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Intégration sous-régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC.


par Serge Guy BILOA
IPD-AC - Master en science de programmation du développement et intégration régional 2010
  

Disponible en mode multipage

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Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Pour les économies en développement, et même pour les économies développées en l'occurrence les pays européens, la construction des blocs régionaux semble s'apparenter à un processus répondant à l'évolution dynamique de la mondialisation (OPARA OPIMBA, L 2009). Ceci conduit justement à un débat théorique et contradictoire sur l'essence même de la régionalisation face à la mondialisation. Si, pour certains, le regain du régionalisme est une réponse alternative à l'approfondissement difficile du multilatéralisme à l'échelle universelle (SIROËN, J-M.2004), pour d'autres, la préférence communautaire qui se dégage du régionalisme est vue comme une forme du nouveau protectionnisme inter-blocs (KRUGMAN P, 1987). Pour d'autres encore, la poursuite des constructions régionales s'inscrit dans la continuité du processus de la mondialisation et n'entrave en rien son évolution (BHAGWATI. J, 1993). Ainsi, les approches libérales industrielles et territoriales de l'intégration régionale visent avant tout la possibilité d'accroitre le commerce entre les Etats membres.

L'Union Européenne qui s'est construite progressivement depuis 60 ans, avait pour but au moment de sa création, d'assurer une paix durable en Europe grâce au développement d'une solidarité de production entre la France et l'Allemagne, rendant impossible tout affrontement entre ces deux pays. Cette organisation constituerait la première étape vers une fédération européenne. Il était question dans la déclaration historique de Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, de mise en commun des productions de charbon et d'acier de la France et de l'Allemagne, au sein d'une organisation ouverte aux autres pays d'Europe.

En Europe, le marché unique a créé d'innombrables liens entre les pays membres. C'est le plus grand marché mondial, il offre un espace de croissance et d'interaction exceptionnel aux 21 millions d'entreprises européennes. Le commerce entre les pays de l'Union représente plus de 20% du PIB européen, soit deux fois plus qu'avec le reste du monde.

Les relations commerciales entre les pays de la zone Euro ont subi de profonds changements depuis deux décennies. De 1995 à 2012, les échanges entre pays membre de l'UEM ont été multipliés par 2,3. Cette progression n'a pas été linéaire et fut notamment concentrée durant

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les premières années après la naissance de la zone Euro ; le commerce intra-zone a en effet doublé durant cette période, après une phase de faible augmentation à la fin des années 1990.

L'Initiative pour les Amériques", lancée en 1990 par Georges Bush et orientée vers la création à moyen terme d'une "vaste zone de libre-échange de l'Alaska à la Terre de feu", a marqué un tournant important dans l'histoire de ces trois pays de l'Amérique de nord et du centre. Cette "initiative" a commencé à se concrétiser le 1er janvier 1994, avec l'entrée en vigueur de l'Accord de Libre-échange nord-américain (ALENA) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, les échanges commerciaux entre ses partenaires ont plus que triplé pour atteindre 946,1 milliards $US en 2008. Au cours de cette période, le commerce entre le Canada et les États-Unis a presque triplé, tandis qu'il a plus que quadruplé entre le Mexique et les États-Unis. [1.0 billions $CAN]. Aujourd'hui, les échanges quotidiens de marchandises entre les partenaires de l'ALENA se chiffrent à environ 2,6 milliards $US, ce qui équivaut à quelque 108 millions $US l'heure. [2,8 milliards $CAN et 115 millions $CAN].

En Afrique Centrale, notamment, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine (RCA) et le Tchad se sont lancés dans cette initiative. Ils ont signé le 08 décembre 1964 le Traité instituant l'Union Douanière et Économique de l'Afrique Centrale (UDEAC). La Guinée Equatoriale, quant à elle, adhère à l'UDEAC le 1er janvier 1985, devenant ainsi le sixième et dernier pays à faire son entrée dans cette institution sous régionale.

Après trente (30) ans de collaboration, les pays de l'union n'ont pas réussi à mener à bien des politiques convergentes favorisant la complémentarité des économies.

Avec le recul, il est aujourd'hui possible de soutenir que même l'organisation structurelle de l'Union n'était pas adaptée à ses missions : le secrétariat général était en effet peu outillé en moyens financiers, humains et matériels et il existait une sorte d'absence d'échelon intermédiaire entre les Chefs d'Etat et le secrétariat général. En fait, cette inadaptation des structures constitua un facteur aggravant supplémentaire. Ainsi, compte tenu non seulement des mutations de l'économie internationale mais aussi du bilan mitigé des résultats de cette Union, le Conseil des Chefs d'Etat, décida à l'unanimité, en décembre 1991, de donner une nouvelle impulsion au processus d'intégration sous régionale. Mandat fut donc donné au Gouverneur de la BEAC de piloter un groupe de travail chargé d'étudier et de proposer une

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nouvelle approche de l'intégration économique et sociale dans la Sous-région. Les conclusions de ce groupe de travail aboutirent au remplacement de l'UDEAC par la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).

C'est ainsi qu'est née des cendres de l'UDEAC, le 5 Février 1998, la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), instituée par le traité du 16 mars 1994 signée à Ndjamena par les Chefs d'Etat des Républiques du Cameroun, du Congo, de la Guinée Equatoriale, du Gabon, de la RCA et du Tchad.

Contrairement aux blocs Européen et Américain, la création de la CEMAC n'a pas permis un accroissement considérable des échanges entre pays membres. Ces échanges fluctuent entre 2 et 4 % du total des échanges de ces pays. Lorsqu'on sait que l'un des buts de la régionalisation est l'accroissement du commerce entre les pays, les faibles performances dans ce domaine des pays de la CEMAC interpellent les chercheurs et invitent à une étude plus poussée sur la question. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi le thème intitulé : Intégration sous- régionale et développement du commerce entre les pays membres

II- PROBLEMATIQUE

Plus de 20 ans après l'entrée en vigueur du traité de la CEMAC, une revue des programmes de reformes montre dans l'ensemble des évolutions contrastées, et des résultats pour l'instant en deçà des attentes formulées. En dépit de sa position de carrefour, de la diversité de ses ressources naturelles et d'un écosystème favorable, la CEMAC reste l'une des CER les moins intégrée du continent, en termes de flux commerciaux inter Etats, de mouvement des personnes et d'interconnexion des infrastructures physiques (CEA/BSR-AC, 2009).

En effet, depuis les années 2000, les échanges commerciaux au sein de la CEMAC ne cessent de décroître. Ils sont passés de 3,9% en 2000, à 2,3% en 2005, pour atteindre 1,9% en 2010 ; pendant la même période 2000-2010, le flux commercial dans l'UEMOA s'est accru de près de 11% en moyenne, La COMESA de 6.7% et la CEDEAO de 10.6% (CNUCED 2011).

Une comparaison avec d'autres sous régions tel que la COMESA (5,4% en moyenne sur la même période), l'UEMOA (2,9% en moyenne sur la même période), et l'ANASE (5% en moyenne sur la même période), montre que la richesse créée a une évolution quasi-similaire dans les différentes sous-régions d'Afrique sub-saharienne. Ainsi, une décennie après l'entrée en vigueur du traité de la CEMAC, les résultats liés aux progrès du commerce sous régional

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restent encore modestes en comparaison aux résultats observables dans les autres sous-régions du continent (CEMAC, 2006, Banque Mondiale, 2012).

Il est donc intéressant pour nous de chercher à comprendre les raisons qui justifient ce faible taux d'échange entre les pays de la zone CEMAC.

De ce constat, découle notre question principale de recherche:

« Existe-t-il une explication logique à la faiblesse des échanges intra -CEMAC ? » De cette question principale découle deux questions secondaires :

Q1 : « Quels sont les facteurs qui influencent la faiblesse du commerce intra-

CEMAC ?»

Q2 : Comment ses différents facteurs s'agence-t-il pour influencer négativement les échanges commerciaux dans la zone CEMAC ?

III- : OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif de notre étude est constituée d'un l'objectif global et de deux objectifs spécifiques ? Objectif Global

Établir l'existence d'une explication à la faiblesse des échanges commerciaux intra-CEMAC ? Objectif spécifique 1

Déterminer les facteurs qui expliquent la faiblesse des échanges commerciaux intra-CEMAC ? Objectif spécifique 2

Mesurer l'influence des facteurs qui entrainent la faiblesse des échanges intra-CEMAC

IV : HYPOTHESES DE L'ETUDE

Les hypothèses sont des réponses provisoires aux questions fondamentales de la recherche. Celles-ci pourront être confirmées ou infirmées au terme d'une analyse approfondie des faits. Nos deux hypothèses sont les suivantes :

? Hypothèse principale

De nombreux facteurs mesurables et non mesurables s'agencent pour influencer négativement les échanges intra-CEMAC

De cette hypothèse découle deux hypothèses secondaires :

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H1 : les facteurs liés aux infrastructures de transport, à l'économie, à la géographie et à d'autres facteurs non tarifaires expliquent l'insuffisance des échanges intra-CEMAC

H2 : Le modèle de gravite permet de mesurer l'influence de ces facteurs sur le niveau des échanges commerciaux dans la zone CEMAC

V : L' INTERET DE L'ETUDE

Sur le plan scientifique, cette étude cherche à expliquer une vérité : l'intégration régionale en zone CEMAC n'entraine pas l'accroissement des échanges commerciaux. Ce qui est contraire à la théorie de VINER.J (de création et de détournement d'échanges). Ce constat nécessite une remise en question de nombreuses théories et ouvre une fenêtre de réflexion.

VI : LA REVUE DE LA LITTERATURE

Nous développerons notre revue de la littérature en deux temps, dans un premier temps nous aborderons la revue des concepts et dans un second temps nous développerons la théorie des unions douanières.

VI-1. Revue des concepts

Elle consiste à la définition des mots clés de notre thème d'étude qui : régionalisation, régionalisme, intégration, intégration régionale et commerce international.

? Régionalisation

La régionalisation est le fait de rendre régional. En matière d'organisation territoriale, la régionalisation est une forme de décentralisation au profit des régions auxquelles un Etat accorde une autonomie administrative et transfère certaines de ses prérogatives.

Elle renvoie aux développement des échanges intra zone dans le cadre d'accords régionaux de formes multiples entre des économies indépendantes et géographiquement proches, d'un point de vue purement commerciale. BOUET (2003)1 caractérise le régionalisme comme étant « la constitution d'accords commerciaux discriminatoires qui impliquent une numérisation préférentielle des marchés des pays membres et le maintien des barrières douanières plus élevé pour les pays non membres

1 les thermes des provinces gauloises, De Boccard, Paris, 2003)

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? Régionalisme

Le régionalisme est une attitude visant à valoriser et à défendre les intérêts et l'identité de régions particulières ou d'un groupe de régions, qu'elles soient officielles ou bien traditionnelles (divisions administratives ou politiques, subdivisions de pays ou unités infra-étatique).

Au sein d'une nation, dans un cadre politique, les régionalismes visent à accorder aux régions une autonomie relative, qu'elle soit politique ou économique. Les régions deviennent alors un échelon intermédiaire entre le pouvoir central de l'État et les institutions locales.

En relations internationales, le régionalisme désigne toute forme de coopération institutionnalisée entre deux ou plusieurs pays. Nous sommes en présence d'une forme de « pluralisme ordonné » (DELMAS-MARTY, 1998), qui ne se distingue du multilatéralisme que par le nombre des acteurs et la portée des règles (RUGGIE, 1992).

? Intégration

« De manière synoptique, quand on parle d'intégration, on vise un processus qui conduit à un plus grand degré de concertation entre les acteurs, d'interconnexions entre les unités et de diversification entre les activités créant un processus de relative irréversibilité et permettant une plus grande maîtrise des problèmes qui se posent à l'échelle régionale. II suppose un transfert de souveraineté et des structures institutionnelles »2.

Ainsi, l'intégration doit faire disparaître progressivement entre deux ou plusieurs pays les discriminations qui existent aux frontières nationales puisque celles-ci constituent « l'origine de discontinuités dans les échanges commerciaux, dans les mouvements des facteurs de production ou dans les politiques économiques générales : on vise des engagements plus poussés »3

? L'intégration régionale

L'intégration régionale est ainsi définie comme le processus par lequel une portion d'espace, peu importe sa taille, est peu à peu « remplie » par assez de substance sociale, économique, institutionnelle politique, culturelle, identitaire, etc. Pour devenir un système

2 (COUSSY J, HUGON P (sous la dir. de), Intégration régionale et ajustement structurel en Afrique subsaharienne, Paris : La Documentation française, 1991, p.47.)

3 BOGUIKOUMA M, L'intégration régionale en Afrique Centrale comme stratégie d'insertion dans le nouveau contexte de mondialisation, thèse de sciences politiques, Université d'Ottawa, octobre 1999, p.50.)

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distinct des autres et être finalement perçu comme tel. Bien que cela soit implicite, on peut penser que ces auteurs estiment qu'un ensemble est considéré comme intégré lorsqu'est atteint le dernier stade : l'union économique et politique chez Balassa ; le stade régional ou la société régionale, selon B. HETTNE et F. SÖDERBAUM (HETTNE et SÖDERBAUM 1998 et 2000).

L'intégration régionale est le processus qui consiste à surmonter, d'un commun accord, les obstacles politiques, physiques, économiques et sociaux qui séparent les pays de leurs voisins, et à collaborer dans la gestion de ressources partagées et de biens communs régionaux

? Commerce International

Au sens strict, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) entre les espaces économiques nationaux. Au sens large, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) et de services entre les espaces économiques nationaux. Les flux de services sont pris en compte dans la mesure où leur part progresse rapidement dans les échanges internationaux (surtout le transport, le tourisme et les services aux entreprises).

VI-2. Revue des ouvrages

Le champ de notre étude est l'économie internationale et nous travaillons sur l'intégration régionale et l'accroissement des échanges entre les états membres de la CEMAC. Notre travail sera guidé par la théorie libérale de l'intégration régionale et particulièrement par la théorie des unions douanières élaborée par VINER.J (1950)4

L'auteur analyse les unions douanières et fait la distinction entre les effets d'augmentation du commerce et les effets de diversion.

D'après VINER, le critère de l'union douanière est le gain provenant de l'union. Ce gain est la différence entre le commerce créé et le commerce détourné. L'effet de création se réfère à une augmentation du commerce entre les membres de l'union et l'effet de détournement, à une réduction du commerce avec le reste du monde.

VINER.J a montré que la mise en place d'une zone de libre échange est susceptible d'augmenter le bien-être des pays qui l'intègrent lorsque la demande d'importation est élastique, le niveau du droit de douane initial est élevé et la différence entre les coûts de production du partenaire et du reste du monde est faible.

4 VINER.J - The Customs Union Issue- (1950)

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Comme tout précurseur, il a dû simplifier la réalité et raisonner à partir d'hypothèses très simplificatrices.

La contribution principale de VINER.J consiste dans la définition et la distinction des effets de création et de détournement d'échanges. Mais il ne prend pas en considération le niveau du tarif douanier commun (TDC). Il raisonne selon une approche statique, sans tenir compte des réactions de l'offre et de la demande et ne considère qu'un seul produit, indépendant des autres produits. C'est une analyse d'équilibre partiel. Enfin, il ne mesure pas l'ampleur de ces deux effets.

Selon MUNDELL5 (1954), dans une union douanière entre deux pays, les termes de l'échange des deux pays s'améliorent, mais davantage ceux de celui qui a le droit le plus bas ; dans le cas de droits égaux, c'est le plus petit membre de l'union qui retire le plus grand bénéfice .La théorie des droits de douane suppose, quant à elle, que le droit améliore les termes de l'échange dans des conditions normales.

La théorie de VINER.J a été complétée dans un premier temps par MEADE J.E (1955)6

MEADE.J.E, s'il a critiqué la méthode de VINER, il n'a pas répudié pour autant son clivage principal. Sa méthode cependant, tout en acceptant de considérer au point de vue du bien-être les effets de détournement comme négatifs et ceux de création comme positifs, tend à faire apparaître un « indicateur global d'opportunité » qui tient compte de ce que les différents types de biens correspondant au trafic « détourné » ou « créé » n'affectent pas de la même façon le bien-être de la société . C'est MEADE.J.E qui, le premier, a supprimé l'hypothèse simplificatrice de VINER.J sur la constance de l'offre et de la demande totale lors de la formation de l'union douanière. Mais il l'a fait de manière très littéraire.

MEADE.J.E apporte trois précisions à l'analyse de VINER.J :

- l'existence d'un effet de consommation : si la demande augmente parce que l'union douanière se traduit par une baisse de prix dans le pays A, la consommation s'accroit ;

- la progressivité des variations ; - l'accroissement du bien-être.

5 Tariff preferences and the terms of trade,the manchester school of Economic and Social studies, vol.32.1954.

6 The Theory of Customs Unions North Holland Publishing 1955 pp 57

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L'augmentation de la production et de la consommation se répercute favorablement sur le bien - être des sujets économiques dans l'union douanière.

LIPSEY et GEHRELS(1956)7 se sont surtout préoccupés des phénomènes de substitution entre biens (et non plus seulement entre pays), et donc des effets de consommation entraînés par l'union douanière. Ils ont, en fait, prolongé l'analyse de VINER, en tenant compte de ce que les changements de source d'approvisionnement risquent à partir des modifications de prix relatifs qui s'opèrent à l'intérieur du même pays, de modifier toute la structure des consommations.

SCITOVSKY.T (1958) considère que quelques soit le sens des effets induits par la formation de l'union, ceux-ci agissent de façon marginale sur le bien-être régional et/ou mondial. Pour SCITOVSKY.T, l'essentiel de l'union douanière réside dans les mouvements de facteurs de production qu'elle entraîne (l'hypothèse d'immobilité des facteurs est ici levée). L'auteur concentre son attention sur les mouvements de capitaux, à l'origine, selon lui, d'une rationalisation poussée de la production et de la réalisation d'économies d'échelle. L'accroissement des investissements au sein de l'union est censé entraîner une variation des coûts de production (effets de différenciation des coûts de production) et par un accroissement du niveau de vie. Les capitaux étrangers iront de préférence là où le potentiel de retour sur investissement sera le plus prometteur (taille importante du marché, rendement d'échelle significatif, pouvoir d'achat élevé). Comme chez VINER.J, l'élévation du bien-être au sein de l'union devrait exercer à long terme des effets bénéfiques sur le reste du monde. Les travaux de HUMPHREY et FERGUSON(1960) ont formalisé la théorie de J.E MEADE

Les auteurs pensent que, en raisonnant sur un seul bien, un graphique de type H.G JOHNSON(1962) ou HUMPHREY et FERGUSON peut illustrer le jeu des effets de production et de consommation et arriver à une évaluation de l'incidence nette. Il faut pour cela supposer que les fonctions d'offre et de la demande sont linéaires et que le pays pivot A à des coûts croissants tandis que les deux autres pays B et C sont constants et donc des offres infiniment élastiques.

