
des organisations internationales. Il a remplacé, pour les Occidentaux,
le nazisme, le fascisme et le communisme d'hier. C'est le nouvel ennemi de
l'Occident, mais pas seulement. Les pays musulmans, également, l'Arabie
Saoudite, le Pakistan, l'Afghanistan et autres, y voient une menace
crédible à leur stabilité. Ces pays qui hier, avec la
complicité de l'Amérique avaient soutenu et attisé
l'intégrisme islamiste contre l'ennemi soviétique, le voit
aujourd'hui se retourner contre eux et les empêcher de dormir
tranquillement.
L'analyse de cette partie sera axée sur le ressassement
des difficultés rencontrées par les armées nationales dans
les combats qui les opposent aux groupes armés terroristes, suivant la
logique du contournement de la force, des uns, et des autres. Il sera donc
question de structurer cette partie de la manière suivante : les
difficultés des forces armées nationales dans les
théâtres d'opérations de lutte antiterroriste (Chapitre 1),
et l'armée camerounaise face au groupe terroriste Boko Haram (Chapitre
2).
CHAPITRE 1
LES DIFFICULTES DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LES
THEATRES D'OPERATIONS DE LUTTE ANTITERRORISTE
Aujourd'hui, tout le monde s'accorde sur le fait que, le
terrorisme représente l'une des menaces les plus graves du monde
contemporain. Le mardi 11 septembre 2001 à l'heure où les
New-Yorkais dans leur grande majorité se rendaient au travail. Deux
avions de lignes américaines sont projetés contre des immeubles
hautement symboliques, les Tours jumelles du World Trade Center
à Manhattan (le symbole de la puissance économique
américaine). En même temps, on apprenait qu'un autre avion avait
percuté le Pentagone (les locaux du Département de la
Défense, le symbole de la puissance militaire américaine). Un
autre avion s'écrasera le même jour en campagne, en
Pennsylvanie. Officiellement les passagers se sont rebellés
contre les pirates pour leur empêcher d'atteindre leur objectif qui
était sans doute le Capitole ou la Maison Blanche.
Dans ces attaques, plus de 3000 personnes seront tuées. Les Etats Unis
d'Amérique furieux et le monde entier ahuri se demandant
« qui a fait ça ?».
Après cette tragédie, à la suite d'une
gigantesque opération, Oussama Ben Laden et son organisation terroriste
Al-Qaïda sont désignés pour responsables de ces
attaques67(*). Suite
à ces attentats, le gouvernement de George W. Bush décida de
déclencher une « guerre globale contre le
terrorisme », c'est-à-dire par une réponse directe
et purement militaire. Une guerre contre le terrorisme international qui
mobilise l'Amérique entière et ses moyens (diplomatiques,
militaires, économiques et judiciaires, etc.). L'impact militaire le
plus direct à la réaction militaire américaine est,
l'invasion de l'Afghanistan désigné comme centre
opérationnel d'Al-Qaïda. Cette campagne militaire a eu pour
corolaire, l'éparpillement des terroristes dans les quatre coins de la
planète, notamment, sur le sol africain.
Pour mieux rendre compte des difficultés des
armées nationales dans les théâtres de lutte
antiterroriste, il sera judicieux pour nous tout d'abord, de faire état,
des manoeuvres des armées américaine et française en
Afghanistan (Section 1) au lendemain des attentats de 2001. Par la suite, il
sera question de présenter la lutte contre les groupes terroristes au
Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad par les Armées malienne et
nigériane (Section 2).
SECTION 1 : LES MANOEUVRES DES ARMEES AMERICAINE ET
FRANCAISE EN AFGHANISTAN
L'Afghanistan est situé dans l'Asie du Sud-ouest.
Bordé de six pays : la Chine, le Pakistan, l'Iran et trois
anciennes républiques soviétiques, le Turkménistan,
l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. L'Afghanistan a toujours occupé
une place centrale dans les rivalités géopolitiques entre les
grandes puissances. Agissant comme carrefour où se fixent les tensions
internationales comme régionales, ce pays est un espace
d'intérêt stratégique majeur. Le pays est essentiellement
montagneux et arides. En 1978 les communistes prennent le pouvoir et proclament
la République Démocratique d'Afghanistan. Des afghans de
différentes ethnies se révoltent alors contre ce régime
communiste et athée dans le but de rétablir les traditions de
l'islam. L'Afghanistan s'installe alors dans une sanglante guerre civile,
menée contre les communistes (qui feront appel à l'aide militaire
de l'Union Soviétique), par ceux que l'on appelle les Moudjahidines
(les combattants de la foi). Les Talibans68(*)eux ne feront leur apparition plus tard. En 1988
l'armée soviétique se retire d'Afghanistan après avoir
subi de lourdes pertes.
Figure N°1 : La
carte territoriale de l'Afghanistan
Source :
www.googlemaps.com
A la suite de la prise de pouvoir par les Talibans, ceux-ci
autorisent Oussama Ben Laden et son organisation Al-Qaïda à
installer des camps d'entrainement en Afghanistan. Le 11 septembre 2011, cette
organisation terroriste frappe les Etats Unis. Le gouvernement américain
exige des Talibans qu'ils leur livrent Oussama Ben Laden ce que les Talibans
refusent de faire. Le 16 octobre 2001, l'armée américaine entre
en Afghanistan, c'est le début de l'Opération Enduring
Freedom69(*) (OEF ou,
Liberté immuable en français). D'autres pays se joignent
par la suite à la campagne américaine notamment la France,
formant ce que l'on appellera la coalition en 2003 l'ISAF70(*) (International Security
Assistance Force, ou en français, Force Internationale
d'Assistance et de Sécurité).
Dans le cadre de notre réflexion, il est
nécessaire d'examiner l'action de l'armée américaine en
Afghanistan dans le cadre de la « guerre » contre le
terrorisme (Paragraphe 1). Nous examinerons aussi, celle de l'armée
française dans ce pays (Paragraphe 2). Le souci est de ressortir les
difficultés rencontrées par lesdites armées durant leurs
campagnes antiterroristes.
PARAGRAPHE 1 : l'ARMEE AMERICAINE DANS LA LUTTE CONTRE LE
TERRORISME EN AFGHANISTAN
Après les attentats du 11 septembre, l'avenir de la
sécurité des Etats-Unis, voire, de presque toute la
planète, dépendait de la réponse de l'administration de
G.W.Bush. Tout d'abord, l'anéantissement de deux gratte-ciels
symbolisant le succès de la fameuse American way of life et
l'homicide de plus de 3000 personnes ont provoqué une stupeur comparable
à la première frappe lors des guerres traditionnelles. La perte
soudaine et brutale de la conviction de l'invulnérabilité du
territoire des Etats-Unis a entrainé une détermination de punir
les coupables. Cette tragédie fut donc interprétée comme
des actes de guerre (acts of war). Perpétrés, par un
ennemi qui voulait détruire les libertés américaines. Pour
punir les auteurs de ces actes, l'administration Bush a déclaré
la guerre globale contre le terrorisme71(*)« terrorism with a global
reach » Global War On Terror (GWOT)72(*), et annonce que la guerre se
terminera par l'éradication totale de ce mal.
L'emploi du mot « guerre » pour
désigner la lutte contre ce type de fléaux plutôt que
contre un ennemi désigné a toujours été
métaphorique. Il symbolise, pour ceux qui l'emploient, leur
mobilisation, leur refus de toute complaisance ou de tout compromis. Il exprime
leur conviction que la drogue, le crime ou le terrorisme produisent des ravages
aussi considérables qu'un ennemi déclaré ; et leur
volonté de traiter comme tel l'ensemble de ceux qui en sont
responsables73(*).
Face à une stratégie indirecte, Washington a
donc misé sur une réponse directe et militaire. Cette guerre met
en présence les Etats-Unis avec la contribution de la coalition
militaire de l'alliance du Nord et d'autres nations occidentales74(*). Il sera question ici de
présenter la projection des forces armées américaines et
les déroulements des opérations militaires (A), et les
difficultés pour les forces américaines à remporter la
victoire décisive (B).
A- PROJECTION DES FORCES
ARMEES AMERICAINES DANS LA « GUERRE GLOBALE » CONTRE LE
TERRORISME SUR LE THEATRE AFGHAN
L'offensive militaire américaine en Afghanistan
débute le 07 octobre 2001 avec un objectif clair : faire tomber le
pouvoir Taliban à Kaboul et détruire le réseau terroriste
Al-Qaïda en Afghanistan. A cet effet, les USA ont déployé
plus d'un millier d'hommes en Ouzbékistan75(*). Dans l'Océan Indien,
les portes avions USS Carl Vinson et NSS Entreprise, les autres navires de
guerre et les sous-marins nucléaires d'attaque se préparent
à l'offensive76(*).
La campagne militaire américaine en Afghanistan se
résume en deux phases. La première phase fut celle du
« modèle afghan » ou de la
« stratégie minimaliste » selon Joe Biden.
Lancée le 07 octobre 2001, elle associait la puissance aérienne
américaine, les milices afghanes et un faible contingent des forces
spéciales américaines. La deuxième phase fut celle du
« modèle américain » (2002-2006),
où les troupes américaines prirent la tête des
opérations de ratissage suite à l'incapacité des milices
afghanes de venir à bout des talibans.
Le régime afghan dirigé par le Mollah Omar, ne
contrôle pas la totalité du pays. Certaines régions
notamment à l'Est et au Nord du pays sont tenues par les forces
anti-Talibans dont l'Alliance du Nord du commandant Massoud77(*). L'United States Central
Command, chargé de la campagne militaire compte enfin sur le
rapport de force sur le terrain qui est à leur avantage. Les Talibans ne
peuvent aligner que 15000 soldats permanents et 70000 mobilisables. Leur
matériel est à l'état vétuste, et date pour la
plupart à la guerre contre l'Union Soviétique. On rencontre entre
autre les missiles américains (Fin 93 Sting etc.) et russes (SA-1b,
SA-18 et Scud). A cela s'ajoutent, des chars soviétiques T-54 et T-55,
des lances roquettes multiples, des 4x4 équipées de
mitrailleuses78(*).
« Nous avons ouvert un nouveau front dans notre
guerre contre le terrorisme », par ces mots, le porte parole de
la Maison Blanche annonce le dimanche 07 octobre 2001 le début de
l'opération« Liberté Immuable ». Des
frégates et des sous marins de l'US NAVY et de la Royal NAVY lancent une
quarantaine de missiles croisières Tomahawk sur Kandahar, Kaboul et
Jalalabad. Pendant 12 jours, 25 avions de combat et 15 bombardiers B-18, B-2 et
B-52 pilonnent Kaboul (notamment la centrale électrique et les
bâtiments officiels), l'aéroport et le centre militaire de
Kandahar, Jalalabad ainsi que les camps d'entrainement des combattants du
réseau Al-Qaïda79(*). L'intervention américaine s'accompagne d'une
série d'opérations militaires menées en divers fronts sur
le territoire afghan par différentes composantes du
« Front Uni islamique et National pour le Salut de
l'Afghanistan. » ; plus connu sur le nom de l'Alliance du
Nord. Cette vaste nébuleuse regroupe les quatre principales formations
militaires afghanes d'opposition aux talibans.
Avant le 7 octobre, des conseillers et plusieurs centaines de
membres des forces spéciales occidentales (majoritairement
américaines), sont dépêchés afin de préparer
des actions communes auprès des divers représentants du
« Front Uni ». Mais, il s'agit surtout de rallier par
différents moyens, surtout financiers, les chefs de clans encore
hésitants. Le 20 octobre 2001, les plans d'invasion se précisent.
Les forces spéciales américaines et britanniques sont
déployées dans la région de Kandahar. Au Nord du pays, un
millier de soldats des unités d'élite de l'armée
américaine est stationné dans la base militaire de Termez,
à la frontière entre l'Ouzbékistan et l'Afghanistan. Ces
militaires ont pour mission d'aider et encadrer les forces du « Front
Uni ». L'objectif est de permettre aux combattants de Dos Tom de
conquérir la province de Bal KH, afin d'établir une liaison
directe avec les forces américaines basées en Ouzbékistan.
Puis, il s'agit de favoriser les « Tadjiks de
l'Est »80(*).
Pour préparer cette double offensive de l'Est du pays,
l'aviation américaine organise le bombardement intensif de Mazar-e
charif et de Kaboul. C'est de début de la grande offensive de Kaboul.
Grâce à ces pilonnages de l'aviation américaine, les
troupes de Dos Tom parviennent à prendre le contrôle de Mazar-e
Charif, provoquant ainsi la fuite de l'armée talibane. La chute de
Mazar-e Charif apparait comme un véritable tournant dans cette guerre.
Elle galvanise les « Tadjiks de l'Est » dont
l'avancée vers Kaboul est encore accélérée par le
changement de stratégie des Talibans. En effet, le Mollah Omar ordonne
à ses troupes de se retirer de la capitale afin de concentrer la
guérilla sur les régions de Nanghaar, de Laghlman et de Kunar qui
bordent le Pakistan. Pour le gouvernement américain, la chute de Kaboul
risque d'être trop rapide. Les autorités américaines avec
l'appui de l'ancien roi Zouheir Shah tentent de convaincre les
« Tadjiks de l'Est » de ralentir leur progression vers la
capitale Kaboul, afin de démilitariser la capitale et d'organiser une
répartition du pouvoir. Ce que refusent les combattants tadjiks, et le
13 novembre 2001, ils prennent possession de Kaboul sans réels combats.
Ce qui marque le début de la traque de Ben Laden et de ses hommes dans
les montagnes de Tora Bora à la frontière
afghano-pakistanaise.
Cinq semaines après le début des
opérations militaires, le régime taliban est renversé.
Plusieurs milliers de talibans ont été tués ou faits
prisonniers tandis que 3.700 civils ont péri dans les combats.
Les développements qui précèdent
résument le déroulement de la première phase de cette
guerre ou du « modèle afghan ». On constate
que ce modèle a fonctionné pour faire tomber le régime
taliban. Mais beaucoup moins pour débusquer les membres du réseau
Al-Qaïda qui pouvaient se réfugier dans leurs zones sanctuaires.
Par conséquent, cette stratégie a contribué à
renforcer l'influence « des chefs de guerre » locaux, en
particulier, ceux dont le comportement envers la population était honni
et qui étaient hostiles au gouvernement central de Kaboul. Elle a
également renforcé la puissance des Tadjiks et affaibli ce qui
allait être essentiel ultérieurement, les deux piliers central et
la bonne gouvernance.
B-INCAPACITE POUR L'ARMEE
AMERICAINE DE REMPORTER LA VICTOIRE DECISIVE FACE AUX TERRORISTES
L'évolution afghane éclaire deux
réalités fondamentales de la guerre : toute guerre est
marquée par une dérive de ses buts et, le plus souvent une
escalade des moyens ; les « fins dans la
guerre » influent toujours sur « les fins de la
guerre » pour reprendre l'expression si parlante de
Clausewitz.
Le président George W. Bush avait annoncé que
cette campagne militaire serait longue et difficile bien au-delà de son
mandat. Le bilan de cette guerre, sans même évoquer son coût
humain suscite un certain trouble. Malgré l'élection de M. Hamid
Karzai81(*)le 9 octobre
2004 à la présidence. Les droits humains restent bafoués.
Les Talibans poursuivent leurs actions violentes dans le pays et maintenant
dans le Pakistan voisin. Nombre de chefs d'Al-Qaïda sont restés
introuvables dans le pays, fondus à travers le monde ou abrités
dans des zones tribales dans l'Afghanistan82(*), malgré la mort de certains chefs de
l'organisation comme, Ali Mohamed adjoint de Ben Laden et responsable financier
de l'organisation.
Figure N°2 :
Poste de combat en zone montagneuse des soldats américains en
Afghanistan.
Source : Le
Point.fr
Compte tenu de l'impossibilité des milices afghanes de
venir à bout des talibans, les troupes américaines ont pris la
tête des opérations de ratissages. Il faut se rappeler des
opérations Anaconda (2002) ou Mountain Viper (2003).
Il s'agissait d'opérations « de bouclage et de
fouille » (« cordon and search ») avec
pour but d'éliminer les caches de terroristes et
d' « enemy-centric raid stategy » comme le
dit le général américain Barno. Malgré cela les
résultats restent limités. Car, ce modèle (le
modèle américain) est limité par un grand défaut de
sensibilisation culturelle et politique, voire, par la
supériorité technologique. Les bombardements aériens
américains soulèvent des questions sensibles (on se rappelle du
bombardement d'une fête de mariage en Oruzgan en juillet 2002) avec des
couts politiques considérables. Les forces armées
américaines suscitent crainte et hostilité dans la population.
Elles sont perçues comme des forces d'occupation. Les populations
à l'origine neutre, voire, favorables aux américains, se sont
progressivement détournées. En effet, les troupes
américaines on été accueillies en libératrices en
2001 par une partie de la population afghane opposée au gouvernement
taliban. Quelques années plus tard, elles sont de plus en plus
considérées comme des forces étrangères
d'occupation. L'action des talibans réorganisés depuis leur
sanctuaire au Pakistan est de plus en plus audacieuse et efficace.
Dans une guerre, si le centre de gravité de
l'adversaire se situe au-delà des limites politiques que l'on s'est
fixées, il est inutile de faire la guerre. Car, il sera impossible de la
gagner. Le centre de gravité des talibans se situe dans les zones
tribales pakistanaises. En effet, c'est de cette zone de refuge qu'ils tirent
leur capacité de résistance. Impossible donc pour les
américains d'y mettre militairement bon ordre. Cette cible se situe
au-delà des limites politiques qu'ils se sont fixées, ne
serait-ce que de simples raisons de logistique militaire.
C'est avec son adversaire que l'on fait la paix. Par contre,
la conférence de Bonn, en décembre 2001, a n'on pas
été une conférence de la réconciliation, mais la
conférence des vainqueurs. Elle a, de fait, rejeté les talibans.
Jusqu'à nos jours ce conflit n'en fini pas. Une accumulation de bonnes
tactiques ne fera jamais une bonne stratégie. Un problème
politique au premier chef ne peut être résolu que par une solution
politique. Citant les officiers U.S, le New York Times regrettait
« la déconnexion entre les efforts intenses des petites
unités et les évolutions stratégiques ».
Dans la contre-insurrection, gagner, c'est contrôler
l'espace. On connait les ratios. En dessous du ratio de 20 personnels de
sécurité pour 1000 locaux, il est tout à fait improbable
de l'emporter. Or en Afghanistan ce ratio n'a pas été atteint par
l'armée américaine.
La situation actuelle en Afghanistan est une spirale
d'échecs ; échec militaire doublé d'un échec
humanitaire. Les troupes afghanes formées par l'armée
américaine et les forces de l'ISAF sont infiltrées des talibans.
Ceux-ci espionnent, informent, sabotent les opérations et vont
jusqu'à ouvrir le feu et tuer les soldats de la coalition. Ceci non
seulement sur le champ de bataille, mais à l'intérieur même
de leurs bases militaires. Les forces américaines ne peuvent plus donc
faire confiance dans les hommes qu'ils forment et qui combattent à leurs
côtés. Au total, 323 soldats de l'OTAN, pour la plupart les
soldats américains, ont été tués en Afghanistan
dans la seule année 201283(*). L'Afghanistan apparait donc pour le moment plus que
fragilisée. La vraie question est de savoir, combien de temps la force
afghane, va résister aux talibans une fois les troupes
étrangères partis ? Pour compléter notre analyse sur
la lutte contre le terrorisme en Afghanistan, il sera question d'analyser
l'action de l'armée française dans le théâtre
afghan.
PARAGRAPHE 2 : L'ACTION DE L'ARMEE FRANCAISE DANS LA
LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFGHANISTAN
Les forces armées françaises ont
été engagées sur les théâtres
d'opérations aux côtés des forces armées
américaines en Afghanistan. Cependant, la France avait refusé
d'inscrire son action dans le cadre de la « guerre globale contre le
terrorisme ». Elle a par ailleurs, refusé d'intervenir en Irak
aux côtés des Etats-Unis, allant jusqu'à dénoncer la
stratégie américaine84(*). En cela, « l'approche
française » se distingue clairement de celle
développée par l'administration Bush. Les autorités
françaises font ainsi valoir que, l'intervention militaire en
Afghanistan, ne traduise pas un engagement dans le cadre de la
« guerre au terrorisme ». Mais, dans celui de la
résolution 1368, adoptée dès le 12 septembre 2001 par le
Conseil de sécurité (droit à la légitime
défense reconnu par la charte des Nations Unies). Dans la logique
française il ne s'agissait pas tant de combattre les
« terroristes », que de mettre un terme au régime
des Talibans afin d'empêcher que les attentats comme ceux du 11 septembre
ne se reproduisent. Ce qui relevait bien d'objectifs militaires. Ceci explique
que certains officiers français aient avancé qu'en Afghanistan il
n'y avait pas de stratégie française affichée et
singulière85(*).
Plus fondamentalement, ces propos mettent en exergue la particularité et
l'ambigüité de l'engagement français en Afghanistan et
explique par conséquent le fait qu'il a été
« modeste et mesuré »86(*).
Ainsi, cette partie du travail sera structurée sur
l'engagement des forces françaises dans le théâtre afghan
(A), et l'enlisement de celles-ci dans ce conflit (B).
A-L'ENGAGEMENT DES FORCES
ARMEES FRANCAISES DANS LE THEATRE AFGHAN
Au lendemain des attentats de New York, une équipe
militaire de liaison a rejoint l'état-major du commandement
américain, le Central Command (CENTOM)87(*) basé à Tampa en
Floride afin d'assurer le contact entre les autorités militaires des
deux pays. La France a été sollicitée pour participer,
sous le commandement américain, à l'opération Enduring
Freedom autorisée par la résolution de l'ONU 1368 du 12
septembre 2001.
En effet, le déploiement de l'armée
française dans un pays étranger est désigné sous le
nom de l'OPEX (Opération Extérieure). L'OPEX Afghanistan implique
en permanence environ 3500 soldats français. Ceux-ci appartiennent, en
majorité, en des compagnies de combat de l'armée de terre,
notamment des bataillons de chasseurs alpins, des régiments d'infanterie
de marine et des régiments étrangers d'infanterie ou de
parachutistes (Légion étrangère). L'engagement des
armées françaises sur le théâtre afghan avait un
triple objectif, de chasser les talibans de Kaboul, de détruire les
camps d'entrainement d'Al-Qaïda et de permettre la constitution d'une
force de défense nationale afghane. Le 31 octobre 2014 marque la fin de
l'opération Pamir, nom donné à l'intervention
française en Afghanistan. Participent à cette mission un
détachement aérien, un bataillon français
déployé à Kaboul (le BATFRA) et une composante
aéromaritime en océan Indien dans le cadre d'Enduring
Freedom. A partir d'août 2003, un groupement de forces
spéciales de 200 hommes est également intégré
à l'opération. Les soldats français contribuent aux
opérations de combat contre les insurgés. Dès 2002, la
France monte un détachement d'instruction (Epidote) destiné
à assurer la formation des forces afghanes au sein d'Enduring
Freedom (formation de bataillons de combat et de cadres) alors
inexistantes.
Les forces françaises se sont directement
engagées dans la lutte contre le terrorisme en assurant des missions
terrestres (2 septembre 2001- 31 janvier 2002)88(*) et maritimes89(*). Par ailleurs, la France contribuait aux actions de
sécurisation, de stabilisation et de formation conduites par la Force
internationale d'assistance à la sécurité90(*) de l'OTAN (FIAS ou ISAF).
Le plus grand effectif français sur le
théâtre afghan, accomplissaient de multiples opérations.
Entre autres, les missions de protection dans les villages, les officiers qui
participaient aux Shuras (réunion avec les chefs de villages
afghans). Le personnel militaire français menait, des actions
auprès de la population (visites médicales, distribution des
tracts, etc.). Les militaires français assuraient également, la
protection des opérations de reconnaissance (visant à
vérifier la sécurité dans une zone ou d'un
itinéraire), ou des opérations de capture des talibans ou de
confiscation d'armes. Enfin, ils assuraient la sécurité des
convois logistiques (transportant par exemple de la nourriture ou les colis de
famille). Elles sont acheminées en VAB (Véhicule de l'Avant
Blindé) ou en hélicoptères sur les lieux de mission.
La France s'est par ailleurs engagée à
contribuer largement à la formation de l'armée afghane
(Operational Mentoring and Liaison Team qui visait à
compléter les actions de formation en accompagnant les forces afghanes
au combat)91(*).
Figure N°3 :
Projection de deux VBCI français en Kapisa et Surobi en
Afghanistan.
Source : SIRPA
Terre.
http://.defense.gouv.fr/terre
Annoncé en juin 2011 par le président de la
république française, le désengagement des armées
françaises en Afghanistan, celui-ci a débuté à
l'automne de la même année. Fin 2012 les forces combattantes
françaises sont totalement retirées d'Afghanistan. Les militaires
de la force se sont alors concentrés sur les opérations
logistiques de désengagement ainsi que sur l'accomplissement des
responsabilités françaises restantes au sein de l'ISAF.
Au terme de 13 ans d'intervention, les armées
françaises ont ainsi contribué à la formation des forces
de défense et de sécurité afghanes capables d'affronter de
façon autonome, les défis sécuritaires qui se posent dans
le pays. Depuis 2001, plus de 70000 militaires français ont
été engagés au sein dans l'opération Pamir. Au plus
fort des opérations, 4000 militaires y participaient. Cet engagement a
coûté la vie à près de 89 soldats français et
fait plus de 700 blessés. Mais l'objectif de cet engagement n'a pas
été atteint dans la mesure où l'Afghanistan reste toujours
l'épicentre du terrorisme international où, les Talibans gardent
toujours leur capacité de nuisance et maintiennent toujours l'initiative
contre les forces afghanes. Le terrorisme quant à lui est monté
d'un cran avec l'apparition de l'organisation de l'Etat Islamique.
B-L'ENLISEMENT DES FORCES
ARMEES FRANCAISES DANS LE CONFLIT AFGHAN
Depuis 1962, l'armée française a surtout
affronté des organisations armées. Par contre, elle a très
peu combattu les Etats avec leurs armées régulières. Or,
ces deux types de conflits présentent des caractéristiques
différentes. Affronter un Etat, relève de la logique de victoire
décisive sur le terrain, contre l'armée adverse, comme
préalable à la victoire politique. La puissance de feu est alors,
l'élément essentiel pour obtenir cette victoire
opérationnelle.
Le chef d'escadrons Alexandre de Féligonde, avait
publié une note intéressante et sans concessions avec
l'IRIS92(*) sur les
manquements du contre-terrorisme de l'armée française en
Afghanistan. Cette note est intitulée « La
contre-insurrection comme solution stratégiques ? Quelques
réflexions à partir du cas français en
Afghanistan. ». Sur le théâtre afghan,
malgré la création de la Task Force la Fayette en 2009,
les français manquaient d'effectifs pour mener une stratégie de
contre-insurrection à grande échelle dans les districts de Kapisa
et de Surobi. Le terrain difficile et vaste pour les manoeuvres militaires, la
densité de la population, le manque d'hélicoptères de
transport compliquaient le travail de l'armée française. L'auteur
constate alors que : « Les effectifs dans l'Est ne
permettraient de mener que des opérations de contre-insurrection, mais
bien à éviter une contagion trop importante ou encore le
développement de zones-refuges pour les insurgés. Ces
opérations étaient menées le plus souvent par les forces
spéciales, et reposaient sur d'importants efforts en matière de
renseignement, mais ne nécessitaient pas d'occuper le terrain et sont
donc moins consommatrices en troupes ».
L'auteur dans sa critique de l'approche française se
heurte à des freins : une population afghane par essence rebelle
(un euphémisme) ; des équipements du soldat ne facilitant
pas les contacts ; une certaine « bunkerisation » des
soldats. Il s'interroge sur les difficultés des troupes
étrangères en général et françaises en
particulier en Afghanistan : « Comment mettre en oeuvre une
approche globale quand les intérêts et les perceptions sont
différents d'une vallée à l'autre, voire d'un village
à l'autre ? ». Personne à l'ISAF n'a jamais
pu répondre à cette interrogation selon l'auteur. Dans ce sens,
l'intervention française n'est pas parvenue à affaiblir les
talibans93(*). Les
Talibans défaits à Kaboul, ceux-ci ont largement
évolué dans leur façon de faire à la fois dans les
tactiques utilisées et dans leur stratégie
générale. Renonçant aux affrontements directs avec les
troupes performantes technologiquement, les talibans sont revenus à la
guérilla. Ce qui avait épuisé les soviétiques dans
les années 1980. Les innovations sont inspirées de la guerre
d'Iraq, probablement avec une expertise d'Al-Qaïda.
En premier lieu, les talibans ont introduit les attentats
suicides jusque-là inconnus, plus de 140 en 2007. Cette pratique
redéfinit les cibles légitimes de la violence, notamment les
civils qui se trouvent en contact direct avec les troupes occidentales. La
multiplication des bombes télécommandées a
également montré son efficacité. De plus les
attentats-suicides et les bombes télécommandées
interdisaient une circulation légère des troupes
françaises et rendaient les contacts avec les populations difficiles.
En second lieu, les Talibans ont construit
méthodiquement leur stratégie en fonction des faiblesses
occidentales d'une manière générale et des armées
françaises en particulier, notamment l'occupation de terrain. Dans un
premier temps, ils ont effectué des raids meurtriers à partir du
Pakistan. Puis, ils ont reconstitué des maquis de plusieurs centaines
d'hommes à l'intérieur des régions qui leur sont acquises,
notamment au Sud et à l'Est.
Dans le même sens, le conflit afghan est bien une
« guerre américaine ». On se rappelle de ce
télégramme diplomatique révélé dans le
Monde par Wikileaks où l'ambassadeur des Etats-Unis
à Paris demandait, sur instance à l'Elysée. Ce
télégramme dévoilait que, Washington trouve des
façons de faire croire que la France comptait dans les options
stratégiques. On se rappelle également que le
« commander in chief » américain, de
Mckiernan à Petraeus en passant par McCristall relevait et
remplaçait, les chefs de la coalition sans se référer aux
autres membres.
Depuis l'élimination du leader d'Al-Qaïda Oussama
Ben Laden, tué par un commando de l'US Navy au Pakistan. Les pays de
coalition en Afghanistan, ont trouvé une excuse pour retirer leurs
soldats du guêpier, dans lequel ils se sont fourrés après
les attentats du 11 septembre 2001. L'ancien diplomate et attaché
militaire français René Cagnat tire un bilan catastrophique de
cette « intervention militaire aberrante », qui a fait plus
de 3200 morts du côté de la coalition, plus 25000 morts du
côté de talibans et au moins 14000 victimes civils94(*).
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'on s'accorde que
les « faibles », en termes de simple rapport de forces, ont
tendance à l'emporter majoritairement. L'asymétrie des forces est
en réalité, souvent compensée par l'asymétrie des
enjeux. Le « fort » occidental menant un combat
limité à l'étranger contre un
« faible », qui, lui mène une guerre totale chez
lui, et au coeur de la géographie physique et humaine qui le dissimule.
C'est lorsque les adversaires se ressemblent que la supériorité
des moyens donne son plein effet.
SECTION 2 : LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU SAHEL ET
DANS LE BASSIN DU LAC TCHAD : CAS DES ARMEES MALIENNE ET NIGERIANE
Niché entre le grand désert du Sahara au Nord et
la savane au Sud, le Sahel couvre une zone longue de 5400km de l'Océan
Atlantique à la Mer Rouge et abrite d'une façon restreinte la
Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina-Faso et le Tchad95(*), pays formant le G5
Sahel96(*). Le Sahel est
également considéré comme un arc qui s'étend de la
Mauritanie au Soudan et forme une zone de contact entre l'Afrique du nord et
l'Afrique subsaharienne. Depuis la désintégration du
régime libyen en 2011, le Sahel est devenu l'une des régions les
plus déstabilisatrices du monde : essor de trafics en tout genre,
attentats et enlèvements97(*). Les mouvements terroristes impulsés par un
jihadisme messianique ont fait du Sahel, un terrain de contrebande et de
violence pour leurs activités criminelles, allant jusqu'à envahir
le Nord Mali en 2012. Face à des pays sahéliens
défaillants, fractionnés et des armées locales mal
équipées et mal formées, les terroristes ont pu
s'installer durablement dans la région. Cette situation fait du sahel et
par extension dans le Bassin du lac Tchad, une zone instable et propice
à toutes économies criminelles.
Ainsi, dans notre analyse, le premier versant sera
articulé sur l'armée malienne dans la lutte contre le terrorisme
au Sahel (Paragraphe 1). L'autre versant s'articulera sur l'armée
malienne face au face au terrorisme de Boko Haram (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : L'ARMEE MALIENNE DANS LA LUTTE CONTRE LE
TERRORISME AU SAHEL
Les événements dans le monde arabe, notamment la
chute du régime libyen du colonel Kadhafi, n'ont fait que
renforcé le vide sécuritaire dans la zone sahélienne. Le
Mali est un pays sahélien qui connait depuis son indépendance,
une instabilité grandissante du fait, non seulement, de la mauvaise
gestion du problème de la rébellion touarègue98(*), mais aussi, par les
activités des groupes armés. L'insécurité
générée par ces mouvements terroristes au lendemain de
l'effondrement de la Libye, est de plus en plus grandissante dans la
région.
Il sera question ici de faire état des
difficultés des forces armées maliennes dans leur confrontation
aux organisations terroristes. L'étude de ce versant nous permettra de
mettre en exergue, le dispositif opérationnel de l'armée malienne
face à la menace des groupes armés terroristes (A). Il sera
aussi question, d'illustrer la déroute de l'armée malienne face
aux mouvements terroristes dans la guerre de 2012 (B).
A-LE DISPOSITIF
OPERATIONNEL DE L'ARMEE MALIENNE FACE A LA MENACE GROUPES ARMES TERRORISTES
Le terrorisme international est la conséquence des
échecs de la politique de défense des Etats et les manquements de
la gouvernance démocratique. Tout comme le conçoit Martha
Finnemore99(*), la
politique des Etats à l'échelle mondiale comme sur le plan
interne des Etats, est déterminée par une structure cognitive. Il
s'agit là dans cet aspect de notifier que, les Etats ne
conçoivent pas la politique de défense de la même
manière. Elle se fait, selon les prévisions de chaque Etat, et
selon la menace à laquelle un Etat est susceptible de faire face. Cette
structure cognitive est faite de représentations, des valeurs des normes
que chaque Etat se fait de la défense et de la sécurité de
son territoire. Ainsi, le Mali prit singulièrement, ne dispose pas la
même politique de défense que les pays transfrontaliers.
Avant l'offensive jihado-rebelles, le Mali jouissait d'un
certain nombre d'avantages putatifs que lui confère son statut d'Etat
souverain jouissant de la puissance publique par le droit international. Ces
avantages sont de deux plans : sur le plan national et international.
Sur le plan national, faute d'ouverture maritime,
l'armée malienne est composée de l'armée de terre et de
l'air avec un effectif près de 8000 hommes. Celle-ci constitue un outil
de défense et de dissuasion pour l'Etat malien face aux mouvements
terroristes. Le maillage des forces armées maliennes est
caractérisé par l'ensemble des forces constituées pour
défendre le sanctuaire national contre toute agression venue de
l'extérieure et susceptible de créer des troubles ou de porter
atteinte à la cohésion nationale. Elle assure ainsi, le maintien
de l'ordre et l'exécution des lois. Le maillage de l'armée
malienne est donc constitué des forces de 1ére,
2ème et de 3ème catégorie
chargées à des missions de défense.
