2.4.1. Méthodes de mesure
a)Interdatation
Après séchage, les carottes sont poncées
afin que les cernes soient parfaitement visibles. Les cernes sont ensuite
comptés et interdatés. L'interdatation consiste à
attribuer à chaque cerne l'année de sa formation. Le comptage
commence par le cerne directement en contact avec l'écorce ; il s'agit
alors du cerne formé durant l'année en cours. Cette
opération s'effectue par observation comparée des
séquences de cernes, d'abord sur les carottes recueillies sur le
même individu, puis sur l'ensemble des carottes d'une même
population. Pour éviter toute erreur, on utilise les cernes
caractéristiques (cernes très minces) ou des séries de
cernes caractéristiques de l'arbre, synchrones sur l'ensemble des
individus d'une même population (Schweingruber, 1988). Cela permet de
contrôler l'exactitude de la date de chaque cerne. En remontant
jusqu'à la moelle, on peut ainsi attribuer à chaque individu son
âge, du moins son âge minimal si la carotte n'atteint pas la
moelle.
b) 12
Mesure de la largeur des cernes
La mesure de la largeur des cernes s'effectue sous loupe
binoculaire avec une table à mesurer (mesureur d'Eklund), reliée
à un ordinateur sur lequel les mesures sont enregistrées (en
centième de millimètre). Chaque carotte mesurée fournit
une chronologie élémentaire.
c) Mesure densitométrique
Une deuxième méthode permet non seulement de
mesurer la largeur des cernes mais aussi de mesurer des variations
intrannuelles de la densité des cernes.
La structure générale du cerne, chez les
conifères (homoxylés), présente schématiquement
deux zones : le bois initial, d'aspect clair et le bois final d'aspect plus
sombre. Dans les régions à saisons climatiques marquées,
les arbres subissent chaque année une période de repos et une
période d'activité cambiale. Ainsi, de mars à juin
(début de la période d'activité), on observe la formation
du bois initial (zone claire du cerne) correspondant à des
trachéides larges et à parois minces avec un lumen important. La
fin de la période d'activité (de juin à octobre) conduit
à l'élaboration du bois final (foncé), où les
éléments conducteurs sont plus petits et présentent une
paroi plus épaisse (Schweingruber, 1988, Nicault, 1999).
L'analyse densitomérique implique une
préparation spécifique des échantillons conduisant
à l'obtention d'un cliché radiographique des carottes.
Après avoir été débarrassées des traces de
résines par un passage dans un soxhlet à alcool, les carottes
sont débitées en éprouvettes calibrées (lames de
bois) d'1 mm d'épaisseur, perpendiculairement aux trachéides
(Schweingruber, 1988). Seules les carottes dont les trachéides ne
divergeaient de la perpendiculaire de l'axe de la carotte que de moins de
5° sont conservées. Cette sélection sévère est
indispensable pour avoir des radiographies correctes des éprouvettes
c'est à dire pour que les limites des cernes soient parfaitement nettes,
condition nécessaire pour des mesures de densité fiables. Les
lames de bois sont exposées sous une source de rayon X distante de 2.5 m
et pendant une heure à une heure et demie selon l'espèce et
l'épaisseur des échantillons. Les films obtenus sont des
négatifs dont les niveaux de gris correspondent à des
densités plus ou moins élevées du bois. La densité
du bois correspond à la densité absolue de la matière
cellulaire : parois cellulaires (cellulose et lignine), vides (lumen) et
proportion cellulose/lignine. L'analyse densitométrique consiste donc
à mesurer les variations des niveaux de gris (densité optique) et
à les convertir, grâce à une calibration préalable,
en densité. Il est obtenu au final, dessiné sur l'écran de
l'ordinateur auquel est couplé le microdensitomètre, le profil
détaillé des variations de densité du cerne.
Pour chaque éprouvette, 7 séries de
données-cerne annuelles sont fournies par le densitomètre, ce
sont :
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- la largeur totale du cerne complet, la largeur du bois initial
et celle du bois final exprimées en microns. - les densités
maximale et minimale exprimées en kg/m3
- les densités moyennes du bois initial et du bois final
exprimées en kg/m3.
La structure du cerne est donc appréhendée ci
à travers l'analyse densitométrique. La limite bois initial /
bois final est définie, pour chaque cerne, en fonction de sa
densité minimale et maximale (figure 5).
Figure 5 : Variations intrannuelles de densité d'un cerne
de croissance.
Les mesures de densité ont été faites
pour 5 populations. Mais le traitement des données ne porte dans ce
travail que sur 3 populations.
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