BALASSA BELA (1964) divise son ouvrage en trois parties. Dans la première, il examine les effets de l'intégration d'un point de vue statique (répartition des ressources à l'intérieur et à l'extérieur de l'union, avec étude séparée des effets de la levée des barrières commerciales,

7 The theory of customs union Trade Diversion and Welfare - Economic journal, Février 1957 et Grehels : Custom union from a single country viewpoint - the review of economic studies, 1956

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puis de la mobilité des facteurs de production). Dans la seconde partie, il étudie ces effets d'un point de vue dynamique (relation entre la taille des nations et la croissance économique, problème des économies externes et internes, effets de l'intégration sur la structure des marchés, le progrès technologique, le commerce extérieur, les investissements...). Enfin, dans la troisième partie, il expose les problèmes de politiques économiques posés par l'intégration : développement régional, harmonisation des politiques sociales, fiscales et monétaires, problèmes des balances des paiements, coordination des politiques de stabilité et de croissance.

En prolongeant les arguments de LIPSEY.R.G, d'autres auteurs sont arrivés à des conclusions proches. BOURGUINAT.H(1968) montre que les processus d'intégration entraînent d'infinies solutions possibles8.

À partir d'arguments différents de ceux développés par LIPSEY.R.G et ses prolongateurs, d'autres auteurs ont complété la théorie des unions douanières.

C'est le cas de R.G. AKKIHAL(1973) qui montre que si, suite à la formation de l'union, la nouvelle source d'approvisionnement est plus éloignée du lieu de consommation que ne l'était l'ancienne, alors les effets de création et de détournement de commerce seront moins intenses que ceux prévus par VINER.J9

PERROUX.F (1982) conteste, quant à lui, l'idée que les effets sur le commerce définis par VINER.J, MEADE.J.E et LIPSEY.R.G puissent être bénéfiques pour le bien-être national, régional ou mondial. Pour F. PERROUX, l'intégration régionale risque de se traduire non pas par l'élimination des entreprises les moins «efficientes», mais par les moins «puissantes» Cette dernière critique débouche rapidement sur un débat plus général qui est celui de savoir si le libre-échange rapproche du bien-être mondial ou en éloigne.

LUTZ.M et WONNACOTT.P (1989), en appliquant les arguments de LIPSEY.R.G aux seuls biens intermédiaires, montrent que les détournements de commerce n'entraînent pas nécessairement une perte nette d'efficience.

8 Bourguinat (Henri), Les marchés communs des pays en développement, Genève : Droz, 1968

9 Locational effects in the theory of customs union and welfare analysis» , Indian Economic Journal (The), 21 (1), july-september 1973.

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Dans la filiation d'AKKIHAL.R.G, KRUGMAN.P (1991), par exemple, insiste sur la nécessité de tenir compte des économies de coûts de transfert et de communication réalisées lors de la formation de l'union.

En accord avec les conclusions de LIPSEY.R.G, KOWALCZYK.C (2000) montre que certains effets provoqués par la formation de l'union ne sont ni des effets de création, ni des effets de détournement de commerce. Il en va ainsi des achats nouveaux, que l'union réalisera auprès des pays tiers, pour certains produits complémentaires à ceux bénéficiant d'effets de création, d'expansion et de détournement de commerce au sein de l'union (volume-of-trade effects). C. KOWALCZYK insiste également sur les variations (provoquées par la formation de l'union) des prix mondiaux des biens échangés entre les partenaires de l'union et les pays tiers (terms-of-trade effects). En combinant ces deux effets, C. KOWALCZYK lève au passage la contradiction apparente entre la proposition de LIPSEY.R.G (nécessité d'un commerce mutuel fort avant l'union) et celle de RIEZMAN.R (nécessité d'un commerce mutuel faible avant l'union) puisque désormais tout dépend de la taille des pays formant l'union et de leur capacité à influencer les prix mondiaux.

Les travaux de DEMELLO [1993), VENDABLES [1999], KRUGMAN [1991], HUGON [2002 ,2003] ont poursuivi l'analyse de VINER.J et ont réussi à démontrer que le processus d'intégration régionale génère des bénéfices pour les pays membres. Pour ces auteurs, même si les arrangements d'une intégration régionale sont parfois conduits principalement par des soucis non reliés aux simples facteurs économiques, ils ont pourtant de grandes implications économiques aussi bien pour les pays membres que pour les pays non membres.

VENABLES A.J. (1999, 2003) complète l'analyse de Viner tout en démontrant que les gains et les pertes au sein d'une zone de libre 'échange dépendent des avantages comparatifs de chaque pays membre relativement aux autres pays membres de la région et au reste du monde.

DISSOU et ROBICHAUD (2004) ont montré que l'impact 'économique d'une zone de libre échange (Union douanière) sur les économies des Etats membres dépend, entre autres, de caractéristiques 'économiques et, en particulier, du fonctionnement du marché de travail (structure du marché de travail).

JUYUONG CHEONG et KAR-YIU WONG (2007) par contre, examinent la relation entre le volume de détournement des échanges et le changement du bien- être en utilisant deux différents types de modèles : le commerce inter-industrie en présence de la concurrence pure

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et parfaite et le commerce intra-industrie avec l'oligopole (concurrence imparfaite). Ils ont trouvé que si le commerce est du type »inter-industrie», un plus grand volume des échanges détournés d'un pays tiers (le reste du monde) plus efficace, en raison d'un plus petit tarif initial et d'une plus grande taille du marché local, diminue l'amélioration du bien-être qu'un pays peut obtenir en intégrant une zone de libre-échange. Si par contre le volume des échanges détournés est petit, le changement dans le bien-être pourrait être positif.

GUILLOCHON.B et KAWECKI. A (2009) aborde dans le même sens que MUCHIELLI et MAYER, tout en stipulant que l'intégration exerce des effets complexes sur les économies des Etats membres et des pays tiers, effets qui peuvent-être 'étudiés en statique (effet de d'détournement et de création de trafic) ou en dynamique ('économie d'échelle et concurrence imparfaite).

VII- METHODOLOGIE DE L'ETUDE

PINTO.R et GRAWITZ. M (1986) définissent la méthode comme étant « un ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »10. De même, KUYUNSA B. et SHOMBA K (1986) Pensent que la méthode est « l'effort intellectuel qui organise le choix du sujet et accompagne le chercheur dans la collecte des données »11.

Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, il est important d'adopter une méthodologie. Ainsi donc, dans le cadre de cette étude, nous avons opté pour une méthode hypothético-déductive. Cette approche, inspirée par LEIBNIZ, va du général au particulier. Il est question pour le chercheur de formuler une question de recherche en s'inspirant d'une théorie de portée générale, émettre des hypothèses concernant une situation particulière, les tester afin de les confirmer ou de les infirmer et ainsi supporter ou apporter à la théorie initiale.

L'approche conceptuelle de la recherche retenue est l'approche non expérimentale.

Elle se concentre sur l'étude de la réalité dans sa dynamique naturelle. Ces études ne crée pas de situation pour observer ce qui change dans l'entourage à partir de la situation crée, mais elle cherche à décrire, expliquer et prévoir la réalité à partir d'une approche de leur

10 PINTO R, et GRAWITZ M, méthodes des Sciences Sociales, 7è Edition Dalloz, Paris, 1986, p.36

11 KUYUNSA B, et SHOMBA K., Idem, p.37

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dynamique naturelle. HERNANDEZ, SAMPIERI et al 2003 distinguent deux types de recherches non expérimentales selon la dimension temporelle de l'étude et le nombre de moment et de points temporels ou les points sont collectés :

Les conceptions transactionnelles corrélationnelles/causales qui cherchent à décrire les corrélations entre variables ou les relations causales entre les variables dans un groupe ou plusieurs groupes de personnes objets ou indicateurs et à un moment déterminé.

Les conceptions longitudinales qui collectent les données sur des variables ou leurs relations à au moins deux moments pour évaluer le changement produit.

Nous avons choisis la conception transactionnelle corrélative parce qu'elle correspond le mieux à notre étude.

Comme méthodes et technique de collecte, nous allons utiliser la recherche documentaire. Et comme outils la fiche de lecture. Pour le traitement et analyse des données nous utilisé la méthode de l'analyse de contenu et comme logiciel de traitement de données STATA

La recherche documentaire.

Il s'agit pour nous d'inventorier les travaux existants en lien avec notre problématique afin de savoir ce qui a déjà été fait et de mieux cerner notre contribution sur le sujet.

Nous avons consulté les bibliothèques de l'IPD-AC (Institut panafricain pour le développement), la bibliothèque de l'université de Douala. Nous avons également consulté la documentation du MINRESI (Ministère de la recherche scientifique et de l'innovation), du MINEPAT (Ministère de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire), de la CEMAC, et de la CEA BSR AC. Nous avons également utilisé les sites Internet pour la consultation des différentes bases de données.

VIII- TECHNIQUES D'ANALYSE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES

Pour analyser et traiter les données, nous avons utilisé trois techniques bien précises à savoir l'analyse du contenu, le traitement manuel et un modèle de gravité.

- Analyse Du Contenu

Pour l'analyse du contenu, nous avons procédé par une étude des résultats des fiches de lecture afin d'en tirer des éléments nous permettant de tester notre hypothèse.

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- Traitement Manuel

Le traitement manuel quant à lui a consisté à analyser manuellement les données obtenus en les comparant, les confrontant à d'autres analyses, en faisant les calculs nécessaires dans le dessein de tirer également d'éléments nous servant à tester notre hypothèse.

- Modèle De Gravite

Enfin, nous avons estimé à l'aide d'un modèle de gravité la responsabilité d'autres facteurs dans la variation des échanges intra-communautaires en zone CEMAC. Le tableau ci-après présente les variables, les indicateurs, les méthodes, techniques et outils de collectes de données.

Tableau n°1 : Tableau d'opérationnalisation des variables

Hypothèses

Variables

Indicateurs

collectes de

données

Outils de

collectes

Traitement des

données

1ere hypothèse

les facteurs liés aux

infrastructures de transport,

à l'économie, à la

géographie et à d'autres
facteurs non tarifaires

La longueur du réseau La qualité du réseau Le degré de corruption La mauvaise gouvernance La diversification des produits

Recherche documentaire

Fiche de

lecture,

Manuel

H1 : les facteurs liés aux

infrastructures de
transport, à l'économie, à la

géographie et à d'autres

facteurs non tarifaires

expliquent l'insuffisance
des échanges intra-CEMAC

expliquent l'insuffisance

des échanges intra-
CEMAC

Variation des échanges entre pays membres

Recherche documentaire

Fiche de

lecture,

Manuel

2è hypothèse

Le modèle de gravité

- Le PIB

- La distance

- La langue

- La diversification

- La gouvernance

- Le degré de
corruption

Recherche documentaire,

Fiche de

lecture,

Manuel, Stata

H2 : Le modèle de gravité

explique le niveau

d'interaction de ces
facteurs

Explique le niveau

d'interaction de ces
facteurs

Variation totale des échanges

Recherche documentaire,

Fiche de

lecture,

Manuel, Stata

Source : Travail de l'étudiant

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IX- PLAN DE L'ETUDE

Pour ce qui est de la forme, notre travail suit un plan dichotomique c'est -à dire, constitué de deux parties, comprenant chacune deux chapitres. Le premier et le troisième chapitre étant purement théoriques et le deuxième et le quatrième essentiellement empiriques.

La première partie est intitulée : Cadre théorique et empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC.

Dans cette partie nous aurons au chapitre 1 : « approche conceptuel et théorique des échanges commerciaux » et au chapitre 2 : Etude empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC.

La deuxième partie intitulée : modèle de gravite comme cadre d'analyse des facteurs qui limitent les échanges commerciaux intra-CEMAC.

Dans cette partie, nous aurons au chapitre 3 : cadre théorique du modèle de gravite et justification des variables retenues et au chapitre 4 : conceptualisation et estimation du modèle de gravite.

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PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET EMPIRIQUE DES LIENS ENTRE L'ACCROISSEMENT DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMAC

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

L'accroissement des échanges intra-CEMAC est une préoccupation constante de la plupart des pays membres de la sous-région. Malgré l'importance accordée à cette question et les nombreuses dispositions institutionnelles prises (TEC, TPG, TVA) en vue de promouvoir le commerce inter-régional, vecteur important de l'intégration régionale, la part des échanges inter-régionaux est restée très marginale.

Les échanges intracommunautaires de la CEMAC plafonnent à moins de 45000 millions de dollars US12, et restent dominés par une dizaine de produits dont les huiles brutes de pétrole, les carburants et lubrifiants, les sucres raffinés, les huiles végétales, les bières, les savons de ménage, les tôles et bandes en aluminium, les ciments, les bois contreplaqués, les tabacs et cigarettes lait, viande, cuirs et peaux, etc.

Il faut noter qu'actuellement le commerce inter-régional représente à lui seul un quart du commerce mondial. Plus de 60% du commerce des pays européens s'effectuent au sein de l'Union Européenne. De même, le développement de l'Asie s'accompagne d'une régionalisation des échanges : la région devient moins dépendante du reste du monde, que ce soit pour ses achats ou pour ses débouchés. Le commerce interne à la zone Asie a ainsi doublé au cours des années 90. Mais le commerce africain reste très mitigé. Qu'en est- il des échanges intra-CEMAC ?

Cette partie est constituée de deux chapitres, le premier chapitre présentera l'approche conceptuelle et théorique des échanges commerciaux et le second nous parlera de l'étude empirique des liens entre l'accroissement des marches et le développement des échanges commerciaux dans les pays de la zone CEMAC.

12 BAD, 2012

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CHAPITRE 1 : APPROCHE CONCEPTUELLE ET THEORIQUE DES ECHANGES COMMERCIAUX

INTRODUCTION PREMIER CHAPITRE

Le terme d'échanges commerciaux est généralement associé aux échanges qui ont lieu entre différentes cultures ou aux échanges transfrontaliers (Frontières nationales ou internationales).

Ce chapitre a pour objectif de présenter de manière théorique les notions d'échanges commerciaux. Il est donc constitué de deux sections. La première section nous présentera l'approche conceptuelle (définition des différents concepts) de l'intégration régionale et de l'ouverture des marchés et la section 2 parlera de l'approche théorique du commerce international.

SECTION I : APPROCHE CONCEPTUELLE (DEFINITION DES CONCEPTS) DE L'INTEGRATION REGIONALE ET L'OUVERTURE DES MARCHES.

Dans cette section il sera question de définir les différents concepts clés de notre étude d'une part et d'autre part nous aborderons les notions de la conception des échanges commerciaux.

I-1- Définition des concepts

I-1-1 Intégration

« De manière synoptique, quand on parle d'intégration, on vise un processus qui conduit à un plus grand degré de concertation entre les acteurs, d'interconnexions entre les unités et de diversification entre les activités créant un processus de relative irréversibilité et permettant une plus grande maîtrise des problèmes qui se posent à l'échelle régionale. II suppose un transfert de souveraineté et des structures institutionnelles ».

Ainsi, l'intégration doit faire disparaître progressivement entre deux ou plusieurs pays les discriminations qui existent aux frontières nationales puisque celles-ci constituent « l'origine de discontinuités dans les échanges commerciaux, dans les mouvements des facteurs de production ou dans les politiques économiques générales : on vise des engagements plus poussés »

I-1-2. Intégration régionale

L'expression intégration régionale désigne le processus par lequel des territoires peu ou pas reliés les uns aux autres forment petit à petit un ensemble régional distinct du reste du monde.

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Cet ensemble est plus que la simple addition de ses parties. Beaucoup de spécialistes admettent deux types d'intégration régionale :

? L'intégration dite « formelle » est la moins difficile à définir. Des pays peuvent entrer dans un accord régional et former un espace commun : on peut dire par exemple que les 6 pays fondateurs de la Communauté économique européenne se sont intégrés dans l'espace communautaire en 1958. On peut ainsi dire que l'ALENA, le MERCOSUR, l'UNASUR, le CAFTA, l'ASEAN sont des exemples d'intégration régionale puisque les pays membres font à chaque fois partie d'un accord régional. Enter dans l'accord signifie qu'on intègre une portion d'espace mondial définie par cet accord, sans préjudice de ce qu'il se passe à l'intérieur. Il s'agit d'un processus top down piloté par les gouvernements.

? L'intégration régionale « fonctionnelle », dite parfois « réelle » ou « approfondie ». Il s'agit du processus par lequel les interactions entre des territoires contigus croissent à tel point qu'elles finissent par être plus intenses en interne qu'avec les territoires situés à l'extérieur. La croissance des interactions est observable dans la géographie des pratiques des acteurs à tous les niveaux (individus, firmes, institutions, etc.). Les ensembles régionaux intégrés se lisent ainsi dans la géographie des pratiques sociales, économiques et politiques et non nécessairement dans les limites des grands ensembles fondés sur des accords. Ce sont les pratiques qui font la région et permettent d'en lire les contours.

L'intégration régionale est le processus qui consiste à surmonter, d'un commun accord, les obstacles politiques, physiques, économiques et sociaux qui séparent les pays de leurs voisins, et à collaborer dans la gestion de ressources partagées et de biens communs régionaux.

I-1-3. Régionalisation

Le mot régionalisation est le plus ambigu. Il est donc préférable d'en préciser le sens à chaque usage, à moins que le contexte de son utilisation soit suffisamment clair. Dans tous les cas, le mot régionalisation est utilisé par commodité mais il est très ambigu car il contient la racine « région ».

Le mot peut désigner :

? La concentration régionale des échanges : des pays voisins échangent de plus en plus entre eux et la proportion de leurs échanges avec le reste du monde décroît. On parle alors de régionalisation des échanges commerciaux, des flux migratoires, des flux de toutes natures.

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Il s'agit là de la dimension régionale de la mondialisation, étudiée principalement par les économistes et certains géographes.

? La concentration régionale de certaines pratiques : on peut parler de régionalisation des pratiques lorsque des acteurs, quels qu'ils soient, privilégient leur voisinage régional dans tel ou tel domaine. On parlerait ainsi de régionalisation de l'action extérieure d'un gouvernement ou de l'action d'une firme si leurs actions sont tournées en priorité vers la région du monde où ils se trouvent et moins vers des régions plus éloignées. Mais on est ici aux franges de ce qu'on appelle le régionalisme (voir ci-dessous), ce qui crée une forme d'ambiguïté.

? L'homogénéisation de certaines pratiques ou la socialisation des acteurs à l'échelle régionale : des acteurs situés dans la même partie du monde en viennent à utiliser le même langage ou les mêmes pratiques, adossées aux mêmes normes et standards de comportement, les mêmes représentations, etc. Cette multiplicité de sens oblige à être explicite à chaque utilisation.

? Le découpage du monde en portions d'espace continues et de grande taille : par exemple, les entreprises, les institutions, les ONG, etc. découpent le monde en grandes régions et mettent en oeuvre leurs stratégie dans le cadre géographique ainsi proposé (DIDELON, GRASLAND, RICHARD, 2009).

? La multiplication des organisations régionales fondées sur des accords régionaux signés par des pays contigus.