Sur le plan international, après les attentats du 11
septembre 2001, les USA se sont rendus compte que leur sécurité
était dépendante des succès du contre terrorisme dans le
monde. Ces succès du contre terrorisme passent par, la stabilisation des
« failed states », des
« collapsing states » et des
« states building ». Pour le cas du Sahel, les USA
ont cherché à renforcer les capacités des gouvernements de
la région à lutter contre les groupes terroristes100(*). En plus d'une assistance
militaire étroite et bilatérale au renforcement des
capacités de lutte contre le terrorisme, qui porte sur le renforcement
des capacités nationales de maintien de l'ordre, et d'autres
capacités liées à la sécurité101(*).
Le soutien des USA au Mali dans ce sens entre dans le cadre de
la coopération horizontale en matière de sécurité,
entre les Etats de la région sahélienne et les USA. Le premier
instrument développé dans le cadre de cette coopération
est le Partenariat Transsaharien Contre le Terrorisme (TSCTP) qui
s'est développé à partir de l'Initiative
Pan-Sahélienne (PSI) plus restreinte102(*). Le TSCTP est un programme
inter-agences, incluant le département d'Etat, l'Agence
Américaine pour le Développement International (USAID) et le
Département de la Défense103(*). Il a pour objectifs principaux :
« le renforcement des capacités régionales
antiterroristes, l'amélioration et l'institutionnalisation de la
coopération entre les forces de sécurité
régionales, l'encouragement de la gouvernance démocratique,
supprimer l'idéologie du terrorisme, et le renforcement des liens
militaires bilatéraux avec les Etats Unis »104(*).
Ainsi, dans le cadre du soutien actif aux pays membres du
TSCTP dans la lutte contre le terrorisme, les USA ont organisé avec
plusieurs pays européens105(*)des manoeuvres dénommés Flintlock
2009 et Flintlock 2011. Ces manoeuvres étaient destinées
à développer le partage d'information dans la région du
Sahara, à améliorer la coordination des efforts et
l'interopérabilité entre les forces de sécurité et
les services participants, et à entrainer les unités militaires.
Ce soutien américain à l'armée malienne est en appui avec
le Commandement militaire américain pour l'Afrique (AFRICOM).
Les américains disposent également une base de drones à
Agadez (Niger), qui participent aux missions de surveillance des mouvements de
groupes terroristes dans la région notamment dans le Nord-Mali. Le
soutien des USA aux forces armées maliennes dans le cadre de la lutte
contre le terrorisme à travers ce partenariat constitue, un avantage
stratégique et tactique de poids pour l'armée malienne.
La France est également un partenaire
stratégique de poids pour le Mali dans la lutte contre les groupes
armés terroristes. Le soutien de la France à l'armée
malienne s'articule autour du concept du Renforcement des Capacités
Africaines en matière de Maintien de la Paix (RECAMP), notamment
à travers, la multiplication des écoles à vocation
régionale. Ce soutien de la France au Mali entre dans le domaine de
l'opérationnalisation des FAMA. Cette assistance se résume par,
l'assistance militaire, la formation des militaires et la dotation des
équipements militaires à l'armée malienne. Le soutien le
plus décisif de la France à l'armée malienne dans le cadre
de la lutte contre le terrorisme est celui de l'intervention militaire
française de 2013 (Opération Serval) dans la guerre de
2012.
Face aux signes avant-coureurs d'une attaque imminente des
rebelles du MNLA106(*),
les autorités de Bamako ont déployé un dispositif
militaire chargé de contenir cette menace à la frontière.
Celui était composé des moyens militaires conséquents de
l'armée malienne. Ce dispositif s'est déployé dans les
régions du nord, notamment à Ménaka, Gao, Tombouctou,
Sévaré, etc.
B-LA DEROUTE DE L'ARMEE
MALIENNE FACE AUX ORGANISATIONS TERRORISTES DANS LA GUERRE DE 2012
La guerre qui oppose l'armée malienne en 2012, est une
offensive lancée par le MNLA avec le soutien des groupes armés
terroristes. Ceux-ci sont composés : d'AQMI ; Ansar Eddine
d'Iyag Ag Ghali107(*)(les défenseurs de la foi) ; du MUJAO, du
mauritanien Hamada Ould Khairou108(*), qui est une scission d'AQMI ; du groupe
Al-Mourabitoune (les signataires par le sang) de Mokhtar Bel
Mokhtar109(*). Dans le
rapport de forces qui oppose les deux parties en présence, les troupes
maliennes partent désavantageuses. En effet, l'armée malienne
était mal équipée, moribonde et démotivée,
traversée par la corruption et les frictions internes. Par ailleurs, la
coalition jihado-rebelles comptait dans ses rangs des combattants aguerris aux
combats en milieu sahélien. Dont, certains étaient d'anciens
militaires ayant servis dans l'armée libyenne avant son effondrement en
2011. C'est le cas de Mohamed Ag Najim, chef militaire qui a
précédemment dirigé une division de l'armée
libyenne spécialisée dans la guerre en milieu
désertique.
Au niveau de l'équipement militaire, les mouvements
terroristes étaient mieux équipés que les troupes
maliennes. Selon certaines sources, ils leur manquaient seulement la dimension
aérienne110(*).
L'arsenal militaire des groupes armés était issu des stocks des
casernes libyennes (missiles sol-air, missiles sol-sol, les lances roquettes
RPG, les explosifs modernes, les mitrailleuses automatiques, de nombreuses
pièces d'artillerie, les kalachnikovs, des véhicules de combats
légers, etc.) pillé lors de la mise en déroute de
l'armée libyenne. D'autres équipements militaires étaient
en provenance des trafics d'armes de la région.
Face au professionnalisme, à la ténacité
et à la détermination des combattants de la coalition
jihado-rebelles près à aller au fanatisme, les forces
gouvernementales ont vite été débordées et ont
dû abandonner leurs positions au profit des terroristes.
En effet, le dispositif malien comprenait beaucoup
d'incohérences au niveau stratégique et au niveau opératif
(manque de coordination dans la chaîne de commandement, insuffisance des
moyens logistiques, les problèmes de relève des soldats, les
frictions internes au sein des forces déployées sur le
théâtre d'opérations, la vétusté du
matériel). A ces incohérences il faut associer la corruption au
sein même de l'appareil de défense malien. Afin, de
remédier à ces problèmes, un groupe de jeunes officiers
sous la houlette du capitaine Sanogo a donc fomenté un coup d'Etat
militaire le 22 mars 2012, contre le président Amadou Toumani
Touré. Ce qui est intéressant avec ce coup d'Etat militaire,
c'est que, celui-ci était sensé être un avantage
stratégique pour l'armée malienne, en résolvant les
problèmes dont celle-ci était confrontée. Il a
plutôt été un désastre stratégique pour
celle-ci. Dans la mesure où, il a causé une crise de confiance
entre le niveau stratégique et le niveau opératif. En effet, le
niveau stratégique étant paralysé par le coup d'Etat, le
niveau tactique avait donc procédé par une navigation à
vue. C'est ce qui justifie donc la débâcle totale de
l'armée malienne dans le nord du pays.
Ce coup de force a également causé une profonde
crise politico-institutionnelle dans le pays. Ce qui a conduit non seulement
à l'effondrement total de l'armée malienne, mais aussi au
démembrement de l'Etat malien. Profitant de cette situation, les
terroristes ont lancé uneoffensive pour prendre le centre du pays, dont
la capitale Bamako. C'est ce qui a déclenché l'intervention
militaire française (Opération Serval) en 2013, pour stopper
l'avancée des terroristes et procéder à la
reconquête du Nord-Mali.
La déroute de l'armée malienne dans le nord peut
être expliquée d'autres facteurs. L'armée malienne comme la
majorité des armées de la région souffre de multiples
problèmes. En effet, depuis l'avènement de la démocratie
au Mali, les secteurs de l'éducation, de la santé, de la culture,
etc. Ont été privilégiés au détriment du
secteur de la défense et de la sécurité. L'armée
malienne soufre à cet effet, d'une carence en matériel, en
hommes.
Dans le même sens, la guerre du Mali de 2012 se
déroule dans la zone sahélo-saharienne, et la
particularité avec cette région est qu'elle est propice au
camouflage et à l'enracinement pour les groupes terroristes. La
géographie de la région n'est pas adaptée pour les
opérations militaires terrestres ou aéroportées111(*). Pendant la guerre de 2012,
les groupes armés terroristes à l'instar d'AQMI, qui a choisi
d'installer son « sanctuaire » dans la vallée de
l'Amettatai, au nord de l'Adrar112(*) de Tigharghar (Sud-Ouest de l'Adrar des Ifoghas).
L'objectif est de profiter à la fois de la protection des massifs et de
la proximité de la grande vallée de Timlési, axe central
entre le fleuve Niger et l'Algérie113(*).
Figure N°4 :
Les marsouins français en mode de guerre dans l'Adrar des Ifoghas au
Mali.
Source :
lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr.
Dans les conflits de « 4eme
Génération »114(*), le soutien populaire constitue le centre de
gravité de l'action des forces belligérantes. Pendant la guerre
de 2012, la coalition jihado-rebelles jouissait du soutien des populations du
nord. Par contre, les FAMA ne bénéficiaient pas de ce soutien de
la part des populations du Nord. En effet, par la politique discriminatoire des
dirigeants de Bamako envers les peuples du Nord-Mali, l'action de
l'armée malienne dans le nord n'avait pas le soutien des populations
locales.
En outre, l'Etat malien, comme la majorité des Etats
sahéliens sont caractérisés par leur incapacité
à contrôler leur territoire d'une manière efficace. C'est
le cas du Mali, où le nord du pays est caractérisé par
l'absence des autorités étatiques. Délaissé par
l'Etat central, livrée à elle-même et souffrant d'un
investissement minime dans les infrastructures et les services de base. La
région du nord-Mali concentre tous les atouts pour devenir un
« hub » Ouest-Africain pour tout projet de
déstabilisation et de tout trafic115(*). Le président malien Amadou Toumani
Touré, destitué par le coup d'état du 22 mars 2012,
décrivait cette région en ces termes : « il
n'y a pas de routes, de centres de santé, d'écoles, de puits, de
structures de base pour la vie quotidienne. En fait, il n'ya
rien »116(*).
Les autorités de Bamako manquent une réelle
volonté à initier une véritable dynamique de
développement dans le nord, confronté à de multiples
problèmes profonds. Ce qui constitue un facteur structurel favorable
à l'enracinement du terrorisme et du crime organisé dans le
pays117(*).
PARAGRAPHE 2 : L'ARMEE NIGERIANE FACE AU TERRORISME DE
BOKO HARAM
Grand producteur de pétrole, le Nigéria se
présente comme l'Etat le plus peuplé du continent africain avec
ses 181,8 millions d'habitants et le septième pays le plus peuplé
du monde. Cependant, parallèlement à la résurgence des
groupes terroristes au Moyen-Orient et au Maghreb, une rébellion
dévastatrice et sanglante s'est imposée dans le nord-est du
Nigéria anglophone, dont l'avenir est considéré comme
déterminant pour la sous-région.
Apparu à Maiduguri dans l'Etat de Borno en 2002 sous le
nom de « Congrégation des compagnons du prophète
pour la propagation de la tradition sunnite et la guerre
sainte » Boko Haram a été fondé par Ustaz
Mohamed Yusuf118(*). Il
apparait comme une secte islamiste d'inspiration salafiste, réclamant
une application stricte de la charia dans le Nord du Nigéria119(*). Boko Haram120(*) dénonce les
inégalités sociales dans le pays, la corruption de l'élite
nigériane et l'influence de l'occident dont il estime que sa culture est
impie. L'année 2009 marque un tournant majeur dans l'évolution du
statut polémologique du groupe terroriste. A la suite d'une insurrection
simultanée des islamistes dans quatre (04) Etats du Nord-Est du
Nigéria (Borno, Bauchi, Yobé et Kano), s'est suivie une vaste
répression violente par les forces de défense et de
sécurité nigérianes. Cette répression a abouti
à l'exécution de ses principaux chefs dont son
fondateur121(*). Moins
d'un an après la répression violente contre les islamistes, le
groupe reprenait pied au Nigéria sous la direction d'Abubakar
Shekau, réputé par sa violence extrême. Il s'engageait
dans un activisme terroriste sans précédent au Nigéria et
dans tous les pays du bassin du lac Tchad.
Face à cette situation, les autorités
nigérianes ont pris des mesures sur le plan militaire pour juguler cette
menace terroriste. Notre réflexion s'articulera sur le dispositif
opérationnel de l'armée nigériane face à Boko Haram
(A) et, sur le maintien de l'initiative de Boko Haram sur l'armée
nigériane (B).
A-LE DISPOSITIF
OPERATIONNEL DE L'ARMEE NIGERIANE FACE AU TERRORISME DE BOKO HARAM
Avec son passage aux actions de type terroristes en 2010, Boko
Haram s'incruste dans diverses localités rurales et dans les zones non
peuplées, comme la forêt de Sambissa, dans l'Etat de
Borno, à proximité de la frontière camerounaise. Il refait
une apparition clandestine à Maiduguri et procède, dès
2011, à plusieurs attentats dans le centre et le nord-ouest du
Nigéria. En 2012 et 2013, il multiplie les assassinats et les attentats,
visant notamment les chrétiens, les leaders musulmans, les hommes
politiques et les chefs coutumiers s'opposant à ses vues. Il organise
plusieurs enlèvements, en particulier dans des écoles,
visiblement pour se procurer des jeunes combattants et des esclaves sexuels. Il
n'hésite pas à s'attaquer à des prisons, pour
libérer ses membres détenus ou pour élargir sa base de
recrutement. Et, à affronter les forces de sécurité
nigérianes, que se soit en attaquant des postes de contrôle de
l'armée, des casernes ou des commissariats de police, ou en tendant des
embuscades à des convois122(*) de l'armée.
Face à cette situation inquiétante, les
autorités d'Abuja ont entrepris des mesures fortes. Parmi celles-ci nous
avons, le lancement d'une vaste offensive militaire contre les insurgés
de Boko Haram, dans les régions de Maiduguri en novembre 2012. Elles ont
également proclamé l'état d'urgence six mois plus tard. Si
ces mesures ont permis de tuer des centaines d'insurgés du groupe
terroriste et de regagner un peu de terrain, en revanche elles n'ont pas eu
d'effet durable sur les insurgés.
En 2014, les attaques de Boko Haram deviennent encore plus
indiscriminées, visant les mosquées, les marchés ou les
évènements sportifs123(*). La période entre août 2014 et janvier
2015 est marquée également par la prise de plusieurs villes de
l'Etat de Borno. Au début de l'année 2015, la partie du
territoire nigérian sous contrôle de Boko Haram surpassait la
superficie de la Belgique124(*). Ce contrôle de vastes parties du territoire
nigérian, permet au groupe terroriste d'installer une véritable
économie de guerre en contrôlant les banques, les postes douaniers
et en collectant des impôts dans les villes sous leur contrôle. Ce
qui permet aux terroristes de lancer de vastes offensives contre l'armée
nigériane et contre les pays voisins du Nigéria.
La plupart des analystes ont attribué ces revers
à plusieurs facteurs : une corruption très répandue
à divers échelons de l'appareil militaire nigérian,
l'impopularité de l'armée due à de multiples violations de
droits humains dans les Etats affectés par l'insurrection. Il faut aussi
ajouter, les rivalités au sein de la hiérarchie militaire, des
effectifs trop peu nombreux sur le terrain. L'infiltration de l'armée
par des complices, qui par esprit de lucre ou d'idéologie fournissaient
renseignement ou armement à ceux qu'ils étaient censés
combattre125(*).
Un changement notable s'est produit au cours de l'année
2015, pendant les derniers mois du mandat du président Goodluck Jonathan
et les premiers de celui de son successeur, Muhamadu Buhari. Concentrant
d'abord ses efforts sur le sud de l'Etat du Borno et de l'Adamawa126(*), l'armée
fédérale nigériane a, entre février et septembre,
repris la plupart des villes conquises par Boko Haram en 2014. En outre,
l'incompétence de certains chefs militaires de l'armée
nigériane a été sanctionnée127(*). Des centaines de
mercenaires, majoritairement des sud-africains, de la firme Pilgrim
Africa, ont par ailleurs été engagés pour entrainer
et conseiller l'armée nigériane, ainsi que pour piloter des
hélicoptères et des blindés128(*).
Dès sa prise de pouvoir à Abuja, le 29 mai, le
président nigérian a transféré le centre de
commandement militaire chargé de la lutte contre Boko Haram d'Abuja
à Maiduguri épicentre de l'insurrection islamiste, soit au plus
près des zones affectées par le conflit129(*). En juillet de la même
année, il a limogé et remplacé les principaux chefs de
l'armée. Nommés six mois plus tôt par son
prédécesseur, ainsi que le conseiller à la
sécurité nationale130(*). De plus, ce dernier, Sambo Dasuki, en poste depuis
2011, a été arrêté en novembre. Il a
été accusé d'avoir détourné plus de 5
milliards USD destinés à l'armement devant servir à la
lutte contre Boko Haram, dont 12 hélicoptères, 4 avions de chasse
et des munitions131(*).
Aux nouveaux chefs militaires, il donnait en août, trois mois pour en
finir avec Boko Haram132(*). Enfin, on avait appris, en mai, que 579 officiers
et soldats étaient jugés au cours de deux procès distincts
pour indiscipline, tandis que, en octobre, le général qui
commandait la base de Baga a été condamné à 6 mois
pour « perte de matériel » par une cour
martiale133(*).
Si le rôle joué par les armées a permis
une certaine accalmie notamment, la tenue des élections
présidentielles au Nigéria. Elles ont aussi amoindri les
capacités opérationnelles de ce mouvement terroriste l'obligeant
à revoir sa stratégie. Le groupe armé terroriste n'est
plus dans une logique d'expansion territoriale comme à la fin 2014
où il volait de succès en succès dans le Nord-Est du
Nigéria, mais dans une logique de survie. Mais le groupe terroriste
garde toujours sa capacité de nuisance.
B-LE MAINTIEN DE
L'INITIATIVE PAR BOKO HARAM SUR L'ARMEE NIGERIANE
Face aux mailles de filets qui se resserrent, Boko Haram ne
désarme pas. Le groupe terroriste bénéficie toujours d'un
sanctuaire quasi inexpugnable dans la célèbre forêt de
Sambissa, les îles et îlots du bassin du lac Tchad et les Monts
Mandara. Obtenus grâce à la défaillance des Etats de la
région. Cet environnement est propice, aux déplacements discrets,
au camouflage et aux combats de guérilla. Une situation qui permet
à ce groupe terroriste de se reconstruire dans sa structure et son mode
de fonctionnement. Vu qu'il prouve jour après jour sa capacité
à imprimer la terreur au Nigéria et dans les pays voisins qui lui
ont déclaré la guerre.
Les mesures prises par les forces armées
nigérianes dans la lutte contre Boko Haram, comme le meilleur
approvisionnement en armes des soldats sur le front restent insuffisantes.
Selon certains experts, l'armée nigériane comme la
société nigériane, reste toujours gangrenée par une
corruption endémique au sein de l'appareil de défense
nigérian134(*).
Fin novembre 2015, l'attaque d'un village du sud de l'Etat de Borno et
l'enlèvement de nombreuses jeunes filles n'ont entrainé d'autres
réactions des soldats que des tirs en l'air et leur fuite. Presque
simultanément une autre attaque marquée par la destruction d'un
village aurait pu être évitée si l'armée, avait pris
en compte les avertissements des villageois faisant état d'une
l'imminence de l'assaut135(*).
Alors qu'Abuja n'a pas autorisé les incursions des
forces armées tchadiennes sur son territoire136(*). Outre de vieilles querelles
frontalières, à propos du lac Tchad, la collaboration entre les
deux armées est handicapée par les réticences de hauts
gradés nigérians qui accusent le Tchad d'avoir longtemps
été complice de Boko Haram137(*). Sur le plan politique, les relations difficiles
entre les deux présidents n'ont pas évolué après le
changement de titulaire du poste à Abuja. Buhari avait d'ailleurs
déclaré, quelques semaines avant son élection, qu'il
combattrait et chasserait « les troupes tchadiennes qui ont
envahi notre territoire »138(*).
Face à la montée en puissance de l'armée
nigériane, et à la conjugaison des efforts entre les forces
armées des pays du bassin du lac Tchad. Boko Haram a
décidé de ne plus tenter des opérations militaires de
grande envergure, couteuses, longues et compliquées à planifier
et qui exposent à des répressions. Tel un virus, le mouvement
mute, un revirement stratégique par l'adoption des méthodes de
combat totalement asymétriques. Il fait preuve d'une certaine
capacité de résilience sur font de changement de mode
opératoire évoluant vers les actions de guérilla et
d'embuscades extrêmement planifiées. Si le groupe terroriste
s'attaque toujours aux forces de défense nigérianes, aux
populations chrétiennes et musulmanes, ou ceux qui sont critiques
à son égard. La rhétorique du mouvement semble
évoluée vers un nouveau registre. Désormais, le recours
à des attentats-suicides complique encore plus l'action des forces
armées nigérianes, dans la mesure où ceux-ci sont
difficiles à prévenir.
L'enracinement de Boko Haram au Nigéria et dans le
bassin du lac Tchad, n'est que la conséquence des hésitations et
de volte-face de la diplomatie des différents acteurs impliqués
dans la lutte contre cette nébuleuse terroriste. Les différentes
mesures prises lors des sommets, ateliers ou réunions sur la menace de
Boko Haram à l'échelle nationale, régionale, ou
internationale démontrent un décalage entre les intentions des
acteurs et la volonté réelle sur le terrain. Or, le
Nigéria et ses pays voisins ont choisi le défi de l'option
militaire qui se veut une vision qui rassemble et mobilise les énergies
à tous les niveaux, selon les axes stratégiques définis
pour une synergie d'actions à long terme. Mais force est de constater
que ses stratégies de riposte ne convergent pas, malgré une
vision commune de la menace terroriste. Bien au contraire, elles se croisent
voire se neutralisent au nom des calculs étroits et laissent
déjà entrevoir toutes les difficultés à venir
d'autant plus que les objectifs des uns et des autres ne sont pas les
mêmes. Si le Nigéria en combattant Boko Haram cherche à
venir à bout à ce groupe terroriste qui menace son
intégrité territoriale et son unité nationale, le
Cameroun, le Tchad et le Niger quant à eux veulent contenir la menace
hors de leurs frontières.
CONCLUSION DU
CHAPITRE
Dans ce chapitre, il était question de faire une
analyse sur les difficultés des forces armées nationales dans les
théâtres d'opérations de lutte contre le terrorisme. Ainsi
donc, après avoir fait état des actions menées par les
forces armées américaine et française en Afghanistan, nous
avons également présenté, celles des forces armées
malienne et nigériane au Sahel et au bassin du lac Tchad. Il ressort que
les réponses apportées par ces différentes armées
dans leurs théâtres d'opérations respectifs
répondaient chacune aux spécificités de la menace à
laquelle ces armées faisaient face. Mais, les réponses
escomptées par ces différentes campagnes militaires non pas
été atteints. Elles ont mêmes été un
désastre stratégique pour certaines armées, comme il a
été le cas avec l'armée malienne en 2012. Cette situation
fait suite aux différents facteurs rencontrés sur le plan
stratégique et sur le plan opératif.
Ainsi, les difficultés rencontrées par les
forces armées nationales dans ces différents
théâtres de lutte contre le terrorisme sont d'ordre
stratégique et tactique. Difficultés relevant de nature de la
menace terroriste, à l'environnement dans lequel les opérations
militaires sont menées. Elles relèvent également des
spécificités des combats anti-terroristes, dont chaque
armée faisait face et aux difficultés propres à chaque
armée. La suite de notre analyse sera donc axée sur l'action de
l'armée camerounaise face à Boko Haram.
CHAPITRE 2
L'ARMEE CAMEROUNAISE FACE AU GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM
Le Cameroun est un pays situé au fond
du Golfe de Guinée à la confluence de l'Afrique Centrale et de
l'Afrique de l'Ouest. Il chevauche l'équateur jusqu'aux confins du Sahel
et du désert du Sahara. Il couvre une superficie de 475 000
km2 pour une population de plus de 20 millions d'habitants139(*). Dans une perspective
cartographique, « le Cameroun est un triangle isocèle
portant une bassine sur la tête (le lac Tchad), un bec sur la tête
(bec de canard), un bac sur son dos (les deux régions d'expression
anglaise, celles de l'Ouest et du littoral) »140(*).
Le Cameroun a longtemps été
considéré comme un pays stable dans une Afrique Centrale en
ébullition meurtrie par des guerres infra-étatiques et des crises
profondes. Mais, à cette situation de non guerre, il faut relever que le
Cameroun a longtemps été confronté à un conflit
conventionnel transfrontalier avec le Nigéria à propos de la
presqu'île de Bakassi. Conflit qui a été tranché en
faveur du Cameroun en 2002 par la Cour Internationale de Justice (CIJ)
de la Haye.
Figure N°5 :
Carte territoriale de la région de l'extrême-nord du
Cameroun.
Source :
www.googlemaps.com
De même, l'Extrême-Nord du Cameroun est depuis
l'indépendance un théâtre de trafics d'armes, de
pétrole, de la drogue, et de diverses formes de banditisme violent.
Depuis un certain nombre d'année, l'insécurité est une
donnée constante dans cette partie du territoire et dans la
frontière orientale du pays du fait des activités criminelles des
bandits transfrontaliers connus sous le nom de «coupeurs de
routes » ou les « zarguina » venus de la
République Centrafricaine (RCA) et du Tchad. La façade maritime
camerounaise n'est pas épargnée de cette insécurité
du fait, de la piraterie maritime dans le golfe de guinée. Toutefois,
ces événements sont à relativiser face à
l'insécurité montante dans l'Extrême-Nord du pays à
cause de la contagion des actions criminelles et terroristes du groupe
terroriste d'origine nigériane Boko Haram dans le bassin du lac
Tchad.
Face à l'insécurité montante sur la
partie septentrionale du Cameroun, il a fallu attendre le mois de mai 2014 pour
que les autorités de Yaoundé prennent l'initiative contre la
secte terroriste. En effet, c'est à Paris le 17 mai 2014 que le chef de
l'Etat du Cameroun Paul Biya avait déclaré devant la presse
: « Nous sommes ici pour déclarer la guerre au Boko
Haram », lors du sommet consacré à la paix au
Nigéria.141(*)Déclaration de « guerre »
qui s'est suivie par le déploiement d'importants moyens militaires dans
le Nord du pays pour contenir cette menace aux frontières nationales.
Ainsi, dans notre réflexion, il sera judicieux pour nous de faire
état du maillage stratégique des forces armées nationales
face à Boko Haram (Section 1). Par la suite, la montée en
puissance de l'armée camerounaise dans une action coalisée de
lutte contre Boko Haram (Section 2).
SECTION 1 : LE MAILLAGE STRATEGIQUE DES FORCES ARMEES
CAMEROUNAISES POUR PARER AU TERRORISME DE BOKO HARAM
Le grand penseur anglais de l'entre deux guerres Sir Basil
Liddel Hart pense que, « la stratégie » est
« l'art de distribuer et de mettre en oeuvre les moyens
militaires pour accomplir les fins politiques »142(*). Il en ressort, qu'il s'agit
de la compétence conjointe du gouvernement et du haut commandement des
armées. Elle se décline donc selon le milieu143(*), l'effet à
produire144(*), et les
moyens à mettre en oeuvre145(*).
En 1983, lors de la sortie des jeunes officiers à
l'Ecole Militaire Inter Armées (EMIA) du Cameroun, le président
de la république le signifiait sur le signe de la vigilance, la
défense du Cameroun est à la fois totale et permanente. Les
forces de défense camerounaises doivent donc garantir de manière
intangible ce qui est en construction, construction dont elles sont à la
fois « ferment et objet »146(*). Le rôle fondamental de l'armée dans
l'édification de la nation camerounaise est de prévenir le corps
social de toutes les menaces qui pourraient porter atteintes non seulement
à l'intégrité territoriale et aussi au patrimoine
reçu, mais aussi, d'extirper de la nation les germes susceptibles de
porter atteinte à la volonté du vivre ensemble. Toutefois, la
réalisation de ces missions de défense passe par une bonne
identification des pesanteurs en termes de vulnérabilités
susceptibles de mettre la nation en péril147(*). L'armée camerounaise
constitue donc un outil de dissuasion pour le Cameroun contre toute attaque
éventuelle venant de l'un des pays frontaliers, susceptible de
créer des troubles au sein du territoire national. Mais cette dissuasion
a été brisée par les raids meurtriers à
répétition du groupe terroriste Boko Haram dans les
localités camerounaises situées à l'extrême-nord du
pays depuis 2012148(*).
Ceci se justifie par la nouvelle configuration polémologique qui
prévale depuis la fin de la guerre froide où la puissance
militaire ne dissuade plus et ne met plus un Etat à l'abri contre une
éventuelle attaque terroriste.
La menace terroriste de Boko Haram, appréhendée
sous le prisme sécuritaire, il s'agira ici d'analyser le dispositif
opérationnel mis en oeuvre par l'armée camerounaise pour contenir
cette menace terroriste (Paragraphe 1). Et le réajustement de la carte
territoriale de commandement de l'armée camerounaise (Paragraphe 2) qui
s'est suivi.
PARAGRAPHE 1 : LE DISPOSITIF OPERATIONNEL DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE MIS EN OEUVRE POUR CONTENIR LE TERRORISME DE BOKO HARAM
La doctrine générale de défense et de
sécurité du Cameroun est défensive. Elle se traduit par la
volonté des autorités de préserver la paix, la
sécurité et l'intégrité territoriale toute
entière du sanctuaire national. Il s'agit à cet effet, de
défendre le territoire contre toutes menaces à la
sécurité intérieure ou aux agressions extérieures.
Les attaques meurtrières de Boko Haram sont donc
considérées comme des « actes de guerre »
contre le sanctuaire national, par conséquent, il faut imposer une
riposte militaire.
Il s'agira donc pour nous, d'orienter notre analyse sur le
déploiement de l'armée régulière (A) et de celui
des unités d'élite de l'armée (B) pour contenir les
insurgés de Boko Haram.
A-LE DEPLOIEMENT DE L'ARMEE
REGULIERE DANS LA PARTIE SEPTENTRIONALE DU PAYS
Depuis 2009, Boko Haram s'est réorganisé et
implanté dans la forêt de Sambissa. Depuis cette période,
Boko Haram s'est lancé dans un terrorisme sans précédent
pour se hisser au rang des groupes terroristes les plus violents de la
planète, avec pour but ultime la mise à l'échec du pouvoir
central d'Abuja149(*).
De 2009 à 2012, Boko Haram semble jouir d'un avantage confortable de
terrain au Cameroun. Dans un prosélytisme terroriste, cette situation
pousse le groupe terroriste à étendre ses tentacules dans les
pays voisins du Nigéria, notamment à l'Extrême-Nord du
Cameroun. C'est en 2012 que Boko Haram a commencé à
étendre ses actions violentes en territoire camerounais principalement
dans les localités de Fotokol, Makary, Amchidé, Kousseri et
Dabanga150(*). Bien que
ses attaques soient des actions relativement isolées et
localisées, mais, elles illustrent à suffisance la prise de
l'initiative et de l'implantation de Boko Haram sur le territoire camerounais.
L'année 2012 marque également la pénétration et
implantation des combattants de Boko Haram au Cameroun et la création
des cellules opérationnelles dans l'Extrême-Nord du pays. En
effet, en 2012 un groupe de militants de la secte terroriste a exigé via
des tracts envoyés aux autorités et aux populations à
Amchidé, Fotokol et Kousseri, la fermeture des bars et l'application de
la charia, et menacé les commerçants et les transporteurs de
représailles s'ils ne contribuaient pas au financièrement du
Jihad151(*).
Par souci de neutralité politique, ou de non
ingérence à ce qui semblait être aux yeux des
autorités camerounaises comme un problème interne au
Nigéria. Les autorités de Yaoundé ont mis du temps
à réagir contre Boko Haram. Profitant de cette situation, les
terroristes ont renforcé leur emprise territoriale au Cameroun de 2013
à mis 2014, par l'enlèvement des ressortissants étrangers
sur le sol camerounais. Après avoir enlevé une famille
française forte de sept (07) personnes dans le parc national de Waza
(dans le département du Logone et Chari), situé à
l'extrême-nord du pays le 19 février 2013. Le 13 novembre 2013, un
prêtre français était aussi enlevé à
Nguetchewe (département du Mayo Tsanaga) ; Le 19 avril 2014, deux
prêtres italiens et une soeur canadienne étaient enlevés
à Tchere dans le Diamaré ; en mai 2014, dix ouvriers chinois
de la compagnie chinoise Sino-hydro étaient enlevés dans la
localité de Waza.
Outre les enlèvements d'occidentaux, le territoire
camerounais semble également être pendant cette période la
plaque-tournante du trafic d'armes en direction de Boko Haram. Comme en
témoigne la découverte des stocks d'armes dans
l'extrême-nord du Cameroun152(*). Dans cette logique, la zone transfrontalière
Cameroun-Nigéria était devenue une zone grise aux
conséquences économiques, humanitaires et sécuritaires
désastreuses. En effet, les incursions meurtrières de Boko Haram
étaient devenues quasi-quotidiennes et les échanges commerciales
entre les deux pays dans cette zone étaient devenus quasi absents.
Le mois de mai 2014 marque le début d'un conflit ouvert
entre les militants islamistes de Boko Haram et les forces de défense
camerounaises. Les premiers affrontements directs entre les militaires
camerounais et les combattants de Boko Haram datent du 2 mars 2014 à
Wouri-Maro près de la localité de Fotokol153(*). Face à la posture
offensive du mouvement terroriste, le gouvernement de Yaoundé a pris des
mesures sécuritaires relativement adaptée à la menace.
Au lendemain de la déclaration de guerre à Boko
Haram, par le président de la république, les autorités de
Yaoundé ont déployé d'importantes troupes de
l'armée régulière dans la partie septentrionale du pays.
Le dispositif opérationnel mis en oeuvre par l'armée
régulière s'articulait au tour de l'opération Emergence 4,
conduite par la quatrième région militaire interarmées
(RMIA4, l'armée régulière)154(*). Ce dispositif est
composé par les unités des armées de terre, air et mer.
Dans l'armée de terre nous avons les unités
aéroportées à l'instar, du Bataillon des Troupes
aéroportées (BTAP) de Koutaba (région de l'Ouest). Des
unités amphibies, à l'instar du Bataillon Spécial Amphibie
(BSA) qui est basé à Tiko dans le Sud-ouest du pays, et des
unités blindées, comme le Bataillon Blindé de
Reconnaissance (BBR) et de l'arme du génie notamment, les unités
du Régiment du Génie militaire (REGEN). Il est à
noté que ses unités étaient accompagnées par un
matériel militaire conséquent allant des pick-up montés,
aux chars d'assauts, des véhicules légers aux blindés, de
la mitrailleuse en passant par les mortiers aux canons. L'artillerie
était au rendez-vous notamment par le Régiment d'Artillerie
Sol-Air (RASA) et du Régiment d'Artillerie Sol-Sol (RASS).
L'armée de l'air avait également
déployé ses unités de combats allant des avions de
reconnaissance aux avions de combat notamment des Alpha-jets et Foucade, des
hélicoptères de type Puma, Bell et Gazelle et le bataillon des
fusiliers de l'air commando. L'armée marine avait quant à elle
aussi déployée ses unités opérationnelles. C'est le
cas, de la Compagnie des Palmeurs de Combat (COPALCO) et le Bataillon des
Fusiliers Marins commando (BAFUMAR). Ces forces de la marine ont
été déployées dans le lac Tchad.
Vu l'urgence et la dangerosité de la menace terroriste
de Boko Haram, le déploiement des moyens militaires dans
l'extrême-nord du pays, apparait comme une mesure appropriée
à l'ampleur de la menace.
B-LE DEPLOIEMENT DES UNITES
D'ELITE DE L'ARMEE
Le concept d'emploi des forces armées camerounaises a
opéré une mutation qui remonte aux années 90, et par la
suite à la réforme de 2001. L'armée
régulière est de plus en plus supplantée par les
unités d'élite. Cette évolution est en partie
inhérente à la montée en puissance des menaces de plus en
plus diffuses dans la région et aux transformations des menaces qui
pèsent sur la sécurité nationale. Elle s'inscrit
également dans le contexte d'inefficacité de l'armée
régulière et d'une incapacité du budget de la
défense camerounaise à entrainer et équiper convenablement
une armée dont les effectifs dépassent les 40000 hommes.
Pour lutter contre Boko Haram, les autorités de
Yaoundé ont envoyé des effectifs supplémentaires du
Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) dans le cadre de l'Opération Alpha
(BIR-Alpha)155(*). Il
faut rappeler que c'est dans cette zone qu'est né le BIR à
Maroua-Salak et dont se trouve le centre de commandement de l'opération
Alpha dans le camp du 1er BIR.
En effet, Le Bataillon d'Intervention Rapide, plus connu des
camerounais sous le sigle BIR est la transformation de l'ancien BLI156(*), est une unité
d'élite de l'armée camerounaise. Il a été
créé en 1999 pour faire face aux nouvelles menaces contre la
sécurité du territoire, notamment les coupeurs de route et la
multiplication des groupes armés non contrôlés. Le BIR a un
poids sans égal dans le dispositif de défense camerounais par
l'étendue de ses missions, la spécificité de sa formation
et de son commandement ainsi que, par l'augmentation de ses effectifs et ses
équipements. Le BIR est né d'après le Décret
n°99/16 du 1er février 1999, et a été
consacré en 2001. Il est entrainé et équipé par les
éléments de l'armée israélienne (le Tsahal).
Cette unité d'élite dépend statutairement
ou administrativement du Ministère de la défense
précisément par l'état-major de l'armée de terre.
Mais, reçoit des ordres à la présidence de la
république. D'après Hans de Marie Heungoup « la
création du BLI fait suite à l'échec de l'armée
régulière et de la gendarmerie nationale à venir à
bout du phénomène des coupeurs de route dans les régions
de l'Adamaoua, du Nord, de l'extrême-Nord et de
l'Est ».157(*)
Pour François Pelene158(*), « face à l'émergence des
nouvelles formes de criminalité et du banditisme transfrontalier, les
BIR s'imposent comme la réponse proportionnée et décisive
de l'Etat ».
Initialement constitué de 1000 hommes, le BIR compte
à l'actif plus de 7000 hommes, répartis en 5 BIR terrestres, et
des composantes navales (BIR-Delta et BIR-Côte) et aéromobiles
(GIRAM), des unités d'observation (GOA) de renseignement et des
unités types forces spéciales (CAT et GRS)159(*). Ainsi, dans le cadre de la
lutte contre Boko Haram, le gouvernement camerounais avait d'abord
déployé 700 soldats. En juillet 2014, 3000 soldats
supplémentaires au profit du BIR-Alpha ont été
déployés. Le dispositif du BIR-Alpha dans le cadre de cette lutte
est placé sous le commandement de l'opération Alpha, basé
au 1er BIR à Maroua-Salak. Cette opération est
repartie en plusieurs zones, et chaque zone a à sa tête un
commandant de la zone (Com zone) et des unités antiterroriste
(CAT)160(*).
En outre, en réaction au déploiement
d'importants moyens militaires dans l'extrême-nord du Cameroun, Boko
Haram a commencé à durcir sa posture offensive au Cameroun. En
effet, Boko Haram a commencé à intensifier ses attaques
meurtrières dans les localités frontalières avec le
Nigéria, tout en demandant aux populations dans une logique
communicationnelle par tracts de ne pas coopérer avec les forces de
défenses camerounaises161(*). Selon le rapport d'enquête d'Afrique
d'International Crisis Group « Boko Haram en 2014,
cherchait clairement à prendre le contrôle de villes
transfrontalières du Cameroun pour les attacher au califat
autoproclamé au Nigéria, et a même hissé son drapeau
à Kérawa, Ashigashia et Balochi, sans les contrôler plus
d'une journée »162(*). Pendant cette période, Boko Haram
était dans une logique de conquête territoriale au Cameroun, par
l'utilisation d'une tactique de combat conventionnelle. Ce qui a conduit les
autorités camerounaises à revoir leur approche dans la conduite
des opérations militaires antiterroristes.
PARAGRAPHE 2 : LE REAJUSTEMENT DE LA CARTE TERRITORIALE
DE COMMANDEMENT DE L'ARMEE CAMEROUNAISE
Le concept stratégique précise la grammaire
autour de laquelle va s'articuler la politique défense et de
sécurité nationale. S'agissant du Cameroun, le concept
stratégique est celui de la « défense
populaire », même s'il tend vers la professionnalisation depuis
la réforme de 2001. Si le concept stratégique revêt un sens
philosophique, le concept d'emploi des forces ou doctrine d'emploi des
forces en revanche est très pratique. D'après le
général Pierre Semengue, l'emploi des forces concerne :
« le dimensionnement des forces, l'équipement des forces,
l'instruction du personnel et l'entrainement des forces, leur positionnement
sur le terrain, le soutien logistique et l'usage des
forces »163(*). Au Cameroun, l'emploi des forces comprend par
exemple la catégorisation des forces, la définition de leurs
tâches et de leurs effectifs, la définition des moyens logistiques
mis à leur disposition, l'organisation et le positionnement des forces.
Dans le cadre de ce travail, le réajustement de la doctrine d'emploi des
forces concerne le repositionnement ou le redéploiement des forces pour
une meilleure utilisation de la force dans la lutte contre Boko Haram.
A la suite des difficultés que l'armée
camerounaise a rencontrées sur le plan opérationnel. Dans un
souci de coordination des actions sur le niveau stratégique et
opératif, les autorités camerounaises ont eu à modifier
leur carte territoriale de commandement de l'armée par, la
création d'une 4e région militaire (A), et, par
l'opérationnalisation et le redéploiement des unités de
combat de l'armée régulière (B).
A-LA CREATION D'UNE 4E
REGION MILITAIRE SPECIFIQUE
Durant toute la période de mai 2014 jusqu'au
début de l'année 2015, Boko Haram était dans une logique
de guerre totale au Cameroun. Les enregistrements vidéo et audio de son
leader menaçant le gouvernement de Yaoundé sont illustratifs
à ce point. L'attaque du 12 janvier 2015 sur la ville de Kolofata vient
également soutenir cette posture. En effet, cette ville subissait une
violente offensive à l'arme lourde des combattants de la secte
terroriste venus du Nigéria. L'attaque visait la garnison du BIR-Alpha
et les combats ont duré près de 5h avec une violence inouïe,
pendant lesquels 143 combattants islamistes et un soldat du BIR-Alpha aurait
perdu la vie selon les chiffres officiels.
Il est donc à démontrer que cette période
illustre la démonstration de force de Boko Haram face aux forces de
défense camerounaises. A cet effet, les avantages de Boko Haram dus aux
fragilités de la région, à ses succès militaires au
Nigéria. Ces avantages du groupe terroriste sont conjugués au,
déficit de coopération entre les militaires camerounais et les
militaires nigérians. Cette situation confère aux terroristes un
avantage opérationnel pour maintenir durablement son initiative face
à l'armée camerounaise et à là mettre
sérieusement en difficulté.
Face à ces difficultés rencontrées par
l'armée sur le théâtre des opérations, le Cameroun a
eu à effectuer un réajustement de sa doctrine d'emploi des
forces, pour mieux combattre le groupe terroriste. Dans ce sens, le
président de la république a pris une série de mesures
promulguées par décrets le 14 août 2014. Parmi ces mesures
il y'a, la scission de la 3e région militaire
interarmées (RMIA3) en créant une 4e région
militaire interarmées (RMIA4) basée à Maroua
(région de l'extrême-nord). Celle-ci regroupe tous les
départements touchés par les activités terroristes de Boko
Haram. Nous avons également la création d'une 4e
région de gendarmerie (RG4) avec les mêmes
spécificités. Dans la même logique, le président de
la république avait également limogé les
généraux à la tête de ces régions militaires
et de gendarmeries par des colonels. La création d'une 4e
région militaire et de gendarmerie a pour objectif, de rapprocher le
commandement du théâtre des opérations. Puisqu'il faut
relever que les postes de commandement de la 3e région
militaire et de gendarmerie164(*) étaient basés à Garoua
(région du Nord) et regroupaient trois régions administratives,
dont celle de l'Extrême-Nord. La scission de la 3e
région militaire et de gendarmerie vient donc palier d'une
certaine mesure à ces problèmes opérationnels.
B-L'OPERATIONNALISATION ET
LE REDEPLOIEMENT DES UNITES DE COMBAT DE L'ARMEE REGULIERE
Face à la montée en puissance des
activités terroristes de Boko Haram dans le septentrion camerounais, le
président de la république avait également pris une
série de mesures promulguées par décrets. Les
décrets pris par lu président de la république concernent
également, l'activation de la 31e et la 32e BRIM
(Brigade d'Infanterie Motorisée)165(*). Celles-ci sont des unités tactiques de
combat de l'armée de terre dont les zones d'opérations englobent
les localités touchées par les activités criminelles de la
secte terroriste. Par la suite, nous avons également, le
transfèrement du poste de commandement de la 41e BRIM de
Maroua à Kousseri.
Dans la foulée, pour une gendarmerie de
proximité proche des populations, de nouvelles brigades de gendarmerie
ont été créées dans la ville de Maroua et dans les
localités touchées par les incursions de la secte terroriste,
notamment à Fotokol et Kolfata. Dans un souci de coordination de
l'action des forces sur le terrain, des « commandements
opérationnels »166(*) ont vu le jour dans
l'Extrême-Nord. L'ensemble de ces mesures apparaissent ici
à ce qui est commun d'appeler « le réajustement du
concept d'emploi des forces », pour une meilleure utilisation de la
force.
Le déploiement de ces séries de mesures va en
droite ligne avec la nature de la menace qui prévalait. En effet, les
combats entre l'armée et les membres de Boko Haram étaient plus
conventionnels qu'asymétriques et la victoire décisive semblait
être basée sur le rapport de force, ou sur la détention
d'une grande puissance de feu. C'est dans ce sens que les autorités
camerounaises ont cherché à palier à ces déficits
par un réaménagement du concept d'emploi des forces en l'adaptant
à la nature des combats.
Toutefois, les résultats de ces mesures n'ont pas
été automatiques sur le théâtre des
opérations. En effet, certaines mesures prises lors du sommet de Paris
du 17 mai 2014 n'ont pas été mises en oeuvre. On peut relever la
décision de mener les patrouilles conjointes avec le Nigéria le
long de la frontière commune167(*). Cette mesure, durant cette période aurait de
toute façon difficilement pu être appliquée. En effet, une
grande partie de la frontière commune du nord des deux pays était
déjà passée sous le contrôle de Boko Haram. A cela
s'ajoute des lacunes sur le plan tactique et opératif, couteuses en vies
pour les soldats : sous-équipements (armements non adaptés
en zone sahélienne, gilets pare-balles non appropriés, armes non
fonctionnelles, manque de lunettes à vision nocturne pour les
opérations en profondeur). L'on a également la
vétusté du matériel, qui est parfois non adapté
pour les combats en milieu sahéliens et les disfonctionnements dans la
chaîne de commandement et dans la chaîne logistique168(*).
Fort de cette position avantageuse, le leader du groupe
terroriste menaçait directement Paul Biya président de la
république du Cameroun dans un enregistrement vidéo
diffusé le 5 janvier 2015. Aboubakar Shekau chef du groupe jihadiste
disait: « Paul Biya, si tu ne mets pas fin à ton plan
maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigéria
(...) tes soldats ne peuvent rien contre nous »169(*).
De ce qui précède, nous constatons que,
malgré la mise en oeuvre d'une série de mesure par les
autorités de l'armée camerounaise pour mieux coordonner les
actions sur le terrain, les résultats escomptés n'ont pas
été concrétisés. Vu la régionalisation et la
transnationalité de cette menace terroriste, nous verrons donc par la
suite, la montée en puissance de l'armée camerounaise dans une
action coalisée de lutte contre Boko Haram.
SECTION 2 : LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE DANS UNE ACTION COALISEE DE LUTTE CONTRE BOKO HARAM
La spécificité commune avec les conflits du
21e siècle est leur caractère hybride et diffus. C'est
ce qui a été observé avec le conflit Cameroun-Boko Haram.
En effet, les premières phases du conflit s'assimilaient à un
conflit conventionnel, avec des attaques frontales de grandes envergures contre
les positions de l'armée régulière par les insurgés
de Boko Haram. Mais, avec la mutualisation des forces, la seconde phase de ce
conflit est marquée par son caractère irrégulier, avec des
méthodes de combat quasiment asymétriques. Il est donc
intéressant dans cette partie, d'analyser l'action de l'armée
camerounaise dans la mutualisation des forces contre Boko Haram (Paragraphe 1),
et, la modification du format de force de l'armée camerounaise
(Paragraphe 2) à l'épreuve des actions asymétriques du
groupe terroriste.
PARAGRAPHE 1 : L'ARMEE CAMEROUNAISE DANS LA MUTUALISATION
DES FORCES DANS LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM
Face à la régionalisation de menace terroriste
de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, sur appel du président de la
république du Cameroun, le Tchad a déployé un important
contingent de militaires dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Cette
intervention militaire tchadienne se situe dans le cadre de l'opération
Logone 2015 (A). Et les initiatives prises sur le plan régionales ont
abouti à l'opérationnalisation de la Force Multinationale Mixte
(FMM) (B) pour lutter contre la secte terroriste.
A-L'OPERATION LOGONE
2015
La multiplication des attaques de Boko Haram contre le
Cameroun, et la prise de contrôle par les islamistes de nombreuses
localités au Nigéria voisin, proche de la localité de
Kousseri, aux abords du lac Tchad, inquiètent le gouvernement tchadien.
En effet, la capitale N'Djamena n'est séparée du fief des
islamistes de Boko Haram que par cette bande de terre camerounaise de 50km de
large et poreuse aux infiltrations jihadistes. Boko Haram s'étant
également emparé de la route Maiduguri-Fotokol et menaçant
le tronçon Mora-Kousseri, les principales voies d'approvisionnement du
Tchad170(*). Alors, ce
dernier pâtit déjà de la réduction du commerce avec
le Nord-Est du Nigéria et l'obligation de passer par le Niger171(*).
L'insécurité dans le nord du Cameroun entraine
la fermeture de l'axe commercial Douala-Maroua-N'Djamena. Les camions doivent
emprunter une route de contournement traversant Moundo et Bongor, avec pour
conséquence le passage de 4 à 6 jours de trajet, et
l'augmentation du prix de denrées sur les marchés tchadiens.
Ainsi, dans un souci de préserver les intérêts
stratégiques et vitaux pour le pays, les Forces Armées
Tchadiennes d'Intervention au Cameroun (FATIC) sont entrées le 18
janvier 2015 en fin d'après-midi en territoire camerounais, pour
combattre aux cotés de leurs frères d'armes camerounais. En
effet, le 8 janvier 2015, lors de la cérémonie de
présentation des voeux au corps diplomatique accrédité
à Yaoundé, le président de république Paul Biya
avait lancé un appel à la solidarité internationale, en
direction de la communauté internationale par ses
termes : « à menace globale, riposte
globale »172(*).
Durant cette période, l'armée camerounaise
était débordée par les attaques sanglantes des islamistes
de Boko Haram. Cette intervention militaire avait donné naissance
à l'opération binationale baptisée, Opération
Logone 2015. L'un des premiers objectifs des FATIC était, la
reconquête de la ville de Baga en territoire nigérian dont
l'occupation par les islamistes constituait un danger pour la
sécurité nationale du Tchad du fait, de sa proximité avec
le territoire tchadien. En effet, le 3 janvier 2015, Boko Haram lance une
grande offensive sur la ville de Baga et sur plusieurs localités
voisines. La principale cible est l'importante base militaire de Baga qui
abritait le quartier général de la Force Multinationale (Multi
National Joint Task Force - MNJTF en anglais)173(*). En l'absence des soldats nigériens et
tchadiens, les combattants islamistes « ont submergé les
troupes nigérianes et les ont forcé à abandonner la
base », a témoigné sur AFP Usman Dansubbu, un
habitant de Baga qui a fuit vers Gubuwa au Tchad. Ils ont alors massacré
tous les habitants qui n'avaient pas réussit à fuir et ont
incendié et détruit 90% de la ville de Baga et de Doron-Baga.
Dans cette attaque, Boko Haram avait massacré des centaines voire,
près de deux mille personnes ce qui constituerait le pire massacre de ce
groupe terroriste.
Le déploiement des militaires Tchadiens dont les
capacités opérationnelles sont avérées depuis la
guerre du Mali de 2012, apparait ici comme « un ouf de
soulagement » pour les troupes camerounaises déployées
au front. Depuis des mois celles-ci essuyaient des assauts meurtriers et
quasi-quotidiens des terroristes. Il est à noter ici, qu'à la
différence avec l'armée camerounaise, l'armée tchadienne
disposait le droit de poursuite dans le territoire nigérian, ce que les
forces armées camerounaises n'avaient pas. Cette situation mettait donc
l'armée camerounaise dans une position désavantageuse face aux
offensives des islamistes. En effet, l'armée camerounaise se contentait
de défendre leurs positions face aux offensives des islamistes, sans
toutefois pouvoir mener des opérations de contre offensive sur les
positions tenues par Boko Haram près de la frontière en
territoire nigérian. Ce désavantage va en droite ligne avec la
position du théoricien de la guerre Clausewitz qui considère que,
défendre est aisé que d'attaquer. Mais, l'offensive reste la
seule et l'unique posture permettant d'atteindre un but positif.
Stationnés à Maltam, Fotokol et Mora, les
soldats tchadiens ont mené des offensives contre les positions tenues
par Boko Haram au Nigéria. C'est le cas de la bataille de Baga ou celle
de Gambaru. Les troupes tchadiennes ont également mené des
opérations conjointes avec l'armée camerounaise en territoire
camerounais, l'attaque sanglante contre la ville de Fotokol par Boko Haram en
février 2015174(*) est illustrative à ce point. La petite ville
nigériane de Gambaru bordant la frontière camerounaise, conquise
le 24 août 2014 par Boko Haram, est conquise par les troupes tchadiennes
le 3 février 2015175(*). Le lendemain, alors qu'elles sont entrain de
ratisser la ville, les islamistes s'infiltrent à Fotokol, de l'autre
coté de la frontière. Et y mènent ce qui est sans doute le
pire massacre qu'ils n'aient jamais commis au Cameroun, tuant jusqu'à
400 personnes en quelques heures, avant de disparaitre176(*). Néanmoins, cette
attaque sanglante illustre tout de même le manque de coordination des
actions qui prévalait entre les forces engagées au front.
Du moins, à partir de leur posture défensive,
les militaires camerounais ont souvent pénétré au
Nigéria et pilonné les positions tenues par Boko Haram à
partir du territoire camerounais, notamment dans les localités de Banki
et de Gambaru177(*).
Dans le même sens, les mentalités ont évolué entre
les militaires camerounais et nigérians pour une coordination de leurs
efforts dans la lutte contre Boko Haram. La coopération entre les deux
armées s'est nettement améliorée depuis l'élection
de Buhari à la tête du Nigéria en mai 2015. Les deux
armées depuis cette période, mènent des opérations
coordonnées et échangent régulièrement des
renseignements178(*)dans
la lutte contre les terroristes de Boko Haram.
De ce qui précède, l'action de l'armée
tchadienne aux cotés de l'armée camerounaise a été
décisive pour contenir les assauts de Boko Haram en territoire
camerounais. Elle a permis de déloger les islamistes dans leurs
positions proches du territoire camerounais. Ceci nous amène donc
à examiner par la suite l'action de l'armée camerounaise dans une
action régionale de lutte contre le groupe terroriste.
B-L'OPERATIONNALISATION DE
LA FORCE MULTINATIONALE MIXTE DE LA CBLT
L'Afrique est le continent le plus affecté par des
crises et des conflits, et bon nombre d'initiatives de développement et
de la lutte contre la pauvreté affrontent l'hypothèque de la
permanence des violences sociopolitiques, militaires. Auxquelles s'ajoutent,
d'autres menaces transversales. S'agissant de la menace terroriste de Boko
Haram, sa montée en puissance au Nigéria et au Cameroun a
amené les pays transfrontaliers à mener des initiatives
nationales contre ce mouvement terroriste. Face à la
régionalisation de cette menace transversale, la construction d'une
réponse adaptée, donnant plus de place à la coordination,
à la complémentarité et à la cohérence des
politiques s'est avérée capitale. Dans cette perspective, les
pays membres CBLT179(*),
après le sommet extraordinaire des chefs d'Etats de la CBLT et du Benin,
du 07 octobre 2014 à Niamey (Niger), ceux-ci ont décidé de
conjuguer leurs efforts en opérationnalisant la FMM de
sécurité du Bassin du Lac Tchad.
En effet, la FMM est un dispositif offensif de stabilisation
ayant pour objectif la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram et d'autres
groupes qualifiés de terroristes dans les pourtours du bassin du lac
Tchad. Sa mise en forme a été décidée lors du
sommet des chefs d'Etats de gouvernements de la CBLT tenu à Niamey. Le
25 novembre 2014, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de
l'Union Africaine (UA) a apporté son plein soutien à son
opérationnalisation180(*). Mais, ce n'est que lors de la réunion du 29
janvier 2015 que le CPS a formellement autorisé son déploiement
pour une durée de 12 mois. Cette autorisation a été
renouvelée le 14 janvier 2016 pour 12 mois
supplémentaires181(*).
Pour rappel, l'origine de la FMM date de 1994. La
décision de mettre en place cette Force pour lutter contre la
criminalité, le grand banditisme avait été prise en
1994182(*). Ce n'est que
quatre ans plus tard, en 1998, que la Force sera effectivement mise en place.
Toutefois, cette décision se traduit par peu d'actes concrets. La Force
est demeurée dans une léthargie totale, se limitant à
l'organisation de quelques patrouilles183(*). Il faut rappeler que le Cameroun, avait
refusé de participer à ce mécanisme. Compte tenu des
relations tendues qu'il entretenait avec le Nigéria, sur fond de
différends frontalier et territorial portant sur la péninsule de
Bakassi et dans la région du lac Tchad.
Il aura donc fallu l'aggravation de la situation
sécuritaire régionale dès le début de
l'année 2014 pour que le réalisme l'emporte, et que la
réactivation effective de la Force Multinationale Mixte connaisse un
début de concrétisation. Ainsi, à l'issue de leur
deuxième réunion organisée du 17 au 18 mars 2014 à
Yaoundé, les ministres de la Défense et les chefs
d'états-majors des pays de la CBLT ont approuvé la mise en place
d'une Force multinationale avec pour mandat « d'assurer la paix
et la sécurité dans le bassin du lac Tchad afin de garantir la
libre circulation des biens et des personnes et le développement
économique et social »184(*). La mise en oeuvre de ce mandat consiste entre
autres, à effectuer des opérations militaires afin
d'empêcher une expansion des activités du groupe terroriste ;
conduire des patrouilles militaires ; prévenir tout transfert
d'armes et de soutien au groupe ; rechercher et libérer tous les
captifs, y compris les centaines de filles enlevées à Chibok en
avril 2014 ; réaliser des opérations psychologiques visant
à entrainer des défections des membres de Boko Haram185(*). La FMM devrait
également mener des actions dans le renseignement, de la protection des
droits humains et de la communication186(*). Chaque pays est appelé à contribuer
au dispositif à la hauteur d'un bataillon de 700 hommes187(*). Des troupes
nigériennes et tchadiennes seront déployées188(*) aux cotés des soldats
nigérians dans la ville de Baga, située au Nigéria
où avait été installé le quartier
général de la Force.
En ce qui concerne le champ d'intervention de la FMM, chaque
contingent qui la constitue est déployé dans les limites de son
territoire national et opère en priorité en l'intérieur de
cet espace189(*). De ce
fait, quatre secteurs ont été définis : le secteur
n°1, appartient au contingent camerounais, avec pour poste de commandement
la ville de Mora (Cameroun), le secteur n°2 localisé dans la ville
de Baga-Sola (Tchad), le secteur n°3 positionné à Baga
(Nigéria) et le secteur n°4 dont la base a été
établie dans la ville de Diffa (Sud-Est du Niger). Il faut rappeler que
le secteur camerounais de la FMM est placé sous le commandement du
général de brigade Bouba Dobékréo. Et le contingent
camerounais de la FMM est rattaché de fait sous le commandant de
l'opération Emergence 4 dans la gestion quotidienne des soldats.
De ce fait, la mise place de cette Force a eu pour
retournement, la réduction considérable des capacités
militaires du groupe terroriste Boko Haram. L'appui militaire tchadien, la
mutualisation des forces, le réajustement des problèmes
rencontrés sur le plan opérationnel, combinés à la
mobilisation régionale et internationale ont eu pour retournement la
décapitation des tentacules de Boko Haram. Cette situation a conduit la
secte terroriste à opérer un revirement stratégique, par
l'adoption des méthodes de combat de plus en plus
irrégulières.
PARAGRAPHE 2 : LA
MODIFICATION DU FORMAT DE FORCE DE L'ARMEE CAMEROUNAISE
Le format de force ici, renvoie au dispositif de
défense, à la qualité de force et au matériel
militaire utilisé par l'armée camerounaise face à la
nature asymétrique du conflit. A cet effet, la tournure
asymétrique qu'a prise le conflit Cameroun-Boko Haram semblait donner de
l'avantage aux insurgés du groupe terroriste. Ces méthodes de
combat sont difficiles à prévenir, voire à anticiper par
l'armée régulière. D'où la nécessité
d'un format de force adapté à la nature des combats.
Les conflits évoluent, selon les retournements de
l'avantage des uns et des autres. Dans ce sens, la tournure
quasi-asymétrique du conflit Cameroun-Boko Haram fait
référence aux méthodes de combat
irrégulières adoptées par le mouvement terroriste. Ce
revirement fait suite à la montée en puissance de l'armée
camerounaise et à l'action des armées des pays de la ligne de
front. Au de cette asymétrie des méthodes de combats,
l'armée camerounaise a procédé par une adaptation de sa
force à la nature asymétrique du conflit (A), et par
l'émulation du tryptique Peuple-Armée-Nation dans la lutte contre
le groupe terroriste (B).
A-L'ADAPTATION DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE A LA NATURE ASYMETRIQUE DES COMBATS
Pour contourner l'avantage des forces armées
camerounaises, Boko Haram a adopté une tactique de combat basée
sur les actions asymétriques. Ceci pour complexifier l'action de
l'armée camerounaise sur le terrain et de ce fait, retourner la
situation à son avantage.
Dans ses actions, Boko Haram fait recours aux bombes humaines,
perpétrées par les personnes vulnérables (les jeunes
enfants, les femmes et les personnes âgées). Les islamistes de
Boko Haram font aussi usage des mines (mines anti-personnelles), et aussi des
Engins Explosifs Improvisés (EEI, IED en anglais). Ces
méthodes de combat ont causé de pertes énormes dans les
rangs de l'armée camerounaise. En effet, ces engins sont très
imprévisibles, difficiles à détecter et disséminer
dans de vastes étendues de terrain. Ces EEI ont couté la vie
à un officier supérieur du BIR-Alpha lors d'une opération
extérieure (opération Arrow)190(*) en territoire
nigérian191(*).
Selon certains observateurs, le recours aux actions
asymétriques, notamment le recours aux attentats-suicides par Boko
Haram, illustre la défaite des terroristes dans leur entreprise
diabolique au Cameroun. Dans notre travail, nous ne pouvons adhérer
à cette analyse simpliste. En effet, le recours aux attentats suicides
et aux EEI par les terroristes de Boko Haram ici, inaugure une nouvelle phase
générationnelle du conflit par le modus operandi
véhiculé par le terrorisme international.
Avec l'intensification des attentats suicides à
l'Extrême-Nord du Cameroun, les autorités de Yaoundé avec
l'appui de ses partenaires traditionnels internationaux, l'armée
camerounaise s'est dotée de nouveaux équipements militaires
adaptés à la nouvelle conflictualité. C'est dans ce sens
que fin 2015 les USA ont fourni à l'armée camerounaise des
véhicules blindés de transport des troupes anti-mines MRAP
(Mine Resistant Ambush Protected)192(*). Dans la même veine, les USA ont
déployé au Cameroun fin 2015 début 2016, 300 militaires
chargés de « conduire des opérations de
renseignement aéroporté, de surveillance et de reconnaissance
dans la région », selon les mots du président
Obama. En effet, les USA venaient de créer une nouvelle base de drones
Predator à Garoua dans la région du nord193(*).
Figure N°6 : Un
VBCI avec le dispositif anti-mines de l'armée camerounaise en
opération.
Source : Jeune
Afrique.
Dans la même logique, la France avait organisé
des formations à des unités spéciales de l'armée
camerounaise au déminage. Alors qu'en octobre 2015 une quarantaine
d'officiers camerounais se rendaient à Libreville au Gabon pour les
stages du commandement de bataillon et d'aguerrissement au combat194(*). Paris a par ailleurs
annoncé dans la foulé en mars 2015, la mise en place, comme
à Diffa au Niger, d'un détachement de liaison et de contact au
Cameroun195(*),
chargé de collecter le renseignement « sur le
terrain » dans le cadre de « l'opération
Barkhane ». Composé de deux officiers, il a
été déployé à Maroua, chef lieu de la
région la plus touchée par les actions terroristes de Boko
Haram196(*). Dans le
même sens, la France a également doté l'armée
camerounaise 11 véhicules tactiques tout-équipés en
janvier 2016197(*).
Dans le même sens, l'armée camerounaise s'est
dotée de nouveaux matériels de détection des mines, des
drones d'observation. L'armée camerounaise s'est par ailleurs
dotée d'un avion de surveillance de type Cessna198(*). Se faisant, le partage de
renseignements entre les américains déployés au Cameroun
et l'armée camerounaise combinés aux renseignements fournis par
les forces françaises de « Barkhane », ont
permis de contourner l'avantage de l'ennemi. Ceci a également permis de
réduire considérablement la fréquence des attentats
suicides sur le sol camerounais. Ces renseignements permettent de
prévenir et d'anticiper l'action de l'ennemi. En collaboration avec
l'armée nigériane, l'armée camerounaise mène
dès lors, des opérations extérieures en territoire
nigérian. L'objectif est de détruire les usines de fabrication
des explosifs utilisés par les kamikazes et de neutraliser les
artificiers.
Dans un souci de gagner en efficacité dans la lutte
contre Boko Haram, l'armée camerounaise a également
intensifié la lutte contre les activités connexes qui servent de
logistique au groupe terroriste dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Le
terrorisme de Boko Haram dans l'Extrême-Nord du Cameroun est intimement
lié aux activités illicites pratiquées dans la
région. Parmi celles-ci nous pouvons citer, le braconnage, le vol de
bétail à grande échelle, le trafic de carburant
frelaté et les trafics d'armes, etc. Ces trafics illicites constituent
la logistique et d'une manière ou d'une autre, une source de financement
du terrorisme dans cette région. Puisque, dans le cadre de cette lutte,
les personnes arrêtées par l'armée camerounaise
exerçant ces activités ont été reconnues comme des
membres présumés du groupe terroriste199(*). L'ensemble de ces mesures
ont permis à l'armée camerounaise de réduire d'une
manière considérable les actions asymétriques du groupe
terroriste sans toutefois remporter la victoire décisive.
B-L'EMULATION DU TRYPTIQUE
PEUPLE-ARMEE-NATION DANS LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM
L'émulation du triptyque Peuple-Armée-Nation
ici, fait référence à la consolidation et à
l'objectivation du lien entre l'armée et la nation contre la secte
terroriste Boko Haram. Face à la montée en puissance des actions
violentes de Boko Haram au Cameroun, l'on a observé une mobilisation de
toutes les couches sociales de la population pour condamner les actes
terroristes de la secte Boko Haram. Il était également question
de soutenir l'action des forces de défense engagées au front et
de démontrer la solidarité de la Nation aux populations de
l'Extrême-Nord du Cameroun soumises au terrorisme de Boko Haram.
Cette mobilisation populaire a donné naissance à
des opérations de collecte des fonds et de dons en particulier, mais
aussi les meetings. Les marches politiques et les offices religieux ont
été organisés en l'honneur des disparus et aux militaires
engagés dans cette lutte200(*). Cette mobilisation nationale contre Boko Haram
vient objectiver le concept de défense du Cameroun qui est
« la défense populaire », et
l'émulation du couple Armée-Nation. Au Cameroun, les actions de
Boko Haram sont considérées par la population camerounaise comme
une agression de la secte islamiste contre le peuple camerounais. Malgré
comme en stratégie le terrorisme aussi violent soit-il ne
peut-être assimilé à une agression. Car, selon Jean Pierre
Queneudec, « pour qu'il y ait agression stricto sensu, il faut,
qu'il y ait, emploi de la force armée par un Etat. Selon la formule
retenue par la résolution 3314 portant définition de l'agression
par l'Assemblée Générale de l'ONU le 14 décembre
1974 »201(*). L'union sacrée au tour de l'action des
forces armées camerounaises constitue donc un avantage
stratégique pour l'armée camerounaise.
Pour assécher la base de soutien et de recrutement des
jihadistes au Cameroun, les autorités de Yaoundé en collaboration
avec les autorités religieuses, notamment le Conseil des Imans et des
Dignitaires Musulmans du Cameroun (CIDIMUC)202(*) et l'Association Camerounaise pour le Dialogue
interreligieux (ACADIR)203(*), ont mis en place des initiatives allant dans le
sens de lutter contre la radicalisation et le fondamentalisme religieux.
L'objectif est la réalisation du dialogue interreligieux et de
l'implication des musulmans et des chrétiens dans la construction de la
paix au Cameroun. Ces associations constituent un rempart contre la
radicalisation et un contre-discours pour les terroristes de Boko Haram au
Cameroun en quête de militants et de soutien local.
A l'épreuve des actions asymétriques, les
autorités camerounaises ont eu recours à l'action des
comités de vigilance. Une sorte de milice populaire formée et
encadrée par les autorités administratives et militaires pour
conjuguer les efforts contre le groupe terroriste. Outre le renseignement
prévisionnel et opérationnel apporté par les
comités de vigilances, ceux-ci sont également chargés de
mener des opérations de repérages, de pistages et de
sécurité civile204(*). D'après un témoignage reçu
d'un militaire du BIR-Alpha à Maroua, « Les membres des
comités de vigilance sont nos yeux et nos oreilles dans la lutte contre
Boko Haram. Ils nous fournissent le renseignement qu'aucun appareil ne pourra
nous fournir, ils veillent jour et nuit à pister les potentiels
Kamikazes »205(*). A cet effet, l'importance des comités de
vigilances est décisive dans la lutte contre les attentats suicides,
notamment dans le repérage des kamikazes.
Dans l'optique de gagner les coeurs et les esprits des
populations locales, les militaires camerounais ont organisés des
opérations de charme envers les populations civiles, à travers,
les Actions Civilo-Militaires (ACM). Ces actions sont menées par les
militaires du BIR-Alpha et de l'Emergence4 auprès des populations
locales. Il s'agit des opérations de distribution des
médicaments, des vivres ou des consultations médicales et de
construction des routes, des salles de classe dans les localités
touchées par les actions de Boko Haram.