I-1-4. Régionalisme

Le mot régionalisme pose moins de problèmes. Ce n'est pas un processus spontané. Il implique plutôt l'idée d'une action consciente et planifiée, d'une stratégie mise en oeuvre par un acteur individuel ou collectif. On peut par exemple parler de régionalisme lorsque plusieurs Etats voisins tentent d'abaisser les barrières douanières qui les séparent, à condition que les acteurs impliqués soient contigus dans l'espace. Les acteurs du régionalisme sont en général des Etats qui souhaitent approfondir et donner un caractère plus organisé ou mieux régulé à leurs relations de voisinage. Le régionalisme implique donc l'idée d'une coopération politique renforcée voire d'une coordination, éventuellement dans le cadre d'un accord commercial ou politique régional. Le régionalisme peut aussi désigner une forme d'idéologie politique, économique ou managériale qui amène un acteur à penser que le voisinage régional doit être la priorité stratégique de son action. Il peut ainsi être une sorte de paradigme,

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une norme de comportement qui s'impose aux acteurs, un cadre à l'intérieur duquel toute pensée politique et économique doit être développée dans un domaine ou un ensemble de domaines définis. Le mot régionalisme peut s'appliquer à d'autres acteurs que les Etats : firmes, ONG, réseaux, etc. peuvent mettre en oeuvre des stratégies de déploiement qui donnent la priorité au voisinage régional.

I-1-5. Commerce International

Au sens strict, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) entre les espaces économiques nationaux. Au sens large, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) et de services entre les espaces économiques nationaux. Les flux de services sont pris en compte dans la mesure où leur part progresse rapidement dans les échanges internationaux (surtout le transport, le tourisme et les services aux entreprises).

I-2 : APPROCHE CONCEPTUELLE DE L'INTEGRATION REGIONALE ET L'OUVERTURE DES MARCHES

I-2-1. La théorie classique de l'intégration

Elle se développe à partir de la réflexion pionnière de Viner (1950) qui s'intéresse aux effets de l'union douanière sur l'échange international ; celui-ci montre que la formation d'une union douanière, qui se traduit par l'institution d'un tarif extérieur commun, engendre deux effets possibles, l'un de détournement des échanges, au détriment des pays non-membres, et l'autre de création des échanges au profit des pays membres de l'union. C'est en fonction de ces deux effets que l'on peut juger de l'incidence et des conséquences économiques de l'union douanière.

Les développements ultérieurs, que l'on doit notamment à LIPSEY (1957) et MEADE (1956), analysent l'incidence sur l'utilisation des ressources du côté des consommateurs et les effets de bien-être, et s'intéressent, avec COOPER et MASSELL (1965) aux avantages que 1'union peut présenter en terme de marché pour chaque économie membre. Ces travaux influencent fortement le processus dans les pays en développement, à partir des travaux pionniers de MYINT (1967), MEIER (1968), MIKESSELL (1970) et ROBSON (1971). On s'attache à rechercher les conditions qui permettent à l'intégration régionale d'être le plus proche possible de la situation de libre-échange, puisque l'intégration est conçue comme un second best.

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I-2-2. La politique douanière

Elle constitue l'instrument principal d'intégration, en veillant à ce que, du fait des changements dans les structures tarifaires, les modifications des prix relatifs ne soient pas défavorables à une allocation optimale des ressources et au bien-être. Ce sont les modifications des prix et des quantités qui modèlent les comportements des agents, pour favoriser le développement des échanges entre les pays membres.

Un accent particulier est donc mis sur le développement des échanges par extension des marchés. Ceci doit se faire par un accroissement de la capacité d'exportation de chaque économie, grâce à la politique tarifaire, la réalisation de l'équilibre extérieur, et ce que MIKESSELL appelle les conséquences sur le bien-être d'un déplacement de la frontière des échanges. Il est significatif que du point de vue de la terminologie, on ne parle en Afrique que d'union douanière, avec l'UDEAC et la CEDEAO.

I-2-3. La formation d'une union régionale

Elle se caractérise par la suppression des droits de douane à l'intérieur, l'établissement d'un tarif extérieur commun, l'unification des régimes applicables aux investissements, la libre circulation des Hommes et des biens. C'est le triomphe de ce que PERROUX (1968) appelle l'intégration de la théorie traditionnelle des échanges dont il analyse l'échec.

Cet échec se vérifie dans le cas des pays africains où la multiplicité des organisations régionales n'apporte aucune impulsion décisive, ni aux échanges intra-communautaires, ni au commerce extérieur de ces pays. Pire, on observe, s'agissant des échanges intra-communautaires que plus le pays se développe et connaît une croissance forte, moins le commerce intra-communautaire pèse sur ses échanges extérieurs (BEKOLO-EBE, 1977).

Les politiques tarifaires et les fiscalités harmonisées s'avèrent inefficaces, tant pour développer les échanges que pour impulser l'investissement. Il n'y a ni détournement des échanges, puisque les polarisations traditionnelles demeurent en direction des pays développés, essentiellement les anciennes métropoles, ni création de nouveaux flux d'échanges, puisque les échanges intra-communautaires restent marginaux, malgré l'apparition dans certains cas de pays relais (BEKOLO-EBE, 1977).

Comme l'a montré PERROUX, cette conception de l'intégration réduit les pays à un comportement passif. Les échanges au sein de l'union et entre celle-ci et les pays tiers sont

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analysés comme des échanges entre firmes indépendantes, entre micro unités dont l'objectif est la maximisation de la production et de la consommation, à partir des prix et des quantités sans qu'interviennent d'autres variables, considérées comme données.

Cette conception traditionnelle particulièrement réductrice, s'est effacée au profit d'une nouvelle conception de l'intégration, visant non plus seulement à construire un marché, mais à impulser des modifications structurelles affectant toute l'économie. Celle-ci se conçoit comme un processus par lequel on s'efforce de créer, au sein d'une économie ou entre diverses économies données, une interdépendance et un réseau de relations tels que l'appareil de production, les structures d'accompagnement (monétaires, financières, infrastructures...) rendent l'espace autonome et organisé, en fonction de lui-même, et que, simultanément, l'appareil de production ainsi structuré soit mis au service des populations afin qu'elles puissent s'en servir, le dominer et l'orienter en fonction de leurs besoins.

I-2-4. La vision des pays Africains

Les développements théoriques qui ont accompagné l'expérience européenne ont joué un rôle déterminant dans cette évolution conceptuelle. Les pays africains semblent désormais admettre avec PERROUX (1968) que « la mécanique du marché de concurrence n'est jamais l'essentiel dans la dynamique d'intégration », et que les transformations à opérer sont moins le résultat d'un effet mécanique des prix liés à la modification des droits de douane, que le résultat de décisions délibérées, conscientes et systématiques, prises pour mettre en place les structures voulues et pour obtenir certains prix et coûts.

La mutation conceptuelle pose la problématique de l'intégration, en élargissant le champ d'analyse et de vision aux problèmes de structures, aux conditions d'accumulation et d'investissements, aux compatibilités et incompatibilités entre les centres de décisions, à la résorption des déséquilibres entre partenaires de l'union.

I-2-5. La nouvelle conception de l'intégration

Elle paraît faire sienne l'analyse de BARRE (1968), selon laquelle l'union douanière est une notion du XIXe siècle où les Etats vivaient dans une atmosphère de libéralisme économique. Aujourd'hui, ils élaborent des politiques monétaires conjoncturelles, douanières, dont ne peut rendre compte cette théorie. L'Union douanière est l'infrastructure possible, mais pour que l'édifice tienne, il faut passer aux politiques communes et à une action consciente.

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La démarche désormais suivie en Afrique emprunte cette orientation, si l'on en juge par les réformes et les mutations imprimées aux différentes institutions, tant sur le plan organisationnel que structurel.

SECTION II : APPROCHE THEORIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL

Le commerce international a fait l'objet d'une première analyse scientifique au tournant du xviiie siècle, s'opposant à la doctrine mercantiliste alors en vigueur, qui y voyait un jeu à somme nulle. Amorcée par le « père de l'économie politique », ADAM SMITH, cette nouvelle analyse du commerce international, visant à montrer au contraire que le commerce entre nations procure un gain net, sera approfondie par DAVID RICARDO, puis, au XXe siècle, par ELI HECKSCHER, BERTIL OHLIN et PAUL SAMUELSON.

Dans cette section, nous représenterons tour à tour les différentes théories économiques consacrées à l'analyse des échanges commerciaux.

II.1. CADRE CLASSIQUE TRADITIONNELLE (ADAM SMITH, DAVID RICARDO ET HECKSCHER, BERTIL OHLIN ET PAUL SAMUELSON)

Les auteurs classiques de l'analyse économique justifient les échanges internationaux au nom de l'allocation optimale des ressources au niveau mondial. En effet, l'analyse des relations économiques internationales répond à la même problématique que celle développée dans un cadre national : comment satisfaire un maximum de besoins avec des ressources limitées.

II.1.1 La vision d'ADAM SMITH

ADAM SMITH, dans son ouvrage intitulé « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations » intègre son analyse des échanges internationaux dans son analyse globale du fonctionnement de l'activité économique. Il se fonde donc sur les mêmes principes (liberté individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter les Etats à se spécialiser sur les productions sur lesquelles ils bénéficient d'un avantage absolu.

Du fait notamment de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d'une avance technologique, les pays disposent d'un certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils bénéficient d'un avantage absolu, c'est à dire pour lesquels les entreprises nationales produisent à un coût de production inférieur à celui d'une entreprise étrangère.

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En conséquence, chaque nation doit chercher à se spécialiser dans les secteurs d'activité pour lesquels elle dispose de cet avantage absolu. Ceci signifie que les facteurs de productions ne servent pas à produire l'ensemble des biens et services nécessaires à la satisfaction des agents économiques nationaux mais doivent être concentrés sur un nombre limité de biens et services ou la nation possède un avantage comparatif en termes de coût de production. Elle justifie donc ainsi l'échange et la spécialisation internationale.

Cette spécialisation se met en place entre les différentes nations participant aux échanges internationaux, il se crée ainsi une division internationale du travail fondée sur les avantages comparatifs dont dispose chaque nation à un moment donné.

Cette division internationale, non seulement favorise une allocation optimale des ressources au niveau mondial, mais en plus est favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges.

La spécialisation permet d'accroître la production mondiale de biens et services pour une consommation constante de facteurs de production et permet alors de satisfaire un plus grand nombre de besoins.

II.1.2 La vision de DAVID RICARDO

DAVID RICARDO reprend ce concept mais ne se situe plus dans le cadre des avantages absolus mais plutôt dans le cadre des avantages relatifs.

DAVID RICARDO applique l'approche d'ADAM SMITH à une situation où un pays dispose d'un avantage absolu dans tous les domaines de production. Selon ADAM SMITH, cette situation conduirait à ce que le pays le plus compétitif produise l'ensemble des biens de production. Hors, la réalité est différente. DAVID RICARDO en cherche donc les raisons et tend par la même à démontrer que les Etats ont toujours intérêt à échanger, même si l'un est plus compétitifs que l'autre dans tous les domaines.

Au concept d'avantage absolu, RICARDO propose le concept d'avantage relatif en disant qu'un pays dispose d'un avantage comparatif relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son coût de production est le moins éloigné de celui du pays le plus compétitif, c'est à dire dans la production ou l'écart de coût entre les deux pays est le plus faible.

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Le principe de l'avantage comparatif, dénommé aussi le principe des coûts comparés, s'énonce ainsi : « A la condition nécessaire et suffisante qu'il existe une différence entre les coûts comparés constatés en autarcie dans plusieurs pays, chacun d'eux trouvera avantage à se spécialiser et à exporter les biens pour lesquels il dispose du plus fort avantage comparé ou du moindre désavantage comparé, en important en échange les autres biens de ses partenaires ». Il est l'argument économique le plus général et le plus puissant pour démontrer l'intérêt de l'échange international et de la spécialisation.

Chaque pays va donc devoir se spécialiser et échanger même si un pays est moins productif que l'autre dans toutes les productions. En effet, cette spécialisation permettra globalement d'économiser des facteurs de production. La division internationale du travail reste donc souhaitable mais diffère de celle qui découlerait de l'analyse fondée sur la théorie des avantages absolus.

II.1.3 La vision de E. HECKSCHER et B. OHLIN

Au début du XXe siècle, deux auteurs suédois, E. HECKSCHER (1919) et B. OHLIN (1933) ont renouvelé la théorie de l'avantage comparatif en l'expliquant par des éléments plus facilement modélisables qui sont les quantités relatives de facteurs (terre, travail, capital) détenues par une région ou par une nation. L'intuition de ces auteurs est que les pays exportent les produits contenant intensivement les facteurs dont ils disposent en abondance et importent les biens qui nécessitent l'utilisation de facteurs dont ils ont pénurie.

Dans ce modèle, les coûts relatifs des produits s'expliquent par les coûts relatifs des facteurs, qui proviennent eux-mêmes de l'utilité et de la productivité de ces facteurs, qui sont elles-mêmes dépendantes des quantités relatives de facteurs dont les pays ou les régions disposent. Les dotations factorielles étant différentes d'un pays à l'autre, les raretés ou abondances relatives de facteurs se traduisent par des différences de coûts comparés des biens, qui sont à l'origine des échanges.

Ainsi, le théorème énoncé par E. HECKSCHER, B. OHLIN et P. SAMUELSON (économistes du XXe siècle), mieux connu sous le sigle HOS constitue un approfondissement de l'oeuvre de Ricardo en expliquant plus précisément l'origine et le choix de la spécialisation d'un pays et en raisonnant explicitement sur plusieurs facteurs de

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production (le travail, mais aussi le capital et la terre) dont les différentes qualités sont prises en compte.

Ce théorème peut s'énoncer ainsi : « Dans l'échange international, en régime de libre-échange, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont le mieux pourvu ». Ainsi, selon eux, les nations sont amenées à exporter les produits incorporant une forte quantité du facteur de production qu'elles détiennent en abondance et à importer les produits incorporant une forte quantité du facteur de production dont elles sont peu dotées.

Le modèle néo-classique de l'avantage comparatif aboutit, comme le modèle de Ricardo, à montrer sans difficulté l'existence d'un gain d'échange réciproque pour les participants, même dans le cas de pays défavorisés pour tous les biens. Cependant, à l'exception de l'hypothèse de concurrence parfaite, les hypothèses de base diffèrent dans les deux modèles ainsi que certains résultats.

II.2. LES NOUVELLES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL

Dans sa théorie des avantages comparatifs RICARDO insiste sur le fait que c'est parce qu'un pays est plus compétitif dans la fabrication d'un produit qu'il l'exporte. Les années 1980-90 sont marquées par un renouvellement profond de l'analyse des échanges internationaux. Il s'agit des nouvelles théories du commerce international développées par des auteurs comme PAUL KRUGMAN et HELPMAN.

II.2.1 Différence entre les théories traditionnelles et les nouvelles théories du commerce

international

PAUL KRUGMAN et HELPMAN considèrent que c'est surtout en exportant qu'un pays devient plus compétitif. C'est en prenant part au commerce international, en faisant le pari de l'ouverture aux échanges internationaux, que chaque pays multiplie ses avantages.

- Dans l'analyse de Ricardo

? Existence d'un avantage comparatif

? Ouverture aux échanges internationaux ? Naissance d'un avantage comparatif

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- Dans les nouvelles théories du commerce international

Cette approche montre que les avantages comparatifs n'ont rien de définitif, ni d'exclusif et peuvent être construits, voire choisis arbitrairement. Un pays peut par exemple se fabriquer un avantage comparatif en privilégiant une certaine production même si au départ il n'est pas particulièrement bien doté en facteurs de production pour y parvenir.

Les nouvelles théories de l'économie internationale ont ainsi apporté de nouveaux arguments aux thèses favorables à l'ouverture internationale. Elles considèrent que les gains du commerce sont cumulatifs : l'ouverture internationale provoque des avantages comparatifs qui permettent une plus grande ouverture et ainsi de suite.

En définitive, l'ouverture internationale et l'accès à des marchés plus vastes permettent des rendements d'échelle croissants ainsi, en accédant à des marchés plus vastes, une entreprise peut mieux tirer parti de sa spécialisation. En effet, tout effort d'investissement (augmentation du capital) afin d'améliorer sa compétitivité lui permet d'écouler sa production auprès d'un nombre plus important de consommateurs que ne le permettrait le seul accès au marché national, ce qui assure une meilleure rentabilité des investissements, l'amélioration des profits, etc.

II.2.2 La vision de PAUL KRUGMAN

PAUL KRUGMAN préconise donc une ouverture croissante des économies et donc une libéralisation du commerce tout en acceptant une politique étatique volontariste d'incitation à l'exportation.

Mais il pense qu'une politique commerciale stratégique de subvention et même de protectionnisme temporaire peut être profitable car elle permet de contrer le monopole étranger qui arrive sur le marché national.

Il ressort cependant de beaucoup d'analyses que la croissance du commerce international ne profitait pas à toutes les nations de la même manière et les questions suivantes se posent de plus en plus :

- Le commerce international engendre-t-il pour les PED un développement du sous-développement ?

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- Un PED peut-il compter sur l'insertion au marché mondial pour réussir à se développer ?

Ces interrogations prennent tout leur sens si l'on considère que l'importance croissante des firmes transnationales, le développement d'un commerce international intra-branche et la forte mobilité des capitaux à l'échelle planétaire constituent une profonde rupture avec le contexte dans lequel Ricardo envisageait les bienfaits de l'échange.

Tout d'abord, l'importance croissante des firmes transnationales modifie profondément la nature du commerce international. Il s'agit de moins en moins d'échanges de pays à pays et davantage de transactions internes entre les différentes unités de production d'une même entreprise. Ces transactions échappent donc de plus en plus aux Etats ainsi qu'aux tentatives de réglementation et de contrôle internationaux qu'ils pourraient mettre en place afin de les organiser.

Ensuite, le développement du commerce international intra-branche rend prépondérant les échanges entre pays ayant des niveaux de développement identiques. C'est ainsi que l'essentiel des échanges internationaux se font entre pays industrialisés ; ce qui laisse peu de place aux pays ne disposant pas des mêmes atouts en termes de technologies, de qualification de la main d'oeuvre, etc.

De l'autre côté, la très forte mobilité des capitaux peut se révéler être un handicap pour certains pays. En effet, les capitaux se déplacent d'un pays à l'autre en quête de rendements attractifs. Or, les investisseurs parient davantage sur les économies déjà très performantes, sur des économies émergentes ou potentiellement émergentes. Ainsi, les pays en développement (PED) qui connaissent des difficultés dans leur développement économique ou encore une forte instabilité politique et/ou sociale seront boudés par les investisseurs au profit de lieux plus sûrs pour faire fructifier leurs capitaux.

Enfin, le commerce international peut faire naître des rapports de domination. Ainsi, pour François Perroux, la domination ne résulte pas d'un processus délibéré mais résulte des inégalités de forces productives (quantités, qualité et combinaison des facteurs de production) entre les pays. Les pays dominants disposant d'un appareil productif développé, spécialisés dans des biens à forts gains de productivité et dans des secteurs à forte croissance de la demande, acquièrent rapidement une position clé sur le marché au détriment des autres. De plus, les prix évoluent souvent de façon favorable aux nations dominantes qui voient leurs

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termes de l'échange s'améliorer au détriment des nations les moins performantes. Les marxistes partagent ce point de vue, mais pour eux, cette situation traduit la volonté délibérée d'exploitation des pays pauvres par les pays riches.

CONCLUSION CHAPITRE 1

Ce chapitre nous a permis de faire une étude théorique sur les échanges commerciaux.

Nous avons abordé dans un premier temps la définition des concepts pour avoir le sens exact des différents mots et concepts clés utilisés dans ce travail. Nous avons par la suite abordé le concept de l'intégration régionale et de l'ouverture des marchés, et enfin nous nous sommes penchés sur les différentes théories du commerce international les théories classiques traditionnelles de (ADAM SMITH, DAVID RICARDO et HECKSCHER, BERTIL OHLIN et PAUL SAMUELSON) et les nouvelles théories du commerce international (PAUL KRUGMAN et HELPMAN)

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CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE L'ACCROISSEMENT DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMAC

INTRODUCTION DU CHAPITRE 2

Dans ce chapitre, il est question de regarder de manière empirique le lien entre l'ouverture du marché et le développement des échanges commerciaux. Ce chapitre sera constitué de deux sections. La première section traitera de l'état des lieux du commerce intra-CEMAC et la seconde fera l'analyse du lien entre les deux variables. Deux méthodes successives seront utilisées à savoir : l'analyse graphique et le calcul du coefficient de corrélation de Bravais Pearson.

SECTION I : ETAT DES LIEUX DU COMMERCE INTRA CEMAC

Dans cette section, nous nous attellerons à ressortir l'évolution du commerce intra CEMAC d'une part et d'autres, nous présenterons les contributions des différents pays au commerce intra-CEMAC.

I.1. Evolution du commerce intra CEMAC

Dans la littérature économique, on parle d'intégration des marchés lorsque les échanges de produits entre pays se font dans les mêmes conditions qu'à l'intérieur des pays. Dans un marché intégré, les prix de produits identiques sont les mêmes à travers les différents pays et domaines de compétence géographique, les seules déviations admises étant celles qui sont liées au coût du transport. Au sein des CER, cela revient à dire que l'évolution de l'offre et/ou de la demande dans un pays donné se répercute sur le prix et/ou le volume des transactions dans d'autres États membres. La CEMAC a entrepris, dans la poursuite de cet idéal, d'appliquer une série de mesures pour accélérer l'intégration du commerce et du marché en son sein.

Aucune de ces mesures régionales n'a permis jusqu'à présent de hisser le pourcentage des échanges intra-CEMAC au-dessus d'un niveau négligeable par rapport au volume total. Lorsqu'on se réfère aux différentes formes de l'intégration régionale énumérées par BELA BALASSA . (2013) et des effets positifs attendus par celle-ci (NESADURAI, 2003), il ressort que la régionalisation en zone CEMAC est à une étape suffisamment avancée par rapport à certains regroupements régionaux (ANASE, ZLEA, etc.). La CEMAC a franchi en théorie l'étape de Zone de libre-échange depuis 1998 par l'application d'un TPG

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aux échanges de produits reconnus originaires de la communauté. Cependant, les normes révisées d'application du TPG et du TEC n'ont pas encore été fortement appliquées par les administrations nationales des douanes et les opérateurs économiques. En conséquence, les systèmes productifs des pays de la CEMAC souffrent d'une adaptation structurelle réelle ; la relance de l'intégration économique reste ainsi fragile et sans impact significatif, parce que les systèmes productifs n'ont pas fondamentalement changés. Ils auraient permis l'accroissement de la production et favoriser l'intégration sectorielle tant à l'intérieur de l'économie de chaque Etat membre de la CEMAC qu'entre les économies de la sous-région.

La part du commerce entre les pays membres de la CEMAC est passée de 5% au début des années 70 à 1,89% en 2002, après avoir atteint un plancher historique de 0,9% en 1992. En effet depuis 1970, les échanges entre ces pays ne progressent pas en pourcentage. De 1970 à 2002 ce pourcentage est demeuré en moyenne à 2,4% seulement du commerce global de ces pays. Le commerce de la CEMAC avec les pays africains dépasse en pourcentage celui des pays membres entre eux et durant cette période la moyenne de cette part en pourcentage est de 4,6%. Par contre le commerce de la CEMAC avec les autres pays du reste du monde est plus grand que celui avec les deux autres car durant cette période, 93% du commerce de l'union est réalisé avec les pays hors Afrique. En 2006, les échanges intra CEMAC se situaient à 0,1 % dans la CEMAC contre 12,2% dans l'UEMOA alors que la ZLEA, l'ALENA, l'ANASE, l'UE et la ZE réalisent respectivement 58,6%, 53,8%, 24,9%, 67,6% et 49,7%. Cette situation découle de la structure du commerce extérieur des pays de la CEMAC. Les échanges intra-communautaires en Afrique Centrale sont non seulement marginaux, mais aussi peu diversifiés. La production des matières premières par l'ensemble de ces pays ne favorise donc pas les échanges croisés comme c'est le cas pour les produits manufacturés (échange de gamme ou de similitude). C'est pourquoi, même la dévaluation du Franc CFA de 1994 ne s'est pas accompagnée d'une création et d'un détournement de trafic au profit de cette sous-région comme c'est généralement le cas lors d'un ajustement monétaire au sein d'une union économique et monétaire.

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Graphique 1 : répartition du commerce des pays de la CEMAC

Répartition du commerce des pays de la CEMAC

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 

1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002

Années

Commerce des pays de

CEMAC avec le reste du

monde

Commerce interafricain des

pays de CEMAC

Commerce intra CEMAC

Source : Secrétariat exécutif de la CEMAC 2003

Graphique 2 : Valeur des exportations intra CEMAC au cours des années 2000-2010 en millions (USD).

Les flux commerciaux intra-régionaux ont augmenté de 8 à 12 % entre 1993 et 1997 (CEA 2005). Bien qu'également constitués de produits manufacturés et de services, les échanges intra régionaux concernent fortement le commerce des produits vivriers dans les marchés frontaliers. Le Cameroun est le plus grand exportateur et importateur, autant en valeur qu'en qualité.

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I.2 - CONTRIBUTION DES DIFFERENTS PAYS AU COMMERCE INTRA CEMAC

? Cameroun

Le volume relativement important et la diversité des exportations (huit produits environs) du Cameroun vers les autres pays de la CEMAC lui confèrent le rang de premier en termes de participation au commerce au sous régional. Ce pays est le seul pays de la sous-région à avoir des frontières communes avec tous les autres pays, position qui le prédispose à d'importantes transactions commerciales. Il offre également à la sous-région l'essentiel de son marché. En effet, avec plus de 21 millions d'habitants qu'il enregistre, le Cameroun possède environs un tiers de la population totale de la CEMAC. Plusieurs corridors conventionnels passent par le Cameroun. Il s'agit notamment des corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui, reliant le pays respectivement au Tchad et à la RCA, tous deux pays enclavés. Autant d'éléments font du Cameroun le leader commercial de la sous-région. Parmi les produits exportés vers la CEMAC, Le café, le cacao et le pétrole brut représentent près de 70 % des exportations du pays au cours des six dernières années, le bois brut étant en phase de devenir un produit classique. Le degré d'ouverture (EXP+IMP)*100/2*PIB de l'économie camerounaise est l'un des plus important de la sous-région : 19,5 ; 21,38 ; 23,10 ; 18,2 ; 20,3 respectivement en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010. Son indice de concentration des produits exportés s'est amélioré allant de O, 56 en 2006 à O, 60 en 2010.

Graphique 3 : importation du Cameroun vers la CEMAC

40000

60000

50000

30000

20000

10000

0

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Importation du Cameroun vers la CEMAC

Gabon

Congo

RCA

TCHAD

Guinée Equatoriale

Source : Auteur à partir des données CNUCED

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Graphique 4 : Exportation du Cameroun vers la CEMAC

Exportation du Cameroun vers la CEMAC

Gabon

Congo

RCA

TCHAD

Guinée Equatoriale

400000 300000 200000 100000

0

 
 
 

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

 

Source : Auteur à partir des données CNUCED

L'analyse du graphique ci-dessus laisse apparaitre très clairement que le Cameroun exporte plus qu'il importe dans la CEMAC.

? Tchad

Le Tchad fait partie des pays enclavés de la sous-région. Ses échanges se font de manière importante par le Cameroun qui constitue sa principale ouverture sur la mer. Cependant, ce facteur n'influence pas beaucoup ses échanges à l'échelle sous régionale, hors mis le fait que cette situation a conduit à la construction d'une infrastructure routière de meilleure qualité entre les deux pays et qui pourrait leur être bénéfiques dans le cadre de leurs échanges bilatéraux. La participation du Tchad au commerce intra-CEMAC est assez mitigée. Il est l'un des pays qui échangent moins à l'intérieur de la sous-région. Le Cameroun est le pays de la sous-région qui enregistre le plus d'échanges avec le Tchad. Le Tchad exporte vers le Cameroun principalement des bovins et caprins ainsi que des ouvrages en caoutchouc et en fer, alors qu'il importe du Cameroun les produits chimiques et les denrées alimentaires transformées en plus des matières premières (coton, soufre). Cette situation pourrait trouver une explication dans la structure de production du pays. En effet, le Tchad fait partie des pays africains dont l'économie est à dominance d'hydrocarbures (Pétrole).

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Tableau 2: Exportations du Tchad vers CEMAC

Produits par ordre d'importance

Millions FCFA

%

Arachides

106,95

39,8

Animaux vivants de l'espèce bovine

45,48

16,9

Autres tubes et tuyaux en fer ou en acier

97,15

12,0

Tourteaux et autres résidus solides extraits de graisses ou huiles végétales

31,25

11,6

Graines et fruits oléagineux

12,80

4,8

Bouteurs, pelles mécaniques

20,00

2,5

Vêtements

16,91

2,1

Carrosseries de véhicules

4,09

1,0

Accumulateurs électriques

7,98

1,0

Voitures

7,84

1,0

Source : Investir en Zone Franc - www.izf.net (2010) Tableau 3: Importations du Tchad vers CEMAC

Produits par ordre d'importance

Millions FCFA

%

Huiles de pétrole

17,95

40,3%

Ciments hydrauliques

6,00

13,5%

Savons

3,68

8,3%

Autres tabacs et succédanés de tabac

3,51

7,9%

Constructions et parties de constructions

2,24

5,0%

Pâtes alimentaires

0,95

2,1%

Registres, livres comptables, carnets de note

0,51

1,2%

Bières de malt

0,46

1,0%

Eaux y compris les eaux minérales naturelles ou artificielles et les eaux gazéifiés

0,37

0,8%

Bonbonnes, bouteilles et récipients en verre

0,33

0,7%

Source : Investir en Zone Franc - www.izf.net (2010)

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? République Centrafrique

La RCA est également l'un des pays enclavés de la sous-région. Ses importations lui parviennent essentiellement par le Cameroun et par le Congo. Il est après le Tchad le second plus vaste pays, mais avec une très faible population. Les multiples crises politiques qui ont secoué le pays depuis son accession à l'indépendance, associées aux différentes crises économiques qui ont frappé le pays, ont fait de ce pays l'un des plus pauvres du continent et sans doute le plus pauvre de la sous-région. Sa faible population et la précarité dans laquelle elle vit ne fait pas de ce pays une destination privilégiée pour les investisseurs tant de la sous-région que d'ailleurs. La faible industrialisation du pays et la faible diversification de sa production le contraignent à exporter principalement les produits primaires, de base à destination des pays d'Europe et d'Amérique et à importer de grandes quantités de produits pour satisfaire la demande interne. C'est pourquoi le pays exporte très peu vers la sous-région, et importe en grande quantité. Concernant les produits exportés par ce pays, Si le diamant est depuis 1963 la première richesse commerciale de la RCA au point de constituer ces dernières années plus de la moitié de la valeur de ses exportations, les produits agricoles demeurent un levier important de son économie. Le café et le coton sont les deux productions essentielles : ils ont représenté respectivement 23,7% et 14,7% de la valeur des exportations en 199813. Les autres cultures commerciales, produits oléagineux (arachide, sésame, noix et amande de

palme), caoutchouc, tabac, rocelle, cacao, poivre ont un rôle secondaire. Leur part dans
la valeur des exportations atteint à peine 5%. En dehors du diamant et des cultures d'exportation, seul le bois, 2,1%, le cuire et quelques peaux de produits de cueillette, méritent de figurer dans les statistiques du commerce extérieur.

L'instabilité de l'indice d'Ogive de l'économie du pays traduit le faible résultat des politiques de diversification entreprises. Le café, le tabac et le bois constituent des produits classiques d'exportation. Le bois brut est devenu le principal produit d'exportation, son poids relatif étant passé de 18 % des exportations de biens en moyenne sur la période 1987 - 1993 à 50 % au cours des six dernières années. La production de diamants semble rester constante au cours de la période. Son degré d'ouverture était de 8,55 ; 7,83 ; 7,4 ; 6,58 ; 8,35 respectivement en 2006 ; 2007 ; 2008 ; 2009 ; 2010. Son indice de concentration des exportations est resté stable depuis 2006 à 0,51.

13 Jean Bernard Juchel; « Les cultures d'exportation de la RCA » ; revue de géographie de Lyon, vol 42, No 424 ; pages 395-424 ; 1967.

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Graphique 5 : Importation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015

40000

30000

20000

10000

0

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Importation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015

Gabon

Guinée equatoriale

CMR

Congo

Tchad

Graphique 6 : Exportation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015

Exportation de la RCA vers la CEMAC de 1993 à 2015

60000

Gabon

Guinée equatoriale

CMR

Congo

Tchad

40000

20000

0

 

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

 

Source : auteur à partir des données de la CNUCED

La RCA importe de la CEMAC plus qu'elle en exporte. La production agricole n'a cessé de baisser d'année en année depuis la faillite des entreprises d'Etat et des suites des conflits armés. Dans l'ensemble, elle ne couvre pas les besoins nationaux et le pays recoure à des importations alimentaires massives, en constante augmentation, qui occasionnent d'importantes sorties des devises, environ 120 milliards de FCFA par an. Les importations des produits concernent surtout le riz, l'arachide, la viande bovine, la volaille, le poisson, la pomme de terre, le poulet et l'oignon qui servent à satisfaire la demande alimentaire urbaine. Les exportations sont presque insignifiantes sauf pour l'année 2004 où elle a atteint un niveau record sans doute expliqué par la bonne saison agricole qu'a connu le pays cette année-là. Aujourd'hui, le pays doit donc importer massivement de ses voisins pour satisfaire la demande du marché interne en pleine mutation.

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? Congo

La crise qui a frappé le continent dans les années 80 n'a pas épargné le Congo. De 1985 à 1994, le pays a connu une série d'ajustement qui l'a conduit à la privatisation et à la liquidation de plusieurs entreprises publiques. Ces problèmes structurels ont été aggravés par des troubles et les guerres civiles survenues après les élections de juin 1997 et Décembre 1998. Au sortir des guerres en 1999, l'économie était dévastée, l'essentiel du système de production et de commercialisation et les infrastructures de base avaient été détruites, en particulier dans le sud du pays, ou se concentre l'essentiel de la production14. Le redressement de l'économie nationale et la réhabilitation des infrastructures ont été engagés en décembre 1999, à la cessation des hostilités. Le retour à la paix civile, à la sécurité et à des cours mondiaux favorables pour les deux principaux produits d'exportation du pays (pétrole et bois), ont engendré un retour de la croissance économique (essentiellement liée au secteur pétrolier qui représente 5 % du PIB, 66% des recettes publiques et 90 % de la valeur des exportations. Tous ces facteurs ont fortement influencé sur la participation du pays au commerce intra-CEMAC. En effet, dans un climat d'insécurité comme ce fut le cas au Congo jusque dans les années 1999, il est difficile que le commerce s'y passe sans grands heurts. En plus de cela, il existe des déficits liés à la structure de production de ce pays.

L'examen des indices de diversification montre que l'économie est également fortement concentrée, avec cinq principaux produits. L'indice d'Ogive y est resté stable au cours de la période, preuve d'une faible expérience de diversification. L'arrêt des exportations de rondins d'eucalyptus, qui ont cessé d'être commercialisés au début des années 2000, a réduit la gamme de produits du pays, avant le redémarrage des exportations observés en 2006 . Son degré d'ouverture était de 60.4 ; 55.11, 48.34, 57.98, 52,61 respectivement en 2006 ; 2007 :2008 ; 2009 ; 2010. Son indice de concentration des exportations à stagner à 0.91 au cours de la période allant de 2006 à 2010

14 Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ; organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Gouvernement de la république du Congo ; appui à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA ;TCP/PR/2905(I) (NEPAD Ref.07/31F).volume IV de V

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Graphique 7 : Importation du CONGO vers la CEMAC de 1993 à 2013

Importation du Congo vers la CEMAC de
1993 à 2013

1500000

1000000

500000

0

 
 
 
 
 
 

Gabon

CMR

Tchad

RCA

Guinée Equatoriale

 

1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

 

Graphique 8 : Exportation du CONGO vers la CEMAC de 1993 à 2013

Exportation du Congo vers la CEMAC entre
1993 et 2013

Gabon

CMR

Tchad

RCA

Guinée Equatoriale

600000

500000

400000

300000

200000

100000

0

1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013

Source : auteur à partir des données de la CNUCED

Au Congo l'évolution des exportations et des importations intra CEMAC dégage deux périodes. La première de 1995 à 2003 se caractérise par de très faibles valeurs des exportations et par des importations très instables. Ceci s'inscrit en droite ligne avec l'instabilité politique qu'a connu le pays (CEA/BSR-AC, 2010). La faiblesse des importations peut également s'expliquer pendant cette période par la chute du niveau de vie des congolais. En 1996, il était estimé que 70% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Le

39

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PIB par habitant, qui a chuté de 1100 dollars en 1990 à 650 dollars en 200315 , traduit la dégradation des revenus au cours des dix dernières années. La deuxième période s'étend de 2004 à 2012 et se caractérise par une augmentation considérable à la fois des importations et des exportations intra-CEMAC du pays. Ceci est entre autre dû à la stabilité du processus de diversification. Les fortes importations du pays pour cette deuxième période s'expliquent par le fait qu'avec le retour de la croissance depuis l'embellie des cours de matières premières sur le marché international, l'agriculture congolaise s'est caractérisée par son incapacité à couvrir les besoins d'une population sans cesse croissante.

? Gabon

Graphique 9 : Importation du GABON vers la CEMAC de 1993 à 2009

Importation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à

2009

70000

60000 50000 40000 30000 20000 10000

0

 

Tchad

RCA

Congo

Cameroun

Guinéé Equatorial

 
 
 

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Source : auteur à partir des données de la CNUCED

15 Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ; organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Gouvernement de la république du Congo ; appui à la mise en oeuvre du NEPAD-PDDAA ;TCP/PR/2905(I) (NEPAD Ref.07/31F).volume IV de V

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Graphique 10 : Exportation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à 2009

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Exportation du Gabon vers la CEMAC de 1993 à

2009

90000

80000 70000 60000 50000 40000 30000 20000 10000

0

 

Tchad

RCA

Congo

Cameroun

Guinéé Equatorial

 
 
 

Source : auteur à partir des données de la CNUCED

SECTION II : ANALYSE DU LIEN ENTRE L'OUVERTURE DES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT DES ECHANGES COMMERCIAUX DANS LES PAYS DE LA ZONE CEMAC

Pour analyser le lien entre la variable ouverture des marchés et celle du développement des échanges commerciaux, nous allons procéder en deux étapes. Nous commencerons par nous servir de la statistique descriptive pour analyser l'évolution des courbes de nos deux variables. Pour approfondir la présomption que nous donnera la statistique, nous procèderons ensuite au calcul du coefficient de Bravais Pearson pour confirmer ou infirmer le lien et le sens de la corrélation entre l'accroissement des marchés et le développement des échanges commerciaux dans la CEMAC.