CONCLUSION DU
CHAPITRE
Au regard de l'évolution polémologique de Boko
Haram, qui tend vers un système revendicatif et insurrectionnel, ceci
rappelle les trois phases de la guerre révolutionnaire
théorisée par Mao Zedong206(*). « 1) Attaques sporadiques et escarmouches
contre les forces et les symboles du gouvernement afin de lancer
l'insurrection, s'entrainer au combat, harasser l'adversaire, recruter et
préparer des actions de grande envergure ; 2) Constitution de
bases, expansion des poches de résistance, ouverture d'un ou plusieurs
fronts parallèlement à la poursuite et à la sophistication
des opérations de la phase 1 ; 3) Au moment opportun et de
l'affaiblissement, voire de la délégitimation des
autorités établies, attaques massives pour battre militairement
lesdites autorités et proclamer un nouveau régime ou un nouveau
système sociopolitique »207(*).
Ainsi, ce chapitre était axé sur les
mécanismes de défense mises en oeuvre par l'armée
camerounaise dans la lutte contre Boko Haram. Dans la progression de notre
étude nous nous sommes attelés à présenter les
mesures militaires prises par le Cameroun durant ce conflit. De ce fait, le
Cameroun a su adapter son format de force selon les différentes phases
du conflit et en fonction des méthodes de combat utilisées par
Boko Haram. C'est ce qui justifie l'affaiblissement considérable de la
secte terroriste au Cameroun en particulier, et dans tout le bassin du lac
Tchad en général. Le maillage stratégique des forces des
pays de la ligne de front participe également à la
décapitation de la secte terroriste, et la tournure du conflit à
l'avantage du Cameroun. Toutefois, les forces armées camerounaises
n'arrivent toujours pas à remporter la victoire décisive dans ce
conflit face à la nature irrégulière qu'a prise le
conflit. Boko Haram fait toujours preuve de résilience et d'adaptation
au conflit.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au sortir de cette partie, où il a été
question de faire l'analyse de l'action des forces armées nationales
dans la lutte contre le terrorisme. Durant notre étude nous avons pu
analyser certains conflits majeurs de lutte contre le terrorisme, ayant
impliqué l'action des forces armées nationales (l'Afghanistan, le
Sahel et le bassin du lac Tchad). Dans ce sens, il ressort que l'action des
forces armées nationales dans la lutte contre le terrorisme reste
confrontée par de grandes difficultés. Du moment où, la
victoire décisive dans cette lutte ne peut s'obtenir sur le plan
militaire. En effet, les forces armées ont été
conçues pour remporter la victoire décisive dans le champ de
bataille, a travers, la possession d'une grande puissance de feu. Malgré
une meilleure adaptation de la force sur le théâtre
d'opérations, une armée aussi puissante que soit-elle ne peut
combattre efficacement contre les groupes terroristes. Car, cette menace
n'entre pas dans le cadre d'actions classiques d'une armée. La lutte
contre le terrorisme international est une lutte globale qui ne peut-être
l'apanage des militaires, ou d'une armée. C'est en mutualisant les
efforts que la lutte contre les mouvements terroristes ne pourra trouver une
efficacité certaine.
Dans un contexte de montée en puissance du terrorisme
international, il apparait urgent de renforcer les capacités
opérationnelles des forces armées nationales, dans le souci de
leur permettre de garder durablement l'initiative face aux terroristes. Il
s'agit surtout de promouvoir de nouvelles stratégies pour adapter de
nouvelles doctrines d'emploi des forces des pays confrontés au
terrorisme.
DEUXIEME PARTIE
L'INSUFISANCE DE L'ACTION DES FORCES ARMEES DANS LA LUTTE
CONTRE LES GROUPES TERRORISTES
La guerre n'est pas morte, comme l'avait pourtant
prétendue certains penseurs de l'époque moderne. Nous admettons
tout de même avec un des grands théoriciens de la guerre Thucydide
que, les motifs de la guerre pour lesquels les hommes entrent en guerre se
trouvent dans : l'honneur, la peur et les intérêts.
On ne peut que souscrire à la pertinence de cette catégorisation
qui demeure d'actualité. En fait, nous observons que la plupart des
conflits contemporains en Afrique et dans le monde trouvent leurs causes
profondes dans la convoitise des intérêts208(*), soit dans l'expression de
la peur d'être envahi par un pays voisin potentiellement dangereux.
Manifestement, comme un cas comme dans l'autre, « la guerre n'est pas
morte ». Pour autant, les principes qui s'appliquaient aux guerres
classiques ne trouvent plus leur champ d'expression dans les conflits modernes.
Dans ce schéma anachronique, désuet, obsolète il
était légitime de penser que la victoire décisive
appartiendrait au plus fort, ou au à force égale, au plus
déterminé, à la détention d'une grande puissance de
feu, ou encore à détermination égale à celui qui
saisirait l'initiative et la surprise. Ainsi, les conditions de
l'efficacité militaire ne sont plus les mêmes dans les conflits du
21e siècle, la supériorité technologique, le
droit, n'offrent plus la légitimité et encore moins la
supériorité jadis utile pour gagner une guerre.
La notion de puissance n'est plus réductible à
la seule puissance militaire comme elle l'était dans le passé.
Néanmoins, être puissant c'est toujours avoir la capacité
à contraindre l'adversaire à exécuter notre
volonté, ou l'empêcher à exécuter sa volonté.
Mais, les moyens de ces contraintes se sont diversifiés. A moindre coud,
ils sont accessibles à de nouveaux acteurs de la scène
internationale. Avec la diversification des moyens de puissance nous savons
maintenant qu'il ne faut plus être un Etat pour vaincre un Etat. Les
combats modernes sont caractérisés par l'évitement de la
puissance, le contournement de la force et de la puissance militaire classique
par les acteurs nouveaux, de part leur habilité tactique et leur
capacité d'adaptation aux nouveaux théâtres. Les
retournements de l'avantage comparatifs constituent la nature même du
paradigme de la guerre au sein des populations, où seule
l'habilité tactique et la capacité d'adaptation et à
réfléchir plus vite que son adversaire permettent de remporter la
décision. Dans cette partie, il sera question pour nous d'analyser les
difficultés de l'armée camerounaise à combattre Boko Haram
(Chapitre 3), et les défis pour un recadrage de l'action des
armées nationales dans la lutte antiterroriste (Chapitre 4).
CHAPITRE 3
LES DIFFICULTES DE L'ARMEE CAMEROUNAISE A COMBATTRE LE GROUPE
TERRORISTE BOKO HARAM
La création des Forces Armées nationales
chargées d'appliquer une politique de défense, relève du
domaine réservé de chaque Etat. Et son orientation dépend,
de la politique de défense et de sécurité de chaque Etat.
Cette activité régalienne est un élément
fondamental de tout jeune Etat qui accède à la
souveraineté internationale. Les forces armées constituent le
bouclier du pouvoir central chargé d'assurer la défense de
l'intégrité territoriale du pays, protéger les personnes
et les biens contre toute forme de menace venue de l'intérieure ou de
l'extérieure. Les forces armées constituent non seulement un gage
de crédibilité de l'Etat, mais également, un
élément dissuasif contre tout acteur international belliqueux. A
ce titre, « la défense militaire pour l'entité
Etat-Nation, apparait ainsi comme un impératif catégorique ;
une nécessité vitale, sans laquelle les institutions
étatiques et les activités économiques et sociales, ne
peuvent être assurée d'un fonctionnement
normal »209(*). La première armée camerounaise a
été formée par les autorités allemandes
après la signature du protectorat le 12 juillet 1884. Face à la
farouche résistance des indigènes à la
pénétration allemande à l'intérieur du Cameroun,
« une garde indigène » sera formée
afin de venir à bout de cette opposition armée. Ce sont ces
troupes indigènes qui fourniront les premiers éléments de
l'Armée camerounaise210(*).
La mise en place de l'armée camerounaise obéit
à une autre raison. En effet, en 1955, la situation sociopolitique au
Cameroun est très instable du fait, des activités criminelles des
nationalistes camerounais. Les forces de police débordées, elles
ne sont plus capables d'assurer de manière efficiente l'ordre face
à la rébellion armée. Par ailleurs, les forces coloniales
françaises ont le sentiment de mener une « intervention
gratuite, une pacification sans âme qui prend l'aspect d'une mauvaise
corvée à assurer dans le pays qu'il faudra en tout état de
cause quitter bientôt »211(*). Dans ce contexte, les Etats nouvellement
accédés à l'indépendance, dont le Cameroun doit se
doter des forces armées nationales212(*)indispensables face au péril national.
Garantes de la sécurité du pays et de
l'indépendance nationale, les forces armées, par leur nature et
leur posture, témoignent de la volonté de défense de la
nation. Elles contribuent par leur action à la mise en oeuvre de la
politique de défense militaire du Cameroun.
Comme toute institution étatique qui a trouvé sa
place dans le concert des nations, son rythme et ses normes, les forces
armées camerounaises ne cessent de s'ajuster pour s'adapter à la
dynamique des menaces auxquelles elles pourront faire face. En effet,
l'histoire prouvant qu'une politique de défense ne saurait être
figée parce que le monde ne l'est pas. La société est
dynamique, et le monde est sans cesse évolutif. L'Afrique n'a jamais
cessé d'être soumise à l'engrenage conflictuel dû aux
revendications territoriales, aux crispations identitaires, aux
activités criminelles des groupes terroristes, aux trafics en tout
genre, etc.
Les confrontations entre Etats aux moyens des forces
armées régulières cèdent le pas à des
conflits totalement déstructurés, dans lesquels les nouveaux
adversaires apparaissent à côté des Etats adoptant des
stratégies alternatives. La spécificité de ces nouveaux
adversaires est qu'ils sont mobiles difficiles à neutraliser par les
forces armées nationales. Ainsi, dans le cadre de ce chapitre, il sera
question, tout d'abord, d'analyser les difficultés pour l'armée
camerounaise à mettre en oeuvre une stratégie anti-terroriste
dans la lutte contre Boko Haram (Section 1). Par la suite, il sera question
d'analyser les difficultés pour l'armée camerounaise à
remporter la victoire décisive sur le plan opérationnel (Section
2).
SECTION 1 : UNE STERATEGIE ANTITERRORITE DIFFICILE A
METTRE EN OEUVRE FACE A LA COMPLEXITE DE LA MENACE TERRORISTE
Par définition, les menaces asymétriques
portées par les acteurs non étatiques, nationaux ou
transnationaux, constituent pour l'armée camerounaise un défi
stratégique particulièrement difficile à relever.
L'expansion terroriste actuelle dans le bassin du lac Tchad en
général, et au Cameroun en particulier, rend
précisément compte de la complexité d'une équation
sécuritaire aux antipodes des pratiques conventionnelles de la guerre. Pour le cas de Boko
Haram, l'armée camerounaise, rencontre les difficultés à
implémenter une stratégie efficace contre cette menace. Cette
situation est due, non seulement à la conception des FAC (Paragraphe 1),
mais aussi, sur les difficultés à circonscrire et à
identifier les motivations réelles du groupe terroriste Boko Haram
(Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : LA
CONCEPTION DE L'ARMEE CAMEROUNAISE : UN ANDICAP DANS LA LUTTE CONTRE BOKO
HARAM
L'acte fondateur des forces armées camerounaises est
l'ordonnance du 11 novembre 1959213(*) et sa direction connaitra une dynamique à
celle du système politique camerounais. Un texte de 24 articles,
l'ordonnance stipule en son article premier qu'« il est
créé une armée camerounaise relevant de l'autorité
du premier ministre, chef du gouvernement camerounais ». Dans son
second article, les missions de cette armée nouvellement
créée dont, la mission est la sanctuarisation de l'espace
national face aux menaces conventionnelles interétatiques (A), et, dont
le but est de faire la guerre conventionnelle (B).
A-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN
INSTRUMENT DE SANCTUARISATION DE L'ESPACE NATIONAL
C'est le 11 novembre 1959, par l'ordonnance
n059/57, portant création de l'armée camerounaise et
de l'organisation générale de la défense, que vont
naître la Gendarmerie Nationale, l'Armée de Terre, l'Armée
de l'Air et la Marine Nationale. Les textes qui structurent l'action de l'Etat
au niveau national dans sa volonté de préserver la paix et
l'intégrité du territoire sont déterminés par
l'environnement national, régional et international.
Nouvellement créée, l'armée camerounaise
dans l'article deux (02) de l'ordonnance portant création de la dite
armée, celle-ci a pour « mission principale d'assurer en
tout temps, en toutes circonstances et contre toutes formes d'agressions, la
sécurité et l'intégrité du territoire national
ainsi que la vie de la population ». Cette mission est largement
inspirée de la conception moderne de la défense qui, ne fait plus
de distinction entre l'état de guerre et l'état de paix,
érige les forces armées en sentinelles permanentes.
Initialement conçue pour lutter contre la
rébellion armée et la défense du sanctuaire national
contre toute menace venant de l'extérieure. Vue l'environnement
international, à la fluctuation des menaces, et à la
résurgence de nouvelles menaces, l'armée camerounaise a subit
d'importantes réformes pour pouvoir répondre à la nouvelle
donne sécuritaire. En effet, la performance des matériels
militaires a atteint un seuil jamais égalé, et le soldat doit
être en mesure de s'en servir efficacement. Il doit apprendre à
gagner ses batailles en même temps qu'il doit penser la guerre, renoncer
à la notion de frontière ou faire abstraction des Etats-Nations
actuels, idéaux supranationaux ou des causes humanitaires. Le soldat
doit-être habile, capable de s'adapter plus vite que son adversaire dans
les champs de batailles. Car, dans les conflits modernes, la victoire
décisive appartient au plus habile. Bref, selon les propos de Jean
Guitton, l'homme de guerre du 21ème siècle doit
être, un penseur, capable de renouveler sa vision des
évènements. Il doit être un guerrier philosophe214(*).
Prenant conscience de ces profondes mutations de la
réalité internationale, le chef de l'Etat a engagé le 25
juillet 2001, une série de réformes dans l'appareil de
défense camerounais, pour lui donner une dimension plus moderne.
Selon l'ordonnance du 11 novembre 1959, et de la
réforme des forces armées camerounaises, l'armée
camerounaise est composée de l'Armée de terre, de la Marine
nationale, de l'Armée de l'air. A ces trois armées s'ajoute, la
Gendarmerie nationale qui est une force de sécurité ayant les
missions de défense. Dans le cas de notre analyse nous ne parlerons pas
de cette force qui n'est pas considérée fondamentalement comme
une armée, mais comme une force de défense et de
sécurité.
L'Armée de Terre, elle est la
principale force de l'armée camerounaise. Elle a pour mission, d'assurer
en tout temps, et en toutes circonstances, et contre toute forme
d'agressions : la sécurité et l'intégrité du
territoire national ; le respect des accords internationaux ; des
traités et agréments ; certains services publics ; la
participation aux opérations humanitaires ; le tout sous le
commandement d'un chef d'état-major. Celle-ci absorbe le plus gros des
effectifs de la défense camerounaise, dans la mesure où, c'est le
corps qui est chargé de la défense des frontières
terrestres du territoire camerounais215(*). Elle est constituée de quatre (04) RMIA et
de dix (10) Secteurs militaires. Elle est également constituée
des unités de combat, d'intervention, de soutien et de
réserves.
Figure N°7 :
Les soldats du BIR-Alpha en opération à l'extrême-nord du
Cameroun.
Source : Le Monde.fr
La création du BIR ; la combinaison des bataillons
d'infanteries motorisées et le BIR ; la mise à jour de
l'artillerie dans les régions ; la présence active des
unités spéciales sur le terrain notamment, les BIR, le BSA, le
BTAP216(*) ; sont
des innovations issues de la réforme de 2001. Il est important de
souligner ici que, l'action de l'armée de terre s'est amplifiée
suite au décret n°2001/183 du 25 juillet 2001217(*). Ainsi, face à la
prolifération des conflits dits asymétriques qui donnent lieu
à de nouvelles formes de menaces. Il s'est imposé une
nécessité de déployer les militaires sur le terrain pour y
faire face, à travers leur présence permanente218(*). L'action de l'armée
de terre nécessite au préalable une visibilité dans les
zones stratégiques et sensible du territoire national. En plus, elle
exige des équipements majeurs et des moyens logistiques, de
détection, d'orientation et de transmission importants pour renforcer la
présence des soldats dans des zones stratégiques, ainsi que de
mener des patrouilles sur le renseignement.
L'Armée de l'Air : le
Décret n°2002/037 du 4 février 2002219(*) incombe la tâche
à celle-ci de « venir en soutien aux autres forces de
défense dans la surveillance et la protection du territoire
national »220(*). C'est une armée qui fut formée suite
à l'indépendance du Cameroun en 1960. D'un point de vue normatif,
l'armée de l'air a une mission double ; en temps de paix et en
temps de guerre. En temps de paix, elle prévient toute atteinte à
l'intégrité de l'espace aérien national. Et en temps de
guerre, elle défend l'espace aérien contre les assauts de
l'ennemi. D'après Gabriel Metogo Atangana221(*)concernant les missions de
l'armée de l'air, elles s'organisent en trois systèmes :
« le système d'avertissement stratégique, le
système de contrôle, de commandement et de communication, et,
enfin le système de forces anti-aériennes »222(*). Spécifiquement,
l'Armée de l'Air a pour mission : la surveillance, la protection et
la défense de l'espace aérien ; le soutien et l'appui aux
autres forces de défense ; la surveillance et la protection des
installations aéroportuaires en liaison avec le Ministère des
transports. Chapotée par un chef d'état-major, l'Armée de
l'Air, depuis la réforme de 2001, est calquée sur le
modèle commun des Armées de Terre et de Mer.
Les forces de l'Armée de l'Air sont aujourd'hui
structurées sen trois (03) sous-ensembles. Les forces
aériennes : composées des escadrons aériens ;
les forces terrestres : composées des forces de protection et de
combat, articulées autour des fusiliers de l'air et le bataillon de
fusiliers commandos de l'air implanté à Bamenda. Les
éléments de soutien et de formation que sont les bases
aériennes et les centres d'instruction de l'Armée de l'Air.
La Marine Nationale, elle est une composante
des forces armées nationales dont l'utilisation est exclusive en milieux
marin et maritime. Sa mission principale est : la protection des espaces
maritimes nationaux, fluviaux et lacustres, des installations essentielles
à la vie de la nation, placées à proximité
immédiate du littoral ; la conduite de l'action de l'Etat en mer,
en liaison avec les autres administrations et le soutien aux autres forces de
défense. En dehors de ses missions classiques, la Marine camerounaise
est également impliquée dans le service public en mer,
notamment ; l'assistance des personnes en difficultés ; la
recherche et le sauvetage des vies en mer ; l'aide humanitaire lors des
catastrophes naturelles ; la régulation et le contrôle du
trafic maritime ; la police des pêches dans notre Zone Economique
Exclusive (ZEE) ; la lutte contre les trafics illicites en tout genre dans
les côtes maritimes camerounaises ; la lutte contre l'immigration
clandestine ; la lutte contre la piraterie maritime notamment dans la zone
D du Golfe de Guinée et la lutte contre le terrorisme international.
Placé sous le commandement d'un chef
d'état-major, la Marine Nationale est composée de deux forces
représentant, la composante maritime et terrestre de la taille d'une
infanterie. Les forces de surface composées de plusieurs flottilles, les
forces de Fusiliers Marins et les Palmeurs de Combat rassemblant la composante
terrestre (trois bataillons de fusiliers marins) et la composante
Commando : la COPALCO. Lors de la réforme de 2001, la Marine
Nationale a connu d'autres innovations, entre autres, la création d'un
chantier naval à Douala ; l'activation d'un atelier naval dans
chaque Base Navale ; la création d'une Ecole d'Application des
Officiers de la Marine à Douala et la création d'une Ecole de
Plongée à Issongo ; la création des Centres
d'Industrie Navale de Douala et de Perfectionnement des Fusiliers Marins de Man
O War Bay. Il est à noter que ces centres existaient déjà
mais sans actes de création. La création du Centre
Opérationnel de Surveillance Côtière pour la
détection de tous les navires et aéronefs longeant nos
côtes223(*), vient
compléter ces innovations dans les forces de la Marine Nationale.
De ce qui précède, l'on peut observer que les
FAC constituent un véritable outil de sanctuarisation du territoire
national contre toute forme d'agression venant de l'extérieure ou de
l'intérieure.
B-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN
OUTIL DE DEFENSE PREPARE A LA GUERRE CONVENTIONNELLE
Garante de la sécurité du pays, l'armée
camerounaise par son existence, par sa nature et sa posture, témoigne
de la défense de la nation camerounaise. Elle contribue par leur action
à la mise en oeuvre de la politique de défense militaire de la
nation. Organisée, équipée, entrainée pour faire
face à toutes les menaces directes et indirectes. Elle doit
acquérir les capacités logistiques, opérationnelles
nécessaires à l'exécution de leur mission.
Le Cameroun dès son accession à
l'indépendance en 1960, va opter pour la défense populaire
comme concept d'emploi des forces. Les raisons de ce choix semblent
multiples. Le Cameroun accède à l'indépendance en pleine
période de guerre froide, au prix du sang de ses compatriotes. Avec les
moyens modestes, il parait évident pour les autorités, que pour
faire face à une rébellion il faut impliquer toute la nation
à la défense de la nation. C'est du moins pour cela que le
président Ahidjo affirmait à l'époque que, la
défense populaire peut être d'un grand secours, en agissant
au-delà de nos frontières avant tout déclenchement.
Le président Paul Biya reviendra sur le concept de
défense populaire pour souligner le lien qui existe entre
l'armée et la nation. Ce concept a connu des évolutions au fil
des années face à un monde en mutation. Pour ce qui concerne la
première phase, elle recouvre deux textes fondateurs qui vont de
l'ordonnance n0 59/57 du 11 novembre 1959224(*). Dans les articles 3, 5, 17
et 19 l'on retrouve déjà les termes de mobilisation
générale et le service national comme ancêtre lointain du
concept de défense populaire, à la loi n067/LF/9 du 12
juin 1967 portant organisation générale de la défense.
La seconde phase, tout en se nourrissant de la loi de 1967
rappelée si dessus s'ouvre par le discours du président Ahidjo,
le 15 août 1970, devant les élèves officiers de la
promotion du 10e anniversaire de l'indépendance. C'est
à cette occasion qu'il affirmait, en effet, notre défense doit
être nationale, c'est-à-dire l'affaire de tous, l'affaire du
peuple tout entier. Cette orientation va se confirmer avec la loi n0
73/12 du 12 décembre 1973 portant organisation générale de
la protection civile. Dans le préambule du décret n0
75/700 du 6 novembre 1975 portant règlement de discipline
générale dans les forces armées, un texte qui pour la
première fois énonce les raisons pour lesquelles le peuple tout
entier doit participer à l'effort de défense. C'est en vue,
stipule t'il, de dissuader tout agresseur éventuel et de s'opposer par
tous les moyens, soit à l'invasion du territoire national, soit aux
manoeuvres de l'intérieur ou de l'extérieur.
La troisième phase, va des années 90 à
nos jours. Elle se caractérise par deux principales orientations, qui
semblent pour certains aspects dépasser le cadre du concept de
défense populaire. D'un côté, se propage une forte
internationalisation de la politique camerounaise de défense, laquelle
se manifeste par une projection des forces de plus en régulières
dans la sous-région, en Afrique et dans le monde. Mouvement ayant pour
pendant, la signature de nombreux accords et des pactes de non-agression, entre
les Etats du continent, voire du monde. De l'autre côté, la
publication de 21 décrets réorganisant l'armée du 25
juillet 2001225(*),
confirme la tendance observée tout au long des années 90,
à savoir, l'émergence de nouveaux territoires de commandement et
la création de plus en plus d'unités spécialisées.
L'on peut dans ce sens citer les décrets n0 92/156 du 17
juillet 1992 portant organisation du commandement militaire territorial ;
n0 93/212 du 4 août 1993, portant nouvelles appellations des
formations et unités des forces armées ; n0
93/0940 du 4 septembre 1993, portant mise sur pied du 1er BAFUMAR;
n0 94/183 du 29 septembre 1994, fixant les conditions de recrutement
et d'admissions dans les écoles militaires de formation des officiers et
n0 99/015 du 1er février 1999, portant
création du Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie
Nationale (GPIGN). Ainsi, en quadrillant le territoire national dans son
ensemble, cette politique de rapprochement des commandements en direction des
populations participe de l'esprit de défense populaire.
La doctrine d'emploi de l'armée camerounaise peut donc
être considérée comme l'ensemble d'idées directrices
dont il faudra s'inspirer non seulement dans la conduite de l'action militaire,
mais aussi pour l'organisation l'équipement des forces. Elle est
guidée par le souci de préserver la paix et de respecter les
règles du droit international contenues dans la Charte des Nations Unies
et de l'UA.
Dans ce sens, la politique d'emploi des forces se doit de
répondre au préalable à quelques questions : à
quel ennemi aura-t-on à faire face dans une guerre
éventuelle ? Quel caractère présenterait la guerre
probable ? Quelles sont les forces armées nécessaires pour
résoudre les problèmes posés et dans quelle direction
mener l'organisation militaire ? Comment réaliser la
préparation de la guerre ? A quel moment mener la guerre ? De
ce fait, le pouvoir exécutif dans l'exercice de ses attributions
constitutionnelles, peut prendre une série de mesure et mobiliser les
forces armées à différentes missions de défense.
Pour pouvoir atteindre les objectifs assignés, les
forces armées camerounaises ont été classées en
fonction des hypothèses de défense élaborées par la
haute hiérarchie politique et militaire. Ce classement a prouvé
son efficacité dans les épreuves de guerre dont le Cameroun a eu
à faire face, partant de la lutte contre la rébellion
armée des nationalistes camerounais, au conflit transfrontalier de
Bakassi, en passant par la tentative du coup d'Etat militaire du 6 avril 1984.
D'un point de vue de la défense militaire, les Forces de Défense
camerounaises en trois grands groupes. Il s'agit : des unités de
réserve générale (la Brigade du Quartier
Général (BQG) et la Garde Présidentielle (GP).) ; des
unités d'intervention et des unités territoriales. L'utilisation
de ces forces est fonction des hypothèses de défense.
Malgré la professionnalisation entamée au sein
des FAC, celles-ci restent dominer par un fort encrage, aux guerres classiques.
Cette situation est révélatrice dans une certaine mesure, les
difficultés pour l'armée camerounaise à remporter la
victoire décisive face à Boko Haram.
PARAGRAPHE 2 : LES DIFFICULTES POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE
A IDENTIFIER ET A CIRCONSCRIRE LES MOTIVATIONS REELLES DE BOKO HARAM
Définie comme la dialectique des intelligences et des
volontés, entendue comme réflexion sur la conduite de la guerre,
et soumise au préalable théorique et praxéologique, la
stratégie trouve tout son sens à travers la reconnaissance et la
compréhension de l'altérité. Il s'agit donc comme nous
l'enseignent tous les tenants de la pensée stratégique depuis
l'antiquité, de reconnaitre (identifier) et de comprendre l'autre.
Ainsi, dans un souci d'élaborer une stratégie de
lutte contre la menace terroriste de Boko Haram par l'armée
camerounaise, elle se heurte à certaines difficultés, notamment
sur l'ambigüité à cerner les motivations réelles du
groupe terroriste (A) et sur la transnationalité de cette menace
terroriste (B).
A-L'AMBIGUITE SUR LES
MOTIVATIONS DU GROUPE TERRORISTE
Des experts de terrain comme le Professeur Saibou Issa nous
rappellent la difficulté persistante à cerner les motivations de
Boko Haram, donc, de satisfaire l'impératif premier de la guerre
enseigné par le vieux Sun Tzu : « connais ton
ennemi » ! Il devient alors impératif de compenser
l'avance conceptuelle prise en la matière par l'adversaire
asymétrique, c'est-à-dire de le situer également pour
mieux planifier le contre-contournement.
Qu'est-il donc, cet ennemi ? L'on sait de façon
certaine qu'il est islamiste et extrêmement violent. Mais le
système asymétrique qu'il constitue est moins
dénué d'ambigüité. S'agit-il d'un système
prédateur qui aurait réussi par l'entreprenariat violent, et dont
les enlèvements ne seraient que la partie la plus
médiatisée ? Est-ce un système subversif à
structure groupusculaire plus ou moins réticulée,
c'est-à-dire un groupe ou une secte terroriste comme le veut la
nomenclature courante usitée par l'opinion publique que par les
décideurs ? Ne serait-ce pas plutôt un système
revendicatif à structure paramilitaire, c'est-à-dire une
insurrection ou un irrédentisme islamiste menant comme proclamé
une résistance à l'occidentalisation considérée
comme corruptrice ? Serait-ce en fait un maelström asymétrique
à définir ou toute autre chose226(*) ? Loin d'être purement théorique,
la distinction est importante pour l'analyse de la décision aux niveaux
stratégique et opérationnel. Dès lors, la
détermination de cette ambigüité requiert l'analyse de
motivations sociales, religieuses et politiques du mouvement terroriste.
Aux yeux de certains stratèges, Boko Haram parait plus
d'autant plus inquiétant qu'il se développe dans un pays qui
connait déjà de fortes tensions
« religieuses » et qui comptent le plus grand nombre de
musulmans en Afrique. A priori, rien ne prédestinait les membres de ce
groupe terroriste à se rapprocher de la mouvance Al-Qaïda qui
professe une forme d'islam différente. Lorsqu'elle s'enracine à
Maiduguri dans les années 2000, le mouvement est avant tout, un
mouvement de protestation social contre la politique du gouvernement central,
sous l'égide de son leader spirituel Mohammed Yusuf. Après avoir
fomenté leurs premières attaques contre les postes de police dans
l'Etat de Yobé en 2003, ses fidèles les plus radicaux
disparaissent dans la nature et semblent se terrer en milieu rural et dans les
pays transfrontalier. Mais le mouvement se nourrit des désillusions
qu'alimente la corruption des gouverneurs des régions du Nord du
Nigéria chargés d'appliquer la charia (loi islamique). Il
réapparait sur le devant de la scène à la suite d'un
affrontement avec la police à Kano en 2007. Depuis lors, le mouvement
n'a cessé d'élargir sa base sociale et géographique, tout
en mutant sa tactique de combat.
De ce point de vue, l'émergence d'un terrorisme
islamiste au Nigéria aux motivations ambigües reflète sans
doute les difficultés à appréhender et à comprendre
un mouvement qui perdure de plus de 10 ans227(*). A la confluence des mouvements salafistes et
islamistes républicains, Boko Haram révèle d'une
espèce assez difficile à définir. Le mouvement est
sectaire quand il cherche à endoctriner les jeunes. Totalitaire quand il
développe une vision holistique d'un gouvernement islamique
régulant tous les aspects de la vie privée. Et intégriste
quand il prohibe les événements serrés et veut interdire
aux femmes de voyager seules ou de monter dans les motos taxis. Sa position
religieuse n'est pas moins ambigüe, voire, synergique, et en tout cas
éloigné du modèle Wahhabite d'Al-Qaïda. Ainsi,
Mohammed Yusuf condamnait dans un même élan le Soufisme, le
Judaïsme, le Parsisme, le Polythéisme, l'Athéisme et la
Démocratie.
Mohammed Yusuf avait formellement interdit ses fidèles
d'entrer à la fonction publique sous prétexte qu'on les
obligerait à couper la barbe228(*). Il récusait complètement la
constitution nigériane, les forces de sécurité et toute
forme d'autorité de l'Etat importé par le colonisateur et
considéré comme une innovation. La contestation de Boko Haram de
l'ordre religieux, les partisans de Mohammed Yusuf s'en sont pris aux chefs
traditionnels suspectés de collaborer avec les forces de
sécurité nigérianes.
Figure N°8 :
Image de propagande du leader de Boko Haram Abubakar Shekau
Source : Agence
France Presse.
Appelés Talibans, Yusufiyya, Mujahideen, Kwawarji
(« renégats »), « Disciples du
Prophète pour la propagation de l'islam et la guerre sainte »
(jama'atu Ahlis-Sunnah Lidda'awati Wal jihad) ou « Compagnons du
Prophète de la communauté des musulmans » (Ahl
as-Sunnah wa al-Jama'ala Minhaj as-Salaf), les partisans de la secte eux,
réclament une application stricte du droit coranique et rejettent la
modernité du Sud du Nigéria, dont
« l'éducation » dévoyée est
considérée comme un « péché »
(d'où la signification Boko Haram). De ce fait, Mohammed Yusuf
considère que l'école occidentale détruit la culture
islamique plus précisément la communauté musulmane que les
croisades. Il condamne tout à la fois la mixité des sexes, le
relâchement des moeurs, la corruption des valeurs traditionnelles,
l'utilisation du calendrier grégorien... et la pratique du sport qui
distrait la religion.
Sans doute, le programme de Boko Haram est
« politique », car, il tend vers l'idéal d'une
république islamiste intégriste, bien plus vers la conquête
du pouvoir. Le rejet des valeurs occidentales ne porte pas cependant sur
l'école moderne à proprement parler229(*). En outre, les adeptes de
Boko Haram ne condamnent pas tous les livres importés, mais seulement
les mauvais. Les fidèles eux, ne se reconnaissent pas dans l'appellation
Boko Haram et préfèrent signer leurs communiqués du nom
des « disciples du prophète pour la propagation de l'Islam
et la guerre sainte »). A sa manière, Boko Haram critique
le monde moderne se rattache donc à un courant de pensée
anticolonial, et pas seulement islamiste et obscurantiste. De part sa
genèse et sa posture doctrinale, le mouvement Boko Haram ne
relève pas du moins d'une insurrection qui est d'essence religieuse
avant d'être politique.
Ainsi, dans un souci de mettre en oeuvre une stratégie
efficace anti-Boko Haram, l'armée camerounaise se heurte à la
difficulté d'identifier d'une manière précise les
motivations réelles du mouvement terroriste non seulement au
Nigéria, mais aussi au Cameroun. Ainsi, l'ambigüité sur les
motivations réelles de Boko Haram constitue un obstacle majeur, non
seulement au développement d'une épistémologie du
terrorisme, mais également dans la conceptualisation d'une doctrine du
contre-terrorisme par l'armée camerounaise.
B-LA TRANSNATIONALITE DE LA
MENACE TERRORISTE
L'armée camerounaise fait face à une menace
terroriste dont le centre de gravité est situé hors du territoire
national. Comme nous l'avons relevé en amont, Boko Haram est un
groupuscule terroriste d'origine nigériane. Mais, qui dans une logique
de conquête territoriale évolue vers les pays frontaliers du
Nigéria, dont le Cameroun. En effet, le Cameroun et le Nigéria
partagent une longue frontière avec la zone d'activités de Boko
Haram qui s'étend du lac Tchad au Nord, au fleuve Ine, au Sud de Yola,
la capitale de l'Etat de l'Adamawa230(*). Une frontière poreuse qui facilite les
mouvements d'armes et des combattants de la secte terroriste de part et
d'autres. Comme toutes les frontières des pays de la CBLT, celles-ci
sont difficiles à contrôler d'une manière efficace, du
fait, non seulement d'un déficit de moyens, mais aussi par la
continuité ethnolinguistique entre les populations de
l'Extrême-Nord du Cameroun et celles du Nigéria. La
porosité de la frontière Cameroun-Nigéria est
également alimentée par une géographie peu favorable aux
manoeuvres militaires.
Les actions terroristes de Boko Haram au Cameroun se situent
essentiellement dans la partie septentrionale du pays, au croisement des
frontières avec le Nigéria et le Tchad, où les
différentiels monétaires et les activités
douanières sont importants. C'est l'une des régions les plus
pauvres du Cameroun231(*), où le taux d'alphabétisme est le plus
bas. La sous-scolarisation justifie la contagion islamiste au Cameroun. Il
s'agit d'un constat de retard de la scolarisation qui prédispose cette
région à l'endoctrinement, une zone historique de trafics de tout
genre : carburant frelaté (zoua-zoua), Tramol, cannabis ou chanvre
indien (drogue locale), armes, médicaments, véhicules
volés et pièces détachées232(*). Ainsi, dans le
département du Logone et Chari l'un des trafics les plus en vus est
celui des ALPC. Ce trafic est alimenté depuis le Tchad, la Centrafrique,
le Soudan et la Libye233(*).
L'Extrême-Nord du Cameroun présente
également une grande proximité avec le Nord-Est du
Nigéria, sur le plan historique, religieux, socioculturel, linguistique,
ethnique et commercial. Des deux côtés de la frontière, on
trouve les mêmes ethnies Kanuri234(*), Glavda, Mandara, Arabes Choa, les mêmes
familles parfois les mêmes villages et villes. La culture islamique leur
est aussi commune, d'autant plus que de nombreux camerounais étudient
les écoles coraniques au Nigéria. Il n'existe fondamentalement
pas de différence sociologique notable entre les groupes ethnoculturels
vivant dans cette région. Il s'agit souvent des familles vivant dans
deux pays distincts qui ne se sentent pas le plus souvent concernées par
cette géopolitique. Nombreux parmi ces habitants se considèrent
binationaux. Souvent, ceux qui viennent du Nigéria font plus usage de
leur carte d'identité du Cameroun qui leur parait plus exigeant en
matière d'immigration pour se « débarrasser »
des tracasseries au moment de la traversée de la frontière. Cette
porosité de la frontière fait également de
l'Extrême-Nord du Cameroun, un territoire soumis à l'influence
islamique du Nigéria. Ce qui contribue à l'endoctrinement et au
développement d'un islamisme violent au Cameroun. Et par
conséquent rend difficile toute perspective efficace de
contre-terrorisme par les forces armées camerounaises.
L'histoire explique davantage et même justifie le fait
que, Boko Haram ait fait des sympathisants et recrute dans les zones
frontalières du Nigéria notamment au Cameroun. La première
et la principale raison vient de ce que cette région est en
réalité issue du démembrement du Califat de Sokoto
à partir de l'émirat peul de l'Adamawa, d'une part, du Bornou
majoritairement Kanouri, d'autre part. La secte terroriste est fortement active
dans trois Etats dans le Nord-Est du Nigéria, l'Adamawa, Bornu et
Yobé. Les deux premiers Etats partagent une frontière de plus de
1000 km avec l'Extrême-Nord du Cameroun. L'essentiel des attaques contre
le territoire camerounais y est concentré. Et, c'est dans cette
région que le groupe terroriste avait annoncé la création
de son Califat.
L'un des difficultés pour l'armée camerounaise
à mettre en oeuvre une stratégique de lutte contre ce mouvement
terroriste est que, celui-ci dispose un double sanctuaire pour les forces
armées camerounaises. En effet, le sanctuaire historique de Boko Haram
se situe dans la ville de Maiduguri, plus précisément dans la
forêt de Sambissa. Le territoire nigérian en lui-même
constitue un sanctuaire pour le groupe terroriste vis-à-vis de
l'armée camerounaise. Par conséquent, l'efficacité de la
lutte contre Boko Haram au Cameroun réside non seulement dans
l'engagement des forces de défense nigérianes à combattre
le groupe terroriste, mais aussi, dans la mutualisation des forces avec les
autres armées des pays de la région.
SECTION 2 : LES DIFFICULTES POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE A
REMPORTER LA VICTOIRE DECISIVE SUR LE PLAN OPERATIONNEL
Sur le plan opérationnel, les forces armées
camerounaises ont été confrontées à plusieurs
difficultés qui ne leur permettent pas d'obtenir la victoire
décisive sur le plan opératif. Ces difficultés se
résument dans l'irrégularité des méthodes de combat
du groupe terroriste (Paragraphe 1), et dans les difficultés de
projection des forces dans le théâtre d'opérations
anti-Boko Haram (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : L'IRREGULARITE DES METHODES DE COMBAT DU
GROUPE TERRORISTE
Comme la petite guerre (la guerre révolutionnaire), le
terrorisme fait partie des stratégies alternatives et
irrégulières, par opposition aux guerres conventionnelles et
régulières, interétatiques. La menace terroriste de Boko
Haram défavorisée par le rapport de forces, utilise la terreur
non pas pour vaincre militairement l'Etat, mais pour le déstabiliser, le
faire vaciller et dans ce sens installer une zone de non droit. Les conflits du
21e siècle sont caractérisés par leur nature
irrégulière. Les combats modernes font recours aux
stratégies alternatives qui contournent la puissance traditionnelle des
forces armées nationales par des actions asymétriques. C'est ce
qui s'est observé avec Boko Haram où les actions de celui-ci sont
caractérisées par leur nature hybride (A), et par la
capacité d'adaptation du groupe terroriste (B).
A-LA NATURE HYBRIDE ET
DIFFUSE DES METHODES DE COMBAT DE BOKO HARM
L'évolution du statut polémologique de Boko
Haram s'est faite de façon cumulative comme le démontre
l'utilisation récente des attentats suicides, impliquant des femmes et
des enfants parallèlement à l'engagement au front des forces
armées nationales de la région. L'hybridité de ce conflit
peut notamment déconcerter l'analyse classificatoire. Mais, l'attention
à la progression permet d'établir clairement que, la
rhétorique violente et les attentats font de Boko Haram un groupe
terroriste islamiste classique dont les modes opératoires ne permettent
pas à l'armée camerounaise de remporter facilement la
décision.
Les ressources et l'expérience acquises, notamment au
contact avec les alliés et les partenaires des réseaux
djihadistes transsahariens dont AQMI et moyen-orientaux à l'instar
d'Al-Qaïda et de l'EI, permettaient à Boko Haram de passer à
un stade supérieur. La prise de contrôle de l'Etat de Borno au
Nigéria avait inauguré le modus operandi que la
communauté internationale avait mis un point d'honneur à
empêcher depuis les attentats du 11 septembre de 2001 : la
conquête et le contrôle territorial par une organisation
terroriste. Les réussites de l'insurrection touarègue au Nord du
Mali en 2012 et de l'EI au Nord-Ouest de l'Iraq et au Nord-Est de la Syrie
émulent celui de Boko Haram qui bénéficie de leur
considération et de leur collaboration.
L'année 2015 et l'engagement accru des armées de
la région ont entrainé une refondation des méthodes de
combat de Boko Haram, non seulement au Nigéria mais aussi au Cameroun.
Alors qu'en 2013 et 2014 Boko Haram était dans une logique des
méthodes quasi conventionnelles, dans la mesure où les
djihadistes n'hésitaient à lancer les attaques massives235(*) à l'aide de
roquettes, de pickups, de motos et de centaines de fantassins, sur des bases ou
des positions de l'armée sans craindre les pertes en hommes236(*). Ce genre d'assauts ont
pratiquement disparu depuis. D'une part, les attaques contre les forces de
défense sont devenues bien plus rares, tant au Nigéria qu'au
Cameroun, les deux pays qui étaient les plus visés. Et d'autre
part, si elles ont lieu, elles prennent la dimension d'attentats suicides.
Cependant, depuis janvier 2015, les attentats suicides sont devenus le mode
opératoire par excellence de Boko Haram en territoire camerounais.
Sur le plan des cibles, ce sont moins des objectifs militaires
qui sont visés. Mais, essentiellement des civils, souvent dans des
petites localités, peu protégées, tués par de
petits groupes de quelques kamikazes, généralement des femmes ou
de jeunes enfants. Outre les attentats suicides, Boko Haram a fait les
enlèvements de masse une arme de guerre contre les pays engagés
contre lui. Les combattants du groupe terroriste n'hésitent pas à
kidnapper ou à enrôler des jeunes garçons
inexpérimentés qu'ils
« rééduquent »237(*) et utilisent à des
fins de renseignement ou comme des combattants. Des enlèvements
forcés auxquels s'ajoutent celles des jeunes filles dont
l'instrumentalisation servirait à des opérations kamikazes et
même comme des esclaves sexuels.
Face à la mutualisation des forces entre les
armées des pays de la région qui commence enfin à
déboucher sur des résultats certains, Boko Haram a
décidé de ne plus mener les opérations militaires de
grande envergure. Le mouvement terroriste a muté vers des
méthodes de combats totalement asymétriques. L'usage de ces
méthodes de combat non conventionnelles a eu pour conséquence, la
complexification de l'action de l'armée camerounaise sur le
théâtre d'opérations. En effet, en faisant usage des
actions irrégulières notamment le recours aux kamikazes, les
terroristes compensent leur infériorité sur le plan militaire par
l'usage des tactiques de combat difficiles à combattre et à
prévenir par l'armée régulière. En dehors des
attentats suicides les terroristes font également usage des Engins
Explosifs Improvisés (EEI) et des mines anti-personnelles
Profitant de leur capacité à pouvoir se fondre
dans la population civile, les terroristes de Boko Haram se mêlent
à la population locale pour complexifier l'action de l'armée
camerounaise. Cette hybridité des méthodes de combat de Boko
Haram ne permet donc pas aux FAC de remporter facilement la victoire
décisive dans cette lutte.
B- LA CAPACITE D'ADAPTATION
DU GROUPE TERRORISTE
Il est désormais connu que, selon les lois propres de
la guerre, l'adversaire modifie ses manières de combattre autant que les
circonstances l'exigent. Les nouveaux acteurs s'adaptent plus vite, profitant
de leur connaissance du milieu et des forces armées nationales pour
épaissir le « brouillard de la guerre » et diminuer
l'effet de la puissance technologique des armées nationales. S'agissant
du cas de Boko Haram, ce groupe terroriste jouit d'une capacité
d'adaptation dans le conflit qui l'oppose à l'armée camerounaise.
Dans la mesure où, le terrain dans lequel se déroule les
opérations militaires en bien connu des terroristes. Les configurations
sociologiques de la région sont à l'avantage des terroristes.
Aussi, les terroristes de Boko Haram jouissent d'une forte capacité
à pouvoir contourner la force traditionnelle de l'armée et
à exploiter ses vulnérabilités.
Au cours de ces dernières années, Boko Haram a
connu plusieurs évolutions majeures, en réaction aux
stratégies et méthodes des forces gouvernementales des pays de la
région et induites par les changements du contexte international dans
lequel le groupe s'inscrit.
Le terrorisme de Boko Haram en Afrique Occidentale s'inscrit
dans le Jihadisme international inspiré par la figure
emblématique du terrorisme global d'Oussama Ben Laden. Celui-ci
est d'ailleurs soupçonné d'avoir encouragé et
financé le jihad au Nigéria via le groupe terroriste lors de sa
création238(*).
C'est à partir de 2009 que le groupe a renforcé ses liens avec
les mouvements terroristes étrangers à la suite de la
répression violente qu'avait connu le groupe terroriste cette
année la. Des dirigeants du groupe ayant survécu à la
répression notamment Mamman Nur, ont fuit le pays en direction du Mali,
l'Algérie, en Somalie, voire même en Afghanistan. Ils auraient
reçu des entrainements aux actions terroristes et à la
guérilla. De retour au pays, ceux-ci ont développé les
enseignements reçus à l'étranger auprès des
spécialistes du terrorisme international. C'est ce qui justifie en
partie les victoires tactiques engendrées par ce groupe face aux forces
armées nationales.
La vaste campagne militaire dont le Tchad a pris l'initiative
aux côtés de leurs frères d'armes camerounais au
début de janvier 2015 a permis d'obtenir des résultats
significatifs contre le mouvement terroriste. L'armée tchadienne
associée à leurs frères d'armes camerounais,
nigériens et nigérians ont tout de même réussi
à contrer les ambitions régionales de celui qui a pris
l'appellation de l' « Etat islamique en Afrique de
l'Ouest », d'étendre ses tentacules dans les pays de la
sous-région notamment au Cameroun. Si l'action des armées de la
sous-région a permis d'amoindrir d'une manière significative les
capacités opérationnelles du mouvement terroriste, mais celui-ci
n'a pas coulé. Il a plutôt fait preuve de sa capacité
d'adaptation face à la montée en puissance des armées de
la région. Boko Haram garde toujours sa capacité à
imprimer la terreur au Cameroun et dans le bassin du lac Tchad.
Sa puissance de feu considérablement réduite,
par la perte ou la destruction de son arsenal. Boko Haram ne désarme
pas, il mue dans son action, en exploitant les vulnérabilités des
pays de la région. Cette situation constitue un avantage pour le groupe
terroriste qui lui permet de se reconstruire dans sa structure et son mode de
fonctionnement. Vu que celui-ci prouve de jour en jour sa capacité
à imprimer la terreur au Nigéria et au Cameroun par les attentats
suicides et les embuscades tendues aux forces armées.
Boko Haram exerce une emprise territoriale significative
localisée dans le Nord-Est du Nigéria, malgré la
libération de nombreuses localités par l'appui des armées
de la région. Mais, la zone d'action du groupe est nettement plus large.
Bénéficiant de réseaux reposant sur la continuité
de l'espace ethnique Kanouri dans les Etats du bassin du lac Tchad, mais
également de réseaux plus ou moins structurés de
sympathisants à leur cause, ou à leur idéologie et
d'opportunistes (criminels, voleurs, etc.). Il ne peut être exclu
que Boko Haram dispose de cellules dormantes et opérationnelles dans les
pays de la sous région239(*).
PARAGRAPHE 2 : DIFFICULTES DE PROJECTION DES FORCES DANS
LES OPERATIONS ANTI-BOKO HARAM
L'Etat du Cameroun est doté des
forces armées, instruments de sa puissance et de la violence
légitime, dont la vocation consiste en la préservation de
l'indépendance et de la défense nationale. Ces Forces sont
préparées à la guerre conventionnelle selon la logique
réaliste et westphalienne opérationnelle dans le cadre d'une
configuration de guerre interétatique.
Comme nous l'avons évoqué en amont, le conflit
entre l'armée camerounaise et les terroristes de Boko Haram se
déroule en milieu sahélien. Et la particularité avec cette
région est que, celle-ci n'est pas favorable pour l'armée
régulière. Dans la mesure où cette région n'est pas
favorable pour les manoeuvres militaires (A), certains matériels
militaires n'y sont pas adaptables (B).
A-DIFFICULTES D'OPERER LES
MANOEUVRES MILITAIRES DANS LES ZONES DE COMBATS
Le Sahel, est caractérisé par des
températures hostiles très élevées dépassant
facilement 500C. Ces températures sont marquées par de
fortes amplitudes. Les vents sont forts, chauds, secs et chargés de
poussière. La longue saison sèche de huit à dix mois
laisse la place à une courte saison humide durant laquelle les
précipitations, parfois, sont violentes. Elles provoquent un fort
ruissellement car leur intensité dépasse la capacité
d'infiltration des sols. Le degré de la pluviométrie permet de
diviser le sahel en trois zones : la zone
saharo-sahélienne ; la zone
sahélienne et la zone soudano-sahélienne,
zone à laquelle appartient l'Extrême-Nord du Cameroun. Le sahel
est traversé par quatre grands fleuves : le Sénégal,
le Niger240(*), le
Logone-Chari et le Nil. Il s'y ajoute le Lac Tchad, lequel a perdu 80% de sa
superficie en un siècle. Le réseau hydrographique se compose de
cours d'eau éphémères241(*)alimentant des mares temporaires dont certaines
retiennent l'eau jusqu'au printemps. Ce qui est favorable aux troupeaux.
Ainsi, mener les opérations militaires dans la zone
sahélienne nécessite une meilleure connaissance du terrain. Dans
le cas d'espèce, les militaires camerounais déployés dans
l'Extrême-Nord du Cameroun pour lutter contre les terroristes de Boko
Haram souffrent d'une mauvaise connaissance de la région. Car, le gros
des effectifs est constitué des militaires en provenance du Sud
Cameroun. Par contre, cette région offre une grande mobilité pour
les groupes armés notamment pour les terroristes de Boko Haram qui ont
une parfaite connaissance de la région.
Le relief de l'Extrême-Nord du Cameroun comprend de
vastes étendus sableuses, parsemées de relief gréseux peu
vigoureux, mais découpés et troués par l'érosion.
Cette région est propice au camouflage pour les combattants du
mouvement terroriste Boko Haram pour se constituer des bases de repli. Par
contre, cette région n'offre pas une parfaite mobilité pour les
forces armées camerounaises. Caractérisée par une
géographie difficile pour les opérations militaires (montagnes
rocheuses, l'avancée du désert, etc.), la région de
l'Extrême-Nord camerounais constitue un désavantage pour
l'armée camerounaise déployée au front. De part la
lourdeur et la rigidité des forces armées, celles-ci ont du mal
à se déployer efficacement dans les théâtres
d'opérations militaires. En effet, dans certaines zones de
l'Extrême-Nord les manoeuvres militaires sont totalement
inopérables, la reconnaissance aérienne est même
aléatoire et l'accès aux colonnes motorisées
s'avère même impossible. Bref, il parait très difficile
pour l'armée camerounaise de réussir les opérations de
surprise, terrestre ou héliportée dans cette zone.
L'une des règles du combat en milieu désertique
stipule que, « la rébellion doit avoir une base inattaquable,
un lieu à l'abri non seulement d'une attaque, mais de la crainte d'une
attaque ». Il est même parfois impossible pour l'armée
camerounaise de mener les actions en profondeur dans certaines zones notamment
dans les mont Mandara. Selon le témoignage recueilli auprès de
certains militaires d'Emergence4 à Maroua : « nos
blindés et nos véhicules 4x4 sont souvent incapables de
manoeuvrer dans certaines zones d'opérations »242(*). L'environnement local ne
permet donc pas de manoeuvrer ou de circuler dans certains endroits. Ceci,
à cause du sable, et pendant la saison pluvieuse, tous les Mayo
(cours d'eau) se communiquent entre eux et rendent encore plus difficile
la circulation pour les forces armées.
Ainsi, les obstacles géographiques de la région
de l'Extrême-Nord camerounais ne permettent pas un meilleur
déploiement des forces armées camerounaises. Dans ce sens, ne
permettent pas à celles-ci de gagner en efficacité dans cette
lutte. A ces obstacles géographiques, il faut relever que les militaires
camerounais sont également confrontés à un autre obstacle,
celui de la barrière sociologique et ethnolinguistique des populations
du septentrion camerounais. Comme nous l'avons déjà
évoqué, les militaires camerounais déployés au
front sont constitués majoritairement par les militaires en provenance
du Sud. Par conséquent, ils ne comprennent pas les langues locales.
Considérées par certains comme des forces de protection mais
d'autres les prennent comme des forces étrangères.
B-INADAPTATION DE LA FORCE
MILITAIRE A LA NATURE ASYMETRIQUE DES COMBATS
Comme nous l'avons eu à l'admettre un peu plus haut
dans ce travail, le terrorisme en général, celui de Boko Haram en
particulier fait parti d'une catégorie conflictuelle, guerrière
productrice d'insécurité. Dans le contexte actuel marqué
par la globalisation des menaces, le terrorisme est devenu une menace
déterritorialisée caractérisée par sa
mobilité et son évanescence. Les forces armées
camerounaises qui sont un instrument de puissance pour le Cameroun, sont
chargées de protéger le sanctuaire national contre toute menace
extérieure ou intérieure. Dans le cas d'espèce, elles
n'arrivent pas à remplir efficacement cette mission. En effet,
conçues pour faire la guerre conventionnelle interétatique dans
la logique réaliste, les forces armées camerounaises tombent sous
le coup d'une infériorité stratégique face à des
combattants de Boko Haram insaisissables.
En effet, les terroristes de Boko Haram compensent leurs
faiblesses dans l'organisation, la formation et l'armement, par la
rapidité, l'effet de surprise et le non respect des lois et coutumes de
guerre (jus ad bellum et jus in bello). La lutte contre le
terrorisme en zone sahélienne a ses propres spécificités.
Sur le plan militaire elle exige une prise en compte des
spécificités de la région. Il s'agit également une
prise en compte de la région dans laquelle les forces armées sont
déployées. Ainsi, l'armée camerounaise dans la lutte
contre le terrorisme de Boko Haram a été confrontée
à cette triste réalité. En effet, le matériel
militaire déployé par l'armée camerounaise ne
répondait toujours pas, ou n'était pas totalement adapté
aux spécificités de la lutte contre le terrorisme dans ladite
région. Non seulement certains matériels de l'armée
régulière étaient dans un état vétuste, ils
n'étaient pas totalement adaptés aux combats en milieu
sahélien. A ces difficultés s'ajoutent, les disfonctionnement
enregistrés dans la chaîne logistique.
Conscient du fait que l'armement ne détermine pas
l'issue des combats, c'est plutôt une meilleure adaptation de l'armement
à la nature des combats qui conditionne son efficacité. A ce
sujet, les forces armées camerounaises outil de défense à
faire la guerre conventionnelle interétatique, ne s'auraient
remporté facilement la victoire décisive face à des
adversaires insaisissables, à moins d'opérer une refondation de
la doctrine qui guide son action.
CONCLUSION DU
CHAPITRE
Au terme de ce chapitre, il s'agissait de faire ressortir les
différentes difficultés auxquelles les forces armées
camerounaises sont confrontées dans le combat contre les terroristes de
Boko Haram. Après avoir mis en exergue les difficultés à
mettre en oeuvre une stratégie efficace de lutte contre terrorisme par
le haut commandement militaire camerounais. Nous avons également
analysé les difficultés rencontrées sur le plan
opératif et tactique qui ne leur permettent pas, non seulement de mener
les « actions décisives », mais également de
remporter la « victoire décisive ».
CHAPITRE 4
LES
DEFIS POUR UN RECADRAGE DE L'ACTION DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE
ANTITERRORISTE
La guerre n'a pas changé, elle est toujours
fondamentalement un acte politique constitué de lutte entre deux
volontés indépendantes243(*). Mais, elle a changé de nature. Après
les attentats du 11 septembre 2001, la guerre avait en effet, pris un nouveau
visage, tandisque l'évolution constante des circonstances constituait la
capacité d'adaptation en qualité essentielles des armées
face à des adversaires plus doués que les forces armées
nationales pour l'innovation. Même si nous admettons que la puissance
militaire reste indispensable pour les guerres modernes, il faut admettre que,
celle-ci ne garantie plus l'efficacité de l'action militaire dans les
combats modernes. Confronté à une puissance trop forte pour oser
s'y frotter avec ses propres armes, le faible jugeant le puissant hors
d'atteinte, invente les nouvelles formes de défis qui modifient la
notion même de victoire244(*).
A cet effet, il se pose un défi pour les forces
armées nationales pour pouvoir gagner les conflits modernes, notamment
dans la lutte contre les groupes terroristes. Le défi stratégique
et tactique que le terrorisme représente pour les forces armées
nationales d'une manière générale, l'armée
camerounaise d'une manière particulière, peut se résumer
en ces termes : comment pourrait-elle devenir un acteur crédible
dans la lutte globale contre le terrorisme, dont le pays est entré ces
dernières années ? Autrement dit, quels seraient en ce qui
les concerne, les éléments d'une initiative stratégique
camerounaise, apte à relever ce défi ? La réponse
à ce questionnement prescrit un recadrage de l'action des forces
armées nationales pour l'adapter aux spécificités des
combats modernes.
Concernant donc les défis pour un recadrage de l'action
de l'armée dans la lutte antiterroriste, nous analyseront le défi
pour l'armée camerounaise à mettre en oeuvre une stratégie
claire et précise face de la menace terroriste (Section 1), et la
nécessité d'une mutualisation des moyens (Section 2).
SECTION 1 : LES DEFIS POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE DE METTRE
EN OEUVRE UNE STRATEGIE CLAIRE ET PRECISE DE LA MENACE TERRORISTE
Créée au moment de l'indépendance en
droite ligne avec la pensée stato-centrée occidentale,
l'armée camerounaise a originellement été formée et
entrainée pour faire la guerre conventionnelle au sens clausewitzien du
terme. Avec la mutation des menaces de plus en plus asymétriques, dont
le terrorisme islamiste, où la conflictualité ne relève
pas des canons traditionnelles de la guerre. Pour gagner en efficacité
dans les nouveaux champs d'opérations, celle-ci est appelée
à relever un défi stratégique et tactique (Paragraphe 1),
et par, une adaptation aux spécificités et à la nature
des nouvelles menaces (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : UN DEFI STRATEGIQUE ET TACTIQUE POUR
L'ARMEE CAMEROUNAISE
Les menaces asymétriques d'une manière
générale, le terrorisme islamiste d'une manière
particulière, constituent pour les armées nationales, un
défi stratégique et tactique particulièrement difficile
à relever. L'expansion actuelle du terrorisme dans le monde rend
précisément compte de la complexité d'une équation
sécuritaire semble-t-il aux antipodes des us et coutumes de la guerre
classique. En ce qui concerne le défi stratégique et tactique
à relever pour l'armée camerounaise, nous verrons, qu'il faut
relever le défi dû au déni de reconnaissance de l'ennemi
terroriste (A). Il faut aussi relever un défi tactique (B).
A-LE DENI DE RECONNAISSANCE
DE L'ENNEMI TERRORISTE
Sun Tzu, grand maître de la science et de l'art de la
guerre de l'époque héroïque de la Chine des royaumes
combattants, prescrit de « comprendre l'autre et ne pas faire ce
qu'il attend de vous ». La reconnaissance et la
compréhension de l'ennemi devient le postulat irréductible dans
l'établissement du rapport de forces. Autrement dit, c'est par rapport
à l'autre, réel ou possible, que se détermine ou que l'on
se prédétermine. Toute stratégie trouve sa pertinence au
regard de l'autre.
Hors, la menace terroriste comme le reste de toutes les
menaces relevant des stratégies alternatives et
irrégulières, souffre historiquement de la part des Etats d'un
déni de réalité qui obère substantiellement sa
compréhension, pourtant nécessaire. C'est ce déni de
reconnaissance que souffrent les terroristes de Boko Haram par le haut
commandement militaire camerounais, mais aussi par les autorités
politiques camerounaises. La conséquence en apparait au travers des
nombreuses difficultés qu'il y a encore de nos jours à cerner et
à conceptualiser la phénomélogie du terrorisme en tant que
menace à sécurité nationale des Etats, d'une
manière générale, et de l'Etat du Cameroun d'une
manière particulière.
La connotation diabolisante de l'acteur terroriste visant
à vider son action de toute action rationnelle et de toute
légitimité. Cette connotation est due à ce qu'il faut bien
appeler le dogmatisme westphalien, qui constitue un obstacle majeur,
non seulement pour la mise en oeuvre d'une stratégie antiterroriste,
mais également d'une épistémologie du terrorisme. En
outre, la difficulté la plus probante qu'il y a à cerner la
menace terroriste se situe également dans la multitude et la
complexité des enjeux qu'il incarne dont les plus constants se situent
aux niveaux religieux et politique.
L'immixtion du religieux est en effet récurrente dans
l'histoire du terrorisme. La sacralisation de l'action terroriste,
« la terreur sacrée », trouve déjà son
empreinte dans la violence des Zélotes juifs au premier siècle
de l'ère chrétienne et celle des Sectes ismaélienne des
Assassins entre les XI et XIIIème siècles. Pour ne pas oublier
celle des croisés du christianisme catholique au cours de cette
dernière période. Autant dire que le fanatisme religieux n'est
pas une particularité du fondamentalisme islamiste.
Quant à l'enjeu politique, il est substantiel à
l'enjeu de puissance, de pouvoir et de domination dans une optique
désormais étatique (Etat Islamique en Iraq et en Syrie, et le
Kalifa de Boko Haram au Nord-Est du Nigéria). Bref, du conflit
hégémonique, qui structure fondamentalement l'histoire et la
géopolitique des sociétés humaines depuis la nuit des
temps. Dans ce sens, la violence est un moyen pour la réalisation des
finalités politiques. Il s'agit de « faire plier la
volonté de l'adversaire en affectant sa capacité de
résistance ». Tout comme la guerre que Carl Von
Clausewitz définit comme : « la continuation de la
politique par tous les moyens », le terrorisme vise à,
« amener notre ennemi à exécuter notre propre
volonté ».
Ainsi donc, l'absence d'une objectivation stratégique
précise de la menace terroriste de Boko Haram dans le corpus doctrinal
d'emploi des forces de l'armée camerounaise accentue ici plus
qu'ailleurs, un mélange de genres. Et les conflits d'écoles
à propos de la catégorie stratégique réelle
à laquelle appartient la menace terroriste de Boko Haram, ainsi,
qu'à propos des approches contre-terroristes y afférentes. Cette
absence explique par conséquent, les carences opérationnelles
dans la lutte contre Boko Haram par l'armée camerounaise et les
difficultés des acteurs engagés dans ladite lutte peuvent
éprouver quant à intégrer au sein des dispositifs
mutualisés.
Le défi stratégique de la lutte contre la menace
terroriste de Boko Haram par l'armée camerounaise, est aussi un
défi tactique.
B-UN DEFI TACTIQUE
Comme nous l'avons déjà évoqué
plus haut, tout comme la petite guerre (guerre révolutionnaire) le
terrorisme fait parti des stratégies irrégulières à
l'opposition aux guerres conventionnelles interétatiques. L'on parle
alors dans ce sens, de conflits asymétriques ou irréguliers,
s'agissant d'un conflit opposant deux acteurs différents non seulement
dans leur nature, mais par la dissymétrie de leurs rapports de forces.
Et la nature des buts poursuivis et leurs comportements respectifs, dans la
conflictualité.
En termes de dividendes stratégiques, ce qui
intéresse plus que tout l'acteur terroriste, c'est l'écho, le
retentissement médiatique et l'impact psychologique, produit,
au-delà de l'ennemi à travers le monde. C'est dans ce sens que
les conflits asymétriques d'une manière générale,
la lutte antiterroriste d'une manière particulière, inscrits dans
la logique du faible au fort, sont des conflits d'affirmation et
d'expression.
C'est à la fin du 20èmesiècle
que les stratégies alternatives, catégorie à laquelle
appartient le terrorisme, cèdent devant la pression de ce
qu'Hervé Coutau-Bégarie appelle « la vogue
d'offensive », dans le contexte de la course aux armements
d'avant la première Grande Guerre. Laquelle est historiquement, comme on
le sait, l'apogée et la montée aux extrêmes des conflits
hégémoniques qui secouent le vieux continent depuis les
Traités de Westphalie de 1648.
Expurgés de la pensée stratégique
notamment en France, les stratégies alternatives parviennent tout de
même à retenir l'attention des Britanniques. Charles Callwell, qui
leur a consacré une étude approfondie, montre que si la
supériorité tactique des armées régulières
est évidente, celle des acteurs irréguliers l'est tout aussi sur
le plan stratégique245(*). Une manière pour lui de dire que, la
supériorité des armées nationales, de loin mieux
équipées, mieux organisées, mieux formées face
à un ennemi insaisissable et particulièrement mobile, tombe sous
le coup d'infériorité stratégique qui les rend incapables
de s'assurer une victoire décisive pour la réalisation des
objectifs politiques.
Cette problématique se pose avec acuité toute
particulière au sein des Etats d'Afrique subsaharienne
déjà fragilisés par une incurie politique et un
déficit capacitaire en matière de projection stratégique
et de déploiement opérationnel.
En effet, ces derniers sont demeurés héritiers,
sinon continuateurs d'une tutellisation productrice de pesanteurs politiques et
stratégiques y endiguant le développement d'une capacité
autonome de défense et de sécurisation. Or, ladite
capacité autonome est précisément l'indicateur par
excellence de l'assomption étatique, appréhendée du point
de vue des attributs de la souveraineté.
C'est-à-dire à quelle enseigne le terrorisme de
Boko Haram constitue un défi pour l'armée camerounaise,
également au-delà de la conceptualisation de la menace qu'il
représente au niveau de la capacité logistique et des approches
opérationnelles. En effet, il est du moins difficile et hasardeux
d'entreprendre pour la mettre en oeuvre une doctrine d'emploi des forces. Ceci,
en dehors d'un socle conceptuel qui rend compte de la catégorie
stratégique de la menace terroriste, ainsi que, ses mécanismes de
reproduction. C'est en fonction de ces derniers que l'on pourrait construire
une réponse un peu plus appropriée au niveau tactique.
L'absence d'une objectivation stratégique et
précise de la menace terroriste, dans le corpus doctrinal d'emploi des
forces armées nationales d'une manière générale,
celles du Cameroun d'une manière particulière, explique d'une
certaine manière les carences opérationnelles observées
dans la conduite des opérations militaires antiterroristes par
l'armée camerounaise. Cette situation éprouve également
une fois les Etats concernés par le terrorisme confrontés
à la perspective de leur intégration au sein des dispositifs
mutualisés de la géostratégie du contre terrorisme.
Mais il sera tout de même judicieux de bâtir les
pistes pour une modification du concept d'emploi des forces armées
camerounaises pour mieux l'adapter à la nature des conflits modernes.
PARAGRAPHE 2 : S'ADAPTER AUX CARACTERISTIQUES DES
NOUVELLES MENACES
La société internationale
prise d'une manière générale, la société
camerounaise d'une manière singulière, manifeste une exigence
croissante pour une sécurité individuelle et collective de la
part des pouvoirs publics. Ce besoin de sécurité parfois du seul
ordre du sentiment s'applique aux armées qui sont en charge de la
défense de la nation contre toutes actions menaçant la
sécurité nationale. Il s'avère maintenant qu'avec la
mutation de nouvelles menaces, ces forces armées n'arrivent pas à
contenir facilement ces nouvelles formes de violences.
Dans une dynamique d'adapter les mentalités des
éléments des forces armées camerounaises aux
spécificités de la lutte antiterroriste, notre analyse
s'articulera sur la nécessité d'un format de force adapté
aux spécificités et à la nature de la menace terroriste
(A), et l'adaptation du modèle de force (B) à la menace
terroriste.
A-LE PRIMAT D'UN FORMAT DE
FORCE ADAPTE AUX SPECIFICITES ET A LA NATURE DE LA MENACE TERRORISTE
Dans un contexte de lutte contre le terrorisme par les forces
armées nationales d'une manière générale,
l'armée camerounaise d'une manière particulière, l'usage
de la force demeure intimement lié aux objectifs politiques et
militaires. Il doit être ajusté à tout moment et être
adapté à chaque phase du conflit, à la violence qui y
règne et à l'environnement des troupes. En intervenant par la
force, les forces armées doivent dominer l'ennemi en le contraignant
à cesser les attaques.
En outre, la maîtrise de la force n'est pas la
pusillanimité dans l'action. Engager une force terrestre impose de
disposer les moyens suffisants pour atteindre l'objectif fixé.
Intervenir par la force par exemple pour la libération des otages, c'est
pouvoir supplanter l'adversaire par la supériorité tactique, la
qualité des hommes, leur endurance, leur entraînement, leur
détermination, la performance de leur armement et la maîtrise de
l'information et de l'environnement.
Dans ce sens, la lutte contre le terrorisme en zone
sahélienne a ses propres spécificités. C'est dans cette
zone que l'armée camerounaise est confrontée aux islamistes de
Boko Haram. Sur le plan militaire, elle exige du soldat une prise en compte de
l'environnement dans lequel sont menées les opérations
militaires. A chaque région ses propres réalités, à
chaque problème, sa solution spécifique. La lutte contre le
terrorisme en milieu sahélien, ne saurait être celle que
mène l'armée iraquienne avec ses alliés contre l'EI, ou
bien, celle que mènent les armées américaines avec le
soutien des forces internationales de l'ISAF en Afghanistan. Ainsi, l'on ne
peut transposer les résultats obtenus dans la
« guerre » contre le terrorisme en Irlande du Nord par les
Britanniques, à celle que mène l'armée camerounaise contre
Boko Haram.
Ainsi donc, il faudra adapter une doctrine d'emploi des
forces, qui soit en phase avec les réalités de la région
à laquelle les forces armées seront déployées. Pour
le cas qui nous incombe, c'est la zone sahélienne. A cet effet, il faut
faire usage d'une force utile, adaptée aux spécificités de
la région sahélienne. C'est-à-dire, faire usage d'un
format de forces adapté aux spécificités de la lutte
contre le terrorisme en milieu sahélien, disposer un format de force qui
prend en compte le côté irrégulier de la menace terroriste.
Dans ce sens, il faut une force flexible et lourde, capable de répondre
à la nature hybride de la menace terroriste. Ceci, avec
l'étroite collaboration entre les forces spéciales et les autres
forces régulières. Ceci permettra à l'armée, de
mener les actions en profondeur.
Dans le cas de la lutte contre Boko Haram par l'armée
camerounaise, il a été observé que, Boko Haram au
départ était très lourd, avec l'utilisation des
blindés et de l'artillerie. Cette situation avait mis le BIR dans une
position désavantageuse. Il fallait donc répondre aux attaques
terroristes avec du lourd tout en restant léger, pour pouvoir aller
vite, afin de mener les actions décisives.
Dans les nouveaux conflits, la technologie joue un rôle
indispensable de démultiplicateur de la puissance246(*), ceci à la nature
conventionnelle et asymétrique des nouveaux conflits. Dans ce sens, il
faut disposer un matériel électronique, dernière
génération (les drones de surveillance, véhicules
anti-mines, cameras thermiques à vision nocturne, etc.). Ledit
équipement militaire doit répondre aux conditions climatiques de
la région. Cette expérience a été faite au Mali,
avec les unités « Méharistes »247(*)qui opèrent en
chameaux dans le Sahel dans le cadre de la lutte contre les groupes
armés qui écument cette région. A tout ceci il faut faire
l'économie des moyens ; c'est-à-dire, disposer une force qui
soit en fonction de nos moyens.
B-ADAPTER LE MODELE DE
FORCES
Même s'il serait irresponsable de se départir des
moyens de répondre à la résurgence d'une menace militaire
majeure au cas où l'on n'aurait pas su le prévenir. Il n'y aura
pas, au cours du quart de siècle à venir des armées
nationales capables de rivaliser avec les coalitions sous régionales. Il
faut pourtant conserver les capacités utiles d'action
conventionnelle248(*).
Elles sont pourtant nécessaires pour prévenir la remontée
de ce type de menace en dissuadant l'adversaire éventuel d'une course
éventuelle à la puissance. Mais aussi, pour conforter
l'indispensable diplomatie coercitive en crédibilisant la dissuasion
militaire par la complétude du spectre des menaces et permettre, autant
que de besoin, d'imposer la force contraignante dans les opérations
extérieures de soutien à la paix.
Cependant, l'effet pervers de cet excès de puissance,
est d'engendrer à la fois son rejet des modèles sociétaux
qui l'on produite et l'improbabilité des guerres dont le mode lui est
naturel ; diminuant lui-même l'éventualité des vastes
actions antiforces. Il trouve paradoxalement dans le déséquilibre
des arsenaux la limite même de son utilité. A force de dissuader,
il décourage, et conduit même à des pratiques qui vont
là contester et là contourner. La guerre, passée d'une
logique capacitaire à une logique finalitaire, ne fonde plus le
succès des rapports de forces classiques. Elle suppose, pour le
règlement des crises, la mise en oeuvre des instruments militaires
sophistiqués, mais aussi politiques, diplomatiques, sociaux, à
travers l'existence des forces capables de jouer, dans les conflits modernes,
de ces différents registres.
Dans ce sens, les nouveaux engagements, comme la lutte
antiterroriste modifient l'activité stratégique et nivellent les
avantages nés de la haute technologie. L'influence remplace la
puissance. Il s'agit souvent moins de conquérir l'espace que de pacifier
les coeurs et les esprits, de gagner l'adhésion de la population
à l'action que l'on mène. L'aptitude n'est plus à la
destruction, mais la capacité d'assurer le contrôle politique de
l'espace et d'établir, grâce à la maîtrise de la
violence d'une action perçue comme légitime, les conditions
d'émergence d'un nouveau contrat social. Il s'agit de montrer une
indispensable détermination dans la volonté de résolution
d'une crise.
A l'aube de la deuxième Grande Guerre, la plupart des
guerres se sont déroulées à l'intérieur des Etats
et le mouvement s'amplifie de nos jours. Ce constat remet en cause les concepts
et les modèles traditionnels qui valaient pour les guerres
interétatiques et diminue l'apport de la haute technologie aux nouvelles
applications de la diplomatie. Le nouveau paysage conflictuel estompe ainsi
progressivement les certitudes quantitatives, rationnelles et classiques du
20ème siècle : la dérégulation de
la guerre a donné naissance à des formes de conflits qui
replacent l'homme au coeur du dispositif de défense249(*). Pour les armées
nationales, le principe d'adaptation doit dominer en imposant les arbitrages
internes et externes nécessaires, afin que les modèles de forces
soient capables de coercition, mais également de produire sur le terrain
de l'efficacité politique.
L'expérience montre que les Armées Nationales
qui gagnent, sont des armées qui apprennent, celles qui s'adaptent,
celles qui tirent du réel leur efficacité pour l'avenir.
« Learn and adapt » disent les anglo-saxons :
c'est un impératif. L'armée camerounaise doit aller plus loin que
là ou elle est aujourd'hui ; elle ne doit pas se contenter
d'écrire les leçons qu'elle a apprise. Elle doit surtout
apprendre les leçons qu'elle a écrites et en tirer toutes les
conséquences pour le modèle de forces, leur équilibre,
l'entrainement des unités, l'équipement des forces, la formation
des hommes aux mentalités des conflits modernes.
SECTION 2 : LA NECESSITE D'UNE MUTUALISATION DES MOYENS
DANS L'ANTI-TERRORISME
La lutte contre le terrorisme par les armées
nationales, impose aux acteurs une mutation d'approches dans la conduite des
opérations militaires. Il est évident de nos jours que seule
l'action militaire ne garantie pas la victoire décisive, à
celle-ci il faudra associer l'appui de la population civile, notamment la
population locale. Celle la qui est confrontée à la violence des
mouvements terroristes.
Aucune armée au monde, aussi puissante soit-elle ne
peut combattre seule avec succès cette menace transnationale. C'est en
mutualisant les forces avec les autres forces armées confrontées
à la même menace, que cette lutte trouvera une efficacité
certaine. Dans ce sens, notre analyse se fera à travers,
l'émulation de la relation Armée-Nation dans la lutte contre le
terrorisme (Paragraphe 1), et par la mutualisation des forces entre les
Armées des pays limitrophes confrontés à la menace
terroriste (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : L'EMULATION DU COUPLE ARMEE-NATION DANS LA
LUTTE CONTRE LE TERRORISME
La menace terroriste est une menace transnationale, à
laquelle il faut une riposte globale, une affaire de tous y compris celle des
populations civiles. Il sera donc question ici de voir, l'action
décisive des comités de vigilance dans la lutte antiterroriste
(A), et le renforcement des relations civilo-militaires dans l'antiterrorisme
(B), comme étant des mesures garantissant l'efficacité de
l'action militaire.
A-L'APPUI DECISIF DES
COMITES DE VIGILANCE
La lutte antiterroriste par les forces armées
nationales nécessite un appui constant de la part de la population
locale. Au Cameroun, cet appui se résume part l'action décisive
des Comités de Vigilance apporté à l'armée
camerounaise engagée dans la lutte contre Boko Haram.
L'efficacité de l'action de ceux-ci peut faire école dans les
autres pays confrontés à la même menace.
Au Cameroun, les Comités de Vigilance encore
appelés groupes d'autodéfense ont été
créés dans les années 1960, et à
l'Extrême-Nord. Ces comités de vigilance ont été
activés en juillet 2015, après que le territoire ait
enregistré les premiers attentats suicides. Créés par les
autorités administratives, et parfois à l'initiative des
populations locales exacerbées par la violence des terroristes de Boko
Haram. Placés sous l'autorité des autorités
administratives et parfois des chefs traditionnels, maîtrisant
l'environnement local, ceux-ci jouent un rôle d'informateur auprès
de l'armée, et parfois de barragistes ou de milices de
protection250(*).
Armés de pétoires, de bâtons, d'arcs et de flèches
empoisonnées, ils patrouillent autour de leurs villages dans
l'Extrême-Nord du Cameroun, non loin de la frontière
nigériane.
Figure N°9 :
Les membres d'un comité de vigilance à l'extrême-nord du
Cameroun
Source :
International Crisis Group
Malgré les attaques à répétition
de Boko Haram dont ils sont victimes, ils ont choisi de ne pas quitter leurs
terres et de défendre leur patrie. Au péril de leur vie, les
membres des comites de vigilance ont permis d'éviter une quinzaine
d'attentats suicides et ont contribué à l'arrestation d'une
centaine de terroristes251(*). Selon le témoignage recueilli par
l'AFP, auprès d'Aladji Adjobo, chef du comité de
vigilance de Waza déclarait : « nous citons en
exemple la bravoure de nos gars qui ont perdu la vie par ce qu'ils ont
même arrêté des kamikazes, malheureusement pour eux, ils ont
explosé et ça les a emporté »252(*). Depuis 2016, ils sont
associés à de centaines d'opérations de l'armée (y
compris au Nigéria) contre les terroristes de Boko Haram253(*). « Ça
tirait partout, se souvient-il. La première fois, j'ai eu peur
mais après je m'y suis habitué »254(*), déclarait
Alhaji Mohamed Dale membre du comité de vigilance de Kolofata devant
l'envoyé spécial du Monde Afrique.
Toutefois, le recours à ces comités de vigilance
n'est pas sans risque. Le risque le plus élevé est que ceux-ci se
transforment en milices incontrôlables. Car derrière les arcs et
les flèches mis en avant, il y'a souvent des kalachnikovs qui circulent,
dispersées au fil des guerres successives du Soudan, du Tchad et de la
RCA. Des règlements de comptes ont eu lieu via des dénonciations
calomnieuses aux forces de défense255(*). Malgré les enquêtes de moralité
sommaires, des connivences ont existé entre certains membres des
comités de vigilance et les membres de Boko Haram. Des rackets, tandis
que d'autres ont commis des extorsions sur fond religieux256(*). Ainsi, à
Amchidé, les membres chrétiens du premier groupe de comité
de vigilance constitué par le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) en
2014 ont procédé à des rackets, dénonciations
calomnieuses et chantages contre certains musulmans. Ce comité de
vigilance a été dissous au bout de six mois et
réhabilité de façon paritaire257(*). Certains n'hésitent
même plus à mener des offensives pour aller mener des pillages au
Nigéria, régler les comptes ou affronter Boko Haram. Comme en
Avril 2016, lorsque 70 éléments du comité de vigilance de
la ville frontalière de Limani sont allés au Nigéria
récupérer deux femmes kidnappés par les terroristes.
Ainsi donc, face au risque que peut susciter l'action
décisive de ces comités de vigilance dans la lutte contre le
terrorisme, l'idéal serait de renforcer les capacités
d'encadrement des autorités. Car à l'absence de réel
contre-pouvoir, ils ne rendent de compte à personne et peuvent se
constituer en une véritable milice incontrôlable.
Malgré cela, la collaboration des comités de
vigilance avec l'armée est déterminante dans la lutte contre le
terrorisme, notamment dans la traque des terroristes, et à la
prévention des attentats-suicides. Au Cameroun, l'importance de ces
comités de vigilance dans le combat contre Boko Haram est sans appel,
plus précisément à l'épreuve des actions
quasi-asymétriques de Boko Haram. La collaboration de ceux-ci aux
côtés des militaires au front, fait des émules dans les
autres pays transfrontaliers engagés dans la même lutte, plus
précisément au Nigéria. Dans ce sens, l'apport des
comités de vigilance permet désormais de combattre efficacement
les groupes terroristes.
B-LE RENFORCEMENT DES
RELATIONS CIVILO-MILITAIRES
Les relations civilo-militaires ne sont pas récentes.
Mais, depuis la recrudescence des activités terroristes au lendemain des
attentats du 11 septembre 2001. Au regard de mutations des nouvelles formes de
menaces, les rapports entre les civils et les militaires se sont
révélées d'une importance capitale. La relation entre
« civil et militaire » se définit, au contact de la
mutation de la scène internationale comme celle qui se
caractérise à la fois par l'irruption de nouveaux acteurs dans
la scène internationale, et par les nouvelles formes d'expression de la
violence. Lors des guerres classiques où les forces armées
nationales avaient comme adversaire une armée bien identifiée,
l'action des civils ne faisaient pas partir de l'effort de guerre. Au service
d'une action défensive ou offensive, la question de la relation
civilo-militaire pouvait sembler être négligeable dans l'atteinte
des objectifs de l'Etat. Mais depuis le 11 septembre 2001, le monde fait face
à une nouvelle dynamique de menaces mettant à mal la
souveraineté des Etats. Il s'agit de l'« ennemi
invisible » qui ne se fait sentir que par l'ampleur de ses actions.
Du fait de son habilité tactique et sa capacité à se
diluer dans la population civile. Il opère dans l'ombre sous
l'impuissance des forces armées nationales à l'attente d'un
ennemi identifié.
Il apparait donc ici, que l'absence d'une véritable
relation civilo-militaire a coûté cher aux USA car, la multitude
d'instances entre les acteurs civils et le commandement militaire n'a pas
été au service de la spontanéité requise, face au
terrorisme. Or, une symbiose est entre les deux parties, l'une apportant les
informations, l'autre la puissance agissante aurait permis d'étouffer le
mal dans l'oeuf. A l'épreuve des faits, le terrorisme
véhiculé par les acteurs irréguliers, responsables des
nouvelles formes de menaces impose comme mesure stratégique, une
relation civilo-militaire, les civils à même de détecter
l'ennemi qui se frotte à eux en toute sécurité à la
quête des zones d'affluence, les militaires capables d'annihiler tout
foyer d'insécurité.
Tout gage de sécurité passe donc par la mise
à contribution de cette relation à trait d'union. Il est donc
question pour les instances politiques de sensibiliser et d'informer la
« partie civile » de la nouvelle réalité
internationale porteuse de nouvelles menaces avec pour cible
privilégiée les populations civiles, de la relative
capacité de la « partie militaire » à assurer
leur sécurité sans leur véritable participation258(*).
Au Cameroun, la réponse à la crise
sécuritaire dont fait face le pays passe par un renforcement des
relations civilo-militaires, ce qui relève à bien des
égards, au soutien apporté aux militaires engagés dans la
lutte contre Boko Haram, par le peuple camerounais. Cette relation s'illustre
au Cameroun par la réalisation d'importants projets de
développement tels que la construction des routes et autres
édifices par l'armée camerounaise. Ces actions sont encore
appelées les Actions Civilo-Militaire (ACM). Parmi ces actions nous
avons la réalisation de certaines oeuvres sociales telles que la
santé (hôpitaux militaires, les campagnes de santé faites
par le BIR), l'éducation (la construction des salles de classe). Un
vaste programme qui ne peut-être réalisé que s'il existe
une véritable synergie d'actions entre l'Armée et la Nation.
Après être apparue sous l'action violente la plus
déterminante, la prise de l'initiative de Boko Haram au Cameroun a
véritablement déclenché une sorte d'euphorie au sein de la
population camerounaise. Une sorte d'émulation du concept de
défense populaire du Cameroun. En effet, elle s'est manifestée
par les opérations de dons et les marches de soutien au profit des
militaires camerounais engagés au front. A en témoigne la
« Grande marche patriotique » du boulevard du 20 mai
à Yaoundé, qui a été présenté comme
une « marche de soutien aux forces armées et aux
populations de l'Extrême-Nord ». Dans le même sens, le
compte d'affectation spécial ouvert par le Ministère de Finances
est présenté comme destiné à « retracer
les contributions des différentes couches de la population au titre de
leurs appuis à nos forces de défense et de
sécurité engagées sur le front de la guerre
contre l'organisation terroriste Boko Haram »259(*). Le titre même du
compte est : « contribution du peuple dans la lutte contre Boko
Haram ». La récolte de fonds et de dons est appelée
« effort de guerre ».
Il ressort que cet appui de la Nation à l'effort de
défense participe au renforcement des relations civilo-militaires,
indispensables dans la lutte contre le terrorisme. Dans le même sens, il
solidifie la collaboration du couple Armée-Nation dans la lutte contre
le terrorisme, qui constitue un gage d'efficacité pour l'action des
forces armées dans la lutte contre cette menace.
PARAGRAPHE 2 : POUR UNE MUTUALISATION DES FORCES ENTRE
LES ARMEES DES PAYS LIMITROPHES CONFRONTES AU TERRORISME
Aucune armée au monde, aussi puissante soit-elle ne
peut faire face avec la plus grande efficacité contre les acteurs
transnationaux. C'est en mutualisant les efforts que les armées pourront
combattre avec efficacité le terrorisme. Car, le terrorisme est une
menace globale qui nécessite une approche conjuguée.
Il sera donc ici question d'analyser, la
nécessité d'une vision globale, des capacités proactives
(A) et la nécessité d'un partenariat stratégique
crédible (B).
A-LA NECESSITE D'UNE VISION
GLOBALE ET DES CAPACITES PROACTIVES
La mise en place d'une stratégie de lutte contre le
terrorisme par les armées nationales, dans une approche à la fois
individuelle et collective des Etats, pose comme préalable, la
construction d'une vision, d'une grille de lecture et d'analyse de la menace
terroriste. Il s'agit pour le Cameroun de ne pas se contenter de se laisser
imposer une vision ou de s'en inspirer aveuglement, mais de prendre pour sa
sécurité l'initiative de la recherche fondamentale et de
l'action. A propos de l'Europe, Alain Bauer et Xavier Raufer constatent :
« le vieux continent semble (...) incapable de dire qui est
l'ennemi aujourd'hui, ce qui est l'hostilité en 2009. Pays par pays, la
défense administre, gère et réagit coup par coup, mais
l'Europe manque d'une doctrine claire en matière d'hostilité.
Soit qu'elle en ait pas conçue une elle-même, soit qu'on lui en
ait pas fourni une convaincante et
opérationnelle »260(*). Selon eux, « cette situation est
regrettable » pour des raisons suivantes :
« 1 - La défense d'un Etat souverain, ou
d'une coalition d'Etats, dépend normalement de la nature des
entités hostiles que ces Etats pourraient affronter et non pas
l'inverse. L'inverse relève de la médecine soviétique, qui
soigne le patient, non selon sa maladie, mais en fonction des potions en
rayonnage. En matière de défense, cette pratique revient à
modeler un adversaire ou des menaces fictives, à créer un
ennemi de confort selon les forces ou le matériel que l'on a en
stock.
« 2 -Qui ne connait pas de recherche originale sur
la sécurité se condamne à adopter celles d'autres
puissances en ayant, elle, produit, une. Accepter cette position subalterne
c'est se ravaler au rang tactique : d'autres édictent la doctrine
dans laquelle vous évoluez désormais sans pouvoir s'en sortir.
« 3 -La recherche fondamentale produite par d'autres
peut-être contraignante mais, pire encore fausse, ou sciemment
truquée. Accepter de tels travaux comme base de ses propres recherches
égare forcément... »261(*).
Nous pouvons donc retenir ici que, sans vision claire et
précise de la menace terroriste, point de stratégie. Que la
vision et la stratégie qui en découlent participent d'une
initiative de réflexion et d'action, sauf à s'abandonner dans la
supplétive.
La vision, quant à elle est le produit d'une
observation, d'une recherche personnelle, à travers la
compréhension du terrorisme, de se définir une ligne d'action
propre prenant en compte les enjeux du local et du global (glocalisation), et
d'échapper au diktat des concepts et des théories
imposées par la pensée dominante. C'est donc
l'appréhension de la menace terroriste qui détermine l'approche
de la lutte qui lui est réservée. De ce point de vue, il convient
de relever que l'appréhension de la menace terroriste s'articule autour
de deux approches. L'approche policière et judiciaire, qui est celle de
la France, définit le terrorisme comme un crime et le terroriste comme
un criminel. Elle prescrit par conséquent une action civile, visant
successivement l'établissement par les forces de sécurité
de la factualité criminelle, et la condamnation par la justice des
acteurs terroristes262(*).
Quant à l'approche militaire, sublimée par les
Etats-Unis, et qui s'articule autour de des concepts de « guerre
globale contre le terrorisme » (Terrorism with a global
reach) et de « défense contre le
terrorisme ». Elle met en oeuvre ainsi en évidence les
dimensions offensive et défensive d'une même réalité
stratégique. Elle a été adoptée par les USA au
lendemain des attentats de 2001.
Au-delà de ses aspects, une appréhension globale
mais précise de la menace terroriste, dans ses dimensions politique,
religieux et psychologique..., permettrait de comprendre son environnement et
le comportement généralement fluctuant de ses acteurs. De
manière, le cas échéant à anticiper et à
gérer les incertitudes liées à cette menace. Prospective
et proactivité, telles sont les capacités fondamentales
nécessaires à une stratégie et à une tactique
anti-terroristes. Mais celles-ci ne trouveraient toute leur efficacité
que si elles sont nourries par un renseignement prévisionnel toujours
actualisé.
De même, l'anticipation et
l'interopérabilité des systèmes de défense et de
sécurité : tels pourraient être les
éléments fondateurs d'une initiative stratégique contre le
terrorisme au Cameroun et par extension dans le continent africain. C'est cette
approche opérationnelle intégrée, favorable au
développement des complémentarités entre les
différents outils de défense et de sécurité qui
doit guider la gouvernance et la réforme du secteur de la défense
et de sécurité. Une telle initiative qui, pour être
camerounaise ou africaine, ne trouvera sa pleine efficacité
opérationnelle que dans un partenariat global de lutte
anti-terroriste.
B-LA NECESSITE D'UN
PARTENARIAT STRATEGIQUE
La globalité de la menace terroriste impose une
approche sécuritaire globale, tant du point de vue géographique
que de celui de l'interdépendance du local au glocal, de
l'interconnexion des systèmes des réseaux263(*).
L'opérationnalisation d'une telle approche passe aussi par la mise sur
pied d'un partenariat stratégique véritable, au sein duquel le
Cameroun et les autres pays confrontés au terrorisme notamment ceux de
l'Afrique subsaharienne auraient leur place et leur rôle de partenaire
crédible, par leur force de proposition et d'action.
Il y aurait en effet tout à craindre qu'ils ne soient
confinés, autant du fait de leurs impérities propres que de
celui de la préemption géostratégique des grandes
puissances, notamment les plus actives en Afrique à savoir, la France et
les Etats-Unis, à la supplétive stratégique et
géostratégique. A propos de celle USA, Saida Bedar souligne
à juste titre que « la stratégie globalisante des
Américains implique une extension de l'emprise
géostratégique »264(*). Allant dans la même logique, Tanguy Struye de
Swielande écrit que, « les Etats-Unis se sont
donnés une vision politique globale, à savoir, maintenir
l'avantage de leur position hégémonique, afin de garantir leurs
intérêts de sécurité et de prospérité
nationale et, par voie de conséquence, pensent-ils celle du monde
entier. Telle est la nouvelle destinée manifeste »265(*).
Pour être des acteurs crédibles dans la lutte
contre le terrorisme, l'armée camerounaise, comme le reste des
armées des pays d'Afrique confrontés au terrorisme en
général, n'y parviendront qu'à travers une dynamique
régionale africaine intégrant les menaces transversales dans la
doctrine, les directives et les concepts opérationnels de la Force
Africaine en Attente (FAA). Et dans le Conseil de Paix et de
Sécurité (CPS) de l'Union et de ses cinq brigades correspondant
aux Communautés Economiques Régionales (la CEEAC, la CEDEAO,
l'UMA, la SADC et l'IGAD). Sachant que la crédibilité
stratégique tient de la capacité à produire une
pensée endogène et opérationnelle et de mobiliser la
logistique à la hauteur des contraintes stratégiques et
opérationnelles, liées à l'instar de la menace qui nous
intéresse dans ce travail.
CONCLUSION DU
CHAPITRE
Ce chapitre nous a permis, d'établir les défis
pour un recadrage de l'action des forces armées nationales dans la
lutte contre le terrorisme. Ainsi, les forces armées nationales d'une
manière générale, et l'armée camerounaise d'une
manière particulière ont du mal à relever le double
défi des menaces asymétriques, dont la menace terroriste. De ce
fait, pour sortir de cette ornière, elles doivent non seulement
renforcer la relation entre l'armée et la nation. Mais aussi, se donner
une vision, une stratégie claire et précise et des moyens
opérationnels appropriés pour le traitement de cette menace dans
une optique de spécialisation et de mutualisation des forces aux
niveaux, national, régional et international conformément
à la sécurité collective. C'est de cette manière
que les armées nationales d'une manière générale,
l'armée camerounaise d'une manière particulière, leur
action trouvera une efficacité certaine dans la lutte contre le
terrorisme.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Au sortir de cette partie, où notre analyse portait sur
la présentation du terrorisme comme une menace difficile à
combattre par les forces armées nationales. Dans ce sens, nous avons
mobilisé notre réflexion sur l'insuffisance de l'action de
l'armée camerounaise dans la lutte contre le mouvement terroriste Boko
Haram. En effet, les forces armées camerounaises, comme les autres
forces armées nationales ont été préparées
à la guerre conventionnelle, par conséquent, il leur est
difficile de remporter facilement la décision face à des acteurs
transverses, utilisant les méthodes de combats irréguliers.
Aussi, il a été question de faire l'analyse sur un recadrage de
l'action des forces armées nationales à travers, une
stratégie et les moyens opérationnels appropriés pour le
traitement de la menace terroriste. Ce recadrage doit se faire dans une optique
de spécialisation et de mutualisation des forces, aux niveaux national,
régional et international en conformité avec le droit
international.
CONCLUSION GENERALE
PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT DES CAPACITES
OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE
Dans un contexte international marqué par une mutation
des guerres, des conflits traditionnels aux conflits irréguliers, une
question principale s'imposait celle de savoir si les armées nationales
conçues et préparées pour les menaces conventionnelles
sont à même d'assurer la sécurité nationale face aux
acteurs irréguliers ? Partant de l'hypothèse selon laquelle,
les armées nationales ne sont pas suffisamment outillées pour
faire face au terrorisme en dehors d'une réelle modification de leur
carde d'action. Cette étude menée à l'aune de la
théorie et de l'analyse stratégique nous a permis de justifier
cette hypothèse.
Tout au long de ce travail de recherche, il a
été question de nous interroger sur la problématique des
difficultés des armées nationales dans la lutte contre les
groupes terroristes d'une manière générale, l'armée
camerounaise d'une manière particulière. Le choix des
armées nationales en générale, l'armée camerounaise
en particulier se justifiait par le fait que, depuis les attentats du 11
septembre 2001, le monde est plongé dans un régime de terreur
sans précédent véhiculé par les groupes terroristes
qui menacent la sécurité internationale. Les forces
armées, outils de défense, chargées d'assurer la
sécurité nationale des Etats éprouvent des
difficultés à combattre efficacement contre cette forme de
menace. La fixation sur l'armée camerounaise se justifiait quant
à elle par le fait que, depuis la prise de l'initiative de Boko Haram
sur le territoire camerounais en 2012, l'armée camerounaise fait face
à une menace d'un genre nouveau qui n'entre pas dans son cadre
d'action.
Pour se faire, un travail préliminaire a
été effectué en amont. Nous nous sommes appesantis au
préalable sur l'analyse de l'action des forces armées nationales
dans les théâtres de lutte antiterroriste. Ici, il a
été question de mettre en relief les expériences
vécues par les armées américaines et françaises
dans le théâtre afghan. Celles des armées malienne et
nigériane dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel et dans
le bassin du lac Tchad. Il était également question d'analyser
d'une manière spécifique l'action de l'armée camerounaise
dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.
Par la suite, il a été question d'analyser
l'insuffisance de l'action des forces armées dans la lutte contre les
groupes terroristes, en faisant les difficultés de l'armée
camerounaise face au groupe terroriste Boko Haram, et les défis pour un
recadrage de l'action des forces armées dans la lutte contre les groupes
terroristes.
Tout au long de nos développements, il est apparu que
les armées nationales dont l'armée camerounaise, n'arrive pas
mettre à combattre efficacement Boko Haram, vue la complexité des
enjeux du groupe terroriste, la transnationalité de cette menace et du
caractère irrégulier de ses méthodes de combat. Il ressort
donc que, la puissance militaire classique de l'armée camerounaise ne
répond pas totalement à la nature de la menace terroriste Boko
Haram.
Au regard de cette situation, il s'est avéré
nécessaire de recadrer l'action des forces armées nationales dans
la lutte contre le terrorisme. Ceci passe par, une valorisation du couple
Armée-Nation ; se donner une vision ; une stratégie et
des moyens opérationnels adéquats pour le traitement du
terrorisme, dans une optique de professionnalisation et de mutualisation des
forces, aux niveaux national, régional et international
conformément à la sécurité collective. C'est
précisément pour le cas du Cameroun le rôle qu'exerce
l'ESIG dans l'enseignement militaire supérieur. En effet, l'enseignement
militaire supérieur conditionne durablement les capacités
opérationnelles des armées nationales, notamment dans les
conflits modernes.
PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT
DES CAPACITES OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE
ANTITERRORISTE
La guerre au 21e siècle reste toujours un
choc des volontés opposées, mais, celle-ci a changé de
nature ainsi que les conditions conduisant à la victoire
décisive. Aujourd'hui on parle des guerres de 4e
génération ; des guerres irrégulières ou des
stratégies alternatives ; ou encore des guerres au sein des
populations, catégorie conflictuelle à laquelle appartient la
lutte antiterroriste. Que se soit la guerre d'Iraq, en Syrie, d'Afghanistan ou
du Liban, l'on observe une grande difficulté pour les forces
armées même les plus puissantes du monde à gagner les
guerres d'aujourd'hui. Les conditions de l'efficacité militaire ne sont
plus les mêmes, d'où l'enjeu et le défi de renforcer les
capacités opérationnelles des armées nationales à
gagner les guerres contemporaines. Pour se faire, il est intéressant de
faire une étude prospective pour renforcer les capacités
opérationnelles des armées nationales dans la lutte
antiterroriste. Cette étude se fera à travers trois (03)
piliers.
Pilier 1 : La
réduction des fragilités des Etats et des conditions
sous-jacentes propices à l'enracinement et à l'expansion du
terrorisme
L'objectif ici est de comprendre,
transformer et éliminer les conditions sociopolitiques et culturelles
susceptibles de favoriser l'expansion du terrorisme. En plus de la
criminalisation, non seulement des actes terroristes mais aussi l'incitation
à les commettre, ainsi que des mesures socioéconomiques propres
à réduire des vulnérabilités des couches des moins
favorisées de la population au recrutement ainsi que leur exclusion
réelle ou perçue. Puisqu'il est avéré que se sont
ces facteurs qui favorisent l'implosion et l'enracinement du terrorisme dans un
Etat. La Stratégie Générale des Nations Unies Contre le
Terrorisme (SGNUCT) prescrit le renforcement de la culture de paix, le respect
de toutes les religions et le dialogue interreligieux qui, ensemble, sont
cruciales pour assurer la coexistence pacifique entre toutes les religions.
Dans la même logique, il faut la mise en oeuvre d'ambitieux programmes
socioéconomiques propres à réduire les
vulnérabilités des régions exposées au terrorisme,
l'inclusion de toutes les couches de la population à la gestion de la
chose publique, mettre en place des initiatives de développement
socio-économiques et culturelles, la lutte contre
l'analphabétisme et l'insertion socioprofessionnel des jeunes, la
distribution de l'aide, la communication sur les programmes économiques
et d'investissement public et privé, aussi par le renforcement de la
pénétration de la puissance publique dans les zones les plus
reculées.
En même temps, il est impératif de coordonner et
d'harmoniser la législation antiterroriste en la calquant sur le cadre
normatif global et les instruments panafricains en la matière, notamment
la convention de l'OUA de 1999 sur la prévention et la lutte contre le
terrorisme de 2004. En clair, comme il est indiqué dans le document sur
le plan d'action, les objectifs thématiques de la lutte contre le
terrorisme et le trafic d'armes en Afrique Centrale. « Il faudra
envisager de créer des mécanismes de consultation
régulière entre acteurs gouvernementaux pour échanger sur
la menace en évolution et les stratégies possibles pour y faire
face, y compris en dressant les conditions qui la
favorisent »266(*). Un tel renforcement dans ce pilier est susceptible
de réduire drastiquement les possibilités de radicalisation
violente et d'assécher les robinets du recrutement de Boko Haram pour le
cas du Cameroun et par extension pour les autres groupes terroristes qui
pullulent dans le monde.
Pilier 2 : Le
développement capacitaire et institutionnel de l'Etat en collaboration
les Nations Unies, et le respect des Droits de l'Homme dans la lutte contre le
terrorisme
La problématique globale des avantages tactiques ou
psychologiques pouvant découler de l'usage de mesures non
démocratiques pour saisir des opportunités et prendre l'avantage
face aux groupes terroristes. Comme dans d'autres parties du monde, le
désir de vengeance, de représailles, de justice sommaire, dont la
tentation pèse à la fois sur les militaires et les populations
meurtries, manifestera son ambigüité : en finir tout de suite,
par les atrocités ou une contre-violence sauvage, avec un ennemi
à la merci peut affaiblir l'adversaire. Mais, peut être contre
productif en raison du risque de le radicaliser davantage, voire lui attirer
sympathies et soutiens.
Face à l'impératif de renforcer les
capacités nationales et sous-régionales voire même
internationale en matière de protection légale et de poursuites
judiciaires des terroristes, des bavures et accidents comme la mort
accidentelle en détention de Mohamed Yusuf au Nigéria. Et celle
récente des membres de Boko Haram gardés non loin du
théâtre des opérations au Cameroun ne se réduiront
qu'avec le temps, vraisemblablement le développement des institutions
légales et adaptées. Procès des terroristes se
multiplieront en même temps que les pressions des associations de
victimes. La jurisprudence des Etats s'enrichira, ainsi que l'expérience
politique et les capacités de protection concertée des
minorités et des groupes vulnérables, vraisemblablement avec les
plans et programmes nationaux et sous-régionaux de protection des
victimes et de gestion des crises. Cependant, cet ensemble ne pourra
s'organiser efficacement qu'avec les capacités avérées de
gagner la bataille pour conduire à une paix durable.
Pilier 3 : Les nouveaux Conflits, les nouveaux
Soldats
Le nouveau soldat doit comprendre sa place, cruciale mais non
unique dans les conflits modernes. Il doit avoir saisi toute l'importance de
l'action globale et le rôle fondamental des différents acteurs non
militaires (acteurs humanitaires, diplomatiques, sécuritaires, ceux du
mondes des entreprises, etc.). Pour le livre blanc 2008 en France,
« la complexité des crises internationales oblige à
définir des stratégies réunissant l'ensemble des
instruments, diplomatiques, financiers, civils, culturels et militaires, aussi
bien les phases de prévention et de conflit »267(*). Le nouveau soldat doit donc
apprendre à préparer avec les acteurs civils, en amont, cette
phase décisive qui est la stabilisation. Le soldat doit donc savoir
passer du militaire au sécuritaire, de l'humanitaire, à l'acteur
politique et de développement. Il doit savoir passer le relais dans la
marche commune vers la normalisation en conjuguant les efforts vers la
reconstruction et la résolution des crises. Il est désormais
établit que, tant en termes d'équipements que de formation
d'hommes, la règle du qui « peut le plus peut le
moins » ne peut s'appliquer. Car, il ne s'agit plus de faire un peu
moins, mais d'agir autrement avec une autre approche dans les nouveaux
conflits. Il s'agit d'une diversification du spectre des actions qui
complexifient encore plus le métier du soldat, car ce dernier doit
demeurer expert dans ses rôles traditionnels tout en excellant dans les
conflits modernes.
BIBLIOGRAPHIE
A -
Ouvrages généraux et spécialisés
1. BAUD, J., La guerre Asymétrique ou la
défaite du Vainqueur, Le Rocher, 2003 ;
2. CHALLIAND, G., L'arme du terrorisme, Paris, Luis
Audibert, 2002 ;
3. CLAUSEWITZ C-V, De la guerre, Berlin, 1878, vol
1 ;
4. DESPORTES, V, Décider dans l'incertitude,
Economica, Septembre 2004 ;
5. DESPORTES, V, Comprendre la guerre, Paris,
Economica, 2000, 2e éd, 2001 ;
6. DESPORTES, V, La guerre probable : Penser
autrement, Economica, 2007;
7. HANNE, O et LARABI, G., Le Jihad au Sahel, Paris,
éd. Bernard Giovanangeli, 2015;
8. KOUNGOU, L, Le Cameroun à l'épreuve des
menaces, Harmattan, 2015;
9. SIR Rupert, S., L'Utilité de la Force. L'Art de
la Guerre d'Aujourd'hui, Economica, Février 2007;
10. Société Française pour le Droit
International, Les Nouvelles menaces contre la paix et la
sécurité internationale, Paris, éd A. Pédone,
2004.
B
-Ouvrages méthodologiques
1. BATISTELLA, D, Théories des Relations
Internationales, 2èmeéd, Paris, Presses de
Science Po, 2006 ;
2. BAUD, M., L'art de la thèse, Paris, la
Découverte, 2003 ;
3. GRAWITZ, M, Méthode des sciences sociales,
Paris, Dalloz, 2001 ;
4. Olivier LAWRENCE, BEDARD Guy et FERRON Julie,
L'élaboration d'une problématique de recherche :
Sources, outils et méthode, Harmattan, 2005 ;
5. QUIVY, R. et VAN CAMPENHOUDT, L., Manuel de recherche
en sciences sociales, 3e édition, Paris, Dunod, 2006.
C -
Revues et Articles
1. ADAM, B, « Mali l'intervention militaire
française à la reconstruction de l'Etat »,
GRIP, 2013 ;
2. BERGHEZAN, G, « Boko Haram : Evolution de 2012
à aujourd'hui », Note d'Analyse du GRIP, Janvier
2016 ;
3. BERGHEZAN, G, « Eradiquer Boko Haram :
acteurs multiples résultat incertain », Note
d'Analyse du GRIP, 7 Mars 2016 ;
4. BRUSTLEIN, C, « La surprise
stratégique ; De la notion aux implications », in Focus
Stratégiques, No 10, Octobre 2008, IFRI ;
5. CAKPO, B, « Boko Haram, bras armé du
terrorisme international, déstabilisation du Nigéria et
reconfiguration géopolitique de la zone sahélienne. »,
Institut des Relations Internationales et Stratégiques ;
6. COLANTONI, C, « L'émergence de Boko Haram
au Cameroun », Mars 2015 ;
7. CONESA Pierre, « la guerre selon Daesh marque
t-elle la fin des interventions militaires occidentales », Diploweb,
samedi 10 décembre 2016,
http://www.diploweb.com/La-guerre-selon-Daesh-marque-t.html
8. COUMONT, B, « Les conflits
asymétriques : l'avenir de la guerre ? », Revue
Internationale et Stratégique, Puf, 2003, p.191 ;
9. DESPORTES, V, « Peut-on encore gagner une
guerre ? », in Défense et Sécurité
Internationale, No 74, Octobre 2011, pp. 44-53 ;
10. DAGUZAN, J-F, « D'Al-Qaïda à AQMI,
de la menace globale aux menaces locales », Diploweb,
mercredi 28 Décembre 2011 ;
11. DINAND, C-H, « Le sud libyen une
poudrière régionale. Entre trafics et
terrorisme »,Diploweb, lundi 01 Février
2016 ;
12. Document de Travail, « Terrorisme et Trafic de
drogue en Afrique subsaharienne », Institut Espagnol
d'études stratégiques et l'institut militaire de la documentation
de l'évaluation prospective ;
13. DOSSIER IRIS, « Afghanistan, 10 ans de
conflit », 16ème Conférences
Stratégiques annuelles de l'IRIS organisées le 11 mai 2011
à Paris ;
14. DOSSIER VIGIE, « Boko Haram, Comprendre le
Terrorisme pour mieux le Combattre », Bulletin d'Analyse
Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, Nos 003 et 004,
Décembre 2014;
15. Fédération Internationale des Droits de
l'Homme, « Nigéria, les crimes de masse de Boko
Haram », Rapport, Février 2016 ;
16. FIONRINA, J-F, « Religion et frontières
en Afrique », Clés, Notes d'Analyse
géopolitique, Février 2015 ;
17. FONTIER, M, « Des armées
africaines : comment et pourquoi faire ? », in
Outre-terre, No2005 ;
18. GALY, M, « La guerre au Mali, comprendre la
crise au Sahara et au Sahel enjeux et zones d'ombre »,
Nouvel Observateur ;
19. ANDREANI Giles, « La guerre contre le
terrorisme. Le piège des mots »,
http://www.diplomatie.fr/fr/IMG/pdf/FDOO ;
20. Giles DORRONSORO, « l'Otan en Afghanistan :
l'Avenir incertain du Titanic », Le Monde, 29 septembre
2007 ;
21. GOURDIN, P, « Géopolitique du Mali :
Un Etat failli ? », Diploweb, 23 Septembre
2012 ;
22. GUIBAUD, P, « Boko Haram : Le nord-Cameroun
dans la tourmente ? », Eclairage, GRIP, 3 Juin 2014 ;
23. HAM Carter, « Armées africaines :
pourquoi sont-elles si nulles ? », Jeune Afrique, 27
Septembre 2012, p.26 ;
24. HELLY, D, Theroux-Benoni, L-A, GALEAZZI, G., MAIGA, I.,
OUEDRAOGO, F., « Stratégies Sahel: l'impératif de la
coordination », in Note d'Analyse, No 76 Mars
2016, Institut d'Etudes de Sécurité ;
25. Le Monde Afrique, « L'impasse du
contre-terrorisme au Sahel», 21 Décembre 2015 ;
26. LEPRI Charlotte, « Les leçons de la
guerre en Afghanistan », N023- Fondation
jean-Jaurès/Orion-Observatoire de la défense, 26 février
2013 ;
27. LOUNNAS DJALLIL, « Al-Qaïda au Maghreb
Islamique et la crise malienne », Sécurité
globale, Eté, 2012 ;
28. LARROQUE, A-C, « L'islamisme aujourd'hui :
du quiétisme au djihadisme », Diploweb,
samedi 10 Octobre 2015 ;
29. MARGAUX, S., « Boko Haram : face à
sa régionalisation », Diploweb, samedi 19 Mars 2016 ;
30. MBIA YEBEGA, G-H., « Terrorisme et
contre-terrorisme en Afrique Centrale : Quelle vision stratégique
pour le Tchad et Cameroun ? », In Groupe de Recherche
et d'Information sur la Paix et la Sécurité, No 15,
Janvier 2015 ;
31. MEHDI TAJE, « Terrorisme, crise au Mali :
Pourquoi le Sahel est une région si
sensible ? », Nouvel Observateur ;
32. MEMIER, M., « Que reste-t-il d'AQMI dans le nord
Mali ? Evaluation des conséquences de l'Opération
Serval », Note d'Analyse du GRIP, 12 Décembre
2013 ;
33. MICHIAILOF, S., « Face à
l'expansion de Daesh en Libye et au risque de déstabilisation du
Sahel : La réponse ne peut-être uniquement
militaire », Diploweb, dimanche 21 Février
2016 ;
34. MOUAHA-BELL, Stans., « Combattre en coalition
les groupes armés terroristes : principes et pratiques dans les
engagements contemporains en Afrique », Ecole Supérieure
Internationale de Guerre de Yaoundé, 2015 ;
35. Pérouse de MONTCLOS, M-A., « Boko Haram
et le terrorisme au Nigéria : Insurrection religieuse, contestation
politique ou protestation sociale », in Questions de
Recherche No 40, juin 2012 ;
36. Pérouse de MONTCLOS, M-A, « Où va
l'islam en Afrique de l'Ouest ? », In
Développement et Civilisations, No 413, 2013 ;
37. Rapport Afrique de Crisis Group, No241,
« Cameroun : faire face à Boko Haram », 16
novembre 2016 ;
38. Rapport Afrique d'International Crisis Group
No230, 21 Septembre 2015 ;
39. Rapport GAFI, « Financement du terrorisme en
Afrique de l'Ouest », Octobre 2013 ;
40. Rapport PANYARACHUN, « Un monde plus
sûr : Notre affaire à tous », Rapport du
groupe de personnalité de haut niveau sur les menaces, les défis
et le changement, Nations Unies, 2004, p.109 ;
41. Rapport sur l'Afrique de l'Ouest « La Force
multinationale de lutte contre Boko Haram : quel
bilan ? », Institut d'Etudes de Sécurité,
N019, août 2016 ;
42. TANGUY Struye de Swielande, « La grande
stratégie américaine dans l'après 11
septembre », Stratégique, N086-87.
43. TAWFIK Mouline, M, « La sécurité
au Sahel après la crise du Mali : quels enjeux et défis pour
les pays régionaux et internationaux ? », In
Séminaire International, organisé le 28 mars 2014 à Rabat
No04/2014 ;
44. TISSERON, A, « Lutte contre le terrorisme au
Sahara : La militarisation comme solution ? »,
Recherches Internationales, No 97, octobre-décembre
2013, pp.111-113 ;
45. UNODC, « Criminalité
transfrontalière organisée en Afrique de l'Ouest : Une
évaluation des menaces », février 2013 ;
46. VANDENDRIESCHE, « Comprendre et Lutter contre
les groupes armés au Sahel », In Note de Recherche, Thinking
Africa No24, janvier 2016 ;
47. VILANOVA, P., Paule de Castro, « Mali-Sahel, de
la crise à l'intervention militaire de 2013 », in Secteurs
stratégiques sécurité et politique ;
48. WELDLING, C., « Approche globale ; Quelle
efficacité ? », in Défense et
Sécurité Internationale, No 67, février
2011.
D- Thèses et
Mémoires
1. DIALO Boubacar, Les armées de l'Afrique de
l'Ouest face à la menace des groupes politico-militaires : La
consolidation des alliances comme alternatives, Ecole Supérieure
Internationale de Guerre de Yaoundé, mémoire de
Géopolitique, 2014 ;
2. HEUNGOUP Hans De Marie, Le BIR et la GP dans la
politique de défense et de sécurité du Cameroun :
socioanalyse du rôle présidentiel, des concepts
stratégiques et de l'emploi des forces, Université
Catholique d'Afrique Centrale, mémoire de Master en Gouvernance et
Politiques Publiques, 2011 ;
3. MPAY, J-C., Les forces de défense et le maintien
de la paix en Afrique, Ecole Supérieure Internationale de Guerre de
Yaoundé, mémoire de Géopolitique, 8e promo,
2012-2013 ;
4. SELESSON Noël Bienvenu, Les forces de
défense africaine : Quelle approche face aux nouveaux
conflits ?, Cours Supérieur International de Défense,
mémoire de Géopolitique, 2011 ;
5. NANA NGASSAM, R., Les défis du terrorisme au
Sahel. AQMI une menace stratégique ?, Université de
Douala, mémoire de Master en science politique, 2014 ;
6. MESSINGA, E-C., Les forces de défense
camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la
sécurité : d'une armée de garde vers une armée
d'avant-garde 1960-2010, Université de Yaoundé II-SOA.
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
SOMMAIRE
x
INTRODUCTION GENERALE
1
1.1. CONTEXTE D'ETUDE
2
1.2. DELIMITATION DE L'ETUDE
5
a - Délimitation spatiale
5
b - La délimitation temporelle
5
1.3. INTERET
6
1.3.1. Intérêt scientifique
6
1.3.2. Intérêt
stratégico-politique
7
1.3.3. Intérêt social
7
1.4. CLARIFICATION CONCEPTUELLE
7
1- Difficultés
8
2-Armées nationales
8
3-Lutte
10
4-Terrorisme
10
1.5. REVUE DE LITTERATURE
13
1.6. PROBLEMATIQUE
24
1.6.1. Question de recherche
25
16.2. Hypothèses de recherche
25
1.7. METHOLOGIE DE RECHERCHE ET DE COLLECTE DES
DONNEES
26
1.7.1. La théorie et l'analyse
stratégique
26
1.7.2. Les instruments de collecte de
données
28
a - Les entretiens et l'observation (les sources de
première main)
28
b - Les documents (sources de première et
seconde main)
29
1.8. PLAN DE L'ETUDE
29
PREMIERE PARTIE
31
L'ACTION DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE
CONTRE LES GROUPES TERRORISTES
31
CHAPITRE 1
33
LES DIFFICULTES DES FORCES ARMEES NATIONALES DANS
LES THEATRES D'OPERATIONS DE LUTTE ANTITERRORISTE
33
SECTION 1 : LES MANOEUVRES DES ARMEES
AMERICAINE ET FRANCAISE EN AFGHANISTAN
34
PARAGRAPHE 1 : l'ARMEE AMERICAINE DANS LA
LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFGHANISTAN
36
A- PROJECTION DES FORCES ARMEES AMERICAINES DANS LA
« GUERRE GLOBALE » CONTRE LE TERRORISME SUR LE THEATRE
AFGHAN
37
B-INCAPACITE POUR L'ARMEE AMERICAINE DE REMPORTER
LA VICTOIRE DECISIVE FACE AUX TERRORISTES
39
PARAGRAPHE 2 : L'ACTION DE L'ARMEE FRANCAISE
DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFGHANISTAN
42
A-L'ENGAGEMENT DES FORCES ARMEES FRANCAISES DANS LE
THEATRE AFGHAN
43
B-L'ENLISEMENT DES FORCES ARMEES FRANCAISES DANS LE
CONFLIT AFGHAN
45
SECTION 2 : LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU
SAHEL ET DANS LE BASSIN DU LAC TCHAD : CAS DES ARMEES MALIENNE ET
NIGERIANE
47
PARAGRAPHE 1 : L'ARMEE MALIENNE DANS LA LUTTE
CONTRE LE TERRORISME AU SAHEL
48
A-LE DISPOSITIF OPERATIONNEL DE L'ARMEE MALIENNE
FACE A LA MENACE GROUPES ARMES TERRORISTES
48
B-LA DEROUTE DE L'ARMEE MALIENNE FACE AUX
ORGANISATIONS TERRORISTES DANS LA GUERRE DE 2012
51
PARAGRAPHE 2 : L'ARMEE NIGERIANE FACE AU
TERRORISME DE BOKO HARAM
54
A-LE DISPOSITIF OPERATIONNEL DE L'ARMEE NIGERIANE
FACE AU TERRORISME DE BOKO HARAM
55
B-LE MAINTIEN DE L'INITIATIVE PAR BOKO HARAM SUR
L'ARMEE NIGERIANE
58
CONCLUSION DU CHAPITRE
61
CHAPITRE 2
62
L'ARMEE CAMEROUNAISE FACE AU GROUPE TERRORISTE BOKO
HARAM
62
SECTION 1 : LE MAILLAGE STRATEGIQUE DES FORCES
ARMEES CAMEROUNAISES POUR PARER AU TERRORISME DE BOKO HARAM
64
PARAGRAPHE 1 : LE DISPOSITIF OPERATIONNEL DE
L'ARMEE CAMEROUNAISE MIS EN OEUVRE POUR CONTENIR LE TERRORISME DE BOKO
HARAM
65
A-LE DEPLOIEMENT DE L'ARMEE REGULIERE DANS LA
PARTIE SEPTENTRION DU PAYS
66
B-LE DEPLOIEMENT DES UNITES D'ELITE DE L'ARMEE
68
PARAGRAPHE 2 : LE REAJUSTEMENT DE LA CARTE
TERRITORIALE DE COMMANDEMENT DE L'ARMEE CAMEROUNAISE
70
A-LA CREATION D'UNE 4E REGION MILITAIRE
SPECIFIQUE
71
B-L'OPERATIONNALISATION ET LE REDEPLOIEMENT DES
UNITES DE COMBAT DE L'ARMEE REGULIERE
72
SECTION 2 : LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE DANS UNE ACTION COALISEE DE LUTTE CONTRE BOKO HARAM
73
PARAGRAPHE 1 : L'ARMEE CAMEROUNAISE DANS LA
MUTUALISATION DES FORCES DANS LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM
74
A-L'OPERATION LOGONE 2015
74
B-L'OPERATIONNALISATION DE LA FORCE MULTINATIONALE
MIXTE DE LA CBLT
77
PARAGRAPHE 2 : LA MODIFICATION DU FORMAT DE
FORCE DE L'ARMEE CAMEROUNAISE
79
A-L'ADAPTATION DE L'ARMEE CAMEROUNAISE A LA NATURE
ASYMETRIQUE DES COMBATS
80
B-L'EMULATION DU TRYPTIQUE PEUPLE-ARMEE-NATION DANS
LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM
83
CONCLUSION DU CHAPITRE
85
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
86
DEUXIEME PARTIE
87
L'INSUFISANCE DE L'ACTION DES FORCES ARMEES DANS LA
LUTTE CONTRE LES GROUPES TERRORISTES
87
CHAPITRE 3
89
LES DIFFICULTES DE L'ARMEE CAMEROUNAISE A COMBATTRE
LE GROUPE TERRORISTE BOKO HARAM
89
SECTION 1 : UNE STERATEGIE ANTITERRORITE
DIFFICILE A METTRE EN OEUVRE FACE A LA COMPLEXITE DE LA MENACE TERRORISTE
91
PARAGRAPHE 1 : LA CONCEPTION DE L'ARMEE
CAMEROUNAISE : UN ANDICAP DANS LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM
91
A-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN INSTRUMENT DE
SANCTUARISATION DE L'ESPACE NATIONAL
92
B-L'ARMEE CAMEROUNAISE UN OUTIL DE DEFENSE PREPARE
A LA GUERRE CONVENTIONNELLE
96
PARAGRAPHE 2 : LES DIFFICULTES POUR L'ARMEE
CAMEROUNAISE A IDENTIFIER ET A CIRCONSCRIRE LES MOTIVATIONS REELLES DE BOKO
HARAM
98
A-L'AMBIGUITE SUR LES MOTIVATIONS DU GROUPE
TERRORISTE
99
B-LA TRANSNATIONALITE DE LA MENACE TERRORISTE
102
SECTION 2 : LES DIFFICULTES POUR L'ARMEE
CAMEROUNAISE A REMPORTER LA VICTOIRE DECISIVE SUR LE PLAN OPERATIONNEL
104
PARAGRAPHE 1 : L'IRREGULARITE DES METHODES DE
COMBAT DU GROUPE TERRORISTE
104
A-LA NATURE HYBRIDE ET DIFFUSE DES METHODES DE
COMBAT DE BOKO HARM
105
B- LA CAPACITE D'ADAPTATION DU GROUPE
TERRORISTE
106
PARAGRAPHE 2 : DIFFICULTES DE PROJECTION DES
FORCES DANS LES OPERATIONS ANTI-BOKO HARAM
108
A-DIFFICULTES D'OPERER LES MANOEUVRES MILITAIRES
DANS LES ZONES DE COMBATS
108
B-INADAPTATION DE LA FORCE MILITAIRE A LA NATURE
ASYMETRIQUE DES COMBATS
110
CONCLUSION DU CHAPITRE
112
CHAPITRE 4
113
LES DEFIS POUR UN RECADRAGE DE L'ACTION DES ARMEES
NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE
113
SECTION 1 : LES DEFIS POUR L'ARMEE
CAMEROUNAISE DE METTRE EN OEUVRE UNE STRATEGIE CLAIRE ET PRECISE DE LA MENACE
TERRORISTE
114
PARAGRAPHE 1 : UN DEFI STRATEGIQUE ET TACTIQUE
POUR L'ARMEE CAMEROUNAISE
115
A-LE DENI DE RECONNAISSANCE DE L'ENNEMI
TERRORISTE
115
B-UN DEFI TACTIQUE
116
PARAGRAPHE 2 : S'ADAPTER AUX CARACTERISTIQUES
DES NOUVELLES MENACES
118
A-LE PRIMAT D'UN FORMAT DE FORCE ADAPTE AUX
SPECIFICITES ET A LA NATURE DE LA MENACE TERRORISTE
119
B-ADAPTER LE MODELE DE FORCES
120
SECTION 2 : LA NECESSITE D'UNE MUTUALISATION
DES MOYENS DANS L'ANTI-TERRORISME
122
PARAGRAPHE 1 : L'EMULATION DU COUPLE
ARMEE-NATION DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
122
A-L'APPUI DECISIF DES COMITES DE VIGILANCE
122
B-LE RENFORCEMENT DES RELATIONS
CIVILO-MILITAIRES.
125
PARAGRAPHE 2 : POUR UNE MUTUALISATION DES
FORCES ENTRE LES ARMEES DES PAYS LIMITROPHES CONFRONTES AU TERRORISME
127
A-LA NECESSITE D'UNE VISION GLOBALE ET DES
CAPACITES PROACTIVES
127
B-LA NECESSITE D'UN PARTENARIAT STRATEGIQUE
129
CONCLUSION DU CHAPITRE
131
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
132
CONCLUSION GENERALE
133
PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT DES CAPACITES
OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE
133
BIBLIOGRAPHIE
139
TABLE DES MATIERES X
* 1 Au sortir de la seconde
guerre mondiale, l'on assiste à la formation de deux blocs antagonistes
dans le camp des vainqueurs à savoir : d'un coté le bloc
capitaliste sous la houlette des USA et de l'autre, le bloc communiste
dirigé par l'URSS. Ainsi, de 1947 à 1991 la scène
internationale est marquée par un affrontement idéologique
(guerre froide) entre le monde capitaliste et le monde communiste.
* 2Le terme menace a
plusieurs sens, elle « est un danger éventuel aux
développements imprévisibles ». Mais, c'est la
définition du rapport Panyarachun qui cadre avec le contexte de notre
étude. Le Rapport Panyarachun considère ainsi comme menace
« tout événement ou phénomène meurtrier
qui compromet la survie ou sape les fondements de l'Etat en tant
qu'élément de base du système international ».
* 3 Shantanu Chakrabarti,
Privatisation of security in the Post War Period: an overview of its
nature and implications, Institute for Defense Studies and Analyses, New Delhi,
December 2009, p.xi.
* 4 L'Etat Islamique fait
l'objet d'interprétations divergentes né d'inspiration
d'Al-Qaïda, pour les USA et l'Union Européenne (UE), l'EI est une
hydre auto-générée de criminels et de fanatiques sans
aucun rapport avec l'Islam apparue pour conquérir les
intérêts pétroliers avec la complicité des jeunes
gens embrigadés sur internet. De nombreux pays arabo-musulmans voient
dans l'EI une création américaine permettant de déployer
le chaos au Moyen-Orient et ainsi mieux capter ses ressources. Les Iraniens
quant à eux voient en revanche dans l'EI comme une création
américaine pour détruire le chiisme.
* 5 Voir à ce sujet
l'interview de Desportes,
http://defense.blogs.lavoixdunord.fr/archives/2013/10/14general-vincent-desportes-12232.html
* 6 Cyrille Caron,
« Anticiper sur les nouvelles menaces : Au-delà du
combat », in Collège interarmées de
défense, 2010, p.3.
* 7 Jean-Paul Joubert
cité par Eustache Akono Atangane, in Les conflits Internationaux,
Cours Magistral3eannéeSciencepolitique, Université de
Yaoundé II, année académique 2012-2013.
* 8 Dario Battistella
Cité par Eustache Akono Atangane, in Les conflits Internationaux,
Cours Magistral 3E année, Science politique,
Université de Yaoundé II, année académique
2012-2013.
* 9 Le général
Vincent Desportes, La guerre probable : penser autrement,
Economica, 2007, p.1.
* 10 La Doctrine est la
lunette à travers laquelle les armées entrevoient leurs actions.
La définition officielle américaine du terme
« Doctrine » qui se trouve dans Le Dictionary of
Military Terms est assez floue et complexe :
« principes fondamentaux selon lesquels une force armée ou
une partie de cette force oriente ses actions en fonction des objectifs. La
Doctrine fait autorité, mais, requiert un jugement nuancé dans
son application », pp18 et 19. Toutefois, c'est la
définition du concept que donne l'International Military and Defense
Encyclopédia qui parait approprier et Trévor N.Dupuy
écrit que : « Dans le milieu militaire, la doctrine
se comprend en fonction de la stratégie et de la tactique ;
c est la base de la formation théorique et des exercices
pratiques ; dans certains cas, elle permet aux militaires de mener le
combat dans les opérations à venir ». Ainsi,
à titre d'exemple la doctrine camerounaise d'emploi des forces , qui
s'apparente à celle de plusieurs Etats africains repose sur le concept
d'une défense populaire ferme du sanctuaire national qui suppose une
riposte immédiate aux frontières nationales, en cas d'agression
par une puissance ennemie. Tout en excluant toute attaque préventive,
elle préconise le droit de poursuite.
* 11 Cyrille Caron,
« Anticiper les nouvelles menaces : Au-delà du
combat », op.cit. p.2.
* 12 Selon Carl Maria Von
Clausewitz (1780-1831), général prussien l'un des principaux
inspirateurs des doctrines stratégiques occidentales, pour lui la Guerre
est « un acte de violence avec l'intention de contraindre
l'opposant à accomplir ma volonté ». D'où
sa célèbre formule : « la guerre est (...) une
simple continuation de la politique par d'autres moyens ».
D'où sa conception de la guerre comme ultime instrument de la
politique.
* 13 Cette expression est de
David Galula (1919-1968).
* 14 Lexique de science
politique, Dalloz_2008, p.22.
* 15 Marc Frontier, Des
armées africaines : comment et pourquoi faire ?, Carin
info, Outre-Terre 2/ (n0 11), p. 347-374, consulté le 12
février 2015, URL :
www.carin.info/revue-outre-terre-2005-2-page-347.htm
* 16 Dominique Bangoura,
Etat et sécurité : des idéologies
sécuritaires à l'insécurité ou l'incapacité
de l'Etat à assurer ses fonctions de défense et de
sécurité, in
gemdev.org/publications/cahiers/PDF/24/cah_24_Bangoura.PDF, P. 154.
* 17 Encyclopaedia
universalis, France, S.A, 1988.
* 18 Anicet Bolongi Ekoto
Nzowu, L'Armée dans la stabilisation politique d'un Etat : cas
de la RDC, Université pédagogique nationale, Licence en
science politique 2009,
https://www.memoireonline.com/.../L-armée-dans-la-stabilisation-politique-d-un-etat-cas-de-la-RDC.htlm
* 19 Alain Didier Olinga,
« l'armée la construction et la construction de l'unité
nationale », In Armée et Nation Ensemble pour Consolider
la Paix et le Développement, Yaoundé, mai, 2009.
* 20 Arnaud Blin,
Terrorisme : Histoires, formes et méditation, Questions
Internationales, Dossier décembre 2004, p. 1.
* 21 Société
Française pour le Droit International SFDI, « Les nouvelles
menaces contre la paix et la sécurité
internationales », Paris, éditions, A. Pedone, 2004, P. 34.
* 22 Brian Jenkis
cité par Bruce Hoffman, la mécanique Terroriste,
Calmann-Lévy, 1999, p. 39.
* 23 Isabelle Soumier, Le
Terrorisme, Paris, 2000, p. 39.
* 24 Khader Bichara,
Terrorisme islamiste localisé. Terrorisme islamiste globalisé.
Essai de définitions. CERMAC, 15 mars, 2005, p. 1.
* 25 Gwenaëlle
Calcerrada, cité par Rodrigue Nana, la « Tactique du faible au
fort » : Apports et Limites des explications structurelles et
stratégiques du terrorisme par la discipline des Relations
Internationales, IEP de Bordeaux, SPIRIT, 26 aout 2010, p. 2.
* 26 Stephen Di Rienzo,
« Terrorisme : une forme inédite d'expression de la
puissance », in Politique Etrangère, été 2006,
no 2, p. 375-384.
* 27 Alex Schmitt and Albert
Jongman et Al political Terrorism: a new guide to actors, concepts, data bases,
theories and literature, New Brunswick, Transaction Books, 1988.
* 28 Jean Marie
Balancier : «Les Milles et un visage du Terrorisme
contemporaine », in Questions Internationales, Documentation
française, no 8, 2004, p.6.
* 29 Arnaud Blin, Terrorisme
Histoires, op.cit.
* 30 Cyrille Caron,
« Anticiper les nouvelles menaces : Au-delà du
combat », Collège Interarmées de Défense,
2010, op. cit.
* 31 Cyrille Caron. Idem.
* 32 Ibid.
* 33 Vincent Desportes,
« Peut-on encore gagner une guerre ? »,
Défense et Sécurité Internationale, N0 74,
octobre 2011.pp.40-53.
* 34 Vincent Desportes, Op
cit.
* 35 Cette expression est du
général français Vincent Desportes pour qualifier les
futurs engagements des forces armées.
* 36Messinga Claude Ernest,
Les Forces Armées Camerounaises face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une armée de garde vers une
armée d'avant-garde 1960-2010, Université de Yaoundé
2-Soa, thèse pour le Doctorat/Ph.D en Science Politique, 2012,
https://www.memoireonline.com/.../Les-forces-armées-camerounaises-face-aux-nouvelles-formes-de-menaces-la-securite-dune-arm.html
* 37Messinga Ernest Claude,
Op cit.
* 38 Mouaha-Bell Stans,
« Combattre en coalition les groupes armés
terroristes : Principes et pratiques », ESIG, Cameroun,
2015.
* 39 Boubacar Diallo,
« les Armées de l'Afrique de l'Ouest face à la menace
des groupes politico-militaires : la consolidation des alliances comme
alternative », mémoire de géopolitique, ESIG, 2014.
* 40 Laurence Aida Ammour,
« les défis sécuritaires dans la zone
Sahélo-Saharienne et leurs répercutions dans la région
méditerranéenne », ponencia presentada en el IX
seminario international sobre seguridad y defensa en el mediterraneo. Una
visioncompartida para el mediterraneo y su vecindad, organizado en Barcelona
por CIDOB y el Ministedad de Defensa el dia 25 de octubre de 2010, p. 1.
* 41 Pauline Guibaud,
« Boko Haram : le nord-Cameroun dans la
tourmente ? », Note d'analyse du GRIP, éclairage, 03 juin
2013.
* 42 Germain-Hervé
Mbia Yebega, « Terrorisme et contre terrorisme en Afrique
Centrale : Quelle vision stratégique pour le Tchad et le
Cameroun ? », Groupe de Recherche et d'Information sur la
Paix et la Sécurité, No 15, 22 janvier 2015.
* 43 Wulson Mvomo Ela,
« L'Afrique Subsaharienne dans la géostratégie du
terrorisme et du contre terrorisme : Défi politique,
stratégique et opérationnel pour la communauté de
défense et de sécurité », Vigie,
Bulletin d'analyse stratégique et prospective, EIFORCES,
Nos 003 et 004, décembre 2014.pp.30-38.
* 44 Jean-Eudes Biem,
« Evolution du statut polémologique de Boko Haram face
à la stratégie globale des Nations Unies en Afrique
centrale : Esquisse de prospective intégrée »,
VIGIE, bulletin d'analyse stratégique et prospective de l'EIFORCES, Ns
003, 004, décembre 2014.
* 45 Gorges Bergezan,
« Eradiquer Boko Haram : Acteurs multiples, résultats
incertains », GRIP, 07 mars 2016.
* 46 Honoré Lucien
Nombre, « Face au terrorisme, les défis de l'option
militaire », in Défense Nationale, 2011.
* 47 Jeans-Eudes Biem,
« Evolution du statut polémologique de Boko Haram face
à la stratégie globale des Nations Unies en Afrique
Centrale : Esquisse de prospective intégrée »,
op.cit.p.18.
* 48 Mohamed Tawfik Mouline,
« La sécurité au Sahel après la crise du
Mali : quels enjeux et défis pour les pays régionaux et
internationaux », Séminaire international organisé le
28 mars 2014 à Rabat, no 04/2014.
* 49 Mfoula Edjomo Marie
Thérèse Chantal, « La mobilisation sous
régionale, continentale et internationale dans la lutte contre Boko
Haram », in Vigie, Bulletin d'analyse stratégique et
prospective, Nos 003 et 004, décembre 2014, pp.86-93.
* 50Mfoula Edjomo Marie
Thérèse Chantal, Idem.
* 51 Wullson Mvomo Ela,
« L'Afrique Subsaharienne dans la géostratégie du
terrorisme et du contre terrorisme : un défi politique
stratégique et opérationnel pour la communauté de
défense et de sécurité », op.cit.p.18.
* 52 Koungou Léon,
Boko Haram : Le Cameroun à l'épreuve des menaces,
Harmattan. 2015. p.185.
* 53 Koungou Léon,
Idem.
* 54 Un exercice binational
entre 35 militaires des forces spéciales américaines et 70
militaires camerounais issus essentiellement du 3e BIR de Bamenda
(région du nord-ouest du Cameroun), et du Centre Anti-terroriste de
Limbé.
* 55 Madeleine Grawitz,
lexique des sciences sociales, 5e éd, Paris, Dalloz, 1991, p.
113.
* 56 Beaud Michel, l'art de
la thèse, Paris, la découverte, 1996, p. 38.
* 57 Cette expression est du
général britannique Rupert Smith pour qualifier les guerres
modernes.
* 58 Claude Bernard,
introduction à la science expérimentale, Paris, Garnier,
1975, p.65.
* 59Karl Popper, la
connaissance objective, Bruxelles, Ed, Complexe, 1978, p.82.
* 60 Carl Von Clausewitz, De
la guerre, Paris, Editions Rivage poche, 2006.
* 61 Basil Liddell Hart,
Strategy: the indirect approach, third edition, London, India: Natraj
publishers, 2003.
* 62 Le
général André Beaufre, Introduction à la
stratégie, p.34.
* 63 General, Robert B.
Neller, «The Marine Corps Operating Concept: How an Expeditionary
Force Operates in the 21st Century», septembre 2016,
P.1.
* 64 Bertrand De Jouvenel,
De la politique pure, Paris, Calmann-Lévy, 1963, p.56.
* 65 Cf. Guy Mvelle,
« interdisciplinaire et pluridisciplinarité en science
politique. Contribution à une meilleure gestion des inconscients
académique chez le jeune chercheur », in Revue Africaine
d'Etudes Politique et stratégiques, no 5, 2008,
p.234.
* 66 Centre de Recherche
d'Etudes Politiques et Stratégiques.
* 67
http://news.bbc.co.uk/
* 68 Taliban est un mot
pachtoune qui signifie étudiant. De nombreux talibans sont d'anciens
élèves des écoles coraniques où l'on enseigne la
loi islamique. Le mouvement armé des Talibans apparait dès 1990,
composé de moudjahidine pachtounes démobilisés, de jeunes
afghans réfugiés au Pakistan et des pakistanais
défavorisés. Le mouvement se compose en deux courants distincts.
Le premier serait composé de « vrais » Talibans, des
fanatiques religieux souvent liés à ceux qui étaient au
pouvoir entre 1996 et 2001. Le deuxième courant n'a pas
fréquenté les écoles coraniques et rassemble des hommes
pour la plupart des analphabètes : chefs de guerre, trafiquants et
surtout paysans miséreux motivés principalement par la
perspective d'un salaire.
* 69 Cette opération
était baptisée « Justice sans
limite » avant d'être rebaptisée plus tard
« Liberté immuable ». Qui s'est suivi par
le déploiement des forces américaines dans le golfe Persique.
* 70
http://www.isaf.nato.int/article/isaf-releases/index.php.
* 71 La guerre globale
contre le terrorisme est officiellement présentée comme une
guerre pour préserver les populations dans le choix de leur mode de vie.
* 72 Acronyme utilisé
dans les documents américains.
* 73 Michael
Howard, «What's a name. How to fight terrorism?» Foreign
affairs, janvier-février 2002.
* 74 Olivier Roy, les
illusions du 11 septembre, La république des idées, Seuil
2002, p. 9.
* 75 Pays qui a
autorisé le stationnement des troupes américaines sur son sol
dans la région.