II-1. La statistique

L'analyse graphique est une bonne manière de comprendre les différentes phases d'évolution d'une variable. Son emploi permet donc de mieux appréhender le lien qui existe entre l'évolution de deux variables quoi que ne constituant qu'une simple présomption. Le graphique « courbe » est, avec les nuages de points, des outils privilégiés pour l'analyse graphique.

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Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC

Graphique 11 : PIB taux annuel et flux commerciaux

-10000

40000

60000

50000

30000

20000

10000

0

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

PIB Taux de croissance annuel

Flux commerciaux

Source : auteur à partir des données de la CNUCED

A l'observation du graphique ci-dessus, nous constatons que les deux courbes évoluent dans le même sens. L'amplitude des variations des flux commerciaux est plus importante que celle relative à l'évolution du taux de croissance annuel. L'analyse du graphique ci-dessus conduit à conclure qu'il existe une faible corrélation entre nos deux variables. L'analyse que l'on fait des résultats issus de la statistique descriptive ne pouvant être considérée que comme une présomption, nous allons procéder par la suite au calcul d'un coefficient de corrélation entre nos deux variables pour confirmer ou infirmer l'analyse faite du graphique ci-dessus. La littérature économique nous propose plusieurs coefficients mais, dans le cadre de ce travail, nous avons choisi d'utiliser celui de Bravais-Pearson.

II-2. Calcul du coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSON

II.2.1 Théorie sur le coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSON

Le coefficient de corrélation de Bravais-Pearson est un indice statistique qui exprime l'intensité et le sens (positif ou négatif) de la relation linéaire entre deux variables quantitatives. C'est une mesure de la liaison linéaire, c'est à dire de la capacité de prédire une variable x par une autre y à l'aide d'un modèle linéaire. Il permet de mesurer l'intensité de la liaison entre deux caractères quantitatifs. C'est donc un paramètre important dans l'analyse des régressions linéaires (simples ou multiples). En revanche, ce coefficient est nul

(r = 0) lorsqu'il n'y a pas de relation linéaire entre les variables (ce qui n'exclut pas l'existence d'une relation autre que linéaire). Par ailleurs, le coefficient est de signe

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Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC

positif si la relation est positive (directe, croissante) et de signe négatif si la relation est négative (inverse, décroissante). Ce coefficient varie entre -1 et +1 ; l'intensité de la relation linéaire sera donc d'autant plus forte que la valeur du coefficient est proche de +1 ou de - 1, et d'autant plus faible qu'elle est proche de 0.

- une valeur proche de +1 montre une forte liaison entre les deux caractères. La relation linéaire est ici croissante (c'est-à-dire que les variables varient dans le même sens16);

- une valeur proche de -1 montre également une forte liaison mais la relation linéaire

entre les deux variables est décroissante (les variables varient dans le sens contraire); - une valeur proche de 0 montre une absence de relation linéaire entre les deux

caractères.

Le coefficient r de Bravais-Pearson entre deux variables X et Y se calcule à partir de la covariance et des écart-types en appliquant la formule suivante :

NB : L'existence d'une corrélation élevée entre deux variables x et y ne conduit pas à l'existence d'une relation de cause à effet. On utilise la connaissance de x pour prédire des valeurs de y ; cela n'implique pas qu'un changement de x cause un changement de y.

II-2 TEST DE CORRELATION ENTRE LES DIFFERENTES VARIABLES : OUVERTURE DES MARCHES ET DEVELOPPEMENT DU COMMERCE (CROISSANCE) ENTRE LES ETATS MEMBRE DE LA CEMAC

Il s'agit ici, de procéder au calcul du coefficient de corrélation de Bravais -Pearson entre la variable flux commerciaux et celle relative à l'ouverture du marché des pays formant notre zone d'étude à savoir les pays de la CEMAC.

La variable flux commerciaux prise en compte ici correspond aux valeurs annuelles des importations et exportations de la CEMAC pendant la période 1995 à 2013. La variable PIB/

- 16 Zarrouk Fayçal, ISSEP Ksar-Said, Cours de statistiques à distance, 2011-2012

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Tête représente le PIB total et par habitant, taux de croissance annuel de la CEMAC durant la période 1995 à 2013

Tableaux N°4 : résultat du test de corrélation

Variables

Coefficient de corrélation

Flux commerciaux

- 0,03898

PIB/ Tête

Source : auteur

Il ressort de l'observation des résultats du calcul du coefficient de corrélation de Bravais Pearson que la variable flux commerciaux est négativement corrélé aux PIB/Tête dans les pays de la zone CEMAC. De plus le coefficient de corrélation de Bravais Pearson est de

(- 0.03898), est proche de 0, il montre une absence de relation linéaire entre les deux caractères.

Ce chapitre nous montre dans la statistique que les deux courbes évoluent pas dans le même sens. L'amplitude des variations des flux commerciaux est plus importante que celle relative à l'évolution du PIB/Tête, taux de croissance annuel. De même le coefficient de corrélation de Bravais Pearson montre une absence de relation linéaire entre les deux caractères. CONCLUSION PREMIERE PARTIE

Dans cette partie il était question dans un premier temps de présenter l'état des lieux du commerce Intra - CEMAC , puis ressortir à travers des graphiques la contribution de chaque pays membre dans le commerce Intra - CEMAC et enfin analyser grâce à la statistique et au coefficient de corrélation de BRAVAIS PEARSON l'existence des liens entre l'ouverture des marchés et le développement des échanges commerciaux dans la zone CEMAC.

De cette analyse, il ressort une absence de relation linéaire entre la variable Flux commerciaux et la variable PIB.

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DEUXIEME PARTIE : LE MODELE DE GRAVITE COMME CADRE
D'ANALYSE DES FACTEURS QUI LIMITENT LES ECHANGES
COMMERCIAUX INTRA- CEMAC

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

La CEMAC voit le jour des cendres de l'UDEAC. Cette institution à caractère intégrateur nourrissait dans ses débuts la volonté de promouvoir les échanges sans barrières entre les pays de la sous-région Afrique Centrale mais avec une protection vis-à-vis des pays tiers. Bien même qu'elle soit devenue CEMAC et qu'elle ait atteint le stade du marché commun, le commerce intracommunautaire demeure entravé par plusieurs barrières. Si les barrières tarifaires ont été levées, les barrières non tarifaires demeurent un frein aux échanges commerciaux des pays.

Cette partie nous permettra de déterminer les différents freins qui expliquent la faiblesse des échanges commerciaux intra-CEMAC et de mesurer l'influence de ces freins ou facteurs à l'aide du modèle de gravité.

Elle sera donc constituée de deux chapitres (chapitre 3 et chapitre 4) :

- Le chapitre 3 nous présentera le cadre théorique du modèle de gravite et la justification des variables retenues ;

- le chapitre 4 nous présentera la conceptualisation et estimation du modèle de gravite.

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CHAPITRE 3 : CADRE THEORIQUE DU MODELE DE GRAVITE ET
JUSTIFICATION DES VARIABLES RETENUES

INTRODUCTION DU CHAPITRE 3

La résolution du problème de la faiblesse des échanges commerciaux intra-CEMAC est devenue de nos jours une priorité pour les politiques publiques au niveau national et sous régional. De ce fait, avec la signature des accords de Cotonou qui sonnent le glas des accords préférentiels fondés sur la réciprocité, entre l'Union Européenne (UE) et les régions des pays d'Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) ; l'analyse des causes de la faiblesse du commerce intra-zone constitue à la fois une préoccupation majeure et un défi, autant pour les gouvernements de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) que pour leurs partenaires au développement.

Dans ce chapitre, nous présenterons le modèle de gravité, les conditions de son application, ainsi que les différentes variables que nous avons retenues pour son application dans le cadre du commerce intra-communautaire en zone CEMAC.

SECTION I : CADRE THEORIQUE DU MODELE DE GRAVITE

I.1. analyse générale du modèle de gravite

La première étude empirique de commerce utilisant le modèle de gravité était celle de TINBERGEN.S (1962), bien qu'il n'y avait aucune explication de l'usage du modèle, ni comment il est relié aux explications théoriques du commerce international. Les principaux modèles du commerce international à l'époque comprenaient le modèle Ricardien, qui se fondait sur les différences de technologie entre les pays pour expliquer la structure des échanges et le modèle HECKSCHER-OHLIN (HO) qui s'appuie sur les différences de dotations factorielles entre les pays comme base pour le commerce. Les modèles standards ricardien et HO était alors supposés incapables de fournir une base pour le modèle de gravité.

La première tentative importante de fournir une base théorique aux modèles de gravité était venue du travail d'ANDERSON J. (1979). Il l'a fait dans le cadre d'un modèle où les produits sont différenciés par pays d'origine et où les consommateurs ont des préférences définies sur l'ensemble des produits différenciés. Cette structure impliquerait que, indépendamment du prix, un pays consommera au moins un peu de tous les produits de tous les pays. Tous les biens sont échangés, tous les pays échangent et, à l'équilibre, le revenu national est la somme

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des demandes domestiques et étrangères du bien unique que chaque pays produit. Pour cette raison les grands pays importent et exportent plus. Les coûts commerciaux sont modelés comme des coûts "d'iceberg", qui sont seulement une fraction des produits expédiés arrivés à destination, le reste ayant fondu dans le transit. En clair, si les importations sont évaluées à la valeur C.A.F, les coûts de transport réduisent les flux commerciaux. Dans la littérature empirique, ces coûts de transport sont supposés monotones et croissants avec la distance. Les développements inclus ultérieurs, introduisent la concurrence monopolistique dans le modèle (BERGSTRAND L, 1990)17. Les modèles de concurrence monopolistique surmontent la caractéristique indésirable des modèles d'ARMINGTON, qui supposent que les produits sont différenciés par la localisation de la production. La localisation des entreprises est déterminée de façon endogène et les pays sont spécialisés dans la production de différentes catégories de produits.

I.1.1 importance des spécifications dans le modèle de gravite

De récents travaux ont montré que, loin d'être un outil purement économétrique sans base théorique, les modèles de gravité peuvent découler d'une variété de théories du commerce. DEARDORFF V. A. (1998) montre qu'un modèle de gravité peut résulter d'une théorie traditionnelle de proportions de facteurs du commerce et dérive d'elle une relation de type gravitaire. EATON ET KORTUM(2001) ont tiré une équation de type gravitaire d'un modèle du type Ricardien. ANDERSON J. et VAN WINCOOP(2003) l'on tiré d'un modèle de concurrence monopolistique à produits différenciés et HELPMAN E. et al. (2004) l'ont obtenu à partir d'un modèle théorique de commerce international à produits différenciés avec hétérogénéité des entreprises.

Cette recherche récente met l'accent sur l'importance de tirer les spécifications et les variables utilisées dans le modèle de gravité de la théorie économique. Seulement alors, des inférences correctes tirées d'estimations utilisant le modèle de gravité pourront être établies. Par exemple, l'importante contribution du papier d'ANDERSON J. et VAN WINCOOP a été de souligner que le contrôle des coûts relatifs de transaction est crucial pour un modèle de gravité

17 Le modèle de concurrence monopolistique représente sans doute le fondement théorique le plus solide de l'équation de gravité mais la généralité de cette relation autorise en fait plusieurs interprétations théoriques. An sens large, les conditions pour que les flux de commerces bilatéraux correspondent à une équation de type gravitaire sont:

1) Que les pays soient spécialisés

2) Que les préférences soient relativement homogènes dans les différents pays

3) Qu'il existe des coûts de transaction reliés à la distance séparant les pays. Les deux premières conditions font référence aux termes de la taille et la dernière à la distance.

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bien spécifié. Leurs résultats théoriques montrent que le commerce bilatéral est déterminé par les coûts de transaction relatifs, c'est la propension du pays i importer du pays j qui est déterminé par le coût de transaction du pays i vers j par rapport à l'ensemble de ses «résistances» à importer (Moyenne pondérée des coûts de transaction) et à la "résistance" moyenne face aux exportateurs du pays j, et non simplement par le coûts de transaction absolue entre les pays i et j (ANDERSON J. et VAN WINCOOP, 2003).

I.1.2 Le modèle de gravité du point de vue empirique

Du point de vue d'un modèle de gravité empirique, cela implique qu'après un contrôle de la taille du pays et de la distance bilatérale, le commerce sera plus élevé entre les paires de pays qui sont loin du reste du monde qu'entre les paires de pays qui sont près du reste du monde. Ainsi, des termes de résistance multilatérale (souvent proxy avec des index d'éloignement dans la littérature empirique du commerce) doivent être ajoutés aux variables de gravité standards. Alternativement, des estimations non biaisées de l'impact de la distance et d'autres variables bilatérales sur les flux commerciaux bilatéraux peuvent être obtenues en remplaçant les indices de résistance multilatérale par des « variables indicatrices » importateur et exportateur (ANDERSON et VAN WINCOOP, 2004). Ces « variables indicatrices » pays vont capturer toutes les caractéristiques propres à chaque pays et vont contrôler le niveau global des importations/exportations d'un pays.

Il est important de noter dans ce contexte que lorsque des « variables indicatrices » spécifiques-pays sont introduites dans le modèle de gravité, il n'est plus possible d'estimer le rôle séparé des variables qui varient, à travers des pays, mais non de façon bilatérale (comme le PIB, la population, la qualité des infrastructures, les institutions, etc.). Par ailleurs, d'autres variables de politique dans le modèle n'expliquent que la répartition du commerce d'un pays à travers des partenaires commerciaux, mais pas le niveau global des échanges. Et la réactivité du commerce à une variable politique reflète le degré de substituabilité des biens échangés.

Une autre question qui a récemment reçu une attention à la fois dans la littérature théorique et empirique sur le modèle de gravité est la preuve que la moitié de toutes les paires de pays ne commercent pas avec d'autres et que le commerce bilatéral n'est pas symétrique. Une étude récente menée par HELPMAN E. (al. 2004) développe un cadre théorique qui détermine à la fois l'ensemble des partenaires commerciaux d'un pays et le volume des échanges. Le modèle est celui du commerce international de produits différenciés et d'entreprises hétérogènes, où les entreprises font face à des coûts fixes et variables d'exportation. Le zéro-commerce entre

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un pays i et un pays j se produit lorsque la productivité de toutes les entreprises dans le pays i, par exemple, est inférieure au seuil qui rendrait l'exportation vers le pays j rentable (profitable). Les différences de coûts de transaction entre pays et l'hétérogénéité des entreprises expliquent également les asymétries entre le volume des exportations de i vers j et j vers i.

Plusieurs études empiriques abandonnent des observations de zéro-commerce sur les échantillons de pays. Souvent, cela est une simple conséquence de la spécification log-linéaire de l'équation de gravité. Sur la base de leur modèle, HELPMAN E. Soutient que l'abandon des observations de zéro- commerce a d'importantes conséquences pour l'analyse empirique, car elle génère des estimations biaisées. Ils soutiennent également que la spécification standard d'un modèle de gravité, en imposant des flux commerciaux symétriques (le volume des importations en provenance de A vers B est égal aux importations de B vers A), est incompatible avec les données, et biaisent aussi les résultats. Pour résoudre le problème, ils proposent un processus d'estimation en deux étapes afin d'obtenir une estimation non-biaisée et cohérente de leur équation de gravité. Dans la première étape, la probabilité que deux pays échanges est estimée. Dans la deuxième étape, un modèle de gravité augmentée des effets fixes des pays importateur et exportateur est estimé, qui comprend également une variable qui contrôle le biais de sélection de l'échantillon et un autre qui contrôle l'hétérogénéité des entreprises non observés. Ils montrent également que cette procédure modifie considérablement certains des résultats classiques du modèle de gravité: le coefficient de la distance chute et la langue commune devient non significative.

I.2 LES APPLICATIONS DU MODELE DE GRAVITE

I.2.1 Application dans le but d'estimer l'impact des accords régionaux sur le commerce

La méthode empirique d'estimation de l'impact des accords régionaux (et du degré d'intégration économique de manière générale) est extrêmement simple. On commence par une équation que l'on peut appeler le coeur de l'équation de gravité empirique :

lnXij = ? + f31 ln Yi + f32 ln Yj+ f33 ln dij + ?ij

où ? est une constante et ? le terme d'erreur habituel. Les trois variables indépendantes ln Yi, ln Yj, ln dij expliquent en général à elles seules une grande partie de la variance des flux commerciaux.

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Dans un deuxième temps, on rajoute en général un ensemble de variables explicatives qui « raffinent » l'analyse. Cet ensemble de variables, qualifiées de variable de contrôle, ont souvent pour but de mieux spécifier les coûts de transaction. Les variables les plus fréquentes sont : l'existence d'une langue commune, d'une frontière commune ou de liens historiques ou culturels entre i et j. Le P113 par tête des deux partenaires est également souvent rajouté à l'analyse pour prendre en compte les différences de dotations dans l'équation. Notons cet ensemble Cij pour simplifier.

lnXij = ? + â1 ln Yi + â2 ln Yj + â3 ln dij+ â4 ln Cij + ?ij, I.2.2 Théorie du potentiel de commerce

Une application courante de l'équation de gravité est le calcul des potentiels de commerce. Il s'agit de la hausse ou de la baisse du volume du commerce attendu en raison d'une déviation par rapport à la norme prédite par l'équation de gravité. Certains auteurs ont tenté d'évaluer le déficit de commerce entre pays inscrit dans un processus d'intégration. La méthodologie consiste à estimer des potentiels de commerce entre les pays de la CEMAC et donc les augmentations d'échange auquel on devrait assister avec un « retour à la norme » du commerce de ces pays après la signature du traité de la CEMAC.

? La première étape consiste à estimer une équation de gravité sur un échantillon de pays (CEEAC) qui incorpore certaines observations de flux intra- CEMAC. On obtient alors des coefficients de différentes variables comme le P113, le P113 par tête, la distance, l'appartenance à la CEMAC, la langue ou la frontière commune.

? La seconde étape consiste à utiliser ces coefficients en prenant les variables correspondantes de P113, PI3 par tête, distances...pour des pays hors échantillon, les

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pays de l'UE pour leur poids dans le commerce avec l'Afrique. Cette étape fournit les flux commerciaux bilatéraux prédits pour ces pays.

? La dernières étape consiste à comparer ces prédictions aux flux réels, la différence entre les deux (+ ou -) constituant le potentiel de commerce.