* 76 Thythy Nsumbu Tshikala,
L'apport des USA dans la lutte contre le terrorisme international,
université de Kinshasa, Licence 2008,
https://memoireonline.com/.../Lapport-des-USA-dans-la-lutte-contre-le-terrorisme-international.html
* 77 Le 9 septembre 2001, le
commandant Massoud, héros de la résistance afghane a
été assassiné par deux tunisiens appartenant à
l'organisation Al-Qaïda.
* 78 Zune Stephen, la
poudrière, la politique américaine du Moyen Orient et les racines
du terroriste, Paragon, 2002, p. 22.
* 79 Zune Stephen, op. cit.
P.24.
* 80 Thythy Nsumbu Tshikala,
L'apport des USA dans la lutte contre le terrorisme international, op.
cit.
* 81 De nationalité
américaine.
* 82 Walzer Michael, De
la guerre ou le terrorisme, Bayard, Paris, 2004, p. 70.
* 83 French people daily,
« un soldat de l'OTAN tué dans le Sud de
l'Afghanistan », 4 septembre 2012.
* 84 « (...)
Contre le terrorisme, ce n'est pas une guerre qu'il faut
engager » ; déclaration du gouvernement
français sur la situation du Proche-Orient et la participation de la
France à la mise en oeuvre de la résolution 1701 (2006)
adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, par
Dominique de Villepin, 7 septembre 2006.
* 85 Général
Vincent Desportes, « enseignement stratégiques et militaires
du conflit afghan », affaires-stratégiques.info,
septembre 2011, p. 17.
* 86 Voir les propos de Yann
Braem lors du colloque CERI/SD « l'action militaire extérieure
de la France : enjeux et perspectives », 14 juin 2007.
* 87 Le CENTOM joue un
rôle très important dans la lutte contre le terrorisme. Il a
été créé en 1983 et son quartier
général se trouve à Mac Dill en Floride. Il couvre une
zone de responsabilité de 25 pays parmi lesquels les pays du
Proche-Orient et les pays d'Asie centrale. Et la campagne militaire
américaine d'Afghanistan a été sous son commandement.
* 88 Engagement d'une
compagnie renforcée du 2e régiment d'infanterie marine
(21e RIMa) chargée de sécuriser l'aéroport de
Mazar-e- Sharif et Kaboul afin d'évaluer la situation et de prendre
contact avec les forces spéciales américaines et les acteurs
locaux ; engagement d'un détachement de 200 membres des forces
spéciales aux côtés des forces spéciales
américaines dans le sud de l'Afghanistan dans des actions de lutte
contre les Talibans (missions de reconnaissance aérienne - 21 octobre
2001 - 8 février 2002 ; opérations aériennes
offensives conduites par l'aéronavale et l'armée de l'air en
appui direct des forces terrestres américaines).
* 89 La marine nationale
contribuait à la guerre globale au terrorisme au travers du dispositif
allié Enduring Freedom. A trois reprises, la France a
assuré le commandement de la Task Force 150 (septembre 2003 -
janvier 2004, juin - septembre 2004 et août - décembre 2005), une
force marine composée de près de 10 bâtiments appartenant
à huit pays, dont les USA, la Grande-Bretagne, le Pakistan, l'Allemagne,
la France.
* 90 Créée le
20 décembre 2001, la résolution 1386 crée la Force
Internationale d'Assistance et de Sécurité sous
l'égide de l'OTAN et l'autorise à opérer en Afghanistan,
avec pour missions : protéger le peuple afghan par lutte contre
l'insurrection ; renforcer les capacités des forces de
sécurité afghanes ; permettre le développement
économique et la reconstruction politique du pays.
* 91 En visite en
Afghanistan le 17 décembre 2006, le Ministre de la Défense a
annoncé le retrait, en janvier 2007, de 200 Forces Spéciales qui
opéraient sous commandement américain (proche de la
frontière avec le Pakistan) et le lancement d'un programme
d'entrainement des forces spéciales afghanes.
* 92 Institut des Relations
Internationales et Stratégiques.
* 93 L'express,
l'Afghanistan : le sommet de Chicago a acté la défaite de
l'OTAN, 24 2012.
* 94« Dix
semaines à Kaboul- Chroniques d'un médecin
militaire », Patrick Clervoy, Editions Steinkis, 2012.
* 95 Office des Nations
Unies contre la drogue et le crime (UNODOC), Programme Sahel 2013-2017
« Renforcer le Sahel contre le crime et le
terrorisme », Rapport d'activités, janvier 2016, p.
25.
* 96 Groupe des 5 du Sahel
(G5 Sahel) a vu le jour à Nouakchott (Mauritanie), le 19 décembre
2014. Le G5 Sahel regroupe le Burkina Faso, le Mali, le Niger, La Mauritanie et
le Tchad. Il a pour objectif : de garantir des conditions de
développement et de sécurité dans l'espace des pays
membres ; d'offrir un cadre stratégique d'intervention permettant
d'améliorer les conditions de vie des populations ; d'allier le
développement et la sécurité, soutenu par la
démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre régional et
international mutuellement bénéfique et de promouvoir le
développement inclusif et durable.
* 97 Claude-Henry Dinand,
« le sud de la Libye une poudrière régionale :
entre trafics et terrorisme »,
www.diploweb.com ,
consulté le lundi 01 février 2016.
* 98 Modibo Keita,
« La résolution du problème touarègue au
Mali et au Niger », Note de recherche du GRIP, no10
juillet 2002, p. 4.
* 99 Battistella Dario,
Théories des Relations Internationales, paris, les Presses de
Sciences PO, 2006.
* 100 Antonin Tisseron
« Enchevêtrements géopolitiques autour de la lutte
contre le terrorisme dans le Sahara », Hérodote, no
142, La Découverte, 3e trimestre 2011, p.99.
* 101 Ceux-ci comprennent
les programmes d'aide à la lutte contre le terrorisme, d'interdiction du
terrorisme et d'autres programmes liés du département d'Etat
américain. Voir département d'Etat américain,
« Congressional Budget Justification : Foreign Operations,
Fiscal Year 2010 »,
http://www.state.gov/documents/organization/123415.pdf.
* 102 Le TSCTP comprend les
pays pan-sahéliens suivants : le Mali, la Mauritanie, le Niger, et
le Tchad, ainsi que l'Algérie, le Maroc, le Nigéria, le
Sénégal et la Tunisie.
* 103Pour une
présentation du programme, voire :
http://www.africom.mil/tsctp.asp.
* 104 Etat-major du
commandement militaire des Etats-Unis pour l'Afrique, « Le
Partenariat Transsaharien Contre leTerrorisme (Trans-Sahara Counter Terrorism
Partenership TSCTP) », n.d.
http//www.africom.mil/tsctpEnFrançais.asp.
* 105 L'Espagne, la France,
le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-Bas ont apporté une assistance
lors de ses exercices.
* 106 Hélène
Bravin, la question touarègue,
www.defnat.com/site_fr/pdfBravin1.pdf,
p. 1.
* 107 Un ancien rebelle
touareg des années 1990, plus connu pour son opportunisme. Il est
d'ailleurs connu pour rôle de négociateur lors des prises d'otages
dans la région.
* 108 Mali : Hamada
Ould Mohamed El Kheirou, le cerveau du Mujao, L. Touchard, B Ahmed, Ch.
Ouazani, Jeune Afrique, 3 mars 2012.
* 109 Un ancien
vétéran de la guerre d'Afghanistan et ancien commandant d'AQMI
entré en dissidence avec le réseau mère.
* 110 Idem.
* 111 Patrice Gourdin,
« Al-Qaeda au Sahara et au Sahel. Contribution à la
compréhension d'une menace complexe »,
www.Diploweb.com, le 11 mars 2012,
p. 13. Op. cit.
* 112
« Adrar » signifie « montagne » dans
les langues berbères.
* 113 Michel Goya,
« Mali : l'intervention militaire en perspectives »,
www.Diploweb.com, 21 juin
2013.
* 114 Au sens de William S.
Lind dans « The changing Face of the War: Into the Fourth
Generation » (1989). Voire également Mary Kaldor (2012), New
and old Wars: organization violence in Global Era, Cambridge: polity.
* 115 Julia Dufur et Claire
Kupper « Groupes armées au Nord-Mali : état
des lieux », Note d'Analyse du GRIP, 6 juillet 2012, p. 3.
* 116 El Watam, cité
dans « Comment le sahel est devenu une poudrière »,
Le Monde Diplomatique, avril 2012.
* 117 Mehdi TAJE,
« la réalité de la menace d'AQMI à l'aune des
révolutions démocratiques au Maghreb »,
Géostratégie no 32. 3e Trimestre 2011, p.
292.
* 118 Mohamed Yusuf a
étudié la théologie à l'université de
Médine en Arabie saoudite. Il s'inspire des prêches
intolérants de l'égyptien Shukri Mustafa. Fondé sur
l'excommunication et l'exil, profère de violentes critiques à
l'endroit des autorités nigérianes et s'oppose notamment aux
fidèles d'un aux fidèles d'un autre prêcheur
nigérian, Abubakar Gumi, idéologue du mouvement
néo-hanbalite Yan Izala, décédé en 1992 (le
hanbalisme est le rite le plus rigoriste des quatre écoles de
pensée religieuse de droit musulman de l'islam sunnite).
* 119 12 des 36 Etats de ce
pays le plus peuplé du continent africain appliquent déjà
cette loi islamique.
* 120 Boko Haram estime que
la culture occidentale et en particulier l'école occidentale,
présenté comme le bras armé de l'expansionnisme occidental
est un péché.
* 121 Sanni Umaru, membre
de Boko Haram se présentant comme le successeur du leader charismatique
de Boko Haram affirme au mois d'aout 2009 que les combats de juillet 2009 ont
fait 1000 morts parmi les combattants de la secte islamiste. Voir sur internet
dans url http://allafrica.com/stories/200908150006.html.
* 122 Curbing Violence in
Nigeria (II): The Boko Haram Insurgency, Crisis Group Africa Report
no 216, ICG, 3 avril 2014.
* 123 Nigeria : Boko
Haram kills 2,053 civilians in 6 months, human rights watch, 15 juillet
2014.
* 124 David Blair, Boko
Haram is now a mini-Islamic State, with its own, The Telegraph, 20 janvier
2015.
* 125 Priscilla Sadatchy,
Boko Haram, un an sous état d'urgence, Note d'Analyse du GRIP,
3 juin 2014.
* 126 Vincent Duhem, Lutte
contre Boko Haram : les couacs de la coopération entre le Tchad et
le Nigéria, Jeune Afrique, 27 mars 2015.
* 127Nigeria army arrests
Senior Officers, African Defense, 30 janvier 2015.
* 128 Nigeria drafts in
foreign mercenaries to take on Boko Haram, Reuters, 12 mars 2015;
Nigeria taps South African Mercenaries in fight against Boko Haram, Foreign
Policy, 12 mars 2015; Boko Haram: Etat islamique, armes françaises
et mercenaries sud-africains...Jeune Afrique, 12 mars 2015 ; Adam
Noster, Mercenaries join Nigeria's military campaign against Boko Haram,
The York Times, 12 mars 2015.
* 129 Boko Haram: Nigerian
military moves command centre to Maiduguri, Premium Times, 8 juin
2015; Military bows to Buhari, moves command, control centre to Maiduguri,
Vanguard, 8 juin 2015.
* 130 Nigeria: nouvel
attentat à Maiduguri, le président limoge les chefs militaires,
France 24, 13 juillet 2015 ; Nigerian president replaces
military's top brass, Aljaweera, 14 juillet 2015.
* 131 Nigeria's president:
Ex-officer stole billions in arms deals, Associated Press, 18 novembre 2015.
* 132 Boko Haram crisis:
Nigerian military chiefs given deadline, BBC News 13 aoùt
2015.
* 133 Nigeria army
court-martial sentences Brigadier general Ransome-Kuti to six months in jail,
Sahara Reporters, 15 octobre 2015.
* 134
Frédéric Powelton, Boko Haram : le président Buhari
impuissant face à la secte terroriste, Sahel intelligence, 2
octobre 2015.
* 135 Ndahi Marama, Boko
Haram kills soldier, 6 others in fresh Borno attacks, vanguard, 30
novembre 2015.
* 136 Nigeria stells Chad,
aims to beat Boko Haram before election, Reuters, 3 mars 2015.
* 137 Vincent Duhem,
op. cit.
* 138 Fanny Pigeaud, Dans
la lutte contre Boko Haram, le Tchad jugé ambigu, Mediapart, 16
février 2015.
* 139 Voire Ebogo Franck,
Hydro-politique et Hydro-stratégie du Cameroun : collisions et
collusions des trajectoires dans la gestion des sources et des ressources en
eaux, Université de Yaoundé 2, Thèse de Doctorat P.D
en science politique, DEA Master recherche en science politique, juin 2013, p
5.
* 140 Ntuda Ebode Vincent
Joseph, « cinquante ans de politique camerounaise des
frontière. D'une conception géopolitique à la construction
géoéconomique des zones de contact », In Annales de
l'Université de Toulouse 1, Capitole, Vol. L2, 2010-2011, p 63.
* 141Libye, Cameroun,
Centrafrique...l'effet domino du terrorisme, Jeune Afrique, 4 juin
2014.
* 142 Haart Liddel Basil,
Strategy: the indirect approach, third edition, London, India: Natraj
Publishers, 2003.
* 143Stratégie
maritime, stratégie aérienne, stratégie terrestre.
* 144Stratégie de
dissuasion, stratégie de coercition.
* 145Stratégie des
armements.
* 146 Alain Didier Olinga,
« l'armée et la construction de l'unité
nationale », op. cit.
* 147Ntuda Ebodé
Vincent Joseph, « l'armée et l'édification de la nation
camerounaise », Armée et Nation, Ensemble pour Consolider
La Paix et le Développement, Yaoundé, mai, 2009.
* 148 Pauline GUIBBAUD,
op.cit.
* 149 Priscilla Sadachy,
« Boko Haram : un an sous état d'urgence »,
Note d'Analyse du GRIP, Bruxelles, 3 juin 2014.
* 150
« Terrorisme : la menace Boko Haram aux portes du
Cameroun », Jeune Afrique, 4 avril 2014.
* 151 « Fotokol,
Boko Haram exige la fermeture des bars et des auberges », L'oeil
du Sahel, 5 novembre 2012 ; « Boko Haram chasse les
évangélistes d'Amchidé », L'oeil du
Sahel, 7 janvier 2013, cité par Rapport Afrique de Crisis
Group : « Cameroun : faire face à Boko
Haram », no 241, 16 novembre 2016 pp.9-10.
* 152 « Le
Cameroun, plaque-tournante d'un trafic d'armes destinées à Boko
Haram », op.cit.
* 153
« Fotokol : le film des affrontements entre l'armée et
Boko Haram », L'oeil du Sahel, 7mars 2014.
* 154 Les forces de
défense camerounaises sont réparties dans quatre régions
militaires interarmées (RMIA), le concept émergence date depuis
la réforme des forces armées camerounaises en 2001, mais a
été opérationnalisé face à la menace de Boko
Haram. Entretien avec un officier au ministère de la défense en
septembre 2016.
* 155 L'Opération
Alpha est distincte de l'opération Emergence 4.
* 156Bataillon Léger
d'Intervention
* 157 Hans De Marie
Heungoup, Le BIR et la GP dans la politique de défense et
desécurité du Cameroun : socioanalyse du rôle
présidentiel, des concepts stratégiques et de l'emploi des
forces, Université Catholique d'Afrique Centrale, mémoire de
Master 2 en Gouvernance et politiques publiques, 2011,
https://www.memoireonline.com/.../m_Le-BIR-et-la-GP-dans-la-politique-de-defense-et-de-securite-du-Cameroun-Socioanalyse-du-rle-pr0.html
* 158 Pelene
François, « Bataillon d'Intervention Rapide, composante
essentielle des forces de défense », in Honneur et
Fidélité, n°spécial du 20mai 2009, p30.
* 159 Entretien avec un
officier de l'Opération Alpha. Op. cit.
* 160 Compagnie
Anti-terroriste.
* 161 Entretien avec un
lieutenant-colonel du BIR à Maroua, en mai 2016.
* 162 Rapport Afrique de
Crisis Group « Cameroun : faire face à Boko
Haram », op.cit.
* 163 Ateba Eyene Charles,
Le Général Pierre Semengue. Toute une vie dans les
Armées, Yaoundé, Editions clé, 2002.
* 164 Le Cameroun se dote
d'une 4ème région militaire interarmées
à Maroua, op.cit.
* 165 Les BRIM sont des
unités tactiques de combat de l'armée de terre, dont la
création remonte à la réforme de l'armée
camerounaise en 2001 et dont l'activation a été faite en 2014.
* 166 La création
des commandements opérationnels permet de confier, à titre
provisoire, des missions spéciales de police aux militaires
placés sous le commandement des généraux.
* 167 Libye, Mali,
Cameroun, Centrafrique...l'effet domino du terrorisme, op.cit.
* 168 Entretien avec un
officier militaire au ministère de la défense, op.cit.
* 169 FIDH,
Nigéria : les crimes de masses de Boko Haram, op. cit. p.27.
* 170 Voir le rapport
Afrique de Crisis Group, No 233, Tchad entre ambitions et
fragilités, 30 mars 2016.
* 171 Christophe Chatelot,
« Pourquoi le Tchad s'engage dans la lutte contre Boko
Haram », Le Monde, 6 février 2015. Le bétail,
qui représente 40% des exportations du pays et dont 90% partait vers le
Nigéria, est particulièrement concerné (Gaëlle Laleix
« Tchad : l'économie asphyxiée par
l'insécurité », RFI, 10 mars 2015.
Après le pétrole, l'exportation de bétail est la
deuxième source commerciale de revenues du Tchad).
* 172 Cf, discours de Paul
Biya devant les chefs de missions diplomatiques accrédités
à Yaoundé le 8 janvier 2015.
* 173 Créée
en 1998 par le Nigéria, le Tchad et le Niger initialement pour lutter
contre la criminalité transfrontalière entre les trois pays, la
MNJTF a été élargie pour inclure le Cameroun et le Benin,
et couvrir les opérations de lutte anti-terroriste contre Boko Haram
dans la région.
* 174 Entretien avec
colonel du BIR à Maroua, op.cit.
* 175 Nigéria :
Gambaru libérée par l'armée tchadienne, Alwihda
Info, 3 février 2015.
* 176 Cameroun :
Fotokol sous le choc après l'attaque sanglante de Boko Haram,
RFI, 16 mars 2015.
* 177
« L'armée camerounaise pilonne Boko Haram au
Nigéria », L'oeil du Sahel, 26 octobre 2015.
* 178 Entretien avec un
lieutenant-colonel du BIR à Maroua, mai 2016.
* 179 Les pays membres de
la CBLT sont composés du Nigéria, du Cameroun, du Niger, du
Tchad, auxquels s'ajoute le Benin.
* 180 Union Africaine,
communiqué de la 469e réunion du CPS, 25 novembre
2014,
www.peaceau./uploads/cps-469-com-terrorisme-25-11-2014.pdf
* 181 Union africaine
Communiqué de la 567e réunion du CPS sur le groupe
terroriste Boko Haram, 14 janvier 2016,
www.peaceau.org/fr/article567eme-reunion-du-cps-sur-le-groupe-terroriste-boko-haram
* 182 Commission du bassin
du lac Tchad, 8e Sommet des chefs d'Etats et de gouvernements de la
CBLT, Abuja (Nigéria), 21-23 mars 1994, dans Répertoire des
décisions des Sommets des chefs d'Etat et de gouvernement :
vol. 11964-2010, N'Djamena, 2011,
www.cblt.org/sites/default/files/conference_chefs_etat.decision.fr_.pdf
* 183 Voir M Luntumbue, La
CBLT et les défis sécuritaires du bassin du lac Tchad, Note
n° 14, Bruxelles : Groupe de recherche d'information sur la paix et
la sécurité, 2014, 6,
www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2014/Notes%20DAS%20-%20Afrique%20EQ/OB2011-54_GRIP_NOTE-14_CBLT.pdf.
* 184 Yaoundé :
réunion de sécurité, LCBC News Magazine,
février-juillet 2014, 32,
www.cblt.org/sites/défault/files/maquette_cblt_mag_vf_13.pdf.
* 185 Rapport de la de la
présidence de la commission de l'UA sur la mise en oeuvre du
communiqué PSC/AHG/COMM.2 (CDLXXXIV) sur le groupe terroriste Boko Haram
et les efforts internationaux connexes, voir point 9, 3 mars 2015,
www.peaceau.org/fr/article/rapport-de-la-presidente-de-la-commission-sur-la-mise-en-oeuvre-du-communique-pcs-ahg-comm-2-cdlxxxiv-sur-le-groupe-terroriste-boko-haram-et-les-efforts-internationaux-connexes.
* 186 Voir Concept
stratégique d'opération de la force multinationale mixte de la
commission du bassin du lac Tchad pour la lutte contre Boko Haram, 24
février 2015.
* 187 Ibid.
* 188 L'expansion du
territoire de Boko Haram aura par la suite conduit le Niger et le Tchad
à retirer leurs troupes un plus d'un mois plus tard avant la prise de
Baga par Boko Haram survenue le 13 janvier 2015. Voir Nigéria :
Boko Haram s'empare d'une base militaire sur les rives du lac Tchad, Radio
France Internationale, 5 janvier 2015,
http://www.rfi/afrique/20150104-nigeria-boko-haram-s-empare-une-base-militaire-rives-lac-tchad.
* 189 Bien que chaque
contingent national soit censé opérer à l'intérieur
de ses frontières nationales, il leur est tout de même permis,
selon des règles et les modalités particulières,
d'opérer sur le territoire du pays voisin sur une distance
inférieure à 25 km.
* 190 Les opérations
Arrow sont les noms de baptême donné aux opérations
menées par le BIR-Alpha en territoire nigérian.
* 191 Entretien avec un
colonel du BIR-Alpha, op.cit.
* 192 Cameroon welcomes US
Assistance against Boko Haram, Voice of America, 1er janvier
2016.
* 193 OBAMA sends, US
troops, drones to Cameroon in anti-Boko Haram fight, Reuters, 14 octobre
2015.
* 194 Formation
militaire : la France aux cotés des forces de défense
camerounaises, communiqué de presse, Ambassade de France à
Yaoundé, 6 octobre 2015.
* 195 Boko Haram : la
France va déployer un détachement de liaison et de contact au
Cameroun, zone militaire opex360.com, 17 mars 2015.
* 196 La France appuie le
Cameroun dans sa lutte contre Boko Haram, journal du Cameroun.com, 18 mars
2015.
* 197 Cameroun
coopération militaire : la France offre des véhicules
tactiques tout-équipés à l'armée, Campost,
21 janvier 2016.
* 198 Le matériel de
surveillance, les drones ont été achetés à
Israël et aux USA, les blindés, hélicoptères et
avions de combat à la Chine et à la Russie et en Afrique du Sud.
Entretien avec un colonel du BIR à Maroua le 11 mai 2016.
* 199 Op.cit.
* 200 Le 30 avril 2015, le
compte d'affectation spécial ouvert par le comité
interministériel de gestion des dons affichait un montant de 1 milliard
29 millions, selon le président de ce comité.
* 201 Jean-Pierre
Queneudec, Société Française pour le Droit
Internationale, Les nouvelles menaces contre la paix et la
sécurité internationale, Paris, éd A. Pedone, 2004,
p.290.
* 202 Le CIDIMUC depuis sa
création a organisé trois conférences qui ont
réuni, à chaque fois des leaders religieux musulmans et
chrétiens autour des thématiques paix et coexistence pacifique
entre les peuples du Cameroun. La première conférence a eu lieu
en 2009 sous le thème : « paix au Cameroun : une
culture à enrichir », la 2e tenue en 2010 sous le
thème : « la paix au Cameroun : une culture à
consolider ». La troisième conférence s'est tenue en
2014 sous le thème : « Sécurité et paix au
Cameroun : Enjeux, défis et responsabilité des acteurs
sociaux ». Elle a vu la participation des autorités
administratives et le chef de l'Etat camerounais a envoyé un
représentant. Les discussions ont tourné autour de trois sous
thèmes : 1. « De la construction à la
consolidation de la paix » ; 2. « «les
Imams : acteurs du maintien de la paix » et 3. «Le
rôle du sermon de vendredi : théories et
pratiques ».
* 203 Elle a
organisé un colloque interreligieux dans la ville de Maroua, le 23 au 24
avril 2014 sous le thème « Chrétiens et Musulmans,
ensemble pour la Paix. Fruit, défit et perspectives du dialogue
interreligieux dans la Région de l'Extrême Nord »
disponible sur internet sur l'adresse,
fr.allafrica.com/stories/200801170614.html, « Association
Camerounaise pour le Dialogue Interreligieux (ACADIR), colloque interreligieux.
Maroua, 23-24 avril 2014.
* 204 Ibid.
* 205 Entretien avec un
militaire du BIR-Alpha à Maroua-Salack, 5 mai 2016.
* 206 Voir entre autres, Le
Petit livre rouge : citations de Mao Tsé-toung, chapitre
VIII : « la guerre populaire ».
* 207 Cité par Jean
Eudes Biem, op.cit.
* 208
Généralement des ressources, au premier rang desquelles le
pétrole et les pierres précieuses.
* 209 Ela Ela ; La
politique de défense du Cameroun depuis 1959 : contraintes et
réalités, Thèse de Doctorat, Université de
Nantes, UFR d'Histoire et Sociologie, 2000, p.38.
* 210 Ela Ela, op.cit.
p.41.
* 211 Chaffard, G., Les
carnets secrets de la colonisation, Tome 2, Calmann-Lévy, Paris,
1962, p.399.
* 212 Bangoura Dominique,
Les Armées africaines : 1960-1990, la Documentation
française, Paris, 1992, p.25.
* 213 Ordonnance N0
59/57 portant création de l'armée camerounaise et de
l'organisation générale de la défense.
* 214 Onana
Mfégué.
* 215Extrait du journal
le Messager du 06mai 2011
* 216 Nkoa Atenga Camille,
Army, In the mood of change, Honneur et Fidélité,
numéro Spéciale, 2005, p.20-21.
* 217Décret portant
réorganisation des formations de combat de l'armée de terre,
op. cit.
* 218J.P Meloupou,
« les grands repères indicatifs », in Honneur
et Fidélité, Yaoundé, MINDEF, décembre 2010,
p. 9.
* 219Décret portant
organisation des Forces de l'Armée de l'Air.
* 220Article 2 du
Décret n°2002/037, op.cit.
* 221 Colonel ancien
commandant le Secteur Militaire Terrestre n°3.
* 222Gabriel Metogo
Atangana, in les problématiques sécuritaires des
frontières en Afrique, 2014, p. 95.
* 223 Ngouah N'gally
Guillaume, Marine Nationale, Cap vers l'avenir, Honneur et
Fidélité, Numéro spécial, 2005, p.24-25.
* 224 L'ordonnance portant
création des forces armées camerounaises et organisation
générale de la défense.
* 225 Voire les
décrets du 25 juillets 2001 portants réformes de l'armée
camerounaise.
* 226 La typologie des
systèmes asymétriques utilisée ici est empruntée
à Bruno Tertais (Dir), Atlas militaire et stratégique :
menaces, conflits et forces armées dans le monde, Paris, Autrement,
2008. Cité par Jean Eudes Biem, « Evaluations du statut
polémologique de Boko Haram face à la stratégie globale
des Nations Unies en Afrique Centrale : Esquisse de prospective
intégrée », Bulletin d'Analyse Stratégique
et Prospective de l'EIFORCES, N0003 et 004, décembre
2014, p. 74.
* 227 Parmi les rares
articles sur ce sujet, on peut citer: Abimbola Adesoji, « The Boko
Haram Uprising and Islamic Revivalism in Nigeria », Africa
Spectrum, vol. 45, n02, 2010, pp.54-67; « Between
Maitatsine and Boko Haram: Islamic Fundamentalism and the Response of the
Nigerian State», Africa Today, vol. 57, n04, 2011, pp.
99-119.
* 228 Dans son livre,
Mohammed Yusuf s'opposait en l'occurrence au principe d'une séparation
de la religion et de l'Etat. Pour lui, la démocratie platonicienne
était une « doctrine de mécréants »
parce qu'elle favorisait le polythéisme et défait les citoyens en
proclamant le gouvernement du peuple par le peuple. A l'en croire, la justice
était forcément d'essence divine et les hommes n'étaient
pas en mesure d'arbitrer eux-mêmes les querelles. De plus, la
liberté d'expression, la liberté d'association encourageait le
blasphème et l'immoralité. Il convenait donc de condamner la
règle de la majorité parce qu'elle pouvait entériner le
règne de « l'erreur, de l'impiété et de la
licence ». Mohammed Yusuf, This is our Faith and our Da'wa,
Maiduguri, Al Fatha, vers 2005 (livre à compte d'auteur, interdit
à la vente). p. 66.
* 229 Il est d'ailleurs
fort possible qu'à l'occasion, certaines déclarations de guerre
contre les universités aient obéi à des
considérations très prosaïques. En septembre 2011, des
menaces d'attaques contre les campus, relayées par des textos, auraient
par exemple été lancées par les étudiants qui
cherchaient à reprendre du travail en pleine période
d'examen ! De fait, il est parfait utile d'invoquer les questions
religieuses pour régler les comptes. Lors d'une autre affaire qui avait
défrayé la chronique en mars 2007, une enseignante
chrétienne de Gandu (Etat de Gombé) avait été
accusé d'avoir profané le Coran et tuée parce qu'elle
avait surpris et renvoyé les étudiants musulmans en train de
tricher aux examens.
* 230 Ouba Abdoul-Bagui,
« De la contagion islamiste dans l'Extrême-Nord du
Cameroun : risques et limites », Bulletin d'Analyse
Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, N0 003 et
004, décembre 2014, p. 42.
* 231
« Tendances, profil et déterminants de la pauvreté au
Cameroun entre 2001 et 2014 », Institut national de la statistique
(INS), décembre 2015, p.43.
* 232 Le Tramol ou Tramadol
est un puissant antalgique sous forme de comprimés, fabriqué
légalement en Inde et commercialisé illégalement au
Nigéria, d'où des trafiquants l'achètent pour
approvisionner les pays voisins. Courriels de Crisis Group, universitaires
à Maroua, juillet 2016. Cyril Musila,
« L'insécurité transfrontalière dans la zone du
bassin du lac Tchad », Institut français des relations
Internationales (IFRI), juillet 2016.
* 233
« Cameroun : faire face à Boko Haram », Rapport
Afrique de Crisis Group N0241, 16 novembre 2016, p.3.
* 234 L'ethnie Kanuri est
très souvent stigmatisée et pointée du doigt comme
étant complices des islamistes de Boko Haram, du fait de l'appartenance
d'une grande majorité des membres de Boko Haram à l'ethnie
Kanuri.
* 235 Priscilla Sadatchy,
Boko Haram, un an sous état d'urgence, op. cit.
* 236 Par exemple,
l'attaque contre l'armée camerounaise à Fotokol en septembre
2014.
* 237 Les terroristes de la
secte terroriste s'appuient sur les liens de proximité que créent
la région, la tribu, le clan, la famille, la religion ou le voisinage
pour faire jouer les ressorts traditionnels de l'embrigadement.
C'est-à-dire le basculement des motivations, d'ordre social ou familial,
vers un engagement politico-religieux à finalité collective et
particulièrement sensible, pour la dresser contre
« l'ennemi ».
* 238 Terrence McCoy, This
how Boko Haram funds its evil, The Washington Post, 6 juin 2014 ; Robin
Simcox, Boko Haram and defining the `al-Qaeda network', Al Jazeera, 8 juin
2014.
* 239 Les attaques de Boko
Haram contre les forces nigériennes et tchadiennes au Niger mais
également contre les localités tchadiennes et camerounaises
confirment à minima les infiltrations du groupe terroriste.
* 240 Joliba (en
mandingue), Issa Beri (le grand cours d'eau en songhaï) et le
fleuve pour les Touareg.
* 241 Appeler Mayo
à l'Extrême-Nord du Cameroun.
* 242 Entretien avec un
officier de l'Opération Emergence4 à Maroua, le 5 mai 2016.
* 243 Vincent Desportes,
La guerre probable : penser autrement, op. cit, p. 187.
* 244 Vincent Desportes,
Idem.
* 245 Charles E. Callwell,
Petites Guerres, Paris, ISC-Economica, Bibliothèque
stratégique, 1998, p. 77.
* 246 Vincent Desportes,
La guerre probable : penser autrement, op.cit. p. 192.
* 247 Les Méharistes
sont des unités de l'armée malienne, les militaires montés
sur les dromadaires, spécialement formées pour mener les
opérations militaires en milieu désertique.
* 248 Vincent Desportes,
op.cit. p. 189.
* 249 Vincent Desportes,
op.cit, p. 7.
* 250
« Cameroun : faire face à Boko Haram », Rapport
Afrique de Crisis Group N0241, 16 novembre 2016, p. 25.
* 251 Le BIR-Alpha a
formé plusieurs comités de vigilance à la collecte de
renseignements. Entretien de Crisis Group, avec un officier supérieur du
BIR, Kolofata, mars 2016.
* 252 AFP, le 22
décembre 2015.
* 253
« Limani : 70 membres de comités de vigilance attaquent
Boko Haram au Nigéria », L'oeil du Sahel, 3 mai
2016 ; « Au Cameroun, les soldats de l'ombre oubliés de
la lutte contre Boko Haram », Le Monde, 30 mars 2016.
* 254 Des membres du
« comité de vigilance » de Kolofata, à
l'Extrême-Nord du Cameroun, Le Monde Afrique, novembre 2016.
* 255 Entretien par un
officier du BIR-Alpha à Maroua-Salak, op.cit.
* 256 « Cameroun
les membres des comites de vigilance complices de Boko Haram »,
L'oeil du Sahel, 20 décembre 2014.
* 257
« Cameroun : faire face à Boko Haram », Rapport
Afrique de Crisis Group, op.cit.
* 258
www.memoireonline.com/
Ernest Claude Messinga, Les F.A.C face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de
garde » vers une Armée « d'avant-garde »
1960-2010, Thèse de Doctorat/Ph. D en Science politique,
Université de Yaoundé2, op. cit.
* 259 Augustin Charles A.
Mbia, « La « mobilisation contre la secte Boko
Haram » au Cameroun : une objectivation du tryptique
Peuple-Armée-Nation. », Bulletin d'Analyse
Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, N0003 et 004,
décembre 2014, p. 85.
* 260 Alain Bauer et Xavier
Raufer, La face noire de la mondialisation, Paris, CNRS Editions,
2009, pp. 7-8.
* 261 Alain Bauer et Xavier
Raufer, op.cit.
* 262 Cf, Intervention de
Loïc Garnier (Contrôleur Général de Police), Chef de
l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (UCLAT), sur la
lutte contre le terrorisme, au 12ème FICA/IHEDN, Paris du 18
au 26 mai 2011 à Paris.
* 263 Wulson Mvomo Ela,
« l'Afrique subsaharienne dans la géostratégie du
terrorisme et du contre terrorisme : un défi politique et
opérationnel pour la communauté de défense et de
sécurité », Bulletin d'Analyse Stratégique
et Prospective de l'EIFORCES, N0003 et 004, op.cit, p. 38.
* 264 Saida Bedar,
« les nouvelles frontières de l'empire
américain », in Arabies, Novembre 2001, pp. 23-25.
* 265 Tanguy Struye de
Swielande, « la grande stratégie américaine dans
l'après le 11 septembre », Stratégique,
N086-87, p. 23.
* 266 « Plan of
action, Implication and Thematic Objectives of the Fight against Terrorism and
arms Trafficking in the Central African Sub-Region », p. 8.
* 267 Vincent Desportes,
op. cit.
|