SECTION II : JUSTIFICATION THEORIQUE DES VARIABLES RETENUES

II.1. Variable quantitative

II.1.1 La distance

La distance est l'une des variables explicative principale du commerce intra-communautaire dans notre étude. Elle peut être appréhendée comme l'écart qui existe entre un point A et un autre B. dans notre contexte, la distance désigne l'écart géographique d'un pays à un autre. La distance représente selon LIMAO N. un des facteurs majeurs qui expliquent non seulement les coûts de transport mais aussi la tendance des échanges. L'auteur a développé davantage l'importance de la distance dans son modèle en posant le fameux problème de la distance à vol d'oiseau. Pour lui, en raison de son importance, la distance souligne la nécessité d'une mesure exacte car la distance à vol d'oiseaux ignore certains faits au niveau des infrastructures. En effet, on retient généralement une distance géodésique entre deux capitales ou deux centres économiques, calculée à partir des longitudes et latitudes des deux villes choisies. Ceci pose plusieurs problèmes très concrets :

- la trajectoire directe n'est pas nécessairement la route suivie par le fret, en raison du franchissement du pôle Nord par exemple ;

- l'existence d'obstacles naturels peut impliquer de longs détours entre villes très proches (fleuve sans pont ni tunnel);

- l'incidence des coûts de transport sur les choix d'exportation n'est pas identique pour tous les pays (FREUDENBERG et ALII, 1998) : l'exportateur australien souhaitant accéder à son premier marché d'exportation parcourant toujours plus de distance qu'un exportateur belge. Nous reviendrons en détail sur cette question des distances relatives;

- les distances intérieures doivent être parcourues même par les produits domestiques or, à distance égale, les produits domestiques font toujours l'objet d'échanges plus intenses.

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Généralisant ce dernier point, il apparaît que les frontières ont un rôle ambigu, à l'origine d'une recherche empirique très active aujourd'hui. L'existence d'une frontière commune entre deux pays renforce leurs échanges bilatéraux, dans la mesure où la géographie des activités économiques recouvre difficilement les frontières politiques. L'adjacence vient alors contrecarrer l'effet négatif de la distance géographique.

II.2 VARIABLES QUALITATIVES ET VARIABLES LIEES A LA PRODUCTION

II.2.1 Le PIB

Selon le rapport annuel de la Statistiques du commerce mondial OMC 2012, La période récente montre que la relation entre le PI3 et les flux commerciaux fonctionne dans les deux sens : la crise économique se traduit par une contraction du commerce sans précédent en plus de 70 ans. La liaison repérée entre croissance du PI3 et croissance des exportations se vérifie pour toutes les catégories de marchandises même si c'est particulièrement net pour les produits manufacturés. Selon ce même rapport, le produit intérieur brut (PI3) mondial et les exportations mondiales de marchandises évoluent de concert. Une croissance plus forte du PI3 mondial est associée à une croissance encore plus forte du commerce international. Il en va de même pour les tendances à la baisse. Cela est illustré par graphique ci-dessous :

Croissance du volume du commerce mondial des marchandises et du PI3 mondial, 1950-2011 (Variation annuelle en pourcentage)

Graphique : Croissance du volume du commerce mondial des marchandises et du PI3 mondial, 1950-2011

Source : OMC séries longues

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La lecture du graphique ci-dessus montre le lien qui existe entre l'évolution du PIB et celle de la croissance annuelle des exportations de marchandises. Confirmant l'hypothèse selon laquelle plus une économie est grande et croit, plus elle aura tendance à exporter. Cette variable a plusieurs fois été utilisée dans des modèles économétriques visant à expliquer le commerce. C'est notamment le cas des modèles de gravité dans lesquels elle est même considérée comme une variable de base. En effet, selon la théorie du modèle de gravité, les échanges commerciaux entre les pays sont proportionnels à leurs PIB et inversement proportionnels à la distance qui les sépare.

II.2.2 Diversification

La diversification économique est un processus dynamique qui consiste à étendre la gamme de marchandises et services produits dans une économie pour une consommation et une utilisation locale ou en vue de l'exportation (CEA/BSR- AC, 2010). Elle peut être horizontale, verticale ou géographique. En général, la diversification horizontale vise l'émergence d'un nouveau secteur d'activité, tandis que la diversification verticale consiste à élargir la gamme des produits fabriqués dans un même secteur, afin d'aboutir à la constitution d'une filière complète, partant du produit de base jusqu'aux produits ou services incorporant une plus forte valeur ajoutée, et la diversification géographique vise une optimisation des productions en favorisant les pôles de développement territoriaux18.

Une économie est dite diversifiée si sa structure est productive et dispersée en un grand nombre d'activités différentes les unes des autres par la nature des biens et services produits.

Pour mieux apprécier les coûts et avantages d'un processus de diversification, il convient d'en souligner les principales caractéristiques. Comme le souligne BEREZIN P. (2002) :

· La diversification de la production peut être horizontale, verticale ou géographique.

· La diversification de la production répond à la loi des rendements décroissants: si la diversification d'un portefeuille d'actifs en réduit le risque, le bénéfice marginal d'un accroissement de la diversification est une fonction décroissante du volume global de ce portefeuille. Ce principe s'applique également à la diversification de la production. La diversification peut s'avérer contreproductive s'il faut réallouer les ressources affectées aux secteurs performants au profit de nouveaux secteurs.

18 LONDO KEMBENG Rahmate Arnaud ; diversification et croissance économique : Cas de la zone CEEAC ; mémoire professionnel soutenu à l'Institut Nationale de la Statistique le 24 Janvier 2014.

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La diversification joue un rôle important dans le développement du commerce et la croissance des flux d'échanges d'une région. En effet, elle peut contribuer, selon certains auteurs, à accroître la productivité des facteurs, à renforcer l'investissement et à stabiliser les recettes d'exportations.

II.2.3 La qualité des institutions

« Les contrats régissent les flux d'échanges internationaux. Ils précisent les mécanismes de prise de décision et de résolution des litiges et permettent ainsi de sécuriser les relations marchandes. Or, la mise en application des contrats repose sur l'efficacité et sur la qualité des institutions »19.

La disponibilité de l'information et l'évaluation du risque sont des préoccupations particulièrement importantes pour des étrangers qui font du commerce avec un pays. Même si un pays réduit ses obstacles au commerce, les tiers peuvent avoir des réticences à commercer avec ce pays si, par exemple, ils ne sont pas convaincus que les contrats seront exécutés ou ne sont pas sûrs que les paiements seront effectués. La qualité des institutions nationales a donc de l'importance pour le commerce international (Anderson L. H. et Young J.; 2000)20. La notion d'institution est multiple: elle recouvre des règles formelles et informelles de comportement, des moyens de faire respecter ces règles, des procédures de médiation en cas de litige, des sanctions en cas d'infraction aux règles et des organisations apportant leur appui à des opérations marchandes21. Les institutions sont plus ou moins développées, selon que ces différents éléments fonctionnent plus ou moins bien. Elles peuvent inciter les individus à se lancer dans des activités commerciales, à investir dans le capital humain et physique et à entreprendre des travaux de recherche-développement et d'autres travaux, ou les en dissuader. Il est depuis longtemps reconnu que le bon fonctionnement du marché dépend dans une large mesure de la qualité des institutions. Les activités marchandes font intervenir des êtres humains, et les institutions ont pour objet de réduire les incertitudes que soulève une information insuffisante au sujet du comportement d'autres individus dans ce processus d'interaction humaine. Les institutions peuvent agir de plusieurs façons:

19 DE Sousa et Disdier, 2006, page 126

20 Anderson et Young (2000) présentent un cadre théorique dans lequel l'absence de respect du droit a un effet négatif sur le commerce.

21 Voir North (1994) et Banque mondiale (2002). North (1990) établit une distinction entre institutions et organisations, qualifiant les premières de règles et les secondes d'acteurs. Cette distinction joue aussi un rôle dans la présente section, bien que dans le terme générique «institutions» y désigne également les organisations.

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· Elles réduisent les asymétries de l'information en transmettant des renseignements sur les conditions, les produits et les acteurs du marché;

· Elles réduisent le risque en définissant et faisant respecter les droits et contrats de propriété qui précisent quels sont les bénéficiaires, les biens et les dates de transaction;

· Elles limitent l'action des responsables politiques et des groupes d'intérêt en leur faisant rendre des comptes aux citoyens.

Les institutions sont donc de nature à influer fortement sur les activités économiques en général et sur le commerce en particulier. Les institutions nationales contribuent pour beaucoup au succès des réformes commerciales. La qualité des institutions a tendance à influer sur le volume des échanges générés par la libéralisation commerciale, avec des conséquences implicites sur le plan du bien- être et de la croissance induits par cette même libéralisation. L'organisation institutionnelle d'un pays peut aussi influer sur le niveau d'acceptation sociale des réformes commerciales intérieures, ce qui s'explique par le fait que la libéralisation des échanges peut être désavantageuse pour certaines personnes à court et éventuellement à long terme. Le mode de traitement de ces dommages individuels et la mesure dans laquelle ils sont pris en compte par les institutions peuvent infléchir les sentiments d'une partie de la population vis-à-vis de la libéralisation des échanges.

Pour comprendre l'importance des institutions pour le commerce en général et le commerce international en particulier, il est intéressant d'étudier de plus près l'histoire des institutions qui ont soutenu le commerce international. Les problèmes que rencontrent les négociants n'ont guère changé avec le temps, à l'inverse des institutions qui ont cherché à résoudre ces problèmes. Or les institutions ont toujours dû s'acquitter des mêmes tâches. De nos jours, le contrôle de l'exécution des contrats peut représenter un problème pour le commerce international.

L'absence d'un système juridique efficace peut être très préjudiciable au commerce, comme l'explique, par exemple, BIGSTE L. (2000). Cet auteur examine les pratiques contractuelles des entreprises manufacturières africaines en utilisant les résultats d'enquêtes menées au Burundi, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Kenya, en Zambie et au Zimbabwe. Ils montrent que la flexibilité contractuelle est très répandue et qu'il s'agit d'une réponse rationnelle au risque. Plus l'environnement est risqué, plus les cas d'inexécution d'un contrat sont nombreux et plus la probabilité de renégociation d'un contrat est élevée. Les manquements aux

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obligations contractuelles et le recours à des avocats et aux tribunaux pour faire exécuter le contrat initial sont rares pour la simple raison qu'il n'existe pas de système juridique efficace. Au lieu de cela, les fournisseurs et les clients remplissent leurs obligations, mais d'une manière «flexible» les livraisons sont parfois en retard ou la qualité des produits livrés est parfois différente de ce qui a été commandé, il arrive aussi que les clients paient tardivement. Dans ces conditions, les étrangers sont souvent surpris par les retards dans l'exécution des engagements et par les demandes de renégociation des contrats. Ils sont habitués à travailler dans un environnement très différent et peuvent avoir du mal à comprendre qu'un comportement apparemment imprévisible soit une réponse rationnelle à un système inefficace. Cela peut expliquer pourquoi les sociétés étrangères éprouvent des difficultés à exercer leurs activités dans de telles conditions et pourquoi les fabricants locaux peinent à prendre pied sur les marchés d'exportation.

Un autre problème lié aux institutions qui joue un rôle important dans les échanges est le contrôle de l'exécution des contrats lorsque la fourniture des biens ou des services et leur paiement n'ont pas lieu au même moment. Le commerce implique généralement un échange de biens ou de services contre de l'argent. La probabilité que des transactions aient lieu s'accroît si des crédits (commerciaux) peuvent être utilisés c'est-à-dire s'il est possible de payer aujourd'hui pour quelque chose qui sera fourni ultérieurement ou d'obtenir des marchandises aujourd'hui et de les payer plus tard. Le problème est que la personne qui accorde le crédit, que ce soit sous forme monétaire ou sous forme de biens ou de services, doit avoir une certaine assurance qu'elle obtiendra ultérieurement ce qui a été décidé au moment où l'affaire a été conclue. Pendant ce qu'il est convenu d'appeler la révolution commerciale qui a eu lieu entre le XIe et le XIVe siècle, le recours au crédit était déjà chose courante en Europe entre des personnes vivant non loin les unes des autres. Des partenaires commerciaux proches sont supposés se connaître et, par conséquent, être en mesure de juger s'ils peuvent se faire confiance ou non.

Depuis l'article pionnier D'ANDERSON J. et MARCOUILLER D. (2002), plusieurs auteurs se sont intéressés au lien entre la qualité des institutions et les échanges. ANDERSON J. et MARCOUILLER D. (2002) montrent que les institutions faibles accroissent les risques inhérents au commerce international que sont, le respect imparfait des contrats, le vol et la corruption. A partir d'un modèle de demande d'importation, dans un modèle risqué, ils mettent en évidence que l'insécurité des échanges réduit les importations bilatérales car elle augmente le prix des biens échangeables de façon équivalente à une taxe cachée ou à un droit

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de douane. Dans le même élan, TURINI et PERSELE VAN Y (2002), soulignent que les différences de cadres juridiques entre les pays expliquent en partie les effets frontières (CALLUM MC, 1995). En effet, dans leur modèle, le changement de cadre juridique accroit le risque de non-respect des contrats.

Le choix de cette variable pour expliquer le commerce intra CEMAC trouve tout son sens quand on considère le mauvais positionnement qu'occupent les pays de cette sous-région dans le classement de plusieurs ONG s'intéressant à cette question. en effet, en zone CEMAC, La corruption qui résulte de la complexité des règles administratives, de l'insuffisante information des acteurs sur les lois, règles et dispositions régissant les échanges régionaux notamment, sont autant arguments qui militent en faveur du choix de cette variable. A cela il faut ajouter la cupidité des agents affectés au contrôle, pratiques qui se traduisent par la multiplication des points de contrôle, le long des corridors nationaux et régionaux. Les conclusions du 11ème rapport de l'observatoire des pratiques anormales, publiées en 2010, constataient une sorte d'aggravation des rackets opérés par les forces de contrôle dans la sous-région: Le nombre minima de contrôles aux 100 km se situe autour de deux. Il est de 3 en Côte-d'Ivoire et 4 au Sénégal ; le montant minima de rackets aux 100 km se chiffre à 999 FCFA et est observé en RCA. Le maximum se chiffre à 7 443 FCFA et est observé au Cameroun et au Congo.

II.2.4. L'indice de performance logistique.

La performance logistique d'un pays traduit la capacité de ce pays à faciliter les flux de marchandises entre les pays. Ainsi, une variable « IPLx» qualifiée comme un indicateur représentant le niveau de la performance logistique dans d'un pays, capture l'impact de l'efficience logistique sur les flux des échanges commerciaux.

II.2.5. La langue.

La variable langue commune « langx» est une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un langage commun est parlé par au moins 9% de la population dans chacun des pays partenaire et « 0 » autrement. Cette variable marque l'existence d'un langage commun entre au moins 9% de la population dans chaque pays des deux partenaires.

II.2.6. L'enclavement

La variable enclavement permet d'estimer l'effet sur les échanges des pays qui n'ont pas une ouverture sur la mer. Il est important de tenir compte de l'enclavement géographique car deux des pays de la sous-région sont dans cette situation d'enclavement. La prise de cette variable

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dans notre travail, nous permet de vérifier si la situation de l'enclavement de ces deux pays a favorisé le commerce avec Cameroun.

II.2.7. Les indices des OTC et des mesures SPS.

Au vu de tout ce qui a été dit sur les facteurs qui limitent le développement du commerce intra-CEMAC. Les barrières les plus appliquées portent sur les « OTC » et les mesures « SPS ». La source la plus complète de données sur les barrières non tarifaires a été établie par la CNUCED dans le cadre du TRAINS.

CONCLUSION CHAPITRE 3

Ce chapitre nous a permis de présenter le cadre théorique du modèle de gravité nous avons abordé dans un premier temps l'analyse générale du modèle de gravité, l'importance des spécifications dans le modèle de gravité et les différentes applications du modèle de gravité. Dans un second temps nous avons abordés les justifications théoriques des variables retenues à savoir (les coûts de transport, la distance, le PIB, la diversification, la qualité des institutions et la situation sécuritaire. Nous retenons que le modèle de gravité est une estimation du commerce entre deux pays, tirant sa particularité dans les variables qu'il prend en compte. Nous retenons également que notre modèle prendra en compte plusieurs variables aussi bien quantitatives que qualitatives. Ainsi, il convient de faire le point sur les sources de données, l'échantillonnage, et l'estimation proprement dite.

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CHAPITRE 4 : CONCEPTUALISATION ET ESTIMATION DU MODELE DE

GRAVITE.

INTRODUCTION CHAPITRE 4

La littérature empirique consacrée à l'estimation économétrique des politiques commerciales de restriction, en l'occurrence les barrières qui limitent le développement du commerce intra-CEMAC, a pris une dimension considérable. Les premiers travaux empiriques cherchaient plutôt à mieux évaluer le rôle des barrières non tarifaires dans la croissance ou la productivité et à valider des fondements théoriques qui pouvaient contribuer à la performance des modèles économétriques (Sachs & Warner, 1995).

Ainsi, nous nous appuyons sur le modèle gravitationnel, qui est sans doute l'un des standards de la modélisation des déterminants des échanges commerciaux, pour calculer les coûts de commerce et pour estimer le rôle des barrières non tarifaires dans le commerce euro-méditerranéen. A travers de nombreuses contributions théoriques et empiriques, le modèle gravitationnel a été largement diffusé. Contrairement aux équations d'importations, les équations gravitationnelles permettent d'introduire aisément les mesures de protection commerciale.

SECTION I : FORMULATION DE L'EQUATION DE BASE ET ESTIMATION

I-1- Equation gravitationnelle de base et variables explicatives

Les modèles de gravité ont été d'abord déduits intuitivement pour analyser les flux d'échanges bilatéraux entre pays. Actuellement, ses applications aux volumes commerciaux font sans doute partie des relations empiriques les plus stables et les plus robustes en économie (Deardorff, 1995). Selon ces modèles, le commerce bilatéral est considéré comme une fonction linéaire de la puissance économique des pays, de leur richesse et de la proximité géographique. Elles peuvent être modélisées sous différentes formes et ont pour principale caractéristique d'expliquer le volume du commerce bilatéral et non sa composition (De Melo, 2003). En s'inspirant de la méthodologie d'Anderson & Van Wincoop (2003, 2004), nous estimons une équation gravitationnelle qui introduit les importations du Cameroun (M) en provenance d'un pays de la CEMAC (y) pour le bien (i) a une date (t).

Sous sa forme la plus basique, Le modèle gravitationnel s'appuie sur l'équation gravitationnelle inclut les variables explicatives qui tiennent compte des variables standards du modèle gravitationnel à savoir : les PIB, et la distance géographique.

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? Le Produit Intérieur Brute.

Le P113 a plusieurs fois été utilisé dans des modèles économétriques visant à expliquer le commerce. C'est notamment le cas des modèles de gravité dans lesquels elle est même considérée comme une variable de base. En effet, selon la théorie du modèle de gravité, les échanges commerciaux entre les pays sont proportionnels à leurs P113. Le P113 mesure à taille économique de pays, reflète la demande et la croissance potentielle des deux marchés d'échanges. Selon le rapport annuel de la Statistiques du commerce mondial de l'OMC (2012), La période récente montre que la relation entre le P113 et les flux commerciaux fonctionne dans les deux sens et évoluent de concert: Une croissance plus forte du P113 mondial est associée à une croissance encore plus forte du commerce international. On suppose qu'une hausse du P113 du pays importateur s'accompagne d'un effet de richesse lui permettant d'accroître sa demande d'importation. Parallèlement, La hausse du P113 du pays exportateur se traduira par une augmentation de sa richesse et de sa compétitivité. Ainsi, le volume des importations du Cameroun en provenance de ces partenaires de la CEMAC dépend de la taille économique de ces derniers. Puis qu'un P113 important dans un pays exportateur indique un haut niveau de production, donc un niveau d'exportations élevé, le P113 dans notre étude va nous permettre de vérifier si les pays partenaires du Cameroun créent suffisant de valeur ajoutée permettant des exportations. Nous nous attendons à une influence positive et significative du P113 du pays exportateur.

Graphique : Evolution des pays de la CEMAC de 2010 à 2015 en « $ US courants ».

4E+10 3E+10 2E+10 1E+10

0

 

2010 2011 2012 2013 2014 2015

Cameroun Congo, République du Gabon Guinée équatoriale République centrafricaine Tchad

Source : Par l'auteur, à partir des données de la base de données du CNUCED.

? La distance.

La distance figure comme un déterminant essentiel des flux des échanges, en tant que proxy des coûts du commerce. La théorie suppose que la distance puisse augmenter les coûts liés au transport, les infrastructures, l'assurance, les frais de stock (délais d'expédition)... ; elle est

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donc considérée à juste titre comme un facteur limitatif des échanges. Ainsi, plus les pays sont éloignés géographiquement, plus le commerce entre eux devient onéreux. De nos jours, sa structure théorique n'est plus à mettre en cause puisque le modèle le plus directement lié à l'équation de gravité est le modèle de concurrence monopolistique avec coûts de transport. La distance joue un rôle non négligeable sur le volume des échanges, particulièrement pour les échanges des denrées périssables (Emlinger, & Jacquet, 2008). Ainsi, la distance géographique joue un rôle important dans les différentes études empiriques sur le commerce et particulièrement dans le modèle de gravité (Baldwin et Taglioni, 2006; De Groot et al, 2004) est généralement mesurée entre les capitales des deux pays partenaires. Plus la distance entre les partenaires est élevée, plus les coûts de transports seront élevés. Dans notre étude, les données relatives à la distance proviennent du Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII).

Tableau N°5: Distance entre le Cameroun et les pays de la CEMAC.

PAYS

R.C.A.

Congo

G.E.

Tchad

Gabon

CEMAC.

Cameroun

790.412

990.0672

301.903

1001.256

990.0675

895.83422

Source : donnée du CEP!!.

Ainsi, notre équation gravitationnelle de base se présent comme suit : Mizt = á0 + á1PIBit + á2Dzi+ ?izt (équation 1) Avec

? Mizt représente la valeur d'importations du Cameroun z avec i, représentant le
pays de provenance à la date t. la valeur d'importations prend la valeur zéro lorsqu'il n'existe pas de flux commerciaux entre les deux partenaires. Notre estimateur économétrique peut prendre en compte la problématique des flux nuls (observations nulles dues à l'absence des échanges).

? Dzi représente la distance.

? PIBzt et PIBit représente respectivement le PIB du Cameroun à la date t et le

PIB du pays d'importation à la date t.

? ?izt est le terme d'erreur.

En linéarisant l'équation (1) par application du logarithme, nous pouvons ramener nos valeurs à une même échelle. Ceci a l'avantage de corriger les problèmes d'élasticité des coefficients. Nous avons l'équation 2 suivante :

22 Obtenu en faisant la moyenne de toutes les distances.

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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ ?izt

? L'indice de performance logistique.

La performance logistique d'un pays traduit la capacité de ce pays à faciliter les flux de marchandises entre les pays. Ainsi, une variable « IPLx» qualifiée comme un indicateur représentant le niveau de la performance logistique dans d'un pays, capture l'impact de l'efficience logistique sur les flux des échanges commerciaux. Cette l'impact peut être traduit par l'interaction de facteurs multiples tels que l'efficacité du réseau de transport, la facilité de l'organisation des expéditions, l'efficacité des processus de dédouanement, la performance logistique, le système de transport existant, la qualité des services d'infrastructures, la capacité de suivi et de traçabilité des consignations et la fréquence avec laquelle les expéditions arrivent au destinataire dans les délais prévus. L'IPL est une moyenne pondérée de ces variables, il varie entre 1 (pour une performance faible) et 5 (élevée). Source : Banque Mondial.

Dans le cadre de la performance logistique, le Cameroun a mis sur pied depuis 2011, les contrats de performances, qui sont un outil de facilitation des opérations de passage portuaire et de dédouanement des marchandises.

Nous aurions l'équation 3 suivante :

lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit + ?izt

? La gouvernance

La gouvernance influence fortement sur les activités économiques en général et sur le commerce en particulier. La qualité des institutions a tendance à influer sur le volume des échanges générés par la libéralisation commerciale, avec des conséquences implicites sur le plan du bien- être et de la croissance induits par cette même libéralisation. Les institutions nationales contribuent pour beaucoup au succès des réformes commerciales. La qualité des institutions et la qualité de la gouvernance jouent un rôle important dans la création du commerce. Car elle a un impact important sur la croissance durable et le développement économique et couvre six aspects à savoir : le caractère démocratique des institutions politiques, qui évalue dans quelle mesure les citoyens sont en mesure de participer au choix de leur gouvernement, la stabilité politique et l'absence de violence et de terrorisme, l'efficacité des pouvoirs publics (du gouvernement), la qualité et le poids de la règlementation, la primauté du droit, et enfin la lutte contre la corruption. Kaufman & al.

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(2010). Les donnée sur les variables « Indgouv » sont proviennent de la base de données de la Worldwide Governance Indicators (WGI).

Tableau N°6: Indicateurs de la gouvernance des pays de la CEMAC.

 

2010

2012

2013

2014

2015

2016

CAMEROUN

-0.91

0.92

-0.95

-0.94

-0.94

-0.94

RCA

-1.30

-1.24

-1.33

-1.55

-1.70

-1.61

TCHAD

-1.37

-1.29

-1.27

-1.25

-1.31

-1.24

CONGO

-1.03

-1.03

-1.08

-1.06

-1.0

-1.00

GE

-1.24

-1.24

-1.26

-1.29

-1.41

-1.36

GABON

-0.54

-0.52

-0.52

-0.53

-0.55

-0.61

CEMAC

-1.03

-1.063

-0.73

-1.1218

-1.059

-0.99

Source : Données de la Banque mondiale Nous aurions l'équation 4 suivante :

lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + ?izt

? La langue.

La variable langue commune « langx» est une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un langage commun est parlé par au moins 9% de la population dans chacun des pays partenaire et « 0 » autrement. Cette variable marque l'existence d'un langage commun entre au moins 9% de la population dans chaque pays des deux partenaires. La langue commune est un facteur de facilitation des échanges, elle est introduite afin d'évaluer indirectement l'impact des diasporas et leur rôle dans les échanges commerciaux. En effet, la langue est un facteur déterminant du commerce dans la littérature économique. La variable langue commune a été introduite dans le modèle de gravité par Frankel et Rose (2002) et Melitz(2008). Ces auteurs ont démontré le rôle important joué par la proximité linguistique dans les modèles de gravité. A ce titre on s'attend également à un signe positif. Source : CEPII.

Nous aurions l'équation 5 suivante :

lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln LANGzi + ?izt

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? La diversification économique

L'une des caractéristiques du commerce intra régional en Afrique réside dans la faible diversification des structures de production qui conduit souvent à la non complémentarité et à la similitude des productions nationales. La diversification économique est un processus dynamique qui consiste à étendre la gamme de marchandises et services produits dans une économie pour une consommation et une utilisation locale ou en vue de l'exportation (CEA/BSR- AC, 2010). Or les économies de la CEMAC sont loin de cette réalité avec une fort domination des produits agricoles et miniers. Koffi Ehoussou (2005) en analysant les potentialités d'échanges commerciaux, sur la base d'indices de diversification, s'est rendu que les indices entre les pays africains sont faibles traduisant une faible probabilité de réussite de la mise en oeuvre des accords commerciaux bilatéraux. La diversification économique n'est donc pas une barrière tarifaires et non tarifaires mais elle est déterminante dans le développement des échanges d'où son utilisation dans notre travail sous la dénomination « DIV ». Helpman & Krugman (1985) mentionnent que les différences des tailles de l'économique indiquent les différences de la capacité des pays partenaires à produire des biens différenciés (l'absence des différenciations des produits). Autrement, la similarité des pays en termes de taille de marché est susceptible d'améliorer la demande des produits différenciés. Dans notre étude, nous prendrons donc en compte l'indice de diversification du pays d'origine.

Graphique : indice de diversification économique des pays de la CEMAC entre 2010 et 2015.

0,9

0,85

0,8

0,75

0,7

0,65

 

2010 2011 2012 2013 2014 2015

RCA CONGO GABON G.E. TCHAD CEMAC

Source : Par l'auteur, à partir des données du CNUCED. Nous aurions l'équation 6 suivante :

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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5lnINDGUOVzt + á6lnINDGUOVit + á7 lnLANGzi + á8DIVzt + + á9DIVit + ?izt

? L'enclavement

La variable enclavement permet d'estimer l'effet sur les échanges des pays qui n'ont pas une ouverture sur la mer. Il est important de tenir compte de l'enclavement géographique car deux des pays de la sous-région sont dans cette situation d'enclavement. La prise de cette variable dans notre travail, nous permet de vérifier si la situation de l'enclavement de ces deux pays a favorisé le commerce avec Cameroun. Si après examen empirique, il ressort que la variable indicatrice de l'enclavement n'est pas significative, quel que soit son signe, alors nous serons amenés à supposer que le réseau de transport et de communication régional est « efficient et adéquat » .Nous aurions l'équation 7 et finale suivante :

lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi + á3lnIPLzt + á4ln IPLit +á5lnINDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln LANGzi + á8lnDIVzt + á9lnDIVit + á9Enclavzi +?izt

? Les indices des OTC et des mesures SPS.

Au vu de tout ce qui a été dit sur les facteurs qui limitent le développement du commerce intra-CEMAC. Les barrières les plus appliquées portent sur les « OTC » et les mesures « SPS ». La source la plus complète de données sur les barrières non tarifaires a été établie par la CNUCED dans le cadre du TRAINS. Les données de la base TRAINS ne reflétant la réalité des barrières non tarifaires appliquées par le Cameroun dans son commerce. Alors nous avons pu grâce aux informations collecter auprès de l'agence de normalisation et de la douane camerounaise répertorier l'ensemble des règlementations techniques, qui sont les principales barrières non tarifaires. Ainsi, cette variable est dans notre modèle une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un produit fait l'objet d'une quelconque forme de prescription technique ou « 0 » au cas contraire. Nous introduisons un indice noté « j » représentant un produit importé par le Cameroun en provenance de « i ». Nous aurions l'équation 5 et finale suivante :

lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi + á3lnIPLzt + á4ln IPLit +á5ln INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 LANGzi + á8lnDIVzt + á9lnDIVit + á10 Enclavzi + á11OTCzjt + á12SPSzjt +?ijzt.

Dans l'implémentation de notre équation, nous allons ramener notre panel à deux dimensions en couplant les produits-partenaires car un produit en provenance d'un partenaire précis peut faire l'objet d'une barrière non tarifaire et les autres pays pas.

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I-2- ESTIMATION DE NOTRE EQUATION.

I-2-1- Traitement des flux de commerce nul

Le flux de commerce dans cette étude a été collecté au niveau 11 de désagrégation selon le système HS. La base de données des biens importés par le Cameroun contient un nombre important de flux nul. La présence de ces flux nuls peut être problématique car de façon usuelle, le modèle de gravité est exprimé sous forme logarithmique Or cette formulation ne permet pas d'inclure des flux de commerce nul car le logarithme de zéro est indéfini; d'où la nécessité de traiter des flux de commerce nul. Pour Frankel (1997), la présence de flux nuls au niveau agrégé apparait dans le commerce entre petits pays ou entre pays très distants qui sont réputés commercer moins entre eux. Par ailleurs, la non prise en compte des flux nuls lors des estimations peut influencer les résultats empiriques s'ils n'arrivent pas aléatoirement. Dans la littérature, plusieurs méthodes sont employées pour traiter ce problème.

? Une solution commune consiste à restreindre l'échantillon à des observations

non nulles afin d'éviter les problèmes d'estimation liés aux flux nuls (Frankel (1997), Bikker (1982)).

? Une autre approche consiste à substituer les flux nuls par de petites constantes.
Cela permet de prévenir l'omission d'observations dans l'échantillon (Wang, Winters (1991), Raballand (2003)).

Cependant, en insérant des valeurs proches de zéro, rien ne garantit de façon formelle que les estimations du modèle de gravité soient consistantes. Ces 2 approches sont par conséquent insatisfaisantes. Les opérations avec des flux zéro exigent que les informations fournies par ces flux soient prises en considération. C'est pourquoi, le modèle Probit est employé pour analyser la situation dans laquelle une partie des observations de la variable dépendante est inobservable et représentée généralement par zéro. Plusieurs études dont celles d'Anderson et Marcouiller (2002) et de Rose (2004) ont utilisé le modèle standard pour estimer l'équation de gravité en présence de flux nuls. Nous allons utiliser l'estimateur HMR qui se déroule en deux étapes.

I-2-2- Estimation par la méthode de HMR.

Plusieurs méthodes ont été utilisées dans les études empiriques pour mesurer le commerce entre les pays. Parmi elles, le modèle de gravité se présent comme le plus courant pour mesures le niveau de commerce bilatéral existant entre deux pays et les facteurs l'influençant. Si dans ces débuts, le modèle de gravité a été vivement critiqué, des études adjacentes font

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d'elle un des modèles les plus fiables. Dans son implémentation, il est question d'estimer le modèle de plusieurs façons. On choisira la méthode d'estimation HMR qui semble la mieux appropriée et moins critiquée par la littérature. Cette méthode consiste à estimer la probabilité de l'existence ou pas d'une d'échanges entre deux pays partenaire à un instant précis.

1-2-2-2- Estimation du PROBIT

Ø(?????? ,??t)

La variable dépendante du modèle de gravité est par définition toujours positive ou nulle (car il n'existe pas de commerce négatif). Sous l'hypothèse d'un commerce nul, on a pensé à une technique d'estimation qui tient compte de cet aspect, à savoir le PROBIT. Cette méthode d'estimation permet de déterminer l'effet dû au hasard dans la modélisation ou dû à l'absence absence de commerce entre deux pays et de corriger les effets d'hétérocedaticité que l'on rencontre généralement dans les modèles de gravité. Amemiya (1985). Etant donné que la survenance d'une importation entre le Cameroun et l'un de ses partenaires peut être nul pour une année ou pour un produit précis La première étape consiste à estimer la probabilité d'avoir des flux de commerce non nul. Pour ce faire, nous calculons le ratio inverse de Mills (IMR) à partir d'un seuil. Dans les travaux de Nordas (2006), le seuil a été fixé à 1 milliards d'USD. Dans le cadre de nos travaux, nous allons fixer le seuil à 1 000 000 de XAF car c'est à partir d'une valeur en douane d'un million qu'on établit une déclaration en détail. Le ratio inverse de Mills s'interprète comme la probabilité prédite d'observer la variable exogène pour un pays pour une année donnée. L'équation du ratio inverse de Mills s'écrit :

IMRit= ??(??????,??t)

Avec,

Xit la variable explicative concernant le pays i à la période t ;

f3t coefficient estimé associé à la variable explicative Xit ;

Ø (Xit, f3t) la densité de probabilité associée à la probabilité prédite d'observer la variable X

Et, CD (Xit,f3t) la fonction de distribution cumulative associée aux probabilités prédites.

Les hypothèses qui sous-entendent cette analyse sont les suivantes :

HO : Tous les paramètres sont nuls

H1 : Il y a au moins un paramètre nul.

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1-2-2-2- Estimation de l'équation par le MCO.

? Vérification de l'application du MCO par le test de HAUSMANN.

Le test d'Hausman (1978) nous permet de choisir entre un modèle à effet fixe et un modèle à effet aléatoire. Les deux modèles les modèles permettent de prendre en compte l'hétérogénéité des données mais les hypothèses sur la nature des effets spécifiques diffèrent d'un modèle à l'autre. Dans le modèle à effet fixe, on suppose que les effets spécifiques peuvent être corrélés avec les variables explicatives du modèle, et dans le modèle à effet aléatoire, on suppose que les effets spécifiques sont orthogonaux aux variables explicatives du modèle. Le test de spécification de Hausman permet de tester la présence d'une corrélation ou non entre les effets spécifications et les variables explicatives du modèle. Ainsi, il faut d'une part un estimateur convergent et asymptotiquement efficace sous l'hypothèse nulle et d'autre part, un estimateur convergent aussi bien sous l'hypothèse nulle et sous l'hypothèse alternative. Les hypothèses de ce test sont les suivantes.

H0 : Présence d'effets aléatoires

H1 : Présence d'effets fixes

? Application du MCO.

L'estimateur des moindres carrés ordinaires reste l'un des estimateurs les plus fréquemment utilisés car elles ont l'avantage d'être facile à implémente et est l'un des estimateurs les plus utilisés. Mais le véritable problème de cette Méthode réside dans le risque d'hétéroscédaticité Ce qui rend les paramètres estimés inefficients (Nordas, 2006) et remet en cause le choix des MCO comme méthode d'estimation. La littérature propose cependant une méthode corrective pour résoudre le problème d'hétéroscédasticité. L'option la plus simple consiste à tronquer les observations des flux des échanges et à estimer ln (1+Tij). Il s'est avéré que le problème d' hétéroscédasticité est résolu en procédant de la sorte. Estimé 1+Tij au lieu de Tij résulte simplement du fait qu'au cours de la période d'analyse, deux pays peuvent ne pas avoir échangé. Dans notre analyse, nous allons calcul le taux de hasard par l'inverse du ratio de Mills, que nous allons l'inclure dans l'estimation global par MCO, ça nous servira à corriger le problème d' hétéroscédasticité que l'on rencontre généralement dans le modèle de gravité.

SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTAT ET PROPOSITION DE SOLUTION

II-1- Résultats de l'estimation et interprétation des résultats.

II-1-1- Présentation des résultats.

? Estimation du model PROBIT

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De façon générale, L'analyse de nos données se fera principalement en deux phases. Dans une première phase, nous avons procédé à l'estimation du Probit en déterminant le ratio inverse de Mills-IMR. Le résultat se présente comme suit :

Tableau N°7 : Résultat de l'estimation du model PROBIT.

Seuil d'importation

=1 000 000

Coef.

P>|z|

Interval de confiance à 95%

Lpib y

0.3466794***

0.000

0.1539538

0.539403

Ldist

-1.913706 ***

0.000

-2.301753

-1.525658

IndigouvCMR

0.538318

0.353

-0.5983523

1.674988

Ndigouv Y

-1.96147***

0.000

-2.726811

-1.196128

Diver Y

-1.049358 **

0.016

-1.905645

-0.1930724

Diver CMR

-0.3833555

0.507

-1.515286

0.7485754

SPS

.0328084

0.699

-0.1332431

0.1988598

OTC

-0.3385225 *

0.022

-0.6292079

-0.0478371

LangY

3.303809 ***

0.000

2.343719

4.2639

Enclav Y

0.7123016 ***

0.000

.3747362

1.049867

IndperflogistCMR

0.428573

0.159

-0.1679246

1.025071

Indperflogist y

0.1030954

0.689

-0.4019806

0.6081715

Constante

3.7214 ***

0.000

1.752638

5.690163

RESULTATS GLOBAUX DU TEST

Wald chi2(12)

218.21

Prob > chi2

0.0000

Sources : auteur.

(***), (**) et (*) traduisent respectivement le fait que le coefficient estimé est significatif au

seuil de 1%, 5% et 10%.

Le modèle est globalement significatif au seuil de 5%, en effet, la p-value associée à la statistique de Wald est inférieure à 0,05.

? Test de HAUSMAN.

La notion d'hétérogénéité est centrale en économétrie des panels. La forme la plus simple d'hétérogénéité est celle qui consiste à postuler l'existence de constantes spécifiques à chaque individu. Ce qui revient entre autre à savoir si la source de l'hétérogénéité est fixe ou aléatoire. Pour cela, nous procédons ensuite au test de Hausman.

Le test de Hausman permet de faire un choix entre le modèle à effets individuels fixes et le modèle à effet individuels aléatoire qui prend en compte l'hétérogénéité des données. Dans le premier cas on suppose que les effets spécifiques peuvent être corrélés avec les variables explicatives du modèle, et dans le second cas on suppose que les effets spécifiques sont orthogonaux aux variables explicatives du modèle. Lorsque la probabilité de ce test est

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inférieure au seuil retenu, le modèle à effet fixe est privilégié. Dans le cas contraire, on retient le modèle à effet aléatoire. Les hypothèses sont les suivantes :

H0 : présence d'effet fixe

H1 : présence d'effet aléatoire

Le résultat du test de Hausmann se présente comme suit : Tableau N°8 : Résultat du test de Hausmann

Chi 2

1.48

prob>chi 2

0.9606

Sources : auteur

Ainsi, la p-value associée à ce test est supérieure à 0,05 permettant ainsi de retenir le modèle à effets aléatoires. Pour vérifier d'avantage si nous sommes en présence d'un modèle à effet aléatoire, nous allons effectuer le test de BREUSCH PANGAN.

? Test DE BREUSCH PANGAN ou LAGRANGE

La statistique de Breusch-Pagan est obtenue après l'estimation du modèle à effets aléatoires. Elle permet de tester la significativité du modèle à effets aléatoires et corriger si la covariance entre les effets aléatoires est nulle. Le test est basé sur les hypothèses suivant :

H 0 : Absence d'effets aléatoires

H 1 : Présence d'effets aléatoires

Tableau N°9 : Résultat du Breusch-Pagan

VARIABLE

Chibar 2 (01)

Prob > chibar2

Limport

38 901.30

0.000

Sources : auteur

Les effets aléatoires sont significatifs au seuil de 1%. Alors le test de panel avec effet aléatoire

est le plus approprié pour notre étude.

? Test de stationnarité de LEVIN-LIN-CHU.

L'analyse des données de panel non stationnaires s'est développée très rapidement depuis les travaux pionniers de Levin et Lin (1993). Leur démarche est directement inspirée de celle des tests de racine unitaire en séries temporelles de Dickey et Fuller (1979).Les données de panel présentent une double dimension d`analyse qui constitue un avantage par rapport aux données sur séries temporelles ou en coupe transversale. Cette double dimension permet de prendre en compte l`hétérogénéité des individus dans une approche dynamique. Baltagi et Kao (2000) montrent que l`économétrie des données de panel non stationnaires permet d`associer le « meilleur des deux mondes » : l`analyse des séries non stationnaires à partir des méthodes des séries temporelles et l`accroissement du nombre de données et de la puissance des tests grâce à la dimension individuelle. L'ajout de la dimension individuelle à la dimension temporelle usuelle présente un intérêt important pour l'analyse des séries non stationnaires. Or, pour les

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échantillons de petites tailles les tests de racine unitaire sont en général très peu puissants pour distinguer des séries non stationnaires et des séries stationnaires mais fortement persistantes car L'étendue de la période d'étude étant plus importante que la fréquence des données (Pierce et Snell, 1995). Le recours aux données de panel permet ainsi de travailler sur des échantillons de taille réduite (dans la dimension temporelle) en augmentant le nombre de données disponibles (dans la dimension individuelle). Baltagi et Kao (2000). Cette approche semble tout particulièrement adaptée à notre étude pour mesurer la stationnarité ou non des importations. Le résultat se présent comme suit :

Tableau N°10 : Résultat du test de Levin-Lin-Chu sur les importations du Cameroun.

 

Statistique

P-value

Ajutée t

-7.2e+02

 

Non ajustée

-7.8e+02

0.0000

Sources : auteur.

? Estimation finale par le MCO.

Le résultat de l'estimation de ce modèle est le suivant :

Tableau N°11 : Résultat de l'estimation par les MCO

VARIABLES

IMPORTATION DU CAMEROUN

COEF.

Z

P>|z|

lpib_y

0.0728291***

2.74

0.006

Ldist

-0.3948064

-2.71

0.007

 

***

 
 

IndgouvCMR

0.1091112

2.66

0.008

 

***

 
 

Indigouvy

-0.4153815

-2.75

0.006

 

***

 
 

Divery

-0.2312629

-2.82

0.005

 

***

 
 

diverCMR

-0.0767459 **

-2.58

0.010

SPS

0.0162147 ***

4.26

0.000

OTC

-0.061826 **

-2.34

0.019

LangY

0.6856087

2.71

0.007

 

***

 
 

EnclavY

0.1524083

2.74

0.006

 

***

 
 

indPerflogistCAMER

0.0871446

2.69

0.007

 

***

 
 

indPerflogistY

0.0222434

2.70

0.007

 

***

 
 

mills_inver

0.2219222

2.69

0.007

 

***

 
 

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Constance 0.6352111 *** 2.67

0.008

RESULTAT GLOBAUX DE L'ESTIMATION

Nombre d'observations

22,356

Wald chi2

32.67

Prob > chi2

0.0019***

Sources : auteur

(***) et (**) traduisent respectivement le fait que le coefficient estimé est significatif au

seuil de 5% et 10%.

II-1-2- Interprétation des résultats

Le modèle est globalement significatif au seuil de 5% pour toutes les variables de notre modèle et la p-value associée à la statistique de Wald de 0.0019.

II-1-2-1- Interprétation des variables standard du modèle de gravite.

? la taille économique des pays partenaires influence positivement les

importations du Cameroun dans la zone car le coefficient associé est de 0.0728291. Le signe positif du coefficients estimés montrent qu'un accroissement du PIB du pays entraîne une hausse des importations. Gbetnkom et Avom (2005) avait déjà montré à l'aide d'un modèle de gravité que les revenus des partenaires commerciaux exercent des effets significatifs positifs du PIB sur leurs échanges.

? La distance influence négativement les échanges, car plus deux pays sont
éloignés moins ils échangent. Autrement dit, le volume des échanges baisse avec la distance car la distance augmente les coûts de transport. Le coefficient de la distance est négatif et significatif ce qui traduit que la distance influence les échanges en ce sens qu'il augmente les coûts de transport. une augmentation de la distance de 1%, entraine une diminution des échanges de 0.394%. Ce résultat semble indiquer que bien qu'appartenant à une même région, la distance agit relèvement sur les importations du Cameroun. Ainsi, plus la distance entre les deux partenaires augmente, moins il y'a d'importations. Avec les progrès technologiques et le développement dans le secteur des transports, la distance se présente de moins en moins comme un obstacle aux échanges. Une amélioration de l'infrastructure routière des pays d'une sous-région économique, peut réduire considérablement les coûts des échanges. Selon une étude de Limão et Venables (2001), si l'infrastructure d'une sous-région s'améliore considérablement. L'amélioration des infrastructures pourrait contribuer pour beaucoup à augmenter le volume du commerce intra-africain.

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II-1-2-2- Interprétation des variables portant sur les barrières non tarifaires.

Les barrières non tarifaires ne portent pas seulement sur les OTC et les mesures SPS, mais aussi sur la politique la qualité des politiques gouvernementales et les mesures de performance logistique.

? Les coûts de transport peuvent aussi varier en fonction du niveau de la

performance du dispositif logistique du pays importateur et exportateur. Que ce soit l'indice de perfectionnement logistique du Cameroun ou de son partenaire, le signe du coefficient est positif et significatif. Alors, l'efficacité des processus de dédouanement, la qualité des infrastructures commerciales et des infrastructures de transports connexes, la facilité de l'organisation des expéditions à des prix concurrentiels, la qualité des services d'infrastructures, la capacité de suivi et de traçabilité des consignations et la fréquence avec laquelle les expéditions arrivent au destinataire dans les délais prévus ont un effet positif sur les importations du Cameroun.

? La gouvernance doit en principe influencer positivement les échanges car la
volonté des pays libéraux est de s'intégrer davantage dans le commerce international. Tel est le cas pour le Cameroun avec un coefficient positif et significatif. L'indice de gouvernance prenait en compte la stabilité politique et l'absence de violence et de terrorisme, l'efficacité des pouvoirs publics (du gouvernement), la qualité et le poids de la règlementation, la primauté du droit, et enfin la lutte contre la corruption. (Kaufman & al. 2010). Selon ces critères, le coefficient négatif des pays partenaires se justifie par la situation de crise en RCA, la mauvaise qualité de la politique gouvernemental en matière d'intégration régionale du Gabon et de la Guinée Equatoriale.

? Nous avons vu dans la théorie que certaines barrières peuvent être légitime des
lors qu'elle a pour finalité de protéger la santé, l'environnement et le tissu économique ou illégitime dans la mesures ou elle crée des distorsions aux échanges. Ainsi, les réglementations techniques peuvent avoir cette double finalité. Au seuil de 5%, les deux variables sont significatives. Ce qui traduit impact de ces mesures protectionnistes sur les échanges. Mais le signe négatifs des OTC, montrent son caractère plus restrictif que les mesures SPS.

Or la différence entre ces deux mesures réside dans le fait que les obstacles techniques au commerce n'incluent pas d'interdictions explicites des importations originaires de certains pays ou de certaines régions. Cette situation de contradiction des deux types de mesures ont déjà été ressortie dans des études présente. Moenius (2004) utilise un modèle de gravité pour

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évaluer l'impact des normes nationales sur le commerce de 12 pays développés portant sur 471 secteurs. L'auteur affirme que les normes à l'importation ont un effet négatif sur les importations de produits non manufacturés (produits alimentaires, boissons, matières premières et combustibles minéraux), mais un effet positif sur les importations du secteur manufacturier (notamment hydrocarbures, produits chimiques, produits manufacturés et machines). Dans le même contexte, Fontagné & al (2005) affirment également un effet positif de ces mesures sur le commerce des produits manufacturés, mais un effet négatif sur le commerce des produits frais et transformés. Plus récemment, l'étude de Li et Beghin (2012) estime les effets des mesures OTC/SPS sur le commerce. Ils constatent que les effets estimés de ces mesures sur le commerce ont moins de probabilité d'être positifs dans les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation que dans les autres secteurs.

Dans le cadre du commerce du Cameroun avec les autres pays de sous-région les obstacles techniques ont un effet plus restrictif que les mesures SPS. Ceci se justifie par le fait que les produit importée par le Cameroun en provenance des autres pays de la communauté sont plus soumise aux normes et autres mesures technique. Dans le cadre du commerce intracommunautaire, la libre circulation est conditionnée par les règles d'origine. Ces règles permettent de discriminer les produits de faire l'objet d'une libre circulation et ceux qui doivent pas. Si les produits agricoles sont moins soumis aux réglementations techniques, les produits semi-manufacturés ou manufacturés sont plus contraint aux règles de fabrication et au respect des normes.

II-1-2-3- Interprétation des autres variables influençant le commerce intra-CEMAC.

? Un pays à intérêt à commercialiser avec le pays avec qui les coûts de transport sont les plus bas. En analysant de près les effets des coûts de transport, La distance demeure donc une barrière aux échanges et la proximité géographique se présent donc un facteur important des échanges. Très souvent ce sont des pays appartenant à un même espace géographique qui décide de se mettre ensemble dans le cadre du régionalisme. L'existence d'une frontière commune favorise les échanges et l'enclavement d'un pays partenaire est d'avantage plus bénéfique pour son pays lui donnant accès à un littorale. Le signe attendu de l'enclavement est positif ce qui veut dire que la position enclavement géographique du Tchad et de RCA est favorable aux importations du Cameroun dans la CEMAC.

? Les échanges sont tout aussi influencés par la proximité linguistique entre les pays échangeant. La langue est fondamental dans les échanges de la CEMAC car le

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commerce est le plus facile entre les pays qui partagent la même langue, d'autant plus que les produits sont des biens différenciés et complexes sur les il faut disposer d'un ensemble d'information. Les pays de CEMAC, sauf la Guinée Equatoriale, partage le français avec le Cameroun. Ceci étant, le coefficient est positif traduit que indépendamment des divergences linguistiques, la langue influence positivement les échanges du Cameroun.

? La structure des échanges et le type de biens échanges est fondamentale dans le développement des échanges. La structure des échanges (concentrée sur les exportations des matières premières et les importations des produits manufacturés), et cette spécialisation exogène qui expliquent la marginalisation croissante de l'Afrique dans le commerce mondial et la faiblesse de son commerce intérieur (Frenkel et Rozenwurcel, 1992). Malgré une intégration économique et monétaire, les échanges intra-régionaux sont marginaux à cause de la faible structure de production et la diversification des économies des pays de la CEMAC. Autrement, dit la diversification de l'économie accroît le commerce intra-communautaire. Selon la théorie, le faible niveau de commerce intra-communautaire trouve une partie de son explication dans le faible niveau de diversification. Ce qui justifierait le l'influence négatif de la diversification sur les importations du Cameroun par le signe négatif du coefficient de diversification.

II-1-2-4- Recommandations

La facilitation du commerce passe par l'adoption de pratique destinées à renforcer les flux commerciaux entre les états membres et l'abolition de toutes les entraves aux échanges. Face aux politiques protectionnistes, des mesures sont adoptées de plus en plus dans les échanges commerciaux internationaux au niveau régionaux, sous régionaux et étatique en vue de les règlementer ou les supprimer.

Comme recommandations, nous suggérons :

? Investir davantage dans les infrastructures de transport

Si le commerce inter-pays dans la CEMAC est entravé par des coûts de transport élevés, ceux-ci sont en grande partie causés par la qualité des infrastructures. Il est donc important de développer le secteur des infrastructures de transport (routières, ferroviaires aéroportuaires et même portuaires). Pour ce faire, il est important que se tisse des partenariats solide (public - privé). Le secteur privé peut investir dans les projets d'infrastructures au côté de l'Etat qui souvent ne dispose pas assez de fonds conséquents pour assurer seul ces projets de hautes

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envergures. Ces investissements devraient concerner non seulement la création d'infrastructures, mais aussi leur maintenance préventive et curative.

? les états et les institutions financières doivent soutenir et accroitre le financement des projets novateurs et d'entreprises novatrices (start-up)

Il est important que les Etats et les banques financent davantage les start-up. En effet, elles sont d'un enjeu important dans la diversification de l'économie. Plusieurs jeunes s'intéressent à de secteurs très peu explorés et qui pourrait être d'un poids important dans l'économie. On peut citer le domaine des NTIC, qui concentre un nombre de plus en plus croissant de startup. Cependant ces dernières font face au manque de fonds nécessaires pour se développer à grande échelle.

? l'amélioration du climat des affaires

Réformer l'environnement des affaires est aujourd'hui une priorité pour les pays de l'Afrique centrale du fait de l'influence significative de cet environnement sur le développement du secteur privé et, partant, sur la croissance économique. L'enjeu est d'autant plus important que l'ensemble des pays en développement se sont lancés dans une compétition pour attirer les investissements directs étrangers. Or tous les indicateurs disponibles montrent que l'Afrique Centrale est probablement la sous-région du monde la moins attractive (instabilité causée par les différentes guerres). Dans cette perspective les Etats de la sous-région doivent poursuivre les efforts pour améliorer le climat de l'investissement afin d'attirer à la fois les investisseurs nationaux et étrangers pour le développement et la gestion des infrastructures de transport.

? diversifier son économie

Il est important pour les pays de la CEMAC d'orienter leur coopération vers le développement de nouveaux secteurs afin de diversifier leurs économies et réduire leur dépendance au pétrole. La pertinence de cette recommandation peut être constatée dans la conjoncture que traversent les pays de la CEMAC depuis les années (2016). En effet, la majeur partie des pays de la CEMAC sont secoués et fragilisés économiquement par la crise causée par la chute des cours du pétrole sur le marché international.

CONCLUSION CHAPITRE 4

Ce chapitre nous a permis dans sa première section de préparer l'équation du modèle de gravité avec les différents indicateurs retenue à savoir :

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- Le PIB

- La distance

- L'indice de performance logistique

- La gouvernance

- La langue

- La diversification économique

- L'enclavement

- L'indice des OTC et des mesures SPC.

L'estimation de l'équation par la méthode HRM, le PROBIT et le MCO

La deuxième section quant-elle fait une analyse et interprète les résultats et prescrit quelques recommandations qui selon nous si elles sont appliquées le commerce intra -CEMAC pourra être significativement amélioré.

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CONCLUSION GENERALE

Intégration sous régionale et développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC

Parvenu au terme de notre étude, il convient de rappeler que nous avons travaillé sur l'intégration régionale et le développement du commerce entre les états membres de la zone CEMAC.

Nous avons abordés tour à tour les notions de régionalisation, d'intégration régionale, de régionalisme et de commerce international. Cette étude a permis de mettre en exergue la responsabilité des différents indicateurs qui freinent ou influencent négativement le développement du commerce intra-CEMAC. En utilisant une modélisation gravitationnelle sur données de panel. Elle aboutit alors à plusieurs principales conclusions.

Les coûts de transport élevés dû à l'insuffisance et au mauvais état des infrastructures de transports découragent les exportations, la mal gouvernance, le degré élevé de corruption, l'absence de diversification économique sont autant de facteurs qui empêchent le développement du commerce intra-CEMAC.

Toutefois, l'usage de la modélisation gravitationnelle sur données de panel a permis d'attester que la distance influence négativement les échanges et que le PIB et la diversification influencent positivement et significativement les échanges bilatéraux.

L'analyse factorielle faite a permis de mettre en exergue la qualité des institutions ainsi que la situation sécuritaire, qui, de manière significative influencent positivement les échanges bilatéraux.

Dès lors, tos ces différents facteurs deviennent des déterminants importants du commerce intra CEMAC et les pays membres devraient s'atteler à la mise en oeuvre des recommandations que nous avons faites afin de réduire les obstacles et de booster le commerce sous régional.